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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
QUATRIÈME SÉRIE
TOME PREMIER
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PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
88, rue Serpente, VI
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21 1 176
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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
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DE FRANCE
Séance du 7 Janvier f 90f
PRÉSIDENCE DE M. A DE LAPPARENT, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Daniloff, Eugène, présenté par MM. Dereims et Blayac.
Cinq nouveaux membres sont présentés.
Le Président donne lecture d'une lettre de M. Edmond Pellat,
annonçant la mort de M. Huguenin, membre de la Société
depuis 1875, décédé à Valence-sur-Rhône (Drôme), au mois de
septembre dernier.
(( Tous les géologues qui ont ^exploré, depuis une trentaine
d'années, la montagne de Grussol, située tout au bord du Rhône,
en face de Valence, ont certainement conservé le souvenir de ce
confrère modeste et aimable dont le plus grand plaisir était de les
conduire et de se charger de fossiles recueillis à leur intention,
plutôt que pour enrichir sa propre cojlection. Bien des Collections*
publiques en France et à l'Étranger ont reçu de lui des séries de
fossiles d^ Jurassique supérieur de Crussol. C'est à lui que Fon-
tannes a dû la plupart des Ammonites de Crussol décrites et
figurées dans ses ouvrages. ))
On procède ensuite, conformément aux dispositions dullègle-
ment, à l'élection d'un Président pour l'année 1901.
M. Léon Garez* ayant obtenu 129 voix sur i45 votants, est élu
Président de la Société en l'emplacement de M. A. de Lapparent.
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T) ^ • V- SÊANCK DU 7 JANVIER I9OI
Sont ensuite nommés successivement :
Vice-^h^ahientê : MM. E. Haug, R. Van dbn Brorgk, Dbrbimh et R. Nicklès.
Membre» du Conseil: MM. A. de Lapparent, H. Doitvillk, A. Hoihtrl, (t.
DoixFti^'et J. Blayag.
•
'-Avant de lever la séance, M. de Lapparent s'excuse de ne pou-
rvoir assister à la prochaine séance. 11 remercie les membres de la
'.•Société du bienveillant concours qu'ils lui ont apporté pendant sa
présidence.
Par suite de ces élections, le Bureau et le Conseil sont composés,
pour if)oi, de la façon suivante :
BUREAU
Président :
M. L. Carez.
Vice-présidents :
M. E. Haug. I M. E. Van drn Rroeck. | M. Oereimh. | M. R. Nicklès.
Secrétaires :
Pour la France :
M. L. Gentil.
M. L. MéMiN.
Trésorier :
M. Léon Janet.
Pour l'Etranger :
M. L. PBn\iNQrittRB .
Vice-Secrétaires :
I M. J. GiRAUD.
Archiviste :
M. G. Ramond.
CONSEIL
MM. Marcel Bertrand.
J. Bbroeron.
M. Boule .
J. Blayag.
MM. Emm.deMARGERiE
A. Gaudry.
Munibr-Ciialmas .
P. 'Fermier .
MM. A. de Lapparent.
H. DOUVILLÂ.
A. BOISTBL.
Gustave Dollfus.
Dans sa séance du 21 janvier, le Conseil a fixé de la manière
suivante, la composition des Commissions pour 1901 :
X* Commission du Bulletin: MM. Emin. de Margrrir, A. de Lapparent,
Marcellin Boule, Gustave Dollfus, J. Blayag
a» Commission des Mémoires de Géologie : MM. Marcel Bertrand, Mvnifr-
G1IAL.MAS, U. DOUVILIK.
3" Commission des Mémoires de Paléontologie : MM. Marcellin Boulk,
H. DouA'iLLR, Albert Gaudry, E. Haug, Munier-Chalmas, Zeillbh.
4" Commission de Comptabilité : MM. H. Douvillé, P. Termikr, A. Boistkl.
5* Commission des Archives et de la Bibliothèque : MM. Einin. de Margerir,
A. Thévenin, j. Blayag.
Séance du :St Janvier 1901
PRÉSIDENCE DE M. A. BOISTEL, VICE-PRÉSIDENT SORTANT,
PUIS DE M. L. CaREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
dernière séance. La rédaction de ce procès- verbal est adoptée.
M. A. Boistel, Vice-président sortant, prononce Tallocution
suivante :
« Messieurs, — L'empêchement qui tient aujourd'hui éloigné de
nous notre cher Président, et qu'il vous a exposé lui-même
loi's de notre dernière réunion, m'assure la bonne fortune, en
même temps cjue le périlleux devoir, de saluer à la fois en votre
nom le bureau sortant de 1900 et le nouveau bureau de 1901.
(( La Société géologique a eu, pendant Tannée qui vient de
s'écouler, l'insigne honneur de tenir un rang de premier ordre
dans le Congrès international de Géologie réuni à Paris à
l'occasion de l'Exposition universelle. Ce sont ses membres cjui
ont dirigé toutes les excursions auxquelles les congressistes ont
été appelés à prendre part dans la France entière. Et vous avez
tous apprécié avec quelle autorité et quel généreux dévouement
notre éminent Président a traduit vos sentiments intimes, lors de
la réception oflerte par la Société aux membres du Congrès. Son
nom s'est trouvé ainsi associé à celui de l'illustre Président du
Congrès lui-même, dont la brillante hospitalité a laissé chez tous
le plus durable souvenir.
« Votre activité scientifique n'a nullement été détournée de ses
recherches ordinaires, ni par la préparation du Congrès, ni par
la rédaction du Livret-guide ou des publications préliminaires
faites dans notre Bulletin. Le volume de 1900, malgré l'absence
d'une Réunion extraordinaire propre à la Société et malgré le
défaut de comptes-rendus d'excursions, se présentera à vous avec
des dimensions aussi considérables, sinon plus, que ses devanciers.
Ainsi se trouveront calmées les craintes exprimées, il y a deux ans,
à celle place même par le Président sortant. Il n'y a pas lieu de
redouter un ralentissement dans la fécondité de vos travaux. Les
séances que nous avons tenues depuis la lin des vacances écar-
tent même toute appréhension, que le Congrès international n'ait
s SÉANGK DU 21 JANVIER I9OI
exercé sur Tardeur de vos investigations l'eflet... sédatif, qui a
paru produit par le dernier Congrès de Russie.
(( Le zèle de nos infatigables secrétaires est resté à la hauteur
de la tâche plus ardue qui leur incombait ; la publication très
prochaine des derniers fascicules du Bulletin pour Tannée 1900,
témoignera hautement du soin et du talent qu'ils ont apporté à
l'exécution de leur mandat. Je leur exprime tous vos remerci-
ments, et félicite la Société de consen^er encore une année leur
précieux concours.
(( Je suis heureux de souhaiter la bienvenue aux savants distin-
gués cjue vous avez appelés au Bureau pour Tannée 1901, spéciale-
ment à ceux dont une publication magistrale ou le courage héroïcjue
ont tout récemment illustré les noms. Dans le choix de notre Prési-
dent, vos suffrages ont entendu couronner une carrière déjà
longue entièrement consacrée à la science et à Tctude approfondie
des problèmes ardus et compliqués que présente Tune des plus
belles régions de la France. Vous avez voulu exprimer la haute
estime dans laquelle vous tenez les beaux travaux qui ont été le
fruit de ces recherches. J'adresse à M. Garez mes plus chaleureux
compliments et je Tinvite à venir prendre sa place au fauteuil de
la présidence. »
M. L. Garez, Président de la Société, prend place au bureau :
(( Messieurs et chers Confrères,
(( Permettez-moi de vous adresser mes plus vifs remercîments
de m'avoir appelé, par la presque unanimité de vos suffrages, à
Thonneur de présider vos séances pendant Tannée qui commence.
(( Ce n'est pas cependant sans une certaine appréhension que
je prends possession du fauteuil, en me rappelant la manière dont
il a été occupé par M. de Lapparent en Tannée 1900; je vous
demanderai de perdre le souvenir de la brillante présidence qui
vient de finir, pour ne pas faire entre 1900 et 1901. une comparai-
son trop défavorable à cette dernière année.
« Votre indulgence me sera d'autant plus nécessaire que la
tâche promet d'être plus difficile ; vous Scivez tous en effet que les
années qui suivent celles où ont eu lieu des expositions univer-
selles et des congrus, sont généralement peu fécondes en travaux
originaux ; il tient à vous. Messieurs et chers Confrères, de mon-
trer que les occupations spéciales de Tannée qui vient de s'écouler
n'ont pas interrompu vos études.
(( L'ordre du jour de cette première séance est d'ailleurs bien
rempli. C'est d'un bon augure pour l'avenir.
SBANCB DU ai JANVIER I9OI 9
<( De plus, j'ai le plaisir de compter parmi ceux qui doivent
prendre la parole aujourd'hui notre confrère, M. Molençraaff, géo-
logie de l'État de la République Sud -Africaine, qui a choisi la
Société géologique de France pour faire connaître les importants
résultats de ses études sur l'Afrique du Sud. Nous le remercions de
ne pas avoir douté du sympathique accueil qui lui était réservé
parmi nous.
« En terminant, Messieurs, je vous proposerai de voter des
remerclments au bureau sortant et en particulier à M. Gentil et à
M. Janet, cjui ont dirigé avec tant de zèle les services du Secrétariat
et de la Trésorerie. Nous serons heureux de pouvoir profiter encore
cette année de leur dévouement et de leur expérience ».
Le Président proclame membres de la Société» :
MM. Dallemagne, Henri, Chef d'exploitation des mines de la
Haute Bidassoa. à Irun. présenté par MM. Gentil et
Mémin.
Houdant, Pierre-Ferdinand, Licencié ès-sciences, pré-
senté par MM. Gentil et Mémin.
Savomin, Préparateur de géologie à l'Ecole des Sciences
d'Alger, présenté par MM. Ficheur et \'asseur.
Miquel, Emmanuel, Commandant du Génie, à Valence
(Espagne), présenté par MM. José Landerer et Gustave
Dollfus.
Le Commandant Barré, Professeur a TÉcole d'applica-
tion de l'Artillerie et du Génie, à Fontainebleau, pré-
senté par MM. de Lapparent et de Margerie.
Le Président donne lecture de la lettre suivante de M. Ernest
Van den Broeck, Vice-président de la Société pcmr 1901 :
<( Monsieur le Président,
#
« Ai-je besoin de vous dire avec quels sentiments de gratitude
et de profonde reconnaissance, j'ai appris, par les soins de M. le
Secrétaire, que la Société géologique de France a bien voulu nie
faire l'insigne honneur de m'élire parmi ses vice-présidents pour
Tannée 1901.
(( Je me sentirais, en conscience, fort indigne d'un tel hommage,
si je ne me rendais compte que j'ai à le partager avec le nombreux
groupe de mes collègues et amis de la Société belge de Géologie (fui
sont mes collaborateurs dévoués dans l'œuvre toute spéciale que
nous avons entreprise en Belgique, consistant à joindre aux pro-
lO SÏ^ANGE DU ai JANVIER I9OI
grès et à la diffusion de la Science géologique, la démonstration,
sous des formes multiples, de son pi*écieux rôle utilitaire.
(( C*est donc comme un hommage impersonnel et collectif,
qu'en ma qualité de Secrétaire général de la Société belge de
Géologie, j'accepte avec reconnaissance un titre qui resserrera
encore les liens confraternels des géologues des deux pays et qui
me crée envers mes confrères de France des devoirs que je m'effor-
cerai de remplir dans la mesure de mes moyens.
(( Veuillez agréer. Monsieur le Président, avec mes respectueu-
ses salutations, l'expression réitérée des sentiments de profonde
gratitude qui m'animent envers les membres de la Société géolo-
gique de France et que je vous prie de bien vouloir leur trans-
mettre )).
Le Président transmet à la Société les remerclments de M. René
NicUèSy pour le témoignage de sympatliie que lui donnent ses
confrères en le choisissant comme vice-président.
M. Garez présente, de la part de l'auteur, deux nouvelles feuilles
de la Carte géologique détaillée de la province'de Barcelona, par
M. le chanoine Jaime Aimera L'une d'elles contient la région
tertiaire (région du Rio Foix et de la Llacuna); l'autre est la
deuxième édition de la carte des environs de Barcelona.
M, Garez se fait un plaisir d'adresser à cotre infatigable et si
savant confrère, les remerclments de la Société ; il félicite
M. Aimera d'avoir pris l'initiative et mené à bien à lui seul une
œuvre aussi considérable que le lever d'une carte géologique
détaillée de toute une province.
M. Aimera envoie également pour la bibliothèque de la Société
les brochures suivantes :
I. Sobre el Mapa geologico de Tarrasa por D. Domingo Palet
y Barba, y la Memoria que le accompana, —2. Sobre el descubri-
miento de la fauna de Saint-Cassien en el Trias de nuestra pro-
çincia, — 3. Sobre las especies Acerotherium lemanense, Mastodon
longirostris, y un Ëlephas descubiertos en esta provincia de Bar-
celona,
M. Peron oflre à la Société une note publiée par dom Aurélien
Valette, Sur des radiales d'oursins du Rauracien de V Yonne,
M. Peron a fait suivre ce mémoire d'une note faisant connaître
les conditions toutes particulières du gisement des radioles décrits.
Ce n'est pas, en effet, dans les calcaires rauraciens eux-mêmes
S^IANCE DU m JANVIER I9OI tl
qii*on les ti^ouve, mais bien dans des sables argileux ot ferrugineux
qui remplissent des poches ou cheminées percées par les eaux
dans la masse des calcaires coralliens.
Ces dépôts de remplissage ne sont pas tertiaires comme on Fa
annoncé, ce sont de simples résidus de décalcification contenant
parfois en abondance non seulement des radio les, mais une foule
de petits fossiles, toujours rauraciens, et composés surtout d'arti-
cles isolés, de parties dissociées d*Echinides. de Crinoîdes, etr..
généralement très bien conservés.
M. Peron» en offrant à la Société le premier fascicule de ses
Etudes paléontologiques sur les terrains du département de
r Yonne, explique qu'il a entrepris la publication de ce travail
principalement pour donner Fauthenticité nécessaire à un grand
nombre de fossiles nommés dans leurs Prodromes par d'Orbigny
et par Gotteau, mais restés non décrits et non figurés.
Ce premier fascicule ne comprend que les Céphalopodes et les
Gastropodes de l'étage néocomien de l'Yonne, dont ii6 espèces
sont examinées, révisées et pour la plupart décrites à nouveau.
Sur ce nombre, i5 avaient été nommées par d'Orbigny ou par
Gotteau, mais n'avaient pas été décrites et figurées et a3 sont com-
plètement nouvelles. Enfin lo espèces, déjà établies, doivent dispa-
raître des catalogues comme faisant double emploi avec d'autres
plus anciennement connues.
M. Peron, tout en se proposant de revenir avec détail sur cette
question quand il aura terminé la publication de toute la faune
néocomienne, croit devoir signaler dès maintenant, à propos des
Gastropodes, les grandes affinités de cette faune avec celle du
Jurassique supérieur coralligène de TYonne et sa différence pro-
fonde avec celle des étages crétaciques superposés au Néocomien.
M. Munier-Chalmas présente, de la part de M. Louis Bureau.
un important travail intitulé : Notice sur la géologie de la Loire-
Inférieure^ formant un volume de 522 pages avec plusieurs plan-
ches et de nombreuses coupes, figures et cartes dans le texte. Dans
celte monographie très documentée notre savant confrère expose
ses l'echerches personnelles sur les terrains primaires et tertiaires
de la Basse-Bretagne. Il serait à désirer que de pareils travaux
fussent faits pour toutes nos régions françaises.
I:i SKANCE DU ai JANVIER 19OI
M. Ph. Glangeaud fait une commanication Sur les dômes de
Saint'Çyprien (Dordogne), Fumel et Sauçeterre (Lot-et-Garonne),
L'étude de ces dômes fournit des données importantes aux
points de vue géologique, dynamique, paléogéographique et
géophysique. Elle montre qu'ils étaient déjà esquissés au Crétacé
inférieur, de même que ceux de Chapdeuil, de Mareuil (Dordogne)
et de Jonzac (île d'Oléron), que Tauteur a fait connaître récemment.
Les mouvements du sol qui eurent lieu, dès le Portlandien infé-
rieur, ne chassèrent pas seulement la mer Jurassique vers les
Pyrénées, mais donnèrent aussi naissance à un système de plis,
de direction nord-ouest, parallèles aux plis herc^Tiiens du Massif
Central et de la Bretagne. En certains points de ces plis, s'édifièrent
des dômes que l'érosion décapita en partie durant l'Infracrétacé.
La mer cénomanienne recouvrit les derniers de ces dômes,
tandis que le dôme de Saint-Cyprien formait une île couverte de
végétation au milieu de la mer et que sur ses bords s'étendaient
des lagunes saumâtres (lignites avec gypse). Les dômes de Fumel
et de Sauvetcrre étaient rattachés à la terre ferme et le Quercy
était émergé en grande partie.
La discordance des dépôts crétacés et du Jurassique atteint par
places 45^.
Au Turonien, eut lieu une importante transgression marine.
Tous les dômes signalés plus haut furent immergés, jusqu'au
Maêstrichtien.
Les refoulements latéraux qui accompagnèrent le soulèvement
des Pyrénées, à l'Oligocène, accentuèrent le système de plis nord-
ouest et les dômes furent de nouveau érigés en collines dont
quelques-unes atteignaient 600 mètres de haut, c'est-à-dire une
altitude supérieure à la Bretagne et à une grande partie du
Massif central actuels.
L'érosion postoligocène les a de nouveau arasés, car ils ne dépas-
sent pas aujourd'hui l'altitude 3oo. Au niveau des vallées du Lot
et de la Dordogne. cette éi'osion dépasse 5oo mètres. En dehors des
considérations qui précèdent, ces dômes, dont le noyau est virgu-
lien et portlandien et les flancs cénomaniens, turoniens et séno-
niens, constituent des unités géographiques très spéciales au milieu
de l'uniformité de la région crétacée de TAquitaine.
\
GÉOLOGIE
OB LA
RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE
DU
TRANSVAAL
par M. G.-A.-F. MOLENGRAAFF.
(Planchbs I-II).
Au cours de mes excursions dans le Transvaal en i8g8 et en
1899, J*^^ recaeilli de nombreuses observations sur la géologie de
ce pays ; on trouvera le résumé de ces observations dans le présent
travail. Les étude, préliminaires, indispensables à exécuter, avant
de songer au lever géologique systématique de la région, furent le
motif de ces tournées géologicpies.
Enfin, en 1899. ^^ Volksraad de la République Sud- Africaine
décida de nonmier le personnel nécessaire au fonctionnement du
Service géologique; on sait comment la malheureuse guerre qui
attriste l'Afrique Australe a réduit à néant la réalisation de ce projet.
Les recherches géologiques dans le Transvaal sont considérable-
ment facilitées par la sécheresse et la douceur d'un climat favorisé
d'une atmosphère toujours limpide et parla rareté de la végétation.
La simplicité de la tectonique, dans ses grands traits, vient encore
aider le géologue. Néanmoins, cpielques diflicultés contrebalancent
ces avantages ; c'est ainsi que les roches en place sont cachées à la
vue, sur de vastes espaces, par des dépôts superficiels très récents :
sables éoliens ou blown-sand, tufs calcaires, etc., et que les coupes,
soit naturelles, soit artificielles, permettant de vérifier la succes-
sion des couches, font le plus souvent défaut. De plus, et c'est
peut-être là l'obstacle le plus sérieux, on n'a pas encore trouvé de
fossiles déterminables dans les formations sédimentaires du
Transvaal, exception faite cependant pour celle dite : Karroo
supérieur.
On comprendra dès lors, pourquoi la carte géologique, qui
accompagne cette communication, doit être considérée comme une
l4 G.-A.-F. MOLENGRAAFP <II JanV.
simple esquisse schématique^ destinée à donner une idée générale
de la position et de Tétendue des diverses formations qui consti-
tuent le sol de la République.
La planimétrie de cette carte est extraite de celle de F. Jeppe
(Map of the Transi^aal, Pretoria i8gg) *. L'orographie pour
laquelle il n'existe aucune bonne carte, a été établie à l'aide de
divers documents ; pour quelques districts, entre autres, pour celui
de Waterberg, je me suis inspiré des croquis relevés pendant les
recherches préliminaires du Service géologique. I^ partie géolo-
gique est basée pour la plus grande part sur mes travaux personnels,
cependant, j'ai utilisé les renseignements de MM. D. Draper et
D. DoRFi''EL pour les districts de Rustenburg et de Marico et, en
outre, j'ai profité des indications données par les différentes
publications citées à la fin de cette note, par exemple, de la carte
géologique de M. Hatch (22) -, pour une partie du Witwatersrand.
En taisant abstraction des formations jurassiques, crétacées et
plus récentes, voisines du littoral, les divers terrains de la Répu-
blique Sud- Africaine peuvent être groupés dans les trois grandes
divisions suivantes, énumérées de haut en bas :
111. — Système du Karroo ;
IL — Système du Gap ;
L — Système primaire Sud- Africain.
Cette classification des assises géologiques de l'Afrique Australe
était déjà adoptée, pour la Colonie du Cap, par M. Bain ^, et pour
l'Afrique Australe entière par M. Schenck *. J'ai moi-même adopté
les dénominations de ce dernier auteur.
I. La carte cadastrale de F. Jeppe complètement terminée et même impri-
mée, n'a jamais été mise en vente. F. Jeppe l'avait dressée dans le service du
iMndmeter-Generaal du ïransvaal ; il mourut en 1898 avant de l'avoii* termi-
née. Son (ils, C.-F.-\V. Jep^Mî, a continue et achevé l'œuvre de son père, mais
n'a pu profiter de son travail ; il fut tué sur le champ de bataille de Spioen-
kop le a4 janvier 1900.
'j. Les chiffres en caractères gras, placés dans les notes infrapaginales,
après les noms d'auteurs, renvoient aux numéros correspondants de la liste
bibliographique qui termine cette note
Les nombres placés entre crochets, dans le texte, après les noms de pro-
priétés, sont ceux qui correspondent à ces mêmes propriétés, sur la carte de
F. Jeppb ; ils sont indispensables pour l'intelUgence du texte, un grand
nombre de propriétés d'un même district portant des noms identiques.
3. A. Geddrs Bain, 1, p. i"5.
4. A. ScUE.\CK, 45.
IgOI GEOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE l5
I. — SYSTÈME PRIMAIRE SUD-A*^RICAIN
Le Système primaire Sud- Africain est formé par des terrains
stratifiés associés à de nombreux massifs intrusifs de granité. Les
granités de ces différents massifs ont une grande ressemblance
entre eux et se rapprochent également de ceux de la Colonie du
Cap. J'ai réuni leurs divers types sous le nom de granité ancien^
pour les distinguer de certains granités qui jouent un rôle impor-
tant dans les régions du centre du Transvaal et qui sont d*un âge
beaucoup plus récent.
Granité ancien. — Le gpranite ancien est généralement un
granité à biotite, ou un granité à amphibole et biotite, plus rare-
ment un granité à deux micas et quelquefois un granité à musco-
vite. L'élément feldspathique est représenté aussi bien par
Torthose que par les plagioclases et le microcline. Les granités a
microcline^ abondent dans les massifs situés entre Pretoria et
Johannesburg, et à Fouest de Klerksdorp.
Le granité ancien et les schistes adjacents sont trayei*sés par de
nombreux filons de pegmatite, qui offrent en plusiem^s points de
très beaux échantillons de pegmatite graphique -. Dans le Swazie-
land, près d'Embabaan, on trouve de la cassitérite ^ dans ces filons
de pegmatite, et c'est dans ces mêmes filons qu'ont dû prendre
naissance les minéraux, tels que : la monazite, l'aeschynite, le coi*in-
don que l'on trouve assez fréquemment associés avec le minerai
d'étain dans les sables et les graviers des torrents de ce district.
RocuES stratifiées. — Les terrains stratifiés peuvent être
divisés en deux groupes.
1. Pour la description pétrographique de cette roche voir : G.* A.-P. Molen-
GRAAFF, 30, p. 184.
2. A signaler, en particulier, les très belles pegmatites graphiques que l'on
rencontre près de la gare de Krokodilpoort, dans le district de Lijdenburg. et
sur la propriété Windsor [190], dans le district de Bloemhof.
3. Dans ces filons, les cristaux de cassitérite affectent une forme rare ; ils
sont allongés considérablement dans la direction de Tarète (m) : (lii). ce
qui leur donne un aspect tout à fait rnonoc Unique. Voir pour leur descrip-
tion : G.-A.-P. MoLK2«OHAAFF, 32, p. 143, tig. 8.
l6 a.-.V.-F. MOLBNGRAAFF 21 Janv.
L'an de ces groupes est caractérisé par des roches élastiques.
Il comprend des phyllades, des quartzites, des conglomérats, des
grès, des schistes, des lydiennes, des argilites et très rarement
des calcaires. Par contre, l'autre groupe est caractérisé par de
vrais schistes cristallophylliens , comme : lamphibolite , les
schistes chloriteux, les schistes à séricite, les talcschistes , les
micaschistes, les quartzites schisteux, etc. Les micaschistes sont
cependant rares dans ce dernier groupe. Quant à Tamphibole
des amphibolites, elle appartient généralement à la variété acti-
note; il conviendrait donc de donner à ces roches le nom de
schistes actinotiques. Plusieurs auteurs, en se basant sur les carac-
tères différentiels de ces deux groupes, ont voulu considérer deux
formations distinctes dans le Système primaire Sud-Africain. C'est
ainsi que M. Gibson * a admis : un groupe inférieur formé de gneiss,
de schistes et de granités, et un groupe supérieur, groupe des
schistes et quartzites inférieurs (lower qudrtzite andshale group).
Cohen -au contraire considérait le Système primaire Sud-Africain
comme une formation unique {Grundgebirge) et Schenck ^ était
de la luéiue opinion en le nommant : Sûd-Afrikanische-Primàr-
formation. Je suis en parfait accord avec ces deux derniers
auleui's. On peut, en etfet, constater que partout les vrais schistes
cristallophylliens sont limités au pourtour des massifs de granité.
Tout le Système primaire Sud- Africain représente donc une série
unique, dont les roches sont fortement modifiées dans leur struc-
ture par le métamorphisme de contact, produit par Tintrusion du
granité. Dans la zone de contact, les schistes se sont différenciés à
r infini en donnant de nombreux types caractérisés par la présence
d'une grande variété de minéraux de contact, comme la staurotide,
Tandalousite, l'ottrélite, le grenat, le corindon, etc. *.
Cependant, dans les régions où le Système primaire Sud- Africain
est bien développé comme dans le district de Barberton et dans le
Witw^atersrand, il est préférable, pour des raisons d'ailleurs pure-
1. W. Gibson, 18, p. 4^)o.
a. E. CouBN, dans P.-H. Daums. 9, p. 90.
3. A. ScuBNGK, 45, p. aa5.
4. Une série de ces roches métamorphiques réunie par M. K. Cohen, près
de Marabastad. dans le district du Zoutpansberg, a été décrite par M. J.
GôTZ, 19, p. i63 et suivantes.
De très beaux types de ces roches mctamorphiques forment les roches
auxquelles j*ai donné le nom de roches porphypoidea à corindon et de schistes
d corindon, roches que l'on trouve dans plusieurs localités autour du massif
granitique de Vredefort. Pour leur description, voir : G. -A. -F. MoLENr.R.vAFP,
30, p. 198.
igOI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SXtD-AFRICAIXE I^
ment pratiques, de distinguer une série inféneure voisine du gra-
nité intrusif, consistant en schistes cristallophylliens, et une série
supérieure, formée par des roches d'origine élastique, nommée la
série de Barberton ou la série de Hospital-hill *.
Gîtes aurifères. — Dans les environs de Barberton on trouve,
dans les terrains de ce Système primaire, les mines d'or, dont
l'exploitation, à l'époque où les conglomérats fameux du Witwa-
tersrand furent découverts, en i885 et 1886, atteignait son maximum
de développement. Les couches de Barbei*ton sont redressées
presque à la verticale et fortement plissées ; l'or s'y trouve large-
ment répandu, sans aHectionner un niveau particulier ou s'asso-
cier à une roche spéciale.
C'est ainsi qu'on trouve les veines de quartz aurifère tanUH
dans les assises de la série de Barberton, ce qui est le cas ordinaire
dans le district de Barberton ; tantôt dans des schistes métamor-
phiques et cristallophylliens, comme dans les mines de Forbes-
i*eef, près de Steynsdorp, à la limite du Swazieland, dans la mine
de Three-sisters, au sud-est de Kaap-Muiden, dans la mine de
Woodstock, près de Jamestown: plus à l'ouest, sur la même
rangée, dans la mine de North Sheba. et tantôt même dans le
granité, tout près de sa surface de contact avec les schistes envi-
ronnants, comme dans la mine de la Cataracte, un peu au sud de
la mine de North Sheba.
I^ position de ces gisements aurifères est en relation intime avec
les accidents orogéniques. En elliet, souvent on trouve l'or dans des
iilons-couches de quartz, disposés suivant des plans de glissement
(district de Moodies), d'autres fois le quartz aurifère remplit des
fentes et des cassures, qui suivent généralement avec plus ou moins
d'exactitude la direction et l'inclinaison des strates, d'autres fois
encore les veines de quartz aurifère forment des réseaux diverse-
ment ramifiés. Ce dernier mode se rencontre dans les points où les
dislocations dues aux mouvements orogéniques ont été aussi vio-
lentes que compliquées (environs de la crlèbre mine de Sheba).
I. Les couches de Hospital-hill. au nor<l de Johannesburg, sont exactement
réquivalenl des couches de Barberton. Cependant beaucoup de géologues
n'ont pas admis cette identité, et de cette divergence de vues est résultée la
plus regrettable confusion. C'est ainsi que M. Hatch (23, p. 77) sépare ses
HospUai-hill séries de ses Archœan rocks et leur donne une place à la base
de son Système du Cap.
Pour M. SciiBNCK la série de Barberton forme une partie de ses Swasi-
Schietiten et la série de Hospital-hill constitue la partie inférieure de sa
Kap-Formation.
39 Juin n.)»»i. — T. I•^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 'j
l8 G. -A .-F. MOLENGRAAFF 31 JanV.
Dans tontes ces régions, d'ailleurs, les strates encaissantes du
quartz aurifère sont plus ou inoins imprégnées d'or. De cette dispo-
sition des veines aurifères il résulte que dans le district de Bar-
berton on peut distinguer quelques zones aurifères d'une faible
largeui\ mais d'une longueur très grande. Ces zones ont la mémo
direction que Taxe de redressement ou de plissement des collines,
et, par suite, cette direction et rinclinaison des couches correspon-
dent grosso-modo à la direction et à Tinclinaison des assises de la
formation elle-même *.
Les gisements d'or situés : sur la propriété Klipval [33] (district
de Piet-Retief), sur la propriété Wonderfontein [486] (district de
Vrijheid), dans le Murchison-range, à Marabastad, à Eersteling
(district du Zoutpansberg), aussi bien que la plupart de ceux de
la Rhodesia - et du Manica portugais ^ sont comparables aux
gîtes aurifères du district de Barberton *. Dans le Hospital-hill,
au nord de Johannesbui^, on a trouvé des gisements de quartz
aurifère analogues à ceux de Barberton, mais leur teneur en or
était trop faible pour qu'ils aient une valeur économique.
L'analogie du développement de certaines assises du Système
primaire dans des régions du Transvaal très éloignées Tune de
l'autre est fort remarquable. Un groupe de roches très caractéris-
tiques, auquel les mineurs du Witwatersrand ont donné le nom
local de Hospitalhill-slate, sert de repère, dans tout le pays, pour
reconnaître l'existence de la série de Barberton. Ce sont des roches
schisteuses et quartzeuses fortement chargées de magnétite, dont
le type le plus saillant est une roche rubannée, composée de minces
assises alternantes, de quartz blanc, de jaspe rouge et de magné-
tite noire. Cette roche, trouvée en iSjS par M. Cohen ^, a été
décrite par M. Gôtz *^, qui lui a donné le nom de Magnetit-Quarzit-
Schiefer, Elle était alors désignée par les mineurs des champs d'or
de Marabastad sous le nom de caUco-rock,
Tectonique et situation stratigraphique. — Les couches
du terrain primaire sont presque partout fortement redressées,
I. Pour des détails sur le champ aurifère de Barberton, Voir : A. Bordeaux,
2, p. 374 c^ suivantes.
9. A.-R. Sawybr. The goldfields of Mashonaland, 43.
3. A.-R. Sawybr. The Poriuguene Manica goldfield, Trana, of the Fed
Instit, of Mining Bngineers, June igoo. London, 1901. 44.
4. A. Bordeaux, 2, p. 394.
5. E. CoHBN, 4, p. 5ii.
6. J. GAtz. 19, p. 164.
igOI GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAtXE I9
plissées et disloquées et, par suite, les roches qui les compo-
sent sont énergiquement métamorphisées par pression. Ces
mouvements de refoulement ont été la résultante de Faction de
forces orogéniques qui s'exerçaient en général du sud au nord. Il
en résulte que la direction des strates dans les bandes de schistes
qui apparaissent fréquemment au milieu du granité ancien, aussi
bien que la direction de ces bandes elles-mêmes, est très souvent
orientée sensiblement de l'ouest à Test. Cependant cette règle
souffre beaucoup d'exceptions : dans le district de Vrijheid, par
exemple, et dans le district de Piet-Retief la direction des assises
du Système primaire, comme celle des crêtes des montagnes de la
région, est tantôt N.O.-S.E., tantôt N.-S. Quand un massif de gra-
nité est entièrement entouré de schistes, on constate que la direc-
tion des strates environnantes est en général parfaitement tangen-
tielle à la périphérie du massif. Si Ton suit de Test à l'ouest la
zone de terrain primaire entre le fleuve du Krokodil et le fleuve de
Komati, on voit la direction des strates, d'abord est-ouest, se
courber au sud, près de Sheba-hill et, tout en entourant le massif
de granité de Barberton, redevenir E.-O. sur les flancs nord et
sud du massif, dans les collines du Noord-Kaap et dans celles de
Moodies ; enfin les schistes disparaissent avec le granité sous les
grès de Kantoor, qui appartiennent à la ibrination du Cap, super-
posée en discordance aux assises du Système primaire.
Ijc panorama dont on jouit du sommet de rescarpement de
Duivels-Kantoor, à 1800 mètres d'altitude, est l'un des plus beaux
paysages géologiques que Ton puisse i*ôver. Aux premiers plans, à
400 mètres en contre-bas, ou voit le terrain granitique de Barberton
qui, de cette hauteur, paraît être une plaine, accidentée en réalité
par de nombreuses collines aux formes aiguës, formées par Taflleu-
rement de dykes de diabases traversant le granité. Ce terrain
granitique est, du reste, très diflicile à parcourir ; il est sillonné par
de nombreux et profonds ravinements, auxquels on donne le nom
local de dongas * qui, vus du point élevé où Tobservateur est placé,
ont Taspect de troncs d'arbres ramifiés à Tinfini. Tout autour de ce
terrain granitique, on aperçoit, disposées en demi cercle, les
collines aux flancs abrupts et aux arêtes tranchantes de la série de
Barberton -. On voit le granité et les schistes environnants, le
long d'une ligne nord-sud, disparaître sous les terrains du Système
I. Mot emprunté à la langue Zoaloa,
'i. Ces collines se succédant les xines les autres avec une multitude et une
diversité de formes extraordinaires, donnent au paysage un caractère
alpestre.
'20
G.-A.-F. MOLENGRAAFF 21 Janv.
du Cap, qui leur est superposé sous une inclinaison d'environ j»* à
Touest ; l'observateur qui regarde vers Touest a donc devant lui
un panorama absolument différent de celui de Test ; à Touest, les
montagnes prennent des formes tabulaires, formes qu'une érosion
longtemps prolongée engendre dans les couches sédimentaires peu
inclinées.
Le même phénomène se présente plus net et peutrétre encore
plus séduisant pour l'œil tout autour du massif granitique de Vre-
defort (État libre d'Orange). Ce massif, en forme de vaste dôme à
courbure peu accentuée, est entouré en demi-cercle par cinq ran-
gées de collines dans lesquelles la direction des strates change
dans le même sens en restant toujours sensiblement parallèle à la
périphérie du massif de granité. Les deux rangées les plus rappro-
chées du granité appartiennent à la série de Barberton, puis vien-
nent deux rangées a{)partenant à la série du \Vit\vatersrand ', et
enfin une rangée de collines plus hautes formées par des diabases
amygdaloïdes et des i)orphyrit(^s diabasiques. Placé au centre du
massif granitique, on se croirait dans l'arène d'un vaste amphi-
théâtre entouré d'un hémicycle de cinq gradins natui*els gigan-
tesques.
I^ disposition des terrains primaires autour du massif graniti-
que, entre Johannesburg et Pretoria, quoique en principe analogue,
est rendue très obscure par la complication des phénomènes oi'ogé-
niques et la superposition des strates de la formation du Cap.
Les mouvements de redressement et de plissement semblent
avoir été, en quelques localités, contemporains des intrusions de
granité ancien ; néanmoins, dans la grande majorité des cas, ils
semblent leur être postérieurs, comme on peut le déduire de la
structm'e nettement gneissique et cataclasique, qui est assez fré-
quente sur les bords des massifs granitiques. Le granité et les
schistes environnants, tous deux altéréîf par ces actions dynami-
ques, se confondent souvent et toute trace d'une ligne de démar-
cation disparaît.
Dans le Witwatersrand il n'y a pas eu, en général, plissement des
couches de la série de Hospitiil-hill et dans la plus grande partie
du Rand, par exemple au nord du marketsquare di} Johannesburç,
les couches de Hospilal-hill sont représentées j)ar une seule série
I. Les exploitations de conglomérats aurifères dans ces assises sont
connues sous le nom de Champs d^or du Vaal. Elles n'ont pas jusqu'à pré-
sent répondu û l'attente des exploitants, cependant leur avenir ne me semble
pas décourageant.
igOI GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 121
d* assises consécutives, qui n*est pas doublée par des phénomènes
de plissement.
En allant de haut en bas, on peut distinguer les groupes d'assises
ci-dessous. Les couches pouvant servir de repères par leurs carac-
tères propres plus persistants sont indiquées par une astérique (*)
(voir fig. I et fig. a).
Fi^. I. — Coupe des couches de la série de Hospital- hiU^ dans le Witwa-
tersrand central, à Johannesburg, montrant les principales couches de
repère. — Echelle 1/40.000*.
m) Série du Main-ree/.
*0 Red^bar^ grès rougeàtre ; couche de repère très constante près de la
série du Main-reef. Epaisseur, i à a mètres.
k) Grès à séricite et grès grossier avec quelques couches minces d*argilite
et de conglomérat. Epaisseur moyenne 700 mètres.
V) Quartzite vert. Ce quartzite est caractérisé par une couleur verdâtre
sartoutsurla surface exposée à Taction de l'atmosphère. Epaisseur, 96 mètres.
0 Grès jaunâtre formant un banc mince. Epaisseur, 3o mètres.
k) Argilite rouge. Epaisseur, 60 mètres.
*g) Hoapital'hHlslaie typique ; cette roche est souvent plissée d'une façon
extrêmement curieuse. Epaisseur, i3o mètres.
*/) Quartzite blanc tacheté. Les taches rouges ou brunâtres sont causées
par la précipitation d'un hydroxyde de fer dans de petits vides laissés par
des fragments de feldspaths kaolinisés et enlevés partiellement. Epaisseur,
1 à 3 mètres.
é) Argilite ferrugineuse rouge ou brunâtre, red-shalè, offrant un clivage
assez net parallèle ou un peu oblique au plan de stratification. Cette argilite
est rendue un peu luisante par la présence de très petits feuillets de mica
moscovite Epaisseur, aaS mètres.
*d) Quartzites â ripple-marks : ce sont des quartzites blancs ou rougeâtres.
Dans la partie centrale du Witwatersrand cette bande de quartzites est très
facilement reconnaissable, en ce qu'elle forme un petit escarpement unila-
téral, au pied duquel s'étend souvent un terrain marécageux. Epaisseur
moyenne ao mètres.
c) Complexe d'argilites rouges foncées ferrugineuses, connu sous le
nom de black-shaUa^ parce que leur couleur devient rapidement noire lors-
qu'elles sont exposées à l'action de l'air. Epaisseur 33o mètres.
•6) Quartzite du Rand-proper, Cette roche a subi un dynamométamorphisme
intense. Ce massif quartzitique se sépare généralement en deux bancs de
quartzite blanc très épais, entre lesquels est intercalée une argilite à séricite
satinée bt qui est souvent un peu quartzeuse et très nettement ondulée.
Cette argilite renferme dans quelques localités des veinules irrégulières de
quartz à pyrite, qui ont quelquefois attiré l'attention des prospecteurs.
Epaisseur moyenne, 160 mètres.
212
G.-A.-F. MOLENGRAAFF 31 JanV.
a) Schistes du versant nord du Rand-proper ; ce sont des schistes à séri-
cite ou des schistes à actinote.
Ces schistes font souvent défaut et dans ce cas le quartzite du Rand proper
repose directement sur le granité.
a. Granité ancien.
Malgré la simplicité stratigraphique relative de la série de
Hospital-hill la pression orogénique exercée du sud au nord a été
très énergique conti'e le massif de granité qui a joué ici le rôle de*
butoir. Il en est résulté de nombreuses dislocations, des failles.
Pig. a. — Coupe des couches de la série de Hospital-Htll,
dans le Witwatersrand occidental. — Echelle 1/40.000.
m) Série du Main Reef ;
•0 Red Bar ;
k) Grès à séricite, schistes et minces assises de conglomérat aurifère
(Banketa);
•7) Quartzite verdàtre ;
j\) Schistes et grès intercalés entre les bancs de quartzite verdôtrc :
f) Schistes et diabases :
h) Argilite rouge ;
fc,) Argilite rouge très ferrugineuse :
•g) Couches de HospitalHiU ;
•/") Quartzite blanc tacheté ;
é) Argilite rouge luisante ou red-nhale ;
•d) Quartzite à ripple-marks ;
c) Argilite rouge foncée ou blackshale ;
•ft) Quartzite d)rnamométamorphisé ;
h^) Argilite à séricite satinée et froissée {criimpled) :
a) Schistes à séricite et à actinote ;
a. Granité ancien .
des glissements et souvent même une structure en écailles. C'est
ainsi que la grande majorité des failles, qu'on a rencontrées au
cours de l'exploitation des mines d'or du Witwatersrand, ont le
caractère des failles inverses de rejet (thrust-faults). Les accidents
qui ont produit la structure anonnale, qui n'est d'ailleurs pas
encore entièrement expliquée, de la série de Hospital-hill à Test
de Johannesburg sont, en principe, des phénomènes de glisse-
ment le long de plans * qui traversaient sous un angle très
I. C*est certainement une bien grande erreur d'expliquer, comme M. Gibson
Ta fait, celte répétition locale des couches du Witwatersrand par des plis
N
igoi GsoLoaiB de la république sud-africaine ù3
obtus les plans de stratification des couches. Le résultat a été un
dédoublement local, ou plutôt une répétition locale d'une partie
des couches de Hospital-hill. A Jeppe*s-hill, et de là jusqu*à
Rietfontein, ce phénomène s'est trouvé compliqué, à Fexcès, par
le plissement d*une nappe appartenant à des couches tout à fait
supérieures de la série aurifère, couches que Ton trouve main-
tenant, dans un lambeau limité par deux grandes failles, séparées
du grand ensemble de la série aurifère du Witwatei*srand par
plusieurs assises appartenant à la série de Hospital-hill.
Plus à Touest, dans la partie dite normale du Witwatersrand,
on trouve les mêmes glissements, mais les plans de glissement
étant en concordance parfaite avec les plans de stratification, ces
accidents n*ont pas changé la succession normale des strates.
Seulement on trouve la preuve des mouvements occasionnés par
les énormes pressions subies, dans les miroirs fréquents et dans le
plissement intime des diverses assises elles-mêmes.
Conglomérats aurifères du Witwatersrand. — Une série de
terrains *, appartenant à la partie supérieure du Système primaire,
a acquis une célébrité et une importance extraordinaires, parce
qu'elle comprend les fameux bankets, elle est constituée par les con-
glomérats aunfères du Witwatersrand. Cette série est composée de
grès, d'argilites et de conglomérats. Les grès sont ou tendres et alors
généralement rougeàtres, comme le red-bar^ ou plus durs et passant
aux quartzites. Les argilites sont plus ou moins ferrugineuses
et généralement ollrent diverses formes de passage, du type fran-
chement schisteux aux grès. Toutes les roches de cette série, les
conglomérats aussi bien que les grès et les argilites, sont caracté-
risées par une teneur en séricite telle, qu'elles ont une apparence
plus ou moins schisteuse. Cette série du Witwatersrand possède une
grande épaisseur, évaluée par M. de Launay - à environ 7600 mètres.
renversés et couchés. Dans aucune partie du Witwatersrand je n'ai trouvé
des .successions inverses de strates comme celles que cet auteur a ligurées
dans ses coupes (par exemple fig. 6) et cette erreur provient de ce qu'il a
confondu les quartzites verts (tijç. 1, j) avec les quartzites du Rand-proper
(ti^. I. b) et la II capital- hiU-alaie typique (iig. 1, f>r) avec les argilites ferru^çi-
nenses (lig. 1, c). Dans la plus grande partie du Uand la succession des strates
est normale et on n'y trouve ni répétition, ni succession inverse des couches,
comme M. (xib.son Ta indiqué dans sa coupe schématique, 18. pi. X, lig. i.
I. Je crois inutile de donner une description détaillée du terrain aurifère
du Witwatersrand, car il existe, sur ce sujet, de nombreux mémoires bien
connus. Je me bornerai à renvoyer le lecteur aux ouvrages de MM. de Lau.vay,
Uatch et Chalmers, et Trusgott,
a. de Launay, 27.
24 G. -A. -F. MOLENGRAAFF QI Janv.
On trouve Tor répandu surtout dans les conglomérats et beaucoup
moins dans les quartzites. Les galets des conglomérats semblent
être dépourvus d'or et au point de vue pratique on j>eut dire que
l'or est restreint au ciment pyriteux du conglomérat ou banket.
De haut en bas on peut distinguer dans la partie centrale du
Witwatersrand quatre bandes de conglomérats aurifères :
4. La série à'EUburg ;
3. La série du Kimberlejr-reef ;
a. La série du Bird-reef ;
I. La série du Main-reef.
La série du Main-reef est la seule qui ait une grande importance
économique ; toutes les mines d'or du Witwatersrand se trouvent
dans cette série K Ces diflerentes séries ont des caractères assez bien
définis et possèdent des couches assez caractéristiques pour servir
de repères utiles dans les forages profonds qu'on a fait au sud de
la ligne d'affleurement du Main-reef, dans le but de se convaincre
de la persistance de cette série de bankets riches pour l'exploita-
tion des deep-levels. Cependant à Test et à l'ouest, principalement
au-delà des grandes failles de Boksburg, à l'est, et de Witpoortje, à
l'ouest, la succession des strates aurifères, qui est typique pour la
partie centrale près de Johannesburg, se modifie graduellement.
La série d'Elsburg est très différente des autres ; au lieu d'être
formée par un nombre restreint de bancs de conglomérats à
petits galets de quartz bien définis, elle consiste en un grand
nombre de lits de conglomérats se confondant plus ou moins les
uns avec les autres. Les galets y sont beaucoup plus volumineux -
que dans les autres reejs et une forte proportion de la roche,
considérée dans sa totalité, n'est pas du quartz, mais est dérivée
de roches diverses, surtout de quartzites.
Au AVitwatcrsrand on a généralement, et avec juste raison, pris
comme i)oint de départ, dans les iH»chei*ches des affleurements du
Main-reef, les couches de la Hos])ital-hill-slate, parce qu'elles ne
sont presque jamais cachées à la vue et sont très faciles à carac-
tériser. Cependant on a souvent commis des erivurs, en ne tenant
I. 11 s'en suit que je regarde le Botha's-reefel le Batiery-reet, à Touesl de la
faille de Witpoortje, le Kleinfonteirirreef et le Van l^jr^'s-ree/^ à l'est de la
faille de Bocksburg, comme les équivalents de la série du Main-reef dans la
partie centrale du Rand .
a. Dans les autres ree/s^ par exemple dans le Main-reef, les galets volu-
mineux ne font pas entièrement défaut, mais ils y sont rares. Cest ainsi
que j*ai reçu, grâce à Tobligeancc de M. Walkek, inspecteur des mines,
quelques galets de a5 centimètres de diamètre, provenant de la mine de
Langiaagte dans le Main-reef.
\
igOI GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE q5
pas suffisamment compte de ce fait, que la distance horizontale
entre les deux lignes d'affleurement de la Hospital-hill-slate et
du Main-reef doit varier en même temps que rinclinaison des
strates intercalées et aussi suivant que l'épaisseur de ces strates
augmente ou diminue. En comparant * les figures i et a, on voit
de suite que, dans le Rând occidentiil, la distance entre ces deux
lignes d'affleurement doit étn^ beaucoup plus grande que dans le
Rand central, car les couches du quartzite vert ont un dévelop-
pement plus considérable dans les environs de Krugcrsdorp que
dans le voisinage de Johannesburg.
La série du Witwatersrand affleure aussi avec des caractères
très analogues à celles qu'elle présente au Witwatersrand :
lo Dans les environs de Heidelberg où elle a une direction
E.-O. ou N. E.-S. O. et une inclinaison au N. ou au N.-O. ; ce
sont les mines de Heidelberg ;
oP Tout autour du massif de granité de Vredefort, en formant
un demi-cercle ; les couches sont redressées verticalement ou même
renversées j avec inclinaison vers le granité , ce sont les mines d'or
du Vaal (PL II, coupe i) ;
3" Dans les environs de Klerksdorp et de Rietkuil ; ce sont les
mines d'or de Klerksdorp. Ici la direction des strates est en
moyenne N.-S. avec des inclinaisons variables.
Dans toutes ces localités on a trouvé des conglomérats aurifères,
dont les meilleurs et les plus riches sont regardés, avec plus ou
moins de justesse, comme les équivalents de la série du Main-reef
dans le Witwatersrand.
Si Ton examine sur la carte la direction et l'inclinaison des strates
de cette série dans les diverses contrées que nous venons d'indi-
quer, et si Ton tient compte de ce fait que l'inclinaison des assises
diminue en général à une certaine distance de la ligne d'affleure-
ment et atteint finalement à peu près ])our la série du Witwaters-
rand, considérée dans son ensemble, une valeur moyenne de 25 a
3o degrés, constatée au sud à des profondeurs de plus de 5oo mètres,
on voit avec évidence que la série du Witwatersrand, dans le sud
du Transvaal, forme ujie cuvette courbée * ; c'est \h le bassin du
Witwatersrand . On a pu suivre les limites de cette cuvette au-delà
des lignes d'affleurement, grâce à des sondages, forés dans les
terrains qui lui sont superposés. C'est ainsi qu*on a pu constater
son existence sous la série de la dolomie et sous celle du Black-
reef, appartenant toutes les deux au Système du Cap ; on Ta
I. G.-A.F. MOLENGRAAPP, 30, p. I77.
26 G.-A.-F. MOLENGRAAFF ai JanV.
retrouvée également sous les couches du Système du Karroo, et
même sous les Systèmes du Cap et du Karroo superposés, comme
à Test de Boksburg (district de Heidelberg).
La stratigraphie des terrains aurifères du Witw^atersrand étant
assez compliquée et encore peu connue, il n*est pas étonnant de
voir quelques auteurs faire de cette série une formation distincte,
en discordance sur la série de llospital-hill. Mes recherches
n*ont pas confirmé cette opinion. Les couches aurifères du
Witwatersrand paraissent être partout en concordance avec celles
de la série de Hospital-hill et, du reste, les études faites dans
diverses régions du Transvaal ont démontré que les couches
aurifères de la région de Johannesburg devaient être regardées
comme intimement liées aux autres divisions du Système primaire
Sud Africain, dont elles formaient, localement en ce point, la
Magajui fif Difnamae SHne d'or de âamjf Daùon
m ù <i
Fig. 3. — Coupe passant par la mine (l*or de Denny-Dalton (district de
Vrijiieid). montrant des conglomérats aurifères {Banket») iientiques à
ceux du Witwatersrand, intercalés entre les couches de la série «le Bar-
berton (série de llospital-liill). — Echelle i/i5.ooo«.
la. Conglomérat de Dwyka ; f, Schistes ferrugineux, é]>aisseur 3"i ; m, Schistes
et schistes ardoisiers ù muscovite, ép. 18,8 ; d, Diabase, ép. 9,4 ; A, Argi-
lites, ép. (>ï2,8: q'-', Quartzites, ép. 0,3; q", Couches de llospital-hill et jaspes,
ép. i5,7 ; s. Schistes satinés, ép. i2,5o ; q', Quartzites, ép. 18,10 ; B,
Banket et quartzite, ép. 3i,4 ; q» Scdiistes et quartzites.
partie supérieure. Kn outre, j'ai trouvé dans le district de Vrijheid *,
sur les propriétés Hondspring [i3j], Dipka [Spo] et Mahlone [624]
et sur la propriété de la Compagnie de Denny-Dalton, de véritables
bankeis ou conglouiérats aurileres et d'autres dépôts qu'on ne pour-
rait distinguer de ceux de la série du Witwatersrand (voir lig. 3) ;
ces bankets et ces dépôts étaient intercalés eu concordance entre
des couches appartenant à la série de Barberton et avaient absolu-
ment l'aspect des roches de la série de Hospital-iiill , près de
Johannesburg. (Cependant il faut reconnaître que l'on a rencontré
dans les congh>mérats, dits d'Elsburg, à la partie supérieure de la
série du Witwatersrand, des galets d'une roche que l'on retrcmve
dans la série de Hospital-hill, ce qui tendrait à prouver que ces der-
I. G. -A. F. MOLBNORAAFF, 34, p. 37.
I9OI GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUI>-AFRIGAII«Œ fà'J
niers conglomérats avaient déjà été exposés aux agents de Térosion
et de la dénadation qaand se déposèrent les couches d'Elsburg.
Il est donc évident que la totalité des assises, de la base de la
série de Hospital-hill aux schistes d*Elsburg, quoique disposée en
concordance apparente, ne peut représenter une série absolument
ininterrompae. Il doit exister, tout au moins localement, une
discordance entre la série du Witwatersrand entière ou seulement
sa partie supérieure et celle de Hospital-liill.
Roches amygdaloides du Witwatersrand. — La série du
Witwatersrand, que nous regarderons donc comme produite par
un fort développement local de la partie supérieure du Système
primaire Sud-Africain dans le Sud et le Sud-Ouest du Transvaal,
est recouverte par des masses énormes de roches diabasiques
d*épanchement. Elles couvrent une très grande étendue, car on les
trouve reposant sur la série des grès et des conglomérats aurîieres,
dans le Klipriviersberg au sud de Johannesburg, dans les environs
de Heidelbei^, dans la zone aurifère autour du massif de granité
de Vredefort et dans les environs de Klerksdorp. Dans le Klipri-
viersberg, où répaisseur de cette série éruptive dépasse 800 mètres,
on constate qu'elle est formée par des diabases amygdaloïdes, qui
reposent sur les couches d'Klsburg: au-dessus viennent des porphy-
rites diabasiques auxquelles sont superposées, de nouveau, des dia-
bases amygdaloïdes. Cette même succession se retrouve dans la
série éruptive qui entoure le massif de Vredefort. Dans le sud-
ouest du Transvaal, où les couches du Système primaire Sud-Afri-
cain sont presque horizontales, ces diabases amygdaloïdes occu-
pent une très grande étendue *. On y trouve des porphyrites
qnartzifères intercalées entre les roches amygdaloïdes diabasiques
et mélaphyriques, ce qui pi'ouve que la région a été soumise
alternativement à des éruptions de roches basiques et îi des
éruptions de roches plus acides. Ces porphyrites quartziféres - sont
de très belles roches, qui avaient déjà attire Tattention des pre-
miers explorateurs comme MM. lïûbner •* et Cohen. Elles offrent
une gninde résistance aux agents de dénudatiou et Ibrnient par con-
séquent lies terrains jdus élevés, des groupes de collines où elles
allleurent, comme dans les Makwassiebergen (district de» W'olnia-
1. M. E. Cohen, en 1873, avait déjà fait observer avec raison que ces diabases
amygdaloïdes du Vaal étaient plus anciennes que les diabases du Système
du Karroo. Voir: E. Coiibn, 7, p. aïo.
2. Voir pour leur description pétrographique : P. Dahms, 9, p. 108, et
G.-A.-F. MOLBNGRAAFF, 30, p. ai3.
3. A. UûBKBR, 25, p. Sa.
^ G.-A.-F. MOLENGRAA.FF QI JailV.
ransstad), et dans les collines près de Klerksdorp, le long du
Schoonspruit.
En outre, on trouve développé, dans le Système primaire de ce
district, une série impoi*tante de tuts diabasiques silicifiés et de .
schistes coméens qu'on na jamais rencontrés ailleurs. Ces
schistes siliceux ont un aspect à peu près semblable aux lits de
silex, qui sont très fréquents dans la série des dolomies du Sys-
tème du Cap *.
On ne peut assurer que les roches amygdaloïdes du Witwaters-
rand forment avec les couches du Witwatersrand sous-jacentes
une série absolument ininterrompue ; seulement des observations
précises ont démontré que, sans aucun doute possible, les érup-
tions de ces diabases amygdaloïdes ont eu lieu après la formation
de toutes les couches aurifères de la série du Witwatersrand et
qu'elles sont antérieures à la période dans laquelle les couches
de la série du Black-i'eef se sont formées.
Gîtes métallifères divers. — En dehoi's de Tor, dont les gise-
ments principaux viennent d'être mentionnés, on trouve encore
quelques autres minerais dans le Système primaire et la nature
de leurs gisements se rapproche beaucoup de celle des gites
aurifères ; on les trouve généralement dans des veines qui ont la
même direction et le même pendage que les strates encaissantes.
C'est ainsi qu'on a trouvé le cinabre dans un schiste à séricite
de la vallée du Loinati , lantimonite dans des amphibolites près de
Forbes-reef dans le Swazieland, près de Komati au nord de
Steynsdorp , et dans la mine de Gravelotte non loin de Leijds-
dorp, où Tor natif est associé à de lantimonite. De la crocoïse bien
cristallisée se trouve dans une veine de contact associée à un dyke
de diabase qui traverse les schistes à staurotide près de Darkton,
dans le Swazieland.
Des gisements intéressants de minerais de cuivre ont été décou-
verts récemment dans une amphibolite -, qui forme des bandes
étroites dans le granité, sur la propriété Goudhoek [498] dans le
sud du district de Vrijheid. Du reste, les mines de quartz aurifère
sont souvent relativement riches en minerais de fer et de cuivre
comme par exemple sur la propriété Doomhoek [34o] (district
1. Eu 1890, cette similitude in*a induit en erreur, lorsque j'ai cru retrouver
la formation de la dolomie dans les falaises des environs de Hartebeesfontein
(district de Potchetstrom) qui sont constituées par ces schistes siliceux,
Voir : 30, p. 261.
a. Il est bien possible que cette amphibolite ne soit autre chose qu'une
diabase fortement altérée et ouralltisée.
>
igOI oéOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE HQ
de Vrijheid), dans les mines d'or de Noord Kaap au nord du
massif granitique de Barberton et dans la mine de Sheba Queen,
près de Steynsdorp, où est exploité un gite filonien qui n'est pas
encore bien étudié, mais qui semble être un vrai filon de fracture.
Roches éruptives. — Le terrain primaire et le granité ancien
sont recoupés par de nombreux dykes de roches éruptives, pour
la plupart des diabases. Dans les ten*ains stratifiés on trouve
souvent des bancs de diabase, souvent d'une grande épaisseur,
intercalés en discordance entre les strates de ces terrains.
Affleurements et âge. — Le terrain primaire affleure dans tout
le Lage-çeld ou pays bas^ c'est-à-dire dans une zone de terrain
moins ou peu élevé, qui s'étend entre le Hooge veld^ le haut pla-
teau du TransvaaL et la frontière de l'est, sauf toutefois ime bande
de 16 kilomètres de laideur moyenne, le long de cette frontière,
bande composée de terrains appartenant au Système du Karroo
supérieur et situés du côté orienUil de la grande faille de rest(P\. II,
coupe 2).
Dans le district de Vrijheid, le Système primaire est en partie
recouvert par des dépôts du Système du Karroo. Dans le disti'ict
du Zoutpansbei^ il occupe de vastes étendues, mais la géologie
de ce district est encore très peu connue. Il en est de même pour
les districts de Wolmaransstad et de Bloemhof, au sud-ouest du
Transvaal, où le Système primaire affleure laidement, mais est
caché à la vue, en bien des points, par des dépôts du Karroo infé-
rieur et par des sédiments superficiels plus récents. Dans toute hi
partie centi*ale du Transvaal le Système du Ckip est superposé en
discoixlance au Système primaire et ce dernier affleure, seulement
là où le premier est entièrement dénudé, dans le grand massif où
sont exploitées les mines d'or de Johannesburg, dans les environs
de Heidelberg, au sud-ouest de Krugersdorp et dans le beau
massii de Vredefort(Pl. II, coui)e i).
L'âge du Système primaire Sud- Africain dans le Transvaal est
inconnu. Cependant dans la Colonie du Cap une formation, sans
aucun doute dévonienne, est superposée en discordance aux
couches de Malmesbury et aux massifs de granité inti'usif qui
traversent ces mêmes couches. Or, la série de Malmesbury appar-
tient au Système primaire Sud-Africain, ce dernier doit donc être
prédévonien, c'est-à-dire silurien ou précambrien.
3o U...V.-F. MOLENGRAAFF 31 JailT.
11. — SYSTEME Dr CAP
Les cinq divisions suivantes, cnuinérées de haut eu bas,
forment le Système du Cap :
5. Série du grès du Waterberg :
4. Série plutonique du Boschveld;
3. Série de Pretoria ;
2. Série des doloraies ;
1. Série du Black-reef,
Dans une très grande partie de TA Trique australe on trouve
disposée en discordance au-dessus du Système primaire une suc-
cession très épaisse de couches, qu<» Ton peut diviser vu trois
étages bien nets. Dans la Colonie du Cap ce sont :
3. Couches des Willebergeii :
2. Couches du Bokkeveld ;
I. Grès de la Montagne de la Tal>lc.
Dans le Transvaal ce sont :
3. Série de Pretoria ;
a. Série des doloniies ;
1. Série du Black-reef.
Les couches du Bokkeveld sont les seules assises antérieures à
celles du Karroo, dans lesquelles on ait trouvé des fossiles (oi^a-
nismes marins appartenant au Dévonien inférieur).
Les recherches des Services géologiques de la Colonie du Cap
et de la République Sud-Africaine dans ces dernières années ont
permis de conclure que ces trois éUiges s'équivalent dans les deux
pays. Par suite, la grande transgression, qui vint déposer les grès
de la Montagne de la Table en discordance sur les schistes de Mal-
mesbury, est bien la même que celle qui fit se former les couches de
la série du Black-reef en discordance sur le Système primaire du
Transvaal. Néanmoins on est encore loin de pouvoir établir un
parallélisme parfait entre les subdivisions du Système du Cap dans
la Colonie du Cap et celles de ce même Système dans le Transvaal.
Au Transvaal, aucun fossile déterminable n a été encore trouvé
dans ces formations et les-analogies pétrographiques ne constituent
pas un appui suffisant pour synchroniser exactement ces couches.
Certes il existe une ressemblance frappante entre le grès de la
Montagne de la Table, dans la Colonie du Cap, et celui de la série
du Black-reef, dans la partie orientale du Transvaal ; mais si Ton
I9OI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAIXE 3l
compare les autres étag'es, les couches du Bokkevekl et des
Wittebergen d'un cAté et les couches «les doloiuies et tle Pretoria
de l'autre, on constate que [)resque toute analogie pétrographique
fait défaut. Une solution ne tardera pas à intervenir, tandis
qu'augmentent, dans TAfrique australe, les progrès de la géologie.
m
I. — SÉRIE DU BlACK-REEF
La série du Black-reef est formée par des quartzites foncés,
des arkoses, des grès,, des schistes ardoisiers, des grauwackes et
des conglomérats aurifères. Son épaisseur est très variable. Au
nord, dans les montagnes de Makapan et de Chunie, elle peut
être évaluée à 5oo mètres, et à Lijdenburg elle atteint 3oo mètres
en moyenne; vers le sud son épaisseur descend à environ
60 mètres à Duivelskantoor. Au sud de Pretoria, dans le Witwa-
tersnmd et à Klerksdorp elle ne dépasse pas 40 mètres, et autour
du massif de Vredefort son développement est très faible.
Les strates du Black-reef ont été désignées par des noms différents
suivant les diverses régions où elles étaient développées, parce
qu'on a ignoré assez longtemps que ces divers groupes s'équiva-
laient les uns les autres.
En 1898 j'ai étendu le nom de Série du Black-reef k toutes ces
couches, identiques dans tout le pays *. Jusqu'alors on appliquait
en général ce nom, seulement à la partie de cette formation déve-
loppée dans le bassin du Witwatersrand, au sud de Johannesburg.
A Klerksdorj) on la désignait sous le nom de Série du Bosch-
rand , au nord du Witwatersrand elle formait la Série de
Kromdraai, tandis que dans la partie orientale de l'Etat on la
nommait gréa de Kantoor et grès du Drakensberg -.
Stratigraphie. — La ligne d'affleurement des grès du Black-
reef, quoique souvent assez sinueuse, est généralement très facile à
suivre sur le terrain, parce que ces roches forment un escarpement
peu élevé et légèrement boisé, contrastant avec les plaines, pres-
que partout dépourvues d'arbres. Les nombreuses failles transver-
sales qui recoupent cet escarpement, sont décelées par des déni-
vellations et des fractures correspondantes. Sur le versant nord
du massif de granité, entre Johannesburg et Pretoria, où le terrain
a une pente générale vers le nord, l'affleurement des grès du Black-
reef, qui reposent sur ce granité, forme un mur naturel que les
f. Voir G.-A.-P. MoLBNORAAFP, 32, p. ia4.
a. J.-G. B0U8QUBT, 3.
3a G.-A.-F. MOLENGRAAFF ai Janv.
habitants du pays ont utilisé pour la construction de réservoirs
d'eau, en choisissant les fentes naturelles qui l'interrompent,
résultat de diaclases ou de failles, j>our établir les écluses leur per-
mettant de dispenser ainsi méthodiquement, les eaux nécessaires
à rirrigation des terres.
iaÔ3) ,
Fig 4- — Coupe Kchéiiiatiquc du bord du bassin du Witwatersrand à Won-
derfonlein, au sud-ouest de Krugersdorp (d'après D. Draper, Traits, GeoL
Soc, South. Africa, H, part IV, 1897).
6, Série de Pretoria ou du Magaliesberg; ô, Série des dolomies ; 4* Série du
Blnck-reef ; a. Granité ancien ; ib. Grès et conglomérats du Witwaters-
rand ; i.i, Couches de Barberton ou de Hospital-Hill.
\a\ série du Bhiek-i^eei", s'étant déposée en discordance sur le
Système primaire, repose, suivant les points considérés, sur des
roches ti'ès diderentes les unes des autres, quoiqu'appartenant à
ce Système. C'est ainsi <ju*on trouve le Black-i'cef au sud du
Klipriviersberg reposant sur les diabases amygdaloïdes du Witwa-
tersi*and : à Klerksdorp, il est contigu à des assises différentes
apjmrtenant à cette même série, alors que, dans les enviix)ns de
Krugersdorp, il est su])erposé aux étiigtîs aurifères de la région.
Au nord-ouest de Krugersdorp, on voit la série du Black-reef
reposer sur la série de Hospital-hill, les strates des deux systè-
mes étant dans des «lirections perpendiculaires Tune à l'autre.
Plus au nord dans les mines d<» Kromdraai, le Black-reef est sup-
])orté en <lis<*()rdance j)ar des conglomérats schisteux, qui consti-
tuent dans cette partie du Système ])rimaire un faciès encore peu
étudié. Encore plus loin, au sud <le Pretoria, on voit la série du
Black-reef reposer «lirectement sur le granité. Dans l'escarpe-
ment oriental du haut plateau du Transvaal aussi bien que dans
les montagnes de Makapan et de Chunie, on trouve tantôt le
granité, tantcH des schistes cristiillophylliens ou des schistes de
la série de BarbeKon en discordance évidente au-dessous de la
série du Black-reef (voir (ig. 10 et pi. II).
(lîTES AURIFERES. — Tcmt à fait à la base ou près de la base
de cette série (*xistent un ou plusieurs bancs de conglomérats
plus ou moins aurifères. Le terme Black-reef^ été employé pour
I9OI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE ^ 33
la première fois par les mineurs du Rand pour désigner ce con^
glomérat aurifère, qui se trouvait être à son alïleurement d'une
couleur plus foncée que les autres conglomérats déjà rencontrés
au dessous des diabases amygdaloïdes du Klipriviersberg. Plus
tard on a constaté que ce conglomérat se trouve presque constam-
ment à la base de la même série, mais qu*il n'est pas toujours
aurifère. Sa caractéristique est de renfermer des galets d'un plus
grand nombre de roches ditl'érentes que les conglomérats aurifères
de la série du Witwatersrand. I^ Black-reef a été exploité au sud
du Klipriviersberg. dans le Boschrand près de Klerksdorp, et à
Duivels-Kantoor, dans le district de Lijdenburg. Cette exploitation
n'a pas donné de bons résultats, surtout à cause de la répartition
inégale de Tor dans le conglomérat4 Des parties (shoots = chemi-
nées) riches ou très riches alternent avec des parties stériles de
grande étendue.
La direction et Tinclinaison des strates du Black-reéf au sud
de Johannesburg se trouvent être accidentellement presque les
mêmes que celles de la nappe de diabase amygdaloide et des
grt's d'Elsbui^ sous-jacents ; cette disposition a retardé longtemps
la détermination de la position exacte du Black-reef et de tout
le Système du Cap dans les parties en relation avec les terrains
aurifères du Witwatersrand. C'est une des causes qui ont porté
les géologues à considérer les grès aurifères du Witwatersrand
comme la partie infériem'e du Système du Cap, en les inettiint en
parallèle avec le grès de la Montagne de la Table *.
Bii^i au contraire , ia série aurifère du Witw^atersrand fait
partie du Systt»nie primaire et est beaucoup plus ancienne que le
Systc»nie du Ciip; la concordance apparente du Black-reef sur la
série du Witwatersrand auprès du Klipriviers est pureuient acci-
dentelle et locale; d'ailleurs dans les environs de Krugersdorp on
voit les grès et les conglomérats du Witwatersrand disparaître
sous les grès du Black-reef, avec lesquels ils sont, en ce point, en
discordance évidente.
M. Hatch,. a qui nous devons la meilleure carte géologique ^
I. En 1890 j'ai fait la même erreur en réunissant dans un seul étage (étage
inf. du Système du Cap) la série du Witwatersrand aux diabases amygda-
loïdes et à la série du Black-reef. étage que je nommais alors série du
Boschrand, 30, p. 209. Mes idées sur la stratigraphie du Transvaal ont été
considérablement modifiées depuis la publication des résultats que j*avais
obtenus en 1890 après un trop court séjour dans le pays.
9. K.-H. Hatch. 22. Une curieuse erreur existe sur cette carte : tout autour
du massif de Vredefort l'ailleurement de la série du Black-reef a été donné
entre la dolomie et les couches du Gatsrand, tandis qu'il devrait être placé
99 Juin 1901. — T. i*)*. BulL Soc. GéoL Fr. — 3
34
G.-A.-F. MOLENGRAAFF
ai Janv.
publiée sur la partie sud du Transvaal, donne assez exactement la
position du Black-reef dans le bassin du Witwatersrand ; mais il
est tri^s curieux qu'il ignore absolument la présence de cette même
série du Black-reef au-dessous de la dolomie au nord de Krugers-
dorp et plus loin, sur le versant nord du massif granitique, entre
Johannesbui*g et Pretoria, où pourtant la série du Black-reef affleure
entre la dolomie qui la couronne et le granité sous-jacent. Les
conglomérats sont, en ces points, faiblement développés à la base
de la série et ne contiennent plus que des traces d'or ; si bien que
M. Hatch ignore même leur existence. Il considère le Black-reef
comme un dépôt spécial de remaniement, limité au bassin aurifère
du Witwatersrand. Je crois cette opinion erronée : il me parait
clair que dans cette série du Black-reef, qui provient naturelle-
ment du remaniement des débris des formations plus anciennes,
il pouvait à la base se former des conglomérats riches en or,
connue au Klipriviersberg, puisque les couches aurifères du Wit-
watersrand affleuraient à ime petite distance, tandis que, en même
temps, sur le uiassif de granité, au nord de Johannesburg, des
dépôts se constituaient, qui étaient presque dépourvus d'or, mais
où les arkoses étaient bien développées.
N.
Krokodil riv.
Pig. 5. — Coupe près de la mine de Kromdraai (d'après les documents fournis
par M. DorlTel, ingénieur-conseil de la C"). — Echelle des longueurs i/j.boo'
environ ; échelle des hauteurs 1/6.000'.
5. Dolomies [Gr, Galena-reef; Tr, Tweefontein-reef].
4 A'. Schistes ardoisiers dits Kromtiraai'Slates, i3à 16 m.
q, Quartzite supérieur avec bandes d*argilite interca-
lées, 5 à 7 mètres.
4A>. Filon-couche aurifère de quartz à arsénopyrite,
dit Kromdaai-reeJ\ o m. 5o à 1 mètre.
Argilite, o m. 5o.
q. Quartzite inférieur, 6 mètres.
4 c*. Grès et conglomérats aurifères, 1 mètre,
le. Conglomérat schisteux du Système primaire, inclinaison 35* vers
ro.N.o.
4. Série du
Black-reef,
inclinaison :
iSàiUo* vers
le nord.
entre la dolomie et les diabases amygdaloldes. Cette erreur, qui se retrouve
dans les coupes qui accompagnent la carte, donne une fausse idée de la
stratigraphie de cette région ; les failles compliquées, dessinées dans ces
coupes, ne réussissent pas à rendie la tectonique compréhensible.
igOI GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 35
Dans le district de Lijdenburg il existe dans les grès de la série
da Black-reef, auxquels on a donné là le nom local de grès du
Drakensberg, un filon-couche aurifère de quartz et de minerai de
fer. Ce filon qui est intercalé entre deux bancs de grès est exploité
en plusieurs localités, par exemple sur la propriété Erasmushoop,
ou il a reçu le nom de Sherwell-reef^.
A Kromdraai, au nord de Krugersdorp, où on peut étudier la
série du Black-reef dans les exploitations minières, on trouve un
filon-couche de quartz aurifère associé k un lit de schistes ardoi-
siers et intercalé entre deux bancs de quailzites ; la succession des
strates est donnée dans la légende de la figure 5.
L*or dans ce filon-couche est associé à larsénopyrite et à la
pyrite ; il a été exploité avec succès. Les schistes ardoisiers, aux-
quels on a donné le nom de Kromdraai-slates, forment un horizon
constant d*une très grande étendue.
Dans la partie inférieure de la série de la dolomie, qui repose
en concordance sur la série du Black-i*eef, se trouvent intercalés
près de sa base des schistes ardoisiers, qui ont beaucoup d'analogie
avec les Ki*omdraai-slates, d*oii il résulte que la limite entre la
dolomie et la série du Black-reef sous-jacente est peu tranchée, et
doit être placée à la base du banc de dolomie le plus inférieur de
la série.
!J. — SÉRIE DE LA DOLOMIE
La série de la dolomie est constituée par des assises de dolomie
et de calcaire dolomitique bleu foncé ou noirâtre de lo centimètres
à 3 mètres d'épaisseur alternant avec des bandes minces de silex.
Parfois, comme je l'ai observé près de Vereeniging, on trouve les
silex en rognons, disposés selon des sortes de plans de stratification
comme dans la craie d'Europe. Les bandes de silex ofirent plus de
résistance aux forces dénudatrices et sont aussi moins solubles dans
l'eau que la dolomie et par conséquent elles forment des crêtes
saillantes et donnent un aspect comme strié aux roches de cette
formation, vues de quelque distance. Dans la partie inférieure les
bancs de dolomie sont beaucoup plus épais que dans la partie
supérieure, où les bandes de silex tendent à prédominer. Il en
résulte que les assises inférieures de la dolomie sont souvent pro-
fondément érodces, et cachées par des dépots plus récents, tandis
1. J.-G. Bousquet, 3, p. 38, el Nicol Brown. The succession of the rocks in
the Pilgrims' Rest district. Tranê. of the geoL Society of Soath Africa^ II,
p. 3. Johannesburg, 1897.
36 G.-A.-F. MOLENGRAAFF 21 JailY.
que les couches supérieures affleurent, en formant des escarpe-
ments caractéristiques. Dans les terrains où ces couches supé-
rieures riches en silex affleurent, on trouve le sol tellement cou-
vert de leurs débris qu'un examen très minutieux peut seul révéler
la dolomie, comme comprimée entre les bandes de silex saillants.
Ce phénomène explique comment plusieurs observateurs ont pu
exagérer outre mesure le rôle des silex de la dolomie *. Cette
diflérence entre les zones supérieures et les zones inférieures se
manifeste surtout dans les points où la formation a une inclinaison
moyenne, il est compréhensible qu'aussitôt qu'elle se trouve
fortement redressée ou sensiblement horizontale, ces diilérences
puissent disparaître.
La position plus ou moins inclinée des couches de la dolomie a
une grande influence sur son pouvoir de résistance contre les agents
dénudateurs. Si elle se trouve dans une position horizontale ou
très peu inclinée, quoiqu'elle ne soit pas dure et relativement très
soluble, elle se comporte dans la topographie comme un élément
assez réfractaire, parce que les couches de silex offi*ent Tune après
l'autre une forte résistance à l'action de l'eau et du vent. Bien
différents sont les résultats des actions extérieures lorsque les
couches sont fortement inclinées ou verticales ; alors les couches
de silex se brisent, dès que les lits de dolomie intercalés
sont corrodés jusqu'à une certaine profondeur, et la dénudation
fait un progrès rapide. Par conséquent la dolomie constitue un
élément très reconnaissable dans la topographie partout où sa
position est horizontale, mais que Ton doit chercher seulement
dans les' vallées, où elle est souvent cachée par des dépôts super-
ficiels plus ou moins marécageux, partout où ses couches sont
fortement inclinées.
La surface de la dolomie exposée à l'air libre est rugueuse et
sillonnée de rides, aussi les boers lui ont-ils donné le nom carac-
téristique diOlifants-klip^ parce que sa surface usée a beaucoup
de ressemblance avec la peau d'un éléphant. Le paysage dans les
terrains où domine la dolomie ressemble beaucoup à celui du
Karst autrichien. Les grottes, les gouffires et les abîmes y sont très
nombreux. Ces grottes sont souvent en partie comblées par du
calcaire stalagmitique ^ et des dépôts d'un tuf ou travertin cal-
I. W.-H. Pbnmng a donné à cette formation le nom de chalcedolite, 40,
p. 576, et 41, p. 4^6.
a. Beaucoup de ces grottes sont très belles et dignes d*ètre >'isitées. L'une
d'elles, découverte en 1897, à Sterkfontein [68], au nord de Krugersdorp, était
une splendide curiosité naturelle ; des draperies stalag^tiques tapissaient
I9OI GEOLOGIE DE LA. RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 3^
caire souvent assez riche en débris osseux. Parfois on trouve de
vraies brèches à ossements dans ces cavernes. L'étude de ces
ossements qui fournira sans doute des résultats intéressants n*a
pas encore été faite. Jusqu'à présent on y a rencontré exclusive-
ment les restes d'une faune pleistocène.
Souvent les ruisseaux se perdent dans les fissures du sol et
forment des cours d'eau souterrains parcourant des séries de
grottes irrégulières, où la rivière s'épanche parfois en lacs souter-
rains. C'est ainsi que la Mooi-Rivier se perd près de Wonder-
fontein et qu'en aval de ce point la majeure partie de ses eaux
suit un cours souterrain ; 4^ kilomètres plus loin elle quitte la
dolomie en formant une source célèbre appelée Gerhardminne-
bron, dont le débit est sensiblement supérieur à celui de la rivière
au moment de sa perte, grâce aux affluents cachés.
Cette dolomie a une valeur économique considérable pour le
pays, parce que Teau des grandes pluies de la saison humide, de
décembre à mars, s'infiltre rapidement dans la roche fracturée et
caverneuse , qui forme ainsi un réseau de réservoirs d'une
immense capacité. Cette réserve d'eau accumulée réapparaît à la
surface par un grand nombre de fortes sources, qui diminuent
à peine de débit, durant la saison sèche. C'est à ces sources
remarquablement constantes que presque toutes les rivières
pérennes de la moitié occidentale du Transvaal doivent leur
existence, telles sont le Hartsrivier, le Malmani , le Malopo, le
Schoonspruit, le Mooirivier, le Kliprivier, le Krokodilrivier,
l'Aapiesrivier, le Pienaarsrivier, le Marico, etc.
Quant à la position de la série des doloiuies on estime, en général,
aujourd'hui, qu'elle est superposée absolument en concordance à
la série du Black-i^cef, ce qui est confirmé partout par les exploi-
tations minières, tiintôt dans la série du Black-reel*, tantôt dans les
niveaux inférieurs de la série dolomitique {iig, 5 et pi. II).
En général, la dolouiie a un développement très uniforme et elle
est très facile à reconnaître sur le terrain. Elle s'étend sur une
très grande partie du Transvaal et bien au delà des frontières de
ce pays ; ainsi elle atteint un développement énorme dans le
Campbellrand (Griqualand-west) et dans le Han- Ami-Plateau (pays
de Xamaqua), où elle a été reconnue par M. Schenck.
ses |Nirois, les stalactites étaient entièrement recouverts de superbes cristalli-
sations d'aragonite. Les nombreux visiteurs, venus de Johannesburg, ont
détruit en quelques semaines cette merveille. La glotte étant une propriété
privée, le Gouvernement n*a malheureusement pas pu intervenir.
38 G.-A.-F. MOLENGRAAFF 21 JailT.
Gîtes métallifères. — La formation dolomitîque renferme
partout un assez grand nombre de filons-couches de quartz miné-
ralisé et près de sa base et de son sommet quelques bandes de
schistes intercalés. Dans la partie centrale du Transvaal on trouve
(fig. 5), près de la base de la dolomie, un complexe de schistes et
d'ardoises, accompagné par un filon-couche à pyrite, manganèse
et or. Ces schistes ont reçu le nom de Tweefontein-slates et le
filon celui de Tweefontein-reef, Cette zone aurifère est très persis-
tante et je l'ai retrouvée presque partout où la base de la dolomie
affleure. Sa forte teneur en manganèse est très caractéristique et
souvent l'étage est représenté par un banc épais d'une terre
manganésifère et aurifère avec des veinules irrégulières de quartz.
Cette zone est, jusqu'à présent, très peu exploitée, cependant on
doit y compter les dépôts aurifères intéressants de Barrett's
Berlin * (pi. II, coupes 2 et 3) et de Spitskop, sur l'escarpement
oriental du haut plateau dans le district de Lijdenburg. La zone
aurifère a ici un développement plus grand et sa composition est
considérablement modifiée par lïnfluence d'éruptions diabasiques ;
cette diabase, profondément décomposée, forme une espèce de
latérite, qui se confond avec la terre manganésifère mélangée des
débris des assises supérieures de la dolomie, que la dénudation a
fait entièrement disparaître. I^s gisements de Barrett's Berlin
sont exploités à ciel ouvert.
Les grès du Black-reef, qui sont sous-jacents à ces dépôts auri-
fères, afileurent partiellement sur le magnifique escarpement de
Duivels-Kantoor. Sur la surface plus ou moins rugueuse du grès
on exploite des alluvions de petite étendue, dans lesquelles on a
trouvé pendant plus d'une dizaine d'années de nombreuses pépites
d'or. La grosse pépite de 52 onces 2, que l'on a pu voir à l'Expo-
sition universelle de Paris en 1900, au pavillon de la République
Sud- Africaine, provient de ce gisement. Elle a été trouvée en 1898
sur la grande route et porte encore les marques des roues des voi-
tures qui l'ont rencontrée. L'or de ces champs aurifères parait
provenir de la dolomie, aujourd'hui disparue grâce à l'érosion, et
le gisement du précieux métal en représente les derniers résidus,
dans lesquels l'or est venu se concentrer.
Du sud de Pretoria au district de Marico à l'ouest, on trouve
dans la dolomie inférieure une seconde zone minéralisée, qui est
très souvent interrompue. C'est un filon-couche plouibifère accom-
pagné d'une bande de schistes ; il est situé dans la formation dolo-
I. Voir G.-A.-F. Molbngraapp, 32, p. i34.
a. Vonce troy anglaise vaut 3i grammes, 103496.
igoi
GÉOLOGIE DE LA. RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE
mitiqne à une soixantaine de mètres plus haut que le Tweefon-
tein-reef. En génc'ral, comme à Kromdraai, c'est un (lion avec
des épontes nettes, la gangue est formée de quartz avec un
peu de fluorine ; on y trouve seulement des minerais de plomb,
galène, cérusite et pyromorpbite. Mais il n'est pas rare que ce
ftloa s'élai^sse en une série de poches ; dans ce cas. la minérali-
sation est plus complexe, on a trouvé dans ces poches les miné-
raux suivants : galène, blende, smithsooite (zinkspath), calamine
(kieselzinkerz), pyrite, malachite, cinabre, talc, calcite et fluo-
rine '. Tout autour de ces gîtes minéraux la dolomie est impré-
gnée de nombreux cristaux de trémolite ou de talc; ce dernier-
minerai doit, ici, être regardé comme un produit de décompo-
sition de la trémolite.
Dans la partie orientale du Transvaal (district de Lijdenbui^),
les fllons-couches minéralisés, notamment à la base et près du
sommet de la formation, sont beaucoup plus nombreux. Us sont
pour la plupart Hurifcres et sont largement exploités -. Outre l'or
I. Rn 1891 j'ai iltcril un de ces gisements
Marico. voir 29, p. i5o. Ir pense maiiitcnan
rrprês«lllnnt (pa^^e i.>a)les couehes de In dolomie eommt' r(-[H>sant en diseor-
ilanre sur des EeliiHU-s, i[ui «llleuraient dans le voisinaKe itvee une Taible
iaclinaison au noril. Ces seliisles sont très probablement des schistes inter-
calée en concordance dans la dolomie.
1. Pour des détails sur ces gisements voir : J.-G. BouaQtiBT, 8, p. Il^, et A.
BoRDiAUX, 2, p. 30(1 et suivantes.
s la dolomie du district de
4o O.-A.-F. MOLENGRAAFP 31 JanV.
et le quartz on trouve dans pes filons des minerais de fer, de
cuivre et de manganèse.
Dans le district de Marico on exploite des vrais filons de quartz
aurifères. Ces filons ont été rencontrés dans les environs des
sources de la rivière de Malmani et leurs exploitations sont les
champs d'or du Malmani. Il s*agit ici de filons verticaux avec une
direction moyenne N.N.E.-S.S.O. dans la dolomie. Ce quartz
contient beaucoup d'or visible et quelques-uns de ces filons,
comme le Mitchell-reef et le Pioneer-reef ont procuré de superbes
échantillons. Outre Tor et la pyrite altérée ou limonite, on y trouve
de petites quantités de minerais de cuivre : malachite, azurite,
bomite * (érubescite) et chalcopyrite. L'exploitation de ces filons
n'a pas donné jusqu'à présent des résultats bien satisfaisants,
parce que leur teneur en or est trop variable et qu'il s'est élevé
des difficultés techniques dues à la présence des masses énormes
d'eau fom'nies par la dolomie encaissante fracturée.
Dans le district de Lijdenburg on peut distinguer, dans ta
dolomie, un groupe supéneur et un gi'oupe inférieur de filons
aurifères. Le groupe inférieur comprend des filons du type de
ïweefontein ; ces filons sont riches en manganèse. Les mines de
Spitskop et de Bari'ett's Berlin mentionnées plus haut, appar-
tiennent à ce groupe ; cet horizon est connu des mineurs du dis-
trict sous le nom de Diggers leaders (PI. II, coupe 3). La plupart
des filons exploités dans ce district font partie du groupe supérieur;
ils sont caractérisés par une certaine teneur en minerais de cuivre
qui font entièrement défaut dans les filons du groupe inférieur.
Dans le district de Lijdenburg la série des dolomies est bien plus
qu'ailleurs recoupée par des dykes de diabase; des bancs intrusifs
intercalés forment souvent le toit ou le mur des filons-couches auri-
fères. On ne pourrait nier qu'il existe une certaine relation entre
ces roches érui)tives et la répartition de l'or dans cette formation *.
Épaisseur et âge. — L'épaisseur de la série de la dolomie peut
être évaluée à 800 mètres dans le bassin du Witwatersrand, à i5oo
aux environs de Pretoria, à 5oo mètres près de Godwan, à 8ck)
mètres dans les environs de Lijdenl)ui^ et à 1200 mètres dans les
montagnes de Makapan.
1. Pour des détails sur ces jnsements voir : G*-A.-F. Molbngraafp, 30,
p. 2i5^, et M. Fhanckr, 16.
2. J.-G. Bousquet, 3, p. H) et p. 40-44.
Consulter pour la stratigraphie du Système du Cap la coupe de M. A. Stark,
communiquée par M. Nicol-Brown, reproduite dans la planche II [coupe 3]
(M. Nicol-Brown The succession of the rocks in the Pilgrim's Rest District.
Trans. of the geol. Society of South Africa, II, p. i. Johannesburg, 1897).
igOI GÉOLOGIE DR LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINB 4'
Jusqu'à présent on ne peut, d'une manière directe, fixer Tâge
de la série de la dolomie. Il est vrai que M. Cohen ' y a men-
tionné des bancs siliceux dont les surfaces corrodées portaient
des empreintes de tiges de Crinoîdes et de Brachiopodes ressem-
blant à des espèces des genres Orthis et Chonetes, ce qui les fei^ait
attribuer au Palaéozoîque. Mais ces indications sont très vagues et,
jusqu'à présent, elles n'ont pas été confirmées par des observations
nouvelles.
Nous avons déjà vu plus haut que la limite inférieure de la
série de la dolomie n'est pas bien maixjuée, mais le doute est encore
bien plus grand pour la limite supérieure. Le fait que pivs de son
sommet on trouve quelques couclies d'ai-gilites inteivalées dans la
dolomie et plus haut quelques bandes de silex intercalées dans des
schistes ardoisiers et dans des arçilites, qu'(m ne pourrait distin-
guer de ceux de la série suivante, rend déjà i)lus ou moins arbitniirc
le niveau où doit se li'ouver la limite entre la séiie de la dolomie
et les couches de Pretoria, qui lui sont super[)osées en concoHance.
Mais cette difficulté est encore exagérée ; les nombreuses grottes
et cavernes de la dolomie ont produit des afiàissements si fréquents,
dans la partie supérieure de la dolomie, que généralement les cou-
ches sont très disloquées dans la zone de contiict enti*e la dolomie et
les couches de Pretoria, oftrant une surface ondulée iri'égulière.
Roches éruptïves. — On peut ti^ouver partout des dykes de
diabase dans la dolomie, mais cependant ils y sont plutôt i*ares.
Des bandes intrusives intercalées sont fréquentes dans le district
de Lijdenburg mais semblent être l'ares ailleui»s. Pirs de Ottoshoop
un impoi-tiint dyke d'un gabl)ro à quartz et amp)ii)>ole - assez inté-
ressant coupe la série dolomitique ; la belle roche de Wonderfon-
tein qui est employée, à Johannesburg, comme pierre de cons-
truction, vient d'une syénitporphyre à anorthose, qui forme égale-
ment un dvke énorme au travers de la dolomie.
3. — Série de Pretoria •*
Les couches de Pretoria sont formées par une succession souvent
ré[>étée de schist<^s ardoisiers, d'argilites, de quartzites, et de bancs
de diabase intercalés. Les afïleuremonts des (juartzites. ([ui ivsis-
I. Coiiiiiiiiniqiié par M. P. Dahms, 9, p. iiS.
a. Pour la description pétrograpliique de cette rorhe, voir : (i.-A.-F. Molkx-
GRAAFF, 30, p. 221.
3. En 1890 je considérais à tort cette série connue faisant partie du Système
primaire, 30, p. 2o5.
4î2 O.-A.-F. MOLBNGRAAFF 31 JaiiT.
tent aux forces dénudatrices, forment sur le sol des rides ou des
escarpements, qu on peut suivre sur des distances énormes. Cha-
cun de ces quartzites, possédant des caractères assez constants,
constitue une couche de repère d'une très grande valeur pour la
stratigraphie spéciale de cette série. Choisissons pour exemple le
terrain entre Pretoria et le fleuve du Krokodil, où la série de
Pretoria est largement développée. Ce terrain est formé de trois
rangées de collines de direction ouest-est, séparées Tune de
l'autre par de larges vallées. La plus septentrionale forme le
Magaliesberg, rangée imposante, s'élevant à 200 mètres au-dessus
des plaines environnantes ; on peut le suivre comme un mur
gigantesque sur une distance de quelques centaines de kilomè-
tres, sans que sa crête cesse d'être à la même altitude (1600 m. en
moyenne) ou que son escarpement méridional presque vertical
devieime moins menaçant. La seconde rangée est celle de Das-
poort * ; la troisième, près de Pretoria, porte le nom de Timeball-
range. Les crêtes de ces collines ne sont autres que les affleure-
ments des bancs de quartzite, tandis qu'on doit chercher dans les
vallées les^ argilites intercalées.
L'inclinaison des strates de la série de Pretoria étant en
moyenne de a5 à 40** au nord, la plongée de toutes ces collines
vers le nord correspond à l'angle de l'inclinaison des strates et par
conséquent est faible, tandis que le versant nord est très escarpé.
De haut en bas on peut distinguer dans cette série aux
environs de Pretoria les assises suivantes :
Grès et argiliten aréiiacés au nord du Magaliesherji^.
a3. Grès grossier.
2*2 Quartzites du Magaliesberj^, formant un groupe quaKzitique d'en-
viron 175 mètres d'épaisseur, divisé en deux par une bande d*argi-
lite arénacée.
Les strates 33 et aa forment le sol et la crête du versant nord du
Magaliesberg.
m. Argilite.
ao. Diabase.
19. Hoches cornéennes du versant sud du Magaliesberg.
18. Succession répétée d'argilites et de bancs de diabase intercalés.
17. Quartzite de Daspoort. Ce quartzite forme la crête et le sol du ver-
sant nord des collines de la rangée de Daspoort.
16. Diabase intrusive à gros grains.
i5. Schiste ardoisier en couches épaisses, employé comme pierre de
construction dans les fondations des éditices à Pretoria. Ces
schistes ardoisiers sont exploités près de Daspoort, sur la rive
droite de TAapiesrivier, au nord de Pretoria, et sur le versant sud
du Meyntjes-Kop.
j. Sur la carte de Jbfpb cette rangée est dénommée Witwatersberg.
igOI GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 4^
i4. Argilite.
i3. Grès fermgmenx bnin-violet.
la. Argilite et diabase.
II. Diabase amygdalolde.
lo. Argilites et nombreux bancs de diabase intrusive intercalés alterna»
tivement. On trouve aussi quelques bancs minces de roches
quartzitiques intercalés dans la partie inférieure de ce groupe.
9. Quartzite blanc.
8. Grès noir à magnétite ; le ciment de magnétite est très riche et son
volume est bien supérieur à celui des grains de quartz. Cette roche
est un bon minerai de fer.
Les assises 9 et 8 forment le sol et la crête du versant nord des
collines de la rangée de Timeball ; les affleurements noirs de la
roche à magnétite contrastent vivement, même vus d'une grande
distance, avec ceux du quartzite blanc.
7. Quartzite et grès à stratification transversale très marquée.
6. Grès fortement chargé de magnétite, dont la surface, corrodée par
les agents atmosphériques, offre des figures bizarres.
5. Argilite.
4. Quartzite.
3. Argilite.
a. Schiste ardoisier, donnant les belles dalles utilisées à Pretoria. Ces
schistes ardoisiers sont exploités dans de vastes carrières sur le
versant sud de la colline, couronnée par le fort de Klapperkop.
I . Argilite jaunâtre, avec une ou deux bandes de silex intercalés çà et
là ; on peut regarder ces assises comme les strates de passage à la
série des doloniies sous-jacente.
Banc supérieur de doloniie et de silex de lu série des Dolomies.
On peut évaluer l'épaisseur de ces couches comme suit :
ac». Vallée au nord des montagnes du Magalies, ion mètres.
19. Montagnes du Magulies, 4^^ mètres.
18. Vallée du Magalies, 800 mètres.
15-17, Rangée de Daspoort, ar>o mètres.
10-14. Vallée à l'ouest de Pretoria, 65o mètres.
1-9. Rangée du Timeball, 4<n> mètres.
La coDiposition des couches de Pretoria est constante dans la
partie centrale et orientale du pays. Quelques-uns des étages de
repères énumérés ci-dessus sont encore reconnaissables avec à
peu près les mêmes caractères, dans le district de Lijdenburg,
c'est-à-dire à une distance de plus de 200 kilomètres de Pretoria .
C'est ainsi qu on doit considérer l'épais banc de quartzite à travers
lequel on a percé le tunnej du chemin de fer, entre les stations
de Waterval-Boven et de Waterval-Onder *, comme l'équivalent
du quai*tzite de Daspoort et le banc de grès et de quartzite à
magnétite. qui est traversé en tranchées par le chemin de ier à
1. Résidence du Président Kruger, après la conquête de Pretoria.
44
G.-A.-K. MOLKNGRAAFF
31 Jan^
Nooitgedacht' comme l'équivalent du grèsàiiiagnétitedeTiineball
hill. Ces bancs de quartziten se distinguent ti-ès bien dans I
topographie, en formant des kransen \t^9. marques le long de ton
rescari)enient oriental du haut jdateau dans le district de Lijden
le lu si-rii; de Pretoria entre Wate^val-Bo^■e1
.t \VaUTVal-Onil.-r.
burg -, Dans le bassin du Wilwatersrand. où les couches d
Pretoria sont rei»ri5sentées ]wr im complexe, qui a reçu le noi
local de duachfs du Gatsrand, leiii' dcveloppenient olfi-e aus!
beaucoup d'analogie ; seulement les gW-s et les diabases y jouen
im plus grand rùle que dans les environs de Pretoria.
Jusqu'il [ti'ésent on a rencontré seulement dans quelques localité
de» marncK et des calcaires intercalés dans les argUites de la nioiti
supérieure de la séné de Pretoria -. pai- exemple à Van I^niiep)
kopje à une petite distance du village de Waterval-Boven *. I^e
rechofches de fossiles, dans ces couches, n'ont ]ius été couronnêf
de succès. La présence, dans les jii^ilites de la partie aui>érieur
de la série près de Belfast, d'un banc de calcaire un peu argileu
est intéressante à noter ; ce calcaire est d'un grain très fm et homt
gène, il pounait. <'ounue on en a l'ait l'expérience à Jolianuesburji
élrc enq)loyé comme pierre Hthograiilmjue. Grâce à sa cuuleu
I. Camp Ata prisonniers angla
a. Voir 82, lig, 5.
i apr^s 1h pi'ise dr Pretoria.
I9OI GÉOLOGIE DE LA. RÉPUBLIQUE 9UU-AFIIIGAINE 4^5
et à son aspect tacheté, il pourrait former aussi une très belle
pierre ornementale, un marbre pour constructions.
A l'ouest du méridien de Pretoria le ciu^actt^re des schistes de
Pretoria, et pai*ticulièrement celui des argilites, commence à se
modifier, les derniers devenant de plus en plus ferrugineux. A
Fouest de Buiskop les couches de Pretoria sont princii>alement
représentées par des schistes, qui ont une certaine ressemblance
avec les schistes ferrugineux de la série de Hospital-hill. Dans le
district de Marico, les argiKtes de cette môme série sont plus dures
et plus ferrugineuses que dans les environs de Pretoria. Au delà de
la frontière, dans le Griqualand-west, les couches de Pretoria,
reposant sur les dolomies du Gampbellrand, sont très dures et
ferrugineuses, et en grande partie formées par des jaspes ^ entre
les assises minces desquels on trouve des bandes d'une amphibole
rare appelée crocidolite.
GiTKS MÉTAXLiFÉRES. — Il résulte des recherches effectuées
jusqu à présent que les couches de Pretoria ne sont pas très
riches en gîtes métallifères.
Dans la partie inférieure on trouve des filons-couches de quartz
aurifère, qui ofirent une très grande analogie avec ceux qu'on
trouve dans la dolomie. On a commencé l'exploitation de ces
veines k Koesterfontein [io8] et à Blauwbank [io4], à l'ouest de
Krugersdorp, mais sans obtenir de résultats favorables. On doit
placer dans un niveau un peu supérieur les gisements de Scheer-
poort [i5o], à une trentaine de kilomètres au nord de Rrugeredorp,
dont on a essayé l'exploitation plusieurs fois sans succès. On a
été plus heureux dans le district de Lijdenburg, où l'on a exploité
avec profit le filon-couche de quartz aurifère, nommé Bewitts-reef,
situé pivs de la base de la série de Pretoria, aux environs de
Frankfort -.
On a trouvé dans les parties siipéricmvs de la séri(» de Pretoria
(les filons cuprifèi'es et plombifères dans les districts do Pretoria,
Kustenburg et Lijdenburg. I^s minerais de ces filons renlèrinent
une certaine proportion d'ai^cnt, aussi leurs (exploitations sont-
elles indiquées conmie mines d'ai^ent.
Tectonique et roches khuptives. — 11 existe des i*eiations
évidentes enti^e la répartition de ces filons et les accidents tecto-
niques liés aux phénomènes d'intrusion et d'éruption des roches
I. G.-W. Stow. 49, p. .")8i.
■J. J.-<i. BoUSQUBT, 3, p. 4 1*
46
G.-A.-F. MOLKNGRAAFF
ai Janv.
de la série plutonienne du Boschveld : en analysant cette deiv
nière, nous étudierons en détail ces gîtes métallifères.
Les couches de Pretoria sont traversées par un grand nombre
de dykes de diabase et de nombreux bancs de cette roche y
sont intercalés. On peut étudier facilement les relations entre ces
dykes et les bancs ou les dépôts stratifiés de la série de
Pretoria dans la remarquable tranchée du chemin de fer entre*
Belfast et Godwan. Pour toute la série. j*ai compté dans cette
coupe 56 bancs de diabase d*unc épaisseur de plus de 3 mètres
et un très grand nombre d*une moindre épaisseur. On y trouve
quelques bancs d*une diabase amygdaloîde. qui peuvent être
contemporains de la formation de la série, mais les entre-bancs
Fig. 9, — Dyke de diabase formant un baoc intmsif. au kilomètre 219
du chemin de fer de Komatipoort à Pretoria. — Échelle i/iooo*.
s, Argilite de la aêrie de Pretoria ; s„ Argilite durcie ; l, Diabase.
de diabase sont intrusifs. ce qui est prouvé par la transformation
métamorphique en roche coméenne obser^'able très souvent dans
les argilites, au-dessus aussi bien qu'au-dessous des bancs de dia-
base. On voit i>ar exemple dans la coupe de la fig. 8 des dykes de
diabase qui s épanchent en formant des bancs intrusifs. Le méta-
morphisme de con-
M*y»tf^ Kmp tact peut être étudié
avec facilité tout
près de Pretoria à
Meyntjeskop, sur un
banc épais d*une
diabase à g^s grains
intercalé entre le
quartzite de Das-
poort au-dessus et
une argilite au-des-
sous. Au contact on
Pig, ^. — Diabase inlrusive dans les couches de la
série de Pretoria, près de Pretoria.
q, Quartzite de Daspoort, épaisseur 17 mètres ;
. q„ Quartzite altéré chargé d'épidote et d'acti-
note : 2, Diabase gabbroique à gros grains, ép.
!♦> m. ; s„ Argilite durcie ; s. Schiste ardoisier
en couches épaisses, ép. 35 m.
trouve Fargilite durcie et beaucoup moins fissile qu*un peu plus
bas où elle n'est pas altérée, tandis que le quartzite, durci égale-
ment, est, dans le voisinage du contact avec la diabase, chargé de
petits cristaux d'épidote et d'actinotc en gerbes (fig. 9).
igOl GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINB 4?
Les couches du Système du Cap, disposées comme nous Tavons
déjà dit en discordance manifeste sur celles du Système primaire * ,
ne sont généralement pas redressées fortement, l'angle de Tincli-
naison ne dépasse guère, dans tout le district de Lijdenbui^, 7 à
i5**. Mais il y a, pourtant, d'assez nombreuses exceptions. Tout
autour du massif de granité de Vredefort, le Système du Cap a
subi des mouvements de même ordre que le Système primaire
sous-jacent ; la position verticale en est résultée pour les strates de
la série du Black-reef et de la dolouiie (pi. II, coupe i) ; langle de
redressement va en diminuant graduellement dans les couches
superposées du Gatsrand, qui appartiennent à la série de Pretoria.
Les mêmes constatations peuvent être faites dans les montagnes
de Makapan (iig. 10); là Finclinaison uioyenne des strates dans
le Système du Cap en discordance évidente sur le Système pn-
maire ne dépasse pas ao"" paiiout où la direction des strates est
nord-sud, mais ces mêmes couches sont redressées verticalement
partout où la direction des strates est de Touest à Test. Nos con-
naissances sur la stinicture géologique du Transvaal ne sont
encore suffisantes que sur des points trop éloignés les uns des
autres pour pouvoir expliquer les causes plus ou moins locales
des phénomènes de redressement du Système du Cap. Mais on
peut apprécier avec plus de justesse les phénomènes qui ont été
le résultat de Finclinaison des strates du Système du Cap vers un
centre commun dans la partie centrale du Transvaal. On voit,
dans le pays au nord de Pretoria, l'inclinaison des strates de ce
Syst<!»me se diriger et aller en aug^nentant vei's la région nommée
Boschveld^ où, comuie nous le verrons plus loin, des intrusions et
des éruptions d'un magma riche en soude ont eu lieu après la période
de formation des couches de Pretoria. Ces dernières sont, jus-
qu'à une certaine distance de ce bassin de roches ignées, redressées,
disloquées et même quelquefois courbées en larges plissements.
Affleurements. — Les lignes (raffleurement et Finclinaison
des couches de Pretoria et du Black-reef indiquées sur la cai'te
(Planche 1) peuvent donner une idée du relief du territoii*e occupé
par l'étage inférieur du Système du Cap. Au nord de Pretoria
on voit le bassin du Boschveld environné de tous côtés par une
bande du terrain de l'étage inférieur du Système du Cap, seule-
ment interrompue au sud-est, où elle est cachée par les dépôts du
Karroo superposés, et au nord, où le grand pli qui sépare le bassin
I. Les coupes de la Planche n donnent une bonne idée de la position discor-
dante du Système du Cap sur les terrains anciens.
4^ Tt.-a.-f. molengraafk ai Janv.
du Boscliveld du bassin du Waterherg est en ]iartie caché [mr les
l'oches ignées et les grès de Fétage supérieur. Sur les deux côtés,
est et ouest, du bassin du Waterberg, le prolongement de cette
bande, formée par Fétage inférieur du Système du Qip, est très
peu connu, la région n'ayant pas été explorée au point de vue
géologique. On voit aussi comment les couches du Système du
Cap, à la limite méridionale du Bosch veld, sont en connexion par-
faite avec celles du bassin, ou mieux du fossé, du Witwatersrand,
dont la continuation au sud-est est cachée sous les dépôts du
Karroo. Un lambeau isolé qui affleure près de la frontière occiden-
tale de la République annonce Fénorme développement du Système
du Cap dans le Griqualand-west et le Bechuanaland.
4. — SÉRIE PLUTONIENNE DU BOSCHVELD
J'ai donné ce nom à un groupe de roches intrusives et éruptives,
ayant ])our caractère commun une forte teneur en soude, et dont
Fascension a eu lieu après la période de 'formation de la série de
Pretoria et avant celle du système du Karroo.
Granité rouge. — Un des représentants typique de ce groupe
est le granité rouge, roche qui occupe une vaste surface au nord
des Magaliesbergen, dans le Bosch veld, et qui avait déjà attiré, il y
a trente ans, Fattention des premiers explorateurs, Mauch, Hûbner
et Coh(»n. C(* granité rouge est une roche grenue, composée de
feldspath rouge, géiiéi'aleiueiit de Fanorthose ou de Forthose, de
c[uartz (»t de petites quantités d'am])hil>ole fortement pléochroïque
et de biotitcî. \a\ faible proportion des constituants foncés donne à
ce granité en place une couleur rougeàtre, les parties superficielles
décomposées étant grises ou blanchâtres. Le plus souvent ce
granité, quoique grenu, possède une structure micropegmatoïde
parfaite : ce type est très constant et j'en ai récolté des échantil-
lons impossibles à distinguer les uns des auti^es en des localités
distantes Fune de Fautre de plusieurs centaines de kilomètres, à
Krokodilpoort [4iï] <*t à Honignestkrans [121], au nord du Maga-
liesberg (district de Pretoria), à Klipfontein (district du Waterberg)
et sur le versant nord du Botha's berg (district de Middelburç).
Dans les anciennes descriptions géologiques du Transvaal, entrt>
auti*es dans celle de Schenck, à laquelle on a donné le plus d'auto-
rité, les auteurs ne soupçonnent pas la différence entre ce granité
rouge et le granité ancien et regardent la région du Boschveld
comme appartenant au terrain primaire. Cette erreur a créé des
1901
QKOLOOIB DE LA REPUBLIQUE SL'D-AFRICAINE
difficultés stratigraphiques de plus
en plus insurmontables à mesure
que nos connaissances sur la struc-
ture géologique <tu pays augmen-
taient. Toutes les difficultés se
résolvent d'elle- mêmes, aussitôt
que l'on admet que le granité ruuge
et les autres roches plutoiiiennes
qui l'accompagnent sont d'une
époque plus récente (jue le gntiiite
du Systt'iue primaire, c'est-à-dii-e
que leur ascension est postérieure
à ta période de genèse de la série
de Pretoria.
La situation géologique du gi-a-
nite ixiuge est montrée nettement
dans la coupe i (PI. fl). Si, jiartaTit
(lu massif granitique situé entre
Johannesbui^ et Pretoria, on se
dirige vers le nord, on voit com-
ment ce granité est recouvert par
l> série du DIack-rcef, et comment
le succèdent, d'abord les dolomies,
puis la série de Pretoria, tuujoui-s
avec peudage vei-s le nonf. On
rencontre ensuite sn]ierposés aux
utuclii-s de Pretoria, au niird da
Magalieslierg. le granité rouge cl.
ïsa bjisc. di's iiurittts et dos roclu's
ïvcnitiques. Si, des environs de
Lijdenbui^, nous nous dirigions
vers l'ouest, nous aurions cxautt--
ment la méiue succession (1*1, fl.
roupies ti et 'J). Iji aussi la série du
Blaek-i'ocf (gi-èsde Kantoor etgrcs
du Di-akenslicrg) i-ejiose eu discor-
dance sur le granitc iiUcien et les
schistf^s du terrain prîmaiiv. au-
dcasus se trouve la dolouiic. et au-
clpssu!« de la dolouùp. dans les tnou-
Ugnes de Steenkamp, repose la
série de Pretoria, toujours avec une
■3 Juin ii(oi. — T. 1".
Bull. Soc. (îéol. Vr.
oo
G.-A.-F. MOLENGRAAFF
ai Janv.
inclinaison vers Fouest, allant en augmentant de 7** à a5°. Enfin dans
les montagnes de Botha et dans le pays de Secoecoeni, le granité
rouge recouvre la série de Pretoria, avec à sa base des syénites et
des norites accompagnées de gisements de magnétite. La m^me suite
se rencontre dans les montagnes de Maka|>an (fig. 10). A Button'skop
la série du Black-reef avec pendage vers Fouest, repose en discor-
dance sur les schistes dans lesquels se trouve la mine d'or d'Eerste-
ling et sur le granité ancien. Au-dessus du Black-reef vient la dolo-
mie, surmontée par les couches de Pretoria et, à la partie supérieure,
près de Piet-Potgietersrust, par le granité rouge, ayant encore une
fois à sa base de la norite. Cette norite donne naissance, près de
ce dernier village, à des collines fracturées, ayant Faspect des
collines dites Zwartkoppies et Pyramides, sur le versant nord du
Magaliesberg.
Le tableau comparatif suivant donne les principaux caractères
du granité ancien et du granité rouge.
Granité ancien
Généralement couleur grise plus
ou moins foncée, assez rarement cou-
leur rouge *.
Dans la majorité des cas granité à
biotite ou granité à biotite et amphi-
bole, assez souvent aussi granité à
deux micas et rarement granité à
muscovite.
Elément feldspatique représente
en grande partie par du mierocline et
du plagioclase.
Structure micropegmatolde incon-
nue.
Veines a pegmatitc très communes
donnant à la roche une apparence
entrelardée.
Roches de profondeur toujours
exclusivement de la famille grani-
tique.
Hoches pouvant être regardées
comme des représentants d^épanche-
ment de la famille du granité, incon-
nues.
Granité rouge
Presque toujours couleur rouge.
Généralement granité à amphibole
et biotite, quelquefois granité à am-
phibole et rarement granité à biotite.
La muscovite n*a jamais été ren-
contrée.
Elément feldspatique représenté
presque exclusivement par Tanor-
those et Torthose.
Structure micropegmatolde en gé-
néral admirablement développée et
caractéristique.
Veines de pegmatite pas encore
rencontrées.
Roches de profondeur de la famille
granitique, de la famille syéhitique
et de la famille gabbroique, associées
au granité rouge suivant une certaine
loi.
Dans le terrain du granité rouge
on trouve assez souvent des roches
très diverses, pouvant être regardées
comme des types d*épanchement des
familles de roches de profondeur
ci-dessus.
I. J'ai trouvé des variétés rouges du granité ancien, assez rares, dans le
massif de Vredefort, dans quelques localités du district de Vrijheid, et gr&ce
à des forages, sur la propriété Vlakfontein [443] > P^^^ du Modderfontein
G. M. Co.
igoi
GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SU1>-AFR1CA1NE
5l
On ne trouve guère, sauf tout près
du contact avec les schistes environ-
nants, de ségrégations des éléments
les plus basiques.
Schistes crystallophylliens assez
répandus dans la zone du granité
ancien. Us forment souvent des ban-
des d'une grande étendue et dans le
voisinage le granité a souvent une
structure parallèle et se transforme
en des variétés gneissiques ou am-
phibolitiques.
Nombreux dykes de diabase.
On voit aussi bien sur une grande
que sur une petite échelle la ségré-
gation des éléments les plus basiques
se présenter d'une manière très mar-
quée. Cest ainsi qu'on trouve l'am-
phibole dans le granité rouge (qui
du reste est assez pauvre en éléments
foncés) accumulée dans des masses
de diverses dimensions, qui devraient
être nommés des amphibolites (/lor/i-
blendefels).
La distribution relative des gra-
nités rouges, des syénites, des nori-
tes et des gites métallifères dans ces
norites peut être imputée à des phé-
nomènes de ségrégations (Voir plus
loin).
Schistes cristallophylliens incon-
nus dans la zone du granité rouge.
Dykes de diabase man(|uant ou
assez rares.
(>5 tableau montre jusqu'à l'évidence que le granité ancien et
le granité ix)uge sont des éléments si fondamentalement dillérents
qu'ils ne peuvent être Tun l'équivalent de l'autre. Il est d'ailleurs
impossible de les confondi^e lorsqu'on a vu leur gisement et l'aspect
({u'ils impriment au paysage.
Syéxites. — En outixî du granité rouge on trouve en abondance,
dans le Boschveld, d'autres types de roches de profondeur non
moins intéressantess, ttdles que la syénite à néphéline(éléolite), la
syénitc à anorthose <»t la norit<».
I^ syénite à éléolite qui, entre autres, forme un massif d*une
étendue mé<liorre sur les propriétés Zeekoegat [287] et Leeuw-
fontein [3aoj, au nord des Magalieshei^en, est représenté par
toute une sérit» de variétés, dont les types givnus ])euvent ètvr
comptés parmi les représentants les plus beaux, jusqu'à présent
connus, de cettt^ roche. Leur surface olfre un aspect curieux ; elle
est creusée de petits ti^ous soit hexagonaux, soit cpiadratiques,
empreintes en creux des grands cristaux de néphéline, qui. se
décomposant plus facilement que le reste de la roche, ont complè-
tement disparu. A une petite profondeur, Féléolite est parfaitement
inaltérée. I^s grands cristaux d'anorthose, des macles de Carlsbad
Sa G.-A.-F. molkNgraafk ui Jauv.
ti'ès aplatios suivant (oio) sont orientées pivsque parallèlement,
(^ette disposition donne à la ixx'he entière une soi-te de clivage '.
La syènite à anoi-those, type pour letpiel M. Hendci'son - a pix>-
posé le nom de hatherliie. forme des massifs nombreux et de
jçrande étendue. Je les ai ti'ouvés au noixl des Magaliesbei^en sur
l<»s j)ix)[)riétés Waterval [laoj, Lt^euwfontein [3îioJ et Zeekoi^at
[287 J et, sur le vei'sant noixl du Botha\s-bei'g, dans la propriété
Blinkwater [77J.
Ces massifs de syénite présentent des types syénitiques très
variés, parmi eux la syénite à titanite et la syénite à pistacite, eette
dernière étant une variété de décomposition assez répandue.
NoRiTK ET MAGXÉTiTE. — A la [>éripliérie de la zone du granité
rouge on trouve presque partout des norites, d<mt les gisements
se reconnaissent aisément dans la topographie aux formes bien
accentuées des collines formées par cette roche. On les a trouvées
au nord de Zeei'ust, à Alewijnspoort ['Jio] (district de Marico), au
nord de Rustenbui'g et «le là dans une zone presque ininterrompue,
les Zwartkopï»ies, le long du vei'sant noixl des Magaliesbergen,
jusque dans les environs de Pretoria, sur le versant noixl des
Hotha's bei'gtm (district de Middelbui'g) et près de Piet-Potgieters-
rust, le long du vei^sant occidentîil des montagnes de Makapan.
Ces norites sont de belles roch<»s qui présentent plusieui's
variétés, tantôt à ensUitite, Umtùt à hypei*sthène ou bien à hyper-
sthène et diallage. Klles ont été l'objet d'une étude détaillée pétix>-
graphique et chimique par M . Henderson ^. Des pyroxénites ,
composées uni([uement d'enstatite, sont souvent combinées à la
I. Jusqu'alors l.i néphéline avait été Irouvor dans le Transvaal jmp Coukn,
seulement dans une syénite près du Hexrivier, dans la rangée du Zwart-
koppies, située éjçaieinent au nord des Magaliesbergen. Cette syénite à
néphéline a élé déerite par M. Wilking; la néphéiine n'y est visible qu'au
inicroseope.
Voir E.-A. Wi i.FiNt;, 53, p. i(».
a. M. lÎKNDKHsoN a donné une très bonne description <le cette n»ehe. Je l'ai
également étudiée en plaques minées el je serais tenté de lui donner le nom
de Hjrénite anorthosique à amphibole et pyroxènt* {AnorthoklaS'Am.phibol"
Pyroxen-Syenit). Henderson préfère appliquer des noms séparés aux roches
à anorthose et propose dans ce cas le nom de Uathrvlite. C^e nom serait bon
s'il n'y avait erreur de localité ; celle roche allleurc, il est vrai, non loin de
l'ancienne fabriijue de poudre et sur remplacemenl de l'ancienne fabrique de
dynamite dans la jjropriclc Leeu\vfontein [^aoj, mais celle fabrique n'a rien
de commun avec la « Flcrstc l^^abrickcn » ou la fabritpie de Hallierley, qui est
située au versant sud des Magaliesbergen sur les alïleuremcnts de la série de
Pretoria. Voir J.-A.-L. Iïkndkhson, 24, p. 'J."> et suivantes.
3. J.-A.-L. Hrndkrson, 24, p. lo-^a.
I(>01 GKOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 53
norite. A Alewijnspoort (district de Marieo) *, ces roches à enstatite
sont grenues, à grains de dimensions médiocres, tandis que dans
les collines, dites Pyramides, au nord de Pretoria, elles sont
composées de cristaux d'enstatitc d'une longueur qui dépasse
souvent dix centimètres. Ces norites ont une importance écono-
mique; en ellet, des amas lenticulaires de magnétite foi'tement
attractive et très pure leur sont associés, formant des gîtes métal-
lifèivs d'une tivs grande étendue.
Ce sont les meilleurs gites lernfères du pays. Il n'est pas difficile
de prouver que la magnétite est un produit de ségi'égation de la
norite, car ou peut observer partout que la teneur en magnétite,
dont la présence comme constituant normal est toujoui's cons-
tatée sous le microscope, va en augmentant, à mesure qu'on
s'ap])roche des^ainas de magnétite pure ; enfin tous les éléments de
la norite éUint dispainis, sauf la magnétite, il reste un minerai de
magnétite pure. Il est certain, que, lorsque, dans l'avenir, l'indus-
trie du fer se développera dans le pays, ces gisements atteindront
une importance considérable.
J'ai trouvé des gisements de chromite associée à la norite dans
quelques localités, par exemple sur la propnété Zilikatsnek [Syg],
au noi'd du Magaliesberg. Ces gisements sont très peu étudiés et on
ne saurait encore se former une idée de leur étendue ou de leur
importance.
Pour ce qui est des i*elations entre eux des tyj)es ï)i'incipaux de
ces roches, on constate que le granité rouge occupe le centime de ce
vaste terr.iiii ])lutonien et que les autres types sont restreints
à la zone péiiphérique ; la norite doit être recherchée dans la
zone la plus périphénque et une bande de roches syénitiques, qui
ne sont cependant pas développées d'une manière aussi régulière
et aussi uniforme que la norite, la sépaiv. du granité. On trouve
donc, en schématisant les faits, dans cette immense formation
plutouienne une succession de roches de plus en plus basiques en
se dirigeant du centre à la périphérie.
Kn outn* des roclies intrusives de profondeur cette même région
est très riche en roches éruptives de types fort différents. Dans
une partie du domaine du granité rougt\ c'est-à-dire dans le distiîct
du Waterbei-g, >on trouve associé au graiiiU» rouge des types por-
phyriques. On y trouve quelquefois, couiine à Magalakwieiis-oog,
lies poi^ihyres pétrosiliceux à quartz globulaire, et plus communé-
I. Nous devons à M. Hrndkrson, 24, p. '38-4i, une descripliou pétrogru-
pliique et une analyse de cette belle roche.
54 G.-A.-F. MOLENGRAAFF 21 JanV.
ment des felsophyres. Les porphyres à pinitoïde de ce district sont
très caractéristiques, ce sont des felsophyi*es, dans lesquels les
phénocristaux de feldspath sont entièrement altérés en pinitoïde,
le tout formant une belle roche rouge à taches vertes.
Bien plus importantes et bienplus variées sont les roches d'épan-
chement qu'on trouve près de la périphérie du Boschveld. Parfois
ce sont des porphyres, qui pourraient être regardés comme le faciès
éruptif des syénites et des norites, comme par exemple le type
porphyrique de syénite à anorthose des Pilandsbei^en (district de
Rustenbui^), décrit par M. Henderson ' sous le nom de pilandite.
Mais en généi^al les relations sont plus complexes.
Citons comme preuve ce qu'on trouve dans la coupe le long du
fleuve Pienaar, sur le versant nord du Magaliesberg.
On voit sur la propriété Baviaanskloof les quartzites supérieurs
du Magaliesbei^ traversés par de nombreux dykes de composition
très variée et, plus au nord, sur la propriété Zeekoegat [287], on voit
ces mêmes strates recouvertes en concortiance apparente par des
dépôts éruptifs stratifiés, des brèches et des agglomérats éruptifs,
des tufs siliciûés, des lits de scories transformés en brèches de
roches amygdaloïdes, tous ces types alternant avec des bancs assez
épais de roches porphyriques très variées, ressemblant tantôt à des
rhyolithes et à des felsophyres, tantôt à des andésites à amphibole,
tantôt à des basaltes, tous représentants d'anciennes coulées de
roches d'épanchement.
L'intrusion et les éruptions des roches de cette série plutonienne
doivent avoir été accompagnées par des émanations gazeuses. Dans
le granité rouge les gaz, qui se dégageaient, ont été chargés de
composés fluorés. En eflet la fluorine est associée régulièrement
aux roches d'épanchement du groupe du granité rouge, et elle est
un des minéraux les plus constants dans les cavités de ces roches.
Mais il en résulte aussi que la majorité des filons qui parcourent
le gi'anite rouge sont des gîtes d'émanation. Dans le district du
Waterberg, par exemple, le massif des porphyres quai^tzifères et
des felsophyres est recoupé par de nombreux filons. La gangue est
bréchi forme et consiste en fragments des murs, sur les parois des-
quels ont cristallisé les cristaux de quartz en ix)sette. I^ vide
restiint est occupé par de l'hématite seule ou par de l'hématite et de
la fluorine. Dans quelques localités, par exemple à Welgevonden,
les -filons sont plus importants : (m constate alors que la partie du
filon, voisine du toit, est entièrement conqjosée de quailz. tandis
I. J.-A.-L. Hbndbrson, 24, p. 4^.
I9OI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAIXE 55
que la partie voisine du mur est composée de fer oligiste, de
fluorine et de quartz. L'épaisseur du fer oligiste avec fluorine
varie de i à 3 mètres. Ce fer oligiste est très pur et le quartz qui
raccompagne est aurifèi^e. On en a tenté l'exploitation, mais la
proportion d'or est trop variable pour que Ton ait obtenu des
résultats satisfaisants.
I^ même gangue de quartz et de fer oligiste a été trouvée dans
rAlbert-silver-mine, située dans le granité rouge, à ^5 kilomètres
est-nord-est de Pretoria. Le principal minerai de cette exploita-
tion est une bomite argentifère.
En outre, dans les autres veines de la série plutonienne du
Boschveld, Tinfluence des émanations gazeuses est révélée par ce
fait que les roches en contact avec les filons sont profondément
imprégnées par des composés métalliques. Ce phénomène est
constaté, par exemple, dans les filons qu'on rencontre sur le ver-
sant nord du Botha's berg, sur les pi'opriétés Rhenosterhoek [iio]
et Laatste-drift [82]. Ces filons traversent la syénite à anorthose
et la norite et contiennent des minerais sulfurés de fer, de cuivre
et même, dans la dernière localité, des minerais de cobalt. Une
imprégnation profonde des murs de granité rouge a été constatée»
dans le lilon aurifèrt* de rAlbert-silver-mine. mentionnée plus
haut. I^s gîtes minéraux dans le Boschveld sont du reste encore
peu connus et n'ont pas été étudiés méthodiquement *.
Cette série plutonienne offre, abstraction faite de la géologie
locale, un intéi'ét général, parce qu elle augmenta» nos connais-
sances en ce cpii concerne l'étude de Finlluence des niasses intru-
sivt's et érupti ves sur la tectonii[ue des strates au traviMs desquelles
elles se fi'ayent un passage. On trouve là un curieux exemple de
phénomènes, sur l'origine desquels les opinions émises actuelle-
ment varient et dilfèrent des opinions anciennes.
Au commencement de ce siècle la majonté des géologues, après
. l^opold de Buch et Elie de Beaumont, pensaient que les chaînes
de montagnes résultaient de soulèvements produits par l'ascen-
sicm des roches plutoniennes. qu'on i*encontre généralement
sur leur axe central, comme par exemple dans les Alpes, où elles
forment les cimes culminantes. Les roches plutoniennes étaient
ainsi, par leur ascension, la cause directe du redressement et du
I. Je n'ai pu iiioi-inêmc visiter que quelques-uns des griseuients signalés
ioi et je dois la plupart des renseijçnenients ci-dessus à M. Dorffel, ingé-
nieur des Hendersou's Transvaal Postâtes Limited, compagnie propriétaire
de toufi les gisements de cobalt découverts jusqu'à ce jour au Transvaal.
56 G.-A.-K. MOLENGRAAFF ai JanV.
refoulement des couclies sédiiiientaii*es. qui s*appuient eonti-e le
novau enstallin.
Plus lard, lorsque l'étude des terimins volcanicpies eut montré
(jue les strîit<»s. à tnivers lesquelles les roches érui>tives se font
jour, ne sont guère dislocjuées. et a]»rès qu'on eut étudié de plus
pivs la tectonicpu* des chaînes de montagnes, -on se convainquit
de plus en plus que ces l'oches plutoniennes jouaient un rùle
vraiment passif dans la genèse des accidents oi'ogéniques. C'est à
cette époque ([ue fut publiée la découvertes des laccolithes dans les
Henry-mountains. On ne put nier que, le soulèvement des
terrains, cpii forment la couvertuiv sédimentairc? de ces intumes-
cences, était bien dû, diivctement. à l'intrusion de masses Irachv-
ticpies. Plus lard on ccmstata tpu» ralfaisscment. l'efl'ondivnient
de strates préexistantes dans un uiagma intrusif, peut produire
des perturbations tectonicpics considénibles, phénomènes décrits
magistralement dans l'œuvre dassitpu» de M. Brogger sur les
phénomènes plutoni(pies dans le bassin de ('hristiania. En
même tem]>s que se développaient ces idées , le rôle joué par
les iH>ches intrusives et éruptives était uiieux délimité. On admet-
tait, que rinlluence des roches nettement éruptives sur la [position
des strates environnantes était ]>resqut» nulle, tandis que celle des
roches intrusives était, au contraire, généralement considérable.
L'étude des intrusions du Bosch veld, au Transvaal, monti*e
que la ])Osilion des terrains stratifiés environnants est considéi*a-
blem(*nt modifiée, et que tous ces accidents tectoniques peuvent
être regardés conuiu* les conséquences, tantôt de l'intrusion même
d'une énorme masse de magma, tantôt de mouvements d'afl'aisse-
ment dans ce même magma.
Les modifications a))portées aux couches du Système du Cap par
l'intrusifm de la série plutonienne du Bosch veld peuvent être
résmnées ainsi :
a) En premier lieu les roches du Système du Cap, et plus spécia-
lement celles de la série de Pretoria, dont la zone de contact avec
les roches intrusives est presque la seule accessible, sont modifiées
à de grandes distances par le métamorphisme de contact. Il est
vrai que, dans les quartzites du Magaliesberg, ce métamorphisme
est peu ou pas apparent, mais dans les argilites sous-jacentes l'effet
est très marqué. Celles-ci sont très fréquemment altérées en i>hyl-
lades noduleuses, chaînées dandalousite ou de chiastolite. Les
schistes à chiastolite des environs de Zeerust (district de Afarico)
igOI GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUTKVFRICAIXE .>7
sont bien connus *, mais les schistes de Kix>mdraai [ii'2^] (district de
Middelburg), sont encoi'e plus beaux ; ce sont des phyllades mica-
cées noduleuses, chargées de stauinjtide et d^andalousite. La stau-
rotide v fonne des macles en ei'oix de» Saint- Andiv très nettes et
l*andaIousite s'est développée en prismes dt» 5-8 centimétix^s de
longueur, extrêmement frais, roses et pellucides. Des lambeaux,
quelquefois de grandes dimensions, de couches de la série de Pre-
toria, sont assez souvent renccmtrés, entièrement enveloppés par
les roches intrusives ; dans ces cas, réalisés dans la région au noi»d
du Magaliesberg et à Test du fleuve Pienaai', le métiimorphisme de
contact est très intense et les q^iartzites «uix-mémes sont fortement
altéi'és, enduivis et épidotisés.
b) En outi-e, de nombreux "dykes traversent le Système du Cap
tout autour du massif intrusif du Bosch veld ; leur composition est
très variée, mais leur étude est à peine commencée. Souvent ils
pénètrent dans le Système du (]ap jusqu'à de très grandes dis-
tances. C'est ainsi que le fameux dyke de Wonderfontein, mentionné
déjà par Hûbner (voir ci-dessus, p. 42), est formé par une magni-
fique variété de syénite à anorthose, qui traversera dolomie et est
largement exploitée [»our la constiniction des édifices à Johannes-
burg. Souvent ces dykes sont très riches en fragments arrachés
aux couches du Système du Caj). C^es fragments sont alors foiiie-
ment métamprphisés ; quelquefois aussi ces mêmes fragments sont
si nombreux que Ton a de vraies brèches éruptives, dans
lesquelles la substance éruptive jom^ le rAle effacé d'un ciment.
Un très bel exemple de ces brèches éruptives est la brèche de
Dertle-Poort [^^H)!* ^ ^^^^^ kilomètres nord-est de Pretoria. C'est un
dyke épais, traversant la chaîne du Magaliesberg; il renferme en
abondance des fragments, souvent de grandes dimensions, de
dolomie recristallisée et quelquefois chai'gée de grossulaire et
d'autres roches de la série de Pretoria, énei^iciuement métamor-
phisées. I^ ciment éruptif de cette roche est caractérisé par de
^ndes plaques de biotite.
e) I^s dislocations tectoniques ([ui se sont produites dans le
Système du Cap, durant la période d'activité plutonienne, scmt
des plus instructives. l^»s sti'ates de ce Système, à une cerUiine
époque, se sont affaissées dans et au-dessous du magma interne
et il est résulté de cet elfondrement, que, tout autour du bassin
plutonique, les strates du Système du Cap s'inclinent vers un
1. Voir pour leur description 80, p. mrj.
58
G.-\.-F. MOLlWOR-V-%.FF
91 Janv.
centre commiin. De fait, l'inclinaison, facilement observable,
surtout dans les couches de Pretoria, est fiartout dirigée vers le
Boschveld (voir la carte. Pt. I>.
I>e cas le plus simple se trouve représenté dans la cou|>e sché-
matique du granité ancien entre Pretoria et Johannesburg au
nord (PI. II. Coupe i). On voit tout le Système inférieur du Cap
courbé et affaissé simplement, sous la <érie plutonienne. en conster-
vant la succession normale ininterrompue de ces strates. Cette
simplicité se maintient de Pretoria à l'ouest, jusqu'aux environs de
Rustenburg et la figure représente exactement ce qu'on peut obser-
ver en allant de Pretoria, directement vers le nord par le W'onder-
booms[>oort. Mais à Test du Wondcrboomspooi-t cette allure primi-
tive si simple ne |>ersiste [>as longtemps et au-delà, dans la vallée
du lleuve Pienaar. on constate déjà un mode d'aifaisseuient diflTé-
rent du précédent (fig. ii). 11 s'est formé une série de cassures
parallèles, de
failles à gradins
{Siaffelbrûche).
dans le bloc af-
faissé du Svstème
du Cap et par
suite on rencon-
tre une série de
collines, formées
de strates du
Système du. Cap.
dirigées toutes
dans la même direction. i>arallèlenient à la périphérie de la zone
pluUmienne. et séparées l'une de l'auti-e |«ir des vallées, dans
lesquelles on peut trouver les affleurements de roches ap|>artenant
à la série du Boschveld. Ces collines ont tous leurs esi*arpenients
faisant face au sud, tandis que leurs versants septentrionaux ont
une pente très faible. En ri»gle générale, elles sont formées exclu-
sivement de couches de la série de Pretoria, mais il i>eut an-iver,
si Le l'ejet d'une de ces failles est exceptionnellement fort, que la
dolomie vienne affleurer à son tour sur l'escarpement.
GlTEs MÉTALLIFÈRES. — Il u cst pas étouuaut qu unc région aussi
tourmentée par les forces intérieures soit très riche en dykes et en
filons métallifères. En réalité je crois que tous les filons métallifères
rencontrés avec une direction moyenne ouest^st, dans divei-ses
zones parallèles, tantôt dans les couches de la série de Pretoria,
Fi^. II. — Coupe Ihvorùjue montrant le nio«le d'affaiis-
Heinent de la série de Pretoria vers le Boschveltl
et les failles à gradins {Stajfelhrûche), dont les
fentes sont injectées de roches éruptives variées,
appartenant toutes à la série piutouienue du
Boschveld.
9, Roches éruptives de la série plutonienne du Bosch-
veld : 0, Qaartw***'* <^^ J^"^'^ **" Magaliesb«rjr :
0, Diabases intercalées.
igOI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRTCATNE Sg
tantôt dans des roches appartenant à la série plutonienne du
Boschveld, à Test du fleuve Pienaar (districts de Pretoria et de
Middelburg), sont liés d'une manière plus ou moins directe aux
dislocations dont je viens de parler.
Ces gîtes métallifères sont disposés dans les zones suivantes a
peu près parallèles, suivant une direction moyenne est-ouest.
a) La zone de la Willows-silver-mine, des mines de Boschkop
[îigS], de Oudezwaanskraal [637] et de la ïransvaal-silver-mine,
toutes situées dans le mt^me niveau géologique, c'est-à-dire dans
les argilites, entre le quartzite de Daspoort et les quartzites du
Magaliesberg. Ce sont de vrais filons de cassure à peu près verti-
caux, lies fentes sont le plus souvent, ce qu'on peut observer le
mieux dans la Willows-mine, partiellement remplies de diabase
formant un dyke, et pour le reste plus ou moins minéralisé. La
gangue identique de tous ces filons est une sidérose possédant une
teneur assez forte en magnésie et en manganèse. Ce carbonate est,
k l'état frais, de couleur brunâtre ti'ès claire, et j)asse rapidement
par l'action des agents atmosphériques, au brun foncé et plus taixl
au brun noirâtre, l^e minerai est formé par de la chalcopyritc,
de la pyrite, de la téti'aédrite à antimoine (panabase), de l'azurite *
et de la malachite: à cette association de minéraux vient se joindre,
dans le filon d'Oudezwaanskraal. l'arsénopyrite et dans le filon du
Transvaal-silver-mine, de la galène, de la cérusite et de la crocoïse.
Les minerais de ces filons l'enfermant de l'argent sont connus
comme mines de ce métal. L'aident se trouve surtout dans la
tétniédrite. Os mines ont été activement exploitées il y a une
dizaine d'années, mais elles sont maintenant abandonnées et il est
inipossible d'en étudier les gisements en détail.
P) La zone des filons plombifères situés clans le niveau supérieur
des quartzites du Magaliesberg. Les fentes sont en partie injectées
par une diabase, et en partie remplies de minerai de plomb : on y
trouve du quartz, de la calcite, de la galène, de la pyromorphite,
de la cérusite et, en très petites cpiantités, de la blende et de la cala-
mine. Je citerai comme type, dans cette zone, le filon plombifère
situé sur la propriété Edi^ndale [4^H] (district de Pretoria). Des filons
I. L*a7urit(* de la Willows-mine est bii'n rrislallisét» et ses erislaux modi-
ûês sont fort bt^aux. Voir G.-A.-F. Molrxgraapf, 29, p. làO. Les cristaux de
cérusite, qui sont décrits dans cette communication comme provenant du
Willows-mine, ont été en réalité trouvés dans la Transvaal-silver-mine,
comme j*ai pu, plus tard, le constater moi-même.
Tk) o.a.-k. Moi.EXoiiAAFF ai Janv.
identiques in*ont été indiqués sur cette zone dans le district de
Rustenbui*g, mais je ne les ai pas visités nioi-ménie.
y) 1^ zone des fiions de rohalt de Balmoral. Ces liions sont
situés dans le même niveau géologique que la zone précédente»
c'est-à-dire dans la [>artie suj>érieure des couches du Magaliesberg,
et il est ï)robahle que ces deux zones sont identiquo^s, et que la
même série de cassui'es est remplie de minerais de plomb dans-
les ciiviiHius de Pretoria et de minera'i de cobalt plus à Test.
I^ gangue dans ces liions est une t»spéce de roche cornée, lai'ge-
ment imprégnée de cristaux «l'actinote et de smaltine. dont toutes
les petites fissures sont tapissées de cristallisations d'érythrine.
ô) La zone de filons située dans la noritt* à la base de la série
])lutonienne du Boschveld. Sur la pi'ojïriété I^atste-drill [82] (dis-
trict de Middelbui'g) on trouve, dans ces filons, de la pyrite, de la
chalcopyrite et delà smaltine. Ils renferment une forte pix)portion
d'or se chilfrantà 8 à 10 onces par tonne. A Rhenosterhoek [iio]
(district de Middelbui^), un filon analogue est entièi^ement rempli
de pyrite massive trcs pure. La norite encaissant ces filons est
complètement im[)régné<» de sulfures.
e) La zone de filons cuprifères dans le granité rouge qui renferme
la Albert-sil ver-mine à 8.5 kilomètres est-nord-est de Pretoria.
Le filon est vertical avec une direction est-ouest. Le mur est
formé j)ar un granitiî j»orphyritique à anorthose. La gangue consiste
en quartz et fer oligistc. Le minerai principal est une bomine
argentifère, qui est accomjiagnée de chalcopyrite, de cuprite, de
chalcosine, d'azurite et île malachite. Le filon est en partie injecté
de diabase.
La teneur en argent de la bornine de cette mine s'élève à
40 onces par tonne. On a trouvé, dans les environs, des filons ana-
logues et parallèles ; celui delà [propriété Roodepoort [359] ïï^èrite
d'être mentionné. Lîi gangue de ce filon est une sidéi*ose, ayant une
forte teneur en magnésie et en manganèse, identique à celle de la
zone du Willows-mine, ce qui montre bien la parenté de ces zones
de gîtes métallifères. Des gisements analogues n<» sont pas rares
dans le district de Uust(»iiburg.
Le gisement riche en cobalt de la propriété Ivruisrivier [85], dans
le district de Middelbui*g *, parait être situé dans la zone des
quartzites supérieurs du Magaliesbei'g. Le minerai est de la smal-
tine. renfermant de 3 à 4 onces d'oi' ynw tonne. Cet aflleurement
1. H. Okumichbn, 87, p. 1(71.
IQOI GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUIKVFRICALXK 6l
(l'un lambeau de rocher*, appartenant au Système du Cap, envi-
it)nné de tous côtés par la série plutonienne du Bosch veld, doit
probablement être expliqué par des accidents tectoniques du même
ordre que ceux que nous avons décrits plus haut (voir page 58).
Maintenant que nous avons montré qu'il semble exister une
relation entre les mouvements d'affaissement du Système du Cap
et la formation du bassin plutonien du Boschveld, il n'est pas
moins intéressant de noter que, sous l'influence de ces mouve-
ments, des tensions se sont développées, qui ont favorisé des dislo-
cations tectoniques très complexes, des plissements et des failles
obliques à grand rejet. C'est ainsi que s'est formé le grand pli des
couches du Système du Cap, séparant, suivant la direction
approximative O.S.O.-E.N.E.. le bassin plutonien du Boschveld
de celui du Waterberg. Ce pli forme le prolongement au sud-
ouest des montagnes de Makapan et disparaît ensuite sous des
dépôts plus récents. C*est probablement le prolongement de ce
même pli qui affleure de nouveau dans les collines situées un
peu à l'ouest de Buiskop, dans l'angle sud-ouest du district du
Waterl>erg. Mais il est bon de dire que le calcaire dolomitique et
les quartzites et grès superposés qu'on trouve dans ces collines et
qui seraient les représentants de la série des dolomies et de celle
de Pretoria oflrent. comme nous l'avons déjà fait remarquer plus
haut, des différences considérables avec les types normaux de ces
roches. Il est clair que , si cette interprétation est exacte , les
couches du Système du Cap, sur les deux flancs de ce pli, se sont
affaissées dans le magma plutonien.
Tous ces phénomènes de tension se manifestent d'une façon très
remarquable, aussitôt que la périphéne du terrain plutonien forme
un angle rentrant. C'est ce qui arrive à une ving^ine de kilo-
mètres à l'est-nord-est de Pretoria, près de Franspoort. On voit la
chaîne du Magaliesbei'g, dont la direction était oucst-t*st au nord do
Pretoria, se i-ecourber brusquement an sud-est. \)c même les deux
autivs ningées de collines de la séi'ie de Pretoria, la rangée du
DaspooK et la rangée du Time-ball se courbent parallèlement à la
premièi'e. L'inclinaison des strati^s n*ste dirigée vei's h» granité
TOuge, c'est^iHlii'e qu'elle se modifie en même temps que la direc-
tion des rangées de collines, du nord au nord-est. Ces mouvements
conq>lexes ont créé des foives orogénicpies qui, dans la rangée
i. Ce lambeau est trop petit pour pouvoir être indiqué à l'échelle de la
carte (PI. I).
62 G,-A.-F. MOLEXGRAAFF ai JanV.
extérieui*e de la courbure, la chaîne du Magaliesbei^, ont dû
amener une extension en longueur; la chaîne du Magaliesberg
s*est fracturée ; les fentes ont formé ces gorges naturelles, appelées
par les boers poorien *, et suivies par les chemins de pénétration.
Généralement ces fentes sont injectées de matière éruptive et on y
doit chei*cher un grand nombre des dykes intéressants qui rayon-
nent du terrain plutonien du Boschveld. Cest ainsi, entre autres, que
la belle brèche de Derde-Poort est injectée dans la fente qui traverse
la chaîne de Magaliesberg à Derde-Poort. Dans les deux rangées
intérieui'es de la courbuin;, les forces orogéniques ont eu un effet
coiiti'aii'e : elles se sont manifestées parde fortes pi*essions dans un
sens un peu obli([ue à la direction des strates ; la pi*oduction de
failles très obliques à grand rejet en a été le résultat. J*ai pu cons-
tater* (pic le groupement si pittoiTsque des collines, dans les envi-
rons de Pretoria, aussi bien que Torigine des magnifiques sources
de TAapiesrivier sont dus à ces accidents.
Par analogie, cm peut supposeï» à bon droit qu'il existe, entre les
divei's terrains du Système du Cap. des l'clations très intéressantes
partout où la périphérie du terrain ])lutonien forme une courbe
très convexe, forçant la lig^e d'ailleurement du Système du Gap à
se courber dans le même sens ; comme au nord de Lijdenburg, près
du lleuve Olifants, où on voit la dii*ection du Système du Gap
qui est à Lijdenbui^ N.-S., se couder brusquement à angle di^oit
pour devenir dans les monUignes de Chunie O.-E. et même O.S.O.-
E.N.E. Les docmnents géologiques sur cette région font malheu-
reusement défaut.
ROCUES AMYGDALOÏDES DU BoSCIIVELD. — Le g^uitC rOUgC Ct IcS
roches qui raccompagnent scmt recouverts, dans une partie du
Boschveld, le Springhokvlakte, par une nappe énorme d'une roche
amygdaloïde basique, dont les cavités sont remplies de calcitc
transparente, de zéolithes nombi'euses, surtout de scolésite et de
heulandite, d'agate et d'opale, cette dernière souvent sous la forme
transparente appelée hyalite. Généralement cette i*oche amygda-
loïde est masquée par des dépôts superliciels, c'est^i-dirci par un tuf
calcaire, à son tour en général coui'onné par une argile ou limon
ti'ès riche en matière oi'ganique, à laquelle on a donné le nom local
I. Poort est un mot hollandais signifiant porte ; ce mot est très bien
clioisi ; on le retrouve avec le même sens dans la « porta westpkalica » du
Weser et dans le « eiserner Thor b du Donau.
'2, Une étude topograpliique et géologique détaillée des terrains disloqués
dans les environs de Pretoria était en préparation, avant la g^uerre, à
Pretoria. J'en publierai les résultats ultérieurement.
igol GKOLOGIS D£ LA REPUBLIQUE SUD-.VFRICALNE 63
de turf on tourbe. Les excavations faites pour l'exploitation du tuf
calcain; destiné à une fabrique de ciment près de Pretoria, aussi
bien que les tranchées le long du chemin de; fer de Pretoria à
Nijlstroom, ont prouvé que pailout dans le Springbokvlakte cette
roche amygdaloîde, à laquelle j ai donné le nom de roche amygda-
loide du Boschoeld, se trouve au-dessous de ces dépôts superfi-
ciels. Cette nappe, à laquelle le Springbokvlakte doit sa surface
absolument plate ^ embrasse approximativement ime surface de
3410 kilomètres carrés. L'épanchement de la roche amygdaloïde
(lu Boschveld doit avoir été postérieur à Tintioision du granité
rouge, et on ne s'avancerait pas trop, en regardant cet épanche-
ment comme la phase de clôture de la période d'activité plùto-
nienne dans le Boschveld.
Historique des intrusions. — Quant aux centres d'éiniptions
dans le Boschveld, nous ne pouvons pas encore les localiser.
Seulement il me parait probable que la saline, située à environ
40 kilomètres au nord de Pretoria, sur la propriété Zoutpan [4^7],
qui possède une forme en cratère presque parfaite -, constitue l'un
de ces centres. Sa situation au milieu de roches de granité rouge
à gros grains, bien certainement d'origine intrusive, nous foree à
supposer que les produits éruptifs déposés autour de ce centre ont
été déjà déblayés entièrement par les phénomènes de dénudation.
En l'état actuel de nos connaissances, qui embrassent des par-
ties trop éloignées de la région, l'ordre chronologique des phases
éruptives dans le Boschveld ne peut être que soupçonné. Il sem-
blerait que cette activité a conmiencé par l'intrusion d'un magma
riche tîn soude dans les couches du Système du Gap, dont la posi-
tion devait être alors plus ou moins horizontale. Dans ce massif,
cpii pouvait êti*e en forme de laccolithc, la distribution du magma
était telle que vers la périphérie la basicité augmentait, tandis
que vers la partie centrale et supérieure le magma était acide et
granitique. Plus tard le toit sédimentaire du massif intrusif fut
détruit et les couches du Système du Cap s'affaissèrent de tous côtés
dans le magma plutonique. Ces couches furent alors courbées,
fracturées et plissées, et, les lentes et les failles furent injectées des
matières éruptives que l'on rencontre aujouixl'hui, sous forme de
dykes, au travers des assises du Système du Cap. En même temps
1. Le Springbokvlakte est la seule véritable plaine du Transvaal ; les
plaines monotonies du Karroo supérieur elles-mêmes olfrent à côté d'elle un
aspect onduleux. Elle est située à i.uoo mètres environ au-dessus du niveau
de la mer.
'j. Voir la description et les ligures données par M. Ë. Cohbn, 8.
^4 a. -A. -F. MOLKNGRAAFF 21 Janv.
les l'oches asceudantes se tbi*çaient, çà et là, un passage vers
l'extérieur et des couches de débiis volcaniques alternant avec des
coulées de laves se foi'maient. 11 est bien probable que Tactivité
volcanique, posténeu renient à ces allaissenients, continua encore
un certain teuips et que c'est à cette dernière période qu'est due la
nappe énorme de roches aniygdaloïdes du Bosch veld.
Les lindUîs de la zone occupée par la série x)lutonienne ne sont
pas encore entièrement tracées. Au sud-est (voir la cai-te, PL I),
dans le district de Middcll)ui*g, elle est recouverte par les dépôts
du Karroo et, dans le district du Waterbcrg, par le grès du Water^
berg ; la partie septentrionale du bassin plutonien du Waterberg
est (hi reste entièrement inexplorée. On peut estimer que la série
])lutonienne du Boschveld occu[)e au toUil une surlacê de plus de
6o.(K)o kilomètres carrés. De cette énorme étendue, une cinquan-
taine de kilomètres carrés à peine ont été étudiés. Quelles décou-
verti»s pétrogniphiques * ne reste-t-il pas à faii*e dans les explora-
tions futures !
r>. — (iRÈS DU WaTEHBERG
On trouve (hnis le district du \Valerbei*g une formation gréseuse,
qui repose sur le granitt», sur le porphyre i)étrosiliceux et sur
le felsophyrc» du Waterberg. En général, ce grès all'ecte une position
horizonUil(\ mais, partout où le gininite i*ouge où les porphyres
sous-jacents forment des dûmes, on voit les strates inférieui'es du
grès a[»pliquées sur ces élévations plus ou moins l'ecourbées (PL II,
coupe 1 , et lig. lo). On r<'ti*ouve cette même formation sur le granité
rouge, ou du moins associée à des roches éruptives de cette série,
dans les districts de Middelburg et de Pretoria, mais beaucoup
moins développée que dans le district du Waterberg.
La série des grès de Waterberg est formée presque exclusive-
ment de grès, et en partie de brèches et de conglomérats. Les
schistes y jouent un rôle très ellacé. A la base de cette série on trouve
généralement quelques couches de conglomérais, qui ont une cou-
leur rouge tacheté frappante. Ce conglomérat basai est composé de
galets de diverses roches cimentées, souvent très peu arrondis. On
trouve, parmi les galets, des jaspes rouges, des quartzites schisteux
à magnétite -, des quartzites schisteux à muscovite, des quartzites
I. \.v musée «lu Servir»* ^éolo^^itiuc de la Hé|>ul>Ii<|ue Sud-Africaine à Pré-
Uu'in possède une très belle eolleelion de roches de <!etle série, dont Pélude
a été interrompue par la guerre.
'2. La jaspe rouge et le quailzile à magnétite sont tous les doux «les repré-
sentants de la Hospital-hill-slate, voir page i8.
igOI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRfCAING 65
bkmcs, du quartz, de la lydite ; toutes ces roches appartiennent à
la série de Barberton du Système primaii'e. C'est aux nombreux
fragments de jaspe rouge que ces bancs de conglomérat doivent
leur aspect rouge tacheté. Le ciment est arénacé ou quartziteux et
contient généralement un peu d'hématite, de pyiîte et de très rares
traces d*or . En outre de ces conglomérats de base on trouve des
galets répandus en petites quantités dans tout le complexe du grès.
La couleur de ce grès est rouge, mais varie du blanc rougeâtre jus-
qu'au rouge foncé. Le grès rouge de Buiskop donne les meilleures
pierres à bâtir connues dans le pays. Une stratification diagonale
est très conunune dans cette formation.
Les dykes de roches éruptives sont rares dans les grès du
Waterberg; sur le plateau duPalala, j ai trouvé quelques dykes de
diabase et, en plusieurs localités, j'ai observé des dykes de felso-
phyres. En outre, des filons de quartz avec hématite, ressemblant
beaucoup aux veines qu'on trouve dans les felsophyres sous-
jacents. ne sont pas rares dans ce grès.
Le grès du Waterberg occupe un vaste espace dans le district du
Waterberg et forme le plateau central de ce district, appelé plateau
du Palala. Ce plateau est terminé au nord, au sud et à l'est par des
escarpements. Celui du sud, connu sous le nom de Zandriviers-
bergen, a io5 kilomètres de long. L'altitude moyenne du plateau
du Palala est I400 mètres, et l'un des points culminants, le pic de
Hanglip, atteint Taltitude de 1800 mètres.
L'épaisseur moyeime de la série des grès du Waterberg doit être
estimée, dans le plateau de Palala, à 1000 mètres.
En dehors du plateau du Palala, le grès du Waterberg se pré-
sente sous forme de lambeaux plus ou moins isolés, qui, tous, ont
la forme classique tabulaire des montagnes gréseuses. C'est ainsi
qu'on trouve ce grès dans le Kranskop, près de Nijlstroom, dans
les Badsbergen, au sud du district du Waterbei'g, dans les collines
à sommets aplatis, près de TElandsrivier, et dans plusieurs localités
du district de Middelburg *.
J'ai trouvé sur le plateau du Palala, dans une grauwacke, placée
très haut dans cette série de grès, des empreintes de tiges de
Crinoïdes indéterminables ; mais on n'a pas encore découvert le
moindre fossile déterminable dans cette formation. En recher-
I. Sur la carte géologique de F Afrique du sud de Ë.-J. Dunn, 14, ces grès
dans le district du Waterberg et dans le district de Middelburg ont été
réonis avec justesse dans la même formation, et séparés des grès et des
qaarUites de Lijdenburg plus anciens, aussi bien que des grès du Karroo
plus récents.
i3 Juin 19UI. — T. I«^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 5
66 a.-A.-K. MOLKXGllAAFF 21 JalIV.
c*haiit la position de cette sëne par l'apport aux auti'es formations
du Ti*ansvaal on se bt^iili*- à de grands obstacles.
il est bien certain que, jusqu'à j>résent, on a tn)uvé cette série
de gi'ès, dans le distinct du Waterbei*g, ivposiint toujoui*s sur des
roches de la séine phitonienne du Bosehveld. Mais, si on en déduit
que la série des grès est j)Ius jeune que la série plntonienne sous-
jacente.. on se trouve en présence de gi'andes diffîcultés, si Ton
cherche à expliquer comment le felsophyre, qui travei'se le grès
du W'aterbei*g çà et là eu dykes, peut avoir avec le ielsophyn*
sur lequel ce grès repose une analogie si grande, que ces deux
roches send)Ient identiques même après rexamen le plus minutieux,
llneauti^edirticulté i)rovi(»ntdu conglomérat de hast*. Sur les rives
du fleuve Pienaar, dans le district de Pretoria, on trouve des
bancs de conglomérats qui iTssemblent. jusqu'à l'identité, aux
conglomérats de base de la série des grès dans le distinct du
Waterberg et semblent êti^î intercalés ou du moins associés à des
bancs de roches éruptives stratifiées de la série plutonienne.
Pourtant on voit ces mêmes roches éruptives se continuer en
forme de dykes à travers ces bancs de conglomérats. Cette con-
tradiction appanmte ne peut ôti'e expliquée qu'en admettant que
les bancs de conglomérats étaient en réalité préexistants aux
roches éiniptives, mais furent engloutis et en partie travei-sés par
ces mêmes roches éruptives.
On pourrait donner une explication plus ou moins satisfaisante
de tous ces phénomènes, en admettiint que la série du grès du
Waterberg était originairement un étiige du Système du Cap,
déposé exactement en concordance sur la série de Pretoria, et que
plus tard les roches de la séné plutonienne du Bosehveld se sont
forcé, en forme de laccolithe, une place entre ces deux étages, la
série de Pretoria formant la base et la série du grès du Waterbei^
formant le toit du laccolithe.
Mais nous pensons qu'il vaut mieux attendre de nouvelles
études pour résoudi*e cette cjuestion. Nous admettrons, provisoi-
rement, que la série du gi'ès du Waterberg est Tétage supérieur
du Système du Cap, en attendant que de nouvelles recherches
fournissent les données nécessaires pour déteimiiner d'une manière
plus précise leur position dans l'ensemble des formations succes-
sives de l'Afrique du Sud.
Î90I
GEOLOGIE D£ LA Rl^PUBLlQUE SUl>-AFRICAlNE
6:
III. — SYSTEME Di; KARROO
Ia"^ Système du Karnxi au Transvaal iTposi; en discordance
«ur les formations pi'écédentcs plus anciennes et offre en général
une |>osition normale horizontale. Dans ce Système il faut distin-
guer deux subdivisions pnncipales. le Karroo inférieur et le
Karroo supérieur,
I. — Karkoo inférieur
En généi'al, les strates du Karroo inférieur sont horizontales,
quoiqu'elles suivent plus ou moins les ondulations du terrain sur
lequel elles sont déposées.
Dans toute l'Afrique australe les géologues ont accepté la
subdivision du Karroo inférieur en deux étages, le conglomérat de
Du^^ka et les couches (TEcca,
Le conglomérat de Dwyka est caractérisé par la présence dans sa
masse de nombreux blocs et cailloux de provenances divei*ses, qui
offrent des volumes variant depuis celui de simples gi*ains jusqu'à
ceux de blocs, pouvant i)eser plus d'une tonne. Ces fragments
sont tantôt parsemés,
tantôt réunis en un en-
semble tassé et très
serré, dans un ciment
gris ou bleu très foncé
à grains très fins, qui,
exposé aux agents
atmosphériques, se
transforme en une ar-
gile gris-jaunàtre com-
pacte. On ne [)eut, dans
la disposition de ces
débris, reconnaiti'e au-
cun ordiHî et leur arran-
gement ne dépend nul-
lement de leur volume
ou de leur forme. Us
VVcltrrredeii
I
I
Keba Spruit
Fig. 12. — Coupe montrant la discordance du
Système du Karroo sur le Système primaire
dans le district de Vrijheid. — Echelle
i/iâ.ooo*.
Formation du Jloogeveld : i4 b, Grès supérieur:
i^a, Grès inférieur ; — i\ Couches d'Ecca ;
la. Conglomérat de Dwyka ; i, Couches de
Barberton et schistes cristallophylliens; h,
Horizon houiller.
' ont en général leurs arêtes arrondies, mais ne sont pas sphéiiques
ou ellipsoïdes comme des galets, et ils sont fréquemment sur un
68
G.-A.-F. MOLENGRAAFF
ai Janv.
ou j)lusieurs côtés couverts d'un ou plusieui's systèmes de stries
parallèles. Ce sont des blocs et des cailloux striés.
Cette courte description s*ap]>lique à la partie du Dwyka,
disposée en bancs, pouvant atteindre une vingtaine de mètres
d'épaisseur, qui ne montrent aucun indice de stratification. Alter-
nant avec ces bancs non stratifiés, <m tixmve, dans cette même
formation, des dépôts stratifiés contenant en quelques endroits
des cailloux en grande abondance, tandis qu'ailleurs les cailloux
sont rares ou absolument absents.
Les couches d'Ecca sont en général constituées par une boue
fine , durcie . sans cailloux ; et il est très rare qu'on y trouve
quelques gros blocs. UEcca-shale typique est une espèce d'argi-
lite foncée, à grains tW's fins qui en raison de sa structure pseudo-
sphéroidale ou concrétionnée . se brise si facilement en petits
fragments, qu'il est difficile d'en obtenir un morceau non frac-
turé de la grosseur du poing. Entre ces argilites friables cJtement
cependant, çà et là, des schistes ardoisiers, qui donnent une bonne
pierre de construction. Tous les caractères distinctifs des couches
d'Ecca se retrouvent dans les parties stratifiées du Dwyka et an
point de vue pétrographique on pourrait dire que les véritables
couches d'Ecca et le conglomérat de Dwyka sont interstratifiés.
Fig. i3. — La montagne Gotshe et la propriété Mooiklip, vue du sud. —
Même légende.
he conglomérat de Dwyka a une importance plus que loccJe; il
a attiré Tattention de tous les explorateurs qui se sont occupés du
sol de r Afrique du Sud.
M. Bain *, M. Wyley et plus taixi M. Moulle - le considéraient
comme étant d'origine éruptive et lui donnaient respectivement
I. A. Gbodbs Bain, 1.
a. M. A. MouLLB, 36.
igOI oéOLOOIB DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 69
les noms de cUiysione'porpfvyjy, trap-conglomerate et brèche
mélaphjrrique,
M. Sutherland * fut le premier qui, en 1868, émit la théorie de
l^origine glaciaire de ce remarquable conglomérat, n le regardait
comme an vaste dépôt morainique de Tépoque permienne. Cette
théorie fut acceptée très favorablement par les géologues qui
s*étaient occupés de l'étude des sols de l'Inde et de l'Australie,
mais pour l'Afrique du Sud elle ne fut pas admise sans conteste.
Cependant MM. Gnesbach -\ Stow '* et Schenck * étaient les
apôtres de cette théoHe et lui donnaient un ferme appui.
M. Dunn ^, tout en acceptant l'origine erratique des cailloux de
Dwyka, le regardait comme un drift glaciaire, apporté et déposé
là par des glaces flottantes.
M. Greei^^ rejetait la théorie glaciaire et voyait dans le conglo-
uiérat de Dwyka un dépôt de plage formé le long d'une côte, qui
se retirait durant une période de transgression. MM. Draper,
Hatch ^, Sawyer et plusieurs autres géologues de la région don-
naient la préférence à des théories, qui exigeaient une origine
éruptive pour ce conglomérat.
Mes recherches dans le district de Vrijheid, pleinement confir-
mées plus tard par des études dans plusieurs autres districts du
Transvaal et spécialement le long de la rivière du Vaal, dans le
Griqualand-west, m'ont convaincu que le conglomérat de Dwyka
et les couches d'Ecca doivent être indubitablement regardés comme
des dépôts d'origine glaciaire, datant i)robablement de la période
peniiienne.
Examinons d'abord quelle est la position de ces dépôts dans les
régions qui m'ont fourni la majorité des documents, la province
de Vrijheid et le Griqualand-west.
On pourrait discuter le synchronisme du dc|)ôt du conglomérat
içlaciaire du (iriqualand-west et du Transvaal occidental, de la
partie méridionale de la Colonie du Cap, du Natal et enfin du
Transvaal orientiil et mériditmal, et la réunion de toutes ces forma-
tions s(ms le nom de conglomérat de Dwyka, Cependant on cons-
tat<* que pailDut <'es dépôts glaciaires anciens reposent sur des
I. P.-C. SUTHBRLANU, 51.
'i. C-L. Gribsbach, 21, p. 53.
3. G.-W. Stow, Manuscrit inédit.
«. .V. SciiBNCK, 46 et 46.
5. E.-J. Dunn, 13.
C. A.-H. Grbbn, 20, p. 3^3 et p. 267.
7. P.-U. Hatch, 23, p. 100.
70 G.-A.-F. MOLENGRAAPF 31 JailY.
couches appartenant au Système du Cap ou au Système primaire
et qu'ils sont couronnés par des couches du Karroo supérieur. Ce
fait constaté nie parait une l'aison suffisante pour ne pas introduire
un élément de doute dans la question du synchronisme des dépôts
glaciaires des diverses régions de l'Afrique du Sud, doute qui ne
ferait que compliquer un problème déjà ardu.
Le district de Vidjheid appartient au Gebroken-çeld et la diffé-
rence entre la partie occidentale et la partie orientale du district
est gi'ande. La partie occidentale est la continuation du Hooge^eld,
quoique le cai'actère de haut plateau, qu'on trouve très typique
plus à Touest soit ici fortement modifié par l'action éi'osive de
nombreuses rivières. Dans leur cours vers l'est, jusqu'à l'Océan
Indien elles divisent le pays en bandes de terrains élevés d'altitude
de 4oo pieds au-dessus du niveau de la nier, séparées les unes des
autres par des vallées i)rofondes. Ces vallées s'élai^ssent, se
réunissent et deviennent de plus en plus nombreuses en allant
à l'est, si bien, que finalement il ne reste plus que des lambeaux
isolés de ces terrains élevés. 1^ partie occidentale du district a
donc rasi)ect d'un haut ]>hiteau, entrecoupé de vallées profondes,
tandis que la partie orientiile est un pays bas plus ou moins acci-
denté, sur lequel s'élèvent, i)ar places, des montagnes plus ou
inoins hautes, dont les sommets aplatis atteignent en général à
peu près la même altitude que le plateau occidental.
Les cours d'eau principaux sont le Pongolo qui forme la limite
entre ce district et celui de Piet-Retief, TUnikusi, TUmvolosi noir et
l'Uni volosi blanc. Le premier et le dernier sont les plus puissants
et se déi'oulent dans des vallées plus profondes que les auti*es.
Fig. 1^. — Coupe dans le district de Vrijheid, montrant le Système du Kairtïo
superposé aux terrains primaires. — Echelle des longueurs i/i.<xm>.ooo'.
Formation du Hoog-e-veld : i4 b, Grès supérieur ; i^ a, (1res inférieur; — iH, Cou-
ches d'Ecca ; la. Conglomérat de Dwyka : a. Granité ancien ; i. Couches de
Barherton et schistes cristallophyllieiis : li. Horizon houiller ; o, Diahase.
Dans le <listrict de Vrijheid on rencontiH» les foriiuitioiis sui-
vantes : le Système primaire, représenté par des schistes crisU^llo-
phylliens, la série dr Barberton et d<»s inassits de granité intrusif.
Les couches du terrain primaire sont toujours redi»essées, quel-
I9OI GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUI>-AFRICAINE 7I
quefois jusqu'à la verticale, coinine, par exemple, dans le district
de Barberton.
Le terrain primaire affleure là seulement où Térosion a fait assez
de progrès pour enlever la totalité ^es assises du Karroo, qui le
recouvrent horizontalement en discordance.
Cest ainsi qu'on doit chercher le terrain primaire en premier
heu au fond des grandes vallées du Pongolo et de TUmvolosi blanc,
mais cependant en dehors de ces vallées le terrain primaire vient
affleurer en plusieurs points à travers la couverture des strates
horizontales super|3osées du Karroo. Le Système du Karroo est
très facile à étudier dans les nombreuses gorges des torrents qui
le recoupent, en donnant de fort belles coupes naturelles, par
exemple dans la gorge du Hlengeni, sur le vei*sant nord de la
montagne d'Ingomo ^
L'étude comparative de ces coupes qui révèlent tous les carac-
tères du conglomérat de Dwyka et des couches d'Ecca résumées
plus haut, m'a conduit aux conclusions suivantes :
l-ie conglomérat de Dwyka, non stratifié, doit être considéré
connue une moraine pi^ofonde au sens pn>pi*c; du mot. Taille à
hloi-aux <run glacier gigant(<!sque ou d'une calotte de glace de l'épo-
que perniieime, tandis que le Dwyka stratifié i^eprésente les dépôts
^laciaiivs stratifiés, qui <mt été déposés par les eaux de fonte du
placier au-dessous et au devant du glacier. Enfin les couches d'Ecca
représentent les déi>ôts des torrents glaciaires et les sédiments
amoncelés dans les lacs glaciaires du paysage morainique, princi-
palement durant la période de fonte et de retrait du glacier ou de
la calotte glaciaire. Les couches d'Ecca i)ermiemies peuvent donc,
quant à leur genèse, être comparées aux dépôts du loess diluvien
de TEuropequi, absti*action faite des changements et des remanie-
iiieuts quils ont subis ultérieurement, pai*aissent avoir eu pour
origine la boue glaciaire déposée par les cours d'eau de fonte des
fçlaces durant la période de retrait des glaciers quaternaires.
Voici d'ailleurs quelques-ims des ai^uments qui militent en
laveur de cette intei'prétation.
. i" La surface des roches de la série de Harberton est burinée,
polie et striée suivant une seule diirction partout où elle était
ilû'ectement couveite par le conglomérat de Dwyka. La tlii-ection
«le ces stries est bien celle du mouvement du glacier ou de la
I. Voir G.-A.-F. Molknghaaff, 88, PI. II, vis-à-vis p. 100.
72
O.-A.-F. MOLENGRAAFF
ai Janv.
U£.
calotte de glace, dont la moraine profonde burinait la surface des
roches sous-jacentes. Cette moraine, solidifiée plus tard, est
devenue le conglomé-
^^*^ rat de Dwyka.
J'ai moiméme obser-
vé ces stries glaciaires :
a) Sur la propriété
Doompan [177] (dis-
trict de Vrijheid) dans
les gorges de plusieurs
ruisseaux, qui, se pré-
cipitant de la montagne
du Hlang^'eni , ont
creusé leui' lit à ti'avers
le conglomérat de
Dwyka et ont atteint la
surface des argilites et
des schistes ardoisiers
Pig. i5. — Conglomérat de Dwyka (la) reposant
sur les couches de Barberton (i) (propriété
Doompan [177I, district de Vrijheid). La sur-
face des schistes argileux quartzitiques de
la série de Barberton est polie et striée dans
la direction indiquée par les flèches. Le poli
et les stries sont des plus nets au point K,
où les schistes sous-jacents viennent d'appa-
raître sous le conglomérat de Dwyka. Le
plan PP* ne correspond ni aux plans de
stratification, ni aux plans de clivage des
schistes.
durs et fortement redressés, appartenant à la sérife de Barberton
(voir fig. i5 et pi. i).
Pig. 16. — Roche moutonnée [quartzite de la série de Barberton (i)| émer-
geant du conglomérat de Dwyka (la) sus-jacent qui l'entoure. Le quart-
zite est poli et strié dans la direction indiquée par les stries et les flèches.
(Propriété de Nauwpoort 1556] district de Vrijheid).
b) Sur la propriété de Nauwpoort [556], près du Zwart-
Umvolosi dans le district de Vrijheid, où quelques collines,
formées par un quartzite de la série de Barberton, fcmt saillie
au travers du conglomérat de Dwyka, qui les entoure complète-
ment. Ces collines, hautes d'une quinzaine de mètres, ont leur
surface si parfaitement polie, (jue Fimage du soleil s'y trouve
rértécliie comme dans un miroir ccmvoxc. 11 est impossible de
gravir à cheval ces petites collines, parce que le sabot du cheval
ne peut pn>ndre prise sur leur sol. Ce sont, en délinitive, de
véritables roches moutonnées, dont toute la surface est non
seulement complètement polie, mais aussi cannelée par de nom-
breuses et fines stries parallèles. 11 est fort intéressant de noter.
IgOI GÉOLOGIE DB LA BÉPUBLIQUE SDD-AFHICAINE ^3
que les stries sur ces collines De sont pas limitées k un seul côté,
celui d'où venait la pression, mais que toute la surface offre le
même aspect: le poli et les stries ont donc été produites par
Fig. 13. — CoDglomérat de ]>wyka (la) reposant sur la surface ondulée deB
couches de Barberton (i) (propriété des Mines d'or de Denny-Dalton). La
surface des grès schisteux, conglomérats et quarlzjtcs de la série de
Barberton sous le congloniéral est polie et striée dans la tlirection indi-
quée par les^flèches.
luie masse en mouvement non-seulement assez piùssante et assez
lourde pour pouvoir polir et graver les roches les plus dures,
mais encore assez plastique pour pouvoir suivre les ondulations
du terrain. Des glaciers de grande épaisseur sont les seules masses
connues qui puissent répondre k ces. desiderata .
fi(. 18. — Kocbe moulonnée poli
dont quelques lambeaux le rc
RiviTton <Griqualand-west>.
c) Sur les propriétés Vlakliiek [548] et Xussclu-iilH-idc [4ii]
(district (le Vrijhcid), près <le la mine d'or de Dciuij' Daltun. où
l'un rencontre des stries très nettes sur les surl'aces polies des
quartzit«s et des gi-ès quartzi tiques de la série de Barberton (llf^. i^).
34
G.-A.-F. MOLEXOKAAFr
31 Jauv,
d) Sur la propriété BUawbank [;8]. où la surface d'un granité à
amphibole est polie et striée.
e) Le long du Vaal, jtri-Rde Riveiion, dans le Griqualand-'west.
La surface d'une lUabase (|>«ssAnt à une diabase amygdaloîde) do
Système primaire, pnibablement de la série du Witwatersrand, est
polie et Çitriée partout où elle apparaît au-dessous do conglomérat
de Dwyka qui lui est su{>eq>osé. Les croquis (lig. iSeti^) faits sur
: Ih ro«bc iliabasiqur du
iiiKloiuéral dr Dwyka, est
Pî([. 19. — Paysaip-
Systêiiir priiuuire, i|iii nllli
polie et slriér très iiellrnii
plave eu 181)9 peuvent donner une i*^^^ *^^ '*' to[>ograpbie niorai-
nique de ees localités. Stow avait déjà, en i88o, observé les
pliénoiiièin's glaciaires dans le Griqualand-west et rendix>it repré-
senté par le ci-uquis ciniessus. avait semblé si typique à Slow
qu'il l'avait nussi dessiné du uit^nie puiut de vue '. On voit dans
I. i;.-W, hTow II ilêcrit iriirie iiii
poslliuiiir encort- iiiéilU les phêno
(ïri<iiialHiiil-wcsl. J'ni eu l'iH'eHsiun
ubMTVuUiiiih cl (le ees <'nrleM ul j'ui
<Jiiuii[iie plusifUTK iIl-n iiilerpréliil
1 dos
1res fxaete ilaiiB iiu luanoacHt
tclaciaires dans la jirovinee dr
trMvT siir place plusieurs île ces
:' eonvaiiu-n; dn leur exuetituik.
auU-urnepuis-
[;e|>lée» aujounriiiii. eulre aulrcK lu supposition d'une seconde
' fclaciaire diluvienne dans r.Vrriipic du Sud. voir : 48, p. Sl^, ses
rrc II ère 11 es reliianpluhles. n'en siint [ms moins dij^ncs du plus grand intérêt.
<>r luunuserit i>ri|nnHl appartient ti la Oeologwat Soriely of Soalh .Xj'nea et
je me suis chargé d'en diriger la publication, dés que les Tonds nécessaires
auront été réunis. M. IK'nn (Voir ; F..-J. Di->n, 18, p. 9) a également trouvé
des slries glaciaires sur uue ui'gilite dure, inimédiatcmeiit sous-jacente an
igOI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 'j5
Ja petite lie au milieu du Vaal, les i*oches de diabase parfaitement
polies transformées en roches moutonnées et encore partiellement
recouvertes par des lambeaux du conglomérat deDwyka en place.
Les stries glaciaires sont dirigées sur ces roches dans le sens per-
pendiculaire à celui du courant du ileuve et le fait que Stow a
observé et dessiné ces stries en 1880, dans absolument les mêmes
conditions que moi-même en 1899, prouve que le pouvoir érosif
des eaux du Vaal sur ces marques, en dix-neuf ans, n'est pas appré-
ciable. Dans toutes les localités citées, dans le district de Vnjheid
et dans la province de Griqualand-west, j'ai trouvé le conglo-
mérat de Dwyka in situ dans le voisinage immédiat des surfaces
polies et striées des roches plus anciennes et les stries sont plus
nettes et plus distinctes, près de la limite des deux formations,
c'est-à-dire là où les roches sous-jacentes * viennent affleurer,
La direction des stries est : dans le district de Vrijlieid : à
Doompan et dans plusieurs localités voisines, dans un rayon d'un
kilomètre, S. a8** E., à Nauwpoort S. 56^ E., à Tuschenbeide près de
la mine de Denny Dalton, S. 33*" E. Dans la province du Griqualand-
west, à Riverton et dans plusieurs autres localités elle varie de
E.&>N.àE.9oN.
Dans le Griqualand-west la direction générale du mouvement
a été E.N.E.-O.S.O. et le conglomérat de Dwyka renferme en
abondance des blocs d'un porphyre quartzifère à plagioclase très
typique qui affleure dans les régions situées plus à Test et au iioi*d-
est, par exemple dans les districts de Bloenihof et dans les collines
du Makwassie (district de Wolmaransstad). Dans le district de
Vrijheid le sens du mouvement morainique n'est pas encore déter-
miné avec certitude, mais toutes mes observations plaident eu
faveur d'un mouvement du S.E. au N.O.
conglomérat de Dwyka près du confluent des rivières du Vaal et de rOranjje
En discutant Forigine de ces stries, il dit : « It set*nis probahlr that this
turf ace formed part ofthe shelving jloor of the laUe, and that icelfergs iven*
driven aground hjr the ivind, thus scratching" and ^roovinff the rorks: the
metting" nf the ivehergH woutd cause their stonen, earth, etc. y to lie depo-
nited on the ice-ncratched Jtoor^ thus forming the congloméra te ». Otte
théorie me semble très mal fondée; le seul lait, ({uon trouve ees stries sur
les roches souK-jaceutes et sur des distances de jilusieurs dizaines de kilu-
iiiètres, toutes dans la même' direction, formant par conséquent un seul
système ininterrompu de stries, est absolument incompatible avec la théorie
«les « icebergs » chassés par le vent.
I. Dans notre cas c'est le Système primaire. Stow a observé aussi dans
le Griqualand-west des stries glaciaires sur des quartzites. appartenant au
Système du (!ap et très probablement à la série du Black-reef (manuscrit
inédit).
^6 G.-A.-F. MOLENGRAAFF 31 JaOV.
M. Griesbach ^, aussi bien que M. Sntherland ', a remarqué
des stries au-dessous du conglomérat de Dwyka sur la surface des
grès, qui appartiennent très probablement à la série du Black-
reef et sont équivalents au grès de la Montagne de la Table de la
Colonie du Cap ; mais il n*avait pas d'opinion sur la direction du
mouvement des glaciers permiens dans le Natal.
a"* Il existe quant à la structui'e et à la composition une analogie
parfaite entre une argile ù blocaux et le conglomérat du Dwyka.
Seulement dans ce dernier le ciment argileux ^ est endurci, silicifié
et plus ou moins re^ristallisé, vv qui, étant donné Tancienneté du
Dwyka, s'explique aisément par des actions mécaniques et chimi-
ques sous la pression des strates superposées du Karroo supérieur.
En beaucoup d'endroits ou le Dwyka s'est trouvé depuis longtemps
exposé à l'action de l'atmosphère, il s'est altéré à nouveau * en une
espèce d'argile à blocaux et toutes les dilTérences disparaissent.
Le conglomérat de Dwyka renferme partout en abondance des
cailloux striés. J'en ai trouvé dans beaucoup de localités du district
de Vrijheid, sur la propriété Atholi [85], près d'Amsterdam (district
d'Ermelo), dans les environs de Vereeniging et près de la mine d'or
de Modderfontein (district de Heidelberg), sur plusieurs points du
district de Bloemhof, et au delà de la frontière de l'Etat, le long de
la rivière du Vaal, en aval de Fourteenstreams, et dans bien
d'autres endroits dans la Colonie du Cap et dans le Natal.
I. K.-L. Griesbach, 21, p. 60, dit : GrooveH, quite sirnilar to those in the
Alpa, occur in gréai abondance on the sandstone of the Infami River, ahout
ao miles sont h of Durban ».
a. P.-C. SuTUBKi.AivD, 52, p. 5i5, dil : « The old aandstones, which lie
immediateljr beneath the boulderclajr hâve their upper surfaces, in nuuiy
instances, deeply f^rooved and striated, as if a semiplas tic substance, contai-
niing hard and anfçular fragments, had beenpassed over itwith considérable
pressure ».
3. Dans le Dwyka frais le ciment montre à l'examen macroscopique une
texture tant soit peu cristalline bien différente de celle d'une argile, ce qui
a su{|pgéré sans doute à quelques-uns des observateurs Tidéc de Torigine
éruptive de cette roche. Mais en examinant ce ciment sous le microscope,
on constate qu*à l'origine il doit avoir été une boue contenant de nombreux
petits fragments angulaires ou semi-angulaires de diverses roches et miné-
raux avec prépondérance du quartz, mais «jue cejKîndant, la texture élastique
primitive a été largement modifiée par des phénomènes de recristallisation.
4. Dans les plaines du Karroo, dans la Colonie du Cap, où le climat est
extrêmement sec, le conglomérat de Dwyka. quoique exposé à l'action de
l'atmosphère depuis longtemps, ne montre guère de marques d'altération
ou de décomposition.
igOI GEOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINK JJ
3* Dans le conglomérat de Dwyka ou trouve des dépôts stratifiés
et non sti*atifiés, les uns alternant aviK! les autres. C'est justeuient
ainsi que sont constitués tous les dépôts vraiment glaciaires. Les
dépôts non-stratifiés, Taigile à hlocaux. doivent appartenir à la
moraine profonde stricto sensu, et les dépôts stratifiés sont for-
més par les cours d*eau de fonte qui coulent au fond du glacier et
s'en échappent. Plus le glacier est grand, plus le réseau de ces
torrents glaciaires devient complexe et différencié. Leurs lits se
déplacent comme ceux des autres fleuves ; ils disparaissent ou
augmentent de débit et de nombre avec le retrait ou l'accroisse-
ment des glaciers et le résultat Onal après une longue période de
glaciation, doit être que les parties non-stratifiées des dépôts alter-
nent en plusieurs places avec des parties stratifiées. Il est évident
que vers le centre d'ime grande nappe de glace ou d'une calotte
glaciaire les dépôts morainiques seront assez pauvres en dépôts
stratifiés ou même en manqueront, tandis qu'au contraire, près des
bords du glacier, les dépôts stratifiés augmenteront en étendue et
en puissance, et pourront même en quelques points avoir une
plus grande importance que la véritable arçile à blocaux non-
stratifiée. Du reste, sur la bordure extrême des productions gla-
ciaires, la marche en avant et le recul périodiques de la nappe
glaciaire sufiisent déjà à produire des alternatives de dépôts gla-
ciaires stratifiés et non-stratifiés.
Ces dépôts stratifiés peuvent être, tantôt très riches en cailloux
plus ou moins arrondis, tantôt les cailloux peuvent y manquer
complètement. Il va sans dire qu'on retrouvera dans ces dépôts
tous les caractères des dépôts fluviatiles, comme par exemple la
stratification diagonale et la succession brusque des lits de gros
graviers à des boues fines. Les dépôts des eaux glaciaires diffèrent
cependant des dépôts des fleuves ordinaires en ceci, qu'ils sont
surtout composés d'une boue très fine, produite par la trituration
des roches dans la moraine profonde. On pourrait rencontrer
parfois dans cette boue fine des blocs de grandes dimensions, qui
seraient tombés des moraines latérales, médianes ou terminales,
par des crevasses.
Tous ces caractères sont représentés abondamment et avec une
netteté parfaite dans les parties stratifiées du conglomérat de
Dwyka et peuvent être étudiées à merveille dans les nombreuses
coupes naturelles qu'offrent les gorges dans le district de Vrijheid.
En outre, on constate souvent qu'un banc de Dwyka stratifié,
intercalé entre deux bancs de conglomérat de Dwyka non stratifiés,
est dans sa partie supérieure refoulé et brouillé, phénomène qu^on
78 G. -A. -F. MOLENÛRAAKF ai JatlV.
doit attribuer à la ])res8ion exercée par la moraine profonde, qui
glissait sur ces couches et qu'on retrouve, reposant toujours au-
dessus sous forme de banc de conglomérat non-stratifîé. C'est un
phénomène absoluuient analogue à celui qu'on a observé sous les
moraines pi'ofondes des glaciers de la période glaciaire de la
Scandinavie et de TKcossi» et qui est connu sous le nom de con-
toried'drift,
^" Enfin, dans le conglomérat de Dwyka, se rencontrent des
blocs de roches, aflleurant à d*assez petites distances, mêlés à
d'autres débris provenant de régions lointaines; l'origine de
<[uelques-uns de ces <lébris est d'autant plus obscure que ces roches
n'ont pas encon^ été rencontrées in situ dans l'Afrique du Sud.
Souvent le conglomérat de Dwyka a un caractère local par la
prépondérance des débris d'une certaine roche sur les auti*es, ce
qu'il n'est pas diflicile d'expliquer. Lorsqu'un glacier se meut et
qu'une certaine roche, que nous désignerons par A, aflïeure sur
son parcours, ce glacier défiche des morceaux de la roche A et les
mêle aux autres débris. La moraine profonde sera alors^ en aval
du point d'affleurement de la roche A, caractérisée par la présence,
dans sa masse, d'une certaine proportion de fragments de la roche A,
qu'on ne retrouvera pas en amont; et il en résultera que si cette
proportion est assez forte, la moraine de fond aura un caractère
local. J'ai observé souvent un tel caractère loc^l dans le conglo-
mérat de Dwyka ; à Vei'eeniging par exemple, où le conglomérat
de Dwyka repose sur les dolomies du Système du Gap, qui affleu-
rent à une courte distance, ce conglomérat abonde en cailloux
striés de calcaire dolomitique que je n'ai jamais trouvé dans le
conglomérat de Dwyka du district de Vrijheid. Ces caractères
locaux, offrent un bon moyen de déterminer le sens du mouvement
du glacier permien. C'est ainsi que, comme nous l'avons vu déjà
plus haut, la présence de nombreux blocs de porphyre quartzifère
à oligoclase dans le conglomérat de Dwyka, le long du Yaal, en
aval de Fourteenstreams, nous prouve que le sens du mouvement
doit avoir été là, de l'E.N.E. à l'O.S.O. M. Dimn * a déjà, en
1886, donné un exemple frappant du caractère local que prend
quelquefois le Dwyka ; il écrit : East of the Doornberg range
(Griqualand'West) there is a complète absence of the j^ellow jasper
and altered crocidolite, ofwhich thèse hills consista in the Dwyka
congf orner ate, while to the west oj this range they are abundanily
represented, mingled with the far-borne material. Un glacier,
1. E.-J. DuNN, 13, p. 9.
^
XgOl GKOLOGIE 0£ LA REPUBLIQUE SUl>-AFRICAINE 79
«lyant glissé de Test à Touest à travers les terrains du Doornberg-
■*ange, aurait produit exactement ces ])héiioinèues, mais je ne crois
f )as que jamais des glaces flottantes, comme le voudrait M. Dunu,
pourraient donner de tels résultats.
5"^ La matière des couches d'Keca, est, ({uant à sa composition,
I>ai*faitement identique au ciment du conglomérat de Dwyka. C'est
^n somme une houe, durcie aujourd'hui, transportée par les eaux
glaciaires et déposée soit dans les grands lacs, qui cai*aclérisent le
paysage morainique, soit dans le vaste champ d'inondation de
c!Oui*8 d'eau tori*entiels durant la période de fonte et de retrait de
la nappe glaciaire. Les gi*ands blocaux, d'ailleurs assez rarement
rencontrés dans les ai^lites d'Ecca, ont peut-être été transportés
par des glaçons flottants sur ces fleuves et ces lacs.
6"" Si l'on accepte la théorie glaciaii*e, on peut se faire aisément
une idée de la distribution erratique du congloméi*at de Dwyka et
des couches d'Ecca. Il serait difficile d'expliquer autrement, com-
ment, dans des terrains totalement dépourvus de failles, le Dwyka
peut être trouvé à des altitudes très diverses, et en position nor-
male malgré cette différence d'altitude. Avec la théorie glaciaire,
cette difficulté disparait, si l'on admet qu'un grand glacier ou une
calotte de glace, a buriné la surface des roches sous-jacentes, en
restant assez plastique pour pouvoir suivre les accidents du terrain,
les transformant en roches ou en collines moutonnées, polies
et cannelées, et déposant ainsi sa moraine profonde simultanément
à des altitudes bien difl'érentes et pourtant en position normale. Il
serait aussi difficile d'expliquer comment l'épaisseur de ces forma-
tions peut varier si fortement et comment, en quelques endroits,
soit le congloméi*at de Dwyka, soit les couches d'Ecca, soit tous
les deux, peuvent manquer en-dessous des strates du Karroo supé-
rieur, même dans des régions où le Karroo inférieur se trouve en
général très bien développé. L*explication est simple, si on se sou-
\âent que sous les glaciers, et dans les régions qu'ils abandonnent
par leur retrait, en quelques points, les effets de l'érosion sont
prépondérants sur ceux de la sédimentation, tandis que dans les
localités voisines, l'inverse se produit.
En résumé, nous admettons que le conglomérat du Dwyka et les
couches d'Ecca, c'est-à-dire le Karroo inférieur, sont d'origine
glaciaire, et celte origine, nous n'en doutons pas, permettra d'expli-
quer tous les caractères des couches du Karroo inférieur. Mais, on
devra s* attendre à constater tous les phénomènes d'une glaciation
8o G.-A.-F, MOLBNGRAAFF 31 JanV.
prolongée, et cela dans des proportions beaucoup plus grandes et
plus imposantes que pour le diluvium de rhémisphère nord. Il est
certain que Ton doit admettre l'existence d'une calotte de glace de
grande épaisseur et de très grande étendue, aussi bien qu'une durée
fort longue de la période de glaciation, pour pouvoir expliquer
l'épaisseur énorme * et le développement si diversifié des dépôts
glaciaires permiensde l'Afrique australe.
Le problème de la glaciation dans l'Afrique du Sud, durant la
période permo-carbonifère, offre plus qu'un intérêt local. Les
recherches géologiques dans l'Inde et dans l'Australie ont prouvé
qu'il existe dans ces contrées des formations d'une analogie frap-
pante. Dans l'Inde c'est le Système du Gondwana qu'on pourrait
identifier avec le Système du Karroo. A sa base on trouve les con-
glomérats de Talchir, qui offrent tous les caractères d'une argile à
blocaux, e t sont absolument comparables au conglomérat de D wyka.
Les roches plus anciennes sious-javent^s (Vindhyan-limestones) ont
été trouvées polies et striées dans plusieurs localités, entre autres
près de Chanda, dans les provinces centrales de l'Inde '. Les 7*0/-
chir-shales sont associés à ce conglomérat ; Us possèdent tous les
caractères des couches d'Ecca. Gomme les couches d'Ecca, ils sont
presque partout dépourvus de fossiles. Sur ces dépôts glaciaires
reposent des grès, comparables au grès du Karroo supérieur, dans
lesquels on a trouvé une flore à Glossopteris, très ancdogue à
celle du Karroo.
En Australie, les traces d'une glaciation ancienne ne sont pas
moins nettes et les dépôts glaciaires, qui sont associés là aussi bien
que dans le Salt-range de l'Inde, aux sédiments contenant des
fossiles marins, ont établi que la glaciation de ces deux continents
était contemporaine et avait eu lieu dans la dernière période de
l'ère paléozoïque. Et les affinités générales entre le Système du
Karroo et le Système du Gondwana sont si évidentes, qu'on peut
aller plus loin et admettre que les dépôts glaciaires permiens de
l'Afrique du Sud, de l'Inde et de l'Australie sont contemporains.
Les dépôts glaciaires du Karroo inférieur ont sans doute couvert
toute la moitié sud du Transvaal ^, Dans l'est ils sont aujourd'hui
I. Le conglomérat de Dwyka atteint dans la Colonie du Cap une épaisseur
de plus de 4oo mètres.
a. R.-D. Oldiiam, 38, p. i6o.
3. Je n'ai pas trouvé de dépôts du Karroo inférieur au nord de a6'4o'
latitude Sud. Il est vrai que M. Dunn a signalé, sur sa carte géologique du
Transvaal, le conglomérat de Dwyka beaucoup plus au nord, dans le district
IgOI GEOLOGIE DE LA RépUBtIQUË SU1>-AFR1CÀ1NE 8l
inTi8ibles parce qu'ils sont recouverts par les strates du Karroo
supérieur et ils afifleurent seulement sur les escarpements du haut
plateau vers Test, c'est-à-dire dans la portion orientale des dis-
tricts d*Ermelo et de Carolina et dans les districts de Piet-retief et
de Vrijheid. où ils peuvent être étudiés facilement. Dans le Trans-
vaal central, le Karroo supérieur diminue beaucoup d'épaisseur et
le Karroo inférieur afQeure çà et là, par exemple près de Vereeni-
ging et de Meyerton, dans plusieurs localités des environs de
Heidelberg et de Boksburg, sur les propriétés Zuurbekom [9] et
Syferfontein [3a], etc. Enfin dans la partie occidentale le Karroo
supérieur'faisant défaut, le Karroo inférieur affleure très fréquem-
ment. Cependant le Karroo inférieur a été dans cette région en
grande partie enlevé par Térosion et dans les régions où il existe
encore, il est très souvent caché par des dépôts superficiels plus
récents, comme des tufs calcaires et des dépôts éoliens de petite
épaisseur (i à 4 mètres).
Le conglomérat de Dwyka prend une certaine importance écono-
mique dans les environs de Vereeniging où le ciment, après avoir
été séparé des blocs qu'il contient, est utilisé pour la fabrication
de briques très résistantes, excellentes pour la constiniction des
fours et des habitations.
a. — Karroo supérieur
Les couches du Karroo supérieur sont presque loujoursdans une
position sensiblement normale et horizontale. Parfois elles sont
un peu l'edi'essées : elles ne sont jamais plissées. quoiqu'elles soient
assez souvent disloquées par des failles qui ont par places mor-
celé les terrains du Karroo supérieur en ilôts, dont les strates
correspondantes, tout en restant horizonUiles, se tnmvent à des
altitudes différentes.
Le KaiToo supérieur est formé par des gi*ès, des argilites. des
argilites ai*énacées, des ai'giles charboimtuises et des couches de
houille ^ Une stratification oblique est nett(*ment indiquée dans ce
Système et est surtout bien marquée dans les grès.
•
da Walerbcrg, et même dans les Ulauwberg^en, au-delà du tropique du (Capri-
corne, mais mes reeherches m\mt prouvé ({uc ces conglomérais dans le
district du Waterberg ne sont pas glaciaires et forment la base du grès du
Watcrberg, et je croîs probable que les conglomérats des Blauwbergen que
je n'ai pas visités sont identiques à ceux du Waterberg. Voir : EI.-J. DvsTiy 14.
I. On rencontre assez rarement des couches marneuses dans lesquelles le
calcaire s*est concentré en nodules. Près de Standerton, j*ai trouvé» daiis an
de ces nodules, une aile d'insecte orthoptère, très bien conservée.
i3 Juillet 1901. — T. I*^ Hull. Soc. Géol. Fr. — 0
Hq g.-a.-f. molengraaff ai Janv.
De nombreux bancs de diabase (dolérite) sont intercalés en
c*oncordanee parfaite entre les autres strates de cette formation.
Dans ces bancs de diabase, le plus souvent une diabase à olivine,
on peut observer généralement une disposition columnaire très
nette. Kn outre tout le système est traversé par un véritable réseau
de dykes de diabase du même type. La diabase du Karroo peut
être facilement distinguée des diabases plus anciennes. Le type
ordinaire de la diabase grenue du KaiToo est connu par la popula-
tion minière du Ti*ansvaal sous le nom de dolérite ^
Niveau houiller. — Dans le Karroo supérieur du Transvaal,
auquel j'ai provisoirement donné le nom àe formation du Hooge-
veldn on rencontre les couches de houille qui, en raison du déve-
loppement toujours croissant de Tindustrie minière au Witwa-
tersrand (industrie qui exige de grandes quantités de combustible),
constituent une richesse inappréciable pour le pays. Ce sont en
général des charbons maigres, ne donnant pas de cokes et ne
pouvant pas être employés dans les fonderies. Parfois leur teneur
en soufre les rend dangereux, en ce que, exposés à Pair» la
combustion spontanée est à craindi*e. Souvent ils renferment
en plus ou moins grandes quantités des matières incombustibles.
En somme ces charbons sont excellents seulement pour Femploi
dans les usines à vapeur et pour tous les usages domestiques. Les
gisements en sont immenses et la partie déjà exploitée est minime *.
11 est bien certain que les houilloi*es de la République sud-africaine
pourront suffire aux demandes de toute TAfrique durant au moins
• une centaine d'années.
Les couches de houille du Transvaal paraissent devoir être
regardées comme des alluvions végétales, des dépôts de torrents.
Les fragments de troncs de Sigillaria et de troncs, de tiges ^et de
feuilles de diverses espèces de Glossopteris jouent un grand rôle
dans la composition de la houille elle-même. Le toit des couches
de houille renferme, comme on peut le constater facilement dans
les mines de houille de Vereeniging de nombreux troncs couchés.
.I«^ crois ([u'on peut admettre pour les houillères du Transvaal — du
-moins poui* la plupart d'entre elles — un mode de formation ana-
logue à celui que MM. Grand'Kury et Fayol ont admis pour les
bassins houillers du Centre de la France.
I. E. CoHB2f a donné une description pétrographique détaillée d*iin bon
nombre de ces diabases du Karroo supérieur, appartenant pour la plupart
à rétage inférieur, dit de Beaufort, 7, p. aao.
a. En 1898, la production annuelle s^évuluail à j.ooo.000 de tonnes.
igOI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINK 83
Les coimaissances actuelles permettent de penser qu'il existe
dans le Karroo supérieur du Transvaal un seul niveau géologique
renfermant des couches de houille exploitables. On peut évaluer
que ce niveau se trouve situé sur le haut plateau à une altitude
variant entre laoo et 1800 mètres. A première vue, ce niveau
houiller parait se trouver à des hauteui*s très inégales dans la
succession des strates .du Karroo supérieur. A Yereeniging, à
Meyerton et dans lea environs de Boksburg, par exemple, le con-
glomérat de Dwyka est situé à peu près directement sous les
couches de houille, tandis que dans le district de Vrijheid, un
complexe de grès et d*argilites de aoo à 3oo mètres d'épaisseur les
sépare du Karroo inférieur.
Dans le district de Yrijheid on peut distinguer deux étages de
grès dans la formation du Karroo supériem*. L'un, l'étage des
grès inférieurs, est composé de bancs puissants de grès, gris
bleuâtres, devenant jaunâtres à l'air. En voie de décomposition,
ces grès acquièrent une structure sphéroïdale, souvent très nette.
On trouve très fréquemment dans ces grès des fragments do
bois pétrifiés; près d'Umkusiberg, sur la propriété du même nom,
on rencontre en abondance des troncs d*arbres couchés et des
rameaux pétrifiés, dirigés suivant diverses directions. Des impres-
sions végétales, de feuilles, de tiges, etc., et de très minces veinules
de houille sont assez fréquentes dans ces grès, mais les couches de
houille exploitables y font entièrement défaut.
Les grès de l'étage supérieur sont de couleur plus claire et possè-
dent un ciment assez riche en kaolin. Ces grès passent parfois à des
arkoses. On trouve intercalées entre leurs bancs des argilites et des
couches de houille exploitables.
I^ position du Système entier du Karroo dans le Transvaal
devient plus compréhensible dès qu on se i*end compte que tout le
Système s'amincit en allant de l'est à louest. C'est ainsi que les
grès, etc., qui sont sous-jacents aux lits de houille dans le district
de Vrijheid ne se retrouvent plus dans le centre du Transvaal. De
m^me on observe dans cette partie centrale du pays un nombre
restreint de strates de grès, d' argilites et de diabases au-dessus des
couches de houille, tandis que dans Test des dépôts puissants repo-
sent sur le terrain houiller. Ce développement des lits houillers,
presque aussi considérable dans la région centrale que dans Test,
constitue un nouvel avantage.
Le Karroo supérieur forme, seulement dans la partie sud-est
du Transvaal, une nappe continue^ rejoignant la vaste nappe du
84 G.-A.-v. MoLEXGRAAFF ai JanV.
Karroo do TEtat libre d'Oi'ange. Le sous-sol des districts de Wak-
kerstroom et de Standerton en est entièrement formé, celui des
districts de Vrijheid, d*Utrecht, de Carolina, d'Ermelo, de Middel-
hurg, de Pretoria et de Ileidelbei'g en est en partie composé. En
outre de cette grande nappe homogène (m ti-ouve vers le uoi*d et
l'ouest, de nombreux petite lambeaux du Système du Kari^oo
disposés en discordance sur les terrains primaires ou sur ceux du
Système du Cap. C'est ainsi, qu*on trouve des îlots du Système du
Karroo dans le domaine du South-rand-Coalfield et dans les envi-
rons de Boksburg sm» le terrain primaire, c'est-à-dire sur les couches
de Hospital-hill ou sur celles du AVitwatersrand ; dans les environs
de Vredefort sur le gi'anite ancien ; à Vereeniging et à Meyerton
(district de Heidelberg), à Zuurbekom [9] et à Syferfontein [Su]
(district de Krugei'sdorp), et à Stilfontein [38i] (district de Potchef-
stroom), sur la dolomic ; dans les environs de Belfast, sur la série
de Prétona ; à Wa ter val au nord de Pretoria, sur la norite et la
syénite ; plus au nord encore à Hamanskraal (district de Pretoria)
et dans quelques localités du district de Middelbm:*g, sur le granité
rouge. A l'ouest de Klerksdorp le Ivan'oo supérieur n'a pas encore
été rencontre.
Les lambeaux du Système du Karroo, qu'on trouve sur les dolo-
mies, méritent une mention spéciale ; ils s'étendent en une ligne
courbe, à Touest, au nord et à Test des montagnes du Gatsrand«
formées par des couches de la série de Pretoria. Ils sont situés,
comme on peut le constater très facilement sur les propriétés
Syferfontein et Zuurbekom, dans un terrain plat et sont entourés
de tous côtés par des aflleurements de roches de la séné des dolo-
mies. En réalité, ces lambeaux sont des compartiments du Système
du Karroo qui se sont a f laisses dans les strates de la série des dolo-
mies sous-jacentes. Ces allaissements ont été causés par relFon-
drement de la clef de voûte des cavernes de la dolomie. Le Système
du Karroo qui jadis couvrait entièrement ce terrain, s'est trouvé
plus tiird détruit par la dénudation et Térosion et maintenant est
entièrement disparu, sauf dans ces localités, où il pouvait, par sa
position plus basse, due à son aifaissement, échapper à Telfet des
forces déoudatrices. Il va sans dire que cet aifaissement a moditié
la position normale des couches de ces lambeaux et cela explique
pourquoi on a trouvé dans le lambeau de Syferfontein une épaisse
couche de houille ^ redressée sous un angle d'au moins 4o". Ces
I. La découverte de la belle rouchc de houille de Syferfontein a une grande
importance, parce que la distance qui la sépare des mines du West-rand an
I9OI GÉOLOGIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 85
lambeaux situés par conséquent à un niveau égal à celui de la dolo-
mie, ont encore une autre importance économique. Ils forment des
i-éservoirs d*eau en communication souterraine avec les réservoirs
internes inépuisables de la formation doloinitique ; formés de grès,
ils offrent beaucoup plus de facilités pour la construction de puits
et pour les foi*ages profonds nécessaii'es pour capter les eaux sou-
terraines. A Zuurbekom on a foré des puits munis d'appareils
élévatoires perfectionnés dans Tllot du Karroo situé en ce point.
Ces ouvrages fournissent par jour les 4*ooo.ooo de gallons d*eau
absolument pure qui servent à alimenter la ville de Johannesburg.
Jusqu'en 1897 Teau fournie par les compagnies des eaux de
Johannesburg était insuffisante et impure ; la découverte et l'exploi-
ta tion de la magnifique prise d'eau de Zuurbekom, ont apporté une
amélioration considérable à l'état sanitaire de la ville, bienfait
dont elle est redevable, tant à l'application des observations géolo-
giques sur la région qu'au mérite de M. Draper *.
On peut se faii*e l'idée suivante du mode de formation du Karroo
supérieur. Après le retrait des glaciers ou de la calotte de glace
de Textension glaciaire permienne, le paysage morainique régnait
dans cette région, où le conglomérat de Dwyka était en grande
partie couvert et de tous côtés environné par les couches d'Ecca.
L'érosion ne tardait pas à exercer son pouvoir destructif et les dépôts
du Karroo inférieur furent sans doute, par places, remaniés complè-
tement. Mais, en même temps, une série de sédiments commençait
à se former qui constitue le Karroo supérieur. Ces dépôts d'eau
douce s'accumulaient en partie dans les courants d'eau, en partie
dans les lacs. C'étaient des grès et des argiles à stratification
oblique et quelquefois aussi des couches de débris de végétaux
apportés par les eaux torrentielles, couches qui sont devenues les
lits de houille actuelle.
A l'origine, ces sédiments furent déposés dans les dépressions
dorigine glaciaire de la contrée et ils constituèrent ainsi des
lambeaux, isolés les uns des autres. Mais plus tard, ces dépres-
sions étant comblées, la formation du Karroo supérieur s'épancha,
sans interruption, sur un large espace, embrassant une grande
partie de l'Afrique australe. Une faible partie seulement de
l'énorme développement du Système du Karroo, a persisté jusqu'à
sud de Krugersdorp ne surpasse pas 20 kilomètres, tandis qu'auparavant ces
mines devaient chercher leurs combustibles à des distances au moins trois
foift plus grandes.
1. D. Draper, 11, p. 139.
86 G.-A.-F. IfOLENGRAAFF QI JaDY.
Tépoque actuelle, le reste ayant été détruit pendant la période de
dénudatiou qui suivit celle de sa formation, période qui d'ailleurs
continue encore aujourd'hui.
Grande faille de l'est. — Une dislocation très remarquable
nous apporte les preuves indubitables, que les couches du Système
du Karroo ont jadis eu vers l'est une extension beaucoup plus
grande qu'aujourd'hui, ce qu'on jiourrait du reste déjà déduire de
la manière abrupte dont les couches du Système du Karroo se
terminent dans les escarpements, à Test du haut plateau du Trans-
vaal et de l'Etat libre d'Orange.
Dans la partie orientale du Transvaal on ti*ouve. dirigé du noixi
au sud, une grande faille qu on peut i*egai*der, au point de vue
géologique, comme la limite orientale du plateau continental de
l'Afrique du Sud. J'ai appelé cet accident la grande faille de test *.
Les régions situées à l'est de cette faille se sont affaissées par
rapport à celles de l'ouest d'au moins looo mètres. Cette faille est
située à une distance movenne de i6 kilomètres de la frontière de
la Colonie portugaise 'de Mozambique. Elle est toujours parallèle
à la chaîne des montagnes du Lebombo, qu'elle longe et elle
peut ti*ès probablement être regardée comme le prolongement
septentrional de la grande faille, décrite par Griesbash, qui a
abaissé au niveau de la mer, dans le Natal, les strates du Karroo
inférieur. aloi*s qu'elles atteignent dans les environs de Pieterma-
ritzburg une altitude de Goo mètres. Dans le Transvaal la lèvre
occidentale de la faille est toujours formée de granité ancien ou de
schistes du Système primaire, tandis que la lèvi^e orîentale est formée
de grès, d'argilites à Glossopteris et de couches de houille apparte-
nant au Karroo supéiîeur ; ces couches ont une inclinaison de i5
à ao" vei's l'est. Ces dépôts, tout-a-fait identiques à ceux du Karroo
supérieur du haut plateau, sont couronnés, en concordance, par les
roches du Lebombo. Ces deraières sont des roches éruptives
d'épanchement dont la pai*tie inférieure, qui affleure dans les
environs de Komatiepooii., sur le vei*sant occidental des mon-
tagnes de lebombo, consiste en ixiches du ginmpe de la diabase et
du mélaphyi'e avec une prépondéimnce de types amygdaloïdes.
Il est bon de noter que, parmi ces roches amygdaloïdes. on trouve,
près du pont du chemin de fer du Selati, sur la rivièi'e du Ci'oco-
dile. <les types qui sont caractérisés par des amygdales très allon-
gées et ressemblent beaucoup aux roches amygdaloïdes du même
I Voir : O.-A.-K. Molbnghaapf, 32, p. 1*38, et PI. 1.
igOl GEOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 87
type, des monts Malati dans l'Etat libre d*Orange, décrits par
Cohen *. Ces dernières se trouvent au sommet de Tétage supériem*
du Karroo supérieur. Nos connaissances sur les contrées du Karroo
voisines de la chaîne du Lebombo. sont jusqu'à présent trop dissé-
minées pour permettre de juger si cette ressemblance n'est pas
purement accidentelle.
Plus haut, dans la partie supérieure, c*est-a-dire dans la chaîne
du Lebombo, on trouve des types plus acides, appartenant au
groupe des felsophyres.
Ces roches acides sont i*eprésentées par plusieui*s variétés dont
quelques-unes sont scoriacées et renferment, dans lem's cavités, de
belles cristallisations de calcite et des zéolithes, tandis que quel-
ques autres fournissent d'excellentes pierres à bâtir. Ces coulées de
laves anciennes ont une inclinaison de lo'' à So"" à Test, ])ente qui
correspond à Tinclinaison des strates de grès de la formation
sous-jacente du Karroo supérieur. Toutes ces roches montrent une
structure fluidale très nette. L'examen microscopique détaillé des
nombreuses variétés de ixiches éruptives qu'on trouve en traver-
sant la chaîne du Lebombo, n'est pas encore terminé, aussi je les
ai réunies provisoirement sous le nom de « roches du Lebombo ».
La structure de la chaîne parait être très uniforme sur de gi*aii-
des étendues, si l'on en juge par la description des roches ti'ouvées
|>ar M. Cohen - qui la traversa, en 1873, près de Matalha Poort, à
ao kilomètres au sud de Komatiepoort ; et par les échantillons
que j'ai reçus de Pongolo-poort, point situé à 2o5 kilomètres encore
plus au sud. On retrouve sur ces deux points les mêmes tyjïes de
mrlies, que j*ai moi-même ix'iicontrés dans la mugnilique tranchée
du chemin <le fer entre les stations de Komatiej»oorl eld'lnkomati.
Dans la (iolonie du (]lap on a, en général, distingué dans le Karroo
supérieur deux étages, Vétage de /^eau/br^ (Schcmck et Feistmantel)
ou KarroO'beds (Green) et ïélag-e du Stormberg. Dans Tétage du
Slormbei'g on admet avec M. Dunn les subdivisions suivantes, en
allant de haut en bas :
^. Volcanic-beds ;
3. (Javesandstone ;
a. Hed-beds ;
I. Molteno-heds.
1. Ë. COHKN, S.
2. E. CoiiRX, 6, p. 67-91, donne nnc excellente description pétrographique
(les types de inélaphyres et de felsophyres du Lebombo, quHl a rencontrés en
traversant la chaîne.
88 G. -A. -p. MOLENGRAAFF QI JailT.
Dans ies Molteno-beds se ti'ouvent toutes les couches de houille
exploitables de la Cxdonie du Cap. Ces couches carbonifères se
distinguent, au Cap. par la présence dune flore à Thinnféldia
odontopieroïdes. Sphenopteris elongata, Podozamites elongata.
Baiera Schencki, Pecopteris. etc., et par l'absence des Glossop-
teris. Elle a donc un caractèn* plus jeune que la flore à Sigillaria
et Giossopteris, notamment Glossopteris Browniana et GL indica^
qui règne dans tous le<( terrains houillers connus du Transvaal ;
mais c'est précisément, d*après O. Feistniantel *, par une flore
identique que Tétage de Beaufort est caractérisé. Il en résulte que
les terrains houillers du Transvaal, que j^ai réunis sous le nom
de série du Hoogeçeld . ne peuvent appartenir à Tétage du
Stormberg, comme rin<liquent les cartes publiées par Dunn et
Schenck. La série du Hoogeveld i^epi'ésente l'étage inférieur du
Karroo supérieur et doit être considérée comme parallèle à l'étage
de Beaufort di» la colonie du Cap -. M. R. Zeiller ^ Ta établi d^une
manièi^ indiscutable en se basant sur des preuves paléontologiques
et mes recherches dans ces dernièi*es années m'ont prouvé que la
théorie de M. Schenck, d'apivs laquelle les couches de Beaufort
étaient en transgi*ession sur les dépôts du Kari'oo inférieur vei^s le
Nord et les couches du Stormbei^ également en transgression sur
les couches de Beaufort vere le Noixi devait être rejetée. Dans le
Transvaal, au contraire, le Karroo supérieur est exclusivement, ou
du moins presque uniquement, représenté par son étage inférieur.
Quant à l'Age de ces dépôts, les l'echerches de MM. Seward * et
Zeiller ont établi, qu'on pouvait admettre que l'étage inférieur du
Karroo supérieur dans le Transvaal était permo-carbonifôre.
DÉPOTS PLUS RÉCENTS QUE CEUX DU KARROO
Jusqu'à présent il n'a pas été rencontré dans le Transvaal de
dépôts sédimentaires plus récents que ceux du Système du Karroo
et toute la configuration du pays prouve qu'il y a régné une longue
période de dénudation ^. Cela n'empêche pas, qu'on trouve çà et
I. (). Feistmaxtkl, 16.
'i. Kii 189^, j'ai discuté cette même question et exprimé cette opinion, que
le terrain liuuiller du Transvaal devait appartenir à un étage du Karroo,
plus ancien que les Molteno-beds (30, p. 2^).
•3. R. Zeiller, 54, p. 37^.
4. A.-C. Seward, 47, p. 9a.
5. D. Draper, 12, p. 34.
1900 GEOLOGIE DE f.A REPUBLIQUE SU1>-AFRICAINE 89
là, des dépôts superficiels récents, comme des alluvions, des bancs
de limonite, de dépôts éoliens, des tufs calcaires, etc., qui, cepen-
dant, n*ont jamais qu'une importance locale.
Parmi les roches éruptives, il est bien certain que la roche
diamantifère est plus i*écente que les dépôts, du Karroo, car dans
TEtat libre d'Orange elle traverse les strates du Karroo supérieur.
En 1897, ®^ découvrit sur la propriété Rietfontein [5oi], dans le
district de Pretoria, à 27 kilomètres à Test de la capitale, un affleu-
rement d*une roche, identique à la roche mère, bien connue, de
Kimberley. et, par le lavage des teires de la surface, on ne
tardait pas à y renconti^er des diamants. On a constaté, gi'âce à des
trancliées et à des forages, qu'il s agissiiit ici d'une vraie cheminée
diamantifère, verticale, de forme cylindrique, remplie d'une brèche
péridotique serpentinisée, identique en tous points à la kimberlite.
Un peu plus tard on a découvert des gisements identiques sur la
propriété Kaalfontein voisine de Rietfontein [5oi] et sur les pro-
priétés Elandshoek [74] et Franspoort [426] *.
Toutes ces cheminées sont situées dans des couches de la série
de Pretoria et seulement dans celles de sa partie supérieure, les
couches du Magaliesberg, c'est-à-dire dans une formation plus
ancienne que celle du Karroo oii se rencontrent les couches de
houille. Or, comme il n'existe pas, dans des niveaux plus bas que
celui du Karroo, de couches renfermant une proportion de matières
charbonneuses quelque peu importante, il en résulte, que la teneur
en carbone, sous forme de diamant, de la brèche éruptive diaman-
tifère ne peut pas être attribuée à des débris de roches houillères
arrachés aux parois de la cheminée par le magma éruptif en voie
d'ascension.
Ces mines de diamant du Transvaal, situées dans un niveau
géologique plus profond que les cheminées de la Colonie du Cap
ou de l'Etat libre d'Orange, viennent à l'appui de la théorie qui
veut que le diamant soit un élément primordial de la kimberlite.
Du l'esté, après les remarquables expériences de M. Moissan, on
pouvait soupçonner qu'à de grandes profondeui*s, dans un magma
éruptif basique, le carbone ne pouvait cristalliser que dans sa
modification la plus dense, le diamant,
ï. Pour plus de détails sur ces gisements, voir : G.-A.-F. Molkngraaff,
•2, p. 144 et 81; et M. Franck», 17. Aanhangsel B.
90 O.-A.-F. MOLENGRAAFF ai JailY.
Ouvrages consultés
1 . A. Gbodrs Bain. — On the geology of Soathern Africa. Trans, of the
geoL SocietXt 9> vol. VII, p. 176. London, i856.
2. A. BoRDRAUx. — Etudes sur les champs aurifères de Lydenburg, de
Kaap et du Charterland. Annales des Minea, 9, XI, p. 273. Paris, 1H97.
8 . J.-O. BousQUBT. — De tegen woordige toestand von de goudm^ n-indus-
trie in de Kaapforniatie van de Lijdenbarg goudvelden. Jaarrapport van den
Staats-myningenieur orer het jaar 1896. Aanhangscl D., Pretoria, 1897.
4 E. CoHBN. — Briefl. Mittheilung ans Sûd-Afrika. Neue8 Jahrb. fur
Minéralogie, etc., 1878, p. 5ii.
6. Id. — Ueber eigenthûmliclie Melapbyruiandelsteine aus Sûd-Afrika.
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6. lo. — Erlâuternde Benicrkungen zu dcr Routenkarte einer Reise von
Lijdenburg nach den Goldfeldern und von Lijdenburg nach der Delagoa-Bai
im ôstlichen Sûd-Afrika. // Jahresher, der geographischen Gea, in //a/ii-
burg, 1875.
7. lo. — Geognostisch-petrographische Skizzen aus Sûd-Afrika. //, Neueê
Jahrbuch, etc., Beilage, Bd. V, p. 195, 1887.
8. Id. — Ueber eine nôrdlicli von Pretoria (Transvaal) im Granit gelegene
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9. P.-H. Dahms. — Ueber einige Eruptivgesteine ans Transvaal in Sûd-
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10 D. Draper. — Tlie Dwyka Conglouierate. Transactions of the geolo-
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11 . Id. — On the coal deposits of South- Africa. Transactions ofthe geolO'
gical Society of South Africa, Vol. RI, p. ia8. Johannesburg, 1898.
12. Id. — A ramble through the geology of South Africa R. The denu-
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14 Id. — Geological sketch map of South-Africa. Melbourne, 1887.
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tologischen Verhâltnisse Sûd-Afrikas I. Die Karrooforniation und die
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der Wissenschafte, 7, RI. Prag, 1889.
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van den Staatsmyningenieur over het Jaar i8gy, Aanhangsel, B, Pretoria, 1890.
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1900 GBOLOOIE DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE 9I
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86. Id. — Geognostische Skizzen aus S&d-Afrika. Petermann*8 Geogr,
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88. K. Mauch. — Reisen in Sfid-Afrika. Petermann*8 Geogr, Mittheilun-
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89. G.-A.-F. Molbngraaff. — Ueber einige Ërz-und Mineralvorkomnien
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38. Id. — The glacial origiu of the Dwyka (!ongloinerate. Transactions
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34. li>. — (leologischc Aufnaliine der Sfid-Afrikanischen Republik.
Jahresbericht ïiher das Jahr i8gS, Pretoria, 191)0. (Traduit du rapport
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85. Id. — Die Reihenfolge und Corrélation der geologisclien Formatiouen
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UNE SOLUTION PALÉONTOLOGIQUE
LE NÉOGENE SUR LA FEUILLE DE MONTPELLIER
par M. P. 6. de ROUVILLB.
L — Sous le titre. Une solution paléontologique, nous annon-
cions, il y a peu de temps, Tuttribution définitive à Thorizon
berriasien des calcaires à Serpules de La Valette.
Nous nous faisons un devoir de rouvrir cette rubrique pour
annoncer, cette fois, l'attribution, conforme aux conclusions de
M. Roman, des calcaires miroitants crétacés de Saturargues et de
THortus à l*horizon du Yalanginien supérieur.
M. Gennevaux, dont je signale pour la seconde fois le zèle géolo-
gique, a bien voulu, sur ma prière, consacrer une de ses dernières
excursions à la recherche de fossiles sur le lieu précis indiqué par
M. Roman dans sa coupe du causse de Pompignan * ; il en a
recueilli un certain nombre, parmi lesquels notre collègue
M. le professeur Kilian, à la compétence duquel nous les avons
soumis, a reconnu les espèces suivantes :
« Adulte de Hoplites pexiptychus Schl. -" Roubaudi d^Orb.
Hoplites Frantzi Kil. (— Ottmeri Neam. et Uhl. p. p.).
Hoplites Albini Kil.
Holrostephanus psilostomus Neuin. et Uhl.
Duvalia lata (Blainv. sp.).
Hibolites Jaculum Phil.
Pholadomya elongata Mûnst.
Arca cf. ferruffinea.
Vola (Janira), Valve plate.
PXfCiirns rostratus Ag. Typique. »
M. Kilian ajoute :
« Cette faune appartient sans aucun doute au Yalanginien supé-
« rieur, malgré la présence de HopL Frantzi et de Holcostephanus
ce «ff. psilostomus^ formes plutôt hauteriviennes.
'< L*existence de Duçalia lata accuse son âge valanginien.
^* C'est à peu près le niveau du Fontanil. ou plutôt un peu plus
" *Vcent (le Pygurus du Fontanil n'est pas le vrai rostratus) ».
^-^ niveau des calcaires miroitants, si tant est quj ce faciès ne se
'- £^. S, G. F., a« 8.. t. XX VH, p. 5i8 ; t, XXVIU, p. 974.
Fiy.3
Fig. ',.— ['Un du limtoin d \s-.aa
«QViron. — Pif, i->t — Cjïupea s
n icrs Tf 1 ran (Hcraull). Echelle i/i6u.oai-
^ ant li-8 <lirertiong (i), (3), (3), du plan.
i, Colcaiir uligoccni A Liiitniea longiacata 1 ['niidingues et luarueB <bori-
lon de VAnUtracothrrium) , 3 Caledire IstUMlrc supérieur (Tongrien);
L', LignileH à Paleothenum de Viviers ; a. Marnes el grès à Lophiodon ;
L, Limites de Teyran à Balimua Hopei ; i, Calcaire Intétien contenant i
Teyran : Bulimut Hopei M. de S., B. Stresi, PUtnorbla paeudoammoniai
Sehl., Limnma Michelini Desh.. Strophoêloma Lapicida Ltutroy, Htlix
Marioni Desh.. Pupa sp. ; — o, Horizon rouge (Oarumnien de Leymerie) ;
— Ke, Néucoinîen (Berriasirn, Valanginien).
igOI LB NÉOGÂNE SUR LA FKUlLLK DE MONTPELLIER 95
reproduise pas en âge hauterivien, se trouve donc définitivement
établi comme Valanginien supérieur.
Desitum est disputari.
Pourrons-nous en dire bientôt autant du Néogène lacustre de la
feuille de Montpellier? En attendant, nous appuyons, de nouvelles
coupes, dans la note suivante, notre interprétation de 1875.
II. — M. Gennevaux, témoin intelligent et attentif de l'applica-
tion de la méthode de continuité, faite sous ses yeux, au complexe
lacustre de Grabels-Couloudres *, a étendu le champ de ses obser-
vations au territoire d'Assas-Viviers-Teyran, où le Bartonien a
reçu, sur la feuille de Montpellier, une extension qui ne nous
parait pas lui convenir.
A cet effet, il a dressé le plan et les coupes ci-jointes dont l'inter-
prétation, différente de celle qui leur a été donnée ^, mettent
en relief, à nouveau, et confirment la régularité et la netteté des
éléments stratigraphiques de notre complexe lacustre.
Ils montrent, de plus que nos schémas précédents * , un double
niveau de lignite : Fun se rattachant à celui de La Gaunette ou
Lutétien, l'autre, à celui de Goulondres ou Priabonien ; le premier
avait été déjà reconnu par M. Dclage dans le calcaire à Planorbis
pseudoammonius Schl. à Grabels, au point où la route, qui mène
de ce village à la route de Grabels, est traversée par un remar-
quable dyke basaltique.
Dans la nouvelle région, comme à S^-Gely, le Bartonien sépare
le calcaire à Bulimus Hopei M. de Serres, du calcaire à Melanopsis
mansiana Noulet. Le lignite inférieur s'y trouve compris entre
deux calcaires dont le supérieur ne foui*nit pas de Bulimc.
Enfin, le tout supporte le calcaire à Lymnœa longiacata Brong.,
en recouvrement immédiat et concordant, non pas sur le Bar-
tonien, comme il a été dit ^, mais sur le Poudingue oligocène.
Ce poudingue, dans toute notre région, revendique l'allure indé-
pendante, attribuée '^, à tort selon nous, au Poudingue bartonien.
La série de S'-Gely se présente donc dans la région d'Assas-
Teyran, augmentée d'un terme distingué sous la rubrique L' dans
la Carte géologique de 1876.
I. «. S. G. F., [3], XXVllI, p. 60a, 1900.
a. Coupes d*A8»as et de Teyran. Roman, thèse, p. 170-185.
3. Roman, thèse, p. 171.
SUR L'AGE DES ROCHES ÉRUPTIVES DU GAP O'AGGIO
( ALPB9-M ARITIlfBS)
par M. Liéoii BERTRAND.
La commanîcation intéressante faite par M. Gnébhard dans la
séance du 3 décembre dernier {Comptes- rendus sommaires^ t.
XXVIII, p. i^j), où il indique que les tufs cinéritiques de Biot
sont du Miocène supérieur, rajeunit notablement Tâge admis
jusqu'ici généralement pour les éruplions de labradorites dans le
Sud des Alpes-Maritimes. Il est d'ailleurs très vraisemblable que
ces éruptions ne sont pas toutes contemporaines et que certaines
d'enti*e elles datent de la tin du Pliocène ou même du Pléistocène *.
En particulier, il me parait certain, actuellement, que les érup-
tions qui ont donné naissance aux roches analogues situées au Cap
d^Aggio et dans le voisinage doivent se rapporter à une date très
récente. Je ne connais d'ailleurs en ce point aucune roche, émptive
en plcLce, soit en coulée, soit en produits de projection. Le gise-
ment du Cap d* Aggio est formé de produits de projection remaniés
et stratifiés^ formant un placage contre la falaise de calcaires juras-
siques ; il en est de même pour un autre gisement situé à un idlo-
mètre au noi*d-est, au fond d'une baie, presque en vue de Monaco,
aussi au niveau de la mer. Dans ces deux gisements, on a de vérita-
bles dépôts formés uniquement de matériaux éruptifs. Par contre,
au-dessus de la gare de laTurbie, ces éléments sont disséminés au
milieu d'un dépôt de galets de plage, probablement pléistocène ou
au plus du Pliocène supérieur. De même, on i^trouve les mêmes
matériaux éruptifs dans une tranchée de la route de la Corniche,
auprès de Monaco, au-dessus du second gisement du bord de la
mer cité plus haut, dans une puissante formation bréchoîde qui
me parait à peu près contemporaine du remplissage des fentes du
calcaire jurassique de Monaco, c'est-à-dire de la formation de la
brèche ossifèi'e de cette localité.
Quant à l'origine de ces matériaux éruptifs, ils me paraissent
provenir d'éruptions ayant eu lieu pai* une ou plusieurs cheminées
situées actuellement sur remplacement de la mer, mais très près du
rivage actuel ; leur âge serait très récent, car elles dateraient du
Pléistocène ou, au plus, du Pliocène supérieur.
I. M. Ambayrac, déjà, a signalé deux gisements de ces roches dans les pou-
dingue» du delta du Var.
ÉTUDE
SUR LA
TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS
par M. E. FOURNIER.
La chaîne du Jura a été, depuis les débuts mômes de la science
géologique, Tobjet d*études si nombreuses et si détaillées de la
part de savants éminents tels que MM. Marcou, Thurmann, Thirria,
Vézian, Parandier, Bertrand, Kilian, Résal, Lory, Choffat, Bom'-
geat *, etc., etc., qu'il semble qu'il y ait quelque témérité à
prétendre qu'on puisse encore trouver du nouveau dans une
région si bien connue.
Néanmoins, les nombreuses excursions géologiques et spéléolo-
giques que nous avons faites dans cette région depuis 1896 nous
ont permis de relever un grand nombre de coupes et de constater
plusieurs phénomènes très intéressants an point de vue tectonique
et qui avaient passé jusqu'ici à peu près inaperçus, ou avaient été
mis en lumière d'une manière insuflisante.
En coordonnant ces phénomènes, nous sommes arri vé à nous faire
<îe la structure géologique de la chaîne du Jura une conception
qui, comme nous allons essayer de le montrer, diffère en bien
Jies points de celle que l'on pouvait considérer jusqu'ici comme
classique.
Au point de vue tectonique on peut diviser le Jura Franc-
Comtois en six zones qui sont en allant de l'est à l'ouest :
I. La zone de la Haute-Chaîne^ constituée par une épaisse masse
de Jurassique supérieur, plus ou moins plissée, dans laquelle
s'enchâssent des chapelets de brachysynclinaux amygdaloïdes
dont le noyau est occupé par le Crétacé et l'Infra-crétacé.
n. La zone des grands plateaux comprenant tous les étages du
Supra et du Médiojurassique, avec failles d'importance variable.
I. Il sortirait absolument du cadre que nous nous sommes imposé
<l'enlrcprcndrc de donner ici un index bibliographique, même sommaire,
*!« principaux travaux publiés sur cette région, nous nous contenterons
«ians le courant de cette étude de renvoyer le lecteur à ceux de ces travaux
^s lesquels les questions tectoniques qui nous occupent ont été abordées.
18 Août 1901. — T. ler. Bull. Soc. GéoJ. Fr. — ;
98 E. FOURMER 31 JailY.
m. La zone plissée du Vignoble, composée de chapelets de
brachyanticlinaax séparés les uns des autres par des bandes
synelinales faillées. Les noyaux des brachyanticlinaux sont cons-
titués par le Trias, le Lias et le Jurassique moyen. L'axe des
bandes sjTiclinales par le Jurassique supérieur.
rV. La zone occidentale des plateaux limitant au nord-ouest la
vallée moyenne du Doubs. depuis Montbéliard *.
Y. La zone des açant-monts du Jura et le pointement amygda-
loîde ancien de la Serre.
VI. La zone des bassins d effondrement des vallées de TOgnon
et de la Saône.
Cette dernière zone est limitée du côté de Touest par une série
qui peut être considéi^ée comme formant la bordure orientale du
Bassin de Paris
Nous allons étudier successivement ces différentes zones, en
n'insistant pour chacune d'elles que sur les faits nouveaux de
nature à modifier l'interprétation qui en a été donnée jusqu'ici.
I. Zone de la Haute-Chaîne
ou ZOXE DES BRACHYSYNCLINAUX CRÉTACÉS
Cette zone s'étend sur la partie onentale des feuilles de Saint-
Claude, Lons-le-Saulnier, Pontarlier, Ornans. Elle est particu-
lièrement caractérisée sur ces deux dernières feuilles et sui'tout
sur celle de Pontarlier où elle est formée d'une série de chapelets
de brachysynclinaux et de brachyanticlinaux dont les axes sont
dirigés sensiblement N.E.-S.Q. C'est le Jurassique supérieur
(Oxfordien, Rauracien et Virçulien) qui fonne le noyau des
brachyanticlinaux, tandis que Taxe des brachysjTiclinaux est
constitué par l'infracrétacé et la partie inférieure du Ci'étacé
(Cénomanien). I^ structure amygdaloïde est beaucoup plus nette
dans les chapelets synclinaux que dans les chapelets anticlinaux.
On peut citer comme brachyanticlinaux typiques ceux du mont de
Saint-Sorlin, du bois de Pierre-qui-Tounie, du Grand-Bois, de
Montperrcux, de Monti)etot, etc. Comme brachysynclinaux il faut
noter surtout ceux de Ronde-Fontaine, llemoray, Saint-Point,
Mouthe, Chàtel-Blanc et, en Suisse, celui du lac de Joux.
I. Duiis une récente étude Sur les réseaux hydrographiques du Doubs
et de la Loue^ nous avons eu l'occasion de signaler l'exislence de ces pre-
mières zones et de montrer le rôle qu'elles jouent. dans l'hydrographie.
Ann, de Géographie, N* 4^, i5 Mai 1900.
I9OI ETUDE SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 99
Quelques-uns de ces brachysynclinaux présentent sur l'un et
lautre de leurs flancs un déversement qui peut parfois atteindre
une §prande intensité.
C'est ce qui se produit par exemple sur la partie moyenne du lac
de Saint-Point entre Saint-Point et Bellerive (fig. i) et aussi entre
Malbuisson et Chaudron.
"0. S.E.
Fig. I. — Coupe de là partie moyenne du lac de Saint-Point.
Echelle i/25.ooo' environ.
Ail, AUuvions glaciaires ; c^ Cénomanien ; c', Gault ; Cm, Urgonien
civ, Hauterivien; Cv, Valanginien; J^-e^ Portlandien.
L'intensité du déversement varie d'ailleurs d'une manière consi-
dérable d'un point à un autre. Ainsi, tandis que les couches
de calcaire cénomanien que l'on observe sur la rive droite du
ruisseau du moulin de Chaudron^ plongent avec une inclinaison
inférieure à 4^"^ sous le Gault et l'Urgouien, on voit les couches
situées plus au nord se redresser rapidement de telle sorte que,
sur le sentier qui conduit à la Source-Bleue, l'Hauterivien et le
Yalanginien présentent des couches à peu près verticales. Si l'on
suit ces dernières dans la direction du Malbuisson on voit le
renversement s'accentuer à tel point qu'en certains endroits le
plongement vers le sud n'est plus que d'environ 45". Des variations
analogues s'observent dans les brachysynclinaux d'Oye et Pallet
et de Remoray.
Le brachysynclinal de Saint-Point est bordé de deux brachyanti-
clinaux : au nord-est, par celui de Pierre-qui-Tourne dont l'axe
est constitué par une crête astartietine ; au sud-est, par celui de
MontpeiTcux dont le noyau est en majeure partie constitué par le
Virgulien mais qui laisse même apparaître, dans la profonde vallée
où passe le chemin de fer de Pontarlier aux Hôpitaux-Neufs, un
peu de Hauracien, d'Oxfordien et même de Batlionien.
C'est dans ce même ravin, mais beaucoup plus au nord, près de
la Fontaine intermittente (Fontaine-llonde) que l'on observe une
des coupes les plus singulières de la région. En elfet, au fond de
ce ravin, encaissé entre deux falaises abruptes de Jurassique, on
E. roURMER
voit affleurer du Valanginien en couches horizontales, ainsi que le
montre la (i^re a. Le Jurassique supérieur qui surmonte ce Valan-
^nien est lui-même en série renversée. Au premier abord, l'idée
Pig. a. — Conpe & la FonUi ne-Ronde. — Ectielle t/iB.ootf.
Même légende. — /', Vir^lien.
qni se présente le plus naturellement n l'esprit, est qu'on a là
alTaire à une nappe de recouvi<ement dans le flanc renversé de
laquelle les érosions qui ont creusé le ravin sont parvenues à
mettre à nu le Valanginien. Si une pareille coupe se présentait
avec une telle netteté dans les Alpes ou en Provence, beaucoup de
Vl$. 3. — Coupe prise a a kilomètres au sud de la précédente,
■échelle i/30.ix)cf en>iron. — Méni<> légende.
géologues n'hésiteraient pas un seul instant à y voir une /)reup(;
directe de l'existence d'une nappe charriée. Le seul fait que nous
sommes ici dans la chaîne du Jui'a. que les travaux classiques des
géologues les plus éminents nous ont liabitué à considérer c
• *
.''-•
igOI ETUDE SUR LA. TECTONIQUE DU JURA FRANC-Ct>^Vpi8 lOI
« • •
un tjrpe de chaîne régulière, devait déjà nous mettre ett garde
contre cette interprétation. Nous avons donc entrepris 'dès^vre
le contact entre le Portlandien et le Yalanginien afin de *vpir si
Tallure des couches ne se modifierait pas dans une ceftâine.
direction.
Or, à deux kilomètres environ au sud de la Fontaine-Rondiev*'. •
nous avons vu les couches se relever et plonger en sens inverse à • •■".■•.
environ 45® de part et d'autre du thalweg ainsi que le montre la '.'',.
figure 3. **y ,
Enfin, près de Touillon et Loutelet, au moment où la route va
sortir du ravin pour déboucher dans la plaine glaciaire de
Métabief, le relèvement s'accentue binisquement, les couches
demeurent verticales et même, normales, de sorte qu'une coupe •
relevée près de Métabief ou aux environs de Longueville (fig. 4).
N.o. s.i.
Mute d€ Lon^wevUle >«<f[-,','VxW
# I >v.*.-v*.*'' \/zJL
Mine de Rou^^ "Bief > ^-<^;}i-'''' J '
■Il y. ••• ••• "..
Fig. 4- — Coupe à la mine de Longueville. — Echelle 1/40.000* environ.
Même légende. — Fe, Limonite.
Nota. — Une partie de cette coupe a déjà été donnée par Résal.
nous montre les couches infracrétacées (qui toutA-rheure sem-
blaient recouvertes par le Jurassique) formant l'axe d'un synclinal.
I^ conclusion s'impose : l'inclinaison des couches du Jurassique
formant les flancs du synclinal s'accentue au fur et à mesure
que l'on s'avance vers le nord-est et cela à tel point que les
deux flancs jurassiques se couchent jusqu'à l'horizontale et vien-
nent se toucher au-dessus des couches infracrétacées.
J'ai déjà signalé des faits tout-à-fait analogues en Provence ;
plusieurs géologues les ont considérés comme une impossibilité.
Ici il^ sont visibles et partant, si on refuse de les admettre,
on sera amené comme je le montrerai tout-à-l'heure à la concep-
tion qu'une grande partie de la chaîne du Jura est en recou-
vrement.
Tous les brachysynclinaux de la Haute-Chaîne ne présentent *
loa
E. FOURNIER
31 Janv.
pas de9 phénomènes de renTersement aussi accentués que ceux
du ltfe*de Saint-Point et de la Fontaine-Ronde mais un grand
nombre* présentent un renversement dans la partie médiane ou
au moins un fort redressement dans Tun de leurs flancs ou dans
t'oqs les deux. Quand un flanc seulement est redressé ou renversé,
/c'est toujours le flanc sud-est, ce qui montre qu'il y a vers le
•nord-ouest une tendance à Taflaissement. Nous verrons tout^à-
rheure la même tendance se manifester dans les failles qui,
comme Ta dit Thurmann d'une manière fort pittoresque « ont
toujours le regard français ».
Dans la Haute-Chaîne deux brachvsvnclinaux à flânes renversés
». «.
sont toujours séparés par un brachyanticlinal à double déverse-
ment; ainsi, par exemple, entre la Fontaine-Ronde et le lac de
Saint-Point on observe la coupe représentée par la figure 5.
N.O.
Lac de.
Fox^ Retnde
S.L.
• • • • . •
Coupe entre la Fontaine-Ronde et le lac de Saint-Point.
Echelle 1/40.000'. — Même légende.
Ces brachysynclinaux et brachyanticlinaux s'orientent en cha-
pelets dont la notion doit être, pour la Haute-Chaîne, substituée
à celle des chaînons parallèles ou, si l'on veut conserver le terme
de chaînons, il importe de pi'éciser qu'ils présentent des points
d'ensellement' coiTCspondant en réalité à des extrémités de
brachyanticlinaux. Les cours d'eau ont profité de ces points
d'ensellement pour passer d'une zone s;yTiclinale dans la suivante.
Quant aux bracliy synclinaux, ils sont tous occupés par des lacs,
des tourbières ou des dépôts glaciaires -. Il serait fastidieux de
décrire ici tous les brachysynclinaux et brachyanticlinaux de la
Haute-Chaîne, les mêmes phénomènes s'y reproduisant toujours
1. A. DE Lapparknt. Leçons de géographie physique,
2. E. PouRNiER. Ann, de géogr.y 10 février 1900.
igOI ÉTUDE SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRAXC-COMTOIS Io3
avec peu de modifications. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les
feuilles de Lons le-Saulnier, Pontarlier et Omans pour constater
la généralité de cette structure-
II. — Zone des grands plateaux
La zone des plateaux offre peu d'intérêt au point de vue tecto-
nique, les couches y sont sensiblement horizontales : les seuls
accidents importants consistent en failles.
Une première série de failles sépare le haut plateau de la zone
précédente, ce sont, en allant du sud au nord, les failles de Mour-
nans, Courvière (Feuille de Lons-le-Saulnier), Sombacourt, Saint-
Goi^on, Fuans, Luhier et Damprichard (Feuille d'Omans). Le
haut plateau (troisième plateau) est constitué par le Jurassique
supérieur et jirincipalement i)ar TAstartien, le Virgulien et le
Portlandien ; son altitude moyenne est voisine de 800 mètres. Dans
le Jura franc- comtois, il n y a pas de limite tectonique bien nette
entre le troisième et le deuxième plateau. Il faut aller jusque dans
le Jura salinois pour trouver celte limite marquée par la grande
faille de Montmahoux. Le deuxième plateau, dont l'altitude
moyenne est voisine de 700 mètres, est constituée par du Jurassique
moyen et par la partie inférieure du Jurassique supérieur.
11.0. SX.
. Monrolle VHoptlal du. le PaldahcjL
CneusD ! ri.* ***-^
B , IrrOflDOlfl
Marai» de Snàne, ',
Fig. 6. — Coupe de la zone des hauts plateaux. — Echelle i/iao.ooo*.
F. Faille de Mamirolle; a, AUuvions et tourbières ; J^^ Virfpilieii; J*, Astar-
lien; /3, Rauracien; /2^ Marnes oxfordiennes; Ji, Bathonien supérieur;
yiii-i, Bathonien ; /u, Bajocien (cale, à Entroques).
Enfin le deuxième plateau est séparé du ])remier par la grande
faille de Mamirolle et par les escarpements du Rauracien qui lui
font suite vei*s le sud-ouest. Son altitude moyenne varie entre
4 t'I 5oo mèti'es. Kn somme cette division des plateaux en trois
zones est très artificielle, les failles qui, en certains points établis-
sent une limite nette, s'atténuent dans une certaine direction et
alors la délimitation disparaît. Les plissements qui affectent les
couches de la région des plateaux sont de peu d'importance ;
néanmoins ils sont suffisants pour donner naissance, à la surface
io4
E. FOURNIER
ai Janv.
des calcaires jurassiques, à des bassins fermés, privés d'écoule-
ment superficiel et dont le rôle, au point de vue de l'hydrologie
souterraine de la région, est considérable *. M. Parandier - avait
depuis longtemps déjà attiré l'attention des géologues sur l'intérêt
considérable que présentent ces bassins. Depuis plusieurs années
nous en avons entrepris l'étude au point de vue spéléologique et
hydrologique ; cette étude fera ultérieurement l'objet d'un mémoii^e
spécial.
C'est aussi dans la zone des plateaux qu'abondent les gi'ottes et
les gouffres dont nous avons poursuivi l'étude depuis 1896 en
collaboration avec M. Magnin ^. L'Unifonnité de cette zone est
telle qu'une seule coupe suffit pour en donner une idée générale
nous donnons ici la coupe passant par Saône, Mamirolle, l'Hôpital
Ktalans et le Yaldahon (fig. 6).
III. Zone plissés du Vignoble
Nous avons désigné sous ce nom toute la région plissée comprise
entre les plateaux orientaux que nous venons d'étudier et ceux
situés à l'ouest de la vallée du Doubs. Cette zone est très large au
nord de Salins où elle présente cinq chapelets de brachyanti-
clinaux : ceux du Bois de la Côte, Liesle, la Bourrelière, Ronchaux
N.O.
: T
Merofdr0€Ut
CiUuUUe
SE
laf^JLe
TroU'ÇuLtmU
Fig. 7. — Coupe de la Chapelle des Buis. — Echelle i/35.ooo' environ.
rt, Alluvions et tourbières ; /6-", Poudingue du Portlandien supérieur ; J^»h,
Virgulion; r\^ Ptcrocérien; J<, Aslartien; /^^ Rauracicn; J^y Oxfordien;
/'„ Dalle nacrée; /*, Toanien; r% Charniouthicn ; P, Calcaire à Gryphées.
et Derrière-le-Fray. Elle se l'étrécit en avançant vers le nord ;
ainsi, au niveau de Byans, elle ne présente plus que quatre cha-
pelets : ceux des Chatelards, de Byans, d'Abbans-Dessus et de
Voiles. Près de Besançon il n'en reste plus que deux : celui du
1. Dans la Haute Chaîne les brachy synclinaux donnent aussi parfois
naissance à des bassins fermés.
2. B. S. G, F., [3), XI, p. 441. i»»3.
3. Mém, Soc. SpéléoL, N'* 21 et 24.
igoi fruDB SUR la tectonique du jura franc-comtois io5
Rosemont et de la Chapelle-des-Buis. Enfin, plus au nord, la zone
anticlinale devient unique avec les brachyantielinaux de Mont-
Sous-Vence, Ougney-le-Bas , Grange-Villaley, Hyèvre-Paroisse,
Clerval et Etouvans (carrière de la Reydans). Plus au nord enfin,
cette zone plissée disparait, laissant en contact la zone II et la
zone rV que nous étudierons tout-à-l'heui'e. Cette zone plissée du
Vignoble a été étudiée pour la première fois, au point de vue tecto-
nique, par M. Marcel Bertrand ^ Je lui ai moi-même consacré une
courte étude dans la Feuille des Jeunes Naturalistes -.
Les brachyantielinaux de cette zone ont leur axe constitué par
le Trias, le Lias ou le Médiojurassique. Les bandes synclinales
qui les séparent ont leur axe constitué par le Jurassique supérieur.
J'ai montré qu un certain nombre de brachyantielinaux présen-
N.O. X
/
/
I
I
I
I
I
\
\
s
S.£.
Raoùt de
JfV» C^xUet.
Fig. 8. — Coupe du Moulin-Caillet. — Echelle i/ao.ooo* environ.
Même légende. — r„.„ Rhétien et Hettangien; <*-', Keuper.
^icnt un double déversem(»nt au nord ouest et au sud-est ; je ne
'^produirai ici que la plus caractéristique de ces coupes, celle d»"!
'» Chapelle-des-Buis, qui montre avec netteté ce double déverse -
"*ent (fig. j).
J-a faille des Trois-Chàtels conserve, tout le long du pli, une
^•^•ection sensiblement verticale. M. Marcel Bertrand, dans son
"•^*inoire précité (fig. 8) lui donnait une obliquité qui allait en
s accentuant dans la direction de Morre, de sorte qu'il considérait
*^s rochers astartiens dans lesquels sont creusées les grottes de
ï- Marcel Bertrand. B, S, G, F., [3], X, p. 119 et suivantes.
^' N- 336, 1898.
I06 E. FOURNIER ai JailY.
Saint-Léonard comme superposés par faille sublîorizontale au
Ptérocérien et au Virgulien que Ton voit affleurer le long de la
route de Morre. Or, la grotte inférieure de Saint-Léonard s'ouvre
presque au contact de la faille ; on devrait donc trouver, dans les
galeries les plus inférieures de cette grotte, du Virgulien et du
Ptérocérien ; j'ai pu vérifier qu'il n'en est rien et que les parties
les plus profondes de la grotte sont encore dans FAstartien.
Une autre coupe qu'il nous faut encore citer, avant de quitter
cette zone des brachyanticlinaux, c'est celle du Moulin-Caillet *
sur le flanc nord-ouest du brachyanticlinal de Vorges-Lamod. On
observe là de TAstartien recouvert presque horizontalement par
du Bajocien. On pourrait même croire au premier abord que le
Bajocien plonge sous le Trias, mais un examen plus approfondi
montre qu'il y a une faille comme l'indique la figure 8.
Quoi qu'il en soit la coupe est singulière : et, si l'on se trouvait
dans une région moins régulière que le Jura, on pourrait ici encore
supposer que l'on est en prés(»nce du flanc renversé d'une nappe
de recouvrement. Les raccords figurés sur la coupe indiquent
l'interprétation que nous en donnons et qui est conforme à l'idée
que nous nous soumies faite de cette zone plissée.
rV. Zone occidentale des plateaux
Cette zone qui limite au nord-ouest la vallée moyenne du Doubs
depuis Montbéliard, comprend les plateaux de Ghàtenois, Monte-
villars, Arcey, Etrappe, Fontenelles, Val-de-Roulans, Marchaux,
Ghailluz, Saint-Fergeux, Dannemarie. La majeure partie de ces
plateaux est constituée par du Bajocien et du Bathonien surmontés
d'Oxfordien et de Rauracien en série subhorizontale, avec quelques
failles de peu d'importance généralement dirigées nord-sud.
M. Marcel Bertrand a donné une coupe schématique de celte
zone, qui a été reproduite dans le Traité de géologie de M. A. de
Lappai'cnt, 4' édit., p. 1780, fig. 8i3.
Cette zone, dans sa partie septentrionale, s'appuie en concor-
dance sur une série triasiqne complète qui repose elle-même sur
le Trias formant la terminaison méridionale des Vosges. Plus au
sud elle est séparée par une série de failles de la zone des avant-
monts du Jura.
Nous n'avons observé jusqu'ici aucune particularité remarquable
dans cette zone, aussi ne nous y arrèlerons-nous pas plus longtemps.
I. Cette coupe a été donnée pour la première fois par M. Marcel Bertrand.
igoi
BTUDE SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS
107
V. Zone des avant-monts du Jura
N.O.
S.E.
Fig. 9. — Brachyanticlinal de
Merrey-Vielley. — Echelle
i/8o.ooo'. — D'après M. J.
Deprat. — Même légende.
Au nord-ouest de la zone précédente, s'étend un chapelet pres-
que continu de brachyanticlinaux resserré entre les effondrements
de la vallée de FOgnon et les failles de bordure des plateaux
occidentaux. Cette région a fait récem-
ment l'objet d'une étude de M. J.
Deprat *.
Les brachyanticlinaux qui la consti-
tuent sont tous déversés vers le nord-
ouest et le renversement atteint par-
fois une telle intensité que les couches
sont voisines de l'horizontale.
L'axe de ces brachyanticlinaux est
constitué par le Trias et le Lias. Nous
citerons ceux de Merey -Vieilley
(fig. 9), celui au sud de Bonnay, ceux
de Tallaneny, Châtillon, Miserey (flg. 10), Pouilley, Ghampagney,
Mazerolles. Ces derniers ne présentent pas de déversement, mais
une forte dis-
S.L.
I I
plus forte
étant celle du
flanc nord-
ouest.
Les teiTains
anciens des
Vosges que
Ton voit, dans la pai-tie septentrionale de la feuille de Montbéliard,
disparaître sous le Trias (lequel s'enfouit lui-même sous le Juras-
sique), reparaissent au sud-ouest de Besançon dans le massif
amygdalolde de la Serre, qui vient former comme un trait d'union
entre les Vosges et le Plateau central. Le massif de la Serre a déjà
fait Vobjet de nombreux travaux de la part de MM. Jourdy, Bour-
Real, et tout récomment de M. J. Deprat. Les terrains anciens qui
cjnstituent le noyau de la Serre ont été plissés très fortement, dès
la surrection de la chaîne hercynienne comme le démontrent les
lambeaux de grès vosgien qui, dans la partie centrale du massif,
symétrie; Fin- '••^•
1 . • 1 Sur le Mont
clmaison la
Fig. 10. — Brachyanticlinal de Miserey. — Echelle
1/40.000. — D'après M. J. Deprat. — Même légende.
1. J. Deprat. Feuille des jeunes naturalistes ^ N* 34^).
io8 E. FOURNIER ùi Janv.
i*eposent horizontalement sur les couches relevées des micaschistes
et des gneiss. Le massif a subi ensuite, vers la (in de l'Eocène un
second mouvement qui a redressé les couches triasiques et juras-
siques sur tout son pourtour et les a même i*envei*sées sur une
grande partie de sa bordure septentrionale ainsi que le montre la
figure II.
fis Ia Serre
^^ Can;iêre
l e V
J] «/r
Fig. II. — Coupe du massif de la Serre. — Echelle i/6o.ooo' environ.
Même légende. — A, Argiles à chailles; Ju Batlionien sup. ; /iii-n* Bathonien
moyen et inf. ; <,.,„ Muschelkalk ; f„„ Grès bigarré ; tv, Grès vosgien ;
r^-i, Permien ; e, Eurite ; y,, Granulite ; X,^ Gneiss et micaschistes avec
iilons granulitiques.
C'est par ce dernier mouvement que le massif de la Serre se
rattache à la zone plissée des avant* monts. Quant au pli d'âge
hercynien il a joué un rôle capital (déjà mis en lumière par Jourdy
dans la tectonique de toute la chaîne. C'est contre ce môle que
sont venues se mouler les différentes zones plissées qui ont épousé
sa direction générale. En constatant raltemance régulière des
zones plissées et des zones de plateaux que nous observons dans
toute la chaîne, on est même en droit de se demander si, lors du
mouvement hercynien, il ne se serait pas formé sur tout remplace-
ment de la chaîne du Jura une série d'aires anticlinales séparées
par des zones synclinales destinées à devenir des géosynclinaux.
Après la grande transgression triasique et jurassique le Jura franc
comtois aurait donc présenté l'aspect indiqué dans la figure la
(partie supérieure).
Lorsqu'à la fm deFEocènede nouveaux mouvements orogéniques
se sont manifestés, les parties superposées aux géosynclinaux se
seraient seules plissées, tandis que celles superposées aux aires
anticlinales déjà très plissées, n'auraient subi que des fractures et
formeraient les régions des plateaux (fig. la, partie inférieure).
Deux des zones synclinales au moins (celle des bassins d'effon-
drement de rOgnon et de la Saône et colle de la Haute-Chaîne) ont
été certainement à l'état de géosynclinaux pendant Un fracrétacé *.
I. J. Dkprat. Les bassins d'effondrement de TOgnon et de la SaAne. Loc,
cit., et Etudes micrographiques sur le Jura septentrional. Soc. Hist. Nat.
Doaba, 1900.
igoi
mUDE sus LA TECTONIQUE DU JURA FBANC-COMTOIS
-109
Quant & la zone des brachyanticlinaux du Vignoble, la pénétra-
tion du Portlandien supérieur (Chapelle-des-Buis, Montfaucon) sur
sa bordure méridionale semble indiquer aussi que l'alTaissenient
qui, dans l'Oxfordiea, avait amené dans cette région une faune
m, N' V^^VIit Vlb Vie
. — Schéma du Jura frpnc-comtoïs avant et après les plissements
pij.
A, Aires anticlinaleshercyniennes; G, GÉosynclinaux hercyniens; C, Crétacé;
Cl, Infracrétacé ; J'. Suprajuressique ; /m, Medinjurassique : (, Lias;
(, Trias. — 1. Zone des brac h y synclinaux de la Haute-C)iahie. — II, Zone
des p-auds plateaux. — Ul, Zone des brach y anticlinaux Ou Vignoble. —
IV, Zone des plateaux occidentaux. — V, Zone des avant-monts du Jura.
— Via. Synclinaux crétacés de l'Ognon. — VU,, Plateaux înlerniêdiaircs.
Vif. Synclinaux crétacés de la vallée de la Saône.
pélagique, a été suivi d'une émersion en masse vers la lin du
Jurassique, émei-sion qui a affeclé à la fois la zone du Vignoble et
celle des plateaux.
VI. ZONK OES BASSINS DEFFONDRËMENT DE l'OgXOX
ET DE LA 5a6>E.
Les vallées de l'Ognon et de la Saône sont jalonnées par une
^rie de synclinaux crétacés souvent enfouis par faille dans le
Jurassique ; ceux de l'Ognon sont presque tous renversés vei's le
nord-ouest, ceux de la Saâne sont normaux. La ligne synclinale de
l'Ognon est séparée de celle de la SaAiie par un plateau faille qui
Umble avoir joué le rAle d'une aire anticlinale, et qui se trouve
exactement dans le prolongement de l'axe du massif de la Serre.
IIO
E. FOURMER
ai Jany.
Si l'hypothèse que nous avons émise tout-à-l'heure relativement au
rôle des plis hercyniens du substratum est exacte, cette coupe
s'explique tout simplement : le plateau est superposé à une aire
N.O.
ValUe de
la. Saoxte
Plate ait. tfAutox^^iZlm.
l'allée «tel O^ntm-
'nr
Fig. ï3. — Coupe à travers les bassins crétacés de TOgpion et de la Saône
et le plateau intornicdiairc (En partie d'après M. J. Deprat). — Echelle
i/i20.oo()* environ.
Même légende. — /•, Portlandien.
anticlinale ; les deux zones synclinales Via et VI0 (fig. 12) sont
superposées à des géosynelinaux. La zone VI^ est renvei^sée car
elle a subi directement TefTet des plissements éocènes ; la zone
Via est normale parce qu'elle a été protégée par Taire anticlinale
intermédiaire (fig. i3).
Ce qu'il a de remarquable dans la zone de l'Ognon c'est l'inten-
sité considérable
N.O. S.E. ,
que le renverse-
ment peut attein-
dre et qui va par-
fois presque jus-
qu'à l'horizontale
comme le montre
la figure 14. Or, si
dans cette fig^ure
on faisait abstrac-
tion de la faille
qui sépare le Jurassique de la bordure nord-ouest du Crétacé du
bassin, faille qui d'ailleui's n'est pas toujours très visible ; le Cré-
tacé en question se présenterait exactement comme celui des
bassins d'cfl'ondrement de Provence avec l'apparence d'un substra-
tum récent mis à nu par l'érosion dans une nappe charriée, l'hypo-
thèse parait d'ailleurs si invraisemblable qu'on hésite à rapprocher
ces coupes de celles des fig. i, a, 3, 5, 8, d'autant plus que la
preuve directe de la non existence de la nappe est facile à faire.
Cir
Fig. 14. — Echelle il'jo.ooo' environ.
ji-j^ Virgulien et Astartien.
igOI ÉTUDE SUR LA TECTTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS III
Plis transverses
Nous ne voulons pas terminer cette étude sans dire quelques
mots de la curieuse région qui s'étend sur la partie méridionale
de la feuille de Besançon et sur la partie septentrionale de la
feuille de Lons-le-Saulnier entre Grozon et Salins.
M. Marcel Bertrand avait déjà montré que le Trias et le Lias de
cette région étaient toujours séparés du Jurassique par une faille
oblique dont le contour est sinueux ^
J'ai montré plus récemment que cette faille était accompagnée
d'un pli couché présentant, en certains points, un déversement
considérable (Feuille des Jeunes Nat,, loc. cit.) et que ce pli était
tnmsverse par i*apport aux brachyanticlinaux du Vignoble. L'am-
plitude du déversement étant déjà très gi'ande près d'Aiglepierre
j'avais été amené à rechercher si cette amplitude ne serait pas plus
considéi*abie encore dans d'autres parties du pli. Or, tout réceui-
ment, j'ai été, d'une manièi'e tout-à-fait fortuite, mis sur la voie
d'an phénomène très curieux relatif à ce pli.
En classant les collections paléontologiques du Musée à Besançon
j'avais remarqué plusieurs échantillons d'un petit Pecten(amusium)
ressemblant à s'y méprendre au P. pumilus du Toarcien, empâté
dans des marnes grises micacées identiques à celles du Lias supé-
rieur et portant comme indications : Sondage de Grozon, au-
dessous du gj'pse. S'il n'y avait eu qu'un seul échantillon, je n'y
aurais prêté aucune attention et j'aurais considéré l'étiquette comme
eiTonée. Mais il y en a trois portant les numéros a8, 29 et 34 de
la collection des fossiles du Jura ; l'un des échantillons renferme
en outre des Possulonomyes. Tous sont donnés par M. Conrod. De
plus, en classant les Céphalopodes de la même collection j'ai
retrouvé de nouveau un Grammoccras striatulum -, dans les
mOmes marnes grises, indiqué également conmie provenant du
sondage de (irozon au-dessous du gj'pse. J'ai fait alors de nou-
velles recherches et j'ai constaté que le Frère Ogérien, dans sa
Géologie du Jura, indique précisément comme ayant été trouvé
dans le sondage de Grozon « Amtnonites striatulus et Pecien
pumilus )> et il ajoute à ce sujet : « Le puits d'exploitation de
Gitizon atteignait, à 5 mètres au-dessous du banc de sel, une couche
de schistes bitumineux se débitant en minces feuillets très pyri-
1. Marcel Bertkand. Loc. cit., et B. S. G, F., [3|, XII, p. 4Ô7.
2. Même collection, N* 34*
lia FOURMER. — TECTONIQUE DU JURA FRANC-COUTOIS SI JailY.
teux. sur lesquels M. Pidancet a reconnu des Pecten et des
empreintes d* Ammonites ». A Montmorot, près de Lons-le-SauInier,
dans la même bande triasique, le même auteur signale des fossiles
toareiens sous le sel gemme : « Les échantillons de marne
noire salifère de Montmorot nous ont oflert quelques feuilles et
tiges et une empreinte d*Ammonite que nous rapportons à Am.
siriatulus » ^ Il y a donc lieu de supposer que le Trias de Grozon
est bien renversé sur le Lias supérieur, ce qui indiquerait une
pénétration assez considérable de la charnière synclinale. Nous
ne voudrions pas néanmoins attacher à cette observation qui
peut être discutée, plus d'importance qu'elle n'en mérite; quoi
qu'il en soit, elle établit du moins, d'une façon certaine, que les
prétendus fossiles marins du Keuper du Jura cités par Ogérien
appartiennent au Lias supérieur. De nouvelles études de détail
permettront de trancher la question tectonique.
J'espère avoir pu montrer par ces quelques considérations que,
môme dans des régions, depuis longtemps étudiées, comme celle
qui vient de faire l'objet de ce travail, il reste encore bien des
observations nouvelles à glaner.
I. Ogï^.riex. Hist, nat, du Jura, Géologie ^ p. go.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DE
L'INFRACRÉTACÉ A FACIÈS VASEUX PÉLAGIQUE
EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE
par M. A. JOLEAUD.
Préliminaires
Le Barrâmirn à faciès (vaseux pélagique (formations bathyales de
M. Haug *) n'occupe pas des espaces très considérables en Algérie et
en Tunisie, mais il s'y montre sur un assez grand nombre de points
et sa richesse en fossiles, particulièrement en Ammonites pyriteu-
ses, a depuis longtemps attiré l'attention des géologues.
Coquand - l'a signalé dans la province de Constantinc, à l'Oued
Chéniour, au Djebel Taia, à Ain Zaîrin (localité indiquée au sud-
est de Constantine, mais non retrouvée jusqu'à présent) et à Ghiria,
pivs de Sétif.
M. Nicklès^ l'a indiqué au Djebel Ouach (au nord-est de Cons-
tantine) et à Medjez Sfa (près de Duvivicr).
M. Sayn * Ta étudié sur ces deux points.
M. PomeP l'a mentionné dans la vallée du Sig et au col des
OuJcd Ali, près de Sidi bel Abbcs.
AI . Aubert * en a relevé plusieure lambeaux en Tunisie.
AX . Repelin ' l'a fait connaître de Sidi Merzoug, dans les enviix)ns
^ O l'iéansville.
I- jB. s. g. F., (3), XXVm, 1900, p. 6ai.
a. ^lém. Soc. Emul, de la ProvencCy 1862, t. II, p. 282. — Bull, Académie
^^f^i£>pone^ 1880, n° i5, p. 4i.
"i- <:. R. Ac. Se, CVm, 7 janvier 1889, p. 75.
^- M^emlle des jeunes naturalistes , octobre 1889, p. 16^. — C /?. Ac. Sc.^
ex» "io juin 1890, p. i38i. — Bull. Soc. agriculture de Lyon, 1890. — B. S.
G. i^^,(3), XXIV, 1896, p. ii6a.
a- -ikscript. stratig. gén. de V Algérie y p. 56, 1890.
^- explication de la carte géol. prov. de la Tunisie, p. 9 et 8uiv.,i89a.
•;- Etude géologique des environs d'Orléansville, p. 60, 1895.
^ Aoùl 1901. — T. Ie^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 8
\
Il4 A. iOLBAUD. — LTUDE DE L'iNFRACSSTAGB SI JailY.
M. Blayac * a décrit les affleurements do Djebel Dafib» da Djebel
Taîa et de Medjez Sfa, dans le bassin de TOued Cherf.
M. FichcoT' a déconvert ceox do Djebel el Akhal (à Touest de
Constantine) et du massif d'Arzew ^.
L*Aptien à faciès Qoseux pélagiqwœ a été indiqué par Coquand ' à
Aîn Zaîrin ; à l'Oued Chéniour : près de l'Oued el Nahar (affluent de
l'Oued Cherf): dans la plaine de Temlouka : à Chepka mta Sellaoua,
au nord-est d*Oum el Bouaghi : au Djebel Babor, dans la Petite
Kabylie ; à Sakkamoudi, sur la route d'Alger à Aumale et à Teniet
el Haâd, ces deux derniers points dans la province d'Alger.
L'un de ces affleurements, celui de l'Oued Chéniour, a été depuis
l'objet d'une exploration complète de la part de M. Blayac ^.
MM. Le Mesie *, Aubert ^ et Pervinquière ^ signalent cet étage
en divers points de la Tunisie '.
n nous a été donné pendant un long séjour dans nos possessions
de l'Afrique du nord, de pouvoir faire, à notre tour, sur ces for-
mations, quelques études stratigraphiques et paléontologiques :
nous en donnons un premier résumé dans la présente note.
Environs de Constantine : le Djebel Ouach
Au nord-est de Constantine s'élève un massif montagneux formé
de puissantes assises de grès medjaniens, c'est le Djebel Ouach
(la montagne sauvage), qui atteint i.soa mètres à El Hadjar es
Safra (les pierres jaunes). Sur son flanc méridional s'étend
ininterrompue une bande barrémienne que nous avons reconnue
sur une longueur de la kilomètres et dont nous avons tracé les
limites sur la feuille d'Ël-Aria au i/5o.ooo'. Son altitude est
comprise entre 640 et 900 mètres.
Large de 3 kilomètres en regard du rocher de Sidi Mcid, puis de
Q kilomètres seulement dans la traversée de l'Oued ben Djelloul,
I. C. H. Ac. Se, CXXni, 3o novembre 1896, p. 958. — B, S. G, F., (3), XXV,
p. 524-534. — Ann. de Wniv. de Grenoble, XI, n» 3, 1899. — Travaux du
Laboratoire de Géol. de la Fac. Se, Grenoble, V, p. 19, 1899.
a. B, S. G, /•'., (3), XXVII, p. 85, 1899, et in Pomel et Pouyaxnk, Annales des
Mines f 9, XV, p. 191.
3. Méni, Soc. Emut, de Provence, 1862, t. II, p. 283. — Bull. Acad. d'Hippone,
1880, n» i5, p. 3o et suiv.
4. B. S. G. F., (3), XVm, p. 209, 1890.
5. Explication de la Carte géol. prov. de la Tunisie, p. 9 et suiv., 189a.
6. In DK Lapparrnt, Traité de géologie, 4" édition, p. 1294.
7. M. Gentil vient de signaler une remarquable faune de cette époque à
Arlal, dans le bassin de la Tafna (Ass. fr. Av. Se. Congrès de Paris, 1900,
p. Ô06) {IVote ajoutée pendant V impression).
igOI A FAf:iis vaseux pélagique ex ALOÉHIE et en TUNISIE Ilfi
cette bande se rétrécit encore vers l'est où on ne la trouve plus
parfois que d'une centaine de môtres de laideur.
Elle commence à 1 ouest pr s de 1 Oued Zied par dcH terrasses
8"ses, que I on disUngue de loin au-dessus des marnes noires du
Cittacé supérieur. En allant vers l'est on la voit s'élever jusqu'à la
Il#}
A. iOLEAL'D. — ETTDE DE L l^TFKACXETACE
ai JaiiT.
cole 900. aa-de«9oii^ da piton ëocêne 997. Partout ce terrain a été
fortement entaillé par les eaox, mais c'est sortoat ao-dessofns de
la roate de la Pépinière du Djebel Ooach qu'il a été recoupé par
de nombreux rarins. Leur coUectenr. le Chabet el Beîda (le
Rarin blanc) finit dans TOucd Djelloul vers la cote 840.
tSÙ
F\^, '2, 3 et 4- — Trc»is coupes dans le Barrêmien du Djebel Ouach.
Echelle i 60.000*; hauteurs triplées.
P, Pliocène (ûg. s) : m/. Miocène ; e, Medjanien ; mo, Montien ; d, Daiûen ;
a, Aturien; T, Turonien ; hn^ Barrêmien supérieur; P, lone à PulcheWa
(lig. 4) » 1-» zone à Leptocpras.
Sur la rive gauche de cet Oued, qui ne tarit jamais tout à fait,
le sol s élève assez rapidement, ibi*me un petit plateau près du
Bordj hen Tarzi et atteint enfîn 870 mètres, au-dessus d*un douar,
sur la piste des Boni Sline. A partir de ce point l'aiDeurement
ifcst jilus qu*un étroit ruban jaunâtre qui se tient enti'e 800 et 700
mètres. On croit le voir finir sous les grès de la cote Bqo, mais en
franchissant le col entre les cotes 820 et 775 on le retrouve sur la
rive gauche de TOued Gracha, d'où il se prolonge jusque vers
rOued Kram, plus ou moins masqué dans la traversée des vallées
par les éboulis de TEocène supérieur.
La puissance du dépôt bari^émien du Djebel Ouach est d'à peu
près i25o mètres. M. Sayn * y a établi une succession de cinq assises
distinctes, dont une sans fossiles et une autre caractérisée par des
débris de Poissons.
Nous n'y avons reconnu que trois zones seulement :
1. B. S. G, F, y (J), XXIV, p. 1162.
igOI A FAClis YASBUX PÉLAGIQUE EN ALGERIE ET EN TUNISIE II 7
i^ A la base, se trouvent des marnes noirâtres, alternant avec
des calcaires marneux de môme couleur, se divisant en plaquettes
très minces qui renfei*ment en abondance Leptoceras cf. subtile
Uhli^, plus rarement Crioceras cf. silesiacum Uhlig, ainsi que de
nombreuses traces Qermiformes très longues, larges de 3 à 4
millimètres seulement et portant de distance en distance de faibles
rétrécissements annulaires.
Ces couches ne se rencontrent que dans la vallée de TOued ben
Sjelloul. Elles acquièi*ent leur plus grand développement sur la
riVe gauche de cet Oued» au nord-est du Bordj ben Tarzi : leur
puissance y est d'environ 80 mètres.
^ Immédiatement au-dessus se montrent des marnes feuilletées
grisâtres, intercalées de nombreux bancs calcaires blanchâtres de
QO à 3o centimètres d'épaisseur auxquels le Chabet el Beîda doit
son nom. C'est la zone fossilifère par excellence et aussi la plus
ravinée par les eaux. Il n'est pas rai*e qu'au pied des croupes,
aux endroits où la pente diminue, abondent les Phylloceras, les
Pulchelliat les Hohodiscus, les Leptoceras Cirtœ Coq. et L, ensis
Coq. Les calcaires contiennent les mêmes fossiles, mais beaucoup
plus rares et associés à des Aptychus à stries parallèles.
Cet ensemble puissant de 80 à 90 mètres forme une partie des
pentes qui descendent au-dessous de la route de la Pépinière, vers
le fond de la vallée et remonte sur la rive gauche de TOued ben
Djelloul jusqu'au petit plateau du Bordj ben Tarzi.
3^ Enfin, l'étage se termine par 120 mètres de marnes feuilletées,
en couches puissantes, bleuâtres d'abord, puis grisâtres et finale-
ment jaunâtres au sommet. Elles renferment à leur partie inférieure
des calcaires craquelés, esquilleux, grisâtres, veinés en tous sen<^
de filonnets de calcite. que Ton retrouve d'ailleurs dans tous les
mamo-calcaires crétacés de la région. Dans leur partie moyenne
se montrent des calcaires schistoîdes, facilement clivables eu
plaquettes riches enAfacroscaphites, HanmUna, etc., et renfermant
aussi des empreintes de fossiles végétaux. Dans les marnes, on voit
des représentants des genres Phylloceras, Lytoceras, Macros
caphites, Hamulina, Ptychoceras, Desmoceras, Silesites, Oppelia.
La partie supérieure de cette zone est intercalée de plaquettes
noires, parfois jaunâtres en dehors» contenant des écailles et des
nageoires de Poissons, même de petits Poissons entiers. Souvent
ces restes d'organismes se présentent sous une belle couleur azurée.
M. Sayn ^ pense que ces plaquettes à Poissons et les marnes qui
les accompagnent peuvent être aptiennes.
I. Loc. cit., p. 1169-1165.
ii8
A. JOLEALD. — ÉTUDE DE L*INFRACRéTAGE ai JailY.
Il ne nous a point paru possible de partager cette manière de
voir, car nous avons recueilli tant au-dessus qu'au-dessous de ces
couches une série d'Ammonites que toutes nous avons trouvées
dans les couches à Hamiilina. Ce sont :
PhylloceroH cf. senini Oppel.
Phylloceras cf. Ernesti VhWfi^.
Phylloceras infnndihnlnm d'OrI).
Lytoceras numidnm Cah\.
Lytoccras DiwaV d'Orl». var.
Macroscaphites Yvani Puzos.
Macroscaphitcs Ficheurl Sayn.
Desmoceras strettostoma Ulilig.
npsmocrrns Anf^ladci Coq.
I)t*smocera8 \ahdaha Coq.
sursîtes Seranonis d'Orb.
Dfsrnocerns? Oouxi Sayn.
Turbo Astaroth Coq.
yucnla Ouachensis Coq.
Ces couches à Poissons ne sont d'ailleurs autre chose que le
calcaire fissile bitumineux de Coquand ' couronnant les marnes de
la Vallée de Stafrens - que ce géologue inclinait déjà à rapportera
TAptien. mais eu laissant toutefois leur attribution définitive
subordonnée à la découverte de fossiles caractéristiques. Ces
fossiles existent et nous venons de les énumércr. Mais il y a plus,
M. Pomel 3 a signalé dans la vallée du Sig, des « marnes schistoïdes
contenant Scaphiies Yvani et quehiues débris de Poissons » qu'il
rapporte au Barrémien. N'y a-t-il pas identité enti'e ces dernières
couches à Poissons et celles du Djebel Ouach. Il ne semble pas
possible d'en douter et l'attribution des unes et des autres au
Barrémien parait absolument rationnelle, nonobstant la pi*ésence
de quelques Ammonites aptiennes dans nos marnes supérieures. Il
faut ajouter aussi que l'Apticn inférieur et TAptien supérieur sont
déjà représentés dans le voisinage dç Constantine par les calcaires
à Réquiénies et par ceux à Ostrea ar/uila d'Orb. et Epiaster
restrictus Gauthier *.
L'ensemble du Barrémien du Djebel Ouach nous a fourni plus
de i6o espèces de fossiles, dont une centaine d'Ammonites.
Nous avons cru utile de les réunir dans le tableau suivant en
indiquant les couches dans lesquelles nous les avons recueillies,
leur degré d'abondance ou de rareté et les différents étages de
la série infracrélacée où elles ont été découvertes antérieurement.
Nous mentionnons, à la suite de ce tableau, une vingtaine d'espèces
signalées par MM. 0)quand, Cotteau, Peron, Gauthier, Heinz et
Sayn qui ont étudié le Djebel Ouach, espèces que nous n'avons pu
retrouver, la plupart n'étant d'ailleurs pas figurées et étant
insufîisamment décrites.
1. Méni. Soc. Frnul. de In Provence, 1^62, l. H, p. ^3.
2. CVst la vallée (IfTOued/ied qui descend des hauteurs de la Médita Tafrent.
3. Loc. cit., p. .V).
4. FicHBUR, Loc. cit., p. 85.
igai A vAciAs vasecx pélagique en Algérie et en Tunisie 119
DÊSiaNATION
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des bspëcbs
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PoinoM indél. ....
Tnefê vermifarmt» . .
Phrilocerag aff. »ernm
opp^i
P. TMx» H-Orb. . . .
P. ff. rhftj-a Sayn. -
P. spec, indél. .....
/*. Gortli Kilian ' ? . .
/'. i<r. seniigiilcQ^m
tfOfb
P.ff.C<.r/a.-an//<i'Orb.?
P. cf. Ern^^li Uhlig . ,
f.spcc. indél
P. Miripsa Coq . . .
P. Cf. in/Hn((i6alHm
3
a-3
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3
3
3
3
3
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A. C.
A.R.
Voii^n df W. TAfli,. dOrb. p.r «
Loiin orn^ pn Invcn de Inruei
cAlfs, pru Millanlei, qui pcrUiDl du
pourtour Af. l'ombilic et font dirrclr-
menlilu r*([ion ïenlrtle, qti>ll«lrii-
lrf'iKr*)« rappelle celle 'd« c«l« de
niolnii rspide nue dans le lypede d\)'-
l,'ï!^^m'^u''pir<leV'",o,'ird!,lour'
11«ppel> ..«i /-A. n.,.„n,:U R,H...
ombilic un peu plus élroil.
Svn. :T^n..1«parCoq.
Voisin de Ph. MMpia Coq., ».>> de
lirsnde toill? {3.1*>|. renDt, om^ de
1 sillons rcdiliene».
ninl, plus rcnlU. nmé de oMes «,il
IaWo dons IB r«Rion ombiiicde, diri-
-J« ru fln«.ffie.,ork région «n-
lr«lf ; la li^nc lulunle j e.1 moins
ilécfflipée,
Ropj«llu un peu /.. Jaubfli dOrh por
In WgeuT dr jpi liHirs. muis ne prii-
P. ipe<-. indét. . . . .
lytnrrraa namidum
i. ipec. indét. . .
1. KtuAN, Archive» du
■L Kilian. B. S. G. F.
Mas
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ij-o
1. V, Mém. n- 3, p. 5, pi. I, flg. 3.
A. lOLXAVU.
r £tcdb de h'mFBAOBàrAcà
LytoceroH erebriaulcn-
tuiii l'hlifc
L. rf. ulrangulaliw
d'Wi-l) ?
L. Gpec. indct
L. spec, inili'l
R. It.
B. n.
.U. Ficheuri Snyn
OBSERVATIONS
Uppdic un peu l.ylettrta jlrdnaii-
/alun d Orb.
Cnquillf un pTM «mpriinfe, \*fjhtrann
\ auroiAKemml rafiiilr. Spir* ciyta-
wM* de roiin preK|iiB qiriM^rui^-
[>>r« arrondi) lu bord, Irt. Irf«r«.
l'oBbilic aur Jh d'fua lii^n. da lear
lar^ftur. Sitr U coqviUp k d^T«lofr-
prnl depuis la pourtour da rfmibilic
lÙ|[ioil TIDtnla um large, prjiiea-
profDndfiir. S^ diiiiarua Ar t'oït.
ignadruDiiuliireii ri. » I^m inlunla
|i]iu limplt.
Typs (Tl. BiBlalton
I. Joarn. de Conchyliolog., (i>, III. [>■ 41'. pl- XIV, Cr. lO, ij. — Mêm. S. G.
F., (a), 'N', I" partie, p. i^a. pl. III, lifç. ifl, i;. — Mêm. Sac. d'Emulation dr tu
Provrnce, II, p, iSJ, pl. i, liK- ii, ib. ,
a. Jalu-buch drr K. K. tribal. lipiehsonutall, XXII, p. j4.
3. KiMAN, -Inn. t'niV. Grenoble, VIU, n- 1, 1896.
4. KiLiAN, B. S. G. F., (3), XXm, p. 3:i.
IÇpI A FAClls VAUCX PÂliAGIQUI XN ALG^RIlf ET EN TUNISIE 131
DÉSIGNATION
DU EspAcbh
indet. UhliK ' ■ -
Ptrchoeeraa cf. toi
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Boehianitei et. Reoco-
minuit d'Orb.
B.l sprc. indet.
l'iUthrUia camprtaaix-
linia d'Orb. . . .
". cr. Srklambrrg:
ITicLlïB'
P. Saueageaai Hcrm.
P. Chanitamleri Sayn
''. OnackrnBÏs Coq. .
P. LoHoli \ickl<-s ' .
ET*GE5
OBSERVATIONS
'uleh. Maltaaa Nickl«> <
1 régioo vBnlMl» oHIcnwn
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11 gniiipe fempTmtnlmt
Gcrhardl <■ te diiKnii
hible é|Hiu
Hifùnii. 1rè> ûritiu. de chncim lin-
qiicli pnrlfinL îi cAlu peu rlev^u.
'uIÏii''*m'' «"'r^ii'Mii'î «ïat !'
I. Denkfchriflen der math.-nalurw. Classe il. k.
ehafirn, 'fi. p. ii6, pi. XllI, Ùg G. ».
% Mém. S. G. F.. (4), UI, p. 18. p. Vm, Ur. 9, 10.
1 Xeuea Jarhack/àr ifin. GioL, U, suppl. 189a.
i. Mem. S. G. F., (4), ffl, p. Ifi. pi. VU, lîg. 14,
6. NicKL&b. Gcol dis cnv. d'AlicoDlc cl du Valen
:■ Mém. S. G. F.,(l), m, p. hi, pi VI. lig. 8.
A-. Akademie der Wiaaen-
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I. L«o. cil.
a. fl(> geognoatiche Verhàltniiae yeu-Grenadas, pi. iU, f. 3.
î. .l/êni. S, «. F„ Palcont , (I), i. n" 4, p. ij, pt. I, lig, tn-i6 ; pi. III, llg. 4.
i- .Wm. S. G. F., (a), V, i" porlic, p, l4 . pï. Ul, lig, l4-l5. — Journal de
Coiicbj-oL. m, p. 43o, pi. XIV. lig i4-i5. — I'hlic- Denkschriften der malh.-
Ufonv. Cla»»e d. k. k. Akademie der Wîasenchaften, i883, 46, p. 3^;.
j. .Wrân. .Soc Aniii/. de la Provence, t. n. 1896. p. ifi8.
6. pA<juisit. Bail. Soe. Slal. hère, (4), V, p. :)gg.
A. JOLEAtm. — ' ÉTUDE DB L'awmACKttÀCÉ
DÉSIGNATION
DES EspicER
OBSERVATIONS
' DtMmoceroê ep. indeL
^ i>. XabdaUo Coq. . .
D. alT. .VoMaiaa SajB
C Angladei Saj-n .
£1. g'rteliKom Coq. .
^ cirfcfur Sayn
, D. focontium Sayn et
Lary '
D. Goaxi Sajn .
A. cf. difficiU d'Orb.
! Siletilet 5«raiionii
dOrb
< 5. air. Seranonia Sayn
S. intfrpoêita» Coq.
Opprlia nov, spec. .
O. et. aptiana Sarrat. '
Holcodi»cu» Gastaldi
dOi-b
N Mnietr Coq. — ^^cm.
S^B. : Am. im^rr ettuiuê Coq. —
.(h. Ozymof Hflu.
« dttrinpie de ^p- .Vjtwf d'Orb. par
■A ligB« tubiruF oHHrii finvinaal I
iHcvftf « vm t* lot» l>l*nl plui 1
dusimMnqiK- Opp .VUaid» Sun- 1
sn > >>n >^-« par m. idle lipbo- '
. I Gta. BaugI Suntia *. !
«dk* Mi«nllw.MnaDi I hotla:
ripproebent dv fj^r juBpotfitffA,
1. NiciŒÈs. c. ft. -le. AV.. cvm. p. :4-
3. KiLiAS. B. S. G. F.. (3>, XXIU, p. :iî.
3. BuH. Soc. Slalial. de fhére. (J). 111. p. aï. pL 1. Ûg. ^S.
i- B. .S. O. F., Ci). XXI, p. lig et siiiv., pL IV. VI.
1901 A FACifts VASKDX p£la.OIQUB EN ALOÂHIB ET KN TUNISIE 135
DÉSIGNATION
DU EsrËcsa
B. nutamarpideug Coq
•per.' iudet. . . .
H. algim» Sayn
loni Coq.
B. nungloaenii» Scyn
H. aMîitriformië Ssjn
B.c.t.Pereii dOrii.
A, Sophonitba Coq.
OBSERVATION
Se diiUngun At Hait, divirn-fauatiu
Ku plut krla, bi[iirqué« plui ttt,
btuigonale plai tir^ que hAuie; wn
Ji diffirenne f.dltnwnl da ffort.
C'aifJauifi d'Orb.
Syn. (>ir.| /Teh. Geronlmœ Stjn.
cM-
t m,o birurqie. .p.4. l.^„b;,-
be««l«. plurioœb™» e. plo.
oiliD
hfb
ph,
de Hoir, algirut
f it >e9 li.lHTCi.Ie>
)«rgrt que hiiuu * 0
Jiirci
Eigee dHD> te genre tfotcodisevt.
I. NicKi^s. .Uém. S. G, F., Paléonl., 4, I, a. — Nicklès, Geol. env. dir Valence
t Alicaate, 1K91. — Kilian. Ann. geol. unit:, VII, p. âuo et Hai'g, p. 971.
s. XicMi». G*ol. env. Valence et Alicante. - Kilias. fl. S. O. F., (i). XXllI,
3. >icitt*9. C. J?. Ac. Se., CVm, p. j^.
. JOLEAID. — ÉTUDE DE l'iNFR ACHETA CÉ 31 JailV.
DESIO'ATIOX
OBSERVATIONS
CuiAtrriitEti saiu^xts
HoUodiacaa dov. spec.
H. «(T. druenfiai-u*
Kilian ........
//. sjM'P, inilet
UoplitfH Lamoricieri
S«jn
H. cf. Beakidrnsi»
Lhlig '
W. Gelimer Coq. . . .
.Icanfftocprofcspec.iiicl.
t. UpnkschrifU'ii il'-r m
pi. XX. llK. la.'
j. Fuss. dÔLT. pur Coqui
(l/i.-n»f. '.(, rf. k. k.
iid, pl.IV.
B»lt. du ;mupf ik «tic Sopùnùèa
âftvm- 4 ruquiUe lorawe de toura Ir^
l'aiibiLic d« Il i 11 1ub«rtukn br*
luD^. «pit. u nïDnrbcnl en ■rrièt
ijuuid J> wDl «nplrtrioeal <U<n
■ui pr^rMmli. nuii plui rcmné
In un* dei bUrea : régiua realrd
«ilrtaiFinrDi Urge ; lobei et trUti _
pciqr d^«iupé<; premier loba Ul^ral
Bojljé BDLDi long que le Tenlr«J;
Ifi luheifulc* iLpDoaKDJi ii'»pp«Tmu-
■cnl qu ■iiu Urd et l'iUongenl
rappelle par ce ctnclire reJI« i
M. nrirp/Diieiuii S>;b.
Bopliltt ToUi» de l'npèce prtct-
Il figure de Heiai^laan um>
lAiyri. t cAle* bifurquéei. et Luber
.U(»J. d. U'Vss., 4«, p. :
igOI A FACIÈS VASEUX PELAGIQUE EN ALOÉftIE ET EN TUNISIE 1^7
DÉSIGNATION
DES Espèces
Àranlhocfras cf. nu
uteoitatam d'Orb.
Criorrra» aff. Emerici
Uïfilli-
C.cJ,aili-Kiavum L'hlig.
'.'. rf. brève d'Orb.
TnxoLrnu spcc iudft
T. Oaackenitr: Coq. .
ï"- Hrnoni Coq . ,
AKxtorermt? sp, inilf t
'^-iff.,Uo/Aproni d'Orb
Helfroceras et. Aatiei-
dOrb
UBSEUVATIONS
CaHACtArKS SAlLLAK-ra
Fnpnmt dr coqiiiUf droJL ï loun
Coquille om^ de c6i«b Don luberctilée*
»iir in r^ion venInLc qu'eUn in-
Rippdlc Taxoeerai llouerl d'Orb.;
unn plii> ulllanln (lorUnt lur ibi-
CoqiLÏUc ornép de cAIh
.luniKC du puinl <
Coquille oratt At lanet côte* oUi-
138 A. JOLEAID. — ÉTUDE DE L'iTiHACSÊTACB SI JanT.
DÉSIGNATIUN
DBS EsntCES
îi
OBSBRTATIO>^
s BAtlXA
A. R
C.
. A. C.
R.
R. R
Leptocertu eiuia Coq. .
£,. CirbeCoq
L. ipec. indet. Sayn . .
L. cf. mbtile Ublig . ■
j4ptrchiM spec indet. .
BeUmniU* Fallauxi
Uhlif'
B.ct. pUllllifûrmiiiB\\ .
B. carpalictis Lhlig ' .
B. minaret Ite»]) . . -
B. cf. polygonaliê Blv.
B. Bpcc. indet. . .
B. spcc. indet. . .
B. spcc. indet. .
Duealia cf. binervia
Rasp
D. spec. lodet
/}. cf. Gra«i Duval. . ,
D. cf. Emerici Blainv.
-ncAo/*u(ft(» Henoni
»q
PAaaJaftflfa Mynùdoi
Cocj
1. Denksclii-iflen der math.-na
eha/ten, î6. p. i;;, pi, I, ûg. î, i
a. Id., p. i;;, pi. 3, fig. i.
ai liibtimlfct Hrli nponmil
U IVK Hitur&lp indiqn* nette
.tinUlF MiDbliblc t l4 prteédHte
nuit pM-fnUni de diilua «■ di>-
raxMTFa< amiuiapij d'Orli.; ligM
e deux itlIoBi k pcte*
nurqué de pDoctiu-
' "Un de /M.
profoBdé-
Conique fuu Inee ^paimle de i
lUj^Ie Dut. Unervla Eup.
■. Classe der k. k. Akademie der WiMitn-
IgOI A FAClis VASEUX PELAGIQUE EN ALAÉRIE ET EK TUNISIE lOg
DÉSIGNATION
Tarbo UtiPtuU Coq.
T. Axtaroth Coq . .
T. tpec. îndpt. , . .
indet.
Ctrithiam spcc. indet.
Mtarte acuîiroatris
C"I
"CIspoc. indrt
iatiaa tciUpta Phill. .
Xtara TanilCaq. . .
-Varola OitaehensisCoif,
'V. tpcc indet
Xualina Ouachenxis
^
■V. ipec. indvt
Uia et. scapha d'Orli.
^Ka spce. indet. . . .
''^)ra?npec. indet. . .
^lUina'! spce. indel. .
PitlnalpinuM d'Orb. .
JftHvnrmus spi-e. indet.
Ottrra spee. indel. . .
Cartiium sjice. ind. . .
Gioètolhjrria et, hippo
pu Hiciu
Tiixaiiifi-7 spec. indet
CMyritm ardua Perun
cl Gaulliier
fn>ehoejrathnnl%^.iaA
Plalj-fialhaa? sp. ind.
^^tfpiera ind. 3 espcees
^cn de plante» indet
vj Aobt igoi. — T. I",
Bail. Soc. Géol. Fr. ■
i3o
A. JOLEAUt). — ETUDE DE l'iNFRACRÉTAGÉ
ai Janv.
Les auti*es espèces indiquées au Djebel Ouach par les divers
géologues qui ont étudié ce gisement et que nous n*avons pu
retrouver sont :
Belemnites aubfusiformis d*Opb. *.
Aptychus Numida Coq. *
Aptjrchus Caïd Coq ^
Ammonites Nisus d'Orb. *
Ammonites diphyltus d*Orb. *
Ammonites Grasianus d'Orb. •
Cerithium Adherbal Coq. '
Nucutana nana Coq. '
Metaporhinus Heinzi Coq. »
Belemnites Orbignjri Duval *
Ammonites Sînzora Coq. ^
Ammonites Gurzil Coq. '
Ammonites Gitdon Coq. '
Ammonites Mazuca Coq. '
Ammonites Emmelina Coq. '
Straparoltus inexpectatuê Coq. '
Cerithium Henoni Coq. *
\ucula Henoni Coq. '
Cardium modestius Coq. '
Collyrites ovulum Desor *
Collyrites ardua Peron et Gauthier *
Pulchellia sp. indet, Sayn *
Lytoceras Jauberti d'Orb. •
Siiesites cf. oulpes Coq. '
Holcodiscus afT. Sophonisba Sayn ^
Holcodiscus nov. spec. Sayn '
Hoplites off. asperrimus Sayn '
Belemnites semicanaticulatus Blv. •
Il ressort du tableau précédent que les caractères généraux de
la faune barréniienne du Djebel Ouach peuvent se résumer ainsi :
a) Caractères communs aux assises inférieures et supérieures.
i^" Extrême abondance des individus dans les espèces des genres
Phylloceras, Hanmlina et Crioceras s. 1. (déjà existants dans la
mer néocomienne).
a"* Rareté relative des individus dans les espèces des genres
CostidiscuSf Macroscaphites, Pulchellia^ Siiesites, Holcodiscas
(qui apparaissent pour la première fois dans la région méditerra-
néenne à Tépoque barrémienne, à de rares exceptions près).
3° Persistance des DuQalia des groupes binerçia et Emerici, qui
dans cette région caractérisent généralement le Yalanginien (Mon-
tagne de Lure, etc.) *.
b) Caractères particuliers aux assises inférieures :
1° Multiplicité des espèces dans les genres Pulchellia avec q3
espèces et Holcodiscus ^^ avec i5 espèces, genres dont le plus grand
I. CoQUAND. Mém, s. G. -P., (a), V, i'* partie, p. m.
a. CoQUAND. Mém, de la Soc, iVémul, de la Provence, t. II, p. 4».
3. CoQUAND. Bull, Acad, Hippone, i5, p. 8a, ia3, aa4, et Suppl., p. 363 ù 370,
379, 383, 386, 393.
4. CoTTEAU, Pkron et Gauthibr. Annales des Sciences géologiques, 1884.
Echinides de l'Algérie, p. 64-^.
5. Hbinz. Foss. décrits par Coquand, pi. photog. I.
6. SAYy, Feuille des Jeunes Natur,, octobre 1889, p. 1664
7. Sayn. Bull, Soc, Agriculture de Lyon, 1890.
8. Ubinz in Papibr. Bull, Acad, Hippone, n« a8, p. 106.
9. C'est l'existence de ces formes qui avait fait comprendre à tort, le Barré-
mien d'Algérie dans le Yalanginien (Pomel. Descstrat, gén, de V Algérie, p. 67) .
10. M. Pellat {B, s, g. F., (3), XXUI, p. 4a6) signale l'existence à Brouzet
igOI A FACIÈS VASEUX PELAGIQUE EN ALGERIE ET EN TUNISIE l3l
développement a lieu dans le Barrômien inférieur (horizon de
Combe-Petite de la montagne de Lare).
09 Persistance d'un Phylloceras du groupe semisulcaium (groupe
généralement considéré comme éteint avant la période barré-
mienue) ^
c) Caractères particuliers^ aux assises supérieures :
jo Petit nombre des espèces dans les genres Macroscaphiies et
SUesUes^ chacun avec trois espèces, Costidiscus avec deux espèces,
Heteroceras avec une espèce seulement, genres caractéristiques du
Barrémien supérieur (horizon de M onteyron de la Montagne de
Lare).
30 Existence simultanée d'espèces franchement barrêmiennes et
de quelques espèces considérées plutôt comme aptiennes appar-
tenant aux genres Pkylloceras, Lytoceras, Oppelia, Ancyloceras.
Les Pulchellidés, si bien représentées au Djebel Ouach, se retrou-
vent, mais en moins grand nombre, sur quelques autres points
barrêmiens de l'Algérie et de la Tunisie *. Dans leur migration vers
Test, ces Ammonites de Colombie ^ ont ainsi passé au sud du massif
ancien de la Méditerranée occidentale, comme elles passaient au
nord pour gagner la pi*ovince d'Alicante, les Baléares et plus loin
la fosse préalpine. Toutefois ce changement de milieu ne paraît
pas avoir favorisé leur multiplication : c'est, du moins, ce que
semble indiquer la rareté des individus dans les différentes espèces
et leur disparition presque complète dans le Barrémien supérieur.
En dehors du Barrémien, voici les terrains qui se trouvent
représentés dans la partie de la montagne qui nous intéresse, ainsi
qae dans l'espace qui la sépare de Constantine :
a) Le Trias, près du couvent du Bon Pasteur avec ses calcaires
jaunes de miel, ses marnes irisées et ses cargneules.
b) L'Inkralias * dont les bancs puissants de calcaires bleuâtres
et à Ltissan (Gard) des Holcodiscus de Constantine, dans un faciès mixte à
Spatnngues et à Céphalopodes.
1. DR Lapparknt. Traité de géologie, 4* édition, p. 12^7.
a. Ce sont : Mendcs(/^iik*/i Sanvafiçeaui), Sidi Merzoug(PH/c/i Sauvageaiii)
et Teniet el ilaad {Pulvh. coinjtressissima) dans la région d'Orléansville ;
Djebel el Akkal {Pulch. Snuvaf^eaui) et Aïn Zaïrin {Puleh. Masylœî)^ dans les
enWrons de Constantine ; Oued Cheniour (?) {Pulch. MasjrliEi)^ Djebel-Taïa
iPulch OuachcnsiSf Sauvageaiii, Heinzi, coronaloidesy etc.), Guelina (Pulch.
San *ageaui et a Pulch. nouvelles) et Medjez-Sfa {Pulch. Saiivageauif compres-
sissinia, Zeilleri, etc.) dans le bassin de l'Oued Cherf; Ilanimani Lif {Pulch.
Saaçageaui) en Tunisie. — [Arlal {I*iilch. compressissiniaf Sauvageaiii, pro~
vincialis, Ouachensis), dans le bassin de la Tafna {Note ajoutée pendant
timpresêion)].
3. DouviixÉ. B. S. G. F., (3), XXVIU, p. 234.
4* M. DB Lapparrnt (Traité de géol., 4* cdit., p. 1084) dit que les plaquettes
I^ A. JOLEAUD. — ÉTUDE DE l'iNFRAGrAtACB 21 JanV.
dolomitiques recouvrent le Trias. Nous y avons trouvé abondam-
ment Mytilus psilonoti Quenstedt.
c) L'Aptien ^ représenté au Djebel Salah et au Djebel Kelal par
de puissantes masses calcaires à Réquiénies.
d) Le CÉNOMANiEN ' du Djebel Sidi Mcid, formé par des calcaires
grisâtres à Nerinea ci.Pailleteana d'Orb. et Caprinula Boissyl d'Orb.
é) Le TuROMEN ^ qui surmonte le Cénomanien et est constitué par
des calcaires gins à SphœruUles et Hippurites cf. inferus Douvillé.
/) L*Emschérien immédiatement au-dessus des formations pré-
cédentes qui se reconnaît à ses calcaires blancs en dalles dans
lesquels on a trouté Micraster Peini Coq. ^ et où nous avons cons-
taté la présence d'Ostrea proboscidea d'Archiac.
g) L'Aturien qui recouvre en concordance TEmschérien sur les
flancs du Mansoura et sur le sommet du Djebel Sidi Mcid et a été
relevé sur les bords du Djebel Kelal avec des marnes grisâtres con-
tenant JB'pûzs^erperrucosu» Coq. 3, Thecideumct. papUlatumBronn.
et de petites Ammonites feiTugineuses, BacuUtes cf. anceps Lamk.,
Pkylloceras (ou Pachy'discus) sp., Lj'toceras sp.
h) Le Danien (?)dont les marnes grises renfermant des plaquettes
de calcaire jaune à Inocérames couronnent TAturien et se super-
posent directement au Barrémien supérieur, à gauche et à droite
de la route de la Pépinière.
i) Le MoNTiEN (??) * caractérisé par des calcaires marneux jau-
nâtres avec traces de végétaux (?) surmontant le Danien près du
couvent du Bon Pasteur et au nord du rocher de Sidi Mcid.
j) L'EocÈxE INFÉRIEUR représenté à la surface de TAturien par
quelques Ilots de calcaires gris blanchâtres à silex et par des
marnes bleuâtres.
h) L'EocÈNE SUPERIEUR (Mcdjanicn) ^ dont les grès quartziteux,
avec lits d'argile, couvrent les sommets du Djebel Ouach en
s'appuyant sur le Barrémien et sur TAturien.
/) 1/Oligocëne INFERIEUR ^ aux argilcs grises et roses à Hélices
dentées de la rive droite de Toued Zied.
m-n) L'Aquitanien * et le Miocène au nord-ouest et au sud-est
calcaires à Mytilus psilonoti pourraient bien indiquer THettangien à Souk-
Ahras (Blayac et Gentil. B, S. G, F., (3), XXV, p. 5a3).
I. FiGHBUR. B, S, G. P\, (3), t. XXVU, p. 90.
a. PoMBL. Descr. strat. géu. de TAlgérie, p. 98.
3. Bull, Acad. llippone, n» i5, p. a3o.
4. Une succession analogue des assises du Crétacé supérieur a été relevée
en Tunisie par M. Pbrvinquiàre (C H, Ac. Se, t. CXXVII, p. 789, et t. CXXXl,
p. 563).
5. FicHRUR. La Kabylie du Djurdjura, p. aai. — Ficheur. Ass, fr. Asfanc,
Se, Bordeaux, 1895, 2' partie, p. 5^4.
6. FicuKUR. B, S, G. F., (3), XXU, p. 544.
IQOI A FAGlis VASEUX PELAGIQUE EN ALGERIE ET EN TUNISIE l33
de la bande barrômienne, représentés par des conglomérats rouges
d*ai^le et de cailloux roulés, contenant parfois aussi de gros blocs
de grès provenant de TEocène supérieur.
o) Le Pliogâne du Djebel Sidi Mcid et du M ansoura comprenant
des calcaires travertineux à Lymnées, intercalés de sables jaunes à
Hippopotamus amphibius L. race major Cuv. et Elepkas meridio-
naUs Nesti.
p) Le Pléistocêne des hauts niveaux des vallées d'érosion avec
cailloux roulés quelquefois conglomérés.
Nous nous proposons dans une prochaine note de faire une
étude détaillée de ces diverses formations.
L'affleurement barrémien du Djebel Ouach fait partie dun
anticlinal dirigé nord-ouest sud-est.
Au sud-est ses strates s'enfoncent sous le Medjanien et au nord
sons le Crétacé supérieur, que surmontent de puissants dépôts
aquitaniens. Au sud il est sur quelques points en contact avec
rEocène inférieur; partout ailleurs, c'est le Crétacé supérieur qui
le recouvre. En face du rocher cénomano-turonien du Sidi Mcid,
ce dernier étage est réduit à une bande de 20 à 3o mètres de large,
pincée entre deux failles. Plusieui^ autres failles limitent d'ailleurs
le Barrémien entre Sidi Mcid et TOucd Zicd. Sur l'Oued Zied
même, à l'ouest, le Barrémien s'infléchit fortement en s'enfonçant
sous les argiles de l'Oligocène inférieur de la rive droite du ravin.
Partout c'est le Barrémien supérieur qui est en contact avec les
aatres terrains, sauf dans le haut de la vallée de l'Oued ben
Djelloul, où les éboulis de l'Eocène supérieur masquent les contacts
en ne laissant apparaître que les couches à Lepioceras. Ce n'est
d*ailleurs que là, comme nous l'avons dit, que se montrent ces
couches : leur forte inflexion vers le nord-ouest et le sud-est n'a
P*« permis aux autres Oueds qui ont entaillé le Barrémien de les
**teindre, pas plus d'ailleurs que la zone à Pulchellies.
Le plissement barrémien qui nous occupe semble dater de la fin
de la période barrômienne ou du commencement de la période
«Ptienne.
Il a vraisemblablement soulevé le Djebel Ouach au-dessus du
^^eau général des mers de l'époque aptienne, ou, tout au moins,
'^ené les sédiments barrémicns à une faible distance de ce niveau ;
^ ^st sur les bords de cette terre émergée ou sur ce haut fond que
^ sont édifiées les formations néritiques coralligènes, aptiennes
*^ crétacées dont les témoins actuels sont le Djebel Kelal, le
l34 A. JOLR.1UD. — ETUDE DE L^INFRACBETACi SI JaUT.
Djebel Salah, le Djebel Sidi Mcid... et sans doute aussi le Djebel
Oum Settas.
Plus tard, à la fin de la période aturienne ou au commencement
de la période danienne se produisit un affaissement général du
littoral barrêmien, on de la partie du haut fond voisine de celle où
se formaient les calcaires ; il en résulta plusieurs failles dont la
principale orientée nord-ouest sud-est est aujourd'hui en partie
masquée quoique parfaitement visible encore sur divers points. Sa
direction est exactement donnée par le Chabet el Houa.
Environs de Guelma : le Dra el Kerroucha
Au commencement de 1899, nous avons découvert au sud-ouest
de Guelma, au lieu dit Dra el Kerroucha (la colline du chêne
vert), un petit affleurement barrémien de 3 kilomètres de long sur
3 kilomètres de large, dont nous avons tracé les limites sur la
feuille de la carte d'état-major au i/5o,doo^. Ce lambeau de Crétacé
inférieur est profondément entaillé au sud-est par TOued el Rebate
et par TOued Skroun, dans les thalwegs desquels passe la conduite
d'eau qui alimente la ville. Au nord il est recoupé par plusieurs
autres ravins, comme les précédents, tributaires de la Seybouse.
Les terrains qui avoisinent le Barrémien du Dra el Kerroucha
sont :
a) L'ÉocKNE SUPÉRIEUR (Medjanicn) dont les grès alternant
avec des argiles le recouvrent à l'ouest, au sud et sur une grande
partie de son flanc onental (Kef en Nessara) ;
b) Le Miocène inférieur (Cartennien) * qui s'appuie sur lui au
nord-est et qui est formé d'argiles grises contenant en abondance
des cristaux de gypse et des masses de gypse amorphe exploitées.
Ce terrain forme toute la rive gauche de la Seybouse en face de
Guelma. Il nous a fourni quelques Hélices gypseuses indétermi-
nables.
c) Le Pliocène, constitué surtout j^ar des calcaires gris ou roses
absolument identiques à ceux du même étage de Constantine : ils
recouvrent les argiles cartenniennes, notamment au sud-ouest de
la ville.
d) Le Pléistocène formé sur certains points par des tufs à tiges
de plantes, sur d'autres points par des cailloux roulés, des sables,
des limons.
I. FouRNBL. Richesse minérale de TAlgéric, I, p. 17a, i8a. — PoMBL.Descr*
strat. gén. de TAIgérie, p. i6a.
igOI A FAClfes VASEUX PÉLAGIQUE ES ALGÉRIE ET EN TUNISIE l3S
Quant au Barrêmien loi-même il rappelle absolument les couches
à HamuUna du Djebel-Ouacli par sa constitution lithologique.
de Guelma et des terrains adjacents ,
/3a. 000^.
Q est d'ailleurs aussi riche que lui en fossiles. Nous en avons
recueillis, en peu de temps, pi-és de cinquante espèces, dont 33
Ammonites. Envoie! la liste.
. JOLEAUD. — ÉTUDB DE l'iKFBACBRTACÉ 31 JaD
DESIGNATION
UKS Enpkcbh
OBSERVATIONS
Phrttocera» aff, s'i-am
Oi>pcl
'. Thety» d'Orb, . . ,
P. Goreti Kilian. . , ,
P. rf. KrnirHii VMif. .
ifiindiliulum ii'OrL>,
Lytoreran spec. ïndel.
L.erebriKalcatam L'iili^.
d'OrU.?
L. «iicp. indfl
MarrOêcapIlUe» Yvaiii
HUÏOB?
M, rr. aiptnn«dOrli.7.
Haniutina »pec. iiiilft.
i/, e\Kc. iiidi'l.
H. spec. indet, .
H.et HorerianatyOrh.'!
liochianiffu Rpt-i-. iiid.
PnlrhfUia Saiiia/rcani
HiTiiiile
P. spec. iiidet.
DeumnrrraH Hlrftlo»lo-
mnL'Iiliit \ C.
D. doiixi Snju ... \. C.
D. H|iui'.iiidut R. II.
Silpgitrit air. Srrai
S lnrerposiliivC.li'
Spdl« tfani. noy. iprr. indtt. di D
i lignv iHiIiirils mai» <I^«m]iIni.
i|i|>dlcun p*u Uamutina ttnuUKtfà
Coquill* liutv. 1 iKlion circuliirt^
do Pulrk. prorinriall
mnii il> lonl iiioini l-irgM M pr
ir.nrhtnti. Rpkwd ient™lr ■npi:
cnus^ d'un lillun uwi «Iruil et pn
Li pim coitdéii à dU«
. fl. S. G. F., (i), XXVII, p. 3;i, pi. VII, fig. i
Itpi A FAClis VASEUX PELAGIQUE EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE l3j
niiSIGNATIOX
DE» Espèces
Ilolcoitifcuii spec. ind,
■4nrr(orerns? sjiei;. ind.
A.7sprc. iadet
A.ïs[>rc. indct. . . .
A.ÎBper, indrt. . . .
A. (f. Comaeli d'Orb,
Uelerocfra» spcc. ind.
Toxoerras ipee. indct
T. (pee. îDilet
Itploceraa spec. indet
Btlrmnilrg cnriintirits
L'hlig
fi. minaret Raspiiil. , ,
â. «pec. indet
Dlcûfio cf. hinei-via Rp
indet
û. (f, Graai Du\al .
0. (f. Emeriri Blnin
'iirto speo. indet
A
C.
R
R
H
R
R
R
R
A
R
A
U.
R
H
II
R
1)
R,
R
R.
B
R
R
R.
H
R.
OBSRHVATIONS
CARACTiiaKS M.
!■ ligicpn YHilr«l« '"" t'ïiifl*eliir ; in
llnri [Wliiln. ]ieii l'iilUnlni.'ilont cerUiim
Cutuillc I iK-KiHi mnlr omta de cAIh uLtl-
l«r M* lubrfculrs triilrai;! |>r.>f(>(irti>iiicMl
'Iwinét en cinii, la partie Dlirne flanl pliii
liirgp f lnUi> Mlllfinl» ; mirlqurfoin rlfiii cô-
l38 A. JOLEAUD. — ÉTUDE DE T/lNFRAGKéTACÉ ' ai JanV.
Cette faune, on le voit, se distingue de celle du Djebel Ouach.
par la rareté des types caractéristiques du Barrémien inférieur i
nous n'y avons trouvé que trois espèces de Pulchellia (représen-
tées par neuf individus seulement) et un unique Holcodlscas ^
nous n'y avons point vu les couches à Leptoceras, qui cependant
pourraient se montrer dans le fond de TOued el Rebate. Par con^
tre, les genres Phylloceras, Silesiies, HamuUna y sont bien repré—
sentes. Cette particularité, jointe à la présence de Macroscaphite»
et à'Heteroceras, doit faire placer le Barrémien de Guélma, en
grande partie tout au moins, au niveau des couches à Hamulinaf
du Djebel Ouach (Barrémien supérieur).
Il faut noter, d'ailleurs, pour achever de caractériser ce gisement,
r absence à peu près complète d'espèces à faciès aptien et comme
à Constantine, la persistance des Duvalia des groupes bineroia et
Emerici.
Ces observations paléontologiques semblent faire différer assez
notablement Taffleurement barrémien du Dra el Kerroucha de
ceux étudiés par M. Blayac ^ sur d'autres points du bassin de
rOued Cherf. Au Djebel Taïa et à Medjez Sfa, particulièrement,
les Pulchellia et les Holcodiscus paraissent bien moins rares qu'à
Guelma ; mais les Céphalopodes déroulés ne semblent pas y être
aussi abondants.
Environs d'Hammam LIf : le Djebel Bou Kournine
M. Aubert^ a signalé l'existence au Djebel bou Kournine, près
d'Hammam Lif, en Tunisie ^, de dépôts infracrétacés, dont l'ensem-
ble représenterait suivant lui tous les étages de ce système, depuis
rhorizon à Hoplites Roubaudi d'Orb. jusqu'à TAptien. La rareté
des localités connues de l'Afrique du Nord, où l'on puisse voir
une pareille succession dans le Crétacé inférieur à faciès vaseux
pélagique nous a i)aru donner au Djebel bou Kbumine une impor-
tance toute particulière. Aussi ayant été appelé à passer un certain
temps à Hammam Lif et à Grombaliu avons-nous cherché à recon-
naître et à noter, aussi exactement que possible, les caractères
pétrographiques et paléontologiques qui pouvaient dift'érencier les
divers étages de l'infracrétacé dans cette région. Cette étude nous
1. Loa. cit.
2. ExpUc. de la carte géol. prov. de la Tunisie^ p. 8, lo.
3. Voir \cs feuilles de La Goulette cl de Gronihalia de la carte d'état-major
au i/5o.ooo* de Tunisie.
igOI A FAClis VASEUX PELAGIQUE EN ALGERIE ET EN TUNISIE iSg
paraissait^ d^ailleurs, devoir compléter utilement celle que nous
avions faite du Djebel Ouach.
Le Djebel bou Koumine (la montagne aux deux cornes), qui
atteint la cote 676 à 3 kilomètres seulement du rivage, est formé
par trois lignes de crêtes parallèles, que séparent de profonds
ravins, dont les uns, au nord, aboutissent au rivage du golfe de
Tunis, et les autres, au sud, vont se perdre dans la plaine de
Momak. Cette plaine est reliée à celle de Grombalia par le Kran-
guet el Hadjaj, qui sépare le Djebel bou Koumine du Djebel
Ressas (la montagne de plomb, 796 m.). Vers l'est, parallèlement
à cette chaîne dont Taxe principal est formé de calcaires liasiqnes *
courent une série de saillies crétacées dont les plus remarquables
sont, près du littoral, le Djebel Srara et le Djebel Halloufa.
"^ O.N.O.
Djebel el MokU
Fig. 6. — Coupe de llnfracrétacé dans les environs d'Hammam Lif.
Echelle : i/ioo.ooo*; hauteurs triplées.
<i£l, Alluvions ; 5, Sénonien; T, Turonien ; C/i, Génomanien ; Ap, Aplien;
B, Barrêmien ; i/, Hauterivien; V*, Valanginien.
Dans le fond de tous les principaux ravins entre Hammam Lif
et Grombalia, sur une longueur de plus de 16 kilomètres, nous
avons constaté la présence de Tlnfracrétacé, qui forme ainsi toute
une série de bandes parallèles. Les plus importantes sont :
i" Celle du ravin d'El Habba entre les deux crêtes principales
du Djebel bou Koumine, laquelle se prolonge vers le sud au-delà
de Crété ville, sur le flanc ouest du Djebel Ressass.
a® Celle de FOued el Ksob ou de Potinville (Bordj Cedria) entre
le Djebel bou Kournine et le Djebel Srai'a ; elle s'épanouit vers le
sud-est dans le Djebel el Gouad et le Djebel el Khoridja.
3** Celle de Toued Gattouna entre le Djebel Srara et le Djebel
Halloufa.
Dans cet ensemble de lambeaux infracrétacés nous avons distin-
gué la série de couches ci-après :
1 . A la base, des bancs de grès lustrés rougeâtres alternant avec
I. FicHBUR et Uaug. C K, Ac. Se, CXXn, p. i354.
l40 A. JOLEAUD. — ÉTUDE DE L INFRACRÉTAGÉ SI JailT.
des marnes grisâtres : ces couches qui ne nous ont présenté que
quelques DuQalia lata, un Lj'toceras cf. quadrisulcatum d'Orb. et,
dans la partie inférieure, Hoplites Roubaudi d*Orb., se montrent
sur les deux flancs de Taréte qui va d^Hammam Lif au signal du
Bou Kournine.
s. Immédiatement au-dessus, du côté d'El Habba, des alternances
de marnes grisâtres et de calcaires gris, en minces plaquettes, le
tout assez pauvre en fossiles. Nous y avons rencontré Holcoste'
phanus Astieri d'Orb., Davalia cf. lata Blainv., Pygope spec. indet.
3. Des marnes grises à Duvalia dilatata Blainv., Duc. Emerici
Blainv., etc. qui sont surtout développées vei*s Potin ville, où elles
renferment de nombreux Aptj'chus.
4. Des marnes et marno-calcaires grisâtres se débitant en pla-
ques, où MM. Aubert * et Haug - ont signalé Macroscaphites
Yvani Puzos. Cette zone s'est montrée particulièrement fossilifère
sur trois points : sur le côté droit du ravin d'El Habba, près de la
ferme de Potinvilie, et, au nord-ouest du Djebel el Djemaa, du côté
du Kranguet el Hadjaj. Elle est caractérisée par la présence
d'Ammonites pyriteuses des genres Phylloceras, Pulchellia^ etc.
5 . Des marnes grisâtœs à Duvalia Grasi Duval, au-dessus des
précédentes, sur le flanc droit du ravin d*El Habba.
*>. Des marnes d'un gris blanchâtre alteimant avec des calcaires
jaunâtres à Phylloceras Guettardi Rasp., Desmoceras Emerici
Rasp. Ces couches se montrent surtout très fossilifères près de la
cote i69, non loin d'une source canalisée qui alimente un abreuvoir
(Sebala) à la ferme d'El Habba.
7 . Des marnes semblables aux précédentes â Belemnites semica-
nalicufatus Blainv.
Cette succession nous a paru rappeler absolument celle de la
Provence. Les couches i et a répondent au Valanginien, la couche 3
à rHauterivien, la couche 4 au Barrômien, l'ensemble des couches
5, 6 et 7 à l'Aptien. Dans ce dernier étage la division est très nette
et absolument semblable à celle signalée par M. Kilian, dans la
Montagne de Lure et par M. Leenhardt dans le Yentoux. La
couche 5 répond au Bédoulien, la couche 6 au Gargasien inférieur,
riche en Ammonites et la couche 7 à la zone à Belemnites semica-
naliculaius qui couronne TAptien dans là Haute-Provence.
Ces difl'érentes zones nous ont fourni une soixantaine d*espèces
fossiles dont voici la liste, avec l'indication de leur degré d abon-
dance ou de rareté sur les deux points principaux, où nous les
avons recueillis.
I. Loc. cit.
a. Revue génér. des Sciences, tome 7*, 1896, p. 1047.
igoi A rAciis vasbux pélagique en alqérie et en Tunisie i4i
DÉSIGNATION
DBS EHPicBs
OBSERVATIONS
Lrlorerascl.anadriaul'
ntam d'Orti
UùleotUphanaa Aitieri
d-Orb
Htêlilet pexipljrphut
'\Uk biparlitua
Cilullo
fiapotja lala Blaiuv
Arr. tata Blainv. .
O.diiatala Blainv. . .
D. Emerici Blsin\-. .
Apljrchaa spcc, indet
/"Xiopr sper ind.t B. K
Cirforj» Bpev. inilct
^hyll/tceras alf. terun
P. rf. Thftys Sajn .
P- Miripta Coq ...
P.in/undibalam d'Orli
P.er. infnndibnliin
Sijn
tjlorFras spcc. Jndi-t
^Uh^Hia Satli-ageaui
Herniit«
iittmoceraa Sabdalta
Coq
D tir. yabdalxa Saya".
' D.tt. PaFandieri d'Orh.
: //. /tnubiuJi d'Orb
:n dem pièces, du groupe La-
meitoai. k lue rxlrma jwr-
R.
R. «
R K.
C.
B.R
H. R.
R R.
H. R,
R. U.
K. ».
H. R.
. B. K. - Dji-)h:I Iwu Kourniue. - P. - PolinviUi:,
A. lOLBACD. — ÉTCDB DE L'KFftACB±TAc£
DÉSIOATIOX
n n Eurvff OBSERVATIONS
4 Cajuctéiibs e
D.1 cirlenne Saii'n.
il. Gouxi Sayn .
SilelUrt aff SeranoniM
Sajii
S. ialfrfiOàilas Cnq
Leplocfitu ? tf. »fl»M
Setemniieg Fallaaxi
Lhlig
A. minaret llusp
DnvaVta cl. hiaiTt-ia
Turbo siiec. indtl
Cy-doW/ei?? s|)fi-. iiid. ï
nppmchnii k t™<«wf"
du Buu Kouniiw it Ll/l-
Phyllocema (ioreti Kil
P. Garltardi d'Orb.
iajaitdibiiluiii d'Drli
Lytocrrag c(. utiudri-
gulcatam d'Orli ?
B. K
B-K
B.K
alrangiilatum d'Orb, 1
Lj-loceras spoo. in
'iSI'
ip«n que dniii l« lyf*-
Lcnroulannildoùl
. ii. S. G. /■"., (3), XXVU, p. 3*i;.
L FACIÈS VASEUX PÉLAOtQt'B KX ALGÉRIE ET EN TUNISIE l43
SIGNATION
e«ra» Uxi'fMaih
It K
t NUaa d'OrU.
B K
ana Sarraiin.
H K
nwUbUg. .
B K
dalaa Coq.
B K
•rici Rasp. . .
B K
Angladvi Sqjii
U. K
I •D". Ser
■potilu* Coq .
igeaa cf. Sopha-
Coq
Uorlrti Kilian .
:c. indrt. . . .
oeera» et. Mar-
'Orb. . .
. indel. .
1 Uraai Uu\b1
Bpec. inilel. ,
OBSERVATIONS
srrs
..f,lu. droit,
burdi tonncnl tu
ïtUri ■ ' '
di. ki.
illfib. . ..
de là ng\i
ilcdl 11 coquille,
aainir Iltim.ialiittrtamm
SicMi
^lu, r
S'
■Il m pic, Ji
1. G. f.. (a), V, i-p«rtie, p. iC,:. pi. UI, % S
l44 A. JOLEAUD. — ÉTUDE DE L*INFRACRÉTACÉ 31 JanV.
Le Néocomien. comme on le voit, se montre tivs pauvre en
fossiles, pariiculièi'ement vers la base, où nous n*avons recueilli
que deux Ammonites pyriteuses. Vers le sommet, les fossiles pyri-
teux disparaissent et les Dui^alia prennent un grand développe-
ment, surtout comme individus.
Le BarrOmien est représenté par un deuxième niveau à Ammo-
nites pyriteuses. Les faunes de ses différents aflleurements, assez
semblables les unes aux autres, sont bien plus pauvres que celles
de Guelma et du Djebel Ouach. Elles n'offrent ni Tabondance des
individus du genre Phylloceras, ni les nombreuses espèces de
Pulcheliia et Holcodiscus du second, ni la richesse en Ph^lloceraSn
Desmoceras et Hamulina du premier. A Texception de Phy'Uoce-
ras infundibulum d'Orb.. les Ammonites y sontrai-es, {)articuliè-
rement celles des geni'es cainictérisliques du BaiTémien inférieur,
Pulcheliia (^ individus, i espèce). Holcodiscux {i individu), Lepto-
cera8(i individu douteux). Il en est de même des Gastropodes et des
Echinides. Nous n'y avons recueilli ni Lamellibranches ni Poly-
piers. Enfin quelques Ammonites à faciès aptien figurent dans la
liste : elles proviennent peut-être des couches supérieures d'où
elles ont pu être entraînées par les eaux qui ont profondément
raviné les flancs des mamelons infraci*étacés. L*ensemble de la
faune indiquerait plutôt, comme à Guelma, le Barrémien supérieur.
Il est fort possible d'ailleurs que le Barrémien inférieur existe à la
base de cette assise, mais les éboulisqui la masquent ne permettent
pas de l'y observer.
L'Aplien nous présente un troisième niveau à Ammonites pyri-
teuses, compris entre deux honzons où les Ammonites font com-
plètement défaut et où nous n'avons pu recueillir que de rares
Bélémnites. Les caractères de l'Aptien sont, d'ailleurs, sensible-
ment les mêmes que ceux du Barrémien supérieur. Les espèces
seules diffèrent. C'est ainsi que Phj'lloceras Guettardi Rasp. et
Desmoceras EmericiRsisp. sont aussi communs que l'étaient précé-
dement Phj'lloceras infundibulum d'Orb. et Desmoceras Gouxi
Sayn. Toutefois il convient de remarquer qu'ici se produit un fait
analogue à celui constaté a TOued Cheuiour ])ar M. Blayac S la
persistance de genres considérés comme essentiellement barrê-
miens, tels que Holcodiscus et Silesites. Un caractère négatif
curieux de cette faune est Tabsence complète du geni^e Hoplites^
habituellement si ahondunt à ce niveau en Provence, et même en
Tunisie, où Tindique M. Pervinquière -. En dehors des Céphalo-
1. Loc. cit.
2. iii DE Lapparent. Traité de géol., 4' édition, p. 129^.
igOI A. FACIÂS VASEUX PELAGIQUE EN ALQI^RIE ET Elf TUNISIE 1^5
podes, rAptien ne nous a présenté d* autres fossiles qu*un Gastro-
pode en très mauvais état, d'ailleurs.
Dans le voisinage de Tlnfracrétacé d'Hammam Lif on a reconnu
la présence du Lias, de TOxfordien, du Jurassique supérieur, du
Génomanien et du Turonien. Ces terrains ont fait Tobjet d'un
grand nombre d'études, particulièrement de MM. Rolland ^ Le
Mesle *. Aubert 3, Baltzer *, Ficheur *, Haug ^>, etc. Sur le flanc nord
da Djebel Halloufa des marnes grisâtres appartenant à TEocène
inférieur (?) nous ont fourni, Aturia spec. ind., Terebratula sp.
ind. et des Polypiers tous pyiîteux.
La Chebka Tebaga
En dehors des faunes des trois régions que nous venons d'étudier
et où nous avons fait des recherches personnelles assez longues, il
nous a été donné d'examiner un certain nombre de fossiles prove-
nant de la Ghebka Tebaga, à 6 kilomètres au nord de l'exploitation
d'antimoine de Hamimat, sur le flanc nord du Raz cl Bred. Indé-
pendamment de quelques espèces qui nous ont paru nouvelles,
nous y avons reconnu Phylloceras infuncUbulum d'Orb . , Desmo-
ceras getaUnum Goq., Belemnites cf. pistilliformis Blainv. Cette
(aune qui semble indiquer le Barrêmien supérieur ou l'Aptien
inférieur, parait en tous cas bien difl*érente de celle du Néocomien
indiquée par Goquand^ au Djebel Hamimat. Il n'est pas impossible,
d'ailleurs, que le Néocomien existe sur ce point au-dessous des
couches barrêmiennes ou aptiennes.
Résumé
En résumé, l'Infracrétacé à faciès vaseux pélagique, nous a paru
présenter dans le Nord de l'Afrique, la série suivante, où la suc-
cession des zones est sensiblement la même que celle à laquelle se
sont arrêtés MM. Munier-Chalmas et de Lapparent ^ pour le Midi
de la France :
I. C. R, Ac. Se, d; — B, S, G. F., (3), XVI, p. 847; XVH, p. lag; XVm,
p. ag, etc.
a. Exploration scientilique de la Tunisie; B. S. G. 7''., (3), XVIII, p. aog, etc.
3. B. S. G. F., (3). XVra, p. 334 : — Carte géoL prov. de la Tunisie et texte
explicatif.
4. N.Jahrb., 1893. T. H.
5. FicHBUR et Haug. C. R, Ac, Se, CXXII, p. i354. — Hauo. Revue génér. des
ScienceSy J* année, 1896, p. 1047. — A. F. A. S., baint-Etienne, 18^.
6. Mém. S. G. F., (2), V, i** partie, p. 71.
7. B. S. G. F., (3). XXI, p. 464 et suiv.
97 Aobt 1901. — T. i^r. BhIL Soc. G60I. Fr. ^ 10
iffi JOLEAUD. IXFaACaÉTACÉ A FAUÈS VASEUX PELAGIQUE 31 JaiiY.
( 9' Marnes à Beiemmles 9emicatuJiewiiatuB,
IT JÉamo^eaicaires à PhrUoceroM Gurttardi ri DtMmoceroM
EtnericL
\
BÉDOcxmr 7" Marnes à DmcaUa GrasL
sopèrienr Br Mamo-ealeaîres à Macrotcaphiies, Silrsiies^ Hamia-
lina et Poissons.
infériear
\ 5* Marnes à PmirkeiHa et Holrodiseus.
4* Caleaîres à Leptocrras ef. subHle,
i
K 1 Hauteriviex 3' Marnes à />a»^/ia dilatata. Duc. Emerici et vlpI^-cAna.
S \
S j ^9' Mamo-calcaires à Hoicostephanus Astieri et Duvaiia
^ I Vala:<(gi?cien « ia/n.
"^ ( r r Grès à Hoplites Roabaudi et Lyioceras quadrisuleatam.
Malgré cette succession si nette et dont le synchronisme avec
rinfracrétacé de la Haute-ProTence est frappant, on ne saurait
contester Tintime liaison de ces dilîérenles assises entre elles,
liaison qui constitue d'ailleurs le caractère essentiel des formations
bathyaJes et qui se manifeste non seulement par one grande unifor^
mité dans la constitution litholc^que, mais encore par la préexis-
tence ou la persistance d'espèces fossiles en dehors de la zone
dans laquelle on les a souvent considérées comme absolument
localisées. C'est ainsi que M. Blayac à Medjez Sfa et nous-méme
an Djebel Ouach, avons constaté la persistance dans le Barrémien
inférieur de Lissoceras Grasi^ Phj'Uoceras semisiUcatum, etc. ;
que nous avons recueilli dans le Bairémien supérieur du Djebel-
Ouach un certain nombre de fossiles habituellement aptiens,
tandis que M. Blayac observait à l'Oued Chenionr et nous-méme
à Hammam Lif la persistance dans i'Aptien de Siiesites. Desmoce-
ras et Holcodiscus à faciès nettement barrémiens.
En terminant cette étude nous devons adresser tous nos remer-
ciements à M. Ficheur. dont les savants conseils nous ont été d*an
précieux secours dans nos recherches.
NOTE
SUR LE FONÇAGE DU PUITS ARTHUR DE RUYER
EXÉCUTÉ PAR LA SOCIÉTÉ DES HOUILLÈRES DE RONCHAMP
(hautb-saônb)
par M. Mathieu MIEG.
Le fonçage du puits n° 1 1 « Arthur de Bu^er », exécuté par la
Société des Houillères de Ronchamp, a été achevé au commence-
ment du mois de novembre 1900 et a atteint la profondeur de
1. 010 mètres.
La Société géologique de France ayant eu l'occasion d'examiner
les premiers travaux de forage, lors de sa visite à Ronchamp,
pendant la réunion extraordinaire de 1897, il m'a semblé intéres-
sant de compléter la note parue dans le bulletin de la Société à
l'occasion de Texcursion du 3 septembre ^ de cette année.
(Test au mois d'octobre 189Q que fut décidée la création au
sud-ouest du puits du Magny, d'un nouveau siège d'exploitation,
devant comprendre deux puits, chacun de 4 mètres de diamètre
dans œuvre, destinés l'un à l'extraction de la houille, l'autre à
Taérage des travaux. Le plongement sud-ouest du leiTain houiller
aTec une forte pente — environ 3o centimètres par mètre — faisait
prévoir que l'exploitation atteindrait une profondeur d'environ
1000 mètres, mais pourrait être réduite à environ 900 mètres, à
cause du rejet de 100 mètres produit par la faille constatée dans la
galerie de recherche creusée au puits du Magny.
Ces prévisions ont été pleinement justifiées par les travaux, car
la première couche de houille a été rencontrée vers 85a mètres de
profondeur et la seconde vers SjS mètres.
Les travaux de fonçage du puits Arthur de Buyer, commencés
au début de l'année 1896 ont été achevés en novembre 1900, et on
est en train de creuser les travers bancs pour la construction des
recettes. Il aura donc fallu un peu moins de six années pour mener
à bien cet important travail. Étant donné le point choisi pour
1. ^.5. G. F., [3], XXV, p. ioo3, 1897.
Je tiens à remercier le Directeur des Houillères M. L. Poussigue, M. l'ingé-
nieur Faucillon et les employés de la mine pour l'empressement qu'ils ont
mis à me fournir les renseignements dont j'avais besoin pour ma note.
i4ô
X. MIEG
91 Jan
remplacement da nouveau poils d'extraction, les traTanx ont i
être conmiencés dans le grès bigarré. La coape complète d
terrains traversés, de hant en bas. pendant le fonçage da poits c
la suivante :
PllOFO?rDEUR ÉPAIflBBUI
Grès bigarré o" à 60-
Grès fin violacé, passant à la hase an grès vosgien . GoT à 70*
Grès vosgicn, avec nombreux galets de qnartz et
lO"
partie sablense à la base ....
Grès ronge, épaissenr 39 mètres environ. \
Argile rouge massive, puis argilolithes
bariolées plus stratifiées, ép. i36 m. env.
Alternances de grès, de brèches avec un
peu d*argile. puis argile avec petites
veines de grès, ép. 76 mètres env.
Grès ronge a grain tin avec brèches et
un peu d'argile, ép. 66 mètres env.
Grès avec brèches dominantes, ép. ii5
mètres env.
Argile avec quelques bancs de grès, ép.
160 mètres env.
Alternances de poudingues violacés et
d*argilolithes avec empreintes de feuil- 1
les de Cordaltes (entre 710 et 71a") ép-
iH mètres env.
Grès et poudingues violacés avec quel-
ques brèches, ép. 44 mètres 56 env.
Ttf" à 90-
^ SE
<5
X
T.
as
- 90" à 76î"56
•ae
674-56
l
Alternances de grès et de grès schisteux avec
empreintes de Cordaltes. etc., dans les parties
schisteuses, épaisseur 87 m. H4 environ.
Schistes avec nodules de carbonate de fer,
puis schistes houillers tins, ép. 8 m. 40 env.
Première couche. — 3 bancs de houille séparés
par des grès schisteux, dont le plus épais
d*environ o m. 80, les deux autres de o m. ao.
Grès gprossier avec troncs de Calamités, ép.
10 à 1 1 mètres env.
Deux petits bancs de houille de o*ao séparés
par s mètres de schiste houiller, ép. s m. 40
env.
Schiste houiller, ép. o m. 80 env.
Deuxième couche, comprenant environ i ni. 60
d'ouverture de houille avec intercalation de
a bancs minces de grès, puis o m. 40 de grès
et un nouveau banc de houille d'environ
o m. 80, ép. a m. 80 env.
Grès houiUer, ép. i mètre env.
K
X
S
X
e
a.
X
o
I
764-56
a
f«78-8o
ii4"a4
lOlO"
igOI NOTE SUR LE FOIfÇAOE DU PUITS 0. ARTHUR DE BUYER » l49
Propondrur ÉpAISSBtm
Terrain talqiieux.—TvLfde porphyre pétrosili- \ ^
ceux blanchâtre avec forts liions de calcaire j *g
dolouiitiqne, ép. 56 m. 90 env. I 5
Petit (lion de houille de o m. 10, représentation F ^ ^
de la couche de Mourière, ép. o m. 10 env. / ^ ^ i3i*ao
Terrain talqueux, ép. 6 mètres env. 1
Schistes de la grauwacke carbonifère, ép. ]
68 m. 90 env. j ^
Observations générales sur les terrains traversés, — Ainsi que
je l'ai indiqué dans ma précédente note, le grès bigarré repose en
stratification concordante sur le grès des Vosges, et le passage d'un
étage à l'autre se fait insensiblement, de sorte qu'il est impossible
d'établir une ligne de démarcation. Les bancs ont une pente de
8 centimètres par mètre. Le grès vosgien repose également en
stratification concordante sur le grès rouge. Les bancs du grès
bigarré et du grès des Vosges sont aquifères, aussi a-t-on constaté
dans les deux puits à la profondeur de 90 mètres, une venue d'eau
de 3oo mètres cubes par a4 heures. Afin d'empêcher l'eau de péné-
trer dans l'intérieur des puits, un cuvelage en fonte, absolument
élanche, est établi sur les cent premiers mètres, puis à partir de
cette profondeur, étant donné l'imperméabilité du grès rouge, le
fie vêtement des puits est, pour l'un d'eux en moellons taillés, et
pour l'autre en moellons artificiels de ciment.
En dehors des faits signalés précédemment, le grès bigarré et
te grès vosgien n'ont présenté aucime particularité à mentionner,
sâi-^f que le grès vosgien, — comme dans la coupe du moulin des
3£i-ttans — a une épaisseur très réduite et renferme des bancs
s£àl3leux, friables à la base.
Le grès rouge permien, a été traversé sur une épaisseur considé-
rable, d'environ 674 ^^' ^^' Les brèches de la partie supérieui^e et
ïï^oyenne du Permien, — particulièrement entre 4oo à 6oô mètres
ie profondeur — sont à éléments anguleux et renferment des
îragments de grès ferrug^eux ou siliceux, de porphyre violacé,
plus ou moins décomposé, de schistes de transition, et des cristaux
isolés de feldspath et de quartz.
l«s poudingues violacés de la base du Permien contiennent des
cailloux roulés d'un grès siliceux violacé, mélangés de fragments
àe porphyre violacé et de grains de quartz cimentés par une pâte
fernigineuse.
^s brèches du Permien contiennent divers minéraux^ de la calcite,
^k dolomie, de la barytine, de la pyrite et des traces de fer oligiste.
i5o M. MiBG ai JanY.
Les argilolithes de la base du Permien n'ont pas fourni de tiges
silicifiées , mais seulement quelques empreintes de feuilles de
Gordaîtés.
Comme accident de terrain il y a lieu de signaler, vers 4io mètres
et vers 675 mètres, deux petits accidents de faille, dont le dernier,
dans le sens de la houillère, relève la partie sud des terrains
traversés.
Le terrain houiller — ainsi que je l'ai fait observer précédem-
ment — plonge au sud-ouest avec une forte pente constante (envi-
ron 3o centimètres par mètre) et conserve dans tous les plans de
cette orientation une épaisseur constante.
Au puits Arthur de Buyer^ le terrain houiller a été traversé sur
une épaisseur d'environ ii4 m. a4» ®^ ^^ ^7^ ™- ^4» si on j ajoute
le terrain talqueux de la base, y compris le petit banc de houille
de 10 centimètres qui représente la couche de Mourière.
La partie supérieure du terrain houiller, jusqu'à la première
couche de houille, s'est montrée exclusivement composée de grès,
de grès schisteux et de schiste plus ou moins fin, avec nodules de
carbonate de fer dans les derniers mètres qui avoisinent la
houille. On remarquera l'absence des poudingues houillei's, ren-
contrés au milieu des bancs de grès, en d'auti'es points du bassin,
notamment au puits du Clianois, où ils sont formés d*éléments
faiblement roulés de roches cristallines : porphyre pétrosiliceux et
porphyrite mélangées de fragments de schiste de transition ver-
dâtre et de grains de quartz.
Les empreintes végétales renfermées dans les schistes houillers
jusqu'au voisinage de la première couche sont variées et ne diffè-
rent pas sensiblement de celles rencontrées sur d'autres points,
dans les exploitations de la houillère. On y constate Fabondance
des empreintes de feuilles et de fruits de Cordaïtes, mélangées
avec deux espèces de Sigillaires : S, tessellata, S. eliiptica; de
nombreux Pecopteris^ Cyclopteris , AsterophylliteSy Annularia;
quelques Lepidodendron , etc., flore fossile qui, d'api'ès Tabbé
Boulay * semble correspondi*e à une période assez longue de
dépôt qui atteint la base du terrain houiller supérieur. D'après
M. Grand'Eury * la flore de Ronchanip présente tant d'analogie
avec celle d'Épinac, près d*Autun, que la continuité des couches
houillères d'un point à l'autre semble probable.
Les schistes houillers contenaient également quelques fragments
I. B. S, H. N.y Colmar 1879-1880, p. 3a.
a. Grand'Eury, Flore carbonifère du département de la Loire, 1877.
I^OI MOTS SUR LE FONÇAGS DU PUITS <X ARTHUR DE BUYER » l5l
de Poissons ganoîdes palœoniscidés, à corps trapu, écailles rhom-
boidales ornées de lignes longitudinales qui (d'après des échantil-
lons plus complets de la collection Edouard Doll de Mulhouse,
provenant des déblais du puits Saint-Charles à Ronchamp, que
j*ai pu étudier), se rapprochent du genre Elaçeria Sauvage, de
Commentry.
Les grès houillers, assez grossiers, qui se rencontrent entre la
première et la seconde couche de houille renferment d'assez nom-
breux troncs de Calamités, C. cannoeformis ?, ayant jusqu*à i mètre
à I m. lo de longueur. D'après les observations et les dessins qui
m'ont été communiqués par l'ingénieur chargé de la direction des
travaux, M. Faucillon, certains de ces troncs, légèrement infléchis
vers la base et terminés en pointe, étaient dans une position per-
pendiculaire à la stratification et présentaient Tapparence de tiges
en place.
Comme accidents de faille, il y a lieu de signaler la faille ren-
contrée au midi du puits , qui ramène la première couche au
niveau de la petite couche intenuédiaire. Cette faille supprime les
schistes houillers, généralement très riches en empreintes végé-
tales, qui séparent la première couche de la couche intermédiaire.
Un accident de faille de peu d'importance a également été cons-
taté dans la seconde couche.
Les roches talqueuses de la base du terrain houiller ont été très
exactement décrites par M. Collot dans sa note sur les roches du
]>assin de Ronchamps * . Ce sont des tufs de porphyre pétrosiliceux
ilanchâtres, légèrement rosaires, formés de fragments feldspa-
thiques blancs, anguleux, renfermant des grains de quartz bipy-
ramidé.
Les granulations lumineuses de ce tuf forment des traînées dans
la matière amorphe, où sont noyés les cristaux anciens de quartz et
d'orthose, ceux-ci peu nombreux et petits. Ces tufs qui ont été
rencontrés sur plus de 5o mètres d'épaisseur au puits Arthur de
Buyer, étaient traversés par d* épais filons de calcaire dolomitique,
riche en fer, avec cristaux, recouverts de mouches de pyrite.
La dénomination de roche talqueuse donnée par les mineurs à ces
tufs [provient de ce qu'ils ont parfois — con^me dans certains
échantillons comprimés et un peu schisteux, que je possède, pro-
venant du puits du Clianois — un toucher légèrement talqueux,
savonneux.
I. Collot. Note sur les roches du bassin de Honchamp. B. S. G. F., [3],
^V, p. 1017-1018 (1897).
iSa M. MiEG 31 Janv.
A 935 mètres de profondeur s*est rencontré encore un petit filon
de houille de 10 centimètres d'épaisseur, qui est le représentant
de la couche de Mouricre et correspond à la base du terrain
houiller. Le petit banc de schiste siliceux qui vient en dessous
oflre déjà beaucoup d'analogie avec les schistes à Sphenopteris et
à Cyclopteris de la grauwacke carbonifère de Bourbach-le-Bas.
Une dernière empreinte végétale, peu déterminable, a été ren-
contrée, vers la limite du terrain talqueux, à la profondeur de
940 mètres dans un schiste siliceux.
Les schistes anciens du Carbonifère inférieur, sur lesquels le
Houiller est discordant, commencent à la profondeur de 941 mètres
et se continuent jusqu'à loio mètres, profondeur à laquelle a été
arrêté le fonçage du puits Arthur de Bwyer.
Application de la théorie de M. Fayol au bassin houiller de
Ronchamp. — Lors de la réunion extraordinaire de la Société géolo-
gique à Belfort (séance du 4 septembre 1897 à Belfoi*t), M. Collot
avait appelé l'attention de ses confrères sur la conformité de dispo-
sition du bassin houiller de Ronchamp avec celle que lui assigne-
rait la théorie de M. Fayol. La théorie des deltas houillers semble
en effet s'appliquer parfaitement à ce bassin.
Le terrain houiller de Ronchamp, déposé dans la grande dépres-
sion carbonifère qui s'étend au sud du système des ballons de la
falaise vosgienne, s'épanouit à l'ouest sur une gininde épaisseur —
plus de i5o mètres au puits du Chanois — pour se terminer en
pointe et disparaître peu à peu entièrement vers l'est.
Les couches de houille de la région — au nombre de trois avec
la couche intermédiaire — sont alfectées de la même manière ; elles
s'amincissent au levant et arrivent à n'en plus constituer qu'une
seule qui disparaît complètement. Les bancs de schistes et de
grès qui séparent les trois couches du système de Ronchamp vont
également en augmentant vers le couchant par l'amplification de
barres qui deviennent des bancs épais.
D'après les observations de M. Trautmann S les bancs de pou-
dingues houillers s'amincissent et deviennent de moins en moins
nombreux, à mesure qu'on avance vers le sud-est. Ainsi au son-
dage de Malbouhans on a traversé treize bancs de poudingues,
d'une épaisseur totale de 46 mètres, sur ia6 mètres de terrain
I. E. Trautmaxn. Etude des gites minéraux de la France. Ministère des
Travaux publics. Bassin houiller de Ronchamp. Paris, Quantin, i855, v. p.
II1I-II3.
igOI NOTE SUR LE PONÇAGE DU ^UITS « ARTItUtl DE fiUYtiR » l53
houîller; au puits Sainte - Marie , trois bancs seulement de ao
mètres d'épaisseur ensemble, sur loo mètres de terrain houiller ;
à Sainte-Pauline on ne trouve plus qu un banc de 6 à 7 mètres, sur
une épaisseur de 60 mètres de terrain houiller.
Les faits que nous venons de citer, et pai*ticulièrement Tamin-
cissement progressif et la disparition du bassin houiller de
Ronchamp vers Test et le sud-est, permettent de conclure, avec
M. Trautmann * que le courant qui a charrié et amené dans le
bassin, tant les roches que les matières végétales, venait du nord-
ouest, de terres basses émergées entre les Vosges, les Ardeûnes
et le Morvan. Les gros galets des poudingues se sont déposés les
premiers, — il est évident que certains éléments de ces conglomé-
rats ont dû être empruntés au terrain talqueux et aux schistes
carbonifères qui occupent le fond du bassin, — puis les sables et
les schistes se déposèrent à leur tour, et, aux époques où le courant
charriait de notables quantités d'éléments ligneux, ceux-ci ont été
en général amenés plus loin pour former les couches de houille.
M. Trautmann a fait observer en outre, que même à ces époques,
les eaux charriaient des sables et des argiles, qui se sont inter-
calés entre les dépôts ligneux , de préférence à leur entrée dans le
bassin de dépôt. La grande division des couches de houille vers le
nord-ouest les rend en effet inexploitables, tandis que c'est vers le
centre du bassin qu elles sont le plus régulières.
Quant aux troncs de Calamités, présentant l'apparence de tiges
etx place, observés dans le fonçage du puits Arthur de Bayer, ils ne
sauraient pas contredire la théorie des deltas et des troncs charriés
parles eaux torrentielles, puisque de nombreux troncs, présentant
les caractères de troncs en place, ont été également observés à
Gomiiientry, et que M. Fayol lui-même a démontré que dans un
courant rapide, nombre de végétaux, fût-ce même des frondes de
fougères, gaixient la station verticale, pour ne commencer à se
coucher que quand leur pied a touché le fond.
I. Ouv, citéf p. lia.
Séance du ^ Février f HOf
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
dernière séance. I^ rédaction de ce procès-verbal est adoptée. -
Le Président annonce la mort de M. 6. Chatin» Membre de Tins-
titut. Les études spéciales, auxquelles il s'était adonné, ne Tempe-
chaient pas de s'intéresser vivement aux travaux de la Société
géologique, dont il était membre à vie depuis i858.
Quatre nouveaux membres sont présentés.
M. Toucas donne quelques détails complémentaires de sa note
du 5 décembre 1898, Sur résolution des Hippurites.
Il fait connaître que, pour le moment, il n'est pas possible d* ad-
mettre un type ancestral comnmn ayant servi d'oiîgine à tous les
groupes d'Hippurites. Quatre formes ont apparu simultanément
dans le premier niveau à Hippurites (Angoumien moyen à Dira-
dJoUtes cornupasioris) : Hipp, resecius Defrance, Hipp, Requieni
Mathcron, Hipp, inferus Douvillé et une forme nouvelle qui est la
forme ancienne de Hippurites petrocoriensis Douvillé, différant
de celle-ci par son arête cardinale tronquée. Ce sont les quatre
types primitifs des grandes divisions établies par M. Douvillé,
Hipp* resectus pour les Hippurites à pores polygonaux, Hipp.
Requieni pour les Hippurites à pores linéaires, Hipp, inferus et
Hipp, petrocoriensis. forme ancienne, pour les Hippurites à pores
réticulés.
Chacune de ces trois gi*andes bi*anches comprend plusieurs
groupes, dont on peut suivre l'évolution depuis le type primitif
jusqu'à son extinction.
I" Hippurites a pores rkticulés.
Dans cette première branche on distingue deux groupes princi-
paux, donnant naissance à un sous-groupe.
1"
Groupe de Y Hipp. gallo provincial is Matheroii.
Sous-groupe de VHipp. Moulinsi d'Hombres Firmas.
Groupe de VHipp. g-iganteus â'Hombres Firmas.
^ ^ Sous-groupe de VHipp. Oppeli Douvillé.
La distinction entre ces deux groupes se fait sur le premier pilier,
toujours court et non pédicule dans le pi*emier groupe, tandis
SÉANCE DU 4 FÉVRIER I9OI l55
qu^il estplos allongé et constamment pédicule ou fortement rétréci
à la base dans le deuxième groupe.
Entre le groupe de VHipp. galloprovincialis et le sons-groupe de
VHipp, Moulinsi, la distinction se porte sur Taréte cardinale,
longue et lamelliforme dans le premier, encore saillante mais
toujours triangulaire dans le sous-groupe.
Dans le deuxième groupe, la distinction s* opère particulièrement
sur la valve supérieure qui, en s'épaississant dans le sous-groupe
de VHipp, Oppeli, transforme les pores en pores subréticulés.
Le groupe de VHipp. galloprovincialis a pour origine VHipp,
petrocoriensis^ forme ancienne, à arête cardinale tronquée, qu*on
rencontre dans le premier niveau à Hippurites de la Provence, des
Corbières et des Charentes. Il comprend en outre dans Tordre de
l'évolution :
Hipp. petrocoriensis Douviilé. dans rAngoumien supérieur.
— marticensis Douviilé, forme ancienne de 17/. j dans
dentatuê avec arête cardinale tronquée. ' le Cohiacien et le
— fçaUoprovinviaiis , \ Santonien inf.
— dentatas Matheron. dans le Santonien moyen.
— latns Malheron, dans le Santonien supérieur et le Campnnien.
Le sous-groupe de VHipp, Moulinsi débute dans TAngoumien
supérieur avec VHipp, Rousseli Douviilé, a arête cardinale tron-
cjuée, et se continue avec
Hipp. Moulinai, à arête cardinale tronquée, dans le Coniacien.
— sp. nov., forme récente de VHipp. Moulinai à arête cardinale
arrondie, dans leSnntonien.
Le groupe de V Hipp. giganieus a pour origine Y Hipp. in férus de
l*Angoumien moyen et comprend en outre :
Hipp. goaavienaia Douviilé. j dans
— sp. nov., forme ancienne de VHipp. gigan- ' l'Angoumien
teu8, avec arête cardinale tronquée. ] supérieur.
— giganteua, dans le Coniacien.
— Jeani Douviilé, dans le Santonien inférieur.
Knfin le sou.s-groupe de VHipp, Oppeli commence avec VHipp,
Zur^cheri Douviilé, du Coniacien, remplacé dans le Santonien
inférieur par une forme plus récente à arête cardinale arrondie, et
comprend en outre les (juatre formes suivantes de la Province
orientale :
Wpp . Bœhmi Douviilé. \
— inœquicostatus Munster. / probablement dans le
— Oppeli Douviilé. \ Cnmpanien.
— veaiculoauë Woodwcu-d. 1 *
l56 SÉANCE DU 4 FÉVRIER igOI
M. Douvillé rectifie une communication qu'il avait faite dans la
séance du 17 décembre dernier, à propos d*un Foraminifëre prove-
nant d'Egypte et communiqué par notre confrère M. Fourtau. Le
Secrétaire pour l'Etranger, M. Pervinquière, lui a signalé l'appa-
rition toute récente d'une note de M. Blanckenhom (Z. Z). G. G.,
vol. LU, p 4^3) dans lequel il est cpiestion de ce fossile, précé-
demment décrit par M. Chapman, sous le nom de Patellina cegyp-
tiensis (GeoL mag,, dec. IV, vol. 7, p. 3).
Ce nom de Patellina est employé par les auteurs anglais, depuis
Carpenter, pour les fossiles que les géologues du Continent dési-
gnent sous le nom d'Orbitolina. Carpenter a rejeté cette dénomi-
nation, qui est plus ancienne, par la raison que a d'après l'usage
suivi par un grand nombre de naturalistes, cette désinence indique
une forme vivante devant être rapprochée des Orbitoliies fossiles. »
Or cet usage n'était certainement pas accepté par d'Orbigny,
Tauteur du genre, puisqu'il l'a établi exclusivement pour des
formes fossiles. En outre Carpenter a indiqué lui-même les diflé-
renées qui distinguent ces formes fossiles des Patellina actuels,
et notamment l'absence dans ces derniers, du fin réseau sous-
épidermique qui est caractéristique pour les formes fossiles du
terrain crétacé. En réalité les deux types Patellina actuel et
Orbitolina crétacé, sont génériquement différents, et les deux
noms ne doivent pas être confondus.
Le fossile d'Egypte n*appartient pas au genre Orbitolina comme
nous l'avons cru tout d'abord avec MM. Chapman et Schluniberger ;
mais il représente seulement une forme voisine et nous adoptons,
à ce point de vue, la manière de voir de M. Blanckenhom. Comme
dans les Orhitolines, il exi:>te sur la face conique un épiderme
strié concentriquement et imperforé, et au-dessous un réseau fin
sous-épiJcrmique, puis une couche corticale formée de cellules
rectangulaires disposées en quinconce. Mais la partie centrale est
formée de couches régulières séparées les unes des autres par des
lamelles convexes perforées ; cette disposition est beaucoup plus
simple que celle que l'on observe dans les Orbitolines vraies. Il
faut donc adopter le nom nouveau de Diciyoconos (ou mieux
Dictyoconus) proposé par M. Blanckenhom. Ce fossile est indiqué
comme appartenant à TEocène, et il est extrêmement intéi^ssant
de retrouver à cette époque, relativement récente, un représentant
des Foraminifères à réseau sous-épidermique qui, jusqu'à présent,
n'étaient connus que dans le terrain crétacé.
ÉTUDES UTflOLOGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES
I.— SUR LE RATTACHEMENT A UNE SOUCHE COMMUNE DES DIVERSES
ROCHES INTRUSIVES DU TERRAIN ROUILLER DU BRIAN-
ÇONNAK;
MI. — SUR LES TR ACHYTES (ORTHOPHYRES) DU TERRAIN ROUILLER
DBS GRANDES-ROUSSES,
par M. Pierre TERMIER.
Entre la vallée de l'Arc au nord, et les vallées du Vénéon et de
la Gyronde au sud, le terrain houiller, qui joue, comme chacun
^^1, un rôle fort important dans la constitution de nos Alpes,
^^nferme beaucoup de roches éruptivcs. J'ai montré, dès 1892 ^
^ue, dans le massif des Grandes-Rousses, la bande anthracifère
située sur le versant oriental de la chaîne présente, alternant avec"
les grès et les schistes, de nombreuses coulées de trachytes
^orthophyres), des assises tufacées à débris trachytiques, et des
es de conglomérats à galets de ces mêmes trachytes. D'autre part,
n connaît, depuis Elie de Beaumont ^, l'existence, dans le terrain
Imomller du Briançonnais, d'amas intrusifs de roches dioritiques,
«âu contact desquelles l'anthracite se change en graphite. Charles
Hiory ' a décrit, après Elie de Beaumont, le gisement des « por-
phyres dioritiques » du col du Ghardonnet, et a signalé des
affleurements de roches analogues, sinon identiques, à Puy-Saint-
^/l^ndré et à Prelles, au Sud de Briançon. De 1880 à 1884, deux
Yjugénieurs du Corps des Mines, MM. Lâchât et Kûss, ont fait
connaître le « porphyre euritique » des Gardéolles, près de Saint-
0^^^i*ey ^. Enfin, les explorations entreprises dans la région
^liançonnaise par M. Kilian, par M. Lugeon,'et par moi, en vue
^c l'exécution de la carte géologique au '80.000*, ont amené lu
1. P. Tbrmier. Sur rexistence de la microgranuiite et de rorthopliyre
dans les Alpes françaises, C. R. Ac, Se, t. CXV, 1892 ; Sur les roches de
U série porphyrique dans les Alpes françaises, ibid,, t. CXYI, 1893. — Id. Le
MASiif des Grandes-Rousses. BulL des Serv, de la Carte géolog., t. Yl,
1894, n- 4o.
a. E. de Beaumont. Ann. des Sciences Naturelles, i'* série, t. XV, i8a8.
3. Ch JjOry. Description géolog. du Dauphiné, § a65. Paris-Grenoble, 1864.
4. BulL Soc, des Se. natur. du Sud-Est 1S84» p. 49~^i ; Bull. Soc, d'Etudes
de$ Haates-Alpes, t. IV, i885, p. 456-459; et rapports inédits.
i58 p. TEKMm 7 Pévr.
décoarerte de beaacoap d*aatres amas intnisifs, et nous onl
conduits peo à pea. M. Kilian et moi, à Tétode systématiqiie des
roches qui forment ces amas *. Dans le Briançonnais, comme dans
les Grandes-Rousses, le terrain a été fouillé partout : et les travaux
analytiques sur les roches éruptires du Carbonifère sont aujourdliui
assez aTancés pour que Ton puisse dès à présent essayer une
synthèse.
Je me propose, dans les pages qui vont suivre, d'étudier
successivement les roches intrusives du Uouiller briançonnais et
les trachytes du Houiller des Grandes-Rousses. Je ne rappellerai,
des descriptions antérieures, stratigraphiques et pétrogp^phiques,
que ce qui sera indispensable pour l'intelligence de ma thèse. Et
ma préoccupation sera de saisir le lien génétique par lecpiel se
rattachent les unes aux autres certaines de ces roches, ou de
montrer, au contraire, entre de certaines autres, des dissemblances
fondamentales et essentielles. Cette préoccuiiationy que j*apporte
ici, est, à l'heure actuelle, celle des lithologistes du monde entier.
I. — Roches intrusives du Houiller briançonnais
J*ai déjà établi que les roches intrusives du terrain houiller du
Briançonnais appai'tiennent à quatre types, en apparence fort
différents, et qui s*écartent en eifet les uns des autres, soit par leur
structure, soit — ce qui est beaucoup plus important — par leur
composition chimique. Ce sont :
Des DioRiTEs QUAKTZiFKREs {quarzdioHt)^ à biotite et amphibole ;
Des MicRODioRiTEs (dioritporph}'rity assez analogues aux
variétés basiques de Vestérellite Michel Lcvy {porphyres diori-
tiques d'E. de Beauniont et de Ch. Lory):
Des MicROSYÉNiTEs {sj'enitporphjnr) ;
Des MicROGRAMTEs (granitporphj'r)^ enfin, qui représentent le
terme acide et alcalin de la sériC'et qui sont les porphyres euriiiques
de MM. Lâchât et Kùss.
I. P. Tbrmibr. Sur rélimination de la chaux, par niétasomaiose, dans les
poches éruptives basiques de la région du Pelvoux. B. S, G, F,, (3X
XXVI. — \V. Kilian et P. Tbkmikr. Contribution à Tétude des microdiorites
du Briançonnais Ihid., XXVI. — P. Trrmikr. Micrograiiites de la vallée
de la Guisanne. làid,, XXVII. — W. Kilian. Excursion Xni' (Alpes du
Dauphiné et de la Savoie), Livret-Guide du Congrès géolog. international de
Paris, 1900. - P Tbrmibr. Excursion XHI' (massif du Pelvoux et Brian-
çonnais), Ibidem, — P. Tbrmibr, W. Kilian et M. Lugbon. Feuille
« Briançon » de la Carte géologique détaillée de la France au 80.000*,
Paris, 1901.
I9OI «TUDBS LITHOLOGIQUES DANS I^S ALPES FRANÇAISES iSg
DiORiTBS QUARTZUi'jkRES. — J'ai découvcrt, il y a quelques
années* de nombreux blocs de diorites quartzifères à biotite et
amphibole «lans le Glaciaire de la vallée de la Guisanue, au pied
de la forêt de Prorel. Comme ces blocs sont presque partout mêlés
et des blocs de gneiss et de granité qui proviennent du massif du
Pelvoux, j'ai longtemps cherché dans ce massif même le gisement
clés diorites, jusqu'au jour où je rencontrai deux lambeaux d'une
axicienne moraine, montrant des débris de diorite mêlés à des blocs
de grès et de poudingues houillers, sans aucun mélange de débris
g^'neissiques ou granitiques. Les lambeaux dont je parle sont situés
et la sortie de Monêtier-les-Bains, sur la rive droite de la Guisanne,
l'^un sur le chemin des Grangettes, l'autre sur le chemin du col de
|.^£ychauda. Il était dès lors évident que les diorites proviennent
des montagnes situées au nord de la Guisanne ; et j*appelai, au
■jaois d'août de 1899, l'attention de M. Kilian sur ces roches
âvitéressautes, et sur la probabilité d'en rencontrer des affleure-
^jaents parmi les très nombreux affleurements de roches intrusives.
f^on savant confrère et ami ne tarda pas, en effet, à me signaler
^''existence, dans les environs du col du Chardonnet, de plusieurs
^.mas intrusifs de diorites quartzifères, les unes identiques à celles
d^ Glaciaire de la vallée de la Guisanne, les autres peu différentes
^% établissant un passage entre les vraies diorites et les micro-
Dans les échantillons qui m'ont été remis par M. Kilian, aussi
l^ien que dans ceux dont j'ai fait la récolte au sein du Glaciaire, on
observe deux variétés de diorite quartzifère, l'une plus micacée,
i^autre plus amphibolique.
La variété riche en mica ressemble, de prime-abord, à un granité
à grain fin. La structure est franchement granitoïde. La biotite est
en voie de chloritisation, et la chlorite, très abondante, qui provient
de cette attaque du mica, communique à tout Tensemble de la roche
'^c teinte verdâtre. La hornblende, de couleur verte, est plus ou
^oins abondante, mais moins abondante que le mica. Elle est
J^^sez bien conservée. 11 y a du sphène. Les cristaux de feldspath,
idionaorphes pour la plupart, souvent volumineux, sont toujours
altérés, parfois même complètement kaolinisés : les moins altérés
Contrent encore des traces de mâcles répétées, et des îlots ou des
lîaepés d'albite secondaire. Le feldspath originel était de l'andésine.
x^aut au quartz, il remplit les interstices des autres minéraux.
La variété riche en amphibole renferme le plus souvent un peu
^ biotite. Neuf fois sur dix, elle n'est granitoïde qu'en apparence.
A.vec Taide du microscope, on constate que les vides laissés par
[6o
p. TERMIER
7péTr.
les grands cristaux de hornblende et d'andésine sont remplis, non
pas par le quartz seul, mais par une mosaïque granulitique (an
sens Miclicl-Lévv) de quartz et de plagioclase (oligoclase ou
andésine). II y a d*ailleurs tous les passages entre la variété micacée
et la variété amphibolique, de même qu*entre celle-ci et les
véritables microdioi*ites.
Voici deux analyses de diorites, qui montrent combien les deux
variétés, micacée et amphibolique, sont, en réalité, voisines Tune
de Tautre. Je transcris dans une troisième colonue la composition
d'une microdiorite à grands cristaux de hornblende qui provient
du Chardonnet (M. Kilian), et qui ne difT&re des diorites que par
une teneur en silice un peu moindre et une teneur un peu plus forte
en fer et en magnésie : cette roche représente bien le type habituel
et moyen des microdiorites de la région du Chardonnet.
SiO». . .
A1»0» . .
Fe»0> .
FeC). . .
MgO. .
CaO. . .
K«0. . .
Na»0 . .
Perte par calcination
Total. . . . .
Diorite quArtafère
du Chardonnet:
variélé micacér. &
stnicturr frr«nit(>Ide
(x),ao
19.60
a,i5
a,9i
5,61
1,93
3,19
2,59
ICI, .m
Diorite qiiaiiiiCtre
du Chardonnet :
variole
amphibolique.
A structure
intermédiaire
57,80
i9»"o
2,40
4,14
3,00
6,i5
1,37
3rio
iao,a8
Microdîoriie
du Chardonnet:
typegris-aoir
à grands crisiaui
de hornblende
55,5o
ao,6o
4,06
3,45
3,60
«,45
1,74
a,90
a,68
100,98
Dans ces trois roches, la métasomatose est, non seulement du
même genre, mais encore de la même intensité. Les analyses
ci-dessus sont donc vraiment comparables, sans qu*il soit néces-
saire de recourir à la restauration. On voit que la variété amphi-
bolique, pauvre en mica, est. non seulement quant à la structure,
mais aussi quant à la composition chimique, un intermédiaire
entre les diorites micacées, franchement granitoîdes, et les vraies
microdiorites, Iranchenient porphyroïdes ; et Ton voit, en outre,
que les différences entre les types extrêmes se réduisent, en
ïgOl ÉTUDES LITHOLOOIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES 161
somme, à peu de chose. Il y a, dans les trois types, la même
abondance do feldspath, et presque les mêmes teneurs en {Notasse
et soude. C'est par une moindre teneur en fer, magnésie et chaux,
que la diorile micacée s'écarte des niicrodiorites. Quant à Tabon-
dancc de la silice, il n'y a pas lieu d*y attacher une gi*andc
importance, car nous .verrons que, dans les microdiorites elles-
mùiiies, la proportion de SiO* varie de Sa à 64 %•
f.*a diorite * micacée du Chardonnet est donc une forme
^ranitoide du magma hy^po-abyssique qui, dans la même région,
9*est consolidé, le plus souvent, sous la forme microdioritique.
I^'identité des minéraux dans les microdiorites et dans la diorite,
^t r existence (variétés amphiboliques de diorites) d*un passage
oontinu, quant à la composition, et quant à la structure, entre ces
deux types de roches, ne laissent aucun doute sur leur étroite
parenté. La diorite micacée ne diffère de la moyenne des micro-
diorites du Chardonnet que par une moindre teneur en chaux,
xxiagnésie et fer. Elle renferme tout autant de feldspath, et,
sonsiblement, le même feldspath ; mais elle renferme moins
d^ampbibole et, en revanche, un peu plus de quartz et de mica noir.
Cette forme granitoïde est d'ailleurs exceptionnelle, malgré
l"^paisseur considérable (cent mètres et plus) qu'atteignent parfois
l^s amas intrusifs. Sauf des cas très rares, il n'y a de structure
parfaitement granitoïde que dans les roches micacées, et, d'autre
psàrt, les roches intrusives ayant la composition chimique de la
diorite micacée n'ont prer>que jamais la structure microdioritique.
C^uant aux variétés intermédiaires, sortes de diorites à amphibole
nnicrodioritoïdes, ou de microdiorites quasi-granitoïdes, elles sont
tx^s répandues dans la région du Chardonnet, et leur abondance
Tio semble guère moins grande que celle des microdiorites nette-
ment porphyroïdes.
NicRoniORiTES. — C'est aux microdiorites qu'appartiennent la
plupart des roches intrusives du Houiller briançonnais. Elles
^l>on(lent sur les deux versants des montagnes du Chardonnet, du
Raisin, du Vallon, lesquelles dominent Monêlier-les-Bains et ks
Guiberles. MM. Lâchât et Kûss en ont signalé d'autres aflleureiuents
près de Névache, au dessus du chalet de Queyrellin ; et M. Kilian
Ws a retrouvées dans la haute vallée de la Clarée, près des chalets
Ac Laval et de Jadis. Ce sont encore des microdiorites qui
y Je continue d'appeler cette roche diorite^ en raison de son aspect exté-
"«ttr.de sa couiposition minéralogique, et de sa structure. En réalité, ce nVsl
pu une roche obyssiquc, et, par conséquent, ce n'est pas une vraie diorite..
»: AoM 1901. — T. icr. Bull. Soc. Géol. Fr. — 11
I
1
ifo p. TERMIER J FéTT.
affleurent dans le haut du vallon de Fréjus, à la mine de graphite
qui s*ouvre au sud-est de la Cucumelle. Les méuies roches repa-
raissent au débouché du vallon de Cor varia, vis-à-vis de Monêtier;
à Réotier, près de Guillestre, dans un antidiDal aigu qui amène au
jour une mince bande de terrain houiller; et encore dans les
environs de Prelles, sur les deux rives de la Durance.
Aux affleurements, ces microdiorites sont souvent fort altérées.
Les surfaces exposées à Fair ont une couleur grise, ou vert foncé,
plus rarement une teinte brune. La cassure est vert clair, ou gris
verdàtre, on enfin gris sombre. Les microdiorites laminées
prennent l'aspect de chloritoschistes, de schistes talqueux, de
schistes serpentineux de couleur foncée. Quand il y a eu, à la fois,
laminage énergique et métasomatose profonde, on a des schistes
bariolés, verts, noirs ou lie-de-vin.
Dans la région du Chardonnet, on trouve en abondance de»
microdiorites relativement bien conservées, et permettant un^
étude pétrograoliique complète. On distingue alors deux types : 1^
type A, formé d'une pâte aphani tique de couleur noire ou vert-foncéi»
où nagent de grand cristaux de hornblende, lesquels ont parfois
plus d'un centinièti*e de longueur ; le type B, caractérisé par un^
couleur plus claire, généralement vert grisâtre, par le dévelop-
pement moindre des cristaux de hornblende, et par Tabondanc^
des cristaux de feldspath, blancs ou vert clair, visibles à Fœil na«-
Le type A fait immédiatement songera une porphyrite à hornblende^
le type B, à certaines microdiorites (Quenast), ou encore à certaine
diabases à grain lin. J'ai monti*é que ces deux types ne sont pa»
essentiellement différents; quils se mélangent dans les même»
afflem*ements; quils renferment les mêmes minéraux, présentanC^
les mêmes formes et ayant suivi le même ordre de cristallisation ^
et enfin qu'ils ont, à de très petites différences près, la mém^
composition chimique. Ce sont de simples variétés de structurez-
La hornblende se transforme quelquefois en chlorite. Les
cristaux de feldspath sont pi*esque entièrement kaolinisés. Dans h
pâte, chai*gée de chlorite, se développent des éponges secondaires^
de quartz. Cette pâte n*est jamais fluidale. Lorsqu'elle est relatL — '
vement peu altérée, on voit qu'elle est granulitique, et qa*eUi
ressemble à celle de la microdiorite de Quenast * (Belgique), 01
encore à celle de l'cstérellite (porphyre bleu de l'Estérel) -.
1. DE LA Vaixéb-Poussin et Rbnard. Acad, Rojr, de Belg. XL VIII, 187-
n^ 8, et mémoires couronnés, Û2., XL.
2. Michbl-Lévy. Mémoire sur le porphyre bleu de TËstérel. BulL
Serv, de la Carte géolog,^ n* 67, t. IX, 1897-98.
•igOI ETUDES LITHOLOGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES
l63
La métasomatose a toujours commencé par l'ablation d*une
partie de la chaux et la fixation d*eau et d* acide carbonique.
J*insère ici quelques analyses de microdiorites du Chardonnet,
le tableau de la composition de la roche moyenne du Chardonnet
après restauration S enOn les compositions de Testérellite basique
des (]ours et du porphyre de Quenast.
icrodiorite
Chardonnet
Type A
icrodiorite
Chardonnet
Type A
icrodiorite
Chardonnet
Type B
icrodiorile
Chardonnet
(moyenne)
restaurée
islérellite
basique
Cl
a.
S
S
S
3^
SiO^
02,55
55,5o
56,83
54,45
57,63
50,21
APO» .
» <
20,09
20,60
20,78
20,55
18,43
17,16
1 Fe«0» .
|FeO. .
>
»
i 1
4,84
4,36
4,06
3,45
3,55
2,82
Feo— 7,85 Fe« — 4,i3;
FM«iio,a6
■ MgO.
»
3,82
3,Go
3,07
3,00
2,38
2,08
ICaO. .
»
»
5,52
6,45
5,4 1
7,54
7,18
7,12
K-0.
» «
1.70
»,:4
1,40
1,85
i,3o
1,48
Na^O
K •
3,26
2,90
3,28
4,14
3,92
4,02
H«0 et CO«
3,49
2,68
2,64
»
5,20
2,79
To
TA
lL.
99,63
100,98
99,:8
99,38
100,17
101,12
Lies microdiorites de la vallée de la Clarée présentent les mêmes
types de composition et de structure. Elles sont, en général,
beaucoup moins bien conservées que les roches du Chardonnet.
Au débouché du vallon des Combes, sur la rive droite de la
Durance, entre Sachas et le point 1 183 de la carte d' Etal-Major, non
loin de Prelles, allleurent trois amas inlrusifs d'une roche verdàtre,
fort semblable, par ses caractères extérieurs, à la microsyénile de
Puy-Saint- André que je décrirai dans un instant. Le grain est
Waucoup plus fin que dans les microdiorites du Chardonnet et de
Névache ; la cassure est esquilleuse et rappelle celle des phonoliles.
Deux autres amas ont été signalés par M. Lugeon à un kilomètre
environ au sud-est des précédents, sur la rive gauche de la Durance,
cl sont constitués par des roches analogues.*
U y a d'ailleurs, dans ces roches des environs de Prelles, deux
1. P. Tbrmieh. Sur réliiuination de la chaux par inétasoiuatose dans les
roches érupUves basiques de la région du Peivoux. B. S, G. F., (3), XXVI,
p. 184.
iti4
p. TERMIER
7 FéVP.
types fort dilTérenls. Uamas le plus éloigné de la Durance (un peu
à l'amont du village de Sachas) est fait d'une microdiorite i-elati-
vement riche en quartz ; la microdiorite des quati^c autres amas est
beaucoup moins acide. Voici les compositions chimiques de ces
deux types de roches, dans leur état actuel, et leurs compositions
probables, après restauration.
SiO»
APO^» .......
Fe«0^
FtîO
MgO
CaO
K»0 .
Na^'O
Perlo par calciiiatioii
Total . . .
MiCRODIORITB ACIDE
DK Sachas
Actuelle
64,80
18,80
6,:i
!i,05
o,(î4
4.8.'»
101,7a
Restaurée
6a
18,5
»
6
a
4,;>
a
;>
1»
I(X),00
MiCRODIORITB
BASIQUB DR SaCHAS
Actuelle
ou, 10
aa,63
6,57
»
3,17
2,69
I.2Î
4,8a
3,74
99*96
Restaurée
Où
ai,5
»
6,5
3,5
6,5
a
5
100,00
Il n*est pas douteux que ces roches niaient perdu, par métaso-
matose, une forte quantité de chaux et de potasse, la chaux ayant
été enlevée au feldspath, et la potasse au mica noir ; mais, par
contre, les teneurs en oxydes de fer, magnésie, alumine et soude,
n'ont probablement varié que très peu pendant révolution
métasomatique.
Le deuxième type (type relativement basique, et, à Toriginc,
riche en hornblende) diilere donc des microdiorites moyennes du
Chardonnet par une richesse en alcalis un peu plus grande, une
prédominance plus niai*quée de la soude sur la potasse, une
moindi'e teneur en chaux (hornblende très ferreuse et peu calciquc) :
il leur ressemble, au contraire, par les teneurs en silice, alumine,
oxyde de fer et magnésie. Quant au premier type, il renferme
beaucoup plus de quartz et un peu moins d'amphibole. Sauf cela, il
n'y a pas de différence essentielle entre ce premier typiî et le second.
Je rappelle ici les analyses, publiées par M. Michel-Lé vy, de la
variété acide et du type moyen de Testérellite ' .
I. MicuKL-LiîvY. Lot\ cit., p. a3ô (p. 19 du tirage à part).
Igor ETUDES LITHOLOGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES l65
E^TtfRELLITK ACIUK EsTI^RILI.ITK MOYF.NNK
(Orphelinat de Boulerie) (Grande carrière du Dramont)
SiO«. 634: 6i,58
Al^O» 18,76 18,84
Pc«0' 3,74 4,68
3fgO 1,12 a,o4
CaO 7»io 0,59
-K*0 1,09 1,49
Tîa»0 . 3,93 4,37
;y*0* 0,40 .... 0,27
erte par calcination . . i,47 i)6i
Total 101,08 101,37
Ces deux variétés d'estérellite, cpii difTèrent très peu Tune de
'antre, s'écartent de la microdiorite acide de Sachas par une teneur
eaucoop plus grande (peut-être double à l'origine) en chaux,, une
«neur un peu plus faible en soude, et une proportion dé fer
otablement moindre. Le feldspath moyen est plus basique dans
estérellite que dans la roche de Sachas ; et la hornblende de
estérellite est riche en chaux et pauvre en fer, tandis que la
omblende des roches briançonnaises est riche en fer et pauvre en
iiaux. Malgré ces différences, qui sont loin d'être sans importance,
% ^Ê. série des estérellites ressemble d'une façon frappante à la série
des microdiorites briançonnaises : mais l'écart est beaucoup plus
|2n*and entre les microdiorites les plus basiques (Chardonnet) et les
I>Ius acides (Sachas), qu'entre l'estérellite acide de Boulerie et
l' estérellite basique des Cours.
M. Lugeon m'a signalé, en 1898, l'existence d'un affleurement de
^*^che microdioritiquc près des chalets de Loriol, sur le versant
occidental du massif de Pierre-Evrautz, et m'a confié des échan-
UUons détachés de cet affleurement.
La roche des chalets de Loriol ressemble, extérieurement, aux
microdiorites porphyroïdes du Chardonnet (type A). De grands
cristaux de horablende, d'un vert foncé, nagent dans une pâte
compacte, ti*anslucidc. d'un vert clair. Au microscope, on s'aperçoit
c\ue la structure est fluidale, et non plus granulitique ; fluidale à la
U(^n de la structure des andésites ou des dacites. Cependant la
roche est encore nettement hypo-abyssiquc, car la hornblende du
premier temps de consolidation ne présente aucun phénomène de
résorption ou de corrosion, et de plus, dans le deuxième temps de
l'onsolidalion, le seul minéral magnésien qui se soit formé est
encore la hornblende. 11 n'y a pas un seul microlile d'augite. La
composition chimique est d'ailleurs celle des microdiorites basiques
l66 p. TERMIER 7 FéTP,
du Chardonnet (Sa à 54 % SiO*). La roche de Loriol est donc encore
nne microdîorite, et il n'y a aucun doute sur la nature intrusive de
de son gisement. Ce fait de l'existence de microdiorites à structure
fluidale méritait d'être signalé. On sait que Testérellite n'est
jamais fluidale, non plus que la microdiorite des Monts Henry, et
que, d'une façon générale, la fluidalité est considérée comme un
caractère des roches d'épanchement.
Sauf la transformation, déjà constatée par Elie de Beaumont, de
l'anthracite en graphite, l'intrusion microdioritique n'a été accom-
pagnée d'aucun phénomène de contact. Nulle part, dans les
gisements briançonnais étudiés jusqu'à ce jour, les schistes et les
grès houillers qui touchent à la roche intrusive ne semblent
modifiés par elle ; et nulle part, non plus, la roche n'est autre près
du contact que dans l'intérieur de l'amas. Il n'y a eu ni métamor-
phisme exomorphe, ni métamorphisme endomorphe, ni difleren-
ciation dans les amas eux-mêmes.
MiCROSYENiTES. — C'est en 1899 que j'ai, pour la première fois,
parlé des microsyénites de Puy-Saint-André ' . Ces roches étaient
connues de Ch. Lory, qui les considérait comme des variétés
du porphyre dioritique.
Elles forment, sous le village de Puy-Saint-André, à une heure
de marche de Briançon, trois amas superposés, înterstratifiés tous
trois dans les assises houillères. La nouvelle route qui monte au
village est, sur plusieurs centaines de mètres de longueur, creusée
dans l'amas supérieur. Pour bien observer l'amas inférieur, c'est
l'ancienne route qu'il faut prendre. Quant à l'amas intermédiaire,
qui n'a guère plus de dix mètres de puissance, il affleure, en
contre-bas de la nouvelle route, sur le versant de droite du grand
ravin du Rif-Claret. Les épaisseurs de l'amas supérieur et de
l'amas inférieur, comptées normalement aux strates houillères
encaissantes, atteignent respectivement 60 et 100 mètres.
Les trois amas sont parfaitement homogènes. Dans aucun d'eux,
on n'observe la moindre trace d'une difliérenciation an voisinage
du contact. La structure de la roche et sa composition chimique
ne varient point. Les schistes et les grès encaissants n'ont subi
aucune modification.
Ces microsyénites sont des roches d'un gris sale ou d'un vert
clair, ayant à l'œil nu l'aspect général des trachytes (orthophyres)
des Grandes-Rousses. La cassure est esquilleuse, avec esquilles
I. B, S. G. F., (^, xxvn, p. 408.
*Tgpl àrmEB LITHOLOdlQUM DAK8 X.VS ALPS8 FRÀNCAIiSB 167
translucides d*Qn gris très dair on d'on vert très pâle i dans cette
cassore, la roche apparaît compacte, semblable à un phonoUte^ et
ne laisse voir à l'œil nu que de petites lamelles de feldspath (très
nombreuses) et de rares grains d*an vert sombre qni sont de la'
dilorite. La poussière de la roche est d*un blanc sale.
Au microscope» on voit nettement deux temps de consolidation.
Les grands cristaux sont» la plupart, de feldspath, et les autres de
ehlorite, ce dernier minéral épigënisant d'une façon à peu près
complète d'anciens individus de mica noir. Les cristaux feldspa-
fhiqueS renferment de nombreuses inclusions de ehlorite et des
grains de kaolin» et sont formés, pour le surplus, d'oligoclase à i8
ou ao An. L'apatite, en prismes limpides, est assez abondante. La
pâte est, le plus souvent, un feutrage de microlites dont les
interstices sont garnis de ehlorite et de quartz. Quelquefois, le
quartz et le feldspath sont, dans lapftte, en quantités comparables :
la structure devient alors microgranitique. Plus rarement, les
microlites feldspathiques deviennent idiomorphes : ils donnent
des sections rectangulaires allongées, qui s'orientent vaguement
dans la roche et manifestent ainsi comme une tendance vers la
structure fluidale. Ces microlites, en tout cas, paraissent appar-
tenir à l'orihose.
J'ai dit que les cristaux de ehlorite sont des épigénies de biotite.
Dans certains cas, la forme du mica noir est très reconnaissable;
d'autres sections montrent des témoins, des sortes dllots, de la
biotite originelle. Dans beaucoup d'individus, on voit nager, au
milieu de la ehlorite, des grains d'ilménite ou de sphène,ou encore
des prismes de rutile.
Voici quelques analyses de ces roches de Puy-Saint-André.
II
III
SiO> ...
Al'O»
Fe«0». ...
MgO
CaO ....
K«0
Na«0. ...
Perte au feu .
Total.
IB
«3,69
ai, 10
3,89
1,89
1,43
a,33
5,07
a,76
103,16
63,45
20,43
4,ao
0,88
2,69
a,3i
4,98
2,19
ioi,o3
63,3o
90,68
3,9a
0,74
a37
a,i8
4»9i
a,45
100,55
x68 p. TER&iiER • 7 Févr.
Les trois échantillons analysés ont été pris en trois points
distants les uns des autres de plusieurs centaines de mètres, et
même l'échantillon I ne provient pas du même amas intnisif que
les deux autres. La roche de Puy-Saint- André a donc une compo-
sition chimique remarquablement constante. Sa composition
minéralogique actuelle est, en moyenne et approximativement :
i3 Vo orthose, 4^ albite, iq anorthito, 8 chlorite et ilménite,
la kaolin et i3 quartz.
On peut conclure de là que la roche originelle contenait, en
nombres ronds, 8o % de feldspath, lo % de biotite (avec un peu
de magnétite), et lo % de quartz. 11 n'y a d'incertitude que sur les
proportions originelles des trois feldspaths, orlhose, albite et
anorthite. Mais si Ton tient compte de ce fait que, dans toutes les
roches de la réffion, Tanorthite est moins stable que Talbite, et
celle-ci moins que Torthose, on arrive à restreindre beaucoup le
champ des hypothèses. En moj^enne, la roche originelle de
Puy-Saint-André devait s'écarter très peu du mélange minéralo-
gique suivant : i4 "A' «rlhose, 4î> albite, i8 anorlhite, ii biotite,
2 magnétite, lo quartz ; lequel mélange correspond à la composition
chimique suivante :
SiO^ C!i,52
Al-O' !IO,3U
Fe«0' 2,85
MgO 1,88
CaO. . 3,82
K«0 3,36
Na»0 5,3i
Total 99,94
Cette composition s'écarte de tous les types classiques. Aucune
roche granitoïde connue rie contient pareilles proportions de silice,
d'alumine, de chaux, de potasse et de soude. Le tableau ci-dessus
fait songer à la fois à im granité (mais il y a trop d'alumine), à une
syénite k feldspathoïdes (mais il y a trop de chaux), à une mon-
zonite * (mais il y a trop de soude, et pas assez de magnésie), à une
diorite à quartz et mica (mais il y a trop d'alumine et trop d'alcalis).
C'est qu'en effet la roche de Puy-Saint-André représente, non pas
la forme hypo-abyssique d'une syénite, d'un granité, d'une
monzonite ou d'une diorite, mais la forme hypo-abyssique de l'un
de ces magmas préalablement différencié.
Les ressemblances sont grandes entre la microsyénite de Puy-
I. Aa sens de Brûgger.
I9OI ÉTUDES LITHO LOGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES X69
Saint-André et là microdiorite moyenne du Chardônnet. C'est la
môme richesse en feldspath, et la même structure ; et les conditions
de gisement sont identiques ; et enfin, les microdiorites de Sachas
forment entre ces roches un intermédiaire naturel, ou plutôt
(puisqu'il y a deux types à Sachas) deux intermédiaires. En
remplaçant peu à peu la hornblende par le mica noir, les grands
cristaux d'andésine (ou de labrador) par des cristaux d'oligoclase,
et les microlites d'andésine par des microlites d'orthose (ou
d'anorthose), on passerait insensiblement du type Chardônnet à
52 <>/o SiO* au type microsyé ni tique de Puy-Saint- André.
MiCROGRANiTES. — J'ai décrit ici-même ^ en 1899, le microgra-
nite des GardéoUes. qui forme, dans le terrain houiller, près du
Villard-de-Saint-ChafTrey, sur la route du fort de l'Olive, trois amas
intrusifs -. Cette roche est le porphyre eu ritique de MM. Lâchât et
Kûss. On n'observe aucun phénomène de contact.
Je me contente de rappeler que la roche des GardéoUes est très
blanche ; qu'elle montre à l'œil nu, dans une pâte aphanilique, des
grains de quartz et des individus de feldspath ; que ce feldspath est,
partie de l'orthose, partie de l'oligoclase-albite ; que la pâte est
granulitique et formée de quartz, orthose et albite ; qu'enfin la
roche moyenne tenait à l'origine, suivant toute vraisemblance :
22 % quartz, 40 albite, 23 ortliose, 10 anorthite et 5 biotite. El je
transcris, en regard l'une de l'autre, la composition moyenne
actuelle, et la composition originelle probable ^.
Roche moyenne Roche moyenne
Actuelle Restaurée
SiO*. 71,90 70,55
Feî03 P ^ '^''^ '"'^^
MgO o,36 o,85
CaO . . 1,53 2,10
K^O. 2.38 ... 4,29
y^'O 3,37 4,72
Perle par calcinalion . . . 2,25 Néant
Total 99,89 99,80
T. B. S. G. F., (3), XXVII, p. 400.
2. L'un (le ces amas a plus de cent mètres d'épaisseur. La roche n'y est
pas (lifTérente au centre et sur l«^s bords, et elle ne dilTère pas non plus de
la roche des deux autres amas, bcauciup moins épais.
3. l'ne erreur importante s'était glissée dans mon ])remier essai de
restauration (lorn citato, p. 407). Je corrige ici cette erreur qui avait trait aux
proportions relatives d'alîiite et d'orthose.
4. 11 n'y a que de faibles traces d'oxyde de fer.
170
p. TERMIER
7FéTP.
J*ni dit aussi qu'un microgranite, à peu près identique à celui
des GardéoUes, a été découvert par M. Primat au Serre-Barbin,
près de La Salle. Ce nouveau gisement, que j*ai visité en compagnie
de M. Kilian, se compose de plusieurs amas intrusifs, de faible
épaisseur ^ , affleurant au milieu des assises houillères horizontales.
RÉSUMÉ ET Conclusions. — Les roches intrusives du terrain
houiller briançonnais offrent de telles analogies de composition et
de structure que Ton ne peut douter qu'elles ne forment une série
.continue, comparable aux plus belles suites lithologiques étudiées
jusqu'à ce jour.
Les principaux termes, actuellement connus, de cette série,
avaient originellement, je veux dire avant toute métasomatose. les
compositions approximatives suivantes : -
SiO»
APO»
FeO
MgO
CaO
K«0
Na>0
Microdiorites les plus
basiques
Microd. moyennes I. .
Microd. moyennes n. .
Diorite quartzifère mi-
cacée
Microdiorites acides, .
Microsyénile
Microgranile
52
54,3
56
60
62
62,5
70,5
21
20,5
20,5
19
18,5
20
16,5
9
8
6,5
6
6
3
I
4
3,5
3,5
3
2
2
I
8,5
7,5
6,5
6
4,5
4
2
I
1,5
2
2
2
3,5
4
4,5
4.5
5
4
0
5
5
On voit qu'en classant ces roches par ordre de teneur croissante
en silice, on les classe du même coup par ordre de teneurs
décroissantes en oxydes de fer, en magnésie et en chaux, et par
ordre de richesse croissante en potasse. L'alumine ne varie presque
pas, sauf dans les variétés où le quartz abonde ; et partout il y a
beaucoup d'alumine, parce qu'il y a beaucoup de feldspath. Enfin,
chose tout-à-fait remarquable, la richesse en soude — c'est-à-dire
la proportion centésimale d'albite — est sensiblement constante.
Si Ton ne regarde que les colonnes de la silice et de l'oxyde de
1. On peut compter au moins quatre amas superposés.
2. Dans ce tableau, la somme des nombres de chaque ligne horizontale
est égale à 100. Les microdiorites moyennes I sont celles de la région du
Chardonnet; les microdiorites II sont celles des environs de Sachas et dé
PreUes.
igOI ÉTUDES LITHOT.OGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES I7I
fer, on voit s'élargir un hiatus entre les microgranites et les micro-
syénites; mais ce hiatus n'apparaît pas dans les autres colonnes.
De môme, par les teneurs en FeO et en K*0, la différence semble
grande entre les microdiorites acides et les microsyénites ; mais,
pour tous les autres éléments, le passage est insensible. L'ensemble
du tableau donne au plus haut degré l'impression de la continuité.
Quelle était la nature du magma profond d'où dérivèrent, par
voie de différenciation, ces roches sœurs?
A cette question, il n'est pas possible de répondre d'une façon
précise. La roche de profondeur, la roche ahyssique qui correspond
à ce magma, n'affleure nulle part dans la région. Tous les affleu-
rements connus sont hypo-abyssiques^ et formés de roches qui ont
épuisé leur faculté de différenciation, en même temps qu'elles ont
perdu tout pouvoir d'agir sur les sédiments encaissants.
La seule manière d'approcher de la vérité c'est d'admettre que le
magma profond contenait des quantités des divers magmas hypo-
abyssiques proportionnelles à l'importance des affleurements de
chaque type. Cette proportionnalité n'est nullement certaine, mais
elle est, tout au moins, vraisemblable. On obtient ainsi une
évaluation grossière de la composition du magma abyssique, en
affectant de coefficients appropriés les sept types du tableau
ci-dessus.
Dans une première approximation, je propose d'attribuer à ces
types les coefficients suivants :
Le coefficient \ aux microdiorites les plus basiques ;
8 » moyennes I:
2 » » II ;
I à la diorite quarzifère micacée;
1 aux microdiorites acides;
2 aux microsyénites;
2 aux microjçranites;
la somme des coefficients étant égale à vingt ^
Le magma abyssique, souche commune des roches intrnsives du
Houiller hriançonnais, aurait eu, d'après ce calcul, la composition
suivante (en néglip^oant, bien entendu, comme dans tout ce qui
précède les éléments accessoires, TiO', MnO, P*0% qui ne se
trouvent qu'à l'état de traces dans les roches briançonnaises) :
I. J'ai évalué ces coefficients en tenant compte, pour la région que je n'ai
pas moi-même parcourue, des levés géologiques exécutés par MM. Kilian et
Lugeon, et des renseignements que ces excellents confrères ont bien voulu
rae donner à diverses reprises en me communiquant leurs échantillons.
l'ja p. TERMIER ^FéVlT»
SiO». . 57,2
APO» 19,975
FeO 6,65
MgC) 3,10
CaO 6,475
K*0 1,95 •
Na-O '1,65
Total 100,000
Cette composition didero peu de celle de la diorite quartzifèi'©
micacée du Chardonnct, et elle est pix?sque identique à celle de la
microdiorite moyenne de Sachas et de Prelles. Elle coiTespond
appi'oximativement au mélange de :
Albite ............. 40
Ortiioso •. . 10
Anorthitr ao
Biotite 5
Hornblonde ao
Quarlz 4
Fcp oxydulé i
Total ..... 100
dont la composition serait :
SiO- 07,05
APO> ,9,98
Ft'<> ......... ..... 5,95
MkO . . 3,45
CaO 5,93
K-O a,09
NaU) -5,73
Total. .... 91). 17
Il est donc assez vraisemblable que le magma abyssique d'où
dérivèrent, par voie de différenciation, les roches intnisives du
Houillcr briançonnais, soit un magma monzonitique (au sens de
M. Brôgger). Si Térosion mettait un jour à découvert la roche
profonde qui est résultée de la consolidation de ce magma non
différencié, on verrait une monzoniie (Brôgger), c'est-à-dire une
roche d'acidité moyenne, très riche en alumine, tenant peu de
magnésie, et dans laquelle la somme des teneurs en alcalis serait à
peu près égale* à la teneur en chaux.
Cette inonzonite brian^onnaise différerait toutefois de la mon-
zoniie classique du Tyrol ' par la [)rédoniinance très marquée de
I. D' W. C. Biioc.GKR. Die Eruptivjçesteinc des Krislianiajçehietcs, II, die
lù'uptionsfol^r dcr (riadisrlum EriiptW^esieine bei Predazzo in Sudtjrroly
Krisliaiiia, iS«j.').
jg/Ol ÉTUDES LITHOLOOIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES l'j3
la soude sur la potasse. Ce serait une monzonîte sodique, ou à
affinités akéritiques * ; au lieu que dans la monzonite moyenne de
Predazzo, la potasse et la soude sont en quantités presque égales.
Mais cette dllFérenee. n'est pas bien grande, et ce serait la seule
différence. La monzonite dont j'entrevois Texistence sous nos
Alpes briançonnaises pourrait, tout aussi bien que la monzonite
classique, se raLitaLcher pétrogénêlUfuement au Slammmagma ^ des
roches tyroliennes.
Je rappelle en terminant que nous ne possédons aucune donnée
sur Tàge des roches intrusives du Houiller briançonnais. Nulle
part on ne les a trouvées à Tétat de galets, ni dans les bancs de la
formation houillère, ni dans les conglomérats permiens, ni dans les
grès triasiques, ni dans les brèches du Lias. Il n'est pas invrai-
semblable que leur « mise en place » se soit opérée pendant Fère
triasique.
IL — Trachytes (Orthophyres) des Grandes-Rousses.
Sur les iracliy'tes ^, ou comme je les ai appelés jusqu'ici, les
orthophyres des Grandes-Rousses, je n'ai à ajouter que bien peu
de renseignements lithologiques et géologiques à mes précédents
mémoires *. Ces trachytes sont des roches d'un vert clair (Château-
Noir, glacier de la Selle, Saint-Chrislophe-en-Oisans), d'un gris
clair (Le Frenoy-d'Oisans), ou d'un voii bleuâtre (col de la Croix-
de-Fer). L'aspect de la cassure Iraichc lait invinciblement songer
aux phonolites. (Test la jnônie conipaeilé de la pâte, le uiénie éclat
cireux, la même cassure esquilleuse, la niènie translucidité. Il va
sans dire que cet aspect phonolitique disparaît dans les variétés
laminées qui sont, comme bien on pense, très fréquentes. Ces
trachytes laminés ressemblent à des schistes à chlorite ou k
séricite.
I. Je fais ici allusion à Vakérite de M. Hroggrer.
a. Biiôg(;er. Loc. cit., p. i58. Il existe une dillerence du même ordre entre
le Stiunminagtna tyrolien et la tonalité (jui en est la plus importante déri-
vation.
3. Avec la plupart des lithologistes, je propose d'appeler trachytes toutes
les roelies d*«''panelienienl i\\i\ ont la composition chimique des syénites,
quels (jue soient d'ailleurs Tâjce et l'état de conservation de ces roches
d'épanehemenl. Les noms d' orthophyres et d'alffitophyres^ par lesquels on
a lonjjtcmps désijçné les vieux trachytes, me paraissent devoir tomber, peu
à peu, en désuétude.
4. P. Triimieu. Le Massif des Grandes-Rousses, Bull, des Sen^nces de la
Carte géotog-., n" 4<J, t. VI, p. ai4, (p. 4^> ^^ tirage à part).
1^4 P- TKRMIEB 7 Fcvr*
Uaualogie avec les phouolites Q*est plus aussi frappante quand
on étudie la roche au microscope. Et d'abord, je n'ai, jusqu'ici,
trouvé, dans les trachytes des Grandes-Rousses, aucune trace de
la présence, actuelle ou originelle, des i'elclspatliides : mais cet
argument, purement négatif, ne suffirait pas, étant donné Tinsta-
bilité des feldspathides en général et de rhaûyne en particulier,
et, d'autre part, la métasomatose profonde qu'ont subie la plupart
des affleurements. En second lieu, les trachytes des Grandes-
Rousses ne renferment pas de pyroxène, tandis que les pyroxènes
verts, plus ou moins sodiques, plus ou moins voisins de Tsegirine,
sont un élément, sinon nécessaire, au moins presque constant des
phonolites. En troisième lieu, les microlites feldspathiques, même
quand ils sont très aplatis parallèlement à ^' (oio), ne sont pas
disposés parallèlement à la surface de plus grand refroidissement.
Pour ces diverses raisons, je crois que les trachytes des Grandes-
Rousses sont de véritables trachytes, et non pas des phonolites.
Je rappelle que ces roches sont très feldspathiques ; qu'elles ne
renferment, en fait de minéraux magnésiens, que le mica noir ;
que le quartz de première consolidation y est rare ; que la pâte
renferme parfois du quartz, mais toujours en très petite quantité ;
que les feldspaths dominants sont orthose et anorthose ; que ces
deux espèces forment la plus grande partie de la pâte microlitique ;
que l'oligoclase est fréquent parmi les cristaux du premier stade .
Je rappelle encore que les minéraux accessoires sont surtout le
zircon * et l'apatite. Le fer oxydulé, le fer titane, le sphène, géné-
ralement peu répandus, prennent une certaine importance dans
quelques échantillons.
La pâte est presque toujours microlitique, avec ou sans fluida-
lité; elle est quelquefois granulitique (au sens de M. Michel-Lévy),
surtout dans les variétés acides de la région Nord (col de la Croix-
de-Fer).
Les trachytes des Grandes-Rousses forment d'épaisses coulées,
alternant avec les assises houillères. Dans les assises sédimen-
taires qui surmontent ou séparent les coulées, il y a fréquemment
des bancs épais de conglomérats trachytiques, où des galets de
toute nature et de toute dimension sont môles à des cailloux roulés
de la roche éruptive, et noyés dans un ciment gréseux rempli de
I. L'abondance du zircon est curieuse. On retrouve celte même extraor-
dinaire diffusion du zircon dans les trachytes et l(^s dacites du Carbonifère
inférieur de la Loire et de la Saône-et-Loire (porphyres noirs de Grùner),
qui se rapprochent d'ailleurs des trachytes dauphinois par beaucoup
d'autres caractères.
1901 ETUDES LITHOLOGIQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES 1^5
débris feldspathiques. Ces conglomérats sont analogues aux grès
porph/riques de la Loire. Dans certains bancs, les matériaux
trachytiques, plus ou moins roulés, sont tout-à-lait prépondérants ;
et Ton a aussi de véritables tufs. Certaines coulées (Château-Noir,
Freney) renferment en abondance des débris d'une roche de même
composition chimique, mais de structure un peu différente (tendant
vers la structure ophi tique). Il y a enfin des coulées scoriacées.
Cette venue trachytique, qui a duré pendant une partie de
Tépoque stéphanienne, a été fort importante dans toute la région
des Grandes-Rousses. Au Château-Noir, sur TAlpe de Sarenne,
Fépaisseur de la formation trachytique atteint cinq cents mètres.
Au col de la Croix-de-Fer, les coulées et les couches de tufs, empi-
lées les unes sur les autres, ont une puissance totale de plus de
mille mètres; et comme elles sont relevées en anticlinal, le chemin
muletier les traverse sur plus de deux kilomètres de longueur.
Dans ces dernières années, j'ai découvert, dans les granités et
les gneiss du massif du Pelvoux, au sud-est des Grandes-Rousses,
quelques cheminées verticales, remplies par ces mêmes trachytes.
La plus importante de ces cheminées — elle n'a pas moins de
5oo mètres de largeur — afïleure, près du col de la Gandolière,
dans la muraille abrupte qui domine le glacier de la Selle *. Une
autre est visible sur le chemin de la Bérarde, dans le grand ravin
qui déchire la montagne à un kilomètre environ de Saint-Chris-
tophe-en-Oisans. Un filon plus petit est coupé par la route de
Vénosc à Saint-Christophe, non loin des Fontaines-Bénites. Ces
trachytes filoniens ont presque la même composition, et à peu près
la même structure, que le trachyte du Freney, lequel est nettement
interstratiûé dans la formation houillère.
Je viens à la composition chimique des trachytes des Grandes-
Rousses. C'est le seul point sur lequel je veuille, aujourd'hui,
insister 2.
Voici quelques analyses, pour la plupart nouvelles, de ces
roches :
1. L'écroulement de cette muraille donne naissance, sur le glacier, à une
moraine spéciale dont la couleur verte contraste vivement avec la teinte
blanche des moraines gi>anitiques.
2. Dans les analyses d'orthophyres que j'ai publiées en 1894, dans mon
mémoire sur le ^fa8sif des Grandes-Rousses, quelques nombres relatifs à
Al'O» et Fe'O' sont fautifs, la séparation de ces deux oxydes étant restée
imparfaite.
i;76
p. TERMI^R
7 Févp.
SiO».
1
II
111
IV
V
VI
VU
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
63 4C!
66,10
66.04 67..50
66,30
65.30
63,80
61.07
62,06
59,50
61,50
62.30
62,30
AI50J
17.20
17,30
16.50
16,30
17.60
18,50
10.25
18,73
19,85
17,80
17,70
17,10
17,90J
Fe«Oï
3,41
4,40
5,00
4,40
4.35
4,11
5,65
3,83
5,03
6,93
4.70
5,20
8,40.
MgO.
2,:>o
2,20
2,30
2.60
2,80
2,25
1.90
1.40
2.70
i,65
3 10
3,40
1.4o!
CaO .
1,48
1.60
1.10
0.90
0.48
2.68
1,09
1,03
2.20
1,06
2,10
1,30
1,02 1
K«0 .
4,05
4,70
3,3S
4,60
4,5.'>
4.25
5.50
6.00
4.32
2.80
4,21
3.50
4.20
Na«0
3.13
3,40
3,36
2,80
3,59
2,74
2,80
5,19
3,96
2,95
3,77
4,40
3,90
Perte
par
Cttici-
nation
Total.
2,37
1,10
1.60
1.20
1,87
2.87
1,60
1,41
1.55
3,70
1.30
2,20
0,7i
101,14
100,74
10»,74
»9,10
100,74
101.10
99,76
99,71
99,13 101.31
99,18
99,40
101,00
I, n et in, Orthophyrcs du col de la Croix-de-Fer ;
IV, Orthophyre pris sur Taréte qui domine à Touest les granges de La
Balme ;
V, Orthophyre du lac du Cerisier ;
VI et Vn, Ortliophyres de la carrière du Freney-d'Oisans ;
Vin et IX, Orthophyrcs du Château-Noir;
X, Orthophyre du glacier de Saint-Sorlin ;
XI, Orthophyre de la crête au nord du lac du Cerisier ;
XII, Orthophyre en coulées entre les granges de la Balme et le glacier de
Saint-Sorlin ;
XIII, Galet d'orthophyre dans une coulée orthophyrique du Château-Noir.
En somme, SiO* varie de 6o à 67; A1*0' de 16 à ao; Fe*0' de 4
à 8; MgO de i,5 à 3,5 ; CaO de o,5 à 2,5 ; l'ensemble des alcalis de
6 à II, avec une légère prédominance de la potasse sur la soude.
Ce sont là des caractères de Irachytes à tendances liparitiques ; et
les dill'érenccs entre les analyses du tableau ci-dessus sont de
Tordre des variations que Ton observe dans la composition des
laves d'un môme volcan.
Si Ton prend la moyenne des treize analyses, on trouve la com-
position suivante, que Ton peut, avec grande vraisemblance, consi-
dérer comme la composition moyenne (actuelle) des trachytes les
mieux conservés des Grandes-Rousses.
SiO* (>3,G4
Al'O» i:,S{
Fe«03 . ,"),(/,
MgO a48
CaO 1,52
K'O . 4,'J8
Na-^O 3,54
Perle par calcination 1,81
Total ioL\iï^
igOI ETUDES LITHOLOGTQUES DANS LES ALPES FRANÇAISES I77
La restauration des trachytes des Grandes Rousses peut se faire
aisément, et sans grande incertitude. La métasomatose a consisté
partout dans la chloritisation du mica noir, dans la destruction
plus ou moins complète de Tanorthite du plagioclase, et enfin dans
un commencement de kaolinisation des feldspaths alcalins. Dans
les échantillons les plus frais — ceux qui ont été analysés — ce
dernier phénomène, la kaolinisation, est souvent à peine sensible.
La moyenne des tentatives de restauration conduit à un mélange
originel de :
asAIbite
23 Orthose
la Anorthite
17 Biotlte
I Apatite et zifcon
3 Fer oxydnle
9 Quartz
Total . . 100
Ce mélange correspond à la composition suivante, qui me parait
être, très approximativement, la composition originelle moyenne
des trachytes des Grandes-Rousses :
SiO» 60,66
A1«0* i8,85
FetO» 4,43
MgO 2,91
CaO 2,71
K^O 5,35
Na'O ........ 4,i3
Total. . 99,04
Ces trachytes à mica noir représentent donc la forme effusive
d'un magma syénitique. La composition ci-dessus est analogue à
celle de divers trachytes classiques, de diverses syénites à biotile,
de diverses microsyénites un peu quartzeuses.
Je ne crois pas qu'il y ait de relations pétro génétiques entre
les trachytes des (irandes-Rousses et les roches intrusives du
Mouiller briançonnais. Sans doute, il y a un caractère commun :
la très grande abondance du feldspath, et, comme conséquence, la
faible teneur en magnésie. Mais, par contre, on ne trouve dans la
série, si largement diflerenciée, des roches intrusives du Brian-
çonnais, aucun type qui ait la composition d'un trachyte des
Grandes-Rousses. Dans les roches intrusives à 60 ou 62 ° o SiOV
il y a trop de chaux, et trop de soude, et trop peu de potasse, pour
que l'assimilation aux trachytes des Grandes-Rousses soit possible.
27 Août 1901. — T. i«'. Bull. Soc. Géol. Fr. — 12
178 KTUDES LITUOLOGIQUBS DANS LES ALPES FRANÇAISES 7 FéTF.
Il faut donc, ou bien admettre que le processus de différenciation
a été, dans la région des Rousses, très différent de ce qu'il devait
èti^e, plus tard, dans le Briançonnais, ou. ce qui est plus probable,
que les magmas fondamentaux étaient distincts.
Nulle part, dans la région du Pelvoux, je ne connais, à Theure
actuelle, le moindre affleurement de syénite, qui, par sa compo-
sition, fasse songer aux trachytes des Grandes-Rousses. La syénite
du Lauvitel est fort différente, et différents sont aussi les cuiîeux
trachytes qui s'y rattachent, et diflérentes encore les minettes de
Valjouffrey et du massif de Chaillol. Le type trachyte des Grandes-
Rousses est jusqu'ici, isolé dans les Alpes françaises. Je suis très
porté à croire que c'est avec les roches carbonifères du Massif
Central (Loire, Rhône, Saône-et- Loire), je veux dire avec les
trachytes, les dacites et les phonolites réunis par Grûner sous le
nom de porphyres noirs et par M. Michel-Lévy sous le nom
d*orthophyres, que les trachytes des Grandes-Rousses ont chance
de manifester une « consanguinity » plus ou moins lointaine. Mais
les matériaux me manquent encoi*e pour cette intéressante compa-
raison *.
I. Dans mon mémoire, déjà cité, sur le Massif des Grandes-RoasseSy je
signale (p. 5o) sous le nom de kersantite à amphibole une roche trouvée par
M. Kilian dans le Houiller du Mont-Thabor. Je ne doute pas, aujourd'hui,
que cette roche ne soit une microdiorite. En sorte que le type Irachyte des
Grandes-Housses est conûné dans le voisinage de la Romanche, et ne dépasse
pas, au Nord, le coi de la Croix-de-Fer, à FËst, le méridien de la Bérarde.
QUELQUES OBSERVATIONS
DANS LA
PARTIE MÉRIDIONALE DE LA CHAINE DE BELLEDONNE
( ALPES dauphinoises)
par M. P. LORY.
I. — Jurassique
Les calcaires qui prédominent dans les premières assises
jurassiques de la Mateysine et du Beaumont {Calcaires de Laffrey)
présentent un faciès à Entroques et détritique, quelquefois bré-
choïde. On l'a maintes fois déjà rapproché de celui que ce même
terrain du Lias possède dans la zone du Briançonnais. L*étude
niicrographique confirme cette analogie ; elle révèle notamment
dans le calcaire de Laffrey la fréquence d'une structure oolithique
pareille à celle que MM. Kilian et Hovelacque ont fait connaître
dans le Lias intraalpin ^
D'après ses caractères tant lithologiques que fauniques 2, ce faciès
correspond à de faibles profondeurs. Son extension indique que
sur la terminaison méridionale de Belledonne le fond de la mer
liasique a présenté, jusque vers le Toarcien, une vaste saillie :
du Bas-V^algaudemar aux environs de Vizille, elle divisait en *
deux branches le géosynclinal alpin à dépôts vaseux {!i\%* i)^.
Si Ton compare les épaisseurs qui représentent le Lias inférieur
et moyen sous chacun des faciès, il apparaît que la vitesse de
descente était au moins cinq fois plus grande dans le géosynclinal
que sur le haut fonds : à celui-ci correspondait donc en profondeur
une ride dont la hauteur croissait rapidement et devait avoir
dépassé 3oo mètres au moment où le régime sédimentaire est enfin
devenu à peu près uniforme, c'est-à-dire vers la fin du Toarcien.
1. W. Kilian. Sur la stnictiire microscopique des calcaires du Lias alpin
{B, S. G, F,, 19 juin 1899). — Hovelacque et Kilian, Album de microphoto-
graphieSy Paris 1900, pi. H, III, IV, VI.
2. Abondance des Gryphsea^ etc.
3. Vers l'est et vers le sud, le tracé des limites de faciès a été établi diaprés
les travaux de MM. Uaug, Kilian et Termier et diaprés quelques renseigne-
ments inédits, que ces savants ont eu l'obligeance de me communiquer.
i8o
p. LORY. — QUELQUE» OB8KRVATIOSB u
Wig. I. — Bitension des Taciès t
lunrieii dann Ici Alpei daupli
— Echrllr: i/s.aon.ooo* ,
En coostatunt qu'il y s coïncidence entre U diminution de l'épai»-
seoT des dépAts d'une part, de la profondeur qu'indique leor Ckciè*
de l'antre, on est porté à admettre une relation de cause & effet
entre la lenteur de raffaisM-
ment et la persistance de ta
saillie sur le fond. Cepen-
dant, si cette relation a été^
réelle pour la ré^on qui nous—
occupe, elle n'existe pas ton —
jours; la vitesse de descente
peut £tre de mftme ordre
une zone néritiqne que <
les ^osynclinanx vaseux
la bordent. M. Temder
indiqué par exemple que,
sous le faciès de calcaires 1
Entroques comme à la Mnre,
le Ldas mesnre vers Val-
loutse, dans la zone du Brian-
i;onnais. « probablement
uu 4<>o mètres
réelle » ', c'est-à-dire autant que sous le faciès vaseux
certaines parties de la zone dauphinoise.
Si la lenteur de son mouvement de descente a pu suffire à^^
maintenir l'aire d'Aspres-Laffrey longtemps surélevée par rappor^Vi
à ses voisines, i^B)
M. s. est cependanS^
vraisemblable? '
qu'une autre
caose est interve-
nue pour créer"
cette difTérencÎB—
tion.
11 y a sur cettff
aire à la base du
Jurassique une
lacune importante, de hauteur vai-iuble suivant les points et^ioî
peut s'élever jusqu'au Lias moyen -. Puis la sédimentation devient
I. Uçret-Gaide du Congrix de 1900, exc. XIII', p. a?.
3. rai eu déjà l'occasion de la signaler, partie d'après mes prëdéceueura.
partie d'après mes obsen'attons. Cf. notamment B. S. Statiat. Itérât V série,
t. V. \>. SG3 cl l.ii-.-Giiiili- Ctiny, géot. 1900, oxc. XIII'.
uJL ^'^P^
igOI PARTIE MÉRIDIONALE DE LA CHAÎNE DE BBLLEDONNE lÔl
générale, mais les dépôts contiennent ici en abondance des débris
arrachés an substratum : les dimensions, le degré d*usarc, la nature
lithologique de ces éléments sont divers. A côté des grains de sable
il y a des fragments atteignant jusqu'à la grosseur du poing, et
tantôt anguleux, tantôt bien arrondis. La plupart sont formés par
des roches du Trias (dolomies et calcaires) ou représentées dans ce
système comme daps les terrains anciens (quartz, qui pour partie a
vraisemblablement été repris au poudingue triasique dit « gratte ») ;
mais d'autres galets proviennent bien des terrains anciens (grès du
Houiller, schistes cristallins). Je citerai notamment la localité de
Quet-en-Beaumont, où les galets abondent, groupés même par
places en petites lentilles de conglomérat ; ils appartiennent gêné-
ralement aux schistes cnstallins et au quartz, les roches calcaréo-
dolomitiques du Trias y sont peu ou pas représentées.
Ce n*est pas à la base de la série seulement, dans la couche en
transgression, que les galets se rencontrent, mais dans toute la
hauteur des calcaii*es à Entroques, et parfois même c'est vers le
sommet qu'ils sont le plus abondants.
Cette nature et cette répartition des éléments détritiques impli-
quent l'existence, et la persistance partielle jusqu'au Lias moyen,
de hauts-fonds atteignant ou presque la surface de la mer et qui
s'emplaçaient dans la moitié orientale de Taire considérée, c'est à
dire sur l'emplacement actuel des parties méridionales de Bçlle-
donne ^ De plus, si ces hauts-fonds avaient reçu une couverture
continue de Trias, ils l'avaient à l'époque liasique perdue par
places, notamment dans une portion du massif de la Salette.
L'ensemble de ces caractères du Lias rend au moins fort probable
une surélévation en dôme de l'aire AspresLaflrey au début du
Jurassique, peut-être suivie d'autres mouvements plus localisés.
D'ailleurs, en un point au moins le redressement tectonique des
couches peut être directement observé. Lorsque l'on va depuis le
bord nord de la Mateysine - jusqu'à l'extrémité méridionale de la
falaise du Grand-Lac, on voit la lacune entre le Trias et le Lias
s'accroître à la fois par le haut et par le bas; le Trias est de plus en
plus réduit par l'érosion : le Lias, qui comprenait à LalTrey même
quelques couches sinémuriennes (Arietites gr. de bisulcaius),
débute directement dans la falaise par des calcaires et brèches à
Bélemnites charmouthiennes (fig. q). Il y avait donc bien là le
pourtour d'une saillie anticlinale, sur laquelle la transgression
empiétait graduellement.
I. Chaînons de Taillefer et du Tabor, massif de la Salette (p. p.).
3. Route de LaiTrey à Séchilienue, à la sortie du premier de ces villages.
tfkt
p. LORT. QUELQUES OBSERVATIONS DAJfS LA J YéWT:
n. — Plis et vallées ai; voisinage de TAnxBFMR-
Les schistes cristallins des parties hautes de BeUedonne portent
encore, au voisinage de la gorge de la Romanche, des lanibeanx
discordants de Trias ; Ch. Lorv a décrit et figuré ceux de la mine
de Brouffier et de la Croix de Chamrousse *. Comme dans les
Rousses, ils sont formés surtout par du calcaire dolomitique,
souvent d^apparence bréchoîde et passant à la cargneule.
Grâce à ces lambeaux, il est possible de reconstituer en partie la
tectonique alpine de la chaîne. Ainsi dans Taillefer, au col entre le
Rocher-Culasson et le Signal, vers Q700 mètres, les couches
triasiques dessinent un synclinal (fig. 3) ; il s'abaisse rapidement
O.
E.
Fig. 3. — Vue prise soos le col da névé de Taillefcr.
Ty Trias; , Limite inférieure du Trias; X. Schistes cristallins sériciteux.
vers le sud-ooest, jalonné par les lambeaux de la crête de TEm^y*
sort du groupe de Taillefer et va se remplir de Lias à Touest de la
vallée de la Roizoïme, entre le Serre et la Chinarde. Du côté
opposé, an nord, Tensemble de la montagne s*abaisse brusquement
de 600 à 800 mètres sur le plateau des Lacs ^ ; là on voit traîner»
notamment juste sous le col, des placages de Trias qui marquent
le fond d*nne dépression transversale, dominée au nord par les
schistes cristallins du Grand-Galbert comme au sud par ceux de
Taillefer.
Ainsi, cette partie de BeUedonne est façonnée par un triple
système de ridements (fig. 4) •
a) Surélévation longitudinale du luassiC central suivant une
direction qui, dès au nord.de Taillefer, est devenue nord-sud.
I. Deser, Dauphiné, p. p. i55, i85. Dans cet ouvrage, la roche qui forme ces
lambeaux est appelée « calcaire magnésien du Lias ».
a. Lac Fourchu, lac Nqir, etc.
I9OI PARTIE MÉRIDIONALE DE LA CHAÎNE DE BELX,EDONNE
l83
b) Plis obliques N.-E. -S.-O., c'est-à-dire conservant à peu
près la direction qu'avaient, au nord de la Romanche, et Taxe de la
chaîne et les ondulations longitudinales, par exemple les synclinaux
triasiques de Ghamrousse. C'est un nouvel exemple du cas que
j'indiquais l'année dernière : '
outre les plis longitudinaux et
transversaux, les chaînes peu-
vent présenter, au voisinage des
points où leur direction se mo-
difîe, des plis obliques ayant
encore la direction qui était celle
du ridement principal avant
l'inflexion.
c) Ondulations transversales
environ est-ouest ; leur existence
avait été prévue et même leur
tracé indiqué avec une sûreté
magistrale par M. Termier -.
Les sommets de Taillefer appar-
tiennent à un anticlinal de ce
système, à flanc nord presque
vertical, à flanc sud assez dou-
cement incliné ; il sépare les
larges synclinaux du plateau des Lacs et du col de Vaunoii;e.
Les principaux traits de la topographie sont nettement cooi*-
(ionnés à ce réseau tect<)ni([ue. La vallée de la Malsanne et partie
(le celle de la Roisonne sont des vallées longitudinales nord-sud.
Les vallons du Recoin, de la Chartreuse de Prémol, du lac
Achard \ etc., la gorge de la Romanche en amont du pont de
Séchilienne, ainsi que plusieurs hauts vallons entre le Serre et le
Tabor, appartiennent au système N.-E. -S.-O.; les premiers
sont longitudinaux tandis que, la direction générale de la chaîne
changeant, la seconde et les derniers se trouvent lui être obliques.
Enfin, le plateau des Lacs, le vallon et le col de Vaunoire, sont des
segments de synclinaux est-ouest, et sur le prolongement du
premier se i)lace ^ la gorge de la Romanche entre les ponts de
Séchilienne et du Péage.
1. Types de vallées, in .Soc. Stdfist. Isère, séance du 15 janv. 1900.
2. (irandes-Housses, p. p. ir'^. 114. ii<>.
'1 Qui a été capluré par un ri»vin afUuent de la Romanche.
4. I*. Tkrmikh. L. c, p. ii3.
Fig. 5. — Échelle i/4oo.ooo*.
— , Lijçnes de crête; »»••, Axe
synclinal; — • — , Axe anticlinal.
SUR LA DÉCOIA'ERTE DUN RHYXCHOTEUTBIS
DANS LE SÉiNONIEN DBS ENVIRONS DE BEAUVAIS
par M. li. THIOT.
Dans cette note, Tantear fait remarquer qae Tétage sénonien
n^avait fourni, jusqu'à présent, qn un seul exemplaire de bec de ce
genre qui a été trouvé à Ghavot (Marne) et auquel d^Orbigny a
donné, en 1847, le nom deRhjmchoteuthis Dutemplei; mais que cette
espèce n*a pu être ni décrite, ni figurée dans le magistral ouvrage
de d*Orbigny, par la raison qull en donne lui-même : que ce bec
8*est perdu, on ne sait comment, le jour même où il lui parvint.
L'exemplaire recueilli par M. Thiot au mois de mai dernier
à Notre-Dame-dn-Thil, près Beauvais, avec un autre Céphalopode
assez bien conservé : Actino-
Dessus
Dessous
Prulil
Rhynchoteuthis sp. n. G. N.
camax verus Miller, c'est-à-dire
à la base de la craie à Bélemni-
telles, est tout à fait intact. Il est
(igui*é ci -contre en grandeur
naturelle. Ses dimensions sont
de 19 millimètres sur 10.
M. de Grossouvre, à qui ce
Rhynchoteuthis a été commu-
niqué avec la Bélemnitelle rencontrée en même temps et que plu-
sieurs paléontologistes supposaient éti*e le jcaiie âge de Relemni-
tella quadrata d'Orb., a bien voulu faire connaître à l'auteur a que
(( la Bélemnitelle était bien Actinocamax çerus, qu'il ne connais-
(( sait pas de Rhynchoteuthis du même niveau et qu'il avait tout
(c lieu de supposer que c'était une espèce nouvelle ».
M. Thiot pense que le Rhj'nchoteuthis qu'il a recueilli à Notre-
Dame-du-Thil n'est pas du même niveau géologique que celui
rencontré à Chavot, attendu que la craie de cette dernière localité,
située aux portes d'Épernay, doit appartenir à la craie de Meudoa
et d'Epernay, renfermant Micrasier Rrongnarti Héb., c'est-à-
dire à la partie tout à fait supérieure de la craie blanche (d'après
les travaux de MM. Hébert, de Mercey et Peron), tandis que la
craie de Notre-Dame-du-Thil appartient, au contraire, à la base de
la craie de Reims, assise surmontant immédiatement la craie à
Mier aster coranguinum Ag-
D'ailleurs, le Rhynchoteuthis Dutemplei n'ayant été ni décrit, ni
figuré, il n'est pas possible d'affirmer que l'exeniplaire de Chavot
et celui de Notre-Dame-du-Thil appartiennent à la môme espèce.
Séance du :d& Février teOl
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès- verbal est adoptée*
Sont proclamés membres de la Société :
MM. Jules Pethôt Géologue en chef de l'Institut royal géolo-
gique de Hongrie, présenté par MM. M. Cossmann et
Gustave Dollfus.
F. Bonnes» Professeur de géologie et de minéralogie à
l'Ecole des Mineurs d'Alais (Gaixl), présenté par MM. G.
de Rou ville et Delage.
A. de Richard, Ingénieur des 'mines, membre de la
Société des Sciences de Bucarest (Roumanie), présenté
par MM. Albert Gaudry et Léon Garez.
Henri Douxami, Docteur ès-sciences. Professeur au Lycée
Ampère à Lyon, présenté par MM. J.Bergeron et E. Haug.
Six nouveaux membres sont présentés.
Le Président annonce que M. P.-W. Stuart-Menteath, sur sa
demande, ne fait plus partie de la Société.
M. de Lapparent croit devoir appeler l'attention de la Société
sur une publication récente de M. Auialitzky, relative aux fouilles
que ce savant a exécutées sur les bords de la Dwina. Une lentille
de grès meuble, intercalée dans les marnes d'eau douce du Permien
supérieur, a fourni plusieurs squelettes entiers du Pareiasaurus,
avec de nombreuses empreintes de Glossopteris et de Ganga-
mopteris.
Ainsi, non seulement la flore, mais la faune des couches de
Johannesburg, se retrouvent dans le Nord de la Russie, au niveau
précis que M. Zeiller avait assigné à ces couches d'après leurs
fossiles végétaux.
D'autre part, il devient impossible de soutenir que l'éclosion de
la flore à Glossopteris ait été déterminée, à la suite des phéno-
mènes glaciaires de l'Afrique australe, de l'Australie et de l'Inde,
par un changement de l'axe terrestre qui aurait placé l'un des pôles
dans l'océan indien ; car, dans ce cas, l'autre pôle n'aurait pas pu
tomber dans le Nord de la Russie.
l86 SÉANCE DU a5 FEVRIER I9OI
M. Haug attire l'attention .de la Société, sur la carte représen-
tant Textension des glaciers pei*miens. que vient de publier
M. Penck dans une note très importante sur les phénomènes gla-
ciaires d'Australie.
Comme complément aux observations de M. de Lapparlent,
M. Zeiller ajoute que les conclusions qu'il avait tirées de i'étude
des plantes fossiles pour la détermination de l'âge des dépôts chai»-
bonneux des environs de Johannesburg, rapportés par lui a l'étage
de Beau fort, ont été pleinement confirmées par M. le D' Molen-
graair. M. Draper, dans une étude insérée aux Transactions ofthe
South African Geological Society, avait assimilé les couches de
combustible du Transvaal aux Molleno heds, c'est-à-dire à l'étage
de Stormberg, auquel appartiennent en efl'et les dépôts charbon-
neux de la Colonie du Cap, mais qui renferme en réalité une flore
bien diflerente de celle des dépôts similaires de la région de Johan-
nesburg. M. Zeiller a su de M. Molengraafl' que celui-ci avait été
amené finalement, par une étude stratigraphique approfondie, à
l'apporter ces derniers dépôts à l'étage de Beaufort, et qu'ainsi la
géologie se retrouve une fois de plus en parfait accord avec la
paléontologie végétale.
• M. A. de Liapparent met sous les yeux de la Société un oursin
fossile, qui a été recueilli en 18912, par le Colonel Monteil. dans le
Sahara oriental, sur la route du Tchad à Tripoli, un peu au sud de
l'oasis de Bilma. Cet oursin a été reconnu, par M. Victor Gauthier,
comme presque identique à un Échinide du Crétacé supérieur
(Maêstrichtien) du Baloutchistan, décrit en 1897 [)ar M. Noetling
àous le nom de Protechiniis paucifuberculatus, nom qui doit éti'e
changé, selon la proposition de M. Lambert, en celui de Noetlingia
paucituberculata, le genre Protechinus ayant été antérieurement
créé pour un autre oursin.
M. de Lapparent fait ressortir les conséquences de cette trou-
vaille, qui étend considérablement vers l'ouest le domaine de la
mer crétacée en Afrique, et montre qu'alors la l'égion du lac Tchad
faisait partie, avec la Libye, la Nubie, l'Egypte et la Tunisie, d'un
grand golfe méditerranéen, communiquant avec l'Inde par la
Palestine et la Perse.
L'oursin, que M. Gauthier regarde comme une espèce distincte,
qu'il dédie au Colonel Monteil, sera l'objet, dans le Bulletin^ d'une
description avec figure (voir page 189 et pi. III).
SEANCE DU q5 FEVRIER I9OT 187
M. Léon Bertrand: aignalp à la Société Ja. âécoavprte ;récente
d*an squelette de Mammouth dans le remplissage d'une fente de cal-
caires liasiques^ dans une tranchée dé la ligne de chemin de fer en
construction de Foix à Saint-Girons, au voisinage de Cadarcet
(Ajriègc).
M. irilîi^Tt attire l'attention sur la fréquence relative des
Rhacophyllites du groupe Rh, mimatensis d'Orb. dans le Lias
moyen des Alpes de Savoie. ,
Parmi les très rares Ammonites de ce niveau, recueillies dans
les ardoisières de Saint-Colomban-des-Villards (Maurienne) figurent
à côté de quelques exemplaires d'Amaltheus margaritatus Montf..
plusieurs individus de Rhacophyllites libertus Gemm. (== /?..
mimatensis Menegb., p. p.) très biea conservés et absolument con-
formes aux figures de cette espèce récemment figurés par divers
auteurs italiens (Musée de Chambéry, coll. Lâchât, coll. Villet ;
coll. Hollande). D'autre part, la seule Ammonite recueillie par
M. Kilian aux environs de Moutiers (Savoie) est également une
forme de ce groupe : Rhacoph}dlites Nardii Menegh. sp. (= Rh.
diopsis Gemm.). — Ces faits dénotent une affinité de faune remar-
quable en\re le Lias des Alpes savoisiennes et les assises de même
âge de la Lombardie et des régions méditerranéennes où les
BhacophylUtes sont assez fréquents. — Si Ton considère en outre
que ces formes spéciales se rencontrent aussi i)icn dans le « faciès
dauphinois » (Saint-Colomban-des-Yillards) que dans le « faciès
briançonnaîs » du l^ias (Moutiers) on voit dans cette répartition
une nouvelle confirmation des rapports intimes qui lient la zone
du Briançonnais à la zone dauphinoise voisine et qui empêcheront
toujours les stratigrapbes d'admettre l'origine exotique de la
première seule de ces zones.
SUR LES COUCHES A ORBITOÏDES DU PIÉMONT
par M. 8AGGO.
A la suite de la récente communication faite par M. Douvillé à
la séance du 17 décembre 1900, sur les couches à Orbitoides des
environs de Dax, Tauteur croît utile de présenter les observations
suivantes.
I. — Miog^psina irregalaris Micht., dont Miogypsina globu-
lina Micht. n*est probablement qu*une variété, ne se trouve pas
dans YAquitanien de Villa Sacco (Tunn), comme le dit M. Schlum-
berger (probablement par suite d*une confusion des étiquettes de
localité) dans son importante note Sur le genre Miogypsina (B. S.
G. F, (3), XXVI II, 1900), mais il se trouve fréquemment, parfois
même en très grande abondance, dans YHelvétien (spécialement
dans YHehétien moyen-inférieur) de plusieurs localités des Collines
de Turin, près de Villadeati, etc. Cependant M. irregalaris se ren-
contre aussi dans quelques points de YAquitanien (principalement
supérieur) des Collines de Turin.
a. — Lepidocj'clina marginata Micht. [= Nummulites margi-
nata Micht., 1841» ainsi que M. Douvillé Ta reconnu avec justesse
{C'R. S, G. h\, ao novembre 1899) après l'examen des exem-
plaires que M. Sacco lui avait envoyés], est extraordinairement
abondant dans YAquitanien de Villa Sacco et dans d'autres points
des Collines de Turin, mais il se trouve également, quoique en
général plus rarement, dans YHelvétien de ces Collines.
3. — 11 résulte de ce qui précède qu'en Piémont Lepidocj-clina
prédomine dans YAquitanien et Miogj^psina dans YHelvéiien^
mais qu'il n'existe pas une règle précise à ce sujet.
4. — UAquitanien typique, ainsi que M. Sacco l'entend, doit être
placé dans le Miocène et non dans l'Oligocène comme l'on fait
généralement : cette dernière interprétation est due au fait que,
dans plusieui*s régions de TËurope, Ton a indiqué et l'on indique
encore comme aquitaniens des terrains qui sont, en réalité, plus
anciens, c'est-à-dire vraiment oligocéniques, ainsi que M. Sacco l'a
déjà bien des fois fait observer dans plusieurs ouvrages (voir : Note
sur la classification des terrains tertiaires. C.-R. Cong. géol. intem.
Zurich, 1894)*
De cette confusion résultent des interprétations différentes sur
la sigpaiûcation de l'Oligocène, lequel, justement compris, repré-
sente, par contre, un ensemble assez naturel d'étages géologiques.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ÉCHINIDES FOSSILES
par M. V. GAUTHIER K
(Planche US).
VI. — Genre Noetlîngia Lambert, 1898.
YNONYMiB : Protechinus Noetling (non Austin Protoechinua). Memoirs of
the Greological Survey of India. -> Fauna of Baluchisiàn, of
the upper creiaceoua {Maëatrichtien) heds. Série XVI, vol. I,
part. 3, p. 14, pi. II, fig. 3, 3'; pi. III, lig. i, 1', 1897.
yoetlingia Lambert, Reçue critique de Paléozoologie^ a* année,
N- 3, juillet 1898, p. ia6.
Diagnoêe du genre, — Oursin régulier, de la famille des
^•^chimdœ^ pouvant atteindre une très grande taille; forme circu-
laire, ordinairement élevée^ conique ou hémisphérique à la
partie supérieure, plane ou pulvinée à la partie inférieure.
^Appareil apical peu développé, insuffisamment connu jusqu^à
présent, montrant cinq plaques génitales en cercle et cinq plaques
^oeellaires dont les postérieures intercalées font partie du circuit
;|>ériproctal ; les plaques ocellaires antérieures II, III, lY paraissent
^Mjetées en dehors des génitales, mais Télat des exemplaires
^connus ne permet pas* de l'affirmer catégoriquement; ouverture
«inale peu étendue, circulaire ou légèrement ovale, entourée
^ar les plaques apicales. Aires ambulacraires assez laides,
égalant à peu près la moitié des aires interambulacraires ; zones
j>orifères étroites, superficielles ou légèrement déprimées, allant
^sn ligne droite du sommet au péristome; elles sont oligopores et
^comprennent trois paires de pores par plaque majore : la paire
^o milieu est la plus externe ; la paire inférieure placée directement
mau dessous et semblable est légèrement oblique et rentre un peu ;
la paire supérieure, bien plus rentrante que Tinférieure, est plus
jpetite aussi et portée par une plaquette très réduite, resserrée entre
les deux plaques voisines, de sorte que la zone porifère est formée
par deux rangées verticales et bien distinctes de paires de pores;
l*exleme comprenant les deux grandes paires, un peu sinueuse par
suite de Tobliquité de la paire inférieure; Tinterne, formée parles
petites paires abactinales, moins large et moins remplie, puis-
I. Voir B. S, F, G.. (3). XXV, p. 83i, 1893; XXVU, p. 344. 1899.
190 V. GAUTHIER a5 FévT.
qu*elle ne comprend qu^une paire sur trois. Entre les zones poriferes
s*étendcnt plusieurs séries verticales de tubercules imperforés et
incréneiés, de volume médiocre. Les aires interambulacraires
portent à Tambitus de nombreuses séries verticales de tubercules
semblables à ceux des anibulacres, se réduisant à mesure qu'elles
montent vei*s le sommet ou qu'elles descendent vers le péristome ;
ces mêmes tubercules forment en même temps des rangées
horizontales un peu obliques ; la zone miliaire est plus ou moins
garnie à là partie supérieure. Face inférieure faisant défaut chez
tous les exemplaires recueillis jusqu'à ce jour; nous ne pouvons
donc rien dire du péristome.
M. Noetling le premier a décrit cet intéressant échinide et en a
fait le type d'un genre nouveau Protechinus. Depuis, M. Lambert
a fait observer que ce nom générique avait déjà été employé par
Austin (Protoechinus) pour un échinide très différent et a proposé
de le remplacer par celui de Noetlingia, que j'accepte et approuve
très volontiers.
M. Noetling a rapproché la disposition des paires de pores de
son genre nouveau et des plaquettes qui les portent, des mêmes
plaquettes chez le genre Psammechinus, Nous ferons une compa-
raison analogie en remplaçant le genre Psammechinus par le
geni»e Echinas, qui ne diffère point sous ce ra2)port, et qui nous
donnera Tavantage de pouvoir examiner des exemplaires de taille
égale. Dans les deux genres c'est la paire médiane qui est la plus
externe, mais, par contre, pendant que chez les Noetlingia c^estla
paire abactinale (la supérieure) qui renti*e le plus, chez les fcAciias
c'est l'actinale (l'inférieure) ; de sorte que si l'on établissait trois
séries verticales avec les pailles de poi-es, ce serait la série formée
par les paires inférieures qui serait au milieu chez les Noetlingia^
et la série formée par les paires supérieures chez les Echinas. A
ces observations qui appartiennent à M. Noetling nous ajouterons
que chez le.^ Echinas les paires actinales et abactinales sont
portées par des plaquettes entières dont l'inférieure est la plus
développée, tandis que la paire médiane est placée sur une demi-
plaquette; chez les Noetlingia la paire supérieure, moins dévelop-
pée que les autres, est portée par une plaquette très réduite, la
médiane est située sur une demi-plaquette dont l'extrémité interne
se rétrécit et se recourbe pour soutenir la petite plaque ; la paire
inférieure seule occupe une plaquette entière, d'abord étroite,
puis, au-delà des pores, occupant tout l'espace jusqu'à la suttire du
milieu de Tambulacre. Ce sont des différences importantes qui
suffisent pour justifier la création d'un genre nouveau.
190 1 CONTRIBUTION A l' ETUDE DES ÉCHIMDES FOSSILES IQI
L'espèce du BéloutchistAn a été désignée par M. Noetling sous le
nom spécifique paucituberculatus et devient Noetlingia paucitu-
berculata Noetling (sub Protechinus), Nous allons maintenant
décrire une seconde espèce.
Noetlingia Moxteili Gauthier, 1901.
(PI. m, ug. 1-3).
Nous ne connaissons quun exemplaire de ce nouveau type
spécifique; il est incomplet, le sommet est gravement endommagé,
la partie inférieure fait complètement défaut, et l'ensemble de ce
qui reste a été poli parle frottement des sables sahariens.
Dimensions : Diamètre, iio millim.; hauteur du fragment,
60 millim.
Espèce de très grande taille, subcirculaire au pourtour, subhé-
misphéiîque à la partie supérieure. — Appareil apical de dimen-
sions médiocres, subcompact, en partie intercalaire, autant que
nous pouvons nous en rendre compte ; les plaques ocellaires I, V
nous paraissent écarter les génitales et participer au circuit du
périprocte, les ocellaires antérieures II, III, IV seraient au con-*
traire rejetées au dehors.
Aires ambulacraires légèrement renflées, relativement assez
larges à la partie supérieure où elles égalent les deux tiers de Taire
interambulacraire correspondante, se développantà mesure qu'elles
s'éloignent de Tapex, mesurant au pourtour inférieur vingt-quatre
millimètres de largeur, presque la moitié des aires interaiiibula-
craires. Zones porifères faiblement déprimées, rectilignes, à bord
externe presque onduleux par suite de l'obliquité de la plaquette
actinale, ollrant trois paires de pores par plaque majeure, disposées
comme il a été dit dans la diagiiose générique, de manière que les
deux inférieures sont les plus grandes, et que la supérieure,
fortement rentrante est moins développée et portée par une petite
plaquette entourée par le bord rétréci de la demi -plaquette
médiane. Les plaques majeures sont moins hautes que dans la
plupart des espèces du genre Echinus qui présente d'ailleurs des
variations assez sensibles sous ce rapport, et les pailles de pores
sont par conséquent très seiTées. L'espace interzonaire porte à
l'ambitus environ huit rangées de tubercules médioci*ement
développés ; ces rangées s'atténuent en montant vers le sommet où
il n'en reste que deux.
Aires interambulacraires légèrement déprimées au milieu,
igj V. GAUTHIER. — ETUDE DES KCHINIDES FOSSILES a5 FéVT.
étroites relativement près du sommet (i5 millimètres), larges à
Tambitas où elles atteigpaent cinquante-cinq millimètres; elles
portent en cet endroit jusqu à dix-huit rangées verticales de
tubercules semblables à ceux des ambulacres, qui disparaissent
successivement en montant vers Tapex et se trouvent finalement
réduites à deux. Ces tubercules forment en même temps des rangées
horizontales un peu obliques. Le miliçu de Taire n*est pas dénudé
à la partie supérieure et reste couvert de tubercules peu serrés
mais se maintenant aussi longtemps que le permet le rétrécissement
de Taire.
Le périprocte qui s*ouvre au milieu des plaques apicales est
médiocrement étendu, comme nous Tavons dit, et légèrement
ovale. Le reste du test nous est inconnu, et, par une fâcheuse
coïncidence, aucun des exemjjlaires de M. Noetling n*a conservé
sa face inférieure jusqu'au péristome.
L'exemplaire que nous décrivons est très voisin des spécimens
indiens décrits par M. Noetling; la taille est plus grande, la forme
est moins conique et se termine plutôt en dôme ; les tubercules
sont plus gi*os, le milieu des aires interambulacraires est beaucoup
moins nu; ces différences permettent de distinguer facilement les
deux espèces.
Le type indien N. paucituberculata a été recueilli dans les
couches crétacées supérieures du Béloutchistàn, accompagné de
grands Hemipneustes dont deux sont attribués par M. Noetling à
des espèces européennes, Hemipn. pyrenaicus Hébert, HenUpn.
Leymeriei Hébert. Il est très probable que notre exemplaire
appartient au même horizon géologique; M. le colonel Monteil Ta
trouvé sur le sol. à Zau Saghaïr, au sud de Bilma, par environ
18'' a3' 08" de latitude nord dans le Sahara oriental, sur la route
du lac Tchad à Tripoli, et Ta rapporté en France comme un
souvenir de sa périlleuse et glorieuse excursion à travers les
régions désolées de TAfnque centrale. Nous sommes très heureux
de pouvoir lui dédier cette précieuse espèce.
EXPLICATION DE LA PLANCHE Ul
Fijf. 1. — yoetUngia Monteili, vu de profil, grandeur naturelle
Fig. 2. — Le même, face supérieure.
Fi g. 3. — Portion d'aire ambulacraire, grossie.
UN NOUVEAU CYCADEOIDEA
par M. P. FLICHE.
a
Dans les collections de l'Ecole forestière, fignre, sons le nom de
Mantelliay un fossile végétal envoyé, il y a déjà plusieurs années,
par M. Gharil des Mazures', alors inspecteur des forêts en Vendée
et provenant de File de Dives (Vendée), près de TAiguillon sur
Mer. Une étiquette de la main de Mathieu, alors professeur de
sciences naturelles et sous-directeur de FEcole, porte que Fauteur
de renvoi n*a point indiqué de quel terrain provenait ce fossile ;
mais que ce pourrait être FOxfordien ou le Ciorallien. Depuis
Fépoque où il rédigeait cette note, Mathieu semble.avoir changé
d'opinion, car la grande étiquette placée à côté de Féchantillon,
exposé dans une vitrine, le réfère, avec doute, il est vrai, au
Bathonien. Aujourd'hui, il faut rejeter^ non seulement cette
dernière manière de voir, mais considérer l'attribution au Corallien
comme absolument certaine ; l'Ile de Dives ne présentant que du
Corallien comme on peut le voir sur la Carte géologique de France,
au 80.000*, feuille de Fontenay. De plus la nature de la roche pour
le Corallien, telle qu'elle est décrite par M. Boisselier, auteur de
cette feuille, s'accorde parfaitement avec celle du fossile, tandis
qu il n*y a aucune analogie entre celle-ci et le calcaire bathonien
de la môme région.
L'âge du fossile qui nous occupe est donc bien déterminé ; en ce
qui le concerne lui-même, il s'agit d'un moule, sans structure
conservée ; malgré cela il oilre de l'intérêt, parce que son attribu-
tion à une tige cycadéiforme est certaine, parce que de plus il
présente des caractères assez précis pour qu'on puisse le placer
parmi les Cj'cadeoidea, tels qu*on les entend aujourd'hui en
Paléontologie, c'est-à-dii*e comme étant vraisemblablement des
tiges de Bennettitées. Or, tout ce qui touche à ce groupe de végétaux
mérite une attention toute paiticulière, en raison des problèmes
quil soulève encore et du rôle important quil a joué pendant la
période jurassique et surtout le Crétacé inférieur.
La tige de File de Dives nous a été conservée, sous forme de
moule, ainsi qu'il a été dit plus haut ; celui-ci est formé par du
calcaire et recouvert à sa surface par une mince couche d'oxyde de
fer hydraté qui lui donne une couleur brune, assez claire d'ailleurs,
toutes les fois que celle-ci est intacte.
5 Septembre 1901. — T. ler. BuU. Soc. Géol. Fr. — i3
194 p- FLicHB a5 Pérr.
Ce moule est resté engage, dans la roche encaissante, par une de
ses faces, sur moitié environ de son épaissear; la tige a tris
visiblement subi une compression qui non-seulement l'a aplatie
mais l'a un peu dérormée, de manière à en rejeter de cOté l'extré-
mité supérieure, un peu creuse, ce qui est un caractère de ces tiges,
sur la face sortie de la roche, ce qui la rend très visible sur la
âgore, en i , bien que la cavité renferme quelques concrétions, ainsi
en a, qu'on n'a osé enlever de petu* de la dégrader.
***gt^L.
Fig. .
- Cyeadeoidea divenaiê n. gp. Grandeor naturelle.
Le moule n'est pas intact, un simple coup d'œil, jeté sur la figure,
le montre fort bien ; cependant on en possède visiblement la presque
totalité, puisqu'on a, comme il vient d'être dit, l'extrémité supé-
rieure ; puisqu'à la base, la section de la roche, un peu en dessous
XgOt UN NOUVEAU « CYCADEOIDSA X> I95
du fossile, montre que celui-ci ne Fatteint pas ; d*un autre côté, si
la portion du fossile, placée à la gauche du lecteur, n est pas entière,
1^ face opposée Test à peu de chose près ; la tige était donc courte
^t Large; ce qui se rencontre si fréquemment chez les Cycadeoidea,
|>ix)bablement aussi, même sur le vif, la section transversale était
plus ou moins elliptique.
Aux caractères, déjà indiqués, rattachant la tige de Dives aux
CJ^'cadeoidea^ s*en joignent de plus précis; ainsi les cadres si
oaa i*actéristiques formés, autour des écailles, par les raments, sont
souvent très visibles; ils le sont bien en particulier sur la ligure
cintre a et 3, enfin il y a une insertion d'inflorescence très nette en 5.
XI s*agit donc bien d*un Cycadeoidea, ce qui correspond au nom
<ie A^antellia qui avait été donné à ce fossile, par Mathieu, sur les
û&dicaiions de Schimpcr ; de plus, il me semble qu'il s'agit d'une
esi»j>^oe non encore décrite. Par ses dimensions, par sa forme, les
deiaat espèces dont elle se rapproche le plus, sont le Cycadeoidea
R^'S^r^iaea L. et Hutt. et le Bolbopodium pictaviense Sap. Malgré
ie x^otn générique qui lui a été imposé par son auteur, cette dernière
^spèoe semble, en eflet, êti'e aussi un C/'cadeoidea ; de Saporta *
^^^^^^ x*emarquer, lui-même, la ti»ès grande ressemblance de son
^oiOGpodium piciaviense avec le Gj'cadeoidea pj-gmaea L. et
*^^tt,^ dont, par suite, il fait un Bolbopodium; il ajoute un peu
plus loin -, après avoir donné les caractères distinclifs, assez peu
^^^ïportants, sur lesquels il établit son nouveau genre : « Cependant
*^s plus petites espèces de Clalhropodiuin ^, loi'squ elles sont
^ïi liées en œuf ou conformées en nid, pourraient être aisément
<^^ufondues avec les Bolbopodium, et l'étude des divei'ses catégo-
ries des tiges n* est pas assez avancée ou même ne repose pas sur
des principes assez fixes, pour permettre de tracer entre elles des
limites parfaitement rigoureuses. »
La petitesse des bases de pétioles, qui a fourni, à de Saporta, le
P^*iUcipal caractère distinctif des Bolbopodium et qui n'a pas, je
*'*^^is, la valeur que lui accordait l'éminent paléontologiste, est en
^HVm remarquable chez les deux seules espèces bien certaines
^^tribuées à ce geni*e, chez l'espèce de Lindley et Hutton, plus
^^cofe que chez celle de Saporta. Ce caractère sépare nettement le
fossile de Dives, comme le montre la plus simple comparaison de
1^ figure qui le reproduit, avec celle du Fossiljlora et de la Paléon-
^- J^aléontologie française. Plantes Jurassiques. II, Cjrcadées, p. 256.
^- L,* c, p. 258.
^* Genre établi aussi par de Saporta et qui est ua synonyme des Cjrca-
196 p. FLIGHE. — UN NOUVEAU « CYCADEOIDftA » 35 FéVT.
tologie française. La conséquence naturelle de ce fait est que les
bases de pétioles recouvrant la tige sont beaucoup moins nom-
breuses sur la première que sur les deux autres. Aucun autre Çyca-
deoidea décrit ne présente, à ma connaissance, autant d'analogie^
avec le fossile qui nous occupe, que les deux espèces dont il vient
d'être question, mais il en est, on le voit, très nettement distinct;
c'est donc une espèce nouvelle. Comme il est assez bien consei*vé,
pour être décrit, -je lui impose un nom spécifique qui rappelle la
localité où il a été trouvé et j'en donne la diagnose suivante :
Cycadeoidea divexsis n. sp. — C. caudice humili, opoideo
subconicOy sirobiliformi; apice depresso, cicatrices in/lorescen-
tiarum prœbente; altitudine g 5 milL, diameiro 80 mill. circUer
metiente; petiolorum basibus rhombcis, iy-21 milL, latis lo-i i
mill. aliis obtecto; ramentorum stratis i mill. cr assis.
Ile de Dives {Charil des AI azurés).
Les dimensions données, dans cette diagpaose, pour l'ensemble
de la tige, doivent se rapprocher beaucoup de ce qu'elles sont
réellement pour le diamètre transversal, sous la réserve de Texa^é-
ration qui peut être due à l'écrasement de l'organe ; pour la hauteur,
il y a plus d'incertitude quoique, pour les raisons exposées plus
haut, on doive être en présence de Torgane presque entier.
Les dimensions et les formes données pour les bases de pétioles,
s'appliquent à celles qui, subérisées et accrues, forment la masse de
la cuirasse protectrice de la tige et non à celles qui portaient encore
des feuilles ou dont celles-ci venaient de se détacher à l'état de
vie. Ces dernières ne dépassaient pas un centimètre de laideur.
On voit que, non seulement la tige était peu volumineuse, mais
que les bases de pétioles, tout en étant plus grandes que chez le
Bolbopodium pictaçiense de Saporta, sont encore fort petites ; cette
exiguïté de la tige et des pétioles se retrouve chez les espèces
décrites par M. Carruthevs et provenant certainement du Corallien
du Sutherland, en Angleterre. 11 y a dans cette exiguïté un fait
qu'il est intéressant de rapprocher des dimensions très réduites
aussi de la plupai*t des feuilles de Zamites, trouvées au même
horizon en France, en Suisse et en Allemagne, ainsi Z. Feneonis
Bi*ong., Z. Morcaui Brong., Z. Acerosus Sap., Z.formosus Heer.,
Z. Renevieri lleer. Ce rapprochement offre de l'intérêt, puisque les
Zamites^ en grande partie, si ce n'est en totalité, paraissent déplus
en plus certainement * avoir été, comme le prétendait Williamson,
les feuilles des Williamsonia et par suite des Bennettitées.
I . Voir notamment : A.-C. Seward. On thc leaves of Bennèttites. Procee'
dinga of the Cambridge PhUosophical Society, vol. IX, pi. V, p. 273.
Séance du ^ Maps t90t
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRESIDENT
IVf . L. Mémin, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance pn^cédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Sont proclamés membres de la Société :
>f M. Jacoby Ingénieur en chef des Mines, Directeur du Service
géologique de l'Algérie, présenté par MM. Pouyanne et
Ficheur.
Paul Vincey, Ingénieur-Agronome, Professeur départe*
mental d'Agriculture, présenté par MM. Gustave Dollfus
et G. Ramond.
Léopold Michel, Maître de Conférences de minéralogie à
la Faculté des Sciences de TUniversité de Paris, présenté
par MM. E. Haug et L. Gentil.
Louis Mengaudy Licencié ès-sciences, présenté par MM. J.
Bergeron et Léon Bertrand.
Louis Boistel» présenté par MM. Munier-Chalmas et
E. Hang.
Schardt, Professeur de Géologie, à Neuchâtel (Suisse),
présenté par MM. Marcel Bertrand et Emm. de Margerie,
M. S'tanislas Meunier. — Origine de Vargile à silex.
Je vmens de lire dans la dernière livraison du Bulletin de la
Société Géologique ([3], XXVIII, 1900, p. 809), une communication
de M. -A^. de Grossouvre sur T argile à silex des environs de Vierzon
et je demande à présenter quelques observations sur les conclu-
sions cic ce travail, qui touche un sujet que j'étudie moi-même
depuis plusieurs années. Malgré les assertions de l'auteur, je crois
qu'il s'* agit réellement, dans les localités qu'il a décrites, du produit
de la décalcification de la craie ; aucune de ses objections n'étant,
suivaat moi, justiûée.
Tout d'abord, M. de Grossouvre insiste sur la blancheur de la
roche pour écarter l'idée qu'elle provient de l'attaque de la craie.
« Il n'est pas de craie, dit-il, même la plus blanche qui, attaquée
par les acides faibles, ne laisse un résidu ferrugineux ». Or, il est
de nombreuses localités où l'argile à silex, parfaitement caracté-
risée, se présente avec une blancheur éclatante et donne par la
198 SÉANCE DU 4 MARS igOI
cuisson nn produit tout à fait blanc : une semblable terre de pipe^
dérivant de la craie par décalcification, se rencontre par exemple à
Prépotin, près de Montagne, où je l'ai étudiée avec détail.
Une deuxième remarque concerne la présence dans Targuie d*une
quantité considérable de silice soluble, qui semble à M. de Grossou-
vre incompatible avec le caractère résiduel de la roche. Il faut
pourtant constater que la silice soluble est un composant normal
de toutes les craies, comme de bien d'autres roches sédimentaires et
je me réserve de revenir sur cette question qui a une importance
capitale quant à l'histoire de la silicifîcation. La silice étant bien
moins soluble que le carbonate de chaux, un mélange de ces deux
corps, soumis aux acides très étendus, passe progressivement à
l'état de silice pure, par disparition progressive du calcaire. Le beau
travail de Ch. Friedel sur la cacholinisation des silex n'est pas à
invoquer ici et c'est ce que suffirait à montrer la composition tout
à fait normale des rognons dans l'argile à silex la mieux caracté-
risée. On trouverait facilement des exemples bien plus singu-
liers encore, en apparence, de la persistance de matériaux solu-
bles dans des roches qui ont subi incontestablement la perte de
certains de leurs éléments : je rappellerai seulement ici le calcaire
grossier de Vaug^rard qui est criblé de cavités laissées par la disso-
lution des tests de ses coquilles, au milieu d'une masse générale de
calcaire ambiant si complètement respecté qu'on y retrouve tous
les détails de l' ornementation délicate des fossiles.
Mais la troisième objection de M. de Grossouvre est plus insou-
tenable encore et c'est surtout à cause d'elle que je présente ces
observations à la Société. Il constate « que l'ai^ile à silex ne cons-
titue pas toujours un terrain superficiel et que souvent elle est
recouverte par des roches d'âges divers ».
J'ai étudié beaucoup de cas semblables et ils m'ont pani présen-
ter cet intérêt tout spécial de nous renseigner, contrairement à ce
que pensait Constant Prévost, sur le régime continental auquel ont
été soumises certaines régions avant une submersion ultérieure. \jq
recouvrement de l'argile à silex par les calcaires lacustres à Sully-
sur- Loire et à Romorantin que cite M. de Grossouvre indique
un affaissement du sol précédemment continental et son envahisse-
ni^nt par les eaux douces, après que l'argile à silex s'était constituée.
C'est, sans qu'on y fasse attention jusqu'ici, un ordre nouveau de
considérations qui seront fécondes pour la paléogéographie.
RÉVISION DES FORMBS BUROPÉBNNES
DB LA.
FAMILLE DES HYRACOTHÉRIDÉS
par M. Ch. DEPÉRET.
(Planches IV-V)
La fkmille des Hyracothéridés (Prééquidés) est Tan des groupes
les plus intéressants des Imparidig^tés éocènes, en raison de ses
caractères très primitifs et de ses liaisons ancestrales avec la
fiamille des Equidés, affinités qui ont été bien mises en lumière
parles beaux travaux de Kowalewsky, de Rûtimeyer, de M. Gandry,
de M^^ Pavlow, en Europe ; de Marsh, de Gope, de MM. Osbom
et Wortman, en Amérique.
A Toccasion d'une étude monographique que j'ai entreprise sur les
animaux éocènes de Lissieu (Rhône), j'ai été amené à étudier avec
soin les différents types d'Hyracothéridés européens, et à constater
qu'il existait dans les travaux des paléontologistes précités, et par
voie de conséquence dans le précieux Traité de paléontologie de
M. le professeur Zittel, des interprétations diverses et parfois
inexactes relativement aux caractères et aux limites des genres. Il
m'a paru que ces divergences provenaient soit d'une fausse inter-
prétation des types, soit de l'état encore incomplet des documents
sur quelques-unes de ces formes animales.
Les conclusions auxquelles je suis arrive dans cette révision
d'ensemble, pour laquelle j'ai utilisé toute une série de pièces
nouvelles de rÉocène moyen et supérieur du Midi de la France,
m'ont paru avoir un intérêt assez général pour mériter d'être
exposées dans cette Note. J'ai eu surtout en vue les formes euro-
péennes du groupe et je ne parlerai qu'à titre de citation rapide
des formes américaines que je connais peu personnellement. Je
laisserai également de côté la recherche des formes ancestrales de
la famille dans TÉocène le* plus inférieur et je ne remonterai pas
au-delà de Y Hyracotherium de l'argile de Londres, qui est le genre
type de la famille.
J'étudierai successivement les genres Hyracotherium, Packy-
nolophus, Propalœotherium et Lophiotherium qui représentent les
Hyracothéridés dans l'Éocène de l'Ancien Monde.
300 CH. DEPÉRET. — RÉVISION DES FORMES EUEOFilfiNWKS 4 MoTS
Genre Hyracotherixtm Owen (Pliolophus Owen)
Les limites de ce genre me semblent avoir été singolièreraent
exagérées. H faut prendre poor type le crâne incomplet décrit en
iSSg par Owen de Targile de Londres à Heme Bay (Kent) sous le
nom d'Hyracotherium Icporinum *. Ce crâne montre la série com-
plète des molaires supérieures, composée de 3 arrière-molaires et
de 4 prémolaires. Les points importants de la structure de ces
dents sont les suivants : arrière-molaires à 6 tubercules coniques^
les deux intermédiaires bien développés aux deux lobes ; on voit
à peine une tendance de ces tul)ercules intermédiaires à s'aligner
sous forme de crêtes transverses ; bourrelet basilaire épais et con-
tinu ; absence complète de colonnette médiane (mesostylé) sur la
muraille externe ; denticule complémentaire de Tangle antéro-
externe {parastyle) peu développé. Prémolaires : p* et g^ triangU"
laires à 5 tubercules coniques au lieu de 6, par suite de la dispari-
tion du denticule postéro-interne ; p^ allongée à une seule pointe
médiane ; p* (connue seulement par Talvéole), séparée de p^ par
un diastème, et de forme également allongée et étroite.
Un crâne entier du même animal, extrait d*un nodule de Targile
de Londres près Harwich (Essex) a été figuré par Owen en i858
sous le nom nouveau de Pliolophus çulpiceps -. D'après les indica-
tions données par M. Lydekker (Catal, Brit, Mus. Mamm.^
part III, p. Il), ce crâne dont le moulage est assez répandu dans
les collections européennes, a été brisé par accident, et il n*en
subsiste plus qu'un fragment de la mâchoire et de la mandibule
gauches. Les beaux dessins et les descriptions d'Owen permettent
toutefois de suppléer à cette lacune. Le Pliolophus différerait, selon
Owen. de Y Hyracotherium par quelques particularités de structure
des molaires supérieures : les tubercules intermédiaires seraient
un peu moins distincts aux arrière-molaires et surtout au lobe
postérieur de p^ ; le cingulum basai serait moins continu ; cnQn
dans Pliolophus, p* est en série continue avec les autres prémo-
laires, alors qu elle en est séparée par un petit intervalle dans
Y Hyracotherium, Ces différences sont fort légères et on ne saurait
•
I. Descript. of the fossil reiuains of a Mainmal and of a Bird of the
London Clay. Transact. geol. Soc. London, a* scr., t. VI, p. ao3, pi. ai, iSSq.
— Le même crâne est figuré dans : A hisiory of british foaa. Mammals^
i846, Iig4i9
a. Descr. of a sninll lophiodont Mnmmal from the London Clay. Quart,
Journal geoL Society ^ i^'5"» t. XIV, p. 5^, pi. II cl III.
X90II ^ la LA FAJfILLB JHEè HYRACOTHfellMfal SOI
leur attribuer une valear générique ni même probablement spéci-
fique. MM. Flower, Lydekker et Zittel me semblent avoir eu raison
en réunissant ces deux formes animales sous le nom à^HyracO'
therium leporinum.
Ce crâne du Pliolophus nous fait connaître en tons cas la struc-
ture des molaires inférieures qui sont au nombre de sept, dont
trois arrière-molaii*es et quatre prémolaires, la première ou p*
étant écartée de p^ par un léger intervalle; il est intéressant
d'observer que cet intervalle est phis grand du côté droit que du
oôlé gaucbe de la même mandibule et ce fait vient à Tappui de ce
que je disais plus haut au sujet de la faible importance qu*il fal-
lait attacher au plus ou moins d*écartement de la première prémo-
laire p^ dans la série des molaires supérieures.
Les arrière-molaires ont quatre denticules distincts disposés en
deux paires trausverses, les externes avec une tendance crescen-
ioide, les internes plus coniques; m- possède en outre un petit
'tubercule intermédiaire au lobe antérieur ; m ^ a un fort talon ou
troisième lobe à deux pointes.
Dans la série des quatre prémolaires, p* est semblable à m* ,
mais plus petite; p^ est plus étroite en avant à cause de Tatrophie
du denticiUe antéro-inteme ; p^ et p* sont tranchantes, à une seule
j>ointe, comprimée en travers, avec un petit talon plus développé
^ns p< .
Enfin, il faut signaler comme pour les dents de la mftchoire
supérieure, l'existence d'un bourrelet basilairc bien accentué qui
entoure toutes les dents de la mandibule, mais tend à s'effacer du
càXé interne.
J'ai fait reproduire (pi. IV, fîg. i) un dessin phototypique de la
dentition supérieure de YHj'racotherium d'après un troisième
crftne, provenant aussi de Targile de Londres et décrit parOwen *.
le moulage de cette pièce m'a été obligeamment envoyé par
M. Smith Woodward du British Muséum et montre, dans un état
(i^usure un peu plus avancé que dans les autres pièces décrites, la
forme conique régulière des denticules de YHyracotherium.
A côté de l'espèce type {H. leporinum), Owen a fait connaître
"«ns le même horizon de l'argile de Londres à Kyson (Suflblk),
Dnepl^is petite espèce qu'il a nommée Hyracotherium cuniculus -.
On lie connaît encore de cette forme que trois an'i ère-molaires et
'''*® pr^ molaire supérieures isolées. Les molaires ont quatre tuber-
1. G^€>1. Magazine, «lec. i, vol. II, i865, p. 339, pi. X. fig. 2.
Mag. nat. HUU i'* série, t. Vm
and Birdi, 184^, p. laf, fig. 170-171.
a. Am^m. Mag. nat. HUU i'* série, t. Vm, p. i, 1841. — Id. BriLJo$$\
*«»»mi»ia and RirdM. iS/Sfi. n. i-i^. iltr. fwv-Tii.
â09 CH. DEPÉRST. -^ RéviSION DBS FORMES EUROP&SNNES '4 MaTS
cules principaux coniques reliés au lobe antérieur par une crête
légèrement renflée qui représente le tubercule intermédiaire :
celui-ci n*est pas visible au lobe postérieur (au moins dans la figure
d'Owen)et devait être sans doute extrêmement petit. Le bourrelet
basilaii*e est épais et continu ; il n'existe pas de mésostyle. La
prémolaire £_^est triangulaire à cinq denticules comme dans la
grande espèce.
Je ne connais en Europe, en dehors de l'Angleterre, aucune
forme animale que Ton puisse rapporter au genre Hyracotherium,
tel du moins qu'il a été défini ci-dessiis avec ses caractères bano-
doutes essentiellement primitifs. Les espèces du calcaire grossier
de Paris, d'Egerkingen, du Mauremont qui ont été attribués à ce
genre doivent être, sûrement, rapportés à d'autres genres, ainsi que
je l'indiquerai plus loin.
On pourrait peut-être avoir quelque hésitation en ce qui concerne
les types de l'Éocène inférieur de Ay, près Reims (niveau des
sables à Térédines ou Sparnacien supérieur) que le D"* Lemoine
a fait connaître * sous les noms de Propachynolophus Gaudtyi et
de Pachynolophus Maldani,
Les pièces types du Propachynolophns Gaudrjd (Lemoine, loc.
cit.jfig, 114-116) que j'ai étudiées au Muséum de Paris ^, consistent
en une série de 7 molaires supérieures et en une partie de mandi-
bule portant en place les 3 arrière-molaires et les deux dernières
prémolaires. Les molaires supérieures di fièrent de celles de
Y Hyracotherium par les denticules externes notablement compri-
més, l'antérieur à tendance crescentiforme ; p* et p"^ sont triangu-
laires à 5 denticules comme dans V HjTacotherium . Dans son
ensemble, la série dentaire supérieure est extrêmement voisine de
celle du Pachy^nolophas et ne rappelle Y Hyracotherium que par le
bourrelet basilaire plus épais et plus continu, et par la forme un
peu plus carrée des arrière-molaii'es. Par contre les molaires infé-
rieures ont leurs denticules internes et externes encore bien
distincts à chaque lobe et n'ayant qu'une bien faible tendance à se
réunir en demi-croissants ; à ce dernier point de vue, le type des
environs de Reims est plus voisin de Y Hyracotherium. que du
Pachynolophus. Dans l'ensemble, je trouve que les caractères de
I. Etude d'ensemble sur les dents des Mammif. foss. des environs de
Reims. D. S. G. F., (3), XIX, 1891. p. 285, ilg 109-119.
a. Les ûgfures publiées par le D' Lemoine ne donnent pas une idée bien
exacte des caractères de ces dents dont les denticules ont été trop schéma-
tisés en cônes isolés et entourés dr plis dV'mail secondaires dont l'importance
est visiblement exagérée.
igOI DB LA FAMILLE DBS HtHACOTHÉRIDlis- 5lo3
Pachynolophns remportent sur ceux de Hyracotherium dans
cette curieuse forme animale, qui constitue véritablement un pas-
sage entre ces deux genres et pourrait justifier le nom de Propa-
chynolophus imaginé par le D*" Lemoine à titre de section des
Pachynolophes .
Le Pachynolophus Maldani Lemoine (loc, cit, fig. 117, 118) est
représenté comme pièce type (coll. Mus. Paris) par un fragment de
mandibule portant en place m^ , m^ , m* brisée et p* avec un
second lobe crescehtolde abaissé et un lobe antérieur à deux
pointes. Les denticules externe et interne de chacun des lobes de
ces molaires sont réunis par une crête transverse peu sensible, à
peu près comme chez le P. Gaudryi, La partie antérieure de la
mandibule que Lemoine a figurée en série continue avec cette pièce,
ne s'y adapte pas, soit parce qu'il manque un fragment de l'os, soit
parce qu'elle n'appartient pas au même sujet. Mais il existe dans la
collection Lemoine une autre demi-mandibule complète montrant
en série continue les 3 arrière-molaires, p* très-usée, p' représentée
par les racines et p- par deux alvéoles. Le P. Maldani avait donc
6 molaires comme les vrais Pachynoiophus, alors que le D*" Lemoine
attribue au P. Gaudryi 7 molaires inférieures sans preuve, je
crois, bien évidente.
On peut dire en résumé que ces formes de l'Éocène inférieur de
Cuis sont intermédiaires entre V Hyracotherium et le Pachyno-
lophus, tout en restant plus voisines de ce dernier genre.
L'Éocène inférieur de TAmërique du Nord (horizons de Wasatch
et de Wind River) contient un grand nombre d'espèces d'Hyraco-
théridés, dont quelques-unes avaient constitué le genre Eohippus
de Marsh \ mais qui ont été ensuite attribués par Cope - et par
M. Wortman * au genre Hyracotherium : tels sont les H. tapirinum
Cope, H, cris tatu m V^ovim., H. craspedotum Cope, H. casaccimse
Cope (= Eohippus validas Marsh soc. Wortman). H. index Cope
(= Eohippus pernix Marsh sec. Wortman). Ces formes, dont
M. Wortman a donné d'excellentes figures, présentent en effet un
un gi'and nombre de caractères de V Hyracotherium d'Angleterre,
entrautres un épais bourrelet basilaire continu aux molaires
supérieures, et surtout la séparation des deux denticules interne
et externe à chaque lobe des molaires inférieures. Je puis noter
1. Marsh. American Journal 0/ science, 1876, t. XIT, p. 401.
2. Cope. Eocene Vertébrales New Mexico, 1875. — Id. Vertebr. tert. forma-
tion of the West. — Id. American NaturaUst^ 1881, p. 1018.
3. Wortman. Species of Hyracotherium. . . . BaU. amer. Mus. nat. Historjr,
U I, art. VI, 1896.
304 GH. DSPlfaOET. — BKV18IOH DK8 fOBMBS XUROFiKBINXS 4 Ma»
pourtant, en ntilisàiit les figures de M. Wortman et qnelqpies
spécimens originanx qa*a bien vonlu m*adresser mon ami M. le
professeur Osbom, que ces espèces américaines tendent par qnel-
qaes points à se différencier da véritable Hyroeotherium pour se
rapprocher des Paehynolophus : les denticnles des molaires supé-
rieures (par exemple dans H. index) sont beaucoup moins en cdne
régulier que dans YHyracotheriam, les externes sont comprimés
en travers, les intermédiaires s*allongent en crêtes transverses
reliées aux tubercules internes correspondants ; le denticule
supplémentaire de Fangle antéro-externe (parastyle) est aussi fort
que dans les Pachjrnolopkns, Aux molaires d*en bas, les denticules
internes et externes, bien que conservant une certaine individua-
lité, se réunissent cependant l'un à Tautre par une crête transverse
indice du futur demi-croissant des Pachynolophus. En un mot les
espèces américaines précitées me paraissent correspondre à un
état d'évolution intermédiaire entre Y Hjrraeoiheriwn et le Pachy-
nolophus et réaliser un stade qui n*est pas très éloigné de celui
que je signalais un peu plus haut chez le Prop€Lchynolophus
Gaudryi du D" Lemoine. G*est cet état d'évolution intermédiaire
entre Y Hyroeotherium et le Pachyrnolophns que Marsh avait
désigné sous le nom d*Eohippus.
Genre Pachynolophus Pomel
C'est à propos de ce genre que me paraissent avoir été faites les
confusions les plus fâcheuses, dont la responsabilité appartient
surtout à Kowalevsky, ainsi qu'on le verra plus loin.
1^ nom de Pachynolophus a été créé par Pomel en 1847 * pour
un petit Pachyderme trouvé dans le calcaire grossier de Passy,
dans les termes suivants : « Un autre Lophiodon de petite taille,
ic des mêmes couches de calcaire grossier de Passy, montre une
« modification remarquable dans Tépaississement de la partie
« médiane des collines transverses, qui l'a fait identifier au genre
« Hyracotherium Owen. Ce Lophiodon ne parait avoir que des
<K ressemblances éloignées avec ce dernier genre, que M. Owen
a décrit et figure comme voisin sous ce rapport du Chœropotame,
« ce qui n'est certes pas dans le fossile de Passy, comme j'ai pu
« m'en assurer par les communications de M. Duval, qui en pos-
« sède une série complète. Si le fossile d'Angleterre est congénère
I. Archives de$ Sciences physiques et naturelles de Genève^ .i847> t. IV,
p. 327.
\
igOI Dl LA FAMILLE 1X88 HTaAOOVHiamb so5
•
c de celui-ci, ce ne peut au surplus être un aninuJi de la fimiille
c des Cochons, comme le dit M. de Blainville, car son astragale
c qui se trouve dans les collections de l'École des Mines, est celui
c d*un Imparidigité et d*un vrai LopfUodon. Celui de France devra
c se nommer L. DuçaUi^ et constituer^ dan» ce genre^ aœc le
« cinquième Lophiodon d^ Argentan, une section des Paehjrnth
c lophas. » Cette citation montre jusqu'à l'évidence que l'espèce
type du genre Packynolophas est le P. DuQalL
Les pièces types de cette espèce ont été figurées pour la première
Ibis par Blainville * sous le nom d'Hyraeotheriwn de Passy i elles
consistent en la série des six molaires supérieures isolées les unes
des autres, des quatre dernières molaires inliftrieures égalemra^t
isolées, et en une double branche de mandibule incomplète en
arrière, mais montrant des deux côtés la série des six molaires
dans un état d'usure assez avancé. P. Gervais a reproduit en iSSg ^
sous le nom exact de Pachjrnolophus DupaU un bon dessin des
mêmes pièces où les six molaires d'en haut sont réunies en série
continue, et précédées de deux petits alvéoles ayant dû loger une
petite première prémolaire p^à deux racines. La branche droite
de la mandibule figurée également par Gervais, d'après de Blain-
ville, ne porte que six molaires précédées d'une longue barre
qui les sépare d'une petite canine. J'ai recherché au Muséum de
Paris les pièces en question que M. le professeur Gaudry a bien
voulu me per^iettre d'étudier et de figurer à nouveau (pi. V,
fig. 4-5). Une partie de ces précieuses pièces a dû ôtre égarée, car j'ai
pu retrouver seulement trois des molaires supérieures figurées par
Blainville et Grervais; ces molaires sont la dernière m% l'avant-
dernière m- et la dernière prémolaire j^. Pour la dentition infé-
rieure, j'ai retrouvé les trois dernières molaires du côté droit et
une autre du côté gauche très usées ; ces dents paraissent être
celles figurées par Blainville à l'état isolé.
Mais si les pièces types du P. Dupali ont en partie disparu, je
puis heureusement compléter les documents relatifs à la dentition
supérieure des Pachjynolophus grâce à la découverte faite par mon
intelligent auxiliaire, M. Laurent Maui^ette, d'un magnifique crâne
entier (pi. V, fig. i) d'une espèce très voisine du P. Duvali dans
les grès éoeènes du Minervois (Hérault). Je me propose de décrire
ce crâne en détail un peu plus tard, et pour le moment je me borne
à le figurer par la face palatine avec la série des six molaires en
I. Oêtéographie, genre Lophiodon, pi. II, sons le nom d'Hjrraeotherium
de Pauy.
a. ZooL et paléonU françatsest sT éd., 1869, P* 1^1 P^- I7> ûg- i"^-
aO& CH. DBPÉRET. — RÉVISION DES FORMES EUHOPÉENNBS 4 MoTS
place du côté gauche, précédées d'un loag diastème qui les sépare
de la canine, et où Ton ne voit aucune trace de la première prémo-
lairej^. Cette absence de p^ est le seul caractère important qui
distingue cette pièce du P. DuvaU de Paris et j*hésite beaucoup à
attribuer à cette différence une valeur spécifique, en raison de la
variabilité avec laquelle p^ persiste ou devient caduque chez beau-
coup d'espèces de Pachydermes.
11 devient facile, à Taide de cet ensemble de documents, de
préciser les caractères du genre Pachynolophus.
Molaires supérieures au nombre de sept dans le type de Passy
(d*après la figure de Gervais), impossible à contrôler aujouinl'hui ;
au nombre de six seulement dans le crâne du Minervois par suite
de l'absence de p* .
Arrière-molaires supérieures, au nombre de ti'ois, constituées
par deux tubercules externes, moins franchement coniques que
dans H}^racotherium , un peu comprimés en travers, mais comme
dans ce dernier, dépourvus de colonnette médiane (mesostyle) au
milieu de la muraille externe; deux tubercules intermédiaires en
proportion bien moins gros que dans Hyracotherium, et ayant
une tendance très nette à s'allonger surtout au lobe postérieur, en
crête transverse perpendiculaire à la muraille ; deux denticules
internes moins coniques que dans Hyracotherium^ assez fortement
comprimés d'avant en arrière. Le bourrelet basilaire est beaucoup
moins développé que dans Hyracotherium, maison revanche, il
s'épaissit et se relève à Tangle antéro-cxterne en une pointe sup-
plémentaire (parastj'le de M. Osborn), rappelant celle des iopAio-
don, pointe qui est bien moins forte dans Hyracotherium. leporinum.
Prémolaires supérieures : la dernière p^ et Tavant-dernière p^
de forme triangulaire comme dans Hyracotherium, formées de
cinq denticules, deux externes, deux intermédiaires extrêmement
réduits (le postérieur à peine sensible), un denticule interae subco-
nique qui correspond à celui du lobe antérieur. Le denticule
postéro-interne a disparu, mais le bourrelet basilaire s'épaissit
assez fortement à ce niveau, comme pour en remplir la place, p^^
est allongée avec une pointe principale et un talon arrondi postéro-
interne, p* est à deux racines (dans le type de Passy) et fait défaut
dans le crâne du Minervois.
La dentition inférieure est encore mal connue : trois arrière-
molaires constituées chacune par deux demi- croissants comprimés
d'avant en arrière, provenant de la fusion des deux tubercules
interne et externe des Hj^racotherium ; extrémités internes de ces
demi-croissants formant des piliers épaissis qui marquent la place
igoi
DS LA FAMILLB DBS HYRAGOTHÉRIDÂS
205
des denticales internes; le pilier médian souvent dédoublé à son
sommet; m^ avec un troisième lobe de forme elliptique.
Trois prémolaires (dans la mandibule de Passy aujourd'hui
disparue) ;~p^ molariforme à deux demi-croissants, Tantérieur plus
étroit ;"p^ et surtout'p* avec une pointe antérieure suivie d'un lobe
postérieur plus abaissé ;^fait défaut dans la mandibule type.
Les caractères distinctifs des deux genres sont résumés dans le
tableau suivant :
Genre Hyracotheriam
(Type : H, leporinum Owen)
BCaCHOIRB SUPéRIBURB
3 M à six denticales de forme
conique, les a externes presque régu-
lièrement coniques, les intermédiai-
res ayant à peine une légère tendance
i s'allonger en crête transverse, les
internes à peu près coniques.
Bourrelet basilaire épais et continu,
«e relevant à peine à l'angle antéro-
ieme en rkuparcLstyle peu accentué.
Pas de coionnette médiane {meao-
mtyU) sur la muraille.
/% P, les deux dernières p* et p^,
lri.4mDgalaires,à 5 denticules coniques,
le^ intermédiaires assez forts et à
peizie comprimés.
J>^ et p* allongées ; p* parfois
séf>«rée de p* par un diastème.
Mandibule
^ à 4 denticules distincts dispo-
en deux rangées, les internes
^*^iqiics, les externes subcrescenti-
foK^wnes; m*^ avec un fort talon bitu-
_^ X*:^fl"p»^à 4 denticules; p* et
P «vec une pointe élevée et un lobe
P*^^t^rieur plus bas.
Genre Pachynolophns
(Type : P. Duçali Pomel)
Machoirb supériburb
3 M à six denticules, les externes
comprimés en travers, les intermé-
diaires aplatis en crêtes transverses,
les internes subconiques, comprimés
d*avant en arrière.
Bourrelet basilaire très mince,
presque effacé du côté interne, mais
en revanche relevé à Tangle antéro-
externe en un fort parastyle, sail-
lant en dehors.
Pas de mesostjrle.
4 P (ou 3 P suivant les spécimens),
le8 deux dernières triangalaireê à 3
denticales snbconiques^ les a inter-
médiaires très petits, surtout le pos-
térieur.
p' ullongée ; p^ présente ou absente,
mais toujours rapprochée de p*.
Mandibulb
3 M à deux demi-croissants com-
primés en Y ; denticules médians
internes, rapprochés, mais distincts
au sommet ; m' avec un talon de
forme semi-circulaire.
3 P seuiement (mandibule type) :
forme mal connue dans le détail.
^'espèce type du genre, le Pachynolophus Duvali, est une toute
p^Ute espèce : dans la pièce type de Passy, la dernière molaire
*^périeure mesure 9 millim. ; la dernière inférieure 12 millim. ;
ao8 GH. DEPÉRBT. — RÉVISION DES FORMES EUROPiKNMBS 4 MrTS
les trois arrière-molaires inférieures réunies aS millim. La figure
reproduite par P. Gervais donne 4^ mill. pour la série des six
molaires supérieures ; cette même série mesure 4^ mill. dans le
crâne du Minervois,m^ comptant dans cette longueur pour 9 mill.
Mais à côté de cette petite forme, P. Gervais a fait connaître du
calcaire grossier à Cérithes de Gentilly, une espèce un peu plus
grande, qu*il a nommée Pach}'nolophu8 PreQOsti *. Les pièces types
de cette espèce, que j*ai pu étudier au Muséum de Paris et que je
reproduis (pi. Y, ûg. a), consistent en une arrière-molaire supé-
rieure (vraisemblablement m-) mesurant 9 mill. 5 de longueur;
et une moitié de mandibule portant en place la série complète des
six molaires mesurant 55 mill., m^ étant pour 14 mill. 5 dans cette
longueur. Le Muséum de Paris possède en outre de la môme
localité de Gentilly une série des cinq dernières molaires supé-
rieui'es droites (pi. V, fig. 3), qui appartiennent, je crois, égale-
ment au P, Preçosti. Le caractère distinctif le plus constant du
P. Preçosti me parait être la présence d'une ébauche de colonnette
médiane entre les deux lobes de la muraille extei*ne ; mais cette
colonnette est encore tout-à-fait rudimentaire et ne rappelle que de
fort loin le mesosVyle si développé des genres Propalœotherium
et Lophiotherium. Quant aux prémolaii*es p> et £^, elles sont
triangulaires à cinq denticules comme chez le P, DupaU,
En dehors du bassin de Paris, les vivais Pachynolophus sont
assez rares. Riitimeyer a rapporté au P, Duvali quelques molaires
supérieures du Sidérolithique d'Egerkingen - qui peuvent bien en
eilet appartenir à ce type, mais je pense qu'il faut rapporter au
genre Propalœotherium les pièces du même gisement ^ qu'il a
attribuées au P, Prci'osti : la muraille de toutes ces molaires supé-
rieui^s est en elïet pourvue d'un fort mesostyle qui n'est jamais
aussi développé chez les Pachynolophus,
J'ai vu au Muséum de Paris, du calcaire éocène d'Argenton
(Indre), une seule molaire supérieure et quelques molaires d'en bas
pouvant être attribuées au P, Duçali. D'autres molaires plus fortes
et munies d'une petite colonnette médiane sur la muraille ont été
rapportées au P, Preçosti, Mais il me pamît certain qu'une partie
au moins de ces dents, à côte médiane bien développée, doit être
rapportée au Propalœotherium parvulum Laur. (5^ Lophiodon
d'Argenton, Blainville, pi. III).
Enfin Gervais a décrit, des grès éocènes du Minervois (grès de
I. Zool. et paléont. fr.^ 1869, p. ia6, pi. 35, ûg. i5-i6.
a. Eoc, Saùg, v, Egerkingen, 189a, pi. Il, ûg. ia-14.
3. Id., pi. n, ûg. 6, 7, 8, 9, 10.
I9OI DE LA FAMILLB DES HYRACOTHERIDES aOQ
Cesseras) sous le nom de Pachynolophus cesserasicus * une espèce
plas forte que le P. Prevosti et particulièrement caractérisée par
la forme étroite et très allongée de sa dernière arrière-molaire
inférieure.
Quant aux formes de FEocène inférieur des environs de Reims
^/aune agéienne du D' Lemoine), tels que le P. Gaudryi et le
^. MaldarU, j*ai déjà eu Toccasion de dire plus haut (voir genre
.^^racotherium) que ces formes constituaient à quelques égards
transition entre les Hyracotheriam et les Pachynolophus^
en restant plus rapprochées de ces derniers.
e ne vois dans les formes américaines aucune espèce qui puisse
trer d'une manière exacte dans la définition du genre Pachyrto-
us ; mais ainsi que je Tai dit plus haut, les animaux de l'étage
"^Vasatch désignés comme Hyracotherium par les paléontolo-
es américains sont en réalité très peu éloignés des Pachynolo'
et constituent une sorte d'intermédiaire entre les deux genres.
s longs détails qui précèdent ne m'ont pas semblé inutiles
T préciser les caractères génériques des Pachynolophus^ parce
ces caractères ont été méconnus par la plupart des paléontolo-
s, depuis la publication de l'important mémoire de Kowa-
5iky sur le développement des Ongulés 2. Ce savant paléontolo-
prend pour type du genre Pachynolophus (iîg. 8) une série de
1 aires m^ m* p* qui proviennent (d'après le texte et Texplica-
^ des planches) du calcaire grossier de Gentilly, près Paris.
•■ ignore absolument où l'auteur a pu observer cette pièce qui
'^ ^iciste pas, à ma connaissance, dans les collections du Muséum
^^ I*aris. Mais ce qui est bien certain, c'est qu'elle diffère complè-
^"^^ïàent par tous ses caractères de ceux du type du genre Pachyno-
^^^f^hus (P. Duvali) : 1^ les arrière-molaires portent au milieu de
■^^ muraille externe un mesostyle bien développé qui manque aux
^i^y^acotherium aussi bien qu'aux Pachynolophus ; 2° la dernière
Pï^molaire p^est une dent subrectangulaire à six denticules (les
^^ux internes existent), tandis que dans les deux genres précités,
V_* et f^ sont triangulaires avec un seul denticule interne. Le
Pi^tendu Pach} nolophus de Kowalevsky n'est donc ni un Hyraco-
^hej^iiun, ni un Pachynolophus, ni môme un Propalœotherium
(dans ce genre, p* est aussi triangulaire à cinq denticules), et si
i. Zool et paléontfr., p. 126. pi. 18, fig. 8-8".
2< Monogr. d . Gattung Anthracotherium und Versuch ein naturl. Classif .
d. to«8. Hofthiere {Palmoniographica, U XXII, 1876, p. 1107. pi. Vm).
'fc SepUïmbre 1901. — T. i«r. Bull. Soc. Géol. Fr. — 14
•JIO CH. IIEPBRET. — REVISION DES FORMES EUROPEENNES 4 MeTS
l*on peut s*en rapporter au dessin de Taateur, il rentrerait plutôt
dans les caractères du genre Lophioiherium, tel qu il sera défini
plus loin. Je ne puis m'expliquer l*erreur de Kowalevsky que par
quelque substitution d'étiquette dans les collections de Tauteur.
Quoi qu'il en soit, la définition erronée du Pachynolophus de
Kowalevsky est devenue classique, grâce aux travaux des paléon.
tologistes qui ont suivi cette manière de voir, en particulier de
M°>e Marie Pavlow, dans son beau travail sur le développement
des Equidés S de M. Lydekker - et surtout de M. le professeur
Zittel dans son magisti'al Traité de paléontologie ^. Partant de la
définition du Pachyrwlophas de Kowalevsky ^, c'est-à-dire d*un
animal à molaires supérieures [>ourvues d*un mesostyle et à der-
nière prémolaire à six denticules, M. Zittel est entraîné par un
raisonnement d'ailleurs logique, à exclure des Pachynolophus le
type même du genre, le P. Duçali, à cause de ses molaires sans
mesostyle et de sa jr^ triangulaire à cinq denticules, et à le faire
rentrer dans le genre Hyracolherium, dont il est en effet assez
voisin.
En réalité M. Zittel a groupé dans son genre Pachyiiolophus à la
fois des Pachynolophus vrais (P. Gaudryi, P. PreQosti)^ des
Propalœotherium (P. pan^uius)^ mais sa définition s*applique sur-
tout à des Lophiotherium {Pachynolophus siderolithicus Pictet).
J*osc espérer que les explications qui précèdent pourront apporter
quelque lumière dans ces confusions presque inextricables.
Genre Propal^eothbrium Gervais.
Le genre Propalœotherium a été établi en 1849 par Gervais ' qui
a su reconnaître avec sa sagacité habituelle, et malgré la pénurie
des matériaux dont il disposait, les véritables affinités de cet
animal. L'espèce type est le Propalœotherium isselanum (JPalœo-
therium isselanum Cuv. Blainv.), et les caractères du genre furent
appuyés à l'origine à peu près exclusivement sur l'étude des
molaires inférieures. Voici la diagnose donnée par Gervais en 1859 ^ :
I. BulL Soc, impér. d, fiataraUstes de Moscou^ 1888, n* i, pL I, fig. a.
3. Catal. fous, MamniaUa Brit. Mus., 1886, part, m, p. i3.
3. Traité de paléontologie, t. IV, p. 0/^2, iig. 178-179.
4. M. Zittel reproduit (iig. 178) la figure déjà donnée par Kowalevsky,
mais en lai donnant, sans doute par suite d'une erreur d'impression, le
nom spécifique de Paehxnolophus DesmaresU Gervais, qui n'a jamais existé
5. C. R, Ac, Se, Paria, 1849, t. XXIX. p. 383 et 57Ô.
6. ZooL etpaléont. franc,, a* éd., 1869, p. ii5.
I9OI DB LA FAMILLE DES UYRACOTUERIDES 311
« Nombre total des molaires inconnu. Les supérieures assez sem-
« blables à celles des Lophiodons, les inférieures ayant une dispo-
« sition de leurs croissants intermédiaire à celle des Pachynolopbes
<x et des Paléothériums, c'est-à-dire que les deux lobes ou collines
« dont la forme est en croissant y sont placés bout à bout ; la
« dernière de ces dents est pourvue d'un troisième lobe portant
« sur la couronne une facette oblongue. )» C'est à Rûtimeyer ^ et à
M. Filhol - que nous devons des connaissances plus complètes sur
les caractères du genre. J'ai pu réunir moi-même du gisement de
Lissieu des séries dentaires complètes d'une petite espèce (P. par-
Qulum Laur.) dont je donne des figures photographiques (pi. lY,
fig. 2^).
Le nombre des molaires est de 7, c'est4i-dire qu'il y a, à la
mandibule, une prémolaire de plus que dans le Pachynolophus ;
ce fait est parfaitement établi par la demi-mandibule d'Issel
figurée par M. Filhol {loc. cit., pi. XII, fig- 10 et i4) où Ton voit
en place les trois arrière-molaires, les trois dernières prémolaires
et les deux alvéoles de p^ à deux racines.
Les arrière-molaires d'en haut sont à six denticules et ont de
grandes i^essemblances avec celles des Pachynolophus. Elles s'en
distinguent néanmoins très aisément au premier coup d'œil par
l'existence d'une colonnette médiane (mesostyle) sur la muraille
externe, caractère qui fait entièrement défaut chez Y Hyracothe-
rium et le Pachynolophus, On peut noter en outre certaines
nuances dans le degré de compression des denticules, plus prononcé
en général dans le Propalœotherium : les denticules externes sont
plus serrés en travers, les intermédiaires mieux alignés en crêtes
transverses, les internes avec une tendance crescentiforme très
accentuée.
Les prémolaires supérieures sont au même degré d'évolution
que chez Ilyracotherium et Pachynolophus : les trois dernières
sont triangulaires à cinq denticules, les deux intermédiaires relati-
vement petits et allant en diminuant de p* vers p^. Le mesostyle
existe encore dans p*, est tout-à-fait inidimentaire dans p^ et a com-
plètement disparu dans [y^. p' est de forme allongée avec une
pointe principale et un talon postéro -interne.
La dentition inférieure ressemble aussi beaucoup à celle des
Pachynolophus : les arrière-molaires sont formées de deux demi-
croissants comprimés en V, dont le postérieur vient se terminer
I. Eoc. Saûg. V. Egerkingen. 1891 {Mém. Soc, paléont. suiasCt t. XVIQ).
a. Vertébré» foss. dlssel, 1S86 (Mém. Soc, géoL France, (3X V).
'àitÀ CH. DXPÉJisT. — RÉVISION DES FOEifES xuBoracfin» 4 Mars
en contre-bas de la muraille dn croissant anténenr. Le point de
jonction des deux croissants forme nn pilier moins épais <pie dans
Pachy-nolophfUn mais également dédoublé au sommet. Les denti-
cules internes sont en somme, moins individualisés que dans
Paehynolophas^ de sorte que les molaires se rapprochent davan^
tage de Taspect des molaires des Palœotheriam.
Des quatre prémolaires, la dernière p^ est molariforme, avec
un lobe antérieur un peu plus diminué. Dans'p' le lobe postérieur
s'abaisse tandis que le demi-croissant antérieur s'élève en une
pointe saillante et tend à se dérouler en ligne droite. Dans ~p^ et
surtout dans p^ il ne reste plus qu'une pointe principale suivie
d*un petit talon très abaissé.
Je connais à llieure actuelle quatre espèces de PropaUBotheriam :
le type du genre, P, isselanam * a été découvert à Issel, mais se
retrouve à Argenton, à Egerkingen et à lissieu. Dans cette espèce
m' d'en haut mesure i8 mill. ; In^ inférieure à trois lobes mesure
aa mill.
Le P. argentordcum - Gerrais est une forme un peu plus grande,
mais bien voisine de la précédente (m^ super, aa mill. ; m^ infé-
rieure» 3o mill.). On la trouvée à Argenton, à Lissieu, à Egerkin-
gen et à Buchweiler (Alsace).
Une troisième espèce, beaucoup plus petite que les précédentes
a été d'abord signalée |>ar Cuvier à Argenton sous le nom de
cinquième Lophiodon iT Argenton, puis désignée par Laurillard
sous le noui de Lophiodon parvuUun. C'est la même espèce qui a
été retix)uvée très abondamment à Egerkingen i>ar Rûtimeyer qui
lui a donné le nom de Propalœotherium minutum, 11 fautla désigner
sous le nom de Propalœotherium par%*ulum : sa m^ supérieure
mesure lo mill. 5 : m^ d*en bas i4 niillim. L'espèce se trouve à
Argenton, à Issel, à Lissieu et à Egerkingen.
Enfin je me propose de tlécrire à Lissieu une forme encore beau-
coup plus petit** (ilï? inférieure lîi mill.) sous le nom de Propalœo-
Iherium pygrfuvum.
Je ne vois dans les types américains aucune forme rentrant
exactement dans le genn^ Propalœotherium (molaires avec un
mesostyle ; ]y^ et p-* triangulaires à 5 denticules). Mais le type des
couches de Wind River décnt par Cope sous le nom de Hyr.
oenticolum. espèce dont M. Wortmann a fait le genre Protoro-
I. PaUeotheriam isselanum Blainv. Ostéog^,, pi. VŒ. — Prop i^selanum
Genrais. Zool. etpaLfr., i^j, pi. 19, ûg. 5.
a. Palmothenum mnimm (crArgenton) Blainv. Oêtéogr.^ pL VIIL
tpOl DE LA FAMILLE DES HYRACOTHÉRIDÉS ÏIi3
hippus est très rapproché du Propalœotherium par ses molaires
supérieures avec un rudiment de mesostyle et sa £^ triangulaire à
cinq denticules ; il se distingue du Propalœotherium par sa ]3^ de
forme quadrangulaire à quatre denticules^ l'intermédiaire du
deuxième lobe ayant totalement dispaini. D*après la figure de
M. Wortmann, (loc. cit,^ fig. i5), il n'y aurait que six molaires à
la mâchoire supérieure.
Genre Lophiotherium Gervais
Le Lophiotherium est le genre jusqu*ici le moins bien connu de
la famille : aussi n*est-il pas étonnant que les paléontologistes
d'Europe et d'Amérique aient pris ce nom dans les acceptions
les plus diverses. Le genre a été créé par Gervais * d'après trois
fragments de mandibule provenant de l'Eocène supérieur des
environs d'Alais (Gard) ; la plus complète de ces pièces, figurée
par l'auteur (figure lo) porte en place les cinq dernières molaires
(bP — ^) et les alvéoles doubles des deux premières prémolaires
(p^ — p*^), ce qui fait en tout sept molaires pour la mâchoire infé-
rieure. Un autre de ces fragments (fig. ii) montre en place les
quatre prémolaires, et complète ainsi les données fournies par la
figui^e 10. La diagnose de la dentition inférieure est indiquée par
Gervais de la manière suivante : « Sept molaires inférieures ; les
« quatre avant-molaires biradiculées, croissantes de la première à
« la quatrième qui est déjà très sensiblement tapiroïde ; les trois
« arrière-molaires à deux collines subobliques reliées entr elles par
« une crête en diagonale allant du milieu d'une colline au bord
« externe de celle qui suit ; la dernière pourvue d'un fort talon
« simulant presque un troisième lobe ».
Dans le texte qui suit cette diagnose, Gervais qui avait d'abord
par erreur rapproché cet animal des Dichobune sous le nom de
D. cerçinum, indique fort bien ici les affinités du Lophiotherium
avec le groupe des Pachynolophes, dont il diff'ère par la présence
de sept molaires au lieu de six (une prémolaire de plus) et par les
denticules internes et externes moins distincts, mieux fondus en
crêtes transverses.
Ces observations sont très exactes et très-judicieuses ; mais elles
ne pouvaient conduire à une appréciation définitive des afiinités
du Lophiotherium, en l'absence de la dentition supérieure qui nous
a fourni pour les autres genres de la famille des Hyracothéridés
I. ZooL etpal.fr., 1869, p. 114, pi. 11, lig. 10-12.
9l4 CH. DERKET. KFTISION DES FOUIES ETBOPteonES 4 MaTft
le criténoin le plus sAr et le plus ptéds. Les moUires sapérienres
du Lophioihenuim étaient incoiiniie< de Genrais et elles Tétaient
restées encore jnsqa'ici. conune en lémoi|:ne la diagnose du genre
dans le Trmîté de M. le professeur Zittel. Xai eu la bonne fortune
en reprenant les fouilles dans les localités du bassin dWlais d'où
proTenaient les pièces types iSaint-HîppolTte de Caton)de retrou-
Ter le Lophiotheriam en grainde abondance : j'ai pu réunir dans
les collections de rUniversîté de Lvon plus de cinquante demi-
mandibules et trente cinq demi-mâchoires supérieures plus ou
moins complètes, qui me permettront de donner une description
définitive des caractères de ce curieux «enrv y>l. IV, fig. 4-6).
Mâchoire sapérieare. — On ixuupte trois arrière-molaires et
quatre prémolaires. Les arrière-molaires ont six denticules : deux
externes subconiques lè^*reuient comprimés en travers à peu près
comme dan< les Paehyyiolophus ; deu:si intermédiaires relativement
assex gros et bien distincts, allongés en cn^tes f^rpendiculaires à
la muraille, surtout au lobe postérieur: deux internes subconiques.
un peu comprimés d'avant en arrière à tendance beaucoup moins
crescentoide que dan< le PropaUeotherium, et à peu près de la
forme de ceux de Pachynolophus. Le bourrelet basiiaire est assez
bien développé quoique mince et il se relève en un fort mesostj'le
entre les deux denticules externes, et en outre à Tangle antéro-
externe en un parastvle bien moins é|)ai< et moins saillant que
dans Pachrnolophus et PropaUet^heHum. Dans leur forme géné-
rale* les arrière-molaires du Lophiotherium sont moins cari*ées«
plus allongées en travers que dans Pn.ipalitotherium et surtout
que dans Pachrnolophas. m^ est moins ditrén»ite dejn- et de m^
que dans ces deux derniers genres, où le lobe postérieur de cette
dent est moins développa- que le lobe antérieur. d*où résulte pour
m* une tendance à la forme sub-triaugulaire : dans Lophiotherium^
le lobe postérieur de m^ est presque aussi fort que le lobe anté-
rieur.
Les prémolaires du Lophiotherium sont surtout intéressantes et
présentent une structure très différente de celles des genres précé-
demment étudiés.
La dernière prémolaire p^ est une dent uiolariforme à six denti-
cules qui ne diffère de m' que par des dimensions un peu plus
petites et par le mesostyle un peu plus atténué : elle diffère donc
complètement de p^ triangulaire à cinq tubercules qui existait dans
tous les autres genres de la fauiille depuis T A/ rrat^^^Aerio/fi jusqu'au
Propalœotheriam inclus.
L'avant-dernière prémolaire j)^ offre uue particularité des plus
/ _ f
I9OI DE LA FAMILLE DES HYRACOTHERIDKS 210
cuneuses : en général (dix exemplaires sur treize) c'est aussi une
dent molari forme à six denticules de la même forme que p^ et
se^lement un peu plus petite. Mais sur quelques sujets du même
gisement (qu*il est impossible de ne pas rapporter à la môme
espèce en raison de l'identité de tous les autres caractères), les
deux denticules internes se rapprochent et se soudent Tun à
l'autre de sorte que la couronne prend un aspect sub-triangulaire
qui rappelle les prémolaires des Pachynolophus et des Propalœo-
theriam; cependant la trace des deux denticules reste toujours plus
ou moins complètement visible soit sous la forme de deux petits
cercles d'usure accolés, soit sous celle d'un sillon vertical sur la
muraille interne. Il y a chez ces individus conmie une tendance
atavique rappelant les prémolaires triangulaires des genres ances-
traux du Lophiotherium,
La deuxième prémolaire p^ est triangulaire mais compte néan-
moins six denticules ; les deux externes très rapprochés, sans
mesostyle : les deux intermédiaires tout petits, les deux internes
presque entièrement soudés entr'eux en demi-croissant, mais
pourtant encore distincts au sommet,
La première prémolaire p_[_est plus allongée et plus triangulaire
que jgj avec ses deux denticules intermédiaires presque entière-
ment atrophiés.
Le bourrelet bas i lai re est en général très mince chez le Lophio-
iherinm: il est plus continu dans les arrière-molaires que dans les
prémolaires où il disparaît presque du côté interne.
En avant de la série continue des sept molaires, on voit chez le
Lophiotherium une longue barre (a'i niillini.) qui les sépare d'une
canine assez longue, pointue, aplatie en travers, avec deux bords
tranchants en avant et en arrière. Les incisives me sont encore
inconnues.
Mandibule. — 11 existe comme en haut tr<»is arricre-molaii'es et
quatre prémolaires.
Les arrière-molaires ressemblent presque complètement à celles
des Propalœotheriuni : elles sont formées chacune de deux demi-
croissants comprimés en forme de V, le point de jonction des deux
demi-croissants du C(Mé interne de la couronne s'épaissit (»n un
pilier vertical qui provient visiblement de l'accolenient de deux
denticules, dont les pointes l'cstent encorde bien distinctes sous
forme d'un dédoublement du pilier interne à son sommet. La
dernière m< porte un troisième lobe en demi-cercle, bien déve-
loppé. Un bourrelet basilaire mince entoure ces dents sauf du côté
interne où il est complètement eftacé.
aïO CH. DÉPÉRIT. — RÉVISION DES FORMES EUROPÉENNES 4 MarS
Des quatre prémolaires, les deux dernières~p^et p^sont tout-à-
fait molariformes et ne di(I%rent des arrière-molaires que par la
forme un peu plus étroite du lobe antérieur, ce qui donne à
renseinble de la couronne une tendance subtriangulaire. Dans p-,
cette forme triangulaire est encore plus marquée, par suite de la
tendance du demi-croissant antérieur à se prolonger en avant. La
pi*eini(^re prémolaire^est une petite dent à deux racines composée
d*une pointe triangulaire extérieure, suivie d*un talon bas qui
représente le deuxième lobe. Le bourrelet basilaire est plus mince
que celui des arrière-molaires, et il est également eliacé du côté
interne.
En avant de la rangée continue des sept molaires, existe une
barre de vingt millim., précédée d*une canine pointue haute de
douze millim., de forme moins comprimée en travers qu'à la
mftchoirt^ supérieure. Les incisives inférieures me sont encore
inconnues.
Kn résumé la dentition du Lophiotherium diJQère essentiellement
de celle des genrt*s qui l'ont précétio dans FEocène inférieur et
moyen ^wr ses dernièrt^s prémolaires d'en haut et d'en bas tout-à-
fnit semblables comme structure aux arrière- molaires. Cette denti-
tion homin>donte forme un contraste remarquable avec la dentition
hWrodonte des Ilyracotherium, des Pachrnolophus, des Propa-
Uvotherinm et constitue un pas décisif dans le sens de l'évolution
du giH)Upe vers la dentition des Kquidés.
La comparaistm entre les genres Pach}'nolophus, Propalœothe-
rium et LophiotherUun est résumée dans le tableau suivant :
Paebynolopbua
(Trpe : P. Dmpali Pom )
DenUUonM^pi^ \
M sapcri<rui^$ i 6d<rii-
ticQlrs ; les « <rxtem<r$
sabconiques : 1rs a îd
t^nnédiaires petits et
im peu allongés ; les
înlemes sobconiqoes.
an pen comprimés
d'armnt en airière.
I
Propalsotheriom
(Typ^^ : P* isseianum Bl.)
M— P-î-
M supérieures à 6den-
tioules ; les :i externes
etuiiprimés et allongés,
les â intenné\liaires
alkmgés en crêtes trans-
verses, les a internes à
tendance enracenli/or-
me irts mtttt.
Xjophiotheriom
(T. : L. cerpolom Gerv.)
3 4
M — P —
Si
M snpérienres aUon-
gées en travers à 6 den-
ticoles, les a externes
subconiqnes,le8 a inter-
médiaires assez gros et
nn peu allongés, les a
internes snbconiqnes,
nn pen comprimés
d'avant en arrière.
igoi
DE LA FAMILLE DES HYRACOTHÉRIDES
217
Pas de mesostxi^'
Parastyle fort et sail-
lant en dehors.
p* et p' triangulaires
à 5 denticules ; p' allon-
gée, p^ présente ou ab-
sente suivant les spé-
cimens.
M inférieures à deux
demi-croissants ; denti-
cales médians internes
épaissis et distincts.
p* molariforme ; les
P antérieures peu con-
nues.
I MesostxU bien déve-
loppé.
Parastyte assez fort et
moins saillant dehors.
p*, p' et p' triangu-
laires à 5 denticules. p*
allongée.
M inférieures à deux
demi-croissants; denti-
cules médians internes
moins épaissis et moins
distincts.
p* molariforme, le lo-
be antérieur plus étroit,
p' triangulaire en avant,
avec lobe postérieur
abaissé, p' et p* à une
seule pointe antérieure,
suivie d^un talon bas.
MesostyU bien déve-
loppé.
Parastyle 'très petit
et peu saillant.
p^ et p' molariformes
a 6 denticules, les a in-
ternes parfois soudés
dans p' ; p' triangu-
laire, mais avec a den-
ticules internes encore
distincts, p* allongée.
M inférieures, à deux
demi-croissants; denti-
cules médians internes
épais et bien distincte.
p* et p' molariformes,
le lobe antérieur plus
étroit, p' triangulaire
en avant avec lobe pos-
térieur très abaissé, p*
très petite avec une
seule pointe antérieure
et un talon bas.
Le type du genre Lophiotherium est le L, cervulam Gervais *,
petite espèce de TEocène supérieur du bassin d'Alais, dont j'ai pu
retrouver le gisement, qui m'a fourni, ainsi que je l'ai dit plus
haut, toutes les parties encore inconnues de la dentition supérieure.
L'espèce se retrouve, je crois, dans les phosphorites du Quercy.
Il faut certainement rapporter au genre Lophiotherium l'espèce
du Sidérolithique du Mauremont (Vaud), que Pictet a décrite sous
le nom de Hyracotheidum siderolithiciim - et que M. Zittel a
ensuite rapporté à tort au genre Pachynolophas, On retrouve
dans l'espèce de Pictet tous les caractères du Lophiotherium :
molaires allongées en travers à six tubercules peu comprimés, avec
MU fort m,esostj'le et un parastyle peu développé ; prémolaires
p_^ et p^ molariformes à six denticules (type homœodonte). L'ani-
mal de Mauremont, dont je possède quelques dents isolées, est
tellement voisin du L. cennilum du Midi de la France qu'il me
I Zool. et paléont. franc., a» éd., 1869, p. 114, pi XI, fig. 10-12.
a Mémoire sur les animaux vertébrés trouvés dans le terrain sidéroli-
thique du canton de Vaud. Matériaux pour la paléont. suisse, i'* sér., i855-59,
p. 53, pi. IV, fig. 14.
2l8 CH. DEPÉRET. — RKVTSION DES FORMES EUROPiENNBS 4 MarS
paraît même difficile de l'en séparer spécifiquement ; peut-être la
forme des molaires dans Tespèce suisse est-elle encore plus trans-
verse que dans le type du bassin d*Alais. et les bourrelets basi-
laires encore plus effacés.
En revanche, je crois qu*il faut écarter du genre Lophiotheriunt
toutes les molaii*es inférieures du Sidérolithique d*Egerkingen
(Eocène moyen) que Rûtimeyer * a attribuées k ce genre sous les
noms de Lophiotherinm cenmlum et de L, elegans. Ces dents me
paraissent appartenir au Propalœotherium minutum à divers
stades de leur sortie des alvéoles. J*ajouterai que la même conclu-
sion me semble s'imposer pour tontes les molaires d*en haut et
d*en bas que le même paléontologiste a rapportées à VHyracothe-
rium siderolithicum de Pictet dans le gisement d'Ëgerkingen - : la
figure i8 de la planche II en particulier montre une prémolaire
supérieure à cinq denticules tout à fait étrangère au genre Lophio-
therium et qui me parait identique à p* du Propalœotherium
minutum,
D après ces observations, il n*existerait trace du genre Lophio-
therium ni à Kgerkingen. ni dans aucun autre gisement de TEocène
moyen et ce genre serait exclusivement propre aux dépôts de
TEocène supérieur (Alais, Mauremont, Phosphorites du Quercy).
En Amérique, le type de l'étage de Bridger (Orohippus cuspi-
datus Cope) ^ et surtout les espèces de Tétage d'Uinta dont Marsh
a fait le genre Epihippus ^ (Epihippus uintensùi, gracilis et agilis
Marsh) avec leurs dernières prémolaires p^et jj^ molariformes
(quadrangulaires à six denticules) représentent un stade d'évolu-
tion au moins extrêmement rapproché du Lophiotherium, si même
ils ne doivent pas lui être réunis. Il est intéressant de remarquer
que Tétage d'Uinta correspond comme niveau à TEocène supérieur
d'Europe, c'est-à-dire à l'horizon exact du Lophiotherium,
Résumé et conclusions
Le type le plus primitif de la famille est sans conteste YHyra-
cotherium de l'argile de Londres (Eocène inférieur) avec ses
arrière-molaires supérieures à six denticules coniques (type buno-
I. Kocene Sangeth. v. Egorkingen^ 1892, pi. III. lig. i3-i6.
!i. Id., pi. n, ûg. 17, 18. 19 et pi. ni, lig. 17.
3. Cope. Wheeler Survey Report, p. a67. pi. LXV, fig. 18. — Wohtman,
loc. cit., p. 108, fig. 18.
4. Marsh. Amer. Journ , 1871-75. — Scott. Mamm. Uinter formation, 1889.
igOÎ DK LA FAMILLE DES HYRACOTHERIDES aiQ
donte), entourées d'un épais bourrelet basilaire, sans mesostyle^ et
SiYec parastyle peu développé. La dentition supérieure est essen-
tiellement hétérodonte^ les dernières prémolaires étant triangu-
laires à cinq deatieules. La dentition inférieure est également d*un
type primitif, chaque molaire étant formée de deux paires trans-
verses de denticules distincts non reliés en deux demi-croissants
comme cela aura lieu dans les formes plus évoluées. De ces quatre
denticules, les deux internes sont restés coniques (bunodontes)
tandis que les deux externes ont une tendance crescentiforme
(sélénodonte) déjà très apparente. Les prémolaires inférieures se
distinguent des arrière-molaires par la réduction et. rabaissement
de leur lobe postérieur, de pins en plus accentués d^arrière en
avant. Ce genre que Ton doit considérer comme la forme la plus
archaïque du groupe est tout à fait spécial à TÉocène inférieur du
bassin de Londres.
Le passage de Y Hyracotherium au Pachynolophus de TEocène
moyen se fait par Fintermédiaire des intéressantes espèces de
TEocène inférieur d'Ay, près Reims, décrites par le D"" Lemoine
sous les noms de Propachynolophus Gaudryi et de Pachynolo-
phus Maldani, Dans la première de ces deux formes tout spécia-
lement, on retrouve encore plusieurs caractères importants de
Y Hyracotherium, tels que la forme prévue carrée, à peine trans-
verse des arrière-molaires supérieures entourées aussi d'un large
bourrelet basilaire ; et la séparation des deux denticules de chaque
lobe aux molaires d'en bas. Mais déjà les denticules des molaires
supérieures ne sont plus aussi nettement bunodontes : les externes
s'aplatissent un peu en travers; les intermédiaires et les internes
s'allongent et tendent à se souder en deux crêtes perpendiculaires
à la muraille. Les denticules des molaires d'en bas, quoique dis-
tincts, montrent aussi une tendance à se souder en crêtes trans-
verses et la forme sélénodonte des denticules externes y est plus
accentuée que dans Y Hjyracotherium.
Il me parait que les nombreuses espèces de l'étage de Wasatch
en Amérique, que Marsh désignait sous le nom de Eohippus et
que les paléontologistes américains rapportent aujourd'hui d'ordi-
naire au genre Hj'racotherium, sont en réalité dans un stade
d'évolution tout à fait comparable aux espèces de Reims, c'est-à-
dire intermédiaire entre V Hyracotherium et les vrais Pachynolo-
phus^ mais bien plus voisin de ce dernier.
Ces formes de l'Eocène inférieur d'Europe et d'Amérique nous
amènent aisément au Pachynolophus Pomel, genre qui a été mal
interprété depuis l'important travail de Kowalevsky. Le type est
*)*H) CM, DBpArBT. — RÉVISION DES FORMES EUROPÂKKIIKS 4 Ma»
le P, Ihwali Pomel da Lutélien supérieur de Passy : c'est, oomme
Y Uyracotherium, on type hétérodonte avec arrière-molaires d*eQ
haut quadrangulaires à six denticales et dernières prémolaires
( ^ et ^) triangulaires à cinq denticules : il ressemble aussi à
VHyracotherium par l'absence de mesosfy-le sur la muraille
externe. Mais il s*écarte de ce dernier genre par d'autres caractè-
res : aux molaires d*en haut, les denticules ne sont plus aussi buno-
dontes^ les externes sont aplatis en travers, les intermédiaires et
les internes comprimés et allongés en deux crêtes transverses ; le
parasi}'le a augmenté d*importance, mais en revanche le bour-
relet basilaire s*atténue et s'eflace même du côté interne. A la
mandibule, il y a soudure complète entre le denticule interne et
externe de chaque lobe et formation de deux demi-croissants (type
s^lénodonie) pour chaque molaire.
Entre le Pachf'm^ophus type et son contemporain le PropalœO'
iherium. il existe quelques intermédiaires. Chez le Pachynolophns
l^rt\\^ti Gervais du Lutétien supérieur de Gentilly, espèce un peu
|Uas grande que le P. lki%\Mli. on peut constater déjà une ébauche
de ctUoimette médiane (mesostyle) entre les deux lobes de la
luurttiUe de$ molaires supérieures. Cette même colonnette est un
l^u plu» aiventuée encore dans une espèce américaine de Tétage
de Wiud Hi^ er (Lutétien) que M. Wortman a désignée sous le nom
de t*>\^t\*rxiAippus imtic%*ius sp. Cope; on peut noter en outre
ehe« i't^ denùer la tendance eresc^itiforme des denticules internes
M\i\ ukvUaire» supérieures* caractère que nous retrouverons chez le
Pf\^fMti^^$h¥f^WH. Je :>erais même tenté de réunir la forme amé-
ricaine i^ K'e dernier genres n>tait la structure toute spéciale de
r^VAU^demi^iv prèiUixUin^ |^ quadrangulaire allongée à quatre
deuiionleM, l^^e !*uite vlu déplacement en dedans et de Timportance
|dua i&iH^Uvle du vteuticaW intermédiaire antérieur.
t*e Pf\^fHêtwx^4fktriuiH iiervaiî^ i^P^ P* isselanum Blainv.) de
IVlimv LuU^tiea. e«t as:>es voisin du Packynolophus pour que
d'èuiiueuU |^^t^^KU4^|^isles aient proposé de réunir les deux
g«iun^ U m di^liuy^ie davKi Tensemble par un degré plus avancé
de «i^éeiaU'tMliiMi vinw W gn>ttpe pmUoikérien : le fût des molaires
a«|iiéri«itrfKi <Nil «n (mmi |^us élevé« la muraille plus plate et plus
iMolialt an dt^aa» ^ W iii^^>»jh>^<ii^ est devenu trèis fort et annonce
la cala méiSmut de« Pado^i^kerimm et des Palœotheriwn. En
màmm Impa lea denticules ^ modifient : les externes se compri-
cft sTaDoiigctit en denù^'fuissants qui évoluent vers le type
du grou|)e /m JfH4Ai»nVA : les internes qui étaient
alkM^pés dans le P^^rnolophoM^ tendent visiblement
igOI DE LA FAMILLE DES HYRACOTHÉRID^S 221
vers une stmctare crescentiforme. De même à la mandibule les
deux demi-croissants de chaque molaire sont mieux dessinés,
mieux soudés bout à bout Tun à Tautre, au point qu'il est parfois
véritablement difficile de distinguer ces molaires de celles d'un
Paloplotherium, Néanmoins les prémolaires supérieures sont
toujours hétérodontes (triangulaii*es à cinq denticules) et ne se
distinguent de celles du Pachynolophus que par un épaississement
plus fort du bourrelet basilaire sur le boi*d postéro-interne, d'où
résulte pour la couronne une forme générale plus arrondie en
dedans, plus semblable à celle des Paloplotherium : 11 me paraît
certain que le Propalœotherium représente, comme l'a si bien pres-
senti Gervais, le type ancestral du rameau paléotherien, destiné à
s'éteindre au début de l'Oligocène sans laisser de descendant.
Revenant en arrière vers le Pachynolophus, type aux denticules
assez primitifs et encore peu éloignés du type bunodonte, nous
devons rattacher directement à ce genre une série de formes de
TEocène supérieur d'Europe et d'Amérique qui vont se distinguer
nettement de tous les types antérieurs par la modification de leurs
prémolaires qui deviennent progressivement molarifornies en
marchant de la dernière vers les plus antérieures (types homœ-
doutes) ; ces formes ont reçu en Amérique les noms d'Orohippus
•et de Epihippus Marsh ; en Europe de Lophiotherium,
Ce dernier, le seul dont je m'occuperai ici, diffère du Pachyno-
lophus^ en outre de ses prémolaires pj^ et £^ molariformes à six
denticules par ses arrière-molaires de forme plus trans verse, ce
qui tient en partie à la petitesse àxkparastyle, et par la présence
«d'un fort mesostyle. Mais malgré révolution homœodonte de la
série dentaire supérieure et inférieure (qui indique une affinité
très réelle avec le groupe des Equidés) il importe d'observer que
«ette transformation n'est pas accompagnée d'une évolution conco
jnitante dans la forme des denticules ; ceux-ci sont encore remar-
<iuablement primitifs, les externes à peine comprimés en travers,
les intermédiaires assez gros et peu allongés, les internes nulle-
ment crescentiformes. Le degré d'évolution des denticules dans le
sens sélénodonte n*est pas plus avancé que dans le Pachynolophus
^t Test beaucoup moins assurément que dans Propalœotherium,
Cest cet état primitif des denticules qui avait sans doute conduit
Pictet à faire du Lophiotherium siderolithicum une espèce du
{^nre H^raeotherium dont il diffère radicalement par la structure
des prémolaires.
De ces faits on peut conclure que le Lophiotherium représente
le type terminal d'un rameau éteint, et ne saurait être considéré,
lOQ CH. D
— RinsiO!t DES womxÊB wurnorémarEs 4 Mars
^
pas phifl que le PalœoiheHmn^ comme ran des ciialnoiis par leqnel
a passé l'évolvtioa directe du groupe des Ecpddés. Cette évolation
parait plutôt deToir être reconstitaée, ainsi cjne Marsh Ta indiqué
depuis longtemps, par fintermédiaire de V^nhippus et du Meso-
hippas américains.
La distribution géologique comparée des dirers t3rpes de la
famille des Hyracothôidés en Europe et dans l'Amérique du Nord
ae trouTe résumée dans Le tableau suiTanI :
dm Nord
Étages
MOTXIf
Laphiotheriam Gerr.
PropalmothmriMun Gerr.
Fmehjrmolopka» PomeL
Propmekrw^Ufpku» Lem.
Hjrrme€Uh£rimm Ow.
Epikippmê liarsh.
OrohippmM Mmnh.
FroiorohippmM Wortm.
Eokippm» Mmnh.
Uinter
Bridger
Wind-
Rivcr
WaMieh
n est remarquable que révolution du groupe est sensiblement
parallèle, mais non tout-à-fait identique dans les deux mondes.
I^es types américains Tiennent firéquemment s intercaler entre les
types génériques européens, de manière à graduer encore mieux
les transitions insensibles entre tous ces animaux : ainsi VEohippus
de Marsh vient combler l'intervalle entre VHjnracotherium et le
Paehynolophns ; le Protorohippus de M. A^'^ortman n*est qu'un
Prapalœotherium à caractères encore peu accentués ; VOrohippus
montre le passage des types hétérodontes de TEocène inférieur et
moyen aux types homœadontes de TEocène supérieur d^urope
(Lophioiherium) et d'Amérique (EjÂhippus). La série combinée des
deux continents est Tune des plus continues que Ton puisse recon-
naître dans le monde des Ongulés tertiaires.
Quant à l'évolution générale du groupe, et bien qu'il soit néces-
saire d'être très prudent en ce qui concerne l'indication des
filiations directes, je suis disposé dans l'état actuel de nos con-
naissances à la concevoir de la manière suivante :
igoi
DB LA FAMILLE DES HYRACOTHERIDES
$223
EOCÈNB
MOYEN
AcTUBi. I Equidés
MiOGÉNB
ougogànb
BocAnb
supéribur
RAMEAUX ÉTEINT»
I Anchitherium
I
I Mesohippas
I
Epihippus
Lophio therium
Anchilophua
PaUeo therium
Paloplotherium
I
Propalœo therium
I
Protorohippas
Pachjrnolophus
EocÉNB
nvpiRoiUR
Propachynolophua (Eohippus)
Uyraco therium
EXPUCATION DES PLANCHES IV ET V
Planche IV
Pig. I. ' HyracotherUun leporinum Owen. D'après an moulage du crâne
rovenant de Targile de Londres à Heme-Bay. ligaré par Owen (Geo2. Mag.,
, pi. X, tlg. a) et conservé au British Muséum.
Palais montrant à gauche les 3 M, £i) £l et les deux alvéoles de jq^ ; à
roi te m^, mj, £^, £^ et p'.
Figure grossie d*an cinquième. Longueur réelle des 3 M, o,oa4 ; des trois
«mières prémolaires, o,oao.
Pig. a. — Pro/>atool/iff/*iiim/iarptt/amLaurillard sp. Sidérolitbique Eocène
^« Lissieu (Rhône).
Série des molaires supérieures gauches (3 M, 4 P) formée à l'aide de dents
trouvées isolément.
Pignre grossie d'environ un quart. Longueur réelle des sept molaires, o,o58.
Fig. 3. — Propalmotherium parçulum Laur. sp. Sidérolitbique. Eocène de
Lissieu.
HfÀ^ FORMES BUROPÉBNNES DES HYRA.GOTHÉRIDS8 4 ^^ATS
Série des molaires inférieure^ (3 M, 4 P) 4a même animal et du même
gisement.
Figure grossie d'an quart. Longueur réelle, 0^066.
Pig. 4* — Lophiotherium cervulum Gervais. Eocène supérieur de Sainl-
Hippolyte-de-€aton (Gard).
Partie de maxillaire montrant les 3 M et les deux dernières P (p^, ^ ).
Dans cet individu, 2^ est molariforme, mais g^ n*a qu'un seul denticule
interne formé par la soudure des deux denticules normaux.
Figure grossie d*un quart. Longueur réelle des six molaires, o,o43.
Fig. 5. — Lophiotherinm cervulwn Gervais. Même gisement. Maxillaire
droit avec la série des sept molaires (3 M. 4 ^) séparées de la canine par une
longue barre.
Dans ce spécimen p^ est (comme j^* et p^) molariforme, avec deux denti-
cules internes étroitement accolés ; p^ allongé montre aussi deux denticules
internes.
Figure grossie d'environ un quart. Longueur réelle des sept molaires, o,o46«
Fig. 6. — fA}phiotherium cervalum Gerv. Même gisement .
Branche droite de mandibule avec la série des sept molaires (3 M, 4 P) ;
p' est submolariforme. «
Figure grossie d*un quart. Longueur réelle des sept molaires, o,o44*
Planchb V
Fig. I. — Pachynolophus Duvali Poniel. Crâne provenant des grès éocènes
du Minervois (Hérault).
La pièce montre à gauche la série des six molaires (3 M, 3P) ; il n*y a pas
de jgi^; à droite mf et m^ ; la canine est séparée de p|[ par une longue barre.
Figure légèrement grossie. Longueur réelle du crâne du bord incisif au
bord postérieur du trou occipital. o,i3 ; longueur de la série des six
molaires, o,o4a.
Fig a. — Pachynolophus Prevosii Gervais. Calcaire grossier supérieur de
Nanterre : Typb de l'espèce, tij^uré par Gervais (ZooL et paléont. fronçât
pi. 35, fig 16). (Coll. Mus. Paris)
Arrière-molaire supérieure probablement m*.
Figure grossie d*un quart. Dimensions réelles : longueur, 0,009 « Ivgeur
en avant, 0,011.
Fig. 3. — Pachj'nolophua Prevosti Gervais. Calcaire grossier supérieur de
Gentilly (Coll. Mus. Paris)
Maxillaire supérieur gauche avec les 3 M et les deux dernières P (p^ et p*).
Figure grossie d*un quart. Longueur réelle des cinq molaires, o,o43.
Fig. 4. — Pachynolophus Duvali Pomel. Calcaire grossier supérieur de
Passy (Coll. Mus. Paris). Type du genre et de l'espèce.
Trois dents isolées, les seules actuellement existantes de la série des six
molaires figurées par Blain ville et Gervais (ZooL et paléont fr,, pi. 17, Ûg. i)
et qui sont le type du genre Pachynolophus Pomel.
Les figures représentent deux arrière-molaires. Tune droite, l'autre gauche
(m* probablement) et la dernière prémolaire p^.
Figure grossie d'un quart. Dimensions réelles de m^ : longueur, 0,008 ;
largeur en avant, 0,010.
iCfil EXlSnSNCE DU DEVONIBN MOYEN DANS L*ILLE-ET-VILAINE 2q5
Fig. 5. — Pachynolophna DuvaU Pomel. Calcaire grosHier supérieur de
^assy (Coll. Mus. Paris). L'un des typbs du gbnrb et db l'bspâgb.
Trois arrières-molaires inférieures droites séparées, me paraissant être les
j^aièmes que celles ligurées par Blainville sous le nom d^ Hyracotherium de
^assy {Ostéogr.y g, Lophiodon^ pi. II).
Figure grossie d*un quart. Longueur réelle des trois molaires, o,os85 .
SUR
'EXISTENCE DU DÉVONIEN MOYEN DANS LILLE-ET- VILAINE
par M. P. LEBE8CONTE
Dans la séance de la Société géologique de France du 3 décem-
1900, M. Kerfome me conteste la priorité du niveau à Phacops
^tieri dans Tllle-et- Vilaine. J*ai d'autant lieu de m*étonner que
os sommes tous deux d'accord pour rapporter cette priorité à
•arie Rouault, le géologue breton. C*est lui en eflet qui, en i853,
découvert à Gahai*d (lUe-et-Vilaine), ce niveau que M. Kerfome
sperçu en 1898 au musée géologique de Rennes.
C'est aussi M. Barrois qui, le premier en 1894» a trouvé le même
L^eau avec Goniatites à Izé (lUe-et-Vilaine). Ma communica-
on * à la Société avait pour but de signaler la découverte que
i^sfc^vais faite sur plusieurs points de Gahard et de Saint- Aubin-
A'Aubigné de Tétage à Anarcestes lateseptatus Beyr., représenté
pas* une douzaine d'échantillons de cette Goniatite avec Phacops
ï^Giieri et la série la plus belle et la mieu3^ conservée de fossiles.
l^*îiQportance des niveaux pélagiques à Céphalopodes pour le
classement des étages m*a paru suffisante pour motiver cette note.
^ faciès pélagique qui y est décrit est parallèle aux calcaires à
Phacops Potieri de Sablé, décrits par M. Œhlert ^.
1* L.BBBscoifTE. Sur Texistence du Dévonien moyen dans riUe-et- Vilaine .
^ S. G F., (3), XXVni, 1900.
^. CEhlbrt. C'R. Ac, Se, ai février 1887.
5 Septembre 1901. — T. i^r. Bull. Soc. Géol. Fr. — i5
Séance du 18 Mars t90t
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil. Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président annonce une nouvelle présentation.
M. Field, de Zuricb (Suisse), donne quelques renseignements
sur les travaux du Concilium Bibliographicum, institution biblio-
graphique fondée avec Tappui du gouvernement suisse, à la suite
d'un vote du Congrès international de zoologie.
Le but de cette œuvre est de créer un centre unique et interna-
tional pour i*ecueillir la bibliographie courante de certaines sciences
et de donner des renseignements aux savants. On veut même
• . substituer entièrement aux recherches bibliographiques person-
nelles, toujours longues et laborieuses, une organisation bibliogra-
phique collective et permanente. Pour prendre l'exemple de la
paléontologie, chaque travail qui arrive au Concilium est dépouillé
avec beaucoup de soin pour être enregistré sur plusieurs fiches
selon les matières traitées. Ainsi, un travail récent de M. Traquair
sur les Poissons carbonifères du Comté de File (Ecosse) a donné
lieu à quatre fiches imprimées, savoir : l'indication du travail dans
le catalogue par nom d'auteur ; une seconde fiche sous la rubrique
Poissons ; une troisième sons la rubrique Carbonifère, et une qua-
trième au Comté de Fife, dans la partie géographique. Le Conci-
lium possède, en outr^, un catalogue manuscrit dans lequel on
enregistre tous les espèces et genres nouveaux. L'ouvrage de
M. Traquair donne la description de quatre espèces nouvelles et
de deux nouveaux genres : Cœlacanthopsis et Eucentrurus. Il fau-
drait par conséquent établir six fiches manuscrites supplémentaires
pour bien indexer ce travail. Toute personne peut faire venir
l'ensemble des fiches sur la paléontologie ou sur n'importe quelle
question, comme : Faune de la Haute-Garonne, Faune éocénique,
ou bien fiches sur les Hippurites, les Trilobites ou n'importe quel
autre groupe du règne animal.
En terminant, M. Field fait appel aux paléontologistes pour
qu'ils envoient leurs publications au siège central [Concilium
Bibliographicum, Zurich V*^ (Suisse)] afin de faciliter les travaux
de dépouillement.
SKAJfCB OU l8 MARS I9OI aa'J
M. A. Toucas présente la deuxième partie de sa note Sur révo-
lution des Hippuriies.
Deuxième branche. — Hippurites a pores polygonaux.
Ce n'est que dans TAngoumien supérieur, avec VHippuvites
rossouçrei Douvillé, que l'on voit apparaître la première
«orme à pores franchement polygonaux. Cette deuxième branche
'aurait donc pas eu de représentant dans TAngoumien moyen,
u moment de Tapparition des premiers Hippurites. 11 en résuite
ue l'origine probable des pores serait plutôt la forme linéaire,
'\ec YHippurites Requieni Matheron, comme type ancestral.
^Hippurites resecius Defrance, avec ses pores arrondis et linéai-
se rapproche en effet beaucoup plus des Hippurites à pores
£ xiéaires que des Hippurites à pores polygonaux et peut être
r^3nsidéré comme une variété de VHipp, Requieni, à valve
-supérieure pustuleuse et à valve inférieure fortement costulée.
Dans cette hypothèse, les pores, rétrécis à l'origine, se seraient
S 'Surgis peu à peu de manière à former en premier lieu les pores
ticulés, qui se seraient eux-mêmes transformés plus tard en pores
lygonaox par suite de la disparition des denticules.
Ainsi s'expliqueraient la présence simultanée des Hippurites
uieni et Hipp. reseclus dans les bancs les plus anciens de T An-
imiien moyen, la brusque apparition dans ces mêmes couches
premières formes à pores réticulés, avec leurs pores, encore
s petits et un peu allongés, et enûn l'arrivée plus tardive dans
V^^^jigoumien supérieur des formes à pores franchement polygo-
Mja deuxième branche des Hippurites à pores polygonaux a formé
groupes ayant apparu successivement :
I* Groupe de VHipp. «n/ca<ii« Defrance ;
a* — VHipp . Toiicasi d*Orbigny ;
3* — VHipp. variabilis Munier-Chalmas.
Ces trois groupes ont naturellement pour type primiiii Y Hipp ,
Grououvrei^ avec arête cardinale tronquée et les deux piliers
x^trécis à la base, caractères distinctifs des formes primitives du
Çï^upe de VHipp. giganteus^ ce qui ferait supposer que les Hippu-
^tes à pores polygonaux ont pour origine VHipp, inferus ou VHipp,
S^gfuUeus, forme ancienne.
1^ groupe de VHipp, suicatus se distingue des deux autres par
^n arête cardinale constamment très saillante et le plus souvent
^uielliforme, surtout dans le sous-groupe de VHipp. cornuvacci-
'"*"* (formes spéciales à la Province orientale) ; en outre, la tron-
cature de l'arête cardinale subsiste jusque dans les formes les plus
aj8 SEANCE DU l8 MARS I9OI
récentes. Dans ce groupe, révolotion est moins accentaée, elle se
fait plutôt dans le sens du développement de l'arête cardinale,
tandis que dans les deux autres groupes Tarète cardinale, toujours
triangulaire, perd assez rapidement sa troncature et s*atix)phie peu
à peu, au point de ne présenter d^abord plus qu'un simple bourrelet
et disparait même dans les formes les plus récentes.
Dans le groupe de VHipp, (^ariabilis, les pores sont encore plus
simples et toujours disposés en rangées régulières ; les piliers sont
très peu développés et sensiblement égaux.
Le premier groupe comprend dans Tordre de révolution :
Hipp. Grossoavreif dans PAngouiuien supérieur.
— GandrW Mun.-Chalmas, 1 , , ^ . . . ^,
— cornoPocciaum Bronn., "**"* '*. Con.acien et probable-
— CAapert DouviUé, I ment le Santomen.
— sulcatus Defrance, i dans le Santonien supérieur et le
— Chalmasi Douviiié, \ Campanien inférieur.
— Archiaci Mun.-Ghalmas, dans le Campanien.
Dans les environs de Gosau, VHipp. Grossouvrei parait être
remplacé par une variété à arête cardinale moins saillante, que
M. Douvillé a désignée sous le nom d'Hipp. prœsulcatus.
VHipp, Chaperi est la seule forme de ce groupe à arête cardi-
nale arrondie.
Le deuxième groupe n'a apparu qu au commencement du Gonia-
cien ; on y distingue :
Hipp. sp. nov., forme ancienne 1
de VHipp. Toucaai d'Orb. /
— sp:nov., forme ancienne ) dans le Coniacien.
de VHipp, Careaj Douvillé \
~ Carezi Doux,, \ dans le Santonien.
— sulcatiasimus Douv., dans le Campanien inférieur.
8ulcatoide8 Douv., dans le Campanien moyen.
Le troisième groupe commence seulement dans le Santonien et
comprend :
Hipp. Maesirei Vidal, j . , „
— Peroni DonvUlé, \ dans le Santonien.
— variabiUa Mun.-Chalmas, * . , ^
— colliciatua Woodward, j ^^"* ^® Campanien.
— Lapeiromei Goldf., i ....
— cornucopiœ Defrance, } ^^"^ **^ Maestnchtien.
— Caatroi Vidal, dans le Danien .
SEANCE DU l8 MARS IQOI aOQ
NOTICE SUR LE NOUVEAU CLASSEMENT
DE LA BIBLIOTHÈQUE
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
La Bibliothèque de la Société comprend trois catégories de
publications, classées séparément : i» Les Ouvrages complets,
brochures et tirages à part ; oP Les Périodiques, Revues et Collec-
tions ; 30 Les Cartes, coupes et planches diverses.
Chaque volume, brochure ou carte séparée, est pourvu d'une
cote numérique qui permet de retrouver immédiatement sa place
sur les rayons. En conséquence, lorsqu'on cherche un document,
la première chose à faire est de consulter le Catalogue sur ûches,
établi : V pour les Ouvrages, par ordre alphabétique des noms
d*autenrs; o9 pour les Recueils, par ordre alphabétique des pays de
publication, et, dans chaque pays, par ordre alphabétique des
titres ; 3^ pour les Cartes, par ordre géographique-alphabétique.
Ce Catalogue est contenu dans un meuble spécial, placé au milieu
de la salle de lecture, en entrant, à gauche. Chaque fiche renvoie
à un numéro, qui est reproduit sur une pastille collée au dos du
volume correspondant (au-dessus du titre, pour les brochures), ou,
s'il s'agit d'une carte, inscrit sur ce document.
I® Les Ouvrages, brochures ou tirages à part sont groupés en
quatre formats, ayant chacun une numérotation distincte :
Petit format : jusqu'à o m. 25 (in-3a. in-18, in-12, petit in-S") ;
Moyen format : de o m. 26 à o m. 35 (gr. in-8», in-4") ;
Grand format : de o m. 35 à o m. 5o (in-folio) ;
Très grand format : au-dessus de o m. 5o (gr. in-folio, inplano).
On n'a pas cherché à faire un classement, soit par oi'dre métho-
dique, soit par ordre alphabétique des noms d'auteurs, disposi-
tions qui entraînent d'incessants remaniements. Toutefois, afin de
modifier le moins possible l'état de choses qui existait précédem-
ment, les volumes ont été places sur les rayons à peu près dans
l'ordre où ils se trouvaient rue des Grands- Augustins ; les nouveaux
sont simplement mis à la suite, au fur et à mesure de leur arrivée.
Les divisions numériques ont été établies de manière à permettre
d'intercaler au Catalogue les accroissements futurs de la Biblio-
'j3o séaxcx Dr i8 iiABs 19D1
th^pi^. (tendant an ^raiHl nombre d'années, sans modifier le niuné-
rotaiTr aotaeL savoir :
Poar Vt tr» ip«Bd format : de 1 à 1 .ooo
— rrand — Je i.ooi à ao ood
— imoytr. — «àe s».aoi à 60.000
— petit — de 6».c«>i à
Aa )r ircembre !«»>. o«^ quatre g:n>apes d*Ouvraiges étaient
•*^ î^îf^^^ntê^ par les numèrvs suivants :
Trr<i xran>i format * xi 4^. soit ^ Oavrages.
Grand — 1 a. : i i.i*â. — 19» —
Petit — "So oîî à 6- -O-. — r Î3- —
ToUl. . . 9-99> —
L^ placement des Ouvrages sur les rayons est fait par travée.
dfr zauehe à ilroit»^. et r«n pariant dVn bas. pi^ur qu'on n'ait à déplacer
hr moins possible les livres lourds v>u em^ombrants. 11 nV a qu'un
•^ul rstn? de volunirw. Au milieu de chaque travée est placée une
par:£arte. portant le> numcrv.>> extrêmes des ouvraj^es qui y sont
d«rpos^. Le< brtj«^hures. dans le numeivtage. ne sont pas séparées
des volumes : toutefois, elles ont été réunies sur les rayons par
^Troupes, et placées dans des cartons dont le dos porte les numéros
correspondants .
a- Les Pt^riodiques. Revues et Collections sont gn^upés, comme
les (Ju vraies, d'après le format ; les divisions numériques sont les
mêmes, mai-i la cote est p^récêdèe de la lettre P.
Actuellement, le très grand format n'est |>as représenté : il reste,
pour les trois autres catégories :
Grand format : F i.ooi à P 1 i^ « 5 Recueils.
Moyen — P ao.ooi à P jo.i^ — i38 —
Petit — P 60. OUI à r 60.570 — 570 —
Total 713 —
Chaque numéro, coi respondant à un périodique donné, s'applique
souvent à un grand nombre de volumes, dont la tomaison ou la
date permettent de trouver facilement la place.
En principe, le rangement des volumes sur les rayons a été fait
par ordre géograpliique (pays de publication). c'est-â-dii*e, en
somme, par langues, comme dans Tancicn local. Toutefois, la
totalité des Périodiques n'ayant pu ti'ouver place dans la grande
salle dil«f [lentagonalc (à gauche du corridor dVntive). — salle qui
«tfrrt en même temps de magasin pour les publications mises en
I
dÉANGR DU l8 MARS I9OI a3l
ente par la Société, — un certain nombre de Recneils français,
Dglais et allemands, choisis parmi cenx qui sont le plus fréquem-
lent consultés, ont été reportés dans la salle de lecture, où ils
ccupent les rayons placés soit dans les intervalles et au-dessus
es fenêtres, soit aux murs de droite et de gauche (petits côtés de
I salle). Pour les collections dont l'origine est très ancienne, on
est contenté de déplacer les volumes qui correspondent aux
infpt dernières années. Cette disposition est provisoire ; on peut
ipérer qu*elle sera modifiée dans un avenir plus ou moins long.
n attendant, une liste complète des Recueils qui se trouvent, en
lat ou en partie, dans la salle de lecture, est affichée sur un
urton, placé contre le meuble renfermant le Catalogue. Parmi ces
ériodiques, on peut citer, outre les publications de la Société et
illes des divers Congrès internationaux :
Pour la France, les Annales des Mines, de Géographie, des
ciences géologiques, de la Société géologique du Nord; V An-
aaire géologique universel; V Anthropologie ; les Archives et le
'ulletin du Muséum d'Histoire Naturelle ; les volumes de VAsso-
'Mtion française ; les Bulletins du Service de la Carte géologique
t ceux des principales Sociétés savantes de Paris : les Comptes
tendus de l'Académie des Sciences ; la Nature,
Pour r Allemagne, le Neues Jahrbuch fur Minéralogie, la
^eitschrifï der deutschen geologischen Gesellschaft et les publi-
^tions du Service de la Carte géologique de Prusse.
Pour l'Autriche, le Jahrbuch et les Verhandlungen de la Geolo-
'ische Reichsanstalt et les Sitzungsberichte de rAcadémie de
^ienne.
Pour la Grande-Bretagne, les catalogues du British Muséum, le
reological Magazine, les publications des Services géologiques
e l'Angleterre, du Canada, de TEcosse, de Tlnde, de l'Irlande et
e la Nouvelle-Zélande ; celles de la Palœontographical Society,
' (^uarterly Journal de la Société géologique de Londres et les
ccueils des autres Sociétés géologicjues du Royaume-Uni ; les
t>lume8 de la British Association et les Proceedings de la Société
loyale.
3* Les Cartes, coupes et planches diverses imprimées ou manus-
crites, sont numérotées sans séries distinctes. Cette partie comprend
cuviron 600 numéros, placés, soit en face du meuble à fiches, pour
^^ cartes en feuilles, soit à l'autre extrémité de la salle de lecture,
kc&tédela salle des séances, pour celles qui sont entoilées (cartons
^onaux). Le groupement a lieu, autant que possible, par ordre
ï^^^gwphique. La cote est précédée de la lettre C.
vtv «fUicrjR m: i^ mars 1901
llMfie f-lwtifiM ilm ctit^g(*nes précédentes, tons les artieles qui
iifil ^1* fl^ftlw^ Miiil rrpr^tacnlés par an fantùme. c'esl-à-dire par
tu»" l'i'lllc |iliiiii'ti(ril(;tMiiHKur laquelle estinscTÎt leniunâro correa-
\MH<\Mi\. nvfc itinilidii (le l'endroit où se trouve l'onvra^.
Vo'^l'l"''" '•■ivniK'*'* '1'* rtTC-reuce (Catalc^nes, Dictionnaires,
Trull'-a, "ti',), ont f-Xii n^uniH à l'entrée de la salle de lecture, où ils
itri-ii|ii<iit une |>iulii* deH travées i et 3.
IIii ItrgiHtiw-Iiivmitnire, comprenaDt actueUemoit quatre toIu-
iiiKH, i|itiiiii> ]<■ diHail de ttnis les Ouvrages à part ou brochures qae
|iiiiittfcli> tu SodiHé, dittiH l'ordre des numéros : on y trouve l'indica-
liiiii, piiiir <'liui|ti() arliclu, du nom de l'auteur, du titre de l'ouvrage,
du llt'ii t-t df In ilutt^ dr pniiiication. du format, du nombre de
voliuiii'ti, de lu M'itun* l't de la date d'entrée. Il n'y a pas d'inven-
tiilrt' Hiinlit|iut' ptmi* les IVrîodiques.
!.«> l'IiiHwiiu'ul Pl le rangeiiit'nt de ta Bibliothèque ont été faits
|)Hr lo< ntùiiH do M. .\. Muiiv, Bibliothécaire à la Sorbonne.
'i>ur U CoMiubsiun dea Archives et de la Bibliothèque :
Kinm. de Marobrib.
FOSSILES DÉVONIENS DE SANTA-LUCIA
(PROVINCE DE LÉON, ESPAGNE)
par M. D.-P. ŒHLERT
(DEUXIÈME PARTIE) »
(Planche Yl).
Spirifer Boulki, nov. sp.
(PI. VI, fig. I).
Coquille de grande taille, transverse, peu renflée, avec un
pli médian et un sinus médiocrement accusés, couverte, sur
toute sa surface, de côtes rayonnantes arrondies, régulières sur
les parties latérales où elles sont au nombre de la à i3 de chaque
côté ; elles sont toujours simples, sauf au voisinage du sinus et du
bourrelet ou parfois on en compte deux ou trois qui, chez les
individus âgés, se dichotomisent près du bord frontal.
Le sinus, assez large et peu profond, est également couvert de
côtes rayonnantes, mais celles-ci sont très inégales, irrégulière-
ment espacées, et dichotomes ; on en compte 6 à 8 dont les deux
médianes, un peu écartées Tune de l'autre, laissent entre elles
une sorte de méplat formant le fond du sinus, et sur lequel appa-
raissent quelques côtes secondaires, visibles seulement près du
bord frontal chez les individus de grande taille. Le bourrelet,
peu accusé, est un peu aplati au sommet ; les côtes qui le cou-
vrent sont réunies entre elles à la partie postérieure et indistinctes
les unes des autres : elles s'individualisent et deviennent assez
apparentes le long de leur parcours. — L'aréa ventrale, nettement
délimitée, est beaucoup plus élevée que Taréa dorsale qui est
linéaire ; elle est convexe et renversée, de façon à faire presque
un angle droit avec le plan des valves. Le crochet ventral, peu
développé et peu recourbé, s élève faiblement au-dessus de Taréa.
Le sommet dorsal, droit, dépasse à peine la ligne cardinale :
Tumbo dorsal est peu renflé, presque aplati.
1. La première partie de ce travail a été publié dans le B, S, G. F., (3),
XXIV, p. 8i4, pi. XXVI-XXVUI.
234 ^-'^' ncHLERT i8 Mars
Cette espèce appartient évidemment au groupe de Sp. Bischofi
Roemer * ; elle en diffère principalement par le nombre et le mode
de distribution des plis, principalement dans le sinus et sur le
bourrelet; les mêmes caractères séparent aussi cette forme de
Sp, Dalendensis Steininger.
Dans Sp. Jouberti - du Dévonien inférieur de Touest de la
Finance, les côtes sont anguleuses, saillantes, et plus nombreuses
par suite de leur dichotoniisation, caractère qui existe aussi sur
les côtes du sinus et du bourrelet. Il n existe pas de méplat au
milieu du sinus dont la pairie médiane est occupée par une côte
assez forte, qu'accompagne de chaque côté une côte unique. Sur le
bourrelet dorsal les côtes sont très nettement dichotomes et
nombreuses.
Sp. Boulei occupe en Espagne un niveau supérieur à ceux de
Sp. BiHchofi et Sp. Jonberti.
Dans le Solioharie grit et le Corniferous sandstone d'Amérique,
on trouve une espèce, S. Grieri Hall, qui se rapproche de celle-ci
par son mode de plissement, mais qui s'en distingue toutefois
facilement par le nombre moins considérable et la forme plus
arrondie de ses côtes. De plus, le crochet ventral et le sommet
dorsal sont beaucoup plus élevés, plus recourbés, et surtout plus
rapprochés Tun de l'autre que dans notre espèce, par suite de la
position de l'aréa qui, au lieu de faire presque un angle droit avec
la ligne de commissure des valves, se trouve au contraire à peu
près dans la p]ace<de celle-ci.
Nous signalerons encore, comme cai'actères différentiels, la plus
grande profondeur du sinus du S. Grieri et le i*enflement remar-
quable de la partie umbonale de sa valve dorsale.
Spiriker Pellicoi de Vemeuil '
(B. S. O. F. (3), XXIV, pi. XXVm, iig. a5 à 27)
De Vemeuil a désigné sous ce nom une espèce trouvée dans les
couches les plus récentes du Dévonien inférieur (calcaire de
1. Si Ton compare les figures données par Kayser (1878. Fanna Dev. d.
Uarz. pi. 24, tig. 4, et pi. 26, fig. 23-a4) avec celle qui existe dans rou\Tage
de Giehel (1808. Silur. d. Unterfiarz, pi. 4, lig. 3) et qui doit être considérée
comme le type, on remarque qu'il existe certaines différences.
2. ŒuLKiiT, 1879. Dévon. de la Sarthe. B. S. G. F., (3), VII. p. 709, pi. XIV,
tig. 5.
3. Nous renvoyons pour la biographie de celte espèce et des formes
atrincs, au travail si complet de M. liéclard, 1895. Les Spirifères du
Coblenzien Belge, p. 199-219. Bdi ^oc. Belge Oéolo^., t. IX. Mémoires.
igOl ' FOSSILES DÉVONIENS DE SANTA-LUCIA a35
FeiTones), caractérisée par sa forme très transverse, ses côtes
nombreuses, et qui possède un pli au milieu du sinus médian. L'au-
teur ne la compare qu'incidemment au Spirifer macropterus
Goldf. (= S, paradoxus Scldot.), parce qu'à cette époque cette
dernière forme n'était connue que d'après des moules internes
très imparfaits. Depuis, Schnur et Rœmer, ont figuré des spéci-
mens mieux conservés, quelques-uns pourvus de leur test rappe-
lant par leur aspect général le Sp. Pellicoi, mais ne possédant
pas le pli unique du sinus médian, caractère différentiel de ces
deux formes. Dans un récent travail, M. Béclard a figuré des
moules internes de Spirifères coblenziens belges, très transverses,
et ayant un pli au fond du sinus ; il les rattache à Sp, paradoxus, et
admet ainsi entre cette espèce et Sp, Pellicoi une identité absolue,
qui d'ailleurs avait été déjà signalée par de Koninck et Barrois.
M. Béclard réunit au type de Schlotheim, Sp, paradoxus^ les Sp.
Hercjrniœ, dunensis, macropterus, speciosus pro parte, phalœna
groupant ainsi sous un même nom toutes les formes très transver-
ses, à plis nombreux, avec ou sans côte médiane au fond du sinus,
car ce caractère n'est, dit-il, « pas toujours apparent et disparait
même complètement sur les moules internes ».
Les preuves qu'il donne montrent évidemment combien la
plupart de ces formes sont étroitement unies, mais elles ne nous
ont pas apporté la conviction absolue que toutes celles-ci doivent
être désignées sous un même nom spécifique, d'autant plus que
dans beaucoup de spécimens figurés, le contour et l'aspect général
sont souvent dissimulés par des phénomènes de compression,
et que souvent lej^ côtes ne paraissent pas toujours être de même
nature ; quant aux caractères tirés des moules internes, ils nous
semblent plutôt d'ordre de groupe, que d'ordre spécifique, car
on les retrouve très analogues chez des espèces dillerentes d'un
même groupe.
En tous cas, en admettant que la réunion de Sp. Pellicoi et
de Sp. paradoxus, puisse être faite avec beaucoup de vraisem-
blance, nous conservons, tout au moins provisoirement, le nom
de Pellicoi pour la forme d'Espagne, qui, dans cette région
comme dans l'ouest de la France, occupe un niveau spécial (cal-
caire de Ferrones et d'Arnao) (calcaire d'Erbray, grauwacke
de Hierges) plus élevé que celui où Ton trouve Sp. pai'adoxiis
proprement dit.
C'est pour nous une occasion d'insister sur la valeur du travail
de M. Béclard ; l'érudition dont il a fait preuve et le mode de
groupement des figures qui permet de comparer entre eux les
a36 D.-p. ŒHLBRT i8 Mets
types des différents paléontologistes, sont appelés à rendre les
plus grands services; nons apprécions également l'esprit de
synthèse de Tauteur, toutefois nous ne pouvons le suivre
dans toutes les assimilations auxquelles il arrive, et nous ne
pouvons accepter toutes les synonymies qu'il propose.
C'est ainsi, pour ne parler que des espèces qui nous sont plus
spécialement connues et que nous avons pu étudier d'après de
nombreux spécimens, qu'il nous est impossible de réunir sous un
même nom : Spirifer hystericus Schlotheim, S. Rousseauiy
S. lœçicosta, S. Venus, chacun d'eux possédant des caractères
particuliers, bien constants, et occupant des couches spéciales.
De même, nous ne pouvons considérer comme se rattachant à
une seule espèce, Sp. Daleidensis Stein., tous les Spirifëres
coblenziens ayant des côtes dichotomes dans le sinus et sur le
bourrelet, tandis que ceux chez lesquels cette dichotomisation
n'existe pas, devraient porter le nom de Sp. Trigeri,
Spirifer (Reticularia) Dereimsi, nov. sp.
(PI. VI, fig. a à i6)
Coquille transverse, rhomboîdale, atteignant son maximum de
largeur vers la moitié de la coquille, ou un peu en anîère de
celle-ci. Valves presque également profondes, pourvues d'un
sinus ventral et d'un bourrelet dorsal. Crochets saillants, celui
de la valve ventrale dominant un peu celui de la valve dorsale,
et devenant très rapprochés en se courbant Fun vers l'autre, mais
sans jamais se toucher. Charnière droite, courte, accompagnée de
deuxaréas peu développées. Angles cardinaux arrondis. Ligne
palléale subrectiligne sur les côtés, sinueuse au front. Commis-
sure tranchante. Surface ornée de nombreuses lamelles d'accrois-
sement concentriques, imbriquées, espacées à intervalles larges,
et assez régulières ; ces lamelles sont traversées, perpendiculaire-
ment, par de très petits bourrelets rayonnants, très rapprochés,
irréguliers, et interrompus par chacune des lamelles d'accrois-
sement, au bord desquelles ils s'arrêtent brusquement, après
s'être renflés et épaissis en des sortes de papilles qui servaient
de base à des épines. Test imperforé.
Valve ventrale avec un sinus étroit, arrondi, modérément pro-
fond, mais bien accentué, et partant de la pointe du crochet. Les
parties latérales de la valve se bombent de chaque côté de ce
sinus^ puis retombent en pente douce vers la commissure latérale.
igoi
FOSSILES DEVONIBN8 DE SANTA-LUGIA
237
Crochet bien développé, à côtés arrondis, acuminé à son extré-
mité, recourbé à angle droit au-dessus de Taréa ventrale et
dominant le sommet de l'autre valve. Aréa triangulaire, petite,
surbaissée, assez nettement délimitée, un peu concave, et ren-
versée obliquement par rapport au plan longitudinal des valves ;
sa surface est visiblement striée dans les deux sens. Toute la
hauteur de Taréa, depuis le crochet jusqu'à la ligne cardinale,
est occupée par l'ouverture triangulaire, très large, qui occupe
environ un tiers de sa longueur totale.
Valve dorsale avec un bourrelet étroit, arrondi, modérément
saillant, bien délimité depuis le sommet jusqu'au bord frontal
par deux légères dépressions longitudinales ; sommet recourbé,
saillant au-dessus du bord cardinal et surmontant une très étroite
aréa située à peu près dans le plan de la valve.
Les échantillons de cette espèce, varient un peu dans leur
étendue en laideur, mais ils sont néanmoins toujours faciles à
reconnaître, même lorsque la fine ornementation a disparu par
décortication et que les valves paraissent lisses, à cause du
b c
Fig. I. — Spirifer Dereinisi nov. sp.
bourrelet et du sinus médians étroits et nettement accusés, ainsi
que par leur aspect général. Un certain nombre de spécimens
présentent sur les côtés quelques traces de côtes rayonnantes
(3 ou 4) larges et obscures, montrant ainsi une tendance à la
plicature des parties latérales des valves. Les coupes longitudi-
^38 D.-P. ŒHLKRT l8 MaTS
nales et transversales que nous avons faites dans cette espèce
nous ont fourni les caractères suivants : les plaques fovéales sont
assez bien développées ; les dents, fortement constituées, donnent
naissance à deux longs cmras aux extrémités desquels apparais-
sent deux apophyses triangulaires, indiquant l'existence d*une
bandelette jugale qui a été résorbée ; les cônes spiraux dont la
direction est un peu oblique, sont composés de neuf à dix tours.
Ce Spirifer, par ses caractères généraux, aussi bien que par
son mode d'ornementation, appartient évidemment aux yîi7i6ria/î;
rinsuffisance des caractères chez nos échantillons, due à Tabsence
des épines qui d'ailleurs sont très exceptionnellement conservées,
nous empêche de décider d'une façon pi'écise à laquelle des deux
subdivisions (unicispinei ou duplicispinei) il appartient. D*autant
plus que MM. Hall et Clarke ' signalent à côté des unicispinei
proprement dits, un groupe dont le développement est parallèle,
qui, apparu dans le Niagara group, se poursuit jusqu'au sommet
du Dévonien, et qui se rapproche des duplicispinei par la brièveté
de sa ligne cardinale, son contour subcirculaire et les plis effacés
de ses valves, caractères appartenant en propre au groupe des
duplicispineL
Toutefois, à en juger d'après l'aspect extérieur, c'est à la sec-
tion des duplicispinei, c'est-à-dire au groupe Reticularia, que
doit se rapporter notre espèce. Le type de ce groupe, Sp. Uneatus
Martin, en est évidemment assez éloigné par sa forme arrondie,
légèrement transverse, ou parfois allongée, ainsi que par l'absence
d'un sinus et d'un bourrelet proprement dits ; mais nous signa-
lerons certains spécimens, entre autres celui que figura M'Coy
lorsqu'il créa son genre if e/ictt/arîa, dont le contour est rhom-
boîdal, et chez lequel il existe un bourrelet et un sinus très nets.
Nous retrouvons ces mêmes caractères chez les formes dévo-
niennes, en particulier chez l'espèce des schistes de Budesheim,
que M. Kayser ^ a considérée comme une variété du -Sp. Uneatus^
mais qui évidemment en est assez éloignée pour constituer une
espèce distincte. Notre forme, qui occupe un niveau inférieur,
s'en distingue par un crochet ventral beaucoup moins élevé et
moins redressé, et son aréa ventrale beaucoup moins haute ; à
la valve ventrale au contraire, le crochet est plus saillant ;
enfin, le sinus, et principalement le bourrelet, sont beaucoup
plus accentués, ce qui rend la commissure frontal plus sinueuse.
I. Hall et Clarke. 1893. Pal. of N- Y., vol. VUl, part, a, p. 19.
a. Kaysbr. 1871. Brach. Eifel. Zeit. Deut. Geo. Ges., t. XXm, p. S8a,
pi. XII, liK. a.
igOÏ FOSSILKS DÉVONIENS DE SANTA-LUCIA aSg
Dans les étages des grès d'Oriskany, du Helderberg supérieur
et d*Hamilton on trouve une forme Sp. fimbriatus Conrad * ;
toutefois, d'après les figures données par Hall -, le contour
palléal est plus largement arrondi, ce qui donne une forme moins
rhomboïdale à Tensemble de la coquille ; le pli médian est plus
anguleux au sommet et ses côtés sont plus divergents ; les côtes
latérales sont en général beaucoup plus accentuées ; le crochet
ventral, plus haut, est moins recourbé ; enfin le profil des deux
espèces est très différent par suite du bombement régulièrement
convexe des deux valves, chez Sp, fimbriatus^ tandis que dans
la forme d'Espagne, ce renflement n'existe que dans la région
umbonale.
Cette espèce a peut-être été trouvée déjà en Espagne, où elle
aurait été désignée sous le nom de Sp. curvatus Schlotheim ^, Sous
ce nom, en effet, on a rattaché un grand nombre de formes sou-
vent très diffiérentes du type. Celui-ci a été très bien figuré par
Schnur *, Quenstedt 5, Kayser ®, etc. ; il est remarquable, prin-
cipalement par l'élévation exagérée du bourrelet, dont les talus
se confondent avec les parties latérales, rendant ainsi la valve
dorsale fortement carénée et le bord frontal très sinueux. Le
crochet ventral est beaucoup moins développé, plus recourbé
vers le sommet dorsal, de telle sorte que Taréa est petite.
Cyrtina heteroclita Defrance, sp. var. intermedia Œhlert.
(PI. VI, lig. 17 à %).
C heteroclita var. intermedia Œhlert, i836. Ann. Soc. GéoL,
t. XIX, p. 42, pi. III, fig, 39-34.
Cj'rtina heteroclita est représenté à Santa-Lucia par de nom-
breux individus qui, en majeure partie, se rattachent à la variété
que nous avons désignée sous le nom (Y intermedia, pour indiquer
qu'elle constitue un terme de passage entre le type de Defrance
et d'autres formes à côtes plus nombreuses. Dans cette variété
1. Le nom de Sp. fimbriatus ayant été employé antérieurement à Conrad,
par Morton i836, M. Miller (188'^. Amer. Palspoz. Fos.f p. 298) a proposé de
lui substituer celui de Conradana.
2. Hall. 1867. Pal. 0/ ^. V., vol. IV, p. 214, pi. 33, fig. 1-21.
3. ScuLOTHKLM . 1820. Pctref.^ j). 280, pi. XIX, tifÇ- 3.
4. Schnur. i853. Rrach. Eifely pi. XXXVI, lig. 2a, 6, c, d.
5. QuBNSTEDT 1871. Pctrcf. Deiitsch . , pi. 55, fig. a.3, a4.
6 Kayser. 1889. Fauna des Hauptqnarz.y p. 76, pi. XVI, fig. 11.
34o 1>.-P. œhlert i8 Mars
les côtes à un sommet arrondi, sont au nombre de l^ k 'j de
chaque côté du pli médian, lequel est un peu aplati. L*aréa est
tantôt légèrement arquée, tantôt complètement plane. Ces carac-
tères permettent de la séparer de la variété multipUcata de
Davidson, et à plus forte raison de la forme de Ferrones dési-
gnée par la letti-e A par de Vemeuil, à laquelle d'Orbigny
donna plus tard le nom spécifique d'Hispanica, nom qui a été
conservé par Mallada.
Les spécimens que nous avons étudiés sont toujours de taille
beaucoup plus petite que les diverses variétés signalées par
M. Barrois en Espagne et décrites et figurées par lui ^ ; ils en
différent, en plus, par le nombre et la forme de leurs côtes, ainsi
que par les rapports qui existent entre la longueur de la ligne
cardinale, le développement de Taréa et le bombement des valves.
On trouve également en Amérique, ainsi que Ta fait remarquer
judicieusement M. Whidbome (De von Fauna, t. II, p. iia),
des variétés montrant une gradation ascendante vers les formes
à plis plus nombreux. Nous citerons comme exemple le Cyrtina
/>a{mam (Hall. P. N, Y,, vol. 3, p. ao6, pi. a4, fig. 2), qui est
évidemment un équivalent du C intermedia d*Europe dont il se
rapproche du reste par tout l'ensemble des caractères.
Cyrtina heteroclita est une forme qu'on rencontre dans toutes
les assises du Dévonien, et dont l'extension horizontale est égale-
ment très grande ; à ces deux faits, si Ton ajoute que les spécimens
sont souvent très nombreux dans une même couche, et surtout
que certains caractères de l'espèce ont quelque chose d'excessif,
tels que l'inégalité des valves, le développement du crochet ventral,
— qui entraîne souvent une torsion de cette région de la coquille,
— et enfin une grande diversité dans le nombre des plis, on voit
combien cette forme se trouve dans des conditions favorables
pour qu'apparaissent toutes sortes de variations étroitement
groupées autour du type, mais pouvant cependant être séparées
de celui-ci, soit qu'on les considère comme de simples variétés,
soit qu'on en fasse des espèces distinctes, suivant le point de
vue auquel on se place. Qu'il nous suffise de rappeler et de
rapprocher en les comparant, la variété lœvis Kayser, du
Dévonien moyen de l'Eifel, caractérisée par sa surface lisse ou
à côtes à peine distinctes; la variété A, de Vemeuil, du Dévonien
moyen de Ferrones (= C hispanica d'Orbigny, i85o), dont les
côtes sont très nettes et très nombreuses, et la variété DemarU du
I. Loc. cit, pi. X, lig. 8, )». 260.
^
igOI ' FOSSILES DÉVONIENS DE SANTA-LLCIA 2^1
Frasnien de Ferques, qui possède les caraetères de la précédente,
mais chez laquelle la division du bourrelet vient indiquer une
nouvelle tendance à la multiplicité des plis. En Amérique, les
modiGcations sont encore plus profondes et les caractères qui
séparent entre eux les Cj'rtina de ce groupe, sont devenus assez
importants pour nécessiter la création, non plus de simples varié-
tés comme en Europe, mais d'espèces très nettement caractérisées
(Ex. : C. biplicata, rosirata, curçilineata, etc.).
Toutes ces formes extrêmes, qu'on peut naturellement relier les
unes aux autres par une série de types intermédiaires, tout en
fournissant les preuves d'une variabilité extrême, montrent en
même temps que, malgré cette malléabilité, le type heteroclita
pris dans son sens le plus large, reste constant et conserve ses
caractères primordiaux. L'un d'eux qui, d'ailleurs, a une valeur
générique et sert à caractériser le genre Çyrtina, consiste dans la
disposition des plaques dentales et du septum de la valve ventrale.
Ce fut ce caractère qui servit de base à Davidson pour établir son
genre Cjrtina et le séparer de Çyrtia, avec lequel il avait été
confondu jusqu'alors par suite de son aspect externe, si semblable
à première vue. L'existence des perforations du test dans le
premier de ces deux groupes, et leur absence dans le second,
n'avait pas semblé un motif suflîsant pour une distinction géné-
rique. Quant aux spires, on soupçonnait bien leur présence dans
le nouveau genre Cj'rtina^ mais on n'avait pu la vérifier. David-
son s'appuya donc seulement sur la disposition de la chambre en
forme de V (« V shaped chamber ») située à la valve ventrale,
et constituée d'après lui par la convergence des plaques dentales,
s' unissant vers le milieu de leur parcours pour former un septum
médian : disposition qu'il comparait à l'auget ventral de Pen-
tamerus (Conchidium) Knighti. Les coupes qu'il donne pi. XIV,
fig. 8, semblent, en eflet, confirmer cette vue, d'après laquelle
le septum est formé par la réunion des deux lamelles dentales
accolées. Nous ferons toutefois remarquer que dès cette époque,
Bouchard avait reconnu que dans C. DemarH, le septum se
continue jusqu'au-dessous du deltidium, au milieu de l'espace
resté libre entre les plaques dentales. Ce caractère, que David-
son considère comme spécial à C. Demarll et qu'il n'avait pas
retrouvé, disait-il, chez C. heteroclita et C. septosa, pouvait cepen-
dant être constaté dans ces deux formes, car la figure de C. hete-
roclita publiée antérieurement par l'auteur lui-même, dans son
Introduction à étude des Brachiopodes (pi. VI, fîg. 64) montre
bien Texistence du prolongement du septum dans cette partie des
5 septembre njoi. — T. i^r. Bull. Soc. Géol. Fr. — 16
«j4''i
I).-P. ŒHLBRT
i8 Mars
valves. Quant au C. septosa. on peut également y observer Tezis-
tence de ce même caractère, car dans Tune des figures (Davidson.
Brit, Carb. Brach.^ pi. XIV, flg. lo) représentant un moule
interne, on voit que le remplissage de Tauget ventral est fendu
longitudinalement, et qu'une partie de la lame septale libre est
encore conservée en place. D*ailleui*s, la plupart des échantillons
de Cyrtina, lorsqulls sont bien conservés, laissent souvent voir
le prolongement du septum qui apparaît au fond du foramen
comme une petite lame fine et tranchante ; celle-ci, bien que
n'étant pas mentionnée dans les descriptions, est en général
indiquée dans les figures.
L'importance du septum et des plaquos dentales, ainsi que la
genèse et le rôle de ces cloisons, ont été récemment mis en lumière
par M. Beecher, et par M. Clarke. L'étude qu*ils en ont faite
d'une façon générale et les conclusions qu'ils en ont tirées pou-
vant être éclairées par un examen minutieux de la structure du
sommet ventral de Cj^rtina heteroclita et de ses formes alliées,
nous avons pratiqué un grand nombre de sections qui nous per-
mettent d'apporter quelques faits nouveaux. Rappelons tout
d'abord qu'il y a lieu de distinguer le deltidium formé d'une pièce
Fig. a. — a, Deltidium de CUtambonites \ b. Plaques deitidiales
de Magellania; c. Pseudo deltidiom de CjTiina,
unique (CUtambonites) (tig. a, a), et les plaques deitidiales :
ces dernières pouvant rester distinctes (Magellania) (fig. 2, b),
ou bien se souder si intimement sur la ligne médiane qu'elles
prennent l'apparence d'une pièce simple ou pseudodeltidium
(Cj^rtina) (tig, q, c) *.
D'après les vues de M. Beecher, interprétant les recherches
embryogéniques de Kowalewsky sur Thecidea (Lacazfllà) et Cis-
tella, le deltidium et les plaques deitidiales, bien que remplissant
le même rôle, n'ont ni la même origine, ni la même structure. En
I . AÏM. Hall et Clarke ont proposé le nom de deltarium pour l'ensemble des
plaques deitidiales désunies ou soudées, et celui de deUaria pour chacune
d'elles prise séparément.
igOI FOSSILES DÉVONIENS DE SANTA-LUCIA ^43
effet, tandis que le deltidium, qui apparaît dès les premiers stades
embryonnaires, est sécrété par le troisième lobe, ou lobe caudal,
dont il occupe la face dorsale, les plaques deltidiales au contraire
sont une dépendance du lobe moyen ; elles se montrent longtemps
après les stades larvaires et sont sécrétées par des expansions de
la partie ventrale du manteau qui enveloppe le pédoncule. Gomme
conséquence, on constate certaines différences entre la structure
du deltidium et celle des plaques deltidiales : par exemple, le
deltidium ne présente jamais de perforations, alors même que les
valves en sont pourvues, tandis que les plaques deltidiales au
contraire sont perforées ou imperforées, suivant que ce caractère
existe ou non dans les valves.
Ainsi protégé du côté externe, la base du pédoncule Test égale-
ment, dans bien des cas, à l'intérieur même de la valve ventrale,
par le développement et la convergence des plaques dentales,
réunies suivant la ligne médiane, pour former ce qu'on appelait
autrefois Vauget ventral et ce que MM. Hall et Clarke désignent
actuellement sous le nom de spondyLium. Le apondylium^ rudi-
mentaire ou très développé, qui ne serait qu'une modification de
la gaine pédonculaire originaire, a toujours eu, à un moment du
développement, sa contre-partie correspondante qui est le delti-
dium ; ces deux pièces forment un ensemble, ou protodeltidium,
qui laisse au centre une cavité à section plus ou moins triangulaire,
que nous désignerons sous le nom de chambre pédonculaire.
Le spondyliuni étant constitue par les plaques dentales, qui
chez un certain nombre de genres se réunissent et se prolongent
jusqu'au fond de la valve, on peut se demander si, dans ce cas, ce
prolongement est dû à la continuation des plaques réunies
et accolées, ou s'il existe une cloison médiane indépendante cons-
tituant le véritable septum. Les modifications que Ton observe
dans la direction des plaques dentales qui, suivant les groupes,
peuvent être divergentes, parallèles, ou convergentes, et s'unissent
parfois en restant visiblement accolées, comme dans les Penta-
meridœ^ sembleraient prouver à première vue que le mode de
construction est toujours le même, si certains genrep, Spiriferina
par exemple, ne nous montraient un septum central isolé et
bien développé, existant concurremment avec deux plaques den-
tales bien distinctes.
La série de sections que nous donnons ici (fig. 3, I à IV) a été
faite sur un spécimen de Spiriferina rostrata, provenant du
Lias supérieur d'Albarracin, Espagne ; l'étude des caractères
internes de cette espèce nous a été facilitée par les nombreux
«44
ittMars
échanUllons que M Ûereims a recueillis dans cette localité, et
quil a bien \ouId nous abandonner Les coupes montrent non
seulement la disposition des plaques dentales et du septum,
mais aassi leur structure
Kig. 3. — Sections de Spiriitrina roatrata.
On constate premièrement qae ces cloisons, résultant d'un repli
interne du manteau, sont constituées par deux couches accolées
l'une à l'autre et dont l'épaisseur variable indique que la sécrétion
calcaire a été plus abondante sur certains points; de plus, on
voit que les plaqnes dentales réunies d'abord à l'extrémité da
septum (coupe I) i>ar une callosité interne, s'en détachent bientôt
(coupe II), en gardant seulement la protubérance interne qui ne
disparaît que graduellement. Le septum devenu libi-e diminue
alors de hauteur, en même temps que les plaques dentales s'amin-
cissent et unissent par se rompi'e, montrant alors dans les coupes
d'une part, leurs extrémités adhérant au fond de la valve ; de
l'autre, c'est-à-dire de chaque crttë de l'ouverture triangulaire,
leur point d'origine qui bientôt va supporter les dents.
Ces caractères si précis chez Spiriferina. — soit, l'existence d'un
septum et de plaques dentales, — se i-etrouvent également chez
Cyrtina, mais cette fois modiliés et en quelque sorte cachés par
suite de la fusion de ces plaques sur la ligne médiane.
Le prolongement du septum au milieu de la cavité pédonculaire
de Çyrtina. dont nous avons déjà parlé plus haut et qui a été
signalé pour la pi-cmiére fois par Bouchard, est nettement figuré
igot
FOSSILES DBVON1ENS DE SANTA-LUCIA
dans les coupes données par MM. Hall et Glarke ; ces auteurs ont
non seulement montré d'une façon évidente Texistence de ce
caractère, mais ont encore indiqué qu*à la rencontre du septam et
des deux plaques dentales, il existe une chambre tubulaire qui,
ainsi qu*ils l'ont observé chez Çyrtina rostrata, parait être traver-
sée par le septum médian, venant la diviser, disent-ils, d*une façon
irrégulière en deux compartiments. Cet appareil serait, d*après
enx, Thomologue du tube de Syringothyris,
Les coupes, au nombre de plus de 5oo, que nous avons faites
sur des crochets ventraux de plusieurs espèces de Cjrrtina pro-
venant de France, d'Allemagne, de Bohème, d'Angleterre et
d'Espagne, nous ont montré qu'on pouvait, à l'aide d'échantillons
dans de meilleures conditions, pousser plus loin l'étude de cet
appareil interne et arriver à des conclusions plus précises. Les
faits observés étant bien constants dans toutes les espèces que
nous avons examinées, nous avons figuré de préférence les coupes
faites dans un spécimen de Cyrtina hispardca d'Orb. (= C. hete-
roclyta var. A, de Verneuil) dont la taille, plus considérable que
celle de tous les autres échantillons qui nous ont passé par les
mains, nous a permis d'obtenir plos de 4o sections dans le seul
sommet de la valve ventrale ; cet échantillon a de plus l'avantage
de provenir d'un gisement où la difTércnciation entre le remplis-
sage interne et le test est très accusée et en facilite l'étude.
<?• '
Kijf. 4. — Sections de l'exlrémilé apicale du crochet ventral de Cyrtina
heteroclUa, passant à la hauteur du foramen.
Lorsqu'on use le crochet ventral suivant une série de plans per-
pendiculaires à celui de l'aréa, on remarque d'abord la cavité pédon-
culaire largement ouverte, et pourvue au fond d'une petite crête
à sommet très aigu. Cette crête bientôt s'élargit, se renfle, et on y
distingue alors une cavité centrale, à section piriforme, divisée en
deux parties par une cloison médiane très ténue; cet appareil, que
nous désignerons sous le nom de tichorhinum à cause de sa forme
^46 T^-f- iSMLEMT i8 Mars
et de $a dèpontàoe dctMBBée. est shné sur le proloiigement du
septom me^antfi£< 4*^^^^*^ ^' n'est d'ailleurs que la oontmuatioii ^ ;
Fif . î» — >
de t 1
commençant à atteindre
If
bkiec qpoe tre$ mince* laisse cependant très
nettement distincte la
Iij:ne de séparation entre
les deux lamelles qui le
constituent, ligne qui se
ponrsnit ^^alement dans
la cloison divisant la cavité
pîriforme. Le septnm est
Aanqné des denx plaques
dentales qui sont venues
s accoler contre lui : par
suite de cette disposition,
le septum, dans cette par-
tie de la valve, ne se
tn>uvant plus en contact
avec le manteau, cesse de
se développer en épais-
seur* de même que les
plaques dentales ne peu-
vent plus s'accroître que du cvNté externe. Le septum médian.
:l'-
Ki*
* — Se<tioB tre* |ÇTOc^i<r du SfN>n«
^ rliam et 'ia ticborbiniim
I. Lk d'jubl^ tobohure qni existe dans le tieborbinom étant très petite,
%«ft rempli.«L«a^ ne s'est pas toigonrs efleetaè «f une façon eomplète à Taide
dK% UiAli^rt* étran^res qui ont péoëtiè dans la earitê palléale et dans le
»p</ft/l> (ioifà, et c'est pourquoi eUe est $ou%-ent occupée par un dépôt de
^-sktïtfjnMltt de ehaox Du reste, il arrive souvent, ainsi qu*on le voit en
faisant *ir% sections, que la coquille nest remplie quVn partie par des
matières terreuses : argile, sable, ou boue calcaire : celles-ci n*oecupent
daD.« ee cas que la partie des valves qui se trouve la plus inférieure par
rapport â la station, d'ailleurs variable, prise après la mort de Tanimal et
•-lle^ lai^-t^nt alors au sommet une chambre ^ide dans laquelle l'eau char-
gée de carbonate de chaux est venue former une masse cristalline.
\
Î90I
FOSSILES DÉVONIEXS DE SANtA-LUCIA
247
Fig. 7. — Section mon Iran t à Tinlé-
rieur des plaques dentales, les
traces des dents.
bien que très mince, conserve cependant son individualité entre
les deux plaques dentales et,
en général, est très distinct
dans les coupes, tout au moins
dans la partie apicale de la
valve ventrale; on y distingue
même les deux fines lamelles
qui le constituent sur toute sa
longueur. Par suite de Taccole-
ment des deux plaques dentales
sur chacun de ses côtés, le sep-
tum, ne se trouvant plus en con-
tact avec le manteau, n'a pu
accroître son développement
externe et c'est ce qui explique
son peu d'épaisseur. Les coupes
suivantes montrent comment
tout Fensemble de cet appareil
continue à recevoir des couches
calcaires, qui viennent se dépo-
ser sur les parois de la cloison
médiane en remontant un peu
Xe long des plaques dentales ;
^>n remarque, dans l'épaisseur
^e celles-ci, une série de zones
«tf^ncentriques indiquant leur
xnode d'accroissement et faisant
j^Pévoir la façon dont elles vont
^9€ terminer contre le septum.
Bientôt, en effet, on les voit
s «mincir de chaque côté du
^cliorhinum, puis s'interrom-
en laissant seulement à la
de ce dernier, quelques
qui disparaissent rapide-
ï*^^xxt. Le septum reste alors
^eixl, montrant toujours à son
«extrémité la section complète
du tichorhinum qu'on voit
encore pendant quelque temps
«l qui finit elle-même par dcve-
wr mcomplète par suite de l'interruption qui se produit dans
;wîi
Fijç. 8 — Section montrant h* mode
d*aceroisscment des plaques den-
tales et la continuité du .septuui
entre celles-ci.
a4H
D.-P. CEHLERT
i8 Mars
les parties latérales. Celles-ci disparaissent graduellement, ne
laissant bientôt plus qu une expansion de forme transverse à
y
Fig 9 —
Sections niontrunl la façon dont les parois du spondylium
s'interrompent pour laisser le tichorhinuni libre.
Textrémité du septum et un léger renflement indiquant la base du
tiehorhinum ; ces caractères s'effacent à leur tour et il ne reste
plus que la base du septum.
( '"^Ip
A
Fig. lo. — Sections successives du tiehorhinum montrant la façon dont on
le voit disparaître.
Dans cette série de coupes, le pseudodeltidium n'apparaît qu'à la
section représentée fig. 5, les coupes précédentes se trouvant au
niveau du foramen. Le pseudodeltidium est nettement perfoixS
et a une structui^e analogue à celle des valves ; il est limité laté-
ralement par la base des plaques dentales qui ne présentent
aucune tracfè de perforations. Quant à la suture médiane indi-
quant la jonction des deux plaques deltidiales, elle a dû s'eflacer
et nous n'avons pu constater sa présence.
Si Ton essaie, d'après ces coupes, de reconstituer la disposition
IQOI FOSSILES DEVOXIENS DE ÔANTA-LITCIA . 249
générale des cloisons, on yoit tout d*abord que le sommet de la
valve ventrale est divisé en trois compartiments, dont Tun, plus
petit, forme la chambre pédonculaire, constituant un spondylium
analogue comme forme à celui des Pentamères, mais en différant
par sa structure ; en effet, chez ces derniers la cloison médiane
est constituée seulement par les deux plaques dentales devenues
parallèles et accolées, tandis que dans Cyrtina cette cloison a
comme partie fondamentale un septum initial bien distinct, contre
lequel viennent s'apposer les plaques dentales, tout cet ensemble
s' augmentant par des dépôts latéraux successifs.
Du fond du spondylium s'élève le tichorhinum, faisant une assez
forte saillie, mais laissant toutefois dans la partie antérieure un
large espace libre pour le pédoncule ; en se reportant aux coupes,
on voit que les plaques dentales viennent s'appliquer contre la base
du tichorhinum qui fait partie intégrante du septum dont il n'est
que la continuation.
Quant au rôle de cet appareil, il reste encore hypothétique;
nous pensons, toutefois, qu il pouvait servir à loger les muscles
pédonculaires ventraux : ceux-ci cheminant graduellement vers
l'avant, en môme temps que s'allongeait cette sorte de cornet à
double compartiment. Cette disposition de muscles, logés dans des
cavités tubulaires plus ou moins développées, se retrouve d'ailleurs
dans d'autres genres, et en particulier dans DouviUina (D. Dater-
trei) parmi les Articulés, et dans Trimerella {T. ^ranrf/s) parmi les
Inarticulés. L'identification faite par MM. Hall et Chirke, entre la
chambre tubulaire de Cj'riina et le tube fendu de Syringotkyv'Ui,
ne nous parait pas suflisamuient établie, car dans le premier cas
cet appareil est une dépendance du septum, tandis que dans i'aulre
il est produit par les plaques dentales ;
de plus, la portion du tube de Syringo-
thyris, placé à l'arrière de la cloison
transverse, sa (ente longitudinale, l'ab-
sence de division interne, lui donnent Fig. u. — Scciion irans-
un ensemble tout différent (lig. 1 1) ; Taule versnlc du crochet de la
d'échantillons bien conservés , nous '"''^ ventrale de Syvin-
,, ,. , ^ ^ . ifof/t r^/« (Davidson).
n avons pu en étudier la structure, mais ^^ . v
nous pensons d'après les figures qui ont été données par Winchell,
Davidson, Hall et Clarke, que la cloison transversale peut être
comparée aux deux callosités qui, chez Sfjiri/erina, relient les
placjues dentales entre elles pour former le spondylium (fig. 3):
ces protubérances, ainsi que le montrent nos coupes, disparaissent
assez rapidement dans ce dernier genre, mais chez certiiins Spiri-
aSo ŒHLERT. — =• FOSSILES DÉVOXIENS DE SANTA-LUCIA l8 MaPS
fères, Spirifer Verneailli par exemple (fig. la), elles ont une plus
grande importance et se voient sur presque toute la hauteur de
Fig la. — Section transversale de Spirifer Verneuilli,
Taréa, sous la forme d'une cloison transversale (fig. la a) qui se
prolonge en deux crêtes aiguës (fig. lab).
EXPLICATION DE LA PLANCHE VI
Fijf. 1. — Spirifer Boulci, n. sp ; jçr. nat.
Fig. a à i6. — Reticularia Dereimai, n. sp.; gr. nat.
Fig. 17 à 34. — Cyrtina heteroclita Defrance, var. intermedia Œhleri: 17,
gr. nat.; 18 à 3^. gross. i i/a. Divers spécimens, pour montrer combien
cette espèce est variable, en conservant toujours néanmoins les caractères
qui lui sont propres.
Séance du f*' Avril mm
PRESIDENCE DE M. L. GAREZ, PRESIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Pierre Elspinas, Licencié ès-sciences, présenté par MM. Hau^
et Gentil.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Albert Gaudry présente à la Société géologique un tirage
à part de la note sur les découvertes de Sokolki, adressée derniè-
rement à TAcadémie des Sciences par M. Amalitzky ; il montre
en même temps des photographies envoyées par le savant géologue
russe, et s'exprime ainsi :
Je crois devoir appeler Fattention des membres de la Société
géologique sur les fouilles que M. Amalitzky a entreprises dans
le Permien du bassin de la Dwina supérieure à Sokolki, gouver-
nement de Vologda, nord-est de la Russie. M. Amalitzky nous
annonce qu'il a déjà découvert quinze à vingt squelettes de
Pareiasaurus dont quelques-uns atteignent une longueur de
4 mètres, quati^e squelettes de reptiles longs de 2 mètres, oflrant
de la ressemblance avec les Rhopalodontes, des ossements de
Dicynodontes, beaucoup de Théromorphes nouveaux et probable-
ment des Dinosauriens . enfin , quelques squelettes de Stégocé-
phales (Melanerpeton et autres).
Nous ne pouvions nous attendre à voir un pareil rassemblement
de grands quadrupèdes dans un terrain qu'on attribue au Pri-
maire, et nous sommes embarrassés pour dire ce qui marque la
limite des Êtres primaires et des Êtres secondaires. Je crois être
l'interprète des sentiments de nos confrères, en envoyant nos
vœux à l'habile explorateur du Permien de Sokolki, pour la conti-
nuation dp ses étonnantes fouilles.
M. E. de Martoime ollre à la Société plusieurs brochures dont
il est Fauteur : i"* Le levé topo graphique des cirques de Gauri et
Galcescu (Massif du Paringu) (Extr. Bul. Societâtii Inginerilor
çî industriaçilor de Mine Bucarest. 1900/4^ ?•■» ^*arte au lo.ooo®).
— 2° Contribution à V étude de la Période glaciaire dans les Kar-
pates méridionales (Extr. Bul. de la Soc. géol. de France, 1900). —
q5q SEANCE DU I*»" AVRIL igOI^
3*» Recherches sur la période glaciaire dans les Karpates méridio-
nales (Extr. Biil. Soc. des Se. de Bucarest, 1900, 60p., 7 6g.,4pl-)-
— 4" Sur la formation des cirques, communication faite au Congrès
des Sociétés savantes à la S3rbonne en 1900 (Extr. des Annales de
Géographie, X, 1901). — 5° La Roumanie (Extr. de la Grande
Encyclopédie, in-ia, 72 p.).
M. Emm. de Margerie présente, au nom des auteurs : MM. L.
Duparc, L. Mrazec et F. Pearce, la carte géologique du
Massif du Mont Blanc.
M. Aug. DoIIot : Sur les travaux en cours d exécution du
Métropolitain, entre la Place de V Étoile et la Place de la Nation,
par les Boulevards extérieurs»
Les puits de sondage creusés en 1900 sur les boulevards de la
Chapelle et de la Villette et cette année boulevard de la Chapelle,
aux abords du Chemin de fer du Nord, ont montré que dans cette
zone, l'épaisseur du travertin de Saint-Ouen atteignait 20 mètres.
Aux deux tiers de la hauteur il existe une récurrence marine, en
deux couches, qu'on retrouve boulevai'd de Courcelles et boulevard
de la Chapelle, en concordance d'altitude.
Le gypse a été Fobjet d'une exploitation intensive entre le Chemin
de fer du Nord et le Chemin de fer de l'Est, dans le travertin.
On a pu s'en rendre compte par les puits qui en ont traversé
toutes les couches, d'une puissance totale d'environ 6 mètres, et
d'anciennes galeries remblayées.
Les fouilles de fondation des piles du viaduc, près du Chemin de
fer du Nord, à l'ouest, ont permis de reconnaître la position exacte
des marnes a Pholadonvya ludensis, de la quatrième masse du
gypse et des sables verts.
La quatrième masse du gypse est formée de deux couches : celle
supérieure ayant o m. 98 et celle inférieure i m. 14 d'épaisseur
moyenne, séparées par de petits bancs de marne, gypse, calcaire
et sable, sur une épaisseur d'environ o m. 87. A l'est, entre le
Chemin de fer du Nord et la rue de la Chapelle, les puits qui ont
près de 3o mètres de profondeur, ont été descendus jusqu'à l'eau,
qui correspond au niveau supérieur des sables de Beauchamp
caractérisés en cet endroit par une couche calcaire fossilifère.
L'altitude du sommet des sables de Beauchamp, boulevard de la
Chapelle, concorde avec celle reconnue par un forage, boulevard
de Courcelles.
Séance du lo Avril fHOt
PRÉSIDENCE DE M. E. HAUG, VICE-PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès- verbal est adoptée.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Emile-Edouard Lonclas, Chef de gare à Ollioules (Var),
présenté par MM. Peron et Michalet.
Le Président souhaite la bienvenue à M. Cari Schmidt, Profes-
seur de géologie à l'Université de Bâle.
Le Président annonce que le Congrès national des Sociétés
françaises de géographie tiendra, à Nancy, sa XXII« session, du
i«r au 5 août 1901.
Il donne lecture d'une lettre du Ministre de Tlnstiniction publique
et des Beaux-Arts, l'informant que la Société royale de Londres
vient d'entreprendre la publication d'un Répertoire international
de bibliographie scientifique comprenant annuellement 17 volu-
mes, dont quatre seront consacrés à la Minéralogie, la Géologie,
la Géographie mathématique et physique, la Paléontologie. Le
prix de chaque volume séparé variera entre les limites extrêmes
de 10 et 45 francs.
M. P. LiOry, présente deux notes : i» Les cirques de montagne
(Ext. Revue des Alpes Dauphinoises) : *29 Sur les principaux types
de vallées des Chaînes Subalpines dans l'Isère et les Hautes-Alpes,
et sur leurs rapports avec la tectonique (Ext. Bull. Soc. Statistique
de l'Isère).
Le Président constate avec plaisir que des auteurs de plus en
plus nombreux s'occupent de cette captivante question des cirques
et de l'érosion glaciaire, qui, tout récemment, a fait l'objet de si
beaux travaux de la part de MM. Richter, Penck, \V. M. Davis et
de notre confrère M. de Martonne.
DÉCOUVERTE DE CALCAIRE A NUMMULITES, DANS LE PETIT
SYNCLINAL DE LA GOURRE, PRÈS DE SÉDERON (DROME)
par M. W. KIIilAN
Ce gisement, découvert par Tauteur, à 4^ ^î^* ^ Touest de
Sisteron et non loin du Mont Ventoux, est distant d^environ
65 kiL de Taflleurement nummulitique de Faucon (Basses-Alpes),
décrit par M. Haug, le plus occidental qu*on connût jusqu*à présent
dans les Alpes françaises. Il se compose d'assises verticales
pincées dans les calcaires du Crétacé inférieur. Le calcaire de la
Gourre est fortement zoogène et cristallin, à rares grains de
glauconite, il se délite en dalles et contient à côté d*HuItres et
de Pecten indéterminables, de très nombreux et très beaux
Bryozoaires, des Lithothamnium d'une conservation remarquable,
des débris d'Echinodermes et de nombreux Foraminifères (? Gyp-
sina^ Textularia, Millioles, etc.) parmi lesquels des NummuUies
de très petite taille, très souvent détruits par la recristallisation
qu'a subie la roche. Reconnues d'abord, avec la plus grande netteté,
dans des préparations (détermination confirmée par M. le Prof.
Steinmann), ces petites Nummulites ont été retrouvées par M.
Kilian, au moyen de la loupe, dans des échantillons qu'il vient de
recueillir à la Gourre, an cours d'une récente exploration de cette
localité, qu'il vient de visiter à nouveau avec le plus grand soin.
Une note détaillée fera connaître les résultats de l'examen
microscopique des nouvelles préparations de ce calcaire qui vont
être faites et qui permettront peut-être de fixer définitivement
Fâge du Calcaire à petites Nummulites de la Gourre qui est en
relations avec des sables, des argiles bariolées et des marnes à
galets calcaires analogues à ceux du gisement oligocène d'Eyga-
layes, décrit par M. Paquier et peu éloigné de Séderon.
On conçoit facilement l'importance qu'aurait pour l'histoire des
mers éo gènes dans le bassin du Rhône, la détermination exacte de
ce lambeau marin situé dans une portion des Chaînes subalpines qui
passait pour être restée en dehors du domaine maritime jusqu'à
l'époque du Miocène inférieur. En tous cas, la découverte de cal-
caire à Nummulites, près de Séderon, permet d'ores et déjà d affir-
mer qu'il convient de reporter le rivage de la mer nummulitique
bien plus à Vouest qu'on ne l'admettait jusqu à présent.
OBSERVATIONS STRATIGRAPHIQUES
DANS LE NORD DU MASSIF DU VERCORS
par M. P. LORY.
On connaît la division longitudinale très nette du massif du
Vercors en deux parties, délimitées par le pied ouest de Tanti-
clinal de Fourvoirie, c'est-à-dire, sur la plus grande partie de la
longueur de ce pli, par la ligne d*éti rement qui l'accidente, la
célèbre Jaille de Voreppe. Seule la partie située à Test est au
point de vue tectonique le prolongement de la Chartreuse.
Dans la partie de la bande occidentale comprise sur la feuille
Grenoble au 8o.ooo°><', la série stratigraphique présente nombre de
particularités intéressantes, indiquées d'ailleurs depuis longtemps,
pour la plupart, par A. Gras et Ch. Lory.
Depuis le Portlandien, étage le plus ancien qui af!leui*e, jusqu'à
rUrgonien, cette série est continue * . Je rappelle que la limite du
faciès subrécifal à Polypiers et Chamacées, qui, au sud de Tlsère,
se dirigeait vers le sud-ouest à Tépoque du Poi*tlandien et du Ber-
riasien (calcaires de TËchaillon), se déplace au Valanginien moyen:
jusqu'au sud de Saint-Gervais ces calcaires blancs massifs, oolithi-
ques par places, forment une intercalation puissante dans les
couches du Fontanil.
Après le dépôt des calcaires urgoniens supérieurs (Aptien
inférieur), les lacunes et les ravinements apparaissent. C'est
d'abord l'absence du Gargasien, complète dans la partie étudiée,
puisque les « couches supérieures à Orbitolines » font défaut au
nord de Romeyère. M. Paquier, qui a discuté avec beaucoup de
sagacité les interprétations que Ton peut donner de cette lacune -,
adopte ridée, formulée par Ch. Lory en i852 *, d'un exhaussement
du Vercors au Gargasien, suivi d'une dénudation ; mais il regarde
une émersion comme peu probable, et effectivement les courants
de transgression du Gault peuvent avoir suffi à produire un
décapage général du fond. L'importance de cette dénudation a
varié suivant les points : elle « n'a laissé subsister que de [)elits
lambeaux des marnes à Orbitolites et a rongé d'une manière
I. J'ai résumé ses caractères les plus saillants dans les NoL géoL sur divers
pointé des Aipes françaises (en coUab. avec M. Kilian, 19CX)).
a. Diois et Baronnies, p. ai5, 216, aai. aaa.
3. Chartreuse, p. 70.
!i56 p. LORY. — OBSKHVATUINS &TUAT1GRAPHIQUB8 l5 Avpîl
inégales les couches supérieures des calcaires à Caprotines * ».
Ces inégalités paraissent indiquer des ébauches de ridenients,
M. Paquier Ta fait observer (1. c, p. aaîi) pour les lambeaux de
marnes, qui doivent être les traces de synclinaux. Invei'senient,
les points oii la niasse calcaire supéneui*e de l'Urgonien est nota-
blement réduite (ce cas existe, contrairement à ce que pense notre
confrère), devaient appartenir à des anticlinaux. Il y a de ces
points près de Feyssole et près de Veurey : dans cette dernière
localité, le long de la Varaize. moins de dix mètres sépai'ent le
Gault de lits marneux à Orbitolines appartenant à Fassise
moyenne de l'Urgonien.
Le Gault inférieur, le calcaire dit « luniaehelle », débute aux
Ecouges par une i)laquette à faciès zoogène spécialement net,
chargée de Spongiaires (Cupulochonia?) et à' Alectryonia du
groupe de flabellata. Le gi*ès [phosphaté, qui plus à l'est i*epré-
sente le reste du Gault, fait défaut dans cette bande au nord
de Romeyère. D'ailleurs on voit l'épaisseur de la luniaehelle
elle-même varier de 7 à a mètres, et. en quelques points, elle
manque entre TUrgonien et le Sénonien. 1^ lacune, qui, dans tous
ces massifs subalpins du nord, existe sous le Campanien, descend
donc ici plus bas que d'habitude ; elle monte aussi plus haut,
comme Ch. Lory Tavait mis en évidence - : les premières cou-
ches sénoniennes ne correspondent qu'au sonnnet des lauzes à
Bryozoaires ^, ou même plus au sud, appartiennent déjà aux
calcaires à silex ^. G est la région occidentale qui a dû fournir
les graviers de Gault répandus aux environs de Gi'enoble jusque
dans cette seconde assise du Sénonien. Otte partie du massif a
dû rester surélevée plus longtemps que le i^este à la suite des
mouvements antésénoniens.
Les mouvements éogènes y ont été plus sensibles encore : il y
avait des saillies formées dès TEocène inférieur, alors que les
crevasses de lapiaz, les puits, les grottes, creusés dans ce territoire
I. VA\. Lory, p. 7.">.
!i. Cf. nota m ment Descr. Dauphiné^ p. V)6.
3. Cf. P. LoHY. li. S. G. F, (3), XXVIII. p. ;8i. La constitution de ces
premières couches est bien voisine de celle des lauzes supérieures, fif^rée
par MM Hovelaeque et Kilian (-1^. de Mici^ophotoffraphies), et sVloi-
jfiie au contraire de celles des calcaires à silex, à petits Foraminifcres et
spicules. qui les recouvrent. — C'est par suite d'un lapsus, évident d'ail-
leurs, que dans l'article ri-dessus il est question de la partie « orientale »
du Vercors. au lieu de « occidentale ».
4. V. l*A(jUii:ii, oj> <• , p. '-i^J.
igOI DANS LE NORD DU MASSIF DU VERCORS 267
émergé, s'emplissaient de sables réfractaires *. Car, entre autres
raisons, il fallait des pentes notables pour permettre aux ruisseaux
de transporter les gros galets de calcaires crétacés demi-roulés
que Ton voit çà et là se mêler aux sables. Mais c'est surtout la
transgression burdigalienne ^ qui met en évidence le redressement
des couches : il est en général d'autant plus marqué (Ch. Lory a
insisté* sur ce fait) que l'on est plus loin des chaînes alpines. Il y a
par endroits, comme vers la scierie des Ecouges, une véritable
discordance. Vers Test, il devait y avoir un haut fonds vers
Planfay (massif de la Chartreuse), où localement le substratum
est l'Urgonien comme à l'ouest.
En résumé, antérieurement aux grands plissements on constate
une différenciation de la bordure occidentale par rapport au reste
des massifs calcaires, les mouvements orogéniques y étant moins
insensibles et l'affaissement à certaines époques plus tardif et plus
lent. Manifestement, durant une grande partie du Secondaire cette
bande s'est trouvée voisine du bord du géosynclinal alpin.
Tectonique. — La tectonique des massifs subalpins au voisinage
de la cluse de Tlsère est presque entièrement bien connue. Voici
cependant quelques points que je puis signaler : i**. Une faille, du
système de celles qui ont déterminé l'emplacement de la cluse,
dédouble la barre valanginienne du Fontanil et devait délimiter,
avec celle que M. Kilian a figurée sous Aizy 3, un compartiment
abaissé transversalement. — 2®. Un curieux dédoublement se pro-
duit dans le synclinal Vonrey-Rencurel, au ravin de la Rivière,
avec relaiement de lu a faille » de Voreppe par une ligne d'étire-
ment extérieure. — 3°. Il y a dédoublement temporaire et dépres-
sion transversale de l'anticlinal de Montaud au-dessus de Saint-
Gervais : le cours inférieur de la Drevenne a emprunté cette
dépression. — 4^. A l'est se place, au bord interne des massifs
calcaires, un chapelet de dômes, ceux du Rocher de FOurs, du
Moucherotte, du Herluchon, séparés par les rentrants synclinaux,
plus ou moins étires, du col de l'Arc et de l'Isère *. La retombée
du dôme du Moucherotte vers Test est très visible, surtout du
Peuil-de-Glaix à Seyssins. Elle est tranchée orthogonalement, sans
1. Voir in Kilian, Ann: Univ. Grenoble, l. X, l'exposé de cette formation
des sables éocènes j>ar ruissellement et décalcilication.
2. Elle amène d'abord dans l'ouest la formation de calcaires gréseux à
Hryozoaires, très riches en Pecten prœscabriusculus et P. du gr. de restiiu-
tensis.
3. Livret-Guide Congrès lyoo. Exe. Xin% Pi. I.
4. D'après les observations de Ch. Lory» de M. Kilian et les miennes.
3 Octobre 1901. -- T. i^. Bull. Soc. Géol. Fr. — 17
a58 UISCORUANCE DU CAMBHIK.V SUR LE PHÉCAMBKIEN l5 Avril
en ^tre autrement nfleçtée, par l'extrémitë nord, coudée presque à
angle droit, de l'iinticlinnl linéaire de Saint-Ange ', ce pli se com-
porte donc comme un élément tectonique postérieur. C'est un bon
argument à l'appui de l'idée que j'avais émise déjà ^ »iur la Rtrnctnre
de cette partie du Bord subalpin et de son voisinage : superposition
de deux sortes d'éléments tectoniques formés successivement, des
dûmes ayant précédé, cas d'ailleurs si fréquent, les éléments
linéaires qui constituent ici un petit faisci^au déversé vers l'inté-
rieur des Alpes.
DISCORDANCE DU CAMBHIEN SUR LE PRËCAMBRIICN
PRÈS DE RENNES
par M. F. EBRFOBHE
La pénéplaine précambrienne de Rennes est limitée au sud par
les hauteurs cambriennes de Pont-Rean. Malgré la longueur et la
netteté topograp bique de la ligne de contact, on n'avait pu y
constater encore la discordance signalée ailleurs entre le Cauihrien
et le Précambrien. Elle existe cependant et j'ai pu l'observer avec
toute la netteté et la précision désirables.
A 4 kil. 5 à l'est de Pont-Réan, un peu au nord de la bifui-cation
des routes de Laillé à Bruz et
" s d( Laillé à Saint-Erblon, une
carrière est ouverte à la limite
des deux l'oriiiations. La coupe
Il contre montre ce qu'on y
.-,.,^ observe.
^-v^ La, Précan>brien est repré-
senté par des scbistes argileux
,B . - U.scordnnce du Cambnen bleu-vei-dâtre. jaunâtres par
sur le Prtcambrien au sud de , , . ■■ , , , ,
Rennes dtcolol'ation, entremêles de très
»■ u 1 _i ■ <• <- I ■ nombreux itetits bancs de gi-cs
ai-gileux de couleur bleu-verdâ-
e. en général assez foncée (=^ Grauwackc de quelques auteurs),
es petits bancs sont bien calilirés et coupés de nombreuses dia-
1. Pli si)rnaié pur M. Kilian. C.-R. Ca. g: pour 1896, p. 1118.
■j. Pth iv/onléH vei-H tielUdonne. <J. II. Ai: Si:, ali dét. rdgb.
igOl DISCORDANCE DU CAMBRIEX SUR LE PRECAMBRIEN 209
«rlases perpendiculaires au plan de stratification : par suite de
4rette disposition ils se débitent naturellement en petits paralléli-
pipèdes plus ou moins réguliers : on les utilise pour Tempierrement
-^es rentes. Quelques iilonnets de quartz blanc laiteux s'obsei'^ent
^-ii et là.
Ces couches dessinent un pli en S et plongent au sud.
Dans la partie méridionale de la carrière, elles supportent sur
j€?*ur tranche les assises cambrienues ayant même plongement
uiâis une plus grande inclinaison sud.
-Le Cambrien est formé à sa base de schistes argilo-siliceux vert
crJ^r, à texture compacte et à schistosité à peu près verticale,
luisant par conséquent un angle assez prononcé avec le plan de
5% C. rectification.
-A. quelques mètres au sud, dans une seconde petite carrière, on
observe le passage de ces schistes verts aux schistes rouges
tv^iciues. Ce passage est graduel et présente des intercalations
al terriati veinent vertes et rouges ; la texture des schistes verts est
lit ni^me que celle des schistes rouges. II ne saurait y avoir aucun
dc>imt>e sur leur assimilation au Cambrien.
Kn étudiant les premiers bancs reposant sur le Précambrien,
c>ii eonstate qu'il ne s'y trouve pas de poudingue comparable
li^Ho logiquement à celui de Montfort, Oignies, etc; mais, à une
cfiiinzaine de centimètres de hauteur dans le schiste se trouvent des
petits; galets empruntés aux bancs gréso-argileux du Précambrien
»ou.s-jacent. Ces galets sont très peu roulés ; quelques-uns ont la
forme de parallélipipèdes à arêtes arrondies. Ces faits confirment
la discordance observée et montrent qu'au début du Cambrien, les
l^rès argileux précambriens étaient déjà coupés de diaclases et se
débitaient en parallélipipèdes comme à l'époque actuelle.
OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES
A SUMATRA ET A BORNÉO
par M. Cari SCHMIDT
I. — Sumatra
Les traits généraux de la constitution géologique des parties
sud de l'île de Sumatra sont particulièrement nets sur une coupe
transversale de Tîle allant du sud-ouest au nord-est, de l'île d'En-
gano dans la mer des Indes, à Tile de Bangka dans la mer de
Chine, en passant par Manna au sud de Benkoulen, le volcan
Dempo, Lahat et Palembang. (Voir la coupe p. 263). Toute cette
région a été étudiée, d'une manière générale, par R.-D.-M. Ver-
beck. Cet auteur a publié en 1881 une description topographique
et géologique de la partie sud de Sumatra avec une carte à l'échelle
de i/5oo.ooo S et en 1897 une monographie de l'île de Bangka *.
La côte sud-ouest de Sumatra, ainsi que les lies qui longent
cette côte, sont formées par des sédiments tertiaires renfermant
de la houille. Ce Tertiaire, attribué au Miocène et au Pliocène,
constitue au sud de Benkoulen une série de couches, plongeant
au sud-ouest et s'élevant à l'opposé à une altitude de 3oo m., pour
venir buter le long d'une faille contre des couches paléozoïques
fortement redressées. Cette zone bordière tertiaire de l'île a dans
cette région une largeur de 3o kilomètres environ.
La « chaîne centrale » constitue une région large d'environ
5o kilomètres, où nous trouvons des calcaires siliceux et des
schistes paléozoïques fortement plissés, du granité et des roches
volcaniques récentes. Ces dernières couvrent une grande étendue ;
elles forment toute la partie nord-est de la chaîne centrale et
supportent le Dempo, volcan en activité, de 3.176 m. de haut. Vers
le nord-est comme au sud-ouest la chaîne centrale est séparée par
une faille d'un çorland tertiaire.
A partir du bord de la chaîne centrale près de Lahat sur une
longueur de 210 kilomètres, s'étend le bas-pays de Palembang-^
I Jaarboek van het Mijnwezen in Nederlandach Oost-lndie. Jaargang X,
eerste Deel i88i.
a. Ibid, Jaargang XXI, 189;.
OBSERVATIONS GEOLOGIQUES A SUMATRA ET A BORNEO q6i
traversé par le Mousi et ses affluents. D'après la carte de Verbeck,
tout ce pays est couvert par le « Zeediluvium » ou par le « Riçier,
alluQium » ; ce n'est que dans le voisinage des montagnes dans le
sud-ouest que la carte de cet auteur indique quelques affleure-
ments isolés de Tertiaire et de roches éruptives. Grâce à des puits,
profonds de 5 à lo mètres, on peut constater presque partout, au-
dessous d'une couche d'alluçium ou de latérite, la roche en place,
constituée soit par du Tertiaire, soit par des roches volcaniques.
La plus grande partie est formée par le Néogène, dont les couches
forment des plis plus ou moins redressés et arasés.
Les couches que Ton peut attribuer au Miocène sont des cal-
caii*es gréseux. On les trouve vers l'ouest en bordure de la chaîne
centrale, mais j'ai pu les constater aussi, plus à l'est, dans le bas-
pays, où elles forment, souvent accompagnées de roches éruptives,
les noyaux des anticlinaux. C'est ainsi que le Miocène se trouve au
Boukit * Pendopo entre le Mousi et le Lematang, près de Mela-
moum au sud du Lalang, et près de Bioukou à l'ouest de Palem-
bang, où l'on a rencontré au-dessous de marnes pliocènes des cal-
caires, probablement miocènes, métamorphisés au contact avec
ime roche éruptive.
La plus grande partie de la région est occupée par des marnes,
que nous envisageons avec Verbeck comme pliocènes. La puis-
sance de ces marnes est au moins de 2000 mètres. On trouve
disséminés çà et là, quelquefois en assez grand nombre, des fossiles
tels que Conus, Fusus, Tellina,
Des lignites associés à des grès, qui s'intercalent dans les
Diarnes, sont assez répandus et forment des bancs ayant jusqu'à
5 mètres d'épaisseur. Ces lignites occupent localement des niveaux
bien déterminés. — Les couches du Pliocène et du Miocène sont
en parfaite concordance, et leur sépai*ation est peu tranchée.
La direction des plis du Néogène montre un parallélisme remar-
quable avec la direction de la chaîne centrale. Dans les hautes
parties de la résidence de Palembang la chaîne centrale forme un
arc, qui est convexe vers le sud-ouest; au nord-ouest de la même
résidence la chaîne centrale est dirigée vers l'ouest-nord-ouest. De
même les jJis du Tertiaire sont dirigés : E.-O. entre l'Ogan et
le Lematang, S.E.-N.O. et S.S.E.-N.N.O. dans les environs du
Mousi et du Rawas et enfin E.S.E.-O.N.O. au sud du fleuve Lalang
(Voir la carte de Verbeck).
Au milieu des coucIkîs tertiaires du « vorland » on rencontre
I. Boukil (Boekil) veul dire « colline ».
a6îi c. scHMiDT i5 Avril
des massifs de roches volcaniques, qui n ont plus la forme de
cratères. \'erbeck mentionne de semblables massifs dans le
Miocène du « Goemai-Gebcrg^ » au sud de Tebing-Tingg^
dans le Pliocène entre le Enim et le Lematang à Test de Lahat.
Sur ce dernier point on voit surgir de la plaine une chaîne de
montagnes boisées, dont la longueur du nord au sud est à peu près
de 3o kil. et qui se termine vers le nord par le sommet pointu du
Boukit Serillo (600 m.), dont l'ascension n'a jamais été faite. La
roche du Boukit Serillo mentionnée par Verbeck * est une andésite
grise à hornblende et à augite avec une pâte microlitique.
La hornblende verte est très décomposée et a donné, comme
produit de décomposition, surtout de la titanite. La roche, prise
en entier, contient 0,87 "/o de TiO*, tandis que dans les éléments
basiques seuls, ilont la densité est supérieure à 3, la teneur en
TiO* monte à 2,77 "/o.
A peu de distance du Boukit Serillo, au Boukit Besar, j'ai tix)uvé
des andésites à augite avec du Péridot, et j'ai vu dans les ravins
descendant de ces montagnes des blocs d*une roche d'un aspect
absolument dioritique.
En outre des massifs éruptifs du Boukit Serillo et du Boukit
Besar, la région possède un autre petit massif du même genre,
que nous avons découvert au Boukit Pendopo, au milieu du pays
tertiaire entre le Mousi et le Lematang, sur la frontière des dépar-
tements de Mousi Uir et de Tebing-Tinggi, à i3o kilomètres ouest
de Palembang, La roche éruptive forme en ce point une petite
cime ari'ondie, boisée, qui s'élève à 100 mètres au-dessus du pays,
couvert de « Bosch ». J'ai pu suivre le contact entre la masse
éruptive et le Tertiaire seulement vers le nord et vers l'est.
Au nord-est du Boukit Pendopo on rencontre les marnes du
Pliocène, qui plongent à lo'^-ao" vei»s le nord-est et au pied de la
colline même on voit surgir sur une longueur de 3oo à 5oo mètres
les gros bancs de calcaires gréseux, miocènes, inclinés de So® à 70^
vers le nord-i»st. La partie du massif éruptif lui-même que j'ai pu
étudier couvre une surface d'un denn-kilomètre carré à peu près, et
sur cette petite étendue l'on trouve une très grande difl'érentiation
des roches. Au sommet de lu colline, c'est-à-dire à une distance
de 400 mètres de la bordui*e du massif, on trouve une roche à grain
moyen holocristalline, qui a l'aspect d'une diorite (Var. I). Les
éléments essentiels de la roche sont un labrador basique et le
diallage, la texture est ophitique : nous avons donc au centre
I. Luc. vit , \). laG.
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q64 c. schmidt i5 Avril
du Boukit Pendopo un gabbro ophitique. A une distance de
25o mètres environ de ce gabbro vers la périphérie du massif j'ai
recueilli une roche verte, à texture porphyrique (Var. II). L'élé-
ment de première consolidation est un labrador, la pâte est
holocristalline et se compose de bytownite, d'augite et de quartz.
Je désigne cette roche comme porphyrite augitique à quartz.
Partout où j'ai pu constater le contact de la roche éruptive avec
le Miocène, j'ai trouvé des variétés, plus ou moins fraîches, qui
ont un aspect franchement andésitique (Var. III). On y distingue
à l'œil nu, dans une pâte violacée, des cristaux de feldspath d'une
longueui' de 2 millimètres en moyenne. Ce feldspath, de première
consolidation, est un oligoclase basique; l'autre élément du pre-
mier stade est une hornblende décomposée. La pâte offre au
microscope une Quidalité marquée, et se compose d'une matière
feldspathique confusément cristallisée. La roche est, d'après sa
composition minéralogique, une porph)^rite à amphibole ou une
andésite à hornblende.
Les trois types de roches ont été analysés dans le laboratoire de
M. Duparc à Genève. Voici les résultats de cet examen :
SiOï
A1203 ....
Fe203 ....
FeO
MgO
CaO
Na20
A.-iJ . . . . ■
Perte au feu .
Var. I
Var. n
Var. III
45,1:
53.ai
67,35
16,06
20,30
i5,oo
5,a3
1,95
3,76
4,45
6,o5
1,68
",74
1,68
1,65
10,79
6,04
1,83
1,74
3,22
4,63
1,77
2,51
2,12
2,88
4/49
2,83
ioo,83 99,44 ioo,85
Le gabbro ophitique (Var. I) montre la composition njoyenne
desdiabases. la porph y ri te augitique (Var. Il) celle des porphy-
rites augitiques et des andésites, tandis que la porphyrite à
amphibole oii Vandésite à hornblende (Var. III) se distingue des
andésites les plus acides par sa faible teneur en chaux et se rap-
proche des roches trachytiques.
On peut présumer que. cette liaison intime de roches diabasiques
avec des types andésitiques et trachytiques se retrouve en d'autres
points de l'île de Sumatra, par exemple dans le massif du Boukit
Serillo et du Boukit Besar. Il en est de môme, d'après Verbeck ',
I. Loc. cit. p. 118.
igOI OBSERVATIONS GEOLOGIQUES A SUMATRA ET A BORNÉO 265
sur le Tersant est de la montagne Amboung-Bras située à loo kilo-
mètres à l'ouest du Boukit Pendopo.
Un troisième affleurement, de roche éruptive, au milieu du Ter-
tiaire, est à signaler à 45 kilomètres a Touest de Palembang entre
le Mousi et le Banjou-Asin. On y a observé sur une longueur de
20 kilomètres des sources de naphte, qui ont donné lieu à des son-
dages pétrolifères. On a rencontré au-dessous de marnes, à
5o mètres de profondeur, des calcaires grenus, blancs et gris
(calcaire miocène, métainorphisc au contact avec une roche érup-
tive), puis vers 100 à 200 mètres une liparite, du type des néifodites.
Au nord-est du bas-pays de Palembang, qui s'étend sur le
Tertiaire et des roches éruptives, est située File de Bangka, où
Ton ne rencontre que des granités et des schistes paléozoïques
fortement plissés. C'est ainsi que la continuation de la pénin-
sule de Malacca vers le sud-est est formée par Bangka, Billiton
et les îles Karimoun au nord de Java. Les eaux peu profondes du
détroit de Bangka semblent tout d'abord former la limite entre le
Tertiaire de Sumatra et les régions paléozoïques de Bangka.
Verbeck * indique l'île Lucipara, située très près de la côte de
Sumatra, comme constituée par des grès paléozoïques et il sup-
pose que la limite des roches anciennes vers le sud est voisine
de la ligne qui va de Lucipara à Kebatou. (Voir Kaarty N° i.
Verbeck. Bangka en Billiton).
Mais à Palembang M. G. Fischer m'a fait voir des granités
absolument identiques aux granités caractéristiques de Bangka.
M. Fischer a trouvé ces granités dans le pays marécageux situé
à 63 kilomètres à l'est de Palembang et 77 kilomètres à l'ouest
de Lucipara.
D'après cette observation il existerait donc au sud des grès
paléozoïques de Lucipara et sur l'île même de Sumatra un nouveau
massif granitique. La limite entre le noyau paléozoïque de Tarchi-
pel malais et la région du Tertiaire de l'île de Sumatra passerait
donc par le bas-pays de Palembang et c'est là que nous aurions à
admettre Texistence d'une grande faille.
Au cours de mes recherclu^s j'ai eu l'occasion de faire (fuelques
observations sur la formation de la latente. Pour pouvoir mesu-
rer le plongement des couches du Tertiaire il fallait presque
toujours creuser des puits à travers la latérite. C'est ainsi que par
exemple j'ai pu constater la présence, (m place, des marnes grises
I. Geol. Beschr. van Bangka en Billiton j p. 53 et 83.
î2(>G c. scHMiDT i5 Avril
sableuses du Pliocène en couches minces dès la profondeur de
4 mètres. Entre 4 nièlres et 3 mètres de profondeur ces marnes ont
une teinte jaunâtre ou roiigeAtre due à la présence de Foxyde de
fer ; elles conservent néanmoins leur schistosité. De la profondeur
de 3 mètres à la surface on rencontre une masse argileuse homo--
gène d'un i*ouge ou d'un jaune très vif, c'est la latérite ordinaire du
pays. J'ai fait faire dans mon laboratoire, par le T>' Hinden, l'ana-
lyse de ces trois types de roches, et Ton a trouvé :
I II III
A hi pi'ofondeui* de ... . 5 m. 3 m. 5 i m.
SiO^ 68,06 6c),55 73,5o
Alî03 i4,a8 15,69 i5,68
Fe203 /J,(Î9 3/46 3,87
MgO 2,',6 o,58 0,18
Na-( ) «,26 0,09
K:iO 0,96 0,78
Perte au feu io,63 8,(k) 5,75
«t)i),72 îH)»i« 99»^
Je me propose de continuer Télude de ces types en établissant
le processus de la décomposition des marnes pliocènes, qui semble
être de toute autre nature que dans les granités, dont la latériti-
sation a été étudiée par M. Bauer.
II. — Bornéo.
Mes observations géologiques sur Bornéo se rapportent exclu-
sivement aux eûtes nord-ouest du « British North Bornéo ». J'ai
étudié, en particulier, les terrains de l'Eocène pétrolifère de
Labuan et des localités voisines du Sultanat de Brunei.
Th. Posewitz * expose dans son ouvrage sur la géologie de
Bornéo les traits généraux de la géologie de cette contrée; ces
notions peuvent être complétées par les publications de J. Motley -
et de J. E. Tennison- Woods *.
La région tertiaire forme au nord-ouest de Bornéo une zone
bordière, le long de la côte, large de 60 à 100 kilomètres. Ce sont
des schistes argileux, des grès, des conglomérats, qui renferment
de la houille et sont pétrolifères. On les envisage comme éocènes.
1 Tli. Posewitz. Bornéo, Berlin, Friedhi*nder, 1889.
2 J. MoTLKY. Report on the geologicul |>)i(>noinena ofthe island of Labuan.
Quart. Journ. ffeol.. aoc.j i853, p. 54.
3. J. E Texmson-Woods. The Bornéo coal iields. Xature, i885. Vol. 3i.
agOI OBSERVA'nONS GÉOLOGIQUES A SUMATRA ET A BORNÉO qG^
Ces dépôts sont affectés de plis aux allures sinueuses mais
.^yant en général une direction S.O.-N.E. Ce sont presque partout
^es plis droits, arasés. Le nord de Tlle de Lahuan est traversé par
n pli déjeté vers le nord-ouest. En beaucoup de points, on constate
a présence de sources de naphte et de volcans de boue, dont
'affleurement est aligné le long de la direction des plis et dont la
situation est sans exception sur les axes de ces plis.
C'est ainsi que, sur Taxe d*un de ces plis, eut lieu près de la côte
e la péninsule de Klias, à Test de Labuan, une éruption boueuse,
ont le résultat fut la formation d'une nouvelle île, le 21 septembre
:^«fi97. Cette éruption lut précédée de quelques heures par deux
-violentes secousses de tremblement de terre, dont le point de
^S^part se trouvait probablement dans Tile de Mindanao (Phi-
Imppines) et qui causèrent de grands désastres. Ce même ébran-
lement fut ressenti jusqu'en Europe *. Le mécanisme de la forma-
"tlofi de cette île nous semble fort simple. Dans Taxe de ce pli droit,
arasé, s'était amassée au milieu des couches sableuses une masse
boueuse, mêlée de naphte et de gaz. Les pressions développées
par* des secousses sismiques ont poussé toute cette masse vers le
, soulevant le fond de la mer peu profonde. L'île ainsi forniée
ait aSo mètres de long, i4o mètres de large, et une hauteur de
ao ¥imètres. Le choc des vagues contre les matières meubles qui la
constituent a déjà diminué son étendue et la fera disparaître en peu
d'an.iiées. La formation de cette île est sans doute analogue à celle
de l'Ile Kumani, qui surgit en mai 1861 dans la mer Caspienne -.
s gisements de pétrole que j'ai étudiés et que l'on commença
à. exploiter dans l'archipel malais, il y a à peu près douze années,
*^i^t tous d'âge tertiaire. On les trouve dans TEocène, dans le
Miocène et dans le Pliocène ; ils n'ont pas de niveau stratigra-
phic|tie défini et sont toujours liés à des couches sableuses, inter-
calées dans des marnes ou des argiles. J'ai pu constater aussi bien
^ Sumatra et à Java qu'à Bornéo que les gîtes vraiment productifs
*^'^t toujours, sans exception, localisés dans Taxe d'anticlinaux
surbaissés, dont les flancs possèdent un pendage maximum de
^^^ environ.
*• Voir : G. Agamkmnonk. I terreiiioli neirisola di Labuan (Bornéo) dcl
" setiembre 1897. Atti li. Acad (ici Lincei, Roma, 1898. Ktndic. Vol VII,
^ N oip H. Abicii. Ueber eine im easpischen Meere erschienene Insel .
• ^"noires de V Académie impériale des Sciences de St-Péterboarg, VII sér.,
Séance du H Mai 1901
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ. PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce pi'ocès-verbal est adoptée.
Le Président annonce deux présentations.
11 fait part du décès de M. Henri Porteret, membre de la
Société depuis 189G.
En annonçant la nomination de M. René Zoiller à TAcadémie
des Sciences, il se lait Tinterprète des membres de la Société
pour présenter ses félicitations à Téminent paléontologiste.
M. le D*" Labat olfre à la Société une brochure dont il est
Tauteur, intitulée : Climat et eaux minérales de V Angleterre
(Paris, Baillière, 1900).
M. .T. Berfçeron ofl're à la Société, au nom de M. le D"* Imbeaux,
un volume (juïl vient de faire paraître et qui est le pi*emier d'une
l)ublication sur Z/'a/im^^^a/io^ en eau et V assainissement des villes
à V Exposition universelle de igoo. Il ])orte en sous-titre : Compte-
rendu des derniers progrès et de Vétat actuel de la science sur ces
questions, et il le justifie pleinement. En elfet, Texamen de tout ce
qui se trouvait disséminé dans Texposition, concernant ces deux
questions, n'occupe ([u'une quinzaine de pages ; par contiv le reste
du volume, c'est-à-diiv plus de trois cents pages, est consacré
uniquement à T alimentation des villes en eau.
Le paragraphe concernant la provenance des eaux est un vrai
traité sommaire d'hydro-géologie, écrit avec une compétence peu
commune. M. le D»" Imheaux, en effet, depuis 1897, époque à
laquelle il fit paraître un ouvrage sur Les eaux potables et leur
rôle hygiénique dans le département de Meurthe-et-Moselle, qui
produisit une grande impression dans le monde médical parce
qu'il apprit aux hygiénistes qu'ils pouvaient trouver des auxiliaiitîs
dans les géologues, n'a cessé d'étudier la question de la recherche
des eaux en France comme à l'étranger. Dans le présent volume il
a résumé ses connaissances comme hygiéniste, comme géologue
et comuie ingénieur, pour le plus grand profit de ses lecteurs.
M. J. Bergeroxiy à propos de la communication faite par
M. C. Schmidt dans la dernière séance à laquelle il n'a pu assister,
signale le fait qu'en Roumanie les principaux gisements de pétrole
SÉANCE DU 6 MAI 1901 269
sont situés également dans des anticlinaux. Son élève et ami
M. Goldberg a été à même de le constater, en particulier dans le
district de Campina. 11 lui a paru intéressant d'attirer Tattention
sur cette similitude des gisements en des régions si éloignées l'une
de l'autre, la théorie de Forigine du pétrole ne pouvant s'établir
que par la comparaison des principaux gîtes entre eux.
M. G. DoUfus présente à la Société géologique un opuscule de
M. Biitot, actuellement président de la Société belge de géologie,
d'hydrologie et de paléontologie, dans lequel il a examiné la circu-
laire ministérielle française récente sur l'instruction des projets
pour Talimentation en eaux des communes de France.
n observe que le programme très intéressant qui a été dressé
pour cette étude est fort voisin de celui qui a été préconisé en Belgi-
que par M. Van den Broeck dès 1890 et qui donne la première place à
l'enquête géologique. C'est un grand honneur pour notre science,
mais c'est aussi une tâche difficile, car la responsabilité des ques-
tions pratiques qui va incomber aux géologues qui ont accepté ces
fonctions s'en trouvera considérablement accrue. A moins de faire
seulement du rapport géologique une simple formalité administra-
tive de plus, le géologue sera forcé de donner un avis comprenant
les voies et moyens nécessaires pour prendre possession de l'eau
signalée, il devra indiquer les côtés défectueux des projets présentés
et les corrections qu'il jugera indispensables d'y faire apporter.
Mais ces études seront d'autre paii; pour le géologue un ensei-
gnement très importîint, il groupera des détails souvent perdus, il
aura entre les mains des moyens d'action matérielle : sondages,
tranchées, nivellements, etc., qui lui font trop souvent défaut dans
ses études théoriques habituelles et dont le manque se fait parti-
culièrement sentir dans la construction des cartes.
M. G. Dollfus olfre à la Société, de la part de M. E. "Van den
Broeck, une brochure qu il vient de publier sous le litige de
Dossier h)'drologique du régime aquifère en terrain calcaire.
Rôle de la géologie dans les recherches et études des travaux
d'eaux alimentaires.
La circulation des eaux souterraines en terrain calcaire, rocheux
ou crayeux est très difle rente de ce qu'elle est dans lous les
autres terrains, et il est impossible d'en donner une théorie qui
soit vraie dans tous les cas. M. Van den Broeck en développe des
exemples tirés de l'examen du calcaire carbonifère de Toui*nai en
couches un peu inclinées, du calcaire dévonien de Rémouchamp
2^0 SÉANCE nu (> MAI I90I
très redressé, de divers ealeaires de Han-Rochefort qui sont très
plissés. Fréquemment le bassin hydrologique ne correspond pas
au bassin géographique et l'intervention d'une stratigi'aphie de
détail est nécessaii*e pour déterminer l'origine réelle et la nature
des sources. L'auteur qui a autrefois déjà si heureusement exposé
le rôle du géologue au premier plan dans la recherche des eaux
alimentaii*es, développe aujourd'hui son programme en faisant
entrer en ligne de compte les méthodes nouvelles pour la recherche
des parcours souterrains avec Temploi de la fluorescéine, de la
levure de bière, ou Tanalvse des nitrates. Notre aimable vice-
président tiendra volontiers des exemplaires de son travail à la
disposition de ceux de nos confrères qui voudront lui en faire la
demande, ils trouveront certainement dans ce petit volume, les
questions de polémique mises de côté, une foule de renseignements
qu'ils arrivei'ont à dégager utilement.
A propos de la transmissicm de la note de M. Rutotpar M. G. -F.
Dollfus, M. G. Bamoxid informe la Société qu'il a échangé plu-
sieurs lettres avec MM. Van den Broeck, Putzeys, Ingénieur
des eaux de la Ville de Bi'uxelles, etc.
Il résulterait de ces correspondances que, en Belgique comme
en France — , on préfère toujours, pour Talinientation des villes,
une bonne eau de source aux eaux de rivière ou à celles des nappes
superlîcielles, filtrées : le filtrage n'est qu'un pis- aller. Mais on le
pratiquerait, paraît-il. en Belgique, dans d'excellentes conditions,
et qui répondent aux prescriptions de la plus rigoureuse hygiène.
M. G. Dollfus jjrésente à la Société une courte noU^ extraite
du dernier numéro de la Feuille des Jeunes Naturalistes sur
ï Étage cénomanien en Angleterre ^ d'après la classification nou-
velle proposée par M. Jukes Browne. Il s'agit toujours de la place
à donner à la Gaize (Étage vraconien Renevier). La conclusion
actuelle de M. Jukes Browne» est de la réunir, au sommet d*une
part av(»c les coucht»s de Warminster à Pecten asper et à la base,
d'auti^e part avec les couches dc^ Folkestoiie à Ammonites inter-
ruptus et A, mamillaris (Allin d'Orbigny); il forme ainsi de ces
trois horizons un nouvel étage auquel il a donné le nom de Selbor-
nien. Nous avons déjà fait observer avec de nombi^eux géologues
français que la faune des couches à Am, rostratus (Gaize) avait
plus de rapports avec le Cénomanien qu'avec l'Albii^n et que cette
limite était tracée déjà par la paléontologie, mais il y a plus, si on
laisse de côté cet argument malgré sa valeur, il nous reste des
raisons stratigraphiques considérables pour rejeter l'édifice com-
SÉANCE DU 6 MAI 1 901 2'jl
pliqué que nous propose M. Jukes Browne, car son Selbomien se
trouverait coupé en deux et au-dessus de son tiers inférieur, par
une des plus grandes discordances, un des ravinements les plus
intenses, une transformation géographique des plus vastes que
nous ait révélé l'étude des terrains secondaires, je veux dire la
transgression cénomanienne. Certainement la disparition de
TAlbien et la mutilation du Cénomanien ne trouveront aucun écho.
M. Léon Janet appelle l'attention de la Société géologique sur
le rôle que vont être appelés à jouer les collaborateurs du service
de la carte géologique de France, dans l'instruction des projets
pour Talimentation des communes en eau potable.
Une circidaire de M. le Président du Conseil, Ministre de l'Inté-
rieur, en date du 10 décembre 1900, a invité les Préfets à faire
débuter cette instruction par un examen géologique.
Ultérieurement un géologue a été désigné pour chaque dépar-
tement, sur la proposition de M. le directeur du Service de la carte
géologique de France.
On ne peut que se féliciter de voir la géologie intervenir ollicielle-
ment dans ces questions; nous avons montré, Tannée dernière, dans
une conférence insérée au Bulletin * combien il était regrettable
de voir statuer sur des projets d*alimentation en eau potable sans
étudier les causes de contamination auxquelles les eaux à capter
pouvaient être exposées. Le résultat sera de montrer rapidement
les services que peut rendi*e une science, regardée quelquefois
bien k tort par ceux qui ne la connaissent pas coninie dénuée
d'applications pratiques.
M. E, Hauff dépose sur le bureau la '^'2& livraison de la Grande
Encyclopédie, renfermant un article sur le Silurien, qu'il vient de
publier.
M. G. Ramond oft're à la Société, pour sa Bibliothèque, un
ouvrage, publié par la Commission impériale du Japon à l'Exposi-
tion universelle de i9<k) : « Les Mines du Japon, rédigé par le
Bureau des Mines (Ministère de l'Agriculture et du Coumierce). »
Ce volume renferme, indépendamment de nombreux renseigne-
ments techniques, île courtes Polices géologiques et ininéralogiques
sur les principaux gites miniers d(i Tlùapire du Soleil levant, des
diagrauunes, une carte générale, etc.
11 est intéressant de constater les progrès si rapides du Japon
dans la voie de la civilisation.
1. Voir '\ série, toiiit- XXVllI, page h'i'i, année lyiK).
SUR UAGE DES SCHISTES DU ROZEL (MANCHE)
par M. A. BIGOT
Ces schistes dans lesquels M. Lebesconte * a signalé son
Montfortia Rhedonensis ne sont pas précambriens.
En 1890 * j'avais rapporté ces schistes au niveau des schistes
de Saint-Lô, mais les explorations faites depuis pour la feuille
« les Pieux » m'ont conduit à modifier cette opinion.
Le rapport sur les explorations de 1898, inséré dans le Compte-
rendu des collaborateurs do la Carte géologique ^ est en partie
consacré à la discussion de cette question et à montrer que :
I** Les brèches porphyriques très cristallines de Saint-Germain-
le-Gaillard et Bricquebosq, signalées pour la première fois dans
cette note, sont surmontées par les arkoses avec galets de roches
variées qui forment dans la région la base du Cambrien. L'attri-
bution au Précambrien des schistes qui bordent au sud ces
arkoses, donnée comme douteuse dans le rapport, a été admise
définitivement en 1899.
3° Les arkoses de la base du Cambrien sont recouverts par
les schistes du Rozel, formant une large bande S.O.-N.E. qui
s'étend jusqu'à Cherbourg où ces schistes deviennent sériciteux.
3° Ces schistes plongent au nord-ouest sous le grès armoricain.
4** La largeur de cette bande n'exprime pas la puissance réelle
des schistes parce qu'elle est exagérée par des failles et des plis ;
cette épaisseur ne serait d'ailleurs pas surprenante, puisque cet
horizon schisteux correspond probablement à deux niveaux, l'infé-
rieur schisteux, le supérieur gréseux (grès feldspathiques déve-
loppés au nord du synclinal entre les arkoses et le grès armoricain).
Les i*elations des schistes cambriens avec les arkoses et le
grès armoricain sont particulièrement nettes dans la région du
Rozel, comme le montre la coupe ci-jointe.
Cet impoilant développement de schistes n'est point spécial
au bord sud du synclinal de Siouville. Il se montre sur la feuille
« Cherbouiç » où M. Le Cornu a rapporté au Cambrien les
schistes de Hardinvast et ïollevast inférieurs au grès armori-
I. Lkbescontb. Briovcricn et Sihmcn en Bretagne et dans Toucst de la
France. H. S. G. F., (3), XXVEI, 1900, p. 8i5.
a. Bigot. Archéen et Cambrien dans le nord du Massif Breton, 1890, p. 116.
3. B. Serv. Carte Géol., N- 69, avril 1899.
SUR l'âge des schistes du rozel
Q73
cain, et dont les caractères lithologicpies sont identiques à ceux
des schistes du Rozel. Le faciès schisteux est aussi très déve-
loppé sur la feuille « Barneville » où les schistes de Garteret,
avec pistes d'Annélides (Falaise de Dennemont) et bancs de
calcaires oolithiques (les Douits) ne sont séparés du grès armo-
ricain du Bosquet que par une assise très réduite de grès feld-
spathiques. Enfin, au centre du synclinal de la zone Bocaine,
JéoJtantle
M^ Hochet
n«rr«vill«
Atuc Annlaia
M ^J
Xc, Brèches porphyriques précambriennes ; Sp, Conglomérats de base du
Cambrien ; Sa^ Schistes du Rozel ; 6'', Grès armoricain ; S*, Schistes à
Calymmènes ; S', Grès de May ; rf*, Schistes et calcaires de Néhou ; y,,
Granité ; y', Microgranulite ; F, Faille.
particulièrement aux environs de Saint-Réray, le faciès schisteux
du Cambrien acquiert une grande puissance, et les dalles du Pont-
à-la-Mousse présentent comme celles de Garteret des pistes d*Anné-
lides et des bancs de calcaires oolithiques.
Nous rappelons qu'Hébert a déjà signalé * des traces organiques
dans les schistes du Rozel qu'il l'apportait aux schistes de Saint-
Lô. M. Dollfus a fait également connaître dans les schistes des
Moitiers d'Allonne (=^ Schistes de Garteret et de Rozel) des sortes
de nodules qu'il a décrits sous le nom de Palœactis çeluta et
dans lesquels il a trouvé des articles de Grinoïdes.
i. B. S. G. F., (3), XIV, 1886, p. :33.
3 Octobre 1901. — T, 1".
BuU. Soc. Géol. Fr. — 18
Séance du t^O Mai t90t
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Sont proclamés membres de la Société :
MM. Segiienza, Luigi, Assistant de géologie à TUniversité de
Messine, présenté par MM. Depéret et Garez ;
Broiiety Ghimiste de la Station agronomique de Laon,
présenté par MM. A. de Lapparent et Stuer.
M. L. Oentil offre à la Société un tirage à part d'une note très
résumée sur la Stratigraphie du bassin de la Tafna (terrain pri-
maire et secondaii'e) qu'il a présentée à l'Association française
pour l'avancement des Sciences (Congrès de Paris, 1900).
M. le Dr A. Labat offre à la Société, une brochure dont il
est Fauteur, intitulée : Climat et eaux minérales d'Espagne.
Dans ce travail Tauteur montre les rapports étroits qui existent
entre le sol de l'Espagne , son climat et ses eaux minérales.
Après avoir résumé les conditions climatériques et la struc-
ture géologique de la péninsule il passe en revue les stations
d*eaux minérales.
Dans la région volcanique de Calatrava, Hervideros Fuente-
Santa, eau alcaline gazeuse. La rareté de ce groupe d'eau est
due à l'absence de volcans éteints analogues à ceux de notre
Massif Gentral, aussi bien qu'au manque presque absolu des
roches éruptives tertiaires.
Orduûa, Gestona, Molinar, etc., possèdent des eaux salées en
connexion avec les ophites. Quelques-unes de ces eaux sont
à la fois séléniteuses et sulfiireuses.
Le plus grand nombre des eaux minérales sont, comme l'avait
pensé Elle de Beaumont, en relation avec les gîtes métallifères
si nombreux et si variés. Les sources salées et sulfureuses de
Ontaneda y Alceda, Puente-Viesgo et Galdas de Besaya dans la
province de Santander, Archena et Fortuna, près Murcie, sortent
comme chez nous des terrains triasiques.
- La présence d'un grand ci sèment tertiaire de sel (chlorure et
sulfate de sodium, gypse) dans les Gastilles explique Tabondance
des eaux purgatives : Loeches, Garabana, Rubinat; on les recueille
SÉANCE DU ao MAI I9OI Q^S
creusant des puits, ce sont des eaux de lixiviation. Elles ne sont
comparables aux sources jaillissant de la profondeur ; au point
Tue de Torigine elles peuvent être comparées aux eaux ferru-
jneuses engendrées par le lavage des pyrites.
Xes eaux sulfureuses, le plus souvent froides, sont en grand
^^mbre. On les trouve sur le versant nord Cantabrique. L'eau
* ^^Archena est à la fois chlorurée et sulfurée, association rare en
:K'*:ance, aussi commune en Espagne qu'en Italie. Le versant pyré-
^n espagnol est bien plus pauvre en eaux sulfureuses que le
TBTsant français.
r^iennent en dernier lieu, les eaux qui naissent dans le gra-
^. Peu minéralisées, elles ont par contre, une température
'^ée et un débit abondant.
complexité des éléments des eaux espagnoles a forcé
^ Labat à rejeter la classification chimique des auteurs, et à
pter la division en groupes régionaux en rapport avec la
KiM^titution géologique du sol.
. G.-F. DoUfuS communique à la Société des échantillons
11 fossile très intéressant qu'il a reçu de notre confrère M. Welsch,
1. 'Université de Poitiers, par l'intermédiaire de M"« la Comtesse
Cointre, qui s'est dévouée à collectionner les coquilles fossiles
Miocène de la Touraine. Il s'agit de spécimens recueillis dans
gisement extrêmement limité situé vers la pointe de l'île
léron (Feuille Tour-de-Chassiron de la carte géologique) et
t le niveau n'avait pu être précisé, c'est probablement l'espèce
Mares, Beltremieux, Boissellier ont parlé sous le nom de
^^dUa Jouanneti, mais c'est une espèce bien différente qui est
^^ C^4irdUa striatissima Nyst in Cailliaud, espèce abondante dans
sables tertiaires supérieurs de la Basse-Loire, et caractéristique
îMiocène supérieur de cette région pour lequel j'ai proposé la
ion d'un étage Redonien (type à Rennes). Cette espèce n'est
ue ni dans le Bordelais, ni en Touraine, nous ne la connaissons
dans le Pliocène, ni dans les mers actuelles. Elle se trouve dans
série de gisements isolés qui, de l'île d'Oléron, se suivent en
^^ndée, à Challens et la Chapelle-Hermier (M. Wallerant) ; Palluau
\M- Dumas); Vieille- Vigne, Montaigu (D' Mignen) ; Aigrefeuille
Q"4. Vasseur) ; puis dans divers gisements des environs de Nantes,
^nime la Dixmerie, près Ldroux-Botterau (MM. Bureau, Dumas,
^^*illiaud, etc.). Puis à S^Clément-de-la- Place, près Angers (Bar-
^); Sceaux, Thorigné, Coutigné, gisements autrefois explorés
P*r Defrance ; dans les grès ferrugineux de la Forêt de Gàvre
\
H'jè SEANCE DU 'JO MAI I9OI
(M. Davy); nous venons de la recueillir àBeaulieu. près Laval
(M. Œhlert), puis à Apigné, près Rennes (M. Lebesconte); enfin
elle est abondante à Gourbesville (Manebe) ; elle est ainsi présente
sur une étendue de plus de quatre cents kilomètres du sud au nord.
J'ai examiné la faune de tous ces ilôts et de quelques autres moins
importants qui présentent une grande uniformité et j'ai pu déter-
miner plus de 35o es2)èces dont un bon nombi*e sont nouvelles. Cette
faune est bien distincte de celle de la Touraine sur laquelle elle
repose, elle est distincte du Pliocène par ses tendances franche-
ment méridionales (genres Cypra*a, Conus, Voluta, FusuSy Pleuro-
toma^ Cerithium, etc.). Plus récente qu*aucun des gisements du
Golfe bordelais, elle est plus ancitmne que les dépôts pliocènes
classiques de Test de l'Angleterre et de la Belgique, c'est un terme
miocène supérieur marin qui était mal connu jusqu'ici en Europe.
11 reste dans le Pliocène : le gite du Bosc d*Aubigny (Périers) et
celui de Redon (Ille-et-Vilaine) respectivement dans le Cotentin et
la Bretagne.
M. G. DollfUB sur une question de M. Boistal qui lui
demande quelle place doit occuper le nouvel étage Redoniei
relativement au Pontien, répond qu'il lui est très difficile pou
le moment d'indiquer ce synchronisme ; il s'agit de bassins com-
plètement étrangers les uns aux autres au point de vue strati
graphique, et sans fossiles eomnmns.
Il n'y a pas trace jus<iu'ici dans l'ouest de couches à Congéries,
cependant leur niveau ne lui parait pas devoir être fort éloign<
du Redonien, il y a seulement dans les fossiles de la Dixuieri<
appartenant au Musée de Nantes un fragment de Potanùde
qu'on peut rapporter au P. Basteroti et qui favorise cette ma —
nière de voir.
Sur une question de M. de Lapparent qui demande si ces
dépots ne sont pas au niveau de TAnversien de Belgique^
M. Dollfus répond qu'ici encoi*e nous sommes en présence d
bassins très difféi*ents, car il estime que le détroit du Pas-de-Calais
n'était pas encore ouvert et que la faune du Cotentin présen
un aspect sensiblement plus méridional ; de tous les dépôts
ges ce sont des sables d'Anvers à Pectunculus pilosus que les?
dépôts de l'ouest se rappi*ochent le plus.
Enfin M. Dollfus annonce avoir • reçu une lettre de not;
confrère M. J. Aimera de Barcelone qui lui demande s'il n'
pas disposé à mettre la faune des sables tertiaires supérieu
de l'ouest au niveau du Sahélien d'Algérie, M. Dollfus pens-
SEANCE DU 20 MAI I9OI 275
que cette assimilation est probable, mais il se réserve de pré-
ciser tous ces synchronismes lorsqu'il aura terminé la description
de toute la belle faune qu*il a en mains.
M. Bourgeat. — Sur un filon de minerai de zinc dans la
Combe des Prés (Jura).
J'ai l'honneur de signaler à la Société géologique un filon de
minerai de zinc, que j'ai découvert récemment dans la Combe des
Prés, au nord de Saint-Claude, dans le Jura.
Si l'on veut bien se reporter à la note que j ai publiée dans le
Bulletin de 1896 (page 4^ ^^ suivantes) sur les particularités
stratigi'aphiques et tectoniques de cette Combe, on remarquera, en
particulier, dans la carte qui Taccompagne, qu'au nord-ouest du
hameau des Près de Valfin, le Jurassique inférieur se trouve divisé
en compartiments qui ont glissé horizontalement les uns à côté des
autres suivant les lignes de décrochement. Ces lignes jalonnent,
comme on peut le voir sur la même carte, ou des sources ou des
puits perdus, dont la succession est réglée par le degré de perméa-
bilité des couches. Jusqu'ici je n'avais remarqué, suivant ces
lignes, que quelques traces de friction.
Mais ce printemps, ayant suivi en détail la fracture qui sépare
les deux compartiments A et B de ma carte, j'y ai constaté une
traînée d'argile rougeâtre, accompagnée de rognons de pyrite et
d'oxyde de fer avec des l)locs carriés d'un gris jaunâtre d'une
grande densité. Frappé de leur ressemblance avec la calamine,
j'en ai recueilli quelques-uns, que j'ai fait analyser aux laboratoires,
de notre Faculté libre de Lille par MM. Wavelet et Baquet.
Tous les deux v ont trouvé du fer, de la chaux, de la silice, de
l'argile, mais surtout une quantité de zinc qui peut monter jusqu'à
5o °/o et qui est surtout à l'état de carbonate.
La traînée d'argile rouge qui contient ce minerai se montre d'une
façon presque continue, sur une longueur d'une vingtaine de
mètres et avec une largeur (jui varie de quelques centimètres à
80 centimètres. Elle s'enfonce presque verticalement dans le sol et
présente tous les caractères d'un (ilon. A son contact, le calcaire
bathonien présente des veines de cristallisation manifestes.
Comme par ailleurs il longe une cassure qui n'a pu se produire
qu'au momerft de la surrection du Jura, c'est-à-dire, après le
Miocène, le remplissage de la fente serait postérieur à cette
époque et la venue du zinc serait de date récente. Je me propose
d'étudier le fait plus en détail et de voir si les autres lignes de
décrochement n'auraient pas des filons analogues.
Séance g^énérale annuelle du 30 Mai f 90f
PRÉSIDENCE DE M. A. DE LAPPARENT, Président sortant
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
M. A. de Liapparent prononce l'allocution suivante :
« Messieurs et chers collègues,
« Uannée 1900 a été marquée, pour la Société Géologique de
France, par deux événements importants, bien faits pour signaler
à notre attention cette dernière étape du siècle.
« Le premier est la huitième session du Congrès géologique
international, tenue à Paris à l'occasion de l'Exposition Univer-
selle. Les plus éminents de nos collègues ont rivalisé de zèle et
de dévouement pour assurer le succès de cette réunion qui, au
lieu de se trouver noyée, comme on aurait pu le craindre, dans la
splendeur de la grande fête, a revêtu au contraire son éclat
exceptionnel.
« C'était vraiment la France géologique qui faisait aux étran-
gers les honneurs de ses richesses avec une abondante libéralité,
vivement appréciée de tous nos hôtes. Notre Compagnie a pu s'y
associer directement, dès l'ouverture du Congrès, par un acte
spécial d'hospitalité qui a laissé les nieilleui*s souvenirs, et n'a
pas peu contribué à établir, entre les congressistes, l'esprit de
franche cordialité qu'on a vu régner parmi eux jusqu'à la fin.
« L'autre événement est le changement de local qui, de la rue
des Grands-Augustins, où nous avions fait un séjour de plus
de trente ans, nous a amenés dans le Palais des Sociétés Savantes.
C'est la quatrième fois, depuis sa fondation, que notre Société
change ainsi de demeure, comme s'il était dans la destinée des
géologues, voyageurs par essence, de ne pas pratiquer avec
excès le culte des anciennes murailles.
« Quelques appréciations qu'ait pu rencontrer cette mesure
prise après mûre délibération par la majorité du Conseil, il est
un fait que personne ne contestera, c'est le progrès réalisé pour
ALLOCUTION PRESIDENTIELLE 279
rinstallation de notre bibliothèque. Ce rare trésor, qui va s' en-
richissant chaque jour, est enfin logé dans des conditions dignes
de lui, et propres à en faciliter grandement l'usage, par l'espace
et la lumière dont il est maintenant doté.
« Or, s'il est incontestable que notre Société traverse des temps
difficiles ; s'il est vrai que nos ordres du jour souffrent rare-
ment de pléthore ; si la salle de nos séances, malgré son exi-
guité, se montre toujours suffisante pour l'auditoire qui la fré-
quente ; en revanche la masse de nos livres et de nos cartes
subit un accroissement rapide et constant. Puisque cet élément
était le seul en progrès, c'est à sa mise en pleine valeur qu'il
convenait de tout subordonner. Les hommes de science qui vien-
nent chaque jour y chercher des lumières ne se plaindront
sûrement pas du nouvel aiTangement.
« Quant aux difficultés auxquelles j'ai fait allusion, elles
sont inhérentes à la nature d'une société, qui évolue comme la
science qu'elle personnifie, et ne peut espéi^er de vivre éternel-
lement dans les mêmes errements. De même qu'aujourd'hui la
plupart des gisements classiques des environs de Paris, ceux que
nous exploitions avec avidité dans notre jeunesse, ont disparu
sous des constructions et des boulevards, ainsi l'activité de nos
collègues a dû se reporter sur des contrées de plus en plus loin-
taines. D'autre part, le progrès même de la géologie a amené
l'éclosion de centres scientifiques distincts, dont plusieurs n'ont
peut-être pas gardé, dans leur développement, la mesure la plus
propre à concilier les intérêts locaux ou spéciaux avec ceux d'une
institution centrale qui, par son passé, mérite respect et gratitude.
« C'est à nous, mes chers collègues, de nous ingénier à main-
tenir, jmr nos constants efïbrts, la belle et féconde union qui a
été si longtemps le principal privilège de la Géologie française.
N'oublions pas que si celle-ci fait encore très bonne figure dans le
inonde, on le doit en grande partie aux traditions de ce centre
d'activité commune, que nos fondateurs ont su établir il y a plus
de soixante-dix ans, non pas en se contentant de copier les mo-
dèles de ce genre qui jjouvaient exister ailleurs, mais en impri-
mant à la nouvelle fondation. i)ar Theureuse institution des réu-
nions extraordinaires, un caractère tout spécial d'intimité et
d'union. De cette façon, à force de se fréquenter au grand air
tous les géologues français sont véritablement devenus des cama-
rades, heureux de travailler ensemble sous le même ciel, et de
discuter, dans la plus grande cordialité, les questions qui surgis-
saient au fur et à mesure de leurs études.
q8o a. de lapparent 3o Mai
« Ne laissons pas se relâcher Tantique fidélité à nos réunions
de quinzaine, où, pour trouver de Tintérêt, il n*estpas à la rigueur
nécessaire d'apporter des communications nouvelles et laborieu-
sement préparées. Ne suflirait-il pas qu au plaisir de se retrouver
en famille, vint se joindre celui de causer ensemble des questions
à Tordre du jour, avec la simplicité et Tabandon qui régnaient,
dit-on, à l'Académie des sciences, à Tépoquc où le public n'y
était pas admis?
« Lidssez-moi prêcher pour rattachement à cette coutume, dont
j'ai pour ma part si bien goûté les avantages, en vous citant,
comme le meilleur modèle à suivre, l'admirable exemple de
notre président du dernier Congrès, M. Albert Gaudry. Membre
de notre Société depuis cinquante-trois ans, il s'est fait un devoir
de ne manquer aux séances qu'en cas d'absolue nécessité ; et je
suis sûr qu'il eût été aujourd'hui à sa place, sans le deuil aussi
cruel qu'inattendu qui vient d'attrister son foyer. Nous serons
unanimes à lui adi*esser, en cette occasion, le témoignage d'une
sympathie d'autant plus profonde que, parmi les géologues,
il n'en est pas un qui n'ait pu apprécier les mérites excep-
tionnels, comme l'incomparable bienveillance, de la compagne
dont l'appui lui est désormais enlevé.
« Les deuils, hélas ! tiennent nécessairement une grande place
dans les devoirs que nous impose cette Assemblée annuelle. Du
i" janvier 1900 au i**"^ janvier 1901, la Société a perdu 16 de ses
membres. Je voudrais donner à chacun le légitime éloge qui lui
est dû; mais vous me ])ardonnei*ez si je me contente ici d'une
brève cnumération.
« Ce sont : l'abbé Bardin, qui connaissait si bien les faluns de
l'Armorique, et dont la perte prive l'Université libre d^ Angers
d'un précieux collaborateur; M. H. Bkcot; le docteur Bezançon,
dont la respectable et originale figure restera familière à tous
ceux qui fréijuentent le laboratoire de l'Ecole des Mines, héritier
des richesses que ce patient et soigneux collectionneur avait
accumulées durant sa longue carrière; le R. P. Blot; M. Cameré,
inspecteur-général des ponts et chaussées, l'un de ceux qui, les
premiers, ont vraiment débrouillé l'intéressante région de Nice ;
M. Hans Bruno Geinitz, le savant géologue saxon, l'actif cham-
pion du Dyas, inscrit sur nos listes depuis 1847 ^^ V^^ plus d'une
fois a marqué, par des témoignages explicites, son affection pour
notre pays; MM. Grousselle de Blancheface et Jagor ; M.
HuGUENiN. dont les consciencieuses recherches ont tant servi
igOI ALLOCUTION PRESIDENTIELLE 281
à élucider la question des calcaires jurassiques de Crussol ; le
docteur Paul Mares, un des premiers pionniers de la géologie
africaine ; M. Marion, de Marseille, dont le nom reste indissolu-
blement lié à celui de M. de Saporta et à qui nous devons de si
précieux travaux sur les flores tertiaires et crétacées de la région
provençale et languedocienne ; M. Alphonse Milne-Edwards,
réminent directeur du Muséum, si fin connaisseur en Oiseaux
fossiles, digne continuateur d'un père dont les paléontologistes
gardent le nom avec reconnaissance ; M. Revklière ; M. Tardy,
Tinfatigable ramasseur d'échantillons que tant de fois, au cours
des excursions de la Société, on a vu charger ses épaules de
poids invraisemblables pour y trouver la matière de communi-
cations où les idées originales ne manquaient pas ; M. Thiéry,
si prématurément enlevé quand il donnait de si bonnes espé-
rances pour l'avenir ; enfin M. de Vassart d'Hozier, l'un de nos
plus anciens membres.
« Les morts de 190 1 appartiendront à mon successeur.
Cependant il en est un que je ne saurais me résigner à ne pas
saluer dès aujourd'hui de mon hommage : c'est notre doyen d'âge,
et du même coup le doyen des géologues du monde entier,
M. l'inspecteur général Parandier. Depuis i833 il était membre
de notre Société, et la verte vieillesse de ce contemporain de
Thurmann nous laissait espérer que par lui nous aurions enfin la
satisfaction de compter un c(»ntenaire parmi les géologues fran-
çais. La mort vient de le prendre, il y a moins de huit jours,
dans sa belle solitude d'Arbois, au moment où il achevait sa
quatre-vingt-dix-septième année, sans qu'il ait connu de défail-
lance ; en pleine poss(»ssion, non seulement de ses facultés, mais
de son zèle géologique, dont il donnait encore la preuve, il y a
moins d'un an, quand il nous adressait pour notre bibliothèque,
d'anciennes notes nous ramenant aux temps héroïques de la
géologie jurassienne. Nulle perte ne saurait nous être plus
sensible que celle de ce dernier représentant du groupe de nos
fondateurs ; et nul, j'ose le dire, ne hi ressent plus vivement
que votre président d'aujourd'hui chez qui la bienveillance du
savant géologue franc-comtois évoque les plus anciens souvenirs
auxquels il lui soit possible de remonter.
« J'ajoute qu'à toutes les raisons qui peuvent porter votre
Société à honorer la mémoire de son doyen se joint depuis hier
un devoir étroit de reconnaissance ; car nous venons d'être
informés que le vénéré défunt n'avait pas oul)lié notre compa-
2282 A. DE LAPPARENT 3o Mai
gnie dans son testament, et à ce titre de bienfaiteur son nom
figurera toujours sur nos listes.
« Mais il nous faut écarter ces douloureux épisodes, pour
regarder devant nous, en cherchant, dans Tactivité de nos jeunes
confrères, des motifs d'encouragement pour Tavenir. Ces motifs
ne nous font heureusement pas défaut, quand nous considérons
la liste de nos lauréats. Cette année, c*est à M. Paquier que
revient le prix Fontannes, pour ses belles études sur les
Baronnies du Diois. Le mérite de Tœuvre apparaîtra plus clai-
rement encore, si je rappelle que les deux concurrents, dont la
Commission a dû examiner les titres du même coup, MM. Léon
Berti'and et Douxami, avaient, Tun et l'autre, produit des tra-
vaux entièrement dignes du prix. C'est avec le regret de n'en
pouvoir accorder qu'un seul que la commission s'est prononcée
pour M. Paquier, heureuse du moins de constater que, par la
valeur du fonds comme par le fini de la forme, l'ouvrage du
géologue dauphinois eut à coup sûr entraîné le sufirage du fon-
dateur môme du prix.
« Si notre Société ne dispose pas, envers les travailleurs
dignes d'encouragement, de toutes les ressources dont elle aime-
rait à se faire la dispensatrice, du moins se présente parfois,
pour elle, des occasions qu elle est heureuse de saisir pour
récompenser les services rendus à la science. C'est ainsi que,
cette année, la libéralité de notre confrère, M. le docteur Labat,
nous ayant mis en possession d'une série reliée de !i5 volumes
de notre Bulletin, le Conseil a pensé que le meilleur usage à
en faire était d'en gratifier un de nos dévoués secrétaires.
« Tous ceux qui ont passé par ce poste savent combien il exige
de dévouement et de zèle. A coup sûr, après soixante-douze ans
d'expérience, sommes-nous certains de renconjtrer toujours ces
vertus dans le groupe de nos jeunes confrères. Néanmoins les
circonstances ne sont plus tout à fait les mêmes. Dans les
temps de florissante activité de notre Société, on pouvait se
sentir suffisamment payé de ses peines par l'honneur de tra-
vailler sous les yeux d'un Elie de Beaumont, d'un Constant
Prévost, d'un Deshayes, d'un Verneuil, d'un Daubrée, comme aussi
par la satisfaction de sentir son nom attaché à la publication d'un
Bulletin d'où partait à chaque instant l'annonce de découvertes
nouvelles. Peut-être aujourd'hui faut-il encore plus d'abnégation
pour remplir des charges devenues d'ailleurs plus lourdes ; et en
3901 ALLOCUTION PRESIDENTIELLE a83
<:ela j^envisage, non seulement les devoirs dn secrétaire, mais
^ussi ceux de l'archiviste et dn trésorier.
« n serait donc bon que, de temps en temps, la Société fût
^n mesure de reconnaître les services rendus, non certes par
salaire, mais par un témoignage effectif et tangible de sa
Le don du docteur Labat offrait une occasion d*inau-
ce système, et on a pensé que le bénéficiaire le mieux
indiqué serait M. Blayac, dont l'activité a dû s'exei*cer durant
le période assez dure et qui a réussi à rendre, à nos pubii-
^^ations, une exactitude toujours difficile à maintenir. Puissions-
-mïovkSy dans l'avenir, retrouver de semblables occasions ! Puissent-
^lles même devenir assez fréquentes pour passer à Tétat de
^x>iistante pratique ! Quand on arrive à Tâge où l'activité scîen-
ifique est forcée de se ralentir, quel meilleur emploi pourrait-on
!aire des collections longtemps accumulées du Bulletin, devenues
irf ois plus encombrantes qu'utiles, sinon de s'arranger de façon à
es faire passer, comme un précieux instrument de travail, entre
^«es mains de jeunes géologues dont elles stimuleront le zèle,
leur montrant que déjà leurs efforts sont appréciés !
« Permette^moi, mes chers confrères, de m'arrôter sur ce vœu.
moyen que je viens d'indiquer fait partie de ceux auxquels
nous est commandé de réfléchir, afin de ne pas laisser déchoir
Société que nous aimons. Cherchons à rendre de plus en plus
lide le faisceau qui nous unit les uns aux autres, et qui a
cimenté tant de sérieuses amitiés. Aimons à venir ici,
nous retremper à la fois au contact des anciens qui gardent
«mos traditions, et des jeunes entre les mains desquels passera un
jour l'action directrice ; et que chacun de nous se fasse scrupule
<le nuire par des absences qui ne seraient que des oublis, au
^l^^fme ou à Tintéi'êt de ces réunions de la famille géologique ».
Kn terminant son allocution, M. de Lapparent salue la
pi^sence a ^'assemblée générale, du vénéré M. Victor Raulin,
devenu, depuis le décès de MM. Parandier et Geinitz, le doyen
^c notre Société. Il donne ensuite lecture du Rappoit ci-dessous,
^^ i^met à M. V. Paquier, la médaille du Prix Fontannes, qui lui
^t décerné.
RAPPORT
AU NOxM DE LA SOUS-COMMISSION DU PRIX FONTANNES
par M. A. de LiAPPARENT
La majonté de la sous-comniission a été d*avis qu il y avait lie
de donner le premier rang à M. V. Paquier, en raison de se
Recherches géologiques sur le Diois et les Baronnies orientales.
Cette région oflre l'avantage de permettre, en ce qui conceni
le terrain crétacé inféiieur, une analyse détaillée des zones paléon
tologiques, gn\ce à Tuniformité du faciès vaseux à Céphalopodes,
attestant un mode de sédimentation mieux soustrait que partou
ailleurs aux inlluences locales. De plus, Tobservation du passag
des couches ammonititeres du Diois aux assises urgoniennes d
Vercors méridional doit fournir les éléments d'un parallélisme d
détail entre ces formations d'allure si diverse.
Toute cette tache, on peut le dire, a été parfaitement rempli
par M. Paquier. Il ne semble plus maintenant qu'il doive reste
de doutes, ni sur la succession des zones d'Ammonites du Be
riasien, du Yalanginien, de THanU^rivien et du Barrémien dans la
région Delphino-Provenvale, ni sur le partage qu'il y a lieu d
faire, entre le Barrémien et TAptien, des calcaires zoogènes ux^o-
niens ainsi que des marnes à Orbitolines.
Au cours de ses l'echerchcs. M. Paquier a su réunir d'impor-
tantes observations sur la date d appantion des différents types
de Chamacés, notamment sur les premiers représentants authen-
tiques du genre Caprina, que l'autem* fait remonter jusque dans
l'Aptien inférieur, ainsi que sur ceux du genre Pachytraga, pré-
curseur des Caprotines. Ces constatations paraissent destinées à
exercer une heureuse influence sur la solution des problèmes que
soulèvent les calcaires h Caprines du Texas et du Mexique.
A ces descriptions stratigraphiques. très précises et présentées
avec beaucoup de méthode, M. Paquier a joint de très intéres-
santes cartes schématiques, faisant connaître, depuis le Barrémien
jusqu'au Canipanien, la distribution géographique des principaux
faciès dans la région Delphino-Provençale.
L'ouvrage se termine par une étude tectonique entièrement
neuve, qui fait ressortir l'allure des aires synclinales, si bien
représentées dans la topographie par des dépressions elliptiques,
et accuse Tindépendance des plis du V^erçors i^çlativ^mcnt à ceux
SÉANCE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 3o MAI I9OI 2285
lia Diois, dont aucun d'ailleurs n*entre en contact avec les acci-
dents ardesciens delà bordure du Massif central. Tous les éléments
tectoniques de la contrée peuvent être définis comme formant les
plus septentrionaux des plis de la Provence repris et chevauchés
par les plissements alpins, tout en gardant les signes extérieurs
de leur première origine.
Tels sont les traits dominants de ce travail qui par la valeur
des résultats obtenus, comme par Tordre et le soin apportés à leur
exposé, mérite de passer pour un modèle du genre.
M. Paquier remercie la Commission du Prix Fontannes et la
Société en ces termes :
Messieurs,
a Lorsque je parcourais les montagnes arides de la Drôme,
j'étais loin de songer à la si flatteuse récompense dont vous
venez de couronner mes eflbrts. Les remercîments que je vous
exprime sont d'autant plus sincères que je considère le Prix
Fontannes non seulement comme la plus haute consécration de
mes études antérieures mais encore comme un gage particulière-
ment précieux pour l'avenir. Je ne puis enfin oublier, en ce
moment, que le mémoire qui a rallié la majorité de vos suffrages,
a été élabore dans le Laboratoire de Géologie de l'Université de
Grenoble, où des savants tels que Ch. Lory et mon maître
M. Kilian ont toujours maintenu si haut le niveau des études
géologiques ».
386 SÉANCE GÉNÉRALE ANNUELLE UU 3o MAI I9OI
M. V. Paquier fait, au nom de M. Zlatarski, de Sofia, et a
sien, ane communication Sur Vâge des couches urgVFiiennes
Bulgarie.
Dans la vallée du Ix)m, aux environs de Bessarbov et d
Houstchouck, on trouve sur de g^ndes surfaces un système d
calcaires blanchâtres compacts à cassure conchoSdale alteman
avec des calcaires blancs poreux, très tendres, souvent oolithiqui
et parfois à Orbitolines et à débris de Polypiers et d*Echino—
dermes. On v rencontre OrbitoUna discoidea A. Gras. O. conoL
A. Gr., Hemicidaris clunifera Ag., sp., Janira aff. atat^a Rœm.*
Panopœa neocomiensis Leym., Requienia ammonia Goldf. sp.
Ces calcaires de la rive di'oite du Danube passent latéralement^
au sud à des marnes et des calcaires marneux à Céphalopode^BS-
barrémiens qui ont fourni : Xautilus neocomiensis d*Orb., Macro^
scaphites aff. Yvani Puzos sp., Ueteroceras Astieri d*Orb., Desnio^-
ceras difficile d'Orb., Z). Charrieri d'Orb., Holcodiscus CaiUaadm^
d'Orb., H. aff. Gastaldii d'Orb., Crioceras Emerici Lev., Cr,^
Hoheneggeri Uhl. Cette faune est tout à fait barrémienne, et il n'
a aucun ty])e bedoulien, il en faut donc conclure que les calcairei
urgoniens de la vallée du lx)m sont d*âge barrémien vraisembla
blement sùi)érieur à cause de la présence d'Heteroceras.
Vers le sud de la l'égion occupée par des calcaires blancs o
trouve une large bande de calcaires g^*isâti*es compacts et plus o
moins marneux afileurant à Lovetch et à Timovo. On y rencon
des Rudistes, Matheronia Lovetchensis Zlatarski sp., M. Looei
chensi^ var. Drinovi Zlatiirski, des OrbitoUna^ O. discoidea A.
Gras, O. conoidea A. Gr. Ils reposent sur des marnes calcaires
Heterusier oblongus d'Orb. et appartiennent aussi au Barrémien.
M. Paquier compare ensuite les faunes de Rudistes urgoniens
de Bulgarie et de Suisse à celle de France.
En Bulgarie, les calcaires de la vallée du Lom à Requienia
ammonia renfernn»nt, outre Toucasia carinata, des Ichthyosarco^
lithes, forme qui n'ét^iit pas signalée dans des assises plus anciennes
que FAlbien supérieur. On y rencontre également un type de
Requienia nouveau, chez lequel la valve supérieure est surélevée
dans la région postérieure comme chez Toucasia.
Les couches de Tirnovo et Lovetch renferment, outre les grandes
Matheronia du gr. M. Lovetchensis, des Gj^ropleura de grande
taille, tout à l'ait analogues à celles que fournit le Cénonianien
supérieur de l'ouest de la France. On y recueille enfin desPflcA^'-
iraga au moins très voisines de F. paradoxa Pict. sp.
SÉANCE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 3o MAI I9OI 28^
Grâce à la complaisance de M. Renevier, Tauteur a pu s*assurer
que les Requiema à valve supérieure surélevée de Bulgarie sont
fréquentes dans TUrgonien suisse, mais en France la seule localité
qui à sa connaissance en fournisse est Châtillon-de-Michaille. De
même Matheronia Loçetchensis var. Drinovi ne se rencontre en
France que dans les calcaires urgoniens inférieurs (Barrémien supé-
rieur) de la Puyaz, près Annecy.
Sennes et Kerfome. — Observations sur un gisement ter-
tiaire des bords de la Vilaine aux environs de Rennes.
Il y a quelques années, au moment de la construction des tram-
ways départementaux, on a commencé à exploiter par dragages les
alluvions de la Vilaine, non loin du gisement sablo-argileux d'Api-
gné. A un certain moment la drague ramena des fragments sablo-
gréseux à débris de coquilles marines et de nombreuses Ostrea
qui furent recueillies par plusieurs personnes et notamment par
M. Bézier, conservateur du Musée d'Histoire Naturelle de Rennes.
Le propriétaire de la carrière, M. Rosetzki, m'ayant averti que
les dragages étaient repris dans la direction des couches fossili-
fères, j*ai été visiter Texploitation avec M. Kerforne. D'après les
données des dragages, nous avons relevé la succession suivante :
a) Terre végétale et limon : i mètre environ.
b) Graviers de la Vilaine essentiellement quartziteux : 4 ^ ^
mètres. — Ils descendent plus bas que le lit de la Vilaine.
c) Suivant les points, la drague ramène tantôt des sables falu-
niens souvent agglomérés, tantôt des blocs d'argiles noires présen-
tant de nombreux petits gaietsquartzeux, gréseux ou scliisteux. Les
sables et les argiles renferment les mêmes fossiles ; cependant leà
sables sont plus riches en Ostrea, Arca, Pectunculus de grande
taille.
La faune est la même que celle du gisement d'Apigné dont
M. G. Doilfus a entrepris l'étude : Ostrea aff. edalis, O. ind. ; Arca
Noé, A. barbata. A. sp. : Pectunculus Deshayesi, etc. ; Venus y
Cardita, Cardium, Chama, etc. ; Fissurella italica, Emarginula^
Pleurotoma incrassata. Trochus, Natica, Nassa limata, Ancil-
laria, Eulima inflexa, Voluta ad'. Lamberti. Rissoa, Cerithium
(Bittium) reticulatum, Dentalium brevifissum, Vermetus carinatus,
Balanophyllia italica, Crj'ptangia, etc.
Nous n'avons pas encore pu établir d'une façon certaine les
rapports des sables et argiles en question avec leur substratuni, mais
ces dépôts sont certainement plus récents que les faiuns de Bretagne
dont les couches supérieures ont fourni, comme l'on sait, des restes
de Mammifères : Mastodon, Dinotherium, Hipparion, etc.
!l88 SÉANCE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 3o MAI I9OI
M. 6. DollfUB a eu l'occasion d'examiner au Musée de Rennes,
avec MM. Sennes et Kerforne, YOstrea citée par ses auteurs et
d'après ses notes elle doit prendre le nom d'Oslrea edulis Lin. var.
ungulata "Sy st. i835(Coq. etpolyp. foss. Belgique, p. 3îi5, pi. VIII,
fig. 8; pi. IX, fig. 8) découverte originairement dans le sable noir
de Kiel, près Anvers.
• Cette espèce est inconnue dans les faluns de la Touraine, mais
elle est abondante dans les gisements de la Loire-Inierieure comme
la Dixmerie, le Pigeon Blanc, la Gauvinière, le Marché Giraud
en Vieillevigne, etc., on la trouve également dans le Cotentin à
Gourbesville, Rauville-la-Place (Lyell), Saint-Georges de Bohon,
pouvant aider à caractériser le vaste horizon miocène supérieur
dont j'ai parlé dans la dernière séance.
J'ajouterai qu'un forage exécuté à Carentan par MM. Lippmann
et O* a rencontré cette même variété de VOstrea eduUs dans des
conditions analogues à celle de Rennes, à 24 mètres de profondeur
sous une série d'argiles grises sableuses, formant un lit de vingt
centimètres d'épaisseur, au contact des marnes rouges du Trias,
profondément ravinées en ce point.
ÉTAT ACTUEL EN BELGIQUE
DE L'ÉTUDE DES CORRÉLATIONS GRISOUTO SISMIQUES
par M. E. VAN DEN BROECK.
Cette communication a surtout pour but d'apporter à la Société
la primeur des dernières observations relatives à l'état actuel, en
Belgique, de l'étude de la Géophysique et de la Météorologie endo-
gène, spécialement appliquées à la recherche des corrélations
grisouto-sismiques. Il serait à désirer que ces études prennent une
plus grande extension en France où, il y a déjà quinze ans, une
première tentative a fourni de précieux éléments d'appréciation.
Etant donné lampleur du programme des études de la Géophy-
sique, science cependant née il y a à peine un quart de siècle;
vu aussi la multiplicité des points de vue à traiter dans l'exposé
des corrélations, étroitement liées, qu'elle évoque et qui intéressent
à la fois le géologue, le physicien, le météorologue et bien d'autres
encore, tels que le mineur, il ne peut être question d'entrer ici
BTUDE DES CORRELATIONS GRISOUTO-SlSMIQUES 289
dans les développements d*un exposé général, même synthétique.
Les curieuses révélations fournies par Tétude des résultats obtenus
par les pendules horizontaux et autres, destinés à la recherche des
déviations de la verticale, comme de ceux obtenus par les instru-
ments microsismiques et magnétiques pourront fournir la matière
d*une conmiunication ultérieure. Aujourd'hui, nous nous canton-
nerons dans le domaine des corrélations paraissant exister entre
certains phénomènes sismiques et les dégagements grisouteux.
Cette étude a été entreprise par la Société belge de géologie, qui,
en 1898, a fondé la Section permanente d'étude du grisou, consti-
tuée en vue de la recherche des lois éventuelles de prévision des
périodes d'activité grisouteuse et de danger minier.
Les premiers travaux sur les corrélations grisouto-sismiques,
ont été publiés en 1874 par M. M. S. de Rossi, en Italie. Depuis
lors, de nombreux travaux sur ce sujet ont été publiés par MM,
Davison, Millne et Walton Brown, en Angleterre ; de Ghancourtois,
Lallemand, Chesneau, F. Laur, Canu et Fortin, en France ; Milne
au Japon; Zenger, en Hongrie; Forel, en Suisse *.
En Belgique enfin, la récente mise en discussion, en 1898, par
MM. L. Gérard, E. Harzé, E. Lagrange et Van den Broeck, de la
question des corrélations grisouto-sismiques avait été précédée,
depuis 1887, d'appels et d'exposés dus à M. A. Lancaster et à divei's
autres auteurs et publicistes qui ont ainsi mis en lumière, depuis
longtemps en Belgique, le vif intérêt qui s'attache à ces recherches
de corrélations endogènes, que d'aucuns persistent toutefois à ne
considérer que comme de simples « coïncidences ».
Au point de vue expérimental et de la vérification scientifique,
trois pays ont tenté des essais pratiques dans cette direction :
l'Angleterre, la France et le Japon. Ce sont respectivement :
rinsulfisance et la non appropriation des appareils, la décroissance
locale de l'activité grisouteuse et une catastrophe ayant détruit les
installations qui ont, à Marsden (Durhani), à Hérin (Anzin) et à
Takoshima, empêché la continuation normale des expériences.
Celles-ci, malgré des conditions défavorables, ont fourni, à Mars-
den comme à Hérin, des données irrécusables montrant non seule-
ment la réalité de certaines corrélations, mais encore la possibilité
I. CTesl l'Académie des Sciences de Paris qui, en 1887, a publié le texte de
la « loi de Forel » disant qu'il/au t redoubler de précautions contre le grisou
les jours qui suivent un tremblement de terre dont l'aire sismique s'est
étendue jusqu'au territoire de la mine à protéger,
3 Octobre 1901 . — T. I'•^ Bull. Soc Gcol. Fr. — 19
Ù^ E. VAX DKN BROECK. — ETAT ACTUEL EN BELGIQUE 3o Mai
de trouver dans ravertisseiiieat préalable microsismique nn véri
table précurseur de l'activité grisou tcuse. Dans le cas très net de a
genre, qu il a signalé en 1898 (d'après M. Chesneau), dans sa confé
renée faite devant la Société géologique du Nord, à Béthnne
et qui est relatif à des phénomènes constatés en décembre 1886
simultanément à llérin, à Marsden et en Belgique, M. Van dei
Broeck a rappelé, qu'en contraste avec l'avertissement microsis
mique fourni dans les deux postes français et anglais, la dépres
sion baroiuétrique considérable qui a accompagné ces phénomènei
endogènes, les a suivis et non précédés. Le maximum microsismi
que s*est montré, à Hérin, neuf heures avant le maximum grisou
teux, qui a été .sui'pi à douze heures d'intervalle par le niaximun
de la dépression barométrique -.
Cette question des rapports existant entre les dégagements di
grisou et les dépressions barométriques, qui précèdent parfois,
en effet, certaines des manifestations de grisou ^ a donné lieu, ei
divers pays, à de vifs débats. Ceux-ci cependant eussent pu étn
évités si Ion n'avait pas voulu généraliser des observationi
s'appliquant à des cas très différents dans leur essence. Il est facik
d'apprécier la différence profonde qui existe entre les conditiom
où se trouve le grisou a faible pression, et de débit relativemenl
restreint, emmagasiné dans les déblais, remblais, vieux travaux
chantiers abandonnés, etc., et le grisou occlus, peut-être à Tétai
liquide ou solide, ou, en tout cas, en tension considérable, danf
les pores du charbon, où le manomètre, appliqué aux trous d(
sonde, soi-disant purgeurs, le montre exister avec des écarts parfois
considérables de pression pour de très minimes distances.
C'est la détente brusque, le changement d'état de ce grisou (qui
sous cette forme, échappe aux vanations de la pression atmosphé
rique), qui est le grand fléau du mineur et tel est surtout le phéna
mène dont il s'agit de rechercher les causes, sans doute multiples
I . E. Van dbn Broeck. La Météorologie endogène et le Grisoa. Caiiseii<
faite le 3 juillet i8()S à roccasioii de la session extraordinaire, à Béthnne, d<
la Société géologique du Nord. Ann. Soc, GéoL du Nord, t, 27, p. i5o-i74-
a. E. Van dbn Brobgk. Les prévisions g^isouteuses. Recherches prélimi
naires faites à l'occasion des « avertissements » de M. F. Laur. Analyse dei
faits et observations complémentaires relatives à l'exposé des données four
nies par les éléments magnétiques. lUill. Soc. belge de Géol., t. XH, i8g8
Méiii. p. i!i-'44.
3. E. Van i»kx Broeck. Les manifestations grisouteuses et leur prévisioi
dans ses rapports avec la Météorologie endogène et avec la Météorologie
atniosphci*i({uc. Hapports lus an V* ('onf^rès intern» d'iiydrol. médicale^ d
Cliiiiaiologie et de Géologie de Liège^ en i8g8.
igOI DE L ETUDE DES CORRELATIONS GRlSOUTO-SISMIQUES 29I
Grâce aux perl'ectionnements incessants apportés, dans les
régions minières de la plupart des pays, aux facteurs matériels
de Téclairage, de Faérage, du tir des mines, de l'organisation des
travaux préparatoires et de la conduite des travaux d'exploita-
tion, le grisou à faible pression, le seul qui puisse se montrer
influencé dans ses phases d'activité par les dépressions atmosphé-
riques, n'est plus aujourd'hui pour le mineur un ennemi bien
dangereux. Mais il n'en est nullement de môme pour le grisou
renfermé à haute pression dans la roche, où on l'y trouve parfois
dénoncé par le manomètre comme existant à qo, 3o et 4o atmos-
phères et plus encore! L'ennemi en un mot, c'est le grisou des
dégagements instantanés : ce fléau de certaines régions minières
belges en particulier et qui se présente aussi, sous des formes
parfois un peu diflérentes dans d'autres pays, comme les sudden
outburst en Angleterre, les phénomènes de l'espèce observés en
Allemagne et ailleurs ; fléau dont enfin certains charbonnages du
bassin de la Loire, comme à Saint-Ëtienne, commencent à leur
tour à être incommodés.
C'est l'étude corrélative de divers phénomènes microsismiques
et plus spécialement de certaines ondes ou vagues terrestres
d'origine interne — décelées par les merveilleux instruments dont
dispose actuellement la Géophysique, tels par exemple que le
pendule horizontal triple — qui, plus encore que la répercussion
directe des secousses sismiques proprement dites, paraît devoir
constituer l'objectif des chercheurs en tant que auscuUo-précurseur
de r exaltation grisouteuse. Les études et recherches de la Géophy-
sique se trouvent ainsi intimement rattachées à celles des corré-
lations grisouto-sismiques.
Déjà grâce à la généreuse intervention de M. E. Solvay, M. Eug.
Lagrange, professeur de physique à l'École militaire belge, a pu
se trouver matériellement à même de réaliser le projet, conçu par
lui, d'un observatoire souterrain de Géophysique, édifié à Uccle-
lez-Bruxelles, organisé et outillé suivant ses plans.
Il est à remarquer que récemment la Commission internationale
de géophysique dont fait partie pour la France M. Kilian, de
Grenoble, a décidé la création d'un réseau européen de postes de
même nature et employant les mêmes instruments.
De son côté, la Société belge de Géologie, à l'aide des ressources
spéciales dont elle dispose à cet efiet, par suite de multiples libé-
ralités, s'occupe en ce moment, d'organiser le poste souterrain
grisoutO'sismique qu'elle avait, dès 1898, décidé d'établir dans les
^9^ E. VAN DEN BROECK. — ETAT ACTUEL EN BELGIQUE 3o Mai
profondeurs du charbonnage grisouteux de TAgrappe, près Mons.
La récente catastrophe du Grand-Buisson, à Wasmes (Hainaut) a
de nouveau attiré Tattention du public belge sur les utiles travaux
de la Société. De nouvelles libéralités, dues à M. Beemaert,
Ministre d'Ëtat et Président de la Section permanente d'études
du grisou, ainsi qu'à d'autres donateurs, ont encore augmenté les
ressources dont dispose la Société.
Les généreux philanthropes qui, avec M. E. Solvay, constituent
le Comité de patronage de la Section du Grisou, viennent de
rendre à la science un nouveau service dont M. Van dcn Broeck
est heureux de les remercier ici publiquement.
M. le sénateur G. Montefiore-Levi, vient de mettre une somme
de deux mille francs à la disposition du Comité du grisou,
pour la réalisation d'un des principaux desiderata de la Société :
l'organisation d'un poste externe géophysique et de comparaison,
qui sera situé sur le bord méridional de la grande faille du midi,
soit au bois de Colfontaino et à proximité du poste souterrain
(à 819 m.) actuellement en organisation à l'Agrappe et situé au
nord de la dite faille. Pour Tédification de ce poste à profondeur
minière, l'Administration de la Société anonyme des Charbonnages *
belges, son cminent directeur M. I. Isaac et son personnel tech-
nique (M. l'ingénieur Abrassart en tête) se sont mis à l'entière ,
disposition de la Société belge de Géologie. De son côté, un autre
donateur M. A. Urban, administrateur-directeur de la Société
anonyme de Carrières de Quenast, outre l'octroi d'un don per-
sonnel fort important, s'est engagé à faire édifîer, organiser et
outiller complètement un poste géophysique de comparaison,
qui présentera cet intérêt spécial, exceptionnel même, d'être
établi sur un massif cristallin éruptif, qui le mettra ainsi en
relation directe avec les parties internes profondes de l'ossature
du globe et avec leurs manifestations endogènes propres. Enfin,
M. A'I. Greiner, le directeur général de la Société Cockerill, aidé
par quelques amis, exploitants de houillères du bassin de Liège,
se met à la disposition du Comité pour organiser de même, aux
frais de ce groupe régional, un poste souterrain grisouto-sismique,
identique à celui de l'Agrappe, et qui sera installé daiis une mine
grisouteuse du bassin liégeois, en même temps, peut-être, qu'un
poste compléQientaire et externe de comparaison.
Ce magnifique et généreux élan, dans lequel Yinitiatiçe priçée
s'est largement vue aider par certains des pouvoirs provinciaux
belges et qui permet actuellement à la Société belge de Géologie
de réaliser le projet que lui avait soumis, il y a trois ans, M. Van
igoi DB l'étude des corrélations GRisoi to-sîsmiques 393
den Broeck, constitue un réconfortant exemple dont la Belgique
a le droit d'être fière et dont les résultats dépasseront peut-être un
jour en intérêt humanitaire et économique tout ce que l'optimisme
des initiateurs peut prévoir aujourd'hui. Quant à ceux qui doute-
raient encore de l'opportunité de s'engager résolument dans ces
voies nouvelles — mais dont la France peut s'honorer d'avoir,
dès 1886, éclairé expérimentalement les premières étapes — on
peut se contenter de leur répondre par ces paroles d'un collègue
sceptique, éminent et haut fonctionnaire des Mines belges actuelle-
ment en retraite et qui, tout en ne partageant pas les espérances
des initiateurs de la Société belge de Géologie, a répété à l'occasion
de nos. recherches et de nos espoirs, cette noble pensée d'un illustre
savant français, déclarant que celui qui, en dehors des sciences
mathématiques, prononce le mot impossible, commet une impru-
dence.
En terminant sa communication M. Van den Broeck émet
Fespoir que cette organisation en voie d'exécution en Belgique,
d'un réseau d'observatoires géophysiques et grisouto-sismiques,
destinés à l'étude des phénomènes endogènes affectant certaines
parties du vaste bassin houiller franco-belge, aura sa réper-
cussion et son extension, si désirable, dans les parties françaises
du bassin. Il l'espère d'autant plus que c'est dans l'une des fosses
du charbonnage d' Anzin qu'a été fournie naguère la démonstration
de l'existence réelle de certaines corrélations grisouto-sisniiques et
de la possibilité des prévisions espérées. Celles-ci se fussent mon-
trées plus constantes et plus frappantes encore si l'on avait possédé
alors les appareils spéciaux dont dispose la Science d'aujourd'hui
et si, d'autre part, les dégagements grisouteux de la fosse d'Hérin,
où se firent ces premières expériences, ne s'étaient pas graduelle-
ment amoindris, au point de venir finalement se classer dans la
catégorie de ceux, à très faible pression et de minime débit,
qui échappent pour ainsi dire complètement à l'influence des actions
endogènes et sismiques.
Séance du 3 Juin 1901
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de* la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée-
IjC Président annonce une présentation.
Le Président fait part à la Société de la i^eprise des cours
fessés par M. Zujovié, à la Faculté des Sciences de Belgrade.
M. Haug annonce à la Société la mort du célèbre paléontologisl
suédois, G. lindstrom, dont les magnifiques travaux sur les faune
siluriennes de 1*1 le de Gothland sont connus de tous.
M. Emm. de Margerie présente au nom de M. leJ)>' Francisco P.
Moreno un exemplaire des Documents publiés par le Gouver-
nement Argentin sur la question des limites de la République
açec le Chili (4 vol. in-folio).
Cet ouvrage, où il n'est question qu'incidemment de Géologie
proprement dite, renferme un grand nombre de renseignements
nouveaux sur l'orographie de la partie australe de la Chaîne des
Andes, et en particulier de superbes panoramas en similigravure.
Parmi les faits d'intérêt généi*al que ces planches mettent en évi-
dence, on doit citer surtout une série de cas typiques de captures
de cours d'eau, nés dans les plaines de Patagonie et actuellement
tributaires du Pacifique, d'où résulte une fréquente discordance
entre la ligne des points culminants et la ligne de partage, reportée
à Test des Cordillèivs.
M. de Margerie dépose en môme temps sur le bureau le numéro
du i5 mai des Annales de Géographie, dans lequel M. L. Gallois
a résumé ces publications en i*eproduisant les photographies les
plus caractéristiques.
M. 6. DoUfus offre une brochure qu'il vient de publier inti-
tulée : Note géologique sur les eaux de Rouen, lettre à M. Gamier,
expert. Dans ce travail, il a examiné l'origine des grosses sources
de la vallée du Kobec qui ont été aménagées pour l'alimentation de
la ville de Rouen, il y a une trentaine d'années, et qui sont actuelle-
ment le sujet d'un procès.
SÉANCE nu 3 JUIN 1901 295*
Après avoir décrit la série des terrains des environs de Rouen,
leur épaisseur, leur perméabilité, leur inclinaison, il a expliqué que
la basse vallée du Robec coule en contre-pente de Tinclinaison
géologique des couches. La région anticlinale formée par Targile
kiméridgienne est située à Saint-Sever sous la plaine basse de la
rive gauche de la Seine, en face de Rouen; de ce faubourg, toutes
les couches plongent suivant une inclinaison semi-circulaire vers le
nord-est. La ville même est bâtie sur TAptien et le Cénomanien
qui plongent dans la même direction. Les falaises au-dessus de la
ville sont dans la craie turonienne, épaisse de 80 mètres, et la
craie sénonienne apparaît seulement en arrière des crêtes pour
s'incliner au nord sous le plateau, en augmentant progressivement
d épaisseur. Ce régime de pente au nord prend fin à Fontaine-sous-
Préaux dans la vallée de Dametal, et à Monville dans la vallée de
Dé ville ; au-delà de ces points les couches remontent lentement au
nord et atteignent le pays de Bray, après quelques faibles ondu-
lations.
Or, les fortes sources de Fontaine-sous-Préaux, correspondent à
ligne synclinale basse située entre les deux relèvements de
uches, et en même temps à Taflleurement bas, au fond de la
^v^^i^Uée, du Turonien moyen, des couches de craie marneuse à Tere-
if^^^iiulina gracilis, les moins perméables de toute 1» masse. Il faut
^ter, d* autre part, que le bassin du Robec, en amont des sources,
:. absolument sec, que sa surface géographique est tout à fait
suffisante pour pouvoir fournir le volume d'eau débité (720 litres
w seconde), de telle sorte qu'il est nécessaire de rechercher une
i^ine souterraine assez éloignée pour les eaux de Rouen, en
ord avec leur volume et la régularité remarquable de leur débit,
i-nteur n'hésite pas à supposer qu'elles arrivent du pays de Bray,
* environs de Sommery. Il n'y a d'ailleurs ni bétoires, ni avens,
point d'engouffrement naturel des eaux sur les plateaux dans le
sinage. Les sources utilisées proviennent dîun cours d'eau sou-
^^"^■*ain, transversal, que la vallée a mis à découvert en s'appro-
fo^^^igggjj^^ elles n'appartiennent pas à son bassin hydrographique
^«^t:^rel.
^^. Léon Janet se demande si la couche à Terebratulina gra-
^*^^ joue un rôle hydrologique aussi important que l'indique
"^ * 6. Dollfus. Il ne présente cette observation que sous toutes
^^^rves, puisqu'il n'a jamais visité la vallée du Robec, mais il
^^^l à faire remarquer que dans les régions relativement voisines
^^ l'Avre, de l'Eure et de l'Iton, qu'il a étudiées en détail, la couche
'agô SEANCE DU 3 JUIN 1901
à Terebratulina gracilis présente un certain nombre de diaclases,
qui la rendent perméable en grand, comme les autres assises de la
craie. On voit, dans ces conditions, les eaux souterraines passer
avec facilité du Sénonien dans le Turonien et le Cénomanien, et
yice-versA. Il est peut-être permis de supposer que la vallée supé-
rieure du Robec reste sèche tant que son thalweg se trouve an-
dessus du niveau piézométrique de la nappe souterraine de la
région, et présente une série de sources dès que ce thalweg se
trouve au-dessous du niveau piézométrique.
M. 6. DoUfus ne peut accepter Texplication proposée par
M. Jatiet et qui suppose, en principe, une uniformité dans la com-
position de la craie qui n* existe pas en réalité, ne faisant pas
entrer, non plus, en ligne de compte l'importante question de
Tinclinaison des couches.
11 est impossible de baser uniquement Thydraulique de la région
crétacée sur le plan d'eau des puits, il existe des cours d*eaux sou-
terrains qui en sont indépendants, etc. Les principes posés par
M. Janet ne permettent pas d'expliquer pourquoi le niveau piézo-
métrique de la vallée arrive en afHeurement à Fontaine-sous-Préaux
plutôt qu'en quelqu'autre point.
M. Liebesconte. — Sur la position des schistes du Rozel
(Manche),
Je suis complètement d'accord avec M. Bigot pour placer ces
schistes (lie-de-vin à la base, verdâtres au sommet) dans le Cam-
brien. Les Montfortia Rhedonensis, que j'ai décrits, ne viennent
pas de ces couches, mais des schistes inférieurs (bande de Saint-
Gcrmain-le-Gaillard) situés sous les brèches porphyriques, aussi
ai-je eu bien soin d'indiquer dans ma note sur le Brioçérien que
ces fossiles provenaient des schistes légèrement micacés qui sont
sous les arkoses et les brèches porphyriques au sud-est de la pointe
Rozel. Ces schistes sont rangés avec raison par M. Bigot dans le
Précambrien,
ÉTUDE COMPARÉE DES SYSTÈMES DE TERRASSES
DES VALLÉES DE LMSSER
DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHONE
PREUVES QUE LEUR FORMATION EST DUE
A DES OSCILLATIONS EUSTATIQUES DU NIVEAU DE BASE
par M. de LAMOTHE.
Dans la note que j'ai publiée en 1899 sur les anciennes plages
et terrasses du bassin de Tisser *, j'ai cherché à préciser les pha-
ses successives par lesquelles avait du passer ce bassin, depuis
la fin du Pliocène marin, pour arriver à son état actuel ; j'ai, en
outre, établi, que les conclusions tirées de Tétude de Tisser pou-
vaient s'étendre à une partie au moins de la côte algérienne. La
présente note a pour objet de montrer que des phénomènes com-
parables, et même identiques, semblent s'être produits pendant
le même laps de temps, dans des bassins très éloignés, tributaires
de la Méditerranée septentrionale ou de la mer du Nord.
Mais avant d'aborder cet essai de paléogéographie, il me parait
utile, et même nécessaire de résumer très brièvement les faits
constatés dans Tisser, en insistant sur quelques points dont Tin-
térôt ou l'importance n'ont peut-être pas été suffisamment mis en
relief dans ma note de 1899, et en profitant de cette occasion pour
rectifier quelques fautes d'impression et légères inexactitudes de
détail qui s'y sont glissées.
Chapitre P'. — Résumé des faits observés dans Tisser
1° L'embouchure de Tisser a conservé des traces très nettes
d'une série continue de phénomènes alternatifs d'érosion et de
remblai, dont les plus anciens datent de la fin du Pliocène mann,
tandis que les plus récents appartiennent à Tépoque actuelle 2.
I. .de Lamothb. Note sur les anciennes plages et terrasses du bassin de
lisser et de quelques autres bassins de la côte algérienne. B. S. G. F., (3),
XXVn, p. â57 et seq.
3. Consulter les feuilles de Ménerville et de Palestro de la carte géologique
de l'Algérie à i/5o.ooo, et la planche Ul qui est jointe à nia note précitée.
298 DE LAMOTHE. «- SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
Le nombre de ces périodes alternatives d'érosion et de remblai
encore obserçables, a été de six ; elles sont marquées par six
niveaux de cailloutis, formant pour la plupart des terrasses
étagées, bien distinctes les unes des autres (fig. i).
Sidi feredj
"* ■ M
' \
i5S
T -^r^
^"^^.li,
on». 1 Ak.
p, ^
Î9»er
Fig. I. — Coupe schématique de la vallée de lisser près de l'embouchure.
y. Liparites et granités : X. Labradorites et andésites ; p,, Marnes bleues du
Pliocène inférieur ; i, Cailloutis et plage de aoo-ao5 m. (i*' niveau) ; a, Id.
de i3o-i5o m. (a* niveau) ; 3, Id. de la haute terrasse (3* niveau) ; 4t Id. de
la moyenne terrasse (4* niveau) ; 5 et 6, Id. des basses terrasses (5* et
6' niveaux) ; g^ Galets roulés à 43o m. d'altitude. — La largeur de la zone
occupée par les alluvions entre les deux massifs éruptifs est d'environ
i3 kilomètres.
Les altitudes relatives de ces divers niveaux au voisinage de
l'embouchure *, sont exprimées par les nombres ci-après :
!•' niveau aoo à ao5 m. *
2* — i3o à i5o
3- - 93 à 95
4* — 55 à 57
5- — 28 à 3o
6' — i5 à i6m. »
Il y a lieu de remarquer qu'entre les 3* et 4' niveaux il s'est
produit un léger déplacement négatif horizontal du niveau de base
qui a eu pour effet de diminuer l'altitude relative des terrasses
plus anciennes ; si l'on en tient compte, l'altitude relative du
3* niveau devient 98-100 m.
Les terrasses sont surtout développées au voisinage de l'embou-
chure où les principales (3*, 4* et 5* niveaux) peuvent se suivre
pendant plusieurs kilomètres ; elles se morcellent en approchant
i.'Dans tout ce mémoire, l'expression altitude relative signifie altitude
au-dessus des eaux d*étiage du cours d'eau actuel.
a. L altitude de ce niveau qui est en dehors de la vallée actuelle de Tisser
est prise par rapport au niveau de la mer.
3. Ces limites sont probablement un peu faibles; elles sont basées sur la
détemUoation 4'an sçul lambeau, celui de Blad Guitoun.
319^1 DE L*ISSBR, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 299
die la région montagneuse et semblent disparaître un peu en amont
de Palestro ; en même temps leurs altitudes relatives augmentent
sensiblement. Ces altitudes augmenteront encore dans Tavenir,
:ar Tisser, qui ne possède pas dans la région de Palestro son
profil d'équilibre et dont les pentes sont relativement fortes (4 à
i millim. par mètre dans les goiges), continue à creuser son lit.
Q^ L'épaisseur primitioe des nappes alluviales ne peut pour la
ilupart d'entre elles être déterminée avec précision, soit en raison
les dénuda tions qu'elles ont subies (i^*" et a' niveaux), soit parce
[nielles se réduisent presque toutes à une mince bordure, et que
'ien n'indique la largeur originelle de la nappe et surtout la posi-
ion du thalweg correspondant. Cependant, en ce qui concerne le
t* niveau, la comparaison des cotes des bases et des sommets de
^us les lambeaux que j*y ai rapportés, me conduit à penser que
^4épaisseur a dû atteindre au moins 4o m.
Pour le 3* niveau, dont il existe une section transversale presque
^:>mplète *, l'épaisseur réelle a dû être très voisine de 35 m.
Bafin, pour les 4* et 5* niveaux, les épaisseurs mesurées près du
^éC^fà axial -, c'est-à-dire du bord le plus rapproché de Taxe de la
^^Ulée, sont respectivement de 4o à 45 m. pour le 4* niveau, de
à 3o m. pour le 5^. Mais ces nombres sont des minima et il est
probable que les épaisseurs maxima ont été supériem^es de
;uelques mètres au moins.
Vers l'amont, à Palestro, les épaisseurs observées paraissent
inûnuer d'une façon notable.
3** En l'absence de fossiles caractéristiques, j'ai été conduit
•^ï* des considérations tirées surtout de l'état de conservation des
^**i^sses et de leur groupement, à clsisser proçùtoirement les deux
^i^miers niveaux dans le Pliocène supéneur, et les quatre autres
^^*^s le Pleistocène ^. La terrasse du 3* niveau dont l'altitude au-
*^S8us du thalweg est voisine de 93 m., serait par suite une haute
'^^''^sse ; celle de 55 à 57 m. (4'' niveau) pourrait être appelée
^^yenne terrasse, et celles de qS à 3o m. et de i5 à 16 m. (5^ et
^ niveaux) représenteraient les basses terrasses.
*• ^e Lamothk. Op. cit.f fig. 5, p. 274.
^* C'est le bord que les géologues suisses appellent externe y tandis qu'ils
appliquent le quallÛcatif interne au bord qui longe les pentes de la vallée.
^^^ ^dénominations peu rationnelles me paraissent devoir être recelées, car
eue» ne peuvent qu'engendrer des confusions.
^> de Lamqthb. Op, cit, 1899, p. a88.
3oO DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
Les cailloatis plus anciens que la haute terrasse correspon-
draient aux graviers de plateau ou Deckenschotter de la vallée du
Rhin.
4** Les i^, 2^ et 3^ nappes sont nettement indépendantes ; elles
se sont accumulées dans des lits diflére/its comme direction,
altitude et profondeur (iig. i).
Les cailloutis du 3' niveau (haute terrasse) sont également
indépendants de ceux du 4*" puisqu*ils occupent un chenal distinct.
On a ici la preuve matérielle que non seulement le creusement
de la vallée qui a précédé le i*emblayage n a pas amené celle-ci
à la profondeui* du thalweg actuel, mais que son fond est même
i*esté à près de G3 m. au dessus de ce thalweg *. Ce fond
donc plus élevé de quelques mètres que la surface supérieure de 1
moyenne terrasse de 55 m., s*il ne s'était pas produit dans Tinte
valle un léger déplacement horizontal du niveau de base qui a e
pour conséquence le relèvement du thalweg actuel.
Les 4^*^ 5^ et 6^ niveaux forment un groupe bien tranché ; ili
sont emboîtés partiellement.
L'ignorance dans laquelle nous sommes de leur épaisseur exacte
ne permet pas de fixer d'une fa<;on précise l'altitude de le
bases ; il est probable que la base de la moyenne terrasse 8*élevai
à une dizaine de mètres au i>lus au-dessus du thalweg actuel e
que celle des deux autres en éUiit très voisine, peut-être mém'
a-t-elle été plus basse.
5" Les haute et moyenne terrasses (3* et 4* niveaux) son
couvertes d'un limon fin, jaunâtre, très ai^leux, renferman
de nombreuses concrétions calcaires. L'épaisseur de ce limon
probablement dépassé 20 m. pour chacune d'elles. Je n*y ai pa
observé de traces certaines de stratification : il est. vrai que 1
plupart des coupes sont très mauvaises. Sauf de rares exception^^
le limon semble faire défaut sur les autres niveaux, ou n'y é
représenté que par une couche mince. Un limon égalemen
jaunâtre, pi*ésentant parfois des traces de stratification horizon
taie couvre le fond de la vallée de Tisser depuis T
jusqu'en amont de Blad Guitoun : Tisser y a creusé son lit s
8 à 10 m. de profondeur. 11 diffère du limon des terrasses pa
Yabsence des concrétions,
Qf" Les principaux niveaux de cailloutis se lient à leur extrémité
aval à des plages^ en général remarquablement conservées ; les
I . Voir dans ma note de 1899 la ii^. 5, p. 374.
DB LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3oi
se terminent à des cotes qui concordent avec celles de plages
on de débris de plages situés dans le voisinage. Les altitudes
la mer correspondant à ces plages sont très approximative-
ïxit données par le tableau ci-dessous :
i*' niveau aoo à ao5m.
a' — i35 à 145
3' — 98 à 100
4' — 55
5- — 3o
6* — i5 à 17
[1 n'est pas impossible qu il y ait eu des plages et des niveaux
c^ailloutis plus élevés ; car j'ai trouvé à des altitudes de 35o et
43o m. (fig. i). des traces de plages qui me paraissent
cex-^aines *. Peut^tre ces anciennes plages marquent-elles d'an-
cîex^s niveaux de la mer du Pliocène inférieur, dont l'altitude,
coKCàme je Fai montré, a dû être beaucoup plus grande que celle
iXA<a.ir«{uée par les marnes bleues et les mollasses ^.
plage de iS-ij m. se retrouve très nette sur un certain nom-
de points de la côte algénenne. Au contraire, le niveau de
is correspondant n'apparaît qu'exceptionnellement dans
laisser et dans les autres vallées. Cela tient à ce que le lit actuel
de Ici plupart des rivières, occupe le même emplacement que celui
^^■TPcspondant aux niveaux de i5 et de 3o m. On conçoit que,
ces conditions, l'érosion qui a suivi la formation de la nappe
X 5 m. en ait le plus souvent supprimé les traces dans toutes
les dallées étroites parcourues par des cours d'eau puissants ou
^ 3.11ures torrentielles.
régularité même avec laquelle les dilïérents niveaux de
îs se reproduisent sur un certain nombre de points de la côte
^inenne semble indiquer, indépendamment des conséquences
*P*e je développerai plus loin, que la Méditerranée est, depuis le
I^liocène supérieur tout au moins, privée de marées. Nous verrons
^^ efiet dans le chapitre II que la concordance des altitudes des
anciennes plages sur de grandes étendues est incompatible avec
1 existence des marées.
T* Ainsi que je l'ai montré ^ le lien qui existe enti*e les plages et
'^« ^€ippes alluçiales dont les terrasses représentent les débris,
^^ formation des unes et des auti^s, ne peuvent s'expliquer que
^' <ie Lamothb. Op. cil. y p. a68 et 397.
*• 1d , p. 390.
^' 1^'> P* 390 et seq.
3oâ DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juio
par des oscillations verticales du niveau de base, c'est-à-dire de
la ligne de rivage. Il est absolument impossible de l'attribuer à
une cause agissant vers Tamont comme on a tenté de le faire pour
les terrasses de la vallée du Rhin. D'une manière générale, il
semble que l'abaissement de cette ligne de rivage (mouvement
négatif àe M. Suess) ait été prédominant à partir du Pliocène
supérieur ; mais ce mouvement négatif n*a pas été continu ; il a
été périodiquement interrompu par des mouvements positifs
d'amplitude plus faible.
Chaque mouvement négatif a déterminé une phase d'érosion et
d'approfondissement de la vallée ; chaque mouvement positif a
été au contraire la cause d'une phase de remplissage. L'épaisseur
du remblai à l'embouchure marque à peu près lamplitude du
mouvement positif.
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Fig. 2. — Diagramme des oscillations verticales du niveau de base à l'embou-
chure de risser, pendant le Pliocène supérieur et le Pleislocènc. — Echelle
des hauteurs : i millim. pour 5 mètres.
On peut représenter par le diagramme de la figure â, la succes-
sion de ces oscillations verticales du niveau de base à l'embou-
chure de Tissera Les parties en pointillé sont hypothétiques;
1. Ce diagramme doit être substitué à celui que j'avais donné à la page
agi de ma note sur Tisser; il est plus complet et quelques inexactitudes de
détail ont été rectiiiées.
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3o3
rien n'indique dans Tisser ce qui s*est passé antérieurement au
i«r niveau ; mais il semble, comme je l'ai dit plus haut, que la
ligne de rivage ait été beaucoup plus élevée et qu'il y ait eu un
mouvement négatif considérable après le Pliocène marin. D'autre
part l'absence de sondages et de données précises sur les épais-
seurs des nappes des i®', q^ et 6« niveaux, ne permet pas de fixer
exactement l'amplitude des oscillations correspondantes. Toute-
fois, il est probable, en raison de la lai'geur de la vallée que le
substratum en aval de Blad Guitoun et jusqu^à l'embouchure, doit
se trouver à une certaine profondeur au-dessous du thalweg actuel.
Il n'est pas inutile de rappeler, à ce propos, que dans la Mitidja,
des sondages nombreux ont établi que la vallée avait été creusée
à près de aoo m. au-dessous du niveau de la mer, puis remblayée.
L'état actuel parait correspondre à une période de stabilité
relative de la ligne de rivage marquant, soit la fin d'un mouve-
ment négatif, soit, beaucoup plus pix>bablement, celle d'un mou-
vement positif. En tous cas, il n'y a dans Tisser, aucune trace de
déplacement historique ou récent de la ligne de rivage, abstraction
faite des légers changements dus à des causes locales : courants,
vents, apports du fleuve, etc.
.S° Indépendamment des çariations verticales, le niveau de base
a subi dans Tisser des déplacements horizontaux de très faible
étendue, et qui n'ont pas modifié sensiblement les lignes de rivage :
celles-ci sont restées voisines et à peu près parallèles. On peut en
conclure que la dépression méditerranéenne présentait déjà à la
fm du Pliocène marin, le long de la côte algérienne, des pentes
rapides et une profondeur notablement supérieure à Tamplitude
des variations du niveau de base, et que la configuration générale
de la côte na pas subi de changements sensibles depuis cette
époque.
^ 9<» Le parallélisme des nappes alluviales des 3*, 4** et 5* niveaux
et leur faible accroissement d'altitude jusqu'à Blad Guitoun
prouvent que déjà à Tépoque du 3* niveau, le fleuve avait à peu près
réalisé un profil d'équilibre à pentes très faibles entre Tembou-
chure et le débouché des gorges. Les oscillations ultérieures du
niveau de base ont eu seulement pour effet d'abaisser ou de relever
le lit de quantités sensiblement égales à leur amplitude.
lo'' Je terminerai ce résumé en appelant Tattention sur la longue
durée qu'a dû exiger la succession des phénomènes constatés
dans Tisser depuis la fin du Pliocène marin. Il ne parait pas
3o4 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEBS
douteux que les mouvements positifs ont dû s*accomplir avec un
très grande lenteur. Un mouvement rapide aurait reporté
quement la ligne de rivage dans l'intérieur des terres, et le com
blement du golfe ainsi foi*mé aurait donné naissance à des couch
inclinées comme celles des deltas. Or, nulle part dans Tisser
même au voisinage immédiat des anciennes plages, il n'existe d
traces de cette inclinaison : les alluvions des différents nivea
y sont rigoureusement parallèles au thalvireg.
En ce qui concerne la vitesse des mouvements négatifs, je n
vois aucun argument décisif à invoquer dans un sens ou dan
l'autre. On remarquera cependant que l'intervalle entre un mon
vement négatif et le mouvement positif suivant, a dû être chaqu'
fois suffisamment long pour permettre au fleuve de reconqné
son profil d'équilibre, au moins dans la partie inférieure de se:
cours.
Chapitre IL — Examen des difficultés que présente
comparaison des résultats obtenus dans V
avec les observations similaires faites dans d'au
régions.
Les résultats que je viens d'exposer ne sont pas spéciaux a
bassin de Tisser. Ainsi que je l'ai indiqué *, les lignes de riv
2)araissent avoir subi, sur une partie notable de la côte algérienne
une mOme série d'oscillations verticales, synchroniques, et d*
plitudes correspondantes à celles de Tisser, qui ont égalem
déterminé dans les vallées des phases alternatives d'érosion et
remblai.
La manifestation sur des étendues aussi considérables et pe:
dant une aussi longue période de phénomènes d'un rythme au
régulier, est diflicilement conciliable avec Thypothcse de mouv
ments propres de la lithosphère, et on est par suite logiquemen.'t
conduit à attribuer ces oscillations des lignes de rivage à des mou-
vements alternativement positifs et négatifs de la surface de la
Méditerranée et des mei*s en communication avec elle pendant la
même période de temps -.
Mais, si cette conception est exacte, si ces mouvements eusta-
•
I. de Lamotiie Op. cit., iScyg, p. 297 et seq.
3. Observation déjà faite dans ma note sur Tisser, p. 3oo. — Cette conclu-
sion ne vise, bien entendu, que les mouvements qui ont eu lieu pendant le
Pliocène supérieur et le Pleistoccne, et je n*ai nullement la pensée de l'étendre
aux périodes antérieures.
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3o5
tiques ont eu réellement lieu, on doit évidemment en retrouver
« les traces dans d*autres régions du globe, partout où des mouve-
ments propres de la lithosphère, ou des causes locales, ne les ont
pas effacées ou déâgurées par la superposition de leurs effets.
On saisit immédiatement l'intérêt que présenteraient au point de
'Vue géologique la recherche et Fétude comparée de ces traces sur
fin g^nd nombre de points du globe. Si, en effet, on pouvait
établir que les lignes de rivage ont subi ailleurs que sur la côte
^ilgérienne des oscillations identiques à celles observées sur cette
^::6te, et que les vallées correspondantes ont été le théâtre de phé-
^3omènes alternatifs d'érosion et de remblai comparables à ceux
^Tonstatés dans Tisser, on aurait le droit de conclure : i*' que des
oscillations enstatiques se succédant dans le même ordre et avec
même rythme que sur la côte algérienne, ont affecté la surface
mers pendant le Pliocène supérieur et le Pleistocène ; a** que
portions de la lithosphère où Ton retrouve des systèmes de
^«errasses régulières semblables à celui de Tisser, sont restées
^"^laiiçement fixes pendant le môme laps de temps; S"" enfin, que
la. formation de ces terrasses est due exclusivement aux oscillations
^u niveau de base et ne peut être attribuée, conmie on a tenté de
1^ faire, à des causes accidentelles ou locales, sans relation avec les
variations de ce niveau. Il est inutile d'insister sur Timportance
<I^*aiiraient ces conclusions au point de vue de Thistoire géologique
^ partir du Pliocène supérieur.
Malheureusement le problème, sous sa forme générale, n'est
pas susceptible, actuellement du moins, d'une solution. On ne
P^ut demander à un même géologue de le résoudre à l'aide de
'^^cherches personnelles, et, d'autre part, les matériaux nécessaires
ÏK>up un travail de cabinet sont le plus souvent ou trop rudimen-
^îres, ou trop peu précis, ou même trop sujets à caution pour
pouvoir être utilisés dans une étude dont les résultats dépendent
Cïitièrement de la précision des données.
I<e8 causes de cette insuffisance des documents concernant les
^i^ennes plages et terrasses, sont assez importantes pour mériter
w^ï^pide examen; leur exposé servira d ailleurs à expliquer et à
l^tifier la méthode suivie dans ce mémoire.
1* Impossibilité d'utiliser actuellement les matériaux fournis
pûT tétude des anciennes lignes de rivage,
L'étude comparée des anciennes lignes de rivage ne peut con-
duire à des résultats pratiques que si Ton par\dent tout d'abord
5 Octobre 1901. — T. I*^ Bull. Soc. Géol. Fp. — 20
3o6 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLBBS 3 JuilL
à déterminer dans chaque région, et pour chacune des lignes de
rivage observées, le niveau moyen de la mer qui lui correspond*
Or, il suffît d'examiner les phénomènes actuels pour se rendre
compte des obstacles qui s'opposent, dans la plupart des cas, à
cette détermination.
Les traces de Faction de la mer (cordons littoraux, plateformes
littorales) ne correspondent qu'exceptionnellement au niveau de
la mer qui les a produites. Dans les mers sans marées, les écarts
entre les formations littorales et le niveau de la mer sont en
général très faibles : j'ai cependant constaté, en Algérie, que
Tamplitude totale de ces écarts pouvait accidentellement atteindre
4 à 5 m. ^
D en est tout autrement dans les océans à marées. Plusieurs
plages peuvent correspondre à un même niveau moyen de la mer,
et les écarts entre la plateforme des basses mers d'une part, celle
des hautes mers et le cordon littoral des tempêtes d'autre part,
variables sur chaque point avec l'amplitude des marées, dépassent
fréquemment lo mètres ; en outre, ces variations peuvent sur des
points très rapprochés d'une même côte, passer d'une quantité
voisine de zéro au maximum ^.
D'un autre côté, l'amplitude des marées est elle-même liée à la
configuration des côtes, à la répartition des terres et des mers, à
la profondeur de ces dernières, et toutes ces particularités doivent
nécessairement varier avec chaque modification de la ligne de
rivage et par conséquent, avec les mouvements positifs ou négatifs.
Enfin, si les mouvements eustatiques ont été lents, comme
certains indices permettent de le supposer, il a pu se former»
surtout pendant les périodes négatives, des plateformes littorales
auxquelles ne correspondent dans les vallées aucune terrasse. La
série des plages pourra par suite présenter localement un nombre
de termes plus grand que celle des terrasses.
Ainsi, même dans les cas où les traces des anciens rivages
seraient intactes, où la dénudation, le ruissellement sur les pentes,
la présence d'anciennes dunes, n'auraient pas altéré leurs altitudes
originelles, la comparaison des observations faites dans des
régions éloignées sera le plus souvent à peu près impossible, tant
que l'on ne parviendra pas à éliminer la part d'influence des
marées dans les altitudes observées, élimination qui jusqu'à
présent; n'a, je crois, jamais été tentée.
f . de Lamothb. Op. cit. 1899, p. 999.
a. A l'entrée de la baie de Pimdy, l'amplitude des marées est seulement
de a m. 70; elle atteint x6 nr. an fond de la baie.
igoi DB L*ISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE So^
Il convient d'ajouter que les altitudes ont été rarement déter-
minées par des procédés rigoureux, sauf dans les pays qui possè-
dent des cartes à grande échelle (i/aS.ooo au moins) et que, par
suite, les nombres obtenus n offrent pas, en général, la précision
nécessaire.
On ne peut guère espérer, dans l'avenir, combler entièrement ces
lacunes. Dans beaucoup de régions, le nombre des observations
sera toujours nécessairement très restreint. Les causes de des-
truction des anciennes plages ont été, en effet, très nombreuses, et
leur disparition est un fait beaucoup plus général que leur conser-
vation. Sur les côtes escarpées, quelques rares galets sont souvent
les seuls témoins de l'action de la mer (Sidi Féredj et pentes de
Bouzaréah à l'ouest d'Alger). Sur les côtes plates ou peu inclinées,
c'est à une distance plus ou moins grande dans l'intérieur qu'il
faudrait rechercher les traces des plages les plus anciennes ; mais,
si l'on réfléchit que la dénudation du bassin hydrographique a dû,
depuis l'époque de la plage de aoo m. par exemple, atteindre une
valeur équivalente sur une partie de sa surface, on concevra sans
peine que la probabilité de retrouver ces traces soit extrêmement
faible. L'action de l'homme sur les côtes occupées par les peuples
primitifs ^ la végétation dans les pays équatoriaux, la présence
de glaciers, ont aussi, à des degrés divers, contribué à la dispa-
rition des anciennes lignes de rivage.
On comprendra donc qu en présence de toutes les difficultés
que je viens d'exposer, j'aie été amené à renoncer dans ce premier
essai d'étude comparée, à faire porter les comparaisons sur les
anciennes lignes de rivage, et à me borner à Futilisation des
matériaux concernant les terrasses fluviales. On ne peut, pour le
moment, que souhaiter avec M. Geikie ^ que Tétude de ces ancien-
nes lignes de rivage soit l'objet, dans l'avenir, de recherches
méthodiques et précises : la multiplicité et la précision des
résultats permettront seuls de faire la part des influences per-
turbatrices et d'obtenir des données comparables 'K
I . Observation de Robert, citée par Suess. La Face de la terre, édit. fran-
çaise, n, p. ai.
a. A. Geikib. De la coopération internationale dans les investigations
géologiques. Mémoire présenté au Congrès géologique international de 1900,
p. 6.
3. Pour montrer Tintérèt de ces recherches, je citerai le relevé suivant des
anciennes plages de la baie Murray (Commission géologique du Canada.
Rapport de progrès jusqu'en i863, p. 979). On y a observé quatre plages à 3o,
ioS DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 X'***^!
a«» Difficultés de Vétude comparée des anciennes terra^-^et
fluviales.
Malgré l'abondance des matériaux, cette étude soulève ene^>x^
un certain nombre de difiicultés qui limitent fatalement le nom.l3x*e
des documents utilisables : elles pi^o viennent surtout du manc][ue
de précision de la plu[)ai*t des observations. En général, la dé'fc^i^
mination des altitudes laisse à désirer. Quelques auteurs se »oi3t
bornés à donner des altitudes absolues : ce renseignement est ^stTks
valeur, et il est impossible d'en tirer parti, si des cartes topogT-«|.
phiques à grande é(;helle ou la connaissance du profil longitudinaj
du cours d'eau ne permettent pas d'en déduire les altitudes rela-
tives. D'autres se cont(.<!ntent d'encadrer les niveaux entre djets
limites trop vagues ]>our qu'on puisse les comparer.
Dans les pays comme la France, où les cartes à grande échelle
font défaut, une détermination rigoureuse n'est possible que dans
des cas très rares, et par suite un grand nombre d'obseivations
demeurent inutilisables.
ïi'op souvent les altitudes ont été prises à la surface supérieur*
des terrasses, sans faire abstraction des limons, des cônes de
déjection latéraux, des dépôts glaciaires qui en ont relevé l^
niveau, ou sans tenir compte» des ravinements qui ont dépriii*^
cette surface. Des erreure de 8 à lo m. et plus, peuvent être 1*
conséquence de ces oublis.
La connaissance préalable du prolil longitudinal du cours d'e»-'"*
est nécessaii'e pour comparer des terrasses situées sur des poin'*^
éloignés d'une même vallée, car je montrerai dans les pai'agraph^^
consacrés aux vallées du Rhône et de la Moselle, l'influence con^^'
dérable que peut exeiver l'état de ce pi'ofil sur leurs altitud^^
relatives. Or, je ne crois pas qu'aucun géologue s*en soit jusqa
présent pi'éoccupé.
Nous vendons également (chapitre V) que les comparaisons n
peuvent utilement porter que sur des portions de vallée à pentes trè^
faibles où le profil d'équilibre non seulement est à peu près atteint
actuellement, mais était déjà réalisé à l'époque de la formation
des plus anciennes terrasses. L(»s altitudes relatives des terrasses
et leurs inteivalh's croissent en ellet tivs rapidement avec les
pentes des cours d'eau, et les compai*aisons qui porteraient sur des
iiM), iSa, 326 pieds. Ces nombres convertis en mètres (pied anglais — > o m. 3oS)
deviennent respectivement : 9 m. — 3o m. 5 — 55 m. 5 — 99 m- 43. 11 est
ditiicile de ne pas être frappé des analogies de cette série avec celle de Tisser,
les trois derniers termes concordant d'une façon absolue dans les deux séries.
DB l'iSSER, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 809
is OÙ révolution du profil a été très difTéi^ente, ne pourraient
ir à aucun résultat pratique.
in, on l'emarquera qu'il était indispensable, surtout dans une
ive qui est, je crois, la première de ce genre, de ne choisir
le sujets de comparaison que des régions assez rapprochées
permettre d'étudier sur place et de résoudre au besoin de
9s difficultés d'interprétation que peuvent incidemment faire
; les travaux dont elles ont été l'objet.
ir ces différentes raisons, Tétude comparative des terrasses
les que j'ai entreprise dans ce mémoii'e s'est trouvée limitée
ihors de l'Isser, aux vallées de la Moselle, du Rhin et du
e. Dans la Moselle, j'ai utilisé pour la région en amont de
les recherches que j'y poursuis depuis une vingtaine
ées, recherches qui ont été notablement facilitées par les
i de précision à i/qo.ooo du service du Génie. Grâce aux
nx de M. Grèbe dans les environs de Trêves, j*ai pu essayer
•nner une idée générale de la série complète des formations
iales de cette vallée. Dans la vallée du Rhin pour des raisons
'indiquerai au chapitre III, je me suis borné à bien préciser
îc des terrasses des environs de B&le, telle qu'elle résulte
ravaux de du Pasquier et de M. Gutzwiller. Dans la vallée
hône, le seul système de terrasses bien caractérisé et bien
!rvé est, jusqu'à présent, celui que M. Depéret a signalé dans
avirons de Valence, et dont la cai*te géologique détaillée
e le tracé. En utilisant les différents nivellements exécutés
cette région et les cotes de la cai*te qui sont en général très
^ *, j'ai pu déterminer avec une très grande précision les
ides de la plupart des niveaux, et il m'a paru possible, par
, d'utiliser les données relatives aux teiTasses de Valence au
B titre que celles fournies par les autres vallées.
!n que mes recherches aient été limitées aux quatre vallées
tées, et même à des portions restreintes de plusieui^s d'entre
les résultats obtenus concordent d'une façon si remarquable,
l'extension aux vallées du Rhin, du Rhône et de la Moselle
onclusions tirées de l'étude de Tisser apparaîtra, je l'espère,
ne suffisamment justifiée.
^ie obser>'alion ne s'applique, bien entendu, qu'à la feuille de Valence.
3lO DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES
Chapitre III. — Etude des terrasses de la Mo»
du Rhin et du Rhône
I. — Vallée de la Moselle
Dans le mémoire que j'ai publié en 1897 sur les terra
transport du bassin de la haute Moselle *, j*ai signalé Tes
en aval de Noir-Gueux de plusieurs terrasses et niveaux c
loutis. Grâce à une exploration récente de la plus grandi
de la vallée en amont de Toul, je puis en donner aujourd
aperçu un peu plus complet et plus précis.
Toutefois, comme en Tabsence de cartes à grcpide édi
était matériellement impossible de déterminer et de soi^
niveaux sur toute cette étendue, je me suis borné à étud
points où ces niveaux étaient le mieux conservés et où lec
de précision permettaient une détermination rigonreu
altitudes -.
Je terminerai cette étude de la haute Moselle par un ]
très succinct des résultats auxquels sont arrivés les géc
allemands dans la basse Moselle, de façon à donner une i
révolution de l'ensemble de la vallée à partir du Pi
supérieur.
A. — La Moselle en amont de Mets ^
i^" Absence de terrasses dans l'intérieur du massif v
•
Dans Viniériear de VUe montagneuse des Vosges ^, le
de la Moselle ne présente aucunes traces de terrasses. Les ]
jusqu'au voisinage des points culminants du plateau vosgiei
fréquemment recouvertes de galets roulés dont la présence ]
I. de Lamotub. Note sur les terrains de transport du bassin de l
Moselle, 1897. B.S G. F.. (3), XXV, pages 378 et seq.
a. Presque toutes les altitudes indiquées ont été prises sur les 1
i/ao.ooo.
3. Consulter les feuilles 69 (Nancy), 70 (Lunévilie), 85 (Epinal) de I
géologique détaillée à 1/80.000, ainsi que la carte à 1/900.000 jointe ft 1
précitée.
4. J'emprunte cette expression à E. de Beaumont; elle exprimt
favon saisissante la saillie actuelle du massif vosgien par rapp4
régions circonvoisines. — Dufrbnoy et E. de Bbaumont. Explic
Carte géologique de France. I. Les Vosges.
<90X DB L*ISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3ll
cpie le creusement des vallées du bassin, sur une étendue verticale
d^e ^oo m. au moins, a été un phénomène progressif. Mais ces
caîlloutis ne forment qu'exceptionnellement des dépôts d'une
puissance appréciable (crête de la rive gauche de la Moselle entre
CliAteau-Lambert et le Mont-de-Fourches, la Demoiselle, Bois
de la Feigne au N. O. de Longuet, etc.), et il ne me parait pas
possible, pour le moment du moins, de tirer aucune conclusion
de la comparaison de leurs altitudes relatives. On remarquera,
du T^ste, que les plus anciens de ces dépôts se sont formés à une
^o<]ae où les cours d*eau de la région montagneuse n*avaient
certainement pas encore acquis leur profil d'équilibre, ou plus
exa.otement réalisé la continuité de leurs pentes ; leurs lits
devaient être encore interrompus par des rapides et des chutes *.
Dans ces conditions, ainsi que je le montrerai dans le chapitre Y,
le» nappes qu'ils ont formées ne peuvent avoir aucun lien avec
les nappes régulières de la zone extra-montagneuse, et leur étude
ne présente dès lors qu'un intérêt secondaire, au point de vue
<iui nous occupe. On ne doit pas perdre de vue, en outre, qu'il est
^ peu près impossible d'expliquer les particularités des dépôts de
^ï^nsport de l'île vosgienne sans admettre l'intervention de mou-
vements positifs ou négatifs, affectant le massif vosgien sans agir
*m* les régions circonvoisines ^. Cette interventioji, qui a néces-
*^îi*ement modifié les positions relatives des dépôts, rend très
^flRciles les recherches qui les concernent.
U existe, il est vrai, en amont de Remiremont, dans le fond
inênae de la vallée principale et de ses aflluents, des accumulations
*e sables et de galets roulés qui occupent des étendues souvent
^ï^sidérables le long du cours d'eau et présentent quelque analo-
P« avec les terrasses régulières (sablons de Bussang, de Remen-
^Uers, de Rupt, du Vacceux, de Travexin, de Sainte-Anne, près
**^miremont, des Goujoux, etc.). Mais on reconnaît bien vite en
'^ étudiant qu'aucune confusion n'est possible. Ces dépôts ne
*^Mïient pas une bordure continue, conservant, par rapport au
thalweg, une altitude constante ou variant d'une façon régulière ;
^ssont au contraire disposés en gradins successifs, superposés
^omme des marches d'escaliers ; la comparaison de lenvs altitudes
absolues et leur stratification inclinée le plus souvent à aS* ou So»,
^ baissent aucun doute sur leur origine lacustre : comme je l'ai
'• C'est la conséquence nécessaire de la disposition du grès vosgien en
P^din» d'altitude croissante de la périphérie de l'Ile vers l'intérieur.
*• de Lamotub. Op, cit., 1897, p. 435 et seq.
3ia DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES YALLéBS 3 Juill
démontré ^ il est impossible de concevoir leur formation sans
faire intervenir une nappe d*eau dont le niveau se serait abaissé
par saccades depuis la cote 6ao jusqu*à la cote 4o6.
En açal de Remiremont, ou plus exactement à partir du con-
fluent de la Moselle et de la Moselotte, on voit brusquement
apparaître sur les deux rives de la Moselle de larges terrasses
alluviales à surface très souvent plane, dont Taltitude au-dessus
du thalweg ne dépasse pas a5 à 3o m., et que, malgré d'assez
nombreuses lacunes, on peut suivre vers Taval bien au-delà de la
frontière. Si Ton ne pénétrait pas dans les détails, on serait tenté
d*y voir une foimation homogène et de considérer leur ensemble
comme représentant une basse terrasse. Il est facile de montrer
que cette interprétation ne serait pas fondée.
Ainsi que je l'ai fait déjà remarquer ^ cet ensemble est en
réalité formé de deux zones séparées par l'accident topographique
de Noir-Gueux, et bien {distinctes par tous leurs caractères
(fig. 3) 3 :
la Madeleine BarrHt^e de Noir Gueux Cottpuent Pont
ai.s' PontdEloyes Station l ol ogive Z(^%A&
/J^-^^ 565 rnv. „ 3^, 55r '
>f^.j..^nw-^ I . ; B (' \Sai4tJuBroe \
365 B' •
-.-_,- VV*^.'.'V.-"'«T
horizontale de 3(ioni Iïït
Fig. 3. — Coupe schématique des alluvions de la Moselle entre Remiremont
et le Saut du Broc. — Echelle approximative des longueurs : i millim.
pour i46 mètres.
;, Affleurement de gneiss granulitique ; <iv, Grès vosgien ; A, Terrasses
lacustres à stratification inclinée ; B, Basse terrasse à stratification hori-
zontale ; B', Gradin inférieur de la basse terrasse.
a. — En amont de Noir-Gueux, la surface de tous les lambeaux
est contenue dans un même plan dont Thorizontalité est presque
absolue sur près de 7 kil. (407 m. aS La Madeleine, 4o6 m. 8
plateau de Longuet) *. L'altitude des terrasses au-dessus du thalweg
va par suite en croissant d'une façon notable de Famont vei*s
Faval (a5 m. 5 à la Madeleine, 33 m. vis-à-vis Longuet).
1. de Lamotiie. Op. cit., 1897, p. 398 et scq. Voir aussi la planche XVII.
2. de Lamothb. Op, cit., 1897, p. 400, 4o3. La carte jointe à cette note a
nettement séparé ces deux zones.
3. Cette figure est destinée à remplacer celle de la page 399 du mémoire
de 1897 qui par suite d*une erreur de gravure avait été mal disposée.
4. Cotes fournies par les plans à i/ao.ooo.
I9OI DE L'iSSER, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3l3
Bn açal d*Elqyes, au contraire, la surface supérieure de tous les
lambeaux est contenue dans deux plans inclinés parallèles au
thalweg, c'est-à-dire dont les altitudes relatives ne varient pas
sensiblement jusqu'à Metz et même jusqu'à Trêves.
b. — En amont de Noir-Gueux, la stratification est partout incli-
née à 37* ou So'', sauf dans les coupures faites par les eaux, où elle
est horizontale. Les couches inclinées sont recouvertes d*une nappe
horizontale de galets qui forme la surface supérieure de la terrasse.
Toutes les coupes fraîches que j*ai vues depuis vingt-deux ans
démontrent d'une façon très nette cette structure et je ne puis
m*expliquer qu'elle ait pu être niée ^ (La Madeleine, Saint-Etienne,
le Châtelet, usine Béchamp , tranchées exécutées pour l'établissement
du canal de la Moselle entre Saint-Nabord et Noir-Gueux en i883).
En açal d'Elqyes la stratification est toujours parallèle au
thalweg, c'est-à-dire sensiblement horizontale ; elle est marquée
par Tintercalation de lentilles de sable et de graviers, et par
lliorizontalité habituelle des grands axes des galets. (Gravières
d*Arches, d'Archettes, de la Yiei^e, d'Epinal, de Châtel, de Thaon,
de Charmes. . . , etc.).
C. — En amont de Noir- Gueux, il y a absence complète de blocs
dans les alluvions en couches inclinées qui sont formées exclusi-
'vement de petits matériaux et où le sable joue un rôle considé-
x^le, souvent prépondérant. Les blocs ne se rencontrent que dans
les coupures faites par les eaux (talus de Saint-Ëtienne près du
pont de Remiremont) et à la surface des dépôts surtout au voisi-
na^ des pentes.
A partir de Noir^Gueux, le sable devient beaucoup moins abon-
lant et jusqu'à une distance assez grande des Vosges, ne joue plus
a*iin rôle subordonné par rapport aux galets. Des blocs d'origine
^xiéralement rapprochée se montrent surtout au voisinage de
c^îr-Gueux ; leur volume habituellement faible (i/â m. c.) peut
"fc-^^dre exceptionnellement 5 m. c. (bloc de granulite au sud-est
ï la gare d'Eloyes). Ces blocs ne semblent pas avoir dépassé
c»^piéville : ceux que Hogard y a signalés étaient de petite
ension et provenaient du massif granulitique d*Epinal. A
on, pi'ès de la gare, les plus gros ont 3o à 35 cent, de diamètre,
blocs sont toujours arrondis et même roulés, quand ils sont
ine lointaine ; les seuls blocs anguleux sont ceux qui ont
Tobjet d'une exploitation ou qui piH)viennent des pentes voi-
^ • li. S. G. F. Réunion extraordinaire à Remiremont. Note de M. Bleicber,
<?V XXV, p. 9a4.
3l4 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
sines. Ceux qui ont leurs arêtes faiblement émoussées sont
toujours d*origlne très rapprochée.
d. — Les dépôts en amont de Noir-Gueux sont caractérisés par
V extrême rareté des granités à amphibole caractéristiques des
Ballons d* Alsace et de Servance ^ ; mais ces roches n*y font pas
défaut, comme on Ta prétendu à tort (B, S. G, F. (3), XXV, p.
9q5) ; j'en ai trouvé dans presque toutes les sablières.
Ces mêmes roches ne se rencontrent avec quelque fréquence
que dans les coupures de la Moselle (placage à structure torren-
tielle contre les pentes de la terrasse de Saint-Etienne, coupure de
Noir-Gueux, etc.), et dans le lit de la rivière.
En Gif al de Noir-Gueux les granités feuille morte qui ne se
montrent qu*exceptionnellement dans le barrage, sauf sur la rive
gauche, apparaissent en grand nombre dans la terrasse basse à
partir de la gare d'Eloyes.
On voit qu'il est impossible de considérer les dépôts situés en
aval de Noir-Gueux comme le prolongement de ceux situés dans
la cuvette de Remiremont. Ce sont des dépôts formés dans des
conditions absolument différentes, à tous les points de vue :
les premiers scmt nettement fluviatiles, les seconds franchement
lacustres. La basse terrasse ne commence par suite qu*en aval
de Noir-Gueux ou plus exactement, près d*Eloyes, où se termine
Faccident topographique de Noir-Gueux et où la Moselle franchit
la grande faille qui limite vers Touest Tlle vosgienne. On peut
dire par conséquent que la basse terrasse n'existe actuellement
qvUen dehors du m,assif s^osgien,
o!" Basses terrasses ^.
La basse teri*asse, dont je viens d'indiquer les caractères géné-
raux, borde la vallée de la Moselle en aval d'Eloyes jusqu'à Toul,
et même bien au-delà vers l'aval, puisqu'on en retrouve des traces
à Metz, à Trêves, etc. Elle est parfois continue sur de grandes
étendues ; sa largeur transversale peut atteindre 500 m. (Pouxeux)
et exceptionnellement i4oo m. (au sud de Chavelot).
I . La variété qui constitue les sommets de ces Ballons est connue dans les
arts sous le nom de granité feuille morte, terme dont je me servirai à Ta venir
pour abréger. Voir ma note de 1897, p. 4i6.
9. Il est à peu près impossible de suivre ces terrasses sur la feuille d*Epinal
où la plupart des lambeaux en aval d'Epinal n*ont pas étéûgurés; elles sont
an contraire très bien représentées sur la carte de de Billy, à la même échelle,
publiée il y a 5o ans.
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU BHIN ET DU KHÔNE 3l5
Elle est essentiellement formée de sable et de galets roulés
en parfait état de conservation ; la stratification est horizontale.
Lelimonn*y joue qu'un rôle accessoire, il fait le plus souvent
défaut et son épaisseur, quand il existe, est toujours très faible
(o m. 5o à I m.) sauf au voisinage des pentes. (Charmes, rive
droite).
L'épaisseur totale des alluvions de la basse terrasse est très
variable, par suite des dénudations qu'elle a subies. Entre Eloyes
et Pouxeux, entre Epinal et Chavelot, entre Girmont et Vaxon-
court, elle atteint au moins ao m. ; à Thaon, elle a dû s'élever très
probablement à 3o m. Elle est en général beaucoup plus faible, et
parfois même, les cailloutis ne forment qu'une couche de quelques
décimètres sur la plateforme rocheuse qui correspond en partie à
l'ancien fond de la vallée.
La basse terrasse se compose en réalité de deux niveaux bien
distincts, quoique emboîtés, l'un de qo m., l'autre de 3o m.
En aval d 'Epinal, le niveau le plus bas est de beaucoup le plus
développé et le seul qui soit à peu près intact; c'est lui qui forme
presque entièrement les larges terrasses que suit la voie ferrée
entre Epinal et Thaon (terrasses de la gare d'Epinal, de Golbey,
de Thaon S de Girmont à Yaxoncourt ^ de Charmes à Chamagne,
du Bois de la Ville en aval de Toul, etc.). Plusieurs de ces
terrasses n'of&ent aucune pente transversale appréciable malgré
leur grande largeur. D'après les levers de précision, Taltitude de
ce niveau est comprise entre 19 et ai m. ; elle est le plus souvent
égale à ao m.
Au voisinage des pentes et surtout dans les rentrants de la
vallée, on observe à la surface de la terrasse de ao m., sur un grand
nombre de points, des cailloutis de même nature qui s'élèvent à 5-
10 m. au-dessus de cette surface. Ce sont les débris d'une nappe
plus ancienne qui s'élevait à 3o m. au-dessus de la Moselle: la
nappe de ao m. s'est, en partie, formée à ses dépens et y est
emboîtée.
Parmi les points où les observations sont les plus faciles je
citerai les suivants :
Au sud de la route de Mirecourt, près de Golbey, une grande
gravière en exploitation s'élève exactement à 345 m., dominant la
terrasse de la gare de 8 m. et la rivière de 27 à 28 m.. Une partie
de la large terrasse qui s'étend de Golbey à Chavelot est encore à
a6-a8 m. A l'ouest de la gare de Thaon la coupe est particulière-
I. Teintée comme Muschelkalk sur la carte d*Epinal.
3lG DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLIËR8 3 Juin
ment nette comme le montre la figure 4 : il y a mie petite plate-
forme de cailloutis granitiques à 33i m. (3o m. au-dessus de la
Moselle) et une autre qui supporte la gare à 3ai m. (19 à ao m. au-
dessus de la Moselle). Entre Nomexy et Vincey, le mamelon 309
Bois de Thaon
i2llL_ , Gare de Thaon
hortAontide lie Soom.
Fig. 4- — Coupe des terrasses de la rive gauche de la Moselle à Thaon. —
Echelle approximative des longueurs : i millim. pour 3a mètres.
L, Limon argileux recouvrant les cailloutis de la moyenne terrasse ; M, Gra-
din supérieur de la basse terrasse ; B, Gradin inférieur ; Uy Muscheikalk.
de la carte d'état-major est formé de cailloutis stratifiés qui mar-
quent à peu près l'ancien niveau de la nappe alluviale, à ^7 m.
au-dessus de la Moselle. Le niveau de 3o m. est certainement
j*epi*ésenté dans la forêt de Charmes ; mais il m'a été impossible,
faute de cartes à grande échelle, de l'y suivre. On l'observe à
Méré ville, entre ce village et Pont-Saint- Vincent.
Au nord-est de Toul, la partie supérieure des cailloutis de
Bois-la- Ville, en partie masquée par du limon, forme à !28-3o m.
au-dessus de la Moselle une plateforme bien distincte de celle de
QO m. qui en borde le pied, et le petit plateau alluvial qui supporte
la batterie de Gondreville, sur la rive droite, est également à 3o m.
Enfin, à Metz S le vaste plateau du Sablon entre la Seille et la
Moselle est à 3o m. au-dessus de la rivière ; l'épaisseur des allu-
vions est de la à i5m.
En auiont d'Epinal, on retrouve jusqu'à Ai'ches des débns plus
ou moins étendus des nappes que je viens de décrire. Celui de la
Vierge (i5oo m. en amont) est le plus important, il forme une
bordure dont la laideur peut atteindre 4o à 5o m. et que l'on peut
suivre presque sans interruption sur la rive droite sur a k. 5
jusqu'en face de Dinozé. En approchant des pentes les cailloutis
disparaissent et sont recouverts par une couche épaisse de sable
à galets de quartz blanc provenant par ruissellement du grès
vosgien des pentes voisines. Si l'on tient compte de cette particu-
I . Jacquot. Deacript, géoL de la Moselle, p. 3io et seq. — Schumacher.
Mittheilungen der geoLog.Landesanaialt von Elsass-Lothringen, p. XXXII et
8^., tome IV.
/
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3l'J
larité, on peut admettre que Taltitude relative de la terrasse de
la Vierge est de [3o m. au plus.
Un petit lambeau de la même nappe se montre au sud de la gare
de Dinozé, à Taltitude de aj-So m. A Arches (fig. 8) Téglise est
bâtie sur une vaste plateforme de 260 m. de largeur, sans pente
transversale, qui s'étend d'une façon continue sur près de 800 m.
depuis Arches jusqu au débouché de la vallée de la Niche. Son
altitude est de 16 m. 5. Vis-à-vis, sur Tautre rive de la Niche, on
trouve superposés deux lambeaux d'alluvions, Tun à 16-17 m.,
Tautre à 3o m.
La grande plateforme de grès vosgien qui domine la rive droite
du vallon de Géroménil, en amont et en aval du village, est en açal
bordée par un placage de cailloutis granitiques avec sable blanc
très bien lavé qui forme un replat très net à 396 m., dominant par
suite le thalweg de q6 ni. Comme on ne peut pas suivre ces
cailloutis jusqu'à Arches et que d'autre part la rapidité des pentes
de la vallée est très grande (0.0078) il est diilicile de dire à quel
niveau de la basse terrasse ils correspondent. En face d'Aixîhes, la
terrasse sur laquelle est bâti le village d'Archettes est en partie
formée par un cône de déjection dont la tète est dans le ravin de
Mossoux : il n'y a donc pas lieu d'en tenir compte ; mais au nord
de l'église, il existe encore un petit lambeau correspondant exacte-
ment à celui d*Arches.
Plus à l'est, la vaste plateforme qui s'étend entre la Niche, le
Saut du Broc et Pouxeux, est à 365 m. 6, par conséquent à 17 m.
au-dessus de la Moselle.
Enfin, toutes les terrasses qui bordent les deux rives depuis
Pouxeux jusqu à la halte d'Eloyes sont uniformément à 19-ao m.
au-dessus de la Moselle (fig. 3).
Bien que cette altitude soit exactement la même que celle des
terrasses du niveau inférieur en aval d'Epinal, il est impossible
de considérer les terrasses situées entre Eloyes et Pouxeux comme
appartenant à ce niveau. Il sutlit pour s'en rendre compte de
jeter les yeux sur le profil longitudinal de la Moselle donné par
la figure 5. Ce profil montre qu en aval de Thaon, la Moselle
possède à peu près son profil d'équilibre et a réalisé la con-
tinuité des pentes, tandis qu'en amont, jusqu'à Reniiremont,
son lit présente un double bombement formé par la granulite
de C en D, par le grès vosgien de 1) en E, puis par des alluvions
de profondeur inconnue jusqu'à Remiremont. C'est à un de ces
bombements qu'est dû le Saut du Broc, cataracte en nûniatui'e
de 7 à 8 m.
3l8 DB LAMOTHE. — STSTÂMES DE TERRASSES DBS VALLÉBS 3 JuId
Si la période actuelle a une durée suffisamment loo^e, la
Moselle entra par régulariser son lit entre Tbaon et Remiremont
et suivra k peu près le profil marqué en pointillé. Lorsque ce tra-
vail sera terminé, les altitudes relatives de toutes les terrasses
de cette région se trouveront augmentées de quantités variables
suivant leur position par rapport aux bombements. Il faut donc,
si l'on veut les comparer à celles de la région en aval de Thaon,
qui, pendant le même temps, n'auront éprouvé que des variations
3'altitude très faibles, leur faire subir au préalable une correction
additivc plus ou moins grande.
Pig. 5. — ProQl longitudinal de la vallée de la Moselle entre Prouard et le
Tbillol (Ebux moyenne*). — Echelle : lon^eurs t millim. pour 9 kiloin.;
hauteurs t millim. ponr lo mïtres.
Entre Pouxeux et Eloyes cette correction peut, avec une grande
probabilité, être évaluée au minimum à lo-ia m., le Saut du Broc
représentant k lui seul près de 8 m. ; l'altitude anale des terrasses
de cette zone atteindrait donc ag-Sr m. A Arches, la correction
serait de 3 à 4 m. ; enfin à la Viei^e elle s'élèverait à 4 ou 5 m.
Ainsi, lorsque la régularisation du lit sera terminée, les basses
terrasses entre Ëpinal et Eloyes comprendront deux niveaux :
l'un de 3o-33 m. au moins (exceptionnellement 34 à 35 m. à la
Vielle), l'autre de aom., qui seront le prolongement des deux
niveaux de ao et de 3o m. signalés en aval d'Epinal.
On verra dans le chapitre V que le léger éctirt d'altitude que
présente la terrasse de la \'ierge est ia conséquence des lois qui
régissent In formation des nappes alluviales.
Age de la basse terrasse.
L'dge de la basse terrasse, considérée dans son ensemble, est
nettement âxé par les nombreux fossiles qu'on y a trouvés, notam-
I9OI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, Di: RHIN ET DU RHÔNE 5l9
ment à Toul *, à Metz -, et près de Schweich en aval de Trêves ^.
Us proviennent snrtont d'Elephas primigenius et de Rhinocéros
tichorinua. A Metz, on les a recueillis dans la terrasse de 3o m.
A Toul, ceux des fortifications proviennent plutôt du niveau
inférieur de la basse terrasse ; ceux du vallon de Flngressin
sontpeut^tre plus anciens et pourraient appartenir à un débris de
la moyenne terrasse dont il sera question plus loin.
On peut, je crois, considérer comme immédiatement antérieurs
au remblai qui constitue la basse terrasse, et comme contempo-
rains de la fin du creusement qui a précédé ce remblai, les lignites
étudiés par M. Fliche à la base des cailloutis de Jarville ^. Aucune
coupe cotée n^ayant, à ma connaissance du moins, été publiée, il
ne m*est pas possible de dire actuellement si ces lignites sont à la
base du niveau de 3o m. ou à la base de celui de ao m. On y a
trouvé Lorix Europœa, Picea excelsa, Pinus Montana, Alnus
oiridis, Alnua incana, Betula alba (forme pubescens). M. Fliche
a cru pouvoir conclure de cette association que la région était
couverte par une forêt à caractère boréal très accentué.
Liaison entre la basse terrasse et les dépôts lacustres de la
région de Remiremont.
Nous avons vu que la zone des basses terrasses fluviales se
terminait à Famont près d'Ëloyes, et que celle des terrasses
lacustres s'arrêtait à l'aval près de Noir-Gueux (fig. 3). Entre ces
deux zones se place une forme topographique des plus remarqua-
bles, le barrage de Noir-Gueux, signalée depuis longtemps par
fiogard, et dont j'ai rappelé en 1897 -' les caractères principaux
^t prouvé l'origine alluviale et latérale (fig. 6 et 7).
Je me bornerai donc ici à appeler l'attention sur les particula-
a?ités topographiques du barrage, notanmient sur celles qui définis-
sent ses rapports avec les dépôts qu'il sépare.
Vu d'amont, le barrage de Noir-Gueux a l'aspect d'une digue
^gantesque de 5o m. de hauteur et de 1600 m. de longueur, jetée
d'une rive à l'autre de la Moselle, dans l'axe du vallon de la
I HussoN. Origine de l'espèce humaine dans les environs de Toul, 1867.
Héunion de huit brochures publiées de 1864 à 1867. Carte g'éol. <létaillée
x/80.000 Nancy. Lég^ende.
a. Jagquot. Descrip. géoL du département de la Moselle,
3. ErlaÏLterungen zur geol. specialkarten von Preussen. Blatt Sweich.
4. Fliche. Sur les lignites quaternaires des environs de Jarville. C. IL Ac.
Se. 10 mai 1875. — Id. Note sur la ilore des lignites du nord-est de la France.
3. S. G. F., (3), XXV, p. 959 et seq.
5. de Lamothb. Op. ait, 1897, p. t^i6 et seq.
3aO DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DBS VALLEES 3
Sache, et à travers laquelle les eaux s échappent par une étroite
coupure, large de 4o m. à peine à la base, de 3oo m. au sommet
Ce caractère de digue ou de barrage transversal est d^autant
plus saisissant que la vallée en amont, sur 7 à 800 mètres, semble
avoir été déblayée presque complètement jusqu*au niveau de la
Moselle, des alluvions qui rencombraient, de sorte qu'entre le
pied de la digue et Textrémité de la terrasse de Longuet, il existe
une vaste dépression qui a tous les caractères d'un cirque d'érosion.
Boute
d'Epùial
S% , Chf'defèr
Penttsét.
hmùxontale de^-jom.
Fig. 6. — Coupe transversale du barrage de Noir-Gueux. — Echelle approxi-
mative des longueurs : i millim. pour 16 mètres.
Barrage, de Noir Gueuœ
Y, Gneiss et granulites.
Pont en anvont
d'Eloues
B C
G être, de
Poujeeujc
386
36S
15
harùumtale de 3&oai.
Fig. 7. — Schéma montrant Télévation du barrage de Noir-Gueux sur la rive
gauche de la Moselle et son raccordement avec la basse terrasse. —
Echelle approximative des longueurs i millim. pour 56 mètres.
AB, Cône de déjection avec ses terrasses d'érosion ; CC, Basse terrasse
de 19 à ao mètres; c, Affleurement de gneiss granulitique à la base du barrage.
En aval, Taspect est tout ditTéi^ent : le barrage de Noir-Gueux
forme simplement une digue irrégulière dominant de 10 à
i5 m. au plus la nappe alluviale remarquablement plane qui
s'étend au nord jusqu'à la gare d'Eloyes où commence la terrasse
basse. Cette nappe alluviale dont la pente générale est 4 ou 5 fois
plus forte que celle de la Moselle actuelle (0,008 à 0,011 au lieu de
o^ooq) présente plusieurs ressauts successifs, correspondant à
des terrasses d'érosion, qui tous con veinent vers la coupure de
Noir<}ueux. Il en résulte que l'altitude du barrage qui, à Noir-
Gueux atteint 5o m. au-dessus de la rivière, tombe à so m. un peu
en aval de la gare d'Eloyes.
Il est impossible de ne pas être frappé de la concordance appa-
I9OI DE l'iSSBR, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3sU
rente qui se manifeste entre ces particalarités topographiques et
celles qui caractérisent les amphithéâtres morainiques. Nous
retrouvons à Noir-Gueux la digue formée par la moraine firontale,
le cône de déjection ou de transition qui la raccorde à la basse
terrasse, la dépression centrale avec ses dépôts lacustres : il est
même intéressant de constater que les caractères extérieurs de
Taccident de Noir^ueux sont beaucoup plus nets que ceux de
beaucoup d'amphithéâtres 'morainiques, surtout en ce qui concerne
les fonjnations lacustres. Celles-ci, en amont de Noir^Gueux, se
sont élevées à la cote 407, c*estÀ-dire à 34 m. au-dessus du fond
de la coupure actuelle ; on a donc ici la preuve que pendant leur
dépôt, la coupure était complètement fermée, jusqu'à une altitude
très peu inférieure à celle du sommet de la digue.
En réalité, les analogies s'arrêtent aux particularités superfi-
cielles et, malgré les affirmations des géologues qui n'ont étudié
Noir-Gueux qu'à ce point de vue, je ne puis que maintenir les
conclusions de ma note de 1897 ?^* ^^ reste, n ont pas été réfutées.
Gomme je l'ai exposé, l'origine alluviale et latérale du barrage de
NoiivGueux est nettement établie par les faits ci-après :
lo La structure de la partie supérieure du barrage est nettement
t;orrentielle : elle n'est pas morainique. Les éléments sont roulés,
généralement petits, associés à du sable fin bien lacé ; les blocs
sont relativement rares, leur volume est en général très faible
(1/2 m. c), presque tous portent des traces de l'action des eaux.
Par un contraste saisissant, les pentes des deux rives de la Moselle
«I l'est et à l'ouest de Noir-Gueux, sont couvertes de blocs erra-
tiques parfois énormes (5o m. c), souvent anguleux, qui s'élèvent
jusque sur les points culminants, à 400 m. au-dessus de la vallée.
2^ La base sud du barrage semble formée de sable fin, lavé, en
Cîouches stratifiées horizontalement (sablière au pied sud de la
digue ouverte en 1877), et par places, de couches de sable et de
gravier plongeant vers Tamont sous des angles de 3o à 35".
30 La plupart des éléments sont originaires du massif de
Fossaixl. Les types caractéHstiques des Ballons (granité feuille
anorte, schistes du Carbonifère) y sont très rares, sauf au voisinage
fie la rive gauche, tandis qu'ils abondent, comme je l'ai dit plus
liant, dans les parties inférieures du cône de transition et dans la
basse terrasse avec laquelle il se raccorde *.
I . Dans une note parue il y a quelques jours dans le tome XII du Bulletin
des Services de la carte, M. Delebecque objecte que, d'après la carie, les
torrents de la Suche et des Charbonniers paraissent de trop minime impor-
tance, pour avoir pu produire une accumulation de matériaux aussi consi-
h Oetobre 1901. — T. Ie^ Bull. Soc. Géol. Fr. — ai
322 DE LAMOTUE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES YALLKBS 3 JuL
Ces faits, et surtout la différence de composition existant eni
le barrage et les dépôts qui Tencadrent à Tamont et à l'aval, so:
évidemment inconciliables avec Tidée d'une origine glaciaire,
est impossible, en effet, dans cette hypothèse, de comprendre eom
ment un glacier aurait pu simultanément édifier une moraine te:
minale où les roches caractéristiques de la haute Moselle fon
défaut, et donner naissance néanmoins à des basses terrasses oxm'
ces mêmes roches abondent. Pendant son recul, le même gladec:
aurait dû accumuler en amont du barrage des dépôts lacustres-
privés de ces mêmes éléments.
On doit par conséquent considérer le barrage de NoirOue
comme un exemple typique d*une forme topographique
jusqu'à présent comme caractéristique de Tintervention de?
glaciers, et due cependant à des causes tout à fait différentes.
it
ra
3'' Terrasse de 5o a 6o mètres
Au-dessus des basses terrasses, on observe sur un grand nombr»
de points des lambeaux plus ou moins étendus d'une terrasse plu
élevée dont Taltitude est comprise entre 5o et 60 m.
Bois du CJuanot
Flniemt ruinj r
^'J«"l Moselle ^gg- ». /
^iî Forêt de
543 ^t^^^-^~i
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ir
tir
hvriAoniale de loom.
Pig. 8. — Coupe transversale de la vallée de la Moselle près d*Arebei.
Echelle approximative des longueurs : i millim. pour 66 mètres.
(m. Grès bigarré: dv, Grès vosgien ; M, Moyenne terrasse; B, Basse
rasse ; 6, Blocs erratiques. — Les ailuvions sont indiquées par de |
cercles. Le plateau d'Archettes et le Bois du Chanot sont au deuxième pUn.«
C'est dans le bassin d*Arches que ce niveau est le plus remarqua-
blement développé. Tout le bord sud du plateau de Tannières
(fig. 8) entre le confluent de la Vologne et le vallon de Mossoux,
dérable que celle du barrage. Je regrette que M. Delebecque n'ait pas
eu le loisir de remonter ces deux torrents ; il aurait constaté qu'ils ont en
projection chacun près de a.800 m. de développement, avec 437 m. de diffé-
rence de niveau, et sont alimentés par d'immenses bassins de réception.
Je reviendrai du reste sur cette question dans une note spéciale.
igOI DB LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RAL\ ET DU RHÔNE 31)3
est formé par une terrasse alluviale dont la largeur peut
atteindre 700 m., et dont Tépaisseur s'élève à près de 40 m. ^
Ualtitnde atteint 4o5 m. à hauteur du Saut du Broc, soit 5o m.
au-dessus de la Moselle.
Vis-à-vis, le plateau d'Arches est également bordé par une
terrasse de cailloutis assez étroite, mais dont les débris s'étendent
encore par places sur le grès vosgien du plateau jusqu'à l'altitude
de 3g6 m. (53 m. au-dessus de la Moselle).
Tout le plateau au N.-O d'Archettes est recouvert par une
JDasse énorme de cailloutis dont l'épaisseur dépasse certainement
^o m. et atteint très probablement 35 à 40 m. au-dessus des escar-
pements du grès vosgien. Le plateau a été très raviné, mais les
/>olnts culminants qui s'élèvent à 398 m. permettent de fixer
I*£a Xtitude minimum de la nappe alluviale à 58 m. au-dessus de
Moselle.
I^^fin dans le ravin au sud de Pouxeux, une petite terrasse allu-
B^les*élève à 4o5m., soit 5o m. au-dessus de la Moselle*.
n voit que si Ton tient compte pour ces divers lambeaux de
r position par rapport au Saut du Broc, leurs altitudes relatives
t comprises entre 56 et 6a m.
s alluvions qui constituent ces terrasses sont formées de
Houtis stratifiés horizontalement -. Les galets granitiques y
ndent, et parmi eux j'ai noté, surtout sur le plateau d'Ar-
ttes, des granités feuille morte assez nombreux, en moins
. quantité toutefois que dans la basse terrasse ; les galets
es sont en général en bon état ; seuls les g^nites feuille
recueillis à la surface des champs, sont souvent très altérés.
slques blocs de gneiss ou de granulite, dont les plus gros peu-
t cuber 3/4 m. c, sont encore visibles à la surface, notamment
s de la forêt de Tannières.
hauteur d'Epinal, les collines de la rive gauche sont couvertes
^^'^^KMc nappe épaisse de cailloutis surmontés de limons qui souvent
^^^ xnasquent complètement les affleurements. Ces limons qui
*^^*^stituent la « terre des bois » sont formés d'une argile jaune
^ - Ce lambeau n*est pas indiqué sur la carte géologique, non plus que les
^•illontis du plateau d'Archettes. Voir la carte jointe à ma note de 1897. Je
'^'^î remarquera cette occasion que M. Bleicher {B. S, G. F., (3), XXV,
y 9tafi) m*a prêté à tort l'opinion que les cailloutis de Tannières étaient
*<*lgine lacustre. Déjà, en 1897, j'en faisais une terrasse fluviale.
^- Gravière ouverte en 1881 sur le talus sud du plateau de Tannières,
P*^re au sud de Pouxeux»
3a4 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
d*ocre parfois jaspée de blanc * : leur épaisseur peut atteindre et
même dépasser lo m.
Les cailloutis comprennent des galets roulés de toutes les roches
du bassin en amont : ce sont principalement des quartzites du
grès vosg^en auxquelles s'associent des galets de roches cristalli-
nes (gneiss, granulites, granitites. porphyres divers). Les quartzites
se montrent presque seuls à la surface et les roches cristallines
n'apparaissent que dans la profondeur, très souvent altérées. Cest
cette particularité qui a trompé Hogard ; n'ayant pas eu Toccasion
de voir des coupes profondes, il a été amené à considérer ces
alluvions comme exclusivement formées de quartzites du grès
vosgien, et à imaginer pour expliquer ce phénomène, le moulag
en glace de toute la région -.
L'altitude de la masse de cailloutis peut être déterminée facil
ment dans le bois de la Louvroy (champ de manœuvre à Touesi
d'Epinal) ; elle s'élève sur ce point à 857 m., dominant par consé —
quent la Moselle de 59 k 60 m. au plus. Sur le plateau de Bois —
l'Abbé, un peu au nord, les sondages exécutés lors de la construc-
tion du fort ont traversé, avant d*atteindi*e les sables cailloute
une épaisseur moyenne de 5 m. d'argile (o,5o de terre végétale, ^
!2 m. 3o d'argile jaunâtre, i m. 5o d'argile rougeàtre avec quelques^
galets, I m. argile jaune avec galets) ; les cailloutis y sont paiK
suite à l'altitude de 875 m. environ, soit 60 m. au-dessus
niveau de la Moselle, nombre qui concorde avec le précédent.
Li^s mêmes cailloutis recouverts de limon forment les platea
qui séparent la Moselle de l'Avière, et même une partie de
qui bordent lu rive gauche de cet aflluent ; ils s'étendent ^^lemenr
sur la rive droite de la Moselle et sont très développés prèsdeCha-
tel et en aval. L'altitude de la na}>pe, abstraction faite des limons
(^st comprise entre 5o et Go m. S mais plutôt voisine de 60 m
A Charmes, les cailloutis couvrent la plus grande partie de la
forêt et s'élèvent également à une soixantaine de mèti*es. Malheu-
I. IIouARD. Sj-st. des Vosges, ift'37, p. 190. — Lbvaixois. Aperçu de
constit. gêol, du départ, de la Meui*the, i86a.
a. HooARi). (loup d*œil sur le terrain erratique des Vosges, i85i;
ehes sur les formations erratiques, i858.
Voir à ce sujet ma note de 1897, p. Sga et seq.
3. Ces dépôts n'ont été bien représentes que sur la carte géologique de
de Billy, à i/8o.(Xn). Sur la feuille d'Kpinal de la carte géologique détaillée,
on les a désignés sous le signe P ; mais on a omis les cailloutis et
des bois de la Louvroy et on a marque a* les cailloutis des Hauts Caill<
qui appartiennent au niveau de ôo à 60 m. et auraient dû par suite être mar-
«111AC
p
I9OI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3a5
reusement, ainsi que je Tai déjà dit, Tabsence de cartes à grande
échelle, et en outre la présence de limons, rendent impossible le
tracé des niveaux * .
A r Ermitage à i5 kil. en aval de Charmes, les mêmes cailloutis
comprenant des quartzites et des débris graniticpies forment une
raste terrasse élevée de 54 m. - au-dessus de la Moselle.
Enfin, au sud-ouest de Toul, le vaste plateau jurassique de Bois-
Je-Comte (Point aSj) est recouvert de sables et de galets dont
2 'épaisseur dépasse probablement une dizaine de mètres et qui
minent de 54 m. la Moselle. Bien que les quartzites du grès
sgien y soient prépondérants, on y trouve de nombreux galets
.sinitiques bien conservés, dont le grand axe peut atteindre
jn. 10 ; une mince couche de limon recouvre par places les
LUoutis 3.
n résumé, on trouve entre Jarménil et Toul des traces très
"•lies d'une nappe alluviale formant le plus souvent terrasse et
mit Taltitude au-dessus du thalweg, voisine de 55 m. à Toul,
pc».:a7alt près d*Epinal se rapprocher de 60. Sa composition est
^x^^^s sensiblement difl*érente de celle de la basse terrasse par suite
la prédominaDce des quartzites ; les granités feuille morte qui
"tour d'Archettes sont déjà un peu moins fréquents que dans la
^se terrasse, semblent faire défaut en aval d*Epinal; du moins
n'en ai pas encore trouvé. Cette absence peut, il est vrai,
ï:^pliquer par la plus grande altérabilité de cette roche, et on peut
poser qu on en ti^ouverait des débris si Ton disposait de coupes
fondes. En outre, il est impossible de concevoir la présence
galets de cette nature dans les graviers de Tlngressin, près
«rouves (N.-O. de Toul), si l'on n'admet pas qu'ils provien-
t de la nap2)e de Bois-le-Comte. On est donc autorisé à con-
que la nappe de 5o-6o m. a été formée par une ancienne
selle plus élevée de 5o-6o que la Moselle actuelle et prenant
^^^ïïxme elle sa source dans les Ballons d'Alsace et de Ser\'ance.
< - Le signe a' a été sur la feuille de Lunéville aflfecté à torl à Tensemble
^^* <lépôts de la forêt de Charmes.
^ Cote approximative ; ce dépôt n'est pas marqué sur la feuille de
^^iié\illc.
^ - Les limons de Chaudeney qui occupent sur la rive droite de lu Moselle
^ïi face du plateau de Bois-le-Comte une situation analogue, ont, d'après
otaconnier, la composition ci-après : silice 644, alumine 207, peroxyde de
Vf So, chaux 9, magnésie i, acide phosphorique i, a, perte uu feu 9a (DescripL
t^L et agron. des terrains de Meurthe et Moselle, p. 897 et 398).
3a6 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES YALLésS 3 Juin
Aucun reste de Vertébrés n*a été jusqu à présenta ma connais-
sance du moins, trouvé dans la terrasse de 5o-6o m. A l'époque
de la construction du canal de TEst, vei*s 1876, les fouilles exécutées
au col de Bois-FAbbé (3 kil. N.-O. d*Kpinal) ont coupé une petite
tourbière où Ton a recueilli un ceilain nombre de débris végétaux
plus ou moins transformés en lignite, et quelques traces d*Insectes.
M. Fliche qui les a déterminés * a, d'après des renseignements
fournis par le service des travaux, mais sans donner aucune coupe,
admis que cette tourbière était située à la base des cailloutis qui
affleurent dans le col. En outre, partant de cette idée qu*il n'y a eu
qu'un seul creusement suivi d'un comblement, il a logiquement
conclu que les deux dépôts de Jar ville et de Bois-l'Abbé, situés à
la base des cailloutis, étaient synchroniques, contemporains de la
fin du creusement de la vallée, et antérieurs à son remplissage
par les alluvions.
Mais cette déduction se trouve tout d'abord en opposition
les preuves que j'ai données de l'indépendance des basses terrasse
et de la terrasse de 55 m. , et la suite de ce travail montrera que^^^
cette indépendance n'est pas particulière aux terrasses précitéesF=s
et appartient aux six niveaux de cailloutis de la vallée de l
Moselle, chacun d'eux correspondant à une phase de rembl
séparée de la précédente par une phase d'érosion.
D'autre part la superposition des cailloutis de Bois-l'Abbé
la tourbe n'est nullement certaine. La coupe des teiTains
par le canal, que le service des Ponts-et-Chaussées a bien vouliK^^
me communiquer, ne montre sur le tracé, qu'une seule tourbiè
qui doit par suite être la même que celle qui a fourni les débri
fossiles. Cettii tourbière dont l'altitude est de 36i m., se trouv
à 40 m. au-dessus de la Moselle, à 7 ou 8 m. au-dessous du col.
Elle repose sur des ai^iles jaunes identiques à celles qui couv^en^
le plati^au de Bois-rAl)bé et en continuité avec elles ; elle doi'
donc leur être postérieurtN et par conséquent être également pos
térieui'c à la formation de la nappe de 55 m.
La coupe n'indique pas qu'elle ait été recouverte par des cai
loutis ; ce recouvrement, en admettant qu'il ait eu lieu, s'explique-
rait tout natui^llenient par le ruissellement, phénomène fréquen
toutes les fois que des terrains meubles couvrent les pentes -.
I. Fliche. Sur les limites (luaternaires de Bois-PAbbé, près d'EpinaC
C. H. Ac. Sc.f 3 déc. 188H. — Id. Note sur la flore des lignites..., du nord
est de la France. B. S. G. F., (3), XXV, p. 959.
'2. Je citerai comme un exemple typique le recouvrement des cailloutl
du niveau de '3o m. par les argiles du Lias au col du Mauvais Lieu en
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE S^J
Enfin la position de la tourbière à l'origine même du vallon du
col, prouve qu'elle est postérieure au profil actuel de la vallée :
elle n'eut certainement pas, dans le cas contraire, résisté aux
dénudations qui ont précédé et suivi la formation de la basse
terrasse.
Pour ces divers motifs, je considère la tourbière de Bois-l'Abbé
comme appartenant au Néo-pleistocène, c'est-à-dire comme pos-
térieure à toutes les terrasses ; elle serait par suite séparée de
celle de Jarville (si toutefois celle-ci occupe réellement la place
qui lui a été assignée) par tout l'intervalle de temps qui a néces-
sité : i"^ la formation de la nappe de comblement dont la basse ter-
rasse est un débris, a*" le creusement de cette nappe.
Cette conclusion n'infirme d* ailleurs en rien les considérations
climatolog^ques que M. Fliche a basées sur l'examen de la fiore de
Bois-l'Abbé et que je n ai pas à discuter ici, mais elle montre que
ces considérations ne s'appliquent pas à la terrasse de 55 m. qui
est beaucoup plus ancienne.
4"* Niveaux de cailloutis plus élevés que les précédents
Niçeau de loo mètres.
Au-dessus des trois niveaux précités, il n'existe plus que des
amas irréguliers de galets ne présentant nulle part les caractères
de terrasses. Il est néanmoins fort remarquable que les princi-
paux d'entre eux se rencontrent exclusivement à des altitudes
voisines de loo m.
Les deux plus remarquables en aval d'Epinal sont ceux de
Flavigny et de TErmitage. Au sud de Flavigny (8 kil. sud-est de
Pont-Saint- Vincent) *, les hauteurs qui bordent la rive gauche de
la Moselle sont couvertes de galets roulés, principalement de
quartzites du grès vosgien, auxquels s'associent d'assez nombreux
galets roulés de roches cristallines bien conservées (granités,
gneiss... etc.); les granités feuille morte font défaut. Le limon
forme la majeure partie du monticule situé ti l'ouest de la grande
route et l'altitude réelle du point le plus élevé atteint par les
cailloutis est très approximativement de loo m.
Nancy et Flavigny (Godron. Da passage des eaux et des alluvions anciennes
de la Moselle dans les bassins de la Moselle et de la Meuse, 1877).
I . Feuille de Nancy, carte géologique détaillée. Lambeau marqué P.
La cote 354 a été placée par erreur sur la route; elle s'applique au sommet
du plateau P, comme j'ai pu m'en assurer sur les plans à 1/30.000.
La Moselle sous le grand pont de Flavigny est à 226 m.
3aS DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLERS 3 JnÛ
Au-dessus de la terrasse de 54 ni. de l'Ermitage dont j*a
parlé plus haut, on trouve une deuxième nappe de eaillouti
qui forme le plateau entre la ferme et Saint-Remimont, plateau
dont l'altitude est de 347 ^* * * L'altitude de la nappe est par suit
de loo à io3 m. au-dessus de la Moselle. Indépendamment de
quartzites qui prédominent on y rencontre d'assez nombreo:
galets roulés de micro-granulite et de gi*anite, non altérés. J
n'y ai pas vu de granités feuille morte.
On doit considérer comme appartenant au même niveau le
argiles avec galets quai*tzeux qui couronnent les hauteurs d
la rive droite de la Moselle au-dessus de Châtel, entre ce village
Moriville et Zincourt et s'élèvent jusqu'à l'altitude de io3 m
au-dessus de la rivière -.
On peut également y rattacher les cailloutis exclusivemen
quartzeux qui couronnent le plateau entre Lay-Saint-Remy e
Pagny-sui^Meuse 3. Les galets, qui ont souvent o m. lo degran<
axe, parfois le doulile. s'étendent au sud sur la pente nord du boi
de Pagny et disparaissent brusquement à peu près à la cote 3oo
Plus haut on ne trouve plus que de petits galets très disséminé
et qui correspondent sans doute à des nappes plus anciennes. L
creusement effectué par la Moselle depuis le transport des eail
loutis de Pagny peut par suite être évalué à une centaine di
mètres *.
En amont d'Epinal et jusqu'à Eloyes on ne trouve plus actuelle
ment près de la Moselle aucun dépôt que l'on puisse considère:
comme ayant appartenu à la nappe de loo m. Mais en 1877 01
voyait encore près du soumiet du fort d'Arches, sur la pente est
une petite terrasse de 3 à 4 ni. d'épaisseur formée de couche
alternantes horizontales de sables fins, de graviers et de galet
remarquablement roulés ; quelques blocs de i/a m. c. à i/3 m. c
arrondis ou même roulés de granulite, de gneiss granulitique ei
de granitite à amphibole, étiiient dispersés à la surface, ou mém<
encliâssés dans les alluvions ; des blocs plus volumineux encon
1. Dépôl marqué P sur la feuille de Lunéville de la carte géologiqni
détaillée.
2. Hoci.uiD. Recherches sur les formations erratiques, p. 65 et seq.
3. I^a cote du plateau au nord de la grande route, diaprés le plan â i/!m>.ooo
est (le !i88 m. et non de 299, comme Tindique la carte d'Etat-Major.
4. La suite de cette note démontrera que les pentes de la Moselle n*on
pas sensiblement varié pendant tout le Pleistocène, au moins en ava
d'Epinal.
DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3^9
^^ S^s vosgien détachés des pentes encaissantes leur étaient
a^dsociés. J'y ai noté plusieurs granités feuille morte roulés dont
de o m. ao de grand axe. Ce dépôt a été entièrement exploité ;
ciltitade que j'ai eu heureusement Tidée de déterminer à cette
^ixxjue était de 446 m., soit 90 m. au-dessus de la Moselle K
Cin peut aussi avec une grande probabilité considérer comme
^Pt>^rtenant à un ancien niveau de 100 m. la nappe de cailloutis
«'^ ^euil de Dounoux (S.-O. d*Ëpinal). Le plateau presque hori-
*^'^'t:^ qui forme col entre le Coney, affluent de la Saône, et la
^<^s«Ue, est couvert d'une couche de cailloutis remarquablement
*^'*«-'tifiés, dont l'épaisseur sur quelques points doit atteindre au
"^oins i3 à 14 m. Les galets, généralement petits (exceptionnelle-
^■^^n^t ao à 3o c.) proviennent des Vosges ; les granités abondent
*^ Sont en bon état de conservation ; je n'y ai jamais rencontré de
P*^ïxites feuille morte. L'altitude du seuil étant de 4^^^ ™- et la
Moselle à Arches, situé à 8 kil., étant à la cote 34^,75, on voit que
*© opeusement qui s'est effectué depuis le dépôt des cailloutis de
I^oixiioux peut être évalué avec une très grande approximation
^ tine centaine de mètres - ; par suite, il est logique de les rap-
P^>i^er au même niveau que les précédents. L'absence des granités
^^^îlle morte semble indiquer que ces cailloutis sont le produit
^ ^^ne rivière vosgienne autre que la Moselle et qu'il est impos-
**l>le de préciser actuellement.
J'ajouterai que le seuil de Dounoux ofifre un remarquable exem-
P*^ de l'effet produit par la décapitation d'un cours d'eau. Le
^--oney privé des eaux vosgiennes, a créé en aval du seuil un lit
l^^ofond et étroit, dont les pentes se relèvent rapidement vers le col.
En résumé, entre Toul et les Vosges, il y a des traces très nettes
^ ^Mie nappe de 100 m. environ ; cette nappe n'a pas jusqu'à pré-
fourni de galets provenant des ballons d'Alsace et de Ser-
"^^nce, sauf près du fort d'Arches.
^ii^eaux supérieurs à 100 mètres.
Au-dessus du niveau de 100 m. on ne rencontre plus que des
ST^lets isolés, dispersés à la surface du sol, ou encastrés dans des
«assures du substratum remplies de limons ai^ileux provenant de
^ dissolution des calcaires ; leur grand axe dépasse rarement
^iia. ao.
^ . Le saut du Broc se trouvant un peu en aval, raltitude de ce dépôt est
^ *^alité de 100 m., si Ton effectue la correction indiquée plus haut,
^* La pente de la Moselle est de 0,002.
33o DE LAMOTHB. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES YALUbSB 3 Jl
D*après le capitaine du génie Bois qui a dirigé d*importe
travaux de captation d'eau dans la forêt de Haye, des galets
quartzite et de grès couvrent les légers bombements de tous
points culminants, mais semblent concentrés au voisinage <
vallées delà Meurthe et de la Moselle ^ A a,4<>o Q^- ^^ nord
Ckaligney (près Pont-Saint-Vincent), ils atteignent la cote 417 *
est un des points culminants de la forêt, et se trouvent par suit
aoo m. au-dessus de la Moselle, cotée ai^, à Pont-Saint- Vincent
ils y remplissent des poches du Bathonien ; leur volume vi
depuis la grosseur d*un œuf de pigeon jusqu'à celle du poii
quelques-uns dépassent ces dimensions : le plus gros était un g
siliceux de o,a8 de g^nd axe.
Les mêmes galets se retrouvent dans les carrières à Touest
Nancy à 160-170 m. au-dessus de la Meurthe ; ils abondent p
de la ferme Sainte-Catherine ^. Husson en a signalé dans le bois
Romont, près Toul, à la côte 876 * ; enfin Buvignier les a obser
dans la Meuse, il y a 5o ans, jusqu'à aoo m. au-dessus du thalw
En dehors des galets de quartz, de quartzite et de grès silici
qui sont de beaucoup les ])lus nombreux, on a trouvé quelqi
rares galets granitiques et même des sables granitiques (Meu
forêt de Haye) ^.
Ces traînées de galets ne se rattachent à aucun niveau, et e'
seulement par analogie, et en se basant sur les observatii
faites dans la basse Moselle, que Ton peut, ainsi qu on le ve
plus loin, déterminer leur véritable signification.
B. — La Moselle en aval de Hetx
Bien que je n'aie pas eu Toccasion de parcourir la vallée d<
Moselle en aval de Metz, il m*a paru utile et même nécessaire
dire quelques mots des études faites par les géologues allemai
dans la basse Moselle et d*en comparer les résultats à cf
obtenus dans la haute vallée.
Ces études qui ne portent, à ma connaissance du moins, que i
la partie comprise entre Metz et Schweicli (en aval de Trêves), su
de valeur très inégale. Les plus anciennes datent d*une époque
I. Je dois ces renseignements à Tobligcance de M. le capitaine Bois.
3. L'autre point culminant de la forêt est au Camp Romain, à 4^
d*altitude, près de Ludres.
3. Blbicher. Guide du géologue en Lorraine, p. 197. — BulL Soc, bi
géolog., Xlll. 1899, p. 9a, 93, i(x5. Voir aussi ma note de 1897, page 394.
4. HrssoN. Origine de Vespèce humaine dans les environs de Tout,, x)
— La côte 3^6 est à 180 m. au-dessus de la Moselle prolongée vers Pag
5. BuYiGNiiiR. StatisL géolog. de la Meuse, i85a. — Blbichbr, op. cit.
igol DR l'iSSER, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 33l
les questions concernant les terrasses n'avaient pas encore éveillé
l'attention ; le plus souvent, les observations de cette époque sont
trop peu précises pour qu'il soit possible d'en tirer parti. Tel est le
cas dés feuilles et notices de la Geologische specialkarte Qon
PreuBsen und der Thùringischen staaten ij 26.000 — 1880 *,
de la Geolog, ùbersichtskarte des Westlichen Deutsch-Lothringen
1 180,000 — 1886 et môme de la feuille et notice de Sierck de
la carte géologique d'Alsace-Lorraine à l'échelle de i/aS.ooo éditée
en 1889.
Les seuls travaux réellement utilisables sont ceux que Grèbe a
publiés à partir de i885 et notamment les notices et cartes de
Trêves, Welschbillig, Schweich et Pfalzel 2.
L'auteur y a signalé l'existence de six niveaux de terrasses ou
de cailloutis qui sont les suivants :
6* niveau i5 à 20 m.
5' — 3o m. environ.
4* — 40 à 5o m.
3* — 100 m.
a' — i3o à i5o m.
I" — aoo m. environ.
D'après les cartes, des limons argileux semblent particulière-
ment développés sur les 12% 3* et 4* niveaux ^,
Il est impossible de ne pas être frappé de Textraordinaire con-
cordance qui existe entre cette série et celle de la haute Moselle,
da moins entre i5 et 100 m. Nous retrouvons dans cet intervalle
le même nombre de niveaux à des altitudes presque identiques.
Il n'y a discordance que pour le 4* niveau dont les limites dans la
basse Moselle sont comprises entre ^o et 5o m., tandis qu'elles
varient entre 5o et 60 ni. dans la haute Moselle. Mais il suflit de
faire le relevé sur les cartes précitées de tous les lambeaux
rapportés par l'auteur à ce niveau pour constater que, dans la
réalité, leurs altitudes sont pour la plupart comprises entre 45 et
56 m. On ne doit pas perdre de vue, d'ailleurs, que ces lambeaux
1. Feuilies de Perl, Beuren, et Wincheringen.
2. Erlaûterungen zur geolog. Specialkarte von Preussen. . . . 1/2,5.000.
Blâtt. Trier, Weischbillig, Schweich und Pfalzel 1892. — La fenille Schôn-
berg publiée en 1898 ne renferme qu'un tout petit lambeau du cours de la
Moselle et n'apporte aucune donnée nouvelle.
3. Je crois devoir faire quelques réserves sur la valeur des niveaux de 3o
et de 200 m. qui ne me paraissent pas concorder tout à fait avec les indica-
tions fournies par l'examen des tracés, et qui, en tous cas, ne sont repré-
sentés que par un trop petit nombre de lambeaux pour que leur existence
puisse être considérée comme certaine dans les limites des feuilles publiées.
332 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Joio
sont situés dans une vallée très étroite, qu'ils ont été ponrla plu-
part très dénudés et qu*en outre ils sont couverts de limons : la
détermination précise de la limite supérieure des cailloutis est
donc le plus souvent très difficile, sinon impossible.
En ce qui concerne l'absence dans la haute Moselle des i^^^ et a^
niveaux (aoo m. et i3o-i5o m.) nous verrons dans le chapitre V que
l'extension vers l'amont des nappes alluviales régulières formées
sous l'influence des variations du niveau de base, dépend de l'exten-
sion dans cette direction du profil d'équilibre. Si, à l'époque où les
nappes correspondant aux deux premiers niveaux se formaient
à Trêves, le profil d'équilibre ne remontait pas en amont de cette
ville, les alluvions que la Moselle déposait au même moment
dans la région de Toul ne pouvaient avoir aucun lien avec elles ;
les débris de ces alluvions que nous rencontrons à Toul jusqu'à
aoo m. au-dessus du thalweg, représenteraient simplement, dans
ce cas, le travail de régularisation du cours de la rivière.
Mais il me paraît très vraisemblable qu'il n'en a pas été tout
à fait ainsi, et que déjà à l'époque du niveau de aoo m. la Moselle
devait avoir à peu près conquis son profil d'équilibre jusqu'au pied
des Vosges, c'est-à-dire jusqu'au voisinage d'Eloyes.
En effet, on remarquera tout d'abord que le parallélisme des
terrasses des divers niveaux enti*e 20 m. et 100 m. jusqu'en amont
d'Epinal, prouve qu'à l'époque du niveau de loo m., la zone
du profil d'équilibre s'étendait au moins jusqu'à Arches, et que
les pentes de ce profil y étaient déjà réduites au minimum compa-
tible avec les conditions topographiques et hydrographiques,
puisqu'elles n'ont subi que des changements peu considérables
depuis cette époque sur une étendue de plus de 5oo kil. à partir
du niveau de base. Cette précocité de l'évolution de la Moselle ne
surprendra pas, si l'on réfiéchit qu'elle est simplement la consé-
quence de la très faible inclinaison du bassin, à partir des Vosges :
la pente générale, en effet, atteint à peine 0,0008, et est par suite infé-
rieure de plus de moitié à la pente actuelle de la rivière à Charmes.
Mais, s'il en était déjà ainsi à l'époque du niveau de 100 m., il
est bien difficile de ne pas admettre que le profil d'équilibre était
également réalisé antérieurement quoique peut-être avec des pentes
un peu plus fortes. Le contraire serait d'autant plus surprenant que,
pour conquérir son profil d'équilibre jusqu'à Trêves, à l'époque des
deux niveaux les plus anciens, la Moselle a dû creuser son lit dans
les roches très dures du Dévonien, tandis qu'au même moment, en
amont de Sierck, elle n'avait qu'à affouiller et à dénuder les
couches en général peu consistantes du Trias et du Lias.
DB LAISSER, DE LA MOSELLE» DU RHIN ET DU RHÔNE 333
X^'^li.ypothèse de Textensioii des deux plus anciens niveaux jus-
^'^^«itxx environs d^Epinal, et peut-être même plus en amont jus-
ï^^^^.11 pied des Vosges, se présente donc comme très vraisemblable,
^^ on peut en conclure que les cailloutis de Toul et du plateau de
**-^ye représentent les débris de ces deux anciennes nappes. Leur
*^^tiruction plus ou moins complète dans la haute Moselle, leur
^^^^^servation dans la basse, seraient en connexion avec la nature
terrains traversés par la rivière et ses affluents.
— En résumé, on trouve dans la Moselle, en dehors
Tosges, six niveaux de cailloutis qui sont les suivants :
i" niveau 200 m. environ (basse Moselle).
a* — i3o à i5o m. id.
3* — 100 m. (haute et basse Moselle).
4* — 4^ à ^ n^* (basse Moselle), 5o à 60 m. (haute Moselle).
5* — 3o m. (haute et basse Moselle).
6' ~ i5-ao m. (basse Moselle), au m. (haute Moselle).
altitude relative du 4^ niveau dans la haute Moselle, parait
un peu plus forte que dans la basse Moselle,
s 4*> 5* ®t ^ niveaux sont plus ou moins emboîtés ; les cail-
s des a», 3« et 4* sont fréquemment recouverts par des limons
eux (lehm) ; il n'y a pas de vrai lœss *.
E^ans l'intérieur du massif vosgien, il n'y a pas de traces nettes
terrasses régulières, et il est actuellement impossible de ratta-
les lambeaux de cailloutis qu'on y observe aux niveaux
-vosgiens.
Je montrerai dans le chapitre IV que la comparaison de ces
mées avec celles fournies par Tétude des autres bassins, con-
^^it à admettre, à partir du niveau le plus élevé, une série de
les d'érosion, séparées par des périodes de remblai, le plus
m remblai datant du Pliocène supérieur.
début, la haute Moselle et ses aflluents ont coulé, en dehors
Yosges, et à fortiori dans V intérieur du massif, à un niveau
^^ îioo m. au moins plus élevé qu'aujourd'hui. En même temps,
*^s cours d'eau ont subi de grands déplacements horizontaux,
^^mme le prouve ce fait que la haute Moselle actuelle n'est bordée
***^ Une partie de son cours que par des hauteurs à peine supérieu-
^^® ^ loo m. couvertes de cailloutis de ce niveau.
C'est pendant cette première période que se sont produits les
^uangements de cours les plus importants, les uns dans l'intérieur
^- Lbpsitjs. Geolog. von Deutschland, I, p. aaS.
334 ^^ LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Joill
des Vosges (passage de la Moselle par la dépression d'Bcromagny,
puis par Bellefontaine) S les autres en dehors de Tlle vosgienne.
Je ne dirai rien des premiers dont Tâge reste très problémati-
que pour les raisons indiquées plus haut. Parmi les derniers, je
citerai le passage des eaux vosgiennes par Dounoux à l'époque
probablement du niveau de loo m., et à la même époque leur
passage par le col de Foug. L'écoulement vers la Meuse a même
dû commencer beaucoup plus tôt, peut-être déjà à Tépoque du
niveau de 200 m. ; en tous cas, il a cessé avant la formation de
la nappe de 5o-6o m. dont les matériaux ont été incontestable-
ment charriés par la Moselle.
On conçoit que pendant ces divagations du cours d*eau, de
vastes ablations horizontales aient eu lieu dans Vintérieur du
bassin, facilitées par la faible résistance des roches du plateau
lorrain. Ce sont ces érosions qui ont fait disparaître sur le plateau
de Haye les assises jurassiques depuis le Bajocien jusqu'au Rau-
racien, et y ont apporté les galets vosgiens que Ton y rencontre '.
Leur transport s'explique naturellement par l'approfondissement
progressif du lit, et il n'est nullement nécessaire de recourir
à l'hypothèse d'un plan incliné partant du sommet des Vosges.
Cest probablement à l'époque du niveau de 3o m. que s'est
formé, à la suite de mouvements orogéniques et dans des condi-
tions encore très obscures, le grand lac qui a occupé la vallée de
la haute Moselle, en amont d'Eloyes ^. Cette période lacustre a
du être relativement courte puisque déjà à l'époque de la nappe
de ao m. la Moselle avait coupé le comblement du bassin entre
Remiremont et Noir-Gueux, et que ses alluvions traversant la digue
contribuaient à l'édification de cette nappe.
Comme dernière conclusion j'ajouterai que les faits observés
conduisent à abandonner définitivement le diluvium à galets
quartzeux de Hogard ^. Les éléments granitiques paraissent avoir
existé dans toute la série des terrasses de la Moselle et lorsqu'ils
font localement défaut, on est en droit d'attribuer leur absence
soit à l'altération des granités, soit à l'insuffisance des coupes.
i. de Lamothb. Op. cit., 1897, p. 437 et planche.
3. Voir à ce sujet Blbigiibr. Guide du géologue en Lorraine y p. 87 et seq.
— Bull, de la Soc, belge de géologie, XIII, 1899, p. i8a et seq.
3. de Lamothb. Op. oit , 1897, p. 398-412 et carte.
4. de Lamothb. Op. cit., 1897, p. 39a-398 et 417.
igot DE LAISSER, DE LX MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 335
II. — Vallée du Rhin près de Bâie
Dans la vallée du Rhin, les seuls travaux utilisables actuellement y
en raison de leur précision, sont, à ma connaissance du moins,
ceux que les géologues suisses ont consacrés aux régions en amont
de Bâle. Toutefois, il y a lieu de remarquer qu'en amont de Rhein-
felden le Rhin n'a pas réalisé ou retrouvé son profil d'équilibre et
qu^en outre la présence des glaciers et des limons rend, en général,
très difficile la détermination rigoureuse des niveaux. D'autre
part, en aval de Bàle, la plupart des terrasses plongent d'une façon
anormale vers la plaine d'Alsace, et ne tardent pas à disparaître,
ce qui semble indiquer que la plaine du Rhin a éprouvé des mouve-
ments propres et a été le théâtre de phénomènes qui ont inter-
rompu la continuité des terrasses et modifié leurs relations.
Dans ces conditions on est amené à limiter les recherches aux
environs immédiats de Bâle, où heureusement les terrasses et
niveaux de cailloutis sont remarquablement développés et for-
ment une série qui parait complète.
Du Pasquier * , dans les mémoires où il a étudié les formations
fluvio-glaciaires du nord de la Suisse, n'avait signalé que trois
niveaux qu'il considérait comme étant en connexion chacun avec
une glaciation : une basse terrasse de 28 m. à Bâle, de 35 m. vers
Turgi, en relation avec les moraines de la dernière extension
(moraines internes) ; une haute terrasse de 90-100 m. en relation
avec les moraines du maximum d'extension (moraines externes) ;
enfin, un niveau à éléments fréquemment altérés (lœcherige
nagelfluh, Deckenschotter) de 180-aoo m., représentant les pro-
duits d'une glaciation plus ancienne.
M. Gutzwiller - qui s'est plus particulièrement occupé des envi-
rons de Bâle, y a reconnu cinq niveaux qu'il a étudiés et définis
dans un travail remarquable par sa clarté et sa précision et qui
devrait servir de modèle aux géologues trop nombreux qui n'étu-
dient les terrains de transport qu'au point de vue des formes
extérieures et sans tenir aucun compte de leur composition.
Je vais exposer rapidement les conclusions auxquelles conduit
l'examen des travaux de ces deux géologues, et je chercherai à
déterminer d'une façon plus précise encore, s'il est possible, le
I. du Pasquier. Die JluviogLacialen abUig'erungen der Nord Scluveiz^ ^^91.
— 1d. Les alluvions glaciaires de la Suisse {Archives des se. phys. et nat.
de Genève, 1891).
a. Gutzwiller. Die diluvialàiidungen der Urngebung von Basel, 1896 —
Consulter aussi : du Pasquier, Pengk et BrCckmbr. Le système glaciaire des
Alpes f 1894.
336 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 JuL
nombre et les altitudes relatives des différents niveaux de cailloui
des environs de Bftle.
A. — Basse terrasse,
A Bàle, d*après le tableau de du Pasquier S la basse terrasi
de la rive gauche est ù a8 m. au-dessus du Rhin ; mais, en réalit»
ce nombre doit être porté à 3i m., le niveau moyen du Rhinéta
de a49 ^^ ^^^ ^^ ^^^ ^^* '• Cette altitude relative semble se maint
nir à peu près constante jusqu'à Koblenz, c'est-à-dire que pcnda~
6!2 kil., la terrasse reste sensiblement parallèle au Rhin (3i m.
Sâckingen, 3o m. à Koblenz).
M. Gutzwiller a, il est vrai, indiqué pour la terrasse de B^k^ -Je
un nombre plus fort, 36 m. au lieu de 3i m. La différence pi
vient de ce qu'il n'a pas cherché à éliminer l'influence des côn^
de déjection de la Birse et de la Birsig, dont du Pasquier a te^crr^BQ
compte ^, Le nombre donné par du Pasquier, rectifié comme il
vient d'être dit, doit donc être préféré à celui de M. Gutzwillc t»
du moins pour une étude comparative.
En amont de Bs\le, la basse terrasse est formée, par places,
deux gradins ; il y a un niveau bien cai'actérisé de i5 à ao m —
Rheinfelden et à Schweizerhalle au nord-est de Muttenz ^.
En aval de B;\lc, les divers gradins de la basse terrasse s'ab^»-^^
sent rapidement et disparaissent successivement; il n'y enu &
plus de traces à Breisach.
B. — Haute terrasse.
D'après M. Gutzwiller ^ les collines au sud et au sud-ouest
BiMe sont couvertes de puissantes nappes de cailloutis qui form
au-dessus de la basse terrasse quatre gradins distincts. Les d<
plus élevés devant être considérés comme du Deckenschotter^
ne nroccuperai dans ce paragraphe que des deux autres.
a. Gradin supérieur. — Le plus élevé de ces deux gradins c^ ^^^
respond à la haute terrasse de du Pasquier. Il n'existe pas ^^
aval de Bàle ; mais près de cette ville on l'observe au Bruderb^^^^
et au Rfitihard où il s'élève à 35o m. (99-101 m. au-dessus du RhS ^^^^'
En amont l'extension de ce gradin a été déterminée par du PasqiB^
qui Ta signalé en particulier à Pratteln (98 m.), à Gibenach, en.
Wallbach et Môhlin, entre Koblenz et Rietheim (93 m.), à Zweidl^*^*
dans le Klettgau et dans le Rafz ^.
I. du Pasquier. Die fluvioglac, p. 12.
2. (fUTZWILLEH. Op. cit.. p. 58.
3. du Pasquikr. Op. cit., p. 14.
4. Observation personnelle.
5. GrxzwiLLER. Op. ci t. y p. 558 et seq., p. 675.
6. du Pasquier. Die Jhiviogl., p. 35-45-46. Les ail. glac., p. 58.
DE l'iSSER, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RUÔNE 33^
■adin inférieur. — Le gradin iRférieur se montre sur la
iche du Rhin près de B&le au pied de la pente nord du
lolz, à Gundeldingen et à St. Margarethen ; on te sait
Ulschwyl ; un peu au nord il s*abaisHe rapidement et
t sous la basse terrasse en aval de Sierenz <.
i rive droite, on le i-etrouve à Wyhlen - et à Ôtlingen ; il
lire défaut plus au nord.
lont de Bdle, on n'a pas encore signalé son existence, à ma
Mnce du moins; je ne serais pas surprisqu'une i^tude de détail
upes favorables permissent un jour d'en retrouver les traces.
fort remarquable que l'altitude relative des dilTérents
IX de ce gradin soit sensiblement la même, bien qu'ils
iparés par la lai^e vallée du Rbin et par des distances qui, .
ve droite, s'élèvent à 9 kil. En elTet l'altitude absolue est
a. à Wyhlen, de 3o4 à AUschwyl, de 3oo m à Ôtlingen. A
jarethen, les cailloutis de ce niveau ne m'ont pas paru
r 3og m-, nombre qui est même probablement un peu fort.
(ulte que, si l'on prend les altitudes par rapport au Kliin,
'e qu'elles sont toutes comprises entre 56 et 60 m. •*.
Ltzwiller considère ce gradin et le précédent comme appar-
308 deux à la haute terrasse, bien qu'actuellement le pied
in de 100 m. soit séparé de la surlace supérieure du gradin
. par des affleurements tertiaires.
ckenachotter.
ecbenschotter des environs de BAle appartient, d'après
:willer, & deux niveaux :
ns récent (jûngcrer Deckenschotter) comprend les cail-
î Rbeinfelden, Mônchenstein, Wenzweiler, Sclionenbuch '.
bs les données de l'auteur et celles de du Pasquicr, on
nettre que l'altitude relative de la partie supérieure de ces
IX est comprise entre i3o et iTio m. ".
:wiu.KR. Op. ri(., p. .»S.
:wiuxfi. Op. cit., p. .)l>»^i.
I vis-à-via Wyhlen a54, à Uâle af^, à AUschwyl, en le supposiint
dana cette direction : a',7 m., ris à vîb d'Otlingcn sj-î m.; ullitudes
corrvBpondojites : ^7, 60, .17, 54>
deux gradins les plus élevés dont il a été fait mention précéduni-
■opos de la haute terrasse appartiennent h ce niveau.
'.wiLUiR, Op. i-d , \i. ftM; ft ."ml, -- du Pasquif.ii, diejliii'io/flne , p ;}.
afelden les cailloutis du Biiotie s'élèvent à !ii)H m.; un sud de Kânzeli
Be^). j'ai constate lu prêsi'iice de trè» nombreux petits galets
t de ce niveau jum|U'ù lu ente {07 (entre les votes '(ii3 et .'iiN); au-
n'y a plus que ilu lehni. L'altitude relative des euilloutis <le Etliein-
rail par suite comprise enti'e l'ih et i4t, le Khiii étant il :i6!).
Jieiistein les cailloutis s'élèvent à environ 4no d'après M. GulzwiUer;
libre ipot. — T. I". Bull. Soc. Géol, Fr. — aa
338 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
Le plus ancien (oberelsâssischer Deckensehotter) comprendrait
les cailloutis les plus élevés du Sundgau, notamment ceux d'Ober-
hagenthal (ait. 5so m. soit a^o la. au-dessus du Rhin prolongé).
M. Gutzwiller considère ces derniers comme contemporains
des cailloutis de Test de la Suisse et comme un produit fluvio-
glaciaire de glaciers qui occupaient Touest de la Suisse et s'avan-
çaient jusqu'au voisinage de Bâle. Les cailloutis de Rheinfelden
sont le produit d'une glaciation plus récente, antérieure toutefois
à celle de la haute terrasse.
Si j'ai bien compris les idées de M. Gutzwiller, il semble que la
succession des phénomènes qui se sont accomplis dans la vallée
du Rhin près de Bâle, à partir de la formation du plus ancien
Deckensehotter ait été, dans ses grandes lignes, la suivante :
Pendant une première glaciation, les glaciers de l'ouest de la
Suisse ont accumulé les cailloutis les plus élevés du Sundgau ;
le Rhin s'écoulait alors vers le bassin de la Saône et, comme nous
. le verrons plus loin, son altitude devait être de aoo-si3o m. environ
plus élevée qu'aujourd'hui ^
La retraite des glaciers a déterminé un creusement général qui
a dû atteindre une centaine de mètres ; en môme temps, un
affaissement de la région entre la Forét-Noire et les Vosges obli-
geait le Rhin à abandonner la direction du sud-ouest et à se
diriger vers le nord.
Une nouvelle glaciation a amené la formation du 2« niveau du
Deckensehotter ; elle a été suivie de la retraite des glaces et d'un
creusement qui a amené les vallées à une profondeur très voisine
de celle qu'elles ont actuellement.
Puis ont eu lieu successivement la grande glaciation de la haute
terrasse (3> glaciation) qui a déterminé un remblai de loo m., la
retraite des glaces et le creusement des vallées jusqu'au niveau
actuel, une nouvelle invasion des glaciers (4® glaciation) avec rem-
blai de 3o m. (basse terrasse), enfin leur retraite définitive.
On voit que, contrairement à ce qui s'est passé dans Tisser, il
y aurait eu après les cailloutis de i3o-i5o m. creusement presque
Je les ai suivis dans les vignes près de Grut jusqu'à 393. L'altitude relative
est donc de 139-146 m. par rapport au Rhin coté 2154.
I. Je crois devoir faire ici quelques réserves sur cette théorie en ce qui
concerne la vallée du Doubs. J'ai pu récemment constater l'identité des caillou-
tis des forêts de Chaux et d'Arne, y compris ceuic d'Azans, avec ceux du Sund-
gau : j'ai notamment retrouvé sur ces divers points les silex à Radiolaires et
les quartzites gris verdàtres caractéristiques des dépôts du Sundgau; l'origine
rhénane de ces cailloutis n^est donc pas douteuse. Mais je crois leur âge beau-
coup plus récent et les circonstances de leur formation un peu différentes.
Je traiterai cette question dans une note spéciale.
igOI DE LAISSER, DB LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE ^Aq
total de la vallée, remblai de loo m., déblai, formatioii du remblai
de 3o m. et enfin établissement dn régime actuel ; la basse terrasse
se trouverait par suite presque complètement emboîtée dans la
haute» totalement même d'après du Pasquier, tandis que dans
risser elle n*est emboîtée que dans la moyenne terrasse.
Je démontrerai dans le chapitre lY qu'il est impossible d'admet-
tre dans son intégrité cette succession de phénomènes, et que
notamment le creusement après le niveau de i3o-i5o m. n'est pas
descendu au-dessous de 60 m., quil y a une moyenne terrasse
indépendante de la haute et enfin que la basse terrasse n'est
emboîtée que dans la moyenne.
En résumé, les terrasses et niveaux de cailloutis des enoirons
immédiats de Bâle forment une série très nette qui est la suivante :
Traces d^une terrasse de i5 à 20 m. (emboîtée dans celle de 3i m.).
Terrasse de 3i m. (basse terrasse).
Terrasse de 56 à 60 m. (gradin inférienr de la haute terrasse de
« M. Gntzwiller).
Terrasse de 99 à loi m. (hante terrasse).
Terrasse et cailloutis de i3o à i5o m.
Enfin, au-dessus de ce dernier niveau, on trouve dans le Sundgau
des débris d'anciennes alluvions dont l'altitude actuelle au-dessus
du Rhin s'élève à environ 270 m. Mais cette altitude est certai-
nement supérieure au creusement réellement effectué depuis
cette époque. Pour s'en rendre compte, il suflit de remarquer que
leurs divers lambeaux semblent avoir fait partie d'une nappe ou
plutôt d'un cône de déjection qui s'abaisse rapidement vers le nord
et le N.-O. (490 m. à Betllach, 460 à Volkensberg) *. La compa-
raison des pentes Irchel-Oberhagenthal d'une part, Rheinsberg-
Mônchenstein-Schônenbuch d'autre part, conduirait à une con-
clusion analogue. On peut donc, je crois, considérer comme assez
probable que le niveau du Rhin contemporain de la formation de
ces cailloutis ne devait pas s'élever à beaucoup plus de aoo-a3o m.
au-dessus du niveau actuel.
III. — Vallée da Rhône près de Valence
M. Depéret qui a fait pour le Service de la carte géologique
détaillée (feuille de Valence) une étude minutieuse et approfondie
des anciennes terrasses du Rhône et de l'Isère ^ les a classées
ainsi qu'il suit, en commençant par les plus récentes :
I. GuTzwiLLBR. Op. cit., p. Ô78 ct 58o.
a. Voir aussi Bnllelin des services de la carte, tome VIU, p. ii5 et tome VI,
p. 8a.
34o DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Jliin
6. Basse terrasse, dite de Valence. i5 àaom.
5 . Moyenne terrasse, dite de Romans. 4o à
5o m. au dessus de Tlsère et du Rhône.
Fleistocàxb. . s 4. Hante terrasse, dite du Séminaire de
Valence, de ao à 3o m. plus élevée que
les précédentes.
3. Niveau de caiUoutis de 90 m.
Pliocknb. . . ( a. Id. i3o à i5o m.
I. Id. 2)00 et au-delà.
L'examen sur le terrain de ces divers niveaux, m'a conduit à
apporter à cette série quelques modifications de détail que je
vais indiquer bi*ièvement.
i*" La basse terrasse de Valence est à ai m. au-dessus du Rhône K
Ce relief ne varie pas sensiblement entre Valence et Tain ; car
le plateau de St-Georges présente à peu près la même altitude
relative. La pente de la basse terrasse est donc, dans cette région,
très voisine de celle du Rhône qui est de 0,00067.
La terrasse de Romans est à 168 m. d'altitude absolue, soit
Sa m. au-dessus de l'Isère - ; sa surface se relève rapidement vers
le nord par suite de la présence d une série de cônes de déjection
formés par les torrents de la rive droite. Si Ton suit la terrasse sur
la rive gauche, où les torrents n'ont joué qu'un rôle négligeable
on voit son altitude relative diminuer progressivement ; elle n'çst
plus que de s5 m. à Pont de l'Isère ^, ce qui con*espond à une
pente de o,oo!2i. Un peu au sud du château d'Armoillet, la ter-
rasse cesse brusquement à la cote i3o environ ; toute sa partie
aval a été emportée par la dénudation ; il est évident qu'en raison
de sa pente, elle devait à peu de distance atteindre le niveau
de la terrasse de Valence. On remarquera, en outre, qu'à hauteur
d'Armoillet, la terrasse est dominée vers l'est par un plateau qui
fait partie de la nappe d'Alixan dont je parlerai dans un moment :
la terrasse de Romans occupe donc ici la même position que celle
de Valence par rapport à la terrasse du Séminaire. Sur la rive
droite la terrasse de Romans se termine brusquement au-dessus
du Rhône par une falaise de i5 m. que l'on peut suivre depuis
Tain jusqu'à Pont de l'Isère.
I. Repère de la statue de Championnet laS m. 378. Rhône à l'étiage 109 m. 63.
Repère de la cathédrale, i3(>,83. — Repère de la gare, la^t'O- — Repère du
polygone, ia6,i7. On ne doit pas perdre de vue qu'une partie du tertre de la
vieille \ille doit sa surélévation d'ailleurs très faible à faction de Thonime.
a. C'est la cote du plateau à l'est de la gare. Repère de la gare 167 m. 5o.
L'Isère est à i36 m. sous le pont de Romans.
3. Cote du confluent de lîsère : io6,5. Pente entre le confluent et Romans,
o,oui3. *
igOT DE l/lSSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3^1
Ces faits et Texamen du terrain ne laissent aucun doute sur
Fidentité de formation et d*ftge des deux terrasses de Valence et
de Romans : elles représentent toutes deux les débris d'une nappe
dluviale qui a remblayé au même moment le fond de l'Isère et du
Rhône. Lorsque la période de creusement est arrivée, le Rhône dont
le profil d*équilibre était à peu près atteint s'est abaissé de quan-
tités égales entre Tain et Valence, tandis que l'Isère s'est encaissée
le quantités croissantes de l'aval vers Tamont. La formation de la
falaise de Tain-Pont de l'Isère est un phénomène normal « qui se
produit toutes les fois que le cours d'eau principal vient creuser,
en se déplaçant, les cônes de déjection de ses affluents (fig. 17).
a* Au-dessus de la terrasse de Valence (fig. 9) on trouve la ter-
rasse du Séminaire dont le bord est à 4^-4^ ni- au-dessus du
'f^ FUttean
Semumire p,^^^^ d'jilLran ''''^""'^ijornans
#,, r .^# '*J^ »*«*
^^^ jùteim Ut de llsère ^^o^* dfFomMnà ^
du loum.
Pis?' 9» — Coupe entre Valence et Romans.
Echelle approximative des longueurs : i millim. pour 173 mètres.
, Terrasse de Valence ; B, Terrasse du Séminaire ; C, Terrasse des
Bayanins : D, Terrasse de Romans : m, Mollasse marine.
:^Ane *. C'est l'extrémité d'un ancien lit de l'Isère qui forme la
cûne d'Alixan en remontant vers le nord avec ime pente de
3030. Il se termine au-dessus de l'Isère, près de Romans, par
i^^ falaise qui, aux Bayanins, domine cette rivière de 53 m. La
terrasse des Bayanins est l'équivalent dans l'Isère de la tentasse
i^ Séminaire.
3— Sur le massif moUassique qui s'étend entre Chateauneuf
ire et Saint-Marcel, on trouve deux autres nappes : la i"^*,
de la carte) remarquablement conservée, forme le vaste pla-
de Foullouse, à 194 d'altitude, soit 88 m. au-dessus du Rhône ;
îi« (pib)^ très morcelée, atteint au Télégraphe la cote 347' ^o^t
^ m. au-dessus du Rhône.
^•* Enfin, j'ai constaté l'existence à Glun et au pied du plateau qui
^t«nd entre les Aiguilles et les Robins (rive gauche de l'Isère)
* 'iiic terrasse basse de 7 à 8 m.
1. Repère du Séminaire sur la route de Chabeuil, 146 m. 717. La nappe de
tiïlloQiis s*élève à a m. plus haut.
34^ DE LAMOTHK. — SYSTÈMES DE TERRASSEE DES VALLÉES 3 Juin
En résumé les environs immédiats de Valence offrent nne suc-
cession de terrasses d*une remarquable netteté, comparables à ce
point de vue à la série de Bàle ou à celle de Tisser, et dont les
altitudes par suite de circonstances particulières peuvent être
déterminées avec une rigoureuse exactitude. La série de ces ter-
rasses est donnée par le tableau ci-dessous : j'ai placé en regard
celle de la carte, pour montrer que le désaccord ne porte en réalité
que sur l'individualité des terrasses de Romans et de Valence.
SÉRIE DONNÉS
par la Carte géol. détaillée
pour rensemble
de la feaiUe de Valence
Basse terrasse ou terrasse
de Valence i5-a5 m.
Moyenne terrasse ou ter-
rasse de Romans^ de
40 à 5o m. au-dessus du
Rhône et de Tlsère.
Haute terrasse ou ter-
rasse du Séminaire de
ao ou 3o m. plus élevée
que les précédentes.
Niveau de cailloutis de
90 m.
Niveau de cailloutis de
i3o-i5o.
Niveau de cailloutis de
aoo m. et au-delà.
SÉRIB RÉSULTANT
des considérations
qui précèdent dans les
environs immédiats
de Valence
Terrasse de 7 à 8m. àGlun,
au pied des Robins.
Basse terrasse de Valence
de 91 m. . au-dessus du
Rhône , ayant pour
équivalent dans T Isère
la terrasse de Romans
(3a m. au-dessus de
l'Isère à Romans).
Terrasse du Séminaire de
Valence (45-46 m. au
dessus du Rhône), ayant
pour équivalent à Ro-
mans, la terrasse des>
Bayanins (53 m. au-des-
sus de risère).
Cailloutis du plateau de
FouUouse à 88 m.
l(
Niveau de cailloutis de
i38 m.
Obskrvations
Les deux terrasses
basses sont em-
boîtées.
On verra dans le
Chap. IV que
cette terrasse est
en réalité une
moyenne ter-
rasse.
Ce niveau corres-
pond comme on
le verra à la
h** terrasse du
Rhin et de Tisser.
Ce niveau n'est
pas représenté
dans les envi-
rons immédiats
de Valence.
igoi
DE l'iSSER, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE
343
Chapitre IY . — Comparaison des résultats et conclusions
En relevant par vallée et en disposant dans des colonnes paral-
lèles toutes les terrasses signalées dans les chapitres I et III,
on obtient le tableau suivant :
vallAb
VAIXiK
09
VAIXÉB
N-
DB
DB LA
s -
DU RUdNB
des
L*ISSBR
MOSBLLB
Ni
<
A VALBNGB
OBSERYATIONS
NIVBAUX
Plages
Terrasses
En
amont
de Met2
Pr«s
de
Trêves
Q
Série
observée
Série
corrigée
de 10 m.
niveau
aoo-9o5
20O-905
Traces de
caillou tis
jusqu'à
200 m.
au dessus
du thal-
weg
actuel.
2)00 m.
eoTiroa'
aao-aSo
4
aoo
et
au-delà
•
aoo
et
au-delà
* En tenant
compte du dépla-
cemenljborixon-
tal du niveau de
la base (chap. 1).
'Altitude très
douteuse, voir
chapitre III.
a-
niveau
3-
niveau
135-145
98-100
i3o-i5o
98-100
Débris
d'une
l3o-l5o
100
i3o-i5o
100
i38
88
i48
98
* Limites rec-
tifiées conformé-
ment aux indica-
tions du chapitre
III; celles de Grè-
be étaient de 40-
50.
4-
niveau
nappe de
100 m.
* Limites in-
certaines, plutôt
un peu faibles.
55
00-07
54-60
45-56
3
56-6o
45-46
55-56
5-
niveau
3o
a8-3o
3o
3o
1
3i
21
3i
6-
niveau
i5-i7
15-16
QO
l5-20
l5-20
7-8
17-18
L'examen de ce tableau donne lieu à diverses observations
et conduit à des conclusions que je vais développer.
i« Le premier fait qui se dégage de Texamen d'ensemble de ce
tableau, c'est l'existence dans chacune des quatre vallées considé-
rées, de six niveaux de cailloutis^ compris à très peu près entre les
mêmes limites d'altitude par rapport au fond des vallées actuelles.
On remarque en outre qu'il y a partout deux niveaux au-dessus
de 100 m. et quatre entre o et loo m.
344 ^^ LAMOTI1K. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 ivil
Ces analogies sont d*autant plus frappantes que trois des valléet^ '^
appartiennent à des bassins indépendants, tributaires soit d(
r Océan, soit de la Méditerranée, et que Tune d'elles est séparée <
des autres par la large dépression méditerranéenne.
a"* Si nous procédons à Texamen de détail, nous voyons que
dans les trois bassins de Tisser, de la Moselle et du Rhin, il y a
une concordance presque parfaite des altitudes des cinq niveaux
les plus récents, surtout si Ton prend comme série type celle des
plages de Tisser ou celle des terrasses dans laquelle on a effectué
pour le 3* niveau la correction de 5 m. correspondant au dépla-
cement horizontal du niveau de base. La concordance est particu-
lièrement frappante pour les niveaux de loo, 3o et i5-ao m.
Pour le niveau de 5o-Go m. les altitudes minima de tons les
lambeaux bien conservés sont comprises en général entre 54 et
59 m. Elles tendent peut-être dans la haute Moselle à dépasser
légèrement 60 mètres, ce qui est conforme aux lois que j'exposerai
dans le chapitre V ; dans la basse Moselle les nombres trouvés
sont un peu plus faibles : fait qui s*explique naturellement par
cette circonstance que les cailloutis observés se trouvent sur les
flancs d'une vallée étroite et profonde où ils ont été très dénudés,
tandis que dans la haute Moselle, ils couronnent des plateaux
élevés, où ils ont été protégés contre les dénndations par le
substratum rocheux (Archettes, Tannières, etc.).
Le !i« niveau (i3o-i5o m.) est le seul dont Texistence pourrait
faire naître quelques doutes en raison de Técart de ao m. qui existe
entre les limites qui le déOnissent. Mais on ne doit pas perdre de
vue que ce niveau par suite de son ancienneté n'est représenté
que par des lambeaux très dénudés. Il n'en est donc que plus
remarquable que malgré cette cause d'erreur, les différents géolo-
gues qui ont étudié les vallées précitées soient arrivés à renfermer
tous ces lambeaux dans des limites identiques, et en définitive
assez resserrées, aussi bien danç Tisser que dans le Rhône, la
Moselle ou le Rhin. D'après les données recueillies dans Tisser
l'altitude réelle de ce niveau a dû être très voisine de i4o-i45 m.
En ce qui concerne le i*'" niveau, les écarts constatés doivent
nécessairement être encore plus grands que pour le a** niveau,
soit en raison de sa dénudation plus avancée, soit parce que le
ppolil d'équilibre n'était pas encore réalisé ou Tétait avec des
pentes notablement plus fortes qu'aujourd'hui. On remarquera
néanmoins que dans presque toutes les vallées ce niveau semble
voisin de 200 m.
igOI DE l'iSAKR, de la MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE
345
La seule anomalie sérieuse est celle que présente la série du
Rhône, et elle peut paraître d* autant plus grave qu*elle porte sur
tous les niveaux. Mais il est facile de montrer qu*elle est seulement
apparente.
£n comparant, en effet, les cinq niveaux les plus récents du
Rhône avec ceux de la série de Tisser, on voit que Técart des
nombres qui les définissent est constant et uniformément égal à
10 m. environ.
Si donc Ton augmente de 10 m. chacun de ces nombres on
obtient la série suivante : 17-18 m., 3i m., 55-56 m., 98 m., 148 m.,
qui concorde d'une façon aussi parfaite qu*on peut le souhaiter
avec celle de Tisser.
Cet écart constant entre les deux séries est la conséquence de
Tétat actuel du profil longitudinal du Rhône à Valence, comme le
montre la figure 10, établie à Taide des documents que le service
des Ponts et Chaussées a bien voulu me communiquer.
maS"* Sa.; u^'iS.^'tLg
Pig. 10. — Profil longitudinal du Rhône entre la mer et Lyon (Etiage). —
Echelle : des hauteurs i millim. pour 8 mètres ; des longueurs i millim.
pour 2 kilomètres.
On voit sur cette figure que le lit du fleuve, malgré la faiblesse
de ses pentes, présente encore entre Pont-Saint-Esprit et Lyon
un bombement sensible dont Teflet doit être nécessairement 4®
diminuer toutes les altitudes relatives des anciennes terrasses. A
Valence, la valeur de cette diminution peut avec une très grande
probabilité être évaluée à une dizaine de mètres.
Si le Rhône régularisait son lit et établissait la continuité des
pentes entre la mer et le confluent de l'Ain, ce bombement dispa-
raîtrait, le lit suivrait à peu près le tracé marqué en pointillé et
346 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLBBS 3 Juîll
lès altitudes relatives de toutes les terrasses des environs immé-
diats de Valence se trouveraient augmentées de lo m.
Cet état actuel du lit provient-il de ce que }e Rhône n'a pas
encore atteint son profil d'équilibre, ou bien est-il dû à ce que ce
profil, après avoir été atteint, a été ultérieurement modifié par les
cônes de déjection des rivières torrentielles, telles que la Drôme
et r Isère ? La deuxième hypothèse me parait de beaucoup la plus
vraisemblable, mais je ne puis actuellement trancher cette ques-
tion faute de documents.
En résumé, en effectuant dans la série du Rhône une même
confection, justifiée par Tétat du profil du fleuve, on la rend
entièrement comparable aux trois autres, et Ton peut dès lors
considérer la série des terrasses des quati*e vallées étudiées
comme rigoureusement concordante.
3° La répartition des limons offre également des analogies
remarquables. Dans le Rhin et Tisser, des limons d'un caractère
particulier, nettement différents des limons actuels, enveloppent
la zone comorise entre les niveaux de loo et de 3o m. : ils font
défaut sur ce dernier ; dans la Moselle des limons argileux cou-
vrent le niveau de 5o-6o m. (haute Moselle) et accidentellement
celui de loo m. ; ils semblent faire défaut ou être très réduits sur
le niveau de 3o m. Dans le Rhône, près de Valence, on constate
également l'absence des limons sur la basse terrasse, et leur
présence sur le niveau de 90 m. (plateau au sud de Valence).
4^ On ne peut évidemment attribuer au hasard des coïnci-
dences aussi remarquables, qui portent à la fois sur le nombre
des niveaux et sur les altitudes relatives de la plupart d'entre
eux. Il n*est pas davantage possible d'admettre que les observa-
tions des divers auteurs ont été plus ou moins influencées par
celles de leurs devanciers. A l'époque où j'ai rédigé ma note sur
risser, je n'avais pas encore eu l'occasion d'étudier les travaux
de Grèbe, ni ceux de du Pasquier, et les divergences réelles ou
apparentes qui existent entre les résultats obtenus par Grèbe.
d}i Pasquier et M. Depéret prouvent la complète indépendance
des recherches de ces géologues.
On est donc nécessairement amené à conclure quune seule
et même cause, agissant simultanément et de la même façon
dans les bassins précités a déterminé la formation des nappes
alluviales et des terrasses. Cette cause n'a certainement jpas agi
à raiiionl de la zone occupée par les terrasses, comme du Pas-
I9OI DB LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 347
qnier a tenté de le prouver pour la vallée du Rhin. L'absence
de toute trace d'anciens glaciers dans la vallée de Tisser, leur
présence très douteuse dans le bassin de la Moselle, en tous cas
limitée au voisinage des crêtes et aux parties hautes des vallées ^
constitueraient déjà des objections sérieuses. Mais, même en
admettant la réalité de ces anciens glaciers, leur intervention
dans la formation des terrasses soulèverait de nombreuses difli-
cnltés. J*examinerai dans le chapitre V celles qui se rapportent
au mécanisme même de cette intervention, tel que l'ont exposé
du Pasquier, Penck et Brùckner 2, et je me bornerai ici à faire
remarquer qu'il est impossible dans cette hypothèse, de concevoir
comment des glaciers issus de massifs aussi diflerents à tous
les points de vue (altitude, superficie, nature des roches, etc.)
que les massifs du Djurdjura, du Dira, des Vosges et des Alpes
occidentales, auraient pu cependant déterminer dans les vallées
correspondantes le même nombre d*altcmatives d'érosion et de
remblai, se traduisant finalement par la formation de terrasses
étagées situées aux mêmes altitudes relatives, les unes au voisi-
nage immédiat de l'embouchure, les autres au pied même des
massifs à plusieurs centaines de kilomètres de cette embouchure ^.
Ainsi, on ne peut douter que la cause qui a produit les nap-
pes alluviales et les terrasses a dû nécessairement ag^r à Taval
de celles-ci, et il est dès lors impossible d'en imaginer une autre
que Toscillation verticale du niveau de base. Je rappellerai, en
effet, brièvement, que, dans mon mémoire sur Tisser, j'ai démontré
que Thypothèse de déplacements exclusivement horizontaux
était inacceptable en raison de la configuration même de la côte
et des relations qui existent à Tembouchure de Tisser entre les
plages et les terrasses •. D'autre part, Thypothèse de mouvements
verticaux exclusivement négatifs, est inconciliable avec le fait
1. de Lamothe. Op. cit., 1897, p. 4'i^ et ^33.
2. Pbnck, du Pasquier et BrCckner. Le Système glaciaire des Alpes, 1^.
3. Je crois devoir rappeler que dans une note récente (B, S, G. F., (3),
XXVni, p. ioq4) où il a réfuté très nettement Tar^j^nient du surcreuse-
ment, invoqué en faveur de la théorie de Térosion glaciaire, M. Kilian a
appelé Tattention sur Tintérèt qu'il y aurait à rechercher dans quelle nie-
snre les déplacements du niveau de base ont pu se répercuter dans les val-
lées alpines, et combiner leurs elTets avec ceux résultant des oscillations
des glaciers. Pour M. Kilian, il est impossible d'attribuer aux glaciers les
creaseraents successifs de certaines vallées, et l'intervention d'une cause
agissant de Taval vers Tamont, lui parait, dans certains cas, s'accorder beau-
coup mieux avec les faits observés.
4. de Lamothb. Op, cit ^ 1899, p. 284 et 090.
348 DK LAMOTHE. — SYSTEMES DK TERRASSES DES VALLÉES 3 Juîn
que les nappes alluviales présentent à Tembonchure même des
épaisseurs considérables, car il est impossible de concevoir,
sans faire intervenir des mouvements positifs, comment le fleuve
aurait pu d'abord creuser son lit très au-dessous du niveau de la
mer, et ensuite le remblayer.
5» On doit par conséquent considérer, sinon comme rigoureu-
sement démontré, du moins comme extrêmement probable, qne
la formation des terrasses dans les trois bassins du Rbin, du
Rhône et de Tisser, est exclusivement due à une succession
d'oscillations verticales qui ont aflecté simultanément et de la
même façon les niveaux de base de ces trois bassins.
Ces oscillations alternativement positives et négatives ont
déterminé dans chacun des bassins pi^écités des phénomènes
alternatifs de remblayage et d'érosion, le remblayage corres-
pondant aux mouvements positifs, l'érosion aux mouvements
négatifs.
Si Ton prend comme base les données résultant de Fétude de
risser, puisque les phénomènes ont été identiques dans tous les
bassins, on voit que la plus ancienne phase de remblai dont on
puisse encore observer des traces distinctes correspond à une
époque où les cours d*eau coulaient à aoo m. au moins au-dessus
des thalwegs actuels ^
D'après l'épaisseur des cailloutis de ce niveau dans la vallée
du Rhin *, on peut, je crois, admettre proçisoirement que ce rem-
blai avait été précédé d'un creusement qui avait approfondi les
vallées jusqu'à une altitude de i5o m. environ par rapport au
thalweg actuel.
A partir du remblai de !20o m. jusqu'à l'époque actuelle, le
creusement des vallées s*est opéré par étapes successives, au
nombre de six, séparées par des périodes de remblayage. Chaque
phase d*érosion a amené le thalw^eg à un niveau plus bas que
celui qu'il avait atteint à la fin de la période d*érosion précédente,
chaque phase de i^emblai Ta relevé d'une quantité plus faible que
celle dont il s'était abaissé.
Ces alternatives d'érosion et de remblayage se sont succédé
I II n*est nullement impossible qu'il y ait eu des nappes de cailloutis plus
anciennes, contemporaines de la lin du Pliocène marin ou dti commencement
du Pliocène supérieur : les galets de Sidi-Féredj et des pentes de Douzaréah
signalés dans ma note sur Tisser représentent peut-être les débris des plages
correspondantes.
2. 5o m. euA-iron à rirchel. — Voir Gutzwillrr. Op. cit. p. 6x3,
igOI DB LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 349
comme Findique le diagramme de la fîg. s, diagramme qui a été
établi pour Tisser, mais qui, pour les raisons exposées, s'appli-
que entièrement aux autres bassins *.
Ualtitude du thalweg à la fin de chaque remblayage est donnée
par les maxima, celle de la fin de chaque période d'érosion est
donnée par les minima. Les maxima sont pour la plupart exac-
tement connus ; quelques-uns des minima sont incertains, par
suite de Tignorance dans laquelle nous sommes de l'épaisseur
réelle des nappes alluviales correspondantes : le seul minimum
dont la position soit bien déterminée est celui qui a précédé la
formation de la haute terrasse ; il est dans Tisser, à environ 63 m.
au-dessus du thalweg actuel, en tenant compte du déplacement
horizontal du niveau de base. La i)ortion du tracé correspondant
aux phénomènes qui se sont accomplis après le niveau de i5-2om.
a été laissée en pointillé : il est en ellet très difiicile de décider
si Tétat actuel qui parait caractérisé partout par la stabilité
absolue du niveau de base correspond à un minimum ou à un
maximum; en d'autres termes, si nous sommes à la fin d'une
phase d'érosion ou d'une phase de remblai. Comme je Tai déjà
dit, cette dernière hypothèse me parait la plus vraisemblable.
Les mouvements positifs semblent avoir été extrêmement lents,
ainsi que je Tai démontré pour Tisser -. En ce qui concerne les
mouvements négatifs, Tisser ne fournit aucune indication précise ;
mais on peut, je crois, conclure de Vintégrité transversale com-
plète des nappes alluviales du seuil de Dounoux et d'Alixan, que
le mouvement négatif qui a suivi leur formation n'a pas été
instantané, ni même très rapide. S'il en avait été autrement, la
Moselle et le Rhin auraient eu le temps de se creuser un chenal
plus ou moins profond dans la direction qu'ils suivaient au
moment où le mouvement s'est produit.
L'ensemble de ces faits indique en outre que le temps qui s'est
écoulé entre la formation des eailloutis de 200 m. et l'époque
actuelle a dû être extrêmement considérable.
Enfin, il semble que dans les trois bassins, il n'y a pas eu de
déplacement horizontal du niveau de base pendant les mouvements
positifs, en d'autres termes, que les embouchures à la fin de ces
mouvements, se sont retrouvées à peu près sur la même verticale,
du moins pour les niveaux compris entre o et 100 m., et peut-être
aussi pour celui de i3o-i5o ni. Nous verrons en elfet dans le
I. Voir aussi le tableau synoptique placé à la lin de ce chapitre,
a. Voir Chapitre I.
35o DE LAMOTHB. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALL^SS 3 Juill
chapitre Y que des déplacements horizontaux un peu considé-
rables auraient nécessairement modifié les intervalles des terrasses
successives.
60 La concordance des variations du niveau de base entre des
bassins dont les embouchures sont aussi éloignées et indépen-
dantes, ne peut s'expliquer dans Thypothèse de mouvements pro-
pres de la lithosphère. Je Tai déjà fait ressortir dans mon mémoire
sur risser, en ce qui concerne la côte algérienne ^ et Timpossi-
bilité est encore plus évidente dans le cas présent. Il est déjà bien
difficile, en effet, d'imaginer qu une zone de l'écorce terrestre
aussi hétérogène que celle qui comprend les bassins du Rhin, du
Rhône et de Tisser, zone dont les différents compartiments ont, à
des époques variées, joué d'une façon indépendante, ait pu pen-
dant le Pliocène supérieur et le Pleistocène, sur une étendue qui
embrasse i5^ de latitude, éprouver des mouvements synchroniques,
d'amplitudes rigoureusement concordantes. Cette supposition
paraîtra encore plus inadmissible, si Ton réfléchit que cette zone
est séparée en deux parties par la fosse méditerranéenne.
On est ainsi amené à attribuer exclusivement les variations du
niveau de base à des oscillations de la masse océanique, c'est-à-
dire à ces mouvements généraux que M. Suess a qualifiés (Teusta-
tiques, et, comme conséquence, à admettre que la plus grande
partie de la surface occupée par les bassins du Rhin, du Rhône,
de risser et une notable portion du littoral ont fait partie pendant
le Pliocène supérieur et le Pleistocène d'une zone relativement fixe
de la lithosphère. Je dis la plus grande partie, parce qu'en réalité
la conclusion n'exclue nullement la possibilité de mouvements
locaux, tels que ceux qui ont peut-être déterminé la formation par
effondrement des grands lacs alpins, l'affaissement relativement
lent de la plaine du Rhin en aval de Bâle et de celle de la Bresse ^,
ou celui de portions plus ou moins étendues le long de certaines
lignes de rivage.
7^ Du moment où les variations du niveau de base sont dues à
des mouvements eustatiques, il semble évident que l'on doit sur
d'autres parties du globe, retrouver des traces d'anciennes plages
et de systèmes do terrasses, dont les altitudes relatives et les
intervalles concordent avec ceux observés dans Tisser, sous les
réserves toutefois qui seront indiquées dans le chapitre V.
I. de Lamothk. Op. vit , p. 3(X).
a. Voir Delafont et Dupbret. Les terrains tertiaires de la Bresse.
I9OI DE L*ISSERi DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU^RHÔNE SSl
Je sois fermement convaincu que le jour où, grâce à la multi-
plicité des observations, Ton parviendra à éliminer des données
concernant les anciennes plages, les écarts attribuables aux ma-
rées, et où des cartes à grande échelle et des procédés de mesure
rigoureux permettront de déterminer avec précision les altitudes
relatives des plages et des terrasses, on constatera sur un grand
nombre de points Texistence de systèmes de plages et de terrasses
identiques à ceux de Tisser. A ce point de vue, la succession des
anciennes plages de la baie Murray que j*ai citée dans le chapitre
II est un indice qui mérite de ne pas être négligé. Mais il impoii;e
aussi de ne pas perdre de vue que la stabilité d'une zone plus ou
moins étendue de la lithosphère pendant le Pliocène supérieur et
le Pleistocène n'implique pas nécessairement celle des zones
voisines, et qu'un grand nombre de faits semblent même indiquer
que certaines régions de cette lithosphère ont subi pendant les
mêmes périodes des mouvements propres dont les effets se sont
superposés à ceux des mouvements eustatiques, et ont dû modifier
dans ces régions les intervalles et même le nombre des terrasses
et des plages.
Si, comme je Tespère, les conclusions de ce mémoire sont con-
firmées dans l'avenir, on disposera pour les recherches que je
viens d'indiquer, d'une série type de plages et de terrasses établies
SOT des données rigoureuses, à laquelle on pourra rapporter toutes
les observations, et qui permettra par comparaison, de déterminer
les compartiments de la lithosphère qui sont restés relativement
fixes pendant les périodes précitées et ceux qui ont éprouvé des
mouvements propres. Dans le prochain chapitre, j'indiquerai
quelques règles pratiques qui pourront servir de guide pour ces
études comparatives.
La série type de Tisser pourra, en outre, être utilisée comme une
sorte de table ou d'échelle chronologique^ du moins pour les
régions qui ont été aifectées de la même façon par les mouvements
eustatiques ; elle permettra d'assigner des dates comparables à
tous les événements importants que Ton pourra rattacher à des
terrasses ou à des plages déterminées.
J'ai essayé, dans le tableau qui termine ce chapitre, de le faire
pour quelques-uns des phénomènes de capture dont la vallée de la
Moselle a été le théâtre, phénomènes dont j'avais déjà parlé dans
ma note de 1897 ; j'espère être en mesure bientôt de le tenter pour
des phénomènes analogues plus compliqués^ qui se sont produits
dans d'autres bassins.
35j de lamothe. — systèmes de terrasses des vallées 3 Joia
8^ Age des terrasses et des plages. Leur désignation, —
Les graviers des basses terrasses du Rhône et de la Moselle,
et la plage de iS-i^ m. en Algérie, sont, en dehors des limons et
du loess, les seules alluvions qui jusqu'à présent aient fourni des
débris de Vertébrés. La faune est caractérisée dans le Rhin et la
Moselle par Elephas primigenius et Rhinocéros tichorinus, en
Algérie, par EL Yolensis ^
L^absence de tout débris de Vertébrés dans les moyenne et haute
terrasses et dans le Deckenschotter ne permet pas de déterminer
leur âge d'une façon précige.
En se basant sur des analogies de position, d'ailleurs très discu-
tables, du Pasquier a admis, avec réserve il est vrai, que la haute
terrasse était caractérisée par EL antiquus et le Deckenschotter
par EL meridionalis ; il a par suite classé ce dernier dépôt dans
le Pliocène supérieur, et la haute terrasse dans le Pleistocène -.
M. Gutzwiller a rangé au contraire tous les niveaux decailloutis
dans le Pleistocène, en admettant toutefois que les plus élevés du
Sundgau pouvaient correspondre à la partie la plus récente du
Pliocène supérieur.
Dans risser, ainsi que je l'ai rappelé dans le premier chapitre
de ce mémoire, j'ai été amené, en m'appuya nt sur des considéra-
tions d*un ordre tout à fait différent, à classer dans le Pliocène
supérieur les deux plus anciens niveaux (qoo-qoS et i3o-i5o m.)
et dans le Pleistocène les quatre terrasses de loo m., SS-Sj m.,
3o m. et i5-i7 m.
Cette classification concordant avec celle de du Pasquier pour le
Rhin, je crois que Ton peut sans inconvénient et à titre proçi-
soire la conserver, en l'étendant aux vallées de la Moselle et du
Rhône.
J admettrai donc que dans toutes les vallées étudiées dans ce
mémoire, les deux niveaux plus anciens que celui de loo m. font
partie du Pliocène supérieur, tandis que les quatre autres font
partie du Pleistocène. Le niveau de loom. pourrait par suite être
dii^i^elQ hante terrasse, celui de 5o-6o m. moyenne terrasse'^ les
deux niveaux de 3o et i5-ao m. constitueraient les basses terrasses.
Je ne cacherai pas toutefois que ces qualificatifs offrent le grand
inconvénient d'être susceptibles de varier. Si, par exemple, les
idées de M. Gutzwiller étaient confirmées par la paléontologie,
le niveau de loo m. cesserait d'être le plus élevé du Pleistocène»
I. de Lamothe. Note de 1899, p. 087.
a. du Pasquieh. Diejluviogl,, p. 67 et 99 et seq. — /.«« ail. glaciaires, p. 66.
IgÛI DB L*IS8BR, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RhAnE SSà
et ron ne voit pas dès lors comment on pourrait loi maintenir la
qualification de haute terrasse.
Il serait donc plus logique de renoncer à ces qualifications et
de désigner les niveaux d'après leur altitude relative. C'est la
solution que j*ai adoptée dans le tableau synoptique ci-après.
g^ Les conséquences auxquelles nous sommes arrivés conduisent
à rejeter déflnitivement les deux, théories qui ont tenté jusqu'à
présent d'expliquer la formation des terrasses, et que je vais
rappeler sommairement.
La plus ancienne, qui a été soutenue par Hitchcok, Rûtimeyer,
Mûhlberg, etc., envisageait les terrasses comme le produit de
l'érosion par les eaux d'uoe puissante nappe de comblement
préexistante ; elles étaient la résultante de deux actions simulta-
nées : d'une part l'oscillation périodique du thalweg de part et
d'autre de Taxe idéal de la vallée, conséquence nécessaire des lois
de l'hydraulique, d^autre pai*t, l'abaissement vertical de ce même
thalweg par suite de l'é^^osion. Cette théorie a été, en ce qui con-
cerne le Rhin, réfutée avec une grande netteté par du Pasquiér ^ et
tout ce qui précède montre qu'elle est également inconciliable avec
les faits observés dans Tisser, le Rhône et la Moselle ^.
En même temps qu'il réfutait les idées de Mûhlberg, du Pasquiér
attribuait la formation des terrasses et des nappes aUuviales de la
vallée du Rhin aux oscillations des glaciers. Je reviendrai dans le
prochain chapitre sur le mécanisme de cette théorie, et j'en mon-
trerai les difficultés et les contradictions. Je me bornerai donc ici
à rappeler ce que j'ai dit plus haut, c'est que la concordance des
systèmes de terrasses dans des bassins aussi différents à tous les
points de vue que ceux étudiés dans cette note, exclut la possibilité
d'une origine commune en rapport avec des phénomènes qui se
seraient produits à l'amont de ces terrasses.
On doit également admettre comme conséquence de ce qui
précède, que contrairement aux idées de du Pasquiér, il existe dans
f . du Pasquiér. Die fliwioglacialen, p. 3S et seq.
a. Je crois devoir faire remarquer toutefois que si In théorie précitée ne
permet pas d*expliquer la formation des terrasses régulières, elle s^applique
très bien à la formation pendant la période d'érosion, de ces plateformes
inclinées rocheuses, disposées par étages dans certaines vallées (Moselle,
Doubs, etc.) où elles supportent souvent des cailloutis. 11 n'est pas douteux,
en outre, qu'un certain nombre de petites terrasses accidentelles, comme
on en rencontre dans toutes les vallées, ne doivent leur existence aux causes
signalées par Miihlberg et ses prédécesseurs, c'est-à-dire à l'érosion d'un
remblai préexistant.
6 Octobre 1901. — T. 1*^. Bull. Soc. Géol. Fr. — 23
354 ^B LAMOTâB. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
le Rhin, à Bâle même, de même que dans l'Isser, le Rhône et la
Moselle, une moyenne teirasse bien distincte de la hante, dans
laquelle elle n'est pas emboîtée. Cette moyenne terrasse serait
représentée par les lambeaux que M. Gutzwiller a désignés sous
le nom de gradin inférieur de la haute terrasse '. En outre, il n*y
a pas eu creusement de la totalité de la vallée avant la formation
de la nappe de loo m. ; ce creusement a dû s*arréter à une soixan-
taine de mètres au-dessus du thalweg actuel.
Théorie do du Pasquier Théorie déduite de I étude de lisser
Kig. II. — Schéma indiquant comparatiyement les analogies et les différences
de la théorie de du Pasquier et de celle déduite de l'étude de lisser.
J'ai cherché dans la figure ii à représenter d*une façon schéma-
tique la formation des vallées dans les idées de du Pasquier et
dans la théorie que je viens d'exposer. On pourra saisir ainsi plus
facilement les rapports et les diflTérences des deux théories.
lo"" Le tableau synoptique ci-après permet d'embrasser d'un
seul coup d'œil les résultats énoncés dans les chapitres précédents ;
j'ai en outre indiqué dans la dernière colonne les glaciations corres-
pondant aux terrasses, telles que les admet M. Gutzwiller.
Ainsi qu'on le verra dans le chapitre V, la théorie de du Pas-
quier, comme la mienne d'ailleurs, conduit à admettre autant dé
glaciations que de terrasses régulières. H devrait donc, logique-
ment, exister une glaciation correspondant à la moyenne terrasse,
et une autre à la terrasse de iS-qo m., l'individualité de ces deux
terrasses n'étant pas, je crois, contestable. Le fait que l'on n'a pas
signalé jusqu'à présent les débris de leurs moraines n'est pas une
preuve décisive contre cette conclusion, car les recherches n'ont
guère été dirigées dans cet ordre d'idées. Il suffirait d'ailleurs, en
ce qui concerne la glaciation de la moyenne terrasse, que la durée
du maximum ait été courte et que la position des moraines termi-
I. Voir à ce sujet : Gutzwiller. Op. cit., p. 671 et seq.
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 355
nales ait été peu différente de celle des moraines de la glaciation
suivante pour qu'il y ait fort peu de chances d'en retrouTcr les
traces. En ce qui concerne la glaciation de la terrasse de i5-!2om.
on remarquera que ses limites extrêmes étant en amont des
moraines internes, se sont trouvées le plus souvent en amont de
la zone du profil d'équilibre, où se forment les terrasses régulières.
Ses rapports de position et d'âge avec les terrasses doivent donc
être très incertains et difficiles à établir dans la plupart des cas.
Les considérations développées dans le chapitre V élucideront
les points douteux et serviront également de réponse aux diverses
objections que soulève la théorie exposée dans ce mémoire.
Je n'ai pas cru devoir faire mention du loess ; sa formation
n'est pas nécessairement liée à celle des terrasses, et d'autre part,
les circonstances qui l'ont accompagnée sont encore trop obscures
pour qu'il soit possible d'essayer de les interpréter dans la théorie
des oscillations du niveau de base.
Chapitre Y. — Considérations théoriques
sur la formation des terrasses et sur leurs relations
avec les glaciers
L'étude comparative des anciennes terrasses a porté presque
exclusivement sur des portions de vallées où les pentes actuelles
des cours d'eau sont très faibles, où non seulement le profil
d'équilibre peut être considéré comme à peu près atteint, mais
encore où tout semble indiquer que ce profil était déjà réalisé à
ime époque très ancienne. C'est grâce à cette circonstance, due
en partie au hasard, que les comparaisons ont été faciles, les con-
cordances d'une netteté saisissante, et les conclusions précises. Il
est certain, en effet, que si j'avais eu à comparer des données
obtenues dans des régions où l'évolution a été très différente sui-
vant les vallées, et où les pentes des cours d*eau ont subi pendant
cette évolution des variations analogues à celles observées dans
l'Isère, il m'eut été très probablement impossible d'en tirer parti
et de saisir les relations existantes entre les systèmes de terrasses.
Il m'a donc paru que, sans entreprendre une étude complète des
lois qui régissent la formation des terrasses, étude qui exigerait
un temps et des matériaux dont je ne dispose pas actuellement, il
pourrait être utile, pour les recherches ultérieures, de mettre en
évidence le mécanisme probable de cette formation et surtout de
faire" ressortir rinffuence que les circonstances accessoires (dépla-
Tablaau «yncq^tiqiw H
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358 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLSES 3 Juin
céments horizontaux du niveaade base, état du profil d'équilibre...
etc.), peuvent exercer sur la distribution des terrasses, sur leurs
intervalles et sur leurs altitudes par rapport aux thalwegs actuels.
Je me placerai exclusiçement, pour cette étude, dans l'hypothèse
que les oscillations verticales du niveau de base ont eu lieu dans
l'ordre et avec les amplitudes constatées dans Tisser, à partir d*un
niveau voisin d^ aoo m.
Je compléterai cet exposé en montrant qu'en dehors de toute
autre considération, les objections que soulève dans la théorie
glaciaire l'explication des formes topographiques si remarquables
que Ton observe aux points de contact des nappes alluviales et des
moraines de la dernière extension, suffiraient pour faire écarter
cette théorie.
1. — Mécanisme de la formation des teppasses
A. — Les oscillations du niveau de base sont exclusivement
verticales
Envisageons d'abord ce premier cas qui est évidemment excep-
tionnel ; il peut cependant se réaliser dans les mouvements néga-
tifs lorsque le cours d'eau débouche dans une mer dont la profon-
deur croît très rapidement, et dans les mouvements positifs,
lorsque l'amplitude de ceux-ci est assez faible ou leur lenteur assez
grande pour permettre le comblement de la zone immergée, ainsi
que nous l'avons vu dans l'Isser.
Considérons un grand fleuve prenant sa source dans un massif
élevé, à ime altitude très supérieure à celle de la zone de aoo m.
dans laquelle se sont produites les oscillations.
D'après les exemples que nous avons sous les yeux, le profil
longitudinal comprend deux parties : l'une inférieure AB (fig. la)
où le profil d'équilibre est à peu près atteint et où la continuité
des pentes est plus ou moins parfaite ; l'autre supérieure BG où
les pentes sont discontinues, et où le lit présente une succession
de ressauts et de rapides séparés par des sections à pente relati-
vement douce et même à contrepente (dépressions lacustres) *.
Si le niveau de base reste invariable, le cours d'eau efiectuera
dans la zone BC le comblement des dépressions, coupera les bar-
I. Consulter à ce sujet de la Nofi et de Marobrir : Les formes du terrain,
p. 5a et seq. et p. 76. — de Lapparbnt. Leçons de géog.-phys., a* édit., 4" ^*
8' leçons.
igOl HE LAISSER, DB LA MOdBLLX, ÛU RHIN ET DU RHÔNE
559
rages rocheux et en définitive, remblaiera partout où une pente
faible succède à une pente plus forte, creusera partout où une
pente forte succède à une pente plus douce. Ces opérations oppo-
sées aboutiront finalement à la régularisation du profil, d*abord
dans les biefs successifs^ puis dans Tensemble de la zone BC, et
cette régularisation aura pour effet de prolonger peu à peu vers
l'amont la zone AB. En même temps la courbure de celle-ci achè-
vera de se régulariser et s'aplatira de plus en plus : les profils
successif du lit seront représentés par les tracés Afr, Afr\ etc.
Zonm du profil d'étfuUihre
et dm* tmrtxLasea régvdière^
Zone de^
terrasses irrcgulière<t
Lac
l'J V . _ Xiueau de base, primitif*
jTj----- -a'
Fig. xa. — Schéma de la formation des terrasses régalières et irrégulières
dans l'hypothèse^des oscillations du niveau de base.
i*" Cas d'un mouvement positif, — Supposons maintenant qu'un
mouvement positif de faible amplitude amène le niveau de base
en A' ; rien ne sera changé à ce qui se passait dans la zone BG ; le
fleuve continuera à y creuser son lit ou à le remblayer, comme
précédemment.
Dans la zone AB, au contraire, il y aura remblai de toute la
partie inférieure AA'B. Le nouveau profil sera, en principe, plus
aplati que le précédent, et par suite, l'épaisseur du remblai égale,
à Tembouchure, à Tamplitude du mouvement positif, ira en dimi-
nuant vers Tamont d'autant plus rapidement que les variations de
pente du lit primitif AB seront plus fortes. L'extension du remblai
vers l'amont sera donc nécessairement limitée.
Du reste, abstraction faite de toute considération d'épaisseur, il
est évident qu'il doit en être ainsi. En eifet, même dans un cours
d'eau dont le profil d'équilibre est complètement atteint, il doit y
avoir un point en amont duquel aucun dépôt n'est possible,
puisque dans la partie supérieure le profil tend à se rapprocher
de la verticale.
La répercussion des mouvements positifs doit pour ces deux
raisons cesser de se faire sentir à une certaine distance de l'embou-
chure. Aucune donnée toutefois ne permet de préciser cette
distance.
36o DE IJLMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DBS VALLÉES 3 Juin
Dans les vaUées étudiées dans ce mémoire, les pentes des nappes
alluviales dont la formation est due à des mouvements positifs»
sont toujours très faibles : la plus forte (o,oosi5) est celle de la
terrasse du Séminaire ; Du Pasquier cite pour des caillontis de
vallées latérales situées très en amont de Bâle et qui paraissent se
raccorder à des terrasses régulières, des pentes de o,oia *. En
considérant ce qui se passe dans les torrents des Hautes-Alpes, je
serais assez disposé à admettre que, théoriquement y des nappes
régulières de remblai dues à une variation positive du niveau de
base peuvent s*étendre à partir de Fembouchure jusqu'aux régions
où apparaissent les cônes de déjection des grands torrents et se
raccorder à ceux qui ont atteint leur pente-limite, telle que Surell
Ta définie *. Dans cette manière de voir les nappes alluviales en
connexion avec les mouvements du niveau de base pourraient
finalement atteindre des pentes de près de 6 à 7 «/o. J'ignore tou-
tefois s*il y a des exemples d*une pareille continuité.
Dans les cours d'eau qui n'ont pas atteint leur profil d'équilibre,
il est évident que la répercussion des mouvements positifs ne
devra pas, en général, se faire sentir au-delà des premiers obsta-
cles qui interrompent la continuité des pentes à moins que ceux-ci
n'aient un relief inférieur à l'épaisseur finale du remblai.
a" Cas d'un mouvement négatif.
Si le niveau de base s'abaisse de A' en A", l'embouchure
s'abaissera d'autant et le fleuve créera à pailir de ce point un
nouveau profil d'équilibre qui rétrogradera progressivement vers
l'amont. Le remblai A'AB, précédemment formé, constituera une
terrasse longitudinale dont l'altitude relative sera, à l'embouchure,
égale à l'amplitude du mouvement négatif.
Au début, cette altitude ii*a en diminuant vers l'amont, mais si
la période d'érosion a une durée suffisamment longue^ elle tendra
à devenir égale à ce qu'elle est à l'embouchure, puis progressive-
ment croissante de l'aval vers l'amont, à mesure que le profil
d'équilibre s'aplatira davantage et tendra à se confondre avec
les tracés A"a, A"a'.
Pendant ce temps, dans la zone BC, la marche des phénomènes
ne sera en rien modifiée. Les érosions et les remblais continueront
sans être ni accélérés^ ni retardés. Sur certains points par consé-
quent, le fleuve créera également des terrasses longitudinales ;
I. du Pasquier. Die flus^ioglac, p. 96.
a. SuHEi.L. Etude sur les torrents des Hautes- Alpes, i84i> p* 18 et aa.
igOI DE L*I9SER, BE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 36l
mais celles-ci n'auront aucun rapport avec celles de la zone AB ;
elles seront discontinues, limitées à des bassins distincts, leurs
altitudes au-dessus du thalweg seront quelconques et indépen-
dantes de leur âge, les plus basses n'étant pas nécessairement les
plus récentes; leurs épaisseurs seront extrêmement variables; il
sera, en général, impossible de les rattacher aux terrasses de la
zone d'équilibre. Si Ton conserve à ces dernières la qualification
de régulières ou normales qpie du Pasquier leur a donnée *, en
partant d'un ordre d'idées tout-à-fait différent, il convient de qua-
lifier les premières d' irrégulières ou anormales.
Dans les Alpes, les terrasses irrégulières sont très fréquentes :
je citerai dans le Dauphiné celles de Lanslebourg, des hautes
vallées du Drac et de la Durance, etc.
Ainsi, en dehors de toute intervention des glaciers, la théorie
nous montre que dans un grand bassin fluvial les oscillations du
niveau de base et le processus normal de l'érosion suffisent pour
déterminer la formation de terrasses régulières, continues, dans la
zone inférieure où le profil d'équilibre est plus ou moins réalisé,
et, au contraire de terrasses localisées et irrégulières dans la zone
supérieure où ce profil n*existe pas.
Influence des irrégularités du profil longitudinal, — Dans ce
qui précède, j'ai supposé que le fleuve avait à peu près com-
plètement réalisé son profil d'équilibre dans la partie inféneure
de son cours, avant le commencement du mouvement positif. Si l'on
en juge par les irrégularités du lit de la Moselle (fîg. 5), du Rhône
autour de Valence (fîg. lo), du Rhin en amont de Bàle et en aval de
Mayence, il semble que cette condition soit actuellement rarement
réalisée, même dans les grands cours d'eau, et il est par conséquent
très probable qu'elle ne Ta pas été dans le passé -.
Ces irrégularités n'exerceront aucune influence sur l'extension
des remblais, à la condition toutefois que leur relief soit plus
faible que l'amplitude des mouvements positifs; elles seront finale-
ment noyées dans la nappe alluviale dont elles pourront, dans
certains cas, diminuer l'épaisseur.
Mais, comme elles doivent leur origine à des causes variées
1. du Pasqujbr. Les Allavions glaciaires^ p. 5i.
2. Il importe toutefois de noter que ces irrégularités ne se sont pas néces-
sairement reproduites sur les mêmes points aux différentes époques de
Thistoire de la vallée. Si l'anomalie de Valence doit être attribuée, comme
je le pense, aux apports latéraux de l'Isère, elle a dû être beaucoup moins
marquée dans le passé, puisque les anciens lits ont été, en g^énéral, beaucoup
plus larges que le lit actuel.
363 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DBS VALLÉES 3 Juin
(inégale résistance des roches à Térosion, apports latéraux, acci-
dents tectoniques, etc...) dont une partie peut continuer à agir
pendant la formation du remblai, le profil final de la nappe
alluviale pourra présenter également des iiTégularités plus
ou moins considérables qui modifieront nécessairement, sur les
points où elles existent, les altitudes absolues et relatives de la
nappe et, par conséquent, des terrasses. En général, ces irrégu-
larités seront difiicilement observables sur les anciennes nappes
en raison des modifications que leur surface a subies ultérieure-
ment (dénudation, ruissellement, etc.).
Si un mouvement négatif succède au mouvement positif, Téro-
sion fera réapparaître les irrégularités antérieures du profil, et il
pourra arriver que le cours d'eau fixé par un obstacle résistant se
maintienne plus ou moins longtemps à un niveau plus élevé que
la base des remblais, en formant sur ce point des rapides on des
chutes. C'est à une circonstance de ce genre que du Pasquier a
attribué la formation des Laufen de la vallée du Rhin, et il est
possible que ceUe du Saut du Broc soit due à une cause analogue *.
Il importe, dans ce cas, de ne pas perdre de vue, que les altitudes
relatives des terrasses étant luesurées par rapport au thalweg
final, l'irrégularité du profil longitudinal de ce thalweg aura pour
effet de réduire localement ces altitudes d'une façon souvent très
notable, comme nous l'avons vu pour les terrasses du Rhône et
pour celles de la haute Moselle.
30 Cas d*une succession d'oscillations verticales.
Jusqu'ici, j'ai examiné à peu près exclusivement les phénomènes
que détermineraient dans les vallées actuelles, l'intervention de
mouvements positifs ou négatifs du niveau de base. Il n'y a aucun
motif pour ne pas admettre que des phénomènes identiques se sont
accomplis dans ces vallées pendant le Pliocène supérieur et le
Pleistocène sous l'influence des oscillations eustatiques dont j*ai
démontré l'existence. D'après ce que nous savons de l'évolution
du profil des grands cours d'eau, l'étendue de la zone du profil
d'équilibre a dû, en général, être d'autant plus restreinte et les
pentes de ce profil ont dû être d'autant plus fortes, que l'on consi-
dère des lits plus anciens. D'autre part, le fait de l'extension jus-
qu'au pied des Vosges de toutes les terrasses pleistocènes, la
coexistence à Râle et à Valence de tous les niveaux à partir de
celui de i3o-i5o m., prouvent que dans ces vallées, l'intervalle
entre chaque mouvement négatif et le mouvement positif suivant
I. du PASQUiB^t Pie fluviogl..., p. 3.
DE l'iSSER, de LA'mOSELLE, DIX RHIN ET DU RHÔNE 363
a été suffisamment long poar permettre aux cours d'eau de recréer
chaque fois leur profil d'équilibre sur des étendues à peu près
équivalentes, avec des pentes au plus égales à celles du lit précé-
dent, et qui, en général, ont été plus faibles.
Ceci posé, si Ton imagine une succession d'oscillations eustati-
ques, analogues à celles observées dans Tisser, et abaissant cha-
que fois davantage le niveau de base d'un cours d'eau, depuis
l'altitude de qoo m. envii*on, jusqu'au niveau actuel, on peut prévoir
qu'elles détermineront dans la vallée, les phénomènes ci-après :
a. — Le creusement de la vallée ne sera pas continu ; il s'opérera
par une succession de phases d'érosion séparées par des phases
de remblai ; ces phases donneront naissance dans la partie infé-
rieure du cours d'eau, à un sys-
tème de terrasses régulières ^^^,---''"
d'altitude décroissante à partir Ti^uuû^l
des plus anciennes, et disposées
comme le montre la fig. i3.
0. — L étendue de ces terras-
ses sera d'autant plus restreinte ^^K- "3- "" Schéma de la formation
vers l'amont qu'elles seront plus ^''^^ «y*^*^'"*^ ^^ terrasses,
anciennes. La zone où on les Les traits pleins marquent retendue
1 ««^111 et les positions successives de la
observe empiétera donc de plus i*' ♦«««„„„^„ ,a«„i;a«««
^ • ^ zone des terrasses régulières.
en plus sur celle des terrasses
irrégulières, et il arrivera par suite que des terrasses de ces deux
catégories seront superposées dans un même profil, les terrasses
irrégulières étant en général les plus élevées.
c. — Le résultat immédiat de chaque mouvement négatif sera de
faire perdre au cours d'eau le profil d'équilibre dans les parties
où il était déjà réalisé, et, par conséquent, de le rajeunir. Mais,
comme nous l'avons vu, les grands cours d'eau ont presque tou-
jours eu le temps de recréer ce profil par érosion régressive sur
une étendue au moins aussi grande et souvent plus considérable. .
Le nouveau profil sera en général plus aplati que le précédent.
d, — Comme conséquence, et abstraction faite des petites irrégu-
larités du lit dont j'ai parlé plus haut, les altitudes relatives d*une
même terrasse iront en croissant de l'aval vers l'amont, et cet
accroissement sera d'autant plus rapide que la terrasse sera plus
ancienne et que les pentes du cours d'eau actuel difiéreront
davantage de celles du lit correspondant à la terrasse ; il en sera de
même des intervalles de deux terrasses consécutives.
364 ^^ LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
Cet accroissement des intervalles aura pour effet de diminuer
ou môme de supprimer l'emboîtement des terrasses.
e, — On conçoit, comme cas particulier, que si, à une époque
quelconque de son évolution, un grand cours d'eau, grâce à des
circonstances topographiques spéciales, est parvenu à réaliser un
profil d'équilibre avec le minimum de pente compatible avec les
conditions hydrographiques, sur une grande étendue de son cours,
les lits successifs devront à partir de ce moment être sensiblement
pai*allèles les uns aux autres, c'est-à-dire que leurs altitudes rela-
tives et leurs intervalles ne varieront plus d'une façon appréciable
dans cette étendue.
Ces circonstances topographiques semblent s'être rencontrées
dans les bassins du Rhin, de la Moselle et du Rhône dès les plus
anciens niveaux, et ce fait est la conséquence de la très faible
altitude de ces trois cours d'eau à leur sortie des grands massifs
où ils prennent leur source, relativement à la distance qui les
sépare de l'embouchure. J'ai déjà, plus haut, cité l'exemple de la
Moselle ; je me bornerai à ajouter qu'à Bàle, les alluvions du
niveau de i3o-i5o m. atteignent au plus l'altitude de 4oo iii., bien
qu'elles soient à 600 kil. de l'embouchure; ce qui correspond, en
tenant compte de Taltitude du niveau de base, à une pente d'envi-
l'on 0,0004. On ne doit pas s'étonner qu'avec des pentes initiales
aussi faibles, les profils successifs du fleuve aient pu, au moins à
partir du niveau précité, demeurer sensiblement parallèles, et
que les altitudes relatives des terrasses à Bàle soient les mêmes
que celles des terrasses formées à l'embouchure de Tisser.
f. — La loi d'accroissement des altitudes relatives et des intei-
valles se vérifle déjà assez bien, à Palestro ' dans l'Isser, quoique
cette localité soit seulement à 4o kil. de la mer. Ce résultat est dû
à la brièveté du parcours de Tisser (i5o kil. environ) et à la
rapide augmentation des pentes qui en est la conséquence ^.
Dans la vallée du Rhin, au contraire, Taccroissement n'est pas
encore appréciable à Bâle ; il ne devient sensible qu'en amont où,
d'après du Pasquier, les pentes moyennes des terrasses de la
région entre Bàle et le Rafz * sont les suivantes :
Decken se botter de la vallée principale. . . o,oo5
Haute terrasse o,ooi5
Basse terrasse 0,0014
Rhin actuel 0,0011
1. de Lamothr. Op., 1S99, p. 282.
a. Actuellement la pente entre la merctBlad Guitoun est de 0,0019. Elle est de
o,uo23 entre Blad Guitoun et les gorges de Palestre, et de 0,0047 dans les gorges.
3. duPASQUiBR. Diejlusfiogl.y p. 16, 17, 47» 96.
igOI DE l'iSSER, de la MOSBLLE, du RHIN ET DU RHÔNE 365
Je crois toutefois devoir faire remarquer que, bien que ces
résultats concordeot avec la théorie, on peut élever quelques doutes
sur leur exactitude, Fauteur n'ayant pas tenu suffisamment
compte de ce fait que le Rhin n'a pas encore reU'ouvé son profil
d'équilibre en amont de Rheinfelden.
Dans les grands affluents, la vérification de la loi ressort avec
beaucoup plus de netteté. Cela provient de ce fait bien connu que
les pentes des affluents sont en général beaucoup plus rapides que
celles du cours d'eau dont ils sont tributaires. L'Isère en offre un
exemple remarquable. Nous avons vu que les pentes des trois lits
successifs de l'Isère, reconnus entre Romans et Valence étaient les
suivantes : o,ooi3(lit actuel), o,ooai (lit de la basse terrasse de
Romans), o,ooa5 (lit de la moyenne terrasse). 11 en résulte que la
moyenne teiTasse qui domine le Rhône à Valence de 4^ m.,
domine l'Isère de 53 m. à Romans et d'environ loo m. à Saint-
Marcellin, où MM. Depéret et Kilian l'ont retrouvée *.
Pour la basse tentasse, je n'ai pas d'autres données que celles
que j'ai recueillies entre Valence et Romans. Son altitude, qui
devait être voisine de ^i m. au confluent atteint déjà 3ii m. à
Romans.
On voit par ces deux exemples combien il est indispensable de
tenir compte des pentes des cours d'eau dans l'étude comparative
des terrasses d'une même vallée, et à fortiori des terrasses situées
dans des bassins indépendants.
g. — Si le cours d'eau n'a qu'un très faible débit et surtout si sa
source et son embouchure sont très rapprochées, les phénomènes
seront sensiblement différents. Considérons un cours d'eau- prin-
cipal dont le lit est AB (fig. i4)
et deux affluents, l'un CA Cours d'eau
j» s ' c principal
dun parcours très restreint ^;;^^- a_1_b
prenant sa source dans un ^/''^'""^-^^^X / \^^ — '^^'
massif très peu élevé, l'autre ^ ®
BD très étendu et s alimen- ^'^^' i4. — Schéma montrant les diffc-
tant à un massif d'une grande f^'^^^f ^^^ Présente la marche de
,^.. j - ,-, ^- lerosion suivant 1 importance des
altitude. La hgure montre, bassins hydrographiques.
sans qu'il soit nécessaire dln-
sister, que lorsque le niveau du cours d'eau principal se sera
abaissé en A'B', l'affluent CA aura pris le tracé C'A', beaucoup
plus rapide que le précédent, tandis que le tracé du cours d'eau
I. Bulletin des Serçices de la carte, Vni, p. ii5.
1
366 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DR TERRASSES DES VALLEES 3 JuilT
B*D* sera en général plus aplati que BD, du moins au voisinage
du cbnflucnt. L'altitude relative de la nappe de cailloutis corres-
pondant au lit AG ira donc en diminuant de A vers G, tandis que
celle de la nappe BD ira en augmentant de B vers Tamont.
Les mouvements négatifs du niveau de base auront donc ici pour
effet, non seulement de rajeunir périodiquement le réseau hydro-
graphique, mais encore, dans certains cas, tels que celui de
Taflluent CA , d'éloigner de plus en plus le cours d'eau de la
Qieillesse et même de la maturité.
Les faits de ce genre sont très nombreux, on les observe notam-
ment dans les cours d'eau décapités. Je citerai comme exemple
typique la disposition si remarquable du bassin du Goney, par
rapport aux alluvions du seuil de Dounoux.
Il est facile de montrer l'intérêt de ces observations au point de
vue de la recherche et de l'étude des anciennes terrasses. De petits
affluents ou même de grands cours d'eau provenant de régions peu
élevées, pour lesquelles une variation du niveau de base de aoo m.
est relatiçement considérable, poun*ont à un âge avancé rouler des
galets, alors qu'aux époques antérieures ils ne roulaient que du
sable (Loire et Allier ?). La tendance inverse est au contraire
très marquée dans les cours d'eau issus des grands massifs monta-
gneux (Isère à Grenoble).
En outre, il pourra arriver que des dépôts caractérisés par une
faune ancienne se montrent à une très faible altitude au-dessus de
cours d'eau originaires de massifs peu élevés, tandis que des
dépôts de même âge se rencontreront à des altitudes considérables
dans des vallées de régions montagneuses.
B. — Le niveau de base ne subit que des déplacements
horizontaux
Examinons maintenant le cas où les déplacements du niveau de
base sont exclusivement horizontaux, circonstance qui peut se
produire à la suite de la formation de deltas, d'effondrements le
long de la ligne de rivage, d'érosions marines, etc. Je qualifierai
ces déplacements de positifs ou de négatifs suivant qu'ils ont pour
effet de reporter le niveau dç base dans l'intérieur des terres ou au
contraire de T éloigner vers la mer.
Supposons (fig. i5) * un cours d'eau débouchant dans la mer en
I. Dans les fig. i.> cl i6, j*ai, pour la commodité du dessin, tracé les cours
d'eau en ligne droile au lieu de les raccorder tangentiellement au niveau de
base.
iHa a^KMéa du» œ mémoire.
VAU-ÉE Dt U MOSELLE
VALLÉE
<lu
HllLN
pr«t de Bllo
VALLÉE
RHONE
pr*i.deV.len.a»
VALLÉE
de l'ISËRE
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(3t m.).
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l'Diil de Trier».
bT»w.rie
dM™'.,
(17-18 n..).
HDbiii9(7 j.9oi.).
•
368 DE LAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
On conçoit combien pourront être considérables, et variables
en même temps, les effets de ces perturbations sur les altitudes
relatives, les épaisseurs et les intervalles des nappes alluviales, et
par suite les difficultés qui pourront en résulter dans une étude
comparée des systèmes de terrasses de bassins indépendants.
Dans bien des cas heureusement, ces influences perturi^a-
trices semblent avoir été très faibles, ou s'être compensées, et il
est facile d'en saisir la raison. Beaucoup de cours d'eau à leur
embouchure sont encore entourés de hauteurs qui atteignent loo
à 300 m. , et qui sont prolongées au-dessous du niveau de la mer par
des pentes assez rapides. Comme d'autre part le phénomène des
terrasses est compris dans une zone dont l'altitude ne dépasse pas
sensiblement !200 m., il en résulte que pour tous ces cours d'eau, les
mouvements négatifs n'ont pas dû détei*miner en général de dépla-
cements horizontaux très considérables du niveau de base, surtout
pendant le Pleistocène. En ce qui concerne les mouvements posi-
tifs, on remarquera que leur faible amplitude et la lenteur avec
laquelle ils paraissent s'être accomplis, ont dû presque toiqoni's
permettre le remblayage total de la zone immergée. C'est en partie
pour ces diverses raisons, et indépendamment de la faiblesse des
pentes, que les séries de terrasses du Rhin, du Rhône et de
l'Isser doivent d'être restées entièrement comparables.
Les résultats eussent été très dillérents si les recherches avaient
porté sur des vallées situées dans des massifs de faible altitude, où
un abaissement vertical du niveau de base de aoo m., entraînerait
de grands déplacements horizontaux. Si l'on considère, pour fixer
les idées, une région dont la topographie serait analogue à celle du
bassin de la Loire entre son embouchure et Nevers, il serait facile,
à l'aide d'un graphique comme celui de la figure i6, de montrer
que les terrasses les plus basses s'étendront seules plus ou moins
loin vers l'amont, tandis que les autres disparaîtront de l'amont
vers l'aval à des distances d'autant plus grandes du rivage actuel
qu'elles seront plus anciennes ; elles sembleront converger vers
l'aval ; il y aura, suivant les cas^ condensation dans un espace
vertical restreint de plusieurs nappes alluviales, suppression de
certaines d'entre elles, et même recouvrement de nappes anciennes
par de plus récentes. Je ne crois pas devoir insister sur ces phéno-
mènes, mais il était nécessaire d'appeler sur eux l'attention.
Pour étudier les effets des mouvements positifs, j'ai admis que
ces mouvements avaient eu une amplitude très faible, comparable
à celle des mouvements de même sens observés dans l'Isser. 11 est
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RfitN ET DtJ RhAnE ^69
facile de comprendre les raisons de cette restriction. Un mouve-
ment positif d'amplitude un peu considérable (4 à 5oo m. par
exemple), amènerait dans tous les bassins étudiés, le niveau de
base, à une altitude où le profil d'équilibre n'est pas encore atteint.
Aucun remblai ne pourrait se former en amont et le creusement
du lit continuerait comme précédemment.
Des phénomènes analogies se produiraient, du reste, même dans
une vallée où le profil d'équilibre est complètement réalisé entre
la source et l'embouchure, si le niveau de base s'élevait jusqu'au
point où les pentes deviennent trop rapides pour permettre le
dépôt des sédiments. Là encore la puissance érosive des eaux
continuerait seule à exercer son action dans les mêmes conditions
qu'avant le déplacement du niveau.
Ces considérations permettent de comprendre comment les
auteups du mémoire sur a Les terrains tertiaires de la Bresse:»,
ont pu être amenés à adineltre que les mouvements positifs, de
même que les mouvements négatifs déterminaient l'approfondis-
sement des vallées. La conclusion qu'ils ont tirée de la figure
schématique de la page 177 de leur travail est géométriquement
exacte ; mais ils ont attribué au déplacement du niveau de base
une action à laquelle il est resté étranger et qui s'exerçait anté-
rieurement à ce déplacement.
D. — Nécessité d'éliminer de la série des terrasses régulières
certaines formes dont l'origine est complètement différente
Dans l'étude et la recherche des terrasses régulières il est
indispensable d'éliminer certaines formes accidentelles qui pré-
sentent de très grandes analogies avec elles, mais dont lorigine
est en connexion avec des causes locales en partie indépendantes
des variations du niveau de base.
Le plus souvent ces formes résultent de l'érosion par le cours
d'eau principal des cônes de déjection au moyen desquels les
affluents se raccordent avec lui quand leurs pentes sont beaucoup
plus rapides. Il est facile de se rendre compte de leur mode de
formation.
Considérons (fig. 17) une section AB du cours d'eau principal
passant par un afHuent BDM, dont les pentes sont beaucoup plus
rapides, et le volume d'eau assez considérable pour lui donner
une grande capacité de transport. Le raccordement des deux nap-
I. Dblafont et Dbpérbt. IjCS terrains tertiaires de la Bresse, p. 177 et seq.
6 Octobre 1901. — T. K'. Bull. Soc. Géol. Fr. — a4
370 ^*^ LAafOTHE. — ST9rÈ3IES UK TERBAâSES DBS VAXUKKS 3 Jum
p^ff allaviaies âe fera par on cône BDC, qui refoulai vers la live
opposée A le cours iFeau principal (Isère à Valence, Dmc à
Grenoble, etc..) Ce retbolement sera d* autant plus grand que le
cours d*eau principal sera moins encaissé^ et aura des pentes plus
iaibles. Si ce dernier^ pour une
tmtrx .r^au ./(/ï"^*'^ cause quelconque 9 se déplace
^"""TT'*-* ultérieurement ^ers sa rive
A
^N^ '^ _,— ^ droite, il creusera le cône de
^ " raffinent jusqu'en C, et détermi-
Pig. 17. — Mode de formation nera la formation d'un talus
des fausses terrasses. j»a«^^;^— ru^ .»♦ -^«« ^.u»..»^^^»^*»^
a érosion i>C«, et par conséquent
d'une terrasse. L'étendue transversale de cette terrasse, son déve-
loppement longitudinal et sa iiauteur pourront varier dans des
limites très considérables, qui dépendront de la largeur de la
vallée principale, de l'extension du cône dans cette vallée, de la
pente de ralHuent et eutin de Timportance du déplacement latéral
du cours d*eau principaL Lorsque la pente du cOne sera peu sensible
(ctoe du Drac à Grenoble) la pseudo- terrasse d'érosion aura toutes
les apparences d'une vraie terrasse dont il pourra être très difficile
de la distinguer.
Ce phénomène est très fréquent dans les Alpes, et je Tai observé
dans beaucoup d'autres régions (terrasse de Sainte-Ëgrève à
Grenoble, terrasse entre Tain et Pont de Flsère citée au cha-
pitre m, etc.).
Si à la suite d'un mouvement négatif le cours d'eau principal
s'abaisse en IH, il formera une nouvelle terrasse EH, bien
distincte de CD, et qui seule fera partie de la série des ter-
rasses régulières. Un fait de ce genre se produirait à Grenoble, si
risère creusait son lit de 3o m. par exemple en se jetant en
même temps sur sa rive gauche vers EchiroUes : il se formerait
deqx terrasses. Tune de 3o m. dans la vallée principale ; l'autre
de 5o à 60 m. d'altitude au-dessus de llsère à la traversée du
cône de déjection du Drac : la première seule appartiendrait à la
série des terrasses r^;ulières.
On remarquera que le creusement du cône ayant pour effet
d'abaisser le niveau de base de l'affluent, celui-ci devra également
creuser son lit en y créant de petites terrasses d'érosion, confor-
mément à la théorie de Mùhlberg. Telle est l'origine de celles que
Ton observe au Saut des Chèvres près de Pont de l'Isère.
11 est évident que toutes ces terrasses accidentelles ne doivent
pas coiupter dans la série normale des terrasses d'une vallée, et
igOI OB I. ISSER, DE LA MOSELLE, DU HHIN ET DU RHÔNE 3^1
doivent même en être éliminées avec le pliLs ^and soin. Je pro-
pose de les distinguer sous le nom de/ausses terrasses.
A cette catégorie on peut rattacher les anciens deltas si fréquents
dans tous les pays de montagnes. La plupart de ceux que j'ai
étudiés forment de véritables terrasses qui peuvent occasionner de
graves erreurs d'interprétation lorsqu'aucune coupe ne permet
d'étudier leur structure interne. Je citerai parmi les plus remar~
<{uables : le delta de Saint-Laurent-du-Pont (Isère), celui de Pontar-
lier, tous les deltas torrentiels de la haute Moselle, dont quelques-
uns ont parfois l'aspect de vastes terrasses longitudinales (Dussang,
sablons dn Thillot, sablons de Remenvillers, terrasses entre Rémi-
z>emont et Noir-Gueux, Cresson, etc...).
K. — Loi relative ii l'épaissear des terrasses régnlières
Du moment où la formation des terrasses régulières est due à
l'intervention de mouvements positifs, il est évident que leur
épaisseur, du moins à l'embouchure, doit dépendre avant tout de
-t.' amplitude de ces mouvements, et qu'elle doit être indépendante
de la puissance d'érosion et de transport du cours d'eau et de
l'importance du massif où il prend sa source. Les épaisseurs
snesurées à l'embouchure des ditférents cours d'eau doivent donc
^?tre égales, si les mouvements positifs qui ont donné naissance
^%ux nappes correspondantes ont eux-mêmes été égaux, et si aucune
«saose pertnrbatrice (déplacement horizontal du niveau de base par
^sxemple), n'a altéré cette égalité.
Malheureusement je ne connais aucun document qui permette
«3e vérifler l'exactitude de cette déduction théorique aux embou-
«^hores du Rhin et du Rhône.
Vers l'amont, les épaisseurs doivent diminuer progressivement ;
^c&«tle diminution doit naturellement être plus rapide dans les
. -^^kJBneDts. On ne doit pas perdre de vue que ces épaii^seurs peuvent
A«>cslement présenter des variations très coruiidérabtes dues soit
'^■iJTix irrégolaiités dn profil longitudinal, soit surtout k la présence
«::• e cônes de déjection d'origine latérale.
Si l'on remarque qu'il existe une concordance presque parfaite,
^^ u moins à partir de la haute terrasse, entre les altitudes relatives
<:S-«s difl'érentus nuppes de ciiilloutis des environs de Bàle et de la
%'aiAUte Moselle, d'une part, et celles di- l'Isser à son embouchure,
«31 'autre pwL, et que par conséquent (■(:■?■ nappes ont dû être sensi-
%>lenieDt parallèles entre elles et aux tlialwegs actuels, on pourra
i'ja DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
admettre avec quelque vraisemblance que l'épaisseur de ces nap-
pes a dû rester à peu près constante entre Tembouchure et le
point où on les observe aujourd*hui. On peut donc sans commettre
de grossières erreurs comparer entre elles les épaisseurs des
terrasses des environs de Bâle, de la haute Moselle, de Tisser
et même du Rliône.
Le tableau ci-dessous est le relevé des épaisseurs que j*ai pu
déterminer par moi-même, ou extraire des travaux cités dans ce
mémoire ; j'y ai joint quelques observations relatives aux ter-
rasses de la Durance faites par M. Kilian ^
i 1
RUÔNB
HAUTB-
NIVBAUX
18SBR
BT
I8ÈRB
DURANCE
MOSBLLB
RHIN
OBSBRVATIOXS
20O"
?
9
1
> ao à 40"
5o- à
rirchel *
* Nombre douteux.
* Nombre probable-
i3(>-i5o*
40- »
•
So'ausud
deRhein-
felden *
ment un peu faible.
* Nombre certaine-
ment trop faible.
* GimwtixBR. Die
Haute ter-
rasse de
35-
environ
9
•
3oà4o-
i6"auBru-
derholtz
tfk ^ tf%
diluvial., p. 613.
* du Pasqoikii. Me
<ft7uv<a/.. p. 74. Don-
90 à 100"
3o* ? au
Rùtihard»
né comme maximum.
* Gtrrzwiixn . Op.
Moyenne
40 à 45-
3o-
»
35à4o-
Quelques
eit,, p 5Q2.
terrasse
a
^ f
mètres
^ GCTZWILUN. /<f..
de 5o à
60-
Romans
s
Archettes
au plus
p. 522. Ce nombre
correspond donc à un
maxunum.
Basse ter-
aSàSo-
21-
Be-
.3o-
3a-àBàle
rasse de
au
au
a
près de
3o-
moins à
Valence
3
moins
Thaon
•
Taxe de la
vallée ^
Basse ter-
»
ao-
rasse de
au
I5-ÎI0"
moins
La plupart des nombres de ce tableau sont des minima. On ne
doit pas perdre de vue, en ellet, que les débris des anciennes
terrasses représentent le plus souvent le bord même de la nappe
dont ils ont lait partie, et que pendant l'érosion de cette nappe, le
cours d'eau attaquant nécessairement de préférence les parties les
1. Kilian. Réunion extraordinaire dans les Basses-Alpes. B. S. G, F., (3),
XXm, p. 801, 80Ô, 806, 814, 810.
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3'j3
plus afTouillables, a dû déblayer le lit sur les points où les allu-
mions présentaient le maximum d'épaisseur. La partie la plus
ëpaisse des anciennes nappes n'a été conservée que dans les rares
circonstances où le creusement s'est eftectué dans une direction
très difl'érente de celle suivie par le cours d'eau pendant le remblai
^niveau de loo m. de l'Isser) ^
Sous cette réserve, et malgré le petit nombre des données, il est
impossible de ne pas être frappé des analogies qui existent entre
les épaisseurs des terrasses d'un même niveau appartenant à des
Jbassins qui diffèrent cependant par tous leurs caractères (surface,
"volume et vitesse des eaux, nature des matériaux, présence ou
^^sence de glaciers . . . ). Le fait est surtout frappant pour la basse
"ft^errasse.
X^. — Observations concernant la recherche et l'étude comparée
des terrasses
Les considérations qui précèdent ne résolvent pas toutes les
^questions que peut soulever la formation des terrasses régulières
^ans l'hypothèse où je me suis placé ; quelques-unes exigeraient
^es développements incompatibles avec les limites imposées à
muette note ; d'autres ne sont pas actuellement susceptibles d'une
solution. Parmi ces questions, je citerai celle qui est relative à la
perturbation exercée sur la fori{iation des terrasses par l'interpo-
sition d'un lac ou d'une zone d'affaissement. Les anomalies que
^présentent les terrasses dans la Bresse, dans la plaine du Rhin
ntre Bâle et Bingen, dans celle de Munich, sont probablement liées
des phénomènes de cet ordre. J'y reviendrai peut-être un jour.
Quoi qu'il en soit, et malgré leurs lacunes, ces considérations
ourront servir de guide dans les recherches ultérieures, et c'est
oor ce motif que je crois utile d'en résumer brièvement les consé-
uences les plus intéressantes à ce point de vue.
i*> La première chose à faire avant d'entreprendre l'étude des
errasses d'une vallée, est de déterminer très exactement le profil
ongitudinal du cours d'eau, surtout dans la partie où le profil
'équilibre est réalisé ou à peu près.
La connaissance de ce profil facilitera l'élimination des terrasses
xrégulières : elle évitera de rechercher des terrasses régulières
ans des régions où elles n'ont pas pu exister.
L'examen du terrain, la considération des épaisseurs permet-
'ILront souvent de distinguer les fausses terrasses.
I. Voir ma note sur Tisser, p. 274» ^S' ^ ^t planctie III.
3^4 1>B LAMOTHK. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
a"" Dans Tétude de détail, on devra tout d*abord faire abstrac-
tion des limons, à moins qu'ils ne soient le produit du régime
normal et permanent du cours d'eau. On déterminera ensuite le
niveau le plus élevé atteint par les cailloutis, en ne perdant pas de
vue que près des pentes et au débouché des ravins latéraux, ce
niveau peut être considérablement relevé par les apports de
toute nature.
L'emboîtement de certaines terrasses rendra très difficile la
distinction des niveaux, surtout quand la dénudation a effacé les
formes caractéristiques. Il peut dans ce dernier cas occasionner
des mélanges et des superpositions anormales de faunes, dont il
est indispensable de tenir compte.
Les cailloutis les plus anciens sont toujoui*s ravinés et dénudés,
et comme ils ont eu une épaisseur considérable, les lambeaux d'une
même nappe se montrent souvent à des altitudes très différentes.
L'altitude primitive ne pourra dans ce cas être retrouvée que par
la comparaison des altitudes d'un grand nombre de lambeaux. On
pourra parfois reconnaître les niveaux en se plaçant à une certaine
distance en face et en se guidant sur les formes générales du ter-
rain, comme Ta indiqué du Pasquier ; j'ai apprécié dans la Moselle
et dans l'Isser la justesse de cette observation. La connaissance
des variations que présente la composition des nappes alluviales
dans le sens vertical, sera dans bien des cas d'un grand secours
(Rhin, Doubs). •
La détermination des altitudes relatives devra être faite aussi
exactement que possible, une erreur de quelques mètres pouvant
fausser les résultats, en raison de la faiblesse des intervalles qui
séparent les terrasses. Il serait imprudent de compter sur le
baix)mètre, à moins de répéter 8 à lo fois les mêmes opérations
dans des circonstances différentes de température et de pression,
ainsi que je l'ai fait dans les Vosges de 1857 à i885, avant de
pouvoir utiliser les levers de précision. On ne devra pas perdre
de vue que les altitudes relatives croissent de l'aval vers l'amont
et d'autant plus rapidement que les terrasses sont plus anciennes
et les pentes du thalweg plus rapides. Cette notion devra toujours
être présente à Tesprit quand on cherchera à suivre les terrasses.
L'examen de la nature et de l'état de conservation des cailloutis
pourra faciliter cette dernière opération. Les géologues suisses
nous ont donné dans cet ordre d'idées un exemple qu'il serait
désirable de voir imiter en France où Ton affecte trop souvent de
laisser systématiquement de côté tout ce qui concerne latiistribu-
tion des roches dans les terrasses et les dépôts erratiques. Je
IQOI DE l'iSSER, de LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3^5
ferai toutefois remarquer, à cette occasion, que les faits obser-
vés dans la Moselle prouvent que les données déduites de Faite-
ration plus ou moins grande des galets n^ont qu'une valeur
très relative, et ne doivent être interprétées qu'avec prudence.
S"" Ce travail local terminé, si Ton veut procéder à la compa-
raison des terrasses observées avec celles d'un autre bassin, on
devra tout d'abord, s*il y a eu des déplacements horizontaux du
niveau de base, rapporter toutes les altitudes relatives à une même
position de ce niveau, opération délicate pour laquelle la connais-
sance des anciennes plages pourra fournir d'utiles indications.
Les comparaisons ne devront porter que sur des régions où les
pentes des thalwegs actuels sont comparables, et où Ton peut
admettre que révolution du profil longitudinal a été sensiblement
la même. Il serait illogique, en effet, de comparer à priori les
terrasses de vallées à pentes faibles avec celles de vallées à pentes
relativement fortes. En principe, il sera préférable de limiter les
comparaisons à des régions où les pentes actuelles sont également
faibles.
Dans tous les cas , on devra attacher plus d'importance au
nombi*e des niveaux de cailloutis existant dans ime zone d'altitude
donnée et à leurs intervalles, qu'à la concordance rigoureuse des
altitudes relatives.
II. — Objections que soulève la théorie
de ropig^lne g^laclaipe des terrasses et de la formation
du complexe g^laciaire
Dans les conclusions du chapitre IV, je me suis contenté de faire
remarquer que la concordance des systèmes de terrasses dans les
quatre bassins étudiés, excluait la possibilité de leur formation
par l'action d'une cause commune agissant à l'amont, ce qui
conduisait à écarter Thypothèse de Tintervention des glaciers.
11 me reste à montrer que cette hypothèse telle qu'elle a été
présentée par ses auteurs, soulève des objections nombreuses qui,
en dehors de tonte autre considération, sulliraicnt pour en justifier
le rejet.
Dans cette hypothèse, dont je rappelle sommairement les
données essentielles, la formation des terrasses est liée exclusive-
ment à la présence des glaciers et aux grandes oscillations de leur
extrémité aval K A chaque glaciation, quelle qu'en soit la cause,
I. Consulter les ouvrages déjà cités de du Pasquier et le Système glaciaire
des Alpes, de Penck, du Pasquier et Briïckiier.
3^6 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEBS 3 Juili
les glaciers s^avancent dans les vallées préexistantes, précédés
d'un comblement fluvial, formé de V excédent des matériaux
fournis aux rivières par le véhicule glaciaire ^ A chaque phase
d'arrêt correspond un complexe glaciaire et fluvio-glaciaire de
moraines et d'alluvions formant un tout contemporain de genèse
indissoluble ^.
Ce complexe quand il est intact, comme c'est souvent le cas
pour les moraines internes, comprend un amphithéâtre moraini-
que avec sa dépression centrale, et un cône de déjection partant
des moraines (cône de transition), à un niveau beaucoup plus
élevé que le fond de la dépression centrale et servant de nappe
d^ raccordement avec les vastes plaines ou terrasses régulières
qui s'étendent au loin vers Ta val.
Pendant la phase de retraite des glaciei*s en amont des moraines
terminales, le matériel charrié s'est déposé dans la dépression
centrale, c'est-à-dire en contrebas des terrasses extérieures, et les
cours d'eau ainsi déchargés ont commencé au sein des moraines
et des terrasses extérieures, leur travail d'érosion. Ce phénomène
s'est renouvelé autant de fois qu'il y a eu de glaciations. L'idée
d'une variation de la ligne de rivage doit être écartée : elle n'est
justifiée par aucun fait; elle est même en opposition avec les
faits ^.
La théorie de l'origine glaciaire des terrasses est, on le voit,
tout l'opposé de celle à laquelle nous a conduit l'étude comparée
de ces mêmes terrasses dans divers bassins. Tandis que dans la
première, la cause de la formation des terrasses doit être cherchée
vers la tête des vallées, et est liée à la présence des glaciers, dans
la seconde la cause a agi exclusivement à l'extrémité aval des
vallées et ne peut être que Toscillation du niveau de base.
Je vais exposer aussi brièvement que possible les observations
que suggère l'examen de cette doctrine.
i^ observation. — Dans la théorie glaciaire, le remblai des
vallées est la conséquence de la progression des glaciers, le creu-
sement du remblai et même du substratum est lié à leur recul. Or,
les faits actuellement observables sont en contradiction avec le
principe même de cette double connexion.
Dans les hautes régions alpines, on peut constater à chaque pas
que les apports des plus modestes torrents sont presque toujours
1. duPASQUiER. Les ail. glaciaires ^ p. 56.
2. Système glaciaire, p. 12.
3. du pASi^L'u II. Ule /lui'ioglacialen . . . , p. 09 et seq. — Les ail. glac.^ p. 07.
i
\
igOI DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3^^
au moins aussi considérables, sinon plus, que les moraines des
plus grands glaciers, malgré l'extrême disproportion des bassins
d'alimentation, et je ne crois pas qu'il existe dans les Alpes beau-
coup de moraines dont la puissance pnisse être comparée aux
cônes de déjection des grands torrents des Alpes françaises, tels
que ceux de Boscodon, de Rioubourdoux, de Baudon, des Vachères,
de Manival *, etc. Il est donc difficile, quand on réfléchit aux cir-
constances dans lesquelles se produisent les allbuillements des
bassins de réception des torrents, de ne pas admettre que si ceux-
ci étaient remplis de glace, l'alimentation des cônes de déjection
serait sinon supprimée, du moins extrêmement réduite.
D'autre part, la majeure partie des matériaux transportés par
les glaciers, est empruntée aux éboulis qui s'accumulent sur les
pentes encaissantes, sous l'influence des agents atmosphériques ;
la présence d'une couverture de glace en limitant la formation de
ces éboulis doit nécessairement réduire en même temps l'impor-
tance des moraines qu'ils alimentent.
n résulte de ces deux données que les glaciers et leurs névés
doivent être considérés plutôt comme des agents protecteurs du
sol qu'ils recouvrent que comme des agents d'érosion, et que le
résultat immédiat de leur extension doit être de diminuer la quan-
tité totale des débris susceptibles d'être charriés. L'alimentation en
matériaux de tontes grosseurs, des rivières issues de ces glaciers
(à l'exception peut-être de la boue glaciaire), doit donc aller en
diminuant pendant la progression des glaces et en augmentant
pendant leur retraite, et il est dès lors absolument illogique de
faire dépendre la formation du remblai de cette progression et
son creusement, de cette retraite.
Pour échapper à cette contradiction, les auteurs de la théorie
glaciaire ont, fort habilement, imaginé de faire intervenir la
dépression centrale, et supposé qu'au début de la retraite, les
matériaux se déposant dans cette dépression ne pouvaient plus
atteindre le cône de transition et le niveau supérieur des terrasses.
Les eaux débarrassées des matériaux qu'elles charriaient devaient
donc nécessairement creuser la barrière formée par la moraine
terminale et la nappe alluviale.
Il me suffira, je crois, de faire remarquer qu'en raison de la
très faible capacité de la dépression centrale, son comblement n'a
pas pu exiger un temps bien considérable, et que cette opération
aussitôt terminée, les eaux surchargées de nouveau de maté-
I. Les déjections du Boscodon (Ha aies- Alpes) sV-lèvent à 73 n». ao, et lu
largeur du lit est de 3,33o m. (Surell).
378 DE LAMOTHE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Juin
riaux, ont dû cesser «le creuser et ont recommencé à aUavionner
comme auparavant. Il n est, en outre, nullement évident que le
creusement du barrage morainique ait pu atteindre pendant ce
comblement une profondeur notable, puisque les eaux le franchis-
saient sans vitesse.
Ainsi, non seulement le creusement des nappes alluviales
n'apparaît pas comme la conséquence nécessaire de la retraite des
glaciers, mais Ton serait plutôt conduit à considérer cette retraite
comme une nouvelle cause de remblai.
Enfin, il convient de noter que dans la théorie glaciaire, les
nappes alluviales correspondant aux glaciations successives, et
par suite les terrasses qui en dérivent, devraient toutes converger
vers l'embouchure, puisque le niveau de base est supposé inva-
riable. Or cette convergence ne se manifeste certainement pas
dans le Rhône, car il existe à Tembouchure, ou à peu de distance
en amont, plusieurs niveaux de cailioutis dont le plus élevé d'après
la carte géologique, est encore à i45 m. au-dessus du Rhône, sur
le parallèle d'Avignon.
2'"' observation, — Le mode de formation de la dépression
centrale soulève également de sérieuses objections. Il n'existe
aucun fait qui autorise, par analogie, à supposer que les anciens
glaciers ont été capables d'édifier à leur extrémité terminale, des
barrages continus élevés de 5o à 60 m. au-dessus de leur fond ;
les moraines terminales des glaciers actuels sont, en effet, toujours
largement éventrées vis-à-vis du débouché du torrent sous-glaciaire.
Or, dans les anciens glaciers, le volume des eaux de fusion a dû
être bien plus considérable que dans les glaciers actuels, comme
le prouvent les faits observés au Groenland, et comme l'admet
d'ailleurs du Pasquier. D'autre part, la masse de matériaux char-
riés a été d*autant plus faible que le glacier approchait davantage
de son maximum ; enfin, l'accumulation de ces matériaux sur le
front du glacier, non seulement n'est pas instantanée, mais est au
contraire très lente, tandis que l'écoulement des eaux de fusion
est continu. Pour ces diverses raisons, il est bien difficile d'admet-
tre que les torrents issus des anciens glaciers n'aient pas été
capables de maintenir la liberté de leur chenal et d'empêcher la
formation d'un Barrage transversal continu.
Du Pasquier qui a sans doute entrevu l'objection, a cherché à
expliquer l'édification du barrage et en même temps celle du cône
de transition, en supposant que l'eau de fusion s'échappait de la
base du glacier sous la forme d'une multitude de petits filets et
IgQI DB LAISSER, JDE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 3^9
non en une masse anique. Il est possible qa*un phénomène de
ce genre puisse se produire sur un plateau, mais il ne se produira
certainement pas dans une vallée plus ou moins encaissée, comme
celle de TAar, de la Reuss, de l'Isère ou du Rhône. Les lois du
mouvement des glaciers sont celles de l'eau, et, par suite, le profil
du lit sous-glaciaire, sauf dans le cas où le glacier coule sur un cône
de déjection, doit nécessairement être concave. Les eaux de fusion
se rassembleront donc dans la partie la plus basse du profil
transversal et formeront un coui'S d'eau unique. L'hypothèse de
du Pasquier semble n'être qu'une réédition de la théorie du
rouleau compresseur de Hogard, au moyen de laquelle ce géolo-
gue, assimilant la marche des glaciers à celle d'un cylindre, expli-
quait le nivellement longitudinal et transversal des nappes allu-
viales ; elle est comme cette dernière en conti*adiction complète
avec les lois expérimentales du mouvement des glaciers, et doit
par suite être rejetée.
5"»« obserçation, — Du Pasquier parait avoir attaché une
grande importance à l'existence d'un faciès endogène et d'un
faciès exogène du phénomène des terrasses par rapport aux
moraines ^ Je me bornerai à faire remarquer que la disparition
des terrasses régulières en amont des moraines s'explique d'une
façon beaucoup plus simple dans la théorie que j'ai développée.
En effet : a, — Comme je l'ai montré plus haut, les terrasses régu-
lières sont spéciales à la zone où le profil d'équilibre a été atteint ;
elles ne la franchissent que rarement vers l'amont où l'on ne rencon-
tre que des terrasses localisées et irrégulières ; b, — Les glaciers ne
paraissent pas en général s'être beaucoup avancés sur la zone où
le profil d'équilibre était atteint, sauf peut-être à l'époque de leur
maximum d'extension ; par conséquent la plus grande partie de
ces terrasses régulières doit normalement se montrer à l'aval des
moraines de la glaciation correspondante ; c, — Pendant leur recul,
les glaciers ont dû raviner et détruire la majeure partie des
terrasses régulières sur lesquelles ils avaient coulé et après leur
départ définitif, la dénudation dont les effets sont d'autant plus
grands que Ton se rapproche davantage des régions montagneuses,
a achevé leur œuvre.
4"^'' observation. — Ainsi que l'a fait remarquer M. de Lappa-
rent -, le phénomène des terrasses ne peut être une conséquence
exclusive du régime glaciaire, puisque nous retrouvons des sys-
I. du Pasquier. AU. glaciaires, p. 02.
a. (le Lappahk.nt. Traité de géologie, 4* édit., p. i(>33.
38o DE tAMOTHE. — SYSTÈMES DE TERRASSES DES VALLEK6 3 Juin
tèmes de terrasses dans des vallées comme celle de la Somme, où
il n y a jamais en de glaciers. Les faits observés dans Tisser sont
encore plus concluants, puisqu'à Tembouchure, les terrasses et les
plages sont en connexion intime. Il y aurait donc eu, dans
des bassins très voisins, des systèmes de terrasses formés les
uns par l'intervention exclusive des glaciers, les autres sons
Tempire de conditions absolument différentes : ce qui est bien
improbable.
S*"^ observation. — La concordance des épaisseurs est une
objection non moins grave. Les données que j'ai citées plus haut
montrent, en effet, que Tépaisseur de terrasses de même altitude
relative et que Ton peut considérer comme synchroniques est
indépendante de l'importance des massifs. Dans la théorie glaciaire
cette épaisseur devrait au contraire être proportionnelle à cette
importance.
6^^ observation, — Il ne paraîtra peut-être pas hors de propos,
de rappeler ici que la région en amont et en aval du barrage de
Noir-Gueux qui représente au point de vue topographique un
appareil glaciaire complet, a été cependant exclusivement façonnée
par les eaux, sans aucune intervention de la glace.
On voit, en résumé, que non seulement la théorie de lorigine
glaciaire des nappes alluviales et des terrasses est contredite par
les faits exposés dans ce mémoire, mais que le mécanisme même
de leur formation soulève de sérieuses objections. Elle doit donc
être complètement rejetée.
Faut-il en conclure qu'il n'existe aucun lien, même indirect,
entre la maix;he des glaciers et la formation des nappes alluviales
et des terrasses ? Je ne le pense pas, et je crois même que d'après
les rapports d'âge et de position qui semblent exister entre les
glaciations et certaines terrasses, on est dans une certaine me-
sure autorisé à admettre Texistence de ce lien comme probable.
Sa nature me paraît pouvoir être déduite des considérations
ci-après : Les mouvements positifs en étendant le domaine mari-
time, les mouvements négatifs en le restreignant, doivent néces-
sairement amener des modifications dans le climat, modifications
très faibles sans doute, mais dont l'effet sur les glaciers peut
devenir considérable si la durée du phénomène est suffisamment
prolongée. L'influence des mouvements négatifs est encore accrue
par Taffaissement dt* la nappe de glace consécutif du creusement
de la vallée : il sufBt pour se rendre compte de la valeur de cette
influence de remarquer qu'après la formation de la nappe de
tgOI DE L*I5SER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE - 38l
i3o-iSo m.^ il y a eu antériearement à la haate terrasse un creu-
sement de 90 m. dans la zone du profil d'équilibre. J'ajouterai que
quelques géologues ont reconnu implicitement la connexion entre
les oscillations du niveau de base et les mouvements des glaciers
en faisant coïncider une partie de leurs périodes intcrglaciaires
avec des émersions K
On peut donc admettre comme vraisemblable que les mouvements
positifs ont en principe provoqué la progression des glaciers et que
les mouvements négatifs ont au contraire déterminé leur retraite,
et conclure par conséquent que, comme dans la théorie glaciaire,
la progression des glaciers a coïncidé avec la formation des nappes
alluviales et leur retraite avec le creusement de ces nappes. Mais,
tandis que dans la théorie glaciaire, c'est la marche du glacier qui
provoque suivant son sens le remblai ou le creusement, dans
l'hypothèse où je me suis placé, c*est Toscillation du niveau de
base qui règle le sens de cette marche, en provoquant en même
temps le remblai ou l'érosion. Il n*y a donc pas de lien direct de
cause à eitet, entre la formation des nappes alluviales et des
terrasses et les mouvements des glaciers, mais seulement un lien
indirect, dû à ce que ces divers phénomènes sont sous la dépen-
dance d'une même cause^ l'oscillation du niveau de base.
En partant de ces données et en appliquant aux glaciers les lois
qui régissent l'évolution des cours d'eau, je me suis assuré qu'il
était facile de donner une explication rationnelle et simple des
particularités observées au contact des glaciers de la dernière
extension et de la terrasse basse, et notamment de la formation
du complexe glaciaire. Mais cette explication m'entralnei'ait en
dehors du cadre et des limites imposées à cette note et il me parait
préférable de rajourner pour le moment.
Quoi qu'il en soit, on peut, semble-t-il, concevoir ainsi qu'il suit
la marche des phénomènes glaciaires dans les Alpes occidentales.
La surrection des grands massifs montagneux à la fin du Pliocène
marin et les conditions climatériques résultant de la position
élevée du niveau de base, expliquent l'apparition et l'invasion des
glaciers alpins. Si le niveau de base était resté invariable, ces
glaciers auraient progressé d'une façon plus ou moins continue
jusqu'à im maximum correspondant à l'état d'équilibre entre les
causes favorables à l'extension et les causes opposées, et ils s'y
seraient maintenus. Mais les oscillations du niveau de base ont,
à deux reprises, interrompu la continuité de cette progression et
I. Voir J. Geikie. The gréai ice âge, 3* edit., p. O07 et seq.
38â DE LAMOTUE. — SYSTEMES DE TERRASSES DES VALLEES 3 Jllin
déterminé de grandes oscillations dans la masse glacée (glacia-
tions des niveaux de âoo-Q3o m. et de i3o-i5o m.).
Le grand mouvement négatif qui a suivi le nuiximum d'extension
(glaciation de la haute terrasse), a définitivement rompu Téqui-
libre entre les causes d*extension et les causes opposées, au profit
de ces dernières, et la retraite générale des glaciers a commencé,
interrompue seulement par des poussées en avant dues aux mou-
vements positifs qui ont amené la formation des nappes de la
moyenne et de la basse tentasse.
Résumé final
Ce long mémoire peut se résumer en quelques lignes. L* étude
comparée des systèmes de terrasses de Tisser, de la Moselle, du
Rhin à Bâle et du Rhône à Valence, démontre que ces systèmes,
abstraction faite du niveau le plus élevé, sont presq[ue identiques
et superposables. On retrouve partout, dans une zone de soo m.
d*altitude environ au-dessus des thalwegs, six niveaux de cailloutis,
séparés par les mêmes intervalles dans les différentes vallées, et
si Ton tient compte de Tétat actuel du profil d*équilibre, on
constate que les altitudes relatives sont partout les mêmes.
Ces faits ne peuvent s'expliquer qu'en admettant que les nappes
alluviales et les terrasses se sont formées sous l'influence d'oscil-
lations eustatiqueSy à^ résultante négative, qui ont affecté de la
môme façon les niveaux de base et ont déterminé dans les vallées
étudiées des alternatives d'érosion et de remblai, qui ont peu à
peu amené celles-ci à leur état actuel. Les mouvements positifs ont
été très lents ; les mouvements négatifs paraissent n'avoir été ni
instantanés, ni même très rapides.
Réciproquement, en admettant la réalité de ces oscillations, il
est facile d'expliquer et de prévoir la plupart des particularités
que présentent la formation et la distribution de terrasses.
On est ainsi conduit à rejeter la théorie qui fait dépendre la
formation des nappes alluviales et des terrasses des oscillations
des glaciers.
Enfin, les alternatives de creusement et de remblai qui ont
déterminé la formation des vallées, ne peuvent se concevoir
qu'en admettant qu'une période de temps d'une dui'ée extrême-
ment considérable nous sépare de l'époque où ont apparu les cail-
loutis du niveau le plus élevé.
1901 DE LAISSER, DE LA MOSELLE, DU RHIN ET DU RHÔNE 383
SOMMAIRE
lîTIBODUCTION 297
Ghapitrb I. — Résumé des faits observés dans Visser 297
Chapitrb n. — Bxamen des difficultés que soulève la comparaison des
résultats obtenus dans Visser avec les observations
similaires faites dans d*autres régions 3o4
I* Impossibilité d'utiliser actuellement les maté-
riaux fournis par l'étude des anciennes plages. . 3o5
a' Difficultés de l'étude comparée des anciennes
terrasses fluviales 3o8
ITRB lU. — Etude des terrasses de la Moselle, du Rhin et du Rhône, 3io
I. — Vallée de la Moselle 3io
II. — Vallée du Hhin près de Bàlc 335
III. — Vallée du Hhône près de Valence 339
iTRB IV. — Comparaison des résultats et conclusions. .... 343
rrRB V . — Considérations théoriques sur la formation des ter-
rasses et leurs relations avec les glaciers 355
I — MrCANISMB DB la formation DBS TBKRASSBS. . 358
A. — Les oscillations du niveau de base sont exclusi-
vement verticales 358
B. — Le niveau de base ne subit que des déplacements
horizontaux 366
C. — Le niveau de base se déplace à la fois verticale-
ment et horizontalement 367
D. — Nécessité d'éliminer de la série des terrasses
régulières certaines formes dont l'origine est
toute différente 369
£. — Loi relative à l'épaisseur des terrasses régulières. 371
F. — Observations concernant la recherche et l'étude
comparée des terrasses 373
II. — Objbgtions qub soulbvb la tukorib de
l'ORIOINB GLAGIAIRB des TBRRASSBS BT DR LA FOR-
MATION DU COMPLEXE OLAGIAIRB 375
FINAL 38a
la suite de cette communication, M. E. Haug présente les
rvatioas suivantes : Les résultats théoriques de l'importante
Lnonication du colonel de Lamothe sont la conclusion logique
«au travail sur les terrasses de Tisser qui a paru il y a deux
^^ans notre Bulletin. Un grand nombre de lecteurs de ce travail
^ certainement conclu dans le même sens et M. Kilian en
'^^'^-iculier a appliqué aux vallées alpines la théorie des creuse-
^^ts successifs à la suite de changements successifs dans le niveau
384 SÉANCE DU 3 JUIN I9OI
de base. * En ce qui me concerne, j ai également envisagé la possi-
bilité de cette interprétation des terrasses ^, mais les faits que Ton
observe dans les vallées de plusieui*s cours d'eau alpins m'ont
convaincu du danger qu il y aurait à la généraliser. Si Ton suit les
terrasses en aval, on constate que leurs différences d*altitnde
s'atténuent graduellement, en même temps qu'elles se rapprochent
du thalweg actuel. Finalement les nappes de galets correspondant
à chacune d'elles se trouvent au-dessous des actuelles et elles sont
superposées en succession normale, au lieu d'être « emboîtées »
comme précédemment. Sur les côtes septentrionales de la Médi-
terranée on cherche en vain des « plages soulevées » qui se raccor-
deraient avec les terrasses du Rhône et de la Dnrance. La
meilleure interprétation des terrasses des vallées me paraît tou-
joui*s être celle qui admet des alternances périodiques d'alluvion-
nement et de creusement dues à des variations météorologiques,
qui elles-mêmes ont déterminé une succession de périodes gla-
ciaires et interglaciaires. Dans tous les cas les observations si
précises du colonel de Lamothe fourniront une base précieuse à
toutes les discussions ultérieures du problème des terrasses et il
serait à souhaiter que des travaux analogues fussent entrepris
dans toutes les grandes vallées de l'Europe occidentale.
M. G. Dollf U8 croit qu'on peut faire des objections importantes
à la théorie de M. de Lamothe. 11 ne peut séparer les périodes de
creusement des périodes de dépôt, ce sont deux aspects du même
phénomène. Il a fallu pour les uns, comme pour les auti*es, un
volume d'eau considérable, équivalent. Pour les terrasses quater-
naires de la vallée de la Seine, il ne lui a pas été possible de relever
de niveaux constants; les graviers s'élèvent généralement jusqu'à
une trentaine de mètres au-dessus du ileuve, plus haut et brusque-
ment il n'existe plus de trace de creusement violent. Les fleuves
torrentiels pleistocènes arrachaient en certains points de leurs
berges des débris qu'ils allaient déposer en aval, et en des points où
la rapidité de leur cours était momentanément ou localement moins
grande; ces débris étaient vingt fois repris et redéposés avant
d'atteindre le niveau de repos de base. Il n'y a aucune apparence
de mouvements périodiques.
I. W. KiLiAN. Observations à la suite d*une note de M. Fr. Arnaud. BulL
Soc. dauphin, d'ethnol. et d'anthropoL, t. VI, n' a, p. 191, 1898. — 1d. Note
sur le « surcreusement » des vallées alpines. B. S. G. F., (3), XXVIIl, p. 1004-
ioo5, 1900.
a. Art. Ql'atkhnaihk, (Irande Encyclopédie, t. XXVIl, p. 1109.
NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS
A LA
GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES
par MM. W. KILIAN et P. TERMIER.
A. — Sur qaelqaes roches nouvelles ou peu connues des Alpes françaises.
B. — Matériaux pour l'étude des gabbros et de leur cortège de schistes
cristallins dans le Queyras et le firiançonnais .
C — Contributions à la connaissance des « schistes lustrés » du firian-
çonnais et du Queyras.
D. — Sur quelques schistes cristallins de la zone du Piémont.
Plus de dix années d*explorations dans les Alpes françaises,
durant lesquelles un grand nombre de courses communes et Thabi-
tude (|ue nous avons prise de nous soumettre mutuellement les
résultats de nos rechercbes nous ont facilité la solution de maints
problèmes délicats, nous i>erinettent aujourd'hui de livrer à la
publicité, en notre nom commun, quelques documents qui ne ren-
trent que difficilement dans les mémoires que chacun de nous se
propose de consacrer à des réj^^ions déterminées de la chaîne. Les
détails stratigraphiques que Ton va lire sont généralement dus aux
observations de M. AV. Kilian; tout ce qui concerne les descriptions
pétrographiques et les conclusions qui dérivent de Texamen litho-
logique doit être attribué à M. P. ïermier.
A. — Sur quelques roches nouvelles ou peu connues
des Alpes françaises
I. — Andésite de Guillestre
Le long du torrent du Guil, en amont de Guillestre et en aval de
la Maison du Roi, se montrent de grandes masses d'une roche
éruptive dont Texistence a longtemps passé inaperçue. Ces aflleu-
rements attirent cepiMulant l'attention du géologue par la teinte
foncée qu'ils donnent aux parois rocheuses qui encaissent le coui^s
d'eau en cet endroit. Cette gorge sombre et profonde est dominée
de très haut par la route du Queyras.
19 Octobre 1901. — T. i^r. Bull. Soc. Géol. Fr. — a5
386 W. KILIAN ET P. TERMIBR 3 Juin
Signalée pour la première fois par Ch. Lory, en i883, dans une
« Note sur deux faits nouveaux de la Géologie du Briançonnais )»,
insérée dans le Bulletin de la Société géologique de France ( [3],
XII, p. 117), où le célèbre, géologue alpin lui consacre quelques
lignes, la roche de Guillestre a été sominairement décrite à ce
moment, mais sans faire Tobjet d'une diagnose détaillée; Lory se
borne à constater qu'elle est inférieure aux quartzites triasiques et
qu elle constitue le noyau d'un pli anticlinal. Il la qualifie de
« porphyre massif » et la rapproche du porphyre de la Windgaelle
dans les Alpes suisses, tout en remarquant qu'elle « parait pré-
senter des caractères pétrographiques un peu différents » ; il la
rapporte, comme cette dernière, à l'époque permienne. En 1891,
l'un de nous * mentionna de nouveau cette roche, — dont des
échantillons avaient été communiqués à M. Michel-Lévy qui y avait
reconnu une porpkyrite, — en ajoutant qu'elle ne traverse pas les
quartzites du Trias inférieur et qu'on la retrouve en galets et en
fragments dans la plupart des conglomérats permiens de la région
(L'Argentière, etc).
Depuis lors, les environs de Guillestre ont fait l'objet * d'explo-
rations détaillées qui ont mis en évidence la structure compliquée
de cette région. Un profil parallèle au Guil, publié par l'un de nous
dans le Bulletin du Service de la Carte géologique de France *,
montre la place qu'occupe la roche éruptive de Guillestre dans la
série des assises : elle forme la partie axiale d'une voûte anticlinale
qui ne permet pas de reconnaître son substratum, mais qui laisse
voir, immédiatement au-dessus, les quartzites du Trias inférieur,
suimontés eux-mêmes par toute la série sédimentaire au-dessus de
laquelle réapparaissent une seconde fois, par l'effet d'un pli couché,
à flanc inverse étiré, les calcaires du Trias de la montagne de
Saphie, également reployés en voûte.
La roche occupe donc le niveau du Permien ; quoique la gorge
du Guil ne montre pas les couches sur lesquelles elle repose, elle
présente les allures d'une masse interstratifiée. L'épaisseur de la
masse éruptive est de plus de 2200 mètres. Quant aux galets qui se
rencontrent à la base du Permien, un examen microg^aphique
auquel les a soumis M. Termier, a montré qu'il s'agissait surtout
de rhyolithes. Ajoutons q[ue les environs de Guillestre appartiens
1. W. KiLiAN. Notes sur Thistoire et la structure géologique des chaînes
alpines de In Maurienne, etc. B, S. G. F., (3), XIX, p. 671, 1891.
2. W. KiLiAN. Nouvelles observations géologiques dans les Alpes delphino-
provençales. B. S. C. G. F., n* 76, 1900.
igOl GÉOLOGIE DES ALPES FRAJ^ÇAlSKS 36j
nent à la portion occidentale de la zone da Briaûçonnais, dont
toutes les assises ont le faciès caractéristiqae.
La roche de Goillestre se présente, à Vœil /lu, sous deux aspects
différents : tantôt elle est compacte, d*un vert foncé avec quelques
cristaux de feldspath plus clairs ; tantôt, et c*est le cas le plus
fréquent, elle est d'un rouge violacé et montre, dans une pâte
lie-de-yin, des cristaux, blanchâtres ou verdâtres, de feldspath,
qui mesurent jusqu'à 3 et 4 millimètres de longueur. Les variétés
lie-de-vin sont les mieux conservées. Quant aux échantillons veris,
ils sont très altérés, souvent schisteux et presque méconnaissables.
Au microscope^ les échantillons lie-de-vin montrent les éléments
suivants :
De grands cristaux de feldspath, formant environ le tiers de
la masse totale de la roche, bien idiomorphes, mâclés, criblés de
petites inclusions de kaolin, de chlorite, et présentant les carac-
tères d*une oligoclase-albite ;
Des prismes courts et trapus d'apatite roage poljrchrolque ;
De nombreuses sections d*un minéral magnésien (probablement
hornblende) entièrement épigénisé par inagnétite, chlorite, calcite,
sphène, et peut-être aussi talc ou mica blanc ;
De nombreux grains de magnétite ;
Enfin une pâte holocristalline très chai*gée d'oligiste en fibrilles
ténues et formée, pour le surplus, d*un feutrage feldspathique dont
l'analyse optique n est pas possible.
La composition chimique est la suivante (analyse d^un échan-
tillon lie-de-vin, par M. Pisani) :
SiO» 58,5o
Al»0» 19,80
Fe*0» 3,oi
FeO iM
MgO 4,15
CaO 3,i5
K«0 i,oo *
Na'0 6^
H«0 a,io
CO« 0,40
Total loo^a
En comparant cette analyse aux résultats de Tétude microgra-
phique, on voit que la composition minéralogique actuelle de la
roche de Guillestre est ti^ès sensiblement la suivante :
388 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Juin
65 V* ^*i^ feldspath oligoclase-albite à la An,
3 */• oligiste et magnétite,
I '/. calcite,
I 7. sphène,
o,5*/. apatite,
6 7* orthose,
i5 7. chlorite,
a 7* quartz libre,
6,5 7. kaolin.
Total. ... 100
La restauration de la roche est facile. On peut admettre qu*elle
a perdu, par métasomatose, environ lo % d'anorthite, le vide
laissé par le dépôt de cette anorthite étant actuellement comblé
par le kaolin, une partie de la chlorite et une partie de la calcite.
La roche originelle contenait ainsi environ ^5 % de sa masse
d'un feldspath triclinique (moyen) à q5 An, c'estrà-dire d'un oligo-
clase. C'était donc une andésite relativement alcaline, renfermant
d'ailleurs un peu d'orthose, et voisine, par conséquent, des tra-
chy andésites.
Ce nom d'andésite (rigoureusement synonyme de celui de por-
phyrite dont on s*est servi pour désigner la même roche) impUque
ridée que la roche de Guillestre est une roche d'épanchement. C'est,
en effet, l'hypothèse qui semble la plus plausible, d'après les
caractères généraux et la structure.
Mais il peut se faire que ce gisement de Guillestre soit réelle-
ment laccolithique ; et dans ce cas le nom de microdiorite convien-
drait mieux que celui d'andésite. Cette microdiorite serait inter-
médiaire entre les microsyénites de Puy-SaintAndré et les roches
basiques du Chardonnet et de Prelles; mais elle s'en écarterait
par beaucoup de caractères. Il convient d'indiquer ce rapproche-
ment sans y insister davantage, et on peut considérer jusqu'à
nouvel ordre la roche de Guillestre comme distincte des roches
intrusives du HouUler briançonnais.
L'apatite rouge de l'andésite de Guillestre a fait l'objet d'une
note spéciale de l'un de nous ^ Cette apatite rappelle, par la
plupart de ses propriétés les apatites cérifères de Norwège, signa-
lées par M. Brôgger.
I . P. Tkrmibr. BulL Soc. franc, de Minéralogie y t. XXIII, p. 48-
I9OI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 3Sq
2. — Nouveaux gisements de migrodiorite
Il convient de signaler la découverte de nouveaux affleurements
de migrodiorite au col du Raisin et près du col de BufTère, dans
le bassin de la Guisanne, ainsi qu'au nord-est de Réotier, sur la
rive droite de la Durance.
Ce dernier gisement, le plus méridional de tous ceux qui ont été
découi^erts jusqu'à présent, est situé sur la limite occidentale de la
zone du Briançonnais, dans une bande anticlinale houillère appar-
tenant à un faisceau de plis qui va s'enfoncer sous le Flysch au
Plan-de-Phazy après avoir fait apparaître un noyau de granité
(type Pelvoux). Située plus à lest et absolument distincte du gise-
ment de roches vertes de Réotier dont nous avons parlé dans des
notes précédentes *, la microdiorite que nous signalons ici affleure
non loin de la crête de la montagne qui longe la rive droite de la
Durance, à peu près en face de la gare de Montdauphin et au
nord-est du pont du chemin de fer. Elle est interstratifiée dans les
grès houillers. L'identité de cette roche avec celles qui abondent
dans le Rouiller des environs de Briançon ^, mérite d'être souli-
gnée, car elle est ici très voisine d'un pointement de granité du
type Pelvoux, dont on ne peut tectoniquement la séparer.
Voici les diagnoses de ces roches :
Roche érupiiife çerte, entre Réotier et Champcella {préparation
iV« 5 y 4) ^- — Microdiorite (indubitablement), dont les grands felds-
paths sont kaolinisés et dont la hornblende est entièrement trans-
formée en chlorite. La pâte est formée de petits cristaux feldspa-
thiques et d'assez nombreux grains de quartz.
Roche érupiiçe du col du^ Raisin (préparations N°' i-ri). —
Microdiorite, type relativement basique, analogue, sinon identi-
que, à celui de Chardonnet. Affleure en massifs interstratifiés de
5 à 30 m. d'épaisseur; on y a exploité de la galène.
I. KiLiAN et Tbrmier. Sup quelques roches éruptives des Alpes françaises.
B. S. G, F., (3), XXIII, p. 395. — Id. Note sur deux types pétrographiques,
etc. Id., (3), XXVI, p. 357.
. a. Tbrmier et Kilian. Contributions à l'étude des microdiorites du Brian-
çonnais. B. S G. F., (3), XXVI, p. 348. — Trrmikr. Sur le ratUchement à
une souche commune des roches intrusives du Houiller briançonnais. Ibid.,
(4), I, p i5;. 1901.
3. Les numéros mentionnés entre parenthèses se rapportent aux prépara-
tions et aux échantillons conservés dans les collections de la Faculté des
Sciences de Grenoble.
390 W. KILT AN ET P. TERMIER 3 Joill
Roche éruptiQe du fond du cirque du Raisin {préparations N^ i5
et 16). — Microdiorite du même type, mais ici la roche est très
altérée.
Microdiorite du col du Raisin (préparations iV*** 223'22/f). —
Même type.
Microdiorite, entre Rochenoire et le col de Ruffère {prépara-
tions iV** 2p-v?j). — Même type que celui du Ghardonnet, sans
aucune particularité intéressante.
Roche interstratijiée dans le Houiller au nord-ouest du col de
Ruffère {préparations iV**" 254 ^^ 255), — Microdiorite du type
du Ghardonnet.
3. — MiCROaRANITE DE SeRRE-BaRBIN
Gette roche est à peu près identique au microgranite des Gar-
déoUes, près Briançon, décrit en 1899 par Tun de nous ^
Dans cette localité de Serre-Barbin, située sur la rive gauche de
la Guisanne, en aval des Guibertes, on observe, près d'une galerie
de mines creusée pour la recherche du mispickel, quatre filons-
couches de microgranite, épais de i à 5 mètres et inclinés vers le
sud-est. Ges filons alternent régulièrement avec les bancs du terrain
houiller. L*aspect de la roche est assez variable : on distingue des
variétés euritiques et des variétés fibreuses, étirées par le dynamo-
métamorphisme, qui ont taspect de schistes quartziteux. La
couleur est d'un gris clair.
M. Termier a étudié plusieurs préparations» du microg^ranite de
Serre-Barbin ; voici le résultat de son examen :
Microgranite de Serre-Rarbin {préparations iV*» ly à 23). —
Grands cristaux de quartz, de mica noir entièrement chloritisé, de
feldspath presque entièrement kaolinisé. Quelques sections felds-
pathiques montrent encore les caractères d'un plagioclase très
voisin de ialbite, mais qui n'est probablement pas le plagioclase
originel. Pâte excessivement fine, faite de quartz et d'orthose.
Quelques échantillons sont froissés et laminés avec large déve-
loppement de mica blanc secondaire (à Fœil nu, aspect schistoïde
et satiné).
I. Termier. Microgranites de la valiée de la Guisanne. B, S. G, F., (3),
XXVn, 1». 399, 1899
I9OI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 3qI
4. — Brèches et gneiss du glaciaire de la Matheysine
n existe non loin de la Mure (Isère), sur une langue de terre qui
^pare le lac de Latlrey du lac de Petit-Chat, une série de gros
M>locs erratiques d'aspect bréchoîde et de provenance exacte incon-
ue, qu'il a semblé intéressant de soumettre à un examen appro-
bndi. D'après la disposition générale des dépôts glaciaires dans
a région des lacs * , le glacier qui a pu amener ces blocs au point
ù on les trouve actuellement devait venir du nord (chaîne de
elledonne) et non, comme on le croyait, du sud (massif du Pel-
^onx).
Voici la diagnose de cette roche donnée par M. Termier :
Brèches dans le Glaciaire, entre Laffrey et Petit-Chat (prépara-
ion N^ 61 y). — Débris et blocs d'une aplite d'un blanc rosé, très
Icaline (albite et orthose), et peu quartzeuse, d'un type analogtae
celui du Pelvoux. Le ciment est de la sidérose ou de la calcite
nglobant dans sa cristallisation d'innombrables débris plus petits
t comme une poussière de la même roche et aussi de roches
^hloriteuses.
Ces brèches sont des remplissages de fentes, failles et filons ; on
eut les observer en beaucoup de points du Pelvoux et des Grandes
ousses.
Sur le même plateau et da^s la même traînée glaciaire, on
^^uve, près du lac Mort, des fragments de gneiss ; M. Termier en
fait Fexamen inicrographique, qui l'a conduit au résultat sui-
vant :
Gneiss blanc. Glaciaire du lac Mort, laminé (préparation
o 023). — « Ce type m'est inconnu, et je ne pense pas qu il
rovienne du massif du Pelvoux. »
B. — Matériaux pour l'étude des gabbros et de leur cortège
e schistes cristallins dans le Queyras et dans le Briançonnais
L'étude approfondie que Tun de nous a faite d'une partie du
^^ueyras, en vue de l'établissement des feuilles « Aiguilles » 2 et
^* l^rche » de la Carte géologique détaillée de la France lui a
IVmmi l'occasion de porter son attention sur les « roches vertes »
I. Voir à ce sujet : W. Ktlian. Bull. Serv. Carte géol. de Fr., N* 75(1900).
a. W. Kilian. Feuille Aigruilles, in C. R. des Collaborateurs. Bull. Serv.
^-arte géol. de France, N* 63, tome X, 1898, p. 786 (avec flgures).
39»
W. KILIAN ET P. TERMIER
3 Juin
qui forment une série de massifs aux enriroDS d'Àbriès et qui
appartiennent toutes an groupe des gabbros.
Il lui a été possible d'observer ainsi une série de faits curieux
qui peuvent se résumer comme suit :
a) Les gabbros, qui constituent ici des masses énormes (Pelvas,
Pnnta Gastaldi, Viso, etc.) traversées de Hlonnets d'albite et d'épi-
dote, sont intimement liés aux serpentines dont il est souvent
impossible de les séparer sur la carte. Aux gabbros et à leurs
variétés sont associés en outre des variolites, des diabases, des
ophites et des schistes serpentineux,
b) Plusieurs des massifs de roches éruptives du Queyras ont
une structure nettement anticUnale que le laminage de la roche
éruptive rend très visible ; ce fait est particulièrement net dans la
crête qui court de la brèche Bouchet au col de Malaure, et qui pré-
sente plusieurs plis isoclinaux de roches vertes au milieu des
schistes lastrés (Gg. a).
Cette disposition a été figurée par l'un de nous en 1898.
c) La plupart de ces massifs, et notamment ceux dont la dispo-
sition anticlinale est visi-
ble, sont séparés des schis-
tes lastrés environnants
par une assise plus ou
moins épaisse (3 à ao mè-
tres) de marbres tabulai-
res , parfois phylliteux
( Pelvas , Brie - Bouchet ,
Médille, Taillante, col
Agnel, Valante) qui est,
ainsi que l'avait déjà re-
marqué Cb. Lory entre le
col Vieux et la Cbalp (ou
l'Ëchalp ) , fréquemment
coupée d'intercalations
répétées et de Slonnets
de roches vertes ' (fig. i).
Les gabbros, souvent totalement ou partiellement transformés
en serpentine, forment donc une série de pointenients anticlinaux,
entourés de marbres phylliteux, au milieu de^ schistes lustrés. On
remarque dans ces massifs les types suivants :
I. A la Taillante (près du tac Poréant) on observe pini
de calcaires marbres et de'gsbbros laminés.
— Coupe relevée aa sud de l'Echalp
(Qaeyras).
, Gabbros ; a. Serpentine ; Itc, Marbres
cristalUna avec intrusions de gabbros ;
A, Ebuulis ; u. Carrière de marbre.
i alternances
GEOLOGIE DR» AU>ES FBANÇAISES
393
394 ^' KiLTAN ET P. TERMiER 3 Juin
i) Euphotide à diallage généralement plus ou moins ouralitisé
ou épigénîsé (trémolite, bastite, glaucophane), avec chlorite, épi-
do te, albite secondaire et quartz (Villanova) ;
a) Des roches schisteuses à zoîsite, sphène, actinote, chlorite,
trémolitc, glaucophane, séricite, épidote, parfois pyritifères (Bric-
Bouchet), résultant de la transformation des gabbros ;
3) Micaschiste à épidote, zoîsite, sphène, chlorite, séricite,
orthose et quartz, provenant probablement de la recristallisation
d*une roche éruptive.
Les gabbros du Pelvas sont riches en filonnets de minéraux
intéressants (anorthite, épidote, prehnite, zoîsite).
Au col Péas, M. Zûrcher a récolté de la serpentine compacte vert
pftle, translucide sur les bords, dont l'aspect rappelle la jadéite.
De ces observations, ainsi que de celles cpii ont été faites au
Mont-Genèvre (W. Kilian, in C.-R. Ac. Se, 5 juillet 1897), on
peut conclure :
a) Que les roches basiques du Queyras et du Briançonnais sont
interstratifiées dans la partie inférieure des schistes lustrés et
ont été injectées dans certains bancs calcaires (marbres phylliteux)
qui accompagnent ces schistes ;
b) Que ces roches étaient déjà consolidées lorsqu'ont eu lieu les
mouvements alpins qui ont plissé les nappes éruptives (ou les
laccolithes), au même titre que les couches sédimentaires.
Ces faits sont très favorables à T opinion des géologues qui con-
sidèrent comme provenant d'une venue mésozoîque les roches
vertes du massif du Mont-Genèvre. du Viso et du Queyras ; mais
ils pourraient toutefois se concilier sans grandes difficultés avec
l'hypothèse de M. Steinmann, qui a émis l'idée que les éruptions
semblables dos Grisons dataient de l'époque éocëne ^
Ce que l'on peut aflirmer néanmoins avec certitude, c'est que ces
roches ne sont ni antérieures au Trias moyen, ni postérieures à
VEocène supérieur, ce qu'atteste du reste nettement le fait que les
micaschistes qui en dérivent par laminage (voir plus bas) se rencon-
trent en galets y à tétat remanié, dans les brèches du Flysch (Oli-
gocène), en plusieurs points du Briançonnais ; elles sont à fortiori
sûrement antérieures au principal plissement alpin.
Il est à remarquer que nulle part, dans les Alpes françaises, on
ne connaît de filons qui puissent être considérés comme les chemi-
nées d'émission de ces roches vertes.
I. Strinmann. Geologische Beobachtungen in den Alpen. Ber. d. Naturf.
Geaellsch. su Freihuvg i. B. vol. X, N» 2, 1897.
I9OI oiOLOOIE DES ALPES FRANÇAISES SqS
Dans la portion du Briançonnais connue sons le nom de
« massif du Mont-Genèvre )» il existe également des affleurements
assez étendus de gabbros connus depuis long^mps et de réputa-
tion classique. Quoique nous n'ayons rien d'important à ajouter à
ce qui a été publié récemment sur les conditions de gisements et
sur les relations des divers types éruptifs du Mont-Genèvre * —
dont une monographie détaillée of&irait sans doute beaucoup
d'intérêt, — on trouvera plus bas la description micrographique
(faite par M. Termier) d'accidents intéressants de l'euphotide de
ce massif, d'après des échantillons prélevés par l'un de nous
(M. Kilian) sur des blocs erratiques, à i kilomètre environ à l'ouest
de l'Hospice du MontrGenèvre.
Voici les résultats de l'examen micrographique (fait par M.
Termier) de quelques-uns des types dont il vient d'être question.
a. — Gabbros massifs
I. Roche du mont Pelças - (préparation N<> 28a), — Gabbro
décomposé (euphotide) (fig. 3).
A Vœil nu : roche à grands cristaux de diallage à reflets
métalliques, se détachant sur un fond feldspathique vert clair.
Le microscope ne montre plus que quelques cristaux de diallage
en voie d'ouralitisation (trémolite) et d'hydratation (bastite). La
plus grande partie de la roche (jadis feldspathique), est devenue
un fouillis de lamelles de chlorite et d'aiguilles de zoïsite. On
1. CoLB et Grboory. The variolitie Rocks of Mont-(^vcnèvre. Quart. Journ,
Geol. SoCf mai 1890, t. XXI, p. 395. (La bibliographie antérieure du Mont-
Genèvre se trouve très coniplètement indiquée dans cet ouvrage). — W.
Kilian. Sur un gisement de syénite dans le massif du Mo'nt-Genèvre. C R,
Ae Se, 5 juillet 1897; (J. H. des Collaborateurs du Sers?, de la Carte fçéol.
de France pour igoo. — P. Tkhmikr. Livret-Guide du Congrès géologique
international, 1900. Excursion XQIV
2. Le mont Pelvas (Paravas des Italiens) ou Bric-crUrine est entièrement
constitué, dans ses parties hautes, par une eu[)hotide à grands cristaux
de f*?ldspat)is blancs et belles lamelles de bronzite. Cette roche passe, par
places, à une serpentine foncée et à des schistes serpentineux avec amiante
soyeuse. En d'autres points, on voit l'euphotide transformée en une roche
schisteuse d*un vert clair. De nombreux ûlonnets d'anorthite, d'épidotc et
de zoïsite avec prehnite traversent la roche. Sur le flanc méridional, le gabbro
est nettement séparé de la masse des schistes lustrés par une bande de
marbres phylliteux; une bande identique apparaît au nord de Pelvas, sous
les éboulis. Le laccolithe éruptif du Pelvas de structure très analogue à
celui du Yiso se continue sur territoire italien.
396
W. KIL1AN ET P. TERMIER
3 Juin
N.
s.
èi^Peidas
aperçoit entre ces aiguilles un fond d*albite secondaire. Çà et lÀ,
un peu de quartz secondaire.
La variété de zoïsite décrite en 1890 par M. Termier ^, sous
le nom de zoïsite sans disper-
^/^ "^x^ sion, est particulièrement fré-
/ ^\ quente dans les schistes prove-
l \ nant de la métasomatose des
gabbros. On sait que cette zoï-
site doit être appelée zoïsite ^,
et qu'elle dillère de la zoïsite
classique {zoïsite a) par la posi-
tion du plan des axes optiques
et par le sens de la dispei^sion.
n convient, du reste, d'ajouter
que des filonnets, traversant les
i^oches vertes du Pelvas, con-
tiennent de la prehnite incolore,
de la zoïsite - et de Yépidote en
grosses baguettes, et de Valbite
à 12 7o An. en beaux et nom-
breux cristaux.
Fig. 3. — Coupe du mont Pelvas
(versant nord).
0, Gabbro et roches voisines (Prasi-
nites, etc.) ; Itc, Marbres tabu-
laires ; It, Schistes lustrés.
Q. Euphotide des blocs erratiques de Château-Queyras (pré-
paration iV° 260), — Roche d'un vert foncé à grands cristaux
bronzés et quelques cristaux feldspath iques blancs ; çà et là, des
mouches de pyrite.
Au microscope y on reconnaît un gabbro décomposé : agrégat de
grands cristaux de diallage partiellement épigénisés par du glauco-
phane. Interstices remplis par un ag^*égat pœcilitique de chlorite
et d'épidote. Ces interstices correspondent vraisemblablement aux
anciens feldspaths.
Les blocs qui ont fourni cette roche viennent très probablement
du col de Péas.
3. Euphotide altérée des blocs erratiques des environs de Guil-
lestre (sortie du Que^ras) (préparations iV°* 556 et st54)- — Cette
roche contient des enclaves assez volumineuses de glaucophanite
formant des taches noires bien visibles sur les blocs erratiques
(La Viste, près Guillestre).
I . Etude sur la constitution géolog. du massif de la Yanoise. Bnll, de la
Carte géolog de la France, N' ao, t . II, p. 398.
a. Ces minéraux ont été étudiés par M. Termier (Bull, de la Soc. fran^
çaise de Minéralogie, t. XXI et XXIII).
I9OI GÉOLOGIE DES ALPSS FRANÇAISES 3q'J
La roche elle-même est un agrégat grenu de diallage ouralitisé,
saussurite, hornblende brune et pyrite, avec veines et nids irrégu-
liers de serpentine. Épidote et produits fibreux de transformation.
La serpentine a donné naissance à de nombreux cristaux de horn-
blende verte et à des aiguilles, parfois très longues, le plus souvent
courtes et enchevêtrées, de trémolite.
4. Roche recueillie à Saint -Véran (Queyras) (préparation
iV* 5g3). — Euphotide décomposée : veinules de calcite entourant
des noyaux de serpentine fibreuse ou colloïde.
Désignée dans le pays et exploitée comme marbre sous le nom
d'Ophicalce.
5. Parties noirâtres, adélo gènes, formant des sortes d' enclaves
au milieu de V euphotide du Mont-Genèvre (préparations iV^** 10,
ij et ao). — Échantillons prélevés par M. Kilian sur un bloc
erratique de gabbro à gi*ands cristaux, à i kil. de l'Hospice, sur
la route de Briançon.
GabbroporphyritCy c'estrk'dire forme hypo-abyssique du gabbro.
Roche formée d'une pâte microlitique feldspathique arborisée
englobant de grands cristaux corrodés de plagioclase. La pâte est
holocristalline. Les fins microlithes df^ feldspath (andésine) sont dis-
posés en rosettes, sphérolitcs, dendrites, etc. Entre eux, s'obser-
vent des grains de zoïsite, plus rarement d'épidote, et d'autres de
chlorite et de serpentine provenant les uns et les autres de la
décomposition d'un pyroxène. Le plagioclase de première consoli-
dation est en partie saussuritisé, c'est-à-dire épigénisé par la zoïsite
et r épidote : ce qui reste de matière feldspathique est du labrador
relativement acide. Nombreux nids et nombreuses veinules d'épi-
dote et de zoïsite. La plaque N° qo montre de nombreux indices de
laminage. Dans la même plaque, on voit une région où la pâte se
serpentinise : elle est aloi*s envahie par une matière fibreuse dis-
posée en houppes, et qui est probablement du chrysotile.
G. Même proi^enance (préparation iV" ig), — Type ophitique de
la gabbroporphyrite. On dirait un diabase. Lamelles très aplaties
de feldspath andésine (en voie de saussuritisation) cimentées par
de vastes plages de diallage aux trois quarts serpentinise. Nom-
breux nids d'épidote et de zoïsite.
7. Même provenance (préparations N""^ 16 et 21). — Roches
serpentinisées et zéolithisées, provenant sans doute de types analo-
gues aux précédents. Une matière serpentineuse verdàtre, isotrope,
parfois chai^^ée de petits grains d'épidote, forme des sortes de len-
398 Vf, KILIAN ET P. TERMIBR 3 Joill
tilles, on mieux des poupées aux contours arrondis. Ces poupées
sont englobées dans un feuti*age de zéolithes Tariées où apparaît
parfois (plaque N^ i6), comme un Ilot, un témoin de la pâte à struc-
ture arborisée des roches précédentes. La plaque N^ai montre des
indices certains d'un violent laminage. Il y à de nombreux nids
sphériques, remplis par de Tépidote et de la zoîsite.
8 . Même provenance (préparation 7V° 1 1), — Serpentine isotrope
renfermant des grains bruns de splirne et des grains noirs d'ilmé-
nite, et aussi des fragments anguleux de feldspath ayant échappé
à la destruction générale. Grains d'épidote et de zoîsite. Veinules
d'albite et d'épidote.
On a l'impression que ces préparations ont été prélevées non
pas sur des enclaves de Teuphotide, mais sur une forme de bor-
dure de cette môme roche ( <x Grenzfacies x> ). Les structures
porphyritiques et ophitiques sont tout à fait intéressantes et dans
un état de conservation que Ion n^eût pas osé espérer.
a' , — Autres roches voisines des gabbros
9. Roche du Chenaillet {préparation N** 5 y 6). — Diabase à
structure sphérolitique. Cette roche a la composition chimique
d'un gabbro très feldspathique dont le pyroxène est entièrement
chloritisé. Le feldspath actuel est de Tandésine, mais il y a très
certainement un peu de décalcification.
10. Roche du Chenaillet (préparation iV* 682), — Diabase à
ouralite. Cette roche ne diHëi*e de la précédente que par un grain
plus gros, une structure enchevêtrée (et non sphérolitique), et une
moindre décalcification. L'ouralite, qui épigénise le pyroxène ori-
ginel, est elle-même en voie de ti*ansformation (chlorite).
Ces deux roches, en somme, se rattachent au même magma
gabbroïque, dont elles représentent des formes filoniennes ou
hypo-abyssiques .
b, — Gabbros schisteux et altéras
Les types granitoïdes massifs des gabbros dont nous venons de
donner quelques diagnoses passent manifestement, en une foule
de points, à des roches laminées et schisteuses ^ revêtant Taspect
1 . Les géologues italiens ont décrit en détails les types schisteux (serpen-
tinoschistes, épidotites, zolsitites, gastaldites, stéatitoschistes, prasinites,
schistes lawsonitiques, amphiboiites et chloritoschistes, etc., etc.) qui déii-
IgOl GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 899
de schistes et de gneiss chloritcnx, et dont l'exaiuen microscopi-
que seul permet de reconnaître la nature éruptive.
La série de ces roches comprend des types intéressants résultant,
selon toute vraisemblance, de la transformation de gabbros et de
roches éruptives basiques. Ils ressemblent à ceux que les géologues
italiens ont décrits, sauf le n"* Q56(de Bobbio), qui est remarquable
comme roche à zoîsite p.
Il a semblé intéressant d'en étudier quelques échantillons collec-
tionnés par l'un de nous (M. Kilian) et qui ont fourni à l'autre
(M. Termier) les résultats suivants :
II. Échantillon du mont Peli^as (préparation iV" 283).
A Vœil nu, cette roche ressemble à un quartzite verdâtre mou-
cheté de blanc.
il II microscope : gahbro décomposée renfermant encore beau-
coup de diallage, épidote, zoîsite et chlorite envahissant tout le
reste de la roche. Çà et là, un fond d'albite secondaire. La zoîsite
est de la variété ^,
la. Roche du mont Pehas, accompagnant les gabbros (pré-
paration N"" 2p3).
A rœU nu : roche d'un vert clair, à éléments non distincts,
d'aspect fibreux.
Au microscope : roche schisteuse à chlorite, zoîsite et sphène.
Un peu d'actinote.
Origine incertaine, probablement roche éruptive décomposée.
i3. Id, (préparation N^ 2 y 3^^*). — Roche plus compacte, à
grains très fins, formés de zoîsite, chlorite, actinote et sphène.
14. Roche de Villanoça (Piémont) (préparation iV" 264)-
A Fosil nu : apparence d'un schiste chloriteux vert, moucheté de
taches grisâtres.
Au microscope : roche à actinote, chlorite, zoîsite, épidote,
albite et sphène.
Résulte de la transformation d'une roche basique.
La roche de Villanova est également associée à des serpentines
et en relation avec les schistes lustrés.
i5 Echantillon de même provenance (Villanova) (préparation
li'' 264^^)' — Roche analogue et de même origine : grenat, chlorite,
vent par métamorphisme des roches vertes (gabbros et diabases) intercalées
dans les schistes lustrés. Voir les travaux de MM. Novarese {BoLl. H. Com.
gtol.^ 1895, N* 2), Franchi, etc.
400 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Joill
actinote, albite, quartz. La chlorite est ici notablement biréfrin-
gente.
Type intéressant ; sans doute gabbro transformé. Cette roche
est d'un vert foncé et un peu schisteuse à l'œil nn.
17. Roche associée aux gabbros du Bric-Bouchet (préparation
N^ 286), — Fouillis d'aiguilles d actinote, extrêmement fines,
avec grains d'épidote très nombreux et quelques grains de sphène.
Probablement même origine que la suivante (N® 284).
18. Roche du Bric-Bouchet (préparation N*> 284)'
A Vœil nu : roche d*iin vert foncé, à éléments peu distincts, légè-
rement schisteuse, avec filonnets d'un vert plus clair, jannfttre.
Au microscope^ on reconnaît : épidote, glaucophane, chlorite,
un peu de sphène. Fond général d'albite secondaire. C'est proba-
blement une roche éruptive basique, entièrement recristallisée.
19. Echantillon recueilli en amont de Bobbio (Piémont) (pré-
paration N** 2 50), — Roche schisteuse formée, pour la plus
grande partie, de zoîsitc p et d'albite, avec un feutrage plus ou
moins serré de lamelles de Irémolite et une petite quantité de
séricite. La zoïsite. qui est du type spécial dont il a été parlé plus
haut, contient quelques grains de zoîsite ordinaire et des grains
très rares d'cpidote. L'albite est irrégulièiHîment répartie. C'est
elle qui forme les taches blanches, bien visibles dans la cassure de
la roche. La densité moyenne de la roche est d'environ a. 85. A
remarquer l'absence absolue du quartz.
C'est un ty[)e très curieux de gabbro (ou de roche analogue aux
gabbros) entièrement recristallisé.
Qo. Roche recueillie au Bric-Bouchet^ accompagnant les gab-
bros (préparation N^ ^79)- — Schiste soyeux, très gaufré, d'un
blanc veixlAtre luisant, au touclier gras.
Au microscope : schiste pyritifère à zones alternées de chlorite
et de trémolite. Dans toutes les zones, traînées de petits sphènes.
Dans les zones de trémolite, surtout dans leur partie médiane, il
y a un feutrage de séricite.
Tous les cristaux sont excessivement 0ns. Ce type de roche
verte est peu commun.
21. Roche de même provenance (préparation N"" 263). — Ser-
pentine d'un vert foncé ; provient sans doute de la transformation
d'un gabbro^ •
22. Echantillon de même origine (préparation iV" 263^^). —
Roche à épidote, chlorite, albite et glaucophane.
igOl GEOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 4^1
a3. Roche perte recueillie dans le GlcLciaire^ près Virieu-le^
Grand (Ain) {préparation iV*» 634)- — Roche entièrement trans-
formée en nn fouillis cristallisé de glaucophane, chlorite, zoîsite
et sphène.
Provient sans nul doute du Permien métamorphique de la Hauto-
Maurienne ou de la Haute-Tarentaise, plus probablement de la
Haute-Maurienne (Villarodin ou Entre-Deux-Eaux).
C'est un bon échantillon minéralogique de glaucophane et un
bon échantillon pétrographique de.prasinite.
«
a4. Schiste serpentineux de Combe-Brémond, vallée de TUbaye
{Basses-Alpes) (préparation xV° 5 g 2). — Poussière de sphène et
d*épidote et feutrage d*aiguilles orientées de mica blanc. Ces
aiguilles sont excessivement fines. Peu de quartz visible, en
plages très petites et très confuses.
Un peu (très peu) de serpentine. Schiste métamorphique associé
aux schistes lustrés et aux serpentines.
Il convient d'étudier, à la suite des gabbros et de leurs modifi-
cations , des micaschistes et des roches cristallines d'un type
spécial dont Tâge et la nature ont été pendant quelque temps un
problème et dont les rapports avec les euphotides et les a roches
vertes » n'ont été précisés que depuis peu. En 1898, Tun de nous
(M. Kilian) découvrit à TAlpet et près du col de la Lauze *, au nord
du col du Mont-Genèvre, des schistes cristallins d'une nature parti-
culière, qu'il n'hésita pas à reconnaître comme étant identiques à
une partie des roches dont M. Termier - avait, peu auparavant,
signalé l'existence dans les massifs de l'Eychauda et de Serre-
Chevalier, et que ce savant était porté à considérer comme des
micaschistes d'âge tertiaire. Au col de la Lauze, ces schistes se
montrent interstratifiés dans des schistes calcaires fort analogues
aux schistes lusti^és et accom[)agnés de marbres cristallins tabu-
laires et bleutés, identiques à ceux qui existaient dans le voisinage
des affleurements de serpentines et de gabbros. A la suite de ces
constatations^ l'un de nous (M. Kilian) écrivait, en 1899 (Compte-
Rendu des Collaborateurs in Bull. Serv. Carte géol. de France,
N° 69, t. X, p. io5) : « Ce sont des amygdales de roches éruptives
I. C. fi. Ac. Sc.f 7 nov. 1898.
'2. Tbrmibk. Sur les terrains cristallins d'âge probablement tertiaire des
montagnes de PËychauda, etc. B. S. G. F,, (3), XXIII, p. 672 (1895).
12 Octobre 1901. — T. i^. Bull. Soc. Géol. Fr. — nG
4oa W. KILIAN ET P. TEilMIER 3 Juin
laminées, exactement comme le sont les intercalations de « roches
vertes » (schistes à actinote, zoïsite, etc. . ., prasinites et amphibo-
lites) du Queyras et du Piémont. Les masses éruptives existaient
avant le plissement principal de la région et ce n'est que par le
dynamométamorphisme qu'elles ont été transformées en schistes. »
Des schistes analogues se continuent dans le vallon de la Baisse ^
jusqu'au pied ouest du Chaberton, où ils constituent un bon type
de prasinite. — Peu après, M. Kilian découvrit, au sud de Brian-
çon (au col Tronchet et à Villargaudin) deux autres afQeure-
ments de ces micaschistes, toujours interstratiûés dans les schistes
lustrés et en rapport avec des marbres cristallins. Au col Tron-
chet, les micaschistes passent même par places à une çéritable
çariolite étirée dont la structure est encore bien reconnaissable.
On verra par les diagnoses qui suivent et qui sont dues à la
compétence spéciale de M. Termier, que l* examen microscopique
a confirmé^ en grande partie, les conclusions énoncées plus haut
par M. Kilian. L'identité des roches cristallines du col Tronchet
et des roches cristallines du Mont-Genèvre peut être considérée
comme prouvée ; les schistes cristallins de l'Alpet, du col Tronchet,
de Prorel, de Serre-Chevalier -, de rEychauda, sont de l'avis même
de M. Termier, soit des schistes ai^eux mét^miorphisés par l'in-
trusion des gabbros, soit des gabbros recristallisés. Les gabbros
ne sont abondants qu au Mont-Genèvre, au Chaberton, et au col
Tronchet ; dans les antres gisements cristallins, ils sont beaucoup
plus rares, et, ce qui domine, c'est leur auréole, formée de schistes
ai^eux modifiés et transformés en coméennes (homfels) par l'in-
trusion éruptive voisine, puis laminés après ledit métamorphisme.
Voici les diagnoses de quelques-unes de ces roches, établies
par M. Termier ;
125. Roche dure d'aspect compact, associée aux micaschistes de
VAlpet (préparations N*" 23 y ta 2 4 4)- — C'est une cornéenne
nettement orientée, schisteuse, à cassure esquilleuse et à esquilles
translucides. Le microscope y montre des lits quartzeux, et d'autres
quartzo-sériciteux ou quartzo-chloriteux, alternant ensemble. Le
grain est très fin. Il n'y a plus de feldspath dans la roche ; mais
1 . MM. Cole et Gregopy avaient signalé, sous le nom de Greenstone Schists,
des roches analogues afUeurant dans le massif du Chaberton.
2. M. Termier a toutefois excepté de cette conclusion un lambeau de
gneiss analogue aux gneiss de la Levanna qu'il considère comme anié-
triasique. Ce lambeau alfleure à la monUigne de Serre-Chevalier, à rouest
de Brianvon.
igOI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 4^^
il se pourrait fort bien qu'une partie du mica blanc résultât
de récrasement, du laminage et de la transformation chimique
d'un feldspath alcalin originel. Il y a même des raisons pour
qu'il en soit ainsi : Mais ces raisons ne sont pas décisives.
M. Termier ajoute : « Je ne crois pas qu'une semblable roche
« ait jamais été une roche éruptive. Elle est trop quartzeuse pour
« cela. Mais je crois qu'il faut l'attribuer à un schiste argileux
« originel modifié et transformé en coméenne (hornfels) par
« l'intrusion voisine d'une roche éruptive (laquelle peut très bien
4( avoir été basique) puis laminé encore après ledit métamor-
-« phisme. d
a6. Roche verte j vallon de la Baisse, pied ouest de Chaberton
^préparation TV*» 228), — Prasinite à glaucophane. Agrégat schis-
"^ux, orienté, de glaucophane, épidote, chlorite, sphène, albite,
quartz. Le grain est tinès fin.
Probablement gabbro laminé et recristallisé après laminage. Ce
^ype est fréquent dans les piètre verdi italiennes. On le retrouve
-^t la Vanoise, parmi les roches que j'ai (M. Termier) appelées amphi-
-SK>lites à glaucophane et glaucophanites. Ici nous avons un type
parfait de prasinite,
27. Micaschistes du col Tronchet (préparations iV<* a 2g, 23 0,
3i), — Schistes à quartz, chlorite et mica blanc, largement
"^Cîristallisé, sans feldspath. Ce type est banal. On le rencontre fré-
"^cjuemment à Serre-Chevalier. M. Termier ajoute : « C'est de ces
'^^ schistes là, ou de schistes analogues que je ne crois pas qu'on
puisse dire qu'ils ont été jadis des roches éruptives. Or ces
schistes forment la grande masse des lambeaux cristallins de
Serre-Chevalier et de l'Eychauda ; ceci vous explique que je me
sois élevé contre votre idée d'attribuer tous ces terrains cris-
tallins à des roches éruptives laminées. Mais je crois de plus
en plus que ce sont des schistes argileux rendus cristallins,
avant tout métamorphisme dynamique, par l'influence calori-
fique et chimique émanée d'une roche profpnde. »
a8. Micaschiste du col Tronchet (préparations N^^ 225, 226,
^^2^), -^ Même roche que ci-dessus, mais d'un grain plus fin,
Quartz, chlorite, séricite, petits sphènes, petits grains d'ilménite.
Î19. Micaschistes de Villargaudin (préparations 7V^» 2^5 à 2 4 S),
^^-^ Schistes quartzo-sériciteux à grain très fin, sans chlorite ni
feldspath (sauf de très petits et très rares grains d'albite). C'est le
Vppe le plus répandu dans le lambeau Prorel-Serre-Chevalier. On le
i*etrouve dans tous les pays de micaschistes, quelle que soit l'origine
4o4 W. KIL1AN ET P. TERMIER 3 Juill
de la crista limité : mais la ressemblance, quant à la stmctare, est
surtout avec des cornéennes (homkieselschiefer), sauf que dans les
coméennes classiques qui proviennent de Tinfluence du g^ranite, le
mica noir joue un rôle prépondérant.
« Il y a lieu dHnsister sur la faible teneur de ces micaschistes en
fer et magnésie. Ceci ne prouve point que la cristallinité ne soit
pas attribuable à Tinfluence du gabbro. Il a pu n*y avoir ici qu'une
influence calorifique, et d'ailleurs chacun sait que les roches basi-
ques peuvent être accompagnées de AimeroUes riches en silicium
et en métaux alcalins. »
3o. Variolite dans les micaschistes du col Tronchet.
M. Termier écrit au sujet de cette roche : « Je ne doute pas qu'il
ne s agisse ici de la variolite de la Durance ; mais elle est fort
altérée. C'est un agrégat confus de petits prismes d'épidote, de
lamelles de chlorite et de grains de quartz entourant des globules
presque entièrement quartzifères où Ton ne trouve rien du sphéro-
lite originel, si ce n'est la forme sphérique.
« L'échantillon n'en est pas moins intéressant. Il prouve, Je
crois, sans conteste possible, Cidentité des roches cristallines du
col Tronchet et des roches cristallines du Mont-Genèçre.
« En rapprochant cette donnée de celles que j'ai déjà, j'arrive
à cette idée que les schistes cristallins de l'Alpet, du col Tronchet,
de Proi*el, de Serre-Chevalier, de l'Eychauda sont, |)Our la plupart
des schistes ai^ileux métamorphisés par l'intrusion des gabbros.
Le gabbro lui-même apparaîtrait au Mont-Genèvre, au Chaberton,
au col Tronchet : dans les autres gisements cristallins, il serait
beaucoup plus rare et ce que nous voyons ne serait guère que
son auréole. »
C. — Contributions à la connaissance des schistes lustrés
du Briançonnais et du Queyras
Les schistes lustrés (calcschistes, schistes calcaréo-talqueux) qui
ont, dans les Alpes du Piémont, un développement si considérable»
pénètrent sur le territoire français au Mont-Genèvre et dans le sud
du Briançonnais, où ils occupent la plus grande partie du Haut-
Queyras ; ils ont une teinte grisâtre, noirâtre, parfois brunâtre, un
aspect à la fois fibreux et lustré, et se montrent formés d'une
association de calcite et de quailz avec mica blanc, chlorite, ilmé-
nite, rutile, etc. De petits bancs (dalles) de calcaires cristallins
noirâtres y sont intercalés à plusieurs niveaux. Leur épaisseur,
igOI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 4^
assurément énorme, semble plus considérable encore par suite de
3a structure isoclinale qui règne dans la région. — Ils renferment,
jprès de Césanne, des bancs siliceux à Radiolaires et des schistes
^ersicolores.
Il semble possible d'y distinguer deux subdivisions ; c'est ainsi
^pie les schistes lustrés du Gondran, près Briançon, présentent,
<;omme Tun de nous Ta signalé il y a quelques années déjà *, deux
Mypes bien distincts, quoiqu'il soit presqu' impossible de les déli-
lamiter rigoureusement.
a) Des schistes calcaires, avec bancs de calcaires parfois
siliceux, zones lie-de-vin et verdàtres, rappelant les schistes
-Sustrés de Césanne avec leurs accidents siliceux à Radiolaires.
A Maurin, dans la vallée de TUbaye, comme à Césanne et au
I^Iont-Genèvre (Rocher de la Perdrix, près du Gondran, Rocher du
enard, Rocher des Douaniers, près du col Bousson), on voit en
utre apparaître, dans les schistes lustrés inférieurs, au voisinage
e la serpentine, des schistes calcarifères rouges et verts, parfois
njectés de serpentine, ou influencés par son voisinage, et alternant
vec des lits de calcaires phylliteux, souvent marbreux.
A cette portion inférieure des schistes lustrés, nous croyons
gaiement devoir rattacher un ensemble de schistes calcaires gris,
e marbres zones, de bancs quartzeux versicolores, avoisinant les
erpentines et les calcaires triasiques sous-jacents, dont l'âge exact
st incertain, et qui ont été désignés par une teinte spéciale et le
ymbole T sur la feuille Briançon de la carte géologique de France.
C'est encore au complexe des schistes lustrés qu'appartiennent
es assises de marbres cristallins zones qui entourent les gabbros
u mont Pelvas, de Taillante, de Médille, etc. On les observe
alement au contact de la serpentine et des gabbros, à la Chalp,
<lans le Haut-Queyras, où Ch. Lory les avait déjà remarqués et où
i Is sont exploités dans une carrière. Ils existent aussi entre le
Bric-Bouchet et le col de Malaure (fig. 2).
On les retrouve au col Tronchet, près Brunissard, où ils
séparent les schistes lustrés typiques d'une bande de variolite
laminée et de micaschistes d'origine éruptive (v. plus haut).
Enfin, au nord du Mont-Genèvre, au col de la Lauze, près de
l'Alpet, les mêmes marbres se montrent au milieu des schistes,
dans le voisinage même d'intercalations de micaschistes dérivant
des roches éruptives basiques.
Dans tous ces gisements, les caractères de ces marbres zones
I. C. R. Ac. Se, y 5 juillet 1897. — W. Kilian. Sur un gisement de syénite
dans le massif du Mont-Genèvre (Hautes-Alpes).
4o6 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Juin
restent les mômes ; ce sont des marbres tabulaires, et des calcaires
phylliteux formés de calcite cristalline avec rutile, séricite, un peu
de quartz, se débitant en dalles d'un aspect cireux, et présentant
des colorations variées, souvent grises ou jaunâtres.
Dans le Queyras, ils affleurent dans les anticlinaux dont le
noyau est occupé par les gabbros au Bric-Bouchet, au Pelvas et
près de la Chalp (exploitations) (fîg. i et a) ; sur le flanc de la
montagne de Rochebrune, ces couches sont plus schisteuses et
prennent un faciès très analogue à celui des schistes lustrés. Elles
supportent là les calcaires triasiques par suite d'un renversement
des couches dû au refoulement vers Test d'un vaste anticlinal tria-
sique. Dans la Haute-Ubaye, M. Marcel Bertrand et Tun de nous
les ont observées à la base des schistes lustrés.
b) La portion supérieure de Tétage schisteux est formée de
schistes plus fins, plus argileux, avec bancs de grès micacés et lits
de calcaire siliceux à patine brune et scoriacée, présentant une
grande analogie avec le Flysch, dont M. Termier est tenté de les
rapprocher. Ces schistes forment la partie ouest du plateau de
Gondran. On les retrouve à Villargaudin, près de Château-Queyras,
où ils contrastent également avec les schistes lustrés proprement
dits, plus calcaii^es, du ravin de Soulier et du Haut-Queyras. Ils
sont peut-être tertiaires, mais rien, en dehors de leur aspect litho-
logique, ne permet de le prouver ; « leur aspect est identique à
celui du Flysch de Prorel » * : schistes satinés, avec rares interca-
lations calcaires et nombreux lits de quartzites bruns. Malgré ces
caractères assez spéciaux, il ne semble pas cependant possible de
tracer une limite précise entre ces schistes et les schistes lustrés
ordinaires que nous venons de décrire.
Cette division supérieure mérite de faire Tobjet d'études appro-
fondies.
La position stratigraphique de l'ensemble schisteux qui vient
d'être décrit a donné lieu à de longues discussions -.
I . Termier in Notice Feuille Briauçon. Carte géol. de France, 1900.
a. Les schistes lustrés (calcschistes) de la zone du Piémont ont été tour à
tour placés dans le Trias (Ch. Lory), dans le Paléozoîque et le Prépaléozolque
[MM. Gastaldi, Zaccagna. (Ils ont été décrits comme prépaléozolques par
M. Zaccagna, et seulement comme précarbonifères par M. Franchi, qui a du
reste depuis lors modifié son opinion. Puis M. Novarese a admis la possibilité
de trouver des fossiles dans les lentilles calcaires intercalées dans les calc-
schistes a schistes lustrés» de la vallée du Pellice), Potier, M. Bertrand, Kllian,
Termier, Gregory], puis considérés de nouveau comme triasiques et même
peut-être liasiques, par M. Marcel Bertrand, alors que M. Steinmann va, dans
igOI GROLOGIE DES AX.PES FRANÇAISES 4^7
Il résulte des observations de Tun de nous que les schistes lustrés
du Queyras *, avec leur cortège de marbres tabulaires et de roches
^cs Grisons, jusqu'à en faire parliellement du Tertiaire, et que les seuls fossiles
<^m y aient été rencontrés jusqu'à ces dernières années sont des Radio-
laires sans signification stratigraphique précise, découverts à Césanne, par
^Af. Parona.
Après avoir, en 189a, avec MM. Zaccag^a, M. Bertrand, Potier, etc..., décrit
^es schistes lustrés de la Haute-Ubaye comme antérieurs au Carbonifère, j'ai
longtemps hésité à admettre que les conclusions auxquelles s'est arrêté en
«dernier lieu, et à la suite de recherches minutieuses, M. Marcel Bertrand,
^'appliquassent aux schistes du Queyras et de la Haute-Ubaye. Jusqu'en 1897,
je croyais en elTet que l'âge triasico-liasique attribué par ce dernier aux
schistes lustrés ne devait être admis comme certain que pour une partie des
^30uches ainsi désignées, et j'admettais, notamment pour les types du Queyras,
S.a possibilité d'une ancienneté plus grande. Je me suis fait depuis un devoir
-m^i un plaisir de déclarer que les résultats consignés ci-après m'ont déûnitive-
:Hn]ent rallié à la manière de voir de M. M. Bertrand, et que je considère comme
Lcquise la preuve que les schistes lustrés de la H^^Ubaye, aussi bien que ceux
lu Queyras, du Mont-Genèvre, de la Maurienne et de la Tarentaise sont posté-
rieurs au Trias inférieur et, probablement, pour une grande partie liasiques.
Il est utile de remarquer que cette interprétation de l'âge des schistes
ustrés, tout en se rapprochant beaucoup de celle à laquelle s'était arrêté
Ih. Lory, en diffère cependant profondément en ce sens que, pour ce
<^:3ernier, les schistes lustrés étant triasiques, étaient considérés comme plus
<^r^nciens que les calcaires magnésiens de Bochebrune, Château-Queyras et
'■^riançon, qu'il mettait dans le Lias, tandis que, dans notre manière de voir,
& es schistes lustrés sont plus récents que les calcaires mentionnés plus haut,
derniers devant incontestablement, ainsi qu'une grande partie des cal-
caires du Briançonnais, être attribués au Trias.
Les schistes lustrés (calcschistes) ont fait l'objet de la part de nos
confrères italiens de nombreuses publications parmi lesquelles il convient
le citer celles de MM. Gastaldi, Zaccagna, Mattirolo, Portis, Franchi et G.
le Stefano. Stella, Virgilio.
M. Franchi notamment, a ]mblié en 1898 (Bull, R, Comit, geol. d'italia) un
'^ rès intéressant historique des diverses opinions émises depuis le milieu du
«siècle au sujet de cette importante formation. Nous renvoyons le lecteur à son
^iiémoire ainsi qu'aux résultats nouveaux qu'il a apportés en faveur de l'attri-
•feution de ces schistes au Trias et au Lias. M. Franchi a découvert en Italie,
lans les schistes lustrés et dans les calcaires qui leur sont subordonnés en un
certain nombre de points, des fossiles qui rendent leur âge mésozoïque incon-
.estable. D'après les détails précieux recueillis par ce savant, beaucoup de
'es faunes sont triasiques, notamment celles qu'ont fournies les calcaires
auxquels les schistes lustrés passent insensiblement par la base. Dans les
«schistes eux-mêmes, M. Franchi signale des lentilles de brèches qui rappellent
»ios brèches liasiques (brèches du Télégraphe); il mentionne aussi des schistes
«i BélemniUs; de sorte qu'il est probable qu'une notable portion des schistes
lustrés appartient au Lias.
(Franchi. SulT eta mesozoîca délia Zona délie piètre verdi nelle Alpi occi-
dentali. Boll. del R. Comitalo geol d*Iialia, 1898-1900). W. Kilian.
I. Bull, Serv. Carte géol. de France, N* 63, t. X, p. i35, 1898-1899.
4o8
W. KILIAN ET P. TERMIER
3 Juin
Col
Froma^t
de
Mo/inoA
yertes, ont, à Fouest, comme substratum, les calcaires dolomitiqnes
dits <x calcaires à Gyroporelles d du Trias ^ (sous lesquels ils semblent
souvent s'enfoncer par reffet de dislocations que nous avons décrites
avec M. Zûrcher), alors qu'à
»• . '*^ ., ^ Test (vallée du PelliccHaute-
Ubaye), ils vont s*appuyer
sur un système de grès, de
quartzites et de schistes
(gpieiss et micaschistes des
Italiens) probablement per-
mo-carbonifères et compre-
nant peut-être aussi les quart-
zites du Trias inférieur.
Il est à remarquer en outre
que, partout où ils existent,
les vrais schistes lustrés (a)
du type classique succèdent
• immédiatement aux cargneules ou aux calcaires triasiques ' sans
interposition de marbres jurassiques supérieurs ; ce fait est parti-
culièrement net à Châtean-Queyras où les rapports des schistes et
des calcaires sont faciles à étudier (v. G. R. des collaborateurs,
pour 1897, in Bull. Serv. carte géolog., t. X, n» 63 (1898); note de
MM. Kilian et Zûrcher). Il en est de môme dans le Briançonnais,
où quand ils apparaissent, les autres faciès (Trias supérieur. Lias,
Mal m et marbres ËJ de la feuille Briançon de la Carte géologique
de France), semblent s'évanouir, « comme si le faciès « schistes
^ClH,
Fig. 4- — Coupe relevée au sud-est
de Molines (Queyras).
Ct'ti, Calcaires triasiques ; G-O, Gypses
triasiques ; It, Schistes lustrés.
1 . Dans les environs de Chàteau-Queyras, la succession des assises est la
suivante, de bas en haut (fig. 4) -
I . Quartzites du Trias inférieur.
a. Mince assise de cargneules et de calcaires phylliteux.
3. Calcaires triasiques du type ordinaire (puissants).
4. Gypses.
5. Schistes lustrés du type normal avec bancs marbreux.
6. Schistes lustrés supérieurs de Yillargaudin.
Pour les environs de Châtcau-Queyras, consulter en outre : M. Bertrand.
B. S. G. F., (3), XXn, p. i54, 189Î. — W. Kilian et P. Tbrmibr. Sur quelques
roches éruptives des Alpes françaises. B, S. G, F,, (3). XXm, 1896, p. 400. —
W. Kilian et Ph. ZOrcubr. C. R. Collab. Serv. carte géol. de France, in Bull,
Sen*. Carte géol. de France, N" 63, t. X, 1898, p. i44- — W. Kilian. Id,, id.,
p. i35.
2. Près de Maurin (Basses-Alpes), dans le vallon de Mary (côté sud), au
col Girardin, etc., on voit très .bien la partie supérieure des calcaires tria-
siques prendre une structure schisteuse et passer insensiblement aux schistes
lustrés.
XgOI GÉOLOOIB DES ALPEâ FRANÇAISES 4^9
lustrés )» s'étendait à toute la série sédimentaire, depuis le Trias
moyen jusqu'à l'Oligocène i» ^
La conclusion qui s'impose est de considérer les schistes lustrés
comme représentant tout au moins le Trias supérieur et le Lias, sur-
tout si l'on considère que Ton peut voir en certains points de nos
Âlpes (Bonneval-les-Bains, Moutiers en Tarentaise) des assises
incontestablement liasiques prendre le faciès « lustré » et la struc-
ture des schistes du Queyras. Les laccolithes de roches vertes
(gabbros, etc.), les marbres tabulaires et phylliteux et les schistes
siliceux versicolores appartiennent à la base de ce complexe schis-
teux, ainsi que le montre leur présence constante dans l'axe des
anticlinaux.
Voici quelques analyses micrographiques ^ se rapportant aux
schistes lustrés et à leur cortège de marbres, de schistes siliceux, etc.
a. — Schistes et couches diverses intercalées dans les schistes
1 . A Césanne, des bancs siliceux, sortes de quartzites à ciment
calcaire, sont intercalés dans ces schistes sur le chemin de Bousson.
Nous en avons fait faire plusieurs préparations (n*'* 694, 089, 600)
qui montrent au microscope une association de plages cristallines
de quartz et de calcite. Cette dernière domine parfois et forme des
filonnets. Dans plusieurs échantillons (n°* G. 602, G. 600, 682, etc.)
on distingue, malgré la cristallinité, des traces de structure orga-
nique sous la forme d'une série de glomérules et de petites taches
circulaires.
A Vœil nu : roche schisteuse à surface lustrée, verte ou lie-de-
vin : tranche d'un brun grisâtre, ou noirâtre, d'aspect subcristal-
lin, avec mouchetures de chalcopyrite et de malachite.
Ces intercalations, malgré leur teneur en silice, font efferves-
cence avec les acides.
On sait que c'est dans des bancs analogues, affleurant également
près de Césanne, que M. Parona a découvert une faune de Radio-
laires dont il a fait connaître les principales formes. Malgré un
examen attentif nous n'avons pu, dans nos échantillons, rien
découvrir qui rappelle des Radiolaires.
2. Echantillon prélevé dans le voisinage de la serpentine, près
de Césanne {Italie) sur le chemin de Bousson (préparation N^ 582),
I. KiLiAN et Tbrmibr. Notice de la feuille Briançon de la Carte géol. de
France, 1901.
a. Dues pour la plupart à M. Termier.
4lO W. KITJAN ET P. TERM1ER 3 Juio
— Schiste lie-de-vin. ou verdâtre par place, faisant efferyescence
sur la tranche ; le microscope montre des grains de quartzite et
de quartz et permet en outre de reconnaître une structure organi-
que bien certaine : suite de canaux et de lacunes pouvant provenir
d'un Polypier ou d'un Hydrozoaire et assez analogues à ce que
l'on observe dans les galets de Jurassique supérieur rose renfer-
més dans les conglomérats éogènes du massif de TEychauda. Des
matières amorphes verdàtres, rougeâtres et noirâtres, sont dissé-
minées dans la roche.
3. Intercalation siliceuse dans les schistes lustrés, Césanne
(préparations iV°* 554 ^^ 556), — Quartzite fin. avec un peu
d'orthose et de nombreux filonnets de calcite. Nids de calcite,
souvent rhomboédriques, au milieu de la masse quartzeuse.
4 Id, (préparation A"" 5^^), — Marbre avec plusieurs noyaux
ou galets d'une serpentine à péridot.
5. Id. Calcschiste de Césanne (préparation N"" G. 58g). -^
Roche rubannée, faisant etlervescence avec les acides, mais présen-
tant des zones siliceuses et des mouches de chalcopyrite et de
malachite. — Teinte d'un brun grisâtre sur la tranche : verte
et lie-de-vin sur les surfaces schisteuses, qui sont lustrées.
Au microscope : mosaïque de quartz iin et de calcite cristalline^
cette dernière formant des filonnets. Un peu de pyrite. — Zones
phylliteuscs excessivement minces. Traces de structure oi^anique.
6. Schistes de Césanne (préparation TV** 5 g g), — Cette roche
est formée de quartz en petits grains irréguliers parmi lesquels on
trouve, formant région, des grains beaucoup plus gros. Laroche est
criblée d'une multitude de grains d'oligiste opaques ou transpa-
rents (dans ce cas de couleur brune), qui sont souvent disposés en
files dans un cristal de quartz. Quelques lamelles clairsemées de
chlorite verte polychroïque ; puis dans les cassures, hématite et
produits ferrugineux. — (Diagnose de M. Duparc).
7. Intercalations dans les schistes lustrés, Césanne (Italie),
Roche i>erte et violette (préparation iV^ G, 600). — Fait efferves-
cence avec les acides. Au microscope : roche très cristalline à
grandes plages et grumeaux de calcite. On distingue des traces
d'organismes (Polypiers ?) sous la forme de glomérules qui parais-
sent représenter des loges circulaires ; au milieu une sorte de
réseau visible malgré la cristallinité (recristallisation) de l'ensem-
ble. Ces traces organiques rappellent celles qui s'observent dans
certains marbres roses du Jurassique supérieur briançonnais.
igOI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 4^1
8. Schiste de Césanne (pert et violet) {préparation A^° G. 602).
— Quartzite recristalliséi quartz grenu fin ; zones plus grossières ;
asones souillées de produits ferrugineux. Très peu de chlorite, un
^g^n de calcite. A remarquer l'absence de sérieite. Traces d'une
structure oi^anique analogue à celle de la préparation précédente.
9. Schiste de VillanoQa {Piémont) {préparation TV" ^70), —
Schiste lustré, type banal. Quartz, calcite, mica blanc, chlorite,
mlménite^ rutile, limonite secondaire.
A Vœil nu, ce sont des schistes noirâtres assez feuilletés, lui-
sants et satinés. Ils sont ici, moins calcaires et plus feuilletés que
sie le sont d'ordinaire les schistes lustrés typiques.
10. L'un de nous a fait connaître, en 1895 *, l'analyse microgra-
yhique, faite par M. Michel-Lé vy, des schistes lustrés de Ghàteau-
^ueyras. Dans cette localité, en effet, des bancs de qnartzites
^ont intercalés dans ces schistes lustrés. M. Termier y a reconnu
eaucoup de sidérose et de nombreuses aiguilles de sérieite sans
rientation dominante.
11. Calcaire intercalé dans les schistes lustrés. Château-
^ue^^as {préparation iV° Sg/f), — Calcaire cristallin à grains
:ttns, noirâtre. Au microscope : mosaïque de calcite et de quaii;z.
Type ordinaire des calcaires intercalés dans les schistes lustrés :
ucoup de calcite avec un peu de quartz et de pyrite. Ce type
très fréquent, d'après M. Termier, dans les schistes lustrés de
voie.
IQ. Calcaire cristallin en bancs dans les schistes lustrés de
Château- Quej^ras (échantillon N" 5 2 y), — Teinte d'un gris
:s[ioirâtre avec zones colorées en brun par la limonite. Ce calcaire
"^st légèrement schisteux : il fait effervescence avec l'acide chlorhy-
^rique.
i3. Schiste lustré du col de M alrif (échantillon D. 5yoi). —
Schiste gris, luisant et satiné ; fait effervescence avec les acides.
14. Schistes lustrés pris sur la route contournant le fort Quej^-
jras, sur la rive gauche du Guil. — Cette roche est beaucoup moins
satinée et beaucoup plus calcaire. C'est un calcaire schisteux noi-
râtre faisant vive effervescence avec l'acide chlorhydrique.
i5. Schistes lustrés de la Combe de Soulier {Queyras). — Fait
effervescence avec l'acide chlorhydrique. Certains bancs sont
plutôt des marbres schisteux formés de fines strates de calcite
I. B, !$. G, F , (3), XXm, p 407.
4l3 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Juin
cristalline, séparées par des lits de séricite qui donnent à la tranche
de cette roche un faux aspect gneissique. La couleur est d'un
gris noirâtre avec bandes plus claires sur la tranche, correspon-
dant aux lits de calcite. Les lames de séricite sont bien visibles
sur les surfaces de stratification qui ont un aspect satiné. La roche
se débite en dalles, et ne rappelle en rien les schistes du Goudron,
i6. Aux environs de Château-Queyras , près du hameau de
Paquier, ainsi qu à Yillargaudin, ailleurent également des schistes
lustrés d'un type spécial, différant des schistes lustrés typiques de
Soulier et de Château-Queyras, et que nous considérons comme
formant un groupe de schistes lustrés supérieurs (v. plus haut),
plus récents que les précédents.
Nous croyons intéressant de reproduire ici, à titre de compa-
raison, le résultat de Texamen qu*a bien voulu faire M. le Profes-
seur Duparc d'échantillons de schistes lustrés recueillis par Tun
de nous à Maurin (Basses-Alpes).
17. Schistes lustrés de Maurin (Ubaj-e) {préparation N"" 5 y 5).
— Cette roche est essentiellement formée de calcite et de quartz.
On y trouve cependant un peu d'orthose et d*oligoclase, puis des
aiguilles de rutile. Le quartz est en grains détritiques ainsi que
Vorihose, L'oligoclase est très rai'e.
La calcite, élément principal, forme de gros grains à clivages
/> (loîi) nets, quelquefois niâclés selon 6*, qui semblent mouler les
autres éléments. — (Diagnose de M. Duparc).
i8. D'autres préparations de ces schistes de Maurin, examinées
par M. ïermier, montrent toujours du quartz et de la calcite en
agrégat très-cristallin, avec orthose ou albite et un feldspath
triclinique très-probablement développé sur place. Le ciment est
calcaire : on remarque des matières charbonneuses ou ferrugi-
neuses noires. La roche fait penser à une arkose ou à un schiste
g^anulitisé.
19. Calcaire triasique schisteux de Combe-Brémond, vallée de
VUbqy^e (échantillon i\'^ 610), — Ce calcaire, ti'ès gaufré et
« plissoté », appartient au complexe des schistes lustrés ; il est fin,
subcristallin, d'un gris bleuâtre, à cassure esquilleuse. La surface
altérée présente des lits en relief qui dessinent nettement des
petits plis de détail. — (Diagnose de M. Termier).
20. Schistes lustrés de Saint- Véran (Hautes- Alpes) recueillis
dans le voisinage de la serpentine {préparation N"* 2^3). —
^OI GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES ^l3
. Michel-Léyy a examiné des préparations de cette roche. Voici
diagDose qn'il nous en a donnée :
Beaux micaschistes ou schistes micacés, à quartz très grenu,
11 mosaïque, à phyliites bien formées en gi*osses fibres (mica
oir, mica blanc) ; les zones quartzeuses avec un peu de chlorite.
ype X de la carte géologique de France.
ai. Schiste lustré {liasiqué) de Bourg-Saint-Maurice (Le Cha-
lard), recueilli par M. Kilian. — Roche consistant en un calcaire
ris noir très cristallin, en lamelles cristallisées, laminé, un peu
stré, pas de séricite visible ; effervescence vive avec l'acide
Jilorhydrique.
aa. Echantillon de la collection Ch, Lorj^{i886). Bourg Saint-
aurice (Le Chatelard). — Schistes calcaréo-micacés du Trias
^«ipérieur ou liasiqué. — Même composition que le précédent.
b. — Marbres et calcaires subordonnés
AUX SCHISTES LUSTRES INFERIEURS
23 . Calcaire iriasique et serpentine ^ col de Bousson^près Brian-
^n (préparation N"" 8), — Très curieux échantillon : calcaire
«^iniiné et recristallisé, avec veinules contournées, fragmentées,
tirées, remplies soit par de la chlorite pennine magnifique, soit
ar un mica jaune polychroïque et très biréfringent. Pas de serpen-
e. Le mica et la chlorite renferment des grains de sphène. En
^^omme, c'est un calcaire phylliteux froissé après le développement
^ies phyliites ; à noter Tabsence de quartz.
•24. M arbre y col Tronchet, près Arçieux (préparation N° y 2), —
^^Marbre rappelant les marbres phylliteux du Trias de la Vanoise.
^^3eancoup de quartz en grains irréguliers, nuageux, sans forme et
^^^ns lois de répartition. Assez nombreuses paillettes de mica blanc
^lisposées sans ordre. Pas d'apparence de laminage. Pas de miné-
x^^aux de métamorphisme.
a5. Marbre gris -jaunâtre du Mont- Genèvre {échantillon
-D. 64^S). — Finement cristallin, en plaquettes; fait effervescence
avec Tacide chlorhydrique.
a6. Marbre calcaire de Mhurin. — Finement cristallin, en pla-
<]uettes ; fait effervescence avec l'acide chlorhydrique ; d'un gris
jaunâtre.
27. Calcaire phylliteux du pied nord-ouest du Alont-Pehas (pré-
paration A^ a8o), — Au microscope : marbre phylliteux, type
4l4 ^'- KILIAX ET P. TERMIER 3 JoÛl
banal : peu de séricite, peu de quartz ; pas de feldspath. A Tceil nu^
la roche présente une couleur blanc-jaunâtre et une structure un
peu fibreuse, quoique nettement mari^reuse. On remarque des
paillettes de phyllites éparses.
!i8. Marbre de la Chalp ou VEchalp (Haut-Queyra^) (prépa-
ration N^ ^57). — Calcaire cHstallin d'un blanc verdâtre, bleuâtre
et grisâti*e, taches vertes avec tendance à la schistosité et paillettes
phylliteuses éparses sur les surfaces. Au microscope : marbre,
avec paquets de petits i-utiles à Imtérieur des phyllites. Celles-ci
sont chlorite et séricite.
29. Marbre de la Chalp (préparation N^ loy). — Marbre à
grain fin, fortement laminé postérieurement à la cristallisation de
la majeure partie des individus de calcite. Lits et joints garnis de
minces lamelles de muscovite. Très nombreux grains de quartz
à contours nuageux : la plupart de ces grains semblent être posté-
rieurs au laminage. Pas de feldspath ni d'autres minéraux. L'as-
pect est celui de beaucoup de marbres triasiques. Aucune trace
d'organismes. A l'œil nu, c'est un calcaire gris bleuâtre cristallin ;
traces de schistosité et paillettes de séricite.
30. Marbre de la Chalp (préparation N"* 4^7)' ~ Môme struc-
ture et mêmes caractères.
3i. Marbre du col Tronchet (préparations N*^ y a et y 3), —
En contact avec les roches vertes laminées. Mosaïque de calcite
cristalline, fine dans l'échantillon N** 72, plus grosse danâ le N*» 78.
D. Sur quelques schistes cristallins de la zone du Piémont
Les couches les plus anciennes du Haut-Queyras sont celles qui
suppoi*tent les schistes lustrés ; eUes afileurent sur territoire
français au sud de la contrée qui fait l'objet de la présente étude,
près du col du Longet, mais leur plus grand développement est
atteint sur le versant italien des Alpes cottiennes.
En étendant ses recherches aux parties voisines des Alpes pié-
montaises * et, en particulier, à la vallée du Pellice, l'un de nous
a pu s'assurer en eflet que les schistes lustrés du Haut-Queyras
vont s'appuyer vers l'est, par l'intertnédiaire de schistes serpenti-
neux et d'intei^calations éruptives de roches basiques (Villanova),
ou de schistes à zoïsite, sur un ensemble de schistes plus ou moins
I. W. KiLiAN. Feuille d'Aiguilles, in C. R. CoUab. 1892, Bnll. Serv. Carte
géol. de France, N* fi3, t. X, 1898, p. i35.
^901 GÉOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 4^^
«cristallins, rapportés par la plupart des géologues italiens au Ter-
vain Primitif (Prépaléozoïque) et dont certaines assises ont été
décrites comme de véritables gneiss *. Ces couches ont toutes un
^pendage régulier vers l'ouest comme, du reste aussi, les schistes lus-
'Srés de la région française. En examinant de près ces « schistes
^cristallins » et ces « gneiss » de la vallée du Pellice, notamment aux
environs de Bobbio, de Torre-Pellice et de Luserna, nous avons
:a-econna qu'ils s'éloignent beaucoup, comme aspect macroscopique,
^es schistes et gneiss précarbonifères de nos Alpes françaises
^Belledonne, Pelvoux, Mont-Blanc, etc.), du Plateau central et des
:srégions classiques. Ce sont des schistes sériciteux, des quartzites
hylliteux et feldspathiques, des micaschistes à épidote (Bobbio,
rès du pont), fort analogues aux assises métamorphiques, d'ori-
ine incontestablement sédimentaire, de certains de nos massifs
Ipins, comme, par exemple, de la Vanoise. Il est à remarquer
gaiement que des anthracites ont été signalés dans ces couches
ar M. Maggiore et que plusieurs de nos confrères italiens y ont
^mentionné la présence de graphite.
Ces conclusions n'excluent pas l'existence de roches granitoïdes
^wéritables dans d'autres points du bassin du Pellice, l'un de nous
^n ayant rencontré dans les alluvions du bas de la vallée ; mais il
intéressant de constater qu'en suivant la coupe naturelle que
onne la vallée principale, du col Lacroix à la plaine, on ne
^encontre ni granité, ni aucun représentant incontestable de la
-^érie prépaléozoïque.
On peut dire, d'après ce qui précède, que sur le versant italien,
M.Q système des schistes lustrés et des roches vertes s'appuie sur
^^ine puissante série de micaschistes et de roches gneissiformes
^souvent graphiteuses (quartzites feldspathiques à microcline,
<^Drthose et surtout albite, à mica blanc, avec chlorite et sphène,
:^nicaôchistes quartzeux à albite, avec pyrite, sphène, zoisite, rutile,
laïcité et feldspaths divers). Certaines de ces assises rappellent
"vivement les quartzites werféniens, ainsi que les grès permiens
^t houillers dynamométamorphisés de certaines parties des Alpes
^e Savoie, et doivent être considérées comme des sédiments anté-
^%riasiques puissamment modifiés. — On a désigné, sur la feuille
I. Nos confrères italiens ont publié un grand nombre de notices sur les
C^eiss du Piémont; nous ne pouvons songer à les citer toutes ici et nous
x>appellerons simplement les noms de MM. Zaccagna, Novarese, Virgiiio,
«iinsi qu'une étude en langue anglaise due à M. Gregory (Grkgoky. The
>Arealdensian Gneisses. Quart, Journ, Oeol. Soc), nous réservant de résumer
dans une autre occasion les conclusions de ces nombreux mémoires.
4l6 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Juin
Aiguilles de la carie géologique de France, par une teinte spéciale
(rx), cet ensemble de schistes cristallins sans y établir les subdi-
visions de détail qui pourraient y être distinguées.
Ces roches, qui ont été examinées au microscope par M. Ter-
mier et dont on trouve Tanalogue dans tous les terrains métamor-
phiques, sont a6so2um^7i/ différentes des roches cristallophylliennes
anciennes du Plateau central, du Pelvoux ou du Mont-Blanc.
Telle paraît aussi (^tre Topinion de certains de nos confircres
italiens ; M. Franchi par exemple écrivait en 1898 : « quoique nous
soyons disposés à rajeunir de beaucoup les gneiss, nos idées sur
leur orig^e et sur leur âge n'ont pas encore pris une forme défini-
tive; cependant il est bien acquis, pour nous aussi, que les
micaschistes, les schistes graphiteux associés avec eux, sont des
schistes métamorphiques ». — Le même auteur(Zoc.ciï., p. 238) croit
qu'il convient d'attribuer au Permo-carbonifère à faciès cristallin,
les roches graphitiques de la vallée du Pellice et une partie du
d gneiss central » des géologues italiens.
Les schistes cristallins micacés qui, plus au sud, au col du
Longet, vers la Haute-Ubaye, servent de substratum à la série des
schistes lustrés mésozoîques, appartiennent très probablement
comme nous Tavons dit plus haut à ce même ensemble.
Ils ont été signalés par Ch. Lory * comme des micaschistes et
des gneiss anciens h mica blanc, faisant i>artie de la bordure qui
fermait au midi le grand bassin houiller des Alpes. Sur la carte
du Briançonnais, cet auteur les a figurés coinme appartenant au
Ten^ain Primitif. M. Zaccagna - les a également considérés comme
anciens ; ils sont confondus sur sa carte avec les schistes lustrés
(calcschistes) que cet auteur attribue au Prépaléozoîque, en une
« zone des micaschistes » distincte de celle du « gneiss central ».
En 189a ^, Tun de nous (M. Kilian) eut Foccasion de les men-
tionner et de donner, d'après une obligeante communication de
M. Michel-Lévy, leur composition microscopique (quartzites à
mica blanc, chiorite et glaucophane) ; il les considérait alors
comme très anciens et certainement antéhouillers.
Plus tard, M. Marcel Bertrand * dit, en parlant de ces roches,
qu'elles lui ont rappelé celles du Permo- Houiller et même du
Permo-Houiller très supérieur; il les rapproche de celles de la
1. Descr. géol. du Dauphiné, p. 282, aSS et 290.
2. Zaccagna. Sulla geologia délie Alpi occidentali. tioll. R. Comit. GeoL,
1887.
3. B. S. G. /♦., (3), XIX, p. 58i, 584.
4. B. S. G. F., (3), xxn, p. i:4, 1894.
igOI GEOLOGIE DBS AL^ES FRANÇAISES ^I*)
crête du glacier d'Etache dans le massif d'Ambin, c'estrà-dire de
véritables quartzites feuilletés dans lesquels le rôle des lits phylli-
teux intercalés reste tout à fait subordonné. L'altération par les
agents atmosphériques fait, d'après lui, ressortir leur analogie
avec d'autres types détritiques des Alpes. Enfin M. Franchi * les
a attribués récemment au Permo-Carbonifère.
Depuis lors la connaissance approfondie de nos Alpes résultant
de douze années d'explorations a conduit M. Kilian à la conviction
que les gneiss et micaschistes du col du Longe t sont moins anciens
qu'il ne le croyait en 1892, et qu'ils représentent un type métamor-
phique du Permo-Carbonifère comprenant encore, peut-être, les
quartzites du Trias inférieur.
L'étude microscopique, faite par M. Termier, des schistes cris-
tallins dont il vient d'être question, a donné les résultats suivants:
1. <r Gneiss d de Luserna (Piémont) (préparation N"" s ^5), —
^4 Vœil nUy cette roche, exploitée pour dalles et carrelages, a une
apparence gris-clair ou jaunâtre et une cassure esquilleuse et sub-
cristalline, semblable à celle des quartzites triasiques. Les surfaces
parallèles à la schistosité sont moirées de paillettes de muscovite.
Au microscope y c'est un quartzite àfeldspaths (sorte de lepty-
nite)avec très peu de mica blanc. Les feldspaths sont : microcline,
orthose, albite, un peu zones.
2. Schiste cristallin pris au nord du bourg de Torre-Pellice
(Piémont) (préparation N° 26g). — A Vœil nu : cette roche a
l'aspect d'un micaschiste à muscovite coupé de petits bancs à allures
de quartzites.
Au microscope : micaschiste à mica blanc. Type banal, très
cristallin. Beaucoup de feldspath développé in situ.
Ce feldspath est : orthose, microcline et albite.
3. Schiste cristallin de Bobbio {Piémont) (préparation iV° 2 y 8).
— Roche d'un gris verdâtre, grenue ; quelques taches d'épidote,
rappelant beaucoup par son aspect certains grès houillers très
métamorphiques ; un peu schisteuse, avec paillettes de séricite sur
les surfaces de schistosité.
Au microscope j c'est un micaschiste d'un type intéressant, avec
épidote et zoïsite, sphène, chlorite, séricite, orthose et quartz. Le
quartz et le feldspath sont allotriomorphes. Le quartz domine.
L'un et l'autre, mais surtout le feldspath, sont criblés d'inclusions
de chlorite.
I. Boll. R. Com. geol. d'Italia, série m, t. IX, p. a43, 1898.
i5 Octobre 1901. — T. i^^. Bull. Soc. Géol. Fr. — 27
4x8 W. KILIAN ET P. TERMIER 3 Juin
G*est probablement un produit de recristallisation d*une roche
éruptive.
4. Roche schisteuse, blanche, à feuillets nacrés, recueillie à
Torre-Pellice (Piémont) au nord du bourg (préparation iV*> a^i).
Au microscope : micaschiste quartzeux à albite, avec un peu
de pyrite, sphène, zoïsite, rutile, calcite.
Type banal, mais très haute cristallinité.
5. Schiste cristallin de Bobbio (Piémont) (préparation N^ ^^6).
— Roche gneissilbrme d'un gris verdâtre, avec taches d'oxyde de
fer. On distingue à Fœil nu un fond blanchâtre avec lits de phyl-
lites verdâtres assez espacés.
Au microscope^ c'est un quartzite à feldspaths, assez analogue à
ceux de Lusema, mais il y a des lits plus continus de mica blanc,
avec un peu de chlorite et de sphène. Feldspaths parfois très gros,
surtout albite j en agrégats allotriomorphes avec le quartz. Il y a
des lits purement quartzeux.
6. Echantillon de schiste cristallin recueilli en amont de Bobbio
(préparation N"" 262), — Au microscope : quartzite à mica
blanc, avec un peu de feldspath développé in situ. Type très
métamorphique, mais banal.
A Vœïl nu : apparence d'un quartzite schisteux, avec séricite sur
les surfaces de schistosité ; teinte gris verdâtre.
'], Schiste cristallin pris en amont de Bobbio (préparation
iV** 265), — Môme nature que le N° aôa. Type banal que Ton
retrouve dans tous les terrains cristallins.
A Vœil nUy la roche est de teinte un peu plus claire que la
précédente.
Ces types sont peu caractéristiques ; Ton peut trouver leur ana-
logue dans tous les terrains métamorphiques ; il y a dans la Vanoise
des roches bien comparables. Les gneiss de la Levanna ont un
type tout autre que celui des roches de Bobbio, à cause de Tabon-
dance des gros feldspaths. mais cette différence n*est pas essentielle.
En tout cas les roches en question sont dans leur ensemble, abso-
lument différentes des roches cristallophylliennes du Plateau
Central, du Pelvoux ou du Mont-Blanc.
Il est intéressant de rapprocher ces roches des « gneiss » du
col du Longet qui occupent la même position stratigraphique.
M. Michel-Lévy a bien voulu examiner des préparations de ces
igOl GÉOLOGIE DBS ALPBS FRANÇAISES 4^9
schistes cristallins, recueillis par nous en 1891 au col du Longet
^altitude 267a mètres) où ils forment également le substratum des
schistes lustrés.
Voici le résultat de son étude :
1 . Schiste ou mieux quartzite, à mica blanc et glaucophane.
Composition sommaire : quartz, mica blanc en partie sériciteux,
n partie lameileux (c'est-à-dire en grandes lamelles). Ghlorite
boudante. EnOn, dans certaines traînées, calcite et prismes de
laucophane peu coloré, mais bien caractérisé avec son poly-
hroîsme : suivant ng — bleu azur pâle.
— nm — violet pâle.
— np — jaune très pâle.
L'aspect général rappelle un schiste du C ou du X (partie supé-
ieure des schistes cristallins de la légende de la carte géologique
étaillée de la France).
M. Duparc a reconnu dans des préparations de même prove-
ance de la muscovite, du sphène, de la magnétite, du rutile
t du zircon.
2. Schiste très feldspathisé, probablement granuUtisé,
3. Schiste très cristallin, avec microcline déçeloppé en place,
^jlandules d'oligoclase. Présenterait, d'après M. Michel-Lévy, un
'^^ype plus ancien que le Permien.
4. Micaschiste voisin de C* de la carte, très cristallin. Un peu de
^f^eldspath; beaucoup de quartz non détritique, formé sur place.
d^randes lamelles de muscovite. Le mica blanc est froissé par le
<3.ynamométamorphisme ; ses axes sont rapprochés.
D'autres échantillons, recueillis dans le même ensemble, égale-
^x^Eient au col du Longet, ont fourni à M. Termier les diagnoses
Suivantes :
a) Quartzite phylliteux du col du Longet {préparation iV° 588),
Quartz et mica blanc, chlorite rare. Pas de feldspath, si ce n'est
dans des filonnets transversaux (albite).
Roche détritique. La plus grande partie du mica paraît sédi-
mentaire. Quartz entièremeut recristallisé.
Archéen, Rouiller ou Permien.
b) Sous les schistes lustrés, col du Longet (préparation N" 52g),
— Schiste quartzeux avec apatite, ilménite et très fins rutiles.
Séricite et chlorite. Feldspaths (orthose) développés in situ.
Aspect des schistes per miens de la Vanoise,
4^0 KIL1AN ET TERMIER. — GEOLOGIE DES ALPES FRANÇAISES 3 Juin
c) (préparation iV" 538), — Même diagnose. Pas ou très peu de
feldspath.
d) (préparation N*" 544)* — Môme diagnose. Pas ou très peu
de feldspath.
é) (préparation N"" 544^^)' — Même gisement. Même diagnose.
Zircon en plus.
En outre : mica noir froissé et décoloré : gros noyaux d'orthose
et de microcline cassés et froLssés. Il ne serait pas impossible que
ces noyaux fussent d'anciens galets ; mais ils sont recristallisés
sur les bords. En tout cas beaucoup de petits feldspaths (orthose,
microcline) développés in situ.
En somme : grande analogie avec certains schistes permiens de
la Yanoise.
M. Haug fait remarquer que la base des schistes lustrés du
Briançonnais et du Piémont ne peut plus guère être envisagée
comme triasique depuis que M. Franchi a trouvé, dans des cal-
caires qui forment dans leur masse des pointements anticlinaux et
cela en plusieurs localités, un fossile essentiellement caractéris-
tique du Trias le plus élevé, Pleurotomaria solitaria, qui occupe
ce niveau depuis les Alpes orientales jusqu'en Calabi*e. La partie
inférieui*e des schistes lustrés est incontestablement liasique, leur
partie supérieure peut très bien être attribuée à TEocène ou à
rOligocène, comme dans les Grisons.
Séance du 17 Juin t90t
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
<lernière séance. La rédaction de ce procès- verbal est adoptée.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Louis Rambaudy Docteur en médecine, présenté par
!^M. Stanislas Meunier et G. Ramond.
Il annonce une présentation.
Le Président fait part à la Société de la mort de M. Bleicher,
KLSsassiné dans son laboratoire de TEcolc de Pharmacie de Nancy.
SI rappelle que M . Bleicher est venu encore tout récemment faire
ne intéressante communication à la Société géologique et exprime
ous les regrets que cause aux géologues la perte si imprévue d'un
onfrère aimé et estimé de tous.
M. 6. Dollfus présente à la Société le moulage d*un fossile très
^^remarquable qui vient de lui être envoyé par notre confrère
^!. Davy et provenant de la carrière des fours à chaux de la
^iarrette, près Noyal-sur-Bruz (Loire-Inf.). C'est un Pélécypode qui
•^1 été désigné par Millet sous le nom de Venus faUax. Cette forme
•^ippartient au même groupe que Venus aglaurœ Hoernes (non
IBrongniart) et Venus excentrica Agassiz, qui sont répandues dans
le Miocène du Midi. Le Venus fallax paraît caractériser le Miocène
supérieur de Touest et a été rencontré déjà à Sceaux, à Thorigné,
Saint-Clément-de-la-Place et par fragments à Beaulieu. Cette forme
:Ki'est pas connue dans les faluns de la Touraine.
Commandant 0. Barré. — Sur la morphogénie de la région de
J'ontainebleau,
L'étude que j'ai entreprise de la morphogénie de la région de
ï'ontainebleau m'a conduit à établir une carte géologique au
x/Qo.ooadu territoire de la forêt. J'ai ainsi en l'occasion de relever
plusieurs faits qui présentent un certain intérêt.
10 Tout d'abord j'ai constaté que la classification des bandes
gréseuses et interbandes sableuses indiquée par M. Douvillé devait
être modifiée dans une certaine mesure, et qu'il fallait compter,
depuis Melun jusqu'à Bourron, sept bandes gréseuses et six inter-
4123 SEANCE DU I7 JUIN I9OI
bandes sableuses, indépendamment des filets sableux qui s'inter-
calent dans les bandes gréseuses, et d'une bande gréseuse annexe
de la bande d'Apremont et qui n'est point signalée sur la feuille
de Melun de la carte géologique à 1/80.000.
2° J'ai ensuite remarqué que les tables gréseuses étaient divisées
en éléments longitudinaux parallèles par des déïiiveliations qui se
poursuivent i^égulièrement d'un bout à l'autre de la forêt et qui ont
eu une grande importance au point de vue de la sculpture du sol .
Des mesures de grande précision, effectuées à ma demande par
MM. les capitaines Soulié et Vigniane, professeur et professeur-
adjoint de topograpliie à l'Ficole d'application, m'ont permis
d'obtenir plusieui*s coupes transversales d'une môme bande gré-
seuse, et ces coupes montrent que les dénivellations ont une allure
aussi régulière que 4a bande dont elles font partie. J'incline à
penser que ces différences de niveau ont été produites par de
petites cassures contemporaines des grandes ondulations tertiaire.s
de la région parisienne dont elles ne seraient qu'une conséquence.
La disposition des longs promontoires qui se détachent symétri-
quement du plateau axial de la forêt dans les bandes sableuses
ainsi que celle des monts isolés, me font penser que des dénivella-
tions analogues existent dans Tétendue de ces bandes, mais je n.'ai
pu les constater matériellement, par suite de la diiliculté qu'on a
de rencontrer des couches de repère bien en place dans les affleure-
ments du calcaire de Beauce sur les pentes.
30 J'ai enfin trouvé, dans le canton de la Petite-Haie, un gise-
ment de véritables graviers alternant avec des lits de sable qui a
tous les caractères d'un dépôt fluviatile. Cette découverte, en con-
tradiction avec ce que l'on croyait établi, montre qu'il y a eu à un
certain moment de véritables cours d'eau dans la région. La nature
des graviers qui semblent provenir tous du calcaii^ de Beauce,
indique que les courants d'érosion étaient absolument locaux.
L'altitude du gisement qui est notablement inférieure à celle des
cailloux roulés du plateau de Bois-le-Uoi, montre que le dépôt
fluviatile observé est postérieur au dépôt de ces cailloux, c'est-à-
dire franchement pléistocène. Il y aurait donc eu dans la sculpture
du sol de la région deux phases ; ï une ^ pléistocène, pendant laquelle
les précipitations atmosphériques auraient dépassé les facultés
d'absorption des sables de Fontainebleau et du calcaire de Brie
sous-jaceiit et qui aurait vu des eaux courantes dans le territoire de
la forêt ; l'autre, post-pléistocène, pendant laquelle se serait établi
le régime des vallées sèches et se serait déposé presque sur place le
manteau de débris non roulés qui avait été seul remarqué jusqu'ici.
SUR LE DÉVONIEN DE TAILLEFER
ET LE CARBONIFÈRE DE VISÉ (BELGIQUE)
par M. BOURGEAT
Après avoir visité plusieurs fois dans mes excursions les forma-
tions dévoniennes de Taillefer au sud de Namur et les formations
carbonifères de Visé au nord de Liège, j'ai cru que, tout en ren-
dant hommage aux remarquables travaux dont elles ont été
l'objet, je pourrais très modestement rapporter ici quelques-unes
des observations que j'y ai faites.
I. — DÉVONIEN DE Taillefer
Le Dévonien de Taillefer est celui qu'on observe près dç la gare
de ce nom. Il commence du côté du nord par les poudingues rou-
ges amarantes dits de Burnot qui reposent eux-mêmes en concor-
dance sur les formations plus anciennes des grès de Vireux.
Au-dessus des poudingues, mais sans qu'on puisse établir une
ligne de séparation tranchée, se montre la grauwacke également
rouge amarantp, dite grauwacke de Hierges,
Cette grauwacke est bien visible au sortir de la gare et un peu
vers le sud où elle est entaillée par un ruisseau débouchant sur
la rive droite de la Meuse. M. Gosselet Ty a signalé depuis
longtemps avec ses caractèi'es propres au faciès nord du bassin
de Dinant *. Il a fait connaître aussi dans une coupe sommaire
la série des calcaires qui viennent au-dessus et qu'il rapporte
partie à sonGivétien, partie à son Frasnien.
La question de savoir où finit dans ces calcaires l'étage de
Givet pour faire place à celui de Frasne ne m'a guère préoccupé.
Mais ce qui m'a frappé ce sont les intei*calations de la grauwacke
aux premières assises calcaires, intercala tions qui se répètent plu-
sieurs fois, comme l'indique la coupe ci-jointe (flg. i). On constate
même, comme je l'ai noté dans l'assise n" 3, des grauwackes
vertes enclavées dans le calcaire et portant à leur surface des
trous qui proviennent de la destruction par les agents atmosphé-
riques des tiges d'Encrines dont elles sont pétnes. Ce n'est que
I. Annale» de la Société géologique du Nordy tome III, p. 69 et 60.
4^4 BOURGEAT. — SUR LE DEVONIEX DB TAILLEFBR I7 Juin
peu à peu que le calcaire se dégage de la grauwacke pour
former des saillies riches en Polypiers, et chez la plupart desquelles
les traces de stratification ont disparu.
Un tel enchevêtrement de la grauwacke aux calcaires indique
entre ces deux dépôts une liaison intime. Elle ne peut guère
à mon avis se concilier avec l'idée que si les schistes à Calcéoles
manquent là, entre le calcaire et la grauwacke, c'est par le fait
d'une transgressivité de la mer givétienne qui aurait débordé
celle des schistes à Calcéoles. Ou ces schistes à Calcéoles se trou-
veront à Taillefer avec leur faune propre dans l'une ou l'autre
des intercalations supérieures de la grauwacke, ou, s'ils ne s'y
trouvent pas, il faudra, ce me semble, admettre qu'ils ne sont
pas déposés là.
Jflillefer
Fig. I . — Contact du Givétien et de la grauwacke à Taillefer.
Echelle des longueurs i/i.aoo* ; hauteurs quadruplées.
I. Alternance de calcaire et de grauwacke; a. Calcaire noir en lits régu-
liers: 3. Alternance de cale, et de grauwacke (Polypiers). CyaiophyUam
qaadrigeminum. Couches vertes à Encrines; 4* Cale, massif à Acer'vularia
David8oni\ 5. Schiste argileux couvert par la végétation; 6. Cale, noir
à Cxatophylluni cœspitosum^ Stringocephalus Burtini; 7. Cale, à Stroma-
topores, Favosites cervicornis ; 8. Cale, compact bien lité, Spirifer Ver-
neaili; 9. Cale, à Stromatopores (marbre florence); 10. Alternance de
schiste et de cale, à Spirifer VerneaiU.
Je me permets jusqu'à preuve du contraire de me ranger à cette
dernière solution, je la crois fondée sur ce fait que déjà dans la
partie sud du bassin de Dinant les schistes à Calcéoles ont des
épaisseurs très variables, qu'ils se coupent souvent de lentilles
calcaires et que leur faune typique subit des modiOcations corres-
pondantes, les Calcéoles étant tantôt très nombreuses, tantôt au
contraire extrêmement rares.
Je croirais donc que sur une partie du Condroz, pendant que
les schistes à Calcéoles se formaient plus au sud, les conditions
troublées de la sédimentation ne permettaient que la formation
de poudingues et de grauw^acke et constituaient des milieux où
les fossiles habituels des schistes ne pouvaient vivre. Cela expli-
querait comment les schistes à Calcéoles sont si rares au noi*d du
bassin de Dinant.
ET LE CARBONIFÈRE DE VISÉ
4a5
n. — Carbonifère de Visé
s
le
X-.e Carbonifère de Visé, étudié successivement par MM. Horion,
sselet et Dewalque *, peut être observé soit le long du cours
la Meuse en des carrières dont le front est parallèle au fleuve,
plus à Test le long de la Bervine, où ses aflïeurements ont été
oités pour la fabrication de la chaux. Il est en plusieurs
ts recouvert par des dépôts crétacés du Danien, qui ont été
its par M. Horion, et qui ne m'occuperont pas ici.
me contenterai méine pour ne pas compliquer cette note de
pporter en quelques détails que la coupe que j'en ai prise
genteau à Visé. Cette coupe n'est pas absolument complète,
a côté d'Argenteau la végétation cache une partie des assises,
oici ce qu'on observe au sortir d'Argenteau :
— Vis-à-vis le pont et sous le château même d' Argenteau appa-
^ans les pentes boisées un calcaire B sans stratification nette
la couleur est d'un blanc tacheté de gris et qui est par places
ert de tiges d'Encrines. Quelques fissures discontinues a, qui
^^^:*^ncontrent semblent accuser un pendage assez marqué vers
d. Sa surface supérieure est percée de poches remplies d'une
le blanchâtre avec lits de phtanites noirs à surface ferru-
xise. Ces phtanites sont remplis de moules d'Encrines et
iennent un certain nombre d'espèces fossiles.
Cnrrirrp /In (in en
Four lie BichcUc Ch"y ci:^rg(fntpnu S
Richclle \P*d'Anjmtcim
ï^5
L CL Meuse
• a — Coupe du Carbonifère entre Argenteau et Visé suivant le cours
cle la Meuse. — Echelle des longueurs i/ao.ooo*; hauteurs décuplées.
, Phtanites à Encrines; B, Calcaire massif avec lignes a marquant
vaguement la stratification ; C, Dolomie massive.
2. Un peu plus au nord en regard du four à chaux de Richelle,
^l^rès une interruption due aux broussailles et aux bois, on observe
*^^s mêmes calcaires mais à un niveau plus élevé. Au-dessous d'eux.
I. UoRiON. Sur les terrains primaires des environs de Visé. B, S. G. F., (2),
-^X, p. 76C. — Horion et Gossblet. Le calcaire de Visé. Annales de la
Société géologique du Xord^ tome XX, p. 194. — Gossbi^t. Sur les relations
^U terrain dévonien et du terrain carbonifère à Visé. C. /?., 1892, p. 1242. — •
^BWALQus. Annales Société géologique de Belgique^ tome X, p. i^.
4a6 BOURGEAT. — SUR LE DÉVONIEN DE TAILLEFBR 1 7 Juin
et se liant intimement à eux se remarquent des calcaires plus
clairs, puis enfin des dolomies C.
3. Les dolomies font saillie d'une façon très irrégulière au
milieu du calcaire et se lient aussi à lui d'une façon très intime,
comme Ta si justement fait remarquer M. Gosselet. Les mêmes
fissures irrégulières a semblent indiquer que la stratification
devient horizontale puis subit un pendage vers le nord.
4. Plus loin en se rapprochant de Visé on retrouve les calcaires
g^is dont la surface de contact avec les lits de phtanites s'abaisse
au point d'atteindre le niveau de la route à l'entrée de Visé. Toute
la surface supéneure du calcaire est sillonnée de nombreuses poches
analogues à celle d'Argenteau.
5. Les plissements des assises d'aigle et des lits à phtanites
dans les poches prouvent que celles-ci se sont creusées après le
dépôt des phtanites. Elles se présentent comme un résultat de
l'action de Teau le long de certaines fissures presque verticales
dont on peut voir le prolongement en dessous dans les calcaires.
Par Teffet de cette action, le calcaire aurait été dissous et l'argile,
qui en forme le résidu, se serait plissée en même temps que les
lits de phtanites pour remplir les poches.
6. Les fossiles que l'on trouve soit dans les argiles blanches
soit dans les phtanites sont la continuation avec des changements
graduels de la faune des calcaires. Il y a donc entre les calcaires
d'en haut et les phtanites une continuité paléontologique analogue
a la continuité stratigraphique signalée entre les dolomies et les
calcaires d'en bas.
7. Les phtanites, en assises bien nettes affectent dans leur
ensemble, c'est-à-dire abstraction faite de leurs infléchissements
dans les poches, un pendage parallèle à celui que les lignes de
fissures faisaient su[)poser au calcaire.
8. Dans la masse du calcaire on observe beaucoup de Polypiers
du groupe des Stromatapores^ et beaucoup de traces oi^aniques
qui ressemblent aux restes de Lithothamnium du mont Aimé.
Ce calcaire se présente donc comme un calcaire construit. Il offre
du reste beaucoup d'analogie dans sa [)hysionomie avec le calcaire
zoogène de Waulsort.
9. Son épaisseur peut être de 55 à 60 mètres. Dans les parties
tout-{i-fait inférieures, c'est-à-dire au voisinage de la dolonde de
Richelle, j'ai pu recueillir des traces de minerai de cuivre, soit
à l'état de chalcopyrite, soit à l'état de malachite.
10. La faune à partir des dolomies parait être la suivante :
Dans les doloniies Rh)^nchonell(i çuboïde^ avec Productus
igOI KT LE CARBONIFÈRE DE VISE ^^'J
^nblύis, P. semireticulatus qui sont surtout abondants dans le
passage de la dolomie au calcaire.
Au-dessus de ces dolomies et en montant vers les phtanites :
Productus semireticulatus, fimbriatus, punctatus, Eçomphalus
^JragiUsy puis peu à peu Productus giganteus et Cora avec Spirifer
conçolutus, Spirifer trigonalis et glaber, A la base des phtanites
et dans les ai^iles blanches, Productus semireticulatus^ Spirifer
^laber, Bellerophon tangentialis.
Au milieu et au sommet des phtanites Spirifer glaber, Pro-
ductus punctatus et d'autres Productus de petite taille.
A ne voir que la faune, sans les liaisons intimes des assises
d'en bas, on serait tenté d'admettre une lacune entre les calcaires
et les dolomies. Rhynchonella cuboïdes des dolomies est en
«ffet regardée comme caractéristique du Frasnien. En admettant
<[u'elle soit restée exclusivement parquée à ce niveau, il faudrait
conclure que tout le Famennien manque à Visé. Il faudrait admet-
^tre aussi, si Ton s'en tient strictement aux indications de la faune,
<pi'il y a encore au-dessous du carbonifère de Visé absence du
Toumaisien si riche en Spirifer tornacensis,
La chose estrclle possible et n'est-ce pas exagérer l'importance
^e la faune que de placer une lacune immense où tous les carac-
'tères stratigraphiques semblent indiquer qu'il n'y en a pas eu ?
Ne vaudrait-il pas mieux songer qu'on se trouve là en présence
^e formations zoogènes qui ont une faune à part? Si l'on se
T*appelle que Rhynchonella cuboïdes se rencontre souvent dans
les massifs construits de calcaire qui émergent des schistes
irasniens et même famenniens des environs de Givet, serait-il
"téméraire de croire qu'à Visé elle s'est prolongée dans un massif
construit qui s'est formé durant tout le Frasnien et le Famennien ?
Quant à l'absence du Spirifer tornacensis elle s'expliquerait
<ie la même façon. Ce Spirifer serait abondant à Tournai où
existaient des fonds vaseux favorables à son développement,
<ïomme l'indiquent les calcschistes noirs de cette localité. Mais
il n'aurait pu vivre à Visé au voisinage des récifs où se rencon-
trent du reste les Productus sublœvis et semireliculatus qu'on
retrouve à Tournai.
Mon avis serait donc que les formations de Visé représentent
tout le calcaire carbonifère et n'en sont qu'un faciès spécial.
L'APTIEN DES ENVIRONS D'UZÈS (GARD)
par M. Edm. PELIiAT.
Sur la feuille aaa de la carte géologique détaillée (feuille d'Avi-
gnon) M. Garez a divisé TAptien de cette région en trois assises
qui sont de haut en bas :
Calcaires à Discoïdes decoratus (4o m.).
Marnes à Belernnites semicanaliculatus (loo m.).
Marnes et calcaires à grands Céphalopodes (ao m.).
Ces trois assises peuvent être étudiées dans de bonnes conditions
au nord-ouest et au sud d'Uzès.
La berge de la rive droite de la petite rivière de la Seynes et un
ravin perpendiculaire à la rivière, au sud-est et très près de
Serviers, montrent un très bel affleurement de TAptien inférieur
(Bédoulien), affleurement qui a été soigneusement exploré par le
frère Sallustien, directeur des écoles libres d'Uzès, et par M. Allard,
géologue à Tarascon. Je viens d'y recueillir de nombreux fossiles.
Sur la retombée nord-est d'un dôme arasé, formé de calcaires
barrémiens à Requiénies, on voit, au contact avec ces calcaires,
dans le ravin, des marno-calcaires jaunâtres à Ostrea aquila^ Corbis
corrugata, surmontés d'argiles sableuses noirâtres à Plicatula
placunea, Terebraiula sella^ Toxaster Collegnoi, etc., que recou-
vrent des marnes et des calcaires noirâtres remplis de Céphalo-
podes de grande taille {Ancj'loceras, Acanthoceras Stobiescki,
Hoplites Deshqyesin etc.), associés à de nombreuses Ostrea aquila
et à d'autres Bivalves : c'est l'Aptien inférieur.
Les cultures empêchent de voir, quand on se dirige vers Ser-
viers, les marnes à Belernnites semicanaliculatus (Aptien supé-
rieur = Gargasien), mais la retombée sud-ouest du même anti-
clinal montre dans des ravins, lorsque Ton se dirige vers Arpail-
largues, un beau développement de ces marnes. Je n'ai pas recueilli
d'Ammonites sur ce point, mais les mêmes couches renferment,
au nord-est d'Uzès, près de Saint-Quentin, Oppelia nisuSy Hoplites
gargasensiSy Macroscaphites striatosulcatus,
M. Carez attribue aussi à l'Aptien supérieur les marno-calcaires
glauconieux noirâti^es à Discoides decoratus dont la retombée
nord-est d'un autre anticlinal, presque parallèle à celui de Ser-
viers, montre, à Malaigue, un très intéressant aflleurement et qui
constituent l'escarpement situé entre Montaren et Serviers,
L*APTIEN DKS ENVIRONS DVZks 4^9
escarpement longé par la route et la voie ferrée. Ces marno-
calcaires à Discoïdes et Orbitolines plongent dans cette colline
fortement au nord et sont recouverts par des couches, insuffisam-
ment étudiées encore, appartenant au Cénomanien et uu Turonien.
Au sud du hameau de Malaigue un dôme que longe la route de
Nîmes, est formé de calcaire barrémien, à Requienies. La retombée
nord-ouest est creusée dans les marno-calcaires aptiens. Tout con-
tre le hameau de Malaigue on a, dans un chemin creux, la coupe
suivante :
4* Grès calcarifères jaunâtres en plaquettes, avec rares Orbitolines et
débris de fossiles indéterminables ;
3* Marnes sableuses jaunâtres et verdàtres, glauconieuses (rares Holoêter
iatissimus S quelques Orbitolines) ;
a* Marno-calcaires noirâtres, verdàtres, vers le haut, très glauconieuz,
remplis de Discoïdes decoratus. On y trouve d'autres Oursins que
M. Lambert a bien voulu étudier (Phjrllobrissas Kiliani Lamb.,
espèce qui n'était connue que dans TAptien de Barcelone, HenU-
diadema rugoëvmi Ag., Toxasier cf. Collef^noi Sism.), Zerebratella
cf. Astieriana, d'assez rares Belemnites semicanaliculatus et quel-
ques Orbitolines ;
I* Mamo-caicaires noirâtres à Belemnites semicanaliculatus , Ostrea
aquila,
D après M. Garez, les couches n, 3 et 4 sont aptiennes ; le Gault
manquerait dans cette région. D'autres auteurs classent ces cou-
ches dans le Gault. Je ferai connaître les motifs qui militent en
faveur de ces deux opinions.
I. Ilolaster latissimus est cité de TAptien supérieur, mais est surtout abon-
dant dans le Gault (à Clar) et dans le Cénomanien (au Havre).
CONTRIBUTION A LA GÉOLOGIE DES CORBIÉRES
par M. A. de QBOSSOUVBE.
Je me propose seulement de signaler ici diverses observations
qui peuvent avoir quelque intérêt pour la géologie de ce pays et
être susceptibles de servir de point de départ pour de nouvelles
recherches.
I. — Coupe de l'eau salée au col du Linas.
On a donné à diverses reprises des coupes plus ou moins diffé-
rentes des terrains qui, des marnes rouges à gypse et à quartz
bipyramidé d'où émergent les eaux de la Sais, s*étendent jus-
qu'aux calcaires à Hippurites turoniens affleurant sur le revers
méridional de la croupe, vers la métairie du Linas, où ils plongent
sous les couches sénoniennes.
En montant au coi, des calcaires gréseux m'ont fourni des Orbi-
tolines que M. Dou ville, qui a bien voulu les examiner, rapporte
à Orbitolina lenticularis, espèce de l'Aptien.
A un niveau plus élevé j'ai recueilli une autre série d'Orbito-
lines, Orbitolina plana ^ var. mamillata^ du niveau de Fouras.
On voit donc que la série des terrains doit être plus complète
qu'on ne l'a indiqué d'ordinaire.
IL — Couches renversées de la chaIne de Saint-Antoine
DE Galamus.
Dans les calcaires subordonnés aux marnes à Ichthyosarcolithes
et à Orbitolines de la série renversée de Cubières, j'ai rencontré
un Rudiste que M. Douvillé, d'après l'étude de son test, rapporte
au genre Schiosia. Il est intéressant de constater que la faune de
Rudistes de la Province orientale pénètre dans la région pyré-
néenne et y prend contact avec la faune à Ichthyosarcolithes,
Caprines et Caprinules de la Province occidentale.
Sous la masse calcaire (jurassique et infiracrétacée) du Pic de
Bugarach et au-dessus des marnes sénoniennes à Micraster se
trouve un horizon marneux avec Orbitolines qui, d'après M. Dou-
villé, se rapportent à l'espèce de Vinport, près Tercis, et indiquent
un niveau albien.
A Gabachou (Ariège), près de Freychenet, les calcaires à Capri-
nes, supérieurs aux couches sénoniennes et recouverts par Tlnfra-
crétacé, renferment au contraire l'espèce de Fouras, OrbUoUna
plana ^ var. mamillata.
SUR LE TERRAIN A SILEX DU SUD-OUEST DU BASSIN DE PARIS 4^1
III. — Sénonien des environs DE Rennes-les-Bains.
La collection de l'Ecole des Mines renferme un échantillon de
Mitrocaprina BayanU espèce des couches à Hippurites de Benaïx
et Leychert (Ariège), rapporté par Bayan et étiqueté comme prove-
nant des environs de Rennes-les-Bains. Sur la demande de M. Dou-
villé, j'ai vérifié dans mes récoltes des Corhières si je n'y retrouvais
pas cette espèce et j'ai pu constater que je l'avais recueillie dans
les couches à Hippurites du Santonien supérieur qui affleurent à
La Forêt, à l'ouest des Croûte ts. La présence de ce fossile dans les
Corbières est ainsi confirmée en même temps que le niveau qu'il y
occupe se trouve précisé.
Dans les marnes à Micraster des environs de Rennes, c'est-à-
dire dans la zone à Mortoniceras texanuni, j'ai recu.eilli un fragment
d'Ammonite absolument identique au Phylloceras glaneggense
Redtenbacher, sp., des couches de Gosau des environs de Salz-
bourg. A cette espèce se rapporte peut-être Ammonites Traski
Gabb des couches à Poissons de Sahel-Alma (Liban).
Enfin je signalerai la présence dans le Santonien des Corbières
<i'une Ammonite qui me parait devoir être identifiée à cette forme
si particulière de Desmoceras caractérisée par une quille ventrale,
JDesmoceras sugata Forbes, de THindoustan.
Ainsi s'aflirme encore une fois la liaison des faunes de cette der-
:3iière région avec celles de l'Eurasie occidentale, liaison sur laquelle
j'ai déjà appelé l'attention en 1896 {B. S. G. F.. (3), XXIV, p. 86)
«t que sont venues confirmer toute une série d'observations ulté-
rieures, en particulier la découverte en Tunisie de la faune campa-
xiienne à petites Ammonites ferrugineuses de Sidi-Abd-el-Kerim
^ue à M. Pervinquière.
NOUVELLES OBSERVATIONS
SUR LE TERRAIN A SILEX DU SUD-OUEST DU BASSIN DE PARIS
par M. A. de OROSSOUVRE.
•J'ai, dans une communication précédente, cherché à démontrer
<pie le terrain du sud-ouest du Bassin de Paris désigné sous le nom
d'argile à silex ne peut être assimilé à Vargile à silex qui est
un résidu de décalcification par les agents météoriques. Depuis
lors, j'ai envoyé un échantillon de la roche de Vierzon à notre
43a ; TERRAIN A SILEX DU SUD-OUEST DU BASSIN DE PARIS I7 Juin
vice-président, M. E. Van den Broeck, dont la compétence sur ce
sujet est incontestée et qui a publié un mémoire classique sur les
phénomènes d'altération des dépôts superficiels sous Tinfluence
des eaux météoriques. Notre confrère a eu lamabilité d^étudier
cette roche et voici ce qu'il m'écrit :
« Après avoir examiné avec soin l'échantillon de silice hydratée
soluble, sorte d'opale non organique, que vous avez bien voulu
m'envoyer, je l'ai passé à notre collègue, chimiste au Musée.
« Nous sommes d'accord tous deux pour reconnaître que ce dépôt
na rien à çoir avec V argile à silex type normal et bien connu qui
n'est sûrement qu'un produit d'altération.
« Ceci n'est certes pas de même origine que l'argile à silex... »
Je suis heureux de voir confirmée par les études personnelles
de notre confrère la thèse que j'ai soutenue et j'espère que le
secours de son autorité finira par convaincre ceux que mes
arguments n'avaient pu ébranler.
Je crois donc qu'aujourd'hui la question peut, par tous ceux qui'
voudront bien l'étudier sans parti pris, être considérée comme
tranchée et que l'on devra reconnaître que Ton a confondu sous
le nom d'argile à silex des terrains fort difi'érents. Il conviendrait
de désigner chacun d'eux par un nom spécial. Une question de
nomenclature se pose d'abord : à quel terrain doit-on réserver. le
terme d'argile à silex ? 11 faudrait savoir dans quel sens cette
expression a été employée en premier lieu, mais je n'ai pas sous
la main les moyens de faire cette recherche. Je rappellerai
seulement qu'autrefois l'argile à silex, produit d'altération, a
souvent été nommée Bief à silex.
Si le nom d'argile à silex ne peut être donné au terrain à silex
du sud-ouest de Paris, on pouri'ait peut-être conserver à la terre
siliceuse celui de Vierzonite qui lui a été autrefois, je crois,
attribué dans le commerce lorsqu'elle était utilisée comme matière
absorbante de la nitroglycérine dans la fabrication de la dynamite :
le terrain lui-même s'appellerait alors Vierzonite à silex.
Il resterait à étudier la genèse de cette curieuse roche.
SUR L'EXTENSION DE LA MER AQUITANIENNE
DANS L'ENTRE-DEUX-MERS (GIRONDE)
par M. E. FALLÛT
J'ai insisté à diverses reprises sur les dépôts aquitaniens de
cette région naturelle de la Gironde, qui est comprise entre la
Garonne et la Dordogne. Dans la Notice relatii^e à une carte
géologique des environs de Bordeaux que j'ai publiée en 1895 *,
j'ai donné une description stratigraphique de ces formations et,
dans un travail subséquent -, j'ai montré l'intérêt que présentent
ces dépôts, au point de vue de la formation géographique de la
région précitée.
Il résultait de ces recherches : i© que Ton pouvait rencontrer un
peu partout dans rEiitre-Deux-Mers, sur le calcaire à Astéries et
aussi sur son faciès latéral oriental (la mollasse inférieure de
FAgenais), des lambeaux d'argiles ou de calcaires lacustres appar-
tenant à r Aquitanien inférieur ; 2® que dans certains points parti-
culièrement élevés et particulièrement respectés par les érosions
postérieures, il existait des témoins de TAquitanien moyen marin
sous deux formes : une argile grise à Ostrea aginensis Tourn. et
une soi^e de mollasse jaune à Scutelles et Amphiopes, placée au-
dessus.
J'indiquais ces formations marines dans les communes de Mou-
rens, Saint- Martial, Castelvieil et Gornac et je montrais l'analogie
que les couches mollassiques présentaient avec celles de Sainte-
• Croix-du-Mont; je dois ajouter avec la partie inférieure de celles-ci,
car nulle part au nord de cette dernière localité, je n'ai rencontré
— au moins jusqu'ici — les bancs à' Ostrea undata Lk., qui y
forment, d'une manière si remarquable, toute la partie supérieure
de r Aquitanien moyen.
J'ai depuis cette époque continué mes recherches, et j'ai pu
constater que la mer aquitanienne avait pénétré plus loin encore
que je ne l'avais indiqué alors. En explorant les buttes qui sont
situées entre Soussac et Cazaugitat, j'ai pu constater la présence
dans ces points de l' Aquitanien inférieur lacustre et j'ai pu
I. Mém. Soc, Se. phys. et nat. de Bordeaux, 1895.
a. Bull. Soc. géogr. commerciale de Bordeaux, 19' anacc, p. f\i\i, 1896.
a Janvier 1902. — T. i«'. BulL Soc Géol. Fr, — a8
434 E. FALLÛT. — SUR l'kXTENSION l'J Juill
ramasser aa-dessus, à 1 altitude de i38 mètres, au Moulin Launay
(à Test de la ruine), des morceaux assez nombreux de VO. aginen-
sis. Cela indique bien Tinvasion de la mer aquitanienne dans la
partie nord de TEntre-Deux-Mers ; ici l'argile a été délayée et
enlevée par des courants torrentiels postérieurs et il n'est resté
sur le calcaire lacustre (sans fossiles du reste) d'un blanc éclatant
qui forme la butte la plus élevée de l'Entre-Deux-Mers, que des
débris de THuitre si caractéristique du Bazadais et d'un grand
nombre de localités du Lot-et-Garonne.
La mer aquitanienne me paraît donc avoir formé une sorte de
golfe dont les bords et les extrémités étaient jalonnés par des
couches à O. aginensis et qui s'étalait dans une sorte de synclinal
dont la concavité se fait particulièrement remarquer entre Cadillac
et Saint-Macaire (^^*. i) sous les coteaux de Sainte-Croix-du-
M.O. noll^i S^Croûr-i/*t-Mont *-t-
E^lj.
tse
Fig. I. — L*Aquitanien dans les coteaux de Salnte-Groix-du-Mont.
Mont *. Ce golfe s'étendait vers le nord et atteignait les environs
de Soussac (fig. a). Allait-il plus loin, c'est ce que j'ignore; mais je
ne le crois pas. Au-delà de Soussac les couches se relèvent rapide-
ment vers le nord et, on trouve successivement le calcaire à
Astéries, très typique entre cette conmiune et la vallée de la
Durège, puis au-dessous le calcaire lacustre à silex dit de Castillon,
qui forme le haut des buttes qui entourent Gensac et Pessac-sur-
I. Je rappelle que TAquitanien inférieur est formé généralement sous
Sainte-Croix du Mont par des marnes et des calcaires d*eau douce, que
TAquitanien moyen, constitué en bas par une sorte de mollasse calcaire
jaune à Scu telles, O. producta R. et D. etc., est formé dans sa partie supé-
rieure par des bancs à Ostrea undata Lk. et que ceux-ci sont surmontés
dans deux ou trois points par des lambeaux — trop restreints pour être
indiqués sur la coupe — de calcaire d'eau douce, représentant probablement
des vestiges de TAquitanien supérieur; Tournouër en a signalé un à Violle,
M. Linder en cite également et Ton peut en voir un, consistant en plaquettes
à Dreisaensia et Poiamides, dans la propriété de M. Minvielle.
igoi DE LA MER AQUITANtENNK DANS L ENTRB-DBUX-U
435
Dordo^e; et enfin on arrive au burd de cette rivière sur la
mollasse du Fronsadais, c'est-à-dire que l'on rencontre les assises
du Stampien, puis du Sannolsien.
A l'ouest d'une ligue passant à peu près par Cadillac-Saint-Brice,
je n'ai pas trouvé un seul lambeau d'Aquitanien marin; je n'en ai
pas TU non plus b l'est d'une ligne passant par Verdelais-Sauve-
'terre-Cazaugitat, sauf dans les envinins de La Réole. Quand on
«'élève au nord-est de cette ville, qui est bâtie sur le calcaire à
.Astéries, on aperçoit des moulins à vent placés sur des buttes qui
dominent d'une façon très pittoresque la vallée de la Garonne '.
, ilBOKDE
r b3 E a ( ^ SwMiBi», , _f '"'
l.ofir.^ ^ SB .- .C«»U^UA
Plg. 3, — Carte indiquant la disposition probable de la mer aquitanicnne
dans la Gironde, — Échelle i/jSo.oorf.
Sous les moulins supérieurs dits du Mirait, .à l'altitude de 110 à
lao mètres, on rencontre le calcaire lacustre blanc de l'Aquitanien
inférieur, et au nord du hameau qui porte le même nom, on trouve
par dessus, en grande abondance, \0. aginensis, souvent d'assez
T. Voy, TooBNouÉR. B. S. G, F., (n), XXVI, p. 1000; Baulin. Note s
no aperçu de la carte géol. de la Gironde, i6j5 (_BuU. Soc. géogr. conti
Bordeaux). — Voyei aussi Bbhoist. Aetea Soc. Linn., l. XXXV, p. xxiui
436 B. FALLOT. — SUK L*EXTENSlON IJ Juin
grande taille et valvée. Les mêmes fossiles se voient aussi à Test
de rhabitation désignée sous le nom de Duprat dans la cai*te au
1/40.000 de la Gironde.
En suivant le chemin qui du Mirail va rejoindre la grand' route
de La Réole à Monségur, on remarque, dans les talus de la route
côté est, un calcaire jaune marin à débiis de fossiles, dans lesquels
j'ai cru reconnaître O, producta R. et D. et qui ne serait autre
chose qu'un petit lambeau d'Aquitanien mann occupant pi*obable-
ment la 2)lace des mollasses décrites plus haut, mais d'un faciès un
peu différent *.
Sur la route de La Réole à Monségur et sur celle de La Réole à
Rolet, on retrouve le calcaire lacustre de^ TAquitanien inférieur,
surtout autour des localités désignées sous le nom de Gravillouse
(Gra veilleuse).
J'ai vainement recherché jusqu'ici des lambeaux aquitanien^ au
nord et à Test de ce point. Je ne l'ai pas trouvé aux environs de
Monségur, ni entre Monségur et les buttes de Cazaugitat. La butte
du moulin de Rocliet qui occupe l'altitude 108 mètres, un peu au
nord-ouest de Saint-Ferme, et qui pomTait se trouver dans les
conditions géographiques requises pour cela, ne m'en a oflert
aucun vestige.
Il paraîtrait donc naturel de penser que le lambeau des en\'i-
rons de La Réole dépendait de quelque petit golfe secondaire
communiquant avec la mer aquitanienne qui recouvrait le Baza-
dais et qui s'étendait de là vers l'ouest et le sud-ouest, en envoyant
une baie plus importante découper la partie centrale de l'Enti^e-
Deux-Mers que j'ai décrite auparavant et que l'on pouiTait appeler
le golfe de Gornac. Je donne ces conclusions au point de vue de
la disposition de la mer aquitanienne sous les plus expresses
réserves. Il en est de même pour les contours de cette mer plus
au sud, notamment aux environs de Landii'as et de Villagrains.
n est possible que le rivage n'ait pas été continu entre ces deux
localités placées sm* un bombement crétacé tant de fois décrit ;
il se pourrait qu'un bi*as de mer eût pénétré entre les deux et que
le lambeau crétacé de Villagrains ait formé à cette époque une île
complètement isolée ; je n'ai jusqu'ici aucun renseignement à ce
sujet. Quant au rivage de la mer aquitanienne plus au nord
dans le Bordelais, il est très nettement accusé par les dépôts
saumùtres à Cerites et Neritina Fcrussaci Recluz, de FAquitanien
inférieur qui pourraient être considérés comme les témoins d'au-
I. Quaiit aux vestiges d'Aquitanien supérieur qui pourraient exister dans
ce point, leur attribution stratigraphique nie parait encore douteuse.
igOI DE LA MER AQUITANIENNE DANS l'eNTRE-DEUX-MERS 4^7
tant dVstoaires dans lesquels aboutissaient les déversoirs du
grand lac de FEntre-Deux-Mers.
Tels sont les résultats que j'ai pu retirer de mes observations.
J'ajoute que la mer aquitanienne a laissé des dépôts bien plus à
l'est dans le Lot-et-Garonne. Sous ce rapport les environs d'Aiguil-
lon, de Nérac, de Casteljaloux sont fort intéressants, mais toutes
ces localités sont placées sous une latitude plus méridionale.
Quant à la faune des lambeaux aquitaniens marins de l'Entre-
Deux-Mers, elle est peu abondante ; les Amphiopes et les Scutelles
qui en constituent la partie véritablement digne d'intérêt sont très
rarement entières et d'une étude diflîcile à cause de leur encroû-
tement. Je crois ces demièi'es différentes d'une Scutelle à ambu-
lacres très larges, que Tournouër a signalée aux environs de
Pindères (Lot-et-Garonne) (et qu'il a désignée sous le nom de
Scutella Bonali n. sp.). Les études que j'ai faites autour de la
localité indiquée par notre regretté confrère, me portent à croire
que cette espèce occupe un niveau un peu supérieur. Malgré toutes
mes recherches, je ne l'ai guère trouvée qu'en morceaux, et cela
au-dessus d'un calcaire rempli de Planorbes, qui par son aspect
général se rapporte au calcaire gris de TAgenais (Aquitanien
supérieur). Je me propose, du reste, de revenir sur cette question
et de publier les Echinides intéressants de la mollasse aquita-
nienne de TEntre-Deux-Mers.
Mes explorations dans cette région m'ont artené à faire une
autre observation. Je suis enclin à penser qu'il existe pour ainsi
dire partout sur le calcaire à Astéries un dépôt argileux grisâtre
avec concrétions calcaires qui passe insensiblement au calcaire
lacustre de l'Aquitanieii inférieur. Tournouér n'avait pas été sans
remarquer cette formation qu'il avait étudiée de l'autre côté de la
Garonne (rive gauche) et qu'il avait rattachée au Tongrien. Mes
recherches dans l'Entre-Deux-Mers m'engagent au contraire à la
rattacher plutôt à l'Aquitanien inférieur et à en faire le premier
témoin de la période de régression de la mer qui a suivi si géné-
ralement dans le Sud-Ouest de la France la période tongrienne.
L'observation que je consigne ici et que j'avais faite déjà ailleurs
me paraît concorder avec les constatations foimulées par Pigeon
dans sa remarquable Carte géologique de la Gironde, achevée en
1861. J'ai pu, depuis la publication de ma carte des environs de
Bordeaux, me procurer un exemplaire de ce travail qui n'a jamais
été mis en vente, et j'ai observé que Pigeon indiquait tout autour
des parties saillantes du calcaire à Astéries de l'Entre-Deux-
Mers qu'il appelle grande formation marine^ une bande de ce
438 FALLOT. MER AQUITANIENNE DANS L*BNTRB-DBUX-MBR8 1 7 Juin
qu'il nomme Isi formation lacustre moyenne ; ce n'est autre chose
évidenmient que les argiles à concrétions calcaires, passant dans
certains points au calcaire lacustre de l'Aquitanien inférieur.
J'ajoute que ce fidèle observateur a parfaitement indiqué aux
environs de Mourens, de Gomac, de Castelvieil, de petits lam-
beaux de ce qu'il appelle la formation marine moyenne, et qui
n'est autre chose que de l'Aquitanien moyen *.
Malheureusement la carte est sans texte, et il est difficile, en
l'absence de celui-ci, de comparer les désignations de Pigeon avec
celles de la nomenclature actuelle. J'ai été néanmoins très heureux,
par l'interprétation des faits, de me trouver d'accord avec un
observateur dont je n'avais jamais pu me procurer le travail et
qui — pour l'époque — a établi de la façon la plus sagace et la
plus remarquable, une carte géologique de la Gironde à petite
échelle.
M. Fallot fait connaître les résultats d'un nouçeau sondage arté-
sien à Bordeaux (La Bastide). Les sables quartzeux à Nummulites
du Lutétien auraient été atteints vers aa6 mètres de profondeur
et, à Î144 mètres, d'après les renseignements du chef-sondeur, le
débit de l'eau jaillissante aurait été de a. 700 litres à la minute. Le
puits a été continué jusqu'à 3i4 mètres, toujours dans les couches
à Nummulites ; le plus souvent sous la forme de sables, elles pré-
sentent de temps en temps des grès en plaquettes très durs et des
veines d'argile. Les Nummulites, très abondantes, sont générale-
ment usées et difficiles à déterminer. Les formes les plus nettes
(vers 376 m.) semblent se rapporter à N. lucasana, mais il y en a
d'autres plus grandes. Le débit à 3i4 mètres, tel qu'il a été calculé
le 22 mars dernier, était d'environ a . q3o litres à la minute ; il
aurait donc sensiblement diminué. Au point de vue géologique, ce
sondage est particulièrement intéressant, en ce qu'il nous montre
une fois de plus, sous Bordeaux, la constance des sables à Nummu-
lites, inférieurs au calcaire grossier de Blaye, et leur importance
capitale comme niveau d'eau.
I. Pigeon avait du reste suivi les indications de Drouot (Voy. Actes Acad.
Bordeaux, 1889, p. 649) qui appelle a* terrain d*eau douce la « formation
lacustre roo^'enne » et mollasse coquillière la « formation marine moyenne ».
Ce dernier auteur a remarquablement décrit sous ces noms anciens TAqui-
tanien inférieur et l'Aquitanien moyen.
Séance du ^ Xovembre f 90f
PRÉSroENCE DE M. L. CAREZ, PRÉSmENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président annonce trois présentations.
M. Albert Gaudry fait hommage à la Société, au nom de M. le
professeur Capellini, d'un mémoire intitulé : Balenottera mioce-
nica del Monte Titano, republica di San Marino ; in-folio, avec
Q planches, Bologne, 1901.
Des ouvriers, exploitant le calcaire miocène du Monte Titano,
pour fournir des pierres au nouveau palais de la Régence de
San Marino, ont mis à découvert un animal de la famille des
Baleines. C'est un travail énorme que l'extraction d'un si grand
Cétacé. Notre savant confrère de Bologne, dont tous les géologues
connaissent le dévouement à la science, n'a pas reculé devant
cette lourde tâche. Il a été aidé par le gouvernement italien. La
tête a été d'abord en partie dégagée, et on en a fait un moulage
grossier qui a été envoyé à l'exposition internationale de Paris,
puis donné au Muséum. Plus récemment, elle a été dégagée
complètement avec les os du squelette qui l'accompagnaient, et
aujourd'hui M. Capellini nous annonce que c'est une des merveilles
du Musée géologique de Bologne. Le Cétacé de San Marino est
insent sous le nom à'Aulocetus sammarinensis,
M. Albert Gaudry présente ensuite une note intitulée : Sur' la
similitude des dents de V Homme et de quelques animaux. Cette
note a été faite à propos du Congrès inteimational d'anthropo-
logie et publiée dans la Revue que dirigent MM. Boule et Verneau
(L'Anthropologie, XII, 1901, p. 98, 14 fig. dans le texte). C'est une
addition aux ingénieuses recherches de Cope, d'Osborn et des
auti'es savants qui ont mis en lumière la ressemblance des
molaires su[)érieures des animaux du Torréjon et de celles de
l'Homme.
11 n'est pas toujoui's facile de déterminer avec des pièces isolées
si on est en présence de restes d'Homme ou de Singe. On peut
cependant faire les remarques suivantes : La face de l'Homme est
44o SEANCE DU 4 NOVEMBRE igOI
•
droite ; la face droite est en rapport avec le raccourcissement des
mâchoires ; ce raccourcissement entraine celui des dents. Le
raccourcissement des dents molaires porte sur la diminution d*un
de leurs denticules. A la mâchoire supérieure, il se produit sur le
deuxième denticule interne. La note présentée à la Société ren-
ferme des figures d'un Oreopithecus y d'un Dryopithecus ,' à!\m
Orang-outan, d'un Gorille, d'un Gibbon, d'un Chimpanzé, d'un
Homme prognathe (Australien), d'un Homme orthognathe (Fran-
çais); on peut suivre, sur ces figures, l'amoindrissement du
deuxième denticule interne.
La même note montre une figure des molaires supérieures de
VArctocj'on de Cernay, où l'état du deuxième denticule interne,
comme chez quelques fossiles du Torréjon, est le même que chez
les Hommes de race élevée.
Tandis que les dents se sont agrandies et compliquées, pendant
les temps géologiques, chez les animaux dont la nutrition est la
principale fonction, elles se sont simplifiées chez les êtres qui
pensent et où le développement des os a pour but essentiel
d'envelopper un vaste cerveau.
M. Cossmann dépose sur le Bureau, pour la Bibliothèque de la
Société, un exemplaire d'une petite brochure, intitulée : Additions
à la faune nummulitique de V Egypte, et publiée il y a quelques
mois, par le Bulletin de l'Institut égyptien.
La communication en a été faite dans l'une des dernières séances
de 1900 ; elle comporte 3o p. de texte et 3 pi. en phototypie.
La faune éocénique de l'Egypte a été déjà étudiée parle pi*ofesseur
Mayer-Eymar, qui a recueilli beaucoup de fossiles dans divers
gisements du territoire égyptien. Il a identifié plusieurs de ces
espèces avec celles du Bassin de P^aris ; mais d'après l'examen que
j'ai fait de nouveaux matériaux recueillis par notre confrère
M. Fourtau, et assez bien conservés avec leur test, on peut être à
peu près certain qu'il n'y a, pour ainsi dire, aucune espèce iden-
tique à celles des environs de Paris, quoique l'aspect général de
cette faune soit, génériquement, tout-à-fait semblable.
M. Cossmann ofire également à la Bibliothèque de la Société,
la quatrième livraison de ses Essais de Paléoconchologie com-
parée^ parue au mois d'octobre dernier. Cette livraison, qui
comprend environ Soo pages de texte et 10 planches phototypées,
traite des familles : Fasidœ, Turbinellidœ, Chrysodomidœ, Pyra-
mimitridWy Strepturidœ, Buccinidœ, Nassidœ, Collumbellidw,
formant un ensemble assez homogène parmi les Gastropodes, et
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE I90I 44^
chez lesquelles le canal siphonal, d'abord tpès long et rectiligne, se
modifie successivement pour se réduire finalement à une profonde
échancrure basale.
Le classement des fossiles appartenant à tous ces différents
groupes ne laisse pas que de présenter de très sérieuses difficultés,
attendu que le paléontologiste est obligé de se guider souvent
d'après des caractères peu apparents, pour placer des coquilles,
d'un aspect à peu près semblables, dans des genreé qui peuvent
même ne pas appartenir à la môme famille.
Trois des familles précitées sont nouvelles ; le nombre des
genres nouveaux n'est pas considérable, mais leur groupement a
donné lieu à quelques rectifications importantes.
Au point de vue phylogénétique, une constatation ressort immé-
diatement : c'est l'origine relativement récente des Fusidœ et
Buccinidœ, dont l'ancienneté ne remonte guère au-delà des
couches crétaciques tout à fait supérieures ; les formes néoco-
miennes, — et à fortiori jurassiques, — qu'on attribuait à ces
familles sont des échantillons mal conservés d'Alaria ou de
Purpurina.
Cette quatrième livraison se termine par une table alphabétique,
générale, de toutes les espèces citées dans les quatre premières
livraisons, de manière que le lecteur puisse immédiatement savoir
dans quels genres elles ont été transportées ou conservées.
M. A. de Lapparent présente, de la part de l'auteur, M. F.
Kerforne, Y étude de la région silurique occidentale de la pres-
qa*tle de Crozon (Finistère). Il fait ressortir les mérités de ce
travail, qui imprime à nos connaissances sur cette région de
l'Armorique une précision toute particulière.
M. Munier-Chalmas ajoute que le travail de M. Kerforne,
présenté comme sujet de thèse de doctorat en Sorbonne, mérite
d'attirer l'attention des géologues ; c'est une contribution impor-
tante à la géologie si intéressante de la Bretagne.
M. Douvillé présente à la Société des échantillons de Rudistes
provenant de localités nouvelles et intéressantes :
V Une série d'Hippurites envoyées par un ancien élève de
l'Ecole des Mines, M. l'ingénieur Agababolf, de Bakou. Ils
proviennent du Petit-Caucase au N. de la pointe du lac Goktscha
et dans le voisinage du point où se rencontrent les limites des trois
gouvernements d'Elisabethpol, d'Erivan et de Tiflis (sommet de
44^ SÉANCE DU 4 NOVEMBRE I9OI
la chaîne de montagne.au nord-ouest du village de Dilijan, à 5 ou 6
kilomètres du monastère arménien Hagharzine, gouvernement
d'Ëlisabethpol). Ces échantillons sont assez bien conservés mais
ce ne sont que des tronçons, la valve supérieure manque et il n'a
pas encore été possible d'avoir une bonne coupe de Tappareil
cardinal. Ils appartiennent tous à la même espèce ; Tarête cardi-
nale est tronquée, les deux piliers sont pinces à la base et la dispo-
sition générale rappelle celles des H, presulcaius et ChaUnasi.
^0 Un groupe de deux Radiolites, rappelant le R. angeiodes^ pro-
venant de la rive droite de TEuphrate, près de Keban. Ce qui donne
un intérêt particulier à cette localité c'est qu'elle se trouve dans le
voisinage immédiat de Hakim Khan, d'où l'on suppose pi*ovenir
les Hippurites l'apportés autrefois par Loftus. Cet échantillon
fait partie de l'ancienne collection de l'École des Mines.
M. H. Dallemagne. — Le creusement de la çallée de la
Bidassoa .
La vallée de la Bidassoa présente un exemple frappant de creu-
sement rapide par les eaux de fonte des glaciers quaternaires des
Pyrénées comme il est facile de le constater en suivant la rivière,
depuis la Venta-de-Yanci jusqu'à Fontarrabie.
On remarque de place en place, à une hauteur de i5 à qo mètres
environ au-dessus du niveau actuel des eaux du fleuve, des dépôts
alluvionnaires composés de cailloux roulés, d'argiles ocreuses et
de sables renfermant toutes les variétés de roches de la vallée. Les
galets ont parfois des dimensions atteignant un demi-mètre cube.
Ace même niveau les calcaires de Vera sont fortement rongés.
Les dépôts les plus importants occupent la rive droite. Cependant
il existe sur la rive gauche un important dépôt à Lastaola, en
face de Bimatou, et un autre à Fontarrabie. Ce dernier repose à
ao mètres au-dessus du niveau de la mer en discordance sur les
schistes turoniens qui constituent la partie ouest de la plage de
Fontarrabie, en face la Villa Polita. L'importance de ce dépôt avait
fait penser que l'Oarso-Ibai qui se jette actuellement dans le port
de Pasajes, devait déverser ses eaux à Fontarrabie. Cette version me
semble devoir être abandonnée car j'ai trouvé dans ces alluvions
des galets d'ophite qui ne peuvent provenir que de la Bidassoa, la
vallée de l'Oarso ne renfermant aucune trace de cette roche.
La rapidité du creusement du lit de la Bidassoa semble indéniable
si l'on remarque qu'il n'existe aucun autre dépôt entre la ligne
relativement continue des alluvions que je viens de signaler et
celles qui se déposent actuellement dans le lit du fleuve.
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE IQOI 44^
Sayn et Roman. — Composition du Barrêmien sur la rive
droite du Rhône dans la région de Viviers,
En suivant les berges de la rivière de TEscoutaye, à partir du
village deSaintrThomé et en se dirigeant vers Touest, on peut obser-
ver une succession très nette de la partie inférieure de cet étage.
La série barrémienne vient butter par faille un peu à Test de
Saint-Thomé contre des calcaires gris-bleu compacts que Ton peut
classer dans TAptien inférieur (Bedoulien) par leur analogie avec
les calcaires exploités au hameau de Saint- Alban, et fossilifères en
ce point.
Le village de Saint-Thomé est construit sur un escarpement bar-
rêmien dont la composition est la suivante :
1 . Au pied de la falaise, sur le bord de la rivière, la série débute
par des calcaires marneux avec Crioceras du groupe de Kœchlini
Astier de grande taille, accompagnés de grands Desmoceras ordi-
nairement écrasés.
2. Au niveau de la route, s'observe un banc de calcaire marneux
intercalé entre les marnes avec nombreux Holcodiscus fallax
Matheron accompagnés de quelques formes du même genre et de
PulchelUa,
Un peu au delà du village de Saint-Thomé les escarpements de
la rive gauche puis ceux de la rive droite de la rivière viennent
compléter la coupe du Barrêmien.
La sérîe débute par des calcaires marneux à Crioceras Kœchlini
et Ancyloceras Tabarelli Astier.
Au dessus viennent des bancs marneux avec nombreux Hamu-
lina de petite taille accompagnés à' Holcodiscus et de quelques
PulchelUa,
La coupe interrompue par les alluvions se continue sur la rive
droite, par des bancs de calcaire plus compacts avec Desmoceras
du gr. difficile et Desmoceras Fabrei Torcapel, bien typique.
L'ensemble est surmonté par des bancs calcaires bien visibles
au niveau de la rivière où abondent PulchelUa compressissima et
PulchelUa pulchella.
Le Barrêmien inférieur parait se terminer par des assises mar-
neuses intercalées entre des bancs de calcaire et renfermant quel-
ques fossiles pyriteux, Leptoceras et PulchelUa alf. provincialis
dOrb.
Le Barrêmien supérieur est formé de calcaires blancs en bancs
épais, peu fossilifères ; nous avons pu cependant observer quelques
débris d' Heteroceras Giraudi Kil. qui ne semblent laisser aucun
doute sur leur âge.
SUR LE GRAPHISME
DE LA CARTE DU SUD-OUEST DES ALPES-MARITIMES
par M. A. GUÉBHARD '.
«
L'auteur est heureux de faire hommage à la Société, en même
temps que de deux mémoires parus dans les Comptes rendus de
V Association française pour V avancement des Sciences -, de la
première épreuve définitive, excellemment gravée parM. Wuhrer,
de sa Carte géologique au i/So.ooo du 5.-0. des Alpes-Mari-
times, appelée à paraître prochainement dans le volume du Con-
grès géologique international de igoOy et qui comprend toute
la partie principale, un peu rognée au nord et au sud, mais étendue
à Test jusqu'au Var, de la carte manuscrite, limitée, à l'ouest, à la
Siagne, présentée à la Société dans la séance du a avril 1900 ^
comme première amorce d'un ensemble cartographique qui, dans
le plan primitif de l'auteur, était destiné à montrer synoptiquement
le raccord des plis du Var avec ceux de la Durance.
Appelé, dans des conditions trop honorables pour qu'il s'y pût
soustraire, à anticiper sa publication, M. Guébhard n'insistera pas
sur les faits de recoupements et étoilements de plis que fait ressortir,
malgré l'absence de la planche de coupes qui en constituera le
complément nécessaire, la seule vue de cette carte, mieux que les
explications du mémoire auquel elle sert d'illustration. Mais, à la
suite d'observations diverses, dont l'autorité ne le disputait qu'à
la bienveillance, sur l'originalité du graphisme de ce travail de
simple géologue amateur, il semble indispensable de revenir, par
quelques explications détaillées, sur l'assurance, antérieurement
donnée, que, si réellement quelques particularités apparaissent,
elles ne sont nullement dues à un parti-pris de systématisation
personnelle, mais se sont peu à peu impérieusement imposées
comme une émanation invincible de l'observation des faits, au fur
1. Note parvenue au secrétariat le i" juillet 1901 et présentée à la Séanee
de la Réunion extraordinaire du 3 septembre 1901 à Lausanne.
2. Les problèmes tectoniques de la commune d'Escragnollea {A,-M.) avec
3 figures, i carte en couleurs cl planche de coupes superposables (A, F. A, S.,
XXIX, 58o). — Sur quelques gisements nouveaux de plantes tertiaires dans
le sud-est de la Provence^ en collaboralion avec M. L. Laurent (A, F, A. 5.,
XXIX, 555).
3. B. S. G. F., (3), XXVIU, 268.
SUR LE GRAPHISME DE LA CARTE DES ALPES-MARITIMES 44^
et à mesure qu étaient serrés de plus en plus près sur le terrain les
contours des premières cartes, au i/5o.ooo, de Saint-Vallier-de-
Thiey (A.-M.) * et de Mons (Var) - : premiers essais d'apprenti
géologue absolument dénués d'artifice, où il n'est pourtant pas
difficile de retrouver tous les éléments de ces formes particulières
de courbes qui, par leur répétition, devaient fatalement, à la longue,
Caire sauter aux yeux l'existence d'une loi générale des tracés,
laquelle, une fois formulée, devait à son tour très légitimement
^tre prise pour guide dans les cas exceptionnels où l'observation
'^opographique, par suite de difiicultés matérielles, aurait laissé
lace à quelque incertitude non résolue sur le terrain.
Comment se ferait-il que, par leur simple réduction au 1/80.000,
es contours, de plus en plus précisés par d'incessantes campagnes
révision, eussent vu leur « air de vérité » se transformer en un
suspect? Serait-ce uniquement que la concentration forcée, à si
etite échelle, sans en rien laisser perdre, d'une masse inaccoutumée
e minuscules détails ; ou encore la subdivision rigoureusement
fTectuée, grâce à une lente éducation de l'œil et une patiente
cherche de fossiles, obligeamment déterminés par M.W. Kilian,
^u Jurassique en neuf bandes, de l'Infralias en deux et du Trias
supérieur lui-même (mais ceci un peu plus artificiellement), en
'Erois ; serait-ce que tout cela, multipliant et resserrant les contours
>5iu point de dépasser presque les ressourses chromatiques de la
lithographie, aurait suffi à donner à l'ensemble, par condensation,
'•m aspect réellement différent de celui des cartes, longtemps dites
^ détaillées », déjà publiées officiellement à même échelle, mais où
xl est impossible que chaque centimètre carré de surface figurée
représente la même somme d'observations, la même dépense de
forces physiques et mentales que dans l'œuvre indépendante et
bénévole du modeste villageois qui, détaché de toutes choses,
attaché à celle-là seule, jamais retenu par sa grandeur à aucun
rivage, distrait de son but par aucune fonction, gêné dans le
présent par aucun lien, poussé vers l'avenir par aucune ambition,
matériellement libre, enfin, dans toute l'acception du mot, libre de
s'asservir librement à un travail librement choisi, et de consacrer
uniquement toutes ses ressources au culte de la Science pour elle-
même, a pu multiplier presque à l'infini par le facteur Temps ses
eiforts continûment concentrés sur une tâche unique, et ainsi, d'infi-
nitésimaux qu'ils pouvaient paraître, les transformer en une sonmie
intégrale, de physionomie peut-être inattendue, mais finalement
1. A. F. A. 5., XXin, 489, pi. VU et VIU.
2. Bull, de la Soc, (Véludes scientifiques de Draguignan, XX, 2Jo-3ao, 1897.
446 A. GUÉBHARD, — SUR LE GRAPHISME 4 NoY.
aussi acceptable que celle que peuvent donner des efforts plus
importants comme valeur et plus autorisés comme marque, mais
aussi plus éparpillés dans Tespaee, et clairsemés dans le temps ?
Force fut poui*tant à Fauteur, regardant son œuvre moins immo-
destement, de reconnaître qu'il devait y avoir encore autre chose, et
qu à côté de F originalité certaine de la méthode d'observation, peut-
êti*c fallait-il s'en prendre à celle des lieux observés, ou de la part
interprétative de l'observateur. A voir, dans la variété régionale
des diverses parties de la carte, l'espèce de monotonie harmonique
des contours, avec répétition fréquente de certaines formes fonda-
mentales peu nombreuses, on est tenté de se demander si ce n est
point par un effet de l'art plutôt que de la nature que se résout à
un graphique si simple en sa complexité Tapparent chaos de
régions particulièrement tourmentées, représenté, en définitive,
par un réseau qui, à force de braver paradoxalement le réseau
orographique, finit par lui emprunter cette propriété fondamentale
de faire sauter aux yeux, quoique non figurées, les lignes de
maximum de courbure des surfaces représentées, — axes tectoniques
de plissement, dans un cas, lignes de plus grande pente dans l'autre.
Mais, d'abord, pourquoi ne voudrait-on pas que le système des
lignes de niveau géologiques eût de commun avec celui des lignes
de niveau topographiques un certain parallélisme ondulatoire des
courbes, si celles-ci toujours représentent l'intersection de la
surface érodée du globe avec un système d'autres surfaces, paral-
lèles elles-mêmes entre elles et à peu près équidistantes, simple-
ment planes et horizontales, dans un cas, courbes et plus ou moins
cylindriques, dans l'autre ?
Or, une constatation facile à faire relativement au Jurassique,
ossature de la région, est que ses 3oo à 4oo mètres d'épaisseur sont
très nettement formés d'assises parallèle^, et d'étages très sensible-
ment égaux en puissance. Ne le fussent-ils pas, comme souvent
rOxfordien, épaissi au détriment de son substratum, que cela
n'empêcherait pas cette conclusion forcée, que toute cette masse,
régulièrement feuilletée, ayant toujours subi en bloc toutes les
déformations, pUssures, ruptures, etc., et finalement toutes les
érosions qui en mettent actuellement à jour les tranches, celles-ci
doivent, dans leur ensemble, conserver toujours l'aspect jaspé que
donnerait, de quelque manière qu'on le déchiqueté, un cahier de
feuilles de papier, plié, chiffonné, déchiré, découpé, où l'indivi-
dualité de chaque pli, si on la recherche, se retrouve dans Torien-
tation suivant un axe commun des sommets de courbes fermées
analogues à celles d'un bois veiné.
IgOI DE LA CARTE DU SUD-OUKST DES ALPES-MARITIMES (fyj
Ce sont ces formes de courbes qui devaient ressortir fatalement
de la carte d'une telle région, pour peu que cette carte fût exacte,
et c'est ce qui ne manqua pas de me frapper dès mes premières,
publications, faites assurément — et pom* cause — en dehors de
tout parti-pris théorique. Mais constater un fait n'est rien si Ton
n en sait chercher la raison et tirer les conséquences. Observer
n'est que le commencement de la science : réfléchir, en doit être
Tindispensable suite, et conclure le profitable but. Ainsi fus-je
amené à formuler d'abord, (en la restreignant, d'ailleurs, stricte-
ment au champ de mes observations personnelles), celte loi de
Torientation générale des sommets (ou points de maximum de cour-
bure des contours géologiques) sur certaines lignes qui sont les
traces terrestres des surfaces axiales de plissement ; puis à constater
que cela ne pouvait être dû qu'à la structure régulièrement feuil-
letée de l'ossature jurassique de la région étudiée et au parallélisme
ordinaire des strates, peu ou point transgressives. Aussi est-il
curieux de rapprocher a posteriori, de ce fait de simple observation,
la formule théorique à laquelle aboutissait par le calcul, en 1881,
M. G. Coutagne, dans une remarquable étude mathématique, qu'il
a bien voulu me communiquer, sur L'emploi de cartes géologiques
spéciales pour V étude des ploiements, contournements et ruptures
que présentent les terrains stratifiés ^.
« Il est à remarquer, dit M. Coutagne, que les formes géomé-
triques élémentaires auxquelles le géologue sera ramené sont en
beaucoup plus petit nombre que celles que le topographe a
Toccasion de figurer ; car, tandis que la surface du sol peut pré-
senter les ondulations et les accidents les plus divers, les surfaces
de séparation des strates, primitivement planes, puis ployées et
tordues, sont devenues développables ; d'un autre côté, la résis-
tance à Técrasement dans le sens de la normale aux strates, est
une seconde cause qui est venue limiter le nombre des dispositions
possibles, en assujettissant en quelque sorte les surfaces de lit à
constituer un ensemble de nappes parallèles. En fait, ces surfaces
de lit peuvent être assimilées, le plus souvent, à des surlaces
cylindriques à directrices sinusoïdales, et beaucoup plus rarement
à des surfaces coniques ou gauches. »
En vérité cette dernière assimilation n'est qu'assez exceptionnel-
lement réalisée dans nos régions à plissements entrecroisés, où le
sarplissement de chaque pli, qu'il s'agisse de l'anticlinal ou du
synclinal, a ondulé sinusoïdalement les génératrices elles-mêmes
3. BaUetin de la Soc. linnéenne de Lyon, 7 nov. 1881.
448 A. GUÉBHARD. — SUR LE GRAPHISME 4 NoY.
du cylindre primitif et égrené celui-ci, le long de son axe, en alter-
natives de renflements et rétrécissements, en chapelets de dômes
ou de cuvettes plus ou moins ellipsoïdaux, raccordés par des cols
ou gorgés plus ou moins hyperboloïdaux.
Mais n'est-il pas remai*quable que Thumble géologue, simple-
ment astreint à l'observation méticuleuse et au rendu consciencieux
du terrain, soit arrivé, d'une manière toutrà-fait indépendante, et par
l'emploi, très terre à terre et sans préjugé, des simples moyens de
tout le monde *, à des formules qui rappellent presque littérale-
ment celles du distingué théoricien et à des constatations qui per-
mettraient d'appliquer au vulgaire contour géologique, ou ligne
d'intersection des surfaces de lit elles-mêmes avec la surface du
sol, certaines des propriétés attribuées par le calcul à la « surface
stratigraphique », jmre entité géométrique, de M. Coutagne? Et
n'est-il pas vraiment curieux encore que celui-ci ait été conduit de
son côté à noter des cas bien déterminés où sa figuration devient
quasiment indépendante des accidents topographiques de la surface
du sol ? 2
Laissant aux calculateurs moins déshabitués que moi-même de
l'usage des hautes mathématiques, le soin de dii*e le pourquoi de
ces singulières coïncidences, je me borne à les signaler sans y chei'-
cher superflAment un argument de plus à l'appui de constatations
directement émanées des faits et indépendantes de toute théoi*ie.
Mais si, après avoir vu celles-ci se vérifier constamment et ne
jamais se démentir, à l'épreuve quotidienne d'observations indé-
finiment répétées, j'ai fini par les ériger en règles et les prendre
pour guides, à leur tour, dans la i*echerche de faits nouveaux ou
l'interprétation de faits douteux, n'était-ce pas là procéder suivant
la plus stricte méthode scientifique, qui veut qu'on se serve du
connu pour aller à l'inconnu, et de celui-ci pour constamment
vérifier l'autre?
Certes, je ne saurais prétendre, avec l'extension de plus en plus
I. Toutes les dési^^a lions littérales des teirains, dans ma carte, ont été
empruntées sans discussion au panneau des Alpes du Service des Mines à
TExposition.
a. Il est vrai que cette indépendance, dans mes tracés, n*est presque jamais
qu'apparente et limitée aux petits accidents, tandis qu'il est facile, au con-
traire, de constater partout la très étroite dépendance du relief orogt aphique
et du ligure géologique, mais, cela, dans les grandes lignes et nullement sui-
vant Fantique tradition qui faisait suivre servilement au contour géologique
dans nos pays à stratilication presque toujours redressée, tout comme aux
environs de Paris, les plus petites et souvent les plus imprécises sinuosités
de la vulgaire courbe de niveau.
igOI DE LA CARTE DU SUD-OUEST DES ALPES-MARITIBfSS 449
grande de mes recherches, avoir, comme au temps de mes pre-
mières monographies, suivi pas à pas des contours complets avant
de les arrêter sur le papier. Mais si, après m'être transporté succes-
sivement dans chaque centre à peu près habitable de ma région,
tout le temps nécessaire pour parcourir autant de fois qu il fallait
chacun des sentiers du cadastre, et tous les points douteux en
dehors ; après avoir repéré à quelques mètres près, sur les plans
d'assemblage de chaque commune, complétés eux-mêmes, au
besoin, de toutes les indications utiles des plans parcellaires au
i/â.5oo ou i/i.a5o, chaque affleurement, chaque pendage, chaque
accident, fixé par Técrit, le dessin, la photographie, les moindres
particularités ; lorsque je m'essaie, presque toujours en face du
terrain lui-même, à relier en contours définitifs tous les points de
recoupement notés sur la trame serrée du réseau des chemins
cadastraux, autrement exacte que celle des routes de TEtat-major ;
si, alors, il reste, par extraordinaire, un tant soit peu deJeUy n'est^îe
pas à bon droit que je prends pour guide sur le papier, où il a été
toujours, le premier, fixé avec certitude, cet axe synclinal qui
ma servi de guide sur le terraii\, où il a été toujours, le premier,
l'objet de mes recherches ?
Et s'il m'est arrivé parfois, après avoir rigoureusement tracé les
parties connues de cet axe, de me servir d'une hypothétique prolon-
gation de ce vrai fil d'Ariane pour prévoir, d'un simple petit coup
de crayon, des faits qu'ensuite, à travers les plus grands obstacles
matériels, je trouvais sans cesse et conmie mathématiquement
conformes à la prévision établie, devinant presque à coup sûr, de
très loin, l'existence et jusqu'à la position de certains lambeaux de
terrains récents posés comme jalons synclinaux au milieu des plus
anciens, sans qu'aucun gros accident orographique n'attirât l'œil
sur eux, ne suis-je pas en droit de voir là la consécration la meil-
leure d'une méthode de travail qui, sortie directement de l'obser-
vation des faits, arrive à en prévoir d'autres, par un contrôle
perpétuel et presque infaillible d'elle-même ?
Et si, après avoir constaté cent fois, dans les ravins les plus
profonds, sur les sommets les plus ardus, comment toujours et
partout l'accident orographique, sous la dépendance immédiate de
l'accident géologique, n'a sur la figuration de celui-ci en plan qu'une
influence ou presque nulle ou franchement exagérante, suivant
qu'il est ou perpendiculaire, ou longitudinal, j'ai laissé à certaines
de mes courbes cette sorte de rigidité qui traverse imperturbable
les ondulations des courbes de niveau ordinaires, me reprochera-
t-on d'avoir peut-être exagéré par places un fait réellement observé
9 Janvier 190a. — T. i»»'. Bull. Soc. Géol. Fr. — 119
45<> A. GUÊBHARl). — SUR LE GRAPHISME 4 Nov/
en maintes autres, et de ne m'étre point livré à cette facile simu-
lation (Inexactitude qui, venue des pays à stratification presque
horizontale, se contente de modeler simplement sur les lignes
d* altitude les bandes d*afOeurements ?
Et si, enfin, depuis l'époque où, partant de la « table rase » de
Descartes, je m'exerçais timidement à épeler Talphabet de la
géologie locale, j'ai vu toujours revenir sous mes yeux, comme des
car&ctères élémentaires, certaines formes spéciales de contours,
correspondant à certaines formes déterminées d'accidents, me
tiendra-t-on rigueur de les avoir exceptionnellement appliquées,
plutôt que la fantaisie pure, à tel cas demeuré douteux ? N'est-ce
pas ainsi que sont obligés de faire les déchiffreurs de langues
inconnues, lorsqu'après s'être rendus maîtres de quelques lettres
radicales du mot, s'ils ne peuvent deviner les autres, ils les
interpolent d'après les connaissances préalablement acquises ?
En vérité le cas n'a pas été fréquent, et ce n'est point me vanter,
après le temps que j'y ai mis, que de dire qu'en possession enfin à
peu près complète de mon alphabet tout entier, je n'ai rien écrit que
je n'eusse lu au grand livre de Nfiture, rien traduit que je n'eusse
compris. Certes je n'ai jamais su séparer l'observation du raison-
nement, mais pas davantage celui-ci de celle-là. Des yeux pour
voir, un cerveau pour comprendre et puis pour g^der : voilà
définie la part de « coefficient pei^onnel » qui a pu entrer dans
des tracés, dont beaucoup sont, chacun pourra s'en convaincre sur
le terrain, comme de strictes photographies de la réalité vue en
afileurements dénudés sur le fianc aride de nos monts.
C'est avant tout une œuvre de sincérité que j'ai voulu faire : de
sincérité réfléchie, évidemment, mais aucunement systématique, et
toujours obéissant aux faits, sans chercher à leur commander. Et
je ne crains pas d'affirmer, si large part que j'aime à faire à Yerrare
humanwn est, que partout où semblei'a inexact un recoupement
de contour et de chemin, ce sera presque toujours celui-ci et non
celui-là qui aura été fautivement tracé *.
Si, après cela, je suis arrivé à réaliser ce desideratum élémentaire,
si rarement rempli par les meilleures cartes topographiques, de
montrer en chaque point ce qui est, et rien autre, c'est-à-dire de pou-
voir servir de guide sûr à l'excursionniste ; si j'ai satisfait l'ambition
I. J'ai eu la bonne fortune d'avoir la primeur, pour ma curie, du fond
topographique révisé de TEtat-Major. (Iràce à cela, ont disparu beaucoup
de discordances : mais pas toutes, car certains tracés de routes sont encore
incorrects (par exemple à Fouest de la célèbre Colîi tte de Ciors), et je n'ai
jamais voulu fausser pour eux mes contours géologiques.
igOI DE LA CARTE DU SUD-OUEST DES ALPES-MARITIMES 4^1
de fournir au penseur, fftt-ce sous une forme inclassique, quelques
suggestions de structure et au géologue une image facilement
saisissable. non pas de mes conceptions a priori transportées sur
le terrain, mais de la constitution réelle, si pénible à déchiilrer,
d'un coin de la terre de Provence ; si surtout viennent hientM, de
la part des hautes compétences, les vérifications appelées de tous
mes vœux ; que m'importera, novateur sans le savoir et sans le
vouloir, que le « trop- vrai » ait pu, de prime abord, paraître
invraisemblable, et le « pas-encore-Vu », en attendant Taccoutu-
mance, intriguer ou même choquer l'œil ?
NOTE SUR LA LIMITE MÉRIDIONALE DU NÉOCOMIEN
DANS LES ALPES-MARITIMES
par M. A. GUËBHARD.
Lorsque M. Collot, comme conclusion de son importante
« Description des terrains crétacés dans une partie de la Basse Pro-
vence », résuma dans un graphique très intéressant « l'extension
approximative des élnges crétacés dans la Basse Provence * », je fus
frappé, pour ce qui concerne la limite du Néocomien dans les
Alpes-Maritimes, d'une singulière discordance entre le texte et la
planche. Tandis que le texte disait très justement que « la limite
de la mer néocomienne s'avançait par. . . Brovès, SaintrVallier,
Caussols, Vence, Nice,» le dessin faisait, à partir de Brovès, remonter
le rivage néocomien bien au nord de la rive cénomanienne, laissant
fort au sud et Saint- Vaille r et môme Caussols. Or, si le Néocomien,
qui se montre à Caussols presque aussi puissant qu'à Escraguolles,
quoique toujours dépourvu de sa base valanginienne, n'est plus,
à Saint- Vallier, qu'à l'état de lambeaux de bordure très réduits
d'épaisseur, il n'est pas moins certain que l'un de ces lambeaux se
montre au sud comme le dernier représentant du Crétacé, vertica-
lement pincé entre le Jurassique et le poudingue infra-nummuli-
tique, au quartier d'Arboin.
C'est donc le texte de M. Collot qui avait raison et je crois
répondre au très honorable scioipule qu'a toujom'S mis cet auteur
à rectifier lui-même ses tracés au fur et à mesure des documenlii-
tions nouvelles, en apportant ici la contribution de mes observa-
tions personnelles dans la région.
I. B. S. G. I ., (3), XVm, p. 49, 1889, et (3), XIX, p. 39. 1890.
45a A. OUEBHARD. — SUR LA LIMITE MÉRIDIONALB 4 NoT.
Si Ton s'avance à Test, il est parfaitement certain, comme le
faisait remarquer M. Potier à Texcursion de Yence de la Réunion
extraordinaire de 1877 * qu'on peut voir, à Vence, sur de grandes
étendues, le Cénomanien directement superposé aux calcaires
blancs du Jurassique supérieur. Sans aller si loin, la même chose est
constatable à Test du village de Tourrettes-sur-Loup (qu'il ne faut
pas confondre avec le Tourrette-Levens de l'autre côté du Var, au
nord de Nice). Mais, à quelque cinq cent mètres au-delà, au
bord même de la grande route, avant d'arriver aux sablières
de roche éruptive que recouvre nettement le poudingue de base
de la Mollasse -, on peut voir la coupe d'une petite voûte néoco-
mienne parfaitement caractérisée, avec son double faciès barré-
mien glauGonieux et hauterivien oolithique ferrugineux.
De même, sur l'autre bordure crétacée du synclinal nummulitiqae
nord-sud qui descend à l'est de Vence, j'ai récolté, au fond du Val
Estrèche, à la limite des communes de SaintrJeannet et La Gaude,
dans un lambeau mis à jour par l'érosion du vallon et ancien-
nement sigpaalé par M. H. Ambayrac, de nombreux fossiles
barrèmiens et hauteri viens, que M. W. Kilian, avec son obli-
geance accoutumée, a bien voulu déterminer, et trouvés des plus
intéressants par leur ressemblance avec la faune d'Eze, — et, ajou-
terai-je, avec celle de Gairaut, près Nice. Encore plus au sud, un
autre lambeau situé sur le vieux chemin de Vence à La Gaude, juste
à la limite des deux communes, m'a donné encore des fossiles
barrèmiens bien caractérisés.
n est vrai que pour les multiples lambeaux crétacés, les
derniers au sud, qui garnissent les estuaires synclinaux du
bassin pliocène de La Colle, mes notes ne mentionnent que le
Cénomanien seul, de sorte que j'ai eu peut-être tort, trompé par
mes souvenirs, qui, presque partout, comme dans le percement
du grand tunnel de Saint- Jeanne t, me montraient le Gault et
le Néocomien présents sinon visibles sous le Cénomanien, de
marquer ces lambeaux, sur ma carte, c,^., au lieu de c*"*. Mais il ne
résulte pas moins de toutes ces constatations que, d'une manière
générale, depuis Brovès, où se rencontrent, d'après M. Collot, les
deux lignes de rivage du Néocomien et du Cénomanien, jusqu'aux
environs de Nice, où M. de Riaz a fait dernièrement, d'une manière
I. B. S. G, F., (3), V. p. 735.
a. S'agit-il d'une autre roche que celle des lubradorites de Biot ? Je ne sais
encore. Mais, en tout cas, ce ne peut être qu'une autre éruption, puisque
les déterminations de fossiles dues à M. Depéret, ont établi Tâge au plus
pontien de l'immense nappe de biot.
igOl DU NâoCOMIEN DANS LES ALPES-MARITIMES 4^3
très détaillée, le relevé de tous les affleurements connus *, ces
deux lignes ont dû toujours sensiblement se confondre, et que
c'est précisément à la persistance de ce rivage, et aux érosions
consécutives, bien plutôt qu'à une transgression, qu'a été due la
disparition locale des roches. côtières néocomiennes, simplement
rejetées ailleurs, avec le Gault, à cause de leur nature argileuse et
lubréfiante, au fond des grands plis ultérieurs.
Tout au plus, faudrait-il, peut-être, faire faire à la ligne de
M. Gollot une légère pointe au nord, en forme d'accolade, vers le
centre, tectoniquement si remarquable, du Saut-du-Loup, où le'
Néocomien, qui, pourtant, jalonne de petits lambeaux synclinaux
tout le haut plateau de Sainl^Barnabé, au sud de Coursegoules, n'est
pas très sûrement constatable auprès de Gourdon, et plus du tout en
dessous de Gourmes, où se voient bien le Gault et le Génoraa-
nien. Mais cela ne serait point fait pour modifier un tracé au
i/âoo.ooOy qui reste, somme tonte, parfaitement exact ^.
SUR l'existence du
HJTÉTIEN SUPÉUIEUR (CALCAIRE GROSSIER SUPÉRIEUR)
DANS LA VALLÉE DE LA SEINE
ENTRE VILLBNAUXE ET MONTERRAU
ET A VILLIERS-SAINT-GEORGES, AU NORD DE PROVINS
par M. H. THOMAS
J'ai signalé l'an dernier (5. S. G. F., [3], XXVIII, p. 76) l'existence
du Lu té tien supérieur en divers points de la feuille de Provins où
il n'avait pas encore été cité, notamment à Gormeaux et à Nesles-
la-Reposte.
A cette époque, je n'avais pas étudié complètement les environs
de Villiers-Saint-Georges ; depuis lors j'ai rapporté du fond de la
1. B. S. G. F., (3), XXVn, 411^ 1899 et XXVIII, 764, 1900.
2. Preuve, avec bien d'autres, de la justesse de Tobservation de M. CoUot,
sur « l'unité du golfe crétacé de la Basse-Provence », qui, jusqu'à la (in du
Cénonianien, aurait continué, à travers les changements de nature des eaux
et de leurs habitants, à déposer ses sédiments parallèlement les uns aux
autres et à étendre ainsi, au delà même du Jurassique, cette structure feuil-
letée que mettent en relief les formes particulières des contours de ma carte
du S.-O. des Alpes-Maritimes.
454 LUTÉTIEN SUPÉRIEUR DANS LA VALLKE DR LA SEINE 4 ^O^-
tranchée, qui précède au sud la vallée de TAubetin, sur la ligne
ferrée en construction, des calcaires très durs contenant empâtés
dans la roche ^ des fossiles que M. Munier-Chalmas a bien voulu
examiner et dans lesquels il a reconnu : Planorbis Chertieri Desh.
et une Paludine voisine de celle du calcaire de Longpont.
Récemment, je suis retourné à Villiers-Saint-Georges, dans la
même tranchée et j'y ai recueilli des échantillons contenant avec
Planorbis Chertieri, Limnea Berçillei Desh. et Paludina inter-
média Desh., appartenant tous trois au niveau du Calcaii*e grossier
supérieur.
Dans la même note, j'indiquais également que, sur la pente de
la gi'ande falaise qui borde In vallée de la Seine en aval de
Villenauxe, il existait à Blunay et à Salins, au dessus de TargiJe
sparnacienne, des calcaires tantôt marneux, tantôt gi^enus, tantôt
à grain fin et d'aspect lithographi(|ue, que leur allure me faisait
rattacher au Lutétien, bien que je n'y eusse encore trouvé aucun
fossile.
Les explorations que j'ai faites cette année, tant pour achever
la carte de Provins que pour commencer celle de Sens, m'ont
fourni la preuve (juc cette assimilation était exacte.
En effet, à Courbeton, près de Montereau, j'ai recueilli dans ces
calcaires des échantillons contenant, très reconnaissables dans les
empreintes ou dans des moulages, de nombreux échantillons de
Potamides tristriatus Lmk., appartenant au Lutétien. Plus loin, en
aval, près de la station de la Grande-Paroisse, M. Lioret, de Monte-
reau, m'a signalé dans une carrière abandonnée, des calcaires repo-
sant directement sur l'argile rose du Sparnacièn et qui contiennent
Limnea Berçillei Desh. et Planorbis pseudo-ammonius Schloth.,
que j'avais déjà signalés à Saint-Brice dans le Lutétien supérieur
de la vallée de la Voulzic (Bull, carte géol., n*» 80, p. 17).
Les fossiles de Courbeton et ceux de la Grande-Paroisse confir-
ment ainsi nettement l'existence du Lutétien supérieur dans la
vallée de TAubetin et dans la vallée de la haute Seine.
GrAce au concours empressé de M. Laville, j'ai pu déterminer
mes fossiles en les comparant à ceux de la collection du regretté
D** Bezançon, mise très obligeamment à ma disposition par
M. Douvillé.
UN CRANE DE BŒUF MUSQUÉ, DES EYZIES (DORDOGNE)
par M. Edouard HARLË.
En examinant dernièrement un grand nombre d'ossements
recueillis par M. Galou, dans diverses grottes de la Gorge d'Ëni'er,
[ Eyzies (Dordogne), j'y ai reconnu
Bœuf musqué Les
restes de Bœuf
musqué sont par
tout considéré':
comme raies et
en France comme
extrémemeat ra
res. Il ma donc
paru inteiessant
de signalci cette
nouvelle pièce
qui fait mainte
naDt partie dt m-\
collection *
Cette portion
de crâne com
prend une partie
des frontaux avec
l'amorce de lun
des orbites une
partie des cornes;
les pariétaux inti-
mement soudés
ensemble ; l'occi-
pital, y compris
le basi -occipital ;
une grande partie ^'"^ P"^*^ ''•' ' "
des temporaux,
avec la portion mastoïdienne et le
i portion de crAne de
CrAne du Ureuf musqué di». Kyiirs (Uordogne).
ue prise dr t arritn sutMinl uni^ dirertiiin à 15*avrc
le dessus du LrAuL et n^ec 1 occipiil. — Echelle 1/3.
her une partie du sphénoïde.
I. J'avais, pour l'Otudier, les dessins descriptions on cotes d'u
de crAses de Bcruf iniisiiué, actuels ou Tossilts En outre, j'ai examiné de
près, ces jonrs-ci. cioq erânes de Bttal musqué tons actuels, dont deux à
Munich, Krâie â M, 5i.-liluBSur, et trois a Bule grâce u M. Stelilin
456 É. HARLK 4 NOY.
Lorsqu'elle a été découverte, les cornes étaient bien plus complètes.
Mais M. Galou ayant voulu procéder à un nettoyage parfait, a
employé, sans précaution, une brosse dure et a enlevé ainsi, avec
l'argile, la plus grande partie des cornes, bien moins solides que
le reste.
Ce qui subsiste encore des cornes est formé de tissu spongieux, sauf
une grande cavité à la base de chacune. Les comcs sont implantées
non seulement sur les frontaux, mais aussi sur les pariétaux, caractère
qui, d'après Boyd Dawkins ^ n'existe chez d'autres ruminants cavi-
cornes que la Girafe, le Gnu mâle et le Bœuf musqué m&le adulte.
Le dessus du crâne est ))lat, sauf, dans l'axe, un creux dans Tos
unique résultant de la soudure des pariétaux, tout près de la suture de
cet os avec l'occipital. Son épaisseur est considérable. Les bases des
cornes étaient séparées par un intervalle étroit et long, que Ton recon-
naît bien malgré les avaries causées par le brossage énergique de
M. Galou. Les orbites étaient en saillie forte et brusque.
L'occiput, à angle droit avec le dessus du crâne, est très haut et
presque carré. L'occipital déborde légèrement et uniformément sur le
dessus du crâne et sa partie supérieure présente, vers l'arrière, un fort
renflement qui descend en angle suivant l'axe. Les condyles occipitaux
sont presque dans le plan de l'occiput, et, au total, Tocciput est plat.
Le basi-occipital a ses côtés parallèles, et répond en cela et pour le
reste à la description donnée par Boyd Dawkins -.
Voici, en centimètres, quelques-unes des dimensions de ce crâne :
Largeur du front à l'origine de la saillie des orbites, ou plu-
tôt : double de sa moitié de gauche, seule bien conservée . ia,5
Distance de cette ligne au plan de l'occiput ia,5
Plus faible épaisseur du crâne dans l'intervalle de la base
des cornes 2,5
Moindre largeur de l'intervalle entre la base des cornes. . . a
Longueur occupée par une corne sur le bord du crâne . . . 9,5
Largeur de l'pcciput (occipital et temporal) ou plutôt : le
double de sa moitié de gauche, seule en parfait état. ... i5
Hauteur de l'occiput mesurée depuis le haut du trou occipital . 8,5
— — — le dessous des condyles . 11, 5
L'angle du plan de l'occiput avec celui du dessus du crâne est de
io5 degrés.
Les sutures sont généralement très marquées, ce qui montre que
l'âge du sujet n'était pas avancé.
La comparaison des dimensions de ce crâne avec celles, très
variables, d'autres crânes de Bœuf musqué, montre que Tindividu
1. Boyd Dawkins. The British pleistoccne Mammalia, Part V, Ovibos
moschatus, 1872, p. 6.
2. Boyd Dawkins. L. c, p. 5.
UN CRANE DE BŒUF MUSQUÉ DES ETZIBS 4^7
dont il provient était de taille moyenne, plutôt même petite ; mais
il n*avait pas encore atteint son complet développement.
J'ai acquis aussi de M. Galou, Textrémité iilférieure d'un méta-
carpien et celle d'un métatarsien, ayant respectivement 67 et 63
millimètres de largeur. Les dimensions de ces os, leur ressem-
blance avec ceux de Mouton et leurs autres caractères, m'ont
convaincu qu'ils sont aussi de Bœuf musqué K
M. Gaiou m'a dit avoir trouvé ce crâne et ces os dans une petite
grotte qui est située à 55 m. en aval de Taxe de la grande grotte de
la Gorge d'Enfer, sous le chemin, et à 95 m. du débouché du
wallon. En examinant des terres que M. Galou m'a dit avoir
extraites de cette petite grotte, j'y ai trouvé, en abondance, des
vestes de Renne et des silex dont la plupart sont de type magda-
lénien, mais dont quelques-uns se rapprochent des racloirs
:xnoustériens.
L#es seules pièces de Bœuf musqué que l'on avait trouvées
jusqu'ici, dans le sud-ouest de la France, sont quelques os des
^yattes signalés par I^artet et qui provenaient de l'une des petites
rottes du même vallon, avec des restes de Ursus spelœus, Felis
'pelwa, Canis lupus, Canis vulpes, Cerpus taranduSy Bos sp.,
^apra ibex et des silex de type magdalénien et peut-être aussi de
ype moustérien -. Je ne sais si cette petite grotte est la même «jue
elle explorée par M. Galou.
On n'a pas trouvé, dans le sud-ouest de la France, d'autres
^Dssements de Bœuf musqué. Il est vrai qu'on a cru reconnaître ce
^Kniminant dans deux gravures préhistoriques magdaléniennes
^K^ecueillics dans des grottes de cette même région : Tune de ces
gravures 'provient de la grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) et
^ été publiée dans Matériaux, i885, ]). 348, fig. loi ; l'autre a
^té découverte dans la grotte de Raymonden (Dordogne) par
^. Hardy, qui l'a figurée dans sa brochure La station quater-
naire de Raymonderij 1891, pi. III. Mais les cornes de l'animal
i^présenté par ces gravures sont étroites à la hase, elles sont
implantées bien en dedans de la limite du profil de la tète, elles
se dirigent entièrement de bas en haut. Au contraire, chez le
I. Lps caractères du métacarpien et du métatarsien de Bœuf musqué sont
donnés par Boyd Dawkins (l, c, p. 8 et 9) et par Tsghf.hski ( Wisscnschaft-
liche Reaultatc Janalandea Expédition, IV, i8()ii, p. 164. 179 et i83, et pi. IV,
dans Mém, Acad. St-Pétershoiirg, t. XL). Je possède aussi des dessins de ces
os que j'ai fait faire, il y a longtemps. [)our me documenter, d'après un sujet
actuel appartenant à la K. Landwirlhscliaflliche Hochschule de Berlin.
a. Lartbt. B, s g. F., 3 avril i865 ; domptes Hendus Acad. des 5c.,
ai août i865; ReUgnite aqui^anicœy p. i8a et a8i.
458 É. HARLé. — UN CRANE DE BŒUF MUSQUÉ DES EYZIBS 4 NoV.
Bœuf musqué, les cornes sont très larges à la base, elles sont
implantées à la limite même du profil de la tête et se dirigent de
haut en bas, sauf la' pointe extrême. Ces gravures font ressortir
encore d*autres différences avec le Bœuf musqué. Je suis persuadé
que leurs auteurs n'avaient nullement Fintention de figurer le
Bœuf musqué, mais le Bison, animal alors très commun dans le
sud-ouest de la France.
M. Nehring a prouvé, il y a déjà longtemps, pour TAllemagne
et les régions voisines, ([ue Textrême fin du Quaternaire a été
marquée par la prédominance d'une faune de forêts, que cette faune
a été précédée par celle qui vit actuellement dans les steppes de
la Russie d'Europe et d'Asie, enfin que la faune de steppes a été
précédée elle-même par celle qui vit maintenant dans les régions
très froides de l'extrême nord de l'Asie et de l'Amérique. JTai
signalé, bien des fois, dans le sud-ouest de la Finance, la faune de
forêts et la faune de steppes. Mais la faune des régions très froides
s'y trouve-t-elle aussi ? M. Nehring a détaillé la faune actuelle des
régions très froides et celle des steppes *. Leur comparaison
montre que les Mammifères qui vivent dans ces régions très froides
et non dans les steppes, sont les suivants : i*> et a*» deux espèces de
Lemniings ; 3" le Renard polaire; 4° le Bœuf musqué. Or, dans le
sud-ouest de la France, aucun reste de Lemming n'a jamais été
découvert; des rc-^tes de Renard polaire n'ont été signalés, en très
petit nombre d'ailleurs, cpie dans deux gisements -; des restes de
Bœuf musqué, fort rares, dans un ou deux seulement. Il est donc
probable que le sud-ouest de la France n'a pas subi le climat de
froid extrême et qu'il a seulement reçu, d'une manière exception-
nelle, la visite de quelques-uns de ses repi'ésentants. Si d'ailleurs,
comme on l'admet, le Renne n'a pas été au sud des Pyrénées, il est
naturel que les Lemmîngs. le Renard polaire et le Bœuf musqué
se soient tenus, en général, assez loin en deçà.
I. Nkhbing. Tundron vr^i Ste/tpen, 1890, p. 20-Ji el p. 67-69
a. Dans la grotte de Raymondcn (Dordogno) : Gaudry. C. R Ar Sr.,
95 août 189'j. (Pièces découvertes par MM. Haidycl Kéaiix). Et dans une
crevasse, aux Champs-Gaillards, près Châteauneursur-Cliarenle (Cliarenle):
BouLK et CîiAUVKT C . R. Ac Se 8 mai 1899
PREMIÈRE NOTE SUR LES ORBITOIDES
par M. Ch. SCHLUMBERGER
(Plangubs VU-IX)
Dans son intéressant travail sur « TAjçe des couches traversées
par le canal de Panama » * notre confrère M. Dou ville a eu l'occa-
sion de s'occuper des Orbiloïdes qui se rencontrent en grande abon-
dance dans certaines tranchées du canal. A ce propos il a consacré
on chapitre k Thistorique de ce genre et à la distribution des
espèces dans les dillereuts terrains. Adoptant les noms proposés
antérieurement par Gûmbcl et par M. Mnnier-Chalmas Fauteur con-
clut que les Orbitoïdes vrais caractérisent le terrain crétacé, les
Orthophragmina M.-Ch., à loges rectangulaires TEocène et les
Lepîdocyclina Gûmb., à loges médianes arrondies ou hexagonales
l'Oligocène. Du reste le savant géologue hollandais Yerbeek en
étudiant les nombreux Orbitoïdes qu'il a découverts à Java était
déjà arrivé antérieurement à des conchisions analogues. Dans scm
ti*avaii de 1891 - et dans son grand ouvrage sur Java^ il indiquait
que les Diacocyclina (Orthophragmina) caractérisent le Tertiaire
ancien (qu'il divise provisoirement en Éocènc et Oligocène) et que
les Lepidocyclina appartiennent au Miocène.
Ces constatations, si elles se confirment, comme il semble, dans
différentes régions, ont une grande inipoilancc stratigraphique
mais elles dépendent d'une question importante : la connaissance
exacte des espèces chez les Orbitoïdes que l'on rencontre. Or il
est incontestable qu'à ce point de vue il règne encore une certaine
incertitude et que l'on trouve dans les ouvrages classiques, comme
celui de Gûmbel, des erreurs regrettables.
Les anciens auteurs n'ont, en général, laissé que de trop courtes
descriptions des espèces et ceux qui les ont accompagnées de
figures n'avaient pas à leur disposition les moyens précis que nous
procurent actuellement la photographie et la phototypie.
Je crois donc qu'il est utile d'entreprendre une révision de nos
Orbitoïdes et c'est dans ce but que j'ai l'honneur de présenter à la
Société une première note sur les Orbitoïdes de la Craie.
I. B. S. G. F., (3). XXVI, 1898.
a. yatunv. Tjrdachri/l 9. Nederland Indie, 1891. p. 101-108.
3. Uescri^t. geolog, de Java et Madura, par Verbeek-Fennema, 1890
46o CH. SGHLUMBERGEK 4 NoV.
Mais avant d'aborder mon sujet je tiens à exprimer mes remercie-
ments à mon ami, M. Douvillé, qui a mis à ma disposition les collec-
tions de rÉcole des Mines et les recherches bibliographiques qu*i-
avait rassemblées; à notre confrère M. Bigot, professeur de géologie
à rUniversité de Gaen, qui m'a communiqué les Orbitoîdes de
la collection Defrance déposée au Musée de Gaen ; à M. le D*" A.
Koch, professeur à l'Université de Budapest, qui, sur la recom-
mandation de M. Zittel, m'a gracieusement envoyé une nombreuse
série de Foraminifères du terrain éocène supérieur de Klausenburg
en Transylvanie.
Defrance a consacré en i8a3 un article du « Dictionnaire des
Sciences naturelles » au genre «Licophre ». Il a emprunté ce genre
à Denis de Mon^fort * tout en constatant que figure et description
de cet auteur sont à peu près méconnaissables. Néanmoins de
Montfort ayant pris pour type de son genre la figure publiée par
Fichtel et MoU - sous le nom de Nautilus lenticularis, Defrance
croit reconnaître dans cette figure des coquilles crétacées que l'on
trouve à Maestricht, à Mirambeau (Charente-lnf.) et à Mérignac, et
Tespcce de Mérignac lui parait identique à celle de Fichtel et Moll.
Quant à celle que l'on renconti'e à Maestricht et que Fortis ^ a
nommé « Discolithe lentiforme » elle diffère de la précédente et de
celle de Transylvanie par des tubercules de la surface beaucoup
plus petits. EnGn, Defrance donne le nom de Licophris Faujasi
à l'espèce trouvée à Mirambeau.
Tel est le résumé de l'arlicle du Dictionnaire des Sciences natu-
relles qui n'est accompagné d'aucune figure, mais qui soulève
deux questions importantes à élucider : quels sont les Orbitoîdes
de Klausenburg (Koloswar en Transylvanie) qui ont servi aux
descriptions et aux figures de Fichtel et Moll, et quels sont les
Orbitoîdes que. Defrance avait à sa disposition.
La réponse àla première question m'a été fournie par M. A. Koch,
qui a résidé de longues années à Klausenburg et qui en connaît
admirablement les terrains. Dans l'abondante provision de sables
lavés de l'Eocène supérieur qu'il m'a envoyée, il n'y avait pas trace
d'Orbitoïdes mais une quantité considérable de Nummulites plus ou
moins bien conservées. Dans la lettre accompagnant son envoi,
M. Koch énumère sept espèces de Nummulites des marnes à Bryol
zouires. et ajoute qu'il a trouvé de rares Orbitoîdes (O. tenella
I Dknis dk Montfout. Conchjrl. systématique, 1802.
•2 FicHTix i:t Moll. Testacea microscnpîvaf pi VII lijç. a, b.
3. Fortis. Mé/n. p. servir à VUist. nat, et principalement à Vorycto graphie
de V Italie^ t. II. Paris, i8oa.
igOI PREMIÈRE NOTE SUR LES ORBITOÎDES 4^1
Gûmbel, O. raricostata Gûmbel) dans ces mêmes marnes, mais loin
de Klausenburg. Il est donc à peu près certain que Fichtel et Moll
dans leur travail si remarquable pour ime époque où Ton ignorait
ce que c'est qu'un Foraminifère, ont figuré à la planche 7 sous le
nom de Nautilas lenticularis des Nummulites et ils ont soin de
dire p. 56 qu'elles sont très abondantes à Klausenburg. La simili-
tude que les auteurs ont cru constater entre ces figures et certains
Orbitoïdes tombe à néant.
Quant à la seconde question il a sufli pour la résoudre de
s'adresser à l'obligeance de M. Bigot. Il m'a communiqué tous les
Orbitoïdes de la collection Defrance.
Cette petite série se compose de cinq tubes de verre avec les échan-
tillons collés sur papier bleu et étiquetés par Defrance lui-même.
L'un de ces tubes contient cinq individus assez petits avec la
mention « Licophre lentille, Licophris lenticularis (Montfort) de
Mérignac ». C'est incontestablement * l'espèce décrite par Gûmbel ^
sous le nom d'O. burdigalensis et que j'ai reporté après examen
dans le genre Mjyogj'psina ^,
Trois autres tubes renferment vingt * échantillons d'une seule
et même espèce étiquetés : « Licophre de Faujas (Defr.) Licophris
Paujasi Mirambeau ». Cette espèce n'est autre que celle que l'on
recueille si abondamment dans la Craie blanche à Royan, ainsi
que je le montrerai plus loin et connue sous le nom de Orbitoïdes
média. Defrance n'ayant pas joint de figure à sa détermination
spécifique, d'après les règles de la nomenclature, l'espèce Orbi-
toïdes Faujasi tombe en désuétude devant l'espèce créée par
d'Archiac et figurée par d'Orbigny.
Le cinquième tube plus volumineux que les autres présente
deux lignes d'individus. La supérieure avec dix exemplaires est
étiquetée « Discolithes lentiforme Fortis, pi. 2, fig. n. o., Faujas
pi. 34, fîg. 1-4 » ; la seconde avec neuf exemplaires est étiquetée :
« Licophre lentille. Z. lenticularis var. B (Defr.) Maestricht. » Les
dix-neuf échantillons de ce tube sont à l'exception d'un seul, de la
même espèce. Dans son article précité, Defrance renvoie le lecteur
aux travaux de Fortis ^ et de Faujas de Saint-Fond ^ qui tous deux
ont donné des figures des Orbitoïdes de Maestricht.
I. DouviLLé. Op. cit,
a. GDmbbl Beiiràge zur Foramini/erenf, der Nordalpinen Eocàngebirge.
Muoich, 1868. •
3. B S. G. F., (3), XXVni, p. 327, lyoo.
4. Cinq (le ces individus déjà en partie usés m'ont servi, avec l'autorisation
de M. Bigot à faire des sections minces, un sixième a été photographié.
5. P0RTI8. Mémoire sur les Discolithes, t. II, 180a. Journal de Physique ?
6. Faujas de Saint-Fond. Histoire naturelle de la Montagne St-Pierre, 1799.
46a CH. SCHLUMBBRGER 4 ^0\.
Faujas de SaintrFond, professeur au Muséum, a publié en 1799
son « Histoire de la Montagne Saint-Pieri'e de Maestincht » et il
cite d après une lettre du Journal de Physique les recherches de
Fortis sur les Discolithes. Cette lettre dont je n*ai pas retrouvé la
date, est naturellement antérieure au « Mémoire de Fortis (datant
de 1803) pour servir à Tliistoirc naturelle et principalement à
roryctogi*aphie de Fltalie et pays adjacents ». Dans son Tome II,
page 97, se trouve le « Mémoire sur les Discolithes » avec figures.
Fortis donne les diagnoses très succinctes ^ des deux espèces
d'Orbitoïdes (Discolithes) que Ton rencontre à Maestricht. Uune,
la plus gi*ande et la moins abondante, est cai*actérisée par un
mamelon central sur une des faces alors que Tautre face en est
dépourvue (fig. N. O.) ; Tauti'e, plus petite et plus abondante, est
couverte extérieurement de nombreuses pix>tubéi*ances (fig. n. o.).
Faujas confiime hi présence de ces deux espèces à Maestrichjt
mais tous deux em[)loient les termes lenticulaire et lentiforme^
simplement comme qualificatifs de la forme extérieure et non
comme désignation spécifique, et on a vu plus haut que Defrance
en étiquetant sa collection a employé les deux termes pour une
seule et même espèce.
Il y a donc lieu de les désigner d'une manière plus précise et je
proposerai de donner à la plus grande qui sur Tune des faces
présente un mamehm central, le nom de Orbito'ides apiculata n. sp.,
et à la plus petite celui de Orbito'ides minor n. sp.
Des Orbitoldes en général.
Orbitoîdbs d'Orbigny, 1847 *•
Le geni'e Orbitoïdes créé par d'Orbigny est un genre de Bora-
minifères éteint qui parait cantonné dans le Crétacé et le Tertiaire.
La forme générale de leur plasmostracum est celle d*un disque
lenticulaire plus ou moins surélevé au centre et aminci sur le
boi*d de la circonférence. Dans ceitaines espèces le contour du
disque devient polygonal et souvent les angles du polygone se
prolongent en épines plus ou moins nombreuses qui produisent
un ensemble étoile.
Quelle que soit leur forme extérieure les Orbitoïdes sont cons-
1. Discolithes adniussus lenticularis, vix convexus laevis sine marulis pi.
I, tig 11.0. — Discolilhes lenliformis una tantuiu superiicia in verrucum
prominulii, altéra plana, pi. II. lig. N O.
2. Prodrome de Palèontolotfiet i85o.
igOI PREMIÈRE NOTE SUR LES ORBITOIdES 4^3
traits intérieurement de la même manièi^e. Dans le plan qui passe
par le bord externe on trouve au centre une Ipge sphérique on
un amas plus ou moins diffus de loges embryonnaires enveloppées
par une épaisse paroi» Autour de cet embryon sont disposées
circulairement des loges à contour tantôt quadrangulaire tantôt
ogival; ces cycles de loges se continuent en grand nombre
jusqu'au bord du disque et jusqu'à l'extrémité des pointes lorsque
le bord est étoile. C'est le plan des loges équatoriafes, mais ce plan
est souvent convexe, ondulé ou parfois replié comme une selle.
Au-dessus et au-dessous des loges équatoriales viennent s'em-
piler plus ou moins régulièrement des séries de loges déprimées
généralement plus abondantes au centre, ce sont les loges laté-
rales, ïjeuv ensemble est traversé par des piliers coniques de
calcaire fibreux, perpemliculaires au plan médian qui vont s'élar-
gissant vers la surface et y constituent des saillies de forme variée.
Tontes les loges équatoriales et latérales ont des parois perforées
et c'est par les perforations des dernières loges latérales situées
à la surface entre les piliers que le protoplasme communiquait
avec l'extérieur.
La plupart des Orbitoïdes que j'ai examiné sont dimorphes. La
forme A (mégasphérique) présente une gi*ande loge initiale ou un
embryon multiloculaire tandis que la forme B (microsphérique)
de la même espèce commence par une minuscule loge sphérique
entourée de cycles de loges équatoriales beaucoup plus petites que
les correspondantes de la forme A.
En pi*ésence du grand nombre d'espèces on a dû songer à établir
pour les Orbitoïdes des sous-genres. En effet, Gûmbel ^ en 1868 a
proposé les cinq sous-genres suivants : Discocyclina^ Rhipido-
cyclina, AktinocycUna, Asterocyclina et Lepidocyclina. Cette
subdivision était surtout basée sur la forme extérieure des Orbi-
toïdes et en partie seulement sur les caractères internes. Ainsi
les quatre premiei*s sous-genres étaient supposés avoir des loges
équatoriales rectangulaires. Or, Gûmbel ne pouvait pas prévoir que
Ton trouverait des Asterocyclina à loges équatoriales arrondies.
11 parait plus rationnel de s'en tenir aux caractères de construc-
tion interne et de réduire les groupes aux quatre suivants :
1° Genre OrJbitpïdeSy à loges équatoriales rhombiques augmen-
tant assez sensiblement en hauteur vers la circonférence où elles
sont fréquemment subdivisées ; perforations des cloisons assez
fortes. Type : Orbitoïdes média.
i. GOmbbl. Op. cit.
464 CH* SGHLUMBEROER 4 ^<>V*
a*» Genre OrthophragTnina *, à loges équatoriales parallélipé-
diques. Type : Qnbitoïdes Praitii.
3"" Genre L€fddûcyclina , à loges équatoriales arrondies ou hexa-
gonales, cloisons à perforations fines. Type : Orbitoldes ManteUi -.
A ces tix)is groupes il convient d'en ajouter un quatrième.
4** Genre Mx^Qgï!£sinq 3, créé par M. Sacco/à embryon spirale
plus ou moins excentrique, loges équatoriales lancéolées. Type :
M, irregularis.
Description des espèces
Orbitoïdes MEDIA d'Archiac
(PI. VII, lig. 1-7).
Licophris Faujasi Defrance, iSaS.
Orbitolites média d'Archiac, i835.
Orbitoldes média d'Orbigny, i8ôa.
D'Archiac * a décrit sommairement en i835 VOrbiioldes média
de Royan (sous le nom d' Orbitolites) en faisant bien ressortir les
caractères externes, et il est d'autant plus singulier qu'il le confonde
avec la figure que Faujas de Saint-Fond a publiée pour un Orbi-
toîde de Maestricht.
L'espèce média tomberait donc en désuétude si d'Orbigny ^ ne
l'avait pas reprise en i85a en donnant une courte description et
une figure très exacte pour l'extérieur, mais une coupe un peu
fantaisiste .
L' Orbitoïdes média a un plasmostracum discoïdal, lentiforme,
dont l'épaisseur au centre est environ du tiera du diamètre. Du
sommet partent en étoile de nombreuses petites côtes qui se bifur-
quent plus ou moins et sont suivies de côtes onduleuses ou de
boutons saillants jusqu'au bord (PI. VII, fig. i-3).
Dans une section de la forme A (mégasphérique), dans le plan des
loges équatoriales * (PL Vil, fig, 6 et 7), on observe au centre une
I. Munibk-Chalmas. Etude du Tithonique, du Crétacé et du Tertiaire du
Vicentin, 1891. Thèse de doctorat, p. 18.
a. Voir Douvillé. Op, cit.
3. B. S. G. F., (3), XXVin, p. 35:, 1900.
4. Mém. de la Soc. ffvolof(,de France y (i), II, i835.
5. Cours élémentaire de Paléontologie^ p. 852, fig. 557.
6. Il faut remarquer que les loges équatoriales sont rarement dans un plan
rigoureusement plan, de sorte qu'il est ditlicile de faire figurer dans une sec-
tion l'ensemble des loges.
• igOI PREMIERE NOTE SUR LES ORBITOÏDES 4^5
fonnation embryonnaire composée d'mie assez grande loge ovalaire
à paroi épaisse subdivisée en quatre parties par trois cloisons
minces, dont deux parallèles et une transversale *. C'est autour de
cet embryon que se groupent en cycles successifs les loges équa-
toriales à contour demi-circulaire. La nouvelle loge d'un cycle se
place exactement au-dessus de l'espace de deux loges du cycle
précédent : il en résulte que les parois latérales des loges parais-
sent se continuer sur deux systèmes de courbes qui se croisent et
produisent sur la coupe un effet de moirage. Vers la circonférence
les loges équatoriales augmentent en dimension (PI. VII, fîg. 7).
Dans la section transversale de la forme A (PI. VII, fig. 5) on
retrouve les mêmes caractères embryonnaires et on constate que
les loges équatoriales extrêmes se subdivisent dans la hauteur. Les
loges latérales très surbaissées ont une ouverture moindre que
l'épaisseur de leur cloison, les piliers qui les traversent s'amassent
vers le centre et font à peu près disparaître les loges latérales.
La fig. 4 d® 1*^ pl« VII reproduit la forme B (microsphérique),
avec une très petite loge initiale.
D'Archiac signale des individus de 5o millim., mais parmi les
nombreux Orbitoïdes que j'ai examinés dans les collections, les
plus grands dépassaient à peine 10 millimètres.
Habitat. — Dordonien à Royan et les environs, Saint-Georçes,
Sozac; à Mirambeau (Defrance), Maurens (Isère), Beaumont de
rérigord.
Observation. — La figure i de la pi. VII, représente un des indi-
vidus de la collection Defrance étiquetés L, Faujasiy les fig. 4 et 7
^Pl. VII) sont des coupes de deux individus de la même collection.
Orbitoïdes apiculata n. sp.
(PI. Vm, fig. I, 4, 6 ; PI. IX, fig. I et 4).
Plasmostracum discoïdal lenticulaire. Sur l'une des faces on aper-
çoit une pointe saillante centrale qui n'existe pas de l'autre côté.
Sur tout le reste des surfaces externes sont disséminées assez
irrégulièrement de nombreuses protubérances (PI. VIII, fig. i).
Les sections équatoriales des formes A et B de cette espèce sont
reproduites par les figures i et 4 de la pi. IX ; dans la première on
trouve au centre une grande loge initiale à cloison épaisse subdivi-
1. Cette cloison transversale disparnit souvent dans les préparations, elle
parait appartenir à une première loge initiale sphéricfue située en dehors du
plan des aatres loges embryonnaires.
19 Janvier 190a. — T. ler. Bull. Soc.'Géol. Fr. — 3o
466 CH. SC&LUMBERGER 4 ^^"^
sée en quatre par trois cloisons minces en triangle ; dans la seconde,
la loge embryonnaire est extrêmement petite et à peine visible sur
la photographie. Les loges équatoriales ont im contour circulaire
et prennent parfois suivant la hauteur à laquelle elles sont sec-
tionnées un aspect ovalaire.
Dans la section médiane perpendiculaire au disque de la forme A,
pi. Ylll, fig. 6, la grande loge initiale n'est divisée qu'en trois par
deux cloisons minces. On constate que les loges équatoriales
augmentent rapidement en hauteur, sont subdivisées vers la cir-
conférence et que les loges latérales très nombreuses et très surbais-
sées, sont traversées par de nombreux piliers qui, au centre, for-
ment un tout compact.
La différence des deux faces est bien marquée dans cette figure,
dans la fig. 4» pl- VLII, qui donne la forme B de Tespèce, la pointe
que Ton devrait voir à gauche de la figure a disparu pendant la pré-
paration.
Les plus grands échantillons trouvés atteignent lo millim. de
diamètre.
Habitat, — Dordonien. Maestricht, Maurens (Dordogne).
Observation, — Un individu de cette espèce figure dans la
collection Defrance.
Orbitoîdes minor n. sp.
(PI. Vin. ag. 2, 3, 5, ; PI. JX, fig. a et 3).
Cet Orbitoïde, très abondant à Maestricht, a un plasmostt*acum
discoïdal peu renflé au centre, dont les deux faces sont sembla-
bles et recouvertes de nombreuses nodosités régulièrement distri-
buées sur toute la surface. Les figures a et 3 de la pi. VIII repré-
sentent deux individus bien conservés, la figure a de la pi. IX, un
exemplaire un peu usé.
En examinant les sections équatoriales et transversales (PL IX,
ïig. 3 et PI. VIII, fig. 5), on reconnaît de suite le caractère interne
qui différencie cette espèce de la précédente ; en effet on trouve au
centre une petite loge sphérique suivie d'une loge circulaire plus
grande, enveloppées toutes deux d'une cloison épaisse. Les loges
équatoriales sont plus petites que dans O. apiculata et augmentent
relativement moins en hauteur.
Les loges latérales très surbaissées sont parcourues par de
nombreux piliers sur toute Tétendue du diamètre ; ils vont abou-
tir à la surface pour y former les nodosités que j'ai signalées.
Leur diamètre n'atteint guère que 5 à 6 millimètres.
Habitat, — Dordonien. Craie de Maestricht, très commun.
tgOl PREMIERE Note SCR les OtlBITOÎDES 4^5
t
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche VU
Fig. I. — Orbitoïdes rQsdÛi d*Apchiac (L. Faujasi de la coll. Defrance).
Mirambeau. Gr. 5/i.
Pig.a^. — — — d*Archiac. Royan. Gr. 5/i.
Fig. 4- — — — d'Archiac. Section transversale. Forme B (de la
collection Defrance). Gr. i3/i.
Fig. 5. — — — d'Archiac. Section transversale. Forme A,
Royan. Gr. i3/i.
Fig. 6-7. — — — d'Archiac. Sections équatoriales . Formes A;
fig. 6, de Royan ; fig. 7, Mirambeau. Gr. 12/1.
Planchb vm
Fig. I. — Orbitoïdes apiculata Schlumb. de Maestricht. Gr. 5/i.
Fig. »3. — — minor Schlumb. de Maestricht. Gr. 9/1.
Fig. 4- — — apîcttfate Schlumb. Section transversale. Forme B, de
Maurcns. Gr. i3/i.
Fig. 5 — — minor Schlumb. Section transversale. Forme A, de
Maestricht. Gr. i3/i.
Fig. 6. — — apiculata Schlumb. Section transversale. Forme A, de
Maestricht. Gr. ao/i.
Planchb IX
Pig. I. — Orbitoïdes apicalata Schlumb. Section équatoriale. Forme A, de
Maestricht. Gr. i3/i.
Pig. a. — — minor Schlumb. Individu usé, de Maestricht. Gr. 9/1.
Fig. 3. — — — Schlumb. Section équatoriale. Forme A, de
Maestricht. Gr. 14/1 .
Fig. 4- — ~ apiculata Schlumb. Section équatoriale. Forme B, de
Maurens. Gr. i3/i.
M. Douvillé insiste sur l'importance que présente le groupe des
orbitoïdes au point de vue de leur répartition dans la série des \
touches ; on sait que les Orbitoïdes proprement dits caractérisent la
Craie la plus supérieure (d'après M. Arnaud, elles apparaissent à
la partie supérieure du Campanien), les Orthophragmina sont spé-
ciales à TEocène, les Lepidocyclina ne se rencontrent, tout au
moins en Europe et en Amérique, que dans l'Oligocène ; enfin les
uMiogj^psina apparaissent dès la base du Miocène. Dans ces con-
ditions une étude détaillée des espèces présenterait un très grand
intérêt et permettrait très vraisemblablement d'établir d'une ma-
nière précise le synchronisme souvent douteux des couches dans
lesquelles on les rencontre ; il est donc vivement à souliaiter que
notice confrère nous donne rapidement la suite de ce preniier travail.
Séance du 18 IVovembpe lOOl
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSIDENT
M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la
dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. René de Lamothe, présenté par MM. Léon de Lamothe
et Munier-Chalmas ;
Jean-Marc Bel, Ingénieur civil des Mines, présenté par
MM. Carnot et Termier ;
Le commandant Azéma, présenté par MM. A. Gaudry et
M. Boule.
Il annonce quatre présentations.
Le Président annonce que le 4*0® Congrès des Sociétés sapantes
s'ouvrira à la Sorbonne, le i^^açril igo2,
11 présente trois Jiches d'essai établies par la Commission chargée
par le VIII* Congrès géologique international d'étudier le projet
de réédition des types d'espèces fossiles. Le Président de cette
Commission, M. le D*" Karl A. Von 2iittel, et le secrétaire, M. D.-P.
(Ehlert* demandent aux paléontologues de bien vouloir leur
transmettre les observations que leur suggéreront Fexamen de ces
Jiches d'essai, dont la disposition pourra être modifiée suivant les
désirs exprimés par la majorité des paléontologues consultés.
Les types choisis sont : Ogygia Guettardi Brongniart i8aa ;
Ammonites M asseanus d'Orbigny i843 ; Maretia Nicklesi Gotteau
1889.
La Sous-Commission française a pu, grâce à une subvention qui
lui a été généreusement accordée, subvenir aux premiers Irais de
cette publication . Elle pense pouvoir envoyer aux paléontologues
une première livraison d'une dizaine de fiches, dont la distribution
gratuite servirait à faire connaître l'œuvre.
Les observations rehitives à ces fiches d'essai, devront être trans-
mises avant le i*^»* janvier 11^2. A partir de cette date, Fabsence de
réponse sera considcrce comme équivalente à une approbation.
SÉANCE DU l8 NOVEMBRE I9OI 4^
M. Douzami présente une note intitulée : Etude sur la çallée
du Rhône aux environs de Bellegarde, qu'il vient de publier dans
le Bulletin des Services de la Carte Géologique de France.
M. Douvillé présente à la Société plusieurs notes de M. Laville,
préparateur au laboratoire de Paléontologie de l'Ecole des Mines,
qui ont paru dans les Mémoires de la Société d'Anthropologie
{Couches infra-néolithiques et néolithiques stratifiées dans la
çallée de la Seine; Coupe de la carrière de Saint-Prest, Silex
taillés, etc.). Elles renferment une série de coupes intéressantes
relevées dans les dépôts meubles de la vallée de la Seine, ainsi
qu'une coupe détaillée de la sablière de Saint-Prest, où les couches
inférieures à Elephas meridionalis sont ravinées par des dépôts
plus récents dans lesquels on a trouvé des silex taillés de forme
acheuléenne.
M. G.-F. DÔUfus présente, au nom de M. F.-W. Harmer, une
brochure extraite du Journal de la Société géologique de Londres :
Sur l'influence des vents sur le climat pendant V époque plAsto-
cène, — Une application paléométéorologique de quelques pro-
blèmes géologiques. Les vents forment actuellement des cordons
littoraux coquilliers du côté droit du régime des trajectoires cyclo-
niques périodiques dans l'hémisphère nord. Il ne se forme plus de
dépôts coquilliers sur la côte orientale de l'Angleterre. L'auteur
cherche à reconstituer les conditions météorologiques générales
qui ont existé au moment du dépôt des Crags. Il en déduit un dépla-
cement progressif de deux centres cycloniques de froid et de hautes
pressions autour du globe à la hauteur du 6o" parallèle, ramenant
périodiquement des périodes glaciaires. ^
M. G.-F. DoUfus offre à la Société deux notes dont il est l'auteur :
1° Des derniers mouvements du sol dans les bassins de la Seine et
de la Loire (Ex. du C.-R. du VIII« Congrès géol. international
1900) ; a" Structure du bassin de Paris (Ex. du C.-R. de l'A. F.
A. S., 4 août 1900).
M. Douvillé a recueilli pendant la course du Chablais, au-
dessus du hameau duLens d'Aulph, des échantillons d'un calcaire
siliceux en plaquettes, provenant du système de la Brèche supé-
rieure (partie moyenne de la Brèche supérieure, d'après une
communication toute récente de M. Lugeon). Ce calcaire présen-
tait sur les surfaces exposées à l'air de petites concrétions arron-
dies jle on millimètre environ de diamètre et des points ferrugi-
4^0 SÉANCE DU l8 NOVEMBRE I9OI
neux beaucoup plus petits ; Texamen de la roche taillée en plaques
minces, a montré que ces points ferrugineux étaient constitués par
des Radiolaires assez bien conservés, paraissant appartenir aux
genres Cœnosphera, Sethocapsa, Lithocampe et Stichocapsa ; le
second de ces genres n'a encore été signalé à F état fossile que dans
les schistes à Aptychus des Alpes bavaroises et dans les jaspes
du Nagelfluh de Suisse, auxquels on attribue un âge tithoniqiie ;
les deux derniers genres sont aussi principalement abondants
dans ces mêmes gisements. La présence des Radiolaires dans les
couches les plus élevées du Jurassique supérieur, parait d'ailleurs
avoir un grand caractère de généralité dans la région alpine et
dans ses envii*ons immédiats : M. Cayeux les a signalés dans le
Tithonique de TArdèche, et M. Rust en a décrit une faune très
riche recueillie dans le Jurassique supérieur de l'Italie.
La faune de Radiolaires du Lens d'Aulph, quoique moins riche,
présente cependant des affinités très marquées avec celles qui ont
été décrites de ce niveau et son attribution au Jurassique supérieur
ne paraît pas douteuse. C'est la confirmation de Tâge que M. Lugeon
avait attribué précédemment à la Brèche du Ghablais.
AU SUJET DUNE ROCHE DE LA PUISAYE (YONNE)
par M. PEBON
J'ai l'honneur d'of&ir à la Société une petite note que j'ai publiée
dans le Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne, au sujet
d'une roche dont l'exploitation est en essai dans le sud de ce
département. A cette note d'un intérêt purement local, je voudrais
ajouter ici quelques observations plus spécialement géologiques
qui m'ont été suggérées par la lecture des notes récentes de
M. de Grossouvre, sur l'Argile à silex du département du Cher. A
propos de la diversité de ce dépôt, notre confrère a soulevé un
problème intéressant pour la solution duquel ma note semble
apporter quelques données utiles.
La roche qui fait l'objet de cette note est une terre que, sur
divers points de la Puisaye, on désigne sous le nom impropre de
Kaolin et qu'on cherche à utiliser pour la fabrication des pâtes
céramiques. C'est une terre ou pierre blanche, farineuse, très
légère, composée principalement de silice pulvérulente avec une
AU SUJET d'une roche DE LA PUISAYB 4?^
proportion variable et parfois très faible d'alumine et quelques
traces de chaux et de magnésie.
D'après une analyse que j'ai récemment obtenue de TEcole des
Mines, un échantillon comprenait 4i % de silice soluble dans une
solution de potasse caustique et 52 % de silice insoluble.
Tous ces caractères sont exactement ceux de cette roche du
département du Cher dont M. de Grossouvre nous a entretenus et
qu il a désignée sous le nom de Vierzonite,
Cette terre blanche de Vierzon, qui est exploitée dans plusieurs
localités pour la fabrication des cazettes de porcelaineries, appar-
tient à cette formation superficielle que, dans le Cher et autres
régions voisines, on a rattachée h la grande formation de l'Argile
à silex du bassin de Paris. M. de Grossouvre, cependant, a fait
observer qu'en raison de ses éléments, en grande partie solubles,
en raison de l'absence complète de fer, etc., la terre de Vierzon
différait essentiellement de l'Argile à silex proprement dite qui
n'est, conune on l'admet généralement, qu'un produit d'altération
et de décalcification des roches locales.
En conséquence, notre confrère a séparé les deux formations et
a proposé de désigner sous le nom spécial de « Vierzonite à silex »,
le terrain qui renferme la terre blanche siliceuse de Vierzon.
Notre terre blanche siliceuse de la Puisaye, malgré ses analogies
de composition et même de gisement avec celle du Cher, ne sau-
rait être attribuée à ce terrain superficiel ainsi dénommé par M. de
Grossouvre. Elle est bien plus ancienne.
On peut, à la vérité, en douter parfois, car elle est, sur divers
points, extraite à l'aide de puits creusés à travers l'Argile à silex,
et, comme notre roche elle-même renferme beaucoup de silex qui
se mêlent à ceux du terrain superposé, on peut être induit en
erreur. La distinction cependant est facile. La roche est toujours
très différente et ses silex, très gros, blancs, branchus, cornus,
non usés, sont faciles à reconnaître.
J'ai d'ailleurs signalé, dans ma note, des gisements où la situa-
tion stratigraphique de la roche blanche est parfaitement obser-
vable et où, en outre, cette roche est fossilifère.
Il est ainsi facile de constater qu'elle appartient à une assise bien
déterminée de la base de l'étage cénomanien. Elle est bien stratifiée
au-dessus des argiles à ocre exploitées dans cette région et n'est, en
réalité, qu'une forme particulière de l'assise et de la roche si con-
nues sous le nom de Gaize.
J'ai eu l'occasion de causer de cette question avec mon ami,
M. de Grossouvre, et je lui ai envoyé quelques échantillons de la
47^^ PERON. — AU SUJET d'uNE ROCHE DE LA PUISAYE l8 Nov.
pierre de la Puisaye. Notre confrère y a observé à la loupe quelques
éléments qui font défaut dans la Yierzonite, comme du mica, des
grains de sable très fins, etc. 11 Ta, au contraire, trouvée semblable
à d'autres terres exploitées, notamment dans Tlndre, qu'il a lui-
même placées dans le Cénomanien.
Il convient d'autre part de rappeler que M. de Grossouvre,
indiquant dans son important mémoire sur le terrain crétacé du
sud-ouest du bassin de Paris *, la composition de ce terrain dans
la vallée du Cher, nous a donné une succession déjà signalée par
M. Douvillé dans la légende de la carte géologique (feuille de
Bourges) qui rappelle exactement celle connue dans la Puisaye,
c'est-à-dire, au-dessus des graviers phosphatés du Gault supérieur,
une assise de Gaize glauconieuse dont la partie supérieure, au
contact des sables de Yierzon, montre sur certains points des sables
kaolineux assez purs pour être employés dans les porcelaineries et
parfois, au même niveau, des ocres qui jadis ont été exploitées.
11 y a dans tous ces faits des coïncidences qui appellent l'atten-
tion. 11 est d'autant plus utile de les étudier que les divers gise-
ments de Vierzonite signalés par notre confrère sont tous situés
sur la zone d'affleurement de l'étage cénomanien. L'un d'eux, celui
de Saint-Fargeau (Yonne), m'est très particulièrement connu, et il
y a 37 ans que j'y ai signalé l'existence de la Gaize cénomanienne.
Gomme l'a dit M. de Grossouvre, le problème de la genèse de
la Vierzonite reste à étudier. Ne semble-t-il pas possible, d'après
les faits que je viens d'énoncer et malgré les quelques différences
de structure constatées par M. de Grossouvre, qu'il y ait une
certaine communauté d'origine entre cette vierzonite et noti^ gaize
blanche de la Puisaye ?
La Vierzonite, comme l'a parfaitement démontré notre confrère,
ne peut être considérée comme un produit de décalcification. Elle
est donc indépendante de l'Argile à silex. Mais ne pourrait-elle être
le résultat d'un simple remaniement local de la Gaize, antérieur à la
formation de l'Argile à silex ?
M. Douvillé rappelle qu'il a en eflet signalé il y a quelque vingt-
cinq ans, la présence de couches de Gaize dans le Cénomanien au
nord de Bombes.
I. B.S.G F., (3), XVn, p. 490.
SUR LA FAUNE ET L'AGE
DES CALCAIRES A RUDISTES DE LA DOBROGEA
par M. V. PAQUIER.
Grâce à la complaisance de M. Douvillé, Fauteur a pu
examiner la série de moules internes de Rudistes de cette prove-
nance offerte à TEcole des Mines par M. Anastasiu. Ces fossiles
ont tous été recueillis dans les falaises du Danube à Cernavoda et
proviennent donc d'un seul et même niveau. A Taide de contre-
moulages en gélatine il a été aisé d'obtenir des reconstitutions très
fidèles d'appareils myo-cardinaux et c'est sur l'examen de sem-
blables documents dont l'authenticité est indéniable que sont
fondées les déterminations suivantes.
Diceras < sp. Forme de taille moyenne bien r^connaissable à ses
lames myophores, rappelle assez D, Beyrichi var. communia Boehm,
de Stramberg.
Heterodiceras sp. nov. Forme de taille moyenne; à la valve gauche
très vraisemblablement fixée, l'impression myophore postérieure est
portée sur une lame saillante comme chez Valletia, la dent latérale
postérieure PII est parfaitement reconnaissable, par contre l'anté-
rieure AU faible et conique comme chez les formes inverses n'off*re
plus que les traces de la fossette antérieure. La fosse cardinale posté-
rieure 3ab' est moins spacieuse que chez H. Luci.
A la valve droite, l'impression myophore postérieure est également
portée sur une lame saillante, la dent postérieure 3 ab, beaucoup moins
robuste que chez l'espèce citée plus haut, n'est presque pas déversée,
l'antérieur AI est fort réduite.
L'ensemble des caractères de cet appareil cardinal en voie de réduc-
tion et de transformation annonce ainsi celui de Valletia.
Matheronia sp. gr. de M. gryphoides Math. Forme d'assez grande
taille rappelant certains types de i'Urgonien de Bulgarie.
Valletia sp. afî. Tombecki Mun.-Chalm. Forme de taille moyenne,
équivalve, bien caractérisée par la disposition de ses impressions
myophores .
Monopleura sp. Forme droite, allongée, de grande taille rappelant
M. imbricata Math.
Id, Forme enroulée, à charnière robuste, analogue à certains types
bulgares.
Comme on le voit, la faune de Rudistes de la Dobrogea offre un
intérêt considérable à cause de Vassociation Jusqu'à ce Jour
I. La présence de Diceras dans ces assises, déjà entrevue par Peters,
m'avait été en outre indiquée verbalement par M. Douvillé.
4^4 GROUPE INVERSE ET NORMAL CHEZ LES CHAMAGEBS 18N0V.
inconnue de types caractéristiques du Jurassique, Diceras et
HeterodiceraSj avec ceux du Crétacé, Valletia, Monopleura. Dans
ces conditions Fattribution d'un semblable niveau à FUrgonien
devient insoutenable. Sa position stratigraphique exacte est sans
doute délicate à préciser, néanmoins comme à considérer la fré-
quence relative des types, il s'agit d'une faune de Monopleura, de
Valletia et de Matheronia rappelant assez celle du Valanginien
supérieur mais vieillie par la persistance de Diceras et d'Heterodi-
ceras, on pourrait au moins provisoirement rappoi'ter les calcaires
à Hudifttes de Cernavoda à la base du Crétacé (Berriasien ou
Valanginien inférieur).
M. Douvillé insiste sur la grande importance que présente
Tassociation des genres de Hudistes signalés à Cernavoda par
M. Paquier. Il croit se rappeler toutefois que les échantillons
recueillis par M. Ana^tasiu provenaient des deux rives du Danube
et il serait prudent de s'assurer que la faune est bien la même des
deux côtés.
SUR LES RELATIONS
DU GROUPE INVERSE AVEC LE GROUPE NORMAL
CHEZ LES CHAMACÉES
par M. V. PAQUIER.
MM Douvillé et F. Bernard ont fait remarquer qu'à cause de la
présence, à la valve gauche de certains Diceras, d'un rudiment de
dent postérieure PII, et de la tendance à Tatrophie de la dent
antérieure AI à la valve droite d* Heterodiceras et surtout de
Matheronia, disposition rappelant alors celle de la valve homo*
logue de Valletia, les formes inverses paraissent dériver des
normales par le développement progressif de PII et l'atrophie
de Al. A la suite de l'examen d'une nombreuse série de prépa-
rations d! Heterodiceras Luci Defr. sp., de V Heterodiceras de la
Dobrogca et de Valletia Tombecki Mun.-Chalm., M. Paquier croit
pouvoir formuler les remarques suivantes :
La dent postérieure P II existe toujours à la valve gauche
d^ Heterodiceras Luci. aussi bien sur les exemplaires de TEchaillon
et du Bois de Mounier (Gaixi) que sur ceux même de Stramberg
igOI SUR L*ORIGINE DES KLIPPES DES CARPATHES 47^
•
(à en juger par certaines figures données par M. Boehm) et s^y place
à la suite d*une longue nymphe ligamentaire. Chez V Heterodiceras
de la Dobrogea cette nymphe se raccourcit et la dent postérieure
qui la suit $*éloigne du bord ventral. En même temps les impres-
sions musculaires postérieures sont alors portées sur les lames et
comme on Ta vu plus haut, Tensemble des caractères de l'appareil
cardinal en voie d'atténuation et de transformation annonce nette-
ment Valletia. Dans ce dernier genre, chez F. Tombecki Mun.-
Chalm., à la valve gauche, la nymphe ligamentaire s'est encore
raccourcie et recouvre partiellement la dent PII qui a encore pro-
gressé vers le bord dorsal, tout en restant généralement rudimen-
taire, toutefois, chez certains exemplaires la saillie de cet organe
s'accentue, le ligament vient se loger dans une dépression creusée
à sa base et c'est alors la disposition connue chez Monopleura et
un grand nombre de formes inverses. Ainsi donc, Heterodiceras
Luci, V Heterodiceras de la Dobrogea et Valletia constituent une
série qui montre la dérivation des formes inverses ou Rudistes
proprement dits aux dépens des Dicératinés par un processus déjà
clairement pressenti par M. Douvillé et qui consiste essentielle-
ment dans le développement progressif de la dent postérieure PII
à la çalve gauche et V atrophie ^ puis la disparition totale, à la vahe
droite^ de la dent antérieure A I,
SUR L'ORIGINE DES KLIPPES DES CARPATHES
par M. Romulus SEVASTOS.
Deux théories ont été émises par les géologues autrichiens sur
l'origine des klippes. M. Neumayr attribue aux klippes une
origine profonde ; il explique leur arrivée à la surface par des
mouvements tectoniques et par la difTérence d'élasticité et de
dureté des calcaires et des grès. Pendant le plissement le calcaire
moins élastique a éclaté en lambeaux ; la poussée continuant à se
faire sentir a contraint ces lambeaux à s'enfoncer comme des
coins, dans les grès supei'posés plus tendres. Postérieurement les
agents atmosphériques en démantelant les grès ont isolé les
klippes calcaires.
M. V. Uhlig attribue une extension plus grande aux klippes et
il les considère comme formés, non seulement par des roches
4^6 SEVASTOS. SUR l'oRIGINE DES KLIPPES DES CARPATHES 18N0Y.
jurassiques, mais encore par des massifs identiques en apparence,
de plus en plus anciens jusqu'aux schistes cristallins. Il admet que
les klippcs ne sont autre chose que des lies, contemporaines des
dépôts qui les entourent. Entre autres ai^^uments, il cite ce fait que
les couches 4^ grès dans le voisinage de la klippe sont presque
toujours inclinées.
Parcourant dépuis plusieurs années les Carpathes moldaves (dis-
trict de Neamtz et Suceava), j'ai pu observer de nombreux klippes.
En suivant la vallée d'un aflluent du Bistritza, le ruisseau Farcaça,
j'ai rencontra une coupe naturelle qui me paraît démontrer nette-
ment, dans le sens de Neumayr, Torigine profonde des klippes.
Aux pieds de la falaise les couches se trouvent à découvert, sur
une hauteur d'une dizaine de mètres. Un petit rocher de calcaire
jurassique, compact, gris, est dressé verticalement en face de la
corniche de grès massif; sur la gauche, les bancs de grès massif
sont couchés vers Test.
Les plus inférieurs sont constitués par un grès grossier, dont
les éléments atteignent jusqu'à 8 millim. et diminuent au fur et à
mesure qu'on monte dans la série. Les couches s'arrêtent brus-
quement à droite contre un banc vertical de grès, avec les mêmes
éléments, mais beaucoup plus gros ; ce grès indique que le banc
appartient à une couche inférieure à celles qu'on peut voir à la
surface.
Un peu plus à droite, en face de la klippe, les blocs de grès
sont accumulés sans ordre, mais vers l'ouest la stratification devient
de nouveau régulière et les couches s'inclinent dans cette direction.
Cette disposition des couches démontre donc les faits suivants :
1° Le banc vertical a été relevé et poussé de la profondeur
jusqu'à la position actuelle ; 2° le morcellement des bancs de grès
est dû à une poussée de bas en haut, et, les couches étant brisées
justement au dessus de la klippe, elle seule a pu en être cause ;
3** le plissement des couches a été concomitant avec la force qui a
soulevé la klippe ; 4* 1» klippe est arrivée de la profondeur.
Les agents atmosphériques en enlevant le Flysch ainsi disloqué
et préparé pour l'érosion isoleront le bloc calcaire loin de la falaise,
le transformant en klippe typique de petite dimension.
SUR LES
POISSONS DE L'ÉOCÈNE INFÉRIEUR
DES ENVIRONS DE REIMS
par M. F. PRIEM.
(Planches X kt XI).
SOMMAIRE
Niveaux divers de PEocène inférieur des environs de Reims. — Elasmo-
branches. Acanthias orpiensU Winkler sp., Sqiiatina Gaudryi n. sp.,
Odontaapia Ruloti Winkler sp., Odontaspis elegans Agassiz sp., Lamna
striata W'inkler sp. — Holocéphales. — Téléostomes. Amia robasta n. sp.,
Amia {Pappichihjra) Barroiai Leriche sp., Lepidosteua auessionensis P.
Gervais, Arins? Lemoinei n. sp., Phyllodua Gaudryi n. sp., Egertonia
isodonta Cocchi, Nummopalatua Vaillanti n. sp., Nummopalatuapaucidena
n. sp., Labridœ indéterminés, Embiotocidœ ? indéterminés, Sparidœ, —
Résumé.
Niveaux divers de TEocène inférieur des environs de Reims
M. le docteur Lemoine a signalé a plusieurs reprises la présence
de Poissons dans TEocène le plus inférieur des environs de
Reims ^ où il a distingué à la base le CerncLysien (de la localité
de Cernay), et plus haut VAgéien (de la localité d'Ay).
Il y a peu d'années, le docteur Lemoine - a étudié les divers
niveaux de \di faune cernay sienne. Ces niveaux sont de bas en haut :
1. Lbmoinb. Recherciies sur les ossements fossiles des terrains tertiaires
des environs de Reims. Ann, Se, nai, sooL, 6* sér., t. VUI, n* i, 1878, p. 3. —
lo. Recherches sur les Oiseaux fossiles des terrains tertiaires inférieurs des
environs de Reims, i" partie. Reims, 1878, p. 56 et 65 ; a« partie. Reims, 1881,
p. 76, 77, 79. — Id. Communication sur les ossements fossiles des terrains
tertiaires inférieurs des environs de Reims. Ass, franc. Av. Se. Congrès de
MontpelUer, 1879, p. 585-599. — Lemoine et Aumônier. Communication sur les
terrains tertiaires des environs de Reims. Ass. franc. Av. Se. Congrès de
Reims, 1880, p. 6o5-6ao. — Lbmoine. Sur l'ensemble des recherches paléonto-
logiques faites dans les terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims.
C. R. Ac, 5c., CIV, p. 4o3. Paris, 14 février 1887.
2. Lbmoinb. Etude sur les couches de TEocène inférieur rémois qui contien-
nent la faune cernaysienne et sur deux types nouveaux de cette faune. B. S.
G. F., (3), XXIV. 1896, p. 333-334, Pl- XIV.
47^ *■• PRiKM i8 Nov.
10 Les sables de Châlons-sur-VesIe ;
a® Les marnes et calcaire de Rilly ;
3* Le conglomérat de Cemay.
Les couches qai surmontent immédiatement le Cemaysien,
comprennent, d'après le docteur Lemoine, de bas en haut :
1° Les marnes lacustres supérieures de Chenay, Rilly, Berru, etc ;
2*» Les argiles à Lignites (Bemi, Rilly, Trépail, etc.);
3*» Les sables à Unio et Teredina d'Ay, Chavot, Cois, Avenay,
Mont Bemon. Ces sables contiennent la faune que M. Lemoine
appelle agéienne.
Les diverses assises du Cemaysien du docteur Lemoine, y
compris le conglomérat de Cemay, se rangent à la base de TEocène
inférieur, avec les sables de Bracheux dans Fétage thanétien * .
Avec les lignites du Soissonnais, Targile plastique et les fausses
glaises, les marnes supérieures de Chenay et les sables d'Ay
(Agéien) se rangent dans Tétage sparnacien ; au-dessus se trouvent
les sables de Cuise-la-Motte (étage j^présien).
Le docteur Lemoine cite des Poissons, pour îb Cemaysien, dans
les sables de Châlons-sur-Vesle et dans le conglomérat de Cemay.
Les sables de Châlons-sui^Vesie contiennent d* après lui des pièces
maxillaires assez intactes de Chimères (Les ChaufTours), des vertè-
bres et dents de Squales, des plaques dentaires de MyliobatiSn des
boucles de Raies (Les ChaufTours). Pour le conglomérat de Cemay,
la nomenclature est plus longue. On y trouverait :
TÉLéosTBENs Acanthoptérygiens ; Sparidés, plaques dentaires
(Cemay) ;
» PuYsosTOMEs : Stratodoutidés : Enchodas (Cemay);
Ganoïdes : Amiadés : Pappichthys (Cemay) ;
HoLocÉPHALES : Chiméridés : Edaphodon (Les Chauffours) ;
Plagiostomes : Myliobatidés : Myliobatis (Chenay, Cemay et
autres localités) ;
» Lamnidés : Odontaspis (Cernay et autres loca-
lités) ; Lamna (nombreuses localités) ; Otodus
(nombreuses localités).
Quant aux sables à Unio et Teredina de FAgéien, Fauteur - dit
que les Poissons sont des Amiadés (Pappichthys) ; des Lépidostées
I. A. de Lapparent. Traité de Géoloj^ie, 4' édition, 1900, p. i4ao.
a. Lemoine. Recherches sur les Oiseaux fossiles des environs de Reims,
i" partie. Reims, 1878, p. 65 ; a» partie. Reims, 1881, p. 79.
I9OI POISSONS DE l'ÉOCÈNE INFÉRIEUR DES ENVIRONS DE REIMS 4^9
(Clastes), des Sparoïdes, des Pkyllodus ; les restes de Myliobates
sont encore assez nombreux, les dents de Squales sont rares.
Tout récemment M. Leriche * a publié un intéressant travail sur
les Poissons des sables à Unioei Teredina des environs d'Epemay
(Marne), d'après les matériaux recueillis par MM. Dutemple et
Diart et conservés à TUniversité de Lille. Les pièces proviennent
de Cuis, Chavot, Avize, Monthelon ; M. Leriche y distingue les
espèces suivantes :
Formes marines Formes d*eau douce
Egertonia Gosseleti Leriche. Silurus ? Gaudryi Leriche -.
Nummopalatus Sauvagei hmche. Arias Dutemplei Leriche.
» trapezoidalis Leriche. Amia Lemoinei Leriche.
Odontaspis elegans Agassiz sp. Pappichthys Barroisi Leriche.
» contortidens Agassiz. Lepidosteus suessionensis P. Ger-
9 cuspidata Agassiz sp. vais.
» verticalis Agassiz.
Lamna ? obliqua Agassiz sp.
9 striata Winkler sp.
Mjrliobatis sp.
Le docteur Lemoine a légué à la collection de Paléontologie du
Muséum les fossiles qu'il avait recueillis avçc tant de soin et de
persévérance. J^ai pu étudier, grâce à l'obligeance de M. Gaudry,
les restes de Poissons de la collection Lemoine. Notre regi*etté
<îonfrère avait certainement Tintention d'étudier ces Poissons. Dans
ime note présentée à l'Académie des Sciences (C iî., i4 février
1889) et ayant pour titre : Sur Vensemble des recherches paléonto-
Àogiques faites dans les terrains tertiaires inférieurs des environs
4le Reims, il dit : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les
dessins relatifs à a5 espèces de Poissons, se subdivisant en Poissons
Téléostéens (6 espèces). Cartilagineux (lo espèces), et Poissons
<janoïdes (6 espèces). Ces derniers offrent cet intérêt spécial, qu'ils
appartiennent aux familles des Lqpidostés et des Amiadés que
l'on rencontre encore dans les grands fleuves d'Amérique ».
Mme ye Lemoine et le fils de notre confrère, M. Léon Lemoine,
<iocteur en droit, ont bien voulu rechercher sur ma demande les
I. Lbrichb. Faune ichthyologique des sables à Unios et Térédines des
environs d'Epernay (Marne). Annales de la Société géologique du Aord. Lille,
t. XXIX, 1900 (séance du 11 juillet), p. 17^-196, pi. I et U et 5 lig. dans le texte.
a. M. Leriche a été amené depuis à rapprocher les épines de Siluridés en
question du genre Pimelodus. Silurus ? Gaudryi devient ainsi Pimelodus
Gaudryi Leriche (Contribution à l'étude des Siluridés fossiles. Annales de
la Société géologique du Nord, Lille, t. XXX, 1901, p. i65-i66).
48o
F. PRIEM
i8 Nov.
dessins exécutés par le docteur Lemoine et me les montrer. Il avait
figuré, sans indication d*espèces, des dents de Squales, des chevrons
et piquants de Myliobatidés, des restes de Chiméroîdes, des frag-
ments d*Amiadés (vertèbres, mâchoires, parasphénoîdes), sous le
titre commun d^Amiadés du conglomérat de Cemay, et d*antres,
sous le titre d*Amiadés des sables supérieurs (Agéien), des restes
de Lépidostées des mômes sables (écailles, plaques osseuses» ver-
tèbres, fragments de mâchoires), des dents de Sparidés et une
plaque de Phyllodus dont je parlerai plus loin. Il y a aussi sous le
nom de Af^ledaphus des croquis dont je dirai quelques mots à
propos des Sparidés.
Dans la collection aujourd'hui au Muséum, le docteur Lemoine
avait généralement rangé à part les Poissons du Gemaysien et
de TAgéien; mais il est rare que les localités d'origine soient
parfaitement indiquées.
Nous étudierons ici ces Poissons dans leur ordre zoologique.
!• Ëlasmobranches
Les Ëlasmobranches de la collection Lemoine appartiennent
aux espèces suivantes :
Acanthias orpisnsis Winkler sp.
Squatina Gaudryi n. sp.
Myliobatis Dixoni Ag. (plaques
dentaires et chevrons isolés).
Myliobaiis acutus Ag. (aiguillon).
» sp. (aiguillon).
Aetobatis irregularis Ag. (frag-
ment de chevron).
Odontaspis Rutoti Winkler sp.
» cuspidata Agassiz sp.
»
»
Odontaspis elegans Agassiz sp.
Lamna macrota Agassiz sp.
striata Winkler sp.
vèrticalis Agassiz.
Vincenti Winkler sp.
Otodus obliquas Agassiz.
Oxyrhina Desori Agassiz.
Carcharodon auriculatus Blv. sp,
Galeocerdo latidens Agassiz.
Vertèbres de Squales *.
Pour certains de ces restes la provenance est «indiquée : il s'agit
des sables de Châlons-sur-Vesle, de ceux du niveau de Bracheux
et du conglomérat de Cernay. Pour les autres la provenance de ces
dents et autres débris n'est pas donnée ; ils peuvent provenir aussi
bien de l'Agéien que du Cernaysien. Toutefois, le docteur Lemoine
a remarqué lui-même que les dents de Squales sont rares dans
TAgéien et il dit qu'elles sont communes dans les sables de
I. Il faut citer aussi deux dents d'Hybodonte de provenance douteuse
ressemblant beaucoup à celles du genre crétacé Sjrnechodua ; elles provien-
nent peut-être du Cernaysien.
IQOI POISSONS DE L^ÉOCÊNE INFÉRIEUR DES ENVIRONS DE REIMS 4^1
Châlons-sur-VesIe et dans le conglomérat de Gernay. La plupart
des débris cités plus haut ont probablement été trouvés dans le
Cerna ysien. Dans la collection Lemoine, il n'y a que deux petits
chevrons de Myliobatis et quelques petites vertèbres de Squales
qui proviennent sûrement de TAgéien. Cependant, M. Leriche a
• signalé dans TAgéien, comme on l'a vu plus haut, un bon nombre
des espèces d'Elasmobranches que nous avons déterminées.
Ces espèces se trouvent pour la plupart aux différents niveaux de
rEocène et M. A. Smith Woodward leur a consacré récemment un
important travail ^ Nous n'en examinerons que quelques-unes,
qui nous paraissent donner lieu à des remarques intéressantes.
AcANTHiAs ORPiENSis Wiiiklcr sp.
(PI. XI, fig. 21-22).
Il y a dans la collection Lemoine des petites dents, provenant
probablement du Cernaysien, à racine large et basse, avec un
cône principal précédé d'un bord tranchant finement crénelé et
légèrement arqué : en arrière du cône principal, après une encoche,
se trouvent quelques denticules. Le cône principal pousse sur la
racine, à la face externe, un prolongement descendant, et à la face
interne un autre prolongement presque horizontal. Il y a quelques
petits plis à la base du bord antérieur de la couronne sur la face
interne. Une de ces dents présente une petite encoche sur le bord
antérieur.
Ces dents présentent les plus grandes analogies avec des dents
du Heersien d'Orp-le-Grand en Belgique (étage thanétien) décrite
par Winkler sous le nom de Notidanus orpiensis - et rapportées
maintenant au genre Acanthias. M. A. Smith Woodward ^ en a cité
de semblables dans l'Eocène inférieur de Chislehurst en Angle-
terre (couches de Woolwich et de Reading, étage spamacien le plus
inférieur, à la limite du Thanétien). Le professeur F. Bassani a
signalé récemment cette espèce dans le calcaire éocène de Gassino
(Piémont) *.
I. A. Smith Woodward. Notes on thc teelh of Sliarks and Skates from
english eocene formations. Proc. Geol. Ass.^ t. XVI, 1899, p. 1-14, pi. I.
a. WiNKLBR. Mémoire sur quel(|ues restes de Poissons du système heersien.
Arch. Musée Teyler, t. FV, 1876, p. i2-i3, pi. I, (ig. 13-17.
3. A. Smith Wooj)ward. Loc, cit.f p. 2, pi. I, lig. i-a.
4. F. Bassani. Ittiofauoa del calcarc eocenico di Gassino in Piemonte.
AtU R. Acad, Napoliy 2' série, t. IX, n» i3, 1899, p. 27-28, pi. H, fig. 18-20.
19 Janvier 190Q. — T. I^•^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 3i
48a F. t»RiEM i8 Nov.
Squatina Gaudryi n. sp.
(PI. XI, fig. 33-24).
La collection Lemoine renfeime une vingtaine de dents de
Squatina; une provient de Prouilly (Marne), et a été trouvée
dans les sables du niveau de Bracheux, une autre de Chenay
(niveau des sables de Chàlons-sur-Vesle), deux de Montbré (Marne);
pour les autres la localité n'est pas indiquée. Toutes ces dents sont
semblables. Elles sont petites, à ]*acine large et plate, portant en-
dessous une dépression ; la couronne, dépourvue de denticules
latéraux, pousse un prolongement descendant sur la racine à la
face externe et un prolongement presque horizontal à la face
interne. Certaines de ces dents sont plus larges et plus basses que
les autres et appartiennent aux côtés des mâchoires.
Ces dents appartiennent à une même espèce du genre Squatina.
Déjà une espèce de Squatina avait été signalée par Graves ^ dans
les sables de Cuise-la-Motte (étage yprésien) ; elle avait été appelée
par Pomel Squatina Gravesi, mais ni décrite, ni figurée ; nous n'en
avons rindication que par Graves, indication reproduite par
Gervais.
Winkler - a décrit et figuré des dents de Squatina du Heer-
sien d'Orp-le-Grand sous le nom de Trigonodus primas (Squatina
prima Winkler sp.) ^. Les dents de Squatina de la collection
Lemoine ont une racine moins trapue et une couronne moins
recourbée que celles de S. prima ; leur couronne est droite ou très
faiblement courbée ; d'autre part, nous ne pouvons les identifier
avec certitude à Squatina Gravesi Pomel. Nous en ferons une
espèce à part sous le nom de Squatina Gaudryi.
Une dent analogue conservée au Muséum (Collection Deshayes
1878) provient d'Hermon ville, près Reims (niveau non indiqué : il
y a à Hermonville le Calcaire grossier et la Glauconie qui sépare
ce calcaire des sables de Cuise).
M. A. Smith Woodward ^ a figuré des dents de Squatina des
couches de Woolwich et de Reading (étage sparnacien inférieur) et
1. Graves. Essai sur la topographie géognostique du département de FOise.
Beauvais, 1847, p. 590. — Gervais. Zoologie et Paléontologie françaises, 1" édi-
tion, i848-5a. Explication des planches LXVII à LXXX. Poiss. foss., p. 3 ;
a* édition, 1809, p. 517.
a. Winkler. Loc. cit., p. i3-i4, pi. I, iig. i8-ai.
3. NoBTLiNG. Sitzungsb, nattirf. Freund. Gesellsch, Berlin, 1886, p. 16.
4. A. Smith Woodward. Loc, cit., p. a, pi. I, ûg. 3-5.
DE L'éocÈNE INFERIEUR DES ENVIRONS DE REIMS 4^^
do London-Glay (étage yprésien oa sparoacien supériear), mais ne
leur a pas donné de nom spécifique. Elles me paraissent être
identiques à celles de TËocène de Reims.
Odontaspis Rutoti Winkler sp.
(PI. XI, fig. aSaÔ).
Cette espèce est caractérisée par ses dents à face interne lisse ; il
y a deux paires de denticules latéraux pointus dont Texterne est le
plus petit; il peut y avoir d'ailleurs une autre paire de denti-
cules encore plus externes et plus insignifiants. A la face externe,
la ligne de base de la couronne forme un angle rentrant et porte
de petits plis longitudinaux très serrés.
Dans la collection Lemoine cette espèce est représentée par de
nombreux exemplaires de dents antérieures et de dents latérales
^e différentes tailles. La plupart de ces dents n'ont pas de lieu de
provenance certaine ; cependant une a été trouvée à Montbré, une
siutre à Sézanne,
0. Rutoti est commun dans les couches éocènes inférieures de
^Belgique (Heersien, Landénien, Yprésien) ; c'est là que Winkler
■ 'avait trouvé, il l'a décrit sous le nom d'Otodus Rutoti^,
. A. Woodward l'a signalé dans les sables de Reculvers, Kent
étage tbanétien) ^. La collection de Paléontologie du Muséum
m^enferme des dents d* Odontaspis Rutoti mêlées à des dents de
amna Vincenti Winkler sp. provenant de Guise-la-Motte et que
ai eu l'occasion de déterminer, ainsi que ces dents de Lanina
^Wincenti, On voit que Odontaspis Rutoti commun dans l'Eocène
L:«iférieur de Belgique et d'Angleterre se trouve aussi dans les
iveaux inférieurs de TEocène du bassin de Paris.
Odontaspis elegans Agassiz sp.
(PI. XI. lig. 27-28).
On doit réserver le nom d'O. elegans k des dents dont le type
^ été figuré par Agassiz comme provenant de Sheppey ^. Les dents
1. Winkler. Loc. cit., p. 4-7, pi. I, iig. 3-'i» et A. Smith Woodward. Cala-
l-ogue of the fossil Pishes in the British Muséum, part 1. 1889, p. 36i.
2. A. Smith Woodward. Proc. GeoL Ass , 1899, p. 7, pi. I, lig. 10-11.
3. Agassiz. Rech. Poiss. fos.s., l. IH, i8^3, p. 3(i<), pi. /îoft, tig. 24. — O. Jaekfl.
Untcp- tertiàre Selachier aus Sûdrussiand. Mém. Comité géolof^ique. Saint-
Pélcrebourg, t. IX, n* 4, 1895, p. 29-30, pi. I, lig. 8-17. — A. Smith Woodward.
Proc. Geol. Ms., 1899, p. 8-9, pi. I, Ug. i5-i8.
484 ^. PRIfiM l8 NOT.
plas larges et à striation moins nette attribuées généralement à
O. elegans ne sont autres que les dents antérieures de Lamna
macro ta Agassiz sp. (espèce également, attribuée au genre Odon-
taspis par le docteur Jaekel).
Les dents antérieures d'O. elegans typique sont étroites, hautes,
à courbure peu prononcée, fortement striées sur la face interne et
avec de petits denticules latéraux pointus. Les dents latérales sont
également minces, striées, mais moins élevées et avec des denti-
cules latéraux pointus i*eiativement plus grands.
Beaucoup de ces dents se trouvent dans la collection Lemoine.
Certaines proviennent de Chenay (niveau des sables de Ghâlons-
sur-Vesle) ; d'autres des Chaufiburs (conglomérat de Cernay) ; elles
sont accompagnées de dents à' Odontaspis cuspidata Agassiz sp.
L'espèce, qu on trouve abondamment aux divei's niveaux de
TEocène, date donc de l'Eocène le plus inférieur.
Je pense qu'il faut rapporter à O. elegans les dents que M. Leri-
che * signale dans TAgéien de Cuis et qu'il appelle O. contorUdens.
Cette dernière espèce ne parait se montrer qu'à partir de l'Oligo-
cène ou de TEocène le plus supérieur.
Lamna striata Winkler sp.
(PI. XI, fig. a9-3o).
•
Il y a dans la collection Lemoine de petites dents assez nom-
breuses ayant tout au plus o m. oi de longueur totale et le plus
souvent de 6 à 8 millimètres seulement. Sur la face interne de la
coui'onne, il y a des stries peu prononcées et qui ne s'étendent
généralement pas loin de la base. Les denticules latéraux sont
pointus. Les dents sont remarquables par leur racine basse et
s'étendant en largeur, de sorte que l'angle des deux branches de
racine est très ouvert. Je rapporte ces dents à Lamna striata
Winkler sp. Winkler avait donné le nom d'Otodus striatus à de
petites dents semblables provenant du Heersien de Belgique -. Les
dents de la collection se trouvaient avec des dents d'Odontaspis
cuspidata et de O. elegans de Châlons-sur-Vesle et proviennent
probablement de cette localité. M. Leriche ^ signale cette espèce
dans TAgéien de Cuis.
I. Lbricub. Ann. Soc. géol. Nord^ t. XXIX, 1900, p. 192.
a. WiNKLKR. Loc, cit , p. 8-9, pi. I, lig. 7-9. — A. Smith Woodward. Cata-
logue, part I, 1889, p. 4û9-
3. Lkiucuk. Ann. Soc, géol. Nord, t. XXIX, 1900, p. 193.
igOI POISSONS DE L*éOGBNE INFÉRIEUR DES ENVIRONS DE REIMS 4^5
La collection Lemoine renferme des vertèbres de Squales assez
nombreuses, provenant du Cernaysien des Cbaufiburs et appar-
tiennent probablement à des Odontaspis ou à des Lamna, II y a
aussi de plus petites vertèbres de Squales dont quelques-unes
proviennent de l'Agéien.
2* Holocéphales
Edaphodon Bucklandi Agassiz.
La collection Lemoine renferme des restes d'un Chiméroïde qui
est Edaphodon Bucklandi Agassiz. 11 est représenté par des dents
mandibiilaires assez bien conservées provenant des ChaufToura,
(sables de Châlons-sur-Vesle et conglomérat de Cernay). Quelques
débris de Chiméroïde trouvés à Prouilly (sables de Bracheux)
appartiennent probablement à la même espèce.
Cette espèce a été signalée dans le* London-Clay dans les cou-
ches de Bagshot et de Bracklesham en Angleterre, dans le
Bruxellien de Belgique, et par suite à des niveaux assez élevés
de l'Eocène. Sa présence dans le Cernaysien montre qu'elle date
de l'Eocène le plus inférieur.
Signalons enfin dans l'Agéien des fragments indéterminables
d'Ichthyodorulites.
3» Téléostomes
Ordre des Actinoplerygii
Sous-ordre des Prolospondylî — Famille des Amiadœ
Ami A ROBUSTA n. sp.
(PI. X, lig. i-i3, et iig. 1-3 du texte).
M. Lemoine a recueilli à Cernay, dans le conglomérat, de nom-
breux débris d'un Amiadé qui pouvait atteindre une taille consi-
dérable.
Il y a de nombreuses vertèbres aplaties, biconcaves, avec un petit
trou pour la notocorde, placé un j)eu plus haut que le milieu de
la vertèbre. Elles présentent comme celles d'Amia de doubles
facettes articulaires pour les épines neurales. qui s'attachaient à
deux vertèbres successives (figure i du texte). Quelques vertèbres
ont encore les restes de prolongements transverses (parapophy ses).
Celles-ci peuvent être placées à un niveau élevé sur le centre
486
F. PRIEM
i8 Nov.
vertébral ou à un niveau assez bas. Dans le premier cas, il s'agit
de vertèbres antérieures et dans le second de vertèbres posté-
rieures. A la face inférieure il y a
deux fossettes longitudinales étroi-
tes (fîg. a du texte).
Les plus grandes vertèbres qui
sont les vertèbres antérieures ont
une longueur (épaisseur) petite par
rapport aux deux autres dimen-
sions. Leur diamètre transverse
(largeur) est considérable par rap-
port à la hauteur ; la plus grande
largeur est vers le haut au niveau
du trou de la notocorde ; elle dimi-
nue vers le bas, de sorte que les
vertèbres tendent à se terminer en
pointe. Dans les vertèbres posté-
rieures ou caudales, la longueur (épaisseur) est relativement plus
grande, la hauteur difiere moins de la largeur, de sorte que la
vertèbre tend à devenir circulaire. Voici les dimensions expri-
mées en millimètres pour sept vertèbres, dont les trois dernières
appartiennent à la région postérieure :
Fig. i-Q. — Amia robusta n. sp.
Conglomérat de Cernay.— Ver-
tèbre n* I de la première série,
vue (iig. i) de dessus et vue
(fig. 2) de dessous. Grandeur
naturelle.
Longueur (épaisseur)
Hauteur
Largeur
l
12
32,5
44
II
12
3i,5
40
m
10,5
38
IV
i3,5
33
35
V
11,5
22,5
27
VI VU
12
21
25
12
20
24
11 y a d'autres débris ayant appartenu au même Amiadé de grande
taille. Tels sont des os dentaires à face externe rugueuse et
sculptée, et présentant à la face interne un sillon profond, s'éten-
dant d'une extrémité à l'autre et s'ouvrant en avant ; et un fragment
de maxillaire avec un morceau de la partie sus-alvéolaire. Sur ces
fragments de mâchoires on voit les dépressions où s*attachaient
les dents ; elles sont basses, presque carrées ou rectangulaires avec
la grande dimension transverse par rapport à Tos, et avec les
angles grossièrement arrondis.
D'autres restes sont : un grand basioccipital, un parasphénoîde
de fortes dimensions avec Taire dentaire couverte de petits denti-
cules, et un morceau de plaque osseuse de la tête semé de nom-
breuses rugosités.
Cette espèce devait présenter de grandes variations de taille.
igOI POISSONS DE L EOGÈNE INFERIEUR DES ENVIRONS DE REIMS 4^
Voici une seconde série de vertèbres dont les dimensions sont
exprimées en millimètres :
I II III IV V VI VII
Longueur (épaisseur) . 9,5 6,5 7 8 5,5 6,5 6,5
Hauteur i6,5 16 i5.5 i3 i3,5 io,5 9,5
Largeur ai, 5 19,5 ï8,5 17 i5 11, 5 io,5
Il y a aussi de nombreuses vertèbres plus petites, formant un
troisième groupe, dont voici les dimensions pour trois échantillons :
I II m
Longueur (épaisseur) 3,5 3,5 4«5
Hauteur 7 ^^^ ^
Largeur io,5 9 9
Mais ces diverses vertèbres ont la même forme que les grandes,
et on peut leur faire correspondre pour les dimensions des basiocci-
pitaux des fragments de maxillaires, de dentaires (fig. 3 du texte),
et des fragments de parasphénoïdes qui
ne diffèrent que par la taille de ceux qui ^^___r
correspondent aux grandes vertèbres. ^^otJT?'
Sur tous les os des mâchoires on voit A^^^i^jjgmjg^
des alvéoles bas à angles grossièrement
arrondis, presque carrés ou rectangu- Fig. 3. — Amia robusta n.
laires avec la plus grande dimension ^P- Conglomérat de Cer-
^ _j. X 1» /^ X nay. Vue du bord alvéo-
transverse par rapport à 1 os. On est 1 • j, r » j.
'^ ^'^ laire d un fragment d os
<ibligé de rapporter ces fragments de dentaire. Grandeur na-
j^randeur variée à la même espèce. turelle.
Parmi les débris les plus complets des
ûdividus de petite taille il faut signaler des maxillaires. La partie
intérieure qui chez le vivant était cachée par le prémaxillaire est
«•élevée, dépourvue de dents; à la suite vient une partie plus
mince, plus comprimée, pourvue d'alvéoles; à la surface, il y a des
:i*ugosités formant des lignes longitudinales. On croit noter aussi
<les dents isolées et un fragment d*os de la région palatine (palatin
ou ptérygoïde) couvert de petits denticules.
En résumé, les débris d'Amiadé trouvés à Gemay doivent appar-
tenir à une même espèce présentant de grandes variations de taille
mais pouvant devenir très forte. Ainsi chez Y Amia calva actuel,
long d'environ o m. 66, les vertèbres ont une hauteur et une longueur
qui atteignent à peine le tiers de celles des plus grands individus de
Cemay. Ceux-ci devaient par suite avoir environ 2 mètres de long,
tandis que les plus petits individus avait la taille de VArrUa eaha.
488 F. PRIEM ISNOT.
M. Lemoine rapportait les restes d'Amiadé de Cernay au genre
Pappichthys créé par Cope *, et en ellet les pièces de Cernay
ressemblent beaucoup à celles fig^ées par Cope et provenant de
TEocène du Wyoming. Suivant Cope Pappichth}'s dilFère d'^/ma,
en ce que les os des mâchoires ne portent qu'une seule série de
dents au lieu de plusieurs, et en ce que les vertèbres antérieures
sont plus aplaties et ont un diamètre plus grand. Mais l'auteur
lui-même ne paraît pas accorder à ces caractères une valeur
définitive. D'ailleurs M. E. T. Newton -fait i*emarquer que, chei
YAmia actuel, il n'y a de rangées de dents supplémentaires que
sur Tos splénial ; les dentaires, maxillaires et prémaxillaires ne
portent réellement qu'une seule rangée de dents. Je signalerai à ce
propos un fragment de maxillaire de TAmiadé de Cernay où, entre
les grands alvéoles internes, il y a quelques alvéoles externes
plus petits, paraissant indiquer des dents supplémentaires vers le
dehors, ce qui irait encore à rencontre de la diagnose du genre
Pappichih}'s, En somme, le genre Pappichthys de Cope, ne parait
pas devoir être distingué du genre Amia de Linné. C'est à ce
dernier genre que nous rapporterons le Poisson de Cernay sous le
nom d'Amiarobusta n. sp.
Amia (Pappichthys) Barroisi Leriche
(PI. X, lig. 14-16).
Une petite espèce d'Amiadé a été trouvée dans l'Agéien à Cuis
et Monthelon par M. Leriche '. Il Ta appelée Pappichihjrs Barroisi.
On doit rapporter à cette espèce d'assez nombreux fragments
d'Amiadé de la collection Lemoine, provenant de l'Agéien.
Les vertèbres ont tous les caractères de celles des Poissons du
genre Amia, Elles sont de petite taille et rappellent par leurs
dimensions les plus petites vertèbres dCAmia robusta. Leur
longueur (épaisseur) est en moyenne de 3 millim. 5, leur hauteur de
7 à 8, leur largeur de 9 millim. Il y en a même de plus petites dont
1. Cope. Ann. Report U. S. Geol. Surv. Territories, 1872 (1873), p. 634, «t
Report U. S. Geol. Surv. Terr., t. lU, i883 (i884) : The VertebraU of the ter-
tiary formations of the West, p. 56-6i, pi. H, llg. 5a-59, pi. El et IV. — Cope
réunissait à son genre Pappichthys le genre Hjrpamia et le BOUs-genre Pro-
tamia de Leidy (Proc, Acad. NaL Se. Philadelphia, 1873, p. 98).
2. E.-T. Newton. On Ihc reniains of Amia from Oligocène strata in the
isle of Wight Quart. Journ. Geol. Soc. LondoUy t. LV, 18^, p. 2.
3. Lerichb. Ann, Soc. géoL Nord, t. XXIX, 1900, p. 185-187, pi. H, fig. i, 3-i6
et lig. 3 dans le texte.
igOI POISSONS DE l'ÉOCÈNE inférieur des environs de REIMS 4^
les dimensions ne dépassent pas pour la longueur a millim. 5, pour
la hauteur 3 et pour la largeur 4,5.
Ces vertèbres sont accompagnées de fragments de maxillaires
et de dentaires. Les maxillaires ont la surface externe couverte de
lignes longitudinales ; les dentaires ont la surface externe rugueuse
eit présentent sur la face interne une foiie rainure. Les alvéoles
diffèrent de ceux de ïAmia robusta ; leurs bords sont plus élevés,
ils sont bien arrondis, circulaires ou ovales.
Il parait donc y avoir dans TAgcien une espèce à'Amia distincte
de YAmia robusta^ plus petite, atteignant la taille de VAmiacalva
actuel. Cette espèce nommée par M. Leriche Pappichthys Barroisi
doit être rangée comme les autres espèces du genre Pappichthjys
dans le genre Amia. Nous rapporterons à la même espèce des
plaques osseuses de la tête couvertes de rugosités et qui ressem-
blent à celles que M. Leriche a rapportées à Pappichthys Barroisi.
La collection Lemoine de l'Agéien renferme aussi deux vertèbres
^Amia plus grandes, ayant comme dimensions :
I II
Longueur (épaisseur) 6 ^fi
Hauteur I2,5 ii
Largeur i6 i5,5
Elles ne diflèrent de celles de VAmia Barroisi que par la taille
^t appartiennent probablement à la môme espèce.
D'après ce qui précède, il y a dans le conglomérat de Cemay
"mzme espèce A' Amia, YAmia robusta, présentant de grandes
^%^ariations de taille, mais. pouvant atteindre au moins le triple de
la taille de YAmia calva actuel, et dans TAgéien une espèce,
^'*Amia Barroisi, rappelant davantage l'espèce vivante.
M. Leriche * a établi pour une vertèbre caudale trouvée dans
l'Agéien de Guis une autre espèce sous le nom à' Amia Lemoinei,
Sous-ordre des Actbeospondyli. ~ Famille des Lepidosleidio
Lepidosteus suessionensis p. Gervais
(Pi. XI, fig. 1-8).
Le genre Lepidosteus est représenté dans la collection de T Agéien
du docteur Lemoine par de nombreux débris, malheureusement
très fragmentaires.
I. Lbrighb. Ann, Soc. géol. Nord, XXIX, igoo, p. i83-i85, fig. a du texte.
490 F. PRIBM l8 NOV.
Il y a d* abord des yertèbres opisthocœliques bien caractéris-
tiques, peu allongées, avec les arcs neuraux et les bases des apo-
physes Iransverses, la partie postérieure d'un parasphénoîde, de
nombreux fragments de plaques osseuses de la tête avec des
rugosités de ganoine disposées en lignes ramifiées et irrégulière-
ment confluentes.
On trouve aussi un fragment d*os à apophyse montante qui
paraît être un prémaxillaire ; il y a en place deux grosses dents
sillonnées et sur le bord externe de petits trous répondant à de
petites dents qui ont disparu; deux autres ini^ments qui ont
probablement appartenu à la mâchoire supérieure présentent une
seule série de dents sillonnées à la base, dont quelques-unes seule-
ment sont conservées. On doit noter aussi un fragment de mandi-
bule à surface rugueuse, présentant les alvéoles de deux fortes
dents : le bord de ces alvéoles porte des stries qui se dirigent vers
Tintérieur. Sur le bord externe on voit les alvéoles de dents plus
petites. Il y a aussi des dents détachées, pointues et sillonnées, qui
ap[)artiennent sûrement à un Lepidosteus.
La collection Lemoine i*enferme toute une série d'écaillés, mon-
trant les diverses formes des écailles de Lepidosteus : rhombiques
régulières de la région des flancs, allongées et irrégulières comme
celles de la région centi*ale, canaliculées comme celles de la r^;ion
latérale *. Ces écailles sont pour la plupart assez petites et lisses.
Il y en aussi de beaucoup plus grandes, généralement lisses, mais
dont quelques-unes présentent des rugosités.
Agassiz avait décrit sous le non de Lepidotus Maximiliani des
écailles lisses provenant du Calcaire grossier de Paris -. Il s'agit là
d'un véritable Lepidosteus. C'est à la même espèce L. MaxinUliarU,
que M. Vasseur rapporte les pièces : vertèbres, écailles, plaques
céphaliques, poi*tîons de mâchoires, etc., trouvées à Neauflesdans
les fausses glaises (étage sparnacien). P. Gervais ^ avait rapporté
des pièces des mâchoires trouvées dans les lignites du Soissonnais
(étage sparnacien), à une espèce qu*il désignait sous le nom de
Lepidosteus suessionensis, M. Vasseur reganie L, suessionensiSy
I. AoAssiz. Rech. sur les Poiss. foss., t. Il, a* partie (i839-44)t P* !>9-3a» pi. B.
G. Vasseur. Sur la couche à Lépidostées de Targile de Neaufles-Saint-Martin,
près Gisors. B, S. G. F., (3), t. IV, 1876, p. 295-3o4, pi. VI.
a. AoAssiz. Rech. sur les Poiss. foss., t. H, i" partie, p. 9 et a68, pi. agc,
fig. 8-1 1.
3. Gervais. ZooI. et Paléont. franc., i'* édition, i848-5a. Bxpl. des planches
LU à LXVI, p. 4, pi. LVm, fig. 3-5 ; a" édition, 1869, p. 617, pi. 58, fig. 3-5. —
Comptes-rendus Académie des Sciences, t. LXXIX, 1874, p. 846.
igOI POISSONS DB L^ÉOGÂNE INFERIEUR DBS ENVIRONS DE REIMS 49^
comme identique à L. MaximiUani. Gervais a cité L. Maximiliard
à Cuise-la-Motte ^ ; il y est représenté par des écailles.
M. Leriche - a récemment étudié les restes de Lepidosteus de
TAgéien (Cuis, Monthelon, Chavot, Avize). Il remarque que
L. Maximiliani Agassiz a été établi sur quelques écailles lisses,
et que celles-ci se présentent chez tous les Lépidosteés, dans des
proportions variant suivant les espèces. Rien n'autorise d*après lui
à rapporterions les Lépidosteés du bassin de Paris à L, Maximi-
liani du Lutétien et il vaut mieux conserver pour les Lépidosteés
du Spamacien le nom de Lepidosteus suessionensis, en plaçant
aussi dans cette espèce le Lépidosteé de Neaufles. Nous adoptons
cette opinion. Nous rangerons dans la même espèce des écailles
de Lépidosteés provenant du calcaire à lignites (argile plastique) de
Goulommes (Marne) ; elles font partie de la collection de Saint-
Marceau conservée au Muséum (n^ i4i, catalogue 1872) : ces
écailles sont grandes et présentent des rugosités ; elles proviennent
de la partie antérieure du corps.
Le Muséum possède quelques écailles de Lepidosteus provenant
de l'Yprésien de Cuise-la-Motte et un fragment de maxillaire de
même provenance portant encore une dent striée a la base (collec-
tion d*Archiac, cat. 5o). On ne peut pas les rapporter avec certi-
tudes à Lepidosteus suessionensis ou à L, Maximiliani,
Cope ^ avait créé un genre Clastes pour les fragments de
Lepidostéidés trouvés dans TEocène du Wyoming et, avec le
docteur Lemoine, il regardait comme appartenant au même genre
les débris de Lepidostéidés trouvés dans TEocène inférieur des
environs de Reims. Mais le genre Clastes de Cope est imparfaite-
ment caractérisé et se confond très probablement avec le genre
Lepidosteus de Lacépède ^.
I. Gbrvais. Zool. et Paléont. franc., 1'* édition. Expl. des planches LXVU
à LXXX. Poissons, p. 2, pi. LXVH, fijç. 9-13 ; 2' édil., 1869, p. 5i6, pi. 67, fig. 9-13.
9. Lbrichb. Ann, Soc. géoL du Nord^ t. XXIX, 1900, p. 187-191, pi. U, lig. 17-
4i et iig. 4 dans le texte.
3. CoPB. Ann. Rep. U. S. Geol. Surv. Terr., 1872 (1873), p. 633. — Rep. U. S.
Geol. Supv. Terr., t. Hl : The Veriebrala of Ihe tertiary formations of Ihe
West, i883 (i884), p. 29-31 et p. 52-56, pi. I, ûg. 6 ; pi, U, fig. 25-45 et 5o-52.
4. A. Smith Woodwahd Cat. foss. Fishes Brit Mus., t. 111, 189,"), p. 4^»2-4'»5.
— C.-R. Eastman. Fossils Lepidosteids froni tlie Green River shales of Wyo-
ming. Bail. Mu8. Comp. Zool. at Harvard Collège, t. XXXVI, n- 3, p. 68.
Cambridge, Mass., 1900.
49!^ F* PRIEM l8 NOY.
Soiis-ordi*e des Nomatoqnathi. — Famille des Siluridse
Jl y a dans la collection de TAgéien du docteur Liemoine de
nombreux fragments de piquants de nageoires qui appartienent
sans aucun doute à des Siluridés.
M. Leriche ^ a récemment décrit sous le nom de Pimelodus
Gaudryi (PL XI, fig. i3) des piquants dorsaux et un fragment de
piquant pectoral de Siluridé trouvés dans TAgéien de Cuis et de
Monthelon. Il a en outre rapporté * à une autre espèce nouvelle :
Arias Dutemplei (PI. XI, fig. lo) des piquants dorsaux et pectoraux
de l'Agéien de Guis et de Chavot.
Dans la collection de TAgéien du docteur Lemoine, il y a des
piquants dorsaux de Pimelodus Gaudryi et un fragment qui doit
être considéré comme un morceau de piquant dorsal d'Arias
Dutemplei, Mais en outre, on y trouve des fragments de piquants
de Siluridé indiquant au moins une espèce nouvelle.
Arius ? Lemoinei n. sp.
(PI. XI, fig. 9-11).
Un fragment assez complet, fort et massif, présente une partie
de l'extrémité basilaire. Celle-ci est nettement dissymétrique et
indique qu'il s'agit d'un piquant de nageoiiH3 pectorale droite. La
face antérieure forme une carène dépourvue de tubercules ; la face
postérieure est creusée d'un sillon large à la base. Les faces
latérales sont ornées de côtes longitudinales irrégulières, noueuses,
entre lesquelles on voit de petites dépressions arrondies. A la base
y a de petits tubercules et on remarque aussi vers la base des
traces de petits tubercules formant une rangée près du bord du
sillon postérieur.
Ce fragment (PI. XI, fig. 9-10), composé de deux morceaux qui
s'ajustent très bien, a une longueur totale de o m. 067 ; la plus grande
largeur à la base est de o m. on et l'épaisseur à la base o m. oi5.
Un autre débris plus étroit, avec le même mode d'ornementation,
mais où les côtes longitudinales sont plus marquées, paraît avoir
appartenu à Textrémité distale du même piquant.
M. Vaillant, professeur au Muséum, a bien voulu examiner ces
1. Lkrichb. Ann. Soc. géol. Nord, t. XXIX, 1900, p. 180-181, pi. I, fig. 7-12'
t. XXX, 1901, p. i65-i66
2. Lkrichb. Ann. Soc. géol. Nord, t. XXIX, p. i8i-i83, pi. I, fig. i3-i5.
igOI POISSONS DB L^éocÈNE INFERIEUR DES ENVIROxNS DE REIMS 49^
fragments. Ils appartiennent certainement à un Siluridé voisin des
Arius ou des Bagrus ; mais le geni'c n'est pas susceptible d'une
détermination précise. Nous les attribuerons provisoirement au
genre Arius et les rapporterons à une espèce nouvelle : Arius ?
Lemoinei,
Un autre fragment (PI. XI, fîg. 1 1) sans la partie basilaire est plus
comprimé que les précédents ; l'ornementation est très analogue à
celle des fragments précédents ; elle consiste sur les faces latérales
en quelques fortes côtes longitudinales régulières entre lesquelles
il y a de nombreuses dépressions arrondies; la face antérieure
forme une carène dépourvue de tubercules, les bords du sillon
postérieur sont lisses. La longueur de ce fragment est de o m. oSn,
sa largeur est de o m. 009, son épaisseur de o m. oo5. Je pense
qu'il faut le regarder comme un morceau de piquant dorsal qui
pourrait appartenir à la même espèce. Parmi les nombreux frag-
ments des plaques crâniennes de TAgéien, il y en a peut-être qui
ont appartenu à Tarmure céphalique de ces divers Siluridés.
Les Siluridés sont rares dans le Tertiaire d'Europe, mais cepen-
dant y sont représentés dès TEocène ; dans le London-Clay de
Sheppey on trouve Bucklandium diluvii Kônig * ; dans les couches
de Brancklesham et de Barton, il y a : Arius Egertoni Dixon sp.,
Arius ? bartonensis A. S. Woodward, Arius crassus Koken -. 11
parait y #voir aussi des Siluridés dans l'Eocènede Belgique ^.
Cope * a décrit des Siluridés de TEocène d'Amérique (couches
de Bridger). Il en a fait le genre Rhineasies, qui se trouve aussi
dans les Amyzonbeds que Cope place entre TEocène et le Miocène.
Les Siluridés de l'Eocène d'Amérique paraissent différents de
ceux de l'Eocène des environs de Reims.
I. A. Smith Woodward. Note on Bucklandium diluoU Kônig, a Siluroïd
Fish from Ihe London-Clay of Sheppey. Froc. Zool. Soc, London, 1889, p. 208-
aïo, pi. XXU.
a. A. Smith \Voodward. On some remains of Siluroïd Fishes from British
Eocene formations. Geol. Mag,, dec. III, vol. IV, 1887. p. 3o3-3o7, 3 fig. — E.-T.
Newton. A contribution to the history of Eocene Siluroid Fishes. Proc. Zool
Soc. London, 1889, p. îïoi-207, pi. XXI.
3. Le HoN. Préliminaires d'un mémoire sur les Poissons tertiaires de Bel-
gique, 1871, p. i5.
4. CoPB. The Verte bra ta of the tertiary formations of the West, i883 (i884),
p. 6a-67 et p. 747*748, pL V, lig. 1-17.
494 ^- PRIKM iSMoT^
SoiuMirdre des Pharyngognathi. — Famille des Labridœ
Cocchi * décrit sous le nom de Pharyngodopilidœ des dentitions
pharyngiennes de Poissons labroîdes des terrains tertiaires. Les
dents globuleuses ou lamelliformes sont serrées les unes contre les
autres et, sous les dents fonctionnelles, les dents de remplacement
sont en piles. Il y a une ou deux plaques pharyngiennes supé-
rieures dont la face masticatrice est plus ou moins convexe et une
plaque pharyngienne inférieure, dont la face masticatrice est de
forme plus ou moins concave. On en distingue quatre genres :
Phyllodus Agassiz, Egertonia Cocchi et Taurinichthys Cocchi,
possédant une seule plaque pharyngienne supérieure, et NummO'
palatus Ronsiuli (Labrodon P. Gervais, Pharyngodopilus Cocchi)
où il y en a deux.
Phyllodus Gaudryi n. sp.
(PI. XI, fig. i4, et iig. 4 du texte).
Dans la collection de TAgéien du docteur Lemoine, se trouve
une plaque pharyngienne de Phyllodus. La face triturante est
(PI. XI, fig. i4) concave à la partie antérieure et se relève en
arrière; la face opposée est convexe. Il s*agit donc, d*après les
descriptions de Cocchi, d'une plaque pharyngienne inférieure. La
partie antérieure n'est pas tout-à-fait entière et la partie posté-
rieure manque aussi en partie. Il y a une rangée médiane de
grandes dents principales, allongées dans le sens transversal. Les
dents secondaires placées obliquement dans les intervalles des
dents principales sont bien conservées sur le côté droit ; enfin les
dents du pourtour ou accessoires, de forme globuleuse, ne sont
bien conservées que sur la partie antérieure du côté droit. En
avant les séries verticales présentent quatre étages de dents super-
posées, et en arrière sept et même huit étages.
La dent principale postérieure, visible sur la face triturante, a
son bord postérieur convexe, son bord antérieur légèrement
concave ; devant se trouve la plus grande dent dont les bords
antérieurs et postérieurs sont presque droits. Viennent enfin trois
dents principales de grandeur décroissante, la plus antérieure est
la plus petite ; le bord postérieur de ces dents est concave et le
I. Cocchi. Monographia dei Pharyngodopilidae, nuova famigUa di Piesc
Labroidi. Firenze, 1864.
! dents sont concaves et
igot POiHONs DE l'£ogènb inférieur des environs de reiUs 49^
bord antérieur convexe. Les dents secondaires placées oblique-
ment par rapport aux dents principales sont assez régulièrement
ovales, et les dents accessoires sont, comme nous l'avons vu,
globnienses.
Sur la face inférieure (6g.4du texte), les dents sont concaves et
plos grandes que les dents correspon-
dantes de la face masticatrice.
Cette plaque a des rapports avec Phyl-
lodas margmaUa Agassiz du London-
Clay; mais en diUcre par ses dents prin-
cipales antéiieures plus arquées et pluR
étroites dans le sens longitudinal. Cetic
plaque agéienne doit être considérée
comme une espèce nouvelle pour laquelle
nous proposons le nom de Phyllodus pj^ ^ _ phylloda» Gau-
Gaudryi. dryl n. sp. Aiçéien. Pla-
Le genre Phyllodaa a été signalé par qne pharyngienne înfé-
Reuss dans le Crétacé de Bohôme <P. cre- "^"^"^ "»* ^^ dessous.
. n \ li ji» ■ »■ Grandeur naturelle.
taceus neusa); mais cette détermination
est discutable. 11 est trf-s répandu dans l'Ëocène inférieur, surtout
dans le London-Clay de Sheppey, où treize espèces ou variétés ont
été décrites. Poiuel ' a nommé plusieurs espèces des sables de Cuise-
la-Motte (étage yprésien) : P. Davali, P. inconstans. P. Levesqui,
P. latidens, mais ne les a ni décrites ni iigurées. Gervais - a figura
des Phyllodas de l'Eoccne du bassin de Paris. Celui de Cuise-la-
Motte figuré sous le nom de P. marginalis? (PI. LXVII, fig. 5-5 a)
rappelle surtout d'api-ès Cocclii ' P. speciosus Coccbi du Ijondon-
Clay. Suivant lui, le Phyllodua de la pi. LXVIll. fig. 3o-3oa
provenant des sables de Rétheuil, Aisne (étage yprésien) serait
très voisin de P. médius .\gassiz du London-Clay; il l'appelle
provisoirement P. Gervaisi parce que Gervais reganle comme
analogue de cette plaque celle qu'il figure pi. LXVllI, fig. Zi-Zia
et qui provient de Cuise-la-Motte. Mais d'après M, Sauvage *, celte
demièi-e doit être rappoi-té au genre Nammopalatus.
La collection du iMuséum l'cnfeiine une pile isolée de dents de
I. Graves. Topographie géognoslique du département de l'Oise, p. 5âS.
a. P. Gravais. Zoologie et Paléontologie fran^aisee, i" édition, iS',S-a3.
Expl. des planches LXVU à LXXX. Poiss. foss., p. a-3, pi. LXVU, Ug. S-fl;
pi. LXVm, Cg. 3o-3i. — a'édilion, i859, p. 5i(>. pi. Cj, Ug. 5-6; pi. 68,ilg. 3o-îi.
3. Coccui. Loc. cit., p. 53, pi. Il, Ug, lo-ia, et p. 56-5;.
4. Sauvaob. Note sur le genre yummopalatas et sur les espèces de ce genre
trouvées liane les terrains tertiaires de la Krance. £..S.C/''.,(3),lll,iX75,p.6i7.
496 F. PRIEM 18 NoTi
Phyllodus provenant des sables inférieurs de Pieirefonds (Ypré-
sien) et faisant partie de la collection Watelet (1873). Les dents ont
Tun des bords latéraux tronqué, tandis que l'autre est plus étroit et
arrondi. Il s'agit probablement d'une espèce distincte à la fois de
P. marginalis et de P. Gaudryi.
ËGERTONIA ISODONTA Cocchl.
(PI. XI, iig. i5).
Dans le genre Egertonia tes plaques pharyngiennes sont cou-
vertes de dents circulaires disposées en piles et serrées les unes
contre les autres. Cocchi * en a décrit une espèce unique de
Sheppey, à laquelle il a donné le nom ô^E, isodonta à cause de
Tégalité de toutes les dents. La collection de TAgéien du docteur
Lemoine renferme des fragments de plaque d' Egertonia ; les dents
du centre sont un peu plus grandes que celles du pourtour aux-
quelles elles passent d'ailleurs insensiblement. Nous ne pensons
pas qu'il y ait là une différence spéciûque avec E. isodonta et c'est
à cette espèce de Cocchi que nous rapportons les fragments en
question ainsi que d'autres fragments à^ Egertonia couverts de
dents plus petites que celles à!E, isodonta, mais presque égales
entre elles.
M. Leriche - a trouvé dans l'Agéien de Cuis une plaque pharyn-
gienne supérieure à! Egertonia, qu'il a rapporté à une espèce
nouvelle sous le nom à!E. Gosseleti parce qu'il y a une légère
inégalité entre les dents du centre et celles du pourtour, mais il dit
qu'elles passent graduellement des unes aux autres. Nous pensons
que cette espèce Egertonia Gosseleti doit être confondue avec
E. isodonta.
Nous rappelons que Cormiel ^ a rapporté au genre Egertonia^
sous le nom de E, gaultina une plaque pharyngienne du Gault de
Moutier-en-der (Haute-Marne).
1. Cocchi. Loc, cit., p. 07-59, pi. IV, Iig. 1-2.
2. Lbricub. Ann, Soc. géol. Nord, t. XXIX, igoo, p. 175-176, flg. i du texte,
et pi. I, fig. I et I a. •
3. GoRNUEL. Description de débris de Poissons fossiles, provenant princi-
palement du calcaire néocomien du département de la Haute-Marne. B. S.
G, F., (3), V, 1877, p. 620, pi. XI, ûg. 31-32.
igOI POISSONS DE L'ioGKNE INF^EUR DBS ENVIRONS DE ftSIMS 497
Genre Nummojpalattjs
Le genre Nummopalatus très commun dans le Miocène, et
représenté, comme on l'a vu, dans les sables de Guise, a laissé dans
TAgéien les restes de plusieurs espèces.
M. Leriche ^ a trouvé dans l'Agéien de Guis des plaques pharyn-
giennes supérieures de Nummopalatus couvertes de dents planes,
contiguês, à contonr polygonal ou arrondi, dont les plus grandes
se trouvent au centre. Il en a fait deux espèces différant surtout
par la forme des plaques : N. Sauçagei et N, trapezoldalis.
Ces deux espèces sont représentées dans la collection de TAgéien
du docteur Lemoine, mais cette collection parait renfermer deux
antres espèces nouvelles de Nummopalatus,
Nummopalatus Vaillanti n. sp.*
(PL XI, fig. 16-17).
Il y a des fragments de plaques de Nummopalatus couverts de
dents planes et circulaires. Deux fragments plus complets appar-
tiennent à des plaques pharyngienne». supérieures. Les dents les
plus grandes de la face triturante sont à la partie postérieure ; puis
viennent des dents plus petites, et sur le bord antérieur il y a une
double série de dents dont la forme est triangulaire. Nous figurons
un fragment de plaque pharyngienne supérieure droite où cette
disposition se voit bien. Il y a une trentaine de dents. Sur la face
supérieure les dents sont moins nombreuses que sur la face tritu-
rante; elles sont circulaires et concaves. Sur le bord postérieur
les dents sont disposées en quatre étages. Ces fragments indiquent
une espèce nouvelle, que nous dédions à M. Léon Vaillant, profes-
seur au Muséum.
Nummopalatus paucidens n. sp.
<P1. XI, (ig. 18).
Une petite plaque pharyngienne supérieure gauche, de TAgéien^
constitue une autre espèce nouvelle. Elle ne présente qu*une
vingtaine de dents sur la face masticatrice. Gelles du centre de la
plaque sont circulaires et aplaties ; celles des bords sont en forme
I. Lbrichb. Loc, cit, p. 177-179, pi. I, fig. a-aa, ûg. 3-5 et 3a^a.
a3 Janvier 1903. — T. f '. Bull. Soc. Géol. Fr. — 3a
49»
p. PRtEM
18 Nov,
de croissant et disposées suivant trois rangées superposées. Le
bord antérieur est légèrement courbe, le bord postérieur est recti-
ligne, de même les bords externe et interne qui se raccordent avec
le bord antérieur par un angle arrondi ; ils sont parallèles entre
eux, de sorte que la plaque a à peu près la forme d'un trapèze dont
les deux bases sont les côtés externe et interne. Sur la face supé-
rieure les dents sont très légèrement concaves, un peu plus grandes
et moins nombreuses que celles de la face triturante.
La longueur niaxima de la plaque près du bord interne est de
8 millim., sa largeur de gmilUm. 5, et l'épaisseur de 3 millim. 5.
A cause du petit nombre des dents, nous donnei*ons à cette
espèce le nom de Nummopajatus paucidens.
LABRIDiS INDÉTERMINÉS
(PI. XI, fig. 19-ao et lig. 5-6 du texte).
La collection du conglomérat de Cernay contient un certain
nombre de fragments de plaques portant des dents triturantes
remarquables. Elles sont creuses, tout d'une venue, cylindriques
avec un sommet arrondi et lisses. Il y a en particulier une plaque
assez complète, allongée (PI. XI, fig. 19) portant de ces dents hautes,
irrégulièrement placées et. qui, en disparaissant, ont laissé en
certains points des dépressions assez profondes
sur l'os ; à la partie postérieure, il y a des
dents plus petites et arrondies. M. Léon Vail-
lant a eu l'obligeance de me montrer des den-
titions pharyngiennes de Labridœ des genres
Tautoga (côte atlantique des Etats-Unis) et
Cheilinus (Océcm Pacifique), qui ont de
grandes analogies avec ces plaques du Cer-
nay sien. La plaque dont nous venons de parler
est probablement un pharyngien supérieur
d'un Labridé voisin du genre Tautoga actuel.
On doit en rapprocher des dents isolées et
aussi des plaques portant des dents allongées,
à sommet plat ou arrondi, mais plus effilées
que celles dont nous venons de parler et quel-
quefois légèinent coniques. Elles proviennent
les unes du Gemaysien, les autres de l'Agéien
(fig. 5 et 6 du texte). Un fragment de plaque
tout pareil accompagne dans la collection du Muséum (collection
d'Archiac, cat. 5o) un morceau de maxillaire de Lepidosteus et
provient de Cuise-la-Motte.
6
Fig. 5-6. — Labridé
indéterminé de
l'Agéien. Frag-
ment de plaque
pharyngienne vu
de la face tritu-
rante (iig. 5) et de
proûl (tig. 6). Au
double de gran-
deur.
igoi POISSONS DE l'éocêne Inférieur des environs de hsihs 499
En résumé, il y a dans le Cernaysieri et l'Agéien des Labridm
indétenniDés se rapprochant des genres Tautoga et CheiUnus
actuels.
M. Leriche a signalé dans les couches à Unies et Térédines de
Cuis un fragment de pharyngiea
d'un Labridé intétermioé <.
EUBIOTOCIDA ? INDÉTERMINÉS
(Fig. ;-io du textt).
Dans la collection du conglomé-
rat de Cemay du docteur Leinoine,
on tronve des fragments de pla-
ques pharyngiennes portant de
nombreuses dents arrondies, extrê-
mement serrées et constituant un
véritable pavage. Au-dessous il y a
des dents de remplacement. I^es
dents sont généralement usées ; les
dents intactes, à sommet bombé,
montrent à la loupe de fines stries
qui partent du bombement supé-
rieur et se dirigent vers la base ;
celle-ci présente un léger étran-
glement. La collection contient
aussi des dents isolées, plus gran-
des, où ces caractères sont bien
visibles.
Ces plaques, couvertes d'un
pavage de dents, doivent avoir
appartenu à des Poissons broyeurs
voisins des Labridœ. Elles rappel-
lent beaucoup la dentition pharyn-
gienne de l'espèce actuelle Dama-
lichtkys arg-yrosomus Girard sp-,
de la Côte pacifique de l'Amérique
du Nord, que M. Léon Vaillant, à
qui j'ai soumis les fragments du
Cemaysien, a bien voulu m'indiquer et me permettre d'examiner.
FiK. 7-
— Embiotocidi:? indiHer-
du conglomérat de Cer-
nay. Plaques pi laryngien nés.
Fragment vu de dessus (tig. 7)
et de prolil (l\if. ti) ; autre Ira^-
menl vu de dessus (ûg. 9) e
protil (li|j. lo). — Toutes
figures au double de grandi
I. Lbbicbb. Ann. Soc. géol. Nord, U XXIX, 190a, p. 179, pi. 1, fig. 6.
5oo F. PRiEM i8 Nov.
Le geni*e Damalichthys appartient à la famille des Embiotocidœ^
Poissons vivipares qu'on rattache généralement aux Pharyngogna-
thes et qui ont également les pharyngiens inférieurs unis *. Ces
Poissons habitent la côte pacifique de l'Amérique du Nord et celle
du Japon. Une espèce : Hysterocarpus Traski Gibbons, vit dans
les rivières de la Californie centrale.
Avec quelque doute, j'attribue à cette famille des Enibiotocidœ
les débris dont il vient d'être question.
Sous-ordre des Percomorphi. — Famille des Sparidse
Le docteur Lemoine avait signalé dans le niveau le plus inférieur
du Cernaysien (sables de Chàlons-sur-Vesle) des dents du g^nre
américain Alyledaphus Cope qui, suivant lui, devait être rapproché
des Sparoïdes -. Ce genre se trouve dans le groupe de Lai*amie en
Amérique. Grâce à l'obligeance de M. Charles R. Eastman de Har-
vard Collège, Cambridge (Massachusetts), j'ai pu trouver la diagnose
du genre Mjyledaphus "K Dans ce genre les dents forment un pavage
hexagonal ; elles sont plus larges que longues ; la couronne est
divisée en deux parties égaies par une ligne dirigée dans le sens de
la longueur. D'un côté de la ligne il y a des stries transversales
qui n'existent pas de l'autre côté. La racine est courte, droite et
divisée en deux suivant le petit diamètre de la dent. L*auteur ne
distingue qu'une espèce, M, biparti tus. Suivant Cope les affinités
du genre ne peuvent être établies. La forme de la couronne rappelle
ceilaines Raies et celle de la racine rappelle aussi les Elasmo-
branches.
Je n'ai pu trouver dans la collection Lemoine aucune pièce
répondant à la diagnose de Cope. Parmi les dessins que m'a mon-
trés M. Léon Lemoine, j'ai vu des ci*oquis portant comme titre :
Myledaphus ; mais je ne leur trouve aucun rapport avec le Myle-
I. Jordan et E^'ermann les placent dans un sous-ordrt; à part, celui des
Holconoti (The Fishcs of North and Middle America. Bull, U. S. Nat, Muséum,
n* 47' Washington, 1898, part H, p. i493).
a. Lemoine. Recherches sur les Oiseaux fossiles des terrains tertiaires infé-
rieurs des environs de Reims, i"" partie, 1878, p. 56. — Communication sur
les ossements fossiles des terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims.
A88. franc. Av. Se. Congrès de Montpellier, 1879, P* 585-594. — Lbmoinb et
Aumônier. Communication sur les terrains tertiaires des environs de Reims.
A88. franc. Av. Se. Congrès de Reims, 1880, p. 6o5-6ao.
3. Cope. Description of some Vertebrata remains (rbm the Fort-Union beds
of Montana. Froc. Acad. Nat. Se. Philadelphia, t. XXVUI, 1876, p. !i6o-a6i.
igOI POISSONS DE L'BOGJENB inférieur DBS ENVIRONS DE REIMS 5oi
dapkas de Cope, et elles rappellent plutôt les plaqaes que je
rapporte à un Embiotocidé indéterminé.
n n*y a pas d'autres restes de Sparoîdes dans la collection
Lemoine que des dents détachées, rondes, plates, provenant du
Gemaysien, et qui paraissait appartenir au genre Chiysophrjrs. Go
genre est représenté dans les sables de Cuise-la-Motte ^
Citons enfin dans la collection Lemoine des vertèbres de Poissons
osseux de genres indéterminés. Il y en a de diverses tailles. Elles
proviennent en partie de TAgéien ; d'autres sont de provenance
inconnue (Gemaysien ou Agéien ?).
Résumé
L'Éocène inférieur des environs de Reims renferme Jun grand
nombre d*Elasmobranches provenant soit du Gemaysien (Tha-
nétien), soit de l'Agéien (Sparnacien supérieur). Geux de la collec-
tion Lemoine proviennent surtout des sables de Ghftlons-sur-Vesle
et du conglomérat de Gemay. La plupart des espèces dont nous
avons donné plus haut la liste se retrouvent, comme nous Favons
déjà dit, à des niveaux plus élevés de TÉocène. Il est intéressant
de signaler Squatina Gaudryi n. sp. et des espèces trouvées
d'abord dans les couches éocènes les plus inférieures de Belgique :
Acanthias orpiensis Winkler sp., Odontaspis Ratoti Winkler sp.,
Lamna striata Winkler sp.
Les Holocéphales sont représentés dans le Gemaysien par Eda-
phodon Bucklandi Agassiz, qui se trouve également à des niveaux
plus élevés de TÉocène. Il y a aussi des fragments indéterminables
d'Ichthy odoruli tes .
La faune de Téléostomes du conglomérat de Gemay est carac-
térisée par la présence d'un Amia, Amia robusta n. sp., avec de
grandes variations de taille, mais pouvant atteindre trois fois au
moins la taille à' Amia calva actuel. Il y a en outre des Labridœ
indéterminés, voisins des genres Tautoga (côte atlantique des
États-Unis) et Cheilinus (Océan Pacifique et Océan Indien actuels),
des Embiotocidœ indéterminés, voisins de Damalichthys actuel
de la côte pacifique de l'Amérique du Nord et des dents détachées
de Sparidœ (Chrysophrys).
Les Téléostomes de l'Agéien sont d'abord des Amiadœ : Amia
{Pappichthys) Barroisi Leriche, A, Lem^inei Leriche et des Lepi-
I. Gbrvais. Zoologie et Paléontologie françaises, i'* édition, 1S48-09. Explic.
des planches LXVH à LXXX. Poiss. foss., p. 3, et a* édition, 1S69, p. 517.
502 F. PRIEM l8 NOV.
dosteidœ : Lepidostens suessionensis P. Gervais, D'autres Poissons
remarquables sont des Siluridse : Pimelodus Gaudr^H Leriche,
Arius Dutemplei Leriche, Arius ? Lemoinei n. sp. Il y aussi de
nombreux Labridœ des genres Pfvyllodus, Egertonia et Nummo-
palatus, Phyllodus Gaudryi n. sp., Egertonia isodonta Cocchi,
Nummopalatus Sauçagei Leriche, N. trapezoidalis Leriche, N.
paucidens n. sp., N. Vaïllanti n. sp. ; en outre il y a des Labridœ
indéterminés, voisins des genres Tautoga et Cheilinus.
Le mélange de formes d'eau douce comme les Andadœ, les Lepi-
dosteidœ et les Siluridœ * et de formes marines comme les Ëlas-
mobranches, les Holocéphales, les Labridœ et les Sparidœ montre
que les couches cernaysiennes et agéiennes se sont déposées dans
un estuaire où se déversaient des cours d'eau. On peut noter
l'abondance dans ces couches de Poissons littoraux à dents tritu-
rantes, propres à broyer les coquilles des Mollusques.
Ainsi que le remarque M. Leriche -, les sables agéiens, qui ren-
ferment à la fois les genres Amia, Lepidosteus et des Siluridœ,
présentent un ensemble de formes d'eau do\ice rappelant celui des
couches àfi Bridger en Amérique.
Le geni'e Amia paraît s'être montré plus tôt en Europe qu'en
Amérique. Il est abondamment répandu dans le conglomérat de
Cernay qui appartient à l'Éocène le plus inférieur (Thanétien),
tandis qu'en Amérique le genre Amia {Pappichthys) n'est bien
représenté que dans les couches de Bridger (Wyoming) qui,
d'après leur faune de Mammifères, doivent être rapprochées du
Lutétien (Éocène moyen). Il y a cependant, d'après Cope, des
restes diAmia {Pappichthys) mêlés à des Mammifères du groupe
de Wasatch dans les couches de Wind River ^ ; le groupe de
Wasatch est rapporté à l'Éocène inférieur, mais à l'étage spàma-
cien ; il est donc plus récent que le Thanétien. La faune de Mam-
mifères du conglomérat de Cernay rapproche ce dernier du groupe
de Puerco, où jusqu'ici on n'a pas signalé de Poissons.
Le genre Lepidosteus (Clastes) paraît avoir débuté en Amérique,
dans les couches de Bridger (Lutétien), tandis qu'en Europe on le
trouve en France, dans l'Agéien (Spamacien) *, et en Angleterre
dans les couches de Woolwich et de Reading, qui sont rattachées
aussi au Sparnacien ^.
I. Certaines espèces du genre Arius vivent dans la mer, au voisinage des
côtes,
a. LBRicnB. Ann. Soc. géoL Nord^ t. XXIX, 1900, p. 195.
3. Cope. The lertiary formations of the Wesl, p. 67.
4. A. Smith Woodward. Catalogue, t. III, p. 445.
5. A. de LAPPitRBNT. Traité de Géologie, 4* édition, 1900, p. i4a5.
igOI POISSONS DB l'ÉOGÂNE inférieur des environs de REIMS 5o3
Ainsi les genres Arma et Lepidosteus semblent avoir paru plus
tôt en Europe qu'en Amérique; mais ils s'y sont éteints avec TOli-
gocène supérieur ou le Miocène inférieur (couches de Mcssel près
Darmstadt ; Lepidosteus Strausi Kinkéiin, AmiaKehreri Andreae) *
tandis qu'en Amérique ils existent encore.
I. Andrbab. Beitrage zur Kenntniss der fossilen Fische des Mainzer Bec-
kens. Abh. der Senckenberg naturf. Gesells.y t. XVIH, 1894, p. 35i-365.
EXPLICATION DES PLANCHES
(Les échantillons sont représentes grandeur naturelle et sans retouches).
Flanchb X
Fig I. — Amia robusta n. sp. Conglomérat de Cernay. Vertèbre n» I de la
i" série, vue de la face antérieure.
- Id. Vertèbrfc n® HI de la i"' série, vue antérieure.
- Id. Vertèbre n» IV de la i** série, vue antérieure.
- Td. Vertèbre n" VII (caudale) de la i" série, vue antérieure.
- Id. Vertèbre n« lïl de la 2' série, vue antérieure.
- Id. Vertèbre n« V (caudale) de la 2' série, vue antérieure.
- Id, Basioccipital d'un individu de moyenne taille, vue de dessus.
- Id. Parasphénoïde d*un individu de grande taille, vue inférieure.
- Id. Fragment d'os dentaire, vue externe.
- Id. Même fragment, vue interne.
- Id. Maxillaire d'un individu de petite taille, vue inférieure.
- Id, Fragment de maxillaire avec alvéoles externes et internes.
- Id. 'Même fragment, vu sur la face latérale interne.
- Amia {Pappichthys) Barroisi Leriche sp. Agéien. Vertèbre abdo-
minale, vue antérieure.
- Id. Vertèbre caudale, vue antérieure.
- Id. Fragment d'os dentaire, vu de dessus.
Planche XI
^ig. I. — Lepidosteus suessionensis P. Gervais. Agéien. Vertèbre, vue par la
face postérieure.
- Id. Vertèbre vue par la face antérieure.
• Id. Fragment de plaque osseuse de la tête.
■ Id. Ecaille de la région des flancs, face externe.
- Id. Ecaille de la ligne latérale, face interne.
- Id. Fragment d'os dentaire, vue supérieure.
- Id, Fragment de maxillaire, vue externe.
Id. Fragment de prémaxillaire, vue externe.
• Arius ? Lemoinei n. sp. Agéien. Piquant de nageoire pectorale
droite, vue latérale.
• Id. Vue postérieure.
• Même espèce. Fragment de piquant dorsal, vue latérale.
• Arias Datemplei Leriche. Auéien. Piquant dorsal, vue latérale.
• Pimelodas Gaudryi Leriche. Agéien. Piquant dorsal, vue latérale.
• Phjrllodus Gaudryi n. sp. Agéien. Plaque pharyngienne inférieure.
Fig.
3.
FiR.
3
Fig.
4.
Fig.
5.
Fig.
6.
Fig.
7.
Fig.
8.
Pig.
9-
Pig.
10.
Fig.
II.
Fig.
12,
Fig.
i3.
Fig.
i^.
Fig.
i5.
Fig.
16.
»g.
3.
'Vig.
3.
*iK.
4.
*iK
0.
»ig.
6.
*ig.
7.
*ig.
8.
*ig.
9
Wr.
10.
*•«•
II.
I^iK.
12.
Fig.
i3.
Fig.
14.
5o4 F. PRIEM. — POISSONS DES ENVIRONS DE REIMS l8 NoV.
•
Pig. i5. — Bgertonia isodonta Cocchi. Agéien. Flaque pharyngienne supé-
rieure, vue par la face triturante.
Fig. i6. — Nummopalatus Vaillanti n. sp. Agéien. Fragment de plaque pha-
ryngienne supérieure, vue par la face triturante.
Fig. 17. — Id. Vue de profil.
Fig. 18. — Nummopalatus paucidens n. sp. Plaque pharyngienne supérieure,
vue par la face triturante.
Pig. 19. — Labridé indct., voisin de Tautoga actuel. Conglomérat de Cemay.
Plaque pharyngienne supérieure, vue par la face triturante.
Pig. ao. — Id. Fragment vu de proûl.
Fig. ai-aa. — Acanthiaa orpienais Winkler sp. Cernaysien. Fig. ai, dent vue
de la face interne ; fig. aa, dent \'ue par la face externe.
Pig. a3-ii4. — Squatina Gaudryi n. sp. Cernaysien. Fig. 23, dent antérieure,
face externe ; fig. a4, dent latérale, face interne.
Fig. a5-a6. — Odoniaapia Rutoti Winkler sp. Cernaysien ? Fig. a5, dent anté-
rieure, face externe ; fig. 26, dent latérale, face interne.
Fig. a7-28. — Odontospis elegans Agassiz sp. Cernaysien. Fig. 27, dent anté-
rieure, face interne ; flg. 28, dent antéro-latérale, face externe.
Fig. 29-30. — Lamna striata Winkler sp. Cernaysien (sables de Châlons-sur-
Vesle). Fig. 29, dent antérieure, face externe ; fig. 3o, dent laté-
rale, face interne.
Après la communication de M. Priem, M. Albert Gaudry
s'exprime ainsi :
Je dois adresser des remerciements à M. Priem, qui nous donne
Tappui de son talent pour la détermination, souvent difficile, des
Poissons de notre galerie de Paléontologie . L'étude qu'il vient de
faire des Poissons de la collection du D'' Lemoine est particu-
lièrement utile, car le gisement de Cernay est notre plus ancien
gisement de vertébrés tertiaires et, à ce titre, il offre un grand
intérêt pour les questions d'origine. On ne peut manquer d'être
frappé des rapports qui existent entre YArctocyon de Cernay et le
Clœnodon du Torréjon, entre le Plesiadapis de Ceruay, VHaplo-
conus et d'autres fossiles du Torréjon, entre le Plesidissacus de
Cemay et le Dissacus du Torréjon, entre le Neoplagiaulax de
Cemay, le Neoplagiaulax et le Ptilodus du Torréjon, entre le
reptile de Cernay appelé Simasdosaurus par Gervaiset Lemoine, et
le Champsosaurus du Nouveau-Mexique. M. Priem, par son examen
attentif des Amia et des Labroïdes de Cernay, nous montre que les
Poissons, aussi bien que les Mammifères et les Reptiles, révèlent
un lien entre l'Ancien et le Nouveau Continent dans les premiers
temps de l'ère tertiaire. Les Poissons de l' Agéien de Lemoine,
d'après M. Leriche et M. Priem, contribuent à faire supposer que
ces liens ont persisté pendant l'époque du Wasatch et peut-être
même plus tard.
LES ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPÉRIEURS
DES ALPES-MARITIMES
par M. A. PERON.
Au-dessus du Cénomanien dont l'étude est facilitée par de nom-
'breux restes organisés les autres assises du Crétacique supérieur
des Alpes-Maritimes sont mal connues.
L* épaisseur considérable de ces assises, leur uniformité pétro-
graphique, les fréquents accidents qui les ont disloquées et enfin la
grande rareté des fossiles déterminables et caractéristiques sont
autant d'obstacles qui en rendent l'étude ingrate et dilGcile et n'ont
pas permis encore d'y bien reconnaître les divers horizons connus
dans les autres régions, ni même d'y délimiter les étages principaux.
En 1877» lors de la réunion extraordinaire de la Société géolo-
gique de France à Nice, Hébert, expliquant aux assistants la
succession des assises au col de Braus, entre l'Ëscarène et Sospel,
signalait un étage cénomanien bien caractérisé ; mais, au-dessus, il
ne pouvait plus que mentionner une épaisse série de i5o mètres
de craie marneuse en disant simplement : « Nous n'avons pu
reconnaître l'âge de cette assise ».
Quelques années après, grâce aux recherches de M. Fallot *, nous
sortons de l'ignorance dans laquelle nous étions sur ce terrain
crétacique du sud-est. •
Quelques coupes habilement relevées sur divers points des
Alpes-Maritimes font faire un progrès notable à nos connaissances
et, si les détails font encore défaut, si les subdivisions ne sont pas
encore distinguées, du moins avons-nous une notion plus nette
sur l'ensemble de la foimation et sur' la succession des assises.
Dans la même année, c'est-à-dire en i88q, M. Toucas - nous a
signalé l'existence aux environs de Nice de divers fossiles impor-
tants, dont nous parlerons ci- après, qui se trouvent également dans
la craie à Rudistes de la Provence et des Corbières.
Plus tard, en 1892 M. Ambayrac, en iSgS M. Baron et, en 1896
M. Léon Bertrand, nous ont donné quelques renseignements,
notamment sur les environs de Puget-Théniers. sur Menton, sur la
vallée supérieure du Var, autour du Dôme de Barrot, etc.
I. Recherches sur le terrain crét. du sud-est de la France. Paris, i88a,
a. B. S. G. F. (3), X, p. 198.
5o6 A. PERON i8 Nov.
Ënfîn, plus récemment encore, M. de Riaz a communiqué à la
Société géologique les importants résultats de ses recherches qui
embrassent toute la série crétacée des Alpes-Maritimes et nous a
fait connalti^ de nombreux détails locaux.
Malgré tous ces travaux nous sommes encore loin d'avoir une
connaissance suffisante de ces terrains et, au moins en ce qui
concerne les étages supérieurs, les renseignements publiés
jusqu'ici sont bien sommaires, souvent contradictoires et parfois
même erronés.
En ce qui concerne Timportante question de la classification des
assises, j'ai le regret de ne pouvoir partager la manière de voir de
plusieurs de mes devanciers et je crois utile d'en faire connaître
ici les motifs.
Ce n'est pas pour la première fois, d'ailleurs, que je m'essaye à
une classification des couches du Crétacique supérieur des environs
de Nice. Un séjour assez prolongé que j'ai fait jadis dans ce pays
m'en avait déjà donné une certaine connaissance et, en 1877, alors
que je discutais la question de l'âge des couches à Hippurites et à
Ech inides de la Provence, j'ai signalé les environs de Nice comme
particulièrement instructifs à ce sujet. En concluant, j'affirmais que
la série crétacée de la Palarea était l'équivalent de la série des
couches à Micraster du Bcausset et des calcaires à Echinides des
Corbières.
J'ai quelque plaisir, je l'avoue, à rappeler ici cette affirmation;
car les recherches que j 'ai poursuivies dans ces dernières années
ont pleinement confirmé mes prévisions. Elles me permettent
maintenant de préciser et d'établir un parallélisme rigoureux entre
les horizons du Crétacique supérieur des environs de Nice et ceux
des autres régions.
Ce n'est guère que dans quelques localités voisines de Puget-
ïhéniers, ou dans les vallées des Paillons, au nord de Nice, ou
encore dans les environs de Menton que Ton peut étudier la série
complète du Crétacique supérieui*. Toutes les localités, en eflet,* ne
sont pas également favorables pour suivre le développement des
assises et pour en i*ecueillir les fossiles caractéristiques. Les
plissements et les fractures des couches en interrompent fréquem-
ment la succession normale et, souvent aussi, l'écrasement qu'elles
ont subi en ont déformé les fossiles en les rendant méconnaissables.
Avec un peu d'habitude et d'exercice, cependant, on parvient à s'y
reconnaître au milieu de ces masses assez uniformes et on peut
distinguer les horizons.
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 5o7
En résumé, à partir des dernières assises où Ton rencontre des
fossiles nettement cénomaniens, e*est-à-dire à partir des marnes
à Holaster subglobosus, le Grétacique supérieur comprend :
I* Une masse de bancs calcaires durs, serrés, bien lités, gris ou
blanchâtres, parfois gréseux et parfois glauconieux, vers la base
desquels se place, à un point qui reste à déterminer, la séparation
du Cénomanien et du Turonien.
Dans cette masse, de cent mètres environ d'épaisseur, presque
partout dépourvue de restes organisés, on rencontre cependant un
niveau fossilifère qui appartient nettement à Tétage turonien ;
2® Une succession, d'égale puissance à peu près, dans laquelle les
bancs calcaires de la série précédente s'espacent de plus en plus,
deviennent eux-mêmes plus marneux et sont séparés par des inters-
tices marneux de plus en plus épais. Cette grande assise de marnes
fissiles, très délitées et friables à la surface, est d'une grande
monotonie et d'un gris plus ou moins foncé.
Les fossiles rares et le plus souvent mal conservés consistent
surtout en Inocérames, Ëchinides et Spongiaires.
3*» Une dernière série dans laquelle les bancs calcaires
redeviennent plus serrés, plus épais, plus compacts et les interca-
lations marneuses moins dominantes. Cette dernière série de
couches, moins puissante que les précédentes, s'y relie intime-
onent. Elle a la même couleur noirâtre, la même monotonie et
Je même faciès que l'assise médiane. Ses fossiles sont analogues
mais les espèces y sont distinctes.
Cette dernière série se rencontre bien plus rarement que les
précédentes. Les calcaires qui la composent sont exploités comme
j)ierre à ciment à Contes et à Font-de-Jarrier.
Ces trois divisions, établies seulement sur l'aspect lithologique
^es assises, paraissent pouvoir cori*espondre sensiblement aux
^trois étages turonien, emschérien et aturien de la nomenclature
«actuellement en usage.
Nous allons examiner successivement la composition et les
^^ractères de chacun d'eux.
Étage turonien
Les assises, qui constituent cet étage dans les Alpes-Maritimes,
sont les plus ingrates et les plus dilïiciles à déterminer. Tous les
auteurs qui ont étudié la région, n'ont mentionné Texistence du
Turonien qu avec réserve et incertitude.
M| Fallot, qui a donné sur ces terrains les détails de beaucoup
5o8 A. PERox i8 Nov.
les plus complets, n'a pu attribuer qu avec un point de doute à
Tétage turonien, dans sa coupe de Saint-Laurent, une masse calcaire
d'une centaine de mètres d'épaisseur, dans laquelle il a recueilli un
InoceramuSy déterminé /. problematicus Schloth. Les Inocerames
semblent, en effet, les fossiles les plus répandus dans ces assises
crétacées et c'est avec raison que M. Fallot a dit que leur déter^
mination serait indispensable pour établir des divisions dans ces
couches si indéchiffrables de la craie des Basses-Alpes et des
Alpes-Maritimes *. Malheureusement, cette détermination est
généralement malaisée. Les Inocerames ne se trouvent, le plus
souvent, que bien incomplets et à l'état de moule interne, et ce
sont des fossiles d'autant plus difficiles à déterminer exactement
que, pour beaucoup d'espèces, les types sont mal déBnis et fort
incertains.
Il existe cependant, dans cette masse de calcaires, certains bancs
un peu fossilifères qui, en raison de la faune qu'ils renferment,
peuvent être, en toute sécurité, attribués au Turonien et même
au Turonien supérieur.
Nous devons signaler tout d'abord ces calcaires, qui ont été
exploités au Cap Martin sur la route, entre Menton et Roquebnine,
dans une petite carrière que M. de Riaz a mentionnée derrière la
caserne des chasseurs-alpins.
Ce petit niveau fossilifère est* situé au-dessus d'une épaisse série
de calcaires, qu'on voit se développer en suivant la route de
Roquebrune et qui se composent de bancs serrés, parfois épais, •
très résistants, jaunâtres et gris, quelquefois gréseux, quelquefois
sublithographiques et paraissant sans fossiles, autant du moins
qu'on en peut juger; car ces bancs, visibles seulement par leur
tranche, se présentent dans de très mauvaises conditions pour
la recherche des fossiles.
Les seules couches fossilifères que nous ayons observées sont
visibles, comme nous venons de le dire, dans une petite exploitation,
aujourd'hui abandonnée. Elles s'y trouvent, d'ailleurs, comme les
autres, dans de mauvaises conditions pour l'étude et le gisement a
été rapidement épuisé. Ce sont quelques assises, grises, blanchâtres
par places et subgréscuses, fortement inclinées au nord-ouest. J'y
ai recueilli :
Terebratiila semiglobosa Sowerby, plusieurs exemplaires ;
Micr aster Leskei Des Moulins (= M, breviporus auctorum),
plusieurs exemplaires médiocres mais bien reconnaissables et bien
I. Loc, cit., p. si3.
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES SOQ
typiques; Hemiaster sp.; Cidaris cf. subvesiculosa d'Orb., pla-
ques et radioles ; Tylocidaris clavigera Kœnig, un seul radiole de
petite taille mais bien conservé ; Pentagonaster sp., articles isolés.
Cette petite faune, quoique une partie de ses espèces se retrou-
vent encore dans Tétage sénonien, est bien caractéristique de la
craie turonienne supérieure du Bassin de Paris et notamment de
celle des environs de Joigny. Nous ne pouvons hésiter à mettre sur
ce niveau le gisement qui la renferme.
C'est, évidemment, encore à ce môme niveau qu'il faut attribuer
cet autre petit gisement signale par M. Baron dans le lit du
Gorbio, à la limite de Toctroi de Menton, et dans lequel il a
indiqué des baguettes de Cidaris^ un petit Micraster, non dénommé,
un Echinocorys , Terebratula semiglohosa et Rkynchonella.
M. Baron a considéré ces couches comme l'équivalent des calcaires
à ciment de Contes-les-Pins et les attribue au Sénonien supérieur.
C'est là une conclusion qui ne peut être acceptée.
Au nord de Nice, dans la vallée du Paillon, le même Turonien
jme parait représenté, un peu en amont de la Trinité- Victor par des
<!alcaires compacts dans lesquels j'ai recueilli Micr aster Leskei
]Des Moulins, en médiocre état.
Ces mômes calcaires se représentent, plus au nord, à Pont-de-
X^eille et autres localités.
Dans l'ouest des Alpes-Maritimes nous pouvons, en étudiant les
travaux de MM. Fallot, Ambayrac et Léon Bertrand, reconnaître
^^sez facilement l'existence, sur plusieurs points, du même niveau
turonien dont nous venons de parler.
Si, par exemple, nous examinons la coupe des Granges de Villars,
^ur la route de Nice à Roquesteron, donnée par M. Fallot \ nous
^i^onstatons que ce savant mentionne : au-dessus de grès siliceux et
^lauconieux à fossiles cénomaniens, une assise, n"^ 112, composée de
:Kiiames gris-blanchâtre avec bancs calcaréo-gréseux intercalés qui
«renferment Terebratula semiglobosa Sow. et « de petits Micr aster
<}ui semblent être de jeunes individus du Micr aster Normanniœ
Sucaille ».
Or le M. Normanniœ Bucaille, ayant été institué pour des
exemplaires de grande taille que tout le monde, et notamment
Cotteau et M. LambeH, réunissaient au 71/. Leskei (M, breviporus),
il est facile de reconnaître que les petits oursins recueillis par
M. Fallot doivent être de vrais M, Leskei,
La situation stratigraphique de cette espèce, dans la coupe
I. Loc. cit, p. i3o.
5lO A. PERON i8 Nov.
donnée par M. Fallot, est d*ailleurs parfaitement normale car,
outre qu'elle se trouve au-dessus de Tétage cénomanien, elle se
trouve aussi au-dessous de couches où l'auteur mentionne une
faune que nous verrons être propre à Tétage sénonien inférieur.
Sans aucun doute encore, c'est au Turonien qu'il faut attribuer
l'assise qui, sous le n^ 8, figure dans la coupe relevée par
M. Fallot ^ sur la rive gauche de l'Estéron, parallèlement à la
route de Nice.
Cette assise est située au-dessus de bancs où se trouve VOstrea
columba Deshayes de grande taille et au-dessous de marnes à fos-
siles sénoniens et, elle-même, renferme Terebralula semigiobosa^
Holaster placenta Agassiz et Spongiaires nombreux.
On voit, en résumé, d'après ces exemples, qu'il existe certai-
nement de nombreuses localités où la présence de l'étage toronien
peut être ailirmée. Il semble qu'à l'aide de ces repères on pourra
parvenir à établir la continuité de l'étage et à opérer la distinction,
non réalisée jusqu'ici, du Turonien et du Sénonien.
Étage emschérien
Conformément à la nomenclature proposée par MM. Munier-
Chalmas et de Lapparent, nous désignons sous ce nom la partie
inférieure de l'étage sénonien d'Alcide d'Orbigny. comprenant les
sous-étages coniacien et santonien de Coquand. C'est la portion du
Crétacique supérieur la plus largement représentée dans les Alpes-
Maritimes. Quoique les fossiles y soient peu variés et, en général,
médiocrement conservés, l'étage est très suffisamment caractérisé,
par sa faune, pour qu'il n'y ait aucun doute sur l'âge delà formation.
Nous n'avons pu, jusqu'ici, y distinguer les deux horizons, inférieur
et supérieur, c'est-à-dire le Coniacien et le Santonien.
Il convient, à mon avis, de faire débuter TEmschérien un peu
au-dessus des calcaires turoniens. vers le point où des assises
marneuses viennent, en égale épaisseur, alterner avec les bancs
calcaires.
Ces premières assises ne m'ont pas fourni de fossiles. C'est, par
conséquent, arbitrairement que nous plaçons à ce point la limite
des deux étages mais, peu au-dessus de ce point, commencent à
apparaître d'assez nombreux fossiles, Inoceramus, Echinocorys,
Micraster et Spongiaires et quelques espèces plus rares mais très
caractéristiques, que nous allons indiquer.
I. Loc. cit. p. i!i4.
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPÉRIEURS DES ALPES-MARITIMES 5ll
Ces fossiles sont généralement déformés, écrasés, encroûtés de
calcaire tenace et le plus souvent d'une détermination difficile. On
en trouve dans de nombreuses couches successives, mais un niveau
se fait remarquer plus particulièrement par l'abondance des
Micraster et un autre par Tabondance des Spongiaires. J'ai
retrouvé ces niveaux spéciaux dans de nombreuses localités et ils
existent non seulement dans TEmschérien du nord de Nice, mais
à Puget-Théniers et auprès de Menton.
Dans ces assises supérieures, TEmschénen devient de plus en
plus marneux. Les marnes, d'un gris assez uniforme et seulement
parfois plus foncé, sont extrêmement fissiles et friables. Toutes les
parties exposées à l'action des agents atmosphériques sont délitées
en menus fragments anguleux. Il en résulte que, dans cette partie
de l'étage, il est fort difficile de recueillir des fossiles entiers et en
bon état. Il n'y a guère que quelques Spongiaires, à squelette
siliceux, que l'on peut retrouver intacts.
Je signale les ravins de Gando, le grand talus de la rive gauche
du Paillon, en face la villa Gauvini, la montée de Pointe-de-Contes
à la Palarea comme donnant une belle vue et une bonne coupe de
celte puissante série marneuse de l'Emschérien dont les lits, bien
stratifiés et plongeant au nord-est, forment une masse rubannée
d'un effet remarquable.
Parfois, dans cette masse, on distingue avec une netteté frappante
<[uelques accidents locaux fort curieux comme des plis sinueux,
^es cassures avec chutes brusques, etc., qui donnent, pour ainsi
^ire en miniature, une reproduction de grands accidents de la
"tectonique alpine.
D'autres fois, notamment dans la haute vallée du Var, ces mêmes
assises perdent leur allure régulière et deviennent extrêmement
"tourmentées, contournées et repliées, à ce point qu'on ne peut plus
^n discerner la stratification.
Dans la vallée du Paillon, où ces strates restent régulières et
]>eu disloquées, on voit très nettement qu'elles sont surmontées en
parfaite concordance par les calcaires marneux qui, comme nous
le verrons, constituent le Sénonien supérieur ou Aturien.
Des recherches poursuivies avec persévérance, tant par moi-
même que par le Commandant Caziot, nous ont mis en possession
cl'un grand nombre de fossiles parmi lesquels nous avons reconnu
cjuelques espèces intéressantes et très précieuses pour la délerniina-
"tion de Tàge de ces terrains. Nous ne pouvons nous borner à une
ënumération et il paraît utile d'entrer dans quelques détails au
sujet de ces fossiles.
5l2 A. PEBON l8 NOV.
MoRTONiCERAs TKXANUM Rœmer
Cette ammonite, très caractéristique de rEmschérien supérieur,
aussi bien dans le nord de TEurope que dans la Provence, dans
les Corbières, dans le nord de l'Afrique, en Palestine, en Amérique,
etc., parait avoir été rencontrée assez fréquemment dans les Alpes-
Maritimes. M. Fallot, en effet, Ta mentionnée dans les couches de
la montée de Saint-Laurent, M. de Grossouvre, près de TEscarène,
M. Franchi, près de Sospel et M. Toucas, aux environs de Nice, en
compagnie à! Ammonites pailletteanus d'Orb. Au musée de Menton
il en existe un gros exemplaire, que, malgré son mauvais état,
M. de Riaz a reconnu comme Mortoniceras texanum.
Cependant, le gisement de ce fossile n'avait pu être précisé, non
plus que son niveau stratigraphiquc. J'ai eu, l'hiver dernier, la
bonne fortune d'en rencontrer plusieurs exemplaires bien caracté-
risés dans des bancs de calcaire marneux, gris, micacé, teinté
parfois de rouille, que l'on rencontre à un point assez élevé sur la
route de Contes-les-Pins à Châteauneuf-ville- vieille ou Madone-de-
Contes. Ces bancs sont assez fossilifères et ils renferment notam-
ment, de nombreux Micraster. C'est de ce gisement que provien-
nent, comme nous le dirons ci-après, Micraster arenatus Sismonda,
Holaster integer Desor, etc.
Bagulites incurvatus Dujardin
Les fossiles que j'attribue à cette espèce consistent seulement en
fragments assez courts sur lesquels je ne puis distinguer aucune
trace de cloisons.
Cependant, par leur taille, par la forme elliptique de leur section,
par l'absence de sillons transversaux et surtout par l'existence de
tubercules espacés qui ornent le bord externe, ils paraissent pouvoir
être assimilés avec sécurité à l'espèce, connue dans la craie santo-
nienne de la Touraine, à laquelle Dujardin a donné le nom de
Baculites incuri>atus.
C'est à la Trinité que j'ai recueilli ces fossiles.
Pleurotomaria cf. ROYANA d'Orbiguy
Exemplaire unique, à l'état de moule interne, de très grande
taille, en cône bas, à tours convexes, montrant très nettement sur
le milieu du tour la trace du sinus. Ce moule ressemble absolument
I9OI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 5l3
à certains moules que j'ai recueillis dans la craie supérieure de la
Dordogne et qui m'ont paru être des individus de grande taille
du Pleurotomaria rojyana d'Orbigny.
Ce moule a été recueilli à la Trinité-Victor, dans les calcaires
durs, redressés presque verticalement, que Ton rencontre à droite,
en pénétrant dans le petit vallon étroit, entre les deux moulins,
sur la rive droite du Paillon.
Inoceramus digitatus Sowerby
C'est là une des espèces les plus importantes que nous ayons
rencontrées. Elle est assez fréquente dans le Crétacique supérieur
des Alpes-Maritimes où, cependant, M. Toucas seul Ta citée
jusqu'ici. C'est un des compagnons habituels de Mortoniceras
texanum et, comme ce dernier, on le rencontre aussi bien dans le
Crétacique supérieur du nord de l'Europe que dans celui du Midi.
C'est toujours dans l'Emschérien supérieur ou Santonien qu'on le
rencontre et on peut considérer Inoceramus digitatus comme l'un
des fossiles les plus caractéristiques de ce niveau.
J'en ai rencontré un important gisement, en compagnie du
Commandant Caziot, sur la montée de Contes-les-Pins.à la Madone,
dans un sentier de traverse de la route. Les individus, de très
grande taille, y sont nombreux mais enchevêtrés et d'autant plus
difBciles à obtenir intacts que la roche est très tenace. Plus haut,
dans la direction de la Madone, j'en ai encore trouvé de belles
empreintes dans une couche, très inclinée au nord, qui appartient
sans doute au même niveau stratigraphique que le gisement
rencontré au dessous. C'est dans une couche un peu plus marneuse,
très voisine de celle-ci, que j'ai recueilli Mortoniceras texanum
Rœmer, Micraster arenatus Sismonda, etc .
Indépendamment de ces gisements nous en connaissons mainte-
nant d'assez nombreux.
Le Commandant Caziot a, en effet, retrouvé notre espèce à la
Trinité- Victor, puis au moulin Gaetti, sur la route de Peille, et,
enûn, entre Pointe-de-Contes et Contes-les-Pins.
Ënûn, c'est évidemment à V Inoceramus digitatus qu'il faut
attribuer ces empreintes de grands bivalves (labelliformes, dont
MM. Ambayrac et de Riaz ont parlé et qu'ils ont rapportés au
genre Trichites dont ils ont, en edet, si singulièrement l'aspect.
M. Ambayrac a signalé ce fossile au Valcros et M. de Riaz, près
de Menton.
Il est à remarquer qu'il existe au musée de Nice un bon exem-
23 Janvier 190a. — T. i«-. Bull. Soc. Géol. Fp. — 33
5l4 A. PERON l8 NOV.
plaire àHnoceramus digitatus. Je l'y avais remarqué, il a quelques
années, mais, en Tabsence totale d'indication et en raison de l'exis-
tence dans la même vitrine, de nombreux fossiles, Hippurites et
autres, de la Provence, j'avais pensé qu'il pouvait provenir des
environs du Beausset. Il me parait maintenant certain qu'il provient
de la vallée du Paillon.
Comme on le voit, Inoceramus digitatus est un fossile assez
répandu dans les Alpes-Maritimes et, comme iJ est, en même temps,
très reconnaissable et très caractéristique, il peut être d'un très
grand secoui^s pour déterminer sur la carte détaillée de la r^on
l'extension de l'étage emscbérien.
Inoceramus sp. nov.
Parmi les Inoceramus fort nombreux des couches emschériennes
l'espèce la plus répandue est une petite coquille qui ne me parait
pouvoir être assimilée sûrement à aucune des espèces connues.
C'est un Inoceramus de taille toujours assez petite, inéquivalve,
peu renflé, à crochets contigus, celui de la grande valve assez
recourbé. La surface est garnie, comme dans la plupart des
espèces, de plis concentriques assez serrés; mais il existe, en outre,
des costules concentrîques fines et nombreuses qui garnissent aussi
bien les plis que leurs intervalles et qui ne ressemblent nullement
aux stries. ou aux lamelles d'accroissement que l'on observe dans
beaucoup d'espèces connues.
Je ne possède jencore que des exemplaires un peu insuflisants
pour faire figurer l'espèce. Je l'ai renconti'ée à la Trinité, à Gando,
à Pointe-de-Contes, à Menton, etc.
Je dois mentionner encore ici une autre espèce dont je ne puis
malheureusement préciser suffisamment les caractères. Elle est de
grande taille, très déprimée, ornée de plis, gros et espacés, mais
cependant moins gros et plus serrés que ceux à* Inoceramus Cripsii.
En outre ils n'ont pas la forme transverse et un peu renflée de ce
dernier.
J'ai bien vu, en place, quelques exemplaires assez bons de cette
nouvelle forme d'inocerame, mais je n'ai jamais pu en recueillir
que des fragments très insuffisants. Je ne puis donc mentionner
l'espèce que pour mémoire.
OsTREA hippopodium Nills.
J'ai démontré dans un autre mémoire, que les Huîtres, générale-
n^ent désignées sous ce nom, n'étaient que des variétés jeunes et
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 5l5
largement fixées d* espèces diverses du groupe des Pycnodontes,
comme Oslrea çesiculosa Guéranger, O. proboscidea d'Aixîhiac,
O. Costei Coquand et surtout O. vesicularis Lamarck. C'est donc
contre ma manière de voir et parce que je ne trouve pas de nom
certain à leur appliquer, que je désigne ici sous le nom d*0. hippo-
podium, de nombreux petits Ostrea que Ton rencontre, très
fréquemment, fixés sur d'autres fossiles, principalement sur les
Micraster et sur les Spongiaires.
Ces Ostrea, de petite taille, représentés toujours exclusivement
par des valves inférieures largement attachées, sont, comme forme,
comme taille et comme mode de fixation, parfaitement identiques
à ceux que nous trouvons si fréquemment sur nos Oursins de la
craie du Bassin de Paris et à ceux qu'ont représentés, sous le nom
ai Ostrea hippopodium, plusieurs auteurs et particulièrement
Reuss *.
Ces jeunes Ostrea n ont pas d'importance au point de vue strati-
graphique, car on en trouve de semblables à tous les niveaux du
Crétacique supérieur. Il est néanmoins utile de les mentionner,
car ils impriment encore un certain cachet de ressemblance entre
notre faune du Crétacique niçois et celle de la Craie du nord.
Spongiaires
Les Eponges fossiles sont très abondantes dans le Crétacique
des Alpes-Maritimes.
M. Léon Bertrand, parlant de la rareté des fossiles détermi-
nables qu'on rencontre dans ce terrain, cite avec, les Micraster
écrasés et les Inocerames, qu'on ne peut avoir qu'en fragments,
des Spongiaires calcaires, encroûtés de calcaire marneux, qu'on
ne peut même pas étudier par décalcification.
M. de Riaz cite, en plusieurs localités, des Spongiaires siliceux
abondants, dont de grands exemplaires cupuliformes. Des citations
semblables' ont été faites par MM. Fallot, Ambayrac, etc., mais je
ne vois pas qu'aucune tentative ait été faite pour la détermination
de ces nombreux Spongiaires.
Cependant des recherches un peu attentives permettent d'en
recueillir des exemplaires en bon état et sufiisaninient dégagés de la
langue pour qu'on en puisse observer, au moins, tous les princi-
paux caractères externes. C'est ainsi que j'ai pu en réunir une
nombreuse série et y reconnaître plusieurs formes bien connues par
leurs caractères morphologiques et parles détails de leur structure.
I. Die Versteinerungen des Bùmischien Kreideformation, pi. XXIX.
5i6 A. PERON i8 Nov.
Pour d'autres échantillons, la df^termination est incertaine et je me
borne à signaler leurs aflinités apparentes.
Tous ces Spongiaires proviennent principalement de la Trinité,
de Pointe-de-Contes et de la route de Contes à la Madone.
Siphonia Kœnigi Manleli {8uh Verrucospongia cfr. darmecornis
Choanitea), Rœmer.
Siphonia radiciformis Phill. (suh Cupulospongia cfr. aur if ormisRœ-
Spongia). mer.
lerea cfr. elongata Michelin. » cfr. contorta (8ub
Chenendopora marginata Michelin Achilleum).
» aurita Rœmer. » sp.
» tenais Rœmer. Tubulospongia ctr. nullipor^lla.
Amorphoapongia ramosa Manteli. Porosphœra globosa Von Hagae-
now.
Toutes les espèces citées ci-dessus existent dans la Craie du bas-
sin anglo-parisien et, en particulier, dans l'étage sénonien, mais
plusieurs d'entre elles ont été signalées dans la craie à Belemnitella
quadrata, c'est-à-dire dans l'Aturien, en même temps que dans
FËmschérien.
ËGHINIDES
Les Echinides sont les fossiles les plus eonpus parmi ceux du
Crétacique supérieur de Nice et les seuls qui aient été mis en œuvre
jusqu'ici pour la connaissance de ce terrain. Dès i843, Sismonda,
dans un mémoire spécial sur les Echinides fossiles du comté de
Nice, en faisait connaître de nombreuses espèces parmi lesquels
cinq Micraster, des Holaster, Echinocorys et quelques Oursins
réguliers qui ne paraissent pas avoir été retrouvés depuis.
Tout récemment, M. Lambert qui a eu en communication de
nombreux matériaux recueillis par M. de Riaz et aussi par
MM. Gauthier, Michalet, etc., a procédé à une révision des
Micraster niçois et étudié diverses questions de nomenclature,
d'identité des formes et de dénominations.
Il reste cependant encore à dire sur ces Oursins, moins sur leur
détermination propre que sur le niveau stratigraphique qu'ils
occupent et qui ne me paraît pas avoir été toujours correctement
interprété. Je discuterai ces questions en traitant de chacune des
espèces, non seulement de rKuischérien mais de l'Aturien, mais je
ne mentionnerai ici que les espèces que j'ai recueillies et que j'ai
pu étudier, m'abslenant de parler de plusieurs formes citées à Nice
par divers auteurs et que je n'y ai pas rencontrées.
MiGRASTBR DEGiPiENs Bayle
:= M. cor-testudinarium auctor. (non Goldfuss).
J*ai recueilli au moins quatre exemplaires en bon état qui parais-
sent pouvoir être assimilés avec sécurité à resj)èce si répandue
dans TErnschérien du Bassin de Paris.
Deux d'entre ces exemplaires sont bien typiques. Les deux autres,
plus grands et un peu plus arrondis, constituent une variété. Je
les ai soumis à Texamen de M. Gauthier et ce savant estime qu*en
raison de la disposition de Tambulacre antérieur on peut y voir
cette forme du Micraster cor - testudinarium que M. Lambert
a nommée Micraster icaunensis.
Mes exemplaires ont été recueillis à Menton, à Gando, à Canta-
ron et à la Trinité.
Micraster cor-anguinum Klein
Un seul de mes exemplaires peut être sûrement rapporté à cette
espèce. Il a été recueilli par un ouvrier de la fabrique de ciment de
Font-de-JaiTier, mais ne provient pas, au dire de cet ouvrier, des
calcaires exploités dans cette usine. Il est en eflet un peu usé an
pourtour et parait avoir été ramassé dans quelque sentier des envi-
rons. Quoi qu'il en soit, c*est un Oursin qui, par sa taille, sa partie
postérieure rétrécie, sa forme un peu renflée et arrondie, son
apex un peu en arrière, la structure de ses ambulacres et enfîn la
position de son périprocte et la forme de sa lèvre paraît se rap-
porter exactement au Micraster cor-anguinum typique. Nous
l'avons, chez M. Gauthier, comparé à de bons exemplaires de
cette espèce provenant de la craie de Gravesend et notre confrère
l'a reconnu bien conforme.
Micraster girrus Lamarck
M. I^mbert a consacré à cette espèce une longue et savante
discussion et est parvenu à en débrouiller T historique assez
confus. D'après notre très érudit confrère et ami, on doit prendre
pour type de cette espèce exclusivement Tindividu décrit par
Lamarck en 1816 et figuré dans l'Encyclopédie et on doit admettre
que cette forme de M, gibbus est celle de Nice. Le type de
Lamarck, cependant, a été décrit sans indication de provenance
et il sepible improbable qu'il ait été cherché aussi loin alors que
des formes similaires existent abondamment dans la Craie du
Bassin de Paris.
5l8 A. PERON i8 Nov.
Quoi qu'il en soit, je pense que ces Oursins des environs de
Nice qu*on a, de divers côtés, appelés Micraster gibbus, ne sont
pas encore suflisamment connus et qu'il s'est produit là quelque
confusion analo^e à celle qui s'est produite dans la Craie du
Bassin de Paris pour les formes gibbeuses qu'on y rencontre dans
plusieurs niveaux successifs et qui ont été distinguées sous les
noms de Micraster senonensis Lambert pour l'espèce du Sénonien
inférieur et de M, fastigatus Gauthier pour celle de la craie à
Belemnitella quadrata.
Il est à remarquer d'ailleurs que M. Gauthier attribuait au vrai
M, gibhus les individus dont M. Lambert a fait M. senonensis
et que, vice-versa^ M. Lambert considère comme M. gibbus,
l'Oursin que M. Gauthier a nommé M , fdstigatus *.
M. Lambert a^fait figurer, comme néotypes de3f. gibbus, deux
exemplaires des environs de Nice, dont l'un, représenté de profil,
est de la collection Michalet, et l'autre, figuré sur la face supérieure
(pi. XII, fig. 4) et de profil (fig. 5), est de la collection Gauthier -.
J'ai pu examiner les originaux de ces deux Oursins. Ils ne me
paraissent pas identiques. Le premier, dont je parlerai plus loin,
est celui de la craie supérieure à B, quadrata, c'est à dire M. fas-
tigatus. Quant au deuxième, après l'avoir comparé aux nombreux
individus que j'ai recueillis dans l'Emschérien, je crois pouvoir
conclure qu'il provient de ce dernier étage. Je n'en possède pas
d'aussi élevé, car la presque totalité des Oursins de ce niveau sont
déformés, mais par sa taille plus grande, par sa forme plus allon-
gée, par ses ambulacres plus longs et plus profonds, ce Micraster
est bien conforme à mes exemplaires et je suis convaincu de leur
identité spécifique.
Mais ce Micraster que, à l'exemple de M. Lambert, nous appel-
lerons M. gibbus, ne me parait pas identique aux autres individus
également gibbeux et subconiques, mais plus petits, plus cordifor-
mes, à ambulacres plus courts et plus étroits, que nous avons
recueillis à Foninle-Jarrier dans un niveau plus élevé.
Ces Micraster aturiens, dont nous parlerons ci-après, nous parais-
sent bien identiques au M. fastigatus Gauthier de la craie à B,
quadrata de Reims et nous avons adopté cette détermination avec
d'autant plus de confiance que ces M, fastigatus sont accompagnés,
à Font-de-Jarrier, d'une autre espèce M, pseudoglyphus de Gros-
souvre qui se retrouve également à Reims associée à M. fastigatus,
1. Monog. gen. Micraster , p. 228.
2. U, S. G. F. (3), XXIV, j) 3i3. (Il existe entre les planches et leur expli-
cation un désaccord que nous corrigeons ici).
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPÉRIEURS DES ALPES-MARITIMES SlQ
Nous pensons donc qu'il y a lieu de distin^i^er dans le Crétacé
supérieur niçois deux espèces de ces Micr aster gibbeux, à ambu-
lacre impair semblable aux autres, dont M. Gauthier a proposé de
faire le genre Gibbaster. Il est mémo encore une autre espèce,
Micraster arenatus, dont nous allons parler, qui doit rentrer dans
ce genre Gibbaster.
Micraster arenatus Sismonda
Le type de cette espèce de Sismonda provient des calcaires
crétacés, riches en Micraster^ que Ton rencontre sur la route de
Contes-les-Pins, à la Madone de Contes (Châteauneuf). L'espèce a
été rencontrée au même endroit, il y a quelques années, par M.
de Riaz et reconnue par M. Lambert, auquel les individus ont
été communiqués.
C'est une forme assez mal connue, en résumé, car Sismonda
n'en a représenté que la face supérieure d'un individu, peut-être
un peu exceptionnel. Le profd, la face inférieure, la forme et la
position du périprocte restent inconnus. Dans ces conditions, il
n'est pas très étonnant que Fespèce soit restée ignorée et n'ait pas
été citée par les auteurs.
Il est d'ailleurs évident qu'elle est, au moins, fort voisine de
Micraster Matheroni Desor et c'est sous ce dernier nom que
figurent, tant à l'Ecole des Mines, à Paris, qu'au Musée de Nice, les
grands Micraster arrondis, qui sans doute représentent Tespèce
de Sismonda.
J'en ai moi-même recueilli deux exemplaires dont Tun provient
du gisement même de Sismonda, c'est-à-dire, de la route de la
Madone et l'autre des environs de Pont-de-Peillc. Ils sont, comme
le type, grands, larges et arrondis et leurs ambulacres, longs et
peu profonds, sont tous à peu près semblables, ce qui doit les faire
classer dans le groupe Gibbaster de M. Gauthier. Malheureu-
sement ils sont un peu déformés et je ne puis en donner le profil
exact.
J'ai pu comparer ces exemplaires à de bons Micraster Matheroni
que je possède, tant du Beausset que de Rennes-les-Bains, et,
malgré l'avis de M. Lambert, je crois que ces espèces pourraient
être réunies .
Il y a lieu, d'ailleurs, de faire observer ici que, contrairement
à ce qu'a pensé M. de Riaz, Micraster arenatus n'est pas une
espèce du Sénonien supérieur, mais bien une espèce purement
santonienne. On le trouve, à la Madone de Contes, en compagnie
520 A. PERON l8 NOV.
de Morioniceras texanum Rœm., Inoceramus digitatus Sow.,
Hoïasier integer Desor, etc. ; c'estrà-dire avec les fossiles, qui, au
Beausset et dans les Gorbières, sont les compagnons fidèles de
Micraster Matheroni d'Orb. et M, corbaricus Lambeit(= M.
breçis auctorum).
EcHiNocoRYS vuLGARis Brcyn.
J'ai recueilli de nombreux exemplaires à! Echinocorys dans
divers horizons du Crétacé supérieur niçois et, quoique la plupart
fussent en très mauvais état, il m'a été possible d'y reconnaître
différentes formes représentant, vraisemblablement, plusieurs des
variétés connues dans la Craie du bassin parisien.
\J Echinocorys çulgaris que j'ai rencontré dans les couches
emschérienues du pays niçois est toujours déformé ou fragmenté
et ses caractères sont malaisés à étudier. Cependant j'en ai trouvé
de passables dans le nord-ouest de Menton et, à l'aide de tous
ces matériaux, j'ai pu reconnaître que l'espèce est toujours de
petite taille, à pourtour anguleux et non rétréci, à carène posté-
rieure assez prononcée. Ce sont exactement les caractères du petit
Echinocorys que l'on trouve abondamment dans les Gorbières en
compagnie des Micraster corbaricus et M. Matheroni et c'est là
un trait de ressemblance de plus entre le Sénonien niçois et celui
de la Provence et des Pyrénées.
Ce petit Echinocorj^s de Rennes-les-Bains, communiqué par moi
à divers spécialistes, avait été considéré, notamment par Gotteau,
comme représentant la variété E. striatade Lamarck *. Ce rappro-
chement me paraît douteux, car mes individus sont bien différents
de ceux figurés par Goldfuss sous le nom d' Echinocorys striata
Lamk., mais, quoiqu'il en soit, comme il est utile de distinguer mes
Echinocorys emschériens de ceux du niveau supérieur, je leur
appliquerai ce nom en attendant la classification si nécessaire de
ces divers Oursins.
HOLASTER INTEGER DcSOr
Deux exemplaires recueillis, l'un par moi-même à la Madone de
Contes, l'autre par M. Gaziot, dans le ravin de Gantaron, me
paraissent pouvoir être correctement désignés sous ce nom.
Ils sont tous deux assez mal conservés, mais on y retrouve facile-
ment tous les caractères des Holaster integer des Gorbières, c'est-
I. Pbron. Calcaire à Echinides de Rennes-les-Bains. B, S, G. F., (a), V,
p. 5ai.
igOI BTAGES GRBTACIQI'ES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 5a I
^-dire la grande taille, la forme presque orbiculaire, le sillon
antérieur élargi, les divers détails des ambulacres, etc.
Holaster integer se trouve dans les Corbières en compagnie de
Mortoniceras texanum, Inoceramus digitatus, comme se trou-
vent aussi nos HoUisier de TEmschérien niçois.
EcHiNocoNus GiGAs ? Gotteau
Je mentionne, pour mémoire, sous ce nom, un grand exemplaire
d! Echinoconus malheureusement déformé et un peu incomplet qui
m'a été donné par un médecin de Menton comme ayant été trouvé
dans les environs de ce pays.
Il a bien la taille et la plupart des caractères des Echinoconus
gigas des petites Pyrénées de la Haute-Garonne. On distingue
dans la gangue de ce fossile de nombreux Foraminifères, Cristel-
laria et autres.
Empreinte végétale.
Je veux encore mentionner ici une empreinte que j'ai rencontrée
dans les calcaires marneux noirâtres qui occupent à peu près le
centre du pli synclinal de la Tnnité-Victor dont nous parlerons
plus loin.
Ges calcaires foncés, micacés, parfois charbonneux, se trouvent
un peu en aval de la couche à Spongiaires dont nous avons parlé.
Gette empreinte est noirâtre, charbonneuse, rubannée et nette-
ment divisée en deux parties égales par une nervure centrale bien
dessinée. M. Fliche, le distingué spécialiste, auquel nous avons
soumis notre fossile, nous a donné à son sujet les renseignements
suivants : « c'est sans conteste une empreinte végétale. Il me semble
également hors de doute qu'il s'agit d'un grand fragment de
végétal terrestre. Quelques traces de nervm*es secondaires, la
médiane étant bien prononcée, font même un peu songer à ce
qu'on voit chez certaines Protéacées, mais ceci est trop vague et
n'est pas une donnée dont on puisse tirer parti » .
Si maintenant nous examinons l'ensemble de la faune dont
nous venons d'énumérer les espèces, nous voyons que toute cette
faune, sans exception, se retrouve dans TEmschérien supérieur,
c'est-à-dire dans l'étage santonien de Goquand, aussi bien dans le
nord que dans le midi de la France.
En ce qui concerne plus particulièrement la craie du Beausset et
des Corbières, quoique le Grétacique supérieur de Nice n'ait encore
522 A. PERON l8 NOV.
donné aucun reste d*Hippurites ou de Radiolites, la correspondance
n en est pas moins très bien établie. Les Mortoniceras texanum,
Inoceramus digitatus, Holaster integer, Micraster Matheroni,
M. corbaricuSy Echinocorys striata, sont des formes qui, toutes
très caractéristiques, se retrouvent dans la grande assise marneuse
qui sépare les niveaux hippuritiques inférieurs et que, depuis
longtemps, tous les géologues ont, comme nous Tavions proposé,
classée dans T étage santonien malgré la vive opposition des géo-
logues les plus autorisés de cette époque.
Ce terrain des Alpes-Maritimes, quoique si voisin de celui de
la Provence, ne revêt cependant pas, comme ce dernier, le faciès
hippuritique et récital, mais se rattache au contraire, au point de vue
du faciès, au Crétacique supérieur du nord de la Finance. Il cons-
titue donc par sa faune une sorte de trait d'union entre ces formations
contemporaines et cependant si disparates du nord et du midi.
Comment se fait-il que ce Crétacique des Alpes-Maritimes, si
rapproché de celui de la Provence, n'en ait pas le faciès et soit au
contraire semblable à celui des régions relativement très éloignées
du nord de la France ? Quelques géologues ont déjà abordé ce
problème, mais les explications tirées soit de l'existence de deux
mers distinctes, soit des conditions bathymétriques différentes des
sédiments crétacés des deux gisements voisins, ne reposent encore
que sur des données un peu insuffisantes. Un élément d'apprécia-
tion fait encore défaut, c'est une connaissance plus complète de la
formation crétacée dans la partie septentrionale de la région alpine.
Étage aturien
Cet étage du Crétacique supériem* ne parait être représenté
jusqu'ici, dans les Alpes-Maritimes, que par sa subdivision infé-
rieure, c'est-à-dire par Tétage campanien de Coquand. Nous ne
connaissons encore, en effet, aucune assise qui puisse être placée
sur le niveau du Maëstrichtien ou du Dordonien. L'Aturien infé-
rieur, lui-même, ne semble pas être complet. Il est d'ailleurs très
peu répandu dans la région et ce n'est guère qu'au nord de Nice,
au pourtour du massif éocène de Contes-l'Escarène, que nous le
voyons bien nettement rei)résenté.
M. de Riaz a bien classé sur l'horizon de la craie de Meudon,
diverses couches de la presqu'île de Saint-Hospice, près Baulieu *,
et celles de la Madone de Contes, qui renferment Micraster are-
I. B. S. G, F., XXVII, (3), p. 425.
igm srA0B8 crétagiques supérieurs des alpes-maritibies 5^3
natus, mais, comme nous l'avons démontré ci-dessus, Tàge de cet
Oursin n'a pas été correctement interprété et, d'autre part, les autres
fossiles, assez nombreux, recueillis par M. de Riaz à Saint-Hospice,
ne sont pas de nature à établir Y âge campanien de ce gisement.
De même encore, contrairement à Tavis exprimé par M. Baron
et, partiellement, par M, de Riaz, je pense que les couches du Gré-
tacique supérieur qui affleurent autour de Menton ne représentent
que les étages turonien et emschérien. Je ne connais jusqu'ici
aucun fossile qui permette d'admettre dans cette région la présence
de l'Aturien et encore moins celle du Danien que quelques explo-
rateurs y ont signalé.
Il y a lieu même d'aller plus loin et je crois pouvoir conclure que
les seules couches connues que l'on attribue généralement, dans
les environs de Nice, à la Craie supérieure, ne représentent que la
zone inf&rieure de l'étage campanien, c'est-à-dire la craie de Reims
à Belemnitella quadrata, à l'exclusion de la cfaie de Meudon à
Magas pumilus et Belemnitella mucronata (sans B. quadratd).
Nous développerons ci-après les motifs qui ont déterminé cette
manière de voir.
Les assises qui, au nord de Nice, nous paraissent constituer
l'Aturien, ressemblent beaucoup à celles de l'Emschérien. Il
semble impossible, en Tétat de nos connaissances, d'indiquer un
point précis où il convient de placer la séparation des deux étages.
Nous avons dit plus haut que TAturien devait être considéré
comme débutant vers le point où les marnes de l'Enischérien supé-
rieur font place à des bancs calcaires de plus en plus serrés et
épais, mais la transition entre les deux séries est très ménagée et
les calcaires de l'Aturien conservent encore des lits marneux
interstratifiés semblables à ceux de l'étage précédent, quoique moins
épais. Ces marnes et calcaires sont également gris, parfois noirâ-
tres, teintés de rouille par places, micacés, à grain fin, parfois
sublithographiques. Leur stratification demeure aussi nette et
aussi régulière que dans rEiiischérien. Il semble seulement qu'en
raison sans doute de la rigidité et de la résist^ince des gros
bancs calcaires, ces. assises supérieures ont été moins écrasées par
les pressions latérales et les .fossiles y sont moins déformés et en
meilleur état.
Ces bancs de calcaire marneux sont largement exploités pour la
fabrication du ciment et de la chaux hydraulique, tant à l'usine de
Contes-les-Pins qu'à celle de Font-de-Jarrier, où naguère on
n'exploitait que le calcaire nummuli tique. Grâce à cette circons-
tance on a pu obtenir, provenant de ces couches, plusieurs bons
5îi4 A. PBRON l8 NOV.
fossiles en meilleur état de conservation que ceux que les explora-
teurs peuvent habituellement recueillir eux mêmes à la surface
du sol.
CSes fossiles, qui ne sont pas complètement les mêmes dans les
deux usines, sont surtout, à Gontes-les-Pins, des Ammonites et, à
Font-de- Jarrier, des Echinides. I-.es uns et les autres sont également
précieux pour la détermination de l'âge des gisements, car les
mêmes espèces sont connues dans plusieurs autres régions et,
toujours, c'est l'étage aturien inférieur qu'elles habitent. Nous
allons les examiner ci-après.
Un croquis du front de taille des carrières de Contes-les-Pins a
été donné par M. Fallot • d'après un dessin de M. Baron.
Il ne m'a pas paru que les couches présentassent, dans cette
carrière, les allures irrégulières et les inégalités d'épaisseur que
montre le croquis en question. Elles sont, au contraire, bien litées
et d'une inclinaison uniforme.
La couleur des calcaires et des marnes est parfois très foncée,
presque noire et on y trouve même, intercalées, quelques veinules
charbonneuses. On y rencontre aussi quelques rognons de pjrrite.
Les fossiles n'y sont pas très abondants et, seuls, les Inocerames
paraissent un peu fréquents. J'y ai recueilli des exemplaires bien
typiques d'Inoceramus Cripsii Mantell.
D'après les indications de M. Baron, les Ammonites existeraient
dans tous les bancs supérieurs de la carrière et les Micraster dans
les bancs inférieurs. Je ne suis pas en mesure de donner des
renseignements à ce sujet.
Il est rare qu'un visiteur ait l'occasion de recueillir lui-même les
Ammonites. Je n'en ai trouvé moi-même qu'un fragment et encore
se trouvait-il dans des déblais et débris non en place. Quant à
celles que les ouvriers m'ont données, je n'ai pu avoir sur la couche
d'où elles provenaient, que des renseignements incertains.
En ce qui concerne les Micraster je n'en ai pas trouvé dans la
carrière même. C'est seulement à une certaine distance et, dans
des couches un peu inférieures, en effet, aux calcaires exploités que
j'en ai rencontré un mauvais spécimen.
M. Fallot a cité dans la carrière de Contes-les-Pins plusieurs
espèces d'Ammonites connues, l'une dans la Craie du sud-ouest,
les autres dans le Crétacé des Indes orientales. Je n'ai pas retrouvé
ces espèces. La seule que j'y ai recueillie est Pachydiscus Lepyi
de Grossouvre. Ce doit être là la forme la plus fréquente, car j'en ai
I. Loc. cit. p. 187.
igOI RTAGES CRÉTACIQUKS SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 525
rapporté quatre individus en bon état dont deux de grande taille.
lime parait probable, d'ailleurs, que c'est à cette même espèce qu'il
faut attribuer l'Ammonite que M. Fallot a désignée sous le nom
A* Al ootacodensis Stoliczka, cette espèce de Tlnde ayant, en effet,
sensiblement Tomementation et la forme de Pachydiscus Leiiyi,
Le P. Levj'i n'est pas absolument spécial au gisement de Contes-
les-Pins. Il existe aussi dans la Charente et M. de Grossouvre le
signale aux environs de Mon tmoreau, dans l'assise P* deM. Arnaud,
c'estrà-dire dans le Campanien inférieur.
Une autre espèce de Contes-les-Pins, que je n'ai pas retrouvée,
mais que M. de Grossouvre a étudiée dans la collection de la
Sorbonne, le Mortoniceras campaniense de Gross., a exactement
la même signification stratigraphique. On la retrouve à Mont-
moreau et dans plusieurs autres localités au même niveau du
Campanien inférieur. Nous verrons que les Oursins confirment
parfaitement ce classement.
Un des faits intéressants qu'on observe dans les carrières de
Contes, c'est que, comme nous le montre très bien le croquis de
M. Baron, les calcaires crétacés y sont surmontés par le terrain
nummulitique dont un banc puissant forme le couronnement du
front de taille. J'ai suivi avec attention sur un certain parcours la
ligne de contact de ce banc, mais je n'ai pu y reconnaître aucune
trace nette de discordance entre les assises ou d'interruption sédi-
mentaire.
Il m'a semblé qu'à Font-de-Jarrier, où la situation est encore
semblable, il en était de même. Dans cette localité les gros bancs
gréseux remplis de Nummulites par lesquels débute TEocène
sont faciles à suivre et à distinguer même de loin, et ils m'ont paru
se modeler très régulièrement et en parfaite concordance sur les
derniers bancs du Crétacé.
Cependant, d'après la coupe de ce gisement donnée par Hébert *,
en 1877, les dernières assises du Crétacé, qui contiennent, disait-il,
les mêmes espèces que la craie de Bidart, présenteraient au contact
du Nummulitique une surface ravinée, corrodée et percée par les
Lithophages.
D'autre part, non loin de Font-de-Jarrier, sur les hauteurs
mêmes de la Palarea, notre confrère M. Caziot a observé une
discordance de stratification très marquée entre le Crétacé et le
Nummulitique et il considère ce dernier terrain conmie enclavé
dans le premier, contre lequel il vient buter.
I. B, S. G. F. (3) V, p. 809.
526 A. PERON i8 Nov.
II semble possible qu'il en soit, eu eUel, atfisr. M. Lëon Fertrand
a montré que àsns le nord des Alpes-Maritimes le terrain numma-
lîtîque est très souvent en discordance angulaire sur son substra-
tum et qu'il repose indiflféremment sur les différents termes du
terrain crétacé et même sur le Jurassique *. Ce ne serait, d'après
notre confrère, que dans le centre des synclinaux, comme par
exemple à Puget-Théniers, qu'il y a concordance absolue entre le
Crétacé supérieur et le Nummulitique.
Ces faits s'expliquent aisément et sont tout à fait normaux. Ils
concordent avec nos observations, desquelles il résulte que la série
crétacée supérieure est très incomplète dans les affleurements
visibles de la région niçoise et qu'il y manque non seulement l'étage
danien, mais encore le Macstrichtien et même le Campanien
supérieur. Le terme le plus élevé que nous connaissions du Crétacé
niçois, c'est-à-dire TAturien inférieur, ne paraît visible que sur le
bord de la grande cuvette où s'est déposé le Nummulitique de
TËscarène. Partout ailleurs, même au col de Braus, où cependant
la succession semble régulière et continue, nous ne connaissons
pas FAturien bien caractérisé. Il semble donc possible que les
termes supérieurs du Crétacé soient plus ou moins masqués par le
terrain tertiaire .
Dans diverses localités de l'ouest niçois, notamment aux environs
de Puget-Théniers, on remarque, entre les marnes crétacées et le
Nummulitique, une intercalation parfois épaisse de poudingues et
de cailloux roulés qui témoignent d'un changement considérable
dans les conditions scdimentaires et dans la distribution des
rivages.
Cette lacune que nous constatons dans la série crétacée supé-
rieure résulte-t-elle d'une émersion de la contrée avant le dépôt
du Macstrichtien et d'une interruption sédimentaire qui expli-
querait les traces signalées par M. Hébert à Font^e-Jarrier ou bien
résulte-t-elle d'une ablation de ces couches crétacées supérieures
postérieurement à leur dépôt ? Il semble difficile de répondre d'une
manière certaine à cette question, mais nous adoptons plus volon-
tiers la deuxième version qui explique mieux l'inconstance, l'irré-
gularité et la situation des lambeaux de couches aturiennes qui
ont survécu et que nous connaissons aujourd'hui.
La constatation de l'existence de l'Aturien exclusivement sur le
bord de la cuvette nummulitique de l'Escarène, c'est-à-dire sur le
versant uord du grand anticlinal dont on voit Taxe près du
I. Loc, ciUy p. 64.
1901 ÉTAGBS CRÂTACIQUES SUPÉRIEURS DES ALPES-MARITIMES 5a^
Pont-de-Peille, est de nature à appeler ratt«ntion et je me suis
demandé pourquoi, sur le versant sud de cet anticlinal, on ne
retrouvait pas l'aflleui'emeut de l'étage en question.
M. Pallot < a donné, dans l'ouvrage que nous avons déjà fré-
quemment cité, une coupe de la retombée sud de cet anticlinal
relevée sur la rive droite du Paillon, entre le Pont de-Peille et la
Trinité- Victor. Nous y voyons la série continue des couches du
Cénomanien, du Turonien et de l'Einschérien, mais, malheureuse-
ment, cette coupe est arrêtée au point même où elle serait le plus
intéressante, c'est-k-dire au point, à peu près, où devrait apparaître
l'Aturien.
Je crois que, si M. Fallot a arrêté sa eoupe à ce point, c'est parce
qu'il existe là un nouvel accident tectonique, qui est venu inter-
rompre la succession régulière et la continuité des assises.
Notre confi'ère, M. de Rîaz, a donné dans sa note déjà citée, une
esquisse schématique de cet accident, mais ses recherches ti-op
rapides ne lui ont pas permis de l'interpréter complètement. 11
me paraît utile de reprendre cette question dont j'ai poursuivi la
solution dans plusieurs excursions, que M. Caziot a complétées
depuis, de manière à ne laisser inexploi-éc aucune portion des
couches.
Pour plus de clarté, je reprendrai la question au point où l'a
laissée M. deRiaz et je repi-oduirai ei-dessous son petit croquis,
lequel fait suite à la coupe don-
née par M. Fallot de la succes-
sion des assises crétacées sur
la rive droite du Paillon entre
le Pont-de-Peille et la Trinité-
Victor.
Le petit schéma ci contre
(fig. i) représente un groupo de Fig. i.
couches ti'ès redressées et dispo-
sées en éventail que l'on observe à hauteur de lu Trinité, entre les
deux moulins situés sur la rive droite.
D'après la légende de la figure, les assises i, a, 3, 4 sent des
bancs sans fossiles, l'assise 5 est dénommée couche à Inocerames
et le n" 6, couche à Micraster. M. de Riuz déclai-e, d'ailleurs,
qu'il lui est impossible de dire si la couche à Inocerames est au-
dessus ou au-dessous des Micraster.
Je pense tout d'abord qu'il n'y a pus lieu de faire cette distinction
de couches à Inocerames el de couches à Micrasler. Elle est plutôt
t. Loe. cit., p. i38.
5a8 A. PERON i8 Nov.
de nature à induire en erreur. Il y a des Inocerames dans toutes ces
couches et, à peu près, en égale abondance. Quant aux Micraster^
s'ils sont, en réalité, un peu plus fréquents dans un des bancs, à la
base de la coupe, il n'en est pas moins certain que j'en ai trouyé
dans sept ou huit niveaux successifs et sur plus de 60 mètres d'épais^
seur de couches.
Mais ce n*est là qu'un petit côté de la question et l'important est
de rétablir la succession normale des couches et de montrer leur
situation respective qui est beaucoup plus compliquée que ne le
montre le croquis ci-dessus.
Les couches 5 et 6 de M. de Riaz sont sensiblement les dernières
de la coupe de M. Fallot dont toutes les assises, depuis le Céno-
manien jusqu'au Sénonien, sont régulièrement superposées et
fortement inclinées au sud, sous un angle qui atteint parfois 8o<>.
Ces couches 5 et 6 du croquis ci-dessus, qui suivent exactement
le mouvement des précédentes, sont donc en situation normale.
On peut les considérer comme appartenant à la base du
Sénonien-Emschérien, car, peu au-dessous, j'ai recueilli un petit
Micraster qui parait pouvoir être rapporté au M. Leskei du Turo-
nien supérieur.
Ces premières assises du Sénonien sont peu fossilifères ou, du
moins, elles se présentent dans des conditions défavorables pour la
collecte des fossiles. De même que beaucoup d'autres qu'on voit le
long du sentier, elles ne présentent guère à l'observateur qu'une
tranche redressée dont on ne peut voir que le bas et qui, d'ailleurs,
a été déjà épuisée par les précédents visiteui's. Mais si l'on peut
gravir un peu sur le flanc de la montagne et, si, surtout, on veut
bien pénétrer dans un petit vallon ou ravin très caillouteux qui
entaille le milieu des assises 5 et 4^ on rencontre de grands bancs,
en plans fortement inclinés et pas toujours accessibles mais présen-
tant de larges surfaces dénudées sur lesquelles les fossiles, assez
rares d'ailleurs, sont parfaitement visibles.
Une couche fossilifère qui semble avoir échappé aux recherches
de M. de Riaz, se voit à l'entrée même du petit vallon dont nous
parlons, sur le versant sud. et se continue même jusqu'au sentier
qui suit le canal de dérivation du moulin. C'est une couche de
calcaire marneux gris, remplie de Spongiaires et surtout de Tubu-
lospongia nuUiporella Rœm., Chenendopora aurita Rœm., Cupu-
lospongia, etc. Elle est encore, comme les couches situées en
amont, fortement inclinée vers le sud et leur est visiblement super-
posée. C'est un très bon point de repère, car l'abondance des
Eponges permet de la retrouver facilement.
igOI ETAGES CRETACIQUES SUPJÉrIEURS DES ALPES-MARITIMES 5!19
Tout cet ensemble appartient encore, incontestablement, à
rEmschérien, car, presque immédiatement au-dessous de la couche
à Eponges, j'ai rencontré un Micraster assez bien conservé, excep-
tionnellement, qui peut être silrement déterminé M. decipiens Bayle.
En aval de la couche à Spongiaires, en suivant le canal de déri-
vation, on rencontre encore des assises marneuses inclinées vers
le sud, puis, on arrive à une partie très troublée, parfois cachée
par les cultures, parfois montrant des strates verticales où les
couches sont comme schistoîdes, écrasées, laminées par une pres-
sion énergique, très tourmentées dans leur allure et remplies de
veinules irrégulières, cristallines. Dans cette portion de couches
nous n'avons aperçu aucun fossile, ce qui se comprend aisément.
C'est au delà de cette partie tourmentée que les strates chan-
gent d'inclinaison et commencent à plonger au nord sous un angle
d'abord voisin de 80** et qui diminue un peu plus au sud.
Cette série inverse, si l'on se borne à l'examiner le long du
sentier, n'apparaît que très incomplète et à peu près sans fossiles.
Certains bancs, écrasés dans le bas par la compression, semblent
avoir été refoulés dans la hauteur et c'est seulement à un certain
niveau au-dessus de la vallée qu'on les voit s'intercaler entre les
assises marneuses schistoîdes et écrasées.
En réalité, cette série qui, dans le bas, semble un peu différente
de la première se compose, comme celle-ci, de marnes et de
calcaires durs alternants, très puissants, et elle nous a fourni
exactement les mêmes fossiles. Spongiaires, Inoceramus, Micraster
et Echinocorys, semblablement distribués et en aussi mauvais état.
En résumé, après comparaison de toutes ces couches, il m'a
paru que la série inverse n'était que le pendage de la série normale
et que nous nous trouvions, à la Trinité, en présence d'un pli
synclinal très aigu dans l'intérieur duquel les couches ont été
broyées, repoussées en hauteur et repliées les unes sur les autres.
On peut voir même, sur le versant droit du ravin dont nous
avons parlé ci-dessus, un endroit où les bancs, presque verticaux,
ont leur tranche supérieure recouverte par des calcaires horizon-
taux comme si une cassure étiiit survenue qui a couché ces derniers
sur les bancs redressés.
Ce grand pli synclinal de la Trinité semble n'avoir affecté que
les assises emschériennes. Nulle part, dans cette série, je n'ai rien
vu qui puisse représenter l'Aturien.
Nous représentons dans le schéma ci-contre la disposition des
assises dans cette portion de la vallée du Paillon, comprise entre
le moulin de la Trinité- Victor et l'usine de Font-de-Jarrier.
a3 Janvier 190a. — T. ler. BuU. Soc. Géol. Fp. — 34
53o
A. PfiklON
i8 Nov.
En suivant la série, du côté sud du synclinal, on la voit
interrompue près du moulin, par un vallon assez profond, creusé
dans une partie marneuse et les cultures ne permettent plus de
discerner la succession des couches. On ne les revoit avec (pielque
netteté que dans le massif qui sépare la route de Saint- André de
la vallée du Paillon. Là, nous retrouvons des bancs assez tour-
mentés qui n*ont pas fourni de fossiles et qui paraissent appartenir
au Turonien ou au Génomanien. Ils forment sans doute le pendage
des calcaires de Drap et s'étendent jusqu'au massif des grands
calcaires rigides du terrain jurassique qui semblent avoir été le
butoir contre lequel les assises crétacées ont été poussées et écrasées.
PontdePedle
Fig. a. — Profil schématique des assises da Grétacique supérieur
entre La Trinité et Pont-de-Jarrier.
Echelle des longueurs 1/40.000 environ ; hauteurs très exagérées.
A, Marnes cénomaniennes ; B, Turonien; G, Emschérien; D, Aturien infé>
rieur ; E, Calcaires nummuli tiques.
Nous avons ainsi, dans la vallée du Paillon, un aperçu de ces
grands accidents tectoniques qui au nord-ouest de la région niçoise,
sur les rives du Yar et d«ns les montagnes de Levens et de Coaraze,
ont si singulièrement bouleversé et tourmenté les couches crétacées.
Les géologues que passionne, à si juste titre, Tétude de ces gran-
dioses manifestations des forces mécaniques qui ont donné à nos
montagnes leur structure parfois si compliquée, en trouveront
danâ ces régions de curieux effets. Les coupes nombreuses qui
illustrent la très intéressante notice de M. Ambayrac sur les lignes
de Nice à Grasse et à Puget-Théniers, nous montrent quelques-uns
de ces singuliers effets. On y trouve de curieuses représentations
des allures torturées et des plissements compliqués et bizarres que
les compressions latérales contre les massifs jurassiques ont impri-
més aux assises, relativement malléables, du Grétacique supérieur.
Nous avons déjà donné ci-dessus un aperçu des motifs qui nous
portent à classer dans TAturien inférieur et même, exclusivement.
I9OI iTAOBS CidtrACIQUES SUPÉRIEURS DES ALPES-MARITIMES 53l
dans la zone la plus ancienne de cet étage, les calcaires à ciment de
CSontes-les-Pins et de toute la bordare sud de la cuvette nummuli-
tique de TEscarène.
Il est nécessaire maintenant d'entrer dans quelques détails à ce
sujet et notamment d'examiner la faune que renferment ces calcai-
res et qui me parait justifier la classification que j'ai adoptée.
Nous donnerons donc ci-après la liste des espèces recueillies, en
raccompagnant des commentaires utiles à la cause.
Pach\disgus Levyi de Grossouvre
C'est, comme nous Tavons dit, l'Ammonite la plus fréquente dans
la carrière de Contes-les-Pins. Nous en avons rapporté quatre
individus dont l'un mesure 3i centimètres de diamètre et montre
l'ornementation très bien conservée.
P* après M. de Grossouvre, cette espèce se retrouve, dans
la Charente, dans la couche P^ de M. Arnaud, c'est-à-dire dans le
Campanien inférieur.
Il en est de même d'une autre espèce, Mortoniceras campai
niense, provenant aussi des carrières de Contes, que M. de Gros-
souvre a examiné dans la collection de la Sorbonne. Je n'ai pas
retrouvé cette Ammonite, non plus que quelques autres signalées
par M. Fallot. Il me parait que celle que ce savant a mentionnée
sous le nomd'^. ootacodensis Stoliczka doit être la même que
Pachydiscus Leoyi,
Aptychus leptophyllus Sharpe
A. leptophyllus Sharpe. Descrip. of Ihe fossil remains of the
mollusca found in the chalk of England, p. 55, pi. XXIV, Û^, i.
A. leptophyllus Stolley. Die Kreide Schleswig'Holsteins, p. 229,
pi. vm, Ûg. a-4.
Exemplaire unique mais en bon état, recueilli dans les couches
qui forment la base de la barre calcaire de Fontde-Jarrier Cet
exemplaire a bien la taille, la forme et tous les caractères des
Aptychus leptophydlus de la craie à Belemnitella quadrata de
Lagerdorf et de la craie supérieure de Brighton.
Inogeramus Gripsii Mantell
J'ai recueilli plusieurs exemplaires d'/. Cripsii. Deux sont en
très bon état et tout à fait typiques. Ils proviennent, l'un des
carrières de Contes, l'autre de la montée de la Palarea.
532 A. PERON i8 NoV.
En outre j*ai rencontré au-dessous des calcaires de Font-de-
Jarrier un exemplaire plus petit, de forme très oblique, qui me
paraît être celui que M. Fallot a nommé* Inoceramus Cripsii var.
giarielensis.
M. Amba3rrac a signalé Fespèce au nord du cimetière de Puget-
Théniers.
Inoceramus Cripsii est un fossile commun dans la craie à
Belemnitella quadrata de Reims où il se trouve avec les Echinides
que nous allons mentionner.
OSTREA HIPPOPODIUM Nills.
Je mentionne encore ici cette espèce dont j'ai déjà parlé à propos
des fossiles cmschériens. Elle est beaucoup plus rare dans l'étage
aturien et ne s'y rencontre que fixée sur quelques Oursins.
MiCRASTER FASTiGATUS Gauthicr
Malgré l'avis de M. Lambert * qui pense que cette espèce pourrait
être réunie au vrai Micraster gibbus, c'est sous le nom de M,/as-
tigatus que je crois devoir mentionner les Oursins gibbeux qu'on
rencontre dans les calcaires de Font-dç-Jarrier. J'ai dit plus haut,
en parlant des Micraster gibbus de l'Emschérien, que, sur les deux
exemplaires néotypes de cette espèce figurés par M. Lambert ^,
l'un, celui de M. Michalet, me paraissait êti*e Micr aster fastigatus,
tandis que l'autre, de la collection Gauthier, plus grand, plus
allongé, plus convexe et relativement moins conique à la face supé-
rieure, me paraissait semblable aux exemplaires qu'on rencontre
dans l'Emschérien. Tous deux sont bien indiqués comme provenant
de la Palarea, mais cette indication, impropre d'ailleurs, comprend
tout aussi bien les calcaires et marnes emschériens de la montée
de la Palarea que les calcaires aturiens de Font-de-Jarrier et
jusqu'ici aucune distinction n'a été faite entre ces deux horizons.
C'est là une cause de confusion, car chacun d'eux contient des
Gibbaster {Micraster gibbeux à ambulacre impair à peu près sem-
blable aux autres) et ceux du niveau inférieur paraissent toujours
beaucoup plus grands, plus longs, moins coniques que ceux du
niveau supérieur.
Vraisemblablement, c'est aux exemplaires de ce dernier niveau,
I. Monog. genre Micraster, p. 228.
a. B. S. G, b\ (3), XXIV, XII.
igOI ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 533
généralement mieux conservés et mieux connus, que les auteurs
ont dû appliquer le nom de Micraster gibbus. Il résulterait même
de l'explication des figures de AI, gibbus données par M. Lambert
que notre confrère et ami considère son échantillon, figuré sous le
n« 3, c'est-à-dire celui de M. Michalet, comme la forme tyi)ique,
l'autre, celui de M. Gauthier, n'en étant qu'une variété grande,
plus allongée que le type.
Mais, malgré la savante discussion destinée à débrouiller son
identité et la synonymie que M. Lambert a consacrée à Micr aster
gibbus, il ne semble pas prouvé que le type original, auquel
Lamarck a pour la première fois appliqué ce nom, soit réellement
celui de l'Aturien de Font-de-Jarrier. 11 paraît donc préférable,
sans rien préjuger d'ailleurs de cette question que nous réservons
à la grande compétence de notre ami, de désigner ici l'Oursin qui
nous occupe sous le nom de Micrasterfastigatus, le point essentiel
pour nous étant, non pas d'élucider la question de synonymie,
mais de déclarer simplement que nos exemplaires de Font-de-
Jarrier nous paraissent, de tous points, identiques aux Oursins de
la craie de Reims, auxquels M. Gauthier a donné ce nom.
Nous avons sous les yeux, en y comprenant l'Oursin de M.
Michalet, quatre exemplaires de ce Micr aster fastigatus. Us sont
tons bien semblables, de taille assez petite, larges vers le milieu,
cordiformes, à face inférieure plane, à face supérieure très élevée
et subconique, à ambulacres courts, très peu profonds, tous com-
posés de pores allongés et conjugués. Le sillon antérieur est
profond à l'ambitus, mais moins que dans l'espèce suivante et le
péristome reste un peu éloigné du bord antérieur.
Les différences qui permettent de distinguer ces exemplaires des
Micraster gibbus de l'Emschérien consistent surtout, comme je
viens le dire, dans leur taille bien moindre, dans leur forme plus
courte, plus cordiforme, etc., mais en outre dans leurs ambulacres
plus courts et moins profonds.
Micraster Gottschei Stolley
Die Kreide Schleswig-Holsteins, p. 257, pi. 8, fig. 4 (189a).
=-. M, glyphus Gauthier in Peron. Notes hist. ter. de Craie, p. 233,
pi. VI, fig. 6, 7, 1887 (Non Schlûter 1869). = Ai. pseudogly-
phus de Grossouvre. = M. Schrôderi Stolley. Loc. cit., p. 258,
pi. VIII, fig. 5, et pi. IX, fig. 1.
Avec l'espèce précédente on trouve assez fréquemment à Font-
de-Jarrier un autre Micraster plus grand, plus allongé, plus
534 ^- PKRON i8 Nov,
longuement acuminé à la partie postérieure, moins gibbeux au
dessus, à péristome très en avant, avec lèvre sternale visible dans
le sillon ambulacraire.
Je possède cinq individus de ce Micros ter dont trois en très bon
état. Le plus grand atteint 70 millimètres de longueur et 60 milli>
mètres de largeur, en avant de l'apex.
C'est très probablement à la même forme qu'appartient le
Micraster recueilli dans le même gisement par M. Fallot et que ce
savant signale comme très acuminé. Il se rapporte peut-être, dit-il,
au Micraster cordatus Agassiz et est identique à des Micraster
recueillis par M. Hébert dans la craie à Belemnitelles de Pologne.
M. Lambert *, qui a étudié les Oursins de Font-de-Jarrier
recueillis par M. de Riaz, a rapporté ceux qui nous occupent au
Micraster Brongniarti Hébert, de Meudon, mais en en faisant une
variété distincte sous le nom de var. Sismondse. Notre savant ami
ajoute d'ailleurs, d'autre part, qu'on arrivera probablement un
jour à séparer cette variété Sismondse des M. Brongniarti types
du Bassin de Paris.
J'ai comparé minutieusement mes Micraster de Font-de-Jarrier
à la nombreuse série que je possède des Micraster pseudoglyphus
de la craie de Reims (M. glyphus Gauthier) et je trouve parmi ces
deniiers des individus bien identiques aux premiers.
D'autre part M. Lambert a reconnu que le Micraster pseudo-
glyphus était identique à ceux de la craie à B, quadrata du
Schleswig appelés par M. Stolley M, Schrôderi et M. Gottschei
et que ces derniers noms étant plus anciens, celui de pseudogly-
phus devait être abandonné. Nous admettons cette manière de voir
d'autant plus volontiers que, depuis longtemps, nous avons
reconnu l'identité de nos Oursins de Reims avec ceux de la craie à
B. quadrata du nord de l'Europe *.
L'examen des descriptions et des figures données par M. Stolley
nous a confirmé dans cette opinion en ce qui concerne les Oursins
de Lagerdorf mais, ici, une petite difficulté se présente pour l'adop-
tion d'un nom. M. Stolley a décrit deux espèces, M. Gottschei et
M, Schrôderi, que M. Lambert considère comme devant être
réunies. Notre confrère a adopté le second de ces noms pour les
deux formes et n'a pas fait connaître la raison de ce choix.
Cependant M, Gottschei vient le premier dans l'énumération et la
description des espèces et, à défaut d'autre indication, ce nom
pourrait être considéré comme étant le plus ancien et devant, par
I. In de RiAz. B. S. G. F, XXVII, p. 4i7i et Monog. genre Micraster, p. aoo.
a. Hist. terr. de craie, p. 76-77.
igoi ÉTAGES CRÉTACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES 535
conséquent, être appliqaé à l'espèce. D'autre part, je dois recon-
naître que par sa grande taille et par sa forme plus progressive-
ment amincie à l'arrière, l'individu figuré (pi. VIII, fig. 4) P*^r
M. Stolley, sous le nom de M. Gottschei est encore plus semblable
aux miens que celui représenté par la fig. 5 de la même planche
comme type de M, Schrôderi,
Il y a donc là quelques raisons qui me paraissent militer pour
l'adoption du premier de ces noms.
Devons-nous, maintenant, à Texeinple de M. Lambert, consi-
dérer nos Oursins comme une simple variété de Micraster Bron-
gniarti ? c'est là une question que je considérerais comme oiseuse
s'il ne s'y mêlait un petit intérêt stratigraphique . Le M, Gottschei
ou M, pseudoglyphus, se montre bien dans la craie de Meudon
en même temps que dans la craie à Belemnitella quadrata, mais
je ne crois pas que le vrai Micraster Brongniarti de Meudon ait
été jusqu'ici trouvé dans la craie à B, quadrata.Gest donc une
forme un peu plus récente que la première et dont le type doit
rester exclusivement l'Oursin à pourtour un peu rhomboïdal, à
partie postérieure peu acuminée et peu obliquement tronquée,
<jue M. Hébert a figuré sous ce nom *. Sans doute, on peut trouver,
il Meudon même, des individus à caractères mixtes qui établissent
la transition entre les deux formes, mais, je le répète, dans la craie
^ B. quadrata la forme pseudoglyphns seule se montre. C'est
^onc cette dernière qui est la plus ancienne, (j'est l'espèce mère
^ont M, Brongniarti n est qu'un descendant et une variation. Il
semble plus logique d'envisager ainsi la question que de faire de
Xancêtre une variété de ses enfants.
EcHiNOGORYs vuLGARis Klciu. var. gibba
Je n'ai recueilli moi-même dans les calcaires aturiens qu'un
:Kiauvais ft*agment d'Ëchinocorys.
Mais il m'en a été donné, comme provenant de Font-de-Jarrier,
^eux exemplaires qui, quoique un peu déformés, sont détermi-
:KiaJbles. Ils sont de taille beaucoup plus grande que tous les
^chinocorys rencontrés dans TErnschérien. Leur forme élevée et
:M?éguliè rement convexe sur la face supérieure, leur pourtour un
^eu caréné et leur base non rétrécie les rapprochent incontestable-
ment des Echinocorys que l'on rencontre si fréquemment dans la
oraie de Reims à Belemnitella quadrata et que nous avions, sans
certitude d'ailleurs, désignés sous le nom de var. striatn -.
I. Mém, S. G. F., a* sér., t. V, 2' partie, pi. XXIX, fig. 14.
a. Hist. terr. de craie, p. 75.
536 ÉTAGES CRérACIQUES SUPERIEURS DES ALPES-MARITIMES l8 NoY.
Résumé
Pour nous en tenir exclusivement aux fossiles que nous avons
sous les yeux, nous devons établir ainsi qu^il suit la petite faune
qui nous estconnue de l'étage aturien des environs de Nice.
Pachjrdiscus Levyi de Grossouvre. Micraster fastigtitus Gauthier.
Aptychiis leptophyllus Sharpe. » Gottschei StoUey.
Inoceramus Cripsii Mantell. Echinocorys vulgaris Klein.
Ostrea hippopodium Nills. Porosphœra globosa Von Hag.
Et quelques Spongiaires indéter-
minés.
Toutes ces espèces sont propres à la craie à Belemnitella
quadrata du nord de la France et me paraissent justifier le
classement des couches qui les renferment à la base de Tétage
aturien, c'est à-dire dans le sous^étage campanien inférieur.
A propos de la communication de M. Peron, M. Toucas fait
connaître qu'en 1877, lors de la réunion extraordinaire de la Société
dans les Alpes-Maritimes, il a recueilli lui-même dans la coupe de
l'Escarène, au col de Braus, au-dessus des couches glauconieuses
à Ammonites mamillaris Brug. du Gault, de nombreux* fossiles
cénomaniens, parmi lesquels, Am, Mantelli Sow., Turrilites cas-
talus Lam., Holaster subglobosus Leske, Discoïdea çylindrica
Ag. Le Turonien lui a paru être représenté par une couche mar-
neuse renfermant un Inocérame de forme allongée, voisin de
Inoceramus labiatus, et de grandes Ostrea columba. Les calcaires
supérieurs, qui appartiennent à l'Emschérien, lui ont fourni un bel
échantillon d'Inoc. digitatus et quelques Micra^ter, M. Potier a
recueilli dans ces calcaires Mortoniceras texanum. Plus haut, dans
des calcaires probablement aturiens, M. Toucas a rencontré de
nombreux Inoc. Cripsii et d'autres Micraster, qui, dans sa note
du 16 janvier 1882, avaient été désignés sous le nom de M. cor-
anguinum et que M. VeTon dllTihue b\x M. fastigatus.
Séance du Z Décembre i90i
PRÉSIDENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSmENT
M. L. Mémin, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. Tabbé Delépiney Licencié ès-sciences, présenté par MM. de
Lapparent et Tabbé Boui^eat ;
Gilbert Garde, Préparateur de géolog^ie et de minéralogie
à rUniversilé de Glermont-Ferrand, présenté par MM.
Julien et Ph. Glangeaud ;
Robert Douvilléy présenté par MM. Marcel Bertrand et
Munier Cbalmas ;
Michel-Lévy, Garde général des eaux et forêts, présenté
par MM. de Lapparent et Munier-Chalmas.
Il annonce deux présentations.
Le Président présente le diplôme de médaille d*or décerné à la
Société géologique de France, pour sa coopération à l'Exposition
universelle de 1900.
Il communique à la Société, la lettre suivante que lui adresse
M. Ficheur :
« J ai le profond regret de vous annoncer la mort de
M. Pouyanne, décédé le î23 novembre, à Tàge de 66 ans.
« M. Pouyanne, lnsi)ecteur général des Mines en retraite,
Directeur du Service de la Carte géologique de TAlgérie pendant
près de 20 ans, laisse son nom associé à celui de Pomel dans
rhistoire des progrès les plus considérables de la Géologie
algérienne.
« Toute sa carrière, entièrement passée en Algérie depuis 1859,
d'abord comme Ingénieur des Mines à Tlemcen, puis?à Alger, où
il devint Ingénieur en clief, puis rnsi)ecteur général, Tavait pro-
fondément attaché à ce pays dont il avait fait sa pat^'ie d'adoption.
Son association à la direction de la Carte Géologique avec le
regretté Pomel, avec lequel il fut toujours en parfaite communauté
d'idées, fut des plus fécondes en heureux résultats.
<x M. Pouyanne sut donner, en 1882, aux travaux de la Carte
538 SÉANCE DU 2 DECEMBRE I9OI
Géologique une impulsion nouvelle, s' entourant de colUboratears
sur lesquels il conserva la plus grande influence par sa haute
valeur, par ses conseils toujours empreints de la plus grande
bienveillance, et par les précieux encouragements qn*il ne cessait
de leur distribuer. Tous ceux qui l'ont approché ont conservé nne
impression inoubliable du charme de sa conversation^ de sen
esprit finement critique en matière scientifique et de la variété de
ses connaissances dans toutes les branches des sciences.
« M. Pouyanne a consacre la première partie de sa carrière à
Texploration détaillée de la subdivision de Tlemcen, dont il a
donné la description, avec une Carte géologique à 1/400.000, dans
un mémoire d*une rigoureuse précision, conçu avec une extrême
réserve pour les questions non élucidées. En 1879, il fut chargé,
par le Ministère des Travaux Public^, d'mie mission d'études dans
le Sud-Oranais et la région saharienne, relative aux tracés piH>jetés
du Transsaharien. M. Pouyanne en rapporta des documents nou-
veaux sur la géologie de la chaîne des Ksour et des indications
précieuses sur la géographie du Sahara, qui furent publiés en 1886.
« Si M. Pouyanne a été trop réservé dans la publication des
nombreuses observations géologiques qu'il avait recueillies tant
dans ses explorations que dans les tournées de son important
service, c*est qu'il n'avait d'autre pensée que d'en faire profiter les
recherches ultérieures, distribuant à ses collaborateurs, avec le
plus entier désintéressement, les précieuses indications dont il eut
pu se faire un mérite personnel. Le concours empressé qu'il voulut
bien apporter, facilita dans une large mesure l'organisation de la
Réunion de la Société géologique en Algérie, en 1896, où il lut
acclamé Président d'honneur.
« La Société Géologique de France ne peut oublier que c'est sous
la direction de Pouyanne et Pomel que parurent successivement
les trois éditions de la Carte Géologique générale de l'Algérie,
témoignant dans chacune d'elles des progrès réalisés.
« M Pouyanne laisse, par sa bonté et sa bienveillance inalté-
rables, aussi bien que par le mérite de sa haute valeur, un
souvenir immuable dans la mémoii'e de tous ceux qui l'ont connu
et apprécié ».
Le Président annonce que M. de Lapparent, ne pouvant assister
à la séance, l'a chargé d'offrir à la Société, de la part de l'auteur,
M. Ph. Négris, un ouvrage intitulé : Plissements et dislocations
de Vécorce terrestre en Grèce; leurs rapports avec les phénomènes
glaciaires et les effondrements dans V Océan Atlantique.
SÉANCE DU a DÉCEMBRE igOI 539
M. Nicklès dépose sur le bureau, au nom de Fauteur,
M. Authelin, des Notes stratigraphiques sur l'est du Bassin
de Paris comprenant : lo Sur le Toarcien et la région comprime
entre Sien (M.-et-M.) et Bourmont {Haute-Marne) ; a^ Note
préliminaire sur la zone à Harpoceras concavum dans le nord de
la Lorraine, Il offre à la Société un tirage à part de sa note :
Contributions à Vétude des terrains secondaires au Éud des
Cévennes ; Trias et Jurassique de la Montagne Noire (Ex. B. S.
G. F., [3], XXVI, 1899).
M. Léon Janet fait une conférence de géologie apjiliquée sur
V alimentation des cilles en eau potable par la méthode des sources
artificielles.
M. A. Guébhard signale la trouvaille qu'il a faite de deux
lambeaux de Miocène lacustre sur la rive gauche de la Siagne,
au confin septentrional de la commune de Saint^Cézaire (A. -M.)
avec celle de Saint-Vallier-de-Thiey.
L'un de ces lambeaux, situé à quelques mètres au-dessus de la
borne du kilomètre i6 de la route de grande communication n** 5,
de Saint^Cézaire à Saint-Vallier, au nord de la bastide de Mauvans,
se présente sous la forme de blocs ensablés d'un calcaire marneux
compact où des sections de Limnées et de Planorbes se distinguent, à
la cassui'e, au milieu des marbrures irrégulièrement réticulées d'un
lacis brunâtre sur fond plus clair. A la surface, la lente corrosion
des eaux a fait saillir en une sorte de cloisonnement spongieux les
parties brunes et détaché quelques Planorbes de moyenne taille,
cf. Mantelli Dunker ou prœcorneus Fisch. et Tourn., qui ne sont
pas suffisants pour une détermination précise.
Mais suivons vers l'ouest le synclinal de poudingue supérieur
en bordure duquel le calcaire précité se montre écrasé par pli-
faille contre le Bathonien inférieur, jusque en vue de la Siagne,
un peu avant la petite gorge par laquelle le synclinal, insensible-
ment élevé de 660 à 770 m., va se précipiter à 33o m. pour passer
à la localité célèbre de Casteou d'infer : nous pourrons voir, à
une centiiine de mètres à l'ouest de la bastide de Campiong (les
champs longs, à cause de l'étroitesse de la bande synclinale culti-
vée), des bancs d'un calcaire marneux qui, par places, se débite
assez facilement au marteau en laissant échapper des fossiles
reconnaissables. h' Hélix sjdvana Klein s'est montrée à M. Depéiet
parfaitement typique, en compagnie d'une autre de plus petite
espèce, et du Planorbis Mantelli Dunker non douteux, ce qui suffit
54o SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE I9OI
à caractériser un horizon nettement intermédiaire entre le Torto-
nien et le Pontien et à justifier une fois de plus Tidentification à
laquelle j'ai été amené déjà par deux autres voies * du Poudingue
de Saint-Vallier-de-Thiey avec celui de la Durance.
D'autre part, et quoique, sous une autre forme, Texistence de
lignites d'eau douce à Saint-Vallier-de-Thiey et l'observation
récente que j'ai faite, à Casteou d'infer même, d'un banc de cal-
caire saumàtre en dessous des célèbres marnes à Cerithium diaboli,
eussent pu faire prévoir ces faits nouveaux, il est intéressant de
noter cette prolongation, vers l'est, des dépôts d'eau douce que la
feuille de Castellane arrêtait beaucoup plus à l'ouest et qui, après
avoir été déjà notés à l'état oligocène ou éocène en bordure du
bassin de La Roque-Esclapon, viennent à présent, sur la feuille de
Nice, à l'ouest de la limite du Nummulitique marin -, donner un
pendant aux dépôts connus de la ceinture orientale (calcaires
siliceux et marnes vertes de la descente sur la Gagne de l'ancien
chemin de Vence à Saint-Jeannet), ainsi qu'à un curieux lambeau
de calcaire à Cérithes que j'ai eu Toccasion de trouver au sud de
La Colle-sur- Loup, au lieu dit La Tour, avec fossiles saumâtres,
encore à déterminer.
M. A. Guébhard mentionne l'existence qu'il a notée, dans le
nord-est du département du Var, d'un horizon supérieur du Cré-
tacé, caractérisé par le mélange de restes de Crustacés à d'innom-
brables moulages parfois très bien conservés d'un Gastropode qui
reste à déterminer. Remarqué pour la première fois au haut de la
descente de la Colle des Bonis sur le village de Bargême (Yar),
grâce à cette particularité locale que les restes assez abondants de
CaUianassa s'y i)résentent avec une couleur rouge très vive, sur-
tout sous la pluie, cet horizon s'étend certainement bien au-delà,
avec son faciès gréseux en plaquettes jaune foncé ou vert clair.
L'élude des fossiles qu'a Tobligeance de faire en ce moment, à
Marseille, M. Repelin, permettra sans doute de préciser Tâge de ce
curieux dépôt, presque certainement postérieur au Génomanien.
M. A. Guébhard ayant observé au sud-est de Saint-Jeannet
{\.-M ,) un faciès inférieur du Miocène, souvent bréchoîde ou en
1. B. s. G. I\, (3). XXVm, p. 326 et 914 (1900).
2. Sur la prolongation même du synclinal de Casteou dlnfer-CampIong-
Mauvans, en cherclianl d'autres Iraces de calcaires lacustres, j'ai trouvé, au
sud de Sainl-Vallier, au lieu dit le Jas-Neuf, un lambeau priabonien de grès
tendre riche en Ecli inides, en bordure du petit contour de m* qui figure sur
ma carte du S.-O. des Alpes-Maritimes, au-dessus de Tinscription le Pré de
Merle,
SEANCE DU 2 DECEMBRE I90I 54 1
poudingue aggloméré, mais parfois aussi argilo-sableux, qui sem-
blait devoir être séparé de Tétage bien caractérisé de la mollasse
burdigalienne, en a soumis les fossiles à M. Depéret, qui y a reconnu
Pecten TournaliM. de Serres, Terebraiula cf. persinuosa d'Algérie,
Ostrea cf. squamosa ou Velaini.
C'est donc encore du Burdigalien inférieur, et il n'y avait pas
lieu à désignation spéciale sur la carte où cela n'aurait dessiné,
d'ailleurs, qu'une simple bande de bordure, au lieu dit la Prée, au
sud du grand tunnel de Saint-Jeanne t.
A propos de l'identité des niveaux à Rudistes, dans les falaises
nord et sud du Danube à Cerna voda (Dobrogea), M. V. Paquier
fait remarquer que les moules de Rudistes examinés par lui prove-
naient tous de la falaise méridionale, à trois exemplaires près,
recueillis dans la berge nord et qui se trouvent rapportés dans la
liste à Diceras sp., et à Monopleurasp., forme enroulée. Dans
ces conditions, bien que les coupes publiées par M. Anastasiu *
paraissent établir clairement la continuité de la couche à Rudistes
de part et d'autre du Danube et que l'aspect des fossiles des deux
provenances soit rigoureusement le même, la coexistence de
Diceras avec Monopleura dans les calcaires de la rive nord et
celle à' Heterodiceras avec Valletia, Monopleura et Matheronia
dans le niveau de la rive sud, association de formes jurassiques et
crétacées dans les deux gisements, n'en persiste pas moins.
Au sujet de la communication de MM. Sayn et Roman {Compo-
sition du Barrémien sur la rive droite du Rhône ^ dans la région
de Viviers)^ M. Paquier fait observer que la succession des
assises de l'escarpement que surmonte Saint-Thonié, ne permet pas
d'observer l'extrême base du Barrémien qui se trouve marquée
par le banc giauconieux à Pulchellia, Ilolcodiscus, que M. Sayn
a précisément fait connaître le preiuier, à Cobonne.
Ce niveau, bien développé sur la route de Saint-Thomé à
Valvignières (Ardèche), se retrouve d'ailleurs avec tous ses carac-
tères dans l'aflleurement néocomien de la rive gauche du Rhône
entre Loriol, Marsanne et C^ondiliac (Drôme).
I. Contribution à Vétude géologique de la Dobrogea fHounianieJ. Terrains
êecondaireSy p. loa. Paris, 1898.
LES PYCNODONTES
DU JURASSIQUE SUPÉRIEUR DU BOULONNAIS
par M. H.-E. SAUVAGE.
(Planche XII).
Depais que nous avons fait connaiti*c en 1867 * et en 1880 ^ les
Pycnodontes trouvés dans le Jurassique supérieur du Boulonnais,
Tétat de nos connaissances sur ces Poissons s*est augmenté.
M. Beaugrand a donné au Musée de Boulogne sa belle collection
locale ; M. G. Lennier a bien voulu nous communiquer les Poissons
faisant partie de la collection Bouchard-Cbantereaux conservée au
Musée d'histoire naturelle du Havre dont il a la direction. C'est
Fétude de ces nouveaux matériaux qui fait Tobjet de la présente
notice.
I. Gyrodus Cuvierc Agassiz
(PI. xn, fig. 1, 2, 3).
1833-44 • Oyrodua Cuvieri Agassiz. Poissons fossiles^ t. II, ofi partie,
p aSo, pi. IXlXa, ûg. 21-23.
1867. Gyrodus Cuvieri U.-E. Sauvage. Cat. Poiss. form. second. Bou-
lonnais. Mém, Soc, Acad. Boulogne^uT'Mer^ t. II, p. 43, pi. II,
«g. i3.
1895. Gyrodus Cuvieri Smith Woodward. Cat, Joss, fishe British
Muséum, t. III, p. 240.
1867. Pycnodus Larteti H.-E. Sauvage. Loc. cit , p. 33, pi. II, fig. 1.
1901 . Gyrodus Larteti Leriche. Ann. Soc. géoL du Nord, t. XXX, p. i63,
pi. V, «g. 17.
Cette espèce, du Kimméridgien supérieur du Dorsetshire, du
Willshire, du Cambridshire, a été trouvée au même niveau à
Fumel (Lot-et-Garonne) et dans le Boulonnais.
Agassiz signale que les plus beaux exemplaires se trouvent à
Boulogne, dans la collection Bouchard-Ghantereaux.
I. Catalogue des Poissons des formations secondaires du Boulonnais.
Mém. Soc. Académique de Boulogne-aur-Mer^ t. H.
n. Synopsis des Poissons et des Reptiles des terrains jurassiques de Bou-
logne-su r-Mer. B. S, G. F., [3], VIII, p. ôa4.
LES PYCNODONTES DU JURASSIQUE SUPERIEUR DU BOULONNAIS 543
Le Musée du Havre possède, en effet, deux spléniaux eu con-
nexion provenant de cette collection.
Les dents de la série principale, au nombre de 1 1 , sont un peu
plus laides que longues et décroissent régulièrement de grandeur.
Dents de la série interne arrondies, de même grandeur que les
dents de la rangée interne de la série externe ; dents externes de
cette série grandes, bien plus larges que longues, de forme ovalaire,
diminuant régulièrement de grandeur. Ornementation des dents
s* effaçant par Tusure. Dents de la série principale portant un gros
mamelon très rugueux, avec un enfoncement et un tubercule à la
partie centrale, entouré de fortes rugosités. Dents de la série interne
avec un petit mamelon au centre d'une dépression et de fortes
rugosités. Même ornementation aux dents internes de la série
externe. Dents externes de cette dernière série renflées avec une
partie déprimée au centre, très rugueuses au bord antérieur.
Le Musée de Boulogne (collection Dutertre-Delporte) possède
deux vomers provenant du poudingue de Chatillon (Portlandien
inférieur, zone à Perisphinctes Bleicheri de Loriol).
Longueur du vomer, 80 mill., largeur à la partie postérieure, 3^.
Dents de la rangée médiane contiguës, arrondies, diminuant régu-
lièrement de grandeur, granuleuses, sur un plan peu élevé au-dessus
des dents externes ; largeur de la rangée principale sensiblement
égale à la largeur des deux rangées latérales. Dents externes
grandes, de forme triangulaire, relevées en un sommet très granu-
leux. Dents de la rangée intermédiaire plus petites, arrondies,
avec une dépression centrale portant un bourrelet granuleux ; ime
couronne de gros tubercules à la base de la dent. Ornementation
des dents s'effaçant rapidement par l'usure.
Nous avons désigné en 1867, sous le nom de Pycnodus Larteti,
n. sp., un splénial de petite taille provenant du Portlandien infé-
rieur des falaises de Boulogne, splénial qui a été rapporté au genre
Gyrodus par A. Smith Woodward, en 1896 ; c'est au Gyrodus
Larteti que Leriche, en 1901, a rapporté un splénial provenant du
même niveau que le type de T espèce.
Des spléniaux récemment recueillis dans le Kiinmeridgien, zone
à Pholadomya hortulana et dans le Portlandien inférieur, zone à
Stephanoceras portlandicum du Boulonnais, montrent que G, Lar-
teti est le jeune âge de G, Cuvieri, l'exemplaire figuré par Leriche
en étant l'âge moyen. Ces spléniaux présentent quelques différences
avec le type de l'espèce, mais, ainsi que le note Smith Woodward,
la forme, le degré d'usure et rornementation des dents principales
varient beaucoup chez Gyrodus Cuvieri.
544 H.-E. SAUVAGE 3 Déc.
2. Gyrodus umbilicus Agassiz
(PI. XII, fig. 4, 5).
i833-44- Gyrodus umbilicus Agassiz. Loc. cit., p. 227, pi. IXlXa, Ûg. a^-aS.
1867. » » H.-E. Sauvage. Loc. cit.^ p. 4i> pi- H, ûg- i2*
i8()5. » » Smith Woodward. Loc. cit., p. 2^9.
Yomer grand, 85 mill. Dents de la rangée principale arrondies,
contigaês, sur un plan plus élevé que les dents des rangées laté-
rales, aussi larges que ces deux rangées, relevées en un faible
bourrelet portant une dépression centrale, un peu excavée en
arrière de ce bourrelet. Dents de la rangée intermédiaire un peu
plus petites que celles de la rangée externe, irrégulièrement
allongées d'arrièi'c en avant, relevées à leur partie centrale, qui
porte une dépression. Dents de la rangée externe tronquées au
bord externe, relevées en cône comme chez G. Cupieri^ dont
G. umbilicus diflëre par rornementation des dents.
Ainsi que l'indique Smith Woodward, il est probable cpie Ton
doit réunir G. umbilicus à G.jurassicus, En tout cas le vomer que
possède le Musée de Boulogne et qui provient de la partie supé-
rieure du Kimméridgien, ne peut être séparé de G. umbilicus
Agassiz.
3. Gyrodus Dutertrei Sauvage
1867. Pycnodus Dutertrei H.-E. Sauvage. Loc. cit , p. 38, pi. II, fig. 8.
? 1869. Gyrodus coccoderma Egcrton. Quart, Journ. Geol. Soc.^ t. XXV,
p. 363.
71895. » » Smilh Woodward. Loc, cit.^ p. 243.
Vomer long de 55 mill. Dents de la rangée principale arrondies,
contiguês, sur un plan plus élevé que les dents des rangées latérales,
sensiblement aussi laides que ces deux rangées. Dents de la rangée
intermédiaire aussi grandes que celles de la rangée externe,
arrondies, portant une dépression centrale entourée d'un faible
bourrelet. Dents de la rangée externe obtusément coniques.
Portlandien inférieur (Portlandien français). — Kimméridgien
supérieur, zone à Reineikia pseudomutabilis de Loriol, et Aspido-
ceras longispinum Sow.
Espèce voisine de G. Cuvieri et G. umbilicus ; en diffère par les
dents beaucoup plus lisses.
Smith Woodw ard met, avec doute, en synonymie G. subconti-
igot PYCNODONTES DU JURASSIQUE SUPERIEUR DU BOULONNAIS S4S
guidens Sauvage, et G. coccoderma Ëgerton, cette dernière
espèce du Kimméridgien du Dorsetshire et du Cambridgeshire ;
c'est avec G. Dutertrei qu'il faut comparer l'espèce d'Angleterre ;
nous ne trouvons que de faibles différences entre les deux espèces.
Nous avons, en 1867, figuré comme pharyngien de Pj-cnodus
Dutertrei une pièce dentaire que Smith Woodward {Op. cit. y
p. loa) considère comme les spléniaux d'un Lepidotus, sans doute
L. affinis Fricke, du Corallien supérieur et du Kimméridgien du
Hanovre ; nous nous rangeons à cette manière de voir ; nous
pensons toutefois que ce n'est pas à l'espèce du Hanovre, mais à
une espèce non encore déterminée, que doit être rapportée la pièce
trouvée à Boulogne.
m
4. Gyrodus subcontiguidens Sauvage
X867. Pjrcnodus subcontiguidens H.-E. Sï^uvage. Loc. cit., p. 36, pi. U,
fig. 10, II.
Vomer long de 45 mill. Dents de la partie principale arrondies à
la partie postérieure du vomer, un peu allongées dans la partie
«intérieure, sur un plan beaucoup plus élevé que les dents des
Y*angées latérales, aussi grandes que ces deux rangées. Dents de la
x*angée intermédiaire un peu séparées, de même grandeur que
oeUes de la rangée externe, arrondies ou longitudinalement allon-
S'ëes. Dents de la rangée externe obtusément coniques, peu relevées.
Toutes les dents lisses.
Kimméridgien supérieur.
Espèce très voisine de G. Dutertrei ; en diffère toutefois par les
dents de la rangée principale moins régulièrement arrondies,
situées sur un plan plus élevé, les dents intermédiaires un peu
allongées.
6. Mesodon affinis Nicolet
. (PI. XU, fig. 6).
1860. Pjrcnodus affinis Nicolet in Pictet. Rept. et Poiss. Jura neuchâ-
telois, p. 5o, pi. Xll, XXI 6w, XIX, ù^. i.
1895. Mesodon affinis Smith Woodward. Cat,foss.Jîshe British Mus.,
t. II, p. 211.
Cette espèce, du Kimméridgien supérieur de Suisse, a été trouvée
aa même niveau à Fumel (Lot-et-Garonne) et à Boulogne.
Un splénial provenant de cette dernière localité et conservé
dans la collection Bouchard-Chantereaux au Musée du lïavre^
iS Février 19011. — T. K^. Bull. Soc. Géol. Fr. — C
546 a.-E. SAUVAGE a Dec.
indique une espèce de grande taille. Les dents de la série principale
sont un peu plus de deux fois aussi larges que longues, arrondies
aux extrémités, non contiguës, de forme ovalaire. Dents de la série
interne petites, irrégulièrement arrondies. Dents de la série externe
disposées irrégulièi'ement suivant quatre rangées ; deux dents
hors série près de la rangée principale. Les dents bien conservées
de la série^ externe ont Tornementation des dents de Gjyrodus : un
bourrelet central dans une dépression d'où rayonnent de fortes
rugosités ; Tomementation disparait rapidement par l'usure.
Dans la restauration de Pycnodus (Mesodon) affinis, Pictet
figui*e trois rangées de dents à la série interne ; ces rangées sont,
au plus,' du môuie nombre de dents.
L'exemplaire que nous figurons fait partie de la collection Bou-
chard-Cliantereaux au Musée du Havre.
7. Mbsodon Lennieri n. sp.
(PI. xn, lig. 9).
Espèce établie sur un fragment de splénial de 53 mill. de lai^e
à la partie postérieure.
A la série principale les trois dents postérieures sont allongées
transversalement, près de trois fois aussi larges que longues, à
extrémité externe arrondie, à extrémité interne moins lai^e,
recourbée en avant comme chez Anomœdus subclavatus Agassiz,
du Crétacique supérieur ; les dents plus antérieures sont beaucoup
plus petites, irrégulièrement arrondies. Série interne avec une
seule rangée de dents petites, arrondies. Dents de la série externe
petites, irrégulières, disposées probablement suivant trois rangées.
Diflere de tous les autres Mesodon du Jurassique supérieur par
la forme des dents de la partie postérieure de la série principale
(collection Bouchard-Chantereaux au Musée du Havre).
8. Mesodon Bouchardi n. sp.
(PI. xn, ûg. 7, 8).
Espèce établie sur un fragment de splénial de 53 mill. de large
à la partie postérieure.
Dents de la partie principale de grandeur très inégale ; la dent
postérieure est ovalaire, deux fois aussi large que longue ; les
suivantes diminuent brusquement de grandeur. Espace séparant
les dents de la série principale de la symphyse large, avec deux
rangées de dents petites, irrégulières, irrégulièrement disposées.
igOI PYCNODONTES DU JURASSIQUE SUPERIEUR DU BOULONNAIS 54^
Série externe composée d'au moins trois rangées de dents petites,
irrégolières, irrégulièrement disposées.
Voisin de Mesodon granulatus Munster, du Corallien et du
Kimméridgien du Hanovre, du Wurtemberg et du sud de l'Angle-
terre, en diffère par la largeur de l'espace symphysaire, les dents
de la série principale décroissant beaucoup plus rapidement.
Nous rapportons à Mesodon Bouchardi un vomer de 70 mill. de
long sur ^1 de large à la partie postérieure, bombé comme celui
des Cœlodus, sans doute par suite d'usure. Dents de la rangée
principale largement espacées, ovalaires, la dent postérieure une
fois et demie aussi large que longue ; dents antérieures arrondies.
Dents de la rangée interne de la série externe grandes, irréguliè-
rement arrondies, plus grandes que les dents de la série plus
externe ; une rangée de dents plus petites et irrégulières sur le
côté externe du vomer ; quelques petites dents hors série entre la
première et la seconde rangée de dents.
Nou$ avons désigné en 1879 •, sous le nom à' Uranoplosus
Colteauiy n. sp., un vomer trouvé dans le Corallien supérieur du
département de TYonne. Ce vomer difVère de celui des Mesodon
types par une rangée sui)plémentaire et externe de dents latérales,
les dents étant ainsi disposées sur 7 rangées, au lieu de 5 ; de plus,
on voit des dents intercalaires.
Cope - a accepté le genre Uranoplosus et y a rapporté deux
espèces du Crétacique inférieur d'Oklahoma (Etats-Unis) : U. arc-
tatus Cope ; U , Jlectidens Cope.
Le Mesodon Bouchardi^ par la rangée externe et supplémentaire
de dents au vomer, rentre dans le genre Uranoplosus ; Smith
Woodward •* indiquant que dans le genre Mesodon les rangées
latérales de dents au vomer peuvent être irrégulières, d'un autre
côté le splénial A Uranoplosus (U. Bouchardi) ne pouvant être
séparé de celui des Mesodon, nous considérons provisoirement
Uranoplosus comme un sous-genre de Mesodon.
9. Mesodon sp.
(PI. XII, lig. 12).
Vomer de forme triangulaire. Dents de la rangée principale
espacées, irrégulièrement ovalaires, plus grandes que les deux
I. Klutl»' sur les Poissons cl les Reptiles des terrains crétacés et jurassiques
supérieurs de l' Yonne. BaU. Soc. Se. hist. vt nat. de C Yonne, 3' sér., t. I.
a. Journ. Acad. nat. Se. Philad., t. IX, iSij^-
3. Cal. J'ossil fisfies Britisk Museunif t. III, p. 199, 1895.
548 H.«. SAUVAGE a Dec.
rangées latérales. Dents de ces rangées irrégulières, sensiblement
de même grandeur. ,
Grès de Questrecque, Astartien, zone à Pj-gnrusjurensis Roëm.
lo. Mesodon afr. GRANULATUs Mûnster
1880. Mesodon lœvior H.-E. Sauvage. B, S. G. F., (3), VIII, p. 529,
pi. XIX, flg. 4i 4^ (non Fricke).
Le fragment de vomer que nous avons figuré sous le nom de
M. lœçior Fricke, ne doit pas, suivant Smith Woodward (lo<'^- <^î^m
p. 207), être rapporté à l'espèce du Kimméridgien de Hanovre ;
par Técartement des dents de la rangée principale, ce vomer parait
devoir plutôt être comparé à Mesodon granulatus Mûnster.
Dents de la rangée principale séparées, ovalaires, une fois et
demie aussi larges que longues : dents de la rangée intermédiaire
irrégulièrement arrondies, un peu plus grandes que celles de la
rangée extenie.
Kimméridgien supérieur.
II. Mesodon Rigauxi n. sp.
1880. Mesodon granulatus H.-E. jSauvage. B. S. G. F., (3), VllI, p. 5a8,
pi. XIX, fig. 3 (non Mûnster nec Fricke).
Nous avons rapporté à M. granulatus Mûnster, du Corallien
et du Kimméridgien du Hanovre, du Wurtemberg et du Kimmé-
ridgien de \Veymouth, un splénial provenant du Kimméridgien
supérieur de Boulogne. Nous pensons que ce splénial indique une
espèce distincte, caractérisée par quatre rangée^ de dents à la
série externe.
Dents de la rangée principale ovalaires, deux fois aussi larges
que longues, eontiguës, aussi lai*ges que la série externe, décrois-
saut régulièrement de grandeur. Dents de la série interne petites,
sur une rangé(». Dents de la série externe sm* quatre rangées,
arrondies, sensiblement de même grandeur, à part la seconde
rangée où les dents sont plus petites. Toutes les dents lisses.
Esjièce représentée au Musée de Boulogne, par trois spléniaux
prov(Miant du Kimméridgien supérieur. Deux spléniaux du Port-
landien moyen et du Portlandien supérieur.
igOI PYCNODONTES DU JURASSIQUE SUPERIEUR DU BOULONNAIS 549
iQ. Mesodon morinigus Sauvage
(PI. xn, fig. lo).
1880. Mesodon morinicus H.-E. Sauvage. B.S. G, F,, (3), VIII, p. 628,
pi. XIX, fig. a.
Nous avons désigné sous ce nom une portion de splénial parais-
sant provenir des couches inférieures du Portiandien de nos
falaises et faisant partie de la collection de FEcole des Mines. Les
caractères de l'exemplaire type sont :
Dents antérieures de la rangée principale arrondies, dents posté-
rieures ovalaires, un peu plus larges que longues. Petites dents à
la série interne. Dents de la série externe de forme irrégulière, les
dents de la rangée interne étant les plus grandes. Les dents bien
conservées sont granuleuses, des plis irréguliers rayonnant du
centre, qui est déprimé avec un bourrelet granuleux.
Le Musée du Havre (collection Bouchard-Ghantereaux) possède
deux spléniaux que Ton doit rapi)orter à M. morinicus. Les dents
de la série interne sont disposées suivant deux ou trois rangées ;
la série externe se compose de cin([ ou six rangées de dents irrégu-
lièrement distribuées.
Deux fragments de spléniaux conservés au Musée de Boulogne
proviennent de la partie inférieure du Portiandien français.
i3. Mesodon simulans n. sp.
(PI. xn, flg. II).
Splénial de forme triangulaire. Dents de la rangée principale un
peu séparées, une fois et demie aussi lai'ges que longues, avec
l'extrémité interne un peu moins large. Dents de la rangée interne
petites. Trois rangées de dents à la série externe, les dents de la
rangée interne étant les plus grandes ; les dents des deux autres
rangées sensiblement de même grandeur, espacées, irrégulières.
Portiandien inférieur.
A part trois rangées de dents au lieu de deux à la série externe,
cette espèce ressemble à Pj^cnodus (Microdon) vicinits Cornuei, de
YOolithe vacuolaire de la Haute-Marne.
14. Athrodon DouviLLEi Sauvage
Portiandien inférieur.
i5. Athrodon boloniensis Sauvage
Kimméridgien inférieur, zone à Pholadonvya horiulana.
55o PYGNODONTES DU JURASSIQUE SUPERIEUR DU BOULONNAIS 3 Déc.
i6. Cœlodus suprajurensis sp.
(PI. xn, fig. i3).
Vomer de petite taille. Dents de la rangée principale espacées,
ovalaires, arrondies aux extrémités, aussi larges que les deux
autres rangées. Dents des deux rangées latérales sensiblement de
même grandeur, irrégulières. Toutes les dents lisses.
Diflère de C. Mantelli Ag. , par la forme des dents de la rangée
principale. Voisin de la forme désignée par J. Comuel sous le nom
de ? Pycnodus Mantelli Ag.
Deux vomers au Musée de Boulogne, Portlandien-Purbeckien
de la carrière du Mont Rouge, près Wimille.
15. Cœlodus sp.
(PL xn, fig. i4).
On doit, peut-être, regarder comme une anomalie de Cœlodus
suprajurensis un vomer provenant des mêmes couches. Les dents
sont disposées irrégulièrement, irrégulières, de grandeur inégale,
celles de la rangée principale étant, les unes ovalaires, les autres
arrondies.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XU
Fig. I. — Gyrodus Cnvieri Agassiz. Spleniaux. Musée du Havre (collection
Bouchard-Chantereaux). Kiniméridgien supérieur .
Fig. 2. — Même espèce. Vomer. Musée de Boulogne. Kimméridgien supé-
rieur .
Fig. 3. — Même espèce (Gjrrodus Larteti Sauvage). Splénial. Musée de
Boulogne. Kimméridgien. Zone à Pholadomjra hortulana,
Fig. 4> — Gx'^odua umbilicns Agassiz. Vomer. Musée de Boulogne. Portlan-
dien inférieur.
Fig. 5. — Même espèce. Vomer. Musée de Boulogne. Portlandien supérieur.
Fig. 6. — Mesodon affinis Nicolel. Splénial. Musée du Havre.
^^^- 7- — Mesodon Bouchardi n. sp. Splénial. Musée du Havre.
Fig. 8. — Même espèce. Vomer. Musée du Havre.
Fig. 9. — Mesodon Lennieri n. sp. Splénial. Musée du Havre.
Fig. 10. — Mesodon morinicus Sauvage. Splénial. Musée du Havre.
Fig. II. — Mesodon sirnulans n. sp. Splénial. Musée de Boulogne. Portlan-
dien inférieur.
Fig. 12. — Mesodon sp. Vomer. Musée de Boulogne. Astartien. Zone à
Pj-g-nrns jurensis .
Fig. i3. — Cœlodus suprajurensis n. sp. Vomer. Musée de Boulogne. Port-
landien-Purbeckien .
Fig. 14. — (Jœlodus sp. Même collection, même niveau.
Toutes les ligures sont de grandeur naturelle.
REVISION
DES ,
ESPÈCES EUROPÉENNES DE MACHAIRODUS
par M. Marcellln BOULE
La nomenclature et la synonymie des espèces européennes de
Machairodus sont fort embrouillées. J'avais pu m'en rendre
compte, il y a une dizaine d'années, en étudiant des débris de ce
genre provenant des terrains pliocènes du Veiay. Tout récemment
i ai reçu une canine de Machairodus de la région pyrénéenne et,
quand j'ai voulu la déterminer, j'ai éprouvé quelques difHcultés à
me reconnaître au milieu des travaux contradictoires qu'on a
publiés sur les espèces de Machairodus du Miocène supérieur, du
Pliocène et du Quaternaire.
Je ne veux pas refaire l'histoire du genre Machairodus que
diviers paléontologistes ont parfaitement écrite *. Je me propose
simplement d'exposer, d'une façon aussi brève et aussi claire que
possible, les caractères des diverses espèces de Machairodus des
terrains tertiaires et quaternaires d'Europe, en attribuant à chacune
de ces espèces le nom qu'elle doit porter d'après les règles établies
pour la nomenclature.
J'aurai à m'occuper surtout de la canine supérieure, d'abord
parce que cette dent, étant très spécialisée dans le genre Machai-
rodus^ doit a priori fournir de bons caractères pour la spécifi-
cation, ensuite et surtout parce que c'est la seule partie que nous
connaissions chez presque toutes les espèces décrites ou signalées
jusqu'à ce jour.
Nous avons l'avantage d'avoir, dans les collections du Muséum,
soit en nature, soit en moulages, la plupart des documents qui ont
servi à établir ces espèces. Beaucoup d'auteurs ont fait des confu-
sions parce qu'ils n'avaient pas de tels matériaux à leur disposition,
ou bien parce qu'ils se sont contentés de reproduire les indications
erronées fournies par leurs prédécesseurs.
Je dois dire toutefois que la liste des espèces donnée par Zittel
I. Voir notamment : Albert Gaudry, Animaux fossiles et géologie de
FAttîque, p. io6. — Fabuini, Machairodus del Valdarno superiore. Boll,
del R. Comitato geologico d'Italia^ XXI, p. 122. ,
55ut M. BOULE a Dec.
dans son Traité de Paléontologie (IV, p. 679) est très corpecte ; le
travail que je publie arrive aux mêmes conclusions. Je crois cepen-
dant qu'il sera de quelque ulilité, d'abord parce qu'il expose les
raisons sur lesquelles s*appuie cette terminologie, ce que n'a pu
faire Zittel dans son Traité, ensuite parce qu'on y trouvera grou-
X)ées les reproductions de beaucoup de documents épars dans
diverses publications et dont le rapprochement éclaire les questions
de nomenclature ; enfin, il permettra au lecteur de déterminer faci-
lement les dents de Machairodus des gisements européens.
La principale confusion résulte de ce qu*on donne le nom de
Machairodus cultridens, correspondant à l'espèce la plus ancienne-
ment connue et dénommée, à des formes bien différentes les unes des
autres. Il faut d'abord établir ce qu*est le Machairodus cultridens,
Machairodus cultridens, Cuvier.
On sait que le mot cultridens a été imaginé par Cuvier pour
désigner un animal qu'il croyait appartenir au genre Ursus, mais
qui avait des canines aplaties, en forme de lame de poignard *.
Cuvier n'a eu à sa disposition et même n'a connu que trois docu-
ments : i*" un morceau de canine ; a"" le moulage d'une canine
complète du Val d'Amo; 3** un dessin de canine provenant du
Cabinet de Darmstadt. Voici comment il s'exprime : -
« Les Ours des couches meubles du Val d'Amo diffèrent, comme
je l'ai dit, de ceux des cavernes d'Allemagne par les trois petites
molaires qu'ils ont distinctes ; mais on vient de leur trouver un
caractère encore plus marqué dans leurs canines comprimées au
point qu'un de leurs diamètres ne fait pas le tiers de l'autre. En
outre, le bord concave de ces canines est tranchant. Notre Muséum
possède une portion d'une de ces dents et le modèle peint d'une
entière qui est au cabinet de Florence. Il doit l'une et l'autre à la
générosité du feu grand-duc.
I . Ceci se passait en iSa4. Cest seulement quatre ans plus tard, en i8a8,
que Bravard rapporta cette forme de canines à un animal voisin des
Felis et ce n'est qu'en i83a que Kaup créa le genre Machairodus, Cette
histoire du genre n'a rien à voir dans la question qui nous occupe en ce
moment. J*ajoutcrai cependant qu'au point de vue historique, le terme
Megantfiereoriy créé en 1828 comme nom de genre par Croizet et Jobert,
devrait être préféré à celui de Machairodus ; mais ce dernier est mainte*
nant employé par tout le monde : il serait puéril de vouloir encore changer.
a. CuviRR, Ossements fossiles, a* édition, partie II du vol. V, p. 5i6 ; ou
bien 4' édition, t. VU, p. 3oy.
¥ig, I et 3. — Canines supérieures des deux espèces de Machairodiië de
Penier, en grandeur naturelle. Fac-similé des figures de l'ouvrage de
Deviie de Chabrol et BouiUet.
554 M- BOULE a Dec.
« Je trouve parmi les dessins fossiles du cabinet de Darmstadt
qui m'ont été envoyés par
M. S cfaleyer mâcher, celui
d'nne canine comprimée
qui me paraît ressembler
de tous points à celles de
Toscane ; c'est ce qui jne
détermine à changer le
nom d'etruscus que j'avais
donné à cet Ours, en celui
^^^^ de caltridens. »
^HM^^a Ainsi Cuvier a réuni.
^K^^^^H sous un mdme nom spéci-
^^^^^^^m fiqoe, deux animaux d'â^s
^^^^^^H et de gisements très difîé-
^^^^^^H - renls : auquel ont
^^^^^^B a|ipartenu canines
^^^^^H aplaties du Pliocène du
^^^^^^1 Val d'Arno et celui auquel
^^^^^1 a appartenu la canine
^^^^^H aplatie dont il avait vu un
^^^^^1 dessin et qui provenait du
^^^^1 Miocène sapérieur d'Ep-
^^^^1 jjclsheim. Mais il est clair
^^^^ que son jugement a été
Q^^l porté sur les pièces du Val
^y d'Arno et non sur le dessin
du cabinet de Darmstadt,
celui-ci ne lui ayant servi
que pour faire une assimi-
lation d'ailleurs erronée.
La question serait donc
très simple s'il n'y avait
qu'une espèce de Machai-
rodus au Val d'Arno.
Mais, en Italie comme en
Kg. 3 et 4. — Photographies des pièces étu- Auvergne , les terrains
dilues par Cuvier; (tr. nul. A, nioulage pliocènesrenfermentdeux
d'une ciiniiie eniiérc du Va] d'Arno ; B, portes bien différentes de
frnffiiieiit d'une ciminr du \al d'Arno. , . ,
,,,,,„,. . , . , „ , canmes supérieures de
Coll. df Piilt'ontoloeic [lu Muséum. . ^^
Machairodus et ces deux
formes ont été connues à peu près simultanément, puisqu'elles
I9OI REVISION DES ESPÈCES EUROPEENNES DE MAGIIAIRODUS 555
figurent côte à côte sur la même planche, dans le mémoire de
Devèze de Chabrol et Bouillet S le premier à ma connaissance où
des dents de Machairodus aient été représentées (fig. i et 2). Dans
l'ouvrage de Groizet et Jobert -, publié un an plus tard, nous
voyons les deux types dessinés, Tun sous le nom de Cultridens
Issiodorensis, l'autre sous celui de Cultridens Eiueriarwn, Enfin
Bravard ^ a également fait connaître les deux formes.
Il est très facile de distinguer ces deux sortes de canines. Elles
sont de grandeur inégale. La petite est en même temps plus fine,
plus étroite, on pourrait dii'e plus élégante ; elle est dépourvue de
crénelures sur ses bords tranchants (fig. 2 à 5) ; la seconde, plus
grande, est relativement plus large ; ses bords tranchants sont
finements crénelés, comme les dents de Mosasaures (fig. i et 10). Il
s'agit de savoir à quelle sorte de dents appartiennent celles que
Cuvier a pu étudier.
J'ai retrouvé facilement, dans les collections du Muséum, les
pièces auxquelles l'illustre savant fait allusion (N^* 618-620 du
catalogue A. C). J'en donne ici des figures (3 et 4) qni permettront
de lever tous les doutes sur ce qu'on doit appeler Machairodus
cultridens, si Ton veut, à l'exemple de tous les paléontologistes
ayant écrit sur cette question, .conserver la dénomination de
Cuvier. Celle-ci doit s'appliquer aux canines de dimensions plus
petites, plus étroites, aux bords tranchants dépfourvus de créne-
lures. On remarquera que Cuvier n'a pas parlé de ces crénelures,
ce qui sufilrait à prouver, luéuie dans le cas où nous ne les connaî-
trions pas, que les pièces examinées par lui en étaient dépourvues.
C'est malheureusement ce que n'a pas compris Bravard *. Ayant
découvert à Perricr une belle portion de tcHe d'un Felis muni de
canines cultriformes du pi*emier tyi)e, il a pu démontrer : i" que
ces canines n'étaient pas des canines d'Ours, comme l'avait cru
Cuvier et comme l'avaient admis Croizet et Jobert ; 2° que la
mâchoire supérieure, qu'il venait de découvrir, appartenait à
l'animal que Croizet et Jobert, décrivant sa mâchoire inférieure,
avaient appelé Felis meganthereon ou plus simplement Megan-
1. Devkzr dk Chabrol el Bouillkt, Essai géologique sur les environs
dlssoire, in-r, 1827, p. çfi et pi. XXVI, (ig. i à 5.
a. Croizet et Jobert, Recherches sur les ossements fossiles du Puy-de-
Dôme, 8» livr., pi. I des Ours, lig. i et 6 et pi. VII, lig. 4-6. Explication des
planches sur la couverture en papier jaune de la 8« li\Taison.
3. Bravard, Monographie de la montagne de Perrier, 1828. pi. III, lig. 5-6
et xo-ii.
4. Loc, cit., p. 141. et suiv.
556
M. nOULK
a Dec.
tkereon. Mais, comme Bravai-d connaissait aassï les dents crénelées
et plus grandes, il appela celles-ci
Félin cullridens.
A partir de ce moment, la confu-
sion créée par Bravard se retronve
dans les travaux de la plupart des
paléontologistes : Kaup, Blaïnville,
Suess. MM. Albert Gaudry. Lydek-
ker, etc.
Pictet ' et Gervais ■ ont employé le
nom de cullridens pour désigner à la
fois la (grande et la petite forme de
Perricr, qu'ils ont considérées comme
deux simples races d'une même
espèce.
Il est aujoai-d'hui impossible de
partager culte dernière opinion. Les
deux formes de Maehairodus, distin-
guées, dt-9 l'origine, par les paléon-
toi triste s auvei^nats, doivent être
désignées par deux noms ditTérents.
D'après l'exposé qui précède, il est
clair que le nom spécifique de cultri-
dens doit être réservé au Mâchai-
rodas pliocène du Val d'Amo ou de
l'Auvei'gne, dont la taille était à peu
près celle d'une Panthère, qui avait
des canines supérieures relativement
étroites et dépourvues de crénelures.
Le nom de Meganthereon, employé
dans uii sens spécifique, doit tomber
en synonymie comme étant plus
récent.
Nous allons maintenant passer en
i-evue les formes de Maehairodus
trouvées dans les gisements européens
de diverses époques et nous serons
ainsi amenés à déterminer le nom que
doivent porter les grandes canines crénelées de l'Auvei^e ou
du Val d'Arno,
I. Traiti- de paléontologie, p, a^o,
3. Zoologie et paléontologie rran^aiscs, a' édit., p, aSi.
Flg. 5. — Canine supérieure de
Machalrodua callridenâ ;
gr. uat. Coll. Croizel, gale-
rie de Patéontulogie du Mu-
I9OI REVISION DES ESPACES EUROPEENNES DE MACHAIRODU8 667
Machairodus aphanistus, Kaup
{Machairodas d*Eppelsheim et de Pikermi)
Nous savons que Cuvier a vu le dessin d'une canine d'Eppels-
heim. Cette canine a été représentée par Kaup ^ Elle ressemble
beaucoup (fig. 6) aux grandes canines du Pliocène du Val d*Amo
et de l'Auvergne ; elle porte des crénelures comme celles-ci. Aussi
Kaup lui a-t-il donné le nom de Machairodus cultridens et son
exemple a été suivi par la plupart des paléontologistes. En même
temps, Kaup désignait sous les noms de Felis aphanista et à'Agno-
terium antiquum, diverses dents d'un grand Chat trouvées dans le
même gisement. Certaines éUûent crénelées comme la canine, mais
Kaup ne sut d'abord pas établir de rapprochements entre les deux
catégories de dents. Ce n'est que beaucoup plus tard, en 1869. V^^^
rapporta tous ces débris au Machairodus cultridens -. Entre temps,
Wagner ^ puis Roth et Wagner * décrivirent quelques pièces de
Pikermi, notamment une belle portion de tète munie de sa mâchoire
inférieure, sous les noms de Felis gigantea et de Machairodus
leoninus. Je reproduis ici (fig. 7) le dessin d'une canine par Roth
et Wagner. Enfin M. Albert Gaudry. considérant comme établie
l'identité des deux animaux de Pikermi et d'Eppelsheim, les étudia
sous le nom de Machairodus cultridens •">.
Nous connaissons maintenant la véritable nature du Machai-
rodus cultridens et nous savons qu'il ne faut plus employer ce nom
pour désigner la grande forme de Machairodus à canines crénelées
d'Eppelslieim ; il nous faut revenir, non [)as comme l'a l'ait
M. Schlosser ^ à l'expression de leoninus qui est beaucoup plus
récente, mais à celle d'aphanistus créée par Kaup, pour des débris
bien caractérisés et bien figurés.
he Machairodus aphanistus, Kaup, du Miocène supérieur d'Ep-
pelslieim. de Pikermi, de Samos, de Baltiivar. du mont Lt^beron,
de Maragha, est donc la seconde esi)èce du genre au point de vue
historicjue; elle diirère de la preniicre, ou Machairodus mit ride ns,
par sa taille [)lus forte, comparable à celh' d'un grand Lion, par
I Kaup, Dt'scripiion (rossom(*iils fossiles de Maiiiinifères. . ., iî<3i», p. i»4,
Carnivores, pi. I, (ijç. 5.
a. y eues Jahrhuch i'on Leonhard und Bronn^ ^ 270.
3. Abhand. der Bayer. Ahad. der Wissens, vol. 5, pi. Il, iig. 0. i8|S.
-J. /d., vol. VU, pi. IX, Iig. 1-5, i85'4.
5. Albert Gaudry, Animaux fossiles et géologie de FAttique, p. io5.
<>. Sgiii.ossrr, Die AfTen... p. 436.
Fig. (). — Canine supérieure du
Machaivodus d'Ex)pelsheim ; gr.
nat. Calque de la ligure donnée
par Kaup.
^*8»* 7- — Canine supérieure du
Machairodus de Pikcrmi • gr.
nat. Calque de la ^gurc donnée
par Roth et Wagner.
igOI REVISION DES ESPECES EUROPEENNES DE MAGHAIRODUS SSq
«
sa canine supérieure, grande, large, crénelée, par le développement
relativement plus considérable de sa troisième prémolaire infé-
rieure, par la forme différente de la carnassière supérieure ; je
reviendrai plus loin sur ce dernier caractère.
Maghairodus latidens, Owen
La troisième espèce, dans Tordre chronologique, est le MachaU
rodus latidens, du Pléistocène d'Angleterre. Boyd-Dawkins * a
raconté l'histoire de la découverte, dans la caverne de Kent's
Hole, par Mac Enery, des quelques dents signalées ou décrites
par Owen - sous le nom de Machairodus latidens. Le Muséum
possède des moulages de trois de ces dents,* deux canines et une
incisive supérieures ; ils ont été donnés à Blainville par Mac Enery
et les originaux correspon4ants sont ceux qui ont été figurés par
Boyd-Dawkins. Nous pouvons donc les comparer facilement aux
débris que nous avons des espèces précédentes.
Les canines de Kent's Hole (fig. 8 et 9), très différentes des
canines du Machairodus cultridens, sont à la fois moins allongées
et plus élargies ; leurs bords tranchants présentent de fortes
crénelures.
On peut aussi les distinguer de celles du M. aphanistus, dont
la longueur est beaucoup plus considérable, mais qui sont pro-
portionnellement plus étroites. De plus, dans le M. latidens, les
bords tranchants sont plus amincis, les crénelures paraissent
plus fortes.
Les Machairodus quaternaires sont très rares. Gervais -^ a
décrit deux dents provenant de la caverne de la Baume, dans le
Jura : ime canine inférieure et une moitié de carnassière infé-
rieure; il les a rapportées au M. latidens. M. D'Aultdu Mesnil * a
figuré un morceau de canine supérieure trouvé dans les graviers
quaternaires les plus infériem's des environs d'Abbe ville. Il est
difficile d'afïirmer, d'après ce dessin, qu'il s'agit de la môme espèce ;
mais cela est probable.
J'ai reçu moi-même, d'une grotte fouillée à Montmaurin (Haute-
Garonne) par mon ami M. Gartailhac, une canine supérieure dont
la forme générale est identique à celle des canines d'Angleterre.
1. Pleistocene Mammalia, part IV, p. i85.
2. British Fossil Mammals, 1846, p. 176.
3. Zool. et Paléont. générales, 1, 1867, p. 78, pi. XVIII, i\^. 3 et 4.
4. In La Société, l'école et le laboratoire d'anthropologie de Paris a
TExposition universelle de 1889, p. i5i, ûg. 34.
Zittel a signalé la découverte du .V. latidens en Ligurie ; sî cette
indication se rappoi'te, comme je le suppose, à la grotte des Fées,
Fig. S et g. — Canines supérieures du Mai-hairadus lalideiu de Kent's Uole.
A, canine gaucbe vue sur sa face externe ; B, canine droite vue sar sa
face interne ; gr. nat. Calques des libres données par Boyd-Dawkins.
décrite par MM. Issel et Amerano ', elle est erronée : j'ai pu
m'assurer de pisu que la dent trouvée dans cette grotte et attribuée
d'abord à un Machairodas, a appartenu à un Cétacé.
. Cf. V.ïnthropotogie,
igOI REVISION DES ESPECES EUROPEENNES DE MACHAIRODUS 56l
Machairodus crenatidens, Fabrini.
Nous devons maintenant nous demander ce que devient Tespèce
du Pliocène d'Auvergne et
d'Italie à grandes canines cré-
nelées. Nous avons vu que la
plupart des auteurs la dési-
gnent sous le nom de cuit ri-
dens et appellent meganthe-
reon la petite forme à dents
lisses. Pour ces paléontolo-
gistes, le gi*and Machairodus
pliocène du Val d'Amo et de
Perrier appartient à la même
espèce que le Machairodus
du Miocène supérieur d'Ep-
pelsheim et de Pikermi.
D autres noms lui ont été
donnés en France et en Italie.
On a trouvé, aux environs
du Puy, à Sainzellcs, plu-
sieurs dents de Machairodus,
Aymard les a désignées sous
le nom de M. Sainzclli. Ger-
vais * a figuré une incisive.
Une canine supérieure, trou-
vée à Ceyssaguet, près du
Puy (flg. iq), ressemble tout
à fait aux grandes canines de
Perrier ou du Val d'Anio. Il
semble donc qu'on pourrait
appeler le grand Machairo-
dus des divers gisements
pliocènes M, Sainzelli, Mais
il faut convenir que les indi-
cations données par Aymard
et Gervais pourraient paraî-
tre insufilsantes.
En 1890, M. Fabrini - a
Fig. 10. — Cai
supérieure gauch
de Machairodus crc-
naiidens, vue sur la
face externe ; gr. nat.
Calque- de la ligure
donnée par M. Fabrini.
I. Zoologie et paléontologie françaises, 12* édit., p. u3i.
a. I A/ac/iairodiw del Valdarno superiope. BoW. delH. Comiiato geologico
d'ItaUa, XXI, p. lai et p. 161, avec 3 pi.
18 Février 190a. — T. 1".
Bull. Soc Gcol. Vv - 36
56a M. BOULE !i Dec.
repris Fétude détaillée des restes de Machairodus qui se trouvent
au Musée de Florence. Il a eu le mérite de dissiper TéquiToque
qui avait régné dans la science depuis Guvier et de désigner, sous
son vrai nom de cultridens,' la forme à canines étroites et sans
crénelures.
Il a ensuite étudié les formes à grandes canines crénelées sur
les deux bords tranchants et il leur a donné le nom de Machai-
rodus crenatidens. Il a montré comment la canine supérieure de
cette espèce (fig. lo), peut se distinguer de la dent cultriforme du
M, apAa/zis/as. Celle-ci est plus droite, moins incurvée ; la couronne
est beaucoup plus développée que la racine, ce qui est le contraire
chez M. crenatidens.
n est facile de trouver d*autres différences en comparant les
figures de Roth et Wagner, ou mieux les moulages des pièces de
Pikermi que nous avons au Muséum, avec les figures de M. Fabrini.
C'est ainsi que la carnassière supérieure du M. aphanistus a son
lobe antérieur, de forme bifide, relativement très développé, puis-
qu'il représente presque le tiers de la longueur totale de la dent,
tandis que chez M. crenatidens^ comme chez les Felis, ce premier
lobe, très réduit, ne représente environ que le i/4 ou même le i/5
de la longueur.
Je donne ici (fig. ii) les contours au trait des carnassières
supérieures gauches de divers Machairodus, pour montrer les difle-
rences que ces dents présentent dans la forme de leur premier lobe.
J*y ai joint deux figures de carnassières de Lion des cavernes, une
carnassière de lait et une carnassière d'adulte. On verra que la
dent de lait du Lion présente aussi un lobe bifide. C'est un souvenir
ancestral de l'état par lequel ont passé un certain nombre de
Félins primitifs et quelques espèces de Machairodus^ moins
évoluées que les autres à cet égard.
On peut aussi distinguer le M. crenatidens du M, latidens ; les
canines de l'espèce quaternaire sont plus petites et ont une forme
générale un peu difiérente. (Comparer la fig. lo avec les fig. 8 et 9).
Ainsi la dénomination de crenatidens , bien que relativement trî^s
récente et s'appliquant à l'une des formes les plus anciennement
connues, doit être retenue pour désigner la grande espèce de
Machairodus à canines crénelées du Val d'Arno en Italie et de
Perrier en Auvergne.
Les Machairodus provenant de deux localités pliocènes des
environs du Puy, Sainzelles et Ceyssaguet *, me paraissent devoir
«
I. M. BouLR. Description géolo^^quc du Velay, p. 188 et p. !io5. Bull, du
Serçice de la Carie géologique de France, N» a8.
igOI RKYISION DES ESPACES EUROPEENNES DE MACHAIRODUS S63
Machairodus palmidens. Sansan. Galerie
de Paléontologie du Muséum.
Machairodus JovurdanL La Grive-Saint-
Alban. D'après une ligure de M.
Depéret.
Machairodus apkanistas de Pikermi,
d'après un moulage d'une pièce du
Musée de Munich. Galerie de Paléon-
tologie du Muséum.
Machairodus cultridens de Pcrrier. Coll.
Croizet au Muséum.
Machairodus crenatidens du Val d'Arno.
D'après une ligure de M. Fabrini.
Felis leo var. spebea. Carnassière de
lait. Quaternaire de Châteauneuf-
sur-Cliarente. Coll. Chauvet au Mu-
séum.
Felis Leo var. spelœa. Carnassière d'a-
dulte. Quaternaire de Vence. Coll.
Bourguignat, au Muséum.
Vig. II. — Profils des carnassières supérieures gauches de divers Félins
fossiles, vues sur la face externe, sauf celle du M. Jourdani qui est vue
sur la face interne. Grandeur naturelle.
FiR. 13. — Denis df Macltairodiu crenatidena, de Ceyssagnet (Haute -Loire).
Tii-andcur naturelle. A, canine supérieure limite vue par su fnce interne ;
It, la mi'iiie vue pur sou lioril postérieur ; C, les crênelures f
U, 'i' prêmolnint gauelie, vue [>ar sa fuee externe; E, la mèn
faee interne. Coll. Vinay à Corsae, près I.e Puy.
IgOI REVISION DES BSPÈCES EUROPÉENNES DE
565
rentrer dans la mâme espace. Cela est certain pour le Maehai-
rodas de Ceyssaguet, dont on trouvera ici les débris fibres pour
la première fois. Ces restes font partie de la belle collection de
fossiles recueillie auti'efois par Vinay, et que In famille de ce
regretté savant voulut bien mettre à ma disposition au moment où
je faisais mes études sur la géologie du Velay. Ils consistent en
une canine supérieure cassée aux deux extrémités et en une troi-
sième prémolaire gauche (Hg. la). La forme et les dimensions de
ces dents n'otirent pas de diiTércnccs sensibles avec les dents
analogues du M, crenaiidens d'Italie.
En lB8â. M. Aymard m'autorisa à dessiner les dents du Mâchai-
rodus de Sainzelles qui se trouvent aotnellement au musée du Puy.
Je reproduis ici (lig. i3 et i4), la photographie de ces dessins
exécutés fidèlement à la chambre claire. Us représentent des
Fig. t3. Dents iafÉriFuruH de Machairodaa i-renalidens de Sainzc11i;s (Haule-
Loire) ; grandeur naturelle. A, A", i" ou a» incisive gauchi; ; H, B', 3' inci-
■ivc droite ; C, canine. Coll. Aymard, au Musée du Puy.
incisives, une canine inférieure, une dernière prémolaire et une
carnassière inférieures. Toutes ces dents, sauf la carnassière, sont
plus ou moins ornées de crénelures sur leurs boi'ds trancliants.
Elles accusent un animal notablement plus grand que le M. erena-
tidens du Val d'Arno et atteignant presque la taille du Smilodon
d'Amérique.
La carnassière est remarquable. Si. d'un cAté, les circonstances
de sa découverte, l'aspect comprimé et tranchant de sa couronne
doivent la faire attribuer à un Mackairodus plutôt qu'à un grand
Felis, d'un autre côté, son développement en longueur est vrai-
ment extraoï-dinaire. Cette dent mesui'c en effet 3^ millim. tandis
566
M. BOULE
a Dec.
que chez le M. crenatidens du Val d'Arno elle ne parait pas
dépasser 3t millim. et que sur le magniiique exemplaire du
Smilodon du Mu-
A -^ .^I^B^ ^ .^ séum, pourtant de
taille 1res considé-
rable, elle n'atteint
que 39 millim.
Les proportions
relatives de cette
carnassière et de la
dernière prémolaire
qui la précède sont
d'ailleurs sensible-
ment les mêmes que
chez le M. crenati-
dens représenté par
la fi^re 5, pi. IV, dn
mémoire de M. Fa-
brini. Il est donc
probable que le Ma-
chairodua de Sain-
zelles n'est simple-
ment qu'un individu
ou qu'une variété
particulièrement ro-
buste du M. crenaH-
dens. Il est curieux
d'observer que le
même gisement a
fourni la tête d'une
Hyène se rappro-
chant beaucoup, par
tous ses caractères
anatomiques , de
YHrœna Perrieri ,
également de Per-
rier et duVald'Amo,
mais en dilTérant par ses dimensions relativement énormes *.
On a signalé plusieurs fois des débris de Machairodas dans le
I. M. BouLB, Description* de X'Hyiena brevirostrlt du Pliocène de Saiu-
lelles, près Le Puy (Haute-Loire). Ann. des Seienee» nalurelle». Zoologie,
l. XV, p. 8j, pi. 1.
Fi^. 14. — Molaires inférieures [de Maehairodu*
crenalideni, de Sainielles (Haule-Luire). Gran-
deur naturelle. A, A', A", 4' prémolaire gauche,
vue par sa face externe, en dessus et par sa face
internr ; B, B', B", carnassière gauehe, vue par
sa race externe, en dessus et par sa face interne.
Coll. Ayinard, au Musée du Puy.
IQOI REVISION DES ESPÈCES EUROPÉENNES DE MACHAIRODU8 56^
Forest-bed d'Angleterre. G*est d'abord un fragment de canine supé-
rieure décrite par Ray-Lankester *, mais non déterminée spécifi-
quement. C'est, plus tard, une mandibule décrite par MM. Back-
house et Lydekker -. Les. savants anglais, égarés par la synonymie
trompeuse qui avait alors cours dans la science et privés de termes
de comparaison, ne purent arriver à une détermination précise.
C'est avec raison, selon moi, que M. Fabrini considère les pièces
troavées dans le Forest-bed comme se rapportant au M, crenatidens.
Machairodus Nestianus, Fabrini.
Parmi les restes de Machairodus qu'il a eus à sa disposition,
M. Fabrini a distingué une mâchoire supérieure et une mâchoire
inférieure, d'ailleurs assez mal conservées, sous le nom de M, Nes-
tianus. Ces pièces indiqueraient un animal voisin, comme taille, du
M. crenatidens, mais qui aurait eu la face plus allongée. La canine
supérieure ressemble à celle du M, crenatidens, quoiqu'elle soit un
peu moins robuste ; mais elle en diffère surtout parce qu'elle n'est
crénelée que sur son bord concave ou postérieur. En outre, la
mandibule présente un espace libre, ou diastème, enti^e la troisième
et la quatrième prémolaires. 11 est possible que ces différences soient
accidentelles et n'aient pas une grande valeur. Peut-être avons-
nous à faii*e simplement à une variation individuelle, un peu
aberrante, du 3/. crenatidens ou même, en ce qui concerne la
canine, à de simples différences sexuelles.
Il est bon, à ce point de vue, de faire remarquer que les gise-
ments pliocènes de l'Auvergne ont aussi fourni des canines de la
forme crenatidens y mais dépourvue, comme le M. Nestianus, du
Val d'Amo, de crénelures au bord antérieur ^.
Autres espèces européennes de Machairodus
Afin de rendre ce travail plus utile au point de vue pratique des
déterminations, je vais compléter l'énumération critique des
diverses espèces de Machairodus rencontrées dans les gisements
européens.
Le plus ancien représentant du genre a été signalé dans les
phosphorites du Quercy par M. H. Filhol, d'après des morceaux
I. Geological Magazine, VI, 1869, p. 44». P*» XVI.
a. Quat. Journ, geolog. Society, \LVL, 1886, p. 309, pi. X.
3. Bravard. Loc, cit., Ûg. 10 de la pi. m.
5$8
M. BOULE
2 Dec.
de canines dentelées, qui n'ont pas été figurés. Ces débris dénote-
raient une espèce de grande taille à laquelle M. Filhol a donné le
nom de M, insignis. Nous savons d*aillenrs que les phosphorites
ont livré, non-seulement des Félidés qu'on peut considérer comme
évoluant vers le type Machairodus (^tu-
:\ riciis, j^lurogale)^ mais encore des formes
plus spécialisées, à certains égards (Eusmi-
lu8)f que les Machairodus eux-mêmes.
A Sansan, on a découvert, depuis long-
temps, un véritable Machairodus, le M.
palmidens, dont un beau crâne se trouve
dans les galeries de Paléontologie du Mu-
séum. Cette espèce, de la taille du Guépard,
plus petite par conséquent que le M. cuU
tridens, a ses canines supérieures créne-
lées, mais relativement peu développées
(fig. i5) ; sa carnassière supérieui*e paraît
avoir le premier lobe bifide, du moins
autant qu'on puisse en juger dans Tétat
d* usure où se trouvent les dents que nous
possédons (Voy. ûg. ii).
A La Grive-Saint-Alban, M. Filhol * a
fait connaître quelques dents (une canine
supérieure, une quatrième prémolaire et
une carnassière inférieures) d'une espèce
intermédiaire, comme grandeur, entre le
M. cultridens et le M. aphanistus et qu'il
a appelée Machairodus Jourdani, Bien
qu'elle soit mutilée à ses deux extrémités»
la canine accuse une forme assez particu-
lière (fig. i6) : la couronne est moins développée et moins large
que la racine ; celle-ci est moins effilée, plus obtuse que dans les
autres espèces -. M. Filhol a appelé Tattention sur un caractère
intéressant de la dernière prémolaire, dont le lobe antérieur, \e
I. Archives da Muséum de Lyorif IH, 1881, p. 56, pi. IV, fig. 3 à 5.
a, La fi^re de cette dent, donnée par M. Filhol, ne montre pas de créne-
lures. M. Chantre a eu la bonté d'examiner pour moi la pièce originale. Il
m'a écrit qu'elle a des crcnêlures sur le bord antérieur ou convexe ; ces
crénelurcs, étnnt très fines, étaient passées inaperçues. Pourtant, quand on
est prévenu, on peut les reconnaître même sur le moulage de cette pièce
que nous avons au Muséum.
Fig. 16, — Canine supé-
rieure de Machniro-
dus palmidens; San-
san. Gr. nat. D'après
deux échantillons de
la galerie de Paléon-
tologie du Muséum.
19»! REVISION DES ESPÈCES EUROPÉENNES DE M.\CIIAIRODUS 669
lobe postérieur et le talon sont à peu près également développtïs ;
cette disposition donne à la dent
une forme assez particulière, qui
se trouve également dans le Ma-
chairodus de Sansan ( Voy. iîg. 1 7).
Le Hyseniclis germanica de
Steinheîm, décrit par Fraas ',
paraît devoir se rapporter à la
même espèce.
Le Miocène supérieur d'Eppcls-
heim, de Pikermi, de Maraglia
renferme beaucoup de restes de
Felis qui ont fait l'objet de descrip-
tions assez diffuses.'
Kaup ' avait décrit sous le nom
de Felia ogj-gia, un iporceau de
mandibule remarquable par le
développement relativement consi-
dérable du diastt'me séparant la
canine de la troisième prémolaire
et destiné à livrer passage à la
canine supérieure. Kittl ^ a trouvé
à Maragha une forme voisine qu'il
a appelée Machairodas orientalh
et "Weithofer * a donné le nom de
Machairodas Schlosseri à des
pièces de taille un peu plus forte
provenant de Pikermi. /ittel '
admet que toutes ces espèces n'en
forment qu'une, qu'il appelle Ma-
chairodas ogj-gias, et M, Schlos-
ser ' ne paraît pas éloigné de pai--
tager la même opinion.
Pour ma part, je serais tenté
d'aller plus loin. Les raisons qui
ont poussé MM. Weithofer et
Schlosser H rapporter ces divei-s nior
I. Wart. Jahreab., i885. p. :ii.), pi. [V.
a. Loc. cil.
3, Ann. Ho/mas. Wim, 1887, p. Sag, pi. XIV et XV.
V Beitr. Pal. Oeêt.-Ung,. i«8«, p, aîî, pi. XI. lijr. 1 i
&. Traité de pàléoDtologie, p. 67g.
S. Die Affen..., p. 44a.
Macliairodai Jountani
(■rue Saint Vlbnii GrHiid
iiQlur DaprcK In li^ dnnnir
pnr M Filtiol it 1111 imml igt
du Muse. .1. l\mi
■aux au genre Machairodas
5'jo
M. BOULE
a Dec.
ne me paraissent pas convaincantes. Le diastème est loin d'être
aussi étendu que chez les véritables Machairodas ; la canine infé-
rieure est aussi développée que chez beaucoup de Felis actuels de
même taille ; les molaires n'ont pas Taspect comprimé et tranchant
Machairodas palmidertSf de San-
San. Galerie de Paléontologie
du Muséum.
MachairoduB Jourdaniy de La
Grive-Saint-Alban. D'après un
moulage d*une pièce du Musée
de Lyon..Coll. de Paléontologie
du Muséum.
Machairodttê aphaniêtu8,de Piker-
mi. D*après un moulage d'une
pièce du Musée de Munich.
Coll. de Paléontologie du Mu-
séum.
Machairodas cuUridens^ de Per-
rier. Coll. Croizet à la galerie
de Paléontologie du Muséum.
Machairodas crenatidens, du Val
(PArno. D'après une figure de
M. Fabrini.
Fig. 17. — Dernière prémolaire et carnassière inférieures gauches de diverses
espèces de Machairodas. Grandeur naturelle.
des molaires de Machairodas, elles sont épaisses comme dans les
Felis., Enfin, la mandibule a son bord inférieur droit et ne présente
aucune trace de l'expansion ou saillie verticale si caractéristique
des Machairodas,
.^.n liKS ESPACES EUROPEENNES DE MACHAIRODUS 5^1
Les FeUs oa Maehairoduspriscus^ Kaap, antedilmnanus, Kaap,
leiodont Weith., d'Eppelsheim ou de Pikermi, reposent sur des
documents trop incomplets pour qu'on puisse les prendre en consi-
dération.
Le Machairodas maritimus de Christol ^ n'a jamais été décrit
ni figuré ; il n*y a pas lieu d*en tenir compte, an moins pour le
moment
RÉSUMÉ ET TABLEAU SYNOPTIQUE
n ne me reste plus qu*à résumer les détails qui précèdent en un
tableau synoptique présentant les caractères différentiels des
espèces de Machairodus qui sont bien établies. Ce tableau per-
mettra d'arriver à leur détermination avec la plus grande facilité.
MACHAraoDUs :
Félidés caracté-
risés parleurs
canines supé-
rieures culuri-
formeSyla réduc-
tion^en nombre
et en grandeur,
de leurs prémo- \
laires, raspect
aminci, tran-
chantyde toutes
leurs dents,
dont les bords
coupants sont
ornes ou non
de crénelures.
A. Ajii-
maux
d'une
taille
voisine
de celle
de la
Panthère.
Canines sans crénelures ; lobe anté-
rieur de la carnassière supérieure
à une seule pointe: 4* prémolaire
inférieure à trois lobes M. cultaidbns.
Janines créne- 1 Canines relative-
lées; carnassiè-\ ™^"** petites. . M.rxLMiDBNS.
.lobessub?gaux. !l^PPt!f'*^'''''
® couronne . . .
B. Ani-
maux
de la
taille du
Lion.
/
Canines créne-
lées sur les deux
bords tran-
chants.
M. JOURDANI.
A couronne plus
développée que
la racine; lobe
antérieur de la
carnassière bi-
fide M. APHANISTUS.
A couronne plus
recourbée que
dans la forme
précédente, lobe
antérieur de la
carnassière su-
périeure à une
seule pointe. . M. grbnatidkns.
Canines plus
courtes que les
précédentes ;
crénelures plus
« accentuées. . . M. latidbns.
Canines crénelées sur le bord pos-
térieur seulement ..M. Nestianus.
I. B. S. G. F,, 1849, p. 170.
572 M. BOULE 2 Dec.
Au point de vue stratigraphique, les espèces dont j*ai parlé se
répartissent ainsi :
Quaternaire : M. latideris.
Pliocène : AI, cultridens, M, crenaiidens. M, Nestianus,
Miocène supérieur : M, aphanistus^ et (?) AI. ogygius.
Miocène moyen : Al, palmidens, AI. Jourdani,
Oligocène : Af, insignis (?).
J'aurais voulu dresser, pour le genre Afachairodus, un tableau
montrant les affinités des diverses espèces dans l'espace et dans
le temps, c'est-à-dire un tableau analogue à celui que M. Albert
Gaudry et moi avons donné pour les Ours et les Hyènes *, mai»
les essais auxquels je me suis livré sont trop peu satisfaisants pour
que je les reproduise ici.
Pourtant ils m'ont permis de faire quelques remarques inté-
ressantes.
Les premiers Machairodus sont moins spécialisés que les
deraiers, ce qui est conforme aux lois de l'évolution. Les
Alachairodus du Miocène moyen ont leurs canines relativement
petites, leurs carnassières supérieures présentent un premier lobe
bifide ; leurs dernières prémolaires inférieures ont un aspect
particulier dû au développement du talon, qui acquiert presque
la valeur d'un quatrième denticule.
Dans le AI, aphanistus, du Miocène supérieur, la canine a pris
un développement considérable ; la dernière prémolaire inférieure
a réduit son quatrième lobe à Tétat de talon pour prendre l'aspect
d'une dent de Felis actuel, mais la carnassière supérieure a con-
servé son premier lobe bifide.
Le M. neogœuSy ou Smilodon, d'Amérique, a gardé un souvenir
de cet état de choses, car sa carnassière supérieure ressemble
beaucoup à celle du Af. aphanistus et peut-être la forme améri-
caine descend-elle, plus ou moins directement, de la forme du
Miocène supérieur européen. Le Smilodon est d'ailleurs, à d'autres
égards, le type le plus spécialisé, le plus achevé, du genre Alachat-
7'odus,
Au Pliocène, les Alachairodus de nos pays ont perdu les traits
particuliers qui distinguaient la carnassière supérieure et la
dernière prémolaire inférieure de leurs prédécesseurs. Ces dents
sont maintenant établies tout à fait sur le plan de celles des Felis
actuels ; mais il n'est pas douteux que ces espèces ont passé par
1. Matériaux pour Vhlstoire des temps quaternaires, fascic. 4» 18^.
igOI REVISION DES ESPÈCES EUROPÉENNES DE MACHAIRODUS 5^3
Fétat antérieur* puisque, aussi bien chez les Machairodus que chez
les FeUs actuels, la dentition de lait rappelle et reproduit cet état
antérieur.
Le M, cultridens du Pliocène est une forme remarquable par
Fabsence de crénelures ; nous ne lui connaissons ni ascendants, ni
descendants directs.
Le M, crenatidens et le M. latidens paraissent être bien voisins ;
le second pourrait bien n'être qu'un descendant diminué du premier.
Les canines se ressemblent beaucoup dans les deux espèces, mais
nous ne connaissons le M, latidens que très imparfaitement ; il
serait imprudent, en ce moment, d'aller plus loin dans cette voie
des rapprochements.
LE CÉJNOMANIEN
DES ENVIRONS DE TOULON
ET SES ÉCHINIDES
par M. A. MICHALET.
Les couches cénomaniennes que Ton rencontre sur divers points
des environs de Toulon font toutes partie du grand bassin crétacé
au centre duquel se trouve le Sénonien du Beausset, de la Cadière
et du Castellet, que i*ecouvrent, par places, le Danien saumâtre à
Melanopsis et Cy rênes et des couches de Trias dont Tapparition,
au sein de ce Crétacé supérieur, donne lieu à des discussions aussi
ardues que savantes.
Le bassin crétacé du Beausset est formé de vastes demi-cercles
à peu près concentriques. Ceux qui décrivent la plus grande
courbe, et représentent la craie la plus inférieure, se dégagent, au
nord de Cassis, des masses crétacées de même niveau qui occu-
pent tant de place au sud-est du département des Bouches- du-
Rhône. Ils viennent, par Cuges, le sud de Signes et le nord du
Revest, former, à l'est de Toulon, le sommet de Coudon, repren-
nent la courbe par les hauteurs du Faron, de Beaumont, du cap
Gros, la terminent par celles du Grand et du Petit Cerveau et
disparaissent vers le nord de Bandol.
Presque tous les autres étages crétacés, moyens et supérieurs,
forment en dedans de cette première courbe, d'autres demi-cercles
analogues.
Le bassin crétacé du Beausset est bien connu des géologues. Il a
été Tobjet de travaux importants, et, surtout, d'une description
détaillée, dans les Mémoires de la Société géologique de France,
par M. A. Toucas.
Seulement, tous les points d*un aussi vaste ensemble, n ont pu
être observés, chacun, avec la même précision.
L'intérêt des recherches s'est concentré sur quelques-uns d'entre
eux, d'un accès plus facile, ou bien où les investigations et les
discussions scientifiques pouvaient aboutir à des conclusions de
plus grande portée.
En tête de ces derniers, il faut placer le Crétacé supérieur qui.
LE CENOMANIEN DES ENVIRONS DE TOULON ET SES ECUINIDES 5^5
avec ses successions de niveaux à Hippurites et, plus encore, ses
superpositions de Trias, a attiré depuis longtemps les préférences
des géologues. La Société géologique de France a tenu, en 1891,
une de ses sessions extraordinaires en Provence, au cours de
laquelle M. Marcel Bertrand a cherché à faire accepter par tous,
sur place et en présence même des faits géologiques à expliquer,
ses théories sur le recouvrement par le Trias des couches crétîicées
du Beausset.
Je ne viens pas me mêler aux débats qu ont soulevés ces théories.
L'objet de ce travail est plus modeste. Tout en continuant à m'oc-
cuper de la faune échini tique des environs de Toulon, dont j'ai
étudié les espèces bathoniennes dans ime premièi'C note *, je viens,
à propos des espèces cénomaniennes de cette même région, parler
de quelques points des couches cénomaniennes du bassin crétacé du
Beausset, jusqu'ici un peu délaissées par les travaux précédents.
La première partie de ce travail, de beaucoup la principale, a
trait surtout à un ou deux petits lambeaux cénomaniens, égarés et
comme perdus au milieu de TUrgonien, et qui m'ont offert cepen-
dant, bien des espèces non encore signalées dans les couches du
bassin, en premier lieu plusieurs espèces spéciales jusqu'à présent
à la faune de l'Algérie .
Les couches cénomaniennes des alentours du Revest sont presque
tout l'objet de cette étude. Je dirai aussi quelques mots des couches
de même horizon du Val d'Aren.
I. — Couches cénomaniennes du Revest
Dans son mémoire sur les terrains crétacés des environs du
Beausset -, M. A. Toucas a décrit avec beaucoup de détails, les
couches cénomaniennes du bassin crétacé, d'abord à leur première
apparition à l'ouest du bassin, à Cassis, où elles constituent le banc
dit des Lombards, puis un peu plus loin, toujours à l'ouest, dans
les environs de la.Bedoule, enfin au nord et au nord-est de leur
pourtour, dans les localités de la Dalmasse, de la Barralière et de
Turben.
Il y a distingué trois niveaux, les deux premiers, en allant de
bas en haut, répartis chacun en trois assises, le dernier n'en
formant qu'une seule.
Le niveau le plus inférieur de M. A. Toucas représente la Craie
I. B. S, G. F., (3), XXIU, p. 5o.
a. Mémoires de la Société Géologique de France, 2* partie, t. IX.
576
A. MICHALET
a Dec.
inférieure de Rouen, ce qu'on est convenu d'appeler le Rhoto-
magien.
La faune échinitique qu'il y catalogue se compose dans l'assise
la plus profonde, celle du banc des Lombards, seulement de
quatre espèces :
Holaster subglohosus Agassiz.
Hemiasier bufo Desor.
Diacoldea cylindrica Agassiz.
— subucuius Klein.
dans l'assise intermédiaire, très riche en Echinides, de :
Holaster suborbicularis Agassiz.
— bicarinatus Agassiz.
— carinatus Agassiz.
Hemiasier bufo Desor.
— sp. nov.
Pygaulus Toucasi d'Orbigny (celte
espèce avec doute).
Caratomus trigonopygùs Desor.
Caiopygus carinatus Agassiz.
Oolopygus Bargesi d'Orbigny.
Pyrina.
Echinoconus Rhotomagensis d'Orb.
— Bargesi d'Orbigny.
Discoldea subucuius Klein.
— ForgemoUi Coquand.
Holectypus crassus Cotteau.
Cidaris gibberula Agassiz.
— Sorigneti Desor.
— çesiculosa Goldtuss.
Glyphocyphus radiatus Desor.
enfin dans la plus haute assise de :
Hemiaster sp. noy. . Pj^gastertruncatus Agassiz.
Pyrina, Orthopsis granularis Cotteaa(cette
Codiopsis doma AgBLSsiz, espèce avec doute).
A northopygus orbicularis Cotteau. Goniopjrgus Menardi Agassiz.
Le Cénomanien moyen et le Génomanien supérieur de M. A.
Toucas, correspondent au CSarentonien.
La liste des Echinides n'y comprend, pour le Cénomanien moyen,
qu'un Hemiaster indéterminé comme espèce, et Pygaulus sub-
œqualis Agassiz, et pour le Cénomanien supérieur que :
Hederodiadema Z^fticum Cotteau. Hemiaster Toucasi d'Orbigny.
Hemiaster Orbignyi Desor. Pseudodiadema variolare, variété
Roissyi Cotteau.
Cette faune échinitique, déjà fort belle, a été enrichie encore,
pour les couches de Cassis et de la Bedoule, par les recherches de
M. V. Gauthier qui, dans une courte mais précieuse note sur les
Echinides du département des Bouches-du-Rhône^ publiée en
1880 (A. F. A. S. Congrès de Reims), mentionne, comme recueil-
lies dans ces localités, les esi)èces suivantes que j ai moi-même
récoltées presque toutes aux gisements indiqués :
HjOl CÉNOMANIEX DES ENVIRONS DE TOULON ET SES ÉCIIINIDES 677
Ciduris Dixoni Cotteau. — la Bc-
doolc.
Peltastes acanthoides Agassiz. —
la Bedoule, Cassis.
Glxphocj'pluis intermedlus CoUeau
— la Bedoule.
Orthopsis miliaris CoUeau. — la
Bedoule.
Goniopygus major Agassiz. — la
Bedoule.
Cotialdia Benettiœ CoUeau. — la
Bedoule.
Echinoconus castanea d'Orhigny.
— la Bedoule.
— sp. nov. — la Bedoule.
Pj'Hna alacina Cotteau. — la
Bedoule.
— sp. nov. — la Bedoule.
Pyrina Bargesana d'Orbigoy. —
la Bedoule.
CatopjgUH columbarius d'Archiac.
— la Bedoule.
Pygaulus macropj'giis Desor. — la
Bedoule, Cassis.
Epiaster distinctus d'Orbigny. —
la Bedoule, Cassis.
— crassissimus d'Orbigny.
— Cassis.
— Fi7/e?«Coquand.— Cassis.
Uerîiiaster similis d'Orbigny. —
Roquefort, près la Bedoule.
Holasler Toucasi Coquand. —
Cassis.
— sp. nov. — Cassis.
Cardiaster sp. nov. — Cassis.
A très peu d'exceptions près, provenant sans doute surtout de
différences d'appréciation des caractères spéciliques à retrouver
sur des échantillons de plus ou moins bonne conservation, M. V.
Gauthier cite, aussi, dans sa liste des Kchinides cénomaniens des
Bouches-du-Uhône, les espèces énuniérées déjà par M. A. Toucas.
Mais ni M. V. Gauthier ni moi, n'avons pas toujours récolté ces
<iemières dans la même assise ou les a rencontrées M. A. Toucas,
bien que toujours au même niveau Rhotomagien ou Carentonien.
Je renvoie au mémoire de M. A. Toucas pour toutes les autres
espèces qui, en dehors des Echinides, composent la faune des
couches cénomaniennes depuis Cassis jusqu'à Turben.
J'ajouterai seulement aux listes de M. A. Toucas trois espèces
cjue j'ai recueillies et qui n'y figurent pas : *
Mitra cancellata «rOrbigny, dont j'ai Irouvé trois bons échantillons au
banc des LonibardS; La présence, déjà à ce niveau, de celte
espèce est intéressante parce qu'on la retrouve dans le Morna-
sicn de Saint-C^yr-de-lVovcnce, non loin de là.
Lithodomus carentonensis d'Orbigny. — La Bedoule, seconde assise
du Cénomanien intérieur de M. Toucas.
Janira cometa d'Orbigny. — Un seul mais très bon et incontestable
exemplaire d'une espèce non encore signalée, non seulement
dans le Cénomanien du bassin du Beaussct, mais, je crois, en
Provence. Il provient du Carentonien de la Bedoule.
I. Les exemplaires de ces trois espèces, coinuie ceux de toutes les autres
que je citerai du Revest ou du VaJ d'Areu, ont été examinés par M. Peron. Je
xà Février 1903. — T. i*"".
Bull. Soc. Géol. Fr/ — 3;
5^8 A. MicHALET a Déc.
A partir de la description du gisement de Turben jusqu'au Val
d'Aren, le mémoire de M. A. Toucas s*en tient à des généralités
quand il parle du Cénomanien du bassin crétacé du Beausset.
Elles se résument à dire que les couches cénomaniennes tournent
de Turben au Val d*Aren par les Pigeourets, Orvès, le Revest,
Cimaï et Sainte-Anne d'Ëvenos, — que des grès très friables et
sans fossiles, doivent à Orvès, comme plus au nord dans le pour-
tour, représenter le Cénomanien inférieur et qu*ils sont surmontés
par un calcaire gris compact, avec traces de Requienia, qui consti-
tuerait rassise inférieuie du Cénomanien moyen, de M. A. Toucas,
— qu'on retrouve au Revest, le gisement des Ostrea biauriculata,
Jlabellata, columba^ et, très probablement aussi, le Cénomanien
supérieur.
Il est vrai, qu^un an après la publication de son mémoii^e, c*est-
à-dire en 1874» M. A. Toucas a donné une coupe de la Caoume, où
il analyse de cette façon le Cénomanien du Revest, en allant de
bas en haut :
Deux bancs de calcaii*e marneux contenant, Tinférieur : Ostrea
flabellaia et, le supérieur : Ostrea columba et Heniiaster ToucasL
Au-dessus, deux auti*es bancs de calcaii*e compact, Tinférieur à
Caprina adversa d*Orb., le supérieur à SphœruUtes^ ces quatre
bancs formant une épaissem* de 65 mèti'cs.
En 1876, dans une note insérée au Bulletin de la Société géolo-
gique ^ M. A. Toucas a apporté un changement important aux
divisions des couches cénomaniennes de son mémoire. Il a réuni
les couches à Ostracces, aux couches à Jleterodiadema lib^cum^
n'admettant plus, dans le Cénomanien, que les deux grandes
divisions de Cénomanien supérieur et Cénomanien inférieur. Il a,
ensuite, entre autres modifications secondaii*es, sacrifié, à Turben,
son Cénomanien inférieur, et reconnu que les couches à Ostracées
y reposaient directement sur l'Uigonien, teinté sur la carte jointe
à son mémoire en Gault problématique et en Cénomanien infé-
rieur. £n ce qui regarde notre étude spéciale des Echinides, M. A.
Toucas a remplacé aussi, à ce moment, dans son Cénomanien
supérieur, composé des deux couches à Ostracées et à Heterodia-
dema libycum^ l'espèce de son mémoii*e : Pseudodiadema çario-
lare, variété Roissyi, par deux autres espèces : Pseadodiadema
Roissyi Cotteau, P. Marticense Cotteau.
tiens à le déclarer pour donner à mes déterminations rautorité de ce savant
paléontologiste, et aussi pour lui offrir publiquement Texpression de ma
vive gratitude.
I. B. S. G. F., (3), IV, p. 309 (6 mars 1876).
I^t .. GÉNOMAN1EN DES ENVIRONS DE TOULON ET SES ÉCHINIDBS 5jg
Enfin, €91 i8giy justifiant sa coupe de Caoume, publiée en i874«
et que M. M. Bei*trand trouvait incomplète, il redonne les mêmes
divisions de sa coupe, en ce qui concerne le Cénomanien, mais
en ajoutant ïHemiaster Orbignyi aux espèces du plus haut banc
marneux, et en remplaçant, dans le plus liaut calcaii*e compact
supérieur, le genre JSphœrulites, indiqué en 1874 s^i^ espèce, par
le RadioUies Sharpei Bayle.
Cette même année, et au moment de la réunion de la Société
Géologique en Provence, dans le compte-rendu de la course à
Turben, M. M. Bertrand, après avoir, je crois à tort, mentionné,
dans le Çénomanien de la Barralière, YOsirea Tisnei Coq., espèce
sénonienne qu'on trouve avec les Hippurites mais à laquelle
peuvent ressembler cei'tains exemplaii^es iïOstrea flabellata,
remarquait qu'on y a rencontré aussi plusieurs fragments de Cera-
tUes Vibrayei et VUemiaster Orbignyi. Parlant ensuite de l'allure
et de la physionomie générales des couches cénomaniennes dans
le bassin du Beausset, il ajoutait que sur le, boi*d septentrional du
bassin, au Revest, TUi^onien n'était séparé du Turonien que par
un Çénomanien à faciès littoral (Ostracées et couches sauûiâtres),
avec un mince lit de bauxile à sa base, tandis que le bord méri-
dional ofire encore la série complète de TAptien mai*neux et du
Çénomanien à silex.
Voilà, à ma connaissance, tout ce quia été dit sur le Çénomanien
du llevest.
Il me i*este à indiquer la rencontre faite, à mes côtés, par notre
confrère, M. Curet, dans les bancs à Osti*acées de Turben, c*est-à-
dire dans le Çénomanien supérieur, de deux espèces d'Echinides
spéciales, jusqu'à cette partie du pourtour du bassin, au Çéno-
manien inierieur : Hemiasier bujo et PeUasies acanihoïdes.
Jusqu'à l'endroit appelé « Lei Mouar », les Morts, c'est-à-dire le
point culminant qu'atteint le chemin d'Orvés au Revest, et où se
tniuve la séparation des deux régions d'Orvés et du Revest, je n'ai
pour ainsi dire pas à modiiier ce que je viens de rappeler. Il y a
seulement à observer que l'ensemble des couches cénomaniennes
qui, derrière les deux bergeries d'Orvés, situées au nord de la
terme du même nom, présente à peu de chose près, je ne dirai pas
la richesse de faune de Turben, mais la physionomie générale du
célèbre gisement, va en se rétrécissant et en s'abaissant sensible-
ment jusqu'au dessous du point « les Morts » situé dans le Ligérien.
On vient de faire dans la région d'Orvés, comme dans celle du
Revest, des sondages de bauxite, à la renconti*e de l'Urgonien et
du Çénomanien. Celui qu'on a pratiqué le plus près de Turben se
58o A. MIGHALET a DéC.
trouve précisément derrière les bei'geries d'Orvés dont je viens de
parler. Or c'est comme d'un sommet qu'on voit de là on autre
sondage, où la bauxite a été un peu plus abondante et qu'on a
creusé au Jas de Glotet, en face la Font-^e-Martin située an sud, au
commencement des liauteurs ligériennes.
Le Gardonien paraît être plus épais qu'à Turben, à partir des
environs du premier sondage, et au second, au Jas de Clotet, on a
trouvé dans le Gardonnien, du lignite de l'épaisseur d'un mètre.
Au-dessus de la couche à Ostrea qui surmonte le premier
sondage, une assise à Gapnnes d'une grande épaisseur, s'étend
jusqu'au Ligérien, mais elle s'amincit beaucoup et s'abaisse comme
les auti*es en se dirigeant vei's les Morts.
Là, et près de roclies urgoniennes, toutes rougies parla bauxite,
au pied desquelles on n'a cependant pas fait de fouilles, une grande
faille soulève le Génomanien et fait déborder le Ligérien, étranglé
lui aussi aux Mofts, jusque sur l'Urgonien.
Le Ligérien possède presque à l'endroit précis où il couvre l'Urgo-
nien un beau gisement d'Oursins, de Gastropodes, d'Arches, etc.
Au point culminant des Morts, le Ligérien occupe donc seul le
sommet avec TUrgonien. 11 tourne rapidement de là vers le sud-
ouest et laisse la place à l'Urgonien qui, excepté dans ce dernier
sens, étale, à partir des Morts, des masses considérables. Elles
profilent, au nord-est, Jes arètes de Fieraquet, de Carène et mille
autres au-dessous desquelles elles s'étendent en coteaux innom-
' 'brables, en face des 01ivièi*es et de Tourris, et remontent ensuite
plus à l'est encore, pour former la hauteur du Coudon.
De la crôte ou baiTC de Fieraquet, conmne on l'appelle dans le
pays, l'Urgonien descend au sud jusqu'à la source de Dardennes.
Au milieu de ce trajet, il a un ressaut très marqué, puis deux autres
plis ou failles moins im]>oi'tants l'amènent assez près des carrières
ouvertes au pied des sables blancs ligériens qui s'élèvent presque
perpendiculairement au nord-ouest du Revest et près du village.
.Une notable partie de cette vaste surface urgonienne est teintée
en Génomanien dans la carte de M. A. Toucas. Mais la carte géo-
logique de Toulon, de M. M. Bertrand, lui a fait subir presque
toutes les modiCcations nécessaii*es pour la région que nous
étudions.
Dans plusieurs endi*oits de l'espace qu'il couvre du haut de la
barre de Fieraquet à la source de Dardennes, l'Urgonien supporte
des sortes d'Ilots cénomaniens, quelquefois surmontés eux-mêmes
de Ligérien.
Le plus remarquable de tous, se trouve tout^-fait au-dessous du
Ig&I CÉNOMANIEN DES ENVIRON» DE TOULON ET SES ÉCIIINIDES 58l
pcMnt OÙ la barre de Fieraquet, s'abaissant légèrement depais les
Morts, se perd, du côté de l'est, dans celle de Carène. Le Cénolna-
nien et le Ligérien qui le recouvre y sont complètement isolés au
milieu de TUrgonien. A Touest un grand sondage de bauxite et,
au sod, des traces évidentes de ce minéral, des roches rougies, des
quantités de fragments en place, ne laisseraient aucun doute, si Ton
pouvait se méprendre, dans la région, sur la nature de la roche
urgonienne.
Cet Ilot est situé dans la propriété M. Isnard (ancienne propriété
A. Arène) qui borde, au nord, la route projetée de Signes, et dans
la propriété P. Ortigucs qui confine, à Touest, à la première. Mais
la partie la plus intéressante des couches cénomanicnnes est culti-
vée, au moins d'une culture sommaire, dans la propriété M. Isnard,
et elle ne Test pas dans Tautre.
A sept ou huit cents mètres environ des Moils, et à une centaine
de mètres du pied de la barre urgonienne que recouvre un poudin-
gue d'abord compact, puis désagrégé, on voit ce poudingue céder
la place à des bancs ligériens de calcaire jaunâtre peu marneux et
sans fossiles, d'une épaisseur de i5 à 20 mètres» au-dessous des-
quels on rencontre d'abord un banc ligérien très marneux et fossî-
lifei'e, puis les bancs cénomaniens.
L'Ilot ligérien-cénomanien est incliné, comme la barre urgo-
nienne, du nord-est au sud-ouest, et malheureusement les bancs
fossilifères ne peuvent être explorés comme ils le mériteraient. Us
émergent à peine en effet, et n'occupent qu'une très petite partie
<ie la place prise par la culture au haut de la propriété Isnard
f>redqne tout entière située sur le poudingue urgonien désagrégré.
Le banc ligérien fossilifère n'a qu'une très petite épaisseur difli-
oilement appréciable, puisque ses fossiles sont mêlés aux fossiles
oénomaniens. Au-dessous de lui et plus marneux encore, complè-
tement délités, les premiers bancs cénomaniens, d'un calcaire
blanchâtre, excessivement fossilifère, ont une épaisseur de 8 à 10
mètres. Après eux apparaissent d'autres bancs cénomaniens jaunâ-
tres, d'épaisseur à peu près égale mais de famie beaucoup moins
riche. Plus bas se montre un mince Gardonien et quelques Poly-
piers. Le tout, après avoir traversé, en biaisant, du nord-est au
sud-ouest, les deux propriétés, disparaît à la fin de la seconde,
à l'endroit où celle-ci est côtoyée par le chemin de la bergerie
Prosper Barthélémy. Le poudingue urgonien ou la roche urgo-
nienne teintée de bauxite l'entourent de toute part.
Le Ligérien marneux renferme eu abondance Linthia Verneuili
Desor sp., dont beaucoup d'exemplaires de bonne conservation.
SSa
A. MIGHALET
9 Dec.
mais il contient aussi quelques Epiaster meridanensis Cotteau,
quelques Hemiaster Gauthieri Peron.
Le premier niveau cénomanien qpi lui succède m'a offert une
faune tellement riche et, surtout, composée de tant d'espèces
encore inconnues dans les couches cénomanienncs du bassin crétacé
du Beausset, que la première inspiration de ce travail est venue
de cette récolte inespérée.
Voici la liste des espèces recueillies, et elle impose tout d'abord
cette remarque importante qu'en raison de l'incontestable mélange
qu'on y rencontre des faunes rhotomagienne et carentonienne. de
l'absence marquée de Rudistes et de la présence, au contraire, de
plusieurs des espèces de l'Algérie, on aurait quelque droit de se
croire en face d'un de ces gisements cénomaniens de l'Algérie
auxquels M. Peron a démontré, avec tant de preuves à l'appui,
qu'on ne pouvait appliquer les divisions du Cénomanien d'Europe :
Neolobites (Ceratites) Vihrayei
d'Orbigny, rares mais beaux
exemplaires.
Natica suhexcavata Thomas et Pe-
ron , détermination probable ,
rare.
Nerineamonilifera d'Orbigny, dé-
termination probable, rare.
Olobiconcha ponderosa Coquand,
assez rare*
Pterodonta inflata d'Orbigny , assez
rare.
Fusus sp. ? assez rare.
Oêtrea columba Lamark, 'rès com-
mun.
^ suborbiculata Lamark, va-
riété striée, assez rare.
— flabellata Goldfuss, moins
commun que O, columba.
— biauriculata Lamark, assez
commun.
— olisoponensis Coq., assez
rare mais beaux exempl.
— af ricana Coquand. une dou-
zaine d exemplaires, pres-
que tous de bonne con-
servation.
Plicatula Reynefi Coquand, d*une
très grande abondance. J'en ai
soumis à l'examen de M. Peron
une série d'environ 5o très bons
exemplaires et ce paléontologiste
éminent, qui connaît si bien la
faune d'Algérie, a trouvé que
cette série montrpit des passa-
ges tellement évidents de Plica-
tula Reynesi Coquand à Plica-
tula batnensis Coqnand, qu'il en
était amené à penser que les deux
espèces n'en faisaient qu'une;
Tespèce devant garder le nom
de PL Reynesit le plus ancien.
Lima cenomanensis d'Orbigny, dé-
termination probable, rare.
Pecten çirg'atus Nilsson, pas trop
rare.
— evanegcenê Coquand, pas
trop rare.
— subacutus Lamk., pas trop
rare.
— elonfyUus d'Orbigny, pas
trop rare.
Janira Dutrugei Coquand, com-
mun.
— Dutemplei d'Orb., exem-
plaires jeunes,déterraiQa-
tion probable : pas trop
rare.
^«..iiifiN DRS ENVIRONS DE TOULON ET SES ÉCHINIDES 583
Janira phaseola d'Orbi^y, rare.
Pinna quadrangalaris Goldfuss,
déterminatioii très probable :
rare.
Arca Trifceri Coqnand, détermi-
nation probable : rare.
Cardiia sp.? rare.
Cardium^ voisin de C. Vidali Coq.,
détermination probable : rare.
BadioUtes^ deux exemplaires
malhenrensemcnt indétermina-
bles comme espèce.
Uocardia aquilina Coqnand, va-
riété pins épaisse, moins élargie
que le type de Batna, à crochets
plus gros et moins rapprochés.
On ne peut rapporter qu'à cette
espèce les échantillons récoltés:
rare.
Areopagia numismalis d'Orbigny,
assez commun.
JJosinia Forgemolli Coq., assez
commun.
Panopea siriaia d'Orbigny, assez
rare.
TerehrtUulaphaseolina Lamk. ,très
abondant.
Terebraiella Menardi d'Orbîgny,
très rare.
— Santonensis d*Orb.,
très rare.
Jfolaêter saborbicuUiris Ag.j abon-
dant, et les exemplaires, en gé-
néral, de bonne conservation.
Hemiaster batnensis Coq., un seul
exemplaire à ce gise-
ment. M. V. Gauthier
avait déjà rencontré
cette espèce dans le
Cénomanien de Gueule
d'Enfer, près les Mar-
ti g^es.
— Orhifcnyi Des . , 6 exem-
plaires de bonne con-
servation.
— hufo Desor, une dizaine
de bons exemplaires.
— pseiido-Fourneti Peron
et Gauthier, i exem-
plaire incontestable,
6 douteux.
— Desvauxi Coq . , i exem-
plaire,mais où la bou-
che est invisible. On
affirmerait sans cela.
Archiacia scandalina Agassiz, 4
exemplaires dont Tun très beau.
Echinobrissus indéterminable
spécifiquement.
Cottaldia Benettias Cotteau, a exem-
plaires bien conservés.
Ileterodiadema libycum Cotteau,
rare, q seuls exemplaires.
Diplopodia variolaris Brong. sp.,
commun, presque aussi abon-
dant qu* Holastersuborbicularis.
Pseudodiadema Guerang-eri Cot-
teau ou P, tenue Peron, i seul
exemplaire.
M. Jacquinet a récolté aussi à Fieraquet, presque toutes ces
espèces.
L'abondance de Plicatula Reynesi, espèce spéciale jusqu'ici à
la faune d'Algérie, et qui n'avait jamais été rencontrée dans les
couches cénomaniennes du bassin crétacé du Beausset, rend plus
significative la présence des autres espèces d'Algérie recueillies
seulement en petit nombre, et semble rendre aussi plus certaine la
détermination de celles que leur état de conservation n'a permis de
spécifier que d'une façon probable. Elle accentue encore le
584 ^- MICHALET a Dec.
mélange des espèces du Cénomanien inférieur et du Cénomanien
supérieur qui rend ce gisement de Fieraquet plus semblable à ceux
d'Algérie qu'à ceux rencontrés jusqu'à ce jour en Provence.
Au-dessous de ce premier niveau se trouvent d'autres bancs
ccnomaniens jaunâtres, presque aussi marneux et aussi épais, assez
développés dans la propriété P. Ortigues, mais qui ne contiennent
que des Ostrea coliimba, flabellata, biauriculata, la ])remièrc
espèce surtout. Malgré de longues recherches, je n'y ai jamais pu
recueillir d'autres espèces. Le petit lit gardonien, qui leur succède,
n'a que des fossiles de petite taille et de mauvaise conservation,
j'ai récolté au-dessous quelques Cyclolites spinosa de Fromentel
et Cycloseris provincialis Edwards et Haime.
Quand on quitte les propriétés M. Isnard et P. Orligucs, on
rencontre immédiatement à la lisière de cette dernière, du côté
de l'ouest, un chemin charretier qui descend vers la nouvelle
route projetée de Signes. C'est le même qui conduit à la ber-
gerie Prosper Barthélémy et au sondage de. bauxite le plus haut
du côté des Morts, dans la région du Revest. On marche quelque
temps sur l'Urgonien, mais au moment où on va rejoindre la route,
on retrouve la bauxite, le Gardonien et, dans une tranchée do la
route, à une trentaine de mètres du point où l'on s'y engage, les
deux niveaux cénomanîens, et le Ligérien. Là un parapet longe le
côté sud de la route à l'endroit appelé Ragadu. C'est une repro-
duction, en petit, du gisement de Fieraquet. J'y ai récollé de
bons échantillons de Diplopodia variolaris et de Holaster sub-
orbicularis, dans le calcaire marneux blanc supérieur, des Pecten
virgatus, subacutus, beaucoup de Plicatules et d^Ostrea, Le gise-
ment de Ragadu m'a offert, seul, trois exemplaires, dont l'un très
beau, d'une espèce que Fieraquet n'a pas donnée : Cidaris rhoio-
magensis Cotteau, test.
Le Ligérien y contient, comme à Fieraquet, surtout des Linthia
Verneuili.
Le gisement de Ragadu est aussi isolé au milieu de l'Urgonien,
que l'on retrouve tout autour, sauf au nord. De ce côté les couches
ligériennes et cénomanienncs, qui ne font qu'affleurer à Ragadu,
remontent, les dernières disparaissant rapidement sou« le Ligérien,
rejoindre, vers les Morts, la masse ligérienne qui, de ce point,
tourne vers le sud-ouest.
Si, au lieu de parcourir la nouvelle route de Signes qui, de
Ragadu, conduit au village du Revest par de nombreux tournants
et qui entame longtemps l'Urgonien, on suit, vers le nord, la
direction des bancs cénomaniens et ligériens qui émergent à
igOI . GBNOMANIEN DBS ENVIRONS DE TOULON ET SES ÉCHINIDBS 58S
Ragadu, mais sont bientôt couverts par les pins et les broussailles,
on parvient, à moins de loo mètres plus haut, à un sentier qui va
rejoindre à l'ouest le chemin qui, des Morts, descend au village du
Revest. A la rencontre précise de ce chemin, TUrgonien réapparaît
au delà du Ligérien qui vient de Ragndu mais bien au dessus de
lui par le grand ressaut pli ou faille, dont j*ai parlé, formant une
sorte d'arête horizontale dont les flancs sont creusés de nombreuses
carrières d'exploitation de la roche urgoniennc et que coupe,
beaucoup plus bas, la route de Signes. De cette même jonction de
chemins et de sentiers, on aperçoit alors très bien la pente de
Fieraquet et son gisement entouré d'Urgonicn. Si Ton se retourne
du côté du village, au sud-ouest, on a, à sa gauche, la suite du chemin
qui vient des Morts, chemin tracé jusque là dans le Ligérien,
mais où à partir d'ici, émergent les têtes de roches urgoniennes,
à sa droite la masse ligérienne qui vient toucher l'Urgonien à
quelques pas, et devant soi, un nouveau sondage de bauxite pratiqué
tout à côté du carrefour. Ce sondage a été fait à la plus haute de
quelques restanques d'oliviers appartenant à M. L; Pomet, et n'a
donné qu'une petite quantité de minerai, abondonné sur place. Si,
en se tenant à la lisière de l'Urgonien, on descend les restanques
d'oliviers qui vont en s'élargissant, on trouve plus bas dans la
première restanque plantée de vignes (propi*iété H. Castellan), un
autre sondage plus important de bauxite.
Après la bauxite du haut comme après celle du bas, si Ton
recoupe les couches, on retrouve la faune saumâtre, surtout dans
les déblais des sondages, puis des bancs de calcaire grumeleux,
jaunâtres et bleuâtres sans fossiles et enfin des bancs semblables à
Ostrea surtout flabellata. Si l'on s'avance toujours à travers les
couches, on voit bientôt réapparaître, immédiatement après ces
bancs à Ostrea^ et à moins de 200 mètres de celui qu'on a laissé
derrière soi, un nouvel Urgonien plus haut de quelques mètres
que les bancs à Ostrea auxquels il succède.
Il n'a pas dans ce dernier pli, plus de 5o mètres d'épaisseur, et,
de nouveau après lui, dans la propriété Teisseire, on voit les
roches teintées de rouge éclatant, de nombreux fragments de
bauxite en place ou épars, puis, faisant suite à une couche très
peu épaisse à Polypiers, un nouveau Gardonien, qui mérite une
mention spéciale.
Il a une épaisseur de 10 à 12 mètres et constitue, avec le gise-
ment de Tourris, les deux plus importants g'sements que Ton
connaisse de la faune gardonienne de la région.
Les espèces déterminables qu'on y renconti*e sont :
586 A. MicHALET a Déc.
Melania subcorrugata Cossmann, abondant.
Plusieurs espèces de CyclaSy des Unio^ des Cyrena de plosieors
espèces également, mais de détermination spécifique difficile.
Enfin une espèce nouvelle et très remarquable de MeUmopsis dont
j*ai recueilli plusieurs beaux exemplaires.
Au Gardonien succèdent des bancs de calcaire gris jaunâtre,
grumeleux et marneux d'abord, puis de plus en plus compacts, de
8 à 9 mètres d'épaisseur, à Ostrea flabéllata très abondant, puis
un banc de calcaire blanchâtre, d'un mètre au plus, pétri à* Ostrea
columba, dans lequel j'ai recueilli deux exemplaires de très grande
taille d'Hemiaster batnensis, quelques Holaster suborbicularis
et trois ou quatre Plîcatules.
Sept à huit mètres de calcaire blanc très compact, où, malgré
de nombreuses recherches, je n'ai pas rencontré les traces d'un
seul fossile, mais qui ont toute la physionomie du Cénomanien à
Caprines d'Orvès, recouvrent le banc à Ostrea columba, et viennent
butter, semble-t-il contre le Ligérien, à moins qu'une dénndation,
qui parait avoir été considérable sur ce point, dans les bancs de
ce dernier, ne puisse expliquer la difliérence actuelle de niveau.
Tout cet ensemble des couches cénomaniennes de la propriété
Teisseire qui traverse au sud, à l'exception peut-être du Cénoma-
nien supérieur, la route de Signes venant de Ragadu et tracée
jusque là dans l'Urgonien, remonte au nord, vers la propriété de
M. Vidal, au lieu dît Foncevierre, qui est déjà dans le Ligérien,
les couches s'amoindrissant et disparaissant i)eu à peu les unes
sous les autres à la rencontre de la masse ligérienne. L'incli-
naison des couches cénomaniennes , qui s*élargit lentement
depuis celles des propriétés Pomet et Castellan, arrive à être à la
propriété Teisseire, celle du Ligérien et de l'Angoumien qui sont à
la base de Caoume.
Un petit lambeau cénomanien se montre au-dessus et non loin
de la source de Dardennes, du côté du Revest, entre TUrgonien et
le Ligérien. On y trouve la bauxite, un petit lit gardonien très
pauvre en fossiles, des calcaires grumeleux sans fossiles, des
marnes et des calcaires à Ostrea flabéllata^ où j'ai recueilli aussi
quelques Janira Dutemplei, enfin des calcaires très compacts avec,
particularité remarquable pour le mélange des espèces cénoma-
niennes, des Ostrea carinata incrustés dans la roche dure. Je n'ai
jamais trouvé un seul Oursin dans ce Cénomanien.
Enfin de la source de Dardcnnes, mais du côté opposé au village,
on peut, avec quelques disparitions sous le Ligérien, suivre le
Cénomanien jusqu'au château de Tourris. Il y est encore au-dessus
I9OI céNOMANIEN DES ENVIRONS DE TOULON ET SES ÉCHINIDES SSj
de rUi^onien, de la bauxite et du Gardonien. Les travaux de la
Compagnie des Eaux de Toulon ont rencontré et extrait ces deux
derniers en quantité.
Le Cénomanien marin de Tourris n*a rien de remarquable, mais
les bancs gardoniens y sont au moins aussi développés que dans
la propriété Teisseire, au Revest, et les fossiles assez bien
conservés y abondent.
La faune est la même qu'au Revest. Il y a, en outre, une esjïèce
de Glauconia, dont les exemplaires sont difliciles a déterminer
spécifiquement.
Les Cyclas y sont plus abondants et bien mieux conservés. Une
espèce est très voisine de Cyclas galloprovincialis Matheron.
Au dessus, dans les bancs marins et jusquau Ligéricn, je n'ai
iTcueilli que des Oslrea flabellata, quelques O. coluinba^ quelques
Janira, mais jamais non plus aucun Echinido.
II — Couches du Val d'Aren
Je n'ai que quelques mots à dire du Cénomanien du Val
d'Aren, relié aux couches de même étage du Revest, par celles des
Garniers, de Cimaï et des environs de Sainte-Anne d'Evenos.
I^ faune y est très pauvre et plutôt encore par la qualité, que
par Tabsence proprement dite des fossiles. Elle est toute différente
de celle du Revest. On n'y rencontre que des espèces rhotoma-
giennes, Echinides ou autres, et pas un seul débris à'Ostrea de
n'importe quelle espèce, qui puisse indiquer l'horizon supérieur.
Dans son mémoire, M. A. Toucas croit v avoir reconnu deux au
moins des assises de son Cénomanien inférieur de Cassis et de
la Bedoule, les plus profondes. Je ne suis pas complètement de
son avis. Je crois que les espèces y sont réparties d'une façon un
peu différente qu'à l'ouest d'ii bassin crétacé, et qu'on ne peut
établir d'identité absolue entre les deux extrémités du bassin, bien
qu'il y ait une incontestable similitude.
Dans les environs de la propriété La Toulousane, qui est, pour
ainsi dire, à l'entrée du Val d'Aren, du côté de Sainte -Anne
d'Evenos, j'ai récolté, sur le bord môme du chemin qui ti'avcrse le
Val d'Aren, en allant rejoindre la route du Beaussct à Ollioules,
une très grande quantité de radioles de Cidaris Sorip^neti Desor,
dans un grès jaune très friable qui n'a aucun correspondant à
Cassis ou à la Bedoule.
Un peu avant d'arriver au pied même du Grand-Cerveau, j'ai
trouvé dans des grès gris blanchâtres, au contact même des
588 A. MIGUALBT 3 Dée.
sables ligériens, des masses d'Echinides si roulés qu*oii ne peut
plus guère appeler de tels échantillons que des moules d'Echinides.
On peut y reconnaître cependant la forme de là plupart des espèces
du Rhotomagien de Cassis et de la Bedoule, de cette dernière
localité surtout :
Holaster subglohosus Agassiz.
d'aulres Holaster, sans doute suborbicularis,
Oolopxgus Bar geai d'Orbigny.
des Pyrina, des Echinoconus.
Holectypus crassus Gotteau, etc.
Ces grès existent tout le long du Val d'Âren, à la limite même
du Ligérien, mais ils sont presque partout couverts par la végé-
tation. Cependant, sept ou huit cents mètres avant d'arriver sous
la caverne de THomme sauvage, <x Thommè-fa )), ils sont à peu près
nus et on peut y faire d amples moissons de ces Echinides roulés.
Ces grès, je Tai dit, confinent aux sables ligériens, ils forment
donc là le plus haut niveau cénomanien. Âu-^essous d'eux, en
montant vers TAptien, j'ai récolté, dans un calcaire gris compact,
vers Textrémité ouest du Val d'Âren, plusieurs bons exemplaires
de Codiopsis doma Agassiz, plusieurs DLscoldea subuculus Klein
et un Pj'rina afl*. Bargesi d*Orbigny.
Enfin tout-à-fait près de la route du Beausset à Bandol, dans les
dernières roches cénomaniennes qui sont en face de la ferme
La Corse, avant le ruisseau, j'ai pu recueillir de nombreuses
espèces. C'est un calcaire gris foncé qui, autant qu'on peut en
juger, doit être là le dernier terme cénomanien. A sa partie supé-
rieure i)lacée le plus bas, puisqu'au Val d'Arcn les couches sont
renversées, il est déjà d'une grande dureté, mais encore abordable
au marteau. Il m'a offert beaucoup d'exemplaires d*une grosse
Térébratule, souvent très bien conservée, qu'on ne peut rappro-
cher que de Terebratula biplicata Defrance, dont elle para!! être
une variété de taille et de forme assez anormales. Il est juste
d'ajouter que Davidson a réuni T. bipUcata à T. Dutemplei, à
laquelle ressemble beaucoup aussi cette Térébratule.
En se rapprochant de l'Aptien, le calcaire devient d'une compa-
cité très grande, à laquelle on ne peut guère comparer, dans la
région, que celle du banc ferrugineux des Lombards, à Cassis, et
malheureusement c'est là que se trouvent les plus nombreux
fossiles, qu'on ne peut extraire qu'en les brisant comme à Cassis.
J'ai pu cependant obtenir en assez bon état :
tgn ciwOiffANlEN DBS environs DB lt>ULON BT SES JSGHINIDES 58q
(Mrea eaHnata Lamark, assez
abondant.
Fecten asper Lamark, un seul
exemplaire.
Terebratula (Kingena) Heherti
d'Orbigny, rare.
Terebirosira Ij-ra d'Orb . , commun.
J'ai recueilli aussi cette espèce à
laBedoule, quoique M. A. Tou-
cas ne Ty mentionne pas dans
son mémoire.
Rhynchonella Cuvieri d^Orb. , abon-
dant.
— Lamarki d'Orbigny,
moins abondant.
Discoidea subuculus Klein, rare.
Anorthopj-gus orbicularia Cotteau.
un seul exemplaire.
Peltastes acanthoîdes Agassiz, un
seul exemplaire. Détermination
non certaine mais très probable.
Cidaris vesiculosa Goidfuss, rare.
— Sorigneii Desor, pas trop
rare.
Les grès jaunes des environs de La Toulousane, qui m'ont paru
confiner en ce point à TAptien sont sans doute l'équivalent de ce
niveau.
Quelques uns des fossiles du calcaire compact qui avoisine la
route de Bandol sont ferrugineux, et leur couleur, comme Textréme
dureté de la roche donnent à ce gisement une ressemblance avec
celui de (Cassis quoique sa faune ressemble surtout à celle de la
Bedouie.
SUR L'ALIMENTATION DES VILLES EN EAU POTABLE
PAR LA MÉTHODE DES SOURCES ARTIFICIELLES
Résumé de la conférence faite a la Société géologique de France
par M. Léon JANET.
Les sources alimentées par des nappes dont le gisement géolo-
gique se trouve dans des terrains fissurés, spécialement dans des
calcaires, sont exposées à de nombreuses causes de contamination.
— On peut améliorer la qualité de ces sources, dites vauclusiennes,
par de bons ouvrages de captage, et des travaux de protection
ayant pour but d'empêcher Tarrivée directe, à la nappe souterraine,
de grosses masses d*eau contaminée, mais il est très diflicile
d'obtenir une eau présentant toutes les garanties désirables.
Ce sont des sources alimentées par des nappes circulant dans des
sables fins qui peuvent seules être mises à Tabri de toutes les
causes de contamination.
590 L. JAKET. — - ALIMENTATION DES TILLES EN EAU POTABLE a Déc.
Malheureusement, il n'y a pas de grosses sources sortant des
couches de S€d)les tins; ceux-ci, en raison de leur nature ébouieuse,
ne permettent pas la formation des larges cafiaux souterrains, qui
seraient nécessaii^es à un grand débit.
Si le volume d'eau obtenu par un mètre de galerie captante
pratiquée dans les sables fins est toujours i*estreint, cela résulte de
ce que Talimeutation de la nappe par les précipitations atmospliê-
riques est faible dans nos régions.
Mais si Ton vient à déverser artificiellement, dans le périmètre
d'alimentation, un volume d'eau beaucoup plus grand que celui
fourni par les pluies, on recueillera dans la galerie un volume
d'eau bien supérieur à la quantité primitivement fournie.
11 est prudent, lorsqu'on le i)eut, de choisir une nappe à dévei*-
sement périphérique, dans une butte isolée, constituée à la partie
supérieure par une puissante couche de sable, reposant sur une
couche d'argile. L'alfleurement de cette couche d'argile forme une
courbe fermée, et tout le long de cette ligne d'affleurement, se
trouve un cordon de petites sources. Si l'on vient à déverser par
{)etits filets ime gi*ande quantité d'eau au sommet de la colline le
débit des sources naturelles augmentera et de nouvelles sources
apparaîtront au voisinage de la ligne d'afileui*ement.
11 y aura donc trois éléments essentiels à considérer: i"" un
appareil distributeur répartissant Icau en petits filets sur toute
la surface de la butte ; u"" un appareil filtrant, constitué par une
couche naturelle de sables fins assez puissante pour présenter
toute garantie pendant une longue suite de siècles/ et reposant sur
une couche argileuse ; 3^ un appareil collecteur comprenant une
galerie de captage établie à la base de la couche sableuse.
L'eau à déverser sera simplement empruntée à la rivière voisine
et élevée au sommet de la butte ; on la disti*it)uera au moyen d'un
réseau de conduites de dimensions décroissantes, en cherchant à
imiter le plus possible le phénomène de la pluie. On la fera ab^r-
ber par le sable dans de petits bassins quand celui-ci affleurera
ou des puisards arrivant jusqu'au sable, lorsqu'il sera recouvert
par une couche imperméable. 11 ne devra arriver à chaque point
d'absorption qu'un volume d'eau extrêmement faible.
Comme couche filtrante, on doit choisir un sable marin très fin,
bien constant comme grosseur de grain, ne contenant pas d'inter-
calations ai^ileuses. On ne fera passer à travers le sable qu'une
tranclie annuelle décuple de celle que donnent les précipitations
atoiosphénques, soit 7 à 8 mètres par an.
La couche argileuse, sur laquelle repose ie sable devra êtire
igOI PAR LA MBTHODB DES SOURCES ARTIFICIELLES 59I
rigooreusement impennéable ; autrement Feau passerait dans des
Cjouches inférieures, et pourrait ne ressortir que très loin du point
d'absorption.
Les bassins ou puisards se colmateiH>nt au bout d*un certain
temps : il en faudra donc un double jeu, F un en fonclionncment,
Tautre en réparation.
L'exécution de la galerie captante dans les sables boulants
présentera de grosses diiiicultés techniques ; celles-ci ne paraissent
cependant pas insurmontables, puisque certaines villes s'alimen-
tent au moyen de galeries de cette nature. La galerie, qui se
trouvera au voisinage de la ligne d'uilleurement de la couche
d'argile, pourra d'ailleurs être exécutée avant que le déversement
d'eau ait été commencé.
L'eau aura à la soi'tie une température voisine de celle des
eaux de sources, poui'vu que Tépaisseui* de la tranche annuelle
d*eau absorbée, soit beaucoup moindre que l'épaisseur de la couche
de sable. £lle sera donc à la l'ois fraîche et aseptique.
La méthode n'a rien de commim avec celle des bassins iiltrants,
où Ton peut passer à travei^s le sable, un volume de 700 à 800
mèti'es cubes par mètre carré. Les bactéries passent en assez grand
nombre, et Teau i'oui*nie a la température des eaux de rivières.
La ville de Paris se trouve dans des conditions très favorables
pour Tapplication de la méthode. 11 existe, en eilet, au nord de la
capitale une série de buttes formées de sables de Fontainebleau
reposant sur les marnes à Huîtres.
En choisissant la plus grande de ces buttes, la butte de Montmo-
rency, on obtiendrait facilement les cinq mètres cubes par seconde,
qui sont réclamés comme complément d'alimentation.
Les sables de Fontainebleau, d'une épaisseur de 5o mètres, sont
surmontés de 5 à 6 mèti^es de meulières de Beauce et reposent sur
les marnes à Huîtres, les glaises vertes et les marnes sux>ra-
gypseuses, formant une série imperméable d'une vingtaine de
mètres d'épaisseur.
L'eau à déverser sur la butte peut être empruntée à la rivière
d'Oise, qui coule à une faible distance de là. On pouiTait établir
sur le sommet des puisards d'absorption, en damier, distants de
5o mètres, au nombre de 8000, et absorbant chacun un volmne de
5/8 de litre pai* seconde.
L'eau, après liltration, serait encore à une altitude suflisante
pour être distnbuée.
n serait très désirable qu'une municipalité consentit à s'imposer
les saciifices nécessaires pour faii*e l'application de la méthode.
599 SEANCE DU 2 DECEMBRE I9OI
M. Imbeaox rappelle que e*est ringcnieur allemand Tfaiem
qui a eu le premier Tidée de créer des nappes souterraines artifi-
cielles : en 1888, il présentait un projet de ce genre pour Stralsund
qui ne Tadopta pas, mais un peu après il put réaliser son idée à
Essen, sur la Ruhr. En Suède, M. Richert, dans une brochure
spéciale, a exposé la question et décrit les travaux faits k Udde-
valla et à Gothenbourg : il est regrettable que tout cela soit passé
à peu près inaperçu à l'Exposition de 1900.
M. Imbeaux a exécuté en 1899 un renforcement artificiel de la
nappe des alluvions de la vallée de la Moselle, captée à Messein
par une galerie filtrante alimentant Nancy : Teau de la rivière a
été amenée à 25 ou 3o mètres au-delà de la face arrière de la
galerie et déversée dans le gravier par les barbacanes d'un aqueduc
débitant parallèle à la galerie ; de plus, pour assui er une meilleure
iilti*ation on a intercalé une tranche de sable fm de 22 mèti*es à 3 m.
d'épaisseur. Le colmatage de ce sable a été rapide et il faut songer
à le remplacer, mais l'augmentation de débit de la galerie a été
très notable et la qualité de l'eau a été au moins égale à ce qu'elle
était précédemment. La ville de Chemnitz avait aussi opéré un
renforcement de la napx)e alimentant ses puits filtrants, mais elle
a aussi constaté un colmatage rapide. Il faut en conclure qu'il y
aura grand intérêt à obtenir la clarification préalable des eaux à
amener dans les bassins d'infiltration, soit en les laissant se dépo-
ser dans des bassins de sédimentation, soit en les faisant passer
dans des filtres dégrossisse ui*s.
M. H. Boursault. — Quelle que soit l'importance de la surali-
mentation de la nappe contenue dans les sables de Fontainebleau,
je crois que l'on peut compter sur l'imperméabilité pratiquement
absolue des marnes et argiles sous-jacentes, malgré les dislocations
si fréquentes de ces couches. J'ai signalé à ce point de vue, dans
mon travail sur la recherche des eaux, la grande différence qui
existe entre les roches dures et les marnes ou argiles :
Les roches dures et compactes se brisent et donnent des frac-
tures d'autant plus nettes, que la cohésion et la dureté sont plus
grandes ; les canaux ainsi formés restent libi^es et éminemment
propres à la ciixîulation de l'eau. Au contraire, avec les roches
grasses, peu cohérentes et surtout plastiques, les fragments se
resserrent et bouchent les fissures au fur et à mesure de leui*
formation. Les argiles subissent ainsi des plissements et des frac-
tures importantes sans donner lieu au moindre passage d'eau ; elles
sont donc presque toujours un support parfait pour les nappes.
Pour la suralimentation des nappes d'eau dans les sables, je
8BANGR DU 3 DBC3BMBRB igOI SqS
crainSy comme M. Imbeaux, qu'il n'y ait de graves difficultés pro-
duites par le colmatage ou d'une façon plus générale par diminu-
tion de la perméabilité primitive.
Les éléments des sables, dans les parties situées hors de la
nappe peuvent en effet être enrobés dans des parcelles plus ou
moins argileuses qui, une fois imbibées, se délayent, se déplacent
et bouchent les canaux. Avec les sables de Fontainebleau, ce
danger est évidemment très faible, mais le simple transport des
fragments cristallins les plus fins amènera certainement l'obstruc-
tion lente, mais cependant très sensible des vides primitifs.
Il peut ainsi se produire un colmatage assez rapide avec les eaux
les plus limpides.
•
M. G. Dollfus pense que la principale objection au projet de
M. Janet est d'ordre technique ; la difficulté de construction pour
les galeries collectrices des eaux filtrées lui parait très grande.
Aucune des méthodes employées jusqu'ici ne lui parait applicable
aux nombreux kilomètres à développer au flanc des collines
sableuses : ni les fascines des Hollandais, ni les lames de verre de
M. Pntzeys, ni les vases poreux de M. Lippmann, ni les récents
siphons, ne lui paraissent répondre à un programme pratique.
C'est supposer résolue la question des « sables boulants» à l'étude
chez nos confrères belges, et qui parait si diilicile. Au point de
vue de rinfUtration il y a lieu de tenir compte également de la
composition très différente des eaux pluviales et des eaux de
rivière. Les eaux atmosphériques sont chaînées d'oxygène et
d'acide carbonique^ elles ont un pouvoir chimique très actif, tandis
que les eaux de l'Oise sont chargées de carbonate de chaux et
d'azote et se présentent comme conservatrices. Les eaux ne parais-
sent se grouper en rivières qu'après avoir épuisé leur pouvoir
agressif et modificateur.
M. Babinet dit que la méthode sera très chère dans son appli-
cation, et que l'exécution de la galerie captante présentera de
sérieuses difficultés. Il est improbable qu'aucune municipalité
puisse faire un essai de ce genre, car M. Janet n'ignore pas que le
moindre serait terriblement coûteux. Il jugerait beaucoup plus
économique, et au moins aussi sûr, de filtrer artificiellement les
eaux des sources vauclusiennes, si l'on veut éviter à tout prix le
risque des maladies d'origine hydrique. Cette opération ne dimi-
nuerait guère leur fraîcheur.
M. Bigot craint que dans la pratique le colmatage dont on vient
de parler ne soit un sérieux inconvénient pour ré[>iiration des
aa Février 190a. — T. i^»". Bull. Soc. Géol. Fr. — 38
$94 SÉANCE DU a DÉCEMBRE igOI
eaux qui parviendront aux sources artificielles. Cette épuration
est un phénomène chimique, accompli par des microorganismes
fonctionnant dans des conditions d'existence très étroites ; il est à
craindre que le colmatage ne modifie ces conditions d'une manière
défavorable.
M. Janet répond que le colmatage des points d'absorption ne se
produira qu'après un temps assez long, si la quantité d'eau à absor-
ber est faible. Quant aux difficultés d'exécution de la galerie col-
lective, et de captage de Teau, elles sont sérieuses, mais peuvent
être surmontées.
M. Boursault dit qu'en e (Tel la difficulté du captage des eaux
dans les sables est classique et que M. Janet a raison d'y voir non
pas un obstacle insurmontable, mais une difficulté pour l'appli-
cation de la méthode des sources artificielles qu'il préconise.
Dans le nord de la France et en Belgique, les accidents et les
échecs de forages exécutés dans les sables landéniens sont fréquents.
Je peux également citer quelques faits typiques aux environs
même de Paris, vers le nord.
Quand on examine, dans cette région, l'allure de la nappe puis-
sante supportée par l'argile plastique, on voit que son niveau
piézométricfue recoupe successivement les diverses formations
supérieures, par suite du plongement général vers Paris.
Or, à la station de Survilliers, l'eau rencontrée à 35 mètres du
sol dans les sables du Soissonnais ne peut être extraite que lente-
ment, à raison de 3 mètres cubes à l'heure.
A la gare de Villiers-le-Bel, le niveau piézométrique est à 17 m.
dans les sables de Beauchamp ; un ancien puits fournissait péni-
blement 4 ui* cubes avec entraînement de sable. Dans une nou-
velle installation, à quelques mètres de la première, j'ai fait arrêter
le puits à grande section avant le niveau de l'eau et continuer
ensuite par un forage étanche dans toute la traversée des sables,
et librement ouvert jusqu'au calcaire grossier moyen sur lequel on
s'est aiTôté. Dans ces conditions, le résultat a été excellent, le
débit, en eau absolument exempte de sable, est de ao m. cubes à
l'heure avec une dénivellation de moins de a mètres.
Le Président remercie M. Léon Janet de la conférence si inté-
ressante qu'il vient de faire. La connaissance du sol de la France
est maintenant assez avancée pour qu'il soit possible de rechercher
les applications pratiques de la géologie. On doit savoir gré à
M. Janet d'être entré, l'un des premiers, dans une voie qui promet
de mener à d'importants résultats.
Séance jdu f O Décembre tOOt
PRÉSTOENCE DE M. L. GAREZ, PRÉSmENT
Le Secrétaire donne lecture du procès- verbal de la séance précé-
dente. La rédaction de ce procès- verbal est adoptée.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. Max Le Couppey de la Forest, Ingénieur-agronome,
Secrétaire de la Commission d'études des eaux, présenté
par MM. Van den Broeck et Léon Janet ;
Maxime Bourdon, présenté par MM. Van den Broeck et
Léon Janet.
Le Président communique à la Société une circulaire de
V Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, L'Académie
met au concours, pour le prix Le Sauvage (2000 francs) à décerner
en 1904, le sujet suivant : « Etudier, au point de vue de l'origine et
du gisement en Normandie, une ou plusieurs substances minéi*ales
susceptibles d^exploitation ». Les mémoires, rédigés en français,
devront être envoyés au Secrétaire au plus tard le 3i décembre
1903. Gbaque mémoire, non signé, portera une devise qui sera
répétée sur un pli cacheté contenant le nom et l'adresse de l'auteur.
M. Albert Gaudry met sous les yeux de la Société des repré-
sentations de l'Okapi, communiquées par M. Ray Laukester. Ce
sont des photographies de deux crânes et un dessin colorié du
curieux animal de l'Ouganda, remonté, d'après les instructions de
réminent directeur du British Muséum, avec les pièces envoyées
par Sir Hariy Johnston. M. Albert (iaiidry présente en même
temps le dessin du squelette de V Ilell adotheriiim de Pikermi pour
<ju'on puisse comparer l'animal miocène avec son survivant actuel,
légère ment modi fié .
M. Douvillé offre à la Société, de la part de l'auteur, M. G. de
Angelis d'Ossat, une note Sur une forme singulière d'une
colonie rf'Aspidiscus cristatus Kœnig, sp. (Extr. Feuille des Jeunes
Naturalistes).
M. de Lapparent annonce que, dans sa séance de ce jour,
rAcadémie des Sciences a décerné le prix Delesse à M. Gaston
Vassexjr, pour l'ensemble de ses beaux travaux sur les terrains
tertiaires de l'Aquitaine et du Languedoc.
596 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE igOI
M. G. Dollfus présente au nom de M. Ph. Dautsenberg et en
son nom une brochure intitulée :
Nouvelle liste des Pélécypodes et des Brachiopodes fossiles du
Miocène moyen du Nord-Ouest de la France,
C'est une simple liste extraite du Journal de Conchyliologie^
comme dernier appel fait à leurs confrères, qui voudraient bien
communiquer aux auteurs les documents et les fossiles qu!ils
possèdent du Miocène de la Touraine et de FOuest, avant la mise
à rimpression d'un mémoire paléontologique, plus développé sur
le même sujet, qui est actuellement fort avancé.
M. Haug dépose la note suivante : Sur le pli couché des
Diablerets.
Dans un remarquable travail intitulé « Recherches sur Torigine
des vallées des Alpes occidentales », que les « Annales de Géogra-
phie » ont récemment publié, M. Maurice Lugeon, entre autres
questions relatives à la tectonique des Alpes occidentales, discute
également « l'accident géologique qui fait que le pli de Morcles est
relayé par la haute masse des Diablerets ». L'explication qu'en
donne mon excellent collaborateur et ami, m'oblige à une reven-
dication de prioi*ité dont je me serais certainement c^spensé s'il ne
s'agissait pas d'un accident tectonique dont l'interprétation —
donnée par moi dès 1894 — modifie du tout au tout la notion,
adoptée précédemment par tous les auteurs, de la continuité des
Hautes Chaînes calcaires de la Savoie avec celles de la Suisse.
D'après M. Lugeon ^ le relaiement des plis du massif de Morcles
par ceux du massif des Diablerets « a été expliqué par deux
hypothèses : disparition des plis sous un nouveau régime de plis
perpendiculaii*cs, provenant de l'intérieur des Alpes (Haug, C.-R.
somm. Soc, géoL, ^4 juin 1896) ; pli transversal accusé jusqu'au
pli-iaille (Lugeon, la Région de la Brèche du Chablais, p. aSa) ».
« Je crois aujourd'hui », continue M. Lugeon, « que la masse des
Diablerets doit élre considérée comme un vaste pli couché, qui vient se
superposer à celui de Morcles au point où ce dernier s'abaisse. La
direction N.-S. des aflleurcments dans le Val de Treiscœnrs n'est due
qu'à l'érosion et au fait que la nappe du pli couché des Diablerets plonge
vers le N.-Ë., comme celle de Morcles. Dans ces conditions, la nappe
des Diablerets a dû anciennement recouvrir une bonne partie de celle
de Morcles, bien au-delà, vers l'ouest, de ses limites actuelles, détermi*
nées par cette grande entaille concentrique qui sépare les deux massifs ».
I. Ann. de Géogr., lo* année, p. ^16.
SEANCE DU l6 DECEMBRE I9OI 697
M. Lugeon abandonne donc maintenant son ancienne interpré-
tation du « pli transversal accusé jusqu'au pli-faille ». J*en suis
d*autant plus heureux que celle à laquelle il arrive aujourd'hui
est en réalité identique avec ma manière de voir. Il s'en serait
certainement rendu compte, si, au lieu de citer une des notes préli-
minaires dans lesquelles j*ai exposé très sommairement mon idée
du relaiement S il avait lu les quelques pages, accompagnées d*une
carte schématique, que j'ai consacrées à la question dans mes
« Études sur la tectonique des Alpes Suisses » -. Il y aurait trouvé
notamment, les deux passages ^suivants, qui ne laissent, je crois,
planer aucun doute sur mon interprétation :
« Le pli (de la Lizeme et des Diablereis) étant très couché, les
bandes de terrains qui représentent raflleurement de son flanc normal
sont presque horizontales : celle qui correspond au Jurassique supé-
rieur peut être suivie vers Touest jusqu'au Véiard, au-dessus
d'Anzeindaz; la bande de Néocoraien s'étend jusqu'aux Rochers du
Vent ; celle de ITJrgonien, jusqu'au sommet principal des Diablerets
(325i m.). A Touest de ce sommet nous nous trouvons dans la région
de la charnière anticlinale . . .
L'anticlinal des Diablerets est donc couché sur une très grande
largeur ; il s'étend par dessus la zone du Néoconiien à Céphalopodes,
qui s'introduit comme un coin entre les Diablerets et le Muveran ; il
s'étend aussi sur la zone triasique et jurassique de Bex, qu'il recouvre
au sud de Taveyannaz ».
Ainsi donc, j'ai' non seulement indiqué, dès 1894, le relaiement
des plis de Morcles-Muveran par un faisceau de plis plus interne,
mais j'ai établi également que le plus extérieur de ces plis, celui
de la Lizeme et des Diablerets, se déverse vers Touest, par-dessus
plusieurs éléments tectoniques distincts. Comme, depuis quelques
années, on attache une importance de plus eu plus grande à
l'empilement, dans les zones extérieures des Alpes, de plis
couchés dont la racine est située plus en arrière, j'ai tenu à rappeler
que, en ce qui concerne les Diablerets, j'ai été le premier à donner
une interprétation que M. Lugeon adopte pleinement aujourd'hui
et qui entraine la conclusion que les Hautes Chaînes calcaires
Suisses constituent le prolongement tectonique de la zone du
Briançonnais.
I. Ni dans la note citée par M. Lugeon, ni dans deux notes précédentes
(C.-il. somm. Soc. géol.y 19 mars 1894, et C.-R. Ac. Se. du même jour) je n'ai
parié de c disparition des plis sous un nouveuu régime de plis perpendicu-
laires ».
a. B. S. G. F., (3), XXIV, p. 558-564, 1896.
RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ
La Commission a vérifié les comptes présentés par le Trésorier
pour Tannée 1900, ils sont reproduits dans le tableau A, rappro-
chés des chiffres correspondants potir 1899 et des prévisions pour
1901 ; un second tableau B résume l'ensemble des opérations
eflectuées par la Société pendant Tannée 1900.
Recettes
Les revenus ordinaires sont en augmentation de a83 fr. ^5, par
suite du placement de fonds résultant du legs Prestwich ; cette
augmentation n*aura tout son effet qu*en 1901. La plus-value des
cotisations arriérées signalée Tannée dernière, a eu pour consé-
quence une diminution notable sur le chiffre correspondant
de 1900, qui retombe au-dessous de celui de 1898. Les cotisations
courantes sont en progrès depuis deux ans, il en est de même des
cotisations anticipées qui ont remonté cette année de 890 francs ;
on ne peut tirer aucune conclusion bien ferme de ces oscillations,
qui en fait sont très irrégulières. Si Ton fait le décompte des
cotisations qui se rapportent effectivement à Texercice 1900, on
voit que leur nombre est inférieur de 10 à celui de Texercice
précédent : la diminution du nombre des membres déjà bien
souvent signalée est donc loin d'être enrayée, comme on avait pu
le croire un moment.
Les droits d'entrée sont retombés au chiffre très bas de
1260 francs.
Les recettes provenant de la vente du Bulletin, sont par contre
en progression assez notable, près de 5oo francs ; mais la vente des
Mémoires de Paléontologie continue à faiblir.
Au total les recettes ordinaires sont en augmentation de 461 f r. 35
sur celles de 1899.
Dépenses
Abstraction faite du loyer, les frais généraux ont passé de
4.317 fr. 33 à 4.528 fr. 25 ; ils présentent ainsi une légère augmen-
tation de 210 fr. 92. La dépense de loyer s'est abaissée de 4.40^ fr- 80
à 2.202 fr. 45 ; mais c'est un gain tout fortuit, et qui résulte
uniquement du jeu des loyers d'avance, résultant de l'expiration
de Tancien bail. 11 n'en est pas moins arrivé fort à propos pour
igOI RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITE $99
•
compenser une partie des dépenses de la nouvelle installation.
Par contre les dépenses d'impression du Bulletin ont atteint un
niveau anormal et manifestement exagéré. Nous disions Tannée
dernière qu'il était prudent de ne pas dépasser le chirPre de
8.5oo irancs ; or les frais d'impression du Bulletin seul (t. XXVIII)
se sont élevés à 10.509 fr. 35 (dont 4-094 f^- ^^ pour les planches
et dessins dans le texte), et dans cette somme n'est pas comprise
la réunion extraordinaire du tome XXVII, qui doit être comptée
dans la même année. Les frais correspondants étaient évalués à
i5oo francs, ce qui portera la dépense totale de fixais d'impression
du Bulletin à environ 12.000 francs, soit une augmentation de
3.5oo francs sur le chiffre de 1899. Cette augmentation est tout à
fait hors de proportion avec les ressources réelles de la Société, et
il* est nécessaire d'appeler tout particulicrement sur ce point
l'attention du Bureau, de la commission du Bulletin et du Conseil.
Nous devons signaler également le retard fâcheux et tout à fait
anormal apporté à l'impression de la réunion extraordinaire ; c'est
la première fois depuis nombre d'années, qu'il n'a pas été possible
de faire figurer cette dépense dans le budget correspondant. Il faut
espérer qu'il ne s'agit que d'un fait tout exceptionnel et qui ne se
reproduira pas à l'avenir.
Le Compte-rendu sommaire avait diminué l'année dernière de
2200 francs, et nous avions fait honneur de cette diminution au zèle
de nos Secrétaires. Cette année la dépense a augmenté de 876 francs,
c'est4-dire qu'elle a presque doublé, et cependant nous avons
tout lieu de penser que le zèle de nos Secrétaires n'a aucunement
faibli ; c'est l'abondance des communications faites à nos séances
qui est la seule cause de cette augmentation.
Le chapitre des Mémoires de Paléontologie est cette année
complètement vide. Malgré tous les ell'orts du Bureau et du Conseil,
cette publication n'arrive pas à reprendre sa marche normale ; les
conséquences fâcheuses du traité Carré et Naud s'exagèrent de plus
en plus ; nous attendons toujours la fin du tome IX et les insufîi-
sances de recettes à la charge de la Société, qui étaient de 1)00 francs
environ pour le tome VIII sont prévues de plus de 1.200 francs
pour le tome IX. De ce fait, une double charge s'imposera à
l'exercice 1901, qui aura à faire face non seulement à la liquidation
du tome IX, mais encore à l'impression du tome X. Du reste une
partie seulement des dépenses afférentes à ce deniici* volume
incombera à l'exercice en cours, par suite des retards diificiles à
éviter dans l'organisation du nouveau régime de publication
directe, adopté par la Société.
6oo
RAPPORT DE LA COMMISSION DE GOMPTABILITÊ
i6Déc.
Comptes de 1900 et pi
RECETTES
1"^ Ordinaires
Revenus nets
Cotisations arriérées
D conrantes
» anticipées
Droits d'entrée
Divers et dons
2<' Vente des Publications
Bulletin et tables ; .
Mémoires de Géologie
» de Paléontologie
Ouvrages de Fontannes
Souscription ministérielle
Total des Recettes
Frais généraux à retrancher. . . .
Dotation des publications
En caisse au commencement de
l'exercice
Aliénation de capital
Actif disponible
1899
PRÉVUES
pour 1900
4.860,15
83o »
lo.ago »
750 »
540 »
106 »
17.376,16
a. 775,95
145,10
320 »
i.ooo h
4.900 »
600 11
lo.aoo »
900 »
5oo »
»
1900
PRJ
poi
17.100 »
5.089,90
390 11
io.38o 11
I 140 »
a6o 11
410
5..
10.:
17.669.90
4.365.IO
ai.74i,a5
8.726,13
a. 800 »
3oo »
aoo »
100 »
i.ooo »
4.400 »
3.^79,85
169,40
11
8345
1.000 »
17.:
3.<
4.539,70
ai.5oo »aa.aoa,6o
9.800 »
i3.oi5, la
1.599.79
14.614,91
11.700 »
a. 300,76
14.000,76
6.730,70
15.471,90
a. 300,76
3.000 11
i.<
ao 772,66
igoi
RAPPORT DK LA COMMISSION DR COMPTABILITÉ
(ÎOI
e budget pour 1901
DÉPENSES
1* Frais généraux
Peraoïmel: Appointements
— Gratiûcations
— Indemnité de logement .
Loyer effectif, assurances, contribut,
Chauffage et éclairage
Mobilier
Bibliothèque
Frsis de bureau
Port de lettres
DÎTers.
2* Frais des Publications
t, exercice courant (1900). .
Compte-rendu sommaire
PMidu Bulletin et du Compte-rendu.
Mémoires de Paléontologie
Tid>lc de la 3" série
8* Dépenses extraordinaires
»nx,
Contribution aux pn
Catalogue de la biDliothèque . .
Déménagement
Indemnité au personnel ....
Frais de réception du Congrès .
Dépenses totales (autres que les
frais généraux)
-f-En caisse ) n ^»
'• , > en un d exercice . . .
—Manque )
Total égal à l'actif disponible. .
1899
PRÉVUES
pour 1900
1.800 » 1.800 »
i5o »
4.408,80
614, 85
457, 10
519» 95
442,95
271,88
60,60
l;K) »
8.726,13
5.500
))
2.202,45
5oo
))
495,55
450
»
3i8,2o
600
)>
949,35
450
M
3oo
»
236.^
5o
))
216,60
9.800
»
8.5o5,25
400, 85
926, 35
899 »
»
10.731,45
o, 3o
i. 582,40
»
»
»
1.582,70
I2.3i4, i5
-f2 300,76
»
14,614,91
10.000 »
5oo »
i.ooo »
I.OOO »
I.OOO »
i3 5oo »
»
900
10.000
100
5oo
1 I . 5oo »
29 000 »
»
10.999,24
14.000,76
1900
1.800 »
i5o »
PREVUES
pour 1901
6.730,70
10.^09,35
776, 25
1.246 »
»
»
i2.53i,6o
1.098,00
5.462,40
100 »
846,20
7.506, 65
20.o38,25
+ :34,4i
»
20.772,66
1.800 »
i5o »
5oo »
4 4^0 ))
25o »
3oo ))
600 »
400 »
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100
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8.750 »
8.000 »
5oo »
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3.000 »
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2.000 »
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J
6oQ
RAPPORT DE LA COlfMISSION DE COMPTABILITÉ l6 DéC.
Résumé des comptef
RECETTES
lo Ordinaires
Revenus
Cotisations, droits d'entrée et divers. . .
2^ Vente des publications
Bulletin et Mémoires de Géologie . . . .
Mémoires de Paléontologie
Ouvrages de Fon tannes
Souscription ministérielle
So Locatives
Produit des sous-localions
4*" Compte capital
Cotisation à vie
Legs Prestwich ...
50 Fonds spéciaux
A. Barotte
B. Fontannes
c. Viquesnel
Total
6« Encaisse au !•' Janvier 1900
Budget ordinaire
Fonds spéciaux
Compte capital
5.089.90
122.580 »
3.449, a5
»
83,45
I.OOO »
1.658.35
400 »
9.719' 90
507, 5o
65o »
33a, a5
2.3oo, 76
448, 5i
a.577,65
17-669' 9^
4,53a, 70
1.658,35
10.119,90
1.489, 75
35.470,60
5.3a6,9a
40.797, 5a
I90X
BAPPORT DE LA COMMISSION DR COMPTABILITE
6o3
;xercice 1900
DÉPENSES
lo Ordinaires
ind, loyer, chauflagc et éclairage. .
er et bibliothèque
le bureau, ports de lettres et divers.
\9 Frais des publications
n (1900)
e-rendu sommaire
1 Bulletin et du G.-R. S
but. aux Mémoires de Paléontologie.
Dépenses extraordinaires
Fue de la bibliothèque
le déménagement et indemnité au
>nnel
le réception du Congrès
40 Compte capital
de a85 francs de rente 3 "/o . . . .
50 Fonds spéciaux
otte
tannes
lesnel
Total . . .
loaisse au SI Décembre 1900
ordinaire
spéciaux
i capital
6.3o6, 35
i.'j()7,55
8i5, i5
10.509, 35
776, a5
1.246 »
))
1.098.05
5.562, 4^
846, ao
9.696, 45
600 »
))
665,55
734,41 1
672, 71
1, 10
8.389, o5
i2.53i,6o
7.506, 65
9.696, 45
1.265,55
39.389,30
1.408,22
40.797, 52
r)04 RAPPORT DE LA COMMISSION DK COMPTABILITÉ l6 Déc.
Les dépenses extraordinaires ont pris cette année une impor-
tance parliculière. Si on laisse de côté la confection du catalogue
qui touche à sa fin, le gros chiffre de ces dépenses résulte du
déménagement de la Société et de son installation dans THôtel des
Sociétés savantes. Grâce au zèle de la Commission spéciale, les
dépenses qui avaient été prévues pour lo.ooo francs, ne paraissent
pas devoir s'élever à plus de 6.5oo francs, dont 5.56!2 fr. 4o seule-
ment figurent dans Texercice 1900 (déménagement 7712 fr. fx),
agencement de la Bibliothèque ^,68q fr. 80 ; indemnité à Tagent
100 francs). Une pai*tie de cette dépense a été couverte par le gain
réalisé sur les loyers, déjà signalé précédemment, de 2.1206 fr. 35.
On s'explique ainsi qu'il ait sufli de prélever sur le capital une
somme de S.ooo francs.
Signalons enfin les dépenses de réception du Congrès qui se sont
élevées à 846 fr. ao.
Résumé et conclusions
La situation réelle de la Société est en somme très peu satisfai-
sante, et Texercice igoo sera fortement en déficit. L'encaisse sur le
budget ordinaire a diminué de i.5oo francs, en outre une somme
à peu près égale, résultant du retard apporté à l'impression du
Bulletin, a été reportée sur Texercice 1901 ; il en est de même de
l'insuiïîsance des recettes du tome IX des Mémoires de Paléonto-
logie, soit une troisième somme de i.'joo francs environ. Le déficit
du budget ordinaire proprement dit, dépassera donc en réalité
4.000 francs.
Ajoutons que l'exercice 1899 s'était clos par un excédent de
700 fr. 97 qui doit être ramené à 680 fr. 97, si Ton tient compte
des cotisations arriérées, et des cotisations anticipées.
La Conmiission vous propose d'appi*ouver les comptes du
Trésorier et de lui voter des remerciements.
Présenté au nom de la Commission de comptabilité,
H. DOUVILLK.
Sur la proposition du Président, l'assemblée approuve les comptes
du Trésorier.
Des remerciements sont votés au rapporteur, M. Douvillé, et au
Trésorier, M. Léon Janet.
SUR LA DECOUVERTE .D'ARACHNIDES
DANS LE TERRAIN MOUILLER DE COMMENTRY
par M. Armand THEVENIN
(Planche Xlll).
Le gisement houiiler de Commentry, célèbi'e parmi les paléon-
tologistes par le grand nombre dlnsectes fossiles que le zèle
infatigable de M. Fayol y a fait découvrir, a fourni récemment les
restes de deux Arachnides dont M. Fayol a bien voulu nie confier
l'étude *.
U est probable que cette trouvaille sera bientôt suivie d'autres et
que la faune d* Arachnides paléozoïques de France sera aussi impor-
tante que celle des Etats-Unis, de la Bohème ou de l'Angleterre ^.
On sait que jusqu'ici aucun vestige d'Arachnide, sauf des Scor-
pions, n a été signalé dans les terrains antérieurs au Carbonifère ^.
Reuss a, le premier, signalé une Araignée dans le Carbonifère
en 1854. Les découvertes depuis lors se sont multipliées assez
lentement et les travaux de Beecher» Fritsch, Geinitz, Haase,
Harger, Harvey, Karsch, Kûsta, Rœmer, Scudder, Stur et
Woodward ont fait connaître jusqu'à aujouixi'hui une trentaine
d'espèces réparties en une vingtaine de genres souvent fondés sur
des échantillons d'une conservation très imparfaite.
I . Je tiens à adresser ici mes sincères remerciements au savant directeur
général de la Compagnie de Commentry-Pourchambault-Decazevillc, ainsi
qu'à M. E. Simon, dont la compétence pour Tétude des Arachnides actuelles
est connue de tous les naturalistes, qui a bien voulu me donner d'utiles
indications.
a. M. Zeilier m'a signalé pendant Timpression de cette note la découverte,
dans le Westphalien des environs de Valencienncs, d'un échantillon de
Kreischeria auquel Ch. Brongniart a attribué le nom de Kreischeria Geinitzi
sans jamais l'avoir publié. Cet échantillon appartient aux collections de
l'Ecole des Mines; la description en sera faite prochainement.
3. M. ScuDDBR a donné (Bulletin U, S. geological Suri^ey^ N"» 69 et 71) la
bibliographie complète des mémoires relatifs aux Arachnides paléozoïques
et l'index des espèces décrites jusqu'en 1890. Nous ne croyons pas utile de
répéter ici cette bibliographie. On trouvera d'ailleurs l'historique dans le
travail de M. Erich Haasb : Beitrage zur Kenntniss der fossilen Arachniden
(ZeiUchr, d. d. geoL Gesellsch., XLU, ihigo).
6o6 A. THEVENIN. — SUR LA DÉCOUVEBTE d'aRAGBNIDES i6 Déc.
Dans leur ensemble, ces travaux montrent que les Arachnides
sont des animaux très anciens qui, au Carbonifère, sont déjà très
difl'érenciés , très élevés em organisation, et comparables aux
animaux actuels du même groupe zoologique.
M. Scudder et après lui MM. Beecher, Haase et Pritsch, ont
montré qn*un petit nombre de ces Arachnides (Arthrol^^cosa,
Geralycosa, Eolycosay Proiolycosa, Palaranea, Promygale)
doivent être rappiH>chées des Araignées vraies (Araneides) *. Elles
présentent seulement une segmentation plus nette de Tabdomen,
réalisée partiellement d'ailieui*s dans \n\ genre actuel Liphistius -,
survivant eu quelque sorte des formes fossiles, qui montre une
série de segments abdominaux chitineux distincts '^.
La plupaii; des autres Ai*achnides paléozoîques ont été placées
par M. Scudder * dans un groupe spécial, les Anthracomartiy qu'il
considèi*e comme allié aux Phrynides, aux Phalangides et même
aux Pseudoscorpions quoique distinct de tous ces ordres et carac-
téristique du Carbonifère.
M. Haase, après avoir fait Tétude critique de tous les genres
connus en 1890, définit d'une façon un peu diiférente le groupe des
Anthracomarti et en fait un sous-ordre d'Opiiionides en même
temps qu'il place RacoQnicia pai^mi les Chemètes et rappelle que
Geralinura et les formes voisines sont de vrais Pedipalpes, mon-
trant ainsi que toutes les Arachnides du Carbonifère peuvent être
placées dans la classification établie pai* les zoologistes pour les
Arachnides actuelles, bien qu'elles présentent des caractères plus
primitifs et spécialement une segmentation très nette de Tahdomen.
Nous en avons dit brièvement assez sur cet historique pour
pouvoir aboi*der l'étude des deux Araignées découvertes à Com-
mentry par M. Fayol et voir ensuite quelles sont les conclusions
que nous fournira cette étude pour l'histoire des Arachnides
paléozoîques.
J'ai pu examiner rempi*einte et la contre-empreinte de ces deux
fossiles. La conservation est loin d'être aussi parfaite qu'un premier
I . Ces genres présentaient déjà le mode de respiration de la majorité des
Araneides vivantes. M. Fritsch a signalé en 1899 sur les empreintes de
Proinygale {tauna der Gaskohle Bôhmens) la trace de quatre sacs phyllo-
branchiaux (poumons).
a. ScHiôuTK. Oui an alvig-endc Slaegt of Spindlernes Omen {Naturhiêt.
Tidaskrift U, Copeniiaguc, 1846-49).
3. Nous devons rappeler que la segmentation de Tabdomen est nettement
visible dans l'embryon des formes actuelles, qui, adultes, sont bologastres.
4. Traité de Paléontologie de Zittel. — Proced. Ac, of Artê and. 5c., [2],
XX, i885. — Mémoire Boston Society $ t. IV, 1S90.
igOI DANS LE TERRAIN HOUILLEU DE GOMMENTRY 607
coup d*œil peut le faire croire, mais les différents échantillons trou-
yés dans les pays étrangers qui ont été décrits, figurés et nommés
étaient rarement meilleurs. 11 est à souhaiter que les découvertes
ultérieures permettent de compléter ou de rectifier une partie des
descriptions.
r
EOTROGULUS FaYOLI U.'sp.
(PI. XIII, fig. I).
La plus grande des espèces trouvées par M. Fayol montre, au
premier coup d'œil, que l'animal avait des téguments coriaces,
quatre paires de longues pattes/ un abdomen ovale allongé,
segmenté, un céphalothorax relativement petit, réuni à Tabdomen
dans toute sa largeur. On ne peut voir ni palpes maxillaires, ni
chélicères.
La séparation de l'empreinte et de la contre-empreinte s'est faite
de telle manière qu'une partie du revêtement chitineux dorsal
adhère à la plaque de schiste qui présente la face ventrale de sorte
que les empreintes ne présentent pas exactement Tune la face
dorsale, l'autre la face ventrale.
Le céphalothorax est mal conservé, on peut reconnaître néan-
moins qu'il présente quelque analogie, quant à sa face dorsale, avec
EophrynuSy Woodward, laissant entrevoir qu*il est primitivement
formé de plasieui*s plaques. Malgré la mauvaise conservation on
peut, avec un éclairage très oblique, pressentir, en avant du
céphalothorax, l'existence d'un chaperon et d'un camerostome
comme chez les Trogulides actuels.
On compte sur la face dorsale sept segments abdominaux
dont le l'evêtement chitineux présente, pour chaque segment, une
plaque médiane et deux plaques pleurales, caractère d'Arachnide
paléozoîque. Sur la face ventrale on peut compter huit segments,
c'est le nombre typique poui* Tordre des Opiliones *. La mauvaise
conservation des deux segments abdominaux postérieurs au sixième
rend impossible la distinction de Tanus et des plaques périanales
s'il y en a.
Chaque segment présente une paire de tubercules légumentaires
saiUants vers l'intérieur du corps qui servaient à l'insertion tendi-
neuse des muscles de l'abdomen. On trouve fréquemment ces sortes
d'aponévroses disposées par paires chez les Opiliones actuels, mais
leur disposition métaménque, en relation avec une métamérisation
1. Simon. Arachnides de France, t. VU.
()o8 A. THKVKNIN. — SUR LA DECOUVERTE d'arACHNIDES i6 Déc.
musculaire aujourd'hui eflacée, est particulièrement remarquable
chez les Arachnides paléozoîques. Ce sont ces tubercules que
Woodward a décrits comme des stigmates dans Eophjynus Prest-
çIqU, On les voit également bien dans les figures de Kreischeria
données par Geinitz et Haase et dans Graeophonus carbonarius,
Scudder, que cet auteur considère comme un Pédipalpe. Ils sont,
dans l'espèce qui nous occupe, beaucoup plus rapprochés de la ligne
médiane que dans aucune autre des formes figurées. On peut
compter nettement cinq paires de ces tubercules, il est probable
qu'il y en a six.
Malgré l'écrasement de la région antérieure du corps qui rend le
fait difficilement visible, il est vraisemblable qu^il existait une
avance sternale de Tabdomen (Simon) (sternum de certains auteurs)
comme chez la majorité des Phalangides.
Toute la surface des téguments est finement chagrinée, il n'y a
pas trace des ornements élégants qui se trouvent sur la ligne
médiane de l'abdomen des deux espèces d' Eophrynus(E. Prestvicii,
Woodw., E. Solmi, Slur.).
Les pattes sont très longues et rappellent au premier coup d*œil
celles des Faucheure actuels * . Celles de la première paii^ sont de
beaucoup les plus courtes, celles de la seconde et de la quatrième
paires les plus longues 2, Ces pattes sont grêles et terminées comme
on peut le voir pour la quatrième patte droite, par un tarse très fin,
sétiformc et souple. Les divei*s articles qui constituent la patte ne
sont pas très nettement visibles, on peut distinguer pourtant sur
Tnn des échantillons l'article intermédiaire entre la cuisse et la
jambe (patella), ce qui montre que les pattes d'Araignées anciennes
étaient conformées comme celles des Araignées actuelles. Les
articles des pattes et surtout les fémui*s ont un aspect rugueux
chagriné ; ils semblent sur le fossile finement annelés, il est possible
que cet aspect annelé résulte simplement de la fossilisation, de la
dessiccation des téguments, mais cela est peu vraisemblable.
Nous avons dit qu'en avant du céphalothorax il n'y a pas trace
de chélicères ou de palpes ; les pattes très fines et très longues
ayant subsisté dans la région même où devaient se trouver ces
appendices, nous pouvons avec vraisemblance conclure que palpes
et chélicères n'étaient pas très développés et sont cachés sous le
céphalothorax.
1. Le genre Kustarachnef Scudder, présente également un ahdoiuen ovale
allongé et de très longues pattes.
2. Les dimensions sont : eorps, 12 millim. ; pattes de la i'* paire, 14 millim. 5;
•j( paire, Î19 millim. ; 3" paire, 18 millim. 5; 4' paire, aa millim. 5.
RAPPOUT DR LA. OOHHISSION T>R COMPTABILITÉ
Igel pour 1901
DÉPENSES i8o(,
PREVUES
pour igoo
1900
PRÊVUBS
pour 1901
' Frais généranx
el : Appointements. . , .
GratiScatioiis ....
Indemnilé de logement
recUr, assurances, contrihut
1.800 ..
i5o »
60.60
i.Soo »
i5o »
5.500 »
500 »
600 »
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1.800 «
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èqoc. . .
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8.7ati.i3
9.800 »
6.730,70
8.750 »
^ais des PubUcatlons
, exercice courant (i(>oo). ,
-rendu sommaire
BoUetinet du Compte-rendu.
»de Paléontologie
e la 3- série .... . .
8.5D5.a5
4oo,85
I.OOO II
1.000 II
1.000 »
io.îio9,35
8.000 .1
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3.000 B
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900 ..
io.> B
ne de la bibliotlièt]ue. .
«emcDl
lié ux personnel ....
■ réception du Congrès .
i.583.;o
ii.Suo »
7.506, 65
a. 000 M
M totales (autres que les
généraux)
J en fin d'exercine .
la 314.1.5
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35 000 »
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3o.o38,35
+ :'i4.4i
iS.Ôoo »
kl égal à l'actif disponible
14.li14.91
14.000,76
ao.77a,66
»
6lO A. TIIEVENIN. — SUR LA DECOUVERTE d'aRACHNIDES i6 Déc.
Son abdomen est très nettement segmenté et montre, comme
celui de Tespèce précédemment décrite et conmie celui d^Eophrynus^
deux rangées de petites saillies coniques correspondant à des tuber-
cules aponévrotiqiies du tégument chitineux pour Tinsertion des
muscles, mais, à coup sûr, il y a ici plus d*une paire de tubercules
par segment.
On peut constater la présence d'une avance stemale de Tabdomen
que la déformation a rejetée de côté.
Cette petite espèce, qui est incontestablement un Opilionide, a,
comme l'espèce précédente, un tégument coriace et d'aspect
chagriné. Son étude définitive ne pourra être faite qu'avec un plus
g^nd nombre d'échantillons.
Il est intéressant de connaître le mode de vie des genres actuels
les plus voisins des espèces découvertes à Commentry ; car on sait
que les mœurs et les allures des Opilionides y defî Faucheurs, sont
extrêmement diverses.
Les Trogulides actuels « vivent dans les endroits humides, sous
les pierres, dans les mousses des bois humides et certains genres
enfoncés dans la boue ; leurs téguments sont coriaces, très durs »
(Simon). Les Nemastoma habitent « dans les mousses et les détritus
humides des forêts » (Simon). Leui*s téguments sont également très
résistants.
Nous voyons que les genres actuels les plus voisins par leur
morphologie des formes rencontrées à Commentry ont un mode
d'existence, qui s'accorde parfaitement avec les conditions que
nous croyons avoir été réalisées à Commentry pendant l'époque
houillère. Il serait tout à fait imprudent de tirer d'autres conclu-
sions et de voir là une filiation directe ; c'est seulement une
conséquence de l'adaptation à des conditions de vie analogues
de formes carbonifères et actuelles de groupes zoologiques très
voisins.
Les formes fossiles du Carbonifère présentent des caractères plus
primitifs que les Opiliones actuels. Le céphalothorax est formé de
pièces [)lus nettement distinctes, avec pièces épimériennes visibles
chez l'adulte comme elles le sont actuellement dans les formes
embryonnaires *. L'abdomen est toujours segmenté et les plèvres
des segments abdominaux sont toujours bien séparées de la partie
médiane. Ces segments abdominaux libres présentent des points
I. Balbiani. Mémoire sur le développement des Phalangides. Annales des
Sciences Naturelles, Zoologie f6], XVI, 1872.
I9OI DANS LE TERRAIN BOUILLER DE GOMMENTRY 61I
d'insertions musculaires nets indiquant une métamérisation plus
marquée que dans les Phalangides actuels.
Sans rien préjuger sur la position des Anthracomarti que
M. Haase considère, avec vraisemblance, comme les ancêtres des
Sironides actuels, tandis que M. Scudder, donnant à ce groupe
une extension plus grande, les oppose aux Arachnides plus
récentes, il convient d'en séparer Eophrynus, et les formes de
Commentry qui sont des Opilionides anciens correspondant aux
groupes actuels Phalangium, Trogalus et Nemastoma. Nous
chercherons prochainement à établir les affinités de Kreischeria.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XUl
Fig. I. — Eotrof(ulu8 Fayoii sp., grossi 2 fois.
Fig. a. — Nemaatomoides Elaveris sp., grossi 3 fois.
SUR LA THÉORIE GÉNÉTIQUE
DES APPARITIONS SINGUUÈRES D ACCIDENTS RÉCENTS
EN PLEIN JURASSIQUE INFÉRIEUR
DANS LE SUD-OUEST DES ALPES-MARITIMES
par M. A. GUÉBHARD.
Je demande la permission, à l'occasion de la publication récente
de certaines coupes de M. Fournier, qui m apportent un argument
inattendu, de revenir avec un peu plus de détails que je n'ai fait
jusqu ici sur le mécanisme probable de la formation des appari-
tions singulières de petits lambeaux de terrains récents au milieu
de terrains plus anciens qui, par leurs remarquables alignements,
jouent, dans la tectonique du sud-ouest de la feuille de Nice, le
rôle important de Jalons sj^nclinaux.
A maintes reprises, mais toujours d'une manière incidente et
toute sommaire, j'ai formulé antérieurement * la seule hypothèse
qui me parût admissible pour expliquer ces- accidents si intéres-
sants, que Texistence presque constante d'une ceinture rudimen-
taire bien reconnaissable de fragments des portions du Jurassique
disparu, interdisait d'attribuer à un dépôt in situ sur le support
inférieur à horizontalité presque indérangée, ou dérangée indiffé-
remment dans le sens d'une légèi^ dépression ou d'une non moins
légère surélévation.
Force étant de rejeter la possibilité d'une simple lacune strati-
graphique avec discordance dans le temps, il ne restait de recours
qu'à ridée d'une discontinuité d'ordre tectonique, après tout peu
faite pour surprendre, en ces régions tourmentées^ où il est.de règle
de voir le Tertiaire ou Crétacé presque horizontalement étalé au
pied de barres de Jurassique très inférieur, lui-même a peine
incliné.
Mais s*il était très facile d'expliquer le vulgaire accident du
pii-failie, par le déversement d'un anticlinal sur le synclinal infé-
rieur, avec ruptui'e du front et disparition, par étirement, du flanc
I. Trcloniquc d'un coin dillicile des Alpes-Maritimes. A, F, A, S., XXUl, 4^*
(189^) ; Esquisse g-éotectonique de la commune de Mons (Var), in Bull. So€.
et, sricnlif. dr Drafruignan^ XX, p. 1276 (1896); etc.
TBCTONIQUR DU SUD-OUEST DES ALPES-MARITIMES 6l3
intermédiaire, il De semblait pas possible d'avoir raison de l'acci-
dent plus spécial dont dous nous occupons, sans recourii' à une
coupe symétrique dans le plan perpendiculaire k l'axe de plissement,
avec double étirement de denx flancs synclinaux, et double dispa-
rition de deux nappes, représentant toute l'épaisseur du Jui-as-
sique enlevé.
Certes il serait loisible de garder à l'ensemble de la coupe ta
forme d'un V très ouvert, avec localisation des étirements vers la
pointe, correspondant à une déflexion synolinale assez faible entre
des bombements anticlinaux à peu près normaux et peu accentués
(Gç. I, A). Mais la raison
mécanique échapperait t-,..,^ a ^.-■^ Pn ^/^
alors, et de l'inteDsité des ^^~^!r\ >''i^v-<^3Xvi!l l '^
étirements observés, et de ' — — ^ x _} i Ir^
l'énormité des masses de — ^ » J
croftte disparues. Si, au j "T - ~ ""^m
contraire, on accorde assez "~~ ~" ~"~ ~~
de puissance à la poussée P'B- •■ — Schéma de la rnrmation de» lam-
tangentielle pour avoir '»*■'"' paradoxaux,
refermé presque complè- i. Portion soulevée, plissée et uitérieore-
tement les branches du V, ">«"' disparue du Jurassique; 9, Strates
soit à pUt l'une contre l«briÛontes ayant raciUlé le décolle-
„ *, , ' , I ment ; 3, Substralum solide ayant résisté
I antre, a la manière des ^„ profondeur à la poussée tangentielle.
feuillets d'un livre (fig. i,
B), soit plutdt par la butée front à front, au-dessus d'une petite
poche synclinale inférieure, de deux ourlets anticlinaux opposés,
ayant fourni un point de levier aux forces d'étirement et de
rupture (fig. a, 0), ce n'est plus seulement le schéma graphique
de l'accident qu'on obtient, mais aussi la vision très claire du méca-
nisme |iar lequel il a pu être produit.
L'on conçoit en efl'el très simplement que la striction teri^slre,
agissant avec une intensité décroissante en profondeur, ait pu
avoir, pour effet (fig. a), là où il lui arrivait d'agirentre deux points
déterminés en sens opposés, de décoller d'abord, en lu gondolant,
nne épaisseur de strates superficielles moins i-ésistantcs (fig. a, / ).
an-dessus d'une autre immobile (fig. t. 3), surtout si. entre deux,
un enduit lubriliant (fig. u, 2), comme un lit d'argile, établissait
ime prédisposition au glissement. Puis, l'action s' exagérant, la
flèche des arcs soidevés s' augmentant de plus en plus, les plus
supérieurs se détachent de leurs extrémités tiraillées (fig. a. A, C),
se surbaissent par leur milieu surchai^é et non soutenu (tig. a, B, C),
se déversent uiai^nalement du cdté de l'espace vide, s'y heurtent
€i4
A. GVEBHABD
i6Déc.
en bourrelets opposés, et finalement, si ce n'est arrivé pins tôt, se
brisent et «'«^croulent, prêts pour la disparition. L'érosion, alors,
complétant le jeu, balaie toutes les ruines jusqu'au plancher intact
où se retrouvent encastrés les lambeaux plastiques du revêtement
superficiel qui, par le mode mdme de la formation du synclinal en
pocfie. se sont trouvés rejetés au fond de la bouteille, parfois
renfoncé lui-même en coin d»ns quelque craquelure du substratum
par le poids de ses parois verticales, et longtemps protégé par la
fermeture du goulot contre les actions destructrices extérieures.
ng. 3. — I, 3, 3, Comme dans 1h figure i 4 Espace vide en dessoua des
couches dêroHée^ et soaloees 5 Résidus des strates supérieures rame-
nées au niveau des piuE
Les coupes observées par M. E. Foumierdans le Jura et publiées
tout récemment ' semblent comme une illustration, prise sur le fait,
d'un stude moyen du mécanisme ci-dessus décrit. Si l'on ne veut
voir dans cette vallée à fond crétacé, bordée de Jurassique ren-
versé, à pcndages littéralement (inrï-clinaux, c'est-à-dire en sens
opposés par rapport au plan médian, un simple pli inverse du
flanc renversé d'une nappe recouvrante, ce qui bouleverserait
toutes les notions admises sur le Jura, l'on est bien forcé de donner
à la coupe un profil en panse de bouteille écrasée du modèle des
Jiaschi llorentins (fig. a, B, C), au-dessous ou sur les flancs de
laquelle il est difficile de ne pas admettre de notables étirements
horizontaux. Qu'on suppose alors l'éi'osion descendue jusqu'à ce
niveau, et l'on reti-ouve très approximativement l'image de l'acci-
dent observé dans le Midi : un lambeau de terrain récent, posé sur
an plus ancien, avec traces de bordure intermédiaire.
A la vérité, l'étroitesse ordinaire des lambeaux méridionaux,
tendrait à faire attribuer à la bouteille une forme plus aiguë par le
bas (lig. a, A); et l'habituelle disparition du liane intermédiaire
entre anticlinal et synclinal, à l'aire remonter les étirements sur les
côtés, à la place même où, dans la coupe du Jura, c'est le flanc
[. B. S. O. F., (4). I, p. iw, flg. 3 à 5.
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6i6
A. GUEBHARD
iGDéc.
inverse, intégralement conservé, qui montre ses tranches. Mais
une différence si petite est-elle disproportionnée à la différence si
grande de deux régions aussi distantes ?
— Mais encore, dira-t-on, ce sont là schémas purement théori-
ques, et la plume a, sur le papier, des libertés que n'avait certai-
nement point la pierre dure au tréfonds de la terre encroûtée.
Évidemment ; à cela je ne saurais contredire ; ni dissimuler que
j'aie chei*ché toujours à profiter de la liberté du trait pour rappro-
cher celui-ci le plus possible des formes natui*elles auxquelles est
familiarisé Tœil du physicien ou du géomètre. Mais, ce faisant,
je tiens à spécifier que, même en mes schémas les plus abstraits,
je commence toujours par me subordonner du plus près possible
aux données numériques de Tobservation. Les figures i et n sont
tout hypothétiques, soit ; mais les proportions n'en ont rien d'abso-
lument irréel, ainsi qu'on peut s'en convaincre par la comparaison
__ CàmpLono
Les Tircbsses
AU 3ooT.
Pig. 4- — Coupe suivant la ligne C de la figure 3. — Echelle i/a5.ooo.
avec les figures 4* 5 et 6, dessinées, celles-là, rigoureusement à
l'échelle, tant pour les altitudes que pour les longueurs et les
épaisseurs ou pendages observés.
La figure 4» prise suivant la ligne C du plan de la figure 3, monti*e
bien comment le resserrement des plis à des distances à peine
supérieui^es à l'épaisseur de strates disparue, impose, sans autre
ressource, ces formes schématiques qui, isolées, peuvent sembler
arbitraires ou forcées, alors qu'on peut, sans chercher bien loin,
surprendre leur mode évolutoire à toutes ses phases intermé-
diaires. Qu'on essaie, par exemple (fig. 5), de faire une coupe
suivant la ligne B de la figure 3, à la naissance de la branche
nord-ouest de la croix bien caractérisée que dessine le bassin
crétacé, au lieu dit l'Aubarède, au nord de Mons (Var), où l'on
voit la goi'ge à fond cénomanien de Font Trucelle, profondément
dominée sur ses deux bords par des barres de Jurassique en posi-
I90I
TECTONIQUE SU 8UD-Ot'RflT DES ALPES-HAHITIHES
c,
Fi(f. 5. — Conpe s<
l la li^e B de la Ûg. 3.
Echelle i/:t5.<ioo.
tion normale à baynres inférieures d'Infralias, tiserées de brèche
tilhonique. Vunloir expliquer cela par un simple elTond renient
local entre failles an^Iaires en Y aigu, tîerail contraire à toutes
les apparences de continuité dans les plissements que fait ressorlir
partout l'étude de la région et que montre la prolongation même
du pli des Auliarodes, très vite atténue, k l'ouest, jusqu'à s'effacer
totalement dans l'Oxfordien, par une rapide remontée de son axe
sur le plateau de Bliauge, où reparaît ensuite une di°continaité
alTaiblie de Néoco-
mien, au pied d'une
petite barre kimé-
ridgienne. La seule
reconstitution cou-
forme aux observa-
tions locales comme
à l'allure générale
du pays,.«iontre une
boucle crétacée
{flg. 5, A) recouverte
symétriquement par
les déversements
opposés de deux bourrelets anticlinaux, à fronts disparus par
rupture et flancs inférieurs par étirement, suivant deux plis-failles
presque verticaux ou même de pentes contraires.
En somme, la coupe A n'est que la duplication symétrique autour
d'un axe vertical, l'opposition face à eile-méme, de la coupe toute
classique des déversements méridionaux, dont nous voyons un
exemple à gauche de la fig. 4, sous l'inscription Cam^/on^'', et qui
sont plus que fréquents, de règle, dans le pays. Pourquoi trouve-
rait-on absurde, tourné vers le nord, ce qui parait tout naturel
tourné vers le sud ? El quelle difficulté Tondamentaic y aurait-il à
concevoir qu'en certaines places, comme cela se voit à chaque
instant sur l'étoffe de nos vêtements, les deux mouvements aient
pu se faire vis-à-vis ?
Mieux encore, si l'on prolonge au sud la coupe deFontTrucelle.
on arrive à entamer la bi-anche inférieure se dirigeant sur Mons
du bassin cruciforme crétacé : et le recoupement du cap anticlinal
obliquement traversé donne obligatoirement (lig. '1, B) un pi-ofil
en champignon, qui se trouve être l'exacte reproduction, sens
dessus dessous, du profil eajiasco (lig, 5, A) de Font Tnicelle. Si
le premier s'impose, sans rien de choquant, poui-({uui le dernier
semblerait-il extraordinaire ?
6l8 A. GUÉBHARD l6 Dëc.
Uexamen de la carte ne niontre-t-il pas bien la double poussée
au vide qui a dû produire tout cela, en se localisant surtout aux
pointes anticlinales opposées de dômes polygonaux brusquement
limités sur leur pourtour par des synclinaux i*ecoupants, et la
pression maximale agissant là comme aux coins d'un coussin trop
tendu, pour faire saillir en hernie, par une écomure d'angle, le
contenu interne ? La complication du réseau de plissements de plus
en plus polygonal qui commence à se manifester sur cette bordure
de carte et s'augmentera encore sur la feuille de Castellane. four-
nira maints exemples d'un phénomène qu'on retrouve, plus on
moins développé, à presque tous les croisements de synclinaux.
D'une manière générale, la seule condition nécessairement
requise pour le déversement en sens opposés de rides anticlinales,
est que la stnction terrestre qui, par son essence même, devait
tendre partout à raccourcir la distance séparative de deux points
de Técorce, n'ait pas trouvé obstacle à sa tendance naturelle à se
réduire localement à deux composantes à peu près égales et direc-
tement opposées, au lieu de laisser prédominer activement l'une
d'elles sur l'autre devenue purement passive.
Supposons un morceau de l'écorce, primitivement ridé ou non,
et serré soit parallèlement, soit angulaii'ement, par ses bords,
comme dans une pince ; c'est ce qu'a pu produire sur telle ou telle
région l'arrivée lointaine de deux ondes en sens inverse ou d'une
seule contre un obstacle ferme.
Or, il suffit de jeter un coup d'œil sur ma carte d'ensemble, au
1/80.000, du sud-ouest des Alpes-Maritimes, pour remarquer une
localisation très évidente, de l'accident des petits lambeaux en
dehors de la zone des grands déversements vers le sud, entre
celle-ci et le grand massif primitif méridional dont la résistance
a perturbé et compliqué de diverses façons la régularité d'aligne-
ment, de Test à l'ouest, des plis septentrionaux. Et là où le phéno-
mène se montre le plus développé, c'est précisément dans l'angle
sud-ouest dont j'ai reproduit les contours (fig. 3), où l'intervention
d'une poussée venue de l'ouest est rendue manifeste par la brusque
déflexion à angle droit des axes de plis de la région de Mons,
tandis que la suri*ection d'un massif résistant secondaire, an nord
de Saiut-Cézaire, sous forme du grand dôme allongé qui poile sur
la carte d' Etat-major l'inscription Pré d'Embertrand, et dont le
nom cadastral est le Prignon, a fait se contourner en spirale, pour
venir converger au pied de la grande ligne de discontinuité de
Mauvans, tous les plis du vaste plateau que coupe, en ravin très
profond, la rivièi*e de la Siagne. L'eflet d'une double ou même
igOI TECTONIQUE DU SUD-OUEST DES ALPES-MARITIMES 619
multiple contracture, dans tous ces parages, est attesté matériel-
lement par l'existence, au nord d'une barre de Bathonien inférieur,
et non plus au sud, comme c'est de règle, d'un grand lambeau
marqué m* au-dessus de l'inscription le Pré d'Embertrand^ lequel
fournit le seul et tout-à-fait unique exemple de déversement fran-
chement septentrional que j'aie jamais observé surtout le territoire
de mes recherches. Une coupe menée par ce point jusqu'au pli de
Mauvans, perpendiculairement aux axes, c'est-à-dire du sud-ouest
au nord-est, suivant
la ligne A du plan de ^° Le l'nqnon Roquehnron
^ Jr ^ ^ Lejtf allons , . - ' -_-_-J_- ,tt-î
la ng, 3, ne peut pas : c ^ \^, ^ ;^ , ';,^i 'i~: •;
donner autre chose
que ceci (fig. 6) :
Et ne Yoilà-t-il pas,
inévitable et - typi-
.Ak4j^
1 ^ r«, Fiff. 6. — Coupe suivant la li^e A de la fia, 3.
que, le fameux profil Echelle i/5o.o^. '
en blague à tabac,
facile, sans doute, ailleurs, à discuter, mais guère, ici, à rem-
placer ?
Or supprimons, dans cette coupe, le faible anticlinal intermé-
diaire qui sépare les deux déversements opposés, et nous retom-
bons sur la coupe de l'Aubarède. Dans celle-ci. arasons les deux
bordures anticlinales jusqu'au niveau du Crétacé et c'est l'image
même des lambeaux singuliers.
D'un autre côté, retournons la figui*e 5 sens dessus dessous, le
haut en bas ; et que voyons-nous, si ce n'est le presque classique
champignon ou le bien mal dénommé et peut-être encore discuté,
mais pas absolument rejeté « éventail » ? Soutiendra-t-on qu'un
processus qu'on admet comme ayant pu se produire en l'air, à
rencontre de la pesanteur, ait été impossible sous terre, la
pesanteur aidant, au sein de cet élément mou qu'a dil être, sous
les pressions éperonnantes du Bajocien siliceux, Ténorme masse
grasse de Tlnfralias argileux et du Trias délriti(|ue?
Sans doute il v aurait matière à étonnement ou incrédulité si
c'était brusquement et sans préparation que Ton se trouvait en
face d'un de ces schémas d'insolite appaiH»nce. Mais nous avons
déjà vu comment le dernier peut se ramener, par sinqile raison
de symétrie verticale, à deux autres tout-à-fait familiers.
Et enfm il y a ceci encore à noter que, presque partout, grâce
aux rapides variations d'intensité que présentent les plis le long
de leur axe, sous l'influence soit de plis recoupants, soit de simples
630 A. GURRHARD l6 Déc.
pai*ticularités locales ', on peut suivre pas à pas le transformisme
parfaitement graduel, depuis la coupe la plus simple du monde jus-
qu'à la coupe singulière, jusqu'au paradoxe. Ce qui étonne sur le
papier — à l'inverse de ce qui se passe trop souvent — paraît
naturel sur le terrain, par la gradation des changements et sans
qu*ait à intervenir Vultima ratio de l'impossibilité de trouver une
autre explication satisfaisante. Et plus on cherche à vérifier sur
place Fexplication que je propose, plus celle-ci semble se fortifier
des menus détails de l'observation.
Par exemple, j'avais été parfois frappé de trouver, an voisinage
de mes petits lambeaux paradoxaux, comme une ébauche avortée
de brachysynclinal perpendiculaire au plissement principal, mais
sans apparence de tenants et aboutissants lointains. Ceci s'explique
très simplement si l'on considère par quel mécanisme se forme,
sur un pli à lèvres accolées, qu'on essaie de raccourcir dans le
sens de son axe, la poche locale qui résulte de cette tentative.
Il suffit de serrer entre le pouce et l'index des mains opposées un
pli d'étoH'e, puis de rapprocher les mains, pour voir se former loca-
lement une poche à section de losange curviligne concave qui, vers
le fond, simulera précisément le [)etit bout de synclinal perpendi-
culaire observable sur le terrain.
Or l'échelonnement même des lambeaux de poudingue en
petites taches interrompues, au lieu de longues traînées, et le
double système d'alignements qu'on y peut observer parfois
suivant deux systèmes orthogonaux prouvent bien l'existence de
la force qui, partout, tendait à plisser les plis sur eux-mêmes :
c'est celle-là qui, là même où elle n'a pas réussi à produire de
véritables plis recoupants, en a, du moins, fait naître l'ébauche,
aux points où la formation d'une simple poche locale, lui avait
donné satisfaction.
Un exemple intéi*essant se trouve an nord du village de Cabris
(A. -M.) sur le flanc de la montagne des Audides, où, dans la
prolongation inférieure du faux synclinal ainsi formé, des
recherches d'eau, faites au contact de l'Infralias, sont demeurées
sans grand profit, ce qui n'eût pas été le cas, vraisemblablement,
s'il se fût agi d'un véritable synclinal venu de loin au nord.
I. Uq exemple remarquable est oirert par un des plis partis du centre
d^étoilcment du Saut-du-Loup, près de Gourmes (A.-M.), qui, grâce à la puis-
sante érosion qui a mis à jour les charbonnages triasiques de Vescagne,
montre sur un espace de quelques kilomètres toutes les phases de traiis-
formation de la faible ride du plateau de Saint- Barnabe en pli-faille très
profond.
igOI TECTONIQUE DU SUD-OUEST DES ALPKS-MARITIMES 03 1
G* est aussi, bien certainement, à l'intervention de la stricture
orthogonale qu'il faut attribuer cette autre singularité que, parfois,
an lieu de correspondre à une dépression, si faible soit^lle, du
sabstratum presque horizontal, la présence de la tache récente
peut correspondre à une véritable saillie locale de celui-ci, formant
comme un bouton isolé. Là où la saillie correspond à une conser-
vation partielle du Jurassique intermédiaire, comuie à la colline
de Castel Abram au sud de Saint- Val lier, cela n a rien que de très
naturel. Mais si Ton voit, non loin de là, à Test, une éminence bien
plus élevée, celle de Lauteron, presque toute formée de Batlioiiien,
porter sur son sommet et sur ses lianes comme une résille étoilée
de poudingue pontien, sans altération notable de son bombement
régulier, un certain étonnement ne laisse pas que de se faire jour,
surtout après qu'une étude minutieuse de la répartition des traînées
de poudingue a lait rejeter après coup Thypothèse, dont je
m'étais payé d'abord, d'un simple empilement serré de plis
couchés et doublement étirés. Ce fut, je l'avoue, pendant long-
temps, dans mon plus proche voisinage, un problème terriblement
déconcertant et dont ne serait peut-être pas venue à bout mon
obstination, si la question ne s'était trouvée subitement éclairée
par la notion, anciennement entrevue *, mais récemment déve-
loppée et corroborée d'exemples frappants, de la convergence
stellaire des plis, dont la commune de Gourmes offre un type
remarquable de régularité -. Si, là, grâce à une coïncidence exacte
des composantes négatives des diverses vagues de plissement, la
rencontre a eu pour résultat la formation d'un vaste ombilic syncli-
nal déprimé^ rien n'empêche d'admettre qu'ailleurs la sommation
des énei^ies locales ait abouti à une composante positive et produit
un soulèvement isolé au point de croisement de plusieurs plis. Tel
parait bien être le cas de Lauteron, sur lequel je me réserve
d'ailleui*s de revenir ultérieurement, avec plans détaillés.
Mais en d'autres endroits et spécialement sur le plateau qui
serait compris entre la portion ouest du bord inférieur de ma
carte au 1/80.000 et le village de Gallian(Var), on peut voir encore
plusieui*s fois le lambeau discontinu surélevé sur une éminence,
au contact de Bajocien ou même d'Infralias, eux-mêmes surélevés
au-dessus du Bathonien. L'intervention 4le la composante ortho-
gonale est démontrée par la direction est-ouest de la chaîne ([ue
forme orographiquement auprès du lieu dit Malestruc, la réunion
de quelques-unes de ces surélévations. Un peu plus au sud, on rn
1. A. F, A. S., XXm, 493 (1890).
2. Congrès géologique interuatioiiul de 1900.
6îia GUÉBHARD.. TECTONIQUE DU S.-O. DES ALPES-MARITIMES l6 Déc.
observe d'autres tout à fait isolées, mais aussi moindres. Et si Ton
veut se rendre compte par un schéma graphique du mécanisme de
plissement qui a pu produire ce phénomène, on voit qu'il suiiit
d'apporter une toute petite modification dans le schéma (fig. a. A)
qui figure le mode de plissement en poche légèrement renfoncée,
pour avoir celui de la poche
légèrement surélevée (fig. 7).
L'un et l'autre rentrent incon-
testablement dans des familles
de courbes dont la physique ou
la géométrie offrent des exem-
pies et l'on ne voit pas pourquoi
[!iiiiili!.Wi;!ililii!iiiîtMrA!î^të^
PîK- 7- — Schéma de la formation paraîtrait invraisemblable, pour
d'une proéminence de couches le plissement des assises terres-
anciennes sous le lambeau dis- . ui x * ^ 1
continu de couches récentes. ^^^ «« V" 8«™*>l« »««* °«t^»
pour le plissement, dans des
conditions déterminées, d'un faisceau de lames susceptibles
d'éti rement.
Dans ces mêmes parages, au bord du profond ravin de la
Siagnole, en face d'une petite tache crétacée et pontienne située
sur la rive gauche, à Camplong (de Mon»), on voit subsister
comme un témoin parlant une ébauche localement avortée du
mouvement qui, un peu plus au sud, a remis en contact le même
Pontien avec Tlnfralias, et qui, ici, à une. altitude moindre, a
simplement ramené l'Oxfordien au ras du plateau de Bathonien
inférieur, avec de simples traces réduites deCallovien et de Batho-
nien dolomi tique intermédiaires.
Enfin l'existence même de la surface lubrifiante que nous avons
présupposée pour faciliter le pi*emier décollement de la croûte
superficielle est souvent tangible dans la réalité. Cest toujours de
préférence à la hauteur d'un des lits argileux de Téchelle juras-
sique que ion voit siéger l'accident, dès qu'il est un peu accentué:
quelquefois dans le Kiméridgien ou l'Oxfordien, le plus souvent
dans le Bathonien ou surtout l'infralias, bien fait pour donner
libre carrière inférieurement aux évolutions les plus bizarres de
la mince écorce superposée.
En résumé, il semble que tout concorde à réunir en un faisceau
aussi serré que possible l'hypothèse tectonique avec les vraisem-
blances physiques. Et si quelque doute, après cela, pouvait
subsister, il ne nous resterait plus qu'à poser la fatale demande :
quelle autre explication, alors, proposer?
igOI . ÉTUDE DES ECHIMDES FOSSILES D*ÉOYPTE 6^3
M. de Lapparent doute que Tallure en fond de bouteille,
signalée par M. Guébhard, puisse recevoir une explication méca-
nique satisfaisante. Il {^ensc qu'il y a quelque danger à faire
revivre à ce propos la thèse du double pli de Claris, au moment
où presque tout le monde s'accorde à l'abandonner en ce qui
concerne les Alpes glaronnaises.
M. Haug pense que, quelle que soit la solution que l'on adopte
pour le double pli de Glaris, on ne peut nier l'existence, fréquente
dans les Alpes, de plis dont les charnières se font face. Il rap-
pelle l'exemple, signalé récemment par M. Kilian, de plis du
massif du Vercors déversés vers l'intérieur des Alpes, en regard
de plis plus internes déversés vers l'extérieur.
NOTES POUR SERVIR
A L'ÉTUDE DES ÉCHINIDES FOSSILES D'EGYPTE
par M. R. FOURTAU
I. — Sur le groupe de V Echinolampas africanus de Loriol.
L'étude de nombreuses séries d'Echinides provenant d'une même
localité, amène nécessairement à trouver un grand nombre d'indi-
vidus s'écartant de la diagnose originale et formant des passages
à plusieurs espèces établies sur des individus extrêmes. L'espèce
varie tellement sous nos yeux qu'il est vraiment imprudent de
vouloir la limiter dans une formule.
J'ai déjà eu l'occasion d'étudier les variations du Conoclypeus
Delanouei de Lor., de VEuspatangus formosus de Lor.^ainsi que
du groupe du Schizaster Zitteli de Lor. et de Linthia cavernosa de
Lor., dans diverses études publiées précédemment. J'ai sur mon
savant confrère M. de Loriol l'avantage d'avoir pu recueillir moi-
même en place de nombreux exemplaires ; c'est d'ailleurs le seul.
Aussi ai-je pu constater dans mes récoltes l'existence de formes
de passage qui lui ont fait défaut lors de l'établissement des espèces
0^4 R. FOUliTAV. — NOTKS POUR SERVIR l6 Déc.
qu il a décrites dans sa Monographie des Echinides fossiles
de FEgypte.
Dans cet ouvrage, M. de Loriol décrit trois grandes espèces
à' Echinolampas : E, africanus, E. Fraasi et E. Osiris Desor, dont
les différences peuvent se résumer ainsi :
Echinolampas africanus de Lor. — Appareil apical d'appa-
rence stellifornie, ambulacres larges, lace inférieure plane ou nn
peu déprimée autour du pcristome, hauteur moyenne o,5o de
la longueur. Pourtour arrondi mais non renflé. Péristome relative-
ment petit.
Echinolampas Fraasi de Lor. — Se distingue du précédent par
sa forme plus haute, plus bombée, ses ambulacres et ses zones
porifères sont plus étroits, son sommet est moins excentrique» sa
face inférieure déprimée et convexe vers le bord, son péristome
est l'elativement plus petit.
Echinolampas Osiris Desor. — Se distingue d'E, africanus par
ses ambulacres moins lai*ges, son bord très arrondi et sa face infé-
rieure convexe.
Pour les deux premières espèces M. de Loriol reconnaît parmi
les quelques exemplaires qu'il a sous les yeux des individus qui
s*écartcnt du type, quant à la troisième il n*a eu sous les yeux que
deux excMiiplaires dont l'un est le type de Desor.
Ces gros Echinolampas ne sont certes pas très commodes à
transporter pour le touriste ou l'explorateur, et certes si je n'avais
pas été en résidence en Egypte j aurais souvent hésité à charger
mon sac de ces Echinides qui foisonnent à la base de TEocène
moyen du Mokattam.
J'ai pu grâce à de nombreuses courses au Mokattam et princi-
I>alement au Khor el Douerah. derrière la Mosquée de Kaitbaî,
recueillir une centaine d' Echinolampas de toute taille, qui m'ont
permis de faire les observations suivantes.
L'aspect stelliforme que figure M. de Loriol (loc. citato^ pL IV,
fig. 5 a) S pour l'appareil apical de V Echinolampas africanus ne
s'est retrouvé que sur un exemplaire, chez les autres il est impos-
sible de distinguer cet appareil de celui des deux espèces voisines,
la largeur des ambulacres et des zones porifères varie suivant les
spécimens et diminue généralement en raison du bombement de
leur face supérieure de sorte que l'on ne peut plus fixer une limite
1. L'exemplaire ligiiré pi. 111, iig. i, est dépourv'u d'appareil apical.
I9OI A l'étude DBS ÉCHINIDBS FOSSILES D^BGYPTE 6a5
précise ni même an rapport approximatif; quanta Texcentricité du
sonmiet elle n*est jamais la même. Les faces inférieures sont plus
ou moins déprimées d'après l'individu . Il ne resterait donc que le
renflement du bord et encore ici on ne peut pas fixer une limite
très exacte.
Comme ces trois espèces d'Echinides se rencontrent dans une
même couche qui est bien fixée entre le niveau du Lobocarcinus
PauUno Wurtembergicus v. Mayer, et une couche absolument
formée de grandes Nummulites gizehensis Ehr. nous ne pouvons
y voir qu'une seule et même espèce qui devrait porter le nom
à* Echinolampas af ricanas puisque la plupart des individus se
rapprochent de la diagnose de cette; espèce par M. de Loriol et qui
aurait deux variétés extrêmes, l'u^e E, africanus var. Fraasi
exagérément bombée et pouvant même devenir circulaire à la face
inférieure, l'autre^, africanus var. Osiris Des. à bord très arrondi,
cette dernière infiniment plus rare que la première.
Ces variétés s'observent, non seulement au Mokattam mais
encore sur le plateau du Galala el Baharîeh entre l'Ouady Sannour
et rOuady Ramlieh, ainsi que dans le Nummulitique de l'Ouady
Feiran au Sinaî .
II. — Sur le Sismondia Sœmanni de Loriol.
M. de Loriol a décrit cette espèce de Sismondia comme prove-
nant du Nummulitique d'Egypte, d'après les échantillons que lui
avait rapportés dans le temps M. Sœmann sans indication précise
de localité.
J'ai recueilli au Mokattam et au Gebel Kibli el Ahram, soit des
deux côtés de la vallée du Nil à la hauteur du Caire des échan-
tillons se rapportant à cette espèce. A la base de l'Eocène moyen
du Mokattam, près des fours à chaux situés dernère la nécropole
de l'iman Afifi, j'ai récolté de noinbrxîux spécimens tous de petite
faille, mais se rapportant bien à la description de M. de LoHol, le
plus grand ayant à peine 6 millimètres de longueur alors que la
description indique 11 à i3 millimètres.
Au Gebel Kibli el Ahram, presque au sommet de l'Eocène moyen,
j'ai trouvé de nombreux individus se rapportant en tous points aux
figures et à la description de M. de Loriol « dessus et dessous plats,
bords assez épais. » A côte de ceux-là d'autres un peu moins allon-
gés s'écartent du tj'pe figuré. Il est donc très probable que c'est de
là que proviennent les exemplaires que M. Sœmann a donnés à
j Mars 190a. — T. x«r. Bull. Soc. Géol. Fr. — 40
626 FOURTAU. — ÉCIIINIDES FOSSILES d'ÉGTPTB i6 l)éc.
M. de Loriol. Comme la difTérence de niveau entre les exemplaires
du Mokattam et ceux du Gebel Kibli el Ahram est fort grande, je
proposerai d'établir pour les premiers une variété minor cfui ne se
distingue du type de M. de Loriol que par la constance de sa [petite
taille qui arrive à peine à la moitié de celle du type décrit.
III. — Rectification an sujet d'Amphiope iruncata Fachs.
Eu 1882, M. Tli. Fuchs a décrit et figuré * une Scutellidée pi«ove-
nant du Miocène des environs de Syouah sous le nom Amphiope
iruncatay nov. sp. Or, dans sa monographie des Scutelles (p. 66,
pi. II, fig. 11-16), Agassiz a décrit et figuré sous le nom de Lobo-
phora truncata nov. sp. un individu de provenance inconnue mais
absolument différent de celui qu'a décrit Fuchs. Depuis Agassiz on
a réuni en un même groupe les Amphiope et les Lobophora, il
s'ensuit donc que Lob. truncata est devenu Amph, truncata et que
Tespèce décrite par Fuchs doit changer de nom puisqu'il est
préoccupé. Je propose donc pour l'espèce égyptienne le nom
d! Amphiope Fuchsi, nobis.
I. Cf. Th. Fucus. Beitraege zur Kentniss der Miocaenfauna Aegyptens iind
der libyschen Wâstc, p. 49» pl- XV, tig. 1-4 > Paleontographica. Cassel, 188:1.
EOCENE DE ROYAN
par M. H. DOUVILLÉ «
Nous avons eu l'occasion de faire cette année on assez grand
nombre d'excursions aux environs de Royan et nous avons pu
ainsi reconnaître que le terrain éocène avait eu dans cette région
une extension beaucoup plus grande qu'on ne Ta indiqué jusqu'à
présent.
On ne signale babituellement que le lambeau de Saint-Palais
qui commence au sud-est du signal de Terre-Nègre, affleure des
deux côtés de Tanse de Puyraveau et constitue le cap du Bureau
Saint-Palais; Tensemble de ces couches s'étend le long de la côte
sur une longueur de laoo mètres environ. D'après les études les
plus récentes 2 ces couches présenteraient de haut en bas la
composition suivante, au-dessous du sable des dunes ^ :
A. Marnes sableuses zonées, grises ou blanches, remplies
de débris de coquilles brisées ( Ostrea , Pecten ,
Échinides, etc.) i m.
B. Sable ferrugineux brunâtre sans fossiles 3 m.
G. Grès grossier calcarifèrc, présentant à la base un lit
de sable argileux verdâtre de 0,10 avec Ostrea
fUUfellula ci débris de Pecten 2 m.
D. Calcaire grenu blanchâtre à Echinides présentant
surtout à la partie supérieure de nombreux Forami-
nifères (Orbitolites complanataj Aheolina, Lituola
n. sp., nombreuses Miliolidés), et quelques rares
grains de quartz assez gros 3 à 4 m.
E. A la base^ ce même calcaire renferme des débris
d'ossements et des fragments paraissant peu roulés
d*un calcaire gréseux verdâtre avec grains de quartz
très petits (grosseur moyenne o mm. 07), NummuUtes
planulata et Aheolina oblonga, sur une épaisseur
d'environ i m.
I. En collaboration avec M. Robert Douvillé.
a. Vasseur. Sut le dépôt tertiaire de Saint-Palais, Ann, Se, géoL,t. XVI, 1884.
3. A la base de ces sables les auteurs signalent de nombreux fragments
roulés de silex bruns considérés tautôt comme des grès siliceux, tantôt
comme des meulières d'origine lacustre ; Tcxamen microscopique de ces
roches nous a montré seulement des silex crétacés fréquemment vacuolaires.
6a8 M. DoiwiLLÉ i6 Dec.
Cette couche E ne s'observe qu'à Textréniité sud-est du lam-
beau, dans la partie la plus rapprochée du Bureau ; on n'en voit
aucune trace sous le signal de Terre-Nègre. En ce dernier point
la surface de contact avec le terrain crétacé a été mise à décou-
vert par les érosions des vagues, sur une assez grande étendue :
elle est remarquablement plane ; on voit qu elle a été complète-
ment arasée avant le dépôt des terrains tertiaires K
Si on suit la bande littorale vers le sud-est, en se dirigeant vers
Royan, on ne trouve plus aucun affleurement des calcaires de
Saint-Palais, mais immédiatement après la conche de ce nom, le
sol est recouvert d'un dépôt superficiel argilo-sableux plus ou moins
grossier, dans lequel on rencontre de nombreux silex peu roulés
et présentant des fossiles marins nombreux^ surtout des Foramini-
fères. Ces mêmes silex se rencontrent à peu près partout dans le
voisinage de la mer, mais en quantité variable. Ils sont très abon-
dants au nord de Pontaillac, on les retrouve à Royan même, dans
les environs du Fort, et sur le boulevard de la Falaise. Le même
dépôt présente un développement remarquable entre les roches
de Vallières et le phare de Saint-Georges de Didonne : nous
reviendrons un peu plus loin sur les circonstances intéressantes
de ce gisement. Ces silex sont aussi très abondants dans la région
du fort de Suzac, et vers la ferme de Compin ; nous les avons
encore retrouvés plus au sud jusqu'à Meschers.
Si Ton réunit, comme nous l'avons fait, un grand nombre
d'échantillons de ces silex, on voit qu'ils présentent une composi-
tion minéralogique assez variable : les uns sont de vrais silex et
sont composés à peu près entièi'ement de silice calcédonieuse,
tandis que les autres renferment de nombreux grains de quartz
réunis par un ciment calcédonieux, et doivent être considérés
comme des grès à ciment siliceux ; parmi les premiers les uns
renferment des grains de quartz plus ou moins nombreux et de
dimensions très petite (o millim. 07 environ), tandis que les autres
présentent seulement quelques gi*ains de quartz assez gros et iixé-
gulièrement disséminés.
Ces diverses variétés de roches siliceuses se distinguent égale-
ment par les débris oi*ganiques qu'elles renferment : ce sont prin-
cipalement des Foraminifères, comme nous l'avons dit, et ils sont
quelquefois assez abondants pour constituer à peu près toute la
roche ; tantôt leur test est resté calcaire et il arrive aloi*s assez
I. On observe une disposition analogue dans le Boaloonais au nord de
Marquise, à la surface du calcaire carbonifère, au contact du Bathonien.
igOI ÉOCÈNE DE ROYAN 629
souvent qu*il a entièrement disparu par dissolution, la présence
des fossiles n'est plus indiquée que par leur empreinte et le vide
qu'ils ont laissé dans la roche ; mais le plus ordinairement ils ont
été entièrement siliciQés et tous les détails de leur organisation
peuvent être observés sur les plaques minces de la roche siliceuse.
Sous ces différents points de vue on peut ainsi distinguer les
roches suivantes :
!• Grès siliceux grossier sans fossiles (Suzac).
Q** Grès grossiers siliceux avec débris de coquilles (Saint-
Sordolin, Pontaillac, pointe de Vallières) ; les grains de quartz ont
habituellement o millim. 6 à o millim. 8, mais ils cimentent quel-
quefois de gi*os galets, et la roche passe alors au poudingue
(Vallières, Meschcrs). Le fossile le plus commun est une Ostrea
du groupe de la flabellula, d^autres fossiles sont trop empâtés
pour pouvoir être déterminés avec précision : Turritella, Cythe-
rea (?), Cardium, etc. Mais le fossile le plus intéressant est une
Nummulite, certainement différente de la N. planulata de Saint-
Palais et qui se rapproche beaucoup de la petite forme de N. biar-
ritsana que Ton désigne habituellement sous le nom de Ramondi ;
les plus gros échantillons (forme B. à. microsphère) atteignent une
dimension de 5 millimètres. Ajoutons encore que nous avons ren-
contré dans cette roche à Nummulites de rares fragments
d" Orbitolites complanata. Des recherches persévérantes dans ces
grès des Vallières arriveraient vraisemblablement à reconstituer
une petite faunule très intéressante.
3** Silex présentant quelques rares grains de quartz assez gros
(i à a millim.) et habituellement très riches en Foraminifères
variés, principalement des Miliolidés (Pontaillac, Foncillon, Saint-
Georges, Suzac) : on peut signaler une espèce nouvelle de Lituola
(découverte par M. R. Douvillé à la partie supérieure des calcaires
à Oursins de Saint-Palais), V Orbitolites complanata qui se ren-
contre également dans ces mêmes couches de Saint-Palais et des
Aheolina.
4" Silex présentant de nombreux grains de quartz très petits
(o millim. 07); ils renferment en abondance les N, planulata et
VAheoUna cf. oblonga identiques aux formes que Ton rencontre
dans les calcaires remaniés de la base des calcaires de Saint-
Palais. On rencontre ce type de silex à peu près partout : à Saint-
Palais même, mais seulement au sud-est de la conche du Bureau,
sur les bords de la baie de Conseil et de la baie de Saint-Sordolin,
63o H. DouviLUB i6 Dec.
à Pontaillac, à Foncillon, à Suzac et au sud de la ferme de Compin,
près Meschei's. Sur ce dernier point les Nummulites et les Alvéolines
sont encore calcaires.
Si Ton compare ces diverses roches avec la coupe que nous
avons donnée plus haut du Tertiaire de Saint-Palais, on voit que
les deux séries peuvent être rigoureusement parallélisées ; les grès
siliceux i et 2 et les silex 3 et 4 correspondent exactement aux
sables B, aux grès C et aux calcaires' D et E. La seule différence
c'est que l'élément calcaire est remplacé plus ou moins complète-
ment par la silice. Les silex que nous venons d'étudier repré-
sentent donc des débris silicifiés et décalcifiés des diverses assises
d'un terrain qui avait exactement la même composition que le
Tertiaire de Saint-Palais.
Or ces silex ne sont pas roulés, ils se présentent souvent en blocs
considérables et tout concourt à démontrer qu'ils n'ont pas été
transportés; ils n'ont guère subi qu'un déplacement vertical à la suite
des actions de décalcification qui les ont isolés, et sur lesquelles
nous reviendrons dans un instant. Mais dès maintenant, on peut
considérer comme acquis que, à l'origine, les couches éocènes de
Saint-Palais avaient une extension bien plus considérable que celle
qu'elles présentent actuellement et qu'elles ont dû s'avancer au
sud-est jusqu'à Meschers, recouvrant ainsi la plus grande partie de
la craie supérieure à Orbitoides média. Le petit lambeau de
i.QOO m. de longueur qui subsiste seul aujourd'hui à Saint-Palais,
n'est donc en réalité qu'un témoin d'une formation beaucoup plus
étendue et qui occupait environ i5 kilomètres sur la rive droite de
la Gironde.
Il est peu probable que cette formation se soit étendue beaucoup
plus loin de ce côté. Nous venons de voir en effet, qu'aux environs
de Royan, elle est toujours en recouvrement de la craie à Orbi-
toides, il en est de même plus au sud dans la région de Blaye. Il
existe donc une relation au moins de position entre TEocène et la
craie supérieure. Or, ces couches à Orbitoides sont interrompues
sur la rive droite entre Talmont et Saint-Thomas de Conac, par le
prolongement de l'anticlinal du Pertuis d'Antioche qui fait arriver
le Cénomanien jusqu'à Saint-Genis, à une douzaine de kilomètres
au nord-est ; il est donc probable que les couches éocènes de Royan
et de Blaye constituaient deux golfes distincts qui se rejoignaient
seulement plus au sud. On sait du reste depuis longtemps que les
couches de Saint-Palais se prolongent jusqu'aux écueils du phare
de Cordouaii et jusqu*à la pointe de Grave. Vers le sud-est les
I9OI ÉOCiNE DB ROY AN 63l
sondages ont indiqué, principalement à la base des terrains
tertiaires, des sables à Nummulites et, à ce point de vue, la décou-
verte d'un niveau à Nummulites dans les grès de la pointe des
Vallières, au-dessus des calcaires à Echinides de Saint- Palais,
permettra probablement de préciser les relations d'équivalence de
ces diverses couches.
Les observations que nous avons faites dans la région de Royan
nous permettent de compléter encore la coupe de la partie infé-
rieure du terrain éocène. Nous avons vu que Texistence d'une assise
à Nummulites planulata et Aloeolina oblonga est simplement
indiquée à la partie inférieure des couches de Saint-Palais, par la
présence de fragments de calcaires remaniés dans le conglomérat
de* base et caractérisés par la présence de grains de quartz
très fins. Cette couche manque dans la partie ouest du dépôt et
se montre seulement à son extrémité vers le sud-est. Or, immé-
diatement au-delà et dans cette même direction, on rencontre en
abondance les silex E caractérisés par les mêmes fossiles N. pla-
nulata et Aheolina oblonga, et aussi par les mômes grains de
quartz très fins. On doit en conclure que dans toute la région de
Royan il devait exister une couche de calcaire présentant les
caractères correspondants ; c'est cette couche qui a dû fournir les
fragments i^emaniés à la base des calcaires de Saint-Palais, elle
était donc en réalité un peu inférieure aux couches qui aflleurent
aujourd'hui dans cette dernière localité.
Mais nous pouvons encore ajouter à cette coupe un terme plus
ancien : à Royan même, dans les travaux du Fort et plus au sud,
nous avons retrouvé principalement sur les parois des poches de
décalcification, des lambeaux de sables jaunâtres très fins (o milli-
mètre 01 à 0,02) et très réguliers, qui habituellement sont entière-
ment dépourvus de fossiles. Ces sables sont particulièrement bien
visibles sur les parois de la tranchée de la route qui conduit au
cimetière de M eschers à la conche des Nonnes : sur le cùté sud de
cette route, ces sables sont légèrement argileux et grâce à cette
moindre impennéabilité, nous avons pu y trouver sur un point
d'assez nombreuses Nummulites eleifans encore conservées. Tout
semble indiquer (jue nous avons bien ici la couche de base de
l'Éocène, au moins pour le bassin de Royan. Il est intéressant
de signaler Tanalogie de ces couches inférieures nouvelles avec
celles qui ont été signalées dans la Chalosse par MM. Jacquot et
Munier-Chalmas *.
I. C'R. Ac, Se, 3i mai 1886.
63a
H. DOU VILLE
i6Déc.
Le tableau suivant indique Fensemble de nos connaissances
actuelles sur le terrain tertiaire des environs de Royan, tel qu*il
résulte de la coupe bien connue du calcaire de Saint-Palais et de
Fétude complémentaire dont nous venons de résumer les points
les plus importants :
Coupe de Saint-Palais
Marnes teuilletées sableuses gri-
sâtres.
Sables ferrugineux grossiers.
Grès grossier calcarifère ; à la base
une couche de sable argileux
avec Ostrea flabellula.
Calcaire à Echinides avec Milioles
et Alvéolines : au sommet Orbi-
tolites complanata ; quelques
gros grains de quartz ; — à la
base couche de conglomérat
avec fragments de calcaire gré-
seux verdâlre avec Nummulites
planulata et AheoUna oblonga ;
nombreux grains de quartz très
fins.
Sn.Bx ENTRE Saint-Palais
ET Mbschbrs
Grès quartzeux grossiers.
Grès quartzeux grossier, passant
par places au poudhig^e avec
Ostrea cf. flabellula, Cardium^
Turritellay yunurudites Ramon-
di (auct.) 1, OrbitoUtes compla-
ruUa.
Silex à Milioles et OrbitolUes com-
planata f présentant quelques
gros grains de quartz.
Silex avec nombreux petits grains
de quartz, Nummulites planu-
lata, Als^eolina oblonga.
Sables fins jaunâtrea à N. elegans.
Mode de gisement
Le mode de gisement des silex tertiaires des environs de Royan
mérite de nous arrêter un instant. Habituellement ces silex se
rencontrent à la surface du .sol; ils sont souvent assez gros pour
I. Malgré les derniers travaux dont les Nammulites ont été l'objet, la
terminologie des Nummulites de l'Aquitaine manque encore beaucoup de
précision : d'Arrliiac a distingué sous le nom de Ramondi Defr. des Nammu-
lites à bords tranchants dont le diamètre atteint 6 millim. et qui ont beau-
coup d'analogies avec les exemplaires que nous avons recueillis dans les grès
de Vallières ; mais de la Harpe considère la N. Ramondi simplement comme
une petite variété de .Y. biarritsana ; et en tout cas la vraiie N. Ramondi de
Defranoe est prubableniont difTérente : elle provient du mont Perdu où elle
est indiquée comme très abondante, et elle n*a pas beaucoup plus d'une
ligne de diamètre ; elle se rapprocherait ainsi en réalité de N, çariolaria. *
igOl . ÉOCÈNE DE ROYAN 633
être utilisés dans les constructions et dans ce cas ils tranchent par
leur couleur brune avec les moellons de calcaire crélacé blancs ou
jaunâtres, généralement employés.
Lorsque le sol est entamé par une tranchée assez profonde pour
atteindre le terrain crétacé, on voit ces silex distribués sans ordre
à la base des terrains superficiels. Mais très fréquemment la surface
de la craie est profondément ravinée et présente des poches plus
ou moins profondes à contours extrêmement irréguliers ; c'est le
phénomène bien connu des poches de décalcification : elles
sont remplies d'un sable très grossier dont les grains de quartz
sont réunis par une argile habituellement rougeâtre. C'est à la base
de ces sables grossiers que se rencontrent souvent les silex, tandis
que sur les parois mêmes de ces poches on observe des lambeaux
des sables à N. elegans bien différents des précédents par leur
couleur jaunâtre, leur grain beaucoup plus fin et plus régulier et
l'absence ou tout au moins la rareté de l'élément argileux. Presque
toujours l'ensemble du contenu de ces goches parait avoir été
remanié à l'époque quaternaire, et les sables grossiers à leur partie
supérieure passent insensiblement à la terre végétale.
Nous avons pu observer une de ces poches, tout à fait remar-
quable par ses grandes dimensions, dans les falaises qui s'étendent
au nord-ouest du phare de Saint-Georges. Dans toute l'étendue de
ce promontoire des Vallières, la surface de la craie est remar-
quablement déchiquetée ; les roches bien connues des Yallières
doivent sans doute leur isolement et leur profil singulier à Faction
des vagues, mais il suffît d'examiner attentivement les portions de la
falaise voisine, non encore démantelées, pour voir que. le travail de
destruction a été en réalité laidement préparé par des actions bien
plus anciennes, qui ont donné naissance aux poches de décalcifica-
tion, et très souvent le travail des vagues s'est borné à Tentralnement
des sables et des matériaux peu résistants dont ces poches sont
habituellement remplies. Sur certains points, la surface de la craie
ainsi mise à nu présente des pyramides ou des pointes plus ou moins
aiguës ; sur d'autres points elle se creuse de cavernes irrégalières
presque toujours largement ouvertes à leur partie supérieure et
qui tantôt s'allongent en forme de crevasses étroites, et tantôt se
réduisent à des sortes de puits plus ou moins rétrécis.
Avant d'atteindre le phare, on peut voir dans la falaise une de
ces poches de dimensions considérables, encore remplie de sables
grossiers avec petits galets de quartz, cimentés par une argile qui
est i*estée blanche dans toutes les parties qui n'ont pas été salies
634 H. DouviLLÉ i6 Dec-
par les eaux superficielles; on peut la suivre sur une cinquantaine
de mètres de longueur et sa i)rofondeur dépasse lo mètres;
elle paraît se prolonger beaucoup plus loin vers le nord-ouest
dans la direction des rochers de Vallières. Vers le milieu de
la hauteur de cette énorme poche, on distingue un banc disloqué
mais encore presque continu de grès siliceux dont l'épaisseur
est d environ o m. 3o à o m. ^o dans la région nord et s'élève
par phu-es jusqu'à I mètre. 11 est facile de voir que cette masse
n'a pu subir aucun transport horizontal, elle a seulement éprouvé
un mouvement d'aflaissemeut vertical, à peu près comme les
blocs de grès de Fontainebleau que Ton retrouve épars à la
surface de la Brie, sur le [>rolongement des bandes de grès
encore en place dans la forêt. Sur la pente de la falaise les
blocs de grès éboulés sont entassés en un pittoresque chaos, et il est
facile de les étudier de près : la roche est essentiellement un grès
très grossier, passant par places au poudingue et ayant tous les
caractères d'un dépôt littoral. 11 présente assez fi*équement des
débris de coquilles, principalement des fragments plus ou moins
complets d'une Ostrea du groupe de ÏO, Jlabellula ; nous avons
reconnu en outre l'existence d'une Turritella^ d'une Cjrtherea et
des débris de Cardium et peut être de Cardita, Ajoutons encore
quelques Nnmmiilites clairsemées, a])partenant au groupe des
Radiées et des fragments àXlrbiiolites complanata.
Le ciment du gi*ès est formé de silice finement cristallisé : tantôt
les débris de coquilles sont silicifiés, tantôt ils ont conservé leur
com])osition primitive et leur test est resté calcaii^c : la silicification
au moins partielle de lu roche i)riniitive est tout aussi incontestable
que les actions de décalcification, qui ont fait disparaître la pres-
que totalité de l'élément calcaire. En outre ces deux actions sont
accompagnées 4le l'apparition d'argiles très particulières, qui
rappellent par leur composition les argiles de filons ou halloysites.
On retrouve les indices d'actions analogues dans toute une série
de dépôts géologiques dont les conditions de gisements ne pai*ais-
sent pas encore complètement éclaircies : on peut citer dans cet
ordre d'idées les argiles à meulières, les sables dits granitiques
des environs de Vernon, les dépôts sidérolitiques du pourtour du
Plateau central, les poches à minerai de fer et phosphate de
chaux du Quei'cy. Dans tous ces dépôts on constate des actions de
décalcification énergiciues et l'apparition constante d'une argile
pure, presque toujours réfractaire et d'une composition particu-
lière ; celle-ci est en outiHî associée à d'autres substances minérales
igOI ÉOCÈNE DE ROYAN 635
qui lui font une sorte de cortège, la silice plus ou moins calcédo-
nieuse, l'oxyde de fer (minerai en grain), le phosphate de chaux.
On est généralement disposé aujourd'hui à expliquer ces forma-
tions spéciales par une simple action de décalcification générale,
produite par les eaux atmosphériques toujours chargées d'une
pi*oportion plus ou moins considérable d'acide carbonique : Fai'gile
pure et son cortège de substances minérales particulières ne
seraient que le résidu insoluble des roches dissoutes. Mais nous
connaissons le résultat de cette altération superficielle des roches et
précisément dans le cas où elle acquiert sa plus grande intensité, ce
sont les dépôts de latérite si répandus dans toute la zone tropicale, ce
sontles argiles à fragments de quartz de la côte de Guinée, prises quel-
quefois pour des dépôts glaciaires, les terres rouges de Madagascar,
la pierre de Bienhoa en Cochinchine, etc. 11 est vrai que la plupart
de ces dépôts superficiels résultent de l'altération des roches cris-
tallines. (Test au Tonkin et surtout sur les grands plateaux calcaires
du sud de la Chine qu'il serait possible d'étudier de près et sur
une échelle grandiose l'action dissolvante des eaux superficielles.
Mais l'étude détaillée de ces dépôts n'a pas été faite et jusqu'à
présent ces phénomènes généraux d'altération et de décalcifi-
cation superficielles nous paraissent insuffisants pour expliquer
l'intensité si inégale et la localisation toujours si marquée
des phénomènes que nous venons d'étudier ou décrites, soit
dans le Midi, soit dans le Nord et le Sud de la France. 11 est
diflicile de voir dans cette argile pure dont la présence est si cons-
tante, le résidu de la dissolution des calcaires les plus divers et
toujours un peu ferrugineux. Pourquoi, en outre, ces argiles sont-
elles accompagnées ici de silice, là de minerai de fer en grains ou
de phosphate de chaux ? La relation de ces dépôts avec la nature
de la roche dissoute, ne peut être considéi'ée comme rigoureuse-
ment établie. I-.es dépôts des environs de Royan présentent à ce
point de vue un intérêt particulier, c'est que nous avons, en elfet,
un témoin encore conservé de la roche primitive, et que brusque-
ment et à une très faible distance des calcaires de Sainl-Pahiis,
nous ne trouvons plus que les mêmes déi)ôts siliciliés et décalcifiés,
sans que rien dans les conditions générales des dépôts puisse expli-
quer une résistance si inégale à des actions de décalcification
générale ; et dans les calcaires conservés, pas plus que dans les
formations superposées nous ne retrouvons trace des organismes
siliceux auquel la silicification pourrait être attril)uce.
La localisation des phénomènes nous paraît avoir pour consé-
quence forcée la localisation des causes ; à ces actions d'altéi*ations
63<> H. DOUVILLÉ. — ÉOCÂNE DE ROYAN l6 Déc.
générales dont Texistence est incontestable, mais dont Timpor-
tance nous paraît exagérée, nous croyons que dans un gprand
nombre de cas il faut ajouter des actions locales, sources minérales
ou autres qui expliqueraient ainsi non seulement Tapport de
substances minérales particulières, mais qui encore permettraient
de se rendre compte de Tintensité si marquée des phénomènes de
dissolution sur des points particuliers et presque toujours dans le
voisinage d* accidents tectoniques importants.
M. de Liapparent rappelle que, non seulement des grès sili-
ceux mais de véritables meulières à Nummulites, se rencontrent
avec le limon en divers points de la Picardie, en dehors des
limites actuelles du massif tertiaire parisien. Il attribue cette
transformation, non à des actions thermales, mais à une silicifica-
tion d*origine externe. Des graviers feldspathiques, aujourd'hui
disparus, auraient fourni, par décomposition de leur feldspath, la
silice nécessaire à la réaction.
NOTE
SUR LES GRAPTOLITES DE LA CATALOGNE
ET LEURS RELATIONS AVEC LES ÉTAGES GRAPTOLITIQUES
DE FRANCE
par M. Charles BARROIS
Les incessantes recherches de M. le chanoine J. Aimera lui
fournissent chaque année de nouveaux fossiles, qui viennent
préciser et compléter graduellement nos notions sur la série
stratigraphique de la Catalogne.
Les Gi^ptolites que notre confrère a bien voulu me confier éten-
dent nos connaissances sur les faunes graptolitiques de la péninsule
Ibérique, décrites par M. J. Gonzalo y Tarin et par M. J.-F.-N.
Delgado. La petite collection réunie par ses soins m'a permis de
distinguer, dans le Silurien de ce massif, quatre faunes gi*aptoli-
tiques dijQférentes, très voisines de celles que j'ai précédemment
indiquées et suivies en France, de la Bretagne aux Pyrénées ^
Les Graptolites trouvés jusqu'à ce jour par M. J. Aimera, appar-
tiennent tous au Gothlandien (Silurien, sensu-stricto). Ce terrain
repose en Catalogne sur la grauwacke de Moncada, où je signalai
en 1891, Orthis Actoniœ So-w., O. calligramnia Dalin., O. vesper-
tilio Sow., O, testudinaria Daim., Lepiivna sericea Sow.,
Echinosphœrites et balticus d'Eichw., Fapo«i7^.ssp., faune qui me
permit de rapporter la grauwacke de Moncada au calcaire de
Rosan (Finistère), de Montauban de Luchon (Haute-Garonne),
c'est-à-dire à l'Etage anglais de Caradoc. J'insistai alors sur TintértH
de cette découverte paléontologique, puisqu'elle nous apprenait
que la faune anglaise de Caradoc (calcaire de Bala) s'était étendue
sur tout l'ouest de l'Europe, pi'ésentant les mêmes formes caracté-
ristiques communes dans le Shropshire, le Finistère, l'Hérault, la
Haute-Garonne et la Catalogne ^.
Les découvertes plus récentes de cette même faune, clans le massif
du Canigou par M. Roussel ^, dans les Hautes-Corbières par
1. A. S. G, N., XX, 189a, p. 70.
a. A. S, G. N., XIX, 18 mars 1891, p. 67.
3. R0U8SBL. B. C. G. h\ VIII, 1890, n° 5a.
638 CH. B\RRois i6 Dec.
M. Bresson S sont venues depuis confirmep ces vues, acceptées
d'ailleurs par M. Frech, qui les a généralisées, dans son remar-
quable essai de synthèse des mers siluriennes.
Les étages gothlandiens qui succèdent, en Catalogne, sont égale-
ment des formations déposées dans une mer ouverte, assez pro-
fonde, mais non abyssique, à sédiments de schistes fins, siliceux ou
ampélitiques, plus ou moins pyriteux et calcaires, où le carbonate
de chaux se concentre en nodules, riches en Orthocères et en
Lamellibranches paléoconques. L'examen de leur faune et les notes
stratigraphiques (le M. J. Aimera concordent pour les ranger dans
l'ordre» suivant, en débutant par les plus anciens.
I. Etage de Can Ferhics.
Schistes blancs, fins, siliceux, de Can Ferrés (Santa-Creu de
Olorde) :
Diplo^raptna sinuatus Nich. Mono^raptus lobiferus, var. Marri
— paimeu» Barr. Perner.
Mono^raptiiR convolutus His — crenularis Lapw.
— U)biferus Mao Coy. — gemmatus Barr.
Schistes blancs, siliceux, du Colle de la Mata au Pas de la
Lladres (sentier de Vallvidrere à Santa-Creu de Olorde) :
Monof^raptus proteus Barr. Monograpius attenuaius Hopk.
— commu/i ta Lapw. — yoca^um Lapw.
Schistes blancs de Mas Duran, S. Vicens de la Horts :
Monog'raptiis conçolatus His.
Schistes blancs, jaunâtres, de Brugues :
Monograptus proteus Barr. Monograpius concinnus Lap.
— Hisingeri var. ja4:u- — vomerinus Nich.
lum Lapw. — nuntius? Barr.
— Hisingeri var. nudus
Lapw.
C'est par erreur que Monograptus basilicus et M. colonus
avaient été rapportes antérieurement à ce niveau de Brugues. Par
sa faune, il paraît un peu supérieur aux précédents.
La faune de ces divers gisements suffit à établir le parallélisme
de l'étage de Can Ferres, avec celui des phtanites de l'Anjou.
I. Bhksson. Ji. C G. F., Xll, 1900, n* 80, p. 60.
igOI NOTB SUR LES GIIAPTOLn*ES DR LA CATALOGNE GSq
Q. Etage de Camprodon
Schiste noir ainpéliteux, pyriteux, a nodules calcaires, de Cam-
prodon, Ravin Masot, Las Cortadas, où nous avons reconnu :
Dal/nanites longicaudatus Murch., Aptychopsis primas Barr.,
Orthocères, Atrypa sapho Barr., Leptœna sp., Dualina annulosa
Barr., Z>. novella Barr., /). inexplicata Barr., D, fidelis Barr.,
Dalila resecta Barr.. Cardiola boheinica Barr., Lunulicardiurn
simplex Barr., L. angulosuni Barr., AOicnla cf. mir'ri Barr., etc.
Cyrtograptus Grqyi Lapw. Monop^raptus galaensis ? Lapw.
Monograpius turriculatus Barr. — Lobiferus? Mac Coy.
— Hisingeri Carr. — Becki Barr.
— concinnus Lapw. — fcemmatns Barr.
— priodon Bronn.
Cette belle faune, recueillie par les soins de M. J. Aimera et de
M. J. Roussel, caractérise Tctage de Gala-Tarannon.
Ia5S gisements des environs de Barcelone sont moins bien carac-
térisés, tel celui de Torre Vileta Cervello à Monograptus Jaculum
Lâpw., M, Salteri ? Gein., localité ou plusieurs zones graptolitiques
sont certes représentées à la fois.
I^ liste précédente permet d*identifler Tétage de Camprodon, k
l'étage des ampélites de Poligné (Bretagne), à ceux des Pales-Rases
et de Sentein dans les Pyrénées *.
3. Étage de Gracia
Les ampélites de Santa-Creu de Olorde, inférieures daprès
M. J. Aimera, aux schistes à nodules calcaires de cette localité,
sur laquelle nous reviendrons plus loin, ont fourni Monograptus
priodon Bronn.
Cette même espèce se retrouve en un autre gisement, dans un
schiste argileux pâle, « debajo Castell Sigri, mol i no dcl lley à
Santa-Creu de Olorde ».
Un schiste noir, en grandes plaques, de C. Tintorei de San-
Bartomeu de la Cuadra, près Santa-Creu de Olorde, a fourni aussi
le Monograptus priodon Bronn, variété recourbée, concave, dans
la partie proximale de l'hydrosome, comme en Bohême, et distincte
des types anglais.
Ce niveau paraît également réprésenté dans la sérit» des schistes
noirs ampélitiques de Torre Vileta Cervello à J/. riccartonensis ,
•
I. A. 5. G. N., XX, 1899, p. 191.
<> |0 CH. BAKROIS l6 Déc.
Le schiste compact ampéllteux de Gi'acia, à Barcelone, fournit :
Monograptus priodon Bronn. MonogrcLptus dubius Saess.
De mauvais échantillons de cette localité rappellent des formes
caractéristiques d'étages plus récents Monograptus vulgaris ?
Wood., M. Nilsaoni? Barr.
Le» espèces citées autorisent Tattribution de ces gisements au
même étage que les ampélites de la Ménardais, d'Andouillé en
Bretagne, de Montmajou d-ans les Pyrénées.
4- Étage de Cervello
Les sphéroïdes ailcareux de Vallcarca avec Ceratiocaris,
ont foui*ni :
#
Monograptus Rœmeri Barr. Monograptus Flemingu Sait.
Les nodules siliceux contiennent à Moncada :
Monograptus coloniis Barr.
Les schistes de Santa-Creu de Olorde avec nodules calcaires à
Orthocères et à Lamellibranches, Cardiola interrapta Sow.,
Panenka cf. humilis Barr., Prœcardium çuadrans Barr., Lunuli-
cardium confertissimum Barr., Kraloçna cf. catalaunica Bair.,
Nucula sp., reposent sur des schistes ampélitiques à M. priodon
et appartiennent à ce quatrième étage.
Aux environs de Torre Vileta Cervello, des schistes noirs ampé-
litiques contiennent : Monograptus colonus Barr., Monograptus
NUssoni Barr. (non tennis). Cyrtograptus et moniUformis TuUb.,
(non Murchisoni).
Les scliistes bleus rougis de Cervello (trajet du château à l'ermi-
tage du Remey), supérieurs au gisement précédent de la Torre
Vileta Cervello, d'après M. J. Aimera, contiennent beaucoup de
Monograptes sulfureux, altérés, déformés irrégulièrement et non
aplatis dans la roche. Mes échantillons ne sont pas déterminables,
mais rappellent Monogr*aptus NUssoni, M, uncinatus, M. colonus j
de Tétage de Ludlow.
La faune de cet étage le. range parmi les couches de France
rattachées au Wenlock supérieur sur mon tableau des faunes
graptolitiques de France *, et sur Tàge desquelles nous reviendi'ons
plus loin.
I. -l. S. G. A'., XX, 189a, p. lijo.
IgOI NOTE SUR LES GRAPTOLITES D£ LA CATALOGNE 64l
Des divisions du 6othlandi«i français
Bretagne : Le premier essai de classification des couches
gothlandiennes de France est dû à MM. de Tromelin et Lebesconte
qui y distinguèrent, dans Touest de la France, trois niveaux
distincts :
Calcaires ampélitenx.
Schistes ampélitenx.
Grès cuhiiinants.
•
Leur liste de fossiles est principalement établie par comparaison
avec les types de Bohême. Les espèces signalées, 80 environ, se
retrouvent dans les colonies de Barrande, et la série française est
rapportée à la phase initiale de la Faune Troisième.
La faible épaisseur de ces formations en Bretagne, jointe au
mauvais état de leurs affleurements rendent extrêmement difficile
et précaire l'observation de la superposition des niveaux ; aussi la
comparaison de leurs faunes avec celles des régions plus favorisées
était-elle appelée à rendre les plus grands services. Toutefois le
choix du massif de Bohême, pris comme terme de comparaison,
était peu favorable ; les observations de M. J. Perner * ont relevé
les confusions commises dans les attributions stratigraphiques des
faunes magistrsdement décrites par Barrande, et Tont forcé de
conclure à la nécessité de remanier complètement le groupement
des fossiles de ce bassin, en niveaux stratigraphiques, pour en faire
correspondre les listes à la succession réelle des divers niveaux,
dans le temps.
La comparaison avec la série anglaise, établie sur des bases plus
solides, par les recherches stratigraphiques de tant de savants
indépendants, devait donner des résultats plus décisifs.
On s'accorde à reconnaître dans la série silurienne de ce pays,
quatre étages principaux, divisés eux-mêmes en un grand nombre
de zones paléontologiques, et qui sont :
Etage de Ludlow.
— Wenlock.
~ Taramion.
— Llandovery.
Je pus indiquer en 1891, en me basant principalement sur l'étude
des Graptolites obligeamment communiqués par im grand nombre
I. J. Pbrnbr. GraptoL de Bohème, Introduction, notice IV, 1899.
7 Mars 190a, — T. i*'*. Bull. Soc. Géol. Fr. — 41
64^ CH. BARROis i6 Dec.
de nos confrères, que le Gotlilandien de France, beaucoup plus
complet que l'on ne laf ait supposé, présentait des faunes diverses
correspondant respectivement à celles des trois étages de Lian-
dovery, de Tarannon et de Wenlock : la présence du quati-ième
étage, ou étage de Ludlow, a été établie par les recherches ulté-
rieures de M. Kerforne, qui ont même tenté de distinguer dans
ces étages, les subdivisions ou zones de la série britannique.
Ces quatre étages gothlandiens pi*ésentent les caractères géné-
raux suivants, quant à leurs faunes graptolitiques :
Etage de Llandovery : L'existence de cet étage en Bretagne
(phtanites de T Anjou) et eu Catalogne (phtanites de Can Fcrri»s)
n'est pas seulement indiquée par la présence dans ces régions d'es-
pèces communes, délicates à spécifier: elle est établie par les
caractères généraux de la faune, c'est-à-dire par la prédominance
des Monograptus du type lobiferus, et leur association habituelle
aux genres Rastriies, Climacograptus, Diplograptus.
Etage de Tarannon : Texistence de cet étage en Bi*etagne (ampé-
lites de Poligné) et en Catalogne (Camprodon), est attestée à la fois
par Texistence d'espèces communes eti)arce qu'il est caractérisé de
même par Tapogée du geni*e Monograptus, Le gi'oupe M. lobiferus
y est associé à de nombreux représentants du gi*oupe du M. Sedg-
mckii, du Xilssoni, du Hisingeri^ du Flemingii. Rareté ou absence
des Diplograpiidœ, Uemplacemenl de Rastrites par Cyrtograptus.
Etage de Wenlock : l'existence de cet étage en Bi'etagne
(Ândouillé, la Ménardais) et en Catalogne (Gracia) est pi*ouvée aussi
par les caractères de la faune : présence des CyrtograptU8, Retio-
liies, seuls genres de Graptolites associés aux Monograptus^ qui de
leur côté sont représentés surtout par le type FlemingU^ à hydix>-
some concave du côté de la vii*gula, dans sa portion proximale.
Etage de Ludloiv : cet étage pi*ésente en Catalogne (étage de Cer-
vello) et à Crozon (Bretagne) où il a été signalé par M. Kerforne,
les caractères graptolitiques reconnus en Angleterre par Miss
Ë.-M.-R. Wood, à savoir, disparition de Ç^'rtog'raptuSf prédomi-
nance des Monograptus du type colonus et développement des
Monograptes épineux.
Li*s caractères distinctifs, si nets, des faunes graptolitiques de
Wenlock et de Ludlow n'ont pu être donnés que tout récemment,
depuis les travaux de M. J. Pemer*, MM. Elles et Wood.
I. J. Peunkr. Graptolites de Bohème Praj^ie, 1899
igOI NOTB SUR LES GRAPTOLITES DE LA CATALOGNE 643
M"" G.-L. Elles * et E.-M.-R. Wood, reconnurent que la coupure
entre les étages de Wenlock et de Ludlow, dans le pays de Galles,
avait été malheureuse en raison de Tidentité de leurs caractères
lithologiques, et qu'en réalité les couches de cette région classique,
rapportées au Ludlow ne représentaient que le Ludlow supérieur :
on avait englobé dans les Wenlock shales, le Ludlow inférieur de
cette contrée; et M. Lapworth * avait été ainsi amené à séparer la
faune graptolitique du Lower Ludlow, de celle du Upper Ludlow,
pour la réunir à celle de Wenlock.
Par suite, nombre de gisements du continent, rapportés au
Wenlock supérieur, doivent actuellement passer dans l'étage de
Ludlow ; c'est ce qu'établit Miss E.-M.-R. Wood, en signalant en
1900 ^, que j'avais cité dans les divers massifs gothlandiens français :
« Many species now known te be of Lower Ludlow âge. » J'avais
en elïet rapporté aux « Wenlock shales plutôt qu'à la zone à
C. Murchisonifi *, du Wenlock inférieur, les niveaux graptoliti-
ques supérieurs de France, qui m'avaient fourni M, Rœmeri,
colonus, bohemicus^ et qui doivent réellement passer dans l'étage
de Ludlow, tel qu'il est défini dans les travaux récente. Cet étage se
trouve ainsi représenté de la Bretagne à la Catalogne, dans tous les
massifs où l'étage de Wenlock a été signalé, et que nous allons
passer bnèvement en revue.
Les étages de Ludlow et Wenlock d'une part, ceux de Tarannon
et Llandovery d'autre part, se montrent souvent associés dans la
contrée considérée, laissant supposer que l'extension des mers n'a
pas été exactement la même au début et à la fin du Gothlandien.
Languedoc : Les ti'avaux de M. de Rou ville et de M. Bergeron
ont établi l'existence de deux niveaux dans le Gothlandien du
Lauguedoc.
Un niveau inférieur à Areihusina Koninckii Barr., correspond
à l'étage de Wenlock ; il a fourni M, priodon var. Flemingii. Le
niveau supérieur à M. bohemicus, 3/. colonus, M. Rœmeri,
M. Nilssoni, se rapporte à l'étage de Ludlow.
Les étages inférieurs de Llandovery et Tarannon n'ont point
encore été observés dans le Languedoc.
Pyrénées : Les recherches de MM. Caralp, Maurice Gourdon,
Roussel, Viguier, Bresson, dans les Pyrénées et les Corbières y ont
1. G.-E. Elles. Q. J, G. S. y vol. 56, 1900, p. 370.
2. C. Lapwortu. Ann, and Mag. nat. Ilisl y ser. V, vol. 5, 1880, p. 48.
3. B.-M.-R. Wood. ^>. /. G. S., vol. 56, lyoo, p. 418.
4. .4. 8, Cm. N,, XX, 1892, p. loa.
644 ^'"* HARROis i6 Dec.
relevé la présence des étages de Tarannon (Pales-Rases, Sentein),
de Wenlock (Montmajou), de Liidlow (Garreaux ?); Fétage infé-
rieur de Llandovery est encore inconnu djins les Pyrénées.
Normandie : Je n'ai point eu entre les mains de documents
suffisants de cette région ; les espèces citées permettent de recon-
naître les étages de Wenlock et de Ludlow. Les étages de
Llandovery et de Tarannon sont inconnus.
Ardennks : Les travaux de M. Malaise ont fait connaître l'exis-
tence dans ce massif des quatre étages gothlandiens de IJandovery
(Grandmanil), Tarannon (Grandmanil), Wenlock (Naninne), Lud-
low (Malonne).
L'étage de Ludlow présente un développement extrême et
inattendu dans les dépendances françaises de TArdenne, car c'est
à lui qu'il convient de rapporter, non seulement les schistes à
Graptolites de Cailiers (Boulonnais), mais les gisements siluriens
récemment reconnus dans les sondages, exécutés au sud du bassin
liouiller du Pas-de-Calais, pour la recherche de la houille.
On sait que les schistes et calcaires rencontrés au sud de ce
bassin ont été rapportés successivement au Calcaire Carbonifère,
puis au Gothlandien, Depuis lors, la continuation des recherches
dans le Pas-de-Calais a appris qu'on pouvait distinguer deux
niveaux dans les couches siluriennes traversées par les sondages :
l'un, à DcLy^ia navicula, rencontré à Liévin, où cette espèce, loin
d'être disséminée dans la masse des terrains traversés par les puits,
est limitée à un banc de peu d'épaisseur, presque entièrement
formé par cette petite coquille : l'autre, rencontré à Méricourt, et
aussi à Liévin, et qui a été comparé à l'étage de Ludlow ', et à
celui de Mondrepuits *.
Si, d'autre [>art, ou se rappelle qu'en Angleterre, dans le pays de
Ludlow, le sommet du Silurien présente les divisions suivantes ^ :
Ludlow supérieur (pauvre en Graptolites).
Calcaire d'Aymestry à Pentamerus Knighiii.
Ludlow inférieur (riche en Graptolites, M, NUssoni, etc.).
et que dans les districts voisins de Builth, la zone moyenne du
calcaire (VAymestrj^ perd son importance» pour être représenté par
un simple lit calcaire, épais de 3 mètres, essentiellement formé de
1. A, S, G. A., XXVn, 1898, p. 225.
2. A. S, G. A'., XXIX, 1900, p. 22.
3. La bibliographie de la question se trouve bien exposée dans Vouvrage
précité de Miss Wood, p. 4^0.
igOI NOTB SUR LES GRAPTOLITES DE LA CATALOGNE 64^
coquilles de Dayia naoicala ^ on ne saurait hésiter à assimiler le
banc à D, naincula de Liévin. à celui de Builth. Cest ce que
confirme la coexistence à ces niveaux, de formes communes : Caly-
mene Blumenbachi, Acaste Downingiœ, Dqyia navicula^ Atrypa
reticulariSj Discina rugata, Orthis lunata, Orlhis orbicularis,
Spirifer octopUcatus, Spirifer elevatus, Rfvynchonella borealis,
lacunosa, Wilsoni, Strophomena rhomboidalhy Lingula Lewisii,
TentacnlUes. Ceratiocaris, etc.
\jSi comparaison de la faune de Méricourt (Liévin supérieur)
avec la faune du Ludlow supérieur s impose ainsi, comme une
conséquence nécessaire.
Le schiste à M, coloniis de Calliers représente le Ludlow infé-
rieur. Le niveau inférieur de Liévin à Z). navicula, représente le
Ludlow moyen.
Conclusions
Les Graptolites recueillis par M. J. Aimera en Catalogne per-
mettent de signaler Texistence dans cette partie de TEspagne, des
quatre étages graptoUtiques, distingués dans le Gothlandien par les
savants anglais.
4. Étage de Cervello {Ludlow)
3. — de Gracia ( Wenlock)
2. — de Camprodon ... (Tarannon)
I — de Can Ferres {Llandovery)
Leur concordance avec les étages indiqués en France, confirme
nos notions sur la vaste extension des mers gothlandieimes à
Touest de l'Europe. L'étendue de ces eaux tranquilles, devait
nécessairement être sulTisante pour permettre la dissémination, de
TEspagne à l'Angleterre, à l'abri d'apports élastiques continentaux,
de colonies libres de Graptolites et de leurs gonozoïdes errants. La
profondeur de ces mers ne pouvait d'autre part être très grande :
d'après sir John Murray, en ellet -, les mers paléozoïqu(\s n'étaient
pas profondes ; de plus les faunules graptolitiques présentent des
variations locales, et leurs zones offrent des transgressions com-
plexes, enfin le voisinage de terres fermes et l'existence d(» courants
littoraux sont attestés par les alternances fréquentes, avec ces
dépôts organogènes de sédiments élastiques, de débris volcanicjues,
et même, d'après M. Denckmann ', de restes de végétaux terrestres.
1. WooD : l, c, p. 417; *ît MuRCHisoN. Siluria, i83<). p. 3ir>.
îi. Sir John Murray. Report 0/ i/ip Brilish association, 1899, p. 789.
3. D' A Dr.nckman.n. Geol. Bau d. Keller\^'aldt'S. Berlin, 1901, p. :i3.
646 BARHOIS. — SUR LES ORAPTOLITES DE LA CATALOGNE l6 Déc.
Mais on ne pourra comprendre les relations de ces mers anciennes
et indiquer les migrations de leurs faunes, que quand on sera
parvenu à la connaissance des zones paléontologiques groupées
dans cette note, en quatre étages systématiques. Actuellement nous
manquons encore de listes de fossiles suffisamment détaillées et
complètes, comparables à celles qui ont été données par les savants
anglais et Scandinaves ; nous savons seulement que la réapparition
de mêmes faciès, à Tépoque silurienne, a sulli dans tout Touest de
l'Europe, pour permettre le développement, dans les divers massifs,
de faunes ayant entre elles de nombreuses espèces communes.
QUELQUES REMARQUES
SUR
LES PHÉNOMÈNES OROGÉNIQUES
BT LA
FORMATION DES GROTTES ET DES CLUSES
DANS LE JLTIA MÉRIDIONAL
par M. Emile CHANEL
On sait que l'épaisseur des couches sédimentaires est, en géné-
ral, plus grande dans les régions montagneuses que dans les
plaines. En étudiant notre Jui*a, dans l'Ain, on constate que les
terrains diminuent en ancienneté et augmentent en puissance de
Touest à Test. La profondeur de la mer allait donc en augmentant
dans cette direction et le Jura avait par suite une inclinaison pré-
cisément inverse de celle qu'il a aujourd'hui.
Les couches sédimentaires relevées par plissements ont parcouru,
en projection horizontale, des distances variables d*après l'impor-
tance du pli. Nos étages du Jura ont été, en général, reportés à
l'ouest ;.par suite, quand on étudie ces dépôts, on doit tenir compte
de cette considération pour se représenter la configuration des
anciennes mers.
Le nombre et Yiniportance des plissements engendrés au fur et
à mesure que s'accomplit l'eflbrt de compression varient suivant
Ténei-gie de Teftort.
Cette remarque fournit l'explication de la formation de certaines
FORMATION DBS GROTTES ET Df£S CLUSES DANS LE JURA 64^
grottes et de certains gouffres ou précipices. Ces excavations résul-
tent du travail des eaux soit souterraines, soit superficielles. Or,
quand Tentrée d'une grotte se trouve à flanc de coteau comme celle
de Hautccour (voir la feuille de Nantua) et beaucoup d*autres que
nous avons explorées, où est le cours d*eau générateur ? Je crois
pouvoir affirmer que c'est la rivière qui coule ou dans le thalweg
actuel ou dans le voisinage. Ainsi, c'est le Sumn qui aurait creusé
la grotte de Hautecour alors que le pli anticlinal où elle se trouve
(mont Kosset et mont de Corent) n'existait pas encore. Ce pli a
rejeté le Suranà l'ouest ; l'entrée de l'excavation, qui était verticale,
doit être inclinée ainsi que toute la grotte elle-même et c est bien ce
gui existe sur le versant produit.
Cette explication s'applique naturellement aux autres gouffres
qu'on trouve sur le même versant, àChangadoz, à Charinas, loom.
de profondeur, vers Meyriat (au sud), ainsi que sur le versant
opposé, comme le gouflre au pied de la tour de Bohan, 55 mètres
de profondeur. Le pli anticlinal qui sépare actuellement la vallée
du Suran de la vallée de Hautecour n'existait pas et si on le sup-
prime par la pensée on se représente bien la grande vallée dans
laquelle le Suran coulait.
Du reste le Suran actuel continue pareil travail de nos jours
puisqu'il se perd à partir de Cha vannes (au nord de Vil 1ère versure,
feuille de Saint-Claude) pour reparaître plus bas. Il doit donc,
dans son cours souterrain, creuser des chambres et des puits et
par conséquent, en supposant qu'un nouveau pli analogue se pro-
duise on verrait des grottes et des gouffres présentant une dispo-
sition semblable à celle de Hautecour et des autres localités
indiquées*
Ce Suran d'alors était beaucoup plus important qu'à l'heure
actuelle puisque les deux vallées de Villereversure et de Roma-
nèche (au sud) n'en faisaient qu'une et l'on peut dire que c'est lui
et l'Ain, aidés de leurs affluents et des agents atmosphériques, qui
ont démantelé et détruit les étages crétacés, si bien qu'il ne reste
plus, dans toute la région, qu'un lambeau de craie, de Leyssard à
Solomiat, uu peu plus à l'est, et un autre vers le lac de Genin. Et
les sables provenant de cette désagrégation ont servi en grande
partie à constituer, en dehors des amas dont nous parlerons tout à
l'heure, les couches sableuses, alternant avec des couches marneu-
ses, que l'on observe, à partir de 'jo m. de profondeur environ,
dans toute la cuvette bressane jusqu'à la Saône. L'effort orogé-
nique a amené, en effet, un mouvement de bascule qui s'est traduit
par un affaissement contre les monts du Beaujolais, du Mâcon-
648 CHANEL. — SUR LES PHENOMENES OROGENIQUES l6 Déc.
nais, etc., avec déchirures des assises jurassiques par suite du
retrait à Test, et c*est pourquoi toutes ces couches sableuses et
marneuses plongent à l'ouest.
L'affaissement contre les Cévennes, axe de résistance à l'effort
de refoulement, a été d*autant plus important que la chaîne créée
en face prenait une altitude plus grande. On s'explique ainsi la
ditlerence de niveau de loo m. entre les alluvions des collines du
Maçonnais et du Chalonnais et les dépôts analogues de la plaine
delphino-savoisienne sans avoir besoin de recourir à la théorie du
lac bressan (Arcelin) dont Texistence est loin d'être démontrée, ni
à celle des barrages des s^allées du Rhône et de la Saône (Faisan et
Chantre) que M. Chantre abandonne parce qu'on « ne trouve, en
effet, nulle part, ni dans le Dauphiné, ni à Lyon, les traces d'un
barrage ayant pu faire refluer les eaux à plus de loo m. de hauteur
et à plus de 60 km. au nord » ^
Une autre preuve de la création de ces derniers plis tertiaires et
de leurs conséquences est la suivante : en bien des points, sur les
deux rives du Suran, k flanc de coteau et à l'altitude de 33o à 400 m.
près du village de Grand-Corent, sur la montagne du Petit-Coi-ent,
etc., on observe des dépôts de sables cristallins accompagnés d'ar-
giles de diverses couleurs. L'origine de ces grès et argiles
bigarrées a longtemps préoccupé les géologues. On les trouve
même au fond de la grotte de Hautecour où ils sont d'une blancheur
éclatante : ce sont des grains de quartz hyalin d'une grande finesse ;
on dirait du verre pilé. Ces sables cristallins possèdent un assez
grand pouvoir corrodant, 4 ^ ^ ^^î^ P^^s faible cependant que le
sable de Fontainebleau.
Loin de leur attribuer une origine hydrothermale ou gaysérienne
on doit les considérer comme une formation i)articulière qui s*est
effectuée entre deux périodes de soulèvement, la première amenant
le démantèlement des étages de craie et fournissant les matériaux
de la dite formation, la deuxième produisant les derniers plis
lesquels ont amené, entre autres résultats, la destruction à peu près
complète de la formation en question. Cela explique pourquoi ces
sables cristallins ne se trouvent que par places ; ils occupent géné-
ralement des poches dans les calcaires jurassiques ; l'autre partie
disparue, la plus grande, a été charriée par les eaux et ce transport
a fait perdre à ces sables particuliers leur pureté d'abord et leur
texture cristalline.
Où sont allés ces sables remaniés ? D'abord, il est clair que les
I. Ernest (Ihantiir, thèse, Lyon, 1901, page 04*
igOI ET LA FORMATION DES OROTTKS ET DES CLUSES DANS LE JURA 649
cours d*eaa en ont emporté une bonne part; la Saône, rejetée
ensuite à l'ouest, les a abandonnés sur la plaine bressane ; l'Ain
en a formé des terrasses, avec cailloux calcaires, sur sa rive
gauche surtout ; le Suran, rejeté aussi à l'ouest comme les pré-
cédents, en a laissé d'énormes amas dans le grand cul-de-sac de
Gize, Romanèche et Hautecour formé par la création de Tanti-
clinal du mont Rpsset et du mont de Corent et enfin de puissants
torrents, conséquence du soulèvement, ont emporté le reste.
Ces torrents débouchaient naturellement des cluses dont nous
allons parler et parmi eux nous pouvons citer celui de Ce>TKériat
et celui de Treffort. Ce dernier a donné le conglomérat important
de cailloux calcaires que Ton observe à Sanciat entre Jasseron et
Meillonnas et aussi un grand amas de sable avec silex que Ton
exploite, sur une hauteur de plus de G mètres en avant de Sanciat,
sur le bord de la route qui vient de Jasseron.
Plus tard, à la fin du mouvement orogénique et comme consé»
quence de V altitude acquise les glaciers sont venus ; leurs torrents
ont utilisé les lits des anciens torrents dont il vient d'être question
et par suite les matériaux anciens, calcaires^ ont été remaniés et
se sont chargés de cailloux alpins.
Des torrents analogues, plus puissants sans doute que ceux de
Treffort et de Ceyzériat, se sont créés sur le flanc est des monts du
Maçonnais au fur et à mesure que l'affaissement s'accentuait, et ce
sont eux qui ont charrié les nombreux blocs erratiques, d'origine
sûrement beaujolaise, que l'on observe sur la contrée de la rive
gauche de la Saône. Pour explicpier leur présence vers Thoissey,
etc., M. Chantre admet l'existence de glaciers beaujolais et que
l'un d'eux, celui de la Mauvaise, a traoersé la Saône *. MM. Delà-
fond et Depéret ^, au contraire, pensent que les terrains en question
résultent d'alluvions déposées par des cours d'eau descendant des
montagnes et que les blocs volumineux proviennent d'éboulements
et ont subi un charriage ; pour eux, Tabsence de boue glaciaire et
de moraines formant des mamelons sont des arguments péi'emp-
toires. Notre explication concorde avec cette opinion : les blocs
erratiques ont été arrachés par les assises sédimentaires qu'ils
supportaient, lors du retrait à l'est de c(»s dernières, puis ils ont
été charriés ; ils n'ont pas eu à traverser la Saône qui n'était pas
alors sur leur parcours mais plus à l'est. Quand la Saône eiU été
rejetée à l'ouest, elle dut se creuser un nouveau lit et remanier les
dépôts antérieurs avec les débris des faunes qu'ils renfermaient.
I. E. Chantre, thèse, paji^es 54 et suivantes.
a. Terrains tertiaires et quaternaires de la Bresse, page 211.
<>5o CHANEL. — SUR LES PHKNOMÈNES OROGENIQUES l6 Déc.
Elle a donc dû donner en certains points, vers les coudes, des
alluvions très mélangées^. Or, c'est précisément ce que Ton observe
dans une sablière de Villefranche-sur-Saône, en amont de son
grand coude d'Anse, où MM. Depéi'et et Chantre ont récolté une
a faune très complexe avec des silex moustériens, découvertes qui
donnèrent lien à de vives discussions au sein des Sociétés géolo-
gique et anthropologique de Paris » ^
Cassures longitudinales. — Sous Tinnuence de l'effort orogé-
nique la voûte des plis anticlinaux formés s'est souvent rompue
et on a ainsi les cassui*es longitudinales. Dans le Jura les dépres-
sions fréquentes qui résultent de ces déchirures portent le nom de
combes.
Comme grandes cassures longitudinales nous pouvons citer entre
autres celle qui passe par Petit-Corent, Germagnat, Saint-Julien
et celle qui passe par Cornod, Thoirette, Heyriat, Leyssard, etc.
L'Ain, rejeté à l'ouest, coule actuellement contre une des lèvres
relevée. Et ainsi on s'explique, d'une part, la formation par cette
rivière, sur sa rive droite, des bénitiers^ comme ceux que l'on
observe vers le viaduc, de Cize (ligne de Bourg à Bellegarde) et,
d'autre part, les grandes terrasses inclinées, sables et cailloux
calcaires roulés, sur sa rive gauche. Ces bénitiers sont à des
hauteurs diverses au-dessus du lit actuel de TAin (jusqu'à 70 m.)
les eaux de VAin ne sont pas montées jusque là ; ce sont les
roches qui ont été relcpées ; et les grès que l'Ain charriait alors
donnaient à ses eaux un pouvoir corrodant considérable.
Cassures transversales et cluses. — Au moment où l'eflbrt
orogénique passe par une x)hase de maximum capable de produire
de nouveaux plis et d*augmenter l'importance des préexistants,
ce3 derniers jouent évidemment les uns par rapport aux autres
le rôle de contreforts et alors deux cas sont à examiner :
1° Si, par suite de leur parallélisme et de leur constitution ils
offrent une résistance uniforme, l'effort orogénique se traduira
chez tous par une surélévation plus grande mais allant en dimi-
nuant dans le sens de l'effort. Dans ce cas, évidemment exception-
nel, il ne se produira que des ruptures de voûtes et des failles.
Q"" Si la résistance a l'effort n'est pas }>artout la même, une
cassure transversale pourra se produire. Et s'il y a une succession
de plis ils se transmettront les uns aux autres la même action de
refoulement et par suite le résultat précédent les affectera en
diminuant d'importance, c'est-à-dire que les plis successifs auront
1. E. Chantrb, thèse, page 75.
igOI ET LA. FORMATION DES GROTTES ET DES CLUSES DANS LE JURA G5 f
des cassures transversales. Toutes ces cassui*es ont une même
direction et se présentent ou en ligne droite ou en zig-zag.
Les explorations de grottes et de gouifres que nous avons faites
nous ont permis de contrôler cette conclusion théorique. L'année
dernière nous sommes descendu dans un gouffre au lieu dit le
Glesson ^ a a kil. au nord d*Heyriat, commune de Sonthonnax.
C'est une diaclase de 4o m. de profondeur, sa direction est est-ouest
et l'inclinaison des deux lèvres est de 70 à 80". Or, cette année, en
explorant la grotte de Corveissiat, nous avons constaté que la dite
grotte se continuait par une rivière souterraine laquelle, à 300 m.
environ de l'entrée, se termine brusquement par une diaclase dont
la direction est encore est-ouest et rinclinaisoh des lèvres de 70 à
80^. Les deux chaînons de Sonthonnax et de Corveissiat sont sépa-
rés par la rivière d'Ain et la distance entre les deux diaclases est
de 3 kil. environ.
A notre avis c'est le même effort orogénique ou l'ensemble des
elTorts successifs qui a produit la grande cassure transversale
suivante : Fort l'Écluse, Nantua. la Cluse, cours d'eau souterrain
du tunnel de Nurieu ? — Diaclase de Sonthonnax — Diaclase de
Corveissiat — Chartreuse de Sélignac — Treffort.
(Direction E.S.-O.N. ; en zig-zag)
Si des plis anciens n'existent pas en avant d'un ensemble et que
l'effort de refoulement n'en produise pas ce sera tout cet ensemble
qui sera reporté à l'ouest (nous supposons toujours la compression
venant de l'est). Il prendra la forme d'un immense éventail. Mais
alors, dans ce mouvement de translation, les assises calcaires qui
sont à la partie centrale de l'éventail, parcourant le plus grand
chemin, vont se disjoindre et donner une grande cassure trans-
versale.
Cest ainsi que nous nous expliquons la grande cassure de Saint-
Rambert en Bugey. (Voir la carte, feuille de Nantua).
Enfin, aussi bien dans cette dernière hypothèse que dans le second
cas examiné les eaux utiliseront la cassure, chemin naturel ({ui leur
est offert, l'agrandiront et de leur travail résulteront, en certains
points, des cluses plus ou moins im[)ortantes avec ou sans lacs.
I. Bulletin Société des Naturnliates de VAin, n^ 3 à <).
» #
SUR QUELQUES GRANDES VENERICARDES DE L'EOCENE
par M. COSSMANN.
On sait que les couches éocéniques présentent, des deux côtés
de r Atlantique, dans le Bassin anglo-parisien, d*une part, aux
Etats-Unis sur toute la bande orientale, d'auti-e pail, une succes-
sion tout à fait comparable d assises, qui se correspondent assez
exactement. Ce fait a été, tout récemment encore, confirmé par
les travaux de MM. Dali et Gilbert-Denison HaiTÎs, qui ont pro-
posé d'assimiler :
Le Vicksbnrgien^ à l'Oligocène moyen et inférieur ou au Stampien
et au Sannoisien ;
Le Jackson ien, à rEocène ou au Bartonien ;
Le Claibornien, à l*Eoc<î:ne moyen ou au Parisien;
Le « Ligniitc stage », à l'Eocèiie inférieur ou au Sparnacien et à
l'Yprésien ;
Le « Midway stage », au Paléoeène ou au Thanélien . •
Ce parallélisme, assez satisfaisant à Tœil, parait d^aillcurs
étayé sur des arguments paléontologiques assez sérieux : l'allure
respective de ces faunes paraît similaire, tout au moins dans son
ensemble ; mais, si des genres on passe aux espèces, la similitude
cesse aussitôt de se pi'oduire, attendu que, jusqu'à présent, nos
confrères des Etals-Unis n'ont encore trouvé à identifier que les
csj>cces suivantes : Venericardia planicosta Lanik., Megatyloius
crassaiinus Lamk., (Jalyptrœa aperla Soland., Fusus unicarU
natus Desh., Conus diversiformis Desh., soit en tout cinq espèces
sur une faune qui en compte plus de 5oo. Et encore, j'ai déjà
précédemment indiqué (Notes complém. sur la faune éocén. de
TAlab. Ann, GéoL et Fol., 189*3) que deux au moins de ces cinq
cspt^ces devaient être séparées des formes françaises : Megatyloius
crassaiinus qui devient M. mississipiensis Conrad, et Conus
diversiformis qui devient Conus sauridens Conrad. D'autre part,
Tidentilication de Calyptriea aperla repose sur la comparaison
d'échantillons qui n*oiit pas leur lame intacte, et l'on sait que la
courbure sinueuse de celte lame est un des principaux caractères
pour distingu«»r les espèces. Quant à Fusus unicarinalus, qui est
tros rare dans les deux Bassins, il est évident que l'assimilation
n'en a été faite que d'après des figures, et il est probable que la
igOI SUR QUELQUES GH.VNDRS VKXÉlilCARDES DR LÉOCÀNE 653
comparaison des types originaux dissiperait cette confusion,
d'autant plus que les auteurs américains ne sont eux-mêmes pas
d'accord sur le point de savoir si leur coquille doit être, rapportée
à F. serratus Desh. ou à F, unicarinaliis, de sorte qu il faudrait
en conclure que ce n'est ni l'un ni l'autre.
11 reste donc, comme dernier rempart de la théorie qui ferait
émigrer certaines espèces d'un Bassin dans Tautre, l'unique
coquille réputée commune aux deux provenances : Venericardia
planiçosta Lamk. Or je suis précisément en mesure de confondre
irréfutablement cette légende : tel est le but de la présente note.
Cardiia planiçosta Lamarck, auquel il y a lieu de réunir
C milis Lamarck, qui n'en est qu'une simple variété, est une
grande coquille, bien connue dans les trois étages de TEocène du
Bassin anglo-parisien, où elle est représentée par des nmtations
ou par des variétés, qui ne dilïerent entre elles que par le nombre
ou reflacement plus ou moins prom[>t des côtes plates qui lui ont
mérité son nom.
Si Ton réserve- la dénomination (Jardita a'ux formes allongées
du groupe de C calyculala Linné, et si l'on attribue le nom
générique Venericardia aux coquilles cordiformcs, munies d'une
forte charnière, C. planiçosta est bien un Venericardia ; même,
tout récemment, M. Sacco a proposé de démembi\;r une nouvelle
section Megacardita pour les coquilles du groupe de C. Jonanneti
Bast., et par conséquent, pour C. planiçosta. caractérisées par
leurs côtes larges et plates et par leur test pesant. La nécessité
de cette séparation ne se faisait pas absolument sentir, et nous
continuerons à désigner l'espèce en question sous le nom Veneri-
cardia planiçosta.
La charnière de l'espèce lainarckienne occupe à peu près le
quart de la hauteur totale de chaque valve, non compris la saillie
cordiforme du crochet, et en ne nu^surant strictement que Tespace
compris entre la fossette du ligament incluse, et la ligne infé-
rieure du plateau cardinal.
Cette charnière se compose : sur la valve droite, d'une large
dent médiane, procumbante, un peu échancrée le long de la ligne
cardinale, comprise entre deux fossettes très inégales, et d'une
dent postérieure, mince et lamelleuse, presque confondue avec la
nymphe ; sur la valve gauche, de deux dents assez étroites et très
inégales, comprenant enti*e elles une largo fossette triangulaire et
oblique, et la postérieure séparée de la nymphe par une étroite rai-
et>i
M. <:0!3SMAM
i6Déc.
nuit). II n'y a pus de dent» latérales : seuleinciit on distingue, sur
les denx valves, an-dessus de rini()ression musculaire antérieure,
une petite fossette profonde, pouvant loger une crête triangulaire.
La charnière des individus des Ijtats-Unis est homologue, mais
elle n'est pas identique, et elle présente invariablement les dilTé-
rences suivantes : sa hauteur, mesurée de la même manière, est
sensiblement plus grande d'environ i/5 ; les dents sont beaucoup
plus redressées, moins procumbautes ; la dent médiane de la valve
l-ig. 1. - cil
Ivc gnuctii' (Grand. iiBtur.).
droite, et par conséquent lu fossette de la valve gauche, sont nota-
blement plus laides, plus saillantes ou plus profondes, beaucoup
moins écliuncrt'es sur leur contour inférieur ; les deux fossettes de
la valve droite, rt par conséquent les dents plus écartées de la
valve gauche, sont moins obliques, moins sinueuses ; les fossettes
latérales, au-dessus du muscle antérieur, sont plus petites et moins
profondes. J'ai constato la persistance de ces caractères distinctifs
sur plus de cinquante échantillims, et je crois utile de les faiiv
res.sorlir pur les deux figui-es L-oniparatives ci -dessus.
igoi
l QUELQUES GRANDES
: l'éocènk
(m5
Il résulte de cette disposition de la chaniière que la Vëucricai-de
des Etats-Unis a un faciès plus triangulaire, plus élevé, quoique lu
itaillie des ci-ochets soit la même que chez 1'. planicosla de Laniai'ck.
Les figures d-desRous niuntrciit bien eetio dilt'éi-encc capitale
d'aspect qui existe chez les deux formes.
Les valves d' Auiérique pi'ésentent aussi d'autres dilféi'ences dans
les impressions internes : le muscle antérieur est plus allongé et
plus étroit : le muMcle postérieur est divisé un deux lobes beaucoup
plus inégaux par une arête presque eontignf- au contour intoi-uc;
enfin la ligne palléale est plus étroite.
En définitive, en présence de lu constance de ces caractères
distinctifs, il paraît légitime de sêpai-er complètement l'espèce des
Etats-Unis, d'autant plus qu'on n'a même pas l'embarras de lui
dioisir un nom nouveau. En efîet, Conrad, qui séparait, en quelque
sorte par instinct, toutes les coquilles du nouveau monde qu'il
décrivait, lui a donné un nom dont voici la synonymie :
()5(> COSSMANX. — GRANDES VÉxÉRICAROES DE L^ÉOCÈNE l6 DcC,
Venericardia densata Conrad sp.
i832. Cardita planicostaCoïïT. Foss. shells lerl. tonn., p. ào.
18^8. Cardita densata Cour. Journ, Acad. Se. PhiL, I, p. l'io, pi. XIV,
% 24.
1890. Cardita planicosta de Grog. Monogr. faune Eoc. Alab. (Ann, GéoL
et Pal, 7 et 8).
1890. Cardita densata de Greg. Ibid,, i\^. 1 1 (reprod. de la fig. de Conr.).
189*3. Cardita planicosta Cossin. Notes complém. faune Eoc. Alab. {Ann.
GéoL et Pal. y 12' livr.), p. 14, N- 85.
1897. Venericardia planicosta Gilb. Den. Harris. The Lignitic Stage, 1
(Bull, of Amer, Pal., vol. 11, N" 9), p. 5^, pi. IX el X.
Ainsi c{u*on peut s'en rendre eomple par Texaiueu de ce tableau,
F. densata avait bien été dûment décrit par Conrad, dès 1848 ; et
ce sont ses successeurs qui ont tous repris, pour cette coquille, le
nom planicosta que lui avait donné Conrad lui-même, dans sa
première citation de i83a.
1 1 n'est pas sùr|>renant que les différences, cependant bien visi-
bles, que J'ai fait ressortir ci-dessus, n'aient pas été signalées plus
tôt, attendu que toutes les figures qui ont été publiées pour représen-
ter la coquilh» américaine, n'en montrent que la surface dorsale : sur
les huit figures qui accompagnent le Mémoire de M. Harris, relatif
aux fossiles du « Lignitic Stage » (1897), aucune nlndique la char-
nière. 11 semblerait que les auteurs américains ont surtout eu pour
objet de démontrer la variabilité de l'aspect extérieur de la coquille.
Seul, M. de Gregorio, dans son Etude des fossiles de l'Alabama
(1890), a fait dessiner d'exactes charnières, sur lesquelles il est
facile de vérifier les difl'érences que je viens de signaler ci-dessus,
mais il n'en a pas tenu compte, attendu qu'il s'est borné à catalo-
guer simultanément les deux espèces.
Localités. — Claiborne, BelFs Landing, Gregg's Landing,
Wood's Bluir.
QUELQUES
COUPES DU MIOCÈNE DE LA BRESSE
DANS L'ANSE DU BAS-BUGEY
par M. A. BOISTEL.
On sait combien sont rares les coupes dans les terrains bressans,
soit tertiaires, soit pleistocènes ; nos confrères ont pu s'en con-
vaincre par eux-mêmes lors de la dernière réunion extraordinaire
de la Société à Lyon en 1894. Plus particulièrement le Miocène,
recouvert dans toute la Bresse proprement dite par les dépôts plus
récents, napparait que sous la forme de quelques lambeaux
resserrés au pied de la falaise jurassique contre laquelle viennent
buter toutes ces formations. C'est seulement de Neuville-sur- Ain
à Priay qu'il a été mis^à nu par Térosion du cours de l'Ain, mais
les éboulements et les cultures ont fait disparaître presque tous
ses affleurements. Il semblerait qu'il y eût plus de chances de
rencontrer quelques coupes naturelles dans la partie de ces terrains
qui, débordant la ligne du cours actuel de l'Ain, sont venus
remplir une espèce d'anse formée, au profit du lac bressan, par un
retrait vers l'est de la falaise jurassique. Ces dépôts ont été pro-
fondément découpés par les érosions de l'Ain ou du Rhône, de
façon à ne subsister que sous forme d'une bande étroite, le long
du massif secondaire ; ils ont été aussi entamés par les gorges qui
débouclient de ce massif dans la vallée principale. Mais la facilité
avec laquelle s'éboulent ces terrains ai^ileux ou sableux, la prise
qu'ils offrent à l'envahissement de la végétation, ont fait dispa-
i*aitre, probablement à mesure qu'elle se produisait, la tranche
d'une centaine de mètres de hauteur, que les données de la géologie
permettent de reconstituer théoriquement. C'est à peine si, sur la
longue bande de la kilomètres qui s'étend de Chenavel à Ambérieu,
j'ai pu, dans de précédentes communications, relever quatre ou
cinq escarpements natui*els limités pour la plupart à quelques
mètres. Il ne faut donc négliger aucune occasion de nous renseigner
sur la stmcture de ces coteaux quelque peu énigmatiques. Or,
dans ces dernières années, une tentative d'exploitation industrielle
des lignites contenus dans ces terrains a donné lieu à des fouilles
la Mars 190a. — T. i'*'. Bull. Soc. Géol. Fr. ~ 4a
658 A. BOISTEL. — COUPES DU MIOCENE DE LA BRESSE l6 Déc.
assez considérables. Il importe d'en consigner les résultats, bien
qu'ils soient loin d'être aussi complets qu'on pourrait le désirer.
Cest sur les communes d'Ambronay d'abord, de Saint-Jean-le-
Vieux ensuite que les travaux ont été exécutés, pendant qu'une
autre compagnie rouvrait en même temps, sur la rive droite de
l'Ain, le fameux gisement de Soblay, à quelques centaines de
mètres de l'ancienne exploitation, près du hameau de Confran-
chette, dépendant comme Soblay de la commune de Saint-Martin-
du-Mont. Cette dernière tentative s'est bornée à deux tranchées
superficielles de ^ k 5 mètres de profondeur. A Ambronay, au
contraire, de nombreux sondages ont été pratiqués dans le vallon
de Jurancieu; un puits a été foré et une importante galerie hori-
zontale a été poussée assez avant dans le flanc du coteau ; une
galerie semblable a été ouverte dans le vallon voisin aboutissant
au hameau de Saint-Cyr sur la commune de Saint-Jean-le- Vieux * .
Après quelques fouilles préliminaires, dont l'une avait été
explorée par moi en 1895 -, deux tranchées furent ouvertes pendant
la saison de 1898, l'une vers le sommet du coteau, l'autre une
vingtaine de mètres plus bas. Cette dernière cori^espond à peu
près au niveau de la fouille déjà décrite^; la première a donc
l'avantage de nous renseigner sur les parties les plus élevées de
la formation, qui d'ailleurs ne paraissent pas difliérer sensible-
ment des parties déjà connues. J'ai relevé en détail la coupe de
ces deux tranchées. La plus haute des deux avait une longueur de
5o m. environ : elle était très nette et en très bon état. Les couches
y plongent de 3o" à 4o° vers l'est, c'est-à-dire vers la falaise juras-
sique à laquelle la formation tertiaire est adossée. Cette allure est
celle qui est signalée dans tous les lambeaux miocènes de la
bordure orientale de la Bresse. Ici, du moins, elle pourrait être
due tout simplement à un glissement produit par l'érosion du
coteau. C'est, on le sait, un phénomène très général, que, sur une
pente, par suite du déchaussement des couches du devant, celles
de derrière, qui supportent une plus grande hauteur de terrain,
s'aflaissent en glissant et descendent plus bas que les premières,
I. Il est nécessaire, pour rinteUigence de ces explications, de signaler une
inexactitude dans la dernière édilion de la carte de FËtat-Major au 5o.ooo'.
Le nom de Jurancieu a été placé à tort, dans la commune de Saint-Jean-le-
Vieux, au nord de la colline qui porte la cote 335 ; le vallon qui occupe cette
place est appelé dans le pays le vallon de Saint-Cyr. Le nom de Jurancieu
appartient au contraire au vallon situé au sud de la cotç 335 et de la limite
des deux communes, là où la carte marque le nom de ferme de» Blaina,
a. Voir : B, S. G. F., (3), XXVI, 1898, p. a6.
igoi
t DO BAS-BUQKT
659
donnant au lambeau éboulé une contrepente inverse de celle de la
surface primitive. C'est en eflet ee qui s'est produit l'hiver suivant
tout à cdté de la tranchée dont il est question. Et les allures en
gradins énioussés de toutes les priiiries qui forment ces coteaux
montrent que le phénomène s'y est réalisé à plusieurs reprises.
Cette coupe (fig. i) peut se résumer en des alternances de bancs
d'aigle et de
bancs de ligni- °
général peu
épais et à sur-
bce ondulée .
L'argile est
plus ou moins
pare; plus ou
moins mélan-
gée de lignite
ou parcourue
par des veines
de ce combus-
tible, et enfin
a moins ,g_ ai-kiIc
impr^née de
calcaire
point de passer
t8, Lignite. . . .
rj. Argile verdàtre
16, Lignite
à de véritables ^^\ ^rRile grise
marnes qui
, Lits alternaDts
>, Argile ligmleuse.
g, Argile rubaaée
grise et blanehe. 0,60
K, Lignite o,to
7, Marne blanchâtre 0,40
a. Lignite <mS
5, Argile grise . . . i.iu
4- Ai^ile rubanée. . ii,3o
3, Lignite 0,10
a. Argile verdàtre . a^t
I, Argitc tigniteuse
, L'argile lorsqu'elle est
i. Lignite,
cessent d'être '3, Argile v(
délayables *■"• '^''B"^ lignilense.
dans l'eau et
deviennent
dures et sèches
dès qu'elles sont un peu cxposéei
pure est grise avecdes veines jaunes assez fi^quentes;en quelques
points elle prend une teinte vct^àtre. Les fossiles sont très abon-
dants, surtout dans les marnes calcaires et à la surface des couches
de lignites ; mais ils sont la plupart du temps ccrasés et mal conser-
vés, et il est difficile d'en obtenir des échantillons passables. On
peut néanmoins y i-econnaftre facilement, couvrant des plaques
entières, le grand Planorbis heriacensis Font.
La liste que j'ai donnée dans ma piccédcntc communication,
n'ayant pas distingué les fossiles de cette zone et ceux de celle que
66o
A. BOISTEL. — COUPES DU MIOCENE DE LÀ BRESSE l6 Déc.
j*appellerai plus loin la zone moyenne, je donne ici la nonoien-
clature des espèces i*encontrées dans la première :
Hélix Nqylieai Mich.
Planorbis heriacensis Font.
— Philippe i Loc.
— ambilicatus L.
— Mariœ Mich.
— Bigueti Font. '
Segmentina Jilocincta Sandb.
Limnœa heriacensis Font.
— cf. oiHUa Beck. ^
— cf. gingivata Goupil. -
Anqxlus Neumqyri Font.
Bilhinia leberonensis Fisch. et
Tourn. avec ses variétés.
Xernaturella ovata Bronn. ?
La fouille inférieure se composait en 1898 de deux tranchées
voisines, séparées par 4 à 5 m. seulement de hauteur verticale. La
plus haute, peu
avancée, ne lais-
sait voir qu*un
tuf calcaire jau-
nâtre, grenu et
sableux, non ren-
contré dans la
coupe précédente.
La plus basse
(fig. a), longue de
20 à a5 m. offrait,
comme cette der-
nière, des alter-
nances dargiles
et de iignites en
bancs très ondu-
1&. L'ai*gile y
présentait plus
fréquemment las-
pect marneux,
certains bancs devenant tout à fait blancs. Les couches de lignite
étaient assez peu épaisses ; néanmoins les déblais en présentaient
Fig. a. — Echelle approximative i/foo.
16, Argile remaniée grise
et jaune ;
i5, Argile grise ;
14, Argile ligniteuse ;
i3. Lignite ;
l'j, Mai'nc blanche ;
II, Argile grise ;
10, Lignite ;
9, Marne blanche ;
8, Lignite ;
7, Marne blanche
(>, Lignite ;
5, Argile grise ;
4, Lignite ;
3. Marne blanche
!i. Lignite ;
I, Argile grise.
I. Je signalerai Tabondancc relative (une quinzaine d'exemplaires) du
Planorbis Bigueti Font, assez rare dans les formations pliocènes où ii a été
signalé tout d'abord.
a. Il y a lieu aussi de corriger ou de compléter les rapprochements indi-
qués ù regard de deux Liinnées comprises dans cette liste. L*une rapprochée
par M. Depéret du Limmea auricularia L.« me parait, soit dans les exem-
plaires de MoUon, soit dans ceux de Jurancieu, ressembler beaucoup plus au
L. ovata Beck; car, malgré la jeunesse des exemplaires, on peut constater
que le labre, dès son insertion sur le dernier tour, descend en suivant la
igOI DANS l'anse du BA8-BUGEY 66l
un tas d*ane dizaine de mètres cubes; beaucoup d'échantillons
offraient même (comme autrefois à Soblay) du bois tout à fait
intact à peine teinté en brun par reflet de la lente décomposition
qu'il avait subie. Les fossiles étaient les mômes que dans la coupe
la plus haute et se présentaient dans les mêmes conditions.
L'inclinaison des couches de ces deux tranchées infét*ieures était
beaucoup moindre que dans la supérieure ; elles étaient presque
horizontales ; à peine pouvait-on y noter une légère inclinaison
vers l'est, quoique la direction des travaux fût, là aussi, perpendi-
culaire à la plus grande pente du terrain et à la falaise jurassique
voisine (V. fig. a).
Il serait intéressant de rapprocher de ces deux coupes celles que
M. Depéret avait relevées au printemps de la même année près de
Soblay, à Confranchette, dans l'exploitation signalée plus haut. On
y verrait, si mes souvenirs sont exacts, une structure du terrain
tont à fait analogue. On peut, malgré les lacunes qui subsistent
encore, considérer cette structure comme représentant la compo-
sition de la moitié supérieure des couches pontiennes de ces deux
localités.
L'année suivante, en 1899, l'aspect des travaux avait entière-
ment changé. Les trois tranchées étaient complètement éboulées
et ne présentaient plus rien de reconnaissable. Celle du haut était
abandonnée ; on avait foré un puits dans le voisinage. Les deux du
bas, réunies en une seule, servaient d'amorce à une galerie hori-
zontale, où l'on avait rencontré, disait-on, un banc de lignite de
plus d'un mètre d'épaisseur; le boisage intérieur ne permettait
plus d'y rien voir, et, après plusieurs tentatives infructueuses de
soutènement, on se. décidait à élever une façade en maçonnerie
pour l'entrée de la galerie *.
Mais, outre le puits signalé plus haut, on avait pratiqué des
sondages en plusieurs points du vallon. J'ai pu obtenir communi-
cation des coupes relevées dans ces divers travaux.
La carte de la fig. 3 indique la place des sondages opérés. Dans
l'élévation (fig. 4)> tous les travaux çont projetés sur un plan
passant par la ligne XY de la carte précédente.
D'après une note accompagnant ce tableau des sondages, l'incli-
forme générale de la coquille au lieu de remonter et de s'étaler comme le
lobe supérieur de Toreille humaine. L'autre, rapprochée du A. palus(ris
Drap., doit être plus spécialement comparée à la L. gingivota Goupil, variété
de cette espèce ou du L glabra Dup. suivant les auteurs.
I. Aa-dessus de cette façade, élevée pendant la saison suivante, on voyait
encore en 1900, 4 m. d'argile bleuâtre présentant des parties jaunes ou rouges.
A. BOISTEL. COUPES DU MtOciN'K DK l^ BRS8SB
16 Dec.
naison des couches constatée daas le poils « se fait contre la mon-
tagne et non dans le même sens qae la pente da sol. * L'obser-
vation est conforme aux constatations faites dans la trancbée
voisine, comme on l'a va ci-dessos ; mais il résulte paiement de
l'étude précédente qu'il serait téméraire de la généraliser à tontes
les couches du coteau. On voit d'aillenrs cpe dans cette coape du
puits le pendage indiqué pour les couches supérieures ne se main-
tient pas pour les couches placées au-dessous de la cote de 3a8 m.
La face du puits dessinée est la face sud, celle qui se trouve du
cAté d'Ambronay.
Cette série de coupes constitue un document qu'il importait de
ne pas laisser
perdre pour la
du
Miocène de la
région. Mais mal-
beoreosement ou
ne saurait en tirer
des conclusions
bien précises sur
la structure géné-
rale du coteau
qu'elles ont en
quelque sorte dis-
séqué. On n'aper-
foit aucune cons-
_ . . . , .. , . tance , aucime
Cote en mètres, an-dessns du niveau de la route ^
d'Ambronay A SainUean-le-Vieux, de» points où connnmté dans
ont été opérés les sondages : A, iG,% ; B, aa^ ; les bancs dont la'
C. 33,3: ; D, 3648 ; E. 34.65 ; F, 4o.33 j G, 44,80 ; H. présence a été
83,7a ; I, 83^ ; K, 8a,45 ; L, 46,a3 ; Ouvcplnre dm révélée • on ne
Puils, 88,a8. . '.
peut même con-
jecturer comment ils se raccordent entre eux, ni par conséquent
constater s'ils présentent une inclinaison uniforme dans nn sens
ou dans l'autre. On se demande même, au point de vue industriel,
comment ces études ont pu faire naître l'espoir d'une exploitation
régulière des lignites. Ce défaut d'unité se comprend parfaitement,
si l'on songe aux nombreux glissements on alTaissements auxquels
sont sujets des terrains essentiellement argileux, et dont on voit la
trace palpable sur place dans la configuration en cascade des
prairies qui les recouvrent. — Le défaut de renseignements précis
sur la nature de l'ai^ile, ou des autres couches non exploitables,
DANS L ANBK DU BAS-BUGEY
aux ilifFérenU niveaux ; itui- la présence ou l'absence de coquilles,
sur leurs espèces, peut également inspirer des ref^ts. I^ voile qui
cachait à nos regards ce coin de la science n'est qu'en partie
soulevé : contcntuns-nous pour le moment de constater ce qui nous
est acquis.
Les sondages pratiqués dans la partie supérieure du coteau me
paraissent avoir une valeur documentaire supérieure aux autres,
parce qu'ils ont dû rencontrer des couches non atteintes par
l'érosion, restées par conséquent dans leur position primitive, ou
faiblement déplacées par quelque glissement restreint. Ce sont les
forages qui portent les lettres L, I, K, H, et le puits; eu somme
ceux qui sont situés entre les deux
ruisseaux, sur la rive droite de la a£.
brandie venant du sud. Les don-
nées qu'ils fournissent viennent
confirmer par des observations*n
profondeur ce qu'avaient révélé les
constatations faites dans les tran-
chées superficielles : alternance
Kg, j. — Conpe suivont la ligne XY de la
décapires. — Le li)çnite pur tst indiqué «
indiqué par des hachures ; l'épaisseur des i
en chilTres maigres.
e de la ûg. 3. — Hauteurs
Loir ; le lignite terreux est
hes de lij^nites est inriiquée
dans la moitié supérieure du coteau, de couches ])cu épaisses
d'ar^les et de lignites, plus ou moins pni'es ou pins ou moins
mélangées ensemble; avec variations dans la composition de l'ar-
gile depuis l'état à peu près pur et compact jusqu'à la marne très
calcaire et même jusqu'au tuf calcaire.
Au contraire les sondages dont l'orifice est au-dessous de 293 m.
d'altitude, ceux qui sont placés sur la rive gauche du ruisseau venant
du sud, me paraissent fournir des renseignements beaucoup moins
sfti-s. Car ces parties basses ont pu recevoir, par des glissements
664 ^* BOISTEL. — COUPES DU MIOCÈNE DE LA BRESSE l6 Déc.
OU des descentes de terrain sur place, des matériaux venus de
beaucoup plus haut. 11 faut d'ailleurs remarquer que chacun de ces
sondages, A, B, C, D, Ë, F, n'a rencontré à peu près qu'une seule
couche de lignite dont la présence, ainsi qu'on vient de le dire,
peut être accidentelle. La documentation est presque nulle en ce
qui concerne la nature des autres couches, sauf pour celles qui
sont notées comme lignite terreux.
Il est bien préférable, pour toute la région inférieure, de
den^ander nos renseignements à quelques coupes naturelles qui,
ici heureusement ne nous font pas défaut. Les points où les
couches tertiaires * sont directement observables et très probable-
ment dans leur position primitive sont au nombre de 4« et marqués
par les lettres a, 6, c, rf, dans les figures 3 et 4. *
La coupe la plus intéressante au point de vue stratigraphique est
celle qui correspond à la lettre a. Je l'avais déjà signalée à la Société
au commencement de 1898 * ; mais je n'avais pu à cette époque en
faire qu'une étude un peu superficielle ; notre confrère M. Mermier
l'avait visitée également ^, mais ses recherches avaient porté sur
une couche différente de celle qui avait alors attiré principalement
mon attention. Cet escarpement naturel tourné au nord est bien
visible de loin, notamment de l'autre côté du vallon, du point 335
de la carte de l'État-major ; mais il est d'un abord très difficile
au milieu des bois, des broussailles et des hautes herbes. Il a une
quinzaine de mètres de large sur 8 à 10 m. de haut. On ne peut
constater aucune inclinaison appréciable des couches, bien qu'il
soit exactement dirigé de l'ouest à l'est. Voici la coupe prise de
haut en bas :
4 . Marne calcaire grisAtre, sèche et dure avec Pla-
norbes et Limnées, etc om.5o.
3. Marne ligniteuse brune a\ec HeUx Nayliesi, etc. im.
a . Argile très finement sableuse gris bleuâtre assez
foncé avec Bithinia leberonensis ^ Néritines,
Valvata vanciana, Unio, etc 4~^ n^-
I. Argile grise un peu bleuâtre, compacte, sans
fossiles; visible sur 3-4 m.
La marne supérieure est tout à fait pareille à celle que j'avais
trouvée en 1897 dans les déblais d'un sondage antérieur, et
à celles que j'ai signalées à plusieurs niveaux dans les tranchées
1. Je néglige les cailloutis plus récents, éboulés sur le flanc des ravins, qui
ne présentent pas d'intérêt au point de vue de Tétude actuelle.
2. Voir B. 5. G. F., (3), XXVL 1898, p. a6 et suiv.
3. Voir Ibid.
igoi DANS l'anse du bas-bugey f>65
• .
de 1898. Elle rappelle par tous ses eai*actères physiques, par sa
faune, par la conservation imparfaite de ses fossiles, souvent
écrasés, les marnes de Mollon-Rivière. Ce sont les Planorbes et
les Limnées qui y dominent, avec les diverses variétés du Bithinia
leberonensiSy et les Nematnrella oçata et lugdunensis. On peut
la considérer comme constituant le début de la zone supérieure,
décrite jusqu'ici, dont elle inaugure le régime.
La couche brune ligniteuse, facile à piocher, est le gisement
spécial de ï Hélix Nqyliesi Mich. ; on peut en recueillir des échan-
tillons assez bien conservés ; c'est en tout cas la meilleure localité
que je connaisse dans le département de TA in pour la récolte de
ce fossile ; il y est en meilleur état que dans le talus classique de
Druillat.
L*argile très finement sableuse qui vient au-dessous, bieii que
paraissant au premier aspect peu fossilifère, est la plus riche en
espèces variées, la plupart de très petite taille. C'est très proba-
blement à elle que s'était attaqué M. Mermier en 1897. ^^ici les
mollusques que m'ont fournis trois ou quatre explorations très
attentives :
Hélix Nayliesi Mich. (relativement bien conservé comme dans
la couche brune supérieure»).
Vertigo Dupuyi Mich. (un exemplaire appartenant à la forme
un peu effilée de Tespèce).
Planorbis heriacensis Font, (bons exemplaires).
— PhUippei Loc. (très bien conservé avec ses stries très
fines à la fois longitudinales et transverses).
Bithinia leheronensis Fisch. et Tourn.
— — var. neyronensis Loc.
— veneria Font. ?
Nematurella ovata Bronn.
— lugdunensis Tournouér.
Emmericia caimliculata Brus.
Vahata kupensis Fusch.
— vancianaTowTn., var. neyronensis Loc.
— sihinensis Neum., v. Sayni Font.
Xeritina Philippei Tourn. (assez abondante et très bien conser-
vée avec ses. couleurs).
Pisidium Idanicnm Loc.
Chtira (graines).
Succinea sp. (trouvée par M. Mermier en iScj^).
Enfin à la base, en grande partie cachée par les éboulis des
couches supérieures, commence l'argile gris-bleuàtre, devenant
légèrement jaunâtre quand elle est exposée à l'air ou aux infiltra-
666 A. BOISTEL. — COUPES* DU MTOCÉNE DE LA BRESSE l6 DéC.
lions, que Ton peut considérer comme formant la masse principale
du coteau dans toute sa moitié inférieure, à partir de Taltitude de
290 m. C'est elle que Ton retrouve uniquement au point c, où elle
forme le lit même du ruisseau sur une hauteur de 3 à 4 mètres et
où elle Tencombre même par places de ses blocs éboulés, anguleux
et résistant très longtemps à l'action de Térosion. C'est encore elle
que Ton revoit, sur un mètre au plus, au point rf, sur Tune des
berges du ruisseau. Dans ces trois endroits on n'y rencontre pas
de fossiles en place ; mais le lit du ruisseau contient des Mela-
nopsis, même dans la branche venant du midi, où ils ne peuvent
pas provenir du gisement dont il va être question.
La coupe b, située également dans le lit du ruisseau, mais sur la
branche qui vient de Test, à i5o m. en amont du confluent, nous
offre une couche sableuse très fossilifère et très intéressante, qui,
jusqu'à nouvel ordre, ne se présente que comme un accident
transitoire au milieu de l'épais dépôt argileux. En eflet cette
couche est surmontée, dans la partie visible, d'un banc d'argile de
3 m. d'épaisseur qui la relie à la base de la coupe a; et elle a au-
dessous d'elle un banc semblable de 3 mètres également qui
semble se rattacher à l'argile des coupes c et rf. Seulement cette
masse inférieure d'aigle contient à sa partie supérieure des Unios
et des Planorbes et présente deux petits bancs de lignite de o,i5
à o,i20 d'épaisseur, échelonnés le premier à o,âo au-dessous de la
surface de l'aigle et le second à 0,120 au-dessous du précédent.
I^ couche fossilifère est un sable jaune tufeux assez grossier,
très ferrugineux par places,. en deux bancs séparés par un banc
•de 0,20 de sable gris plus fin; elle mesure en tout i m. 80 à
2 m. d'épaisseur. Un commencement de galerie horizontale avait
été pratiqué dans cette couche ; et le toit de la galerie était tapissé
d*Unios ; mais ce travail n'a pas été poussé plus loin que 3 à 4 ni.
et il est à craindre que les éhoulements auxquels il donnera
lieu ne masquent le gisement déjà diflicile à trouver et à aborder.
Cette couche contient à profusion YUnio ataçus Partsch. var.
Sayni Font, et le Melanopsis Depereti Boistel dont j'ai déjà
donné la description *. La liste de i5 espèces ou variétés que j'ai
présentée en même temps ne s'est pas accrue depuis ; je la repro-
duis succinctement ici, puisque j'aurai à discuter les conclusiohs
auxquelles elle conduit :
IJnio atas^iis Partsch, var. Sayni Hélix Jourdatii Mich. ;
Font., avec la sous-variété Pc/a/a Melanopsis Kleini Kùrr, var. Va-
Font. ; lentinensis Font. ;
i. B.S. G. F., (3), XXVI, 1898, p. 28.
igOI DANS l'aNSK du BAS-BX'GEY 667
Bithinia leheronensis Fisch. et ciana Tourn., var. neyronensls
Tonm. avec var. delphinensis Loc. ;
Font, et V. neyronensis Font. ; " Neritina Philippei Tourn. et N.
Nematurella ovaia Bronn. et .V. Dumortieri Font. ;
liig^dunensis Tourn ; Triptychia Terveri Mich.
Valvata Kupensis Fuchs et F. Van- Vitrina nov. sp.
En somme l'ensemble de la coupe du coteau d'Ambronay peut
se résumer ainsi :
Nombreuses alternances d'argile et de lignite avec .
mélange à certains niveaux; argiles pures ou plus
ou moins calcaires, passant à des marnes blanchâtres
et sèches; grands Planorhis heriacensis Font, et 4
autres espèces; Limitées; Hélix Nayl iesi Mich., sou- ) 35m.
vent écrasés, principalement dans les marnes sèches et
au voisinage des Ugnites (ao m.)
Lacune dans les observations (i^ m. 5o)
Marne semblable à celles de la couche supérieure, o,5o '
Marne ligniteuse brune avec Hetix Nayliesi Mich. , etc. i m.
Argile finement sableuse gris bleuâtre, avec fossiles
nombreux et bien conservés 5 m.
Argile compacte gris bleuâtre (3 m.)
Lacune dans les observations (10 m.) ^ 16m.
Argile compacte gris bleuâtre (3m.)
Sable jaune, tufeux, assez grossier ; avec un lit de
no cent, de sable gris au milieu ; nombreux fossiles :
Unies, Melanopsis Kleini et M, Depereti 2 m.
Argile compacte gris bleuâtre, avec fossiles au som-
met, et deux bancs de lignite de 20 cent, près du
sommet (3 m.)
Lacune dans les observations (i à. 2 m.) ) 21m.
Argile semblable (3 m.)
Lacune dans les observations (12m.)
Argile semblable (i m.)
Lacune jusqu'au niveau de la route 10 m
90 ni.
***
L'étude des travaux exécutés sur la commune de Saint Jean-le-
Vieux dans le vallon de Saint-Cyr, n'est pas de nature à faire
varier ces données fondamentales sur la compositicm du Miocène
dans la région. Ces travaux se sont bornés à Tcmyerture d'une
galerie horizontale dirigée, non plus vers la montagne, c'est-à-dire
,^ ,-, I . ■ . ■,* 'o
668 A. BOISTEL. — COUPES DU MTOCÂNE DE LA BRESSE l6 Déc.
vers l'est, mais vers le sud, de manière à entamer le mamelon
335 de la carte de TÉtat-major. Autant que j'ai pu rapprëcier (cal*
je n'ai pas eu de cote exacte), elle est à peu près à la même
hauteur que celle d'Ambronay, c'est-à-dire aux environs de 3i5 m.
d'altitude. Voici la coupe que j'ai relevée, sans avoir pu constater
aucune inclinaison des couches soit dans le front de taille de la
façade de la galerie, dirigé est-ouest, soit dans les flancs de la tran-
chée d'approche, dirigés nord-sud.
N S.
19* Argile remaniée o,3o
'? i8, Argile verdâlre et marnes
'2 sèches o,3o
i6
{^ 17, Lit ligniteox o,o5
16, Argile lig^iteuse 0,60
^~^,^ 16, Argile gfris jaunâtre sèche . o,ao
- ^^ 14, Lit ligniteux o,o5
i3, Argile verdâlre i
'■.■^'/\:y,':-^---:::~: \ : ■■:.,. x 12, Lit ligniteux 0,10
II, Argile verdâlre. ...... i
8 10, Marne blanchâtre o,3o
9, Argile noir-bleuâtre, fossili-
7 fère I
8, Marne blanchâtre o,5o
* 7, Argile verdâtre i,5o
6, Marne blanchâtre o,3o
, 5, Lit ligniteux ....... o^
4, Argile verte i,5o
3 3, Lit ligniteux o^o
^^^■>^:^-\r. :■ _., •.- "■ :;• ' 'y ■ » 2, Argile bleuâtre o,5o
". ■' - .-. .'y "■.•"; .■:..;^-. ^,/:'.' * I, Argile noirâtre i
Fig. 6.
On trouve dans cette coupe la même alternance d'aigle plus
ou moins calcaire et de lignite^ (peu abondants d'ailleurs), que
dans toutes celles qui se réfèrent à la moitié supérieure du vallon
d'Ambronay. Son seul intérêt stratigraphique est donc de nous
permettre d'allirmer la constance de composition de la formation
néogène le long de la falaise jurassique.
Au point de vue paléontologique, je n'y ai trouvé de coquilles
que dans la couche d'un mètre d'argile noir-bleuâtre qui occupe
le milieu de la coupe (n° 9). Ce sont seulement les petites espèces de
Planorbes, de Limnées, de Bithinies et de Valvées, rencontrées au
même niveau dans le vallon voisin. Je ne puis y signaler aucun
exemplaire bien conservé et bien certain des Valçata sibinensis
Neum. et hellenica Tourn., qui ont été recueillies à moins d'un
Ï90I
DANS LANSE DU BAS-BUGEY
669
kilomètre de là, mais à un niveau plus bas, tout près des premières
maisons de Saint- Jean-le-Vieux, dans le chemin de Cheminand.
Il y a lieu, avec ces données, de revenir sur la question de Tâge
de ces gisements. J'avais, dans une note précédente, indiqué
comme possible, et même comme présentant une certaine proba-
bilité relative, le classement du gisement d'Ambronay dans le
Pliocène, à cause de la grande ressemblance à la fois pétrogra-
phique et paléontologique de ses marnes supérieures avec celles de
MoUon-Rivière. L'étude plus approfondie, dont les résultats vien-
nent d'être résumés, m'amène à écarte !• tout à fait cette hypo-
thèse. La dissection dont les coteaux de Saint- Jean -le- Vieux à
Ambronay ont été Tobjet, n'a révélé dans les dépôts néogènes
aucune discontinuité ; grande uniformité d'allui'es ; pas de discor-
dances angulaires sérieuses dans la stratification ; pas de trace de
ravinement ni d'exposition à Tair entre les sédiments qui se
succèdent, soit en hauteur, soit latéralement. Il serait bien témé-
raire, dans ces conditions, de supposer une différence d'îVge et
d'époque entre quelques-uns de ces dépôts, si des ai^uments
paléontologiques décisifs n'imposent pas cette solution. Or, parmi
les raisons de cet ordre, qui déjà présentaient beaucoup de pour et
de contre, la principale de celles qui pouvaient faire pencher la
balance en faveur du Pliocène doit disparaître par les considéra-
tions suivantes. J'avais indiqué comme récolté par moi dans le
premier sondage antérieur à 1897, VEmmericia pliocenicaSsLcco,
signalé tout récemment alors dans les marnes de Moïlon-Ravin.
Mais, dans une visite que je fis aux tranchées déjà éboulées de
Confranchette en septembre 1898, je récoltai parmi les déblais des
fragments d'une marne très riche eu fossiles, qui contenait avec
d'autres espèces bien connues *, une petite coquille entièrement
nouvelle pour la faune française , ÏEmmericia canaliculata
1. Les échantillons sont en général très bien conservés et très frais. En
voici la liste :
Hélix Nayliesi Micli. (débris, mais
très frais et absolument recon-
naissables).
Vertigo Dapayi Mich.
Planorbis heriacensis Font.
— Philippei Loc. (très beaux ,
quoique jeunes, Dimen-
sion, 1 cent. 5).
— umbilicatus L.
Planorbis Bi^ueii Font, (abondant
et très bien eonservé).
Limmea cf. ovata Beck.
— cf. gingivata Goux)il.
Anc^lu8 Neuinayri Font.
Vivipara venivicosa Mich.
Bitkinia leberonensis ï^isch. elTouin.
avec ses deux variétés.
Emmericia canaliculata Brus.
Valvata marginata Mich.
(j'jO A. BOISTEL. — COUPES DU MIOCENE DE LA BRSSSB l6 Déc.
Brusina, notablement différente de Y Emmericia pUocenica Sacco.
Une dizaine d'exemplaires très frais et parfaitement intacts
permettent de l'étudier très exactement. Or, en comparant ces
exemplaires avec mon échantillon de Jurancieu, je constatai
facilement une identité complète *. Il s'ensuit que les affinités de
I. Lors de la présentation de ce travail à la séance du i6 décembre de la
Société, je n'avais pas encore identifié cette coquille avec VEmmericia etma'
Ucalata Brus. Je m'étais fié à la description et à la figure données |>ar
M. Brusina dans ses Binnen MoUusken aa8 Dalmatien, etc. Agram, 1874, p. 58;
pi. IV, lig. 4-6; el j'avais dû constater, à côté d'une ressemblance générale,
des différences très notables, qui nie semblaient s'opposer absolument à ce
que les deux coquilles pussent appartenir à la même espèce. Depuis ce
moment, grâce à Tobligeance inépuisable de M. Cossmann, dont je le remercie
vivement, j'ai pu avoir communication de la nouvelle et superbe publication
de M. Brusina, intitulée en français : Matériaux pour la Faune malacologique
néof(ène de la Dalmatie, de la Croatie et de la Slavonie, etc., in-4*, Agram,
1897; et j'ai pu y étudier à la planche VII, fig. 22h^4» ^^^ nouvelle figure de
l'espèce, très bien dessinée au grossissement 7/1. Le doute alors n'était plus
possible : je retrouvai dans cette figure tous les caractères essentiels de la
coquille de Confranchette. Le labre de celle-ci est un peu moins épaissi et le
bord columellaire un peu moins évasé vers son extrémité antérieure, ce qui
donne à l'ouverture uno forme plus régulièrement arrondie ; mais ces diflé-
rences, qui ne paraissent pas tenir seulement à un Age plus avancé de la
coquille, semblent pouvoir donner lieu uniquement à l'établissement d'une
simple variété que je propose d'appeler idanica. Quoique M. Brusina à la
page ai de son nouveau mémoire, renvoie formellement à son ancien travail,
on peut se demander s'il a bien eu sous les yeux la même coquille. S'il s'agis-
sait d'autours différents, on serait tenté de refuser au second le droit de s'ap-
proprier le nom donné par le premier. Mais, comme il s'agit du même auteur*
on ne peut accuser que le crayon de son dessinateur de 1874*
VEmmeriifia eanaliculata (v. fig. 6) se distingue essentiellement de ses
congénères par la forme de son labre qui s'évase régulièrement en décrivant
(vu de dos) une gorge exacte-
ment demi-cylindrique, termi-
née vers le bord par un bour-
relet assez mince, et, lui-même,
régulièrement cylindrique .
C'est très probablement cette
gorge, semblable à une gouge,
reliant le labre au dernier
tour, qui lui a valu son nom.
Mais il n'y en a pas même un
Fig. 6. — Emmericia eanaliculata Brusina. soupçon dans le dessin pas
Echantillon de Confranchette grossi 7 fois. plus que dans la description
de 1874. Dans cette ancienne
figure, le péristome est aussi beaucoup plus épais et beaucoup plus large,
presc[ue dédoublé par un sillon médian bien accentué; le bord columellaire
se détache beaucoup moins longuement dans le prolongement de la columelle;
enfin la sinuosité du labre (vu de profil), au lieu de se dessiner dès son origine
jA
j^
igDi DANS l'anse du bas-bugey 671
ce gisement sont bien plutôt avec le Pontien inférieur qu avec le
Plaisancien.
Les autres arguments paléontologiques eu faveur du Pliocène ne
paraissent pas concluants par eux-mêmes : la détermination de
VUelix Magninihi)L\ ou tersannensis Loc. est très douteuse; quant
à moi, je n'ai jamais trouvé aux différents niveaux et spécialement
dans la marne sableuse bleuâtre de Tescarpement a, que Y Hélix
contre ravant-dernier tour et de s'arrêter au i,/3 de la hauteur du labre, ne
commence qu'à une certaine distance de ravant-dernier tour, à environ i/5
de la hauteur du labre, pour se prolonger jusqu'à la moitié et même un peu
au-delà.
L'espèce est indiquée comme provenant de la riche localité de Miocié
en Dalmatie; le premier mémoire mentionne aussi Sinj ((xorucica) du même
pays, mais le second mémoire ne reproduit pas cette mention. Le niveau
exact de la faune de Miocic ne paraii pas absolument llxé; car, si dans sa
plus ancienne publication M. Brusina semble la ranger dans le Pliocène, il dit
dans la nouvelle (p. XV) : « La faune Dalmate, celle de la Bosnie méridionale
et de rUerzégovine peuvent à mon avis être aussi miocène (souligné). » La
séparation paléontologique du Pontien et du Plaisancien parait être aussi
délicate dans ces pays que dans les localités des environs de Lyon. Ajoutons
que la carte géologique des côtes de l' Autriche-Hongrie publiée par M. Gardo
dans son mémoire sur les Libumische Stufe (Abhandlungen der K. K. geol.
Reichsanstalt, tome XIII [1889]» fasc. i), teinte en Miocène le petit lambeau
néogène qu'elle indique à Mioèié. En tout cas, l'espèce appartient bien à
l'horizon géologique auquel les autres documents permettent de rapporter les
couches de Confranchette et d'Ambronay.
Cette espèce diffère très notablement de VEmmericia pliocenica Sacco
Çdétn. Acad, di TorinOy 1886 [t. 87], pi. i, lig. 19, sous le genre Stalioa,
changé ensuite pour le g. Emmericia; Ihid., 1888, t. 3^, p. 84); qui présente
un sommet beaucoup plus plat et plus obtus, une spire à arêtes très nota-
blement convexes, des tours également plus convexes: des varices irrégulières
assez nombreuses au dernier tour ; un labre beaucoup plus épaissi; un petit
tubercule très bien marqué à l'angle postérieur de Touverlure; celle-ci est très
élargie et presque carrée dans son ensemble par suite de l'évasement du
labre près de son origine; eniin le bord columellaire est largement réfléchi et
notablement épaissi sur le dernier tour.
Il sera utile d'étudier de près les deux échantillons recueillis à Motion en
18^, et nommés Emmericia pliocenica^ pour voir s'ils appartiennent bien à
cette .espèce ou s'ils ne doivent pas plutôt être rapportés au canaliculata .
En effet, je possède un fragment réduit au dernier tour, mais bien conservé,
recueilli à MolLon dans la même excursion, dont l'ouverture et le labre ont
exactement la forme qui vient d'être décrite, et dont le dernier tour ne
présente aucune apparence de varices. La ligure donnée par M. Depéret
(B, 5. G. F. y [3J, XXIU, pi. XXIV, lig. 10, et texte page 719) présente des carac-
tères intermédiaires ; car elle a l'ouverture et le labre de l'espèce de Confran-
chette; l'angle postérieur de l'ouverture ne porte pas le tubercule caraclé-
ristique de l'autre espèce; mais la spire est eonoide el obtuse et le dernier tour
semble présenter une faible varice longitudinale dans le prolongement en
arrière du bord columellaire.
Gj^ A. BOISTEL. — COUPES DU MIOCENB DE LA BRESSE l6 Déc.
Nayliesi Mich. De même les quelqnes Vfdo qne j'ai pu y rencon-
trer me paraissent rentrer dans VUnio ataçus Partsch., comme
ceux des sables tufeux à Melanopsis Depereti. Le Vahata çan-
ciana Loc. devra être considéré comme ayant commencé beaucoup
plus tôt qu*on ne le supposait jusqu'ici. Le J^ithinia leberonensis
a été trouvé à tous les niveaux du Pontien, il commence même
dans les marnes de Confranchette, qui appartiennent au niveau
le plus inférieur de cet étage dans la région. Le NeriHna Philippei
Loc, que j'ai trouvé en assez grand nombre dans Tescarpement a,
a déjà commencé plus bas, dans le sable tufeux à Melanopsis
Deperetis dont Tâge miocène ne m'a jamais paru faire aucun doute.
P^nfin nous pouiTons ainsi conserver toute sa valeur, comme
distinctive du Pontien, au Melanopsis Kleini Kurr. qui restera
confiné, comme il Ta été jusqu'ici, dans cet étage et même dans
sa partie un peu inférieure. On y ajoutera comme caractéristique
le Melanopsis Depereti d' Ambronay et les Valvata hellenica Touni.
var. eabeoiinsis Font, et sibinensis Neum. var. Sqyni Font., du
gisement le plus rapproché de Saint-Jean-le- Vieux, au voisinage
immédiat des deux dents de Dinotherium giganteum.
*
11 ne sera pas inutile de résumer dans une coupe générale
toutes les données actuellement acquises sur la bordure miocène
des terrains jurassiques du Bas-Bugey. Cette coupe sera dirigée
sensiblement nord-sud comme cette bordure elle-même, mais avec
une légrre inflexion vers le nord-est, au nord du village de
Douvres, et vers le sud-est, au sud de ce point.
Mais, pour en justifier TaUm'e générale, il faut d'abord consi-
gner ici une observation qui n'a pas encore été signalée. Dans une
excursion que M. Depéret a eu Tamabilité de faire avec moi pour
discuter sur place les divers problèmes soulevés par la géologie
de la région, nous avons trouvé dans le vallon de l'Ecotay, près
Jujurieu, un coude brusque du ruisseau qui nous a fourni une
coupe nord-sud des sables tortoniens dans lesquels est creusé ce
vallon. Or, tandis que la coupe est-ouest, qui m'avait donné de
nombreux fossiU'is ^ , ne révélait aucune inclinaison des couches, la
I. Lors de cette visite, le torrent avait enlevé la plus grande partie de la
couche fossilifère qui, parait-ii, ne se prolongeait pas beaucoup en profon-
deur sous le coteau. Dans les parties alors à découvert, M. Depéret m'a fait
observer que les galets de quartzite étaient peu nombreux, et qu'il y avait
beaucoup de galets de divers calcaires très durs, faciles à confondre avec les
quartzites, car ils prennent comme eux des teintes empruntées au sable
encaissant, notamment les teintes ferrugineuses. 11 devenait dès lors douteux
que les très nombreux quartzites qu'on observe à diverses hauteurs sur le
igot DANS l'anse du bas-bugey 6^3
nouvelle coupe, moins fossilifère, montrait un pendage de So"^
environ vers le sud. Dans le chemin qui descend du bois de
Charmontay vers le hameau de La Route on constate une incli-
naison semblable ; de la sorte, les couches visibles en ce point
doivent passer sous celles que Ton observe au fond du vallon
voisin de TEcotay et sous celles du versant sud de ce vallon.
Comme les coteaux qui encadrent'^ce vallon ont environ 80 m. de
hauteur, on peut évaluer à près de 1200 ni. la puissance de Tctage
tortonien dans sa partie visible en cet endroit. A T appui de ces
observations, il convient de noter, tout en haut de cette formation
et adossé directement à la falaise jurassique, sur Tancien chemin
du hameau de Cuquen au hameau de Brègne, la présence d'un
grès calcaire bleuâtre, qui, suivant un renseignement donné par
un habitant éclairé du pays, se retrouve dans tous les sondages
qu'on fait sous la plaine entre Jujurieu et Saint- Jean-le-Vieux. Ce
grès passe ainsi vers le sud, sur i kilomètre environ de distance
horizontale, de l'altitude de 34o m. au-dessous de la cote abo,
flanc sud du bois de Charmontay (v. B. S, G, F., [3], XXVI, p. 11 et ao) appar-
tiennent réellement au Tortonien. Déplus, en les visitant de près, M. Depéret
a été frappé de ce que le sable qui les accompagne, quoique très analogue
au sable tortonien sous-jacent, ne présentait pas les traces de stratification
qu*on trouve dans celui-ci. Il aurait donc au moins subi un remaniement au
moment du dépôt de ces quartzites. Je suis heureux de m*incliner ici devant
la justesse de ces observations et devant l'autorité du savant maître, dont
j'ai cru pouvoir combattre certaines solutions, précisément en ce qui concerne
les cailloatis en question. Ils ne sont pas tortoniens; mais viennent-ils de
glaciers pliocènes? C'est ce que je me suis permis de contester, et ce que
je me réserve de discuter encore dans une prochaine communication.
Sur un autre point encore, je me plais à reconnaître spontanément, après
une nouvelle étude de la localité, la préférence qu'il y a lieu d'accorder à
une interprétation présentée dans leur bel ouvrage sur « La Bresse » par
MM. Delafond et Depéret. Il s'agit de la coupe du coteau de Varambon. La
ligure donnée par eux et reproduite par moi au B. S. G. F., (3), XXVI, p. 16,
me semble maintenant plus conforme à la vérité des faits que celle que je
proposais, Ibid., p. 18. Ce qui m'a paru trancher la question en ce sens, c'est
la visite d'un petit ravin, très étroit, caché par les buissons et que de la
route on prendrait pour une simple haie; il est à peu près à égale distance
entre le village et le cimetière. Du haut en bas de ce ravin, on suit les sables
molassiques avec une inclinaison très voisine de celle du coteau lui-niènie ;
de la même façon que l'on peut suivre les marnes pontiennes dans le ravin
do bief de la Croze. Les formations seraient donc concordantes. Je crois
devoir préférer la coupe donnée par ce petit ravin aux observations faites
dans le grand ravin situé derrière l'église et dans le parc du château, parce
que ce dernier ravin, dont la véritable orientation est facilement masquée
par les maisons du vUlage, par les murs du parc et par l'habitation du
jardinier, prend en somme une direction très oblique par rapport au plon-
gement des couches.
la Mars 1902. — T. I•^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 43
634
A. BOISTEL. COUPES DU MIOCENE DE LA BRESSE l6 Déc.
11 y a tout lieu de croire que le Pontien supérieur dont on cons-
tate la superposition au Tortonien entre le hameau de la Tuillièi^
et Jujurieu est all'ecté de la même inclinaison, quoique peutrêtre
avec une certaine atténuation. C'est cette indication qui a été
suivie dans la coupe ci-jointe '.
N.
Ch^juvoel
JiffurtOA
Vallon de
Le vieux:
Vallon de
Jurancieu.
^Amhronaaf
I DouJfrea
'là
Amhérieu, ^•
Château de
SfCervtaùi
Fig. 7. — Echelle 1/160 000 environ ; hauteurs décuplées.
gla. Glaciaire épars; Gl^, Glaciaire de la deuxième phase; 5, Conglomérats
de Saint-Germain ; 4i Pontien supérieur ; 3, Pontien moyen ; 2, Pontien
inférieur ; i, Tortonien ; ZFc, Gisement de coquilles ; Tt, Gisement de
Vertébrés.
Au point de vue pétrographique, je n'ai pu indiquer aucune
division dans le Tortonien*; nous n'y avons pas constaté de succes-
sion assez nette et assez importante dans la composition des
différentes assises pour fournir des coupures intéressantes. 11 y a
lieu de noter seulement un changement de faciès latéral : à mesure
que Ton approche de la l'alaise jurassique le nombre des cailloux
roulés de nature calcaire va en augmentant de manière à devenir
tout à-fait prédominant au pied de cette falaise. C'est l'effet du
voisinage de la terre ferme augmenté par les apports d'un grand
torrent qui arrosait la partie occidentale, déjà émergée, du Jui*a,
et débouchait en ce point dans la mer tortonienne.
Dans le Pontien je n'ai cru devoir indiquer que trois grandes
divisions, qui encore n'ont rien d'absolu, mais se réfèrent seule-
ment au caractère prédominant des assises. En bas et vers le nord
du côté de Saint- Jean-le- Vieux, ce sont surtout des argiles com-
pactes, résistantes et peu plastiques. Plus haut, à partir du milieu
des collines de Sainte Jean-le- Vieux et d'Ambronay et jusqu'au
pied de celles de Douvres, c'est une alternance d'argiles ou de
marnes calcaires avec des lignites. Enfin à la partie supérieure en
approchant d'Ambérieu, j'ai marqué des argiles plus plastiques ;
I. La carte de la ré^on, qui au point de vue du Miocène n'ajouterait
aucun éclaircissement notable à cette coupe, sera donnée à Toccasion d'une
communication prochaine sur les cailloutis superposés à cet étage. On
pourra s'y référer pour l'indication des localités fossilifères décrites anté-
rieurement.
igol DANS l'anse du bas-bugey 696
cçtte forme m'a paru prédominante dans les points, surtout les
points fossilifères, que j'ai pu explorer. Je n'ai pas cru devoir
indiquer comme couches continues, mais seulement comme faciès
locaux, les tufs et conglomérats, que j'avais signalés en divers
points. Les tufs, qui peuvent, comme on Ta vu, se rencontrer au
milieu d'autres couches, deviennent prédominants au voisinage
des ravins qui dès cette époque amenaient dans le lac miocène des
petits torrents venus des montagnes calcaires jurassiques. C'est le
cas de la belle coupe que j'ai décrite * au nord de Douvres, de
celle de l'éperon de Vareilles près d'Ambérieu -, et des couches
de tuf superficielles constatées dans le village du Tiret 'K Les
ravins qui amenaient ces eaux calcaires n'étaient pas à beaucoup
près aussi profonds que les gorges existant actuellement dans leur
voisinage et qui me paraissent n'avoir été ouvertes sous forme de
cluses à parois verticales qu'à la fin du Miocène, lors des derniers
mouvements qui ont donné aux Alpes leur relief définitif *. Mais
il existait déjà, au voisinage de ces points, des dépressions dans la
chaîne jurassique et de petits torrents en occupaient le fond. —
Les conglomérats calcaires existant au sud d'Ambérieu, à Saint-
Gei*main, et leur ciment également très calcaire, ont aussi une
cause tout à fait locale ; comme je l'ai montré "', ils ont été produits
par les éboulis des montagnes précipités dans le lac miocène qui
venait battre leur pied et résultant du démantèlement de falaises
qui présentaient alors un relief plus considérable que de nos jours.
Au point de vue paléontologique, les seuls traits généraux qui
soient à relever après tout ce qui a déjà été dit, c'est que les
Mollusques tout à fait caractéristiques du Pontien, ceux qui n'ont
pas encore été rencontrés dans le Pliocène, se trouvent dans les
couches inférieures du côté de Saint- Jean-le- Vieux. Ce sont :
Meîanopsis Kleini Kurr, y SLT.valen- Vahata sibinensls Neuni. var.
tinensis Font. . Sayni Font.
— Z)6/)ere^/ Boistel — /le/Z^/i/ca Tourn. var. ca-
beolensis Font.
Un petit nombre passent dans les couches moyennes, à alter-
1. B, S, G. F.. 1894, (3), XXUI, p. 637 et suiv.
2. B. S, G. F., 1894, (3), XXm, p. 63i et suiv.
3. Ibid., p. 636.
4. Voir B. S. G. F., 1894, (3), XXllI, p. 653 vi suiv. Cette date me paraît
encore confirmée par la flexion qu'ont subie les couches miocènes à la hauteur
de Douvres et qui a changé leur direction N.E.-S.O. en direction N.O.-S.E, ;
en les faisant participer ainsi au mouvement de toutes les chaînes du Jura.
5. B. S, G. F., 1894, p. 646 et suiv.
676 A. BOISTBL. — COUPES DU M|OCÈlirE DE LA BRESSE 16 Déc.
nances de jnarnes et de lignites : Melanopsis Kleini, Valvaia
sibinensis ?
Ce sont d'ailleurs presque uniquement des espèces aquatiques.
Au contraire les Mollusques récoltés dans les argiles supérieures,
notamment dans le riche gisement d'Ambérieu, sont tous de ceux
qui passent abondamment dans le Pliocène ; ils appartiennent à la
faune d'Hauterive :
Zonites Colonjoni Mich. Limruea keriacensis Font.
HelLx Chaixi Mich. Testacella Deshayesi Mich.
Hélix delphinensis Font. PlanorbU keriacensis Font et P.
Triptjrchia Terveri. Philippei Loc.
Clausilia Baudoni Mich.
Cette succession des faunes est tout-à-fait conforme aux données
générales de la paléontologie, et aux faits observés dans toute la
région lyonnaise. — Plusieurs espèces reconnues depuis longtemps
dans le Pliocène, se trouvent avoir commencé assez bas dans le
Pontien ; ce sont :
Vertigo Dupuyi Mich. Tripiychia Terveri Mich.
Planorbis Bigueti Font. Nematurella lugdunensis Toum.
Vo-lvata marginata Mich. Nematurella ovata Bronn.
Neritina Philippei Tourn. Segmentinafilocincta Sandb.
Quant aux Vertébrés, ils ne présentent, eux, aucun indice de
variations. Le Dinotherium giganteum a été trouvé aussi bien à
Saint- Jean-le-Vieux qu à Ambérieu ; il a donc laissé des débris
jusqu à la fin du Pontien, sans jamais remonter dans le Pliocène.
Et s'il se trouve, à Ambérieu, associé, à une faune de vertébrés
beaucoup plus riche : Hipparion, Cerçus, TragoceroSy Castor^
Rhinocéros, Hyœna, Testudo, cela tient seulement à une circons-
tance plus favorable à l'accumulation des débris d'animaux en cet
endroit. Ce gisement, placé comme une sentinelle avancée à
l'extrémité sud et à la partie supérieure des formations miocènes,
vient par un caractère tout à fait précis et exclusif aflirmer l'âge
antépliocène de tous les dépôts situés au nord sur toute la bande
étudiée dans ce travail.
SOCIETE GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
REUNION EXTRAORDINAIRE
1)K LA
SOCIÉTÉ OÉOLOOIQUE DE FRANCE
du Mardi 3 Septembre au Mercredi 1 1 Septembre igoi
Les membres de la Société qui ont assisté à la Réunion extra-
ordinaire sont :
MM. A. BiocHK. MM. A. de Lapparent.
G. Brouet. Maurice Lugkon.
Jean Brunhes. Jean Miquel.
L. Garez. L. Pervinquière.
H. DouviLLÉ. E. Renevier.
H. DouxAMi. J. RéviL.
E. FiCHEUR. F. RbYMOiND.
E. Hauo. a. de Riaz.
Armand Janet. Etienne Ritter.
E. JoRissEN. H. Sage.
W. KiLiAN. Cari Schmidt.
R. Langlassé. g. Steinmann.
Les personnes éti'angères à la Société ayant pris part aux excur-
sions sont :
M. P. Berthon. mm. Keidel.
M»« BiocHE. Moulin.
MM. R. DouviLLÉ. l^REISWERK.
F. JaCCARD. L. RoLLIER.
Paul Jaccard. Sïeinmann (fils).
Jacob. Stuakt-Menteath.
Assistaient en outre à l'excursion du 3 septembre, les membres «le lu
Société vaudoise des Sciences naturelles dont les ncyns suivent : MM Amann,
Bulkr, Dblbssbrt, de Raydmai^e, Guinand, Ladur, Murisikr, I'klbt, Pon-
CHBT, SCIIKNGK.
8 Mai 190a. — T. i". Hull. Soc. Géol. Kr. — 4',
PROGRAMME DES EXCURSIONS
proposé par M. M. LUGBON
Lundi 2 Septembre. — Rendez-voiis préliminaire à l'hôtel Beau-
Site, place Montbenon, à Lausanne, pour les membres qui arriveront
dans la journée. Les chambres seront retenues à l'avance. Déjeuner et
dîner à Thôtel. Visite des musées et promenade dans les environs si le
désir en est exprimé.
Mardi 3 Septembre. — Rendez-vous définitif bxl Musée de Géologie
(4, place de la Cathédrale), à lo heures. [Le train de Paris arrive à
8 h. 4o (heure suisse)]. Visite des collections. — Séance dCoui^ertnre,
constitution du Bureau. Exposé général des courses par M. Lugeon.
A 12 h. 'io, lunch à Thôtel Beau-Site.
Après-midi. — Etude du Tertiaire du vallon de la Paudèze. — Départ
à a heures : vallon de la Paudèze ; Rochette ; Font de Belmont ; Les
Dailieltes. Retour à Lausanne par le tramway.
A 7 heures, dîner à l'hôtel Beau-Site.
Mercredi 4 Septembre. — Tour du Haut-Lac; environs du Bou-
veret, Saint-Gingolph et Meillerie^ vallée du Rhône jusqu'à Monthey,
Départ d'Ouchy à 6 h. 35 par le bateau longeant la côte suisse. — On
voit successivement du bateau : Terrasses lacustres des environs de
PuUy et de Lutry ; Lutry-Gully, crêtes monoclinales de la Molasse,
glissement d*Kpesse ; couches de poudingue aquitanien de Lavaux ;
synclinal molassique du Pèlerin ; delta de la Veveyse ; molasse rouge
mamelonnée par le glacier du Rhône entre Vevey et Clarens ; Préalpes
de Montreux, dont la géologie compliquée sera expliquée du bateau ; la
plaine du Rhône ; le Balaillère (chute sous-lacustre du Rhône dans le
Léman), Bouvcret, Saint-Gingolph. — Arrivée ù Meillerie, àg h lo. —
Excursion à Touest de Meillerie. — Meillerie à Saint-Gingolph par TA>cum.
Déjeuner à Saint-Gingolph vers i heure.
De Saint-Gingolph au Bouveret par le Fenalet. — Du Bouveret à
Monthey en voiture : Préalpes médianes (voir Lugeon : La région de
la Brèche du Chablais, pp. 204-^67). Le Grammont; les Evouettes ; la
Porte du Sex ; Vouvry ; Vionnaz.
Arrivée à Monthey vers 8 heures, dîner et coucher à Monthey.
Jeudi 5 Septembre. — Le matin, promenade dans les environs de
Monthey, — Elude du soubassement des Préalpes médianes (voir
Lugoon : La région de la Brèche du Chablais, p. a33).
Déjeuner à Monthey.
Après-midi. — De Monthey à Champéry en voiture, — Le Vald'illiez.
Dîner à Clhainpéry (ail. : 1070 m.). — Séance le soir à 8 heures et
demie. — Coucher à Champéry (Hôtel de la Dent-du-Midi).
PROGRAMME DES EXCURSIONS 679
Vendredi 6 Septembre. — Départ matinal à pied de Charapéry
pour la Croix de Culet, i'oinle de THaul, Morgfns. — EfFels expédiés
directement à Morgins. Porteurs pour les provisions.
Cette journée est consacrée- à l'étude d'une région disloquée à
l'extrême (Pour le détail, voir Lngeon : La région de la Brèche, pp. 141,
i63, 178-183, 208 219, 227, 233-235, 244-247).
De Champéry à Culet (1966 m.); montée à la Porte du Soleil (1964 m.) ;
La Tovassière (2oi5 m.) ; La Chaux (1904 m.).
Dîner et coucher à Morgins (ail. i3i4 m.).
Samedi 7 Septembre. — Krwirons de Morgins ; départ à pied par
le massif de Tréveneusaz sur Vouvry. — Effets expédiés directement à
Vouvry, Porteurs pour les provisions.
Journée consacrée à l'étude du contact du massif de la Brèche et des
Préalpes médianes du massif de Tréveneusaz (voir Lugcon : La région
delà Brèche, pp. 142-145, i56-i63, 182-184, 188-193).
Col de Morgins (i375 m.) ; Portes de Morgins (1794 m.) ; Mont Cor-
beau (1995 m.) ; Bellevue (2o3o m.) (Tréveneusaz) ; Draversaz.
Départ par le chemin de fer à 5 h. 25 (heure suisse), arrivée à Thonon
à 5 h. 47 (heure française).
Dtner à Thonon (Hôtel de TEurope), à 6 heures. — Séance le soir à
8 heures et demie. — Coucher 4 Thonon.
Dimanche 8 Septembre. — Départ en voiture à 8 heures pour le
Biot et Saint-Jean d'Aulph avec arrêts nombreux. — Etude des Préalpes
médianes et de leur contact avec le Massif de la Brèche. Environs de
Thonon. Gorges de la Drance ; aiguille de Feterne ; rArmône ; Pont de
l'Eglise ; Reyvroz ; Bioge ; la Vernaz ; la Forclaz ; le Jotty ; visite au
Pont-da-Diable, perte de la Drance.
Déjeuner au Jotty, vers midi.
Nicodez ; Pont de Dimery ; Pont de Convaloup ; Seytroux ; gorges
d'Ombre.
Dtner et coucher à Saint-Jean d'Aulph.
Lundi 9 Septembre. — Départ de Saint-Jean à 5 h. du matin, à
pied, pour Brion, le col de Lens, le lac de Monlriond, Morzinc. — Eifets
expédiés directement à Morzine. Porteurs pour les provisions.
Etude du pli frontal du Massif de la Brèche (voir Lngeon : La région
de la Brèche, pp. i52 i54, 200-207). — Dîner à Morzine. Séance le soir à
8 heures et demie. — Coucher à Morzinc (Hôtel Muffat).
Mardi 10 Septembre. — Départ à pied pour Taninge par la Mouille-
Ronde et la Rosière. — Effets expédiés directement à Taninge. Porteurs
pour les provisions.
Etude des Klippes cristallines des Géts (voir Lngeon : La région de la
Brèche^ pp. 29-40, 247-251). Les Atraix ; la Mouille-Ronde; le Tourne,
serpentine ; traversée dans le Flysch jusqu'aux Bonnes ; Klippe basique
dans le Flysch ; à la Rosière, pointement important de granité et
roches basiques ; descente raide sur Taninge au travers des terrains
68o PROGRAMME DES EXCURSIONS
ci-après, en superposition normale : Brèche sapérieure, Schistes ardoi-
siers, Brèche inférieure, Schistes liasiques, calcaire dolomiiiqne du
Trias, Houiller.
Dîner à Taninge. — Coucher à Taninge (Hôtel des Balances).
Mercredi 11 Septembre. — Promenades dang les environs de
Tuninge. — Ravin du Foron.
Déjeuner à Taninge à midi. — Séance de clôture à une heure et demie.
Retour facultatif sur Genève par le tramway de la vallée du GifTre
jusqu'à Annemasse.
DOCUMENTS A CONSULTER
■
La région à parcourir a été presque entièrement décrite dans l'ou-
vrage : La région 4^ la Brèche du Chablais^ par Maurice Lugeon (Bull.
Services Carte géol. de France, N<^ 49* Paris, Béranger, i5, rue des
Saints-Pères, 17 fr. a5). — Une liste bibliographique complète (jusqu'en
1895) se trouve dans cet ouvrage auquel nous renvoyons le lecteur
Une description générale du territoire des Préalpes y est donnée.
Bibliographie depuis 1805
189^. — E. Haug, Le Problème des 'Préalpes {Revue générale des
Sciences, i5 septembre 1897).
1898. — H. ScHARDT, Les régions exotiques du versant nord des Alpes
suisses {Bull. Soc. vaud. Se. nat., vol. XXXI V, Bull. i!i8).
1899. — E. Haug, Les régions dites exotiques du versant nord des
Alpes suisses {Bull. Soc. vaud. Se. nat., vol. XXXV, Bull. i3a).
1900. — H. ScHARDT, Encore les régions exotiques {Bull. Soc, iHiud. Se,
nat., vol. XXXVl, Bull. i36).
1901 . — M. LuGBON, Sur la découverte d'une racine des Préalpes suisses
(C R. Ac. des Se, 7 janvier 1901).
190 1 . — M. LuGEON et G. RoBssiNGBR, Géologie de la Haute vallée de
Lauenen {Arch. Se. phys. et nat,, 4* «ér., t. XI).
Cartes
1. Carte géologique de France au i/8o.ooo. Feuille 160, Thanon\ ^
Feuille 160 bis, Annecy (Paris, Béranger, i5, rue des Saints-Pères, 6fr.
la feuille, non entoilée) .
2. Carte géologique du Val dlUiez au i/5o.ooo, par Maurice Lugeon
(PI. Vlil, Bull. Carte géol. de Fr. N« 49).
3. Carie géologique suisse au 1/ 100.000, feuille XVI, !i« édition, feuille
XVll (10 francs la feuille, non entoilée).
4. Carte topographique suisse (Atlas Siegfried) i/a5.ooo, feuilles 466
(Bouveret); 474 (Vouvry); 47Î bis (Pas de Morgins); fyfi (Bex); 483
(Saint-Maurice) (1 franc la feuille, non entoilée).
Séanee d^oaverture. Mardi 3 Septembre i90i
PRÉSIDENCE DE M LÉON GAREZ,
Puis de M. MAURICE LUGEON, Président de la Réunion.
La Société se réunit à lo heures, au Musée de Géologie de
Lausanne.
M. Léon CareZt Président de la Société, prononce Tallocution
suivante :
« Messieurs et chers confrères. — En déclarant ouverte la Réu-
nion extraordinaire de 1901, je vous rappelle qu'aux termes du
règlement de notre Société, un bureau spécial doit être nommé
pour la durée de la session. Mon rôle en tant que Président annuel
se borne donc à présider à l'élection.
« Je tiens pourtant auparavant à exprimer à M. Lugeon toute la
gratitude que nous lui devons pour avoir accepté la charge de
diriger nos courses de cette année.
« Nos Réunions extraordinaires, dont la tradition ininterrompue
remonte à plus de soixante ans, ont toujours largement contribué
aux progrès de la géologie et à rétablissement de sentiments plus
intimes de bonne confraternité entre les géologues, mais celle qui
commence aujourd'hui aura certainement une importance excep-
tionnelle. Grâce aux travaux d'un certain nombre de géologues,
nous allons en effet pouvoir étudier non pas seulement des faits
d'intérêt purement régional, mais des phénomènes tectoniques
grandioses, dont la possibilité môme est encore discutée, et qui,
s'ils sont démontrés, ne sont certainement pas limités à la région
du Chablais.
« L'honneur d'avoir trouvé une solution aux problèmes si difli-
ciles du pays que nous allons parcourir, revient en grande partie
aux géologues suisses ; aussi avons-nous choisi la ville de Lau-
sanne pour y tenir notre première séance. C'est pour cette même
raison que je vous demande de rendre un hommage bien mérité
au géologue éminent qui a consacré sa vie à l'étude du pays que
nous allons visiter et des régions voisines, et que nous avons le
plaisir de voir aujourd'hui parmi nous : je vous propose de
nommer M. le Professeur Renevier, président d'honneur de la
Réunion extraordinaire de la Société géologique de France en
1901. »
682 SEANCE D*OUVËRTUIlE, MARDI 3 SEPTEMBRE I9OI
On procède ensuite à la constitution du Bureau : M. E. Kenevier
est élu président d'honneur, M. Maurice Lugbon est élu président ;
il est assisté de MM. E. Ritter, vice-pi*ésident ; R. Lanolassé,
trésorier ; H. Douxami, secrétaire.
M. E. Renevier remercie la Société géologique de France du
grand honneur qu'elle lui fait et regrette que son état de santé ne
lui permette pas de l'accompagner sur le terrain ; mais il est parti-
culièrement heureux de voir son élève, actuellement son jeune
collègue à l'Université de I^usanne, M. M. Lugeon, la guider.
Il salue cordialement la Société géologique de France au nom
de la Société géologique suisse dont il est le Président et lui
souhaite en terminant une bonne et belle excursion tant sur le ter-
ritoire suisse que dans le Chablais.
M. Garez répond :
« Je remercie M. le Professeur Renevier de ses bons souliaits
et je le pne d'être notre interprète auprès des membres de la
Société géologique suisse.
« Avant d'inviter M. Lugeon à prendi*e place au fauteuil, j'ai le
regret de vous annoncer la perte d'un de nos confrères, dont la
nouvelle est parvenue à notre connaissance depuis notre dernière
réunion : le comte de Limur, Tun des plus anciens membres de
notre Société, qui s'occupait spécialement de minéralogie, est
décédé récemment à Vannes.
« Enfin, j'ai l'honneur de vous présenter, au nom du bureau du
Congrès géologique international de 1900, les volumes du Compte-
rendu de ce Congrès. Grâce à l'activité et au dévouement de
M. Barrois, secrétaire général, et des autres secrétaires du Congrès,
les Comptes-rendus ont été publiés avec une rapidité à laquelle
les sessions précédentes ne nous avaient pas habitués ; ils ont paru
dix mois seulement après la clôture du Congrès.
« Ces volumes ne le cèdent pourtant pas en importance à leurs
devanciers par le nombre et l'intérêt des communications qui y
sont insérées et qui traitent de la géologie des pays les plus divers.
J'attirerai particulièrement l'attention sur le Lexique pétrogra-
phiquc qui n'occupe pas moins de trois cents pages de texte et qui
a été adopté par la Commission internationale de pétrographie )».
Par suite de la présentation faite dans la séance du 17 juin 1901,
le Président proclame membre de la Société géologique de France :
M. Edward Jorissen, présenté par MM. E. Haug et L. Gentil.
SÉANCE D^OUVERTURE, MARDI 3 SEPTEMBRE I9OI 683
M. Garez dépose sur le bureau une note de M. A. Guébhard
accompagnée de la première épreuve définitive de sa Carte géolo-
gique au 1/80.000 du S. O. des Alpes-Maritimes *.
M. Lugeon prend place au Bureau :
M. Maurice LiUgéon i*emercie vivement la Société de l'honneur
qu'elle lui fait en l'appelant à la présidence et en le chargeant de
diriger la Réunion extraordinaire. Comme Ta très bien dit M. Carez,
le problème du Chablais n'est pas un de ceux dont l'importance
est purement locale, il s'agit ici d'une théorie dont l'édification
peut avoir une portée considérable dans les synthèses.
Dans un rapide exposé M. Lugeon indique les raisons princi-
pales qui obligent à chercher, dans de grands recouvrements,
l'origine de cette région alpine. Il cite l'anecdote suivante, pour
montrer quelles ont été les difïicultés à vaincre. Un jour, dans le
vallon du Foron, à Taninge, M. Marcel Bertrand et lui trouvèrent
des calcaires sous le Carbonifère, au pied d'un énonne massif dont
le centre étudié par M. Michel-Lévy présentait des lambeaux de
roches cristallines. C'étaient là peut-être des calcaires houillers ;
mais l'étude microscopique montra qu'il s'agissait de roches créta-
ciques ! Depuis lors, les levés détaillés de la géologie du Chablais
apportèrent surprises sur surprises : ce fut entre autres la découverte
inattendue de la disparition des Hautes- Alpes sous les Préalpes ;
puis la conception provisoire du pli à déversement périphérique,
remplacée plus tard i)ar l'hypothèse des grandes nappes de char-
riage. Aujourd'hui la manière de comprendre les faits évolue
encore, non dans le sens de V origine par transport de tout le
Chablais, qui aux yeux de M. M. Lugeon ne peut plus être
suspectée, mais dans le sens du procédé mécanique employé par
la nature pour opérer de pareils déplacements de l'écorce terrestre.
Des faits nouveaux éclairent de plus en plus cette question ; par
exemple la découverte de la racine d'une partie de la zone interne,
puis le laminage extraordinaire de cette même zone, démontrés
par M. Roessinger, l'un dos élèves de M. Lugeon, enfin la nouvelle
interi)rétation de la formation des Klip})es du val d'il liez et du
massif de Tréveneusaz.
M. Lugeon montre que le problème du Chablais est, au fond, le
même que celui qu'oilrent les Alpes de Glaris.
I. Celte note a été insérée au compte-rendu de la séance du 4 novembre 1901
(B. Si G. F., [4], I, p. 444).
684 L. ROLLIER. — SUR L*AGE DU CONGLOMÉRAT SUBALPIN
La conférence de M. Lugeon, complétée à la suite de nouvelles
recherches *, fait Tobjet du mémoire inséré plus loin p. jaS.
En terminant, M. Maurice Lugeon convie ses confrères de la
Société à la vérification de son hypothèse, affirmant qu'il n*hésitera
pas à modifier sa théorie du charriage, s'il est démontré que les
faits sur lesquels il s'appuie peuvent être logiquement interprétés
d'une autre façon.
I^ soir, à rissue du dîner, dont le vin était offert par la Société
çaudoise des Sciences naturelles^ M. le Professeur Pnul Jagcard
souhaite la bienvenue à la Société géologique de France au nom
des savants vaudois.
SUR L'AGE DU CONGLOMÉRAT SUBALPIN
OU NAGELFLUH DE LA SUISSE *
par M. li. ROIiliIBR
Sur la Carte géologique de la Suisse au i/ioo.ooo et dans les
ouvrages qui s'y rapportent, on peut voir que le Conglomérat sub-
alpin, calcaire ou polygénique, est marqué mi, mm et ma, c'est-à-
dire qu'il est rapporté à la « Molasse d'eau douce inférieure, à la
Molasse marine et à la Molasse d'eau douce supérieure. » La
première comprenant des molasses à bancs calcaires, des marnes
rouges, etc., est rapportée généralement à l'étage aquitanien (cal-
caires de la Beauce à Hélix Ramondi), avec lequel il convient de
terminer l'Oligocène (« Aeltere Molasse » de v. Gûmbel).
Des coupes relevées par moi sur la rive droite du lac de Constance,
dans le Bregenzerwald, les cantons de SaintrGall et d'Appenzell
(voir aussi les matériaux publiés dans Beitrage zur geolog. Kartc
der Schweiz, Lief. i4> L) montrent que les pouding^es calcaires ou
polygéniques commencent seulement au-dessus de l'Aquitanien.
En particulier le conglomérat du Gâbris, comme du reste celui
du Speer, du Rossberg, du Righi, etc., ne sont pas autre chose que
I. Ces nouvelles recherches ont été communiquées à la Société, par
M. Lugeon, à la séance du 17 février 190a.
a. M. Roilier n'étant pas membre de la Société, rinsertion de cette note a
été décidée par le Cîonseii.
ou « NAGELFLUII » DE LA SUISSE 685
le prolongement du Nagelfluh et de la molasse marine de Saint-Gall
(Helyétien), qui contient des intercalations de grès coquillier
(Muschelsandstein, Seelafie) appartenant au faciès subjurassien.
La molasse dite granitique de Sainte-Marguerite (S. Margare-
then), avec le grès coquillier (Seelaffe) de Rorschach et de Rheineck,
constituent un faciès à peu près sans poudingue du même étage, qui
se continue vers Test dans le soubassement du Pfânder et dans
Tanticlinal du Bregenzerwald, où ils sont également sans galets.
Par contre les grands rochers du Pfânder (palier de Fluh et de
la Gebhardskirchc), qui débutent par des bancs farcis d'Ostrea
giengensis avec les charbons du Wirtachtobel, les ])ancs marins
fossilifères de Hirschberg et les marnes rouges intercalées dans
les conglomérats du sommet de la montagne sont de la molasse
supérieure à THelvétien.
Ce Nagelfluh du Pfânder si nettement délimité envoie quel-
ques bancs du même conglomérat dans la molasse tliurgoviènne
au nord de Saint-Gall (Sitterbrûcke, bancs rouges).
On le retrouve dans un synclinal chevauché par le Flysch au
Schwarzenberg (Chapelle de Kehl à Haselstauden), surmontant
des grès à molettes (Schleifsteine. Wetzsteine), exploités dans
toute cette région, et alternant avec des plaquettes à Cardium
commune, comme dans la molasse de Saint-Gall et dans le
Muschelsandstein du Jura.
Le Nagelfluh subalpin est ainsi limité par une grande ligne de
cassure ou de chevauchement au pied des Préalpes suisses, puis-
qu'il est miocène, et que la molasse oligocène est éliminée ou
pincée sur une grande partie de cette ligne.
Sëanee du tfeudi & Septembre t90t
PRÉSIDENCE DE M. M. LUGEON, PRÉSmENT
La séance a Heu sous la véranda de THôtel de la Dent-du-Midi,
à Charapéry.
M. Douxami, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
M. Maurice Lugeon rend compte des excursions des 3, 4 et 5
septembre.
Excursion du 3 Septembre.
I^ tramway conduit la Société au pont de la Peraudettaz, à Test
de Lausanne. En ce point la Vuachère, Tun des nombreux ruisseaux
tributaires du Léman, fait \\n coude brusque ; sa direction N. S.
devient E. O. Les cours des autres ruisseaux des environs immé-
diats de la ville, le Flon et la Mèbre, subissent un changement de
direction analogue. Cet accident est dû à la rencontre des moraines
latérales du glacier du Rhône, qui s'étendent transversalement à
la direction générale de la ligne de plus grande pente du pays
molassique.
La Société longe ensuite les pentes de la Molasse, couvertes
de dépôts morainiques peu épais, et atteint un site qui domine le
vallon de la Paudèze.
Elle aperçoit les couches de molasse à lignite (Aquitanien)
plongeant vers les Alpes. C'est là que depuis longtemps on exploite
les lits de houille célèbres par la flore et la faune que la Société a
[m examiner au musée de Lausanne. Le ravin est monoclinal ;
les couches du versant droit plongeant vers le thalweg sont affbuil-
lées à leur base. Cet affouillement a donné lieu, notamment le
3 octobre i888, à des glissements assez importants. La Société
constate que los traces du dernier glissement sont encore très
visibles malgré les cultui'es qui couvrent le terrain. De longitu-
dinale la vallée devient transversale à Kochette, où se voit une
belle coupe de T Aquitanien : alternance de grès et de marnes avec
quelques bancs do calcaires fétides remplis de Limnées et de
Planorbes. Le banc supérieur de l'escarpement fournit en abon-
dance HeUx Ramondi, Sous ces bancs à lignite apparaît en concor-
EXCURSION DU 3 SEPTEMBRE 687
dance une molasse rougeâtre, que Maillard avait considérée comme
représentant la molasse rouge de Vevey.
Tout l'ensemble, incliné vers les Alpes, repose sur la rive droite,
par l'intermédiaire d'une faille, sur des couches de molasse à Nén-
tines. Sur cette rive droite, la concordance parait complète.
M. Lugeon fait remarquer que Maillard considérait cette molasse
à Néritines (renfermant à sa partie inférieure des veines de gypse
fibreux que la Société a pu examiner en amont du Pont de Bel-
mont), comme supérieure à la molasse rougeàtre. Au lieu de voir
là un bassin elVondré, M. Lugeon considère la superposition de la
molasse rougeàtre à la molasse à Néritines, comme une superpo-
sition anormale par chevauchement.
La Société constate la présence de Néritines. Une discussion
s'engage sur Tàge relatif de ces molasses. M. Rollier considère
la molasse rougeàtre comme supérieure à la molasse à Néri-
tines; elle ne représenterait pas la molasse rouge de Vevey, mais
un horizon plus élevé, tout à fait indépendant. Cette attribution
paraissant préférable à celle de M. Lugeon, celui-ci s*y rallie sans
diiliculté. Il est en effet incontestable que cette molasse rougeàtre
bariolée diffère de la molasse rouge de Vevey. Cette manière de
voir simplifie du reste la tectonique de ces molasses (fig. i).
Pont fif fMmont
Bolmotil
Pig. I. — Coupe du contact de la région niolassicfue horizontale avec la
région de la molasse plissée. A gauche, territoires plans de la molasse
horizontale ; à droite, molasse plongeant contre les Alpes. — Echelle :
i/a5.ooo.
I, Molasse burdigalienne ; a, Molasse à lignite (Aquitanien) avec deux bancs
de lignite; 3, Molasse rougeàtre (bariolée) ; 4, Molasse à Néritines (Aqui
tanien); F, F, Plan de chevauchement.
Plus baut, la Société, retrouve des bancs de molasse (fue
M. Lugeon considère comme la continuation des couches à Néri-
tines. Une trouvaille récente de M. Roessinger prouve qu il s'agit
indubitablement de couches aquitaniennes. Il a recueilli, sur la
route entre le Rosiaz et le pont de fer de la Chandelard, des
fragments de côtes d'Anthracotherium, dans des couches reposaut
688 EXCURSION DU 4 SEPTEMBRE
nettement sur la molasse burdigalienne fossilifère ; il y a là une
superposition anormale incontestable : un chevauchement des
molasses inférieures sur des couches plus récentes.
La Société examine le vallon si typique de la Chandelard et se
l'end ensuite sur les Daillettes, d'où elle peut voir la remarquable
coupure, par le vallon, de ce que les auteurs suisses ont appelé
Taxe anticlinal de la Molasse suisse. A gauche, au nord-ouest, on
voit les couches qui plongent faiblement du côté du Jura, puis
décrivent vers la droite de grands arcs de cercles superposés.
M. Lugeon explique que cette différence d^allure des molasses,
plissées et horizontales, introduit dans le paysage des deux régions
molassiques de la Suisse des différences considérables. Sur la
molasse horizontale régnent les paysages ouverts, les g^ndes
plaines coupées par des canons aux escarpements verticaux, sépa-
rés par les terrasses inclinées des bancs tendres. La topographie
de la molasse inclinée offre par contre le caractère alpin avec ses
vallons aux formes arrondies.
Après avoir contemplé ce dernier pli de la poussée alpine,
1§ Société rentre à Lausanne.
Excursion du 4 Septembre.
En quittant Ouchy la Société longe en bateau à vapeur le rivage
suisse du Léman. M. Lugeon explique la géologie de la côte :
malgré l'inclémence du temps, la Société peut constater les faits
qui lui sont signalés.
La Société débarque à Meillerie. Elle se dirige vers Toucst pour
étudier Tune des coupes sur lesquelles A. Favre s'est appuyé dans
la détermination des terrains liasique et triasique du Ghablais. On
longe d'abord les escarpements verticaux du Lias moyen. L'épais-
seur si considérable de ces calcaires siliceux laisse penser à quel-
ques-uns des géologues présents que des plis monoclinaux existent
peut-être dans cet ensemble. M. Lugeon fait remarquer que l'on
coupe les couches obliquement à leur direction, ce qui leur donne
une épaisseur exagérée. Toutefois certaines couches plus tendres
représentent peut-être un pli pincé du Lias supérieur.
Dans la carrière du Maupas les membres de la Société consta-
tent la présence du Trias supérieur, formé par des couches de
calcaire dolomitique alternant avec des marnes verdâtres. Les cou-
ches rhétiennes altin^nt particulièi'ement l'attention. Terebratula
gregaria est récoltée en abondance avec quelques autres fossiles.
Les couches hettangiennes sont malheureusement épuisées. On
constate cependant la présence de Pecten çaloniensis.
EXCURSION DU 4 SEPTEMBRE 689
La Société revient vers le village de Meillerie qu'elle traverse et
longe les grands éboulis des carrières à moellons du Lias moyen.
Ce terme prend ici la place que devrait occuper le Dogger. En
effet, sous ces couches liasiques incontestables, on trouve le Toar-
cien fossilifère s appuyant sur le Lias moyen que la Société a
étudié en allant au Maupas. Vers Test ce même Lias supérieur
repose sur le Lias moyen, et c'est ainsi au cœur du synclinal, en
discordance mécanique sur le Lias supérieur vertical, que se déve-
loppe le grand escarpement de Lias moyen exploité. Cette éti'ange
disposition ne peut s'expliquer que par un pli couché ramenant le
Lias moyen sur le Lias sqpérieur, phénomène accompagné d\in
glissement sur la surface de ce deniicr terrain.
Une série d'Ammonites a été récoltée dans ce Lias supérieur ; les
espèces suivantes ont été reconnues : Jlarpoceras fallaciosum
Bayle, Lj'toceras Jimbriatum Sow.
A Locam, la Société étudie les couches de calcaii'e à Entroques
du Lias moyen. Quelques Ammonites et Bélemnites sonti*écoltécs.
Au centre de la carrière, un affleurement de Rhétien foui*nit un
grand nombre de fossiles, en particulier de très belles plaquettes à
A^vicula contorta. Quelque cent mètres plus loin, la Société constate
à nouveau la présence du Trias supérieur.
De Locnm à Saint-Gingolph, on remarque les grands éboulis du
pied du Pic de Blanchard, où Ton exploite des calcaires du Malm
pour la fabrication de la chaux. Les calcaires en place des environs
sont, en effet, trop chargés de silice pour cet usage.
^* CoUachenaz 0.
''««'«•«t -^ |..
I _ ^^ '.^bouiùf^,^ ""^^^^^ I S*Gingolph
^ '^O^ ^^ rr'
rot* 9
Fig. 2. — Position des aflleuroments entre Bouveret et Saint-Gingolph.
Hauteurs très exagérées.
A la sortie de Saint-Gingolph, au Fenalet, au pied des ^grands
escarpements des Préalpes médianes, la Société constate la présence
de la molasse rouge. Plus loin, au dessus d'une carrière, la super-
position des Cargneules sur le Flysch est nettement cons ta table.
Le rapport entre la molasse et le Flysch, sous la fomne de grès,
n'est pas clairement établi.
690 EXCURSION DU 4 SEPTEMBRE
Toutefois, lorsque Ton observe la côte, à une certaine distance,
en bateau, connaissant la position exacte des afiQeurements, on peut
reconstruire avec assez de sûreté la position réciproque des couches.
La molasse du Fenalet s* enfonce au sud-est au pied d'une pente
assez prononcée, à l'extrémité de laquelle se trouve la carrière de
Flysch. Cette disposition ne peut s'expliquer que par une dispa-
rition de la molasse sous ce Flysch. Ce dernier terrain serait
localement étiré au Fenalet, où Ton rencontre les cargneules dans
le voisinage immédiat de la molasse. Ainsi que le montre le
croquis (fig. q), il y aurait un synclinal très évasé entre Saint-
Gingolph et le Bouveret.
MM. Douvillé, Douxami et Lugeon sont d*accord pour voir dans
les grès du Fenalet une forme du Flysch supérieur. La molasse
rouge est étudiée près du Bouveret où elle est coupée par la route
et exploitée en carrière.
M . Lugeon explique que cette molasse i*ouge est située à environ
10 kilomèti'es à l'intérieur des Préalpes, car en avant du Bouveret
plusieurs plis des Préalpes médianes sont absents ainsi que toute
la zone bordière ^
M. Douvillé fait remarquer que les couches rouges schisteuses
alternent au Fenalet avec des bancs de grès verdàtre, qui pour lui
se rattachent nettement au Flysch. 11 faudrait donc considérer la
molasse rouge de Saint-Gingolph simplement comme la partie
supérieure du Flysch. Cette formation serait ainsi toute différente
des couches des environs de Lausanne vues par la Société dans la
course du 3 septembre dans le vallon de la Paudèze, course dans
laquelle cette opinion avait déjà été émise par M. Rollier.
Au Fenalet, il n'y a pas de trace de la moindre discordance
entre le Flysch et la Molasse rouge.
MM. Douvillé et Douxami sont d'avis, pour éviter toute
confusion et bien marquer la place qu'occupe réellement la for-
mation connue sous le nom de Molasse rouge du val d'Illiez, de se
servir plutôt du terme de Fl}'8ch rouge ou Flysch bariolé^ qui a
déjà été proposé par quelques auteurs.
Du Bouveret à Monthey l'excui^sion se poursuit en voiture.
Aux Evouettes, M. Lugeon esqtiisse les grands traits de la
géologie du Grammont.
I. LuGRON. La région de la Brèche du Clmblais, p. 264.
i
EXCURSION DU 4 »KPTBMBRK 69I
Les pentes qui regardent du côté du lac sont formées du haut
en bas par les couches suivantes, en suivant Taré te qui descend
vers Saint-Gingolph :
Anticlinal
Pli-faillk
I. Lias à Ëntroques au sommet du Grammont
avec une intercalation scldsteuse à Bival-
ves.
a. Calcaire dolomitique du Trias.
3. Malm.
4. Crétacique supérieur. \ Synclinal
5. Malm.
6". Dogger.
7. Lias supérieur.
8. Lias inférieur. l
9. Trias à la Frilaz. ( Anticlinal
10. Lias inférieur. j
11. Lias supérieur. Synclinal
13. Lias inférieur.
i3. Moraine recouvrant le Rhétien et le Trias, ^ Anticlinal
supportés par la molasse rouge.
Le Rhétien a été en effet découvert par M. Lugeoh, au Prolet,
à l'ouest de Saint-Gingolph.
La coupe du Grammont montre ainsi des plis superposés dont
le plus supérieur présente un laminage complet entre le Trias et
le Malm. De petits lambeaux du Lias, qui manquent dans la coupe
ci-dessus, se voient, reposant dii'ectement sur le Malin, à la Croix-
d'AUex, sommet à l'est du Grammont.
La vallée des Evouettes est taillée dans Tanticlinal du sommet
du Grammont; le pli s'abaisse considérablement vers la vallée du
Rhône. C'est là un phénomène qui est très caractéristique de tous
les premiers plis des Préalpes dans cette vallée. M. Lugeon a déjà
attiré l'attention sur cette remarquable ondulation des plis * .
Les anticlinaux se sont tous transformés en vallées, tandis que
les synclinaux ont en général formé les crêtes.
A Vouvry, la Société pénètre dans la deuxième grande vallée
anticlinale, rompue jusqu'au Trias, qui affleure dans le versant
gauche au nord de Vouvry accompagné par le Rhétien exploité en
carrière. L'anticlinal de Vouvry est très déjeté dans les environs
de Miex, où le Dogger, par écrasement du Malm, est presque en
I. LuGBON. Recherches sur Turigine des vallées des Alpes oceideutules.
Annales de Géographie, Juill. et Nov. 1901.
69:2 EXCURSION DU 5 SEPTEMBRE
contact avec le Crélacé du synclinal. Ce dernier est écrasé à un
tel point qu'il forme presque un noyau d'étranglement.
Le bas de la vallée de Vouvry présente deux cônes de déjection
emboîtés Tun dans l'autre. Le plus ancien possède une pente plus
forte que celle du cône actuel. Comme on sait que la génératrice
des cônes est d'autant 'plus tangente à Thorizontale que le cours
d'eau est plus important, il semblerait qu'à un moment donné,
après la dernière glaciation, le torrent de la vallée de Vouvry ait
été moins volumineux que de nos jours.
Le long de la route on a pu contempler le rôle topographique
des calcaires du Malm qui forment de remarquables escarpements.
A Pierre -à- Perret, M. Lugeon explique les dislocations si
curieuses que présentent ce synclinal de Flysch et le pli-faille
de la Tornettaz. L'éti^anglement considérable du flanc normal
du synclinal attire l'attention. On constate en effet, dans la partie
visible la plus profonde du pli, un amincissement considérable
du Jurassique supérieur. A sa partie supérieure le pli est régulier.
C'est un fait à peu près constant dans les Préalpes que les accidents
sti*atigraphiques sont développés au maximum dans les parties
profondes des plis, tandis qu'une régularité remarquable règne
dans les parties élevées.
Près de Muraz la Société profite d'une accalmie qui dispei*se le
brouillard pour examiner une des plus belles coupes naturelles
des Préalpes. Sous les grandes masses triasiques de Tréveneusaz,
on voit apparaître avec une allure très régulière une épaisseur
énorme de molasse rouge, prolongement de celle que Ton avait
vue au Bouveret s'enfoncer sous la nappe de charriage. En outre,
les plis autochtones de Collombey et de Muraz sortent du Flysch,
lui-même recouvert par la molasse. On constate donc en ce point
un des faits les plus importants pour la théorie du charriage : la
disparition, sous les Préalpes sans racines, des plis à faciès helvé-
tique.
Excursion du 5 Septembre.
La matinée est consacrée à l'étude des plis autochtones à peine
entrevus la veille.
Sur le pli de Collombey la Société longe la moraine de Monthey,
formée uniquement par des blocs de granité du massif du Trient,
débris probables d'une aiguille du massif du Mont-Blanc écroulée
sur les glaciers quaternaires.
C'est tout d'abord la fameuse Pierre-à-Dzo, dédiée à de Char-
\
EXCURSION DU 5 SEPTKMBUE 693
pentier, puis les énormes blocs que Ton exploite un peu partout.
Par un heureux hasard la Société peut exaniinei* un reste encore
vierge de la moraine : d'énormes blocs moussus, entassés les uns
sur les autres, dans une superbe forêt de châtaigniers.
Après avoir rencontré, près de Muraz, TUrgonien et THauterivien
à Entroques, et de nouveau la réapparition de la molasse rouge,
la Société rentre à Monthey.
Dans Taprès-midi course en voitures à Cham|)éry. L'exemple
remaixjuable de siircreusement que présente l'entrée de hi vallée,
avec une terrasse (jui se poui*suit jusque^ près de Troistorrents,
attire l'attention. La Société examine avec intérêt, près du Pas, les
couches inférieures de la m o hisse rouge.
A l'arrivée à Cham})éry une éclaircie ])ermet enfin d'apprécier la
grande arête de la Dent du Midi, dont M. Lugeon exjdique la
tectonique.
M. H. Douvillé a été frappé par l'identité de la molasse rouge
du Bouveret avec celle observée par la Société près de Monthey
et dans le Val d'il liez et admet parfaitement Thypo thèse de
M. Lugeon, que ces deux molasses rouges se raccordent par dessous
les plis des Préalpcs.
A la suite de cet exposé M. Haug fait ressortir les analogies
de faciès tout à fait frappantes que présentent non seulement le
Rhétien mais encore le Lias tout entier et le Dogger avec les
couches synchroniques des environs de Digne et avec celles des
lambeaux de recouvrement de l'Ubaye. L'identité, dans les trois
régions, des calcaires massifs avec silex du Lias moyen est parti-
culièrement remarquable.
En ce qui concerne la molasse rouge, la ressemblance de celle
du Bouveret et du val d'Illiez avec celle des Basses- Alpes est non
moins grande. M. Haug concède l'identité parfaite des deux
molasses sur lesquelles s'appuient respectivement le boi-d extei*ne
et le bord interne des Préalpes, mais il n ailmet pas que de leur
identité résulte nécessairement leur continuité souterraine par
dessous les Préalpes. La c(mtinuité peut avoir existé /;«r 6/ei\sw6*
celte zone, l'érosion ayant détruit la partie intermédiaire. D'ailleurs,
la distance actuelle des deux allleurements est de près de iT) km.,
de sorte que, dans l'hypothèse de l'éventail composé des Préalpes,
Tétranglement de la zone prétendue exotique n'a rien d'exc^essif.
M. Douxami rappelle qu'il s'est déjà élevé dans l'un de ses
travaux conti'e l'emploi du terme de molasse rouge. Il n'y a
8 Mai IIK». — T. I•^^ Bull. Soc. Géol. Fr. — \b
694 EXCURSION DU 5 SEPTEMBRE
aucune comparaison possible ni comme âge, ni comme faciès,
entre la molasse rouge* du Bouveret et les couches bariolées que
la Société a étudiées aux environs de Lausanne, pas plus qu*avec
celles du pied du Jura ou de la région de Bellegarde et de Gham-
béry. Il y a par contre identité entre les couches rouges de Vevey
sur la rive droite du Léman et entre celles du Bouveret et du val
dllliez. Ces couches sont d'ailleui^s, à Saint-Gingolph comme dans
le val dlUiez, de la façon la plus nette la partie supérieure du
Flysch : il est impossible de mettre une limite exacte entre les
deux formations.
Il signale, sans que le fait puisse être invoqué en faveur de Tune
ou l'autre des deux hypothèses dont vient de parler M. Haug,
Texistence dans le Flysch du val dlUiez, sous la Valerette et sous
les Portes-du-Soleil, près des chalets du Crosey, de bancs de pou-
dingue polygénique, rappelant tout à fait ceux des Voirons en
avant des Préalpes.
M. Steixunann considère la molasse rouge du Bouveret et de la
vallée d'Illiez comme la partie la plus élevée du Flysch et en
formant seulement un faciès de couleur différente, comme il y a
des couches de couleur semblable. à la base du Flysch. Peut-être
est-elle Téqui valent du Ualligsandstein des bords du lac de Thoune.
Il serait évidemment à désirer qu*on la distinguât des sédiments de
couleur rouge qui se trouvent dans la vraie molasse, peut-éti*e à des
niveaux différents, mais qui ne sont pas liés avec le Flysch normal
comme la Molasse rouge du Chablais.
On a attribué à cette formation un rôle important pour prouver
que les Préalpes médianes fonnent une nappe sans racine en pro-
fondeur. Mais il est bien possible que la molasse ait existé partout,
ou du moins sur une grande partie de la région chablaisienne, et
qu'elle ait été enlevée pour la plus grande partie. A cet égard, l'ana-
logie avec les couches dites Wangschichien, qui appartiennent à
la Craie supérieure, probablement au Sénonien, et qui ont été dénu-
dées pour la plus grande partie avant le dépôt des couches à Num-
mulites de TEocène moyen, est évidente.
M. Steinmann attire Tattention de la Société sur le fait, mis en
évidence par les coupes de M . Lugeon, que les plis que Ton a vus
hier entre le Bouveret et Vionnaz, le long de la vallée du Rhône,
sont formés par des plis-failles, tandis que dans le profil parallèle
de la vallée, mais un peu plus à Tintérieur, on voit les mêmes plis
pivsque normaux et seulement un peu déjetés à Touest. Il paraît
bien que cette différence n'est que le résultat de Finflexion générale
EXCURSION DU 5 SEl'TEMBUK 696
des chaînes vers la vallée du Rhône, parce que le changement de la
tectonique s'accomplit dans le même niveau des plis. En tout cas
cette disposition régulière des plis et des plis-failles ne ressemble
point du tout à la structure irrégulière et anormale des nappes
charriées, si bien connues, de la Basse-Provence et des Klippes de
la Suisse du Nord entre le lac de Thoune et la vallée du Rhin ; elle
se rattache plut(Hau plissement normal, qui cartictérise les chaînes
enracinées du Jura suisse.
M. Liugeon répond k M. Steinmann à propos de Tobservation
qu'il vient de faire. Si les coupes montrent en eftet que les plis
sont plus étirés en profondeur, c'est là, pour lui, le simple résultat
de Tétirement plus grand qui doit se produire dans les nappes
près de leur plan de charriage; dans les parties hautes, les masses
sont plus tranquilles. Les règles trouvées en Provence par
M. Marcel Bertrand, règles que vient aussi d'évoquer M. Stein-
mann contre l'hypothèse du charriage des Préalpes, ne sont pas
nécessairement applicables dans des masses aussi puissantes et
uniformes que celles du Chablais. Les différents terrains des
Préalpes forment des unités extrêmement épaisses; la disparition
d'une couche peut être beaucoup moins visible qu'en Provence.
Sous ce rapport, les zones indépendantes qui constituent les
Préalpes présentent de très grandes variations. Dans la zone interne,
qui forme le contact des Préalpes et des Hautes- Alpes, les lacunes
tectoniques sont peut-être plus exagérées encore que dans les mon-
tagnes charriées du Sud de la France. Dans cette zone interne, il
n'y a pour ainsi dire aucuA contact normal. Dans les Préalpes
médianes les écrasements sont particulièrement plus sensibles
dans les parties basses des plis que dans les parties supérieures
de ceux-ci, c'est-à-dire près de la charnière. Enfin, la région la
plus supérieure, celle de la Brèche, présente des élirements et des
dispositions très peu marquées. Ainsi la stratigraphie spéciale que
l'on constate dans les nappes de la Provence est, dans le Chablais,
exagérée en ce qui concerne les parties profon<les : dans les masses
supérieures, ces dispositions particulières se révèlent en partie,
mais semblent toutefois absentes dans les régions les plus super-
ficielles.
da H«iin«di ^ SeptomlNV I901
PKKSIOENCe DE M. M. LL'GEli5, mÉSSSXST
IjSk héaiïitfi a lieu dan^ la nalle à manger de THôlel de TEarope. à
Thonori .
Iji Secrétaire donne leetore du procès- verbal de la séance précïé-
dente. Im n'-daction de ce procès-verba! est adoptée.
M, Maurice LfOgeon rend compte des excursions des 6 et 7
sepU?nilirc.
Excursion du 6 Septembre.
Kn partant de Cliampi*ry, la Société suit le chemin du col de
Coiix. Klle atuûnt bientôt les grès du Flysch, au milieu desquels
on voit fKiindre S4ius Aycme un affleurement de Crétacique supé-
rieur. Cest h; bas d*une lame très continue de ce terrain, incluse
entièrement dans le Flysch et se pinçant complètement en profon-
deur; en effet, à environ i5o mètres plus bas, dans le thalweg de la
Vièze, on constate la présence du Néocomien du pli autochtone de
Chuuipéry.
A Antevenaz, on entre dans les accidents jurassiques des klippes.
Ce sont tout d'abord des fragments de calcaires du Malm reposant
sur le Flysch ; malgré la pluie, la Société peut apercevoir les
(■oiitounicnients d(* la klippe de Savonnaz. M. Lugeon explique
(comment il avait été amené à considérer certaines couches de
8cliist<*s gréseux comme Lias supérieur (carte au i/5o.ooo) alors
qu'elles appaKienncnt en réalité au Flysch, selon sa première opi-
nion (carte au 1/80.000). Dans ses premières i*echerches, il cherchait
à voir des plis dans ces masses si étranges.
Aujourd'hui, il est reconnu, comme il a été dit par M. Lugeon
à la séance d'ouverture, ([uc ce sont des lames plus ou moins indé-
pendantes de terrains mésozoïques enfoncés dans le Flysch et
contournées sur elles-mêmes. Il est inutile de rechercher des traces
de plis étirés, d'anticlinaux et de synclinaux écrasés. 11 n'y a pour
ainsi dire plus de lignes directrices, car à chaque instant ces bandes
niésoz()ï(pies s'écrasent totalement et disparaissent de la surface
du sol.
La montagne de (iulet est formée par des lames à peu près
EXCURSION DU 0 SEPTEMBRE 697
planes empilées dans du Flysch et plongeant vers Touest et le sud-
ouest. Les montagnes de Savonnaz et d(^ Ripaille sont formées au
contraire par des lames contournées sur elles-mêmes. La notion
du sens de déjettement du pli n est plus applicable. Cette tecto-
nique extraoi*dinaire est celle de toute la zone interne des Préalpes.
Les écailles qui la constituent s'amincissent toutes en profondeur.
A la Barmettaz, la Société rencontre une de ces lames. C'est un
affleurement de Malm pénétrant dans le Flysch.
Malgré la persistance du mauvais temps, la plupart des excur-
sionnistes se dirigent vers le sommet de C^ulet. Sur le Flysch qui
recouvre la bande de terrain secondaire du soubassement de Culet
on constate Texistence de la lame indépendante de Crétacique supé-
rieur du sommet. Chemin faisant, un fait nouveau montre quelle
est Tétrangeté de ces dislocations. Au milieu du Flysch, MM. de
Lapparent, Steinmann, Lugeon et quelques autres membres décou-
vrent une lentille, de deux mètres d'épaisseur, de Crétacique supé-
rieur. C'est un fragment étiré de la lame indépendante de Créta-
cique. Ces multiples lames plongées dans le Flysch et qui, en s'em-
pilant les unes sur les autres, ont formé les klippes du Val dllliez,
s'étirent toutes en profondeur. La démonstration absolue en est
faite sur place. Du sommet de Culet, sous le cirque glaciaire de
Marcheulin, M. Lugeon montre la paroi isolée de Malm de Au- Vent.
Elle est séparée de son prolongement dans la paroi orientale de
Culet par un étranglement total. Or, en allant vers Champalin, on
constate non seulement la disparition de cette paroi jurassique de
Au-Vent, mais, en outre, on en trouve des fragments complètement
isolés dans le Flysch, ainsi que des débris de cargneule du Trias.
Considérées en grand, ces lames étirées et étranglées de Culet
constituent donc une sorte de brèche de dislocation, aux éléments
géants, dont la pâte est formée par le Flysch.
De Champalin, la Société longe les grands escarpements du
massif de la Brèche, au pied du gradin triasique. A la Porte-du-
Soleil l'aspect caractéristique du massif se montre amplement avec
la faille si nette de la Tête-du-Géant *. La Société se trouve ici à
côté de l'écaillé indépendante du Lias à Gryphées de la Pointe-de-
THaut. appartenant encore à la zone interne des Préalpes. Quelques-
UHS des membres trouvent des traces de Gryphées récollées déjà
par M. Lugeon.
Les excursionnistes se dirigent vers la Tovassière. C'est là que
se trouvent les débris très étirés des Préalpes médianes, dont la
I. LuGBOfr. La région de la Brèche du Cbablais, iig. 23.
698 EXCURSION DU 7 SEPTEMBRE
présence en cet endroit acquiert une importance considérable, car
elle démontre Tabsence de racine du massif de la Brèche. M. Lugeon
insiste particulièrement sur ces débris extrêmement laminés. Us
représentent, en effet, la réapparition, sur le versant sud du massif
de la Brèche, des Préalpes médianes, que Ton voit au nord s'enfoncer
sous ce massif. Il est curieux de constater que les Préalpes médianes,
dont les terrains ont une épaisseur de plusieurs centaines de mètres,
lorsqu'ils sont développés normalement dans les plis réguliers du
Chablais, sont ici réduites à deux ou trois mètres de puissance.
Ailleurs, dans l'ouest, les Préalpes médianes sont même entière-
ment laminées ; il en existe encore des fragments à l'état de len-
tilles de Crétacique supérieur au col de la Golèze et au-dessus de
Samoëns.
On rejoint ensuite la croupe de Flysch de Champey.
Un peu plus loin, au point 1904 (La Chaux), on traverse un grand
lambeau de recouvrement, appartenant au système de la Brèche,
Ce lambeau est en continuité avec le Houiller delà Foilleusaz dont
l'affleurement est beaucoup plus considérable qu'il n'est indiqué
sur la carte au i/5o.ooo. Les grès grossiers supposés pei^miens se
rattachent très i)robablement au Trias. Enfin, en descendant sur
Morgins, la Société traverse le Flysch, substratum de ces lambeaux
de recouvrement.
Excursion du 7 Septembre.
La Société se dirige vers le Pas-de-Morgins. Elle longe l'étang de
Morgins, placé dans une vallée dont la formation est due à la
capture du torrent de Morgins par la Vièze de Champéry. Elle
remarque successivement l'écaillé indépendante du Lias à Gry-
phées, puis l'écaillé avec couches renversées des Préalpes médianes,
sur laquelle repose directement l'escarpement du massif de la
Brèche. C'est donc une coupe semblable à celle que l'on a vue la
veille à la Poînte-de-l'Haut. Dans ce parcours de cinq cents mètres
on renconti'e trois systèmes tectoniques absolument indépendants
se superi)osant : Zone interne, Préalpes médianes et région de la
Brt»che.
Du Pas-de-Morgins on monte vers Tréveneusaz en suivant le
pied du massif de la Brèche. De place en [)Iace la Société constate
les traces des Préalpes médianes sous la forme d'affleurements de
Crétacique su])éricur.
Au col de Derrière-des-Portes, qui domine la vallée de Draversaz,
une coupe très intéressante est relevée. Elle montre la pénétration
EXCURSION DU 'j SEPTEMBRE 699
vers Touest des Préalpes médianes sous la région de la Brèche par
Tintermédiaire d'une écaille indépendante. De Touest à Test on
remarque de haut en bas la succession de couches suivantes :
Calcaire liasique du massif de la Brèche ;
Flysch ;
« Opalinien » à Posidonomyes ;
Flysch ;
Grétacique supérieur ;
Malm.
Les trois derniers terrains s'élèvent sur TarOtc de Tréveneusaz
(Bellevue ao45 m.), dont le sommet est formé par le Malm.
Au sommet de Tréveneusaz, on domine un cirque, d'origine
glaciaire, avec un fond plat et de petites moraines.
En descendant sur Draversaz, la Société atteint de nouveau la
base du massif de la Brèche avec des gypses très développés. Un
intérêt particulier s'attachait au parcours du vallon de Draversaz.
Dans son mémoire sur le Chablais, M. M. Lugeon avait décrit des
plis dirigés vers la vallée du RhAne, c'est-à-dire que, influencé
encore par la théorie transitoire du pli do la Hi*èche à déversement
périphérique, il avait interprété ainsi une coupe naturelle, sans
charnière, que présente le soubassement de la montagne d'Onnaz
(voir, Lugeon : Région de la Brèche du Chablais, p. i58). En
réalité il s'agit d'une écaille allongée que la coupe naturelle montre
suivant une coupe parallèle à la direction de poussée qui s'est
faite vers le nord et non vers l'est. A Draversaz, on remarque dans
Tescarpement l'écaillé en question. Vers les chalets de Draversaz,
M. Lugeon signale l'existence d'une couche spéciale accompagnant
le Grétacique. C'est un calcaire rouge spathique dans lequel on
récolte de nombreuses petites dents de Poissons. Pour M. Lugeon,
on est en présence d'une couche particulière du Grétacique supé-
rieur, dont il existe un deuxième aftleurement dans les Préali)es
bernoises à la Luglenalp, au sud du Niederhorn (massif des
Spielgaerten).
M. Steinmann est plutôt porté à en faire un niveau inférieur,
l)eut-être du Néocomien.
De Draversaz aux Places, les excursionnistes continuent à longer
le pied du grand escarpeijient du massif de la Brèche et descendent
ensuite sur Vionnaz, le long du grand synclinal de Flysch qui
précède vers le nord le pli-faille de Tréveneusaz. Ge massif isolé,
ainsi qu'on peut s'en rendre compte dans cette descente, ne peut
non plu» former un pli dirigé vers la vallée du Rhône. Le front du
700 EXCURSION DU 7 SEPTEMBRE
pli-faille est bien parallèle aux autres plis, c'est-à-dire est-ouest.
Le massif de Tréveiieusaz est donc ainsi une vaste voûte se termi-
nant en avant par un pli-faille et se difl'érenciant des anticlinaux
pli-fa illés des Préalpes uniquement par un plus grand rayon de
courbure. Et c'est dans l'axe de cette voûte, dont le tablier est
formé par des terrains des Préalpes médianes, que se voient la
molasse rouge et les deux plis à faciès helvétiques (plis autoch-
tones de CoUombey et de Muraz étudiés les 4 et 5 septembre).
En résumé, la Société a pu constater, dans ces deux journées,
la régularité de la pénétration des Préalpes médianes sous le
massif de la Brèche, et en outre, comme faits nouveaux, elle a pu
se convaincre que la klippe de Culet devait être interprétée comme
une série de lames se ])erdant dans le Flysch, et que l'on ne pouvait
plus voir dans Tréveneusaz des plis dirigés vers la vallée du Rhône.
De Vionnaz, la Société se rend à Vouvry et ensuite à Thonon
par le chemin de fer.
M. W. Kilian exprime ses regrets de ne pouvoir, par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté, suivi*e entièrement les
excursions de la Réunion extraordinaire. 11 ajoute qu'il les a en
grande partie faites en 1893, sous la direction de MM. Lugeon
et Renevier, avec les membres de la Société géologique suisse.
Aujourd'hui il tient particulièrement à rendre hommage à la grande
activité et aux travaux si remarquables de M. Lugeon.
Eu 1893, l'hypothèse préconisée par M. Lugeon pour expliquer
la sti*ucture des Préalpes était la théorie du pli <x en champig-non ».
Peu de temps après, notre confrère a exposé avec beaucoup de
clarté et discuté avec une grande loyauté, dans son admirable thèse,
les diverses hypothèses relatives à la question des Klippes et des
Préalpes. Sans prendre parti d'une façon absolue, il proclama
cependant ouvertement alors sa préférence pour la théorie du
ii. charriage » projwsée par M. Schardt.
Depuis lors, la découverte — que nous devons également à la saga-
cité de M. Lugeon — des « racines » de la zone interne des Préalpes
dans la haute vallée du Rhône, a introduit un élément nouveau
dans le problème en écartant déjinitwement l'hypothèse d'une
origine lointaine et même transalpine, en rendant désormais
oiseuse Tintervention d'un phénomène spécial, distinct du méca-
nisme normal des plissements alpins, et en montrant nettement que
c'est dans le voisinage même des Préalpes qu'il convient de cher-
cher leui' origine.
M. Kilian établit ensuite une comparaison entre la région des
EXCURSION l>r 7 SEPTEMBRE JOI
Préalpes et celle du massif de Prorel dans le Briançonnais si
magistralement étudiée par M. Termier, avec ses annexes explo-
rées par M. Lugeon et par lui-même.
Là aussi, la première hypothèse (émise par M. Termier) fut
celle d'une série de nappes de charriage d'origine « exotique »
étalées aidant le plissement principal de la région; mais les faits
vinrent bientôt montrer qu'il s'agissait simplement de plis étires
touchés et superposés, puis reployés par un mouvement postérieur
d'importance secondaire ; des fragments étendus des flancs inverses
de ces plis existent et la « racine » incontestable de plusieurs des
« écailles » de M. Termier a été découverte près de Montdauphin
(Kilian et Haug) ainsi qu'à l'est de la Durance (Kilian). (Voir Bull.
Serv. Carte géol. de France, n® ^5, 1900).
Le phénomène des Préalpes, comme celui du Briançonnais, n'est
dès lors qu'un cas excessif du processus de striction (plissement)
qui a donné naissance à la chaîne alpine ; des groupes entiers de
plis ont été refoulés «ur les plis limitrophes, mais sans qu'il se
soit produite semble-t-il, entre la a racine » et la portion couchée
et étirée (« charriée ») d'autre rupture on discontinuité que celles
qua créées V érosion postérieure à toutes dislocations.
M. Kilian croit qu'il importe beaucoup de distinguer ce méca-
nisme, soit du glissement grandiose qu'avait imaginé M. Schardt
pour expliquer à la fois la formation des Préalpes, leur origine
exotique, la provenance de cailloux triinsalpins dans les brèches
du Flysch et l'origine de ceitains lacs suisses, soit de la production
des « grands charriages » sans flanc inverse, s' étant produits
avant le plissement principal de la chaîne sur des centaines de
kilomètres d'étendue, tels qu'il ont été, à maintes reprises, invo(jués
pendant ces derniers temps ou cités par MM. M. Bertrand, pour
la Provence et le bassin du Gard, Termier, pour le Briançonnais,
Rothpletz, pour les Alpes de Glaris et le Rhaeticon. Les Préalpes,
pas plus que le Briançonnais, ne peuvent désormais être considérées
comme des exemples de cette nature spéciale de dislocations.
Il est nécessaire de dissii)er réc[uivoque que le terme de « char-
riage » peut faire naître ou entretient à cet égard.
Tout en démontrant le peu de probal)ilité de Texistence d'un
éventail préalpin autochtone et homogène, il semble que la
découverte des « racines » des Préalpes condamne la solution du
charriage lointain préconisée par M. Schardt et à laquelle s'était
rattaché en dernier lieu M. Lugeon. L'ensemble des Préalpes
devrait sa structure à un mécanisme comi)arabIe à celui qui, sous
une forme notablement moins compliquée, a donné naissance au
^OQ EXCURSION DU 'j SEPTEMBRE
massif de la Brèche, dans lequel bien peu de personnes songeraient
encore, après les belles recherches de M. Lugeon, à voir autre
chose qu'un vaste pli couché.
M. Haug rappelle que Thypothèse du recouvrement de Tensem-
ble des Préalpes a été émise dès 1884 P*^*" M. Marcel Bertrand.
Grâce aux efforts juxtaposés de M. Hans Schardt et de M. Lugeon
elle a pris corps dans ces dernières années, mais, malgré les
remarquables travaux dont les Préalpes ont été Tobjet, le char-
riage de cette zone étrange a conservé son caractère hypothétique.
Personnellement, tout en n'étant nullement un adversaire des
grands recouvrements et des charriages lointains, M. Haug a été
amené à discuter à plusieurs reprises * les ai^ments au moyen
desquels M. Schardt et M. Lugeon ont cherché à démontrer l'ori-
gine « exotique » des Préalpes.
Ces arguments sont de deux sortes, stratigraphiques et tecto-
niques.
Les arguments stratigraphiques peuvent être aisément réduits à
leur juste valeur; d'ailleurs une découverte récente de M. Lugeon,
sur le versant sud des Wildstrubel, vient apporter un puissant
appui aux objections de M. Haug. En effet, si dans ce massif, qui
appartient incontestablement aux Hautes-Chaînes calcaires, le
Néocomien prend « un faciès uniforme schisteux, qui s'étend à
rUrgonien », le contraste entre le « faciès vindélicien 1» et le « faciès
helvétique » disparaît et toute la démonstration stratigraphique
de M. Schardt s'effondre.
M. Haug n'attache pas plus de valeur aux arguments tectoniques,
car toutes les coupes des Préalpes publiées jusqu'à ce your peuvent
sans diflicuité s'expliquer par l'hypothèse d'un éventail composé
imbriqué. Les coupes données par M. Schardt dans le Livret-Guide
— dont les coupes plus récentes du même auteur ne diffèrent
d'ailleurs que par des additions totit-à-fait hypothétiques — sont,
en particulier, parfaitement conciliables avec cette conception.
M. Haug n'a nullement contesté la réalité des faits observés dans
les Préalpes par ses prédécesseurs — quoique M. Schardt cherche
à insinuer le contraire — , il s'est même basé sur ces faits pour
édifier son hypothèse de l'éventail composé imbriqué, dont la
possibilité mécanique est démontrée par les expériences de M. Bai-
lev Willis.
Cependant il est juste de remarquer que plusieurs des faits sur
I. V. en p)articulier : Emile Haug. Les régions dites exotiques du versant
nord des Ali>es suisses. Bult. Soc, vaud. Se, NaL, vol. XXXV, n* i3a, 1899.
EXCURSION DU J SEPTEMBRE 7o3
lesquels M. Haug s*était appuyé pour conclure à un déversement
bilatéral des plis des Préalpes ont été depuis reconnus inexacts.
Ainsi, pourvue parler que des régions visitées les jours précédents
par la Société, les plis à concavité tournée vers l'intérieur des
Préalpes, que M. Lugeon avait cru voir dans les pointements
jurassiques des environs de Champéry, n'existeraient pas. Il est
donc prudent de réserver toute interprétation de ces masses
étranges et en particulier celle de la « lame » de Culet pour le
moment où M. Lugeon en aura publié une élude définitive, basée
sur de nouveaux levés géologiques.
Tout récemment, M. Lugeon a invoqué un fait nouveau d'une
grande importance comme allument décisif en faveur du recou-
vrement de l'ensemble des Préalpes. Il s'agit de la découverte; de
la €f racine » d'une des zones constituant les Préalpes. Cette racine
est située en pleine région des Hautes-Chaînes calcaires, nous
voilà donc bien loin de l'origine transalpine des Préalpes ! M. Haug
pense d'ailleurs qu'il serait prématuré d'étendre dès à i>résent à
l'ensemble des Préalpes une conclusion qui ne s'impose encore que
pour l'unique zone interne. Il regrette que la Société géologique,
conviée à discuter l'hypothèse du cliarriage des Préalpes, se trouve
en présence d'un problème dont la solution est maintenant cherchée
dans une autre région, dans le massif des Wildstrubel, région dont
aucune coupe n'a encore été publiée et dont l'étude est loin d'être
achevée. Dans tous les cas, il semble bien que les faits observés au
cours de la réunion ne peuvent être invoqués comme absolument
décisifs soit pour soit contre l'une des deux hypothèses en présence.
Si des découvertes nouvelles venaient établir l'existence d'autres
racines dans les chaînes intérieures des Alpes, M. Haug n'hésite-
rait pas à se rallier aux conclusions de M. Lugeon, mais il pense
qu'en tout état de cause, c'est aux partisans du charriage qu'in-
combe la charge de fournir les preuves en faveur de leur hypo-
thèse et que, en aucun cas, ce n'est aux géologues qui envisagent les
Préalpes comme en place que revient l'obligation de démontrer
la non-existence du recouvrement. Il est certaines hypothèses qui
par leur essence même sont irréfutables.
En ce qui concerne la nappe supéneure des Préalpes, la Hrèche
du Chablais, M. Haug s'est entièrement rallié depuis longtemps à
Tinterprétation de M. Lugeon, ses n^grets n'en sont [)as moins
grands de ne pouvoir prendre part aux trois dernières journées de
la réunion, dans lesquelles la Société étudiera plus |)articulière-
ment le massif de la Brèche.
Il aurait surtout désiré revoir la charnière frontale de ce massif.
7o4 EXCURSION DU 7 SEPTEMBRE
Les membres de la Réunion y verront certainement un argument
puissant en faveur du recouvrement de la Bn^che et ils se deman-
deront quelle conséquence il convient de tirer de l'assertion sui-
vante de M. Schardt : « La présence d'une charnière anticlinale
dans Tune ou Tautre des couches de la zone bordière m'aurait
apparu bien plutôt comme un argument contre le charriage loin-
tain ». Kn bonne logique, M. Schardt devrait donc nier que la
Brèche soit charriée et la considérer comme en place, alors que
son substratum serait charrié !
M. Liugeon répond à M. Haug en maintenant complètement
son interprétation relative à la lame de Crétacique de Culet. Si
certains faits peuvent être interprétés autrement, par suite de ses
nouvelles découvertes, il maintient absolument le fait que la lame
se termine en profondeur.
Quant à la Géologie expérimentale sur laquelle on s'est appuyé,
il rappelle les expériences, la plupart du temps très malheureuses,
de cette science de cabinet.
M. Schmidt pense qu'il faut insister sur ce fait que le problème
des Klippes et des Préalpes dites exotiques ne commence que là
où la direction générale des Alpes change du S.-N. au S.O.-N.E.,
là où la Molasse de la Suisse se rétrécit entre le Jura et les Alpes.
En admettant que les grandes masses des Alpes du Chablais et
des Préalpes romandes suisses soient des lambeaux de recouvrement
venus de l'intérieur de la chaîne alpine, on éprouve le besoin de
chercher ces mêmes sédiments qui forment les lambeaux, en place
dans l'inténeur des Alpes. Or il est bien vrai que, dans la zone du
Briançonnais, en France et en Italie, la série des sédiments, assez
complète, a le même caractère méditerranéen qui est particulier
aux nappes exotiques.
En suivant la zone du Briançonnuis vers le N. E. dans les Alpes
suisses, on voit de plus en plus se développer le faciès si uniforme
des schistes lustrés. Dans les Alpes du Valais il y a encore la
Brèche du Télégraphe que Ton peut suivre depuis le col Ferret
jusqu'au delà de la vallée de Bagne, ainsi que le « Pontiskalk i>,
qui correspond probablement à un niveau du Trias alpin. On
trouve en ell'et. dans les régions exotiques, ces deux formations
bien développées, tandis qu'elles manquent dans les Hautes- Alpes
ralcaiiTs. Quant aux autres sédiments des Préalpes exotiques, ils
ne présentent certainement aucune analogie avec les sédiments
situés au sud du Rhône et du Rhin, tandis qu'on voit, sur beaucoup
de points, les schistes lustrés se développer graduellement comme
EXCURSION DU 'J SKPTEMIIUF. 7o5
faciès des couches jurassiques des Hautes-Alpes. La structure et la
composition des Alpes centrales est, du reste, simple et assez bien
connue pour que Ton doive rejeter absolument la supposition que
les formations des Préalpes exotiques ont existé jamais au-dessus
des gneiss des Alpes centrales, c'est-à-dire qu'elles viennent de la
zone briançonnaise de la Suisse.
M. LfUgeon se déclare enchanté des remarques de M. Sclimiill.
Celui-ci a observé que les seuls terrains conservés dans les monta-
gnes valaisanes, au sud du Rhône, sont semblables à ceux trune
partie du Chabiais. Mais le Malm et le Crétaciquc n'ont pas été
conservés dans les Hautes-Alpes; on ne peut en conclure' qu'ils ne
s'y trouvaient pas. Ainsi l'Urgonien des Hautes-Alpes passe au
sud à un faciès vaseux, de sorte que le Néocomien à Céi)halopodes
trouve son origine dans un grand géosynclinal qui devait n**gner
sur remplacement des Alpes valaisanes.
M. Steimnami expose les difficultés auxquelles se heurte la
théorie du charriage. Pour lui les Préalpes médianes — au moins
—sont eni'acinées et forment des chaînes plus ou moins régulières.
Leurs bords internes et latéraux sont seuls déjetés au-dessus du
Flysch des Hautes-Alpes calcaires et se relient seuls aux klippes
de la Suisse duNoixl, à structure compliquée et imbriquée.
Il demande à M. Lugeon s'il y a identité complète entre les faciès
au-delà des Wildstmbel et ceux des Préalpes et si en particulier
les couches si caractéristiques des Préalpes, comme celles du Trias
moyen à Diplopores, et les couches rouges y ont été rencontrées.
M. LfUgeon répond à M. Steimnann que tous les terrains que
Ton l'eti'ouve dans la zone interne des Préalpes en regaixl des
racines qui ont été découvertes sont les mômes sans exception. Ainsi
rOxfordien à Phylloceras tovtisulcaiuni, le Rhéticn, le Trias sont
les mêmes : il n'y a donc pas de doute à avoiv à ce sujet. La racine
d'une des zones des Préalpes a été trouvée sous la forme d'un pli
simple, élémentaire et peu éloigné. Puisque la masse de la Brèche
du Chabiais est en recouvrement indiscutable, et que la zone
interne des Préalpes médianes n'est formée que par des plis dont
on trouve la racine, comment alors concevoir l'ensemble des
Préalpes médianes autrement que comme une nappe charriée de
même ordi*e que les deux autres.
Séance dn Landi 9 Septembre 1 90f
PRÉSroENCE DE M. M. LUGEON, PRÉSIDENT
La séance a lieu dans la salle à manger de THôtel Maflat, à
Momne.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance
précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
M. Maurice Lugeon rend compte des excursions des 8 et 9 sep-
tembre.
Excursion du 8 Septembre.
Au dé{)art de Thonon la route se déroule sur les terrasses post-
glaciaires de la Drance. Celle-ci s*y creiise one grande plaine d'allu-
vions, qui se prolonge par un delta dans le Léman. En approchant
du cours d*eau, la route atteint les bords coupés du grand cône
fluvio-glaciaire de la Drance. Près du Pont-des-Français, la Société
constate Talternance des bancs marneux et des cailloutis. L*érosion
par des ravinements i*emarquables a isolé de petites pyramides
couvertes de buissons protecteurs.
Les matériaux qui constituent Ténorme masse fluvio-glaciaire
sont presque exclusivement d'origine locale. On y retrouve toutes
les roches du Chablais. Les nombi*eux blocs erratiques de protogine,
que Ton exploite dans le thalweg de la Drance, proviennent de la
surface du plateau, lis ont glissé dans la vallée au fur et à mesure
des progrès de l'érosion. Ces dépôts glaciaires alpins, superposés au
fluvio-glaciaire local, appartiennent probablement aux moraines
internes. Le cône glaciaire de la Drance serait donc Tœuvre de la
deuxième glaciation.'
A quelque cent mètres en amont du Pont-des-Fi*ançais, la
Société constate la présence du Flysch soit au boi*d de la route,
soit sur la rive gauche de la Drance. Ces schistes et grès micacés
appartiennent à la zone boixlière des Préalpes. Leur présence en
ce point nous montre la constance de ces zones et celle de leurs
relations réciproques. En effet ces l'oches arénacées plongent sous
le gypse triasique de la grande carrière d' Armoy visitée par la
Société. L'exploitation se fait à ciel ouvert et en galerie. Partout
le gyi>se est recouvert par le Glaciaire.
EXCURSION DU 8 SEPTKMBRK JO'J
A partir de ce gisement triasique jusqu à Saint- Jean-d'Aulph, la
Société étudiera en détail les divers plis des Préalpes médianes
dont les levés géologiques sont dus à M. Kenevicr.
Le pli anticlinal de la montagne d'Herraone, profondément
coupé par la Drance, ne montre, le long du torrent, que son noyau
triasique. A TEpine, ranticlinal est érodé jusqu'au gypse. La
Société constate la superposition des calcaires et marnes verdAlres
du Trias sur ce gypse. De hautes parois de cailloutis lluvio-gla-
ciaires recouvrent ce Trias. Au Pont-de-FEglise les couches triasi-
ques, redressées jusqu'à la verticale, annoncent le premier synclinal.
En effet, la Société rencontre bientôt le Rhétien et ses fossiles
caractéristiques ; Avicula contorta Portl., Placunopsis alpina
Winkl., Bactryllium striolatum Heer.
Plus loin les couches du Lias inférieur et moyen déterminent un
rétrécissement de la gorge, qui s'ouvre à nouveau au passage des
schistes argileux du Lias supérieur. Ce terrain forme le noyau
synclinal au-delà duquel la série déjà observée se répète en sens
inverse, jusqu'au noyau anticlinal triasique du deuxième pli, au
Pont-de-Bioge.
Le synclinal de la Vernaz attire l'attention de la Société par
deux faits intéressants. Entry le Doggcr et le Jurassique supérieur
apparaissent les couches de calcaires rouges de l'Oxfordien. C'est
un terrain que la Société n'avait pas encore rencontré. A la ^'ernaz
les couches sont exploitées et utilisées comme marbre.
M. Lugeon attire ensuite l'attention sur l'inflexion transversale
très manifeste de ce synclinal, dont le noyau de Jurassique supé-
rieur forme une barre en forme de V largement ouvert. On peut,
dans la coupui'e de la barre jurassique, observer les couches
axiales du synclinal plongeant vers le thalweg. Cette descente des
bancs est accompagnée de plissotements transversaux au plisse-
ment principal ^
L*anticlinal de la Forclaz, qui suit le synclinal de la Vernaz,
présente au centre une grande masse de calcaire du Lias moyen,
qui forme un bourrelet sur les pentes de la montagne. Le Dogger
particulièrement épais est étudié le long de la route. 11 est ici
représenté par le faciès à Zoophycos.
De la route, la Société examine la remarquable succession de
barres calcaires de Jurassique supérieur (jui se présentent en
amont. Elles descendent l'une après l'autre vers la Drance et
I. LuoBON. Recherches sur l'oriji^iiie des vallées des Alpes nceidentales.
Annales de Géographie, Juill. et Nov. kjoi.
Jo8 KXCUHSION DU 8 SEPTEMBRE
remontent le versant opposé. Les deux premières barres forment
le synclinal du Jotty, avec son noyau de Crétacique supérieur.
Nulle part, dans le Chablais, les plis ne montrent une si remar-
quable inflexion syriclinale transverse, accompagnée de l'angle
rentrant si caractéristique des plis. Ici aussi apparaît la disposition
réciproque des anticlinaux largement ouverts et des synclinaux
étroits, pinces. .
Ces barres calcaires du Malm sjont travereées par le tondent
dans des fissures étroites. Au Jotty, d'énormes blocs forment un
l>ont naturel. La Société profite des galeries récemment aménagées
pour visiter la goi^e.
M . Jean Brunhes montre que les deux parois de la gorge de
la Drause sont constituées par un assemblage étonnamment continu
de surfaces intactes, quoiqu' incomplètes, d'anciennes marmites de
géants. Il fait remarquer que c'est un des cas ti*ès nets où la surface
des deux parois, étant conservée telle qu'elle devait être au moment
même de l'approfondissement premier de la gorge, porte un témoi-
gnage irréfutable en faveur du mode d'opérer qui a été suivi pour
cet approfondissement. De part et d'autre on reconnaît, môme par
endroits avec une évidence surprenante, les formes évasées d'une
môme marmite, qui a laissé ainsi sur les parois opposées des formes
qui se complètent. On peut suivre pas à pas et reconstituer l'histoire
et le jeu des tourbillons ; on voit comment plusieurs tourbillons
de petit rayon ont été tout à coup remplacés par un tourbillon plus
puissant, qui a unifié les petites marmites déjà formées : et celles-
ci, à peine discernables aujourd'hui, aboutissent à l'une de ces
marmites énormes, telle qu'on en voit en plusieurs parties de la
gorge ; puis le grand tourbillon lui-môme s'est décomposé en tour-
billons moindres : et la marmite énorme, à la paroi très renflée,
se décompose en plusieurs marmites, qui font succéder des cavités
multiples à la grande cavité. C'est là un tronçon de gorge qu'il
faut rapprocher des goi'ges suisses de TAar, de la Tamina, du
Trient, etc.. La partie d'amont de la gorge de la Dranse est sensi-
blement plus ouverte et plus large que la partie d'aval ; le siUon
creusé par les tourbillons est moins étroit : de là, sur les bords,
quelques types caractérisés de marmites de géants que les tour-
billons ont délaissées avant de les avoir achevées ; ces marmites
présentent généralement dans leurs fonds une protubérance de
forme conique qui est, comme M. Brunhes l'a établi, le signe
distinctif des marmites interrompues.
M. Hrunhes signale encore différents faits généraux, très visibles
EXCURSION DU 8 SEPTEMBRE 709
dans cette goi^e de la Dranse, concernant soit les formes des
parois ou du fond des diverses marmites, soit les matéiiaux qui
ont servi d'instruments aux tourbillons travailleurs.
L'anticlinal de Nicodez rompu jusqu'au Trias arrête Tattention
de la Société avec, le long du chemin du versant droit, sa succes-
sion régulière du Grétacique au Lias moyen.
L'angle rentrant des plis s'exagère dans la partie en amont de
la Baume. En eflet, le synclinal du mont Ouzon donne lieu à une
bande très développée de Grétacique supérieur, qui s'allonge paral-
lèlement à la Drauce et n'est coupée par cette dernière qu'au Pont-
de-Gouvaloup sous le Biot. L'inllexion horizontale du pli s étend
en ce point sur environ deux kilomètres. En même temps, le pli
présente une inflexion synclinale transverse très évidente. Au
mont Ouzon le Flysch s'élève à l'altitude de i5oo mètres, tandis
que, sur la Drance, il atteint 700 mètres, au Pont-de-Gouvaloup.
En amont de la Baume le Fluvio-glaciaire est remplacé par les
moraines formant plusieui*s lignes de collines avec de petites
dépressions centrales. La Drance, gênée dans son écoulement, a dû
se frayer un passage vers la gauche. Son cours surimposé forme
une goi^e au Pont-de-Gouvaloup.
Dans les couches du Grétacique supérieur de la gorge les mem-
bres de la Société récoltent des fragments d'Inocérames et des
Ostrea, ce dernier fossile inconnu jusqu'à ce jour dans ce terrain.
Ija vallée se rétrécit considérablement au-dessous d'Ombre au
passage d'un anticlinal. Il est constaté que les couches portées
comme Néocomien sur la caile au 1/80.000 appartiennent en
réalité au Grétacique supérieur. La goi^e présente un exemple très
net de surimposition glaciaire. A côté de l'ancien thalweg comblé
par la moraine, la Drance s'est creusé une étroite gorge. La
route ne j^eut franchir cet accident que par un tunnel *.
M, Lugeon fait remarquer à ce sujet combien le talent d'obser-
vation des géologues qui examinent successivement une même
région peut progresser graduellement. En 1893, lors du passage
de la Société géologique suisse dans ces parages, ce superbe
exemple d'épigénie, l'un des plus beaux que l'on puisse voir,
n'avait pas été remarqué.
Au Bas de Thex, une énorme masse de calcaire du Malm attire
les regards par son caractère imposant. Les couches verticales
1. Lugeon. Sur la fréquence dans les ^Vlpes de gorges épigénétiques, etc.
Bull. Labor. de géoL Univ. de Lausanne, n» 2, 1901, et Bull. Soc, vaud. Se.
nat, 1901.
Xà Mai 1903. .- T. 1er. BuH. Soc. Géol. Fr. — 46
JIO EXCURSION DU 9 SEPTEMBRE
semblent sortir de terre comme un immense dyke. Cet anticlinal
si aigu, coupé au sud-est par une faille, est la continuation du pli
du mont Chauflë. Il présente ce même caractère de masse très
redressée, qui caractérise la chaîne des Gastloçen. dans les Alpes
friboui'geoises. C'est sans conteste la continuation du même phé-
nomène.
Enfin la Société pénètre dans le vaste synclinal de Flysch de
Saint-Jean-d'Aulph ; en aval s'élève la barre du massif de la Brèche.
M. Steinmann a Theureuse chance de trouver sur un bloc
errant de Brèche supérieure une Huître du type de VOstrea
gregaria du Jurassique supérieur. CTcst le pi*emicr fossile de ce
genre trouvé dans la Brèche du Chablais.
Excursion du 9 Septembre.
I^ course est consacrée à Tétude du fameux pli frontal plon-
geant du massif de la Brèche.
En partant de Saint-Jean, la Société s'élève rapidement sur les
pentes du Flysch, dont les couches plongent fortement du côté de
la barre de Brèche supérieure, que l'on ne tarde pas à travei*ser ; puis
viennent successivement : les schistes aixloisiers, une bande très
étroite de Brèche inférieure, les quarlzites du Trias, le Permien,
et subitement les couches particulièrement froissées de Crétîicique
supérieur. On a franchi ainsi une série de couches presque verti-
cales, qui cependant n'ont pas racine en profondeur, ainsi qu'en
témoigne la coupe que l'on peut faire dans la vallée de Charmy,
près Abondance, où Ton voit ce Crétacique passer sous l'ensemble
de ces couches redressées, et se perdre dans le Flysch qui précède
à l'ouest le massif de la Brèche. C'est donc un pli complètement
retourné, un anticlinal dont la charnière est placée comme celle
d'un synclinal étroit, qui forme ici le front du massif de la Brèche.
La Société s'arrête longuement au col de Brion, où M. Lugeon
explique la coupe visible, une des plus tourmentées qu'offre le
ChablaiSi
La coupe donnée par M. Lugeon dans son ouvrage sur le Cha-
blais (fig. 47 c-)> ^st méconnue exacte. Il y aurait même lieu d'y
ajouter encore une petite bande isolée de Brèche, dans les schistes
ardoisiers du col.
Ainsi, une coupe partant du sommet situé à l'ouest du col de
Brion jusqu'au delà du point 1966 présente la succession suivante :
EXCURSION DU 9 SEPTEMBRE ^II
Brèche supérieare.
Schistes ardoisiers.
Calcaire dolomitiqae da Trias.
Qaartzite.
Gargneule.
Schistes ardoisiers.
Bancs de Brèche.
Schistes ardoisiers.
Permien et quartzites du Trias tritiirés.
Brèche inférieure.
Gargneule.
Crétacique supérieur.
Du col de Brion on domine un cirque torrentiel, dit des Danies-
du-Moulin. I^s quai*tzites ainsi que les bancs isolés de Brèche y
pénètrent. Mais, de Tautre côté du cirque, sur Tarète de la Pointc-
de-la-Come, la structure est beaucoup plus simple.
En superposant les deux coupes, on peut connaître la vraie nature
de cette étrange dislocation (fig. 3).
s.
A
FlysrJi
Fig. 3. — Coupe du j)li frontal plongeant du massif do la Brèche.
Echelle : i/ao.ooo environ.
C, Calcaire doloniitique ou cargneule ; Q, Quartzites du Trias.
On voit que la tête plongeante de quartzites a été complètement
isolée de sa racine. Pour se faire une idée de la genèse d'une t(îlle
dislocation, il est bon de rétablir Tétat qui a précédé celui pendant
lequel la striction si considérable a redressé les couches.
Il y a un intérêt théorique important dans l'étude de cette coupe
du col du Brion. On voit tout d'abord combien la poussée, lors-
qu'elle atteint son paroxysme, tend à redresser verticalement les
jia
1 SEPTEMBRE
couches, puis on voit qu'un terrain qui occupait primitiTement un
plan continu, coinine cela devait éire le cas pour le Trias, peut se
disposer suivant plusieurs plans qui ne paraissent pas avoir de
relations les uns avec les autres ; ainsi des séries perticales peavent
être des séries chevauchantes. En outre, on voit comment des
séries de couches redressées, que l'on considère souvent comme nn
simple régime de plis isoclinaux, peuvent provenir parfois de
dislocutions les plus étranges. Autrement dit une série isoclinale
peut no pas être toujours formée de plis siuqiles cdte à cdhi. Il
peut en être ainsi de séries cristallines très redressées.
_ -f^aiii
Fig. 4. — Pli frontal iln masMr <lc la Brèche a\aiit la lin de t arrêt
ilu iiiouvi-mvnl lie ihevoucliomi'iit (coupe tbi-oriqne).
I^s e X eu i-si on niâtes longent ensuite la masse de ,Brèche infé-
rieuœ aux couches verticales, du point 1966, et retrouvent le
d'étatique supérieur de l'anticlinal qui isole ta région du Pic de
la Corne du reste du massif de la Brèche.
En se dii'igeanl vers le col de L»;ns, la Société parcourt la coupe
complète de la Urèehe inl'érieui-e et des schistes ardoisiers. Les
couches de la Brèche inférieure sont formées [tar des alternances
de lianes de Brèche et de calcaire à Entroques. Dans ces demiera
on rencontre quelques ti'ont.ons de Uélemnites de type Hasique.
M. Lugeon attii'c l'attention sur les nund>i-eux débris de liois sili-
cilié que l'on ti-ouve dans le dernier niveau des schistes ai-doisiers
au-dessus des chalets du 1^-ns d'AuIph, près du col de ce uoiu.
Les l'iiIypierK, que M. Lugeon avait l'amassés sous le Uuc du
'l'avaneuse dans la Brèche iid'érieure, ne sont pas retrouvés, mais
MM. Schmidt et Steininann récoltent, par contre, de ti-ès beaux '
exemplaires de ces mêmes fossiles (Sf>-ti/ia)dans les lapiés de Brèche
supéneuiiî qui s'étendent sous les ruchers d'iMiti-e-dcux-Pertuis ',
I. M. »VDvi)lé BvuH ret'ut-ilL
<jui lui paruisbuienl l'enfermer
Il ce point lies plBijuellcs df ciilcairf ï^iliceux
L'b Iracet, d'ur|[anibiue!> : l'exaiuen de la roche
EXCURSION DU 9 SEPTEMBRE ^iS
I^ Société en descendant sar le lac de Montriond coupe la
Brèche supérieure, les schistes ardoisiei's, et au bord du lac, grâce
à une carrière nouvelle, elle constate la présence de la Brèche
inférieure invisible en ce point jusqu'à ce jour.
M. Reymond demande si le calcaire à Entroques observé hier
après le déjeuner appartient bien au Lias, ce faciès étant dans toute
la région lyonnaise et jurassienne tout à fait caractéristique du
Jurassique moyen.
M. liUgeon répond que des fossiles du Lias moyen ont été
trouvés dans ce calcaire à Entroques des Préalpes : on ne peut avoir
aucun doute sur Tâge de ces couches. Parmi les fossiles récoltés on
peut citer : Lj'tocerasjimbriatiun Sow . , Arietites raricostatus Ziet.
M. Steinmann a été frappé, dans Fétude que la Société vient de
faire des plis des Préalpes, de la singularité que présente le dernier
pli rencontré. Tandis que les premiers plis situés près de la plaine
sont très réguliers, le dernier pli avant la région de la Brèche est
beaucoup plus compliqué : il tient à le faire remarquer à la Société
sans en tirer pour le moment aucune conséquence. Il y a dans le
dernier pli des Préalpes médianes un changement assez brusque
du régime ordinaire des Préalpes, qui ne s'explique pas par le
voisinage de la masse de la Brèche, mais qui prépare en quelque
sorte la région si curieuse de la Brèche.
M. Schmidt voudrait, en laissant de ccHé la tectonique de la
région de la Brèche, s'occuper de la Brèche elle-même et de
sa nature pétrographique. Après les descriptions données par
MM. A. Favre, Schardt et Lugeon, il a été étonné de constater
aujourd'hui que la Brèche est en réalité constituée par une série de
calcaires plus ou moins coralligènes » de calcaires d'origine peu
profonde, ayant englobé des matériaux plus ou moins roulés et
arrondis, provenant de côtes {dus ou moins éloignées. Lorsque ces
éléments font défaut, on voit ajiparaitre la vraie natui^e de la roche,
comme les calcaires noirs à Entroques de la Brèche inférieure, les
schistes de la Brèche moyenne et les calcaires de la Brèche supé-
rieure, rappelant tout à fait le « Hochgebirgskalk » des Alpes suisses.
Tous ces éléments n'ont pas une origine lointaine et sont venus
de tout près, d'un rivage peu éloigné des mers jurassiques.
taillée en plaques minces lui u permis de constater la présence d'un assez
grand nombre de Rodiolaires (voir li.S, G. F., | ^), I, p. /169, 18 nov. it>oO l'hôte
ajoutée pendant V impression].
yi4 EXCURSION DU 9 SEPTEMBRE
M. liUgeon rappelle ce qu il a écrit sur la Brèche du Ghablais.
Pour lui, c'est nettement un faciès côtier et il a déjà déterminé la
position de la côte où s'alimentait la Brèche, vers le nord. Il
remarque que, en tout état de choses, elle n'a pu se former aux
dépens des Préalpes médianes, car certains éléments de la Brèche
sont en effet inconnus dans ces Préalpes médianes. Il ajoute encore
que dans sa description déjà longue il a largement fait mention
des bancs calcaires et calcaréo-schisteux. C'est même l'étude aussi
précise que possible de ces calcah*es, ainsi qu'il a pu la faii^ dans
ce travail de très longue haleine qu'a demandé le Ghablais, qui
lui a permis de déterminer la position du rivage qui, en s'écroulant,
a formé la Brèche. C'est cette étude détaillée qui lui a permis de
réfuter complètement les explications de la formation de ce terrain
qu'avaient données Gilliéron et M. Schardt, qui y voyaient des
« Klippes » entourées de masses détritiques. Les variations de
composition des calcaires ne lui ont pas échappé, quoiqu'elles
paraissent nouvelles à M. Schmidt. L'expression de « Brèche du
Chablais » a peut-être laissé croire qu'il s'agissait d'une immense
épaisseur de terrains exclusivement détritiques, mais M. Lugeon,
en publiant quelques relevés très détaillés et très minutieux de
successions de couches, a montré suffisamment, lui semble-t-il, ce
que ce terme générique de brèche voulait dire. Gette expression a
au moins autant de valeur que celle de « Hochgebirgskalk » de
Ëscher dont se sert M. Schmidt.
Quant à l'âge de cette grande épaisseur de terrain, aucun doute
ne peut plus guère régner. L'ensemble formé par la Brèche infé-
rieure et ses calcaii'es à Entroques, ainsi que leur passage latéral
aux calcaires schisteux et plaquetés, aux schistes, désignés sous le
terme de schistes inférieurs, appartient incontestablement à tout
le Lias, du Rhétien au Lias supérieur. Les schistes ardoisiers sont
probablement du Jurassique moyen et le niveau de la Brèche supé-
rieui'e, parfois exclusivement formée par des calcaires gris com-
pacts, ainsi que M. Lugeon l'a amplement fait remarquer dans son
mémoire, appartiendrait au Jurassique supérieur, à moins que
même encore du Grétacique inférieur n'y soit représenté.
M. Bninhes fait remarquer qu'à sa connaissance aucun fait
d'océanographie n'autorise l'hypothèse d'un transport lointain de
gros matériaux par les courants marins et demande si M . Steinmann
connaît un point des Océans où une roche analogue à la Brèche se
forme actuellement.
EXCURSION DU 9 SEPTEMBRE ^l5
M. Steinmann montre que le phénomène des brèches et des
conglomérats est un phénomène général (|ue Ton peut rencontrer
à tous les niveaux et que, dans aucun cas, on ne connaît le mode
de formation de ce sédiment, bien (ju'il puisse, comme dans le cas
des grès vosg^ens, s'étendre sur des surlaces considérables.
M. Révil fait remarquer que les calcaires à Entroques de la
Brèche inférieure, que Ton a vus en allant du col do Brion aux
chalets de Lens, se présentent avec des caractères analogues à ceux
des roches du Lias inférieur qui se rencontrent dans le vallon de
Roselen, sur le flanc ouest du synclinal dans lequel se termine, par
des pointements nmltiples, le massif amygdaloïde du Mont Blanc.
Il regrette vivement de n'avoir pu assister à la première partie
de rexcui*sion, mais ce qui Ta vivement frappé dans les coupes
des régions visitées pendant les deux journées de course de Thonon
à Saint- Jean- d* A ulph et de cette localité à Morzine, ce sont les difl'é-
rences tectoniques que présentent la région des Préalpes médianes
et celle du massif de la Brèche. Dans la première région les plis
sont très réguliers et rappellent même ceux du Jura, tandis que
dans la seconde les couches ofli*ent des contournements multiples
et des superpositions anormales surtout sur le bord frontal. C'est
ainsi qu'en montant au col de Brion, on a vu les quartzites du Trias
et les couches rouges du Permicn reposer sur le Crétacé supérieur
avec lambeaux de Flysch. Il lui semble qu'il y a là deux zones à
régime bien diflerent et qu'il y aurait lieu de tenir compte de cette
différence — sur laquelle il lui semble qu'on n*a pas assez insisté
— dans toute interprétation destinée à expliquer la nature des
mouvements qui ont pi*oduit les plissements si difliciles à inter-
préter des Préalpes chablaisiennes et romandes.
Séance de clôture du Mercredi II Septembre 1901
PRÉSIDENCE DE M. M. LUGEON, PRÉSIDENT
La séance a lieu à une heure et demie, dans la salle à manger de
l'Hôtel des Balances, à Taninge.
Le Secrétaire donne lecture du procès- verbal de la séance précé-
dente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée.
M. litigeon rend compte des excui*sions des lo et ii septembre.
Excursion du 10 Septembre.
De Morzine, la Société s'élève sur les contreforts morainiques
et ne tarde pas à atteindre les deux pointements des Attraix, .qui
sont étudiés en détail. De là elle se rend par les chalets de Cha-
vannes à la Mouille-Uonde, Tun des plus importants gisements de
roche éruptive.
A partir du Chalet du Tournes, le brouillard force les membres
de la Réunion à modifier pour la première fois le programme. On
abandonne la direction du gisement de serpentine pour longer les
crêtes. Cette variante offre un avantage inattendu. En effet, non
loin du point i5ia, la Société renconti*e un affleurement curieux
dé gros bancs de silex, inconnu jusqu'ici. M. Lugeon pense que
cette roche doit être probablement liée à celles des klippes de
roches éruptives. C'est la pi^emière fois qu'une telle masse siliceuse
est signalée dans le Fiysch du Chablais. Elle abonde par places
dans certains points du Fiysch du Simmenthal.
Aux Bonnes, il est fait une bonne moisson de roches vertes. A
la Rosière, le mauvais temps ne permet pas Tétude détaillée de
Tafflieurement de granité.
Excursion du 11 Septembre.
Les membres de la Réunion visitent les environs immédiats de
Taninge.
Dans le vallon du Foron, ils constatent la présence du Fiysch,
surmonté par le Grétacique et butant par faille contre le Trias du
massif de la Brèclie. Par une heureuse chance, on peut voir, sur
EXCURSION DU II SEPTEMBRE 717
la Awe droite du torrent, à quelques mètres du Crétacique, un
affleurement de Houiller. C'est sous lui que se dirige très nette-
ment le Ci*étacique.
Un peu plus en amont, sur la rive droite, la Société examine les
débris de Houiller amenés au jour par un puits de recherche récent.
On récolte quelques fossiles, en particulier un fragment de tronc
de Calamités. Après avoir constaté Texistence de petites failles
locales qui ramènent le Trias dans le vallon, les géologues se
dirigent vers la butte dite Sur-le-Rocher, pour y voir le quartzile
du Trias et les affleurements de GréUicique. Ces derniers n'ont
malheureusement pu être retrouvés ; ils avaient été constatés en
1893, «et, depuis lors, la végétation les a probablement recouverts.
La constatation de leur existence avait du reste une importance
relative, car la présence du même terrain dans la gorge du Foron
est amplement suffisante pour démontrer, sous le massif de la
Brèche, l'existence des Préalpes médianes à Tétat d'une lame de
faible épaisseur. Au pied du monticule de Sur-le-Rocher, une*
constatation intéressante est faite. Des schistes qui n'avaient pu
être déterminés jusqu'ici, sont nettement reconnus comme appar-
tenant au Lias supérieur (voir Lugeon : La région de la Brèche
du Chablais, schistes S, fig. 33). Ils représentent simplement le
prolongement de la bande du Lias de Matringe-Prèle (Pointe
d'Orchez).
M. Révil demande quelles sont les relations qui existent entre
les faits observés dans la matinée et les faits observés par la
Société dans la zone bordière étudiée précédemment et la zone
ii;^terne dans la vallée de Champéry.
M. liUgeon répond que la zone bordière manque complètement
à Taninge comme d'ailleurs à Bonneville. La zone interne du val
dTlliez a également disparu. Pour lui, le Flysch constaté le matin
serait le Flysch inférieur à la Brèche, comme le prouverait Texistence
sur le Flysch du col de Chatillon, en face de Taninge, de l'autre
côté du Giffre, de klippes de Trias, de Lias et de M alm et m^^nie
d'après M. Douxami, de lambeaux de Brèche du Chablais.
M. Douxami demande quelle est l'origine du Glaciaire constaté
la veille au départ de Montriond et quels sont les rapports de ces
dépôts avec ceux que la Société a déjà étudiés les jours précédents
de Thonon à Saint-Jean-d'Aulph. A propos du Flysch du plateau
des Gets, d'après M. Lugeon, une partie serait du Flysch supérieur
au massif de la Brèche et une partie proviendrait du Flysch infé-
^l8 EXCURSION DU II SEPTEMBRE
rieur à ce massif ramené au-dessus de la Brèche par le charriage.
Il serait intéressant, à son avis, si la chose est possible, de pouvoir
les distinguer : les conclusions, au point de vue de l'origine des
blocs de roches cristallines étudiés par la Société ne pouri*aieut
être les mômes, suivant que ces blocs seraient intercalés dans l'un
ouTautre de ces deux Flysch.
M. liUgeon répond que les blocs de protogine de Morzine
proviennent du glacier du Rhône et signale à la Société Texistenee
d'un bloc de protogine d'origine glaciaire sur le plateau de Flysch
au-dessus de Montriond. Ce bloc a été découvert par M. Tavernicr,
de ïaninge. Il profite de cette occasion pour rendre un )uste
hommage à la mémoire de ce géologue local, qui, le premier, avait
découvert le gisement de granité de la Rosière, dont il avait
compris tout Tintérét et attiré, autant qull était en son pouvoir,
Tattention des géologues sur ce fait.
•
M. Dou ville a été frappé de l'analogie que présente la coupe
de ïaninge avec celles qu'il a pu relever aux environs de Kienthal.
Il signale aussi la grande analogie qu'elle présente avec les régions
de Spiez et du Stockhorn, où la zone bordière et la zone des
Hautes Alpes calcaires viennent se rejoindre sous la région du
Flvsch du Niesen.
M. L. Garez prend la parole en ces termes :
« Au moment de nous séparer, je suis certain d'être l'interprète
de tous ceux qui ont assisté à la réunion, en remerciant chaleureu-
sement M. Lugeon de nous avoir guidés d'une manière si intéres-
sante dans la région qu'il a étudiée avec tant de persévérance et de
succès. En demandant à notre confrère de vouloir bien nous con-
duire dans le Chablais, je craignais d'obéir à un sentiment égoïste :
désireux depuis longtemps de visiter cette région, pour laquelle
tant d'explications dilVérentes avaient été proposées, je redoutais
un peu de ne pas être accompagné par un nombre suffisant de nos
confrères. L'événement m'a heureusement détrompé, et c'est avec
plaisir que je constate l'empressement avec lequel Français et
Etrangers ont répondu à notre appel, sans se laisser rebuter par
les difficultés matérielles d'une excursion en pays montagneux, ni
par l'absence de beaux gîtes fossilifères.
« Dans l'iruvre de M. Lugeon, comme dans toute étude analogue,
EXCURSION DU II SEPTEMBRE 719
fl y a nécessairement deux parties : Tune qui est Texposé des faits
d'observation, Tautre qui cherche à expliquer les phénomènes
ayant amené l'état de choses actuel.
« Pour la première partie, aucune contestation ne s'est élevée
pendant la Réunion ; nous avons tous rendu un hommage mérité à
la sagacité avec laquelle M. Lugeon avait su distinguer les étages
et établir les successions dans un pays particulièrement diiUcilc.
« En ce qui concerne la partie théorique de TœuvredeM. Lugeon,
nous avons pu constater que plusieurs de nos confrères la considé-
raient au début comme n'étant pas étayée de preuves assez nom-
breuses et assez solides ; beaucoup hésitaient à admettre la série
de phénomènes compliqués que nécessite l'explication de notre
savant guide. Mais il m'a semblé que chaque jcmrnée de courses
amenait une ou plusieurs conversions, et que ceux-mémes qui ne
se sont pas encore tout à fait rendus semblent hésit<mts et moins
opposés qu'au départ aux hypothèses qui nous ont été exposées
avec tant de lucidité.
« Pour ma part, je n'hésite pas à dire que, venu avec l'idée que
l'imagination avait joué un grand rôle dans les théories de
M. Lugeon, je quitte au contraire le ('hablais bien convaincu de la
justesse des vues qu'il a exprimées.
« Je vous propose, Messieurs, de voter les plus vifs remercie-
ments à M. Lugeon, mais en même temps de ne pas oublier notice
Trésorier, M. Langlassé, qui nous a iHîndu le service de décharger
notre Président d'une partie de l'organisation matérielle de l'excur-
sion. »
M. Bévily au nom de l'Académie de Savoie, dont il est membre,
et qui a déjà décerné Fun de ses prix au beau travail de M. Lugeon
sur le Chablais, et au nom d(^ la Société d'histoire naturelle de
Savoie, dont il est président, remercie M. Lugeon d'avoir dirigé
une excui^ion aussi intéressante que celhî à laquelle il vient d'as-
sister dans cette région du Chablais où M. A. Favre avait con-
sidéré ses excursions comme une épreuve de patience. Le massif
est en eflet particulièrement dilïiciie à étudier ; il est heureux de
constater, comme vient de le faire remarquer M. le Président de
la Société géologique de France, qu'il n'y a rien à repreiulre aux
observations de faits qui restent entières. Pour les théoric^s, si celle
relative à la région de la Brèche est admise sans conteste, il avoue
qu'il attendra encore de nouveaux faits pour adnïcttre couïplèle-
ment et définitivement celle relative à l'ensemble des Pi'éalpes.
Gomme Savoyard, il félicite tout particulièrement M. Lugeon
JQO EXCURSION DU II SEPTEMBRE
d'avoir choisi pour Tétudier d'une façon aussi complète qu'il Ta
fait une des plus belles contrées de la Savoie, jusqu'ici beaucoup
trop peu et trop mal connue.
M. M. liUgeon remercie vivement MM. L. Garez, H. Douvillé
et J. Ré vil de leurs aimables paroles. II est heureux de constater
que le programme a pu être suivi de point en point, et ses indica-
tions contrôlées par ses confrères de la Société géologique. 11 voit
avec plaisir la grande majorité des excursionnistes partager
ridée du recouvrement des Préalpes. D'autre part, si plusieurs des
membres de la réunion, et non des moins éminents, ne veulent
absolument pas accepter la théorie des grandes nappes recou-
vrantes, il ne pense pas qu'il y ait lieu de s'en étonner. Léopold de
Buch n'a, en effet, jamais voulu admettre la théorie glaciaire : la
théorie des nappes de charriage aura sans aucun doute aussi des
adversaires irréductibles. Mais M. Lugeon estime toutefois qu'il sera
diflicile d'émettre une tliéorie différente expliquant avec autant de
simplicité toutes lès difficultés accumulées dans le Chablais. Il
n'épi*ouve aucune crainte sur l'avenir l'éservé à la théorie du
recouvrement. Déjà des faits nouveaux, d'une simplicité étonnante,
découverts dans les Alpes bernoises, sont inexplicables dans une
hypothèse dilféi*ente ou plutôt ne présentent pas même d'ambiguïté
possible.
M. M. Lugeon tient encore à exprimer ses remerciements aux
savants de France qui lui ont fait étudier le Chablais et l'ont
puissamment aidé, à MM. Michel-Lévy et Marcel Bertrand, et en
Suisse, à son maître, le président honorait^ de la réunion,
M. Renevier.
Après avoir transmis les remerciements de la Société au Secré-
taii'e et au Trésorier, dont la collaboration zélée a aidé au succès
de l'excursion, le Président déclare close la Réunion extraordinaii'c
de 1901.
L
NOTE SUR LE HHÉTIEN ET LE LIAS DU COL DE COUX
(VAL D'ILLIEZ)
liar M. H. PRBISV7ERK >.
Après avoir quitté à Morzine In Socii-lé géologique, le lo septem-
bre, j'ai été étudier, sur les conseils de M. Maurice Lugeoii, l'inté-
rassaat profil du cul de Coux, qui sépiii-e la vallée de la Urance du
Biot, de celle de Oliampcry (val d'IIliez). J'ai pu constater la pi-é-
sence d'un nouveau gisement fossilifère du Itliêtien et du Lias de
la rë^on de la Brt-che du Cliablais.
A la hauteur du col on voit, au sud, les couches du Oétacé et
du calcaire nummu-
li tique des Hautes
Alpes à faciès helvé-
tiques formant un
grand anticlinal boi'-
dé par le Flysch.
Celui-ci plonge fai-
blement au nord
entre Vannez (3i3()
ni.) et B^tun {'j^ii
m.) et forme la dé-
pression du col -, Au
nord du cul, le
Flysch et la masse
exotique dus Préul-
pesTormenluncsuitc
continue monocli-
nale de sédiments ''.
La série de cou-
clies cil l'ecouvivnu'.nt coiniut-nic ici par ihi l'ciiiiifu (Vci-i iiiiiin
et piir les quartzites. Sur ces baltes séli've un escarpcmcnl ilc < ai
gueules et de calcaires dolomîliques recouverts par des siliisti
noii's '. Ceux-ci sont parlleuliêrement bien visibles le long d'u
I. NoU- iasi^rée au Bull<^tiii, pnr ili-i^isiiiii ilii Consi-il.
a. Voir Cui-U' U>iiogrn|ilii<|ac suisse, rciiillf \H'i, cilcirit'i; t;''iili)giinii'iini
par H. LugcoD (Région i<e lu Ui-Mx- du Ciinbluis, pi. VIII).
3. LviiKoN. L^ ri-gioD di' lii Itrècliu du Cliublaïii, lit;. 4u-
4- lu. id., p. 5o. •
, flysLli ; 3, Pcmi
4- Ciirgni'iilc :
THiis; ti, Klii-tii
7Q2 PREISWERK. — SUR LE RHETIEN ET LE LIAS DU COL DE COUX
petit sentier montant du col de Coux sur une arête herbeuse, qui,
du sommet du Vannez (2i36 m.), se dinge vers l'ouest. Dans les
schistes on voit quelques intercalations de calcaires noirs, qui
deviennent de plus en plus abondantes vers le haut. Dans quelques
bancs on voit déjà des brèches ; elles font partie, d'après la carte
géologique au 1/80.000, du niveau des schistes inférieurs de la
zone de la Brèche.
Environ à 10 m. au-dessus du Trias on remarque quelques fines
traces de sections de fossiles dans les bancs calcaires. Ceux-ci sont
particulièrement riches on fossiles sur le côté nord de Taréte, à
quelques mètres au noixl-oucst de l'endroit où le sentier atteint la
crête. IjCS couches affleurent ici sur la pente rapide, débarrassées
de végétation.
J'ai trouvé en ce point de bons exemplaires dWvicula contorta
ainsi que d'autres fossiles nombreux. Je dois à l'obligeance de
M. Karl Strûbin de BAle les déterminations suivantes : Cardium
rhœticum Mer., Anomia Mortilleti Stopp., Modiola minuta
Gldf., Leda sp.
En outre, comme dans d'autres gisements rhétiens de la l'égion,
la roche contient de nombreux Polypiers.
Dans le voisinage j'ai encore trouvé, malheureusement dans des
blocs éboulés, qui proviennent certainement de couches immé-
diatement supérieures au Rhétien, des sections de Bélemnites et
Pentacrinufi tuberculatus Mill., contenus dans un calcaire argileux
schisteux étiré.
Ce gisement de Uhétien et de Lias du col de Coux correspond
exactement a celui décrit par M. Lugeon à Jutteninge, dans la vallée
du GifTre, et au Chalet-Neuf, au nord de Moi^ins. La découverte de
ces couches, qui me paraissent Jfaire partie d'une série bien
continuer, contribuera à étaver la détermination due à MM. René-
vier et Lugeon de l'Age du complexe de la Brèche du Chablais et
à préciser sa division slratigraphique.
LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
DES
ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE
par M. Maurice LUGEON.
(Planciiks XlV-XVri).
SOMMAIUE
Introduction,
I. — Le pourtour des Préalpes, — i. C^onlact des Prcalpcs et des Hautes
Alpes. — a. Contact des Préalpes avec la région molassique.
II. — Les zones tectoniques indépendantes des Préalpes, — i. Amincisse-
ment des Préalpes vers le sud dans le Chablais. — a. La zone bordière. —
3. La zone interne. — 4* Influence des plis des Hautes Alpes. — 5. Réfutation
de Thypothèse de Téventail composé imbriqué. — 6. Existe-t-il trois ou
quatre zones indépendantes dans les Préalpes ?
m. — Les Préalpes n'ont point de racines. — i. Plusieurs faits péremp-
toires, en faveur de Tabsencc de racine du massif de la Brèche, sont du
même ordre que ceux qui servent à démontrer Tabsence de racine des
Préalpes médianes. — a. La racine <le la zone interne. — '\. Les Préalpes
médianes ne peuvent avoir de racines.
IV. — Les grandes nappes des Alpes suisses. Pkénoinènrs semblables à ceux
du Chablais. — i. Quelques mots sur les Klippes. — a. La tectonique des
Préalpes n'est pas propre à cette chaîne ; elle (^st c<'lle de la presque totalité
des Alpes calcaires suisses. — 3. Enchaînement des Préalpes cl des Hautes
Alpes calcaires. — 4* Les plis réguliers des Préalpes médianes sont des
éléments de constitution des nappes de recouvrement. — 5. Les Alpes
calcaires à faciès helvétique sont formées par des nappes, tout comme les
Préalpes : A). Le problème du double pli glaronnais ; B). Les nappes supé-
rieures glarounaises ; C). La nappe inférieure glaronnaise ; D). La nappe
du Falknis ; E). La nappe du Rhâticon et les Alpes de Bavière.
V. — Le mécanisme des grandes nappes alpines. — i. A propos du Flysch.
— a. Les remarques stratigraphiques de M. Haug. — 3. Le mécanisme des
grandes nappes alpines.
7a4 H. LUGEON. — LES ORANDES NAPPES DE RECOtl VREMENT
Introduction
En août 1891. mon maître, M. le professeur Eugèoe Renevier,
de Lausanne, et le professeur Auguste Jaccard du Locle, furent
convoqués dans le Chablais par M. Michel-Lévy, directeur du
Service de la carte géologique de France, pour apporter quelques
éclaii-cUseiiients à un point douteux de la géologie de la région.
Les deux savants suisses dillëi-aient d'opinion sur l'âge des car-
gneules et du gypae, que l'un d'eux considérait comme jurassiques,
tandis que l'autre les attribuait au Trias. De plus, à cette époque,
une autre école plaçait dans l'Eocène les mêmes roches de la même
r^ion.
Du i3 au i5.aoùt la petite troupe, dont je faisais partie, par-
courut les montagnes comprises entre Samoëns et Morzine. Les
observations rassemblées ne réussissant pas à mettre d'accord les
savants suisses, je fus charge d'étudier plus à fond ce problème
dillicile. Go ne fut i»as sans quelques appréhensions que je
m'apprêtais à parcourir une région dont Alphonse Favre disait :
a A l'exception de quelques localités privilégiées, j'ai, en général,
regardé mes excursions en Ghabiais eomme une épreuve de
patience ».
Cette étude fut )inui- moi pleine de sm'prîses.
M. MichcI-lA'vy venait de décrire les pointemenls de roches
éruptives des montagnes des (îets ■, au centre d'une immenee
cuvette de Flyseh, dans une position des plus étranges. Cette
même année (1891), je réussis ù subdiviser les grandes masses des
Brèches, substratuni de ce Flyseh ; puis, en 189a, vint la décoaTerte,
en compagnie de M. Mai'cel Bertrand, du Grétacique sons le Ga^
boniférc de ïuiiiiige. et quelques semaines plus tard je pouTBia
constater la disparititm des Hautes Chaînes calcaii-es sons les J
Pi-éalpes. Le» idées do Suess pénétraient à ce moment en France;
comment ne pas songer à U's appliquer, armés comme nous l'étions
de faits si nouveaux? - Les pointementscniptife des Gels n'étaicnt-
ils pas les débris, les sommets écrasés et étiré-s d'nn korall Dans
les lemps jurassiques ce mOle n'aurait-il pas formé, par écroule- M
I. MiciiKi.-Lâvv. Ktuile sur If s puiiittiiiiiita <te roclius cristullim:» ijoi aplM- ^
rniiisient au uiilico du ChaUBiE, dis CetH nu-v Kenils. B. S. 11. G. F., ti> aj- <^-
•j. M. LutiHON. Hégion cumprisi^ i-ntri^ la partie moyenne de la voUée du
riiirru et le haut des valléi's de Ucllevaux et du Biot {Uautc^voioV B. A.
«. F.. (3), XX, p. 334.
DBS ALPKS DU CHABt.ArS RT DE LA SL'ISSE 73S
ment, cette grande niasse de Brèches qui semblait l'i-ntourci'? Et.
lors de le poussée alpine, le liorst hercynien IVirniant buttotr
n'aurait il pas torcê les chaînes du Chablats à se mouler sur lui,
«lors qu'il se déversait sur les Hantes Alpes? Telle fut une pre-
mière conception thé»ri(|ue.
Snrces enti-efaites, M. MarrcI Bertrand ' avait <^tudié la mon-
tagne la plus occidentale du Chahlais, le MiMe. File constituait
pour lui la prolongation des plis des Hautes Alpes calcaires de la
rive gauche de l'Arve. C'était, scmhlait-il, un exemple grandiose
d'une de ceBgiimdcs « Sc/iaarang-o, d'un de ces grands angles ren-
trants des plis, semblable à celui signaK' par M. Suess dans les
montagnes de llnde. Déjà en 1884. M. M. Bertrand ' avait émis
l 'liypothi'-se des énormes masses de recouvivmeut poussées de l'inté-
«rieur des Alpes vers le nord. Son étude sur le MiVle. dominée par
l'idée du rebrousscment des plis, ne lui apporta cependant aucun
^i^ument en faveui-de sa prennëre conception. Il en résultait pour
moi une plus grande conlîance dans l'hypothèse du Horst,
En 1893, mes recherches ne firent que démontrer l'élrangeté
d'allure de ces montagnes. Partout, sous la grande nappe du massif
tiHaso-jurassique de la Brèche, je trouvais le Flysch! Alors le
Cttuieux horst liercynieti avait-il non seulement résisté à la [loussée
Mlpine, mais encore forcé son enveloppe à se dévei'scr de tous les
côtés ? Certainement, les laits étaient bien dém<mstriilirs. Et,
c^omme, en i8g3, la Société géologique suisse lit une course dans
l« Chablnis, dont j'eus la dii-ection pendant quati-e journées, il
laliut bien essayer de donner une théorie et c'est aloi-s que l'ut
^iiiise l'hypothèse du pli à déversement périphérique, dont la con-
c^cption devait me poursuivre dans la suite -'. Ke célèbre pli en
cliainpignon semblait avoir pour lui bien de la vrai se m h lance,
puisque je pensais montrer, dans le val d'Illicz, un double pli,
analogue il celui de Glaris, alors « peu près inrontestt-. Kn pn'^scn-
tant cette hypothèse h la réunion du la Société helvétique à Lan-
«anne, j'avais indiqué, sans la discuter, une hypothèse que M.
Marcel Dertrand m'avait signalée verbalement, pendant tme conrlo
halte, au clutlet de Lens d'Aolph : « un jour l'on dira pent-Ara
1 le maasif de la Brèche est un lambeau de reconTroneiit an
dus grund que d'autres ••. L'invr-aisemblance de cette oplnJiM
7^6 M. LUGEON. — LES CiftANDES NAPPES DE REGOUVREMBNt
m'avait fait développer avec d'autant plus de force l'hypothèse du
pli circulaire. Je pus convaincre alors M. Schardt de l'âge juras-
sique de la Brèche du Chablais.
En novembre iSgS, inspiré par ITiypothèse de 1884 de M. Marcel
Berti*and, connaissant sans doute les résultats principaux de mes
études tectoniques, car j'avais été le premier à donner une vue
d'ensemble d'une des unités tectoniques préalpines, M. Schaixlt
amplifia en la développant l'hypothèse des grandes masses recou-
vrantes. Il s'appuyait sur les faits nouveaux que les géologues
alpins avaient accumulés depuis 1884. Toutes les montagnes du
Chablais sont les restes les moins morcelés d'une immense nappe
de charriage K M. Schai^lt abandonnait ainsi complètement Thypo-
thèse qu'il venait d émettre - en 1891 et iSqS.
La géologie du Chablais entrait dès cette époque dans une phase
nouvelle.
La conception de la nappe recouvrante me parut d'abord
inadmissible. Comment abandonner du jour au lendemain l'hypo-
thèse qui paraissait la plus simple ! Mais déjà après la campagne
de 1894* je ne doutais plus de l'absence de racine sous le massif de
la Brèche et je présentai alors une hypothèse intermédiaire ^. De
cette théorie peut-dtre trop délaissée dans la suite, quelques lignes
d'ordre stratigraphique méritent d'être prises en considération.
En 1895, de retour d'une campagne dans les montagnes exotiques
des Annes et de Sulens, en Savoie, j'étais à peu près convaincu
du recouvrement général des Préalpes supei*posées à des terrains
plus jeunes qu'elles. Les faits observés dans ces klippes avaient
seuls amené une conviction que les arguments alors trop incom-
plets de M. Schardt n'avaient pu étayer jusqu'à ce jour ♦.
En rédigeant mon mémoire sur le Chablais pendant Tannée 1896
(les planches ont été dessinées en 189.4*189^^ ^ une époque où. je ne
croyais pas à la possibilité du charriage), je m'aperçus que tous les
faits étudiés étaient décidément contraires à l'hypothèse du pli
circulaire ou de Téventiiil imbriqué.
I. H. Schardt. Origine des Préalpes romandes. Eclogse geoL Helv., IV,
p. 149, 1893.
9. H. Schardt. Excursion de la Société g^ol. suisse, etc. Eclogx geoL Helv,,
II. p. 528, 1890-1892. — Id. Coup d'œii sur la structure géologique des envi-
rons de Monireux. BalL Soc. oaud. Se. naLy XXIX, p. a4i, 1893.
3. M. LuoBON. Sur l'origine des Préalpes romandes. Bull, Soe. vaud. Se.
nat.^ XXXI, p. XXX, 1895.
4. Je n'ai eu communication d'aucun document inédit provenant de
M. Schardt ; il m'a remis seulement quelques échantillons de roches de la
région même que je venais d'étudier, ce qui n'était guère de nature à exercer
sur mes opinions une action décisive.
DBS ALPES DU GHABLAIS ET DE LA SUISSE 'ja'J
L'idée première du horst a donc été pour moi utile, ce fut une
garantie, psychologiquement expérimentale. Ces faits, qu'une idée
préconçue aurait pu dénaturer, venaient, au contraire, à l'appui de
l'hypothèse des grandes nappes charriées, lorsque j'essayais pour
la première fois d'en faire une synthèse complète. Les faits tecto-
niques surtout ont fait ma conviction, tant leur valeur est supé-
rieure à celle des arguments stratigraphiques. En terminant mon
ouvrage *, où j'ai cherché à faire preuve de la plus grande impar-
tialité, ma récapitulation fut influencée par l'autorité de mes
maîtres de France. Ayant vu en trois années se succéder tant
d'hypothèses et considérant ce (|u'il restait encore à faire pour
étayer solidement Thypothèse du charriage. Je n'ai pas osé conclure.
Quelques mois plus tard, après avoir pesé tous les arguments, je
devenais et j'allais rester un défenseur fervent de la théorie des
déplacements à distance de fragments de la couverture sédimen-
taire de l'écorce terrestre *. Depuis, ma conviction n'a fait que se
consolider. Ainsi, dans ces quelques années, la géologie alpine a
évolué avec une rapidité i*appelant celle des temps où, dans un
autre ordre d'idées, Buckland et Brongniart pénétraient dans les
Alpes et où Studer faisait ses premières campagnes.
Aujourd'hui, après cinq ans de nouvelles recherches dans les
Alpes, je pense être à même de modifier la théorie que j'ai déve-
loppée, ou, pour mieux dire, je crois pouvoir en proposer une
autre, dans laquelle le problème du Chablais n'est qu'un des fac-
teurs. Ce n'est plus une partie du versant septentrional de la chaîne
alpine qui a marché vers le nord en grandes nappes, c'est presque
Tensemble du versant qui regarde le nord qui est charrié. Je vais
essayer de développer dans ces pages la thèse suivante : i° le front
nord de la chaîne alpine, de VArve à Salzhourg, est formé par de
grandes nappes superposées, qui couvrent complètement le vrai
front autochtone caché en profondeur : 2' le phénomène des
grandes nappes se propage dans les régions prof ondes des gneiss.
Je ne considère ce travail que comme une note préliminaire. II
est peu probable que je puisse donner la synthèse définitive, mais
j'espèi'e ouvrir ainsi une voie nouvelle à mes successeurs.
I. M. LuGBON. La région de la Brèche du Chablais. B. S. C. G. F,, VU,
n» 49. 1895-1896.
a. M. LuoBON. Les grandes dislocations des Alpes de Savoie. BuU. Soc.
iWuL Se. nat, XXXII, p. xxvu, 1896.
72l8 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
I. — Le pourtour des Préalpes
Là où les Alpes subissent leur grande courbure qui, de la
direction française sud-nord, les amène dans la direction suisse
ouest-est, un ensemble montagneux, tout autre par son aspect que
ceux qui l'avoisinent, dépasse en deux saillies concentriques la
ligne irontière assez régulière de la grande chaîne. Ces bourrelets
proéminents, localisés entre l'Arve, le Rhône et TAar, constituent
les Préalpes : d'une part les Préalpes du Ghablais et d'autre part
les Préalpes suisses.
I. — Contact des Préalpes et des Hautes Alpes
Si vers Textérieur Tétrangcté de cette zone du Ghablais apparaît
au premier coup d'œiU il en est encore de même dans Tintérieur.
Une ligne de cols très bien marqués sépare les l^réalpes des
Hautes Alpes calcaires. Celles-ci, qui forment le front des Alpes,
aux deux extrémités des Préalpes, sont relayées par celles-là et
s'étendent en arrière d'elles. Presque partout, sauf en aidant du
massif des Diablerets, les plis des Hautes Alpes disparaissent
sous les terrains plus anciens des Préalpes. Les deux zones en
présence diilèrent non seulement par les terrains qui les consti-
tuent, mais encore par les dislocations qu'on y découvre. Deux
geni*es de faciès sont en présence, deux styles tectoniques se font
vis-à-vis. Tous les auteurs sont d'accoixi sur ce point. Le problème
stratigraphique et le problème tectonique de cette dualité deman-
dent à la fois une solution. Cherchons tout d'abord à résoudre les
questions i*elatives aux dislocations, et délimitons maintenant,
dans ce sens, le d<miaine préalpin.
Malgré la position singulière des Diablei*ets, on peut établir une
première loi : Les plis des Hautes Alpes calcaires disparaissent
sous les Préalpes.
Marchons de la vallée de l'Arve vers celle de TAar. L'anticlinal
droit de Cluses, appartenant au i^gime des Hautes Alpes, s'enfonce
sous le Flysch de la prolongation noixl du Désert de Plate. Or,
directement sur le Flysch qui recouvre ce pli, s'étendent des lam-
beaux de terrains plus anciens de Trias, appartenant au massif du
Chablais. Ainsi qu'il résulte des travaux de Maillaixi, de M. Ritter
et des miens, ce pli semble ressortir à Barmaz dans la vallée de
Champéry. Entre ces deux points, le pli du Bostan s'enfonce, près
de Samoéns, sous la masse de la Brèche du Chablais (fig. a^
pi. XIV). Dans la vallée du Rhône, le phénomène est d'une ampleur
DES ALPKS UD C
LAiS ET DE LA SUISSE
grandiose. Sous les masses triaso-jurassiques de Tréveneusaz, on
voit sortir deux plis des Hautes Alpes, à CoUombey et à Muraz
(fig. I. pi. XIV).
Il
II
a 3
" I
1= o
g - o
I , V
Le phénomène si simple jusqu'ici, se complique enti-e le Rliône
et les Diablerets.
En complétant en un seul point la cai-le de M. Renevier '. nous
pouvons cependant nous assurer <lo sa continuité.
I. CetU description peut être suivie sur la l'cuilte XVU, au loo.ooo-, de la
Cut« géologique iuisse, légèrement modifiée comme suit ; Dans la grande
^So M. LITOEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
Je tiens, avant d'aller plus loin, à rendre un juste et légitime
hommage à mon maître, Fauteur de la Monographie des Hautes
Alpes vaudoises. Les déductions nouvelles qui vont être déve-
loppées, je les dois au travail de M. Renevier, tant à son livre,
qu*à sa carte au i/5o.ooo. Sans ces œuvres, où les faits ont été
accumulés avec une grande impartialité, il ne m'aurait pas été
possible de définir si rapidement les dislocations d'ensemble de
ces montagnes.
Dans la région des Alpes de Bex, les Préalpes sont limitées par
une écaille de Néocomien à Céphalopodes, reposant sur le Flysch
des Hautes Alpes. La superposition est évidente dans les collines
de Chiètre, où le montiôule de la Tour du Doin, constitué par ce
Néocomien, repose sur le Flysch, en formant un petit lambeau
isolé (fig. i). Ce lambeau n'est qu'un fragment de l'écaillé qui
remonte jusqu'aux hauteurs de Javemaz. Lorsque l'on est placé
sur les collines de Ghièti*e, on voit très bien le flanc normal infé-
rieur du grand pli couché de Morcles former un grand genou sous
le Flysch qui supporte Fécaille.
Si maintenant nous étudions une coupe un peu plus interne
(fig. 2), nous constatons que le grand pli couché de Morcles s'est
abaissé considérablement. Le Fl}'sch du noyau synclinal a dis-
paru ; il est caché dans la profondeur, et en avant de la charnière
du pli couché, charnière si admirablement visible dans Tarète
d'Argentine * , nous continuons à constater le repos du Néocomien
étendue de Néocomien qui est au nord du massif de la Dent de Morcles, de
même que dans celui qui forme les collines de Chiètre (collines isolées dans
la vallée du Rhône, entre Lavey, Chatel et Bex), il y a lieu de prolonger la
bande de Flysch, qui longe le pied d'Argentine et passe par Ausannaz, jusqu*à
la Rosseline et de là par les ravins qui descendent sur Chatel, jusqu'aux
collines de Chiètre. Cette bande de Flysch sépare donc complètement les
terrains des Hautes Alpes de ceux des Préalpes (Voir E. Rbnbvibr. Mono-
graphie des Hautes Alpes vaudoises, p. 4^1, 4^a). La description peut être
aussi suivie sur la Carte géologique des Alpes vaudoises à i/5o.ooo, par
M. Rbnbyibr.
I. C'est le fameux phénomène que M. Renevier a décrit sous le nom de
torsion hélicoïdale des couches, parce que les couches sont renversées sous
le Lion d'Argentine (Rbnrvibr, loc- cit., coupe n' 9), verticales plus loin et
normales au col des Ëssets, sous la tour d'Anzeindaz. La torsion hélicoïdale
n'est qu'une apparence trompeuse due à l'érosion, qui a coupé la charnière
obliquement à sa direction. Si l'on prend une ligne oblique à l'axe du pli, on
peut évfdemment croire à la torsion, mais si l'on a soin de suivre une ligne
qui soit un lieu géométrique par rapport à l'axe du pli, c'est-à-dire une paral-
lèle à cet axe, on s'aperçoit qu'il n'y a pas torsion. M. Renevier s'est expli-
qué plus tard à propos de ce plissement : « L'aflleurement urgonien présente
ainsi une apparence de torsion hélicolde qui résulte de l'obliquité des plis
par rapport à l'érosion. » (E. Rbnrvirr. Excursion de la Soc. géol. suisse
dans les Alpes vaudoises, p. 91).
SKS ALPES DU CHABLAIH ET DR LA PUISSE ^31
k Céphalopodes sar le même Flysch ou le Nummulitique des
Hautes Alpes. Une coupe
nn pea plus interne €
nous montre cet enfouisse-
ment graduel du pli de
Mordes : on ne voit plus à
la surface da sol que le
Jlaiic normal supérieur du
pH (coupes 6 et 7 de M.
fleiievier). Ce flanc nor-
mal est lai-mfime plissé
par des plis de forme
jarassienne ayant déjà une
assee lai^e amplitude. Ces
plis ont longtemps caché
la vraie nature du plisse-
ment profond, qui est tou-
jours le grand pli couché
de Morcles, peut-être plus
atténué , mais toujours
existant(Gg. 3, coupe AA).
Les études de M. Ritter <
nous ont montré que le
grand pli couché de la
Dent du Midi ne s'étei-
gnait pas si rapidement
qi^'on le pensait vers le
sod-ouest. Il en est de
même du pli de Morcles
▼ers le nord-est. Il n'est
pas remplacé, ainsi que le
pense M. Haug -, par une
série de plis droits. Ceux-
ci ne sont que des acci-
dents de la couverture du
pli principal, qui reste le
grand pli couché de la
Dent du Midi-Dent de
I. E. RiTTBH. La bordure
tad-oaest da Moiit-Blnnc. B. P
S.C. G. F.. IX, iSiB-iSge. '
». Haco. Etude sur la lectoiiique lira Alpei
RUissM. n. S. G. F., Ci), XXIV,
73'J M. LUGEON. — LKS GRANDES NAPPES DE RECOtJVREMENT
Mordes. L'écaillé de Néocomien à Céphalopodes repose donc
tour à tour sur le flanc normal inférieur du grand pli (fig. i ), c^st-
à-dire forme pour ainsi dire son noyau synclinal, puis en avant de
la charnière, enfin à la Tour d'Anzeindaz et plus loin, sur le flanc
normal supérieur ! (fig. a). La loi du repos anormal des Préalpes
sur les Hautes Alpes ne présente donc en avant du massif de
Morclcs aucune exception.
Cependant, sur l'écaillé de Néocomien à Céphalopodes s'étend
le grand massif des Diablerets, qui relaye le massif de Mordes.
Nous devons cette notion du relayement à M. Haug. C*est lui qui
a signalé pour la première fois l'importance de cet accident consi-
dérable, en se basant sur les faits accumulés avec beaucoup de
rigueur par M. Renevier. Mais mon explication diflière de celle
donnée par mon savant collègue * . J'ai déjà indiqué très sommai-
rement ma manière de voir -. Je vais la développer plus ample-
ment, afin de montrer que le repos anormal des Préalpes est
indiscutable.
Là encore ce sont les érosions qui viennent troubler la nature
pourtant si simple du phénomène. M. Haug a voulu voir dans les
Diablerets des plis à direction N.E.-S.O., déversés à l'ouest sur le
massif de Mordes ; celui-ci — je viens de le faire voir — doit être
considéré, dans son ensemble, comme un grand pli couché, agré-
menté de plissements secondaires de la carapace du flanc normal
supérieur. Pour moi, le massif des Diablerets forme dans sa
totalité un grand pli couché^ de la même nature que celui de
Mordes et simplement superposé à ce dernier.
Sur le grand pli couché de Moix^les et de la Dent du Midi il a dû
exister un deuxième pli tout aussi considérable, mais il a été entiè-
rement détruit par l'érosion. Comme le noyau cristallin de la
prolongation des Aiguilles-Rouges, sur lequel repose le pli de
Mordes, s'enfonce vers le nord-est 3, sitôt que les altitudes devien-
nent assez basses, la masse du pli supérieur occupe alors la surface
du sol, couvrant complètement et définitivement le pli inférieur,
et corner ant en même temps avec ce dernier V écaille de Néocomien
à Céphalopodes, ainsi que l'a du reste très justement i*emarqué
M. Haug.
Etudions cette question en détail :
I. E. Hauo. Etude sur la tectonique des Alpes suisses. B.S, G% F., (3), XXIV.
'A. LuGBox. Recherches sur Torigine des vallées des Alpes occidentales.
Annales de Géographie, vol. X, p. 41 5, 189 1.
3. If)., id., pi. 37, p. 414.
'^ DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE ^33
M. Uaag, dans la carte tectonique qui accompagne son travail,
se basant sur les travaux de M. Renevier, l'ait décriit* aux char-
nières des plis des Diablerets des sinuosités à concavité dirigée
vers l'est.
Appuyons-nous sur ces mêmes travaux.
La direction vraie du synclinal de la Pointe de la Houille est à
peu près S.O.-N.E. En ellet, en examinant la grande paroi des
Diablerets qui domine Anzeindaz sur la photographie de l'ouvrage
classique de M. Renevier ', on voit cette paroi orientée ouest-est,
à peu près comme le pli. Si celui-ci est déversé vers le nord, sa
charnière doit être, cela est évident, coupée très obliquement par
la paroi; c'est ce que Ton constate d'ailleurs en examinant la lon-
gueur de l'allleurement de l'Urgonien de la charnière. De quel côté
le pli se continue-t-il, sinon vers le sud-ouest, c'est-à-dire au-dessus
du massif de Morcles? Or M. Haug admet que ce pli a une dii*ec-
tion nord-sud. D'où peut provenir une telle différence d'interpréta-
tion? M. Haug se base sur une coupe de M. Renevier (cliché 124»
p. 21 1 ; reproduit par M. Haug, fig; 4)^ où l'on voit le pli en question
déversé non seulement \ers l'ouest, conmie le voudrait M. Haug,
mais même vers le sud. A cette interprétation des coupes de
M. Renevier opposons M. Renevier lui-même ; dans la coupe 5 de
son ouvrage, il dessine ce même pli très nettement déversé et même
plongeant vers le nord. Ce cliché est le résultat d'une double erreur
graphique, très excusable, (jui a échappé à l'auteur, celui-ci n'ayant
guère eu en vue par ce croquis, ainsi qu'il résulte de la lecture
du texte, que de fixer exactement la position des couches fossili-
fères. Si l'on essaye de faire la même coupe nord-sud, on constate
que le pli s'ouvre au nord, puisque lu charnière synclinale se trouve
dans la paroi qui regarde vers le sud ! (voir la photographie de
M. Renevier). De plus, l'erreur est double, comme je l'ai dit plus
haut, car l'auteur ajoute dans ce même cro({uis un anticlinal couché
vers le sud. Or, si dans sa coupe n" 5, M. Renevier ne .se prononce
pas sur ce point, la photographie citée plus haut nous enlève toute
incertitude. Ne voit-on pas à droite un anticlinal de Malm coupé,
grâce à un contrefort (voir la carte géologique des Ali)es vaudoises
au i/5o.ooo), transversalement à sa direction ! Or c'est vers le nord
que regarde exactement cette charnière. Où pouvait donc se con-
tinuer ce pli, sinon vei*s l'ouest, c'est-à-dire par dessus le massif
de Morcles ? L'on pourrait faire le même raisonnement avec le
petit synclinal de Culan, avec l'anticlinal de Cliatillon et du Coin
I. E. Rbnbvier. Monographie des Uautes Alpes vauduises, PI. II.
^34 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
(iig. !à). Cela suflit pour démontrer que les plis de la Ldzerne
(Mont Gond) ne sont pas déversés vei»s Touest, que ce ne sont pas
de simples anticlinaux déjetés, mais que c'est Tensemble d^un très
grand pli couché vers le nord-ouest, formant toute la masse des
Diablerets. La Lizeme a coupé le pli par une vallée descendant
suivant une ligne à peu près parallèle à la ligne de plus grande
pente de la surface moyenne du grand pli couché. C'est une vallée
transversale d'un genre spécial. Elle s'écoule en entamant les plis
de la nappe supérieure du grand pli couché de Morcles, dont le
noyau synclinal est caché en profondeur, en tranchant en même
temps entièrement, dans sa partie supérieure, toute la nappe des
Diablerets, du Flysch au Trias, parallèlement à la direction de
poussée. C'est donc une vallée à la fois transversale et monoclinale !
J'ai montré que c'était là la disposition générale des vallées alpines
dans les grands plis couchés K Partout semble régner la même
liarmonie dans ce dédale apparent des Alpes. Et de même que
l'on pourrait, dans la vallée de l'Arve, construire les courbes de
raccord des plis (« Luftlinien )>) transversalement à la vallée, si Ton
ne possédait pas les importants travaux de M. E. Ritter, de même
pourrait-on commettre la même eri*eur dans le cas qui nous occupe.
De cette démonstration, montrant que la charnière du noyau
jurassique du pli est tournée vers le nord-ouest, il résulte que
tout le pli a été poussé vers le nord-ouest.
Ainsi la masse des Diablerets forme bien un grand pli couché
superposé à celui de Morcles (fig. 3).
Quand j'aurai terminé l'étude des Alpes qui s'étendent des Dia-
blerets à la Kander, je donnerai de ces faits une démonstration
absolue, si la couHe esquisse ci-dessus laisse encore subsister des
doutes.
Aux Diablerets, du reste, nous retrouvons absolument les mêmes
allures tectoniques que celles qui ont été décrites par M. Ritter
dans le Mont Joly. Le grand pli couché des Diablerets n'est peut-
être que la réapparition du pli VI de M. Ritter, pli supérieur au pli
de la Dent du Midi-Dent de Morcles ; ce pli VI « très manifeste
sur les deux vei*sants du massif de Plate, disparaît plus loin au
nord-est, enlevé par l'érosion » -. C'est lui, ou son homologue, que
nous retrouvons dans la nappe des Diablerets, sitôt que les alti-
tudes de la grande zone d'abaissement des plis entre les massifs
des Aiguilles-Rouges et du Finsteraarhorn sont devenues suffisam-
I. LuGEON. Recherches sur Tofigine des vallées des Alpes occidentales.
Ann. de Géographie, p. 4oî), 1901.
a. K. Ritter. Le inussif du Haut Giirre. B. S. C, G, F., t. X, p. ai, 189B-1899.
DS8 ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 786
ment basses pour qu'il ait été respecté par l'érosion. Ainsi la
complication étrange qui se présente dans le contact des Préalpes
et des Hautes Alpes, dans les environs des Diablerets, s explique
facilement si Ton fait intervenir le grand pli couché qui n'avait
pas encore été défini jusqu'à ce jour.
Ce pli pénètre comme un coin dans la partie interne des Préal-
pes (fig. a). A Anzeindaz, en eflet, le Néocomien à (Céphalopodes
s'enfonce dans la direction de la grande paroi des Diablerets, tandis
qu'à Taveyannaz le Dogger repose sur les grès verts éocènes.
C'est donc grâce à la grande entaille du Pas-de-(Che ville, due à
l'érosion, que nous pouvons à la fois connaître Texistence du
grand pli couché des Diablerets et la pénétration si profonde sous
ce pli des Préalpes, représentées ici par l'écaillé de Néocomien à
Céphalopodes. Plus à l'ouest, è Sei*gnenient, les grès de Taveyannaz
du Nummulitique reposent même sur une écaille de Trias.
Si cette profonde dépression du Pas-de-Cheville n'existait pas,
rien, à la surface du pays, ne nous indiquerai! l'existence de la
grande nappe des Diablerets, de même que rien à la surface du
flanc normal du pli de Mordes, lorsqu'il disparaît sous le pli des
Diablerets, ne nous révèle l'existence de sa continuation en pro-
fondeur. Nous n'y voyons que des plis simples, à peine déjelés,
même droits. Ce n'est qu'au delà de la grande zone d'abaissement,
d'ennoyage des plis, lorsque celle-ci se relève en avant du Balm-
horn, que l'on peut espérer voir ressortir le pli de Morcles. Dans
quelques années je serai à même, je l'espère, de m'expliquer sur
cette hypothèse, qui peut paraître aujourd'hui hasardée. Elle se
base sur des données intéressantes, que je possède déjà, mais elle
a surtout pour elle l'appui que lui donne la pei'sistance du phéno-
mène des grands plis couchés, amorcé pav M. Ritter dans le Mont
Joly et que je poui^uis jusqu'à la Kander.
Ainsi que le montre la (igure 3, la charnière du pli des Diable-
rets dépasse de beaucoup celle du pli de Morcles. Nous verrons
plus tard Y importance considérable de ce fait.
Mais ce n'est pas tout ; lorsque l'on observe les ])arois du (lanc
droit du grand cirque du Creux de Champ, situé en avant des
Diablerets, on voit un grand pli couché de Néocomien, dans le
noyau duquel est taillé le Sex Rouge (fig. 3, coupe R). M. Renevier
a très nettement dessiné, sur la carie, ce pli ', qui, au premier
abord, semble faire partie de la nappe des Diablerets, connue une
sorte de pli supérieur un peu plus avancé. En léalilé, ce n'est
I. Rbnkvibr. Monographie des Hautes Alpes vaudoises, cliché 40, p- ^CG.
^30 M. LUGEON. LES GUANUES NAPPES DE RECOUVREMENT
point le cas. En effet, si TUrgonien renversé de ce pli devait
rejoindre Tune des bari'es nrgoniennes de la paroi nord des Dia-
blerets, ce ne pourrait être que celle qui couronne le sommet de
cette dernière montagne. Or il ne peut en être ainsi, puisque les
Diablerets, au lieu d'être recouverts par du Néocomien, ce qui.
dans cette alternative, serait indispensable, présentent au contraire
des lambeaux de Nummulitique (au sonmiet et à la Tour de Saint-
Martin). Ainsi toute la masse du Sex Rouge forme la tête anti-
clinale ou, si Ton veut, le pli frontal dune troisième nappe
superposée à celle des Diablerets !
(iOmme cette dernière, comme celle de Morcles, cette nappe ne
se révélerait pas à la suvface du pays, si de profondes entailles ne
nous démontraient son existence. Les coupes du Sanetsch publiées
par M. Renevier ne montrent en eflet que des plis déjetés, analo-
gues à ceux que montre la carapace, c'est-à-dire le flanc normal,
des nappes des Diablerets et de Morcles. Cest le Creux de Gbamp
qui, entaillant si profondément la montagne, nous dévoile sa
curieuse structure. Les plis du Schlaucbkom, du Sanetsch, et, plus
loin, les plis du Wildhom et du Wildstrubel ne sont que les détails
superficiels d'une nappe de recouvrement considérable.
Où s*amorce la troisième nappe dont nous venons d'établir
Texistence ? C*est dans le Mont Gond que nous trouvons le noyau
jurassique. En effet, le Nummulitique et TUrgonien, qui forment
le coui*onnement des Diablerets et les lapiés de Zanfleuron, dispa-
raissent tour à tour, près de Miet, sous le Néocomien du Mont
Gond. Ce terrain i)assait donc au-dessus des Diablerets pour
rejoindre le pli plongeant du Sex Rouge (Gg. 3, coupe B). La
démonstration est encore plus rigoureuse si nous suivons le
Néocomien du Sex Rouge par rOldenhom, le Sanetschborn, le
col du Sanetsch, pour le poursuivre jusqu'au Mont Gond. Il y a
toujoui*s continuité.^ Or, dans la dépression que représentent les
lapiés de Zanfleuron, entourés de montagnes néocomiennes, nous
trouvons le Nummulitique reposant normalement sur TUrgonien.
Ceci serait inexplicable si le grand pli couché dont je pense avoir
établi la réalité n'existait pas.
Nous avons vu que la nappe des Diablerets dépassait celle de
Moreles ; celle du Mont Gond- Wildhom dépasse à son tour celle
des Diablerets. J'insiste dès maintenant sur la régularité de ce
« déferlement » vers le nord, toujoui*s plus accusé au fur et à
mesure que nous montons dans les nappes supérieures. Nous en
tirerons- bientôt un argument d'une puissance considérable en
faveur de Forigine lointaine des Préalpes romandes.
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 787
A partir du Creux de Champ, c'est la nappe du Mont Gond qui
vient en contact avec les Préalpes. Cette disposition ne cesse plus
jus€[ue dans la vallée d'Adelhoden et sans doute jusqu au lac de
Thounc. La nappe s'enfonce sous les Préalpes avec une l'égularité
qui ne laisse aucun doute sur sa nature. M. Quei*eau * l'a montré
dans la vallée de la Lenk. Je Tai indiqué aussi dans mon ouvrage
sur le Chablais et j'ai, en outre, mentionné (jue les plis des Hautes
Alpes (qui ne sont donc que les plis siiper(ici(îls du (lanc normal
de la grande nappe du Mont (iond-Wildhorn-Wildstrubel) dispa-
raissaient en oblique, tour à tour, sous la nappe préalpine. Cette
superposition parait extrêmement simple en surface, mais nous ne
savons pas s'il n'existe pas en profondeur des accidents aussi
singuliers que celui de l'écaillé de Néocomien à Céphalopodes des
Alpes Vaudoises. Les progrès des sciences géoIogi(|ues nous feront
peu à peu connaître dans leurs détails ces accidents ; pour le
moment il me suflit d'avoir établi nettement que les Hautes Alpes
s'enfoncent en grandes nappes sous la masse préalpine.
a. — Contact des Préalpes et dk la région molassiquk
Je n'insisterai pas particulièrement ici sur le repos anormal du
bord interne des Préalpes sur la Molasse. Partout, ce dernier
terrain disparait sous les Préalpes, sans excepter le Môle, pour
lequel je me suis trouvé en contradiction avec M. Marcel Bertrand.
(]ette montagne repose bien sur un substratum molassique; au-
dessus d'Eponney, près d'Aïse par exemple, la Molasse s'enfonce
sans aucun doute et très visiblement sous la cargneule du Trias.
Cette manière de voir est d'ailleurs fortifiée par les résultats de
mes nouvelles études : toutes les fois que j'ai ])u parcouiMr à
nouveau le front des Préalpes, je n'ai trouvé que la confirmation
de cette loi déjà formulée : les Préalpes reposent partout sur un
substratum tertiaire,
II. — Les zones tectoniques indépendantes des Préalpes
I^i'sque l'on examine la (ig. i de la pl. XIV, on voit que nous
distinguons seulement deux zones indépendantes très nollenicnt
superposées : celle des Préalpes médianes et sur elle celle ilc la
I. QUKRBAU. Ueber die i\vvi\7:/AM\v /.wischoii llorhalpcn und Krrihur^rr
Alpen iin Bereiche des oberen Siiiiiiicnthalrs. Satnrf. OcseUscli. i. FrH-
barg I. Br., Bd. IX, H. it, p. 1:22, 1891).
^38 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
Brèche, J*ai su0isammeDt insisté sur la difliérence stratigraphique
de ces deux régions pour qu'il soit inutile de m'étendre encore
ici sur ce même sujet. Ce sont les relations tectoniques qui doivent
maintenant fixer notre attention.
I. — Amincissement des Préalpes médianes vers le sud
DANS LE ChABLAIS
Admettons que la région de la Brèche forme une nappe de
recouvrement. Examinons comment s'établit le contact avec les
couches sous-jacentes du côté sud. Dans la coupe, fig. i, pi. XIV,
on voit que les Préalpes médianes existent très développées sous la
région de la Brèche. L'épais massif de Tréveneusaz n'est nullement
écrasé. Une grande corniche regarde du côté de la Dent du Midi.
En consultant la carte géologique au 1/80.000 (feuille de Thonon)
et on comparant la fig. i, pi. XIV avec la fîg. 2, pi. XV, on voit que
les couches des Préalpes médianes sont laminées peu à peu vei*s
Touest, la grande masse de Tréveneusaz étant réduite, au col de
Morgins, à une simple écaille. Quelques kilomètres plus loin, à la
Pointe de l'Haut (fig. i, pi. XV), on ne trouve plus que quelques
blocs épars représentant ces Préalpes médianes, et enfin, au col de
Coux, ces dernières ont totalement disparu. Il est incontestable
que cette disparition est le fait d'un laminage intense. Donc, en
passant sous le massif de la Brèche, les Préalpes médianes
s'amincissent de plus en plus du nord çers le sud. Le massif de
Tréveneusaz semble faire exception; ce qui résulte en partie de
la profonde coupure de la vallée du Rhône. C'est-à-dire que le
massif de là Brèche, étant ici plus restreint à cause des érosions y
ne couvre plus entièrement les Préalpes médianes vers le sud. Le
massif de Tréveneusaz nous montre ce que doivent être ces der-
nières sous le massif de la Brèche, là où on ne les vpit pas, par
exemple entre Saint-Jean-d'Aulph et le col de Coux (fig. a, pi. XV).
Cette absence des Préalpes sous la Brèche est prouvée par l'exis-
tence, au sud du massif de Tréveneusaz, à Champ Long *, d'un
lambeau de recouvrement du massif de la Brèche (fig. a, pi. XV),
reposant directement sur le Flysch des Hautes Alpes. C'est le
même Flysch sur lequel, plus au nord, repose le massif de Tréve-
neusaz par l'intermédiaire de la Molasse rouge. Telle est la raison
pour laquelle, dans l'hypothèse générale du charriage, je rapproche
I. M. LuGBON. La région de la Brèche du Chablais, pi. YIII, et carte au
1/80.000.
DES ALPES DU CUABLAIS ET DE LA SUISSE 789
les deax plans de chevauchement dans la direction du sud (£ig. i ,
pi. XIV).
Sans doute, je ne veux point aliirmer que cet amincissement des
Préalpes médianes jusqu'à leur disparition totale doive être la
règle absolue, mais j'estime qu'elles tendent à s'amincir ainsi.
Cette interprétation paraît encore plus légitime si on étudie la
vallée du Giffre, où j'ai pu suivre pas à pas, de la région à Touest
de Taninge jusqu'au col de la Golèze (fig. 3, pi. XV), cet écrasement
parfaitement visible. La Pointe d'Orcliez repose sur le Flysch des
Hautes Alpes. Que sont donc devenues les Préalpes médianes à
Taninge ? Elles ne sont plus représentées que par une lame de
Crétacique (coupe 4» P^* -^V), et plus loin elles disparaissent
complètement.
2. La zone BORDIKUK
En. avant des Préalpes médianes existe une zone totalement
indépendante, formée, dans les ^'oirons et les Pléyades, par des
bandes de Malm ou de Oétacique enveloppées dans le Flysch.
Cet ensemble qui repose sur la Molasse disparaît sous, le Trias des
Préalpes médianes.
Si dans les deux montagnes la structure peut être et a été long-
temps interprétée comme étant le résultat de simples plis déjetés,
combien est différente la réalité lorsque l'érosion nous permet
d'établir le régime des vraies dislocations, comme dans les collines
duFaucigny, si magistralement décrites par M. Marcel Bertrand ^
De môme, Fétude fort intéressante de M. (^h. Sarasin sur les
environs de Chàtel-Saint-Denis - nous apprend que les dislocations
doivent être envisagées comme des écailles superposées. Il n'y a,
à proprement parler, plus de plis. Dans les collines du Faucigny,
les lacunes tectoniques sont la règle. Là, Tabsence fort heureuse
de Flysch nous laisse voir la vraie nature des dislocations, cachées
aux Voirons par le manteau troin[)eur de ce terrain.
Or c'est justement sur les Voirons que M. Haug -^ s'appuie pour
dire que notre interprétation est invraisemblable. Seuls, en effet,
les Voirons ne peuvent nous donner des documents bien péremp-
toires, puisque tout l'intérieur de leur sol nous est caché. Mais
I. M. Bbrtrand. Le Môle et les collines du Faucigny. B. S. C. G. F., a" Sa,
1892- 1893.
a. Ch. Sarasin. Les formations inl'racrétaciques de lu chaîne Pléyades-
Corbettes-Niremont. Arch. des Se. phys. et nat., 4* pér., t. XII, nov. 1901.
S. B. Haug. Les régions dites exotiques du versant nord des Alpes suisses
BuU. Soe, çoMid.^ XXXV, p. lôô, 1899.
74« M. LUOEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
cette constitution interne nous pouvons la définir si nous étudions
les montagnes qui bordent TArve en avant du Môle.
Il a fallu toute la science tectonique de M. Marcel Bertrand pour
arriver à déchiilrer et k décrire la vraie nature du sol des collines
du Faucigny et par conséquent de la zone bordière. De son côté,
M. Sarasin arrive à la conclusion qu'il s'est produit un chevau-
chement considcral)le de cette zone bordière sur la Molasse. C'est
là la confirmation de ce que j'ai écrit à propos des collines du
Faucigny.
Voyons maintenant comment se comporte cette zone bordière
vis-à-vis des Préalpes médianes ? Tout comme ces dernières, qui
sont laminées sous la région de la Brèche, la zone bordière s'écrase
Jusqu'à une disparition totale sous les Préalpes médianes.
Je viens de donner la démonstration de cette loi en me basant
sur ce qui se passe dans les collines du Faucigny et dans les
• Pléyades. J'insisterai encore sur ces dernières. Rien n'est plus
évident, dans la région de Montreux, que la pénétration de la zone
bordière sous les Préalpes médianes. Or, de l'autin; côté du Léman,
entre le Bouverel et Saint-Gingolph, M. Schardta le premier fait
remarquer que les chaînes médianes reposent directement sur la
Molass(t5 rouge, cette même Molasse sur laquelle est couchée, sur
l'autre rive du lac, la zone bordièi'e. Il faut donc bien que cette
dernière ait disparu, c'est-àHlii*e qu'elle soit totalement laminée.
Si nous ne la retrouvons plus au Bouveret, c'est qu'ici l'érosion a
atteint plus en arrière la nappe des Préalpes médianes; ce qui est
démontre par Tabsence des plis que l'on voit sur la rive vaudoise
du Léman, où la création de la fosse du Léman a moins indenté la
grande nappe de charriage. ISous sommes au Bouveret dans une
partie plus interne du plan de recouvrement, et il est évident que,
si la zone bordière est absente, c'est qu'elle a été laminée.
On voit donc qu'une très grande harmonie règne dans ces dislo-
cations, (^omme les Préalpes médianes sont laminées sous le
massif de la Brèche, de même la zone bordière est laminée sous
les chaînes médianes.
3. — La zone interne
La zone interne forme une série d'écaillés implantées dans le
Flyscli, ainsi que M. Uoessinger ^ et moi l'avons prouvé, ainsi que
je l'ai indiqué sur place à la Société géologique de France dans la
I. M. LuGEON et G. RoBssiNGER. Géologie de la haute vallée de Lauenen.
Arvh, Se. phjs, et /la^, 4* pér., t. XI. janv. 1901.
DBS ALI>ES DU CHABLAtS ET DE LA SUISSE 'jt^I
montagne de Culet. M. Schardt a aussi insisté sur les dislocations
particulièrement violentes que cette région a subies dans la région
de Bex. Je crois avoir démontré que cette dernière région, en
s*enfonçant avec l'énorme épaisseur de Flysch du Niesen qui
raccompagne, est laminée en profondeur sous les Préalpes
médianes Jusqu'à sa disparition totale.
Je me suis appuyé pour cela sur ce qui se passe dans la région
(le Bex. L'écaillé la plus inférieure est celle formée par le Néoco-
mien à Céphalopodes. Il repose sur le Flysch des Hautes Alpes et
est recouvert par du Trias. Quand des Hautes Alpes nous péné-
trons dans les Préalpes, nous constatons la disparition de cette
lame de Néocomien dans les environs de Bex, où le Trias repose
aloi'S directement sur le Flysch (lig. i).
Maintenant, si nous quittons la région de Bex, où la zone interne
est si développée, pour passer sur l'autre vei*sant de la vallée du
Rhône, nous constatons que cette zone interne, qui partout^ du
Rhône à VAar, disparaît sous les Préalpes médianes^ n'existe plus.
Qu'est^Ue devenue, car ici les Préalpes médianes reposent, par
l'intermédiaire, il est vrai, de la Molasse rouge (que plusieurs
géologues ont du reste la tendance à attribuer à un niveau supé-
rieur du Flysch), sur le Flysch des Hautes Alpes ? Sur la rive
gauche du Rhône l'érosion a atteint plus profondément la nappe
entière des Préalpes, comme on le constate par l'apparition des
plis profonds à faciès helvétiques de Collombey (fig. i, pi. XIV).
Cette circonstance exceptionnelle nous permet justement de
constater l'absence complète de la zone interne. Ce n'est que plus
loin, dans la montagpne de Culet, qui domine Champéry, que
réapparaît cette zone interne sous la forme d'écaillés. Elles se
laminent aussi en profondeur, dans le Flysch, substratum de la
région de la Brèche, car les Préalpes médianes, ainsi que nous
l'avons vu, sont ici écrasées. Je laisse à mon élève M. Roessinger,
le soin de démontrer avec les détails les plus précis, dans un tra-
vail qui va bientôt paraître, ce laminage en profondeur de quel-
ques-unes des écailles assez entamées par Térosion des environs
de Lauenen, dans le canton de Berne.
M. Haug cherche à expliquer cette absence de la zone interne
dans le bas du Val d'Illiez en se })la(,*ant à un tout autre point de
vue, lorsqu'il essaie de démontrer l'existence de l'éventail composé
imbriqué * dont je nie complètement l'existence.
Il écrit ceci : « à l'approche de la vallée du Rhône, tous les
I. E. Haug. Les régions dites exotiques du versant nord des Alpes suisses.
BM. Soc. iHind., XXXV, p. i56, 1899.
3 Juin 190a. — T. I '. Bull. Soc. Géol. Fr. — 48
74^ M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
accidents de la zone des cols tournent à peu près à angle droit,
passant de la direction N.E.-S.O. à la direction S.E.-N.O., pour
venir se raccorder avec les plis de la vallée de la Grande-EIau,
grossièrement parallèles à ceux de la zone des cols, mais dévei*sés
en sens invei'se ». Ainsi, en i*egai*d de la vallée du Rhône, la zone
interne se plisserait dans la direction de la vallée; les plis ne
seraient pas assez étendus vers Touest et cela nous expliquei'ait la
non existence de cette zone sous le massif de Tréveneusaz. M. Haug
étaye son opinion sur des arguments tirés de l'étude des cartes,
tandis que les résultats que j*ai obtenus par Fétude du terrain lui-
même me font rejeter absolument l'hypothèse de mon confrère.
Là encore l'erreur provient, ainsi que Ta du reste pi'essenti
M. Haug, d'une part de la confusion graphique qui s'est présentée
à ses yeux entre la direction des couches et leur intei'section à la
surface, tout comme dans son explication des Diablerets ; puis,
d'autre part, de l'oubli de l'existence des inflexions transverses. Ce
sont ces dernières qui ici viennent encore compliquer le problème.
On sait que la partie inférieure de la vallée du Rhône s'écoule
suivant l'axe d'une ondulation transversale *. A la hauteur d'Aigle,
en remontant, Tondulation quitte la vallée et pénètre dans les
montagnes de Bex. Les terrains situés entre cette ligne d'abaisse-
ment des plis et le Rhône doivent donc éti*e généralement inclinés
vers Test. Or, conmie il est d'usage de considérer le sens du dévei^
sèment et pai* conséquent la direction de la poussée en se basant
sur la ligne de plus grande pente des couches, il est évident qu'en
ne connaissant pas Texistence de cette ligne d'abaissement, on
commet l'erreur dans laquelle est tombé M. Haug.
Une autre ligne d'abaissement des plis et écailles existe encoi-e
à l'est de la Grande-P]au des Ormonts. Les couches plongent alors
vers le nord-est dans les flancs droits de la vallée. On voit, inter-
calé dans le Flysch, une lame de terrain jurassique. C'est elle qui
se prolonge de Tauti'e côté de la vallée dans le Chamossaire, qui
est une écaille de la zone interne, débarrassée en grande partie,
grâce à Taltitude, du manteau de Flysch qui la recouvrait en ce
point et qui la recouvre encore dans sa partie nord. Cette écaille
plonge légèrement au nord-est, mais cela ne signifie pas qu'elle
soit dévei'sée au sud-ouest vers la vaUée du Rhône, puisque cette
inclinaison vers le nord-est est due simplement à l'abaissement
des plis. De plus, il est intéressant de savoir ce que devient cette
écaille du Chamossaire. Elle se prolonge jusque dans la vallée de
I. LuGEON. Recherches sur l'origiiie des vallées des Alpes occidentales.
Ann, de Géog,, p 4io-4i5, pi. 3-, 1901.
DBS ALPES DU GHAfiLAlS ET DE tA SUISSE 'jlfi
Lauenen, où M. Roessinger Ta retrouvée. Si donc, pour M. Haug,
elle parait être, dans le Chamossaire, le bord sud d'un massif à
déversement périphérique, cela est exclusivement dû à son isole-
ment, k Taltitude et à Térosion. Cette écaille du Chamossaire, nous
la retrouvons dans le Val d'Illiez. (Test elle qui Jorme la zone
indépendante liaslgue de Morgins et de la pointe de V Haut. On
ne peut donc songer à voir une poussée vers la vallée du Rhône.
De même que les plis des Préalpes médianes traversent la vallée
du Rhône en y subissant une inflexion et un rebroussement, de
même que les Hautes Alpes se continuent de la Dent de Mordes
dans la Dent du Midi, de même aussi la zone interne se continue
des Alpes vaudoises dans le Val d'IUiez. La disparition momentanée
de la zone interne entre Troistorrents et Monthey, sous le massif
de Tréveneusaz, n'est que la conséquence de Tamincissement en
profondeur jusqu'à la disparition de cette zone interne.
Il est évident que ces conclusions s'adaptent également au
substratum du Chamossaire.
Les montagnes gypsifères de Bex, situées au-dessous des couches
du Chamossaire, présentent le même régime d'écaillés que celui de
la vallée de Lauenen, modifié par l'existence d'une ondulation
synclinale transverse, et modifié de plus par une action tectonique,
qui, jusqu'ici, n'avait pas encore attiré l'attention et sur laquelle
je crois devoir insister.
En examinant la flg. !i, on voit que les Diablerets se terminent,
pour employer une image commune, comme le soc d'une charrue
planté dans le sol. Si l'on étudie la carte géologique avec l'idée
que ces Diablerets constituent le front d'une nappe de recouvre-
ment, on cherche où pouvait se continuer son bord marginal du
côté de l'ouest. Il s'y prolongeait jusqu'à une distance que nous
ne pouvons plus apprécier en raison de l'absence complète de tous
débris lui appartenant. Un autre phénomène témoigne de l'existence
de cette nappe en avant du pli de Mordes, en face de la région
salifère de Bex.
La zone intenie parait relativement simple, lorsque l'on fait une
coupe qui passe par le col du PUlon, parce que l'on n'aper<;oit
d'elle que la partie qui repose sur le front de la grande nappe du
Mont Gond. Quand on fait une coupe qui passe par les Diablerets
(fig. 3), la complication apparaît brusquement. Sur le « soc de
charrue» et sous lui, l'on voit des écailles de la zone interne; la
simplicité du col du Pillon n'est donc qu'apparente. Si l'érosion
avait atteint de plus grandes profondeurs, l'on verrait sous la
nappe des Diablerets, apparaissant sous celle du Mont Gond, la
544 ^ï- l'UGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
continuation de récaille dn Néoconiien à Céphalopodes, c'est-à-dire
la zone interne. Il est évident que, si cette zone interne, ainsi que
nous l'avons montré, est subdivisée, digitée pour ainsi dire, par
le soc pénétrant de la nappe des Diablei*ets, c*est cei*tainement en
avant de ce front de la nappe intnisive que l'écrasement, et par
conséquent la complication, doit atteindre son maximum. Or, si
dans la région située en avant de la nappe des Diahlerets, là où
cette nappe existe encore, nous ne commençons qu'à pressentir la
dislocation du sol, poussée à l'extrême, et si .en ce point nous ne
pouvons pas voir l'endroit caché en profondeur, où le maximum
est atteint, la région salifere de Bex nous montre Tellet produit.
Là, par un heureux hasard, l'érosion a profondément excavé les
montagnes, grâce à l'existence de la vallée du Rhône, grâce aussi
au relèvement généi^l du substratum cristallin sous le pli de
Mordes, grâce enfin aux ondulations transverses de la vallée de
la Grande Kau et à celle qui avoisine la vallée du Rhône. L'érosion
a enlevé la prolongation du soc, mais elle a laissé en avant « la
terre remuée par ce soc » : cette « terre bousculée par lui », c'est
la région salifere de Bex, où les complications tectoniques attei-
gnent le maximum, ainsi que nous l'a révélé à plusieun> reprises
M. Schardt.
Ces étranges dislocations constituent donc un système déjà IK'S
étiré d'écaillés nombreuses, compliqué par des ondulations trans-
verses, au milieu duquel a pénétré une niasse qui s'est enfoncée
comme un coin. J'ai indiqué cette disposition de la masse péné-
trante dans la fig. îi. Un peu plus à l'ouest, le coin n'est plus repré-
senté que par les givs de Taveyannaz, qui appartiennent au Flysch,
puis il disparaît, enlevé par l'érosion. Sa prolongation nous est
révélée par les dislocations de la masse qui existe encore et qui
se trouve en avant des masses refoulées par le soc disparu. Les
Diahlerets reposent sm* l'écaillé de Néocomien à Céphalopodes,
puis, près de Sergneuient, la Cargneule triasique s'intercale entre
ce Néocomien et les grcs de Taveyannaz, appartenant aux Diable-
rets. Cette Cai^gneule est recouverte plus lom par du Lias supé-
rieur. Ce dernier s'infléchit, ainsi que l'a montré M. Rencvier : à
Colieux il est à peu près vertical ; dans le ravin d'Aiguerosse il
repose sur la Cargneule. Il épouse ainsi le contournement du coin
de grès de Taveyannaz de Porreyre. Nous pouvons donc montrer,
dans la zone interne, l'amorce du contoui*nement dû à la masse
pénétrante. Il y aura lieu plus tard d'en rechercher plus loin
l'effet.
DES ALPES DU CHAULAIS ET DE LA SUISSE ^4^
4. — Influence des plis des Hautes Alpes
Nous avons vu que les Préalpes médianes du Chablais reposent,
dans le bord qui regarde du côté des Hautes Alpes, sur le Flysch
ou la Molasse rouge (Tréveneusaz), lorsque ces Préalpes ne sont
pas cachées par la grande niasse de la Brèche du Chablais. Dans
les Alpes bernoises, ainsi que i*ai pu m'en assurer sur le terrain,
les chaînes médianes reposent, avec une grande régularité, sur la
zone du Flysch du Niesen. Il en est ainsi des Spielgârten et de
TAmselgrat, près de Saint-Stephan. Là, les Préalpes médianes
disparaissent sous la nappe recouvrante de la Hornlluh ; la
corniche triaso-jurassique ne réapparaît au jour que dans le massif
de la Gummfluh, toujours reposant sur le Flysch. Les exceptions
ne commencent à se faire sentir qu'à partir de la vallée de FEtivaz
et jusqu*à la vallée du Rhône. M. Haug * s'est appuyé sur cette
disposition locale pour infirmer la généralité d*un fait qui est
incontestable aux yeux des géologues préalpins, à savoir la super-
position anormale de toutes les Préalpes médianes sui le Flysch.
« Si la limite extérieure des Préalpes médianes, dit-il, est en
réalité une ligne de contact anormal' qui se poursuit depuis le
Môle jusqu'à Blumenstein, sans autre interruption que celle des
dépôts piéistocènes et du lac de Genève, il n'en est pas de même
de leur limite intérieure, de leur ligne de contact avec la zone de
Flysch du Niesen. J'admets volontiers que de Wiminis à la
Gummfluh le Tiias qui constitue la base de la corniche limiUint la
zone médiane des Préalpes repose partout sur le Flysch du Niesen,
quoique la démonstration n'en ait pas encore été fournie, mais il
est incontestable cjue plus au sud c'est précisément l'inverse qui
a lieu, et M. Schardt lui-même a publié une coui)equi montre que
dans la vallée de la Grande-Eau, c'est au contraire le Flysch de la
zone du Niesen (pii repose sur le Trias. »
Cette exception incontestable est due à la répercussion lointaine
des nappes des Diablerets et du Mont Gond dans les Préalpes,
C'est M. Roessinger qui a attiré mon attention sur la relation,
visible sur les cartes, des Diablerets et du renversement de la
coiniehe des Préalpes médianes. Je crois pouvoir en donner main-
tenant l'explication.
En avant des masses encore existantes de ces nappes, on voit la
I. E. lÏAro. Les régions dites exotiques «lu versant iionl des Alpes suisses.
Bail, Soc. vaad., XXXV, p. i5o, 1899.
746 M. LUGKON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
corniche des Préalpes médianes subir une inflexion remarquable.
Elle est est-ouest dans la Gummfluh. Puis au Mont d'Or, qui repré-
sente la continuation incontestable de la Gummfluh, la dii*ection
devient N.N.E.-S.S.O. et, enfin, le long des rochers triasiques de la
Cheneau, elle est N.E.-S.O.
Les exceptions n apparaissent quau point où la direction change.
Ainsi, entre la vallée de TEtivaz et de THongrin, la corniche
triasique est en partie cachée par le Flysch du Niesen, qui vient
ici recouvrir la corniche de Trias, alors qu'il pénètre sous lui
dans la Gummfluh. Ce changement d'allure peut s'expliquer par
Texistence d*un pli du substratum triasique des Préalpes médianes,
ainsi que je le montre par la fig. 4* coupe B B.
Ce renversement se fait sentir exactement en avant de la péné-
tration dans le sol de la nappe du Mont Gond. C'est cette dernière
qui, accompagnée de la nappe des Diablerets, a refoulé sur un par-
cours bien défini la zone interne. Nous savons que les relations
normales des Préalpes et des Hautes Alpes soufirent une exception
sous les Diablerets, grâce à l'avancement de la nappe que repré-
sente cette dernière montagne et de la nappe du Mont Gond.
En général, comme nous l'avons montré, les Préalpes imposent
sur les Hautes Alpes. En général aussi, la zone interne disparait
sous les Préalpes; cela a lieu partout, sauf aussi en avant des
Diablerets, et en avant de leur prolongation virtuelle. Je crois avoir
prouvé qu'à l'ouest de la nappe actuelle des Diablerets, celle-ci se
prolongeait sur le pli de Morcles; elle a été enlevée par l'érosion,
elle est virtuelle, mais sa présence antérieure est accusée à la fois
par les dislocations étranges de la l'égion salifère de Bex et par le
repos passager de la zone interne sur les Préalpes médianes, de
l'Etivaz à la vallée du Rhône. En effet, si nous recherchons ce qui
se passe à l'ouest de la vallée de THongrin, nous voyons le Flysch
du Niesen reposer sur le Mont d'Or^ continuation de la GunimOuh *.
Puis, enti'e le Mont-d'Or et la Grande Eau, la corniche triasique
disparaît encore sous le Flysch, et, dans les flancs du Chamossaire,
nous voyons le Trias plonger sous les écailles superposées qui
constituent cette dernière montagne. Au bord de la vallée du
Rhône, les couches sont verticales, puis brusquement elles devien-
nent horizontiiles dans la colline de Saint-Triphon, d'où elles rejoi-
gnent le massif île Tréveneusaz, sur lequel nous allons revenir plus
loin. A partir de Saint-Triphon la disposition anormale a cessé.
On pourra élever une série d'objections à celte manière de voir,
I. E. Favre et Sciiardt. Description géolo^^que des Préalpes du canton de
Vaiid. etc. Mat, carte fçéol. suisse, Liv. aa, pi. XVII, fig. 3.
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 'jfyj
bien que rharmonie qui règne entre les relations de ces diverses
masses indépendantes, nappe des Diablerets, zone interne et
Préalpes médianes, soit, semble-t-il, d'une valeur telle que les
contradictions n'auront à Tavenir que des bases bien peu solides.
On pourra poser la question suivante : Pourquoi les nappes des
Diablerets et du Mont Gond-AViidhorn, qui se prolongent dans
l'ensemble de la région des Hautes Alpes bernoises, n'ont-elles
qa'une iniluence locale, pourquoi n'ont-elles changé les relations
récipix)ques des masses tectoniquenient indépendantes que dans
les Alpes de Bex et entre la Gummfluh et le Rhône ? La réponse
à cette question n'est pas de l'ordre restreint des faits préalpins ;
elle doit s'élever à des considérations générales sur la manière
dont se comportent les grandes nappes de recouvrement. On a pu
constater combien dans ces pages j'ai clierché à élargir le problème
des Préalpes, en me basant sur des dislocations des Hautes Alpes.
On conçoit facilement que le problème n'est [)lus localisé à la
seule région qui est ici en discussion : les Hautes Alpes entrent en
jeu au même titre que les Pi'éalpes, et l'on verra plus loin que ce
sont elles qui nous donneront la réponse définitive. Je chercherai
donc des points de comparaiscm dans d'autres régions des Alpes,
puisque toute la chaîne parait avoir été, dans son front nord, sous
le coup des mêmes dislocations immenses.
Dans mon mémoire sur les Bauges * j'écrivais (p. 92) : « Ainsi
des phénomènes extrêmement puissants peuvent se passer en
profondeur sans qu'ils s'accusent à la surface autrement que par
de grandes ondulations qui peuvent même à la rigueur être totale-
ment absentes »; puis plus loin (p. iio) : « ... dans les plis du
Mont Joly, d'après les coupes de mon collègue M. Ritter, c'est
bien en avant aussi, vei»s l'extérieur de la chaîne, que les char-
nières correspondant aux noyaux aigus anticlinaux profonds
doivent être recherchées sous la forme des gi'andes boucles arron-
dies des couches superficielles. »
Toute la réponse au problème qui nous occupe se trouve dans
ces deux phrases.
Ici. que sont les anticlinaux profonds ? Ce sont les nappes du
Mont Gond-Wildhorn et des Diablerets. A l'est du col du Pillon,
le pli frontal de ces nappes est caché sous la masse recouvrante de
la zone interne. Nous nous trouvons à la surface de la grande
nappe pénétrante. Or nous savons par les coupes si instructives de
mon ami M. Ritter que, lorsque des nappes sont superposées, il y a
I. M. LuGBON. Les dislocations des Bauges, /i. S, C. G. F., XI, iqck).
Lr«a09. LES 'ÏB^YDK» BATTES DB
une «^ocuTurviaiu»* .ftbtioliut initre le« dilfiéreiit« terruiis qvi les
•u>n!*t;tiieiit. *^JtLà. f»^ ^ vrai «p&e L't»a avait. aTant les travanx de
.\CM. M. B^n^rami «K Ritter. toojoof^ ci>iisidéré le Moat Jolj en
Sa'voii*' (?rkiDiiie mif^ «^iiAmit» maîwe ample et d^aliwre truiqvîlle. alors
ffa'Me est formée par de« nappes empilées. Cest donc e» «mbI
da froQt «If^ «en nappes cachées «fit pnifomâeur, à partir d« PiUoa
▼tf^rs fest. ipifl» felft^t doit <«e répercuter <vr ime étendae de bien
des kii«'joifl^tre«. Jnsqn'â ce jour. F^a n'arait jamais soo^, et Hioi-
mémi^ pa.-» pfa» «ine mes prédécesesenrs. à ¥oir dans les plis sÎHqiles
des HaatfTS Alpes beni«Mses. sar Lesquels repose la zoae inlenie.
antre chif9%tr «|ne «les plis en piaice. simplement déjetés. En rénlilé.
rXff ne sont que le» pH» smperjùTieU de la carapace (le flanc mormalp
d'ar^ grande nappe. Le pli firontai est en prolbmlenr. ITest donc
en profiondevr seulement, dans le sol. «pe pent «se £ûre sentir son
aetioti vers ïoeani. Si nous recherdions oà doit se troaTer ici la
partie préalpine qui doit être inAnencée par les contonmements de
cr pli frontal enfoni. noos Tojons qne c'est oo-^fesaons de la na|^
des Préalpes médianes qne le phénomène doit se répeirater.
Voila pourquoi de la GommAnh rers Test les grandes nappes des
Hantes Alpes n'ont aucune influence en surface.
Lorsque le pli fn>ntal sort de dessous les masses qui le Toilent
à la surface, c'est-à-dire lorsque le relèTcment général — dû sans
doute à une cause profonde < relèvement du noyau cristuUin) —
est suffisant pour que. grâce aux altitudes plus élerées de Ten-
semble, l'érosion ait pu atteindre et par suite noos laisser çoir la
zone influencée par ce pli frontal, aassitôi nous voyons les condi-
lions tectoniques changer. Cest ainsi que dans la vallée de Gsteig
le pli frontal de la nappe du Mont Gond est situé peut-être de 5oo
à looo mètres en profondeur. Rien à la surface ne révèle alors son
existence, pas pins que dans la région du Mont Joly, et cela en
vertu des lois que j*ai reconnues et formulées dans mon ouvrage
sur les Bauges. Mais quand ce pli sort dans le flanc droit du Ci^ux
de Champ sur un substratum placé à plus de looo mètres d'alti-
tude, immédiatement les contournfments vers faiHtnt apparaissent
aussi à la surface du soL et cela avec une régularité typique,
susceptible de devenir classique : la corniche des Préalpes mé-
dianes, qui reposait sur le Flysch dans la Gummfluh, se renverse,
et c'est le Flysch du Niesen qui le recouvre. Puis, lorsque la nappe
des Diablcrets sort elle aussi du sol, voilée qu'elle était jusqu'alors
par la nappe du Mont Gond, en même temps la partie de la zone
interne . située en avant . s'étale , montre par des dislocations
exlr<>iiies rinlluence de cette masse pénétrante du pli frontal.
DBS ALPES DU CHABLATS ET DE LA SUISSE ^49
Réiiii)S8ant son effet à celui de la nappe du Mont Gond, elle exagère
sa puissance ; elle rejette la zone intei*ne sur les Préalpes médianes.
Ainsi les plis frontaux des nappes de recouvrement des Hautes
Alpes font sentir leur effet, uniquement vers Valant, jusqu'à une
dizaine de kilomètres.
Voilà la raison de celte anomalie que présentent la zone interne
et la corniche des Préalpes médianes, anomalie localisée en surface
là où les nappes des Hautes Alpes apparaissent en surface, c'est-à-
dire lorsque la zone d'influence des grandes nappes des Hautes
Alpes nous est révélée par le fait d*une érosion assez pro-
fonde, et cette érosion n*a pu atteindre une profondeur suffisante
que là où les altitudes ont été assez considérables, grâce au relè-
vement vers l'ouest du substratum cristallin. Nous pouvons tirer
de ces faits deux conclusions importantes : i*" dans les Préalpes et
les Hautes Alpes bernoises des dislocations très intenses doivent
exister en profondeur, que nous ne voyons pas, mais que nous
pressentons ; 2^ dans les Hautes Alpes vaudoises, la nappe des
Diablerets recouvrait jadis, avec celle du Mont Gond, le grand
pU couché de Mordes, puisque l'effet de leurs plis frontaux
continue à se faire sentir jusqu'à la vallée du Rhône, C'est pour
cette raison que j'ai parlé plus haut de la continuation virtuelle
de la nappe des Diablerets. Nous avons maintenant la preuve
de cette continuation. L'eflet de ces nappes supérieui*es à celle de
la Dent de Morcles-Dent du Midi cesse de se faire sentir à
partir de la vallée du Rhône, parce que, grâce au relèvement
général dû au massif cristallin, et à V importance que prend dans
la Dent du Midi la nappe inférieure, leur zone d'influence vers
Pavant était supérieure en altitude à la nappe des Préalpes,
Non seulement l'on voit ici combien le problème des Préalpes
prend une ampleur inattendue, mais Tcm voit intervenir déjà la
relation nouvelle, qui n'avait jamais été présentée, de ces Pl'éalpes
et des Hautes Alpes. Elles ne sont pas aussi étrangères les unes aux
autres qu'il ne doive y avoir des points comnmns entre elles. J'ai
été de ceux qui ont cru avec le plus de conviction à la séparation
complète de l'histoire des deux chaînes en présence. Il ne me
coûte pas, aujourd'hui, de reconnaître mon erreur et de la réparer
en émettant des vues nouvelles, susceptibles d'expliquer toutes les
contradictions passées.
^f>0 W. LCtsSOH. — LRS (yRA.f DES ^lAPPES DK KBCOUTMKME^CT
■). — RÉFUTA no ?r de l'hypothèse de l'évextail composé
IMBRIQUÉ
L'hyp«)tht»^e «le TéTentaiil composé imbriqaé de M. Haog. amsi
•pi* il le «lit lai-mi^nie. s'appuie aussi bien sur les coapes andeiiiies
lie ilivers antears que sur la partie réellement obserrée de coupes
récentes. Les ^>logaes préalpins Tont phis loin. Ils ne se conten-
tent pas excinsirement de la partie obserrée des coiqpes : Texpé-
rience leur a appris qne. dans on tel domaine, il fant toujours
interpréter la partie observée d'one coupe en la reliant arec celle
d'une voisine pins profonde : il ne faut jamais oublier les relations
rétnproques des coupes ainsi observées, aussi bien dans le sens
vertical que dans le sens horizontal. Cest ce que j*ai négligé
parfois de faire, quand j*ai publié mon mémoire sur le Chablais:
il me manquait rexpérience que dix années d*études sur le terrain,
et dix années de contact avec nombre de collègues distingués
m'ont fait acquérir. Je vais à la fois réparer mon erreur première
et résumer les arguments qui montreront Fimpossibilité de Thypo-
thèse de Téventaii imbriqué.
Mon collègue et ami M. Haug fait de la zone bordière des Voi-
rons le bord extérieur de son éventail : mais il passe sous silence
les collines du Faucigny. J*ai montré précédemment que celles-ci
étaient formées de terrains s*étirant en profondeur jusqu'à leur
disparition. Ainsi une branche manque à l'éventail.
M. Haug s'appuie sur le contoumement supposé en direction
des plis de la zone interne, en face de la vallée du Rhône. Il ne
com[)te pas avec Tinfluence des inflexions transverses et leur eflet
sur les altitudes. J'ai montré plus haut que ce contoumement était
inconciliable avec les faits. Ainsi la branche intérieure de Téventail
fait défaut.
M. Haug s'appuie sur la non-continuité de la corniche triasique
qui regarde du côté des Hautes Alpes. Cette observation est très
importante et très juste, mais j'ai montre que ces exceptions sont
localisées et dues à un accident puissant, snr lequel on n'avait pas
encore attiré l'attention : elles n'infirment pas Tensemble du phéno-
mène à savoir que partout le F*lysch s'enfonce sous les PK'alpes
iiuVliancs. et, dans le cas des exceptions, il le fait |)ar un contour-
n(;iiierit évi<lent du bord de la nappe (fig. 4. BB).
M. Haug conteste que les contacts anormaux des Prcalpes
médianes sur le Flvsch de la zone bordière et sur le Flvsch du
Niesen ou du Val d'Illiez soient l'allïeui'ement du plan de chevau-
DKS ALPES DU CHABLAÏS ET DE LA SUISSE ^OI
chement, les deux bords de cette nappe des Préalpes médianes :
«... j'y vois par contre, dit- il *, des chevauchements tout à fait
analogues à ceux de Tintérienr de l'éventail, celui-ci (contact
anormal sous la Gummfluh) se comportant comme le pli-faille du
Rûbli; celui-là (contact anormal du pied du Moléson) comme le
pli-faille de la Laitmaire (chaîne des Gastlosen) ». Cette remarque
est vraie si Ton n'envisage que des coupes; elle est erronée loreque
Ton considère la troisième dimension des accidents, c'est-à-dire la
longueur de la trace. Or, les plis-failles du Ruhli et de la Laitmaire
ne s'étendent pas indéfiniment. Lorsqu'on les poursuit, Ton voit
que celui-ci se transforme en voûte dans le Chahlais, d'une part,
et au-dessus d'Erlenhach, dans le Simmenthal, d'autre part, que
celui-là se réduit seulement au chaînon du Rfibli. Toute autre est
la trace du plan de chevauchement critiqué. Elle est fer*mée et ne
pi*ésente une exception de forme qu'entre le Ment d'Or et le bord
du Rhône.
M. Haug s'appuie enfin sur les plis déversés vers le sud.
M. Schardt - a déjà répondu sur ce point en expliquant comment
de petits plis en retour pouvaient exister dans de telles nappes de
recouvrement, sans qu'ils infirment Tallun» des grands plis d'en-
semble, qui sont toujours dirigés vers le nord. Mais mon collègue
de Paris s'appuie sur des faits que j'ai signalés. Je suis là évidem-
ment le coupable, car j'ai le l'egret de dire que ces faits <mt été mal
interprétés par moi-même.
Il s'agit tout d'abord des Klippes <lu Val d'Illiez. Lorsque j'ai
rédigé mon mémoire sur le Chahlais, mes coupes étaient déjà
dessinées et imprimées dans l'idée du pli en champignon. En
voyant dans la Klippe de Savonnaz des charnières tournées vers
le sud, j'avais, à tort, conclu que le massif de Culet était déversé
aussi vers les Hautes Alpes. En réalité, cette Klippe de (iulet est
formée par des lames superposées <lisparaissant par écrasement
dans le Flysch. Quant à Savonnaz, il s'agit d'une lame repliée sur
elle-même. C'est, de tout l'ensemble de la zone interne, le seul
point où peut-être un plissement très secondaire semble s'être dirigé
du côté sud. Or, partant de la considération d'une masse aussi
tourmentée, mais si locale qu'est Savonnaz, il n'est pas prudent
d'infirmer tonte la généralité du phénomène qui nous montre
toujours que les plis princi])aux sont tournés vers le nord. Et
I. E. Haug. Les régions dites exoti(iues du versant nord des Alpes suisses.
BulL Soc. vaud. Se. naL, vol. XXXV, p. i54, 18*19.
9. H Schardt. Encore les régions exotiques. liull. Soc. raiir/., vol. XXXVI,
p. 166.
7.>2 M. LUGEON. — LKS GRANDES NAPPES DR RECOUVREMENT
déjà, dans Tétat d esprit où je nie trouvais en rédigeant ma inono-
gi*aphie de la Région de la Brèche, j'ai dû, cependant, ne pas
jn'endre en considération cet accident secondaire de Savoniiaz.
détail unique insignifiant, se perdant dans la multitude des faits
d'ordre contraire.
Puis j'ai commis une erreur plus grave encoi'e en interpi*étant
les plis de Tréveneusaz. J'ai cru voir des plis dirigés vei's la vallée
du Rhône, trompé que j'ai été par les inteisections. Ce massif est
formé par une grande plaque de terrains tles Pi'éalpes médianes,
s'incurvant vei's le nord et butant, par un pli-faille E N.K.-O.S.O.,
conire le svnclinal de Flvsch de Vionnaz. C'est donc un anticlinal
pli-faillé, (jui ne se distingue des auti*es plis des Préalpes que par
un plus grand rayon de courbure. En outiv, Tréveneusaz est
séparé du massif de la Brèche, qui le recouvre, par une lame indé-
pendante, formée par un noyau de Jurassique supérieur. Elle est
coupée parallèlement à sii dii*ection noi*d-sud par le vallon de
Dravei^az. Cette section, qui mcmtre un noyau de Malm au-dessus
et au-dessous duquel on voit du Ci*étacique, m'avait alors paru
comme un pli dc'vei'sé vers l'est. J'avais commis là Terreur com-
mune, où l'on tombe si facilement loi*sque l'on intei*pi*ète des plis
couchés ou des écailles entamées par l'érosion. Je le regrette, car
mon confrère s'est spécialement appuyé sur les points où j'étais
en faute ; ma seule consolation est que l'hypothèse de l'éventail
composé imbriqué éUiit née avant la publication de mes eri^eui'S.
Puisque Tréveneusaz n'est pas couché vers la vallée du Rhône,
on voit que iona les plis des Préali>es médianes se continuent de
part et d'auti^e des numtagnes qui boinlent le fleuve'; il en est de
même de la zone interne, ainsi que je l'ai démontré à nouveau
plus haut.
Il ne reste plus rien, me semble-t-il, des arguments tectoniques
de M. Haug en faveur de son hypothèse. Si j'ai commis un oubli,
je serai toujours prêt à le réparer. Je suis convaincu par avance
que l'argument que j'aurais à criticfuer sera facilement réfuté, car
je donnerai plus loin les preuves de l'absence de racine des
Préalpes.
6. — Y A-T-IL 3 ou 4 XONES INDEPENDANTES DANS LES PrKALPES?
On sait que M. Scliardt a émis l'hypothèse saisissante que la
zone externe ou bordière des Pléyades-Voirons-collines du Fan-
cigny était formée de fragments arrachés à la zone interne et
entraînés en avant par le chevauchement des Préalpes médianes.
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 753
Lorsque Ton suit la zone interne (y compris le Flyseh du Niesen)
du côté du lac de Thoune, on voit qu'elle se rapproclie de plus en
plus de la zone externe, par rainincissement des Préalpes mé-
dianes qui les séparent. D'autre part, dans le Chablais, la Brèche
du col de Chatillon, qui est le dernier témoin de la zone du
Niesen, se rapproche considérablement des collines du Faueigny.
De plus enfin, Ton trouve, dans les champs, le long de la ix>ute de
Ghatillon à Marignier, vers TAbbe, maison à l'ouest du point 546,
des aHleurements de ces grès du Niesen, ici placés sous les escar-
pements liasiques de la Pointe d'Orchez. Ainsi, plus nous péné-
trons en profondeur, plus nous voyons la zone interne chercher
pour ainsi dire à rejoindre la zone externe. Ce Tait, lié à celui que
* ces deux zones se terminent chacune en profondeur par un amin-
cissement successif, lié aussi à la présence, dans ces deux zones, des
mêmes terrains mésozoîques (Néocomien, Malm, Lias à Gryphées,
etc.), nous autorisent-ils à les considérer comme un même en-
semble tectonique ?
Si les dislocations et les terrains méso/oicfues répondent par
Taffirmative, il n'en est pas de même du Flyseh. qui se dilférencie
très nettement dans la zone externe de celui de la zone interne,
ainsi que l'a démontré M. Sarasin '. (^uel est celui des deux argu-
ments contraires, semble-t-il, qui doit nous entraîner? Celui basé
sur la tectonique et les terrains mésozoîques a incontestablement
plus de valeur, car les faciès de ces terrains sont sujets à moins de
variation que ceux du Flyseh, mais il n'en reste pas moins vrai que
ces derniers ont une grande importance. Nous sommes donc ici en
présence d'une dilliculté non encore résolue. Ce n'est pas adaiblir
notre démonstration que de montrer nous-mêmes ce qu'il nous
manque encore. Je me suis demandé quelquefois si ce Flyseh de
la zone externe n'appartenait pas aux Pi^éalpes médianes. En effet,
ce Flyseh est le même que celui que Ton trouve sous les Klippes
de la Suisse allemande. Or, celles-ci ne sont que des fragments de
la nappe des Préalpes médianes, comme l'ont montré MM. Hugi et
Tobler. Ainsi ce Flyseh est toujours lié avec ces dernières. Si le
même terrain qui recouvre les Préalpes médianes, dans les syncli-
naux, ne se différenciait pas de celui de la zone externe, on serait
tenté de considérer celui-ci comme le flanc renversé de la nappe de
ces Préalpes. En marchant, la nappe aurait entraîné des fragments
de la zone interne, qui auraient pénétré en écaille dans le Flyseh
étranger à elles-mêmes. Ainsi, dans cette manière de voir, la zone
I. Sarasin. De Torigine des roches exotiques du Flyseh. Arvh. Se. phys, et
noL Genève, 1894.
754
M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREBIENT
externe serait très complexe. Nous veri'ons plus loin quel méca-
nisme Ton pourrait invoquer pour expliquer pourquoi ce ne sont
guère que les terrains du Jurassique et du Crétacique qui ont pu
t>li*e enveloppés pai* le Flysch de la zone bordière.
Surface
'^« et Flysch .
àfoiassc et FitJsch
Fig. 4- — Coupes schéma tiques des nappes des Prcalpes. — AA, Coupe à
travers le Chablais ; BB, Coupe sur lo rive droite de la vallée du Rhône
(cette coupe montre le renversement local des Préalpes médianes en avant
de la zone interne ])oussée par la nappe des Diablerets).
(), Plis autochtones; i, Pli de Mordes; a, Nappe des Diablerets; 4* Zone
interne et zone externe, formant ainsi comme une zone ceinture ; 5, Préal-
pes médianes ; 6, Région de la Brèche.
Quoi qu'il en soit, les Préalpes doivent être l'eprésentés par le
schéma de la figure 4.
11 nous i*este maintenant à démonti*er Tabsence de racine des
Préalpes.
m. — Les Préalpes n'ont point de racines
Une seule hypothèse, celle de Téventail composé imbriqué, si
hrillamment défendue i>ar mon savant ami M. Haug, était opposée
à celle que je défends ici. Je crois Ta voir réfutée, comme je vais
chercher à réfuter i>ar avance les autres hypothèses du même
ordre qui pouri'aient naître encore. J'ai expliqué pourquoi je n*avais
pas osé conclure dans mon mémoire sur le Chablais ; cependant
les arguments que j'ai donnés pouvant être présentés sons une
autre forme et un fait nouveau, considérable, m'amenant à une
nouvelle explication, je ci^ois devoir l'eprendi'e très brièvement la
démonstration de Tabsence de racine.
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE ^00
I. — Plusieurs faits péremptoires en faveur de l'absence
DE RACINE DU MASSIF DE LA BrÈCIIE
sont du même ordre que ceux qui servent a demontrer
l'absence de racine des Préalpes médianes
Nous savons quo les Préalpes sont formées par 3 zones indépen-
dantes. Dans mon ouvrage sur la région de la Brèche du Chablais,
j'ai démontré, d'une manière définitive, l'absence de racine de cette
région de la Brèche. Pei'sonne, jusqu'ici, ne s'est opposé à cette
interprétation. Dans les Préalpes bernoises il est encore plus facile
de montrer Tabsence de racine, car la région de la Brèche de la
Homfluh est beaucoup plus morcelée ; ses fragments surnagent,
pour ainsi dire, sur le Flysch et dans les synclinaux des Préalpes
médianes.
On trouve un pli frontal^ mais il n'est pas aussi régulier que
celui que j'ai découvert dans le Chablais sur le ilanc droit du
vallon de Charmy. Dans la petite chaîne qui domine ZAveisimmeu-,
on trouve ce pli frontal très disloqué, pénétrant dans le Flysch,
comme il le fait au-dessus de Saint-Jean-d'Aulph, c^pns la vallée de
la Drance *. La complication est peut-être encore plus grande dans
le Simmenthal que dans cette dernière localité, à cause de l'em-
uiélement de la nappe de la Brèche avec les Préalpes médianes,
mais le phénomène est le même. La chaîne llothihorn-Spielgârlcn-
Gaiithora - représente, dans le canton de Berne, exactement ce
qu'est le massif de ïréveneusaz sur la rive gauche du Rhône ;
l'Amselgrat, qui est dans la prolongation de cette chaîne, rappelle
l'écaillé du col de Moi*gins. La ressemblance est complète. A
l'ouest du col de Morgins, les Préalpes médianes disparaissent,
écrasées, sous le massif de la Brèche. 11 en est de même à l'ouest
de TAmselgi'at. Ce n'est que dans la chaîne de la Gunnnfluh que
Ton voit réapparaître les Préalpes médianes.
Afin d'éloigner tous les doutes (lui pourraient rester <lîins l'esprit
de quelques géologues, relativement à l'absence de racine, sous le
massif de la Brèche du Chablais, si les arguments (jue j'ai donnés
dans mon mémoire de iHgi) ne leur suilisairnt pas, je donne une
coupe de la nappe de la Bi*èche dans Je massif de la Hornlltih (iig. 5).
Nulle part, grâce aux érosions qui pénètrent dans les couches pro-
fondes, on ne peut mieux voir le Flysch sous les roches h'iaso-
I. Luceon: La région de la Brèche du (chablais, pp. 200-âu".
a. Voir Carie géologique suisse, feuille XVII.
M. LUGEON. — LES ORA.NDEâ NAPPES DK RBCOtlVREHENT
'h
jui'asM<|ue!ï. Nulle pai-t, dans le Chablais, il ne m'a été possible de
trouver une cc>iii»e aussi démonstrative. La masse pénétrante du
pli frontal est semblable à celle
qui domine Saint-Jean-d'Aulpb.
mais le pbénomëne est encore
plus compliqué.
On se rappelle l'hypothèse
que j'ai émise en lâgS pour
expliquer la position si singn-
lière des roches éruptives en
plein dans le Flysoh qui recou-
viv le massif de la Brèche. J'ai
^\ 'T o supposé que c'étaient des sortett
\ ^ de « copeaux » qui avaient
■^ accompli une marche relative
eu arrière, lors de la pénétra-
- E tion de la nappe de recouvre-
^ £ ment dans le Flysch '. Or, mes
' g élèves, M. G. Roessinger et F.
a .1 Jaccard ', ce dernier simnlta-
£ ■^ ncment avec M. H. Schardt, ont
X — constaté ces mêmes roches exo-
^ -^ tiques isolées dans le substra-
^ tum de Flysch du massif de la
~ Homlluh. Il n'en existe qu'un
J seul exemple, dans nne position
g tectonique semblable, dans le
"^ Chablais (celui des Farqnets).
S' Cette découverte est impor-
u tante : elle vient corroborer
I notre hypothèse.
"" Ainsi les régions des Brèches
^ sont des régions sans racines.
Plusieurs faits qui m'ont per-
mis de démontrer l'absence de
racines sous le massif de la Brè-
che du Chablais sont du même
ordre que ceux qui servent à nous démontrer la même absence
1. LuoKON, Lii région de In fircche du Chablnis, p. a^^
». G. HoBSBiMiKH et BoKAKB. Les roches cristallines dé la Horoflah. Sali.
Soc. vaud. Se, nal., vol. XXXVII, pp. 471, 190t.
DBS ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 'J&'J
SOUS les Préalpes médianes. Avant de les examiner, arrêtons-nous
encore au pli frontal.
M. Haug s*appuie en particulier sur Tabsence de la charnière
frontale des Préalpes médianes pour nier Thypothèse du recou-
vrement général de cette région alpine. Cependant si nous consi-
dérons la fig. 3, pi. XV, nous voyons que le inassil'de la Brèche
n'y présente aucune charnière frontale, donc en se basant sur
cette coupe, M. Haug pourrait aussi en déduire Fabsence de
racine.
Mais M. Haug admet ' que la limite extérieure des Préalpes
médianes est une ligne de conlact anormal, qui se poursuit depuis
le Môle jusqu'à Blumenstein ; il admet, avec Tensemble des géo-
logues, que ce contact anormal est dû à un chevauchement -. Mais
un chevauchement est toujours, lui aussi, terminé par une chai"-
nière frontale. Nos grands phénomènes de recouvrement ne sont,
au fond y que des chevauchements de très grande amplitude.
M. Haug ne devi*ait donc pas admetti*e le chevauchement du boni
externe des Préalpes médianes, puisque la charnière frontale
n'existe pas.
Si la charnière frontale des Préalpes médianes est absente, c'est
qu'elle a été simplement enlevée par l'érosion. Mais il est un
massif où elle ne devait pas être bien lointaine, où, me semble-t-il,
elle est encore en partie conservée, dans les terrains liasiques. Je
veux parler du Môle. En examinant la coupe lo, pi. III, de mon
mémoire sur le Ghablais, on voit combien cette coupe rappelle les
empilements de plis, ceux, par exemple, du front dès Diablerets.
Du reste, dans le cas particulier, cette absence de pli frontal a une
importance relativement minime et il me semble inutile d'insister.
Je me suis appuyé particulièrement, pour démontrer l'absence
de racine du massif de la Brèche du Ghablais, sur le fait que le
pli synclinal si simple et si régulier, que représente tout le massif,
ne se termine pas aux deux extrémités de son axe. « Ce pli s'arrête
brusquement aux vallées du Giflre et du Rhône et sous ses extré-
mités au sud-est et au nord-ouest nous voyons pénétrer le
Flysch ^ ».
TJn pli dont les deux extrémités de l'axe reposent sur des terrains
plus jeunes ne peut avoir racine en profondeur.
Or, ce raisonnement y qui a été accepté pour le massif de la
Brèche, peut être appliqué aux Préalpes médianes,
1. Ë. Haug. Les rcjpons dites exotiques du versant nord des Alpes suisses,
p. i5o.
a. E. Haug. Id., p. i5a : « Si ce chevauchement était contesté — ».
3. LuoBOif. La région de la Brèche du Ghablais, p. 395.
3 Juin igoa. — T. i«^. Bull. Soc. Géol. Fr. — 49
758 M. LUGEON. — LES GKANDES NAPPES DE RECOUVREMÎBNt
G*est la vallée de TArve qui va nous fournir des arguments
péremptoires, que j*aî déjà exposés en partie dans mon mémoire
sur le Chablais K
Quelle hypothèse, autre que celle (Tune nappe de recouvrement y
pourra permettre d'expliquer la présence de quelques lambeaux
jurassiques retrouvés par moi, à la Turche, sur les masses de
Flysch qui s'élèvent vers le Désert de Plate ?
Ces deux gros blocs de Jurassique ne représentent-ils pas des
fragments des Préalpes médianes et ne nous apprennent-ils pas
que cette nappe de recouvrement était jadis plus étendue? Ces
lambeai\x de recouvrement nous disent quel fot le chemin suivi
par la nappe préalpine. Je ne vois guère quelle théorie pourront
émettre les adversaires de celle que je défends ici pour expliquer
la présence de ces témoins gênants.
A l'avance je nrinscris contre Texplication qui pourrait peut-être
être donnée, qui considérerait ces lambeaux comme des fragments
d*un pli venu du nord, de dessous le massif de la Brèche, parallè-
lement à la vallée du Giflre. Ce pli serait écrasé à sa racine. Une
telle hypothèse serait d'ailleurs facile à réfuter. Les blocs de la
Turche sont comparables aux lambeaux isolés qui appartiennent
au massif de la Brèche. Us surnagent sur le Flysch des Hautes
Alpes. Ceci nous montre bien que ces montagnes jouent, vis-à-vis
des Préalpes médianes, le rôle que ces dernières jouent vis-à-vis
de la région des Brèches. Ce sont des masses qui se recouvrent les
unes les auti*es. Et ce qui est une preuve pour le massif de la
Brèche doit Tétre aussi pour les Préalpes médianes.
Les Préalpes médianes sont coupées, transversalement, par
Térosion de la vallée de TArve, dans le Môle et dans la Pointe
d'Orchez. Or les plis qui les forment sont superposés à des terrains
plus Jeunes queux. Ils ne peuvent donc avoir racine en projbndeur
et il s'ensuit que les Préalpes médianes en entier sont sans racines.
Voyons les faits qui m'autorisent à établir cette importante
conclusion.
On sait qu'à Taninge (fig. 4? pl- XV) les Préalpes médianes en
entier ne sont représentées que par une lame de Crétacique supé-
rieur reposant sur le Fl}'sch des Hautes Aipes^ et recouvert direc-
tement par le Carbonifère du massif de la Bi*èche. Ainsi, en ce
point, les Préalpes médianes n'ont pas l'acine en profondeur.
I. Je prie le lecteur de m'excuser de citer si souvent ce mémoire, j'y suis
forcé par Toubli, dans les discussions ultérieures, des arguments que j*estime
importants, arguments qui se sont perdus parmi le grand nombre des autres,
au milieu de Ténorme accumulation de faits que j*ai apportés.
DBS ALPES DU CUABLAIS ET DE LA SUISSE J^Q
Toute la rive gauche du Giflre est occupée par le Flysch des
Hautes Alpes, sur lequel repose, à Ghatillon, un lambeau de Flysch,
homologue de celui du Niesen (bivche à éléments granitiques),
soit de la zone interne des Prcalpcs. Ce Flysch des Hautes Alpes,
avec son compagnon, occupe toute la partie basse de Textrémité
orientale du massif de la Pointe d'Orchez. On sait que partout les
Hautes Alpes s'enfoncent sous la zone interne et celle-ci sous les
Préalpes médianes. Dans ces conditions, nous pouvons dire que
toute Vextrérmté est de la Pointe d'Orchez repose sur le Flysch,
La démonsti*ation est péremptoire, si Ton sait que vers le point
546, sur la route de Ghatillon à Marignier ', on constate le Flysck
au pied des escarpements liasiques.
Ainsi voilà un premier ensemble des Préalpes médianes, un des
chaînons axiaux du fameux éventail imbriqué qui repose sur le
Flysch. Je reviendrai sur ce fait important; mais passons main-
tenant au Môle.
Je maintiens que les plis du Mole sont couchés sur la Molasse
rouge. Or, sur quoi repose cette Molasse, sinon sur le Flysch des
Hautes Alpes? Et comme, à quelques kilomètres de là, lïous savons
que la Pointe d'Orchcz repose sur ce Flysch, comment veut-on,
entre eux deux, trouver place pour une racine des Préalpes? Il ne
faut pas oublier, non plus, que les plis préalpins du Môle et de la
Pointe d'Orchez arrivent à angle droit sur la direction des plis
haut-alpins de la rive gauche de TArvc. Alors de deux choses
Tune : ou bien ce sont les plis des Hautes Alpes qui sont barrés,
ou bien ce sont ceux des Préalpes. Kn réalité, ce ne sont ni les
uns ni les autres. Les plis préalpins sont brusquement coupés
par les parois du Môle et de la Pointe d'Or chez. Cela se voit
aussi bien sur la carte que sur le terrain. Les plis des Hautes
Alpes, au contraire, s'abaissent, se serrent au voisinage de la
vallée de TArve. // faut bien que les plis préalpins meurent
quelque part, et, s'ils ne le font pas au voisinage de la vallée de
TArve, c'est qu'ils se continuent. Et où se prolongeaient-ils? 11 n'y
a qu'une seule réponse : Leur continuation ne pouvait se faire
(pi'au-dessus des plis hauts-alpins de la rive gauche !
Et Vénorme masse des Annes, cette montagne préalpine isolée,
juchée sur les plis des Hautes Alp(»s, à quelques kilomètres de là,
est le témoin le plus éloquent en faveur de notre manière de voir.
Je n'insiste pas à nouveau sur le passage des plis hauts-alpins à
I. Cet affleurement n*est pas indiqué sur lu carti' au i/bo.ouo ; je l'ai décou-
vert après' l'impression de^:ette dernière.
760 M. LUGEON. -^ LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
travers la vallée de FArve; J'ai précédemment attiré Fattention
sur l'argument important que Ton en pouvait tirer.
M. Haug, en combattant Thypothèse du substratum tertiaire des
Préalpes, écrit ce qui suit : « Des travaux d'art permettent quel-
quefois de reconnaître le substratum sous la masse en recouvre-
ment elle-même, dautre fois l'érosion fournit une coupe naturelle
assez profonde pour que le substratum apparaisse en certains
points. »
A défaut de travaux d'art, nous avons l'œuvre de l'érosion. Et
n'est-ce point en plein axe des Préalpes que nous voyons l'extré-
mité de la Pointe d'Orchez surnager sur le Flysch ? Et où peut se
continuer le pli anticlinal de Vellard, dont un des flancs repose
sur le Tertiaire ? 11 se continue par Matringe ; de là, il i*ejoint la
vallée de la Di*ance de Bellevaux, forme l'un des plis qui aflleu-
rent en aval de Saint-Jean d'Aulph — en plein cœur des Préalpes,
continue par l'anticlinal de Cercle près Bonnevaux et finalement
atteint la vallée du Rhône à Vouvrj' ou près de Tanqy.
Ja^s plis de Vésine * (aoi3 m.), plus intérieui*s, qui ont à peu près
disparu, lorsqu'ils atteignaient la Vallée du Gillrc (ils sont i*epré-
sentés par Técaille de Crétaciqué de Taninge), reposant là, plus
certainement encore, sur le Flj^sch, se prolongent par le Mont
Chaulfé jusqu'à Vouvry, dans la vallée du Rhône.
Les ad Versailles de la théorie préalpine ne veulent pas admettre
que la Molasse rouge du Bouveret rejoigne en profondeur celle du
Val d'Illiez, ainsi que je l'ai dessiné sur la fig. i, pi. XIV.
Ils admettent cependant — inconséquence que je ne puis com-
prendre — que le Crétaciqué du vallon de Charmy, qui disparaît
sous le massif de la Brèche, est bien celui qui ressort à la Pointe
de l'Haut, dans le Val de Morgins, et lorsque nous appliquons un
raisonnement rigoureusement semblable, quand il s'agit des
Préalpes médianes et de la Molasse rouge, nous nous heurtons à
leur opposition. Or. maintenant, nous pouvons montrer, ainsi que
nous venons de le faire, que le pli anticlinal de Vouvry (fig. i,
pi. XIV) se continue par le Mont Chauffé, par l'anticlinal faille de
Thex (fig. !2, pi. XIV), de là, sous les montagnes de Flysch, dans les
plis de Vésine et ensuite dans la vallée du GifTre, où, sous lui,
nous voyons apparaître le Flysch; nous pouvons montrer ainsi
que lé pli le plus rapproché de Taxe dans la vallée transversale du
Rhône doit posséder aussi sous lui un substratum de Flysch.
Je crois inutile de pousser plus loin les arguments qui militent
I. Feuille d'Annecy, point aoi3 m., à Touesl de la Pointe de Chaiune.
DES ALPES DU CHADLAIS ET DR LA SUISSR 761
en faTeur du substratuni tertiaire des Préalpes médianes. Si les
adversaires de notre manière de voir ne trouvent pas dans ces
lignes de quoi satisfaire leur demande de preuves, c est qu à leurs
yeux il en sera toujours ainsi.
a. — La hacine de la zone interne
Supposons que les arguments que je viens d'accumuler, en me
basant sur la vallée de l'Arve, ne «oient pas suilisants pour démon-
trer Tabsence de racine dos Préalpes médianes. Il est un autre
genre de preuves qui vient encore heureusement à notre secours,
en éclairant d'un jour nouveau le problème. Nous trouvons la
réponse définitive dans les Hautes Alpes calcaires, et il est vrai-
ment surprenant qu*elle n'ait pas jusqu'ici apparu aux yeux des
explorateurs. C'est peut-être parce que ces preuves se trouvent
dans les solitudes, si peu abordables, des hautes régions inhospi-
talières des Wildstrubel, au centre des Alpes bernoises. Escala-
dons les flancs de la vallée de la Sinime jusque sur le sommet du
Wetzsteinhorn, qui domine la Plaine-Morte çt contemplons les
cimes environnantes ^
Notre regard est arrêté vers le sud par une épaisse paroi de cal-
caire du Jurassique supérieur, qui l'orme la montagne de la Chaux.
C'est un vaste pli couché, élémentaire, qui prend sa racine dans
les hauteurs dominant Sierre. Un éperon se détache de la paroi ;
c*est le Mont Tubang, lambeau isolé de Jurassique fossilifère,
reposant sur les grès nummulitiques. De là, une paroi, de Juras-
sique également, flanc renversé du grand pli couché, s'avance
vers nous, en dominant la Plaine-Morte, recouverte par les neiges.
Elle s'allonge ainsi jusqu'au Rohrbachstein. Puis, d'autres frag-
ments isolés forment comme de grandes ruines sur le Laufboden-
hom. Le pli n'est pas fermé, on n'y voit pas encore la charnière
frontale. Où donc se trouve-t-ellc ? Avançons-nous vers ce Laufbo-
denhorn et regardons Tablme. Une énorme masse des mômes
calcaires jurassiques, située dans le fond de la vallée, au Râzliberg,
I. Voir la Carte géologique suisse au i/i(X).ooo, feuille XVI. Les levés géolo-
giques sont très inexacts, mais cependant ils ptaivent être utilisés pour cette
première démonstration. J'ai passé sur ces hauteurs bien des journées, sous
la tente, à en faire la revision, qui sera publiée plus tard. Ce que je donne
ai|Jonrd*hui, ce ne sont donc que les résultats préliminaires d'une étude
encore inachevée. Mon travail s'appuie sur une exploration complète. J'ai
parcoura ce massif dans tous les sens, et malgré les dillieultés du terrain
tout a été contrôlé par le marteau.
762 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
nous montre la continuation que nous cherchons. La masse juras-
sique fait partie des écailles de ta zone interne.
Ainsi les Préalpes sont liées avec les Hautes Alpes. Cet énorme
pli couché que nous venons de reconstruire sans difficulté, tant
les aflleurements font, de la solution du problème, un jeu des plus
simples, n*est qu'un pli supérieur, superposé à celui du Mont Gond,
dont j'ai révélé l'existence dans les pages qui précèdent.
Ce pli très étiré en pénétrant dans la zone interne suit les con-
toumements des plis du Hanc normal de la nappe du Mont Gond-
Wildhorn. Et e*est là du reste un des caractères communs aux
écailles de la zone interne : elles suivent toujours les ondulations
des plis des Hautes Alpes, sur lesquels elles reposent.
Ici, dans cette zone, les synclinaux hauts-alpins contiennent des
noyaux d'Oxfordien, de Nfalm, de Trias, etc. Ces écailles accu-
mulées — résultats de Tétirement à l'extrême des grands plis
couchés — forment des séries où les lacunes tectoniques sont la
règle dominante, séries entassées les unes sur les autres en par-
faite concordance. M. Roessinger montrera ces étranges allures
dans un prochain mémoire. Ainsi un des plis des Préalpes peut
être reconstitué dans son ensemble dès sa racine jusqu à sa tête
enfouie en écaille dans la zone interne.
Ce n'est que dans les Wildstrubel que Ton pouvait avoir la
chance de retrouver un des plis supérieurs des trois nappes super-
posées, que nous avons reconstruites dans les premières pages du
présent travail. La raison en est fort simple. Nous avons vu
que les nappes des Diablerets et du Mont Gond formaient, dans
leur ensemble, des pUins descendant vers Test transversalement à
leur dii*ection de poussée. Ce vaste abaissement des axes se fait
sentir jusqu'aux Wildstrubel, si peu près à mi-distance entre les
massifs cristallins de Morcles et du Finstei*aarhorn. Plus loin
les plis se relèvent. Nous devons donc perdre à tout jamais l'espoir
de retrouver un autre pli des Préalpes encore attaché à sa racine.
Cela a d'ailleurs peu d'importance, il suffit, en effet, d'avoir trouve
Vun d'eux pour que tout le reste s'enchaîne.
La zone interne est formée par trois grands régimes principaux
d'écaillés ^ Il est ainsi probable que deux antres grands plis, pour
le moins, devaient être superposés à celui que des débris nous
I. Il y a en réalité une quinzaine d'écaillés dont plusieurs sont réduites à
Tétat de traînées de blocs pinces dans le Flysch. Ce ne sont que les digita-
tions par étireinent d'un petit nombre de plis. La zone de Flyscli du Niesen
doit cire considérée connue la quatrième écaille principale.
DES ALPES DU CHABLA.1S ET DE LA SUISSE ^63
de reGonstniire avec la même sûi*eté que quand nous
ayons affaire à un anticlinal droit quelconque.
Avant d*aller plus loin, je désire répondre à une objection pro-
bable. Si une des écailles au moins de la zone interne provient
des Hautes Alpes, pourquoi n'y rencontrons-nous pas TUi'gonien
si caractéristique de ces dernières ? La réponse est aisée. J'ai
indiqué dans une note très courte * que TUrgonien passe i^ers le
sud^ dans les AVildstrubel, à un faciès vaseujc, autrement dit
prend une forme barrémienne, en particulier dans le grand pli
couché que nous venons de décrire. Or, si dans ce pli, qui est le
plus septentrîonal de ceux qui ont fourni la zone interne, nous
trouvons déjà TUrgonien sous la forme barrémienne, seule forme
connue dans les Préalpes, raison de plus pour qu'il en soit ainsi
dans les plis plus méridionaux, dont nous ne pouvons reconstruire
la racine, mais dont la tête seule nous est connue, enfouie en
écaille dans les sédiments de Flysch préalpins. Cela est certain,
puisque ces plis inférieurs ne peuvent venir que de régions plus
méridionales par rapport à celles où nous trouvons l'Urgonien sur
les hauteurs et le front des Wildstnibel.
Mais ce n'est pas tout. Les terrains qui forment la zone interne
— du moins en avant du pli que nous reconstruisons — sont les
mêmes que ceux qui forment les Hautes Alpes, sur leur çersant
méridional dominant la çallée du Rhône. Cela n'a pas été une de
nos moindres chances - que de retrouver dans la zone interne, et
cela avant d'avoir reconstruit le pli dont nous venons de parler,
le Malm, TOxfordien à Phylloceras tortisulcatum, le Lias, le
Trias, entièrement semblables à ceux que Ton constate dans les
environs de Sierre.
Nous ajouterons encore que si TAptien, le Gault, ne sont pas
connus dans la zone interne, c'est que justement ils manquent
dans les territoires méridionaux d'où proviennent les terrains du
grand pli que nous venons de reconstruire.
Nous savons que les terrains mésozoîques de la zone externe
sont les mêmes que ceux de la zone interne. M. Schardt a même
supposé que Tune était arrachée de l'autre. Ce sont surtout les
terrains jurassiques et crétaciques que Ton trouve en écailles dans
I. LuGKON Première communication préliminaire sur la (çéologie de lu
région comprise entre le Sanetsch et la Kander. Eclogiv geot. Helv., vol 0,
p. 4»7» 1900.
d. LuoFON et RoBssiNGRR. Géologic de la Haute vallée de Laueneii. Archiver
des Se. phys. et nat. Genève, janvier i()i)i.
^64 M. LUGKON. — LES GRANDES NAPPES DK RECOUVREMENT
la zone externe. Le Lias et le Trias n'y sont qnk Tétat de « bloes
exotiques » * noyés dans le Flysch.
Dans la zone interne, les terrains mésozoîques jeunes consti-
tuent surtout les écailler inférieures, telle, par exemple, celle
formée par le Néocomien à Céphalopodes accompagné de Malm
qui repose sur le pli de Morcles. Les écailles supérieures sont
surtout formées de terrains liasiques et triasiques. Si donc la zone
externe a été formée en partie aux dépens de Tinteme, elle n'a
guère bénéficié que des écailles inférieures de cette dernière. Il
peut paraître très singulier que Ton n'y trouve que les écailles les
plus profondes et non les autres et qu'elle ne contienne rien du
Flysch du Niesen, placé immédiatement sous le plan de recouvre-
ment des Préalpes médianes. Quelle est donc la cause qui a pu
arrêter l'entraînement vers l'avant d'une partie de ces écailles?
Nous avons vu que seule Técaille inférieure n'est pas atteinte par
l'effet du refoulement des nappes des Diablerets et du Mont Gond-
AVildhom, du moins dans le voisinage de la vallée du Rhône. Les
autres, au contraire, sont contournées sur elles-mêmes, à tel point
qu'elles essaient de passer />ûr dessus les Préalpes médianes (fig. 4.
BB).
Le phénomène est visible des bords du Rhône jusqu'à la vallée
de l'Hongrin. J'ai insisté sur ce fait et j'ai fait remarquer qu'au
delà de ce point le contoumement doit se faire en profondeur,
qu'il est invisible à la surface. Nous le retrouvons sitôt que
l'érosion est assez profonde. En effet, la chaîne du Niesen forme
à son extrémité orientale comn.e une tête anticlinale emmurée
par le contoumement des Préalpes médianes *. A Wimmis, le
Flysch pénèti*e sous les Préalpes médianes, tandis que de l'autre
côté de la Kander ^, où il aurait dû se prolonger, nous voyons les
plis de ces chaînes médianes, en partie cachées sous le Glaciaire,
s'allonger dans un territoire qui était autrefois recouvert par le
Flysch du Niesen. Or ce Flysch du Niesen doit être considéré
comme un pli ou une écaille au même titre que celles qui forment
son substratum. Nous voyons donc qu'une partie de la zone
interne, contournée par l'influence à distance des plis frontaux. des
nappes des Hautes Alpes, s'efforce de culbuter la nappe préalpine
et de passer par dessus, alors que la vraie position devrait être
I. GiLLiKRON. Mat, Carte géol. suisse, 12* et 18' livr . i88a.
a. M. DouviLLé considère aussi le Niesen comme une tète anticlinale
(Observation géologique dans les environs dlnterlaken. B. S, G. F,. [3|,
XXVin, p 57, 1900).
3. Voir Carte géologique suisse, feuille XII.
DES ALPES DU CHABLAIS KT DE LA SUISSE ^65
au-dessous. Ainsi, une partie a cherché à passer par le haut. Seules
les écailles inférieures, formant probablement des lames plus
allongées dans la direction du nord, n'ont été victimes que par-
tiellement de ce mouvement vers le haut ; elles ont pu être alors
entraînées par le bas, Ih où elles ne subissaient pas Faction des
coins pénétrants des nappes des Hautes Alpes. Or, justement dans
les Alpes vaudoises, Técaille indépendante de ces mouvements
est la seule dont on reti'ouve des terrains dans les Pléyades, c'est-à-
dire dans la zone externe.
Toutes les autres écailles ont été arrêtées dans ce mouvement,
ou n'ont pu passer qu'à Tétat fragmentaire, formant les blocs
exotiques du Gurnigel.
Si Texplication que je donne maintenant ne parait pas assez
étayée, c'est que nous manquons encore de documents, mais l'on
voit qu'une analyse un peu serrée des faits connus nous amène à
établir une relation si singulière entre les écailles des deux zones,
que la probabilité de leur liaistm ancienne en est plutôt afl'ermie
qu'affaiblie. Si les deux zones interne et externe sont bien consti-
tuées par les mêmes écailles, elles représenteraient une sorte de
zone marginale ou zone ceinture, bords des nappes les plus infé-
rieurs des Préalpes.
3. — Les Préalpes médianes ne pelvent avoik de racine
Le recouvrement du massif de la Brèche sur les Préalpes médianes
ne peut être contesté. Ce massif ne peut venir que de l'intérieur
des Alpes, ainsi qu'en témoigne son pli frontal.
Sous les Préalpes médianes s'enfonce la zone interne.
Cette zone interne ne peut venir que du sud, de l'intérieur des
Alpes, ainsi que le prouve la racine que j'ai découverte.
Ainsi les Préalpes médianes sont comprises entre deux nappes
de recouvrement ; elles ne peuvent donc avoir racine en profondeur,
et elles ne peuvent venir que du sud, de Vintérieur des Alpes.
IV. — Les grandes nappes des Alpes suisses.
Phénomènes semblables à ceux du Chablais
La découverte de la racine d'une des nappes des Préalpes,
Fexistence de plusieurs nappes empilées dans les Hautes Alpes, au
lieu et place des plis à types jurassiens que Ton croyait y voir,
conduisent à de nouvelles généralisations relatives à la géologie
76G M. LUGEON. — LES GIIANDES NAPPES DE JtECOUVREMENT
du versant nord des Alpes. Peu à peu nous marchons vers la
synthèse. Je vais tenter cet essai de coordination, bien que la
tâche nie paraisse considéi*able. Cette tentative aura Tavantage
de montrer, je le crois du moins, quels sont les arguments qui
nous manquent encoi*e pour renfoi*cer et faire triompher définiti-
vement la théorie des grands mouvements vei'S le nord.
I. — Quelques mots sur les Klippbs
Jusqu ici. je n'ai pas parlé des Klippes^ ces montagnes exotiques
à faciès préalpin, placées au milieu des chaînons à faciès helvé-
tique. Il est évident que le sort de ces petite massifs est lié à celui
' des Préalpes. Ils ne représentent ([ue Textension longitudinale des
nappes de recouvrement, dont les plus étendues sont localisées
dans la zone du Chablais. L*une de ces Klipp's cependant mérite
que nous nous y arrêtions quelques instants. C'est celle du Giswy-
lerstock, près du Bininig, qui vient de faire Tobjet d'un mémoire
très intéressant et très détaillé dû à M. Hugi ^ Mon confrt^i*e
arrive à la conclusion que les terrains qui constituent le Rothspitz.
le Jânzimattberg et le Giswylerstock sont bien les restes d*uiie
nappe de recouvrement. Pour lui, le mouvement vient du iior</, de
cette fameuse chaîne vindélicienne, que pei'sonne n'a jamais cons-
tatée et que ses défenseurs placent sous les sédiments de la plaine
suisse, sorte de chaîne sous-molassique, comparable aux chaînes
sous-marines.
A Tappui de l'idée d'une poussée venue du nord. M. Hugi consi-
dère la remarquable charnière de la Rossfluh, l'une des plus belles
des Alpes, comme une charnière synclinale ouverte vers le sud
(fig. G). J'ai parcouru la région attentivement ; j'ai acquis des
résultats inverses de ceux de mon confrère. Pour moi la Rossfluh
est formée par une charnière anticlinale faisant par conséquent
partie d'un pli couché i^ers le nord. M. Hugi a trouvé, dans une série
de blocs éboulés au pied de la Rossfluh, un fossile caractéristique
du Muschelkalk, lietzia trigonella. Il suppose que les couches qui
contiennent ce fossile passent au pied de la paroi, et, dans ces
conditions, les bancs qui les dominent, devant être plus récents et
se trouvant au cœur de la charnière, le pli doit être un synclinal.
Voici ce qui m'autonse à ne pas accepter les arguments de
M. Hugi. Les roches à Heizia ne constituent pas un affleurement
I. E. HuGL Die Klippenregion von Giswyl. Donkschr, schw, nalnrf. Gearll-
DBS ALPKS DU CHABLAIS ET DE Ï.A SUISSE '](i'j
de roches en place. Ce sont des blocs éboulés. Certainement ils ne
proviennent pas du pied de la paroi. Ils ne peuvent provenir que
de la partie élevée de la paroi et par conséquent du noj-au du plL
Dans ces conditions, puisque le Muschelkalk est la roche la plus
ancienne du pli et qu'elle ne peut se trouver qu au centre de ce
dernier, celui-ci ne peut être qu'un anticlinal. Dans ce cas, le pli
de la Rosslluh, loin de venir à rencontre de la théorie que je
défends, lui apporte, au contraire, un argument péremptoire. Le
pli de la Schafnase n*est alors qu un fragment d'une tête anticlinale
d'un pli supérieur à celui de la Rosslluh et séparé d'elle par un
synclinal renversé, ainsi que cela est normalement le cas dans
les nappes. En outre, une petite faille locale, que j'ai constatée et
qui passe par la Furgge, a permis à ce deuxième anticlinal de
s'abaisser.
Bff^MpitM
et/. Bostfluh 3
- , -^:: — -— ^»^ — - ' ^ I ( subitirxfufTf J
All.iooo^
Pig. 6. — Coupe de la Klippe du (xisWylerstock modifiée dans l'hypothèse
de plis venus du sud. — KcheHe i/ioo.ouo.
M. Hugi s'appuie encore sur un fait intéressant. Ilremai*que que
la série du substratum présente le maximum de dislocations sur le
bord sud de la Klippe. S'appuyant sur l'autorité de M. Rothpletz,
il dit que ce fait s'expli^e aisément, car il est clair, ajoute-t-il, que,
dans le transport d'une masse, TelTet mécani({ue doit être le plus
fort vers son front. Cela est possible, mais, dans le cas particulier, il
est facile de démontrer que la limite sud du Gis\vylei*stock ne
correspond absolument pas a\>ec le front de la nappe, puisque
celle-ci vient du sud ; et même encore, si l'hypothèse de la venue
du nord nous était démontrée, cette mêm(» limite ne correspondrait
pas davantage avec le front. Il faut un pli fr<mtal poui* limiter une
nappe; les Klippes du Giswylei'stock ne sont que les débris épars
d'un grand recouvrement; l'érosion a taillé, morcelé cette nappe;
la limite sud n'est qu'une limite d'érosion. Ainsi donc ce maximum
de dislocation du substratum, dont M. llugi a montré l'existence,
s'est fait en un point quelccmque sous la nappe. Il n'apporte aucun
argument pour l'une ou l'autre des hypothèses.
•:68 M. LUGEOX. — LES GRANDES NAPPES DK RECOUVREMENT
^
Et j'ajouterai encore une remarque. Les petites dislocations du
substratum en question sont visibles là où les couches sont très
nettement diflerenciées les unes des autres : mais qui nous dit que
dans les niasses homogènes du Flysch de la limite nord il n^en soit
pas de même ? Et si la dolomie recouvrante du voisinage de ces
petits accidents locaux parait particulièrement disloquée, c'est
qu'elle se tix)uve sur le pian de charriage. Ailleui-s, le contact est
invisible. L'argument n'a donc aucune importance.
Ainsi aucun des faits signalé par M. Hugi n'est contraire à la
venue du sud, bien au contraire, puisque je montre que laRossfluh
est un remarquable anticlinal couché vers le nord. Si j*iDsiste
particulièrement sur le Giswylerstock, c'est que les adversaires
de la théorie que nous défendons ont cru trouver contre nous des
faits péremptoires dans cette montagne. Ces fameux plis poussés
vers le sud n'existent que dans les coupes dessinées : « . . . c'est
précisément ce déversement vers le sud que les partisans du
déversement uniforme, dans toute l'Europe, des plis vers le nord
ne peuvent se résoudre à admettre », a écrit le plus brillant adver-
saire de notre manière de voir, M. Haug ^ en analysant le mémoire
de M. Hugi. En effet, des plis du genre de ceux de la Rossfluh ne
peuvent nous embarrasser, bien au contraire, ils confirment notre
hypothèse et viennent à son appui. Quant à la théorie mécanique de
M. Hugi, je ne la discuterai pas longuement, car ses arguments
sont déjà tombés. Les deux poussées qu'il invoque sont difliciles
à comprendre ; si la première (Giswylerstock) est dirigée dans le
sens opposé à celui où M. Hugi pensait le faire venir, la deuxième
n'est que pure hypothèse, aucune charnière n'étant conservée.
J'ajouterai encore un fait. J'ai découvert, avec un de mes élèves,
M. F. Jaccard, un lambeau de Flysch, entre le Dogger du Jânzi-
mattbei^ et le Trias que l'on croyait former son substratum; cela
vient nous montrer une étrange parenté de dislocation avec celles
qui, dans les Préalpes, nous oflrent le plus de difficultés.
Une hypothèse basée sur des lambeaux épars comme ceux
qu'oflre le Gis\\^lerstock ne peut donc infirmer Tensemble consi-
dérable des faits préalpins. Quoi qu'il en soit, il est de mon devoir
de rendre un juste et mérité hommage à mon confrère bernois. 11 a
attiré l'attention sur ces rocliers perdus, qu'il a décrits avec une
grande clarté.
Les autres Klippes de la Suisse ne présentent rien qui soit
I. Ë. Hai'g. Revue annuelle de géologie. Hevue générale des Sclencen^
11* année, p. iS'iô, 1900.
DES ALPE8 DU CIIABLAIS ET DE LA SUISSE ^69
contraire à Thypothèse de grands plis venus de Tintérieur des
Alpes.
Des deux régions exotiques de la Savoie, celle des Annes,
présente, dans la montagne d*Auferrand et d'Almet, un pli synclinal
important déversé au noixl, c'est-k-dire vers les Préalpes. Il n*y a
là rien de contraire à la théorie que nous défendons. Quant à la
Klippe de Sulens, il résulte des études que nous avons faites,
M. Hauget moi ^ que cc^aines écailles inférieures présentent des
charnières dirigées vers rextérieui» de la chaîne ; il n'y a qu'un pli
local qui soit disposé en sens inverse. La masse liasique de la
montagne proprement dite de Sulens, que nous avions interprétée
comme un synclinal déversé vei's le sud-est, peut être tout aussi
bien considérée comme formée par deux anticlinaux plongeants
superposés, provoqués par une poussée dirigée vers le nord-ouest.
L*absence de charnière ne permet pas de faire le choix entre les
deux hypothèses.
Cette rapide récapitulation de la tectonique des Klippes nous
montre qu'aucun fait n'est contraire à Fhypothèse du chairiage
vers l'extérieur de la chaîne, et que bon nombre de données, telles
que des charnières qui ne présentent pas d ambiguïté possible,
viennent, par contre, à Tappui de cette hypothèse.
Forts de ce que nous a montré cette récapitulation, reprenons
notre problème, en cherchant nos preuves dans les Préalpes.
a. — La TECTONIQUE DES PllKALPES n'eST PAS PROPRE A CKTTE
(JIAINE ; ELLE EST CELLE
DE LA PRESQUE TOTALITE DES AlPES CALCAIRES SUISSES !
Le titre de ce paragraphe résume notre nouvelle conception.
Celle-ci se base à la fois sur les excellents travaux, justement
célèbres, de mes prédécesseurs, parmi lesquels je signaleimi les
travaux de Escher, et de MM. Baltzer, Ileim et Renevier ; elle se
base aussi, et pour beaucoup, sur les brillants résultats acquis
dans les Alpes par mes maîtres et mes collègues du Service de la
Charte géologique de France, M. Marcel Bertrand et MM. Termier,
Haug, Kilian et Ritter, et elle s'appuie encore sur les faits ((ue j'ai
pu accumuler depuis 1895.
Je pars du principe, qui est actuellement démontré, que les
Préalpes ne peuvent venir que de l'intérieur des Alpes. C l'est un
I. Haug et Lugeon. Note préliiiiinairr sur la gôulo^ie de la inoiitat^iic de
Suiens. Bull. Soc. (VhUL nat. de la Sa%'oie, 1897.
970 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RBCOUVREBfENT
fait que je tiens pour absolument acquis ; les pages de ce mémoire
auront suiti, jVn suis persuadé, à nous rallier définitivement les
indécis.
Dans leur contact avec les Hautes Alpes, les Préalpes présentent
la région la plus disloquée, la partie interne de la zone ceinture.
Ce ne sont plus des plis (pie Ton y voit, mais des écailles empilées
les unes sur les autres, si étirées parfois,^ qu'elles ne forment plus
que les grains disjoints d'un chapelet gigantesque. Quelle difTë-
i*ence de style tectonique avec celui des plis couchés aux belles
charnières des Hautes Alpes, qui s'enfoncent sous cette zone
interne. 11 semblerait que la nature, en créant ces deux régions, ait
cherché à mettre en opposition l'irrégularité extrême de l'une avec
la grande régularité des charnières anticlinales de l'autre. Et
cependant ces deux systèmes sont intimement liés, puisque Vune
des écailles de la zone interne est la continuation d'un des grands
plis couchés des Hautes Alpes.
Cette constatation a une importance considérable.
Lorsque j'éci*ivais mon ouvrage sur le Chablais, l'existence de
grards plis couchés superposés dans les Hautes Alpes calcaires
était encore ignorée. On ne connaissait que le grand pli couché
de la Dent du Midi-Dent de Morcles, mais l'on croyait qu'il se
terminait très rapidement vers ses deux extrémités. Il n'était que
Texagération partielle des plis di^oits que l'on croyait voir dans
les Alpes vaudoises et dans les Hautes Chaînes calcaires de Savoie.
Dans ces conditions, la brusque apparition d un immense système
charrié au-dessus d'un ensemble plissé d'une façon presque juras-
sienne (à l'exception locale de la Dent du Midi et de la Dent de
Moi*cIes) avait laissé sup])Oser à M. Schardt et à moi-même que là
masse préalpine avait été transportée de loin et amenée sur son
emplacement actuel par un phénomène spécial. Nous nous plai-
sions à comparer ce charriage à une sorte d'immense glissement,
dû aux lois de la pesanteur. Pour mon compte, si je n'ai pas insisté
sur cette conception nouvelle, j'ai néanmoins une part très grosse
de i*esponsabilité, puisque j'ai terminé mon mémoire en dévelop-
pant cette hypothèse et en exposant le mécanisme qui devait
l'expliquer.
Voici quelle était ma conception ' : « Le mouvement alpin, pré-
lude des dislocations qui allaient dui^er jusqu'au Miocène supé-
rieur, aurait commencé à se faire sentir dans les temps éocènes
par un bombement gênerai de la zone centrale de l'éventail alpin.
1. LuGKON'. Lu ré}(ion de la Brèche du Chablais, pp. 3uo-3oi.
UES ALPES DU CHABLAIS RT DE LA SUISSE 77 1
Les rides primordiales auraient été effacées par ce inouvemeiit
plus intense. Du sommet ou des flancs de ce dùnie, immergé
encore sous les eaux nummuli tiques, se seraient décollées des
masses considérables, formant une grande bande : les Préalpes
médianes, et les débris de cette nappe, les Klippes, La masse glis-
sante entraînant une quantité considérable de terrains cristallins^
aai*ait alimenté le Flysch en formation, suivant Thypothèse de
M. Schardt. La masse aurait franchi toute la largeur du Brian-
çonnais. I^ surélévation continuelle des Alpes en arrière de la
nappe, soulèvement coïncidant avec le retrait de la mer éocène,
se traduisait par un acheminement continuel. En arrière de la
nappe, un appel de matière [)rovoqué par les masses plus alfais-
sées, sur lesquelles s'eflectuait le glissement, provoquait la forma-
tion d'un deuxième pli couché, plan récent que le premier, c'est la
région de la Brèche Avant que ce l'ecouvrement du massif de
la Brèche se soit eflëctué, les Préalpes médianes auraient dans
leur marche arraché la zone bordière et la zone intérieure
C'est alors que toute celte masse de terrain franchit les Hautes
Alpes, déterminant un champ d'allaissement qui permît sa conser-
vation par sa plus faible altitude. Ce champ d'aflaissenient pro-
duisant un appel de matière, les plis de la Dent du Midi-Moi^cles,
dans leur partie libre, s'exagéraient sous la forme de grands plis
couchés qui, s'ils se fussent un peu plus étendus, auraient môme
pu se superposer à la grande nappe exotique, comme en arrière
s'étaient déjà superposés les massifs des Brèches du Chablais et
de la Hornfluh. x>
Cette explication hypothétique s'était formée dans notre esprit
à cause de la diflîérence si considérable qui paraissait exister entre
les Hautes Alpes et les Préalpes, ainsi que je l'ai dit ,plus haut.
I^a connaissance que nous avions de ces premières montagnes se
basait sur des travaux très détaillés, tels que ceux de MM. .Rene-
vier et Haug et de Maillard. Aucun d'eux ne révélait les grands
plis couchés que nous connaissons aujourd'hui. Si à l'époque nous
avions été armés comme nous le sonmies aujouiHl'hui, certainement
le problème des Préalpes se serait présenté à nos yeux sous une
face différente.
En arrière des Klippes de Savoie, MM. M. Bertrand et Ritter
ont montré l'extension d'immenses plis couchés superposés. Au
sud des Klippes de la Suisse allemande, MM. Marcel Bertrand et
GoUiez ont montré l'existence d'une grande nappe dirigée veis le
nord, telle que déjà l'un d'eux l'avait conçue en 1884. Kn arrière
des Préalpes bernoises et vaudoises j'ai montré, dans le présent
77'^ M. LUOEOX. — LES CrRANDES NAPPES DE RECOrVREMENT
travail, Texislence de trois nappes superposées, recouvertes par
une quatrième : celle-ci plus détruite par l'érosion, mais très
heureusement encore assez consei*\'ée pour que nous puissions
voir sa liaison intime avec une des écailles de la zone interne des
Préalpes.
(les (fuatre gl*andes nappes ont toutes leurs racines dans le liane
droit de la vallée du Khùne. Ainsi les Hautes Alpes bernoises
sont formées par VempUement de quatre grandes nappes dont
nous connaissons les racines,
' L'une de ces nappes se continue dans les Préalpes, et celles-ci
sont formées par d'autres nappes plus grandes encore. Comme
d*une part Tune d'elles est rattachée avec sa racine, comme nous
voyons d*auti*e part un développement progressif des nappes des
Hautes Alpes de la plus basse vers la plus haute, il doit s*en suivre
que les nappes les plus éloignées et les plus hautes formant les
Préalpes devaient à l'origine être liées avec leurs racines.
Entre le pli de Mordes et la nappe du Mont Gond-\Vildlioi*n, il
j' a un enchaînement manifeste. Plus nous montons dans la série
des nappes, plus nous voj'ons le phénomène s'exagérer. Nous ne
pouvons pas faire une exception mécanique pour expliquer .les
Pi*éalpes, puisque les nappes qui les constituent ne sont que l^exa-
gération des mêmes phénomènes, des inférieures aux supérieures.
Voilà ce que nous ne pouvions savoir jusqu à ce jour et pourquoi
nous avions été entraînés à des conceptions hardies.
Aujourd'hui nous voyons que le phénomène des Préalpes est le
résultat normal des manifestations mécaniques qui ont créé les
Alpes suisses. Les Préalpes ne forment pas un cas particulier
mais sont V expression normale, la plus exagérée, dun phénomène
général, celui du déjettement des Alpes vers le nord. Au lieu d'être
un cas particulier le problème des Préalpes n*est qu'un détail.
On voit alors combien l'origine lointaine des Préalpes s'impose
nécessairement, mais combien la théorie se transfoime et se renou-
velle. Ce n'est plus un fragment de la couverture sédimentaire des
Alpes qui a marché vers le nord, mais presque toute la couverture.
On voit, en outre, combien la conception actuelle de la chaîne
al])ine doit èiw*. modifiée, combien il y a lieu de la renouveler et
nous ne sommes' encore qu au début de la iutui*e interprétation des
Alpes ; nous ne faisons qu'entrevoir ce que nous réserve l'étude
détaillée de la partie interne de ces montagnes.
Avant que Térosion ait détruit les attaches des nappes préalpines
avec leurs racines il devait se ti*ouver supei*posé entre les massifs
du Mont lUanc et du Finsteraahorn, là où sont les Hautes Alp^s
DIS ALPES DU CHABLAlS ET DK LA 8U188X
J73
bernoises, des nappes
en nombre considéra-
ble ; je crois pouvoir en
compter environ hait.
3. enchainement
dks préalpes et des
Hautes Alpes
caix: aires
Dans ma desci'iplion
des nappes superposées
des Hautes Alpos cal-
caires j'ai attiré l'atten-
tion sur un Fait impor-
tant que l'on peut résu-
mer ainsi : plun unf de
ces grandes vagues
sédimentaires est su-
perficielle, plus ell«
tend, pour ainsi dire, à
déferler vers l'avunt et
en conséquence plus
elle prend racine au
sud. plus elle tend à
s'étendre vers le nord.
Ed efTet, le pli de
Morcles est dépassé par
le pli des Diablerets:
celui-ci est à son tour
resté en arri6re de la
nappe du Mont Gond-
Wildhorn(fijî.3).Lepli
qui constitue l' écaille
la plus élevée de la
zone interne s'avance à
son tour, pluii loin, tou-
jours vers l'extérieur.
Comme j'ai montré que
les Préalpea médianes
ne devaient être consi-
dérées, de nifime que la
s Juin igoj. — T. !■".
Bull. Suc. Uéul. l''r.
774 ^* LUGBON. — LES GRANDKS NAPPES DE RECOUVREMENT
région de la Brèche, que comme ane nappe de reccavrement, c'est-
à-dire comme une nappe qui, primitivement, devait être liée avec
sa racine, il nous est possible de construire une coupe qui repré-
sente ce qu^était Fétat d*empilement du front nord de la chaîne
alpine (fig. 7).
L'examen de cette coupe du front nord des Alpes nous permet
quelques considérations intéressantes. L'une d'elles est basée sur
la marche exagérée, si manifeste vers l'avant, des nappes supé-
rieures, compai*ées aux iAférieures. C'est une règle constante ; il
n'y a que la nappe de la Brèche (n*" 8) qui fasse exception, peut-
être aussi la zone externe, qui demandera encoi*e des études très
détaillées. Le mécanisme que nous devons invoquer pour expli-
quer la nappe la plus simple, réduite à un grand pli couché, celle
de Mordes, doit être appliqué à la nappe la plus étendue» puisque
celle-ci n'est que l'extension d'un phénomène qui, en fait, est le
même. Or la seule explication que nous pouvons donner du pli de
Morcles est ce que nous désignons communément sous l'expression
à! effet de la force tangentielle. Ce terme n'est pas plus susceptible
d'explication que le mot graçitation, mais il satisfait pour le
moment notre esprit. Cest cette force tangentielle qui a donné
lieu à la poussée de ces immenses nappes ; ce n'est donc plus ce
phénomène spécial d'un grand glissement, que nous invoquions
dans la théorie des nappes de charriages. De cette manière, nous
faisons rentrer les grands déplacements de fragments de l'écorce
terrestre, ceux du moins des Alpes que nous étudions, dans les
lois d'un phénomène normal.
4* — Les plis RÉGULIERS DES Préalpes médianes
SONT DES ÉLÉMENTS DE CONSTITUTION
DES GRANDES NAPPES DE RECOUVREBfENT
Les Hautes Alpes calcaires bernoises et vaudoises présentent à
leur surface des plis déjetés ou couchés tellement simples que l'on
n'avait jamais pensé jusqu'ici à les considérer comme les détails de
la carapace de grandes nappes superposées. Il y a là une différence
fondamentale avec l'allure si plane de la surface d'autres grandes
nappes déjà connues, comme celles décrites par M. Ritter, ou
encore comme In nappe classique du double-pli de Glaris. Cepen-
dant, on aperçoit déjà entre les coupes de M. Ritter et celles de
M. Heim une différence sensible. Les premières possèdent des
plis secondaires. Si l'érosion n'avait pas entamé profondément ces
nappes superposées, il eut été difficile de les deviner; il eut été
DSd ALPES DU CHABLÀI8 ET DB LA SÙISSB 776
téméraire^ je dirais même impossible de les concevoir. Dans les
Haates Alpes calcaires bernoises et vaudoises, ces nappes sont an
peu plus plissées. Les nappes de la Provence le sont encore davan-
tage. La grande masse, sans racine, des Préalpes médianes est
plus régulièrement ondulée, et cependant les plis présentent de
très fréquentes lacunes, des accidents, surtout dans les parties
basses. On voit que les nappes de recouvrement ont des styles
très différents les uns des autres dans leurs plis secondaires. Ainsi
donc on ne saurait opposer à la théorie du recouvrement ces plis
à aspect jurassien des Préalpes médianes, cela d'autant plus que
personne ne sait encore ce qui se passe en profondeur sous le
Jura. Tantôt les nappes de recouvrement s'avancent avec une
régularité qui est certainement plus incompréhensible que ne Test
l'inverse; tantôt elles se plissent, et chacun des plis se déverse
dans le sens général du mouvement; on dirait qu'il cherche à
sortir et à constituer un nouveau pli frontal d'une nappe indépen-
dante supérieure à celle dont il est né. Je ne puis m'étendre ici sur
la valeur théorique considérable de ces faits. J'y reviendrai cer-
tainement plus tai'd. Contentons-nous de voir, dans cette tendance
que présentent les nappes à se plisser, un fait propre à leur genèse.
Ce fait nous montre cependant comment les nappes peuvent se
digiter et par exagération de cette digitation donner lieu à plusieurs
nappes superposées. Or, nous voyons que ce mécanisme ne sort
pas de la conception actuelle du mouvement tangentiel. Il lui est
propre. Nous avons vu comment les Préalpes ont dû être liées
primitivement à leurs racines, puisque j'ai retrouvé l'une d'elles.
Autrement dit, les grandes nappes qui, en s'empilant, ont formé
les Préalpes, ne se différencient pas plus par la marche, qu'elles
ne se différencient en fait, des grandes nappes de recouvrement
incontestées. Ainsi donc, le plissement des Préalpes médianes doit
être considéré comme un plissement génétique. Telle n'était pas,
nous le reconnaissons, la manière de comprendre à la fois la nais-
sance de ces grandes nappes et leur plissement dans la théorie des
charriages. Nos idées se sont modifiées. Gela est permis, lorsqu'il
s'agit de tels problèmes, elles se modifieront peut-être encore, car
la Science est toujours perfectible.
5. — Les Alpes calcaires a faciès helvétique sont formées
PAR DES nappes TOUT COMME LES PrÉ ALPES
Je me réserve de montrer bientôt ce que deviennent vers l'est
les nappes des Diablerets et de Mordes. Vers le sud-ouest,
776 M. LUGBON. — LES GRANDES NAPPES DB RECOUVRBMBNT
M. Ritter a montré que Ton pouvait les suivre jusqu'à la vallée du
Doron. Incontestablement elles se continuaient plus au sud encore
et peut-être montrera-t-on un jour la liaison de ces nappes avec
celles du Briançonnais, décrites par M. Termier, et celles décou-
vertes dans rUbaye par MM. Haug et Kilian.
En Suisse, ces nappes s'agrandissent ; d'intérieures, qu'elles sont
en France, elles viennent occuper le bord de la chaîne, s*étalent
dans les Préalpes en une grande masse que Térosion a respectée à
cause de la faible altitude. La généralité du phénomène des grandes
nappes ne nous permet pas de dire, en raison de la position des
Préalpes dans une région abaissée, que cet aifaissement est dû. k
leur action, à leur poids. L'origine du bassin du Léman n*a rien à
voir avec le phénomène du recouvrement.
Jusqu'où s'étendaient en France, vers l'est, ces nappes venues
de l'intérieur des Alpes ? Les Klippes des Annes et de Sulens ne
nous renseignent pas suflisamment. Sous elles nous voyons appa-
raître ce que l'on est encore en droit de considérer comme des
plis en place. Alais^ à partir de la vallée de VAroe jusqu'à la vallée
de VAar, nous ne connaissons plus le front nord autochtone de
la chaîne alpine : il est enfoui dans les profondeurs du sol !
A). Le Problème du double-pli de Glaris,
Vers l'ouest les nappes que nous avons décrites se continuent.
Celle du Wildhom se prolonge avec une régularité remarquable :
c'est elle qui forme probablement l'une des nappes plongeantes
(pli nord) de Glaris et qui se termine, ainsi que nous le verrons,
dans le Sentis et la chaîne du Pilate. Ce n'est que dans le ^ild-
strubel et le Wildhorn que cette nappe est liée avec sa racine :
ailleurs, il y a une discontinuité complète, due simplement à
V érosion, entre la tête anticlinale des nappes et leur point de départ.
Nous verrons plus loin où se trouvent les plis frontaux de la nappe
glaronnaise. C'est ce défaut de continuité auquel est imputable
l'hypothèse du double-pli. Chacun connaît les coupes très remar-
quables de M. Heim. Les plis frontaux des deux plis couchés
poussés hypothétiquement l'un contre l'autre sont représentés
par des courbes de raccoi*d, qui simulent les charnières en regard,
ainsi que Texige la théorie.
Quand les deux plis couchés opposés s'égrènent en petits lam-
beaux de recouvrement, comme cela se voit en particulier près du
Hausstock, il devient impossible de dire s'ils appartiennent à l'on
ou à l'autre des plis. Chacune des courbes qui aimulent les char-
DKS ALPES DU CIIABLA.IS RT DE h\ SUISSE
mères aurait droit à en prend e possess on Le grand lambeau de
la SardoDa (frontière est du anton de Gtar ) pe t de même, aussi
bien apparten r h un des pi qu à 1 aut e ar les et i-ements, la
05
I II
I -SI
' Is.
série strati^aphique sont les mêmes dans les lambeaux et les deux
plis supposés eu présence. C'est pour cette raison, eu partie, que
77B M. LUGBON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVRElfENT
M. Marcel Bertrand S déjà en 1884, a signalé ces difficultés. A la
notion des deux pUs il a proposé de substituer celle du pU unique.
Les célèbres charnières anticlinales dessinées en pointillé sur
les coupes n*ont jamais été trouvées complètement fermées, et ici
on est en droit de les exiger, puisque c'est sur elles que se base
surtout la théorie. Dans le massif des Clariden, M. Heim consi-
dère le coin de Malm du Griesstock comme la fameuse charnière
anticlinale tant cherchée. Il n*est pas difficile de montrer (fig. 8)
qu'il ne s'agit en réalité que d'un simple repli du flanc médian d'un
pli unique venant du sud, flanc médian de Jurassique, que l'on suit
très loin dans la vallée de la Linth.
Nous verrons plus loin que les recherches de M. Burckhardt
parlent elles aussi contre l'hypothèse du double-pli.
Dans une étude récente, M. Piperofl'^ maintient l'hypothèse du
double-pli de Glaris d'après les preuves qu'il pense avoir trouvées
dans le Galanda. Je crois plutôt que les matériaux qu'il a réunis
avec grand soin peuvent servir à démontrer le contraire, ou sinon,
à montrer dans le Galanda, comme ailleurs, la continuelle absence
de la charnière du pli sud. En eflet, non loin du Galanda, au Rin-
gelspitz, on voit un lambeau perdu sur le Flysch du pli méridional.
Sur une bande étirée de Jurassique repose du Vemicano (Per-
mien). G'est une partie du flanc médian de l'anticlinal sud.
Examinons ce que devient vers Testée Flysch, qui forme le syn-
clinal du pli sud. Il repose normalement sur le Grétacique que
l'on suit jusque dans le Galfeuserthal, de là dans les hauteurs
qui dominent Vâttis; puis il va former le pli anticlinal inférieur
à charnière connue du Galanda. Ge pli se fait donc sentir unique-
ment dans le flanc normal du synclinal du pli sud. Il n'est qu'un
de ces nombreux plis déjetés que l'on voit dans le Flysch des
coupes de M. Heim. G'est le premier de ces plis en comptant à
partir du sud.
Le pli supérieur du Galanda ne peut donc représenter que le pli
anticlinal sud, ainsi que le dit M. Piperofl* lui-même. Or, dans le
Galanda, la charnière du pli, ainsi que je l'ai dit, est inconnue. La
plupart des coupes de M. Piperofl* sont très démonstratives sous ce
rapport, sauf le profil I et II, où l'auteur dessine la charnière. Ce
résultat n'est, j'en suis convaincu, qu'un artifice involontaire du
dessin. Ainsi, le profil II montre des couches de Jurassique supé-
rieur plongeant au nord-ouest, alors que les plongements indiqués
I. M. Bbrtraxd. Rapport de structure des Alpes de Glaris et du bassin
houiller du Nord. B S. G. F., (3), XH, p. 3i8, 1884.
9. PiPBiiOFF. Géologie des Galanda. MaL Carte géol. suisse^ 37* livr., 1897.
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 779
sur la carte sont vers le sud-est. L*anticlinal ne se ferme pas. Il en
est de même dans la coupe I. Le profil Y, d*après M. Piperoff, est
très démonstratif; mais il suffit de considérer TAelplikopf, et
Ton en a le droit, comme un simple repli du flanc médian du
grand pli couché, et non comme la charnière, pour ramener à
sa juste valeur l'argument que Ton peut tirer de la situation de ce
sommet. Ainsi, le Calanda n*apporte aucune preuve en faveur du
pli sud fermé.
Il est cependant un certain nombre de faits constatés par
M. Heim qui paraissent démontrer Texistence du pli sud, limité en
étendue vers le nord. Ainsi, en pai*ticulier. la coupe du Kingelspitz ^
Le Malm du flanc médian est à peu près complètement étiré et de
ce fait Tanticlinal parait fermé dans le Jurassique supérieur.
Comment se peut-il alors que, dans Thypothèse du pli unique, Ton
puisse retrouver du Malm dans la hase des Churfirsten ? Les
exemples de plis couchés qui montrent un écrasement total du
flanc médian en arrière de parties plus avancées où celui-ci existe
pleinement développé ne sont pas rares. Il n'y a qu'à observer
les coupes de M. Heim lui-même (ainsi celle du col du Panix),
pour s'en convaincre -. Il en est de même au Kingelspitz. Non loin
de là, au Vorab, le Malm du flanc médian est nettement développé.
1^ coupe du Ringelspitz ne présente donc qu'un écrasement local.
I^e pli-faille s'y accentue plus près de la charnière synclinale que
dans les autres coupes.
Une autre difficulté en faveur de l'existence du pli sud vient de
l'absence presque constante du Malm sur le flanc normal du pli
sud, flanc normal qui, il est vrai, est presque toujours absent,
détruit qu'il est par érosion ; mais s'il avait été conservé, n'y
trouverait-on pas des schistes des (irisons, car le pli normal
montre la Sernifite s'enfonçant au sud sous ces schistes ? Alors
comment se peut-il, dans l'hypothèse du pli unique, que nous
trouvions ce Malm. si remarquablement développé sur le flanc
normal, au Mûrtschenstock, dans les (]hurlirsten et dans toute
l'immense région au nord du col du Klausen ? Cette objection
parait péremptoire.
Il est incontestable que, pour le moment, c'est l'argument le
plus puissant à opposer à l'hypothèse du pli unique. Poursuivons
plus attentivement cette question difficile. Quand nous cherchons
à nous figurer ce que devient le Malm normal du Calanda vers le
sud, nous devons forcément admettre qu'il disparaît sous les
I. Hbim. Mat. Carte géol. suisse, 95' livr., pi. U, protil 14.
a. HxQf. Loc, cit., pi. II, proûl 10.
;;8a m. lugeon. — les aRAxnEs nai*pk8 de recouvrement
schistes qui forment les montagnes de Coire. Ici donc les schistes
reposeraient sur le Malm : plus loin, dès llanz, ils reposent sur le
Verrucano. Quel que soit leur âge, qu*ils soient éocènes, comme
certains auteurs veulent Fadmettre pour le Prâtigau, qu'ils soient
liasiques, ils reposent par transgression stratigraphique, dans le
premier cas, ou par transgression mécanique, dans le deuxième
cas, puisque le Maim du Calanda repose lui-même sur le Ver-
rucano. Nous pouvons donc expliquer la disparition du Malni
vers le sud de deux manières difTérentes, mais nous avouons que
le problème est encore obscur. Nous avons accumulé assez de
preuves, avec celles que nous verrons plus loin, contre l'hypothèse
du double-pli, en nous servant de matériaux qui ont été apportés
par les auteurs ou les défenseurs de cette conception, que nous
pouvons nous demander si la dernière preuve, tirée de ces obscurs
schistes des Grisons peut oui ou non nous faire fléchir. A travers
la Suisse, les masses calcaires du pli nord de Glaris sont jointes à
celles où, dans le Wildhorn, nous constatons Tattache avec leur
racine. (Test là un fait tellement indiscutable que Targument tiré
des schistes lustrés des Grisons perd complètement sa valeur.
L'explication de ces masses considérables de Malm sur le flanc
normal du pli nord ne pourra être donnée que lorsque nous connaî-
trons la genèse même du mouvement qui a créé le grand pli
unique. Nous ne sommes pas encore arrivés à cette explication, à
la théorie des grandes nappes de recouvrement, aussi ne cherche-
rai-je pas ici à la donner. Nos recherches ne sont pas encore assez
avancées et le problème est peut-être insoluble. Quoi qu*il en soit,
les preuves sont telles que Thypothèse du pli unique, due à
M. Marcel Bertrand, doit remplacer la brillante hypothèse d'Escher
de la Linth et de M. Heim. En écrivant cette phrase, je tiens à dire
que cette manière de voir n*infîrme en rien l'admiration profonde
que je témoigne pour les travaux des deux grands maîtres zuri-
chois et particulièrement pour ceux de M. Heim, un de mes
maîtres. Sans leurs efforts, lorsque Ton se rappelle les contro-
verses qu*a soulevées la théorie des Alpes glaronnaises, nous ne
serions pas dans la voie du progrès où nous nous trouvons. A
chacun suffit sa tâche. Le présent chapiti*e n'est, si je ne me trompe,
qu'un essai de perfectionnement partiel de cet impérissable et
fécond ouvrage le a Mechanismus der Gebirgsbildung ».
' *
* «
Que reste-t-il alors, en Suisse, sur le versant nord des Alpes, des
plis autochtones, des vrais plis en place du front nord de la
DK8 ALPES DU CHABLAIft ET DK LA SUISSE 781
chaîne? La chaîne du Pilate et ses ramifications jusqu'au Sentis,
de même que les montagnes à faciès helvétiques, limitées au sud
par la vallée du Klônthal, le Pragel, llsenthal, sont peut-être en
place, semble-t-il. Les travaux de M. Burekbardt * nous permettent
de juger cette question.
B). Les nappes supérieures glaronnaises.
Le Glâmisch présente un empilement de plis qui paraissent
terminer la nappe de Glaris. La tête anticlinale du pli supérieur
est implantée dans le Flysch du (lanc gauche de la vallée du Klôn-
thal. C'est ce Flysch qui limite d'une manière si rigoureuse la
nappe de Glaris, au-delà duquel elle disparaît, et qui nous permet
de la suivre dans les Alpes suisses. En suivant ce Tertiaire, nous
le voyons former une mince bande sous les montagnes du nord
du Klônthal, jusqu*à Nâfels. Ainsi, le pli frontal de la nappe gla-
ronnaise doit se propager sous des montagnes supposées en place.
Et c'est ce Flysch et ce Nummulitique que nous voyons disparaître
sous les aliuvions à Nâfels.
La pénétration du Flysch sous les montagnes au nord du Klôn-
thal a une signification beaucoup plus considérable qu'on ne l'a
admis jusqu'ici.
Puisque le Nummulitique du flanc supérieur de la nappe de
Glaris pénètre sous les montagnes du nord du Klônthal, c'est que
celles-ci elles-mêmes ne possèdent pas de racine en profondeur.
Elles ne forment que les restes d'une nappe que /appellerai la
nappe supérieure de Glaris. Il n'est pas dif licite de le prouver.
Pour cela, étudions les coupes très remarquables dessinées par
M. Burckhardt.
Le Nummulitique qui pénètre sous la chaîne de Wiggis, au-
dessus de Netstall, se voit sous toute cette chaîne, jusqu'à Nâfels.
Nous pouvons le considérer comme formant un synclinal plon-
geant qui s'ouore en avant de la chaîne dans le vallon qui domine
Oberurnen. La liaison du Nummulitique de Nâfels avec celui qui
domine Oberurnen est cachée par des éboulis sur un kilomètre et
demi. Mais on ne peut avoir aucun doute sur cette liaison. Au-
dessus de Nâfels, le flanc renversé de ce synclinal plongeant est
remarquable par la présence de marnes à Gryphêca Escheri. Il en
est de même à Hohlweg, au-dessus d'Oberurnen. Dans ces deux
I. Burckhardt. Monographie der Kreidekeltcn zwischon KlAnthal, Silil
und Liath. Mat Carie géol. suisse, 35* livr., 189G.
jHa M. LUGKON. — LKS GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
j
parties, le flanc normal possède les grès Terts à Nummulites. Pour
qui connaît Textrême variabilité des faciès du Nummulitique, la
présence, dans les deux synclinaux, des marnes à Gryphœa Escheri
est très significative. C*est incontestablement le même pli synclinal
qui se continue de Nâfels jusqu'au-dessus d'Oberumen.
. Ainsi, dans la vallée de la Linth, tout comme dans les vallées
de TArve, du Chablais, du Rhône, plus l'érosion nous permet de
voir en profondeur, plus nous constatons que le Tertiaire pénètre
sous les masses.
Mais d'autres faits viennent encore nous éclairer. Si la liaison,
sous les éboulis de Nâfels, des deux Nummulitiques dont je viens
de parler, était contestée, nous n'aurions qu'à nous adresser au
Néocomien, qui, lui, forme une bande continue. Je sais bien qu'ici
une autre supposition pourrait être présentée. Elle dirait que la
portion du territoire occupé par Téboulis coïncide avec la racine
d'un éventail. Il serait déjà fort curieux de constater cette coïnci-
dence. Puis, dans la partie qui serait sur cette racine d'éventail,
donc au-dessus des lieux où la striction aurait été maximale, nous
voyons les couches du Néocomien particulièrement tranquilles.
Enfin, les deux flancs de cet éventail supposé présenteraient des
plis et replis toujours dirigés vers le nord.
M. Burckhardt a signalé quelques faits qui viennent nons mon-
trer que sur cette bande oblique de Nummulitique des parois du
Wiggis existe bien une nappe. Près de Wiggisalp, notre confrère
signale une lentille ^ de Sénonien dans le Nummulitique. Il en
signale encore une autre dans le Flysch du nord de la chaîne, sous
le Riseten. Ce sont des lambeaux de lame de charriage, et c*est un
phénomène commun aux deux terrains tertiaires dont je snppose
la liaison souterraine. Si la lentille de Wiggisalp était explicable
à la rigueur dans un synclinal aussi couché et où l'écrasement a
pu être considérable, celle du pied du Riseten est inexplicable
dans un synclinal qui paraît tranquille, si ce synclinal n'est pas
lié avec le précédent, ne forme pas le synclinal couché sons la
nappe supérieure de Glaris. Mais ce n'est pas tout encore. La
nappe de recouvrement présente, à la base, des couches particuliè-
rement étirées. Escher les a déjà considérées comme faisant partie
d'un flanc médian. Moesch voulait en faire du Jurassique supé-
rieur. M. Burckhardt - n'y a point trouvé de fossiles; il en fait de
rUrgonien, mais il avoue n'être pas certain de cette détermina-
I. Burckhardt. Loc, cit., ti{|^. 99, pi. VI.
9. Burckhardt. Loc. cit., pp. i3o-i3i.
DM ALPES DU CHADLAIS HT DE }Jl SUISSE ^83
tioa. Il dit qu'iacontestablement ce calcaire est pins jeune que le
Néocomien, car il repose sur ce terraiD hu Krautlistock. Cela n'est
pas nne preuve, car je pourrais tout aussi bien dire que puisque
dans la paroi de AV'ig-
^8 il repose sous le
Néocomien, c'est que ce
dernier est plus jeune
qne lui. Là n'est du
reste pas le point im-
portant. Ce qu'il faut
ne pas oublier, c'est que
nalle part ce terrain
n'est en liaison avec
l'Urgonien normal fos-
•ilifère qui, comme ou
le sait, couvre de gran-
des surfaces dans la
chaîne de "Wij^s. Au-
trement dit, je crois de*
voir contester toutes
le» tignes de raccord
destinées par M. Bure-
khardt et déterminant
un anticlinal que mon
collègue indique aous
le chiffre 3, anticlinal
qoi forme les plis de la
nappe du cdté du sud.
Jamaiê la charnière de
ce pU n'a été consta-
tée '. Je l'ai vainement
cherchée sur le terrain.
Elle n'existe pas. Elle
n'existe du reste nulle
part au sud des monta-
gnes du nord du Klôn-
thai, pas plus dans les
flancs de l'Ochsenliorn que dans ceux de AViggis.
Ainsi les montagnes de Wiggis doivent être considérées comme
une nappe de recom>rement superposée à celle de Gloria. Elles
I. La charnière indiqnée par Burckhardt a
n'est paa en accord avec ses levés.
Krautlistnrk (prolil ■:, p). IV)
784 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
jouent vis'à'Ois de cette dernière le rôle que joue le massif delà
Brèche du Chablais vis-à-çis des Préalpes médianes. Elles ne
forment que la nappe supérieure de Glaris (fig. 9).
On voit donc que le problème de la Brèche du Chablais n*est
pas isolé, mais se retrouve en plein cœur des chaînes à faciès helvé-
tiques.
M. Burckhardt a montré que les chaînes au nord du Klônthal
présentaient un fait vraiment extraordinaire, celui de plis irons-
çersaux, si bien marqués, si accentués, qu*ils sont, d'après ses
coupes, comparables aux plis longitudinaux.
J*ai cru à ces plis transversaux. C'était même ainsi, si Ton s*en
rappelle, que je croyais expliquer en 1896 le relaiement des plis
de Morclcs par ceux des Diablerets. Les recherches sur le terrain
nfont montré, comme je Tai écrit plus haut, que les Diablerets ne
pouvaient former qu'une nappe indépendante de celle de Morcles.
Ici, dans les montagnes du Klônthal, ainsi que j'ai pu m'en assurer
sur place, il faut aussi remplacer la notion de ces plis transver-
saux par celle des nappés.
Nulle part la charnière des plis transversaux^ imaginés par
M. Burckhardt, nest visible. On peut analyser aussi attentivement
que l'on veut les parois de la Ganthôhe, dans le haut ^âggithal,
celles de la Zindlenspitz, dans la vallée de l'Obersee, on ne voit
aucun contournement dans le Néocomien qui soit dirigé vers l'est,
ainsi que le voudrait l'hypothèse du pli transversal. M. Burckhardt
dessine au pied de ces anticlinaux transversaux imaginaires un
petit synclinal (I et II des coupes de M. Burckhardt). La charnière
de ce petit pli est de même inconnue. Ainsi, les preuves de ces
plis transversaux n'existent pas. Nous pouvons donc donner une
toute autre interprétation de ces phénomènes :
Nous avons vu antérieurement (p. 776) que les nappes de recou-
vrement présentaient la tendance à la formation de plis secondaires
dans leur flanc normal, que ces plis se pressaient dans le sens de
la poussée et que chacun d'eux pour ainsi dire cherchait à créer
une nappe indépendante. C'est ce qui s'est produit dans les mon-
tagnes du nord du Klônthal. Chacune des régions séparées par les
fameux plis transversaux forme une digitaiion de la nappe^ que
nous allons examiner de plus près.
Tout d'abord, je constate que chacun de ces massifs se termine
vtM*s le nord par une charnière très nette. Je constate, en outre,
que chacun de ces contournements des couches est brusquement
DS8 ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE ^85
coupé à Test par les vallées transversales. Celui du Fluhberg est
coupé par FAabach ; celui du Scheinherg est raviné puis coupé
par le bassin de TObei-see. Le pli synclinal du souimet de Wiggis,
qui n*est qu'un détail de la nappe du même nom, est coupé par la
vallée de la Linth.
.Nous pouvons donc nous demander jusqu'où continuaient vers
Test ces plis brusquement interrompus : ils se continuaient les uns
sur les autres.
Le petit synclinal du sommet de Wiggis représente la charnière
d'un pli supérieur qui forme le massif du Uàdertenstock.
Dans ces conditions, on voit comy)ien la disposition de ces
chaînes du nord du Klônthal, que M. Burckhardt avait cru expliquer
par un mécanisme spécial, rentre dans le cas connu des nappes de
recouvrement dont le plan est oblique à la surface moj'enne du soi,
La nappe du Wiggis, ou nappe supérieure de Glaris, poussée vers
le nord, s'enfonce vers Touest, transversalement à sa direction de
poussée, sous la nappe plus supérieure de la chaîne du Kâder-
tenstock. Cette deuxième nappe est encore enracinée au col de
Lachen avec celle de Wiggis ; elle n'en est que la bifurcation. C'est
un phénomène tout à fait semblable à ceux décrits par M. Uitter et à
ceux de la nappe du Wildhorn par rapport à celle des Diablerets
et de celle-ci par rapport à celle de Mordes.
Enfin, plus loin, nous voyons la nappe du Râdertenstock se
contourner Fur elle-même, former le synclinal du chaînon de
rOchsenkopf et donner lieu à une nappe supérieure encore, à celle
du Fluhbei^, sous laquelle elle s'enfonce.
Ainsi, si faisant abstraction des effets de V érosion sur ces nappes,
qui ont été coupées successivement par un plan d'érosion, dont
taltitude moyenne, tangente aux sommets, est comprise entre
2000 et 2aoo mètres, nous restituons les parties perdues, nous
aurons, au-dessus de la pallée de la Linth, cinq nappes superpo-
sées (fig. 9).
Ainsi comprise, voyons ce que devient vers l'ouest la nappe
la plus élevée (fig. 9, V). A partir du col du Pragel, c'est cette
digitation supérieure qui, seule, repose sur le front de la nappe
de Glaris ; les digitations inférieures ont cessé de vivre à la sur-
face et ne doivent pas aller bien loin vers l'ouest, car leur amorce
disparaît aussi.
Du col du Pragel jusqu'à Sisikon. on voit, à la surface du sol» le
Nummulitique du flanc normal de la nappe glaronnaise ; c'est un
synclinal. Non loin de ce pli, on constate le pli synclinal renversé
très connu de l'Axenstrasse. On connaît la coupe donnée par
^86 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVRBMSNT
M. Heim de ce singulier synclinal, qui montre qu'au lieu de
s'oQvrir par le haut, comme tous les plis de son espèce, il se ferme
au contraii*e. 11 doit être considéré comme un pli de la nappe infé-
rieure glaronnaise. Autrement dit, cellen^i se digite dans la coupe
du lac des Quatre-Cantons en deux plis anticlinaux, Tun au sud,
Tautre au nord du synclinal retourné ci-dessus.
Si nous cherchons maintenant ce que devient vers Touest le
synclinal de Pragel-Sisikon, c'estrà-dire dans les masses de FUri-
rothstock, nous pouvons croire, d'après les descriptions de Moesch,
qu'il se ferme aussi par le haut^ c'est-à-dire que les nappes indé-
pendantes du nord du K Ion thaï, du Pragel et de la vallée de
Sisikon se rattachent à la nappe glaronnaise, à r ouest du lac des
Quatre-Cantons, jusque dans les Hautes Alpes bernoises.
Nous voyons donc qu'en marchant de l'est vers l'ouest, nous
arrivons à la même conclusion que celle à laquelle sont arrivés
MM. M. Bertrand et Golliez S en marchant dans un sens opposé, à
savoir que la chaîne du Brisen forme une nappe supérieure à la
nappe glaronnaise.
Les plis de la chaîne du Brisen se continuent jusqu'au lac de
Thoune par le bas du Melchtal et par le Brienzerhom, qui repré-
sente le front de la nappe ; c'est ainsi que l'ont déjà compris, en
1897, MM. M. Bertrand et GoUiez. De là, ce front rejoint vraisem-
blablement la nappe du Wildhom-Mont Gond.
Ainsi, une des chaînes que Von aurait pu croire encore en place^
celle qui s'étend des montagnes du nord du Klônihal Jusqu^au
Brienzerhom, en longeant le sud delà région des KUppes, forme
une nappe de recouçrement parfois digitée dépendante de la nappe
inférieure de Glaris à partir du lac des Quatre-Cantons çers
V ouest ; elle est sans relation apparente açec cette dernière à cause
de rérosion, à partir du lac des Quatre-Cantons vers Vest, Nous
verrons que ces nappes se lient entre elles dans les Ghurfirsten.
G). La nappe inférieure glaronnaise.
Revenons à la vallée de la Lin th.
La nappe digitée de recouvrement des montagnes du nord du
Klônthal a été aussi mise en évidence par M. Rothpletz -. Mais
une grande divergence de vues nous sépare. Pour M. Rothpletz, la
nappe a été poussée vers le sud-ouest; pour nous, elle l'a été
I. Bf.rtraxd et' Golliez. Les chaînes septentrionales des Alpes bernoises.
B. S. G. F:, (3), XXV, p. 568, 1897.
3. HoTHPLBTz. Das geotectonische Problem der Glarner Alpen, voir pL X.
DE LA. SUISSE 787
vers le nord. Ud des facteurs les plus importants qui détermine la
directioQ de poussée des nappes est incontestablement la position
du pli frontal. Cette direction doit être perpendiculaire à ce pli.
Ici il n'y a pas d'ambiguïté possible. Le front de la nappe la plus
basse est est-ouest, celui de la nappe du milieu est est ouest dans
le Kamm (au nord-ouest de l'Obersee); le front est de nouveau
est-ouest dans le Fluhbei^. Les nappes ne peuvent donc être
venues que du sud. Cependant la nappe du milieu, celle du Râder-
tenstock, présente une inflexion de direction dans le Scheinberg.
elle devient N.E.-S.O, Celte direction, il est vrai, est exagérée par
Klg. 10. — La nappe sapérieure glaronnaise subdivisée en truis nappes
indépendantes dans les montagnes du nord du Klônlliul ; modelé en
BDpposant qne l'érosion n'ait coupé les nappes que dans leur prolongalion
la forme de L'aflleurement, c'est-à-dire â cause de IV
elle parait néanmoins existante. L'explication ne me parait pas
difficile. Lorsque des nappes se digitent. elles paraissent se con-
daire comme les vagues de la mer qui se relayent les unes les
autres en cherchant à déferler parallèlement au rivage. L'ellbrt de
poussée parait cesser par épuisement à un moment donné, ou
platdt le retard de la vague est tel, que de deux vagues successives
la seconde rqoint souvent la première. Il se forme ainsi, en pre-
nant nh point de comparaison plus commun , un tuyaiiiàgè 3ii laôrd
;;88 m. lugeon. — les grandes nappes de rscouvrvmknt
frontal des nappes, mais an lieu que ce tuyautage soit perpendi-
culaire au bord de rétofie, comme ceux que font les repasseuses, il
est oblique au front général de la nappe. Nous pouTons représenter
ce phénomène par la fîg. lo.
Ainsi les nappes du nord du Klônthal viennent bien du sud. .
Ces nappes s étendaient-elles vers Test ? Les recherches de
M. Haug * et les travaux de M. Rothpletz ^ viennent nous l'épondi'e
par l'affirmative.
La nappe de Wiggis se recèle sous la forme d'un grand lam-
beau de recouvrement, qui occupe toute la couverture supérieure
du Gross Fahrlen (fig. lo).
Plus à Test encore, Téi^osion a entaillé trop profondément le
bord sud du lac de Wailenstadt, pour que nous puissions songer à
retrouver les débris de cette nappe, mais, dans le massif des Chur-
firsten, il semble bien qu elle se continue. D'api*ès les levés de la
carte suisse et les coupes de MM. Heim et Rothpletz, on constate,
ainsi que ce dernier l'a, du reste, fait remarquer, deux coupes de
nappes superposées, dans les Aancs qui dominent le lac. Comme la
nappe de Wiggis est immédiatement superposée a la nappe infé-
rieure de Glaris, c'est elle qui formerait la nappe la plus élevée et,
par conséquent, toute la ligne des crêtes des Clmrfirsten.
Mais, ainsi qu'on peut le constater dans les Churfirsten, le syn-
clinal qui sépare les deux nappes se ferme. On voit la charnière
éocène pénétrer obliquement dans la montagne. Ainsi, ici les deux
nappes tendent à se rattacher directement Tune à Tautre, comme
cela se passe à l'ouest du lac des Quatre-Gantons. Les contonrne-
ments des couches dans le Mûrstsehenstock sont Tamorce, dans le
Jurassique, de la nappe supérieure de Glaris, se digitant de la
nappe inférieure.
*
Revenons en arrière et voyons ce que devient le front de la
nappe de Glaris vers le nord. Si les admirables travaux de
M. Heim nous renseignent avec une exactitude rigoureuse sur les
faits relatifs aux parties internes de la nappe, les documents man-
quent un peu en ce qui la concerne au nord. Cependant, grâce aux
travaux de M. Burckhardt, de M. Baltzer sur le Glâmisch et grftce
aux coupes de M. Heim, nous pouvons tenter le dernier effort qui
nous reste à accomplir.
I. E. Hauo. Sur les hautes chakies calcaires de Suisse. B. S, G. F., C^'-R,
sommaire, 24 juin 1895.
u. RoTBPLBTz. Das geotectoniscbe Probicm der Glarner Aipen, pL XI.
DBS ALPES DU CHABLAIS ET DE. LA SUISSE 789
La nappe de Glaris est la pins inférieure, c'est elle qui s'enfonce
le plus profondément vers le nord ; pouvons-nous jamais espérer
en rencontrer le pli frontal ? Evidemment. Une méthode simple
consisterait à partir des Wildstrubel et à parcourir toutes les
Alpes suisses en faisant des levés de détail. Cherclions cependant
dès à présent si, dans les faits connus des Alpes de la Suisse
orientale, nous ne trouvons point des preuves suffisantes.
Les travaux de M. Baltzer ont montré que le Glârnisch est formé
par un empilement de plis, que la dernière coupe de M. Heim *
représente de la manière suivante : Sur un socle de Flysch s'élève
la série noi*male du Jurassique à TUrgonien, qui en forme le terme
le plus élevé. Sur ce dernier se trouve une épaisseur de Néocomien,
couronnée de nouveau par TUi'gonien. Ce pli supérieur ne possède
pas de charnière. Nous ne trouvons la tête anticlinale que dans la
chaîne du Deyenstock-Mâttlistock, ainsi que Ta indiqué pour la
première fois M. Haug ^, ainsi que, peu après, Ta démontré fort élé-
gamment M. Burckhardt. Il y a donc, formant le sommet du Glâr-
BÎflch, un pli couché considérable, digitation de la nappe de Glaris.
Ce pli couché, qui ne s'est pas individualisé ici en une nappe bien
importante, s^accentue de plus en plus vers l'ouest et forme une
belle nappe dans les Silbern (Pli B, fig. 3, pi. XYI). Il diminue
d'ampleur au bord du lac des Quatre-Cantons (fig. 4* pi* XVI). De
l'autre côté de la Linth, ce pli donne lieu à des complications cer-
taines dans le Schild, où M. Rothpletz veut voir une nappe indé-
pendante. Je crois que, dans le Schild, ce qui embarrasse c'est la
charnière de ce pli secondaire, car de même que ce pli s'arrête au
Deyenstock et ne forme pas une nappe au même titi^e que les
autres, de même, dans l'est de la vallée de la Linth, nous ne consta-
tons pas sa prolongation au-delà du Schild ; sous le lambeau de
recouvrement du Gross Fahrlen, qui représente la nappe de
Wiggis, nous ne constatons que la seule na])pe inférieure de
Glaris. En effet, sur l'immense étendue de la Semifite (Permicn)de
cette dernière nappe, nous voyons la série entière jusqu'au Numnm-
litique et sur celui-ci le lambeau de recouvrement du Gross
Fahrlen. Il n'y a pas trace d'une autre nappe.
La base du Glârnisch se continue ainsi sous la nappe supéneure
qui forme les montagnes de Wiggis ; celles-ci reposent, ainsi que
je l'ai montré plus haut, sur le Nummulitique de la nappe infé-
I. Hbxm. Géologie der Hochalpen zwischen Reuss uiid Rhein. Mat. Carte
géoL saiêse, 35* livr., prolil 8. pi. II.
a. Em. Haug. B. S. G. F. C.-R somtn,; ùli ixdn iSoS.
1 ■ - .
6 Juin 190(2. -^ T. ler. Bull. Soc. Géol. Vr. -- 5j
^90 It. LUOSON. — LES GRANDES NAPPÉ8 DB RBCOtJVRBlfKSiT
rieore de Glaris, dont nous voyons toar à tour les coacbes dispa-
raître dans le sol d'allurion de la Linth (fig. 9 et 10). Où se troave
la charnière frontale de cette nappe qui plonge ainsi dans le sol ?
JTai déjà montré la liaison intime qui existait entre le synclinal
d*Oberumen et celui des paix>is du Wiggis. Ces deux synclinaux
n'en forment qu*un. Xous poupons donc nous demander si la
petite chaîne qui commence au Kôpjler pour finir à Oberurnen^
soit la chaîne de Wageien, ne représente pas la sortie de la nappe
glaronnaise inférieure^ soit son pli frontal ou une digitation de
celui-ci *.
Nous touchons certainement ici au point le plus délicat de la
géologie du versant nord. Si le pli anticlinal en question ri est pas
ou le pli frontal ou un repU de celui-ci, s'il en est indépendant, il
ne peut posséder une racine en profondeur.
En effet, la nappe inférieure de Glaris, si elle ne sort pas, en
partie du moins, dans ce pli, doit se continuer plus en avant, sous
ce pli : dans ce cas, celui-ci ne peut avoir de racine et, dans cette
hypothèse -, il doit appartenir à une tête de pli détaché de sa racine
inconnue. Cela revient au même, au point de vue de Torigine méca-
nique de ce pli isolé qui ne pourrait venir que du sud, et quelle
que soit la solution que Ton préfère, celle que Ton choisit amène
un changement complet dans la manière de comprendre les pre-
miers plis des Alpes suisses.
Serrons encore le problème de plus près.
Si la première solution parait la plus naturelle, elle a cependant
contre elle certains faits importants. Par exemple, si la similitade
du Nummulitique qui s*appuie sur Tanticlinal de Wageten et sur la
nappe pénétrante à Nâfels est complète, il ne paraît pas en être de
même de tous les autres terrains.
Ainsi M. Burckhardt, dans la carte qui accompagne son mémoire ^,
signale du Gault dans le pli de Wageten, tandis que la nappe
pénétrante n'en possède point. Puis la nappe inférieure de Glaris
contient, d'après le même géologue, un faciès particulier du Néoco-
mien, à\i faciès méridional^ tandis que le pli de Wageten, qui se
rattache à celui du Pilate et au Sentis, doit, fort probablement,
comme ces dernières montagnes, être caractérisé par \e faciès
septentrional. ,
* Voilà bien des preuves, semble-t-il, contre la liaison possible de
ce pli de Wageten avec la nappe de Glaris.
I. Hypothèse exprimée par la lig. 10. ^
9. Hypothèse exprimée par la fig. .9.
3. Burckhardt. Monographie der Kreideketten/ etc., pi. \.
DSS ALPES DU GHABLAlS BT DE LA SUISSE ^9!
Jusqu'aux recherches de M. Burckhardt sur le groupe du Klon-
thal, on a confondu, dans la Suisse allemande, TAlbien avec le
Cénomanien (Vraconnien, couches à Turrilites Bergerî) sous le
classique nom de Gault. La carte de notre collègue citée plus haut
ne fait malheureusement que reproduire, pour la chaîne de Wage-
ten, les contours qu'il avait publiés antérieurement, avant d'établir
la subdivision des deux étages, ce qui fait que nous ne pouvons
savoir si TAlbien absent du pli inférieur de Glaris, près de Nâfels,
est présent sur le Wageten. A Nïifels, M. Burckhardt signale le
Cénomanien, qui existe partout dans ces chaînes, tandis qu'il n est
représenté que près du Kôpller, dans la chaîne du Wageten K
Nous ne pouvons donc malheureusement être éclairés sur la pré-
sence ou Tabsence de TAlhien au Wageten.
Pour le Néocomien, j'abandonnerai les expressions de faciès
nord et de faciès sud. Les nappes du nord du Klônthal, soit les
nappes supérieures de Glaris (Wiggis, Raderten et Fluhberg),
viennent du sud et contiennent ce que M. Burckhardt appelle le
faciès nord, à cause de sa position géogràpliique actuelle. Cette
expression, de même que la deuxième, pouvant causer des confu-
sions, je remplacerai dans la suite l'expression de faciès sud par
celle de faciès S, et le faciès nord par l'expression de faciès N.
Le faciès N est nettement localisé dans les plis ou nappes qui
occupent les chaînes septentrionales, le faciès S dans les méri-
dionales. Dans les montagnes au noixl du Klônthal, la nappe infé-
rieure de Glaris (Deyenstock) est caractérisée par le faciès S. Que
cette nappe vienne du nord ou du sud, il est incontestable que ces
a£Qearements à faciès S se continuent par ceux de la base (sous le
Nummuli tique) du Gros Fahrlen (est de Nâfels) et ceux-ci dans
les Churfirsten. Or, dans cette dernière chaîne, c'est le faciès N
qui est développé, autant qu'on peut en juger d'après les travaux
de Moesch ^. Toutefois si nous comparons tout le Crétacique des
Churfirsten a la succession des couches trouvées par M. Burckhardt,
nous constatons, toujours d'après Moesch ^ que le faciès N n'est
pas absolument pur. Ainsi, l'Aptien supérieur en est absent, puis
le Valangien possède, par places, il est vrai, un calcaire ressem-
blant à rUrgonien (Gambsberg). Mais ce no sont là que des
I. M. Burckhardt me communique que Findication de Cénomanien au
Kôpfler est une. erreur due au lithogpraphe. Los points rouges de la carte
auraient dû se trouver dans le jaune du Nummuli tique.
a. M0B8CH. Geoiogische Besclireil>ung der Kalk- und Schiefergebirge zwi-
scben Heuss-und Kienthal. Mat. Carte géol. suisse, a4* Hvr., 111'= partie, 1894 •
3. Moesch. Mat, Carte géot. snissef 14* livr., m* partie, 1881.
jQa M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
variations relativement peu importantes. Elles nous montrent
toutefois que le faciès S doit passer au faciès N \ers le noixi,
puisque les couches sont continues, coupées seulement par la
vallée de la Linth et le lac de Wallenstadt.
Or, que représentent les Churfirsten dans la théorie du pli unique
de Glaris ? Ils représentent la tête anticlinale, le pli frontal (ou
une digitation de celui<i) de la grande nappe poussée vers le nord,
ainsi que je Tai démontré, en faisant remarquer que, dans ces Chur-
firsten, la nappe supérieure, dont nous connaissons le pli frontal
regardant vers le nord, se joignait à la nappe inférieure, pour fina-
lement n'en faire plus qu^mie seule, dans Test de la montagne.
Nous n'avons plus qu'une simple déduction à faire pour résoudre
le problème, à savoir : les Churfirsten, parties des nappes de
Glaris poussées vers le nord, semblent liés au Sentis par les
massifs crétaciques du Gulmen ^ Le Gulmen fait partie de la
nappe supérieure de Glaris. Lie Mattstock appartient aussi à la
même nappe. La nappe inférieure se continue au pied de ces
nappes, le long du lac de Wallenstadt, jusqu'au Strahlegg: elle
disparaît momentanément à la vue sous les eaux du lac, mais elle
sort de nouveau, un peu plus à V ouest, dans le petit pli de^ Fljr,
Celui-ci est la continuation évidente du pli de Wageten -.
Nous arrivons donc par des voies très détournées à la solution
du problème. La réponse, basée sur les travaux nombreux de mes
prédécesseurs, ne peut être à mes yeux que la suivante : La nappe
inférieure de Glaris sort, à partir de la Linth vers l'ouest, en
avant de toutes les autres nappes. Le pli frontal forme les chaî-
nons discontinus qui, du Wageten^ s'étendent par le Pilate, la
Schrattenfluh et le Justisthal jusqu'au lac de Thoune.
Peut-être que, plus loin vers Touest, ce pli rejoint celui des
Diablerets ou de la Dent du Midi-Morcles. C'est ce que les travaux
futui's montreront.
A r ouest de la Linth, le pU frontal de la nappe inférieure de
Glaris disparaît presque totalement ; à la surface du sol on ne
voit que le pU frontal de la nappe supérieure, constituant le Sentis*
Ainsi les preniiei's plis frontaux des Alpes du versant nord de
la Suisse, dans lesquels on aurait pu ci*oii*e que les grands phéno-
1. Us ne sont séparés à lu surface, à pari le grand synclinal de Wildhaus,
que par le Flysch anticlinal de Auf der Hôhe.
2. Ce pli ferait un angle rentrant au passage de la Linth. C'est un phéno-
mène fort fréquent dans les vallées, qui a été décrit par M. Marcel Bertrand
et que j'ai montré de mon côté. La nappe snpérieure forme aussi le même
angle, particulièrement bien visible sur la carte au i/ioo.ooo.
DES ALrPKS DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 798
mènes des nappes n*étaient pas représentés, ont la même origine
que le reste du versant nord. Ces plis de la chaîne du Pilate sont
les têtes, émergées du Fl^sch, de la nappe la plus profonde.
Ce gigantesque phénomène ne parait pas avoir échappé à l'esprit
critique et voyant de M. Suess. Je crois ici n'avoir fait que déve-
lopper l'idée renfermée dans une phrase du grand savant viennois,
qui, en décrivant le panorama du Holientwiel, s'écrie : « Et au-delà
de rUntersee, derrière la sombre silhouette de la ville de Cons-
tance et la surface miroitante du lac, s'écliafaudent les grands plis
dn Sentis, semblables à un Jlot montant de Vécorce terrestre en
mouçement » '.
Une objection viendra immédiatement à Tesprit. Beaucoup de
mes confrères ne voudront pas se résoudi^e à discuter ainsi la
position de montagnes qui, comme le Sentis et le Pilate, semblent
avoir Taspect de barrières bien enracinées. M. Burckhardt - n'a-t-il
pas montré justement que ces premiers plis sont bien sur leurs raci-
nes? J'avais considéré sa démonstration comme absolue, lorsque
j'écrivais mon ouvrage sur le Chablais. Il est aisé cependant de
montrer que les plis si bien étudiés par M. Ikirckhardt /l'o/i^jDOS
l'aspect normal de plis du front d'une chaîne qui s'éteint, se meurt
dans une plaine. Ces premiers plis frontaux ne montrent-ils pas
de puissantes et étranges dislocations ? Tantôt c'est l'Urgonien qui
s'écrase, est laminé, tantôt ce sont des fragments isolés de Séno-
nien transportés en plein Flysch. Combien y a-t-il de petites failles,
de plans de frictions ! Il est des croquis de l'auteur qui rappellent
de vraies injections (fig. 28 c, 28 d). Et les coupes du Pilate, par
Kaufmann, ne montrent-elles pas, comme celles du Sentis, d'Escher,
ce caractère d'étirement et ces empilements cinq à six fois répétés,
par places, de coins urgoniens dans le Néocomien ! Les énormes
murailles de ces deux montagnes rappellent étrangement le style
des grands plis frontaux des Diablerets et dans leurs détails elles
font penser au front nord des Préalpes médianes. Comme dans les
Diablerets, comme à Mordes, comme à la Dent du Midi nous y
voyons ce développement si considérable des terrains néocomiens,
comme s'ils s'étaient accumulés dans les charnières, par une sorte
d*entassement par nourriture, laissant en arrière les roches dures
du Jurassique. Ce phénomène a été admirablement démontré par
les coupes de mon ami M. Ritter dans la vallée de l'Arve.
I. Suias. La Face de la Terre, vol. I, p. a6i.
9. BimcaCHAiu>T. Die Kontaktzone von Kreide and Tertiàr, etc. Mat, Carte
géol, gaiêêef 3a* livraison, 1893.
794 ^- LUOBON. — LRS GRAXDKS NAPPES DE RECOUVREMENT
Quelle différence n'y a-t-il pas entre ce front des premiers plis
des Alpes suisses et la disparition graduelle des plis des Alpes
françaises du Genevois, des Bauges, de la Chartreuse, du Vercors,
du Diois, de la Drôme ! Ici c'est reffacement successif des plis que
nous voyons; en Suisse, c'est le contact brutal, le déchirement.
Quelle différence encore entre ces plis alpins et ceux du Jura qui
leur font face et qui s'enfouissent, en mourant lentement sous la
plaine molassique. Et ces contrecoups intenses qu'a subis la molasse
de la Suisse comparés à l'allure tranquille de ce terrain, en avant
du Genevois et des Bauges par exemple ! Ce sont d'autres phéno-
mènes dont ont été victimes les plis frontaux de la chaîne suisse.
Un autre mécanisme est apparu, ou plutôt une action inconnue
dans les Alpes françaises se présente ici. Le çrai front autochtone
de la chaîne est partout inçisible, il est caché en profondeur et ce
que nous voyons en surface ne sont que les têtes de nappes de
recouvrement émei^eant de l'intérieur de la chaîne des Alpes.
Il est encore une autre objection que Ton pourrait m'opposer,
c'est celle qu'on baserait sur les découvertes de M. Lorenz * dans
le Flâscherberg, sur les bords du Rhin. L'étude de cette montagne
a amené l'auteur à remplacer la notion du double-pli glaronnais
par celle extrêmement compliquée du pli circulaire (« Bogenfalte »).
Je la tiens pour inconciliable avec tout ce que nous connaissons
de l'ensemble de la chaîne alpine.
J'oppose tout d'abord à la conception de M. Lorenz un premier
fait, tiré de ses propres recherches et qui me semble contraire à
ses conclusions. Les plis du Flâscherberg sont déversés vers le
nord-ouest, si bien que M. Lorenz a oricftité sa coupe de détail
dans cette direction. Des plis, ou plutôt des sections de plis,
comme ceux qu'offre la petite montagne en question, ne peuvent
pas ^tre déversés dans plusieurs directions. Il n'y en a qu'une
seule : c'est vers le nord-ouest. M . Lorenz, dans les coupes rayon-
nantes qu'il a publiées - du pli circulaire de Glaris, oriente la
I. LoRBNz. Monographie des Pl&schert>ergs . Mat. Carte ^oL suisse,
4o« livr., 1900.
a. LoRBNz. Loc. cit., pi. IV. M. Lorenz fait remarquer qu*ii y a dans le
Flâscherberg deux sortes de plis se croisant à angle droit. Il compare ce
phénomène à celui décrit par Burckhardt. Nous avons fait justice des plis
transversaux du nord du Klônthal. Le deuxième système de plis de M. Lorenz
consiste simplement en inflexions d*axe. Comme lui, j'ai montré, dans mon
ouvrage sur les Bauges, que ces inflexions ont été probablement antérieures
au plissement définitif, mais ces inflexions ne sont pas à opposer et à placer
sur la même ligne que les plis que chacun a admis jusqu'ici. Si nous confon-
dions les inflexions et les plissements, nous aurions des « Bog^nfalten » un
peu partout.
DBS ALPES DU CHABLAIS ET RK LA SUISSE 7^
coape da Flbicherbei^ dons la direction de poussée qai est uéces-
uirepoor étayer son hypothèse (Profil 11). Or, cette direction n'est
pM le nord-ouest, ainsi que les plis l'indiquent, mais le sud-ouest.
Ceci suffit pour infirmer complètement l'hypothùse en question.
Vig. II. — L'extrémité E de la nappe île Clans dmparaise
sous les nappes ilu Palkriis et du Rhalicon
A, Nappe inrërieare glaronnaise : B. Nappe supérieure ; LL, Premier pli
autochtone ; MM, Pli dit pli sud du double pli, soil rarine des nappes de
GUris ; R, Ringelspitz ; Fb, Plâscherberg ; Fa, Palknis.
En outre, M. Lorenz, toujours pour étayer l'hypothèse de son
pli drculslre, donne une coupe (Profil IV) qui n'a jamais été
'^ifi M. LUGEOX. — LBS GRAVDES NAPPES DK IUBCOrVRElfK!«T
observée sur le terrain. Le pli qa'il suppose est formé à 90 d^^s
da plus voisin, observé dans Textrémité de la chaîne da Calanda,
ce qni est évidemment inadmissible.
Ainsi Vhypothèse de la « Glarner BogenfaUe » est combattue
par les propres résultats des travaux de son auteur.
Dans ces conditions, que représente le Flâscherberg? Cest un
fragment du flanc normal de la nappe de Glaris, le dernier reste
oisible avant Venfoncement général de cette nappe^ au-delà du
Rhin y soiis les montagnes du Vorarlberg.
Cest la répétition de ce que nous montrent les Alpes vaudoises
qoand nous constatons la pénétration du pli de Morcles sous celui
des Diablerets et la pénétration de celui-ci sous la nappe du Mont
Gond-Wildhom. Ce sont les mêmes phénomènes que M. Ritter a
décrits le premier dans les Alpes de Savoie. Ce sont eux, toujours
les mêmes, qui ont donné lieu aux mêmes erreurs : confusion du
plan incliné de la nappe — plan incliné obliquement ou transver-
salement — avec la direction de poussée. Ce sont eux qui doivent
être interprétés à nouveau, conformément à la même vue générale.
La fig. 1 1 indique quelle est la position du Flâscherberg dans
la grande nappe glaronnaise.
D). La nappe du Falknis.
Allons plus loin encore.
Dans un travail très récent ', M. Lorenz donne le résultat de ses
très belles recherches dans le Rhâticon. L'auteur insiste encore
sur son h^7>othèse du pli circulaire, puis il décrit les nappes du
Falknis et les bords de celle du Rhâtikon. Voyons si ce dernier
travail présente des résultats qui peuvent être opposés à notre
théorie du déplacement général vers le nord.
La ressemblance avec le Chablais est ici complète. Sur les plis a
faciès helvétiques, que le dernier témoin du Flâscherbei^ repré-
sente, s'élève le massif du Falknis avec les faciès chablaisiens^ les
faciès des Klippes (faciès vindéliciens). La position relative des
masses est la môme, ainsi la nappe des Préalpes médianes se
retrouve ici à la base du Rhâticon en repos sur les plis des Hautes
Alpes calcaires.
C'est là un fait d*une très grande importance, dont nous sommes
redevables aux géologues de Fribourg, à M. Steinmann et à son
élève.
I Th. LoRBNz. Geologische Studien im Grenz^ebirge zwischen helvciischer
iind ostalpiner Faciès. II. Teil, Sûdlicber Rbaetikon. Xatarf. Geseltach. Frei-
bvLvg I. /?r., Bd. XII, p. 34, 1901.
DK8 ALPES nu CHABI.AIS ET DE I.A flUIftSE
53
M. LorflDZ suppose qae ces ptis sont aussi déversés
centre de son pli circulaire glaronnais. Examinons ses
L'antenr dit que
ces masses du
Falknis se distin-
guent dn Fia-
scherberg par
leop Btnicture eu
écailles. Cela est
vrai pour une
barre de Malm
pincée A la base
dans le Flysch ;
mais ce n'est plus
le OaSilaiis la par-
tie supérieure. Il
n'y a qu'à consi-
dérer les coupes
de M. Lorenz
pour s*en con-
vaincre. L'ana-
logie aoec les
Préalpeseat com-
plète. A le base.
l'écaillé, comme
dans la zone
externe, plus haut
les plis plus déje-
tés, mais d'un
ordre semblable
k ceux da Gha-
biais.
Ces plis sont
déjetés wrs le
nord et non vers
le sud-ouest,
comme le suppose
M. Lorenz. Ici
encore la démons- > 1
tration est facile, 2 > / ;
avec des levés
géologiques aussi soigneusement faits que les siens.
vers le
coupes.
U
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RÉfipmrt «mx ilii i «^ <§e eofiirt Le» laëimiJi pi»
taotAr .igTi»rge» ;iii své-^aest <iaii» une des séries, tentAt
aa aorri-«i«e9t «in» l'antre. H fant cfaoûir^ o^ dies plis ai
praveni être •irrerws dsis deux scm^ Or, Le sons J» la
indûpiee psr Les ifueiques chsrmcres ▼ieifaie» daBS le
iMi ikms Ir Plyseh lin Falknis est 2e FiortL Ce 9oot donc les
â.E.-N.O. de M. Lorenz qm <»*approriieiit le pins de la ▼érilé.
En saperpoMUit iine <«éRe de coi ^
noni-^nid. I^tes anssi rù^areasement que ptissible «Faprès les
pmpn» travaox de M. Lorenz. en ayant soin de proidre en rnarri
dératiiin le plonçement générai de Taxe des plis Têts Tesi. cm toîI
iûg, vXi combien ces plis T^'emiKiitent admirablemeaft k>
les antirs et cela ^wns aoran artifice de dr^n Ci
▼ers le nord ou le noiti-«iae$t qn'ont été poaseces les masses da
Falknis. Elles jont les débris d'âne nappe doni je re^erdwrai
pins loin La poation pofi«bie «le la racine.
Gstte direction dn nord noos eatindiquée par anaecidenft
qnable. Dan» la partie est dn bord dn Bhàlicon s*élend m
curieux, celui des Kircfalispitzen. Cest one télé antîeiÎBale de Ji
!»ique. enveloppée dans le Crétadqae supérieur <Sémmies
rouget) et plongeant dans Le FIjsch. Par opposition à la
Falknisi. où M. Lorenx veut Toir des écailles et où jfai
plis, il considère le style tectoniqiK des Kirriilispitien
étant celui des Klîppes. H me semble qim cetfee analogie est tort
spécieuse. Les Klippes étant des débris de nappes aMrcelécg par
Téroaiou. la même strai:tnre doit s*y réTéler. Si la aappe était parti-
culièrement disloquée, si elle montrait des tacaaes de certaines
coocbes dues à faction mécanique. S en serait de même de la
KHppe. c'est-à-dire da Ismèemm de recominremeni,
L» phs du Falknis sont ncttonent la continnation de celui des
Kircblispitaen, ainsi qu^en témoignent une série de petits firagments
conservés entre les deux an pied de la paroi du Rbâtieon. Or,
Fanticlinal plongeant qui nous occupe est orienté de Test à Tooest.
0 provient donc ou d*UBe poussée du nord, ou dTune poussée du
sud. Mais, comme ses coocbes plongent dans la directi<m da nord,
il n'y a plus de doute : la tête antidinale plongeante, c^est-à-dire
complètement retournée sur elle-même, des Kircblispitien ne
formait qa'an tles plis de la nappe du Falknis avant la destruction
f\fr c^lle-ci par l'érosion, tête semblable à ces plis retournés que
M. M. Bertrand a cités dans la Provence et que j'ai montrés dans
le front da massif de la Brècbe du Chablais.
DBS ALPBS DU CHABlJilS ET DE LA SUISSE jg/ÇI
Ainsi la nappe du Falknis est, elle aussi, poussée vers le nord
sur le Flysch du Prâtigau, qui repose lui-même sur la nappe
glaronnaise.
E). La nappe du Rhâticon et des Alpes de Baçiène,
Sur la nappe du P^alknis en apparaît une autre. Elle est formée
par les masses triasiques qui s'étendent du côté des Alpes bava-
roises. Ainsi que la coupe naturelle de la vallée du Rhin lé
démontre, cette nappe nouvelle repose sur le Flysch, que l'on voit
aussi pénétrer partout sous elle dans le bas de la vallée de Mon-
tafon. Cette nappe, elle aussi, ne peut venir que du sud. Il ne
serait pas logique de ne pas admettre le mouvement vers le nord,
après ce que je crois avoir démontré.
Dans TAlgâu et dans le l'esté de la Bavière, le Flysch pénètre
partout sous les montagnes triasiques. De même que nous voyons
sur le territoire suisse les nappes se relayer au front de la chaîne,
celle du Rhâticon relaye la nappe glaronnaise. Celle-ci n'apparaît
plus, dans les Alpes allemandes, que sous la forme de plis régu-
liers qui émergent du Flysch. Ils représentent la continuation du
pli frontal du Sentis. A la vallée de 1111 ces plis disparaissent sous
la grande nappe triasique. Cette disparition est des plus remar-
quables. La nappe glaronnaise a pris On à la surface du sol. Toute-
fois, elle parait se continuer longtemps encore vers l'est. Près du
Schliersee, au sud de Munich, quelques plis à faciès helvétique
sortent du sol, pour disparaître aussitôt sous les contreforts du
Wendelstein, masse triasico-jurassique, dans laquelle j'ai retrouvé
la trace de beaux plis couchés, interprétés comme des failles par
M. Eb. Fraas. Ce même Wendelstein repose sur le Flysch.
Enfin, pour montrer encore, sans insister davantage, la conti-
nuité vers l'est des phénomènes de recouvrement, je citerai le Lias,
trouvé sous les territoires salifères des Alpes de Salzbourg, qui
est d'un faciès différent de celui que Ton voit à la surface du sol.
Partout, sur le front nord de la chaîne alpine, de grandes
vagues de la lithosphère se sont pressées, les unes sur les autres,
dans la direction de Tavant-pays molassique.
»
« «
Revenons à la vallée du Rhin.
Grâce aux travaux de Theobald, nous pouvons suivre le bord,
coupé par l'érosion, de la nappe du Rhâticon. Nous la voyons
contourner l'est du Prâtigau sous la forme d'une énorme muraille.
8oo M. LUGKON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
De Klosters la nappe s'avance manifestement sur son substratmn
de schistes des Grisons, en formant l'important massif des monta-
gnes d*Ârosa. Partout, dans le fond des vallées de Plessur et de
Parpan, nous voyons ces schistes pénétrer sous la masse dont les
plis sont déversés vers le nord-ouest, ainsi que Ton peut s'en
assurer en examinant les tracés géologiques de Theobald. Les plis
ne suivent pas le bord de la nappe ; ils sont nettement interrompus
par ce bord, c'est- à-dii^e coupés par Téi-osion à leur extrémité.
Ainsi, la nappe du Rhâticon est encore en liaison avec sa racine,
qui ne peut se trouver que vers le sud-est, peut-être sous les mon-
tagnes gneissiques de Test de la vallée de Davos.
Le groupe du Falknis, avons-nous vu, représente, par ses faciès
et sa position tectonique sur les nappes des Hautes Alpes, exacte-
ment ce que sont les Préalpes médianes dans le Ghablais. Dans
ces conditions, la nappe du Rliàiict n représente^ au point de Que
tectonique, la napoe de la Brèche du Chablais.
Nous savons (p. 738) que vers le sud, sous le massif de la Brèche,
les Préalpes médianes s'amincissent jusqu'à leur écrasement total,
dans les montagnes du val d'Illiez par eicemple. La nappe du
Falknis subit le même sort. A partir de la Drusenfluh (Kirchlispitz),
dans le Pratigau, elle ne paraît plus exister sous la nappe du
Bhâticon, du moins si l'on se base sur les travaux de Theobald.
Elle paraît détachée de sa racine par laminage, par étirement.
Ainsi, nous trouvons partout la répétition des mêmes phénomènes,
mais dans les Grisons nous pouvons espérer trouver la racine de
cette nappe qui en est détachée. L'amorce de la nappe doit suivre
celle du Rhâticon ; elle doit contourner, comme cette dei^nière,
tout le Pratigau et elle doit s'enfoncer sous le massif d'Arosa.
Là, en effet, ainsi qu'il résulte des travaux de Theobald, l'on
voit, foi*mant la chaîne qui s'étend du Rothhom au Weisshom. un
grand anticlinal complexe de gneiss recouvert de terrains sédi-
mentaires et de l'oches éruptives. Dans la vallée d'Urden, M. Stein-
mann * a, en particulier, rencontré du Malm à Radiolaires. Cest
le même, me semble-t-il, que celui du Falknis.
En outre, un fait important vient encore à l'appui de notre
hypothèse. Les montagnes d'Arosa sont caractérisées par un déve-
loppement remarquable de roches basiques. Or, entre la nappe
du Falknis et celle du Rhâticon se trouvent des gisements
sporadiquos de ces roches basiques, écrasés en lentilles. Ce sont
I. Strixmann. Geologische Beobachtan^ren in den Alpen. Naiarf. Geêell. zn
Freihurg i. Br„ t. X. n* 2, 1895.
DBS ALPES DU GHABLAIS ET DE LA SUISSE 8oi
des fragments transportés vers le nord, derniers restes respectés
par le laminage. On connaît de ces allleurcments dans le Falknis,
mais les plus beaux sont incontestablement dans TÂlgâu, toujours
à la base des montagnes triasiques qui sont la continuation de
celles du Rhâticon. J'ai parcouru autrefois TAigàu et j'ai étudié
ces gisements, dont la position anormale m'avait intrigué. J'ai
déjà fait remarquer ^ que ces gîtes n'étaient pas dans une position
normale : « Ces roches sont situées sur la ligne de faille à laquelle
s'arrêtent les masses triasiques de TAlgâu. Or, cet accident n'est
pas dû à une faille verticale, mais à ^^ne vraie ligne de chevauche-
ment.... Il y a donc une analogie frappante entre les gisements
bavarois et les gisements chaLlaisiens ».
Je ne savais pas, en écrivant ces lignes, être si près de la vérité.
Me serais-je douté qu'il régnait dans les Alpes du versant nord
une harmonie aussi grandiose ! Aujourd'hui seulement nous
commençons à voir Tétonnante simplicité du versant nord des
Alpes. Qu*il y a loin entre notre temps et celui où de Saussure
écrivait : « .... j'ai reconnu qu'on pouvait presque assurer qu'il n'y
.a dans les Alpes rien de constant que leur variété » !
#**
La nappe du Rhâticon est encore attachée à sa racine, mais
une immense partie a déjà été détruite par Térosion. Elle devait
s'étendre jadis sur tout le Pratigau par l'intermédiaire de la
nappe du Falknis, entièrement laminée ou non, et celle-ci, en tout
cas, devait recouvrir toutes les nappes glaronnaises, car elle
représente les Préalpes médianes. Les Klippes d'iberg (Schwytz),
açec leurs roches éruptwes basiques, nous montrent jusqu'où au
moins s'étendait vers le nord l'une des grandes nappes supérieures
delà Suisse. Ainsi une partie de la racine des Préalpes médianes
est connue. Tôt ou tard, maintenant que la trace de cette racine
est amorcée, nous la poursuivrons vers Touest à travers la Suisse,
au sud des nappes du Chablais.
Ainsi que je viens de le montrer, les rapports du Pratigau rt
du Rhâticon sont tout autres que ceux que pensait voir M. Suess -.
n n'y a pas d'elfondrement dans le Prâtigaii. Le Rhiiticon a
bien été charrié horizontalement. Lorsque, des hauteurs de la
* 1. LuGEON. La région de la Brèche du Chabiais, pp. 39-40.
à.'8i7Bés. Là Face de la terre, vol. 1, pp. 1^9.
8oa M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RSCOUVRKMENT
Scesaplana, on contemple les vertes coUines du Prâtigau. ce
n*est pas une fosse d'effondrement que Ton domine, mais le substra-
tum, mis à jour par Vérosiorty de la nappe cAarrîtfe sur laquelle on
se trouve. Et ce n'est point une cassure qui limite ces terrains
sédimentaires vers Test, à leur contact avec les gneiss de la Sil-
vretta. Ceux-ci ne forment que le noyau anticlinal de la nappe.
*♦*
Dans le massif d'Arosa les plis de la nappe du Rhâticon sont
poussés vers le nord-ouest* dans les montagnes bavaroises ils
regardent le nord. Cela nous explique peut-être pourquoi cette
nappe, tout d'abord oblique à la direction de la chaîne, dans ses
parties internes, finit par arriver sur le front. A partir de FIll, en
Bavière, elle relaie toutes les autres nappes. Cest, en grand, ce
que nous montrent les digitations de la nappe supérieure de Glaris
au nord du Klônthal. Il semblerait que la nappe du Rhâticon soit
comparable aux vagues de la mer, qui, poussées par un vent
oblique vers le rivage, déferlent parallèlement à celui-ci. Ainsi, la
grande nappe du Rhâticon se range parallèlement au rivage des
Alpes, sitôt qu'elle l'a atteint.
y. — Le mécanisme des grandes nappes alpines
J'ai cherché à démontrer, dans les pages qui précèdent, que le
versant nord de la chaîne alpine, de TArve jusqu'à Salzbourg, au
moins, est formé par d'immenses nappes superposées. Sur toute
cette grande étendue nous ne connaissons pas le front autochtone
vérital)le : il doit être caché en profondeur. Les couches en place
apparaissent sur le bord du massif cristallin de la première zone
alpine. Elles forment les plis que l'on voit sous le Flysch de la
nappe inférieure de Glaris, puis, toute la chaîne qui, du Tôdi,
s'étend en un cortège de hauts sommets par le Titlis, la Jungfrau
et le Breithorn. Nous voyons encore ces couches en place sous le
pli couché de la Dent de Morcles et de la Dent du Midi. Enfin
elles s'épanouissent dans les chaînes du Genevois, les Bauges et la
Chartreuse, où elles rejoignent les premiers plis du Jura.
I. — A PROPOS DU Fltsch
L'une des grandes singularités des nappes charriées est Tabon-
dance du Flysch, sur lequel et .dans lequel elles paraissent avoir
DBS ALPES DU CUABLAIS ET DE LA SUISSE 8o3
progressé. Ce terrain présente, en outre, des brèches à cailloux
exotiques, sur lesquelles on a beaucoup discuté. M. Sarasin ^ a
montré que les cailloux cristallins de ces brèches ne pouvaient
provenir que du sud, ce qui a fait supposer à M. Schardt que ce
Flysch devait sa formation à des mouvements orogéniques, qu'il
provenait de la destruction des nappes au fur et à mesure de leur
avancement dans les eaux de la mer éocène. J'ai autrefois essayé
d'étayer cette hypothèse en montrant que les brèches à blocs
exotiques avoisinaient toujours les plans de chevauchement. Après
Fétude générale que nous venons de faire on sent combien celte
explication est peu satisfaisante. Les raisons qui m'obligent à
chercher une autre interprétation de l'origine du Flysch sont basées
sur la liaison intime des nappes de recouvrement des Hautes
Alpes avec les nappes préalpines. C'est le même phénomène qui a
été la cause de Tavancement vers le nord des deux groupes de
nappes. Le Flysch des Hautes Alpes aurait dû tout aussi bien se
former aux dépens des nappes de ces montagnes, qu'il s'est pro-
duit, dans l'hypothèse citée ci-dessus, aux dépens des nappes pré-
alpines. Dans le Flysch qui soutient la nappe glaronnaise nous ne
trouvo^ pas de blocs exotiques. Ceux-ci n'apparaissent dans les
synclinaux des Hautes Alpes que lorsque ces plis contiennent des
lambeaux de recouvrement, soit des Klippes, de la nappe pré-
alpine, comme à Habkern.
J'arrive donc à l'idée que le Flysch à blocs exotiques des
. Préalpes est un terrain qui a été transposé par les grandes pous-
sées vers le nord, comme tout le reste, mais qu'il était déjà formé
açec les caractères que nous lui connaissons avant le charriage.
Je rends ici un juste hommage à mon collègue M. Haug qui s'est
élevé vigoureusement contre cette hypothèse de la formation du
Flysch aux dépens des nappes charriées. « 11 est difiicile, dit-il, de
se figurer comment la nappe de recouvrement des Préalpes est à
la fois postérieure au Flysch, puisqu'elle repose sur ce terrain,* et
contemporaine, puisqu'elle a fourni les éléments à sa sédimenta-
tion » -. Aujourd'hui, en me basant sur les résultats obtenus par
l'étude comparée que je viens de faire, je ne puis <iue lue ranger à
Topinion de mon savant ami de la Sorbonne. Le Flysch des
Préalpes est le terrain le plus récent qui ait été charrié.
Par les recherches que mon élève M . Roessinger a faites dans
1. Sarasin. De Torigine des roches exotiques du Flysch. Arch. Sc.phjrs. et
nat Genève, 1894.
3. E. Hauo. Les régions 'dites exotiques du versant nord des Alpes suisses.
BulL Soc. ifaud. Se. nat,, vol. XXXV, p. 109, 1899.
8o4 M. LUOEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
la zone interne des Préalpes, recherches que j*ai contrôlées, nous
distinguons toujoui*s aisément les produits les plus écrasés des
écailles d'avec les brèches du Flysch. Lorsque les écailles s'étirent
jusqu'à ne plus former que de gros blocs épars dans le Flysch,
lorsqu'elles sont réduites à des brèches de dislocation, celles-ci se
distinguent toujours des brèches du Flysch à lits réguliers.
Je crois maintenant que les arguments de M. Haug se rappro-
chent beaucoup plus de la vérité : a Je conçois, dit-il, que Ton
attribue à une nappe de recouvrement en partie détruite par les
agents atuiosi)hériques, des blocs exotiques épars à la surface du
Flysch ou englobés dans les couches tout à fait supérieures de ce
terrain, comme ceux de Habkern ou ceux qui entourent les
Klippes d'Ibe]*g, mais il m'est impossible de concevoir le rapport
qui peut exister entre une nappe de charriage et des blocs disposés
en lits réguliers ahemant avec un Flysch à éléments fins, et pour-
tant beaucoup des brèches du Flysch se présentent dans ces condi-
tions » *.
La distinction que fait M. Haug est très importante. 11 y a
brèche et brèche dans le Flysch. Les unes, qui se trouvent à la
base des nappes sous la forme de gros blocs exotiques, peuvent
n*être, à la rigueur, que des brèches de dislocation formées pen-
dant la marche de la nappe aux dépens de la base, résultat d'un
laminage extrême. C'est ainsi que Ion voit dans la région de
Lauenen, que l'on constate dans les Klippes du Val d'Illiez, en
plein Flysch, des alignements de blocs d'une roche plus ancienne,
particulièrement les roches dures. Ce sont des débris d'écaillés
étirées en lentilles. A cause de l'absence du flanc médian, la tritu-
ration n'a pu s'eflectuer qu'aux dépens des terrains les plus infé-
rieurs des nappes, en contact par conséquent avec le Flysch. Mais
la brèche qui se forme ainsi n'est pas synohronique du dépôt de
Flysch, elle s'est formée par voie mécanique après et peut-être
longtemps après le dépôt de celui-ci.
Toutes autres, en effet, sont les brèches comme celles qui forment
le Niesen, comme les brèches-poudingues de la zone externe des
Préalpes. Ce sont des roches formées en couches régulièrement
superposées, comme celles que l'on voit, en repos normal, dans le
grand synclinal de la Simme (poudingue de la Mocausa). Ces
brèches et poudingues se sont formés en place dans l'intérieur de
la chaîne sous leur forme actuelle. On les connaît du reste en place
dans l'intérieur des Alj^es, le long d'une grande bande qui se pour-
I. K. Haug. Les régions diteis exotiques du versant nord des Alpes suisses,
DBS ALPES DU GHABLAlS ET 1>E LA SUISSE 8o&
suit des Aiguilles d'Ârves au Chapieux, en France, et se continue
probablement jusqu'en Italie. MM. Kilian et Révil * signalent la
parenté de cette brèche avec celle de Chatillon en Savoie, dernier
affleurement, dans les Préalpes du Chablais, de la brèche du Niesen.
Je ne crois pas devoir insister davantage sur la remarque impor-
tante et décisive faite par M. Haug. Elle se justifie pleinement en
distinguant deux teiTains probablement fort différents.
a. — A PROPOS DES REMARQUES STRATIGRAPHIQUES DE M. HaUG
M. Haug s'oppose à la théorie de la nappe de charriage pré-
alpine, en raison de la parenté des terrains des Hautes Alpes et des
Préalpes. Je tiens à dire combien plusieui*s des arguments de mon
savant confrèi^e et ami sont légitimes et ont été pleinement confir-
més en ce qui concerne les zones interne et externe des Préalpes.
Avec M. Roessinger, j'ai retrouvé dans les Alpes de Lauenen,
c'est-à-dire dans la zone interne, tous les terrains de la zone à
faciès helvétique voisine, et l'on a vu plus haut que c'est là dans les
versants de la vallée du Khône. que j'ai trouvé la racine. M. Haug
a donc raison lorsqu'il objecte que les terrains des Préalpes des
zones interne et externe ne sont pas si exotiques que nous avions
cru l'établir. J'ajouterai encore que la découverte que j'ai faite du
passage du faciès ui^onien au faciès barrémien, en allant vei*s le
sud, dans le massif des Wildstrul)cl, apporte une nouvelle clai*té
dans la question du Néocomien à Céphalopodes de la zone interne
des Préalpes vaudoises.
L'origine des zones interne et externe des Préalpes me parait
résolue -.11 reste la question de la région des Brèches jurassiques
et des Préalpes médianes.
Avant d'aller plus loin, quelques considérations s'imposent.
Je viens de montrer que les Préalpes médianes sont, dans Test,
représentées par le massif du Falknis, et la région de la Brèche
par la grande nappe du Rhàticon. Les Klippes d'iberg sont, elles
aussi, liées à l'histoire de la nappe du Falknis par la présence des
célèbres roches éniptives basiques, qui, nous l'avons vu, se rencon-
ï. Kilian et Révil. Une excursion géologique en Tarentaise. Bull. Soc,
d^hiêt naturelle de Savoie, iSgS.
s. J*ai d'ailleurs trouvé dans les Hautes Alpes bernoises le faciès nodu-
leax dn Malm, équivalent des couches de Birmensdorf, que Ton connaît bien
développé à Chàtel-Saint-Denis, dans la zone externe.
6 Juin i^sxà. — T. i^*". Bull. Soc. Gcol. Fr. — 5a
8o6 M*. LUGEOK. — L£S GRANDES NAPPES DE RXGOUVRBMBKT
trent dans les racines, soit dans les montagnes au nord de Davos.
Ces roches se continuent dans TOberhalbstein. Nous sommes ici
au sud-est des Klippes d'Iberget à yo ii 80 kilomètres de distance,
La liaison de la nappe du Rhâticon avec sa racine ne peut laisser
de doute ; la manière dont la nappe du Falknis suit celle du Rhâ-
ticon, dans son développement visible à la surface, ne peut laisser
non plus aucune ambiguïté. Ces nappes, qui sont coupées par la
vallée de Parpan (sud de Coire) et la vallée de TOberhalbstein, se
continuaient vei*s Touest ou le sud-ouest.
A mesure que nous allons de Test à Touest, du Falknis vers les
Klippes, la racine s'éloigne de plus en plus (voir la carte, pi. XYII).
C'est là un fait que nous devons considérer comme le résultat de
Térosion. Suivant les coupes nord-sud, nous constatons les dis-
tances suivantes :
i"^ Nappe du Rhâticon, en continuité parfaite avec sa racine,
suivant une coupe qui passe par Klosters et la Sulzfluh.
i*" La nappe est brusquement coupée comme à Temporte-pièce
et nous voyons, là où elle s'étendait, la région du Flysch du
Prâtigau. Suivant une coupe qui passe par la Scesaplana et
Langwies, la distance qui sépare l'extrémité de la nappe du Rhâ-
ticon d'avec sa racine est de 3o kilomètres envii*on ; pour la nappe
du Falknis, la distance est de 226 kilomètres environ.
3"" La nappe est de nouveau entamée, dans la partie attachée
avec la racine, par la vallée de Parpan et de l'Oberhalbstein, autre-
ment dit, la partie sud semble reculer, parce que son substratom
apparaît, grâce à l'érosion. Aussitôt les distances augmentent;
environ 60 kilomètres séparent la racine de la tète de la nappe,
suivant le front supposé qui reliait Iberg au Falknis.
La vallée de TOberhalbstein est, en effet, caractérisée par de
nombreux alHeurements de roches basiques plus ou moins méta-
morphiques jusqu'à la schistosité (schistes verts et rouges des
Grisons). Elles sont accompagnées de roches triasiques, comme le
petit massif du Potschanga, supportées par les schistes des Grisons.
Sous ces derniers, enfin, commence à apparaître l'immense massif
cristallin de l'Adula. Les schistes des Grisons s'étendent jusqu'au
col du Septimer et s'enfoncent vers l'ouest sous les massifs grani-
tiques du Piz d'Err et dti Julier. A la Maloggia, la superposition
du granité sur le Trias et les schistes des Grisons est manifeste,
d'après Theobald, dans le Monte di Gravasalvas. Là encore, je
ne pense pas qu'il s'agisse d'un recouvrement vers l'ouest, ainsi
que pourrait le faire croire le plongement des couches vers Test.
L'Oberhalbstein est comparable au Prâtigau. La nappe s'enfonce
DES ALPES DU GHABLAJS ET DE LA SUISSE 807
vers Touest, comme elle le fait au-dessus du Falknis ; mais son
mouvement doit être aussi vers le nord, toutefois, il est possible
que la région granitique du Julier forme une nappe supérieure,
indépendante de celle du Khàticon. L'avenir nous réserve encore
bien des surprises et tout laisse croire que c'est dans les Alpes
orientales que les grands recouvrements paraissent s'être conservés
dans leur ensemble, non morcelés. Si la région granitique du Piz
d'Err est bien réellement charriée vers le nord, le phénomène
prend une ampleur inattendue ; c'est l'ensemble des Alpes de
l'Engadine qui a été charrié.
Un certain nombre de faits "parlent en faveur du déversement
vei^ le nord. Au Falo, dans la vallée de Bergûn, Theobald signale
un lambeau de recouvrement de granité au nord des régions grani-
tiques. Au Julier, le synclinal liasique du Val d'Agnelli, synclinal
qui serait un pli secondaire de la nappe, est déversé vers le nord.
Je n'irai pas beaucoup plus loin dans cette tentative de démonstra-
tion, je me contenterai de poser le problème dont les solutions
définitives seront certainement grandioses. Il embrassera une
grande partie des Alpes orientales.
Du reste, les déductions que nous sommes déjà à même de
faire sont tout aussi considérables. En cherchant où se trouve
la racine des nappes du Falknis et du Rhâticon, nous côtoyons, en
"vain, les flancs du Parpan et de l'Oberhalbstein. Ici nous sommes,
â Tinzen, par exemple, à 70 kilomètres environ de la ligne qui
relie les Klippes d'Ibei^ au Falknis, c'est-à-dire au front de la
nappe détruite desPréalpes médianes. Au Septimer, nous sommes
À une distance de près de 90 kilomètres. La nappe a dû se mouvoir
sur ces énormes étendues. N'a-t-elle transporté que des terrains
sédimentaires? Il n'y a pas de raison pour que ces grands mou-
vements se soient localisés dans les terrains tertiaii^s et secon-
daires à l'exclusion des masses gneissiques et granitiques. Ces
masses énormes de poudingues. à éléments cristallins de la molasse
de la Suisse allemande sont-elles exclusivement des produits détri-
tiques du Flysch? Il ne nous est pas possible de répondre. Quand
nous voyons que du granité, comme celui du Piz d'Err, entre dans
la formation de plis couchés, nous pouvons nous demander si
l'immense région, actuellement détruite, des nappes préalpines, qui
a couvert jadis entièrement les Alpes suisses, ne se présentait pas,
avant l'érosion, sous l'aspect d'une vraie chaîne normalement enra-
cinée? Nous reconstruisons ainsi par la pensée im ensemble qui, s'il
était encore complet, présenterait à nos yeux quelque chose d'aussi
gigantesque que ces Alpes de l'Engadine, amorce des Alpes orien-
8o8 M. LUOEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
taies. Et aujourd'hui que nous n'avons plus à notre disposition
que les fragments de ces immenses nappes nous n'hésitons pas à
conclure. L'hypothèse qui, de toutes les Alpes orientales, ne ferait
qu'une ou plusieurs nappes de charriage parait ainsi moins auda-
cieuse.
Pour les Préalpes nous avons, il est vrai, la preuve directe,
décisive, tandis qu'ici il nous manque un des éléments de la
démonstration ; nous ne pouvons pas prouver que les gi^nites
aient été entraînés très loin. Si nous poursuivons notre hypothèse,
nous voyons que ce sei*ait au sud de l'Engadine qu'il faudrait
rechercher la racine de la nappe du Rhâticon. « C'est à cette
hypothèse invraisemblable et actuellement invériQable, a écrit
M. Haug S que seront obligés d'avoir recours les partisans des
Préalpes ». On voit que mon savant ami, qui connaît si bien les
Alpes, qualifie d'invraisemblable ce que je crois aujourd'hui vrai-
semblable. « Si donc, dit-il plus loin, le recouvrement des Préalpes
venait à être démontré au moyen de pi*euves locales (et non par
des arguments tirés de la tectonique des zones intérieures des
Alpes occidentales ou de la nature des faciès), l'interprétation que
l'on devrait donner de ce recouvrement et des relations entre les
Préalpes et le Rhâticon serait bien diflé rente de celle que
M. Schardt a imaginée ». Si donc les preuves que j'ai données en
me basant sur la coupe des vallées du Rhône et de l'Arve ne
paraissent pas décisives aux yeux de mon collègue de la Sorbonne,
celles tirées de la coupe de la vallée du Rhin sous le Falknis sont
indiscutables. La vallée du Rhin, plus profonde que celle du
Rhône, permet en effet de voir partout le Flysch sous la nappe.
. Le jour où l'hypothèse de la poussée vers le nord d'une immense
région des Alpes orientales sera un fait acquis dans la géologie,
mon savant ami aura sa part légitime dans l'énoncé de cette hypo-
thèse hardie.
Cherchons à fixer l'emplacement de la racine des Préalpes?
Nous venons d'être conduits à évaluer à 70 à 90 kilomètres la
valeur du charriage de la nappe du Rhâticon. J'ai donc le droit
de pousser, au sud des Préalpes médianes, des investigations sur
une distance de 70 à 90 kilomètres dans le but de trouver leur
racine.
Cette recherche a déjà été faite par M. Haug. Tour à tour, il a
I. £. Hauq. Les régions dites exotiques du versant nord des Alpes suisses,
p. 149.
DES ALPES DU GHABLA.IS ET DE LA SUISSE 6og
montré Timpossibilité de trouver la racine tant cherchée, soit dans
la zone des Aiguilles d'Arve et du Val Ferret, soit sur les massifs
de TAar et du Gothard, soit sur la bande du Grand Saint-Bernard,
moins encore sur le massif cristallin ^'du Monte Leone et dans la
zone des Schistes lustrés du Val Bedretto et du Lug^etz. Mon
collègue et ami considère enfin la zone du Piémont. J*admets
l'impossibilité probable de la découverte de la racine dans les
régions que je viens de citer, sauf celle du Piémont, et là M. Haug,
si précis, si concluant dans tout son très remarquable travail,
hésite un instant. De la part d'un savant habitué à manier magis-
tralement les questions de faciès cette hésitation indique, peut-
être, la voie à suivre.
M. Haug dit que dans la partie méridionale de la zone du Pié-
mont, les plis sont déversés vers l'est, c'est-à-dire vers l'intérieur
de l'arc alpin. Si l'on examine les plongements déterminés par
RoUe *, on voit que le déversement décisif vers le sud-est se trouve
à quelques kiloixiètres au nord de la zone des amphibolites dlvrée.
La distance qui sépare ces points des Préalpes médianes est d'en-
viron 80 kilomètres, chiffre voisin de celui que nous avons trouvé
dans les Grisons, en suivant le bord continu de la nappe du Rhâ-
ticon. Il n'y a donc pas d'impossibilité à faire provenir les Préalpes
médianes de régions si lointaines. Si nous suivons vers Test la
ligne ainsi amorcée, nous rejoignons sensiblement le Val Bregaglia
et l'Engadine, c'est-à-dire que nous allons rejoindre la nappe du Piz
d'Err. Au nord de cette ligne, le déversement vers le nord atteint
une puissance considérable. Nous voyons des coins de Trias s'effiler
dans le massif gneisssique de l'Adula. Ce sont de grands plis
couchés vers le nord et non vers l'ouest, ainsi qu'il semble résulter
de la coupe de Rolle. Ces longs affleurements triasiques du Val
di S. Giacomo et du Val Mesolcina sont coupés parallèlement
à leur direction de poussée, mais les nappes qui les constituent
s'inclinent à l'est. Là encore, Rolle a fait la confusion, que nous
avons plusieurs fois constatée, entre la direction de poussée et
l'ondulation transversale des nappes -. Ces grands plis couchés
s'amorcent au sud, sous le Piz Pombi pour l'un, sous le Piz
I. RoLLR. Mat, Carte géol. suissCj aS* livr., 1881.
a. La direction méridienne des couches des Alpes tessinoises a frappé
L. de Dnoh, Escber et Studer. Ce dernier pensait voir le résultat d'une sebis-
tosité ou la trace d*ancienncs montagnes qui entouraient le Piémont avant
la naissance des Alpes (Studer, Geol. der Sehweiz, vol. I, p. !i34). Il s'agit donc
d*iuie disposition monoclinale due à l'inllexion des plis couchés perpendi-
cnlairement à leur direction de poussée. C'est le même phénomène qu'aux
Diablerets, au nord du Klônlhal, au Falknis, au Rhâticon, etc.
HtO M. LC«C09. — LBB &ftA.^DC» %.
Stella pour fastre. Les ma^f» fnMÛoiqocs dn Pii INwhi «t d«
Piz Stella fonnent les Doyanx antidinasK de ces grands plis
dérenés rers le nord. Or. c'est le massif de la Soreita <Piz
Stella;, qui soutient les seliistes des Grisons dn Val d'Arers et de
rOberhalbstein : sur ces schistes apparaît la nappe granitiiine dn
Piz d'Err et dn Jnlier. dont la racine dent être eneore pins méri-
dionale. AnVnd. noos nous trouvons dans des régioiis anx eondies
très redressées, en particulier la zone d'amphibolites, qni s'étend
de Géra à BellinziHia. et les gneiss qui la eotoient an nord. Le
plongemeot est tantôt méridional, tant&t septentrional. Tronve-
rons-nons dans cette disposition one impossibilité à la poussée
Ters le nord de la nappe préalpine? Non. Les condies déjetées
vers le sud sont très redressées, et Ion peut facilement voir que,
en coupe, la racine d*une nappe peut localement être déversée en
sens inverse de la direction de poussée de la nappe.
Ainsi que Fa pressenti M. Haug, tout en combattant Thypothèse
à laquelle nous revenons, c*est bien sur cette zone amphibolique
dlvrée on dans son voisinage le plus immédiat que doit se trouver
la racine des Préalpes médianes. En parlant de la Dent Blandie et
du Mont Rose, mon collègue de la Sorbonne dit lui-même : « H
est possible et même probable *qae ces massifs centraux, disposés
en dômes ou en éventails, aient constitué, avant leur démantèle-
ment, les racines de grands plis couchés, déversés vers le nord,
mais aucun de ces plis, en raison de leur faible développement
longitudinal n*a pu former une partie quelconque de la zone des
Préalpes, si ce n'est, tout au plus, les lambeaux de brèche juras-
sique du Chablais et du Simmenthal » ^
Ainsi M. Haug, qui admet que la région de la Brèche du
Chablais est un fragment de nappe de recouvrement, est obligé
lui-même de chercher, bien qu*avec une contrainte évidente, la
racine de la région des Brèches sur les hauts massifs valaisans.
Or, il y a 60 kilomètres de la Dent Blanche à la Homflnh et 70
jusqu'au Mont Rose.
C*e8t involontairement une pétition de principe que fait mon
savant ami quand il dit : « mais aucun de ces plis, en raison de
leur faible développement dans le sens longitudinal, n'a pu former
une partie quelconque de la zone des Préalpes ». «Tai montré, en
i89(>, dans mon mémoire sur le Chablais, que les deux massifs de
Brèche de la Homfluh et du Chablais ne devaient former au début
qu'une seule nappe. Cela fait 90 kilomètres de longueur de front.
I. K. Haug. Les régions dites exotiques du versant nord des Alpes suisses.
DBS ALPES DU CHABLAIS BT DK LA SUISSE 8ll
Ce n'est pas peu de chose, et M. Tobler, trouvant des blocs exoti-
ques de Brèche dans les Klippes de Sch^vytz, montre que cette
nappe était encore beaucoup plus grande. Cela est vi'ai puisqu'elle
rejoignait fort probablement celle du Rhâticon. Le peu de déve-
loppement longitudinal des dômes centraux n*est pas non plus
contraire à la formation des grandes nappes. Prenons par exemple
le massif du Finsteraarhorn à ses deux extrémités. C'est sur lui
que sont nées les nappes glaronnaises. Elles continuent à exister
dans le grand ensellement qui sépare ce massif de celui du Mont
Blanc, de même lorsque le massif du Finsteraarhorn disparait
SOQS les masses du Tôdi.
En résumé, mon confrère, M. Haug, a montré avec son érudition
habituelle que les Préalpes médianes ne peuvent provenir des
montagnes valaisannes. J'ai montré de mon côté, en me basant
sur les faits préalpins eux-mêmes, en me basant sur la direction
de poussée, toujours vers le nord, des nappes des Alpes à faciès
helvétique, en m'appuyant sur les faits si concluants des nappes
du Falknis et du Rhâticon que les Préalpes médianes ne peuvent
provenir que du sud. 11 n'y a donc plus à choisir, alors même que
notre esprit ne peut concevoir ces grands mouvements de 80 à
90 kilomètres, il faut les admettre. Les Préalpes médianes, dans
l'état actuel de nos connaissances, ne peuvent provenir que de la
i*^on des schistes cristallins et des gneiss du Tessin, fort proba-
blement de la zone d'amphibolites. Là elles s*étendaient, liées avec
les nappes du Falknis, comme la région des Brèches est liée avec
la nappe du Rhâticon. Telles sont les conclusions qui m'ont été
suggérées par les travaux de mon savant confrère et ami *.
3. — Le mécanisme des grandes nappes alpines
Est-ce en profondeur, est-ce en surface que se sont produits ces
mouvements gigantesques de la croûte terrestre? Sont-ils localisés
dans les parties superficielles de la lithosphère ou se continuent-ils
encore plus bas? 11 ne m*appartient pas de conclure, mais il est
certaines notions qui paraissent s'imposer.
I. Il est possible qu'une partie de la zone interne provienne de la zone du
Val Feiret, car le Flysch du Niesen ne contient jçuère que des roches de la
première zone alpine. Le Flysch de la zone externe, avec ses caiUoux de
granité, lequel est semblable en tout point à celui des Alpes du versant sud,
exige en tout cas un transport d'une région beaucoup plus lointaine.
8ia M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE BBCOUVRBmMT
A). Les trois groupes de nappes des Alpes suisses
I>es nappes des Alpes se subdivisent en trois groupes très mani-
festement indépendants.
a) Les nappes à racines externes, comprenant les grands plis
couchés de Glaris et leur continuation à travers toute la Suisse,
dans les \Vildstrubel, dans les Alpes vaudoises et jusque dans le
Mont Joly où nous perdons leur trace. Dans ces nappes est com-
prise, en tout cas, une partie de la zone interne des Pr^pes.
b) Entre les nappes à racines externes, ou à faciès helvétique,
et les nappes préalpines, on rencontre un régime de grands plis
couchés, souvent fort étendus, constituant, par places, de vraies
nappes.
c) Les nappes à racines internes naissant sur une ligne phis
méridionale et comprenant :
a. Préalpes médianes et leur continuation dans les Klippes de
la Savoie, vers le sud-ouest, et les Klippes de la Suisse allemande
et le Falknis, vers Touest ;
% La nappe de la Brèche du Chablais et de la Homfluh, com-
prenant la nappe homologue du Rhâticon.
**»
i"" Les nappes à racines internes sont plus étendues que les
externes : elles arrivent même à dépasser ces dernières vers le
nord, confirmant ainsi, en grand, ce que. nous avons vu pour les
nappes des Alpes bernoises. c*est-à-dire que plus la racine est
lointaine, plus est grand le chemin parcouru par la nappe. Daus
Tensemble, les nappes suivent cette loi qui paraît vérifiée, du
moins dans les Alpes suisses ^
La position des racines des nappes externes n*est pas diflScile à
I. n n'y a que le massif de la Brèche du Chablais qui présente une exeep-
tion. Cette anomalie poorra pent-étre s'expliquer le Jonr où Ton trouvera la
vraie position de la racine. A partir de la Linth Jusqu'à l'Aar, la nappe
supérieure de Glaris fait aussi exception.
Dans les plis qui forment la nappe du Mont Joly, on observe aussi, d*après
les coupes de M. RrrrRR. une semblable tendance qui, cependant, n'est pas
absolue. Le « saute-mouton » des plis apparaît d*unc façon schématique dims
la PI. I de cet auteur (Bnll. Ser%\ Carte géoL de France, voL 9, BulL 60, 1897-
1898). L*escalade de la nappe supérieure est remarquable dans la coupe
publiée par M. Kilian, d*après ses travaux et ceux de Bf. Haug (JKaïAy et
Haug, C,-R. Ac, Se, 7 août 1899, et Kiuan. pi. I. Bail. Serf. Carie géoL
de Fr., t. XI, Bull. :5, 1899-1900).
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 8l3
déterminer par rapport aux éléments voisins considérés comme
stables. Ces racines avoisinent toujours les moles cristallins de la
première zone alpine. Les nappes des Alpes vaudoises et bernoises
prennent i^acine sur le versant sud de la prolongation du massif
cristallin du Mont Blanc, plus loin à Test sur l'axe ou le versant
sud du massif du Finsteraarhorn. 11 en est de nit^me des nappes
glaronnaises. MM. Bertrand et Ritter ont montré que les plis du
Mont Joly naissaient de Textrémité du massif cristallin du Prarion.
Quand les massifs cristallins plongent dans la profondeur du
sol, les nappes n*en continuent pas moins. Elles épousent, par leur
forme en voûte surbaissée, la forme du massif invisible qu'elles
recouvrent.
Dans ce vaste « déferlement », des nappes à racine externe, vers
l'extérieur de la chaîne, il paraît incontestable que les massifs
cristallins hercyniens ont joué le classique rôle du horst, de
r « écueil ». On dirait que, ne pouvant satisfaire à la poussée
alpine, celle-ci s*est exercée avec plus de puissance sur les espaces
Toisins capables d*en être victimes. Le rôle passif des massifs cris-
tallins semble apparalti*e plus nettement que jamais. Non seule-
ment ils ont montré cette passivité que les célèbres travaux de
M. Baltzer * ont bien mis en évidence dans s(m étude sur les coins
calcaires du massif du Finsteraarhorn, mais ils ont encore été
pour ainsi dire incapables de participer autant que le reste à la
contraction. Celle-ci pour se satisfaii*e s'est alors exercée avec un
redoublement de puissance sur les régions avoisinantes. Toute-
ibis, les massifs cristallins de la pi^emière zone alpine n*ont pas
été complètement indiflérents. Leurs couches enracinées, verticales
^ort probablement, se sont laminées vers le haut ou vers le bas ;
Ja résultante de la poussée a agi ainsi perpendiculairement, ou à
peu près, à la direction de cette poussée.
*
a» Entre les nappes à racines externes ou nappes de la première
zone alpine et celles à racines internes, s'étend la grande région
des Alpes valaisannes, formées de gi*ands plis déversés, bien mani-
festes dans les vallées latérales du Valais. Ces plis peuvent môme
se coucher, présenter des allures de nappe, comme dans Texemple
remarquable du Simplon, où l'anticlinal des gneiss d'Antigorio est
couché sur plus de cinq kilomètres, pour atteindre 20 kilomètres
I. Baltzbr. Der Kontact zwischen Gneiss und Kalk in den Berner Alpen .
Mat, Carte géoL suisse, ao* livr , 1880.
8l4 V. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE EBCOinrBXMKSfT
d*après les tniTanx de Geriadi el une ooi^e de M. SrhMJdl Yen
Test, ce pli considérable parait cesser. Le masâf tessinois apparaît
comme on immense dôme. Si Ton regarde attentÎTemeiit la carte,
on s*aperçoit qœ le pli des gneiss d^Antigorio ne pevt eesser aossi
rapidement, mais qu'il se ocmtînoe ùwUÎble sons les Alpes tesâ-
nmses. dont le dôme apparent n'esl fart probaUtmemi qme U
carapace, eesi-à-dire le flanc nomud de Tinumemae pli eomeké. D
est en tout cas certain que le grand pli ooedié se prokH^e saîrant
sa direction axiale, très loin sons le massif dn Trnam Tovqoors
estril qu'à partir dn Val Mesolcina, c'est-àHlire dn Bernardin, un
grand pli, conché vers le nord, ainsi que je l'ai montré pins haut,
remplace le soi-disant dôme dn Tesdn et qne ce nonvean pli da
Tambohom (très déversé, puisqu'il a donné lieu, suivant M. Heim.
aux lambeaux de recouvrement du SteUertiom) est remplacé, à son
tour, dès le Splûgen, par le dernier pli couché de la Soretta, celui
qui, du Pîx Stella, s'étend jusqu'à Andeer. Ainsi, à Test et à l'ouest
du « dôme tessinois », partout où t érosion a été asêez profat^^
nous çqyons de très g-rands plis couchés. D devient évident alors
que le dôme n'est que la carapace d'une grande naj^.
Revenons vers l'ouest.
On sait que, d'après les coupes de MM. Scbardt et GoUîes *, le
•pli couché vers le nord de gneiss d'Antigorio dn Smplon est
recouvert par le pli du Monte Leone déversé en sens inverse. Ce
phénomène m'a toujours paru étrange; il me le semble encore
plus aujourd'hui, car nous trouvons là tunique faU de ce genre
dans les Alpes suisses, où il n'existe aucun autre pli ea retour
donnant lieu à une sorte de double-pli. Les coupes très semblables,
publiées par MM. Schardt et Golliei, sont en accord «Hnplet avec
les levés de Gerlach. Cest lui qui, le premier, a pressenti et a
même dessiné, il y a près de vingt ans, l'anticlinal coudié des
gneiss d'Antigorio ^, le fait est donc indiscutable. Si l'on essaye
de suivre sur la carte ' les gneiss du Monte Leone, on les voit con-
tourner par le Simplon, le noyau anticlinal des gneiss d'Antigorio.
Autrement dit, nous constatons, chose absolument nouvelle et
étrange, un pli qui, de N.K-S.O., devient N.-S., pour se poursuivre
O.-E. dans les montagnes qui dominent le flanc droit du Yal de
1 . SciHARDT. Livret-guide géologique dans le Jura et les Alpes de la Suisse,
pi. X — GoLURz. Id., fig. 87.
2. Gerlach. MaL Carte gêoL êuiëse, a6' livr., i883. — Voir aussi : Zblj.br,
Ein geologisches QuerproÔl durch die Centralalpen. Bem. 1896; SciiMU>T.
Géologie de Zermatt et sa situation dans le système alpin. Arch. Se. phj-M. et
nat., t. XXXr\'. Genève, 1895.
3. Feuille XVm, Atlas géologique suisse.
SKB ALPES DU CHAHI,A[9 BT DK LA SUISSE
Gondo. Cette constatation n'est pas conforme à ce que montre la
profondeur, c'est-à-dire le grand pli de gneiss d'Antigorio poussé
vers le nord ou le nord-ouest.
En outre, à non extrémité orientale, soit dans le massif de
rOfeobom, au moment où les gneiss du Monte Leone cessent,
8l6 M. LUGEOX. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVRElfBNT
nous les voyons s*étaler sur les Schistes lustrés (fig. i4). Ce n'est
pas ainsi que finissent ordinairement les racines des grands plis
couchés.
Tout reviendrait donc à considérer le massif du Monte Leone non
comme un pli couché dévei*sé vers le sud, mais comme une tête
anticlinale d'un pli supérieur à celui des gneiss d'Antigorio et
s" amorçant en arrière de celui-ci (fig. i3). La racine se trouverait
dans cette bande de gneiss, qui, du village de Seehom<» se dirige
vers Crevola.
C'est, on le voit, une explication nouvelle de la coupe du Simplon
que je soumets à la critique. Cest une hypothèse plus satisfaisante
à mes yeux que celle qui a été donnée par Gerlach et ses succès^
seurs. Du reste, la percée du tunnel du Simplon vérifiera Tune ou
Fautre de ces explications.
Si nous cherchons maintenant ce que deviennent vers Touest
ces plis couchés, nous les voyons, grâce à renfoncement rapide du
plan axial, disparaître sous le massif du Weissmies. De tels acci-
dents ne peuvent se terminer brusquement. Ils doivent se continuer
en profondeur. Or, vers le sud-ouest, nous voyons le dôme du
Mont Rose. Nous pouvons nous demander si ce massif ne repré-
sente pas aussi la carapace d*un énorme pli couché analogue à celui
du Simplon, analogue à celui que je suppose exister sous le massif
septentrional du Tessin. L*état actuel des levés géologiques ne
nous permet pas de nous prononcer, mais, quand on voit, an sud,
dans le Val Gressoney, un grand synclinal de Schistes lustrés
déversé vei*s le nord, le « dôme » apparaît comme un mode de
plissement anormal au milieu de cet immense ensemble de plis
couchés.
Le massif gneissique de la Dent Blanche, qui paraît déversé, sur
le territoire suisse du moins, sur les Schistes lustrés, laisse voir
que le phénomène continue à s*y développer. Il en est de même
du massif gneissique du Combin, si nettement déversé vers le nord,
sitôt que sa direction devient S.O.-N.E. (coupe du Val d'Herens).
Ainsi, une série de plis couchés paraissent se presser contre les
massifs hercyniens de la première zone alpine. Ils n*ont pu les
franchir ^ Ce sort était i*éservé à des nappes plus internes encore.
3** Lorsque l'érosion nous permet d'étudier la racine des grands
plis couchés, nous constatons un fait extrêmement important. Les
I. L*avenir montrera s'ils ont donné naissance à des écailles de la zone
interne des Préalpes.
DJB8 AX.PES DU CHABLAIS BT DE LA SUISSE 817
couches s*y montrent fortement redressées, beaucoup plus que la
nappe, puisque celle-ci peut devenir horizontale et môme plon-
l^nte, ce qui parait du reste une loi assez générale, dans les
Alpes du moins. Les coupes de M. Ritter sont, sous ce rapport
encore, extrêmement démonstratives ^ Ainsi donc, si Térosion
vient à entamer considérablement les nappes, nous ne voyons plus
sur le sol que des plis monoclinaux très redressés et très difficiles
à discerner les uns des autres, tant la compression a été énergique.
Or, au sud du grand massif gneissique du Tessin, nous entrons
justement dans un massif de couches très redressées, presque verti-
cales, formées par des gneiss et par les aniphibolites. Ce système,
quiy vers Test, se continue du cùté de Bellinzona et de Chiavenna,
qui, vers Fouest, s'infléchit et passe au sud du Mont Rose, doit
représenter les racines des nappes préalpines. Ces nappes si
nomades ne peuvent venir que de là, car entre les nappes à faciès
helvétique et ces régions s'étendent des nappes dont nous connais-
sons les charnières. Les couches de ces régions méridionales oscil-
lent sur une certaine largeur autour de la verticale, puis le plonge-
ment se décide et nous voyons alors les plis nettement déversés
vers le sud faisant partie du régime extra-alpin, c'est-à-dire des
Dinarides, selon le terme employé par M. Suess.
Nous voyons donc que dans les Alpes suisses un écrasement
s'est fait sentir partout avec un violent mouvement vers Tavant-
pays molassique. Une seule bande paraît ne pas avoir été culbutée,
c'est celle des massifs hercyniens de la [)remière zone alpine. Tout
le reste a fléchi devant cette immense poussée venue de T intérieur
de rai*c alpin. L'eflet a été d'intensité variable, mais toujoui*s il a
plié les Alpes comme les panneaux d'un paravent couché.
Les nappes à faciès helvétique, c'est-à-dire les nappes à racines
externes, ont réussi à franchir la ligne des horsts hercyniens. Les
nappes centrales ont été arrêtées par cette sorte de barrière, dont
elles sont séparées par un épais bourrelet de Schistes lustrés, qui
I. La nappe du Mont Joly cesse brusquement dans Les environs d'Albert-
vUle. Le phénomène très constant des nappes à faciès helvétique qui se
poursuit du Rhin à travers toute la Suisse jusqu'à l'Isère ne peut cesser
brusquement, il faut admettre que Térosion ne permet plus d'en voir le
développement sur le massif de Belledonne et peut-être du Pelvqux. Les plis
monoclinaux décrits par M. Termier dans les Grandes-Rousses sont ]>eut-
ètpe les racines de ces nappes entièrement disparues. Peut-être arriverons-
nous un jour à en faire la démunstratiou.
8l8 M. LUOEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
joue ici le rôle d*un Flysch secondaire. I^s nappes à racine
interne ou nappes préalpines ont réussi à vaincre la distance et
peut-être l'obstacle, accompagnées par leurs immenses reyéte-
ments de Flysch tertiaire. Formés sans doute dans les mêmes
conditions de sédimentation pélagique, les Flyschs triasiques et
jurassiques, c'est-à-dire les Schistes lustrés, et le Flysch tertiaire
ont joué le même rôle dans les manifestations tectoniques. Peut-
être n'est-ce là qu'un concours de circonstances ; peut-être faut-il
voir dans ce parallélisme, bien indiqué par M. Marcel Bertrand K
le résultat d'un phénomène qui nous échappe encore.
B). Le mouvement.
Des nappes des terrains secondaires nous sommes descendus
dans les nappes des terrains primaires. Aussi profondément que
le permettent nos investigations, presque partout nous voyons se
manifester la marche vers le nord. Où ce phénomène prend-il fin?
Toute la chaîne n'a-t-eUe pas été portée vers Tavant-pays ? Est-ce
en surface, est-ce en profondeur que se sont faites ces marches
colossales ? Il est difficile de répondre. Dans mon ouvrage sur le
Ghablais je m'étais arrêté à l'idée d'un mouvement superficiel dû à
la pesanteur. Aujourd'hui j'incline pour le mouvement tangentiel.
comme mouvement de départ'tout au moins. En effet, nous voyons
qu*entre le pli couché de Mordes et ceux de Claris nous possé-
dons tous les stades de grandeur. La nappe inférieure glaronnaise
s'étend sur trente kilomètres environ, et nous constatons que la
nappe du Rhâticon, plus grande encore, est en continuité parfaite
avec sa racine. C'est pourquoi je ne pense plus aujourd'hui
que ces nappes en général se soient déroulées en abandonnant
leurs racines. Toutefois, un mécanisme spécial permet cependant
qu'elles marchent encore, alors que leur liaison n'est plus complète.
Nous voyons, en effet, que la nappe des Préalpes médianes et celle
du Falknis se laminent par places complètement, vers le sud, sous
les grands recouvrements de la Brèche ou sous celui du Rhâticon.
Cela s'explique de la manière suivante. Parties à la suite de mou-
vements indépendants, les deux nappes finissent par former une
nappe unique dans leur marche. Si l'une est animée d'une plus
grande vitesse que la voisine, elle peut communiquer son mouve-
ment et entraîner plus rapidement cette dernière que le ferait sa
I. M. Bertrand. Structure des Alpes françaises et récurrence de certains
faciès sédiraentaires. Congrès géologique interru^Uonal, VI* êesêion, Zurich,
DES ALPKS DU GUABLAIS ET DE LA SUISSE 8l()
propre marche. La nappe ainsi entraînée devient pour ainsi dire
satellite. Son front marchant, grâce à la communication du mouve-
ment de la nappe voisine, plus vite que sa partie radicale, il y a
détachement. Le mouvement doit être diirérentiel pendant un cer-
tain temps, il se fait une lamination qui peut être totale. Ce sont
de ces nappes devenues satellites qui se transforment en ce que
nous avons désigné, à la suite d*une explication un peu différente,
sons le terme de lames de charriage, dont l'amincissement et
r^^rainement n'ont pas de limite. Les Préalpes médianes ont failli,
ainsi que leur prolongation dans le Falknis, devenir des lames de
charriage. Je dis failli, car nous ne pourrons jamais savoir si Técra-
sèment vers le sud, sous la nappe de la Brèche ou du Rhâticon,
a été total.
Nous savons que dans la zone interne des Préalpes les lami-
nages atteignent leur plus grande intensité. Il n*y a plus pour
ainsi dire de contacts normaux. Partout des termes stratigraphi-
ques manquent, mais ces absences sont certainement des lacunes
tectoniques. Or, les nappes des Préalpes médianes et de la Brèche
ont dû incontestablement passer sur cette zone interne. C'est peut-
être là l'explication de ce laminage exagéré, résultat de mouve-
ments différentiels souvent répétés.
Nous avons appris aussi que les Préalpes médianes et la zone
interne ont subi l'influence des nappes des Hautes Alpes à faciès
helvétique. Les plis frontaux de ces dernières, ainsi que je Tai
montré dans le chapitre premier, se répercutent dans les Préalpes.
Xies nappes à faciès helvétique, c'est-à-dire les nappes à racines
externes, sont donc postérieures aux nappes préalpines et, en
conséquence, elles se sont très nettement formées en profondeur
après et peut-être aussi pendant le passage de ces nappes des
Préalpes.
Nous voyons donc que, dans ces mouvements de transport,
presque concomitants, ce sont les nappes les plus internes qui se
sont formées les premières. Quand la contraction alpine s*est fait
sentir, venant des i^égions méditerranéennes, deux zones ont tout
d'abord cédé. Ce sont les zones de première poussée. L'une, très
rapprochée de la poussée, a donné lieu à deux énormes plis cou-
chés, nappes des Préalpes médianes et des Brèches ; l'autre a
donné lieu aux premiers plis, qui ont cherché à franchir les espaces
occupés en profondeui» par Tancienne pénéplaine hercynienne, ce
sont les plis couchés de la zone interne des Préalpes. Ces premiers
mouvements ont dû se faire sentir dans des régions relativement
superficielles de Técorce terrestre, puisque nous voyons que ces
8aO M. LUaEOX. — LES GRANDES 3CAPPES DE mECOVXMMMMSFl
premières iiappe<* sont les plus élevées dans la série : nuis U
masses de P'Iyscli du Niesen. que l'on peni évaluer à pins de mille-
mètres de puissancre, nous montrent que l'épais rcvèteBiefit danc
lequel «e sont développées ces nappes devait être considérable.
C'est alors que prennent naissance les nappes les pins profondes.
IjaL poussée tangentielle continuant a se taire sentir setradnit. non
seulement sur les nappes déjà en mouTement, mais elle fait encore
naître d'autres grands plis de deuxième poussée qui, ansâ« se
subdivisent en deux séries. L'une se crée entre les deux ztmes de
poussée maximale aux dépens des régions profondes des gneiss : la
deuxième se développe dans les terrains à faciès helTétiqne, en
avant des racines des nappes de la zone interne des Préaipes et
sous ces nappes, dans le voisinage des régions cristallines de la
première zone alpine. On voit ainsi que la force tangentielle se
serait exercée plus longtemps sur les zones et les nappes de pre-
mière poussée, d'où, sans doute, leur développement si intense.
Enfin, la poussée, continuant à se faire sentir, donne lieu à une
contraction plus intense encore. Les Alpes prennent enfin nais-
sance en relief. Les nappes déjà plissées se plissent probablement
encore davantage ; elles se bombent sur elles-mêmes, simulant
même des dûmes, et les massifs cristallins comprimés de la pre-
mière zone alpine s'élèvent sur eux-mêmes par une croissance
verticale de leurs couches déjà très redressées. Les nappes à faciès
helvétique qui les recouvrent doivent alors se distendre ; d*hori-
zontales, ou à peu près, elles s'incurvent sur ces r^ons cristal-
lines des horsts hercyniens. Elles sont appelées à occuper une plus
large surface que celle qui leur avait été donnée par leur propre
extension ; elles doivent donc s'affaisser sur elles-mêmes par failles
plus ou moins verticales. G*est là, probablement, la cause de ces
failles si considérables que j'ai rencontrées dans les hauts massifs
des Wildstrubel, là où les nappes sont encore conservées sur le
massif cristallin hercynien.
Telle est, à j^rands traits, l'ébauche d'une théorie qui sera sans
doute modifiée dans l'avenir, au fur et à mesure que nous connaî-
trons mieux les rapports réciproques des nappes.
*
m *
Les chaînes de montagnes naissent des grands géosynclinaux.
Elles sont la réaction exagérée d'un phénomène qui s'exagérait
trop. Nous devons donc voir dans ces immenses épaisseurs encore
conservées de Flysch le dernier des sédiments si puissants qui
emplissaient la grande dépression méditerranéenne. Ce serait
1>ES ALPES DU CHAULAIS BT 1>K LA SUISSE Bill
pendant l'Oligocène que ces mouvements considérables se seraient
fait sentir, se pei*pétuant jusque dans le Miocène.
La molasse rouge et les poudingues aquitaniens disparaissent
;ou8 les Préalpes et sous le pli frontal de la nappe inférieure de
Grlaris. Or, on sait que les poudingues se sont formés aux dépens
les nappes préalpines qui les recouvrent. Ainsi le mouvement de
charriage parait s être effectué en surface dans le voisinage de la
région molassique. Il se peut donc que le mécanisme superficiel
jae j'avais invoqué jadis se soit réalisé partiellement, mais sous
une autre forme, c'est-à-dire que, sous Tiniluence <le la contraction
lemière, les masses qui s'étaient mues en profondeur se sont enfin
irahies à la surface, entraînées peut-être vers Tavant par les mouve-
ments plus profonds, c'est-à-dire par les grandes nappes des Alpes
i faciès helvétique qui se développaient sous les nappes pré-
ilpines. Toutefois, surtout lorsque Ton considère les plis empilés
la Môle, c'est-à-dire la partie la mieux conservée du front des
EVéalpes médianes, Ton sent que ces replis n'ont certainement pu
ie faire à l'air libre. Pour se contourner sur eux-mêmes il leur
fallait un poids nécessaire que l'on peut, à la rigueur, trouver dans
leur masse elle-même. Mais, tous les plis frontaux bien conservée
ie montrent, la plupart du temps, toujours ensevelis dans un ter-
rain quelconque. Est-ce donc dans la molasse elle-même que sont
^enus s'empiler ces derniers plis frontaux des « vagues )> alpines ?
[1 m'a toujours été diflicile d'admettre que la molasse ait couvert
adis les nappes alpines, car jamais jusqu'ici elle n'a été rencontrée
lans les pli-failles où elle aurait dû se conserver. Aujourd'hui que
a question se pose de nouveau sous une toute autre forme, je me
lemande si ce n'est pas la molasse qui a formé la surface de
-accord entre les nappes et l'avant-pays ? Les plis si intenses,
>arfois, que Ton voit dans la zone plissée de la molasse, accusent-
Is peut-être l'existence de mouvements profonds ? Si oui, la
nolasse pénétrerait en synclinal sous les nappes. Nous serions
linsi amenés à considérer la fin du phénomène des grandes nappes
)ar le mécanisme tout hypothétique suivant. Supposons la nappe
irrivée à une dizaine de kilomètres de son emplacement actuel
întièrement recouverte par son énorme manteau de Flysch. Le
soulèvement vers le haut des noyaux hercyniens commence à se
aire sentir, il met en saillie la nappe préalpine. Celle-ci s'érode
lans ces régions surélevées et alimente de ses débris les épaisses
nasses molassiques qui se déposent sur la partie frontale et au
loin en avant. La contraction alpine continue à se faire sentir.
C'est alors que se déroulent les grands plis couchés des Alpes à
ia Juin i^a. — T. i«^ Bull. Soc. Géol. Fr. — 53
832 M. LUftKON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
faciès helvétique, au moment où les Préalpes sont déjà détachées
par érosion de leurs i*acines. Dans ces conditions, ce n*est plus sur
les nappes préalpines que se fait sentir la force tangentielle, mais
au-dessous, en arrière et en avant d*elles. Elles surnagent pour
ainsi dii*e et accomplissent un mouvement relatif en bloc vers
Tavant, sous la molasse qui se contracte sous elles. Ce mouvement
se serait effectué sans amener nécessairement un plissement plus
intense des Pi^éalpes. Ce serait là, peut-être, la raison de l'absence
de molasse dans leurs pli-failles. Arrive ensuite la mise générale en
saillie, dernier mouvement de la contraction alpine, ainsi que je
Tai montré plus haut ; toute la molasse qui recouvre les Préalpes est
démantelée, emportée, et le phénomène se modifie pour êti^e celui
qui apparaît aux yeux des géologues comme une des plus grandes
manifestations de Técorce terrestre. On voit combien le raccord de
ces nappes avec la molasse est un problème spécial, tout aussi dilli-
cile à résoudre, sinon davantage, que celui qui nous a préoccupé
jusqu'ici.
Ces dernières lignes ne sont que des hypothèses ; celles-ci sont
nécessaires à Tesprit humain et cette nécessité sera ma seule
excuse si un jour ou Tautre je dois, pour ces derniers phénomènes
de i*aeeord, modifier ma conception, comme je Tai déjà fait.
yOTE AJOUTÉE PENDANT ^IMPRESSION
J'aurais voulu soumetti*e ce travail au fur et à mesure de sa
rédaction à un de mes maîtres, M. le Professeur Heim. Je n*ai pu
lui en faire part que quelques jours après son retour d*un long
voyage, alors que le présent mémoii*e était sur le point de sortir
des presses.
Nous avons discuté ensemble une bonne et mémorable journée
en présence de ces superbes reliefs géologiques que possède le
Musée de l'École Polytechnique de Zurich. Mais si les circons-
tances ne m'ont pas permis de bénéficier de la saine et utile critique
que m'aurait adressée le grand géologue zurichois, et qui aurait
amené un peu de perfection dans mon travail, je bénéficie cepen-
dant encore, à la dernière heure, de l'aide si aimable et si cordiale
de l'auteur du « Mechanismus der Gebirgsbildung. )>
De même qu*à Paris, mon ami si dévoué M. Haug m'a apporté
le sec()Ui*s de sa conviction nouvelle, de même mon excellent et
DES ALFE8 DU CIIABLAIS KT DK LA SUISSE 8îl3
vénéré inalti*e M. Heim me donne Tappui de sa haute autorité et
d'une nouvelle preuve d'estime en m*autorisant à publier la lettre
ci-dessous.
Mon mémoire est certes criUquaJble en bien des points, mais, à
voir les marques d'encouragement et d'approbation qui me sont
témoignées, je crois n'être pas trop éloigné de la réalité. Ces pages,
écrites si hâtivement en quelques semaines, ne doivent être consi-
dérées que comme une de ces lueurs d'aurore qui annoncent
l'approche du grand jour.
Qu'il me soit permis de remercier ici encore un de mes maîtres,
le professeur F. -A. Forel, pour l'aide considérable qu'il m'a pro-
diguée pendant ma rédaction.
Lausanne, a juin 190a.
Lettre ouverte de M. le Professeur A. Heim
à M. le Professeur M. Lugeon
« Mon cher Collègue,
« Après que vous m'avez exposé votre essai d'explication des
plis des Alpes calcaires de la Suisse et après les discussions que
nous avons eues ensemble, j'ai examiné de nouveau la plupart de
mes observations de ces dernières années. Je ne puis pas encore
dire que je sois arrivé à une conviction définitive, cependant
j'incline fortement en faveur de votre manière de voir.
« Mes raisons sont les suivantes.
« Votre théorie des plis de nos Alpes calcaires m'explique une
quantité de faits qui, jusqu'ici, étaient restés pour moi énigmati-
ques. Je mentionne principalement les suivants :
« a) Que l'énorme masse de Jurassique du Glarnisch-Ortstock-
Kinzigi>ass et de l'Urirothstock. au-dessus de la vallée de la Reuss,
se termine sans racine visible et que la terminaison surnage sur du
Néocomien et de l'Eocène plissés.
« b) Que je n'ai jamais pu trouver, au-dessus (soit au nord) de
la ligne synclinale éocène Sissikon-Pragelpass-Bâttlis-Leistkamm,
les traces d'une charnière sud au pli anticlinal couché qui foniie
les pentes créUiciques avec le plongement nord de leurs couches.
« c) Les effrayantes complications sous le Glârnisch et au
Schildy que j'ai suivies de très près avec M. Oberholzer, durant
8il4 M. LUGEON. — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT
ces dernières années, semblent èli'e beaucoup plus compréhensibles
en se basant sur votre théorie.
« d) Le fait que les faciès crétaciques et éocènes de la zone du
Bifertenstock-Galanda ressemblent davantage à ceux de la chaîne
nord qu'à ceux de la zone intermédiaire du Titlis-Windgâlle-Lin-
thal, où le Crétacique est très réduit, est compi'éhensible d'après
votre théorie.
« e) Il en est de même de faits relevés par Burckhardt sur les
variations des faciès crétaciques des deux côtés de la zone éocène
Sissikon-Bâttlis. Les deux côtés de cette zone étaient beaucoup
plus éloignés à l'origine que nous no Tavions admis jusqu'ici.
« f) Depuis que MM. Suess et M. Bertrand m'ont exprimé leur
conviction que le double pli glaronnais devait être un pli unique
venu du sud, je n'ai perdu aucune occasion de chercher à ce
propos un critérium qui jugeât la question.
« Mes nombreuses observations anciennes et nouvelles dans la
région du « Lochseitenkalk », c'est-à-dire dans le flanc médian
renversé de ce grand chevauchement, ne m'ont jusqu'ici laissé
reconnaître que des masses éocènes entraînées par un mouvement
du Verrucano qui les surmonte, vers le nord et jamais vers le sud.
C'est, en somme, le résultat de mouvements relatifs de la couver-
ture du Verrucano vers le nord.
« g) Le fait que le Lias, qui rappelle beaucoup les schistes des
Grisous dans les montagnes au sud du lac de Wallenstadt et au
Kussalpealmpass, dans le haut Bisithal, tandis que ce teri*ain est
faiblement développé, ou manque même totalement, entre la
Windgàlle, leTôdi et Vattis, est compréhensible d'après la théorie
de MM. M. Bertrand, Suess et Lugeon, ce qui n'était pas le cas
jusqu'ici.
« h) La nouyelle théorie se heurte bien à quelques difficultés de
détail (Griesslock, Zwôlfihorn, etc.), mais elles me semblent de peu
d'importance et seront sans doute aisément surmontables. En
revanche, bien des [>oints obscurs ou difficilement compréhensibles
qui m'ont arrêté jusqu'à présent paraissent résolus (Uothstock
avec Panixerpass, Gelberberg, Neuenkatilm, Mattstock, terminai-
son onentaie des Churfirsten, etc., etc.). «
« Pour le moment, il ne s'agit pas ici, du reste, des détails du
phénomène, mais de son ensemble.
« Dans le détail il y aura peut-être, ici et là, des modifications à
apporter dans les raccords que vous avez établis dans les nappes
chevauchantes. Ainsi, par exemple, je pense que la chaîne de
DES ALPES DU CHABLAIS ET DE LA SUISSE 8'j5
la Righihoehfluh doit ôlre jointe à Tanticlinal de Morschach
plutôt qu'à la région crétacique au sud de Fluelen, etc.
« Ces modifications n'altéreront cependant pas le fait principal,
k savoir que nos i)lis crctaciques surnagent sur TEocène et que leurs
racines sont situées au loin, vers le sud, dans le voisinage des
massifs centraux.
« Je suis très heureux de pouvoir vous dire que votre théorie
m'apparaît comme une lumière nouvelle qui m'éclaire sur bien
des points ; c'est [)our moi un grand plaisir de reprendre, sous
ces points de vue rajeunis, l'étude de régions, à moi si connues et
qui m'ont occupé si longtemps.
« En tout cas, votre théorie, si étonnante, presque effrayante
au premier abord, mérite Texamcn objectif le plus attentif. On a
souri jadis quand, dans le « Mechanismus der Gebirgsbildung »,
j'ai parlé du double pli glaronnais ; ensuite sont venues la théorie
des Klippes, puis les hardies conceptions de M. Schardt sur les
charriages, maintenant arrivent vos surchei>auchements (Ucber-
ûberfaltung).
« On peut dire aussi que dans ces études successives notre esprit
s'est graduellement exercé à concevoir de mieux en mieux le
mécanisme de la formation des Alpes. Les nouvelles théories
se sont échafaudées en s'appuyant sur les anciennes. Mais cela
m'est une vraie joie personnelle de reconnaître que mes élèves
vont plus loin que moi et m'apprennent à accepter des idées devant
lesquelles je m'étais jusqu'à présent arrêté.
« Zuricli, 3i Mai i()uu. '
« Alb. IIeim ».
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pages
Séance du 7 Janvier 1901 :
Proclamation d'un nouveau nienibre : M. Eug. Daniloff 5
Néerologie : M. Hugubnin. 5
Élections 5
Composition du Bureau et du Conseil, des Comiriissions ....... 6
Séance du 21 Janvier 1901 :
A. BoisTBL. — Allocution 7
L. Cabbz. — Allocution présidentielle 8
Proclamation de nouveaux membres : MM. H. Dallkmagnb, P.-F. Hou-
DANT, Savornin, Emm. Miqubl, le commandant O. Barré. . . g
E. Van den Brobgk, R. Nicklbs. — Correspondance 9-10
J. Almera, Pbron, Louis Bureau. — Présentations d'ouvrages .... lo-ii
Ph. Glangbaud. — Sur les dômes de Saint-Cyprion (Dordo^ne), Fumel
et Sauveterre (Lot-et Garonne) 12
G.-A.-F. Molengraaff. — Géologie de la République Sud-Africaine du
Transvaal (19 fif(* dans le texte, PI. I-U) . i3
P.-G. de RouviLLB. — Une solution paléontologique. — Le Néogène sur
la feuille de Montpellier (4 J/g"* dans le texte). <)3
Léon Bertrand. — Sur l'âge des roches éruptives <lu cap d'Aggio
(Alpes-Maritimes) . 96
E. PouRNiBR. — Etude sur la tectonique du Jura franc-comtois (i^ Jlg-
dans le texte) 97
A. JoLEAUO. — Contribution à l'étude de l'Infrarrétacé à faciès vaseux
pélagique en Algérie et en Tunisie (4 fig- cl ^ cartes
dans le texte) . ii3
M. MiEG. — Note sur le fonçage du puits Arthur de liuyer, exécuté par
la Société des houillères de Ronchamp (Haute-Saône). 147
Séance du 4 Février 1901 :
Nécrologie : M. G.-A<1. Chatin 15^
A. ToucAs. — Sur l'évolution des Hippurites 1^4
DouviLLK. — Sur im Foraminifère d'Egypte communic[ué ]mr M. Forii-
TAU (rectification à la communication du ly Décembre
ipoo) i5(î
P. Tbrmier. — Études lithologiques dans les Alpes françaises 107
P. LoRY. — Quelques observations dans la partie méridionale de la
chaîne de Belledonne (Alpes dauphinoises) {4 fiS' dans
le texte) i;9
L. Thiot. :— Sur la découverte d'un Hhynchoteuthis dans le Sénonien
des environs de Beauvais (/ fi g, dans le texte) 184
SaS TABLE GENERALE DES MATIERES
Séance du 25 Février 1901 :
\
Proclamation de nouveaux membres : MM. J. Pbthô, F. Bonnes, A. de
HicnARD, H. DouxAMi i85
A. de Lapparbnt. — A propos des découverles de M. Amalitzky en
Russie i86
E. Hauo, Zrillbr. — Observations i86
A. de Lappauent. — Découverte d'un Ecliinide nouveau dans le Sahara
oriental * i^
Léon Bertrand. — Découverte d'un squelette de Mammouth dans
l'Ariège 187
KiLiAN. — Sur la fréquence de certains UhacophylliUa dans le Lias
moyen des Alpes de Savoie . 187
Sacgo. — Sur les couches à Orbitoïdes du Piémont ... 188
V. Gautuier. — Contril>ution à Tétude des Echinides fossiles (PI. III). 189
P. Flighe. — Un nouveau Cycadeoidea {i fig- dans le texte). ..... 193
Séance du 4 Mars 1901 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. Jacob, P. Yingry, Léoiiold
Miguel, L. Mbngaud. L. Boistbl, Sguardt 197
Stanislas Meunier. — Ori{çine de l'argile à silex 197
Ch. Dbpbrbt. — Revision des formes européennes de la famille des
Hyracotliéridés (PI. rV-V) *. . 199
P. Lbbbsgonte. — Sur Texistence du Dévonien moyen dans Tllle-et-
Vilaine aaô
Séance du 18 Mars 1901 :
Fibld. — Les travaux du Concilium Bibliographicam 3a6
A. TouGAS. — Sur révolution des Hippurites 237
E. de Margbrib. — Notice sur le nouveau classement de la bibliothèque
de la Société géologique de France 2^9
D.-P. Œhlbrt. — Fo.s8iles dévonicns de Santa-Lucia (Pro\ince de Léon,
Espagne). Deuxième partie (ta flg, dans le texte^
PI. VI) a»
Séance du 1«' ATrif 1901 :
Proclamation d'un membre : M. P. Espinas ^ . a5i
Albert Gaudry. — Sur les découvertes de M. Amalitieky en Russie. . a5i
E. de Martonnb, Emm. de Margbrib. — Présentations d'ouvrages. . . a5i
Aug. DoLLOT. — Sur les travaux en cours d'exécution du Métropolitain
de Paris, entre la Place de l'Étoile et la Place de la
Nation, par les boulevards extérieurs u5a
Séance du 15 Avril 1901 :
Proclamation d'un membre : M. E.-E. Longlas ai>3
Répertoire international de bibliographie scientifique a53
P. LoRY. — Présentation d'ouvrages a53
W. KiLiAN. — Découverte de calcaire à Nummulites, dans le petit syn-
clinal de la Gourre, près de Séderon (Drôme). .... a54
P. LoRY. — Observations stratigraphiques dans le Nord du Massif du
Vercors ii55
TABLR GÉNÉRALE DES MATIÈRES 8^9
F. KxRFORNB. — Discordance du Cambrien sur le Précambrien près de
Rennes {i fig^ dans le texte) 258
Cari ScHMiDT. — Observations géolo^ques à Sumatra et à Bornéo
(3tif^. dans le texte) 260
Séanoe du 6 Mai 1901 :
Nécrologie : M. Henri Portkret ........ 2O8
J. Bbrorhon. — Observations à la note de M. G. Schmidl a(>8
D* Labat, E. Haug, G. Ramond. — Présentations d'ouvrajçes 269-271
D' Imbbaux, J. Bbkgekon, G. Dollfus, Kutot, K. Van i>kn Brokgk, G.
Ramond, Léon Janrt. — Présentations «l'ouvrages et observa-
tions sar C alimentation des villes en eau potable 268-271
G. Dollfus. Présentation d'une note sur Tétage eénomanien en Angle-
terre ^ 270
A. Bigot. — Sur Tâge des seliistes du Rozel (Manche) {i Jiff. dans le
texte) 272
Séance du 20 Mai 1901 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. Luigi Skguknza, Broukt. . 274
L. Gentil, D' A. Labat. — Présentations d'ouvrages. 274
G.-F. Dollfus. — Un nouveau gisement de Cardita striatissima Nyst.
et l'étage Redonien . 275
Bouhgrat. — Sur un filon de minerai de zinc dans la Combe «les Prés
(Jura) 277
Séance générale annuelle du 30 Mai 1901 :
A. de Lapparbnt. — Allocution présidentielle 278
In. — Nécrologie : MM. l'abbé Bardin, H. Bécot, D' Br-
ZANgoN, le R.-P. Blot, Cambré, H.-B. Grinitz,
GrOUS.SRLLB DR HlANGUBFAGB, JaGOR, HUGI'BNIN,
1)' p. Marks, Mauion, Alphonse Milnb-Edwaros,
Rrvblibrb, Tardy, TniKRY, de Vassart d'Ho-
ZIKR, PaRANDIBR. . 280-281
11). — Rapport au nom de la Sous-C^ommission du Prix
Fontannes, attribution du prix à M. Paquibr . 284
Paquibr. — Remerciements 27r»
Paquibr et Zlatarski. — Sur l'Age des couches urgoniennes de Bulgarie 286
Paquibr. — Comparaison des faunes de Rudistes urgoniens de Bul-
garie, de Suisse et de France 28()
Seunbs et Kbrfornk. — Observations sur un gisement tertiaire des
bords de la Vilaine aux environs de Rennes. -jH-
G. Dollfus. — Observations au sujet de la note de MM. Sennes et Ker-
forne . 287
E. Van dkn Brorck. — Ktat actuel en Belgique de l'étude des corréla-
tions grisouto-sismiques 'jHH
Séance du 3 Juin 1901 :
Nécrologie : M. G. Lindstrôm . . v)]
P*-P. MoRBNO. — Présentation d'ouvrage ... •j<)4
G. Dollfus. — Présentation d'une brochure : Note géologique sur les
eaux de Rouen 294
0 0
83o TABLE GENERALE DES MATIERES
I^on Jaivbt. — Observations au sujet de la note de M. Dollfos .... 296
LcBBSGONTR. — Sur la position des schistes du Rozel (Manche). . . 996
De Lamotuk. — Étude comparée des systèmes de terrasses des vallées
de lisser, de la Moselle, du Rhin et du Rhône (ijfig^
dans lé texte) ai)7
E. Haug. g. Dollpus. — Observations 383-384
W. KiLiAN et P. Trrmibk. — Nouveaux documents relatifs à la géologie
des Alpes françaises i4fig' dtmB le texte). 385
Ë. Haug. — Observations au sujet de la note de MM. Kilian et Termier. 4^
Séance du 17 Juin 1901 :
Proclamation d*un nouveau membre : M. Louis Rambauo 4^1
Nécrologie : M. Blbighbh . 4^1
G. D0LLFU8. — Présentation du moulage d'un remarquable échantillon
de Venus fatlax 4**
O. Bahrk. — Sur la morphog^nie de la région de Fontainebleau. ... im .
BouHOBAT. — Sur le Dévonien de Taillefer et le Carbonifère de Visé
(Belgi({ue) (a Jig. dans te texte) 4^
Ëdm. Pkllat. — L*Aptien des environs d'Uzès (Gard) ^ . 4^
A. de Grossouvrb. — Contribution à la géologie des Corbières. . . . 4^
Id. — Nouvelles obser\'ations sur le terrain à silex du
sud-ouest du bassin de Paris ^31
K. Fallut. — Sur Textension de la mer aquitanienne dans TEntre-
Deux-Mers (Gironde) {2 Jig, dans le texte) 433
li>. — Un nouveau sondage artésien à Bordeaux-la-Bastide. . 4^8
Séance du 4 Novembre 1901 :
A. GAi'imY. — Présentation d'un mémoire de M. Capi*llini, sur la
découverte d*un Cétaoé fossile à San-Marino .... 4^9
li>. — . Présentation d'une note : Sur la similitude des dents de
V Homme et de quelques animaux 4^9
(]os.sMAN>', A. de Lapparknt. — Présentations d*ouvrages 44^4'
H. DouviLLK. — Présentation d'échantillons de Rudistes provenant du
Petit-Caucase et de la rive droite de TEuphrate, près
de Keban 44'
H. DALLKMACiNK. — Le crcusenient de la vallée de la Bidassoa .... 44^
Sayn et RoMAN. — Composition du Barrèmien sur la rive droite du
Rhône dans la région de Viviers 44^
A. GrKBnARi). — Sur le graphisme de la carte du sud-ouest des Alpes*
Maritimes 444
li>. — Note sur la limite méridionale du Néocomien dans
les Alpes-Maritimes ^bi
H. Thomas. — Sur Texistence du Lutétien supérieur dans la vallée de
la Seine, entre Villenauxc et Montereau, et à Villiers-
Saint-Gcorges, au nord de Provins ^hS
K. Hahlk. — Vu crâne de Bœuf musqué, des Eyzies (Dordogne) (i Jig»
dans le texte) 4^5
Cil. Sgulumukhgkr. — Première note sur les Orbitoldes (PI. VIl-IX). . 4^
II. DorviLLK. — Observations au sujet de la note de M. Schlnmberger. 4^
TABLE (wÉNÉRALE DES MATIERES 83l
Séanoe du 18 NoTembre 1901 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. René de Lamothb, J.-M. Bel,
le comm* AzAma 4^
Karl A. von Zittbl et D.-P. Œiilert. — Présentation dejiches d'essai
de la réédition des types d'espèces fossiles ^6S
DouxAMi, Lavillk, G.-F. Dollfi's. — Présentations d'ouvrages .... 4^)
H. DouviLLR. — Sur un calcaire siliceux de la Brèche du Chablais. . 4^
Pbron. — Au sujet d'une roche de la Puisaye (Yonne). 47®
H. DouviLLB. — Observation au sujet de la note de M. Peron 47^
Y. Paquibr. — Sur la faune et l'âge dos calcaires à Rudistes de la
Dobrogca 4"'^
H. DouviLLB. — Observation au sujet de la note de M. Paquier .... 474
V. Paquibr. — Sur les relations du groupe inverse avec le groupe
normal chez les Chaniacées 474
R. Sbvastos. — Sur l'origine des Klippes des Carpathes". 47^
F. Pribm. — Sur les Poissons de l'Eocène inférieur des environs de
Reims (lofig, dans le texte, PI. X et XI) 477
A. Gaudry. — Observations au sujet de la note de M. Priem ..... 5o4
A. Pbrôn. — Les étagfes crétaciques supérieurs des Alpes-Maritimes
{a fig. dans le texte) ^ 5o5
TouGAS. — Obser\'atioiis à propos de la communication de M. Peron. 536
Séance du 2 Décembre 1901 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. l'abbé Dklrpine, G. Gardk,
Robert Douvillé, Migubl-Léw 537
Pichbur. — Nécrologie : M. Pouyawwb 537
Ph. NtoRis, NiGKLBS, AuTHBLiN. — Présentations d'ouvrages 538-53g
A. GuÉBHARD. — Deux lambeaux de Miocène lacustre sur la rive
gauche de la Siagne, commune de St-Cézaire (A.-M.) 539
In. — Un horizon supérieur du Crétacé dans le départe-
ment du Var 54o
1d. — Faciès inférieur du Miocène à Saint- Jeannet (A.-M.). 54o
V. Paquibr. — Sur la faune et l'âge des calcaires à Rudistes de la
Dobrogea, observations 54 1
Id. — Observations au sujet de la note de MM. Sayn et Roman :
Composition du Barrèrnien sur la rive droite du
Rhône, dans la région de Viviers 5^i
H.-E. Sauvagb. — Les Pycnodontes du Jurassique supérieur du Bou-
lonnais (PI. XH) :>4a
M. BouLB. — Revision des espèces européennes de Machairodus {t pjif^*
dans le texte) .*>.')i
A.MiCHALBT. — Le Cénomanien des environs de Toulon et ses Kchinides .■>74
Léon Janbt. — Conférence sur V alimentation des villes en eau potable
par la méthode des sources artificielles r>H<i
Imbbaux, Doursault, g. Dollfus, Babinkt, Bigot. — Of>servutions 59^-594
Séance du 16 Décembre 1901 :
Proclamation de nouveaux membres : M. Le (^oufi'ky dk la Fokkst,
M. Bourdon 596
Albert Gaudry. — U Okapi de l'Ouganda et V Helladotherium de Pikermi 095
832 TABLE GÉNÉRALE I>ES MATIERES
G. de Angrlis d'Ossat, G. Dollfuh et Ph. Dautzbnbbrg. — Présentations
d'ouvrages
Km. Haug. — Sur le pli couché des Diablerets
H. DouviLLÉ. — Rapport de la Coniniission de Comptabilité
A. TiiKVKMPC. — Sur la découverte d* Arachnides dans le terrain houiller
de Commentry (PI. XIII) 6or> -
A. GuKBiiAHD. — Sur la théorie génétique des apparitions singolières
(Paccidcnts récents en plein Jurassique inférieur
dans le sud-ouest des Alpes-Maritimes (6 fig. et
une carte dans le texte) 6ia
A. de Lappakrnt, Haug. — Observations à proiios de la communica-
tion de M. Guébhard Ga3
R. FoiiRTAi'. — Notes pour servir à Tctude des Ëchinides fossiles
d'Egypte fti3
H. DouviLLK. — Eocène de Royan 627
A. de Lapi'ahrnt. — Observation à propos de la communication de
M.DouvUlé 636
Ch. Hakrois. — Note sur les Graptolites de la Catalogue et leurs rela-
tions avec les étages graptoli tiques de France . . . 63;
Em. Chankl. — Quelques remarques sur les phénomènes orogéni(|aes et
la formation des grottes et des cluses dans le Jura
méridional 6)6
0
CossMANN. — Sur quelques grandes Vénéiicardes de PEocène (4 fig'
dans le texte), . 65i
A. BoisTBL. — Quelques coupes du Miocène de la Bresse dans l'anse
du Bas-Bug^y {y fig* dans le texte) . 65;
COMPTK-RKNDU DR LA RÉUNION RXTRAORUfNAIRB DR LA SoCIKTK
GÉOLOGIQUR A i^AUSANNB KT DANS LB GhABLAIS BN I90I
Liste des membres ayant pris part à la Réunion extraordinaire de 1901. 677
Programme des excursions 678
Bibliographie concernant la Réunion extraordinaire 680
Séance da 3 Septembre 1901, à Lausanne :
Léon Carkz. — Allocution 681
Constitution du Bureau 683
E. Rbnbvirr. — Allocution 683
L. Carbz. — Nécrologie : M. dr Limur. — Présentation du C.-R. du
Congrès 68a
Proclamatiim d'un nouveau membre : M. Edw. Jorissbn 68a
M. LuGBON. — Allocution présidentielle 683
L. R0LI.IBR. — Sur l'âge du conglomérat subalpin ou Nagelfiuh de la
Suisse. 684
Séance du 5 Septembre 1901 , à Champéry :
M. LuGKo.N. — Compte-rendu de l'excursion du 3 septembre dans les
environs de Lausanne (r fig> dans le texte) 686
Id. — Compte-rendu de l'excursion du 4 septembre de Ouchy
k Monihcty {I Jig. dans le texte) 688-6^
H. DouviLLR, Doux AMI. — Obscrvatlotts 690
-X»
K=.3
TABLE OKNKRALE DES MATIERES 833
M. LuoBON. — Compte-rendu de l'excursion du 5 septembre dans les
environs de Monthey et de Monthey à Champéry . 6911-695
H. Douviixit, Hauo, Douxami. — Observations . . . ' 693
Stkinmann. — Observations 69^
Séance du 7 Septembre 1901, à Thonon :
M LuoRON. — Compte-rendu de Texcursion du 6 septembre, de Cham-
péry à Morgins iyç/ii
Id. — Compte-rendu de l'excursion du 7 septembre dans les
environs de Morj^ins. (k>8-7o4-7o5
W. KiLiAN. — Observations 7»
Em Hauo. — Observations 70a
ScHMiDT. — Observations "tkj
STBUfMANN. — Observations 700
Séance du 9 Septembre 1901, à Morzine :
M. LuGRON. — ^ Compte-rendu de Texeursion du 8 septembre, de Thonon
à Saint-Jean-d'Auiph 7o6-7(M)
Jean Brunhbs. — Observations 708
M. LuGBON. — - Compte-rendu de Texcursion du 9 septembre, de Saint-
Jean-d'Aulph à Morzine (/ Jîg, dans le texte), . 710-713-714
Rbymond, Stkinmann, Schmidt. — Observations 7x3
Brunhks. — Observati(»ns 714
RitviL. — Observations 7i5
Séanqe du 11 Septembre 1901, à Taninge :
M. LuGRox. — Compte-rendu de Texcursion du 10 septembre, de Mor-
zine à Taninge 71G
Id. — Compte- rendu de iVxcursion du 11 septembre dans les
environs de Taninge 716-717-718
lUtviL, Douxami. — Obser\'ations ^ 717
DouvillA. — Observations 718
L. Carbz — Allocution 718
RAviL — Allocution 719
LuoBON. — Allocution 7ao
H. PrrisVrrk. — Note sur le Hhétien et le Lias du col de Coux (Val
iïl\\\tz)(i fig. dans le texte) 721
M. LuGRON. — Les grandes imppes de recouvrement des Alpes du
Chablais et de la Suisse {i^fig. dans le textes pi. XIV-
XVU) 7^3
A. Hbim. — Lettre ouverte à M. M. Lugeon 8!i3
Tables 8-^7
Date de publication des fascicules qui composent It* t. I (4' série) . . . 8O0
Errata 8(j<)
FIN UB la TABLK GÂNéRALK DBS MATIKHKS
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
A
Afçgio. Sur Tâge des roches éruptives
du cap d*— , pnr M. Léon Bertrand,
Algérie. Contribution à Tétude de
llnfracrétacé à faciès vaseux péla-
S'qje en — et en Tunisie, par
. A. Joleaud, 97. — Etude comr
parée' des systèmes de terrasses
des vallées de Tisser (--), ^^ ^^
Moselle, du Rhin et du Rhône, par
M. de Lamothe, «J97.
Allocutions. M. Boistel, 7; M. Garez,
8, 681, 718 ; M. de Lapparent, a^8 ;
M. Lugeon, 683, 71»; M. Renevier,
682 ; M. RéviL 719.
Almbra (Jaime). Envois d'ouvrages,
10.
Anorlis d*Os8AT. Présentation d'ou-
vrage, 595.
Alpes. Etudes litholoeiques dans les
— françaises, par M. Pierre Ter-
mier, 167. — Quelques observations
dans la partie méridionale de la
chaîne de Belledonne (— dauphi-
noises), par M. Lory, 179. — Sur les
Rhacophylliies du Lias des — de
Savoie, par M Kilian, 187. — Nou-
veaux documents relatifs à la géo-
logie des — françaises, par MM.
Kilian et Termier, 385 — Réunion
extraordinaire de la Société géolo-
gique de France à Lausanne et
dans les — du Chablais, par M. M
Lugcon, 677. — Les grandes nappes
de recouvrement des - du Chablais
et de la Suisse, par M. M. Lugeon
(pi. XIV-XVII), 7îi3.
Alpes-Maritimes. Sur le graphisme
de la carte du sud-ouest des —, par
M. Guébhard, 4M- — Note sur la
limite méridionale du Néocumien
dans les -, par M. Guébhard, ^5i.
— Les étages crélaciques supé-
rieurs des — , par M. Peron, 5o5. —
Lambeaux de Miocène lacustre sur
la i^ve gauche de la Stagne (— ),
par M. Guébhard, 53q. — Sur uo
faciès inférieur du Miocène infé-
rieur, par M. Guébhard, 540. —
Sur la théorie çénetique des appa-
ritions singulières d'accidents ré-
cents en plein Jurassique inférieur
dans le sud-ouest des — , par
M. Guébhard, 6ia.
Aptien. L* — des environs d*Uxès
(Gard), par M. Pellat, t^.
Aquitanien, Sur Textension de la
mer - ne dans i*Entre-deux Mers
(Gironde), par M. Fallot, 433.
Arachnides. Sur la découverte d'—
dans le terrain houiller de Com-
mentry, par M. Theveniu (PI. XIII),
606.
Argile à silex. Origine de V — , par
M. Stanislas Meunier, 197.
Ariège. Sur la découverte d'un Mam-
mouth dans r — , par Bl. Léon Ber-
frand, 187
AuTHBUN. Présentation d'ouvrage,
539.
B
Babinbt. Observations à la confé-
rence de M. Janet sur l'alimenta-
tion des villes en eau potable, 593.
Bardin. Nécrologie, a8o.
Barré (Commandant O.). Sur la
morphogénic des environs de Fon-
tainebleau, 431.
Barrèmien, Composition du ~ sur
la rive droite du Rhône dans la
région de Viviers, par BfM. Sayn
et Roman, 44^*
Barrois. Note sur les Graptolites de
la Catalogne et leurs relations avec
les étages graptolitiques de France,
637.
TABLE ALPH\BKTIQl'fi DRS MATIÂRRS KT I>RS AUTEURS 835
Beanooia, Sor la découverte d'un
Rhjmehoieuthis dans le Sénonieu
des environs de —, par M. L. Thiot,
i8$.
BÉGOT. Nécrologie, 980.
Belgique État actuel en — de Tctude
des corrélations grisouto-sismi-
ques, par M. Van den Broeck, a88.
— Sur le Dévonicn de Tailh'fer cl
le Carbonifère de Visé (— ), par
M. Bourgcat, 4^'^*
BeUedonne. Quelques observations
dans . la partie méridionale de la
clinlne de — (Alpes dauphinoises),
par M. P. Lory, 179.
Bbrorron. Présentation d'ouvrages,
968. — Observation à uropos des
gisements de pétrole, ao8.
Bbrtrand (Léon). Sur FAge des roches
éruptives du cap d'Aggio, 96. —
Sur la découverte d*un Mammouth
dans rArlège, 187.
Bbzançon. Notice nécrologique sur
—, a8o.
Bibliothèque. Notice sur le nouveau
classement de la — de la Société
^éologi(|ue de France, par M. de
Margerie. 399.
Bidassoa. Le creusement de la vallée
de la —, par M. H. Dallemagnc, ^4^.
Bigot. Sur Tâge des schistes du
• Rozel (Manche^, 072. — Obser\'a-
tions à la conférence de M. Janet
sur Talimentation des villes en eau
potable, 593.
Blrigubr. Nécrologie, 4^0.
Blot (R.«P.) Nécrologie, 2180.
Bœuf musqué» Un crâne de — des
Eyzies (Dordog^e), par M. Harlé,
.454.
Boi8TBl(A.). Allocution, 7. — Obser-
vation, 276. — Quelques coupes du
Miocène de la Bresse dans Tan se
du Bas-Bugey, 657.
Bornéo, Observations géologiques ù
Sumatra et à —, par M. Cari
Schmidt, 260.
Boulr (Marcellin). Hevision des
espèces européennes de Mac fiai-
roaoê, 55i.
Boulonnais. Les Pycnodontes du
Jurassique supérieur du —, par
M. Sauvage (PL XU), b^u.
BouROBAT. Sur un filon de minerai
de zinc dans la Combe-des-Prés
(Jura), 277. — Sur le Dévonien de
Taillefer et le Carbonifère de Visé
(Belgique), 4a3.
BouRSAULT. Observations à la confé-
rence de M. Jnnet sur Talimenta-
tion des villes en eau potable. 592,
594.
Brosse. Quelques e<)U[)es du Miocène
de la — dans Tanse du Bas-Bugey,
par M. Boistel, 657.
Brunhbs (Jean). Réunion extraordi-
naire de la Société géologi<]ue à
Lausanne et dans le Chantais.
Observations, 708, 714. *
liufrer. Quelques coupes du Miocène
de la Bresse dans l'anse du Bas — ,
par M. Boistel, 657.
Bulgarie. Sur Tâge des couches urgo-
niennes de —, par MM. Paquier et
Zlatnrski, 28<>. - Comparaison des
Hudistesurgoniens de — , de Suisse
et <le France, par M Paquier, 286.
Bureau. Composition du — de la So-
ciété géologique de France. <>. —
Composition du — de la Réunion
extraordinaire à Lausanne et dans
le Chablais, G82.
BrRRAU (Louis). Présentation d'ou-
vrage, II.
c
Caen, L'Académie des sciences, arts,
belles-lettres de — communique
le sujet du prix IjS Sauvage pour
1904» 595.
Camhrien. Discordance du — sur le
Précambrien, près de Rennes, par
M. Kerforne, 208.
Camkrr. Nécrologie, 280.
(Carbonifère. Sur le Dévonien de Tail-
lefer et le — de Visé (Belgique),
par M. Bourgeat, 4^3.
Cark/ (Léon). Allocution présiden-
tielle, 8. — Réunion extraordinaire
de la Société géologique à Lausanne
et dans le Chablais, allocution, 681,
718; Néer«>logie : M. de Liniur, 682;
Présentation des C.-R. du Congrès
géologi<jue de 1900, (k^u
(Uirpathes, Sur Torigine des Klip|>es
<les — par M. Sevastos, 47^.
830 TAULE ALPUABKTIQIIK DES MATIKRES ET DES AUTEUHS
Catalogne. Note sur les Graptolites
de la — et leurs relations avec les
étages ffraptolitiques de France,
par M. Barrois, G37.
(Caucase, Présentation d*Hippurites
du Petit- - , par M. H. Douviflé; 461.
Cénomanien. Présentation d'une note
sur rétajçc — en Angleterre par
M. Dollfus, 270. — Le — des envi-
rons de Toulon et ses Echinides,
par M. Miclialet, 67^.
Célacé, Présentation d'une note sur
un — fossile de San Marino, par
M. (iaudry, 439.
(ihablais. Sur des calcaires à Radio-
laires du —, par M. H. Douvillé,
4O9. — Héunion extraordinaiie de
la'Société géologique de France à
Lausanne et dans le — en 1901
(PI. XIV-XVII), «7: - Les grandes
nappes de recouvrement des Alpes
du — et de la Suisse, par M. M.
Lugeon (PI. XIV XVll), 723.
Chamacées, Sur les relations du
groupe inverse avec le groupe nor-
mal chez les —, par M Paquier,
474.
Chanbl. (Quelques remarques sur les
phénomènes orogéniques et la for-
mation des grottes et des cluses
dans le Jura méridional, G46.
Chatin (G.- Ad.). Nécrologie, 154.
Conibe-des-Préa, Sur un (îlon de
minerai de zinc dans la — (Jura),
par M Bourgeat, 277.
Commentrjr, Sur la découverte d'A-
rachnides dans le terrain houiller
de —, par M. Armand Thevenin
(PI. XIII), 6o5.
(JommiHsions (Composition des), 6.
Comptabilité. Rapport de la Com-
mission de —, par M. H. Douvillé,
598.
Conseil (Composition du). 0.
(Jorbièt'es, Contribution à la géologie
des —, par M. de Grossouvre, 43o.
CossMANN. Présentation d'ouvrage,
440. — Sur quelques grandes Véné-
ricardes de rEocène, (>52.
Crétacique, Les étages —s supérieurs
des Alpes-Maritimes, par M. Peron,
5o5. — Existence de — supérieur
dnns le nord-est du Var, par IL
Guébhard, 540. — Le Cénomanien
des environs de Toulon et ses
Echinides, par M. Michalet, 674.
Cjrcadeoidea, Un nouveau — , par
M. Fliche. 193.
1)
Dallbmagnb. Le creusement de la
vallée de la Bidassoa, 44^
Dautzbnberg. Présentation d'ou-
\Tage, 596.
Davy. Envoi d'un fossile miocène de
la Loire-Inférieure, 4^1.
Dbpêrbt (Charles). Revision des for-
mes européennes de la famille des
Uyracotheridés (PI. IV-V), 199.
Déçonien. Sur l'existence du — moyen
dans rille-ct-Vilaine, par M. P.
Lebesconte, 226. — Fossiles —s de
Santa-Lucia (Province de Léon,
Espagne), par M. D.-P. CEhlert
(PI. m 233. - Sur le - de Taille-
rer et le Carbonifère de Visé (Bel-
gique), par M. Bourgeat, 4^.
Diablerets. Sur le pli couché des —,
par M. Haug, 596.
Dobrogea, Sur la faune et l'âge des
calcaires à Rudistes de la — , par
M. Paquier, 473.
Dollfus (G). Présentation d'ouvrajge,
269, 270, 4^. ^* ~ Communication
sur un fossile du Miocène de Tou-
raine, 275. — Observations sur le
Miocène supérieur de Rennes, 288.
— Présentation d'une note sur les
eaux de Rouen, 294. — Observa-
tions à la note de M. de Lamothe
sur les terrasses des vallées de
risser, de la Moselle, du Rhin et
du Rhône, 384. — Sur un fossile
miocène de la Loire-Inférieure, 4^1.
— Observations à la conférence de
M. Janet sur l'alimentation des
villes en eau potable, 593.
DoLLOT. Sur les travaux en cours
d'exécution du Métropolitain, entre
la olace de l'Etoile et la place de
la Nation, par les boulevards exté-
rieurs, 252.
Dordo^ne, Sur les dômes de Saint-
Cyprien (— ), de Pumel et Sauve-
terre (Lot-et<jaroDne), par M. Ph.
Glangeaud, 12. — Un crâne de Bœuf
musqué des E3rzies ( — ), par M.
Harle, 455.
TABLK ALPHABÉTIQI^ DES MATlÈRKS ET DES AUTEUHS 837
DouviLLÉ (H.). Reclification à propos
d*iin Poraminifère d'Egypte, i5u. —
Présentation de Rudistes, 44i* —
Obaravalions à la note de M.
Schlumberi^r sur les Orbitoldes,
4Ô7. -* Présentation d'ouvrage, ^6q.
596 — Sur des calcaires à Radiolai-
res du C3lablais, 4^ — Observa-
tions, 4?^» 474* — Rapport de la
Commission de comptamlité, 598.
— Réunion extraordinaire de la
Société géologique à Lausanne et
dans le Chablais, observations,
690, 693, 718.
DouviLLÏl(H. elR.). EocènedeRoyan,
627.
DouxAMi. Présentation d'ouvrage, 4^J«
— Réunion extraordinaire de la
Société géologique à Lausanne et
dans le Chaolais, observations,
690, 6^, 717
Drôme, Découverte de calcaire à
Nnmmulites dans le petit synclinal
de la Gourre, près de Séderon (— ),
par If. Kilian, 354.
DtJPARG. Présentation d'ouvrage, aaa.
E
Behlnideê, Contribution à Tétude des
— fossiles, par M. Gauthier (PI. III),
189. — Le Cenomanien des environs
de Tonlon et ses -, par M. Mi-
chalet, 574. — Note pour servir à
l'étude des — fossiles d'Egypte, par
M. Pourtau, 6a3.
Egypte* Sur un Poraminifère d*— ,
par M. Douvillé, i5<>. — Note [)our
servir à Tétude des Echinides
fossiles d* — , par M. Pourtau, 6a3.
Sntre^Deux-Mers. Sur Textension de
la mer aquitanienne dans V —
(Gironde), par M. Pallot, 4^3.
Éoeine. Sur les Poissons de V — infé
rieur des environs de Reims, par
11. Priem (PI. X-XI), 477. de
Royan, par MM. H. et R. Douvillé,
697. — Sur quelques grandes Véné-
rieardes de F—, par M. Cossmann,
66a.
Eêpagyie. Possilcs dévoniens de Santa-
Lucia (Pro>ince de Léon, — ), par
M. D.-P. Œhlert (PI. VI), :233. —
Présentation d'ouvrage, par M.
Labat, vj^. — Note sur les Cirapto-
lites de la Catalogue et leurs rela-
tions avec les étages graptolitiques
de France, par M. Ch. Barrois, 687.
iS Juin i9<»a. — T. \^\
Euphrate, Présentation do Radiolites
aes bords de r—, par M. IL Dou-
villé, 44*'
Eyzies, Un crAne de Bœuf musqué
des —, par M. Harlé, 455.
F
Fallut. Sur Textension de la mer
aquitanienne dans TEntrc-Deux-
Mers (Gironde), 4^. — Sur un
nouveau sondage artésien à Bor-
deaux. 4*^»
FiciiEUR. Nécrologie : M. Pouyanne,
537.
FiELD. Le Concilinm bibliographi-
cunif 211(1.
Fligiib. Un nouveau Cycadeoidea^
io3.
Fontainebleau. Sur la morphogénie
des environs de —, par M. le com-
mandant O. Barré, 4^1.
Fontannra, Le prix — est décerné à
M. Pnquier, 283. — Rapport au
nom de la sous-commission du
l>rix — , par M. de Lapparent, 284.
— M. Paquier remercie la Com-
mission du Prix — , 285.
Foraminifère. Sur un — d'Egypte,
par M. Douvillé, i5(i.
Fossiles. Envoi de liches d'essai pour
la réédition des tvpes dVspèces —,
168.
FoUHNiKR (E.). Étude sur la tecto-
nique du Jura franc-eomtois, 97.
FoiHTAU (R.). Rectiilcation de M.
Douvillé à propos d'un Forami-
nifère d'Egypte communiqué par
M. —, i5<>. — Noie pour servir à
l'élude des Echinides fossiles d'E-
gypte, G23.
Furnel. Sur les dômes de Saint-C'y-
prien (Dordogne), de — et Snuvc-
tcrre (Lot-et-Garonne), par M. Ph.
Glangeaud, 12.
Gard. I/Aplien des environs dTzcs
(— ), par M. Pellat, 428.
Bull. Soc. Géol. Fr. — 54
838 TABLE ALPnABÉTIQl'E DES MATIÈRES ET DES AL'TBL'RS
Gaudhy (A.). Préseutation d'une
note (le M. Ajualttiky, aài. — Pré-
senlatiuns d'une note sur un Crtacé
fossile lie S. Marine. 4Î'J. — Sur In
sîmilitmle des dents de l'Honiine
et de quelques tiniinaux, S3^. —
Obscriatinns à la nnlc deH.Pnem,
sur les Poissons de TEocëne infé-
rieur de ReîniH,5(i4. — Présentaliun
lie pbiiliitEraphifB <le l'Okapi de
l'Ou^andu, 595.
GAVTutRK. Cuntrilintion h l'étude des
Bchinides fossiles (PI. UI), tH<j.
Gbinitz (Hans Bruno). Notice iiécro-
iofcique sur —, aSo.
Gbntil. Présentation d'ouvrage, 374'
Gironde. Sur l'extension de la mer
aqnitanienne dans l'Untre-Deux-
ATers ( -). par M. Kallot. 433. — Sur
un nouveau sondage artésien a
Bordeaux, par M. Pallol, 438.
GLAnavAUD (Ph.) Sur lee ddnies de
Snint-Cypnen (Dordogne^ Puniel
et Sanveterre (Lot-et-Garonne), 11.
Graptolitet. Noie sur les — de la
Catalogne et leurs relations avec
les étages gra[>toliliques de Prance,
par M. Barrois, 63?.
Grisou. Etat actuel en Belgique de
l'étude des corrélations ~to-sismi-
qucs, par M. Van den Broeck, 388.
Grossouvhb (de). Contribution ù la
géologie des Corliiéres, 43"- — Nou-
velles observations sur le terrain
â silex du suil-oucsl du Bassin de
Paris, 43i.
Groussbllb db Blamchbfacb. Nécro-
logie, aHo.
GuBHiiAHD. Sur le graphisme de la
carte du sud-ouest des Alpes-M a ri-
limes, 4^4' — Note sur la limite
méridionale du Néocomien dans
les Alpes-Maritimes, ^5i, — Liim-
beaux de Miocène lacustre sur la
rive gauche de la Siagne (A.-M.),
53g. — Existence de Crétacé supé-
rieur dans le nord-est du Var, 540.
— Sur un faciès du Miocène infé-
rieur, â'^o. — Sur la tliéurie Géné-
tique des apparitions singuiic
d'accidents rr"-"*- — "i~i" t„.
sique inférie..
des Alpes-Mari tin
Harlk. Un crâne de B<puf musqué
des Kyzics (UordogneX 4^^-
Hauo. Observations, 186, 953. —
Présentation d'uuvrage, ajl. —
Nécrologie : LindstrAm, ag4- —
Observations à la note de H. de
Lamolhe sur les terraaaeH des
vallées de lisser, de U Hoselle, du
Rhin et du HhAne JSL - Obsena-
à la note de tâM. Kilian c
Termier, ïao. — Sur le pli couché
iblerets, B06. — Obaerva-
lions à la note de H. Guébhard sur
des Diable
: ta Société dés boniilërf
Roncbamp (— ), par M. Malh. Micg,
IIbim (A.). Réunion extraordinaire
UoaiUer. Note sur le fonf«ge du
puits Arthur de Bayer, exécuté
par la Société des —es de Ron-
champ(Haute-SaAne), par H. Math.
Micg, 147. -~ Etudes lithologiqnes
dans les Alpes fraoçaises, par M.
Pierre Temuer, 187. — Sur la dccou-
^'e^te d'Araelmides dans le terrain
— de Commenlry, par M, Thevenin
(PI. XOI), 606.
HuoDBRiN. Nécrologie, S, 9&1.
Hydrologie. Préseutation d'ouTra-
ges, aSe, a6g, a^o- - Sur le rôle
j__ collaborateurs du
service île la carte géologique, par
M. LroQ Janet, 371. — Présentation
d'ouvrage, par M. Labat, 974- —
Présentalion d'une note sur les
eaux de Rouen, par M. G. Dollfus,
la mithode des
cielles, par M. Léon Janet, S3g,
Mg, — Observations de MM. Im-
beanx, 593; Boursault. 59a, bgi:
Dollfus. Babinet. Bigot, SgS.
Hrracothéridi». Re vision des formes
européennes de la famille des — .
par M. Ch. Depcrel (PI. IV, V), 199.
TABI^ ALPHABKTIQUE DES MAllunES KT l
839
1
flfa-et- Vilaine. Sur l'existence du
Dévonlen moyen dam 1' — , par
H. P. LebeBconle, 335. — Discor-
dance dn Cainbriea sur le Précam-
brien, près de Rennes, par M. Ker-
tome, a58.
Ihbbaus. Présentation d'ouvrage,
j68. — Observations à la conrêrence
de M. Janet snr l'a lime» ta lion des
villes en eau potable, 599.
InfraerMaeé. Contribution à l'étude
lMê«r. Étnde comparée des sjsièmrs
de terrasses des vallées de I'—. de
U Moselle, du RUin et du llliône,
par M. de Lamnthe, 397.
Jaooh. Nécrologie 980.
Jahbt <Léon), Snr le rôle nouveau
dca collaborateurs du 8er\'ice de
la car** géologiqne, aji. — Obser-
vation snr les eaux de Rouen, 39&.
— Conférence sur l'alimentation
des villes en eau potable par la
métbode des ionrces urtillcieiles,
«9.58»-
JoLXAUD. Contribution à l'étude de
Ilnfracfttacé à faciès vaseux péla-
gique en Algérie et en Tunisie. ii3.
/«m. Étude sur lu teelonlqui- du
— f^anc-comtois, par M. h. Kour-
nler, 97. — Sur un lilon de minerai '
de line dans la Combe -des-Prés
(— ), par M. Bourgeot, apj. — Quel-
ques remorqucB sur les pheno-
mènes orogéniques et la tonnation
des grottes et des cluses dans le —
méndional, par M. Clianel, G^lt.
Jnraa»lque. Les Pycnodontes du —
inn^enr dn Boulonnais, par M.
Sauvage <PI. XU), h'^^. - Sur la
théorie génétique des apparitions
singulières d'aciidents rfcenls en
SlelD — inférieur dans le sud-ouesl
e* Alpcs-Mnritimes. par M. Guê-
bhard.ftii.
KHRFonNB. Discordance du Cambrien
sur le Préambrien. près de Rennes,
358. — Présentation d'ouvrage, 44i'
— Observations de M. Munier-Cb ai-
mas, 441.
Kbrfornk et SeuKBs. Observations
sur un gisement tertiaire des bords
de \a Vilaine a
Rennes, a8;.
KiUAN. Sur les JtftafOoAr"i'esdu Lias
moyen des Alpes de Savoie, 18;. —
Découverte de calcaire à Numniu-
liles dans le {Ktit synclinal de la
Courre, près de Séderon (Drôme),
354. — itcuniim extraordinaire de
la Société géologique à Lausanne
et dans le Chablais; observations,
KiLiAN et Thiimiku. Nouveaux docu-
ments relatifs à la géologie des
Alpes françaises, 385.
Klippta. Sur l'oriKinc des — des
Carpathes, par M. Sevsstos, 47^-
La Goarre. Découverte de calcaire
à Nuiiimulites dans le petit syn-
clinal de —, près de Séderon
(DrAme), par M. Kilian, a54.
Lamothh (de). Élude comparée des
sysIèmcH de terrasses des vallées
de risser, de lu Moselle, du Rhin
et du RhAne, 997.
Lapparent (de). Remarques sur tes
découvertes de M. Anialitzky en
Russie, itfô, — Présentation d'un
Oursin reeucilli dans le Ijalinru
oriental, 18;. — Allocution prési-
dentielle, 378. — Rapport au nom
de la sous-commission du prix
Pontaiiues, stU. — Présentation
d'ouvrage, 44<it ■■^ — Observations
i< In note de M. Guébbard sur
n'i'';i
(PI. xiv-xvn), »>::.
Lavim.k. Pri'Suntation d'ouvrage, ^^y.
84O TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES ET I»ES AL'TEt'RS
Lkbbscoxth. Sur Inexistence du Dé*
vonien moyen dans l'Ille-el-Vilaine,
235. — Sur la position des schistes
du Hozel (Manche), 396.
Le Sauvage, L* Académie des Sciences,
Arts et Belles-Lettres de Caen,
communique le sujet <lu prix ~,
Lias. Sur les lihacophxUiUs du —
des Alpes de Savoie, par M. Kilian,
18;.
LiMCH (Le^ comte de). Nécrologie, 68a.
LiNDKTRôM. Nécrologie, 3^.
Loire-Inférieure, Sur un fossile
miocène de la —, par MM.G. Dollfus
et Davy, 4^*1-
LoHY (F ). Quelques observations
dans la partie méridionale de la
chaîne de Belledonne (Alpes dau-
phinoises), 179. — Présentation
d\>uvragcs, ao3. — Observations
stratigraphiques dans le nord du
massif du Vercors, a55.
Loi-ei'Garonne. Sur les dômes de
Saint-Cyprien (Dordogne), Pumel
et Sauveterre ( -), par M. Ph. Glan-
geaud, 13.
LuoKoN (Maurice). Réunion extra-
onlinaire de la Société géologique
de France à Lausanne et dans le
Chabiais en ii)oi; programme, 678;
bibliographie, <>8o; allocution, (>83;
compte-rendu des excursions du
3 au II septembre 1901, (W6-71O. —
Les grancles nappes de recouvre-
ment des Alpes du C.hablais et de
la Suisse (PL XIV-XVII), 733.
Lutélien, Sur Texistence du — supé-
rieur dans la vallée de la Seine
entre Villeuauxe et Montereau et
à Villiers-Saint-Georges, au nord
de Provins, par M. il. Thomas, 4^3.
M
Machairodus, Revision des espèces
européennes de —, par M. Mar-
cellin Boule, 55i.
Mammouth, Sur la découverte d'un
— dans TAriège, par M. I^n Ber-
trand, 187.
Manche, Sur l'âge des schistes du
Rozel (— ), par M. Bigot, 373. —
Sur la position des schistes du
Rozel (— ). par M. Lebesconte, 396.
Marks (Paul). Nécrologie, sHi.
Margbrik (de). Présentation d'oo-
vrage. 394. — Notice sur le nouveau
classement de la Bibliothèque de
la Soc. géol de France, «99.
Marion. Notice nécrologiqaç sor —
381.
Marne, Sur les Poissons de TEocène
inférieur des environs de Reims,
par M. Priem (f\, X-XI), 476.
Martonnb (de). Présentations d*ou-
vrages, 35i.
MsuxiBR (Stanislas). Origine de
Targile à silex, 197.
MiGHALBT. Le Cénomanien des envi-
rons de Toulon et ses Echloides,
574.
MiBO (Mathieu). Note sur le fonçage
du puits Arthur de Bujrer, exécuté
par la société des houillères de
Roiichamp (Haute-Saône), 147.
Milnb-Edwards (Alphonse). Notice
nécrologique sur — , a8i.
Miocène, Sur un fossile — de la Loire-
Inférieure, parMM. Dollfus et Davy,
^i. — Communication sur un
rossile du — de Touraine. par
M. G. F. Dollfus, 375. — Lambeaux
de — lacustre sur la rive gauche
de la Slagne (A.-M.), par NI. Gué-
bhard, 539. — Sur un faciès infé-
rieur du — inférieur, par M. Gué-
bhard, 040. — Présentation d'ou-
vrage, par MM. Dollfus et Dautzen-
berg, 096. — Quelques coupes du
— de la Bresse dans Tanse du Bas-
Bugey. par M. Boistel, 667. —
Observations sur un gisement ter-
tiaire des bords de la Vilaine, aux
environs de Rennes, par MM. Sen-
nes et Kerforne, 387.
MoLBNGRAAPP (G.-A.-P.). Géologle de
la République Sud-africaine du
Transvaal (PI. lU), i3.
Montpellier, Le Néogène sur la feuille
de —, par M. P.-G. de Rouville. 93.
MoRBNO. Présentation d'ouvrage, 99^.
Moselle. Étude comparée des systè-
mes de terrasses des vallées de
lisser, de la — , du Rhin et du
Rhône, par M. de Lamothe, 997.
Mrazbg. Présentation d'ouvrages,
353.
Munibr-Chalmas. Observations, 44i*
TABLE ALPHABÉTIQUE DES UATIÈRES ET I>ES AUTEURS 84l
N
Nappes de recouvrement. — Les
grandes — des Alpes du Cliablais
et de la Suisse, par M. M. Luffeon
(PI XlV-XVn), 703.
Nécrologie. Hug^enin, 5; G.- Ad.
Ghatin, i54; H. Porterel, 268; II.
Bécot, R.-P. Blol, Grousseile de
Blanchefacc, Jagor, 280; lleveiière,
deVassartd'IIozier,a8i;Lindstrômy
99$; Bleicher, ffoo; Pouyanne, 687;
deLimur, 68a.
Nbgris. Présentation d'ouvrage, 538.
Néocomien, Noie sur in limite méri-
dionale du — dans les Ali>es-Mari-
times, par M. Guébliard, ^^i.
Néogène. Le — sur la feuille de
Montpellier, par M. P.-G. de Rou-
ville, 93.
NiGKLàs. Correspondance, 10. — Pré-
sentation d'ouvrage, 53g.
Notices nécrologiques Huguenin, 5,
a8o. — G.-Ad. Chalin, i5î. — Bar-
din, Bezançon, Gameré, Hans
Bruno Geinitz, 280; Mares, Ma-
rion. Alph. Mil ne-Edwards, Tardy,
Thiéry, Parandier, 281, Pouyanne,
537.
Nummalites, Découverte de calcaire
à — , dans le petit synclinal de La
Gourre, près de Séderon (Drôme),
par M. lulian, a54.
o
Œhlbrt (D.-P.). Fossiles dévoniens
de Santa-Lucia (Province de Léon,
Espagne) (PI. Vl). 233. — Envoi de
iicnes d'essai pour la réédition des
types d'espèces fossiles, 4^8.
Orbiloîdes, Sur les couches à — du
Piémont, par M. Sacco, 188. — Pre-
mière note sur les— , par M Schlum-
berger(Pl. VU-IXlj, 459.- Observa-
tions de M. Douvillé, 467.
pAQuntR. Le prix Fontannes lui est
décerné, 282, î285. — Rapport au
nom de ia sous commission du
prix Fontannes, 284. — Comparai-
son des Rudistes urgoniens de
Bulgarie, de Suisse et de France,
986. — Sur la faune et l'âge des
calcaires à Rudistes de la Dobrogea,
473, 541. — Sur les relations du
groupe inverse avec le groupe
normal chez les Chamacées, 474* —
Observations à une note de MM.
Sayn et Roman sur le Barrémien
de Viviers, 54 1.
Paquikr et Zlatarski. Sur l'âge des
couches urgoniennes de Bulgarie,
28fi.
Paranoiek. Notice nécrologique sur
- 281.
Paris. Sur les travaux en cours
d'exécution du Métropolitain, entre
la place de l'Etoile et la place de la
Nation, par les boulevards exté-
rieurs, par M. A. Dollot, 252. —
Nouvelles observations sur le ter-
rain à silex du sud-ouest du bassin
de —, par M. de Grossouvre, 43i.
Pkarcb. Présentation d'ouvrage, 252.
Pbllat (Edm.). Lettre annonçant la
mort de M. Huguenin, 5.— L'Aptien
des environs aTzès (Gard), 428.
Peron. Présentation d'ouvrage, 10.
— Conditions de gisement de ra-
dioles d'Oursin du Rauracien de
l'Yonne, 10. — Note sur ses Etudes
paléonto logiques sur les terrains
dn département de VYonne. 11. —
Au sujet d'une roche de La Puisaye
(Yonne). '170. — Les étages crétaci-
ques supérieurs des Alpes-Mariti-
mes, 5o5.
Permien. Remarques sur les résultats
des travaux de M. Amalitzky, par
M. de Lapparent, i85.
Pétrographie. Sur l'âge des roches
éruptives du cap d'Aggio, par M.
Léon Bertrand, 96. — Géologie de
la République Sud-Africaine du
Transvaal. par M. G.-A.-F. Molen-
graair, i5, '^8, 5t. 02. — Observations
géologiques à Sumatra et à Bornéo,
par Ni. Cari Schmidt. 260 — Etudes
lithologiques dans les Alpes fran-
çaises, par M. P. Termier, 157. —
Nouveaux documents relatifs à la
géologie des Alpes françaises, par
MM. W. Kilian et P. Termier, 385.
Piémont. Sur les couches à Orbi-
toïdes du —, par M. Sacco, 188.
Pleistocène. Présentation d'une note
sur l'influence des vents sur le cli-
mat pendant l'époque — , par M. G.
Dollfus, 469.
84^2 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES ET DES AUTEURS
PoRTBRBT (Henri). Nécrologie, 268.
PouYANNB. Nécrologie par M. Ficheur,
53;.
Poissons. Sur les — de TEocène infé-
rieur des environs de Reims, par
M. Priem (PI. X-XI), 476. — Les
Pycnodontes du Jurassique supé-
rieur du Boulonnais, par M. Sau-
vage (PI. XU), 54a.
Précambrien, Discordance du Cam-
brien sur le ~, près de Hennés,
par M. Kerforne, a58.
Prbiswbrk (H.). Réunion extraordi-
naire de la Société fféolojçique à
Lausanne et dans le Cnablais; note
sur le Rhétien et le Lias du col de
Coux (Val dllliez). 721.
pRiBM. Sur les Poissons de TEocène
inférieur des environs de Reiras
(PI. X-XII), 476.
Prix. Le — Fontannes est décerné à
M. Paquier, oSS. — Rapport au nom
de la sou&K;ommission du — Fon-
tannes, par M. de Lapparent, 284.
^ M. Paquier remercie la Com-
mission du — Fontannes, a85. —
— L'Académie des Sciences, Arts
et Belles-Lettres de Caen, commu-
nique le sujet du — Le Sauvage
pour 1^904, 595.
Puisajre (La). Au sujet d'une roche
de — (Yonne), par M. Peron, 470.
Pycnodontes. Les — du Jurassique
supérieur du Boulonnais, par IVf.
Sauvage (PI. XII), 542.
R
Radiolaires. Sur des calcaires à —
du Ghablais, par M. Douvillé, 469.
Ramond (G.). Observation, ajo. —
Présentation d'ouvrage, 271.
Rauracien. Conditions de gisement de
radioles d'Oursins du — de l'Yonne,
par M. Peron, 10.
Reims. Sur les Poissons de l'Éocène
inférieur des environs de —, par
M. Priem, (PI. X-XI), 477.
Rbnrvibr (E). Réunion extraordi-
naire de la Société géologique à
Lausanne et dans le Cnaolais;
allocution, 68a.
Rennes. Discordance du Cambrien
sur le Précambrien près de —, par
M. Kerforne, 258. — Observation
sur un gisement tertiaire des bords
de la Vilaine aux environs de — ,
par MM. Seunes et Kerforne, 287.
Réunion extraordinaire de la Société
géologique de France à Lausanne
et dans le Chablais en 1901 (PI. XIV-
XVII), 677.
Reveliârb. Ncerclogie, a8i.
RéviL. Réunion extraordinaire de la
Société géologique à Lausanne et
dans le Chablais; observations,
7x5, 717; allocution, 719.
Rbymond. Réunion extraordinaire
de la Société géologiaue à Lau-
sanne et dans le Chablais; obser-
vation, 7i3.
Rhacophyllites. Sur les — du Lias
des Alpes de Savoie, par M. Kilian,
187.
Rhin. Étude comparée des systèmes
de terrasses des vallées de lisser,
de la Moselle, du — et du Rhône,
par M. de Laraothe, 297.
Rhône. Étude comparée des systèmes
de terrasses des vallées de l'Isser,
de la Moselle, du Rhin et du —,
par M. de Lamothe, 997. — Com-
Position du Barrêmien sur la rive
roite du — dans la région de
Viviers, par MM. Sayn et Roman,
443.
Rhynchoteuthis. Sur la découverte
d'un — dans le Sénonien des envi-
rons de Keauvais, par M. L. Thiot,
184.
RoLLiBR (L,). Réunion extraordinaire
de la Société géologique à Lau-
sanne et dans le Chablais : sur
l'âge du conglomérat subalpin ou
Nagelfluh de la Suisse, 684.
Roman et Sayn. Composition do
Barrêmien sur la rive droite du
Rhône dans la région de Viviers,
443. — Observation de M. Paquier,
Ronchamp, Note sur le fonça^ du
puits Arthur de Bnyer, exécuté
par la Société des houillères de —
(Haute-Saône), par M. Mathieu
Mieg, 147.
Rouen. Présentation d'une note sur
les eaux de— ,parM.G.l>ollfus,a94*
Roumanie, Observations de M. Ber-
geron, a68.
RouviLLB (P.-G. de). Une solution
f>aléontologique. Le Néogène sur
a feuille ae Montpellier, 93.
Rqran. Éocène de —, par MM. H. et
K. Douvillé, 627.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS 843
Rozel, Sur l'Age des Schistes du —
(Manche]^, par M. Bigot, 97a. — Sur
la position des Schistes du —
(Manche), par M. Lebesconle, 296.
Rudistes, Comparaison des — urgo-
niens de Bulgarie, de Suisse et de
France, par M. Paquicr, 286. — Pré-
sentation de — , par M. Douvillé,
4ÎI- — Sur la faune et Tûge des cal-
caires à Rudistes de la Dobrogea,
par M. Paquier, 472» S4i>
RuTOT Présentation d*ouvrage, afk).
— Observation de M. Rainond, 270.
s
Sacgo. Sur les couches à Orbitoîdes
du Piémont, 188.
Sahara. Présentation d'un Oursin
recueilli dans le -— oriental, par
M. de Lapparent, 187.
Saint-Cyprien (Dordogne). Sur les
dômes de —, Fume! et Sauveterre
(Lot-et-Garonne), par M. Ph. Glan-
geaud, la.
San-Marino. Sur un Cétacé fossile de
—, par M. Gaudry, 439.
^antO'Lucia. Fossiles dévoniens de
— (Province de Léon, Espagne),
par M. D.-P. Œhlert (PI. VI), 233.
uvAOB. Les Pycnodontes du Juras-
sique supérieur du Boulonnais
(PL XII), 64a.
Sauveterre, Sur les dômes de Saint-
Cyprien (Dordogne), de Fumel et
— (Lot-et-Garonne), par M. Ph.
Glangeaud, 12.
Saifoie, Sur les RhacophylUtes du
Lias moyen des Alpes de — , par
M. Kilian, 187.
Sayn et Roman. Composition du
Barrèmien sur la rive droite du
Rhône dans la région de Viviers,
443. — Observation de M. Paquier,
541.
ScHLUMBRRGBR. Première note sur
les Orbitoîdes (PI VIIIX), 4.59.
SciiMiDT (^Carl). Observations géolo-
giques a Sumatra et à Bornéo, 2(>o.
— Obser>'ations de M. Berjçeron,
a68 — Réunion extraordinaire de
la Société géologique à Lausanne
et dans le Chablais; observation,
704, 713.
Seine-et-Marne. Sur l'existence du
Lutétien supérieur dans la vallée
de la Seine entre Villenauxe et
Montereau et à Villiers-Saint-
Georges, par M. Thomas, 4^3. —
Sur la morphogénie des environs
de Fontainebleau, par M. le com-
mandant Barré, 4^1 •
Seine-Inférieure. Présentation d'une
note sur les eaux de Rouen, par
M. G. DoUfus, 294.
Sénonien. Sur la découverte d'un
lihynchoteuthis dans le — des envi-
rons de Beauvais, par M. L. Tliiot,
184.
Sbunf.s et Krrpornb. Observations
sur un gisement tertiaire des bords
de la V ilaine aux environs de
Rennes, 287.
Skvasto». Sur l'origine des Klippes
des Carpathes, 475.
Silex. Origine de l'argile à — , par
M. Stanislas Meunier, i^. — Nou-
velles observations sur le terrain
à — du sud-ouest du Bassin de
Paris, par M. de Grossouvre, 43i.
Sismi(/ne. Etat actuel en Belgique de
l'étude des corrélations grisouto-
— s, par M. Van den Broeck, 288.
Sondage. Sur un nouveau — artésien
à Bordeaux, par M. Fa Ilot, 438.
Strinmann. Réunion extraordinaire
de la Société géologiaue à Lau-
sanne et dans le Chablais ; obser-
vations, <Î94, 699, 705, 7i3, 715.
Sud- Africaine. Géologie de la Répu-
blique — du Transvaal, par M.
G.-A.F. Molengraaff (PI. 1, II), i3.
Suisse. Réunion extraordinaire de
la Société géologique de France à
Lausanne (— ) et dans le Chablais
en 1901, sous la direction de M.
M. Lu^eon, (»:7. — Les grandes
Nappes de recouvrement des Alpes
du Chablais et de la ~, par M.
M. Lugeon (PI XIV-XVU), 723.
Surnotra. Observations géologiques
à — et à Bornéo, par M. Cari
Schnddt, 260.
Taitlefer. Sur le Dévonien de — et
le Carbonifère de Visé (Belgique),
par M. Hourgcat, 45*3.
Tardy. Notice nécrologique sur — ,
a8i.
844 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES ET DES AUTEURS
Tectonique. Sor les dômes de Saint-
Cyprien n)ordonie), Fumel et Sau-
veterrc (Lot-et-Garonne), par M.
Ph. Glaneeaud, i3. — Géolof^e de
la RépuBlique sud-africaine du
Transvaal, par M. G.-A.-F. Molen-
jfraaff (PI. Wl), 17, 45. 86. — Etude
sur la — du Jura franc-comtois, par
M. E. Foumier, ^. — (Quelques
observations dans la partie méri-
dionale de la chaîne de Belledonne
(Alpes dauphinoises), par M. P.
Lory, 179. — Obser\'ations strati-
frraphiques dans le nord du massif
du Vercors, par M. P. Lory, 257. —
Sur le pli couché des Diablerets,
par M. Hauff, 5g6. — Sur la théorie
génétioue des apparitions singu-
ères d'accidents récents en plein
Jurassique inférieur dans le sud-
ouest des Alpes-Maritimes, par
M. Guébhard, 6ia. — Quelques
remarques sur les phénomènes
orogéniques de la formation des
grottes et des cluses dans le Jura
méridional, par M. Chanel, G76. —
Réunion de la Société géologique
de France à Lausanne et dans le
Ghablais, 677. — Les grandes
nappes de recouvrement des Alpes
du ôhablais et de la Suisse, par
M. M. Lugeon (pi. XlV-XVn), 7a3.
Tbrmibr (Pierre). Études lithologi-
ques dans les Alpes françaises, 107.
Tbrmibr et KiLiAN. Nouveaux docu-
ments relatifs à la géologie des
Alpes françaises, 385.
Terrasses. Étude comparée des sys-
tèmes de — des vallées de lisser,
de la Moselle, du Rhin et du Rhône,
par M. de Lamothe, 997.
Thévbnix. Sur la découverte d'Arach-
nides dans le terrain houiller de
Ck>mmentry (PI. XIII), 6o5.
Thibry. Notice nécrologique sur — ,
a8i.
Thiot. Sur la découverte d*un Rhyu-
choteuihis dans le Sénonien des
environs de Beauvais, 184.
Thomas (H.). Sur Texistence du Luté-
tien supérieur dans la vallée de la
Seine entre Villenauxe et Monte-
reau et à Villiers-Saint Georges,
au nord de Provins, 453.
ToucAS. Sur révolution des Hippu-
rites, 154, aa7. — Observations à la
note de M. Peron sur les étages
crétaciques supérieurs des Alpes-
Maritimes, 536.
Toulon. Le Cénomanien des environs
de — et ses Echinides, par M. Mi-
chalet, 574-
Touraine. Communication sur un
fossile du Miocène de — , par M.
G.-F. OoUfus, 275.
Transitât Géologie de la Républi-
Sue sud-africaine du — , par M.
.-.\.-F. MolengraaflT (PI. l-II), i3.
Tunisie, Contribution à Tétade de
ilnfracrétacé à faciès vaseux pela-
ffique en Algérie et en — , par M. A.
Joleaud, 97.
Urgonien. Sur Tâge des couches
— nés de Bulgarie, par MM. Paquier
et ZJatarski, a86. — Comparaison
des Rudistes — s de Bulgarie, de
Suisse et de France, par M . Paqnier,
a86.
Uzès. L'Apiien des environs d*~
(Gard), par M. Pellat, f^.
Valanginien. Une solution paléonto-
logique, par M. P.-G. de Ronville,
Valbttb (dom Aurélien). Envoi d'ou-
vrage, 10.
Van dbn Brobck. Correspondance, 9.
— Présentation d'ouvrage, 269, 270.
— Etat actuel en Belgique de
Tétude des corrélations gnsonto-
sismiques, 988.
Var, Existence de Crétacé supérieur
dans le nord- est du — , par M. Gué-
bhard, 541. — Le (^nomanien des
environs de Toulon et ses Echi-
nides, par M. Michaiet, 574. .
Vassart d*Hozibr (de). Nécrologie.
a8i.
Vénéricardes. Sur quelques grandes
— de l'Eocène, par M. Ck>ssmann,
65a.
Visé. Sur le Dévonien de Taillefer et
le CSarbonifère de — (Belgique), par
M. Bourgeat, 493.
Vendée Un nouveau Cycadeoidea^
par M Piiche, 193.
Vercors, Observations stratiffraphi-
ques dans le nord du massif du — ,
par M. P. Lory, a55.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS 845
Y'onne. Au sujet d'une roche de La
Puisaye (— ), par M. Peron, 470.
z
Zbillbr. Observations sur la flore
fossile de l'Afrique australe, 186.
Zinc. Sur un Ûlon de minerai de —
dans la Combe-des-Prés (Jura), par
M. Bourgeat. 5277.
ZiTTEL. Envoi de Ûches d'essai pour
la réédition de types d'espèces fos-
siles, 468.
Zlatarski et Paquibr. Sur Tàffe des
couches urgoniennes de Bulf^arie,
280.
FIN l>B LA TABLK ALPHABKTIQUK DBS MATIBRKS KT DKH AUTEURS
TABLE DES CENSES ET DES ESPËCES
DÉCRITS, FIGURÉS, DISCUTÉS ET DÉNOMMÉS A NOUVEAU
ET DES SYNONYMIES INDIQUÉES DANS CE VOLUME «
Acanthias orpiensis Winkler, p. 4B1,
pi. XI, iig. ai-aa.
Acanihoceras sp., p. ia6; voisin de
Ac. Comueli d'Orb.
Amia (Pappichthys) Barroisi Leri-
che, p 488, pi. X, flg. 14-16.
— rohusta n. sp. Priem. p. 4H5,
Ug. 1-3; pi. X, flg i-i3.
Amphiope Fuvhêi n. sp. Pourtau,
P. fiîi6. — A. truncata
uchs.
— truncata Fuchs, p. 6a(>,
non Amphiobe truncata
Ag. ; A. Fuchsi Pourtau.
Ancxloceras sp., p. 127.
— sp., p 137.
Aptychus /e/)/o/)/i^2/a5 Sliarpe. p.53i.
— sp., p. 14 1.
Ariu8 (?) Ijemoinei n. sp., Priem,
p. 492, pi. XI, flg. 9-1 1.
BacuUteê incnrvatns Duj., p. 5ia.
Bflemnites sp., p. ia8, 137.
Bœuf musqué f p. 455, flg.
Cardita atriatissima Nyst., p. 270.
(Jœlodus suprajurenêis n. sp. Sauv.,
p. 55o, pi. XII, flg. i3.
— sp., p. 55o, pi. XII, flg. 14.
(lostidiscus Ilamitcar Coq. f p. lao.
Crioceras sp., p. 127.
(^yvadeoidea dhyensiê Fliclic sj). nov..
p. 194. flg. 1.
<Jjr'*tina heteroclita Defr., var. inter-
média Œhlert, p. aSo, pi.
VI, flg. 17-34; p. 242, flg. 2;
p. 245, flg. 4; p. a46, flg. 5,
6; p. 247, flg. 7. 8.
Deêmoceras getulinum Coq., p. 124.
— Amm. Cicer Coq ;
A. Oxyntas Coq.
— Gouxi Sayn. p. 124. —
A. Monicœ Coq. ;
Desm. difficile Sayn.
— NabdaUa Coq., p. 124*
— Amm. Monicœ
Heinz.
— sp. voisin de D. iinpres-
sum d*Orb., p. 124.
^ sp., p. i36y voisin de
D. Crouzi Sayn.
— cf. AngladeiSayn^p. i43.
— sp.. p. 143, voisin de D.
latidorsatuni Mich.
Diceraa sp., p. 473.
Dictyoconas tegrptienais Chapman,
p. i56. — Patellina «fgyp-
tiensis Chapman.
Duvalia cf. lata Blainv., p. i4i.
— sp., p. ia8, voisine de D.
biner\'ia Rasp.
— sp., p. 137.
EchinovonuB gigasl Cotteau, p. 621.
Echinocorya vulgaria Breyn, p. 520.
— — var. gibha, p.
535.
I. Les noms de genres et d^espèces en caractères romains sont ceux que
les auteurs placent en synonymie.
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
847
Echinolampas africanna de Lor., p.
6a3. — E. Fraasi de Lor.;
E. Osiris Des.
Sdaphodon Backlandi Ag., p. 4^5.
Sgerionia iaodonta Cocchi, p. 49^,
pi. XI, p. i5.
Smbiotocidœ, p. 499» %• 7-io.
Efnmericia canaliculata Brusina. p.
670, li
Bois te
670, lig. 6, var idanica
JSotHfgnluê Faroli n. sp. Thevenin,
p. 607, pi. XIII, fig. 1.
Eelis leo var. spelœa, p. 563, fig. 11.
— ^SXg^ Kaup, p. 569. — Machai-
rodus ogygius Zittel.
Gyrodua Cnvieri Ag., p. 543, pi. XII,
flg I, 2, 3. — Pycnodus
Larteti Sauv.; Gyrodus
Larteti Leriche.
— 'Z)a£erfr«iSauv.,p. 544. — Pyc-
nodus Dutertrei Sauv.;
Gyrodus coccoderma
Egerton.
— aabcontiguidens Sauv., p.
545. — Pycnodus subcon-
tiguidens Sauv.
— ambiliciis Ag., p. 54^, pi.
Xn, lig 4, 5.
JiamnUna sp., p.^ i36 ; voisin de H.
tenais Rep.
•Heterodicera» n sp., p. 473.
Hippuritea sp. nov., p. 228, forme
ancienne de H. Toucasi
d'Orb.
— sp. nov., p 228, forme
ancienne de H. Carezi
Douvillé.
— sp., p. i55, forme récente
* de H. Moulinsi.
— sp., p. i55, forme ancienne
de H. giganteus.
Holaster integer Desor, p. 620.
Holcodiscus dwersecostatua Coq.,
p. 125.
— Gelimer Coq., p. 126.
— Henoni Coq., p. i25.
— mefaniorphicus Coq.,
p 125. — H. Gero-
nimœ Sayn.
Holcodiacus Vermina Coq., p. isS,
voisin de H, algirus
Sayn.
— sp.,p. 125; voisin de H.
diversecostatus Coq.
— sp. p. 125; voisin de H.
metamorphicus Coq .
— sp., p. 126; du groupe
de II. SophonisDa
Sayn.
— sp. p. 126; voisin de
II. Morleti Kil. et
de H. menglonensis
Sayn.
— sp , p. 137.
— sp » P' 142*
Hoplites pexiptrchus Uhlig p. i4i.—
H. Roubaudi dX)rb.
Hjrracotheriurn, p. 200 et 207. - Pliolo-
phus Owen.
— craspedotum Cope,
p. 2o3.
— cnstaium Wortm ,
p. 2o3.
— cuniculua Owen, p.
201.
— Gaudryi Lemoine,
p. 202. — Propachy-
nolophus Gaudryi
Lem.
— index Cope, p. 2o3.
— Eohippus pernix
Marsh.
— leporinum Owen, p.
200, pi. IV, fig. I.
— Pliolophus vul-
piceps Owen.
— Maldani Lemoine ,
p. 2o3. — Pacliyno-
tophus Maldani
Lem.
— tapirinum Cope, p.
203.
— i'rt«a<T<?ic/i«eCoj)c, p.
2o3. — Eohippus
validus Marsh.
Inocerarnus Oipaii Ma n tell, p. 53 1-
— digitaUis Sow , p. 5i3.
— sp.. p. 5i4
Labridîpy p. 498. fig. 5-6; pi. XI, fig.
19-20.
848
TABLE DfiS GENRES ET DES ESPECES
Lamna siriata Winkler, p. 4^, pi.
XI, tlg. 29-30
Lepifio8teas aueaaoniensis Gervais, p.
489, pi. XI, fig. 1-8.
Leptoceras ensia Coq., p. 128 ; voisin
de L. Cyrlœ Coq.
— sp. Sayn, p. 128.
— S[^. p. i37 ; voisin do L.
CyrUc Coq.
— cf. rnsis Coq., p. 142.
Lophiotheriiun Gervais, p. 2i3.
— (?) agilia Marsli, 11.
218. — Epili. agiiÎR
(Marsh).
— cervuluni Gervais. p.
216, i)I.IV,ti|j. 4,5,6.
— Hyracotherium
siderolithicum (Pic-
tel).
— (?) cuspidatua Cope,
p. 218. — Orohippus
cuspidatus (Cope).
— Ç) gracilia Marsh, p.
•ii8. — Kpih. gra-
cilis (Marsh).
— (?) siderolithicum Pic-
tel, p. 217. — Hy-
racotherium side-
rolithicum (Pictet);
Pachynolophus si-
derohthicum Pictet
s[>. (Zittel).
— (?) uintensia Marsh, p.
218. — Epihippus
uintensis (Cope).
Lucina sculpta Phill., p. 129. — ? L.
ranima Coq
Lytoceraa Duvali d'Orb., p. 120; var.
L. Ibrahim Goq.
— sp., p. 119; voisin de L.
Jauberti d'Orb.
— cf. Pheatus Math., p. 120.
sp. p. 120; voisin de L.
strangulatum d*Orh.
sp., p. 120.
— sp., p. i36; voisin de L.
Jnuberti.
sp , p. i36; voisin de L.
strangulatum.
cf quadriaulcatum d'Orb.,
p. 142.
Lytoceras sp., p. 143, du gr. de L.
Juillet!; voisin de L.
tenuistriatam Rep.
— sp., p. 143 ; voisin de L.
Abd-el-Kader Coq
Machairodus aphanistua Kaup., p.
552-558, llg. 6. 7; p.
9()3, flg. 11; p. 570,
Ûg. 12.
crcnatîdens Fabrini,
». 56i, tig. 10; p. 563,
_ ; p. 564, âg.
p. 565,11g. i3; p.566,
E. ODI, llg
g. 11; p. 56^, Ûg. m;
I3;p.5e6.
«g. 14 ; p 572, ôg. 17.
— cnltridena Cuv.. p. 552,
5.53, flff. I, 2; p. 55^,
«g. 3, 4: p. 555, tig. 5;
S. 56i, ug. 11; p. 572.
g- 17.
— Jourdani Filhol, p. 572,
Hg. 17; p. 563, fijg:. 11;
p. 568, HyieDietis ger-
ma nica Praas.
— laiidens Owen, p. 559,
56o, flg. 8-9.
— yeatianua Fabrini, p.
567.
— ogXfC^^^ Zittel. p. 56o.
— M. orientalis Kittl;
M. Schlosseri Weith.;
Felis ogygia Kaup.
— orientaUa Kittl, p. 56q.
— M. ogygius Zittel.
— paUnidena^ p. 563, flg.
11; p. 568, 072, fig. 17.
— Schloaaeri Weith., p.
569. — M. ogygius
Zittel.
Macroacaphitea Yvani Puzos mut.
atria tiaulcata d*Orb. , afra
Sayn, p. 120.
Matheronia sp., p. 47a, gr. de M. gry-
pnoiaes Kfath.
Meaodon affinis Nicollet, p. 545, pi
XII, flg. 6. — Pycnodn;
afllnis Nie.
— Bouchardi n. sp. Sauv., }
546, pi. XII, flg. 7, 8.
— air. ffrannlatus Munster,
648. — Mesodon !«'
Sauv.
— I^nnieri n. sp. Sauv., p.
pi. XII, flg. 9.
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
«49
Mesodon morinicns Sauv., p. 549, pi.
XII, flg. 10.
— Rigauxi n. sp. Sauv.. p.548.
— M. (çranulatus Sauv.,
non Munster nec Fricke.
— simulanau.^u. Sauv., p. 54u,
pi. XU, Ug. II.
— sp., p. ô^, pi. XII, llg. la.
Mieroêter arenattis Sismonda, p. 519:
voisin de M. Matheroni
Desor.
— foran^ainiim Klein. p. 517.
— </eci/>teiM Bay le, p. 51;.— M.
cortestudinariuiu auct.
non Goldf. et var. icau-
nensia Lainbrrt.
— fastigatiis Gauthier, p. 53a.
— Aï. gibbus Lain. (in
Lambert).
— gihbus Lamarck, p. 517. —
M. gibbus Lambert (pi.
XU, lig. 4, 5).
— Gottschei Stolley, p. 533. -
M. cordatus? Ag (in
Fallot); M. Brongniarti
Hébert var. Sisniondai
(in Lambert); M. pseu-
doglyphus de Gross. ;
M. glyphus Gauthier;
M. Schrôderi Stolley.
Monopleura sp., p. 4^3; voisin de M.
imoricata Math.
Mortoniceraa iexanum Rœmer, p. 5 ta.
MyledaphaSy p. 5oo.
Nemastomoidea Elaveria n. sp. Thé-
venin, p. 609, pi. Xlll, lig. a.
Noetlingia Monteili Gauthier sp. n.,
p. 191, pi. 111, lig. I, a, 3.
Kummulopalatus paucldenn n. sp.
Priem, p. 497,
pi. XI, lig. 18.
— Vaillanti n. sp.
Priem, p. 497,
pi. XI, tig. 16-17.
Odontaspis elegans Ag. p. t{6i, pi. XI,
lig. a7-a8.
— Rutoii Winkler, p. 48a,
pi. XI, llg. a5-a6.
Oppelia sp., p. ia4 ; voisin de O. Nisus
a*Orb. ; O. N isoides Sarr. ;
O. Haugi Sarr. : O. subra-
diata.
Orbitoides, p. 403.
Orhitoides apicnlata Schl. n. sp , p.
465 pi. VIII, lig. 1,4.6;
pi. IX, llg. 1-4-
— média d*Archiac, p. (AS\,
pi. VU, li^. 1,7.- Li-
cophris Faujasi Defr. ;
Orbitolitrs média
d'Arch.; Orbitoides
média d'Orb.
— niinor Schl. n. sp., p. 4<i6,
pi. VUl, lig. a, 3,5; pi.
IX, lig. a, 3.
Orhitolina, p. i5(».
Ostrea hippopodiutn Ni 11 s, p. 014.
Parhjrdiscua Levri de Gross., p. 53i.
— Amin. ootaeodensis
Stol. (in Fallot).
Pachxnolophns Pomel, p. ao4, 2i(».
— cesaerasicus P. Ger-
vais, p. ao8.
— Duvalii Pomel, p.
ao'i, pi. V, Ug. I,
4, 5. — Hyracothe-
rium de Passy
Blainv.
— GflUÉ^r^-i Lemoine, p.
aoa, ao9 — Propa-
chynolophus Gau-
dryi Lemoine.
— MoUiani Lemoine, p.
ao3, 209.
— Prrvosli P. Gervais,
p. ao8, pl.V,fig.2,.'t.
Patellina, p. i56.
Phylloceras infundibulum d'Orb. ,
p. 119. — Ain Bato-
rensis Coq. >
— Thetj's d'Orb., p. 119. —
Amm. .Moreh d'Orb.
— cf. Carlai'anti d'Orb ,
p. 119; voisin de Ph
Guettardi Rasp.
* — cf. Ernesii Thlig, p. 119.
— ? Am. Aspar (ioq.
— cl", semiaulcatum d'Orb.,
p. 119.
— sp., p. 119; voisin de
Ph. Thetys d'Orb.
— sp., p. 119; voisin de Ph.
infundibulum d*Orb.
— sp., p. 119.— Ph. Micipsa
Coq.
«o
TABLE DES GEXMES ET DBS ESPECES
PkjUodmM Gmmdrri m. sp. PricoL. p.
4»^ fii. 4; pi XI, fiBiV
PSearotonutria tt. royana dt>rb., p.
PUeaimla Herne§i Gmi., p. Stts. — PL
Mtaensis Coq.
PmitheUÎM LorioU 5ieklèft, p. i^i.
— Hp., pp. 131, i36, voUin de
P. lialUd» NickL
— Kp., p. 131. du groupe P.
compressissima Gerh.
" ftp., p. 133, voisin de P.
coronatoides Sayn.
^ sp., p. 133, voisin de P.
hopliUformis Sayn.
— ftp., p. 133, voisin de P.
Damrrmonti Sayn.
— sp., p. 133, voisin de P.
Erovioeialis d*Orb. var.
indigi Karsten.
— sp., pp 133, i36, voisin de
P. provincialis d'Orb.
Propalsrotfurium Gervais, p. 3io, 3i6.
— argentonicum P. Ger-
vais, p. 313.
— iMêelanum Cuv. Blain-
ville, p. aïo.
— minttfom, p. 313.
— parvttbun Laurent, p.
308.
— parvulum Cuv.; Lau-
rillard, p. ai3, pL
IV, ûfç. 3, 3. — P.
minutum Rût.
— pj^^ma;am Ch. Dep.,
sp. nOV., p. 313.
lihynchoteiUhia sp. nov., p. 184, lig.
Silesites a(T. SeranonU Sayn, p. 134.
— A. impare-costatus
Coq. : A. Oxyntas Heinz.
de Lor^ p. €aS.
B. Tar. Four-
tam, p. €16.
Spin/erBomiei€Ehlat B.sp., p.a33,
pLVI,fiB.i.
— (AefîeBlaria) Dereimsi Œh-
leri B. sp , Du a3S et p. a36,
fig. i; pL VI, fis. s-i«. —
Sp. eorratns SeniotlL.
— PeUi€oi de Vemeuil, p. aO}.
— YerReBÎIi, p. aSo, tàf^. la.
Spiri/erima roêirata^ p. 344, tig. 3.
SquaUna Gandryi n. sp. Priem, p.
483, ^ XI, fig. 33-34.
SjrringothjrrU (Davidson), p. 349.
Toxoceras oaaehenMe Coq., p. 197.
^ sp., p. 137; voisin de T.
Royeri d*Orb.
— ^Pm P- i?7: .voisin de T.
Emerici dX)rb.
— sp., p. 137; voisin de T.
ouachense Coq.
Trochas sp., p. 139.
Turbo sp , p. 139.
— sp p. 137.
VaUetia sp.^. 473, aff. Y. Tombecki
Venerieardia densata Conrad, p. 656;
S. 654,fiff. i; p. 655,
^. 3. — Clardita pla-
nic<»sta Conr.; C. den-
sata Conr.; Veneri-
eardia planicosta
Gilb.
planicosta Lmk., p. 653,
i;p.6S>,Ûg:.
654, fi|
tr
mitis Lmk.
FIN UK LA TABLE DBS GB.NRES ET DES ESPECES
LISTE DES FIGURES ET DES CARTES
INTERCALÉES DANS LE TEXTE
Pa^e.s
G.-A.-F. MoLKNGRAAFF. — I. Coupc clfs couclies de la sérif*dc HospitaU
Hill, dans le Wilwatersrand central, à Johan-
nesburg. . ai
fÀ, Coupe des couches de la série de Hospital-Hill dans
le Wilwatersrand central aa
3. Coupe passant par la mine d'or de Denny-Dalton
(district de Vrijheid) 26
^i. Coupe schématique du bord du bassin du Witwa-
tersrand à Wonderfontein 3»
5. Coupe près la mine de Kromdraai 34
B. Formes d'érosions dans les grès de la série du
Black-Reef à Duivels-Kantoor 39
7. Les Kransen de la série de Pretoria entre Waterwal-
Boven et Waterval-Onder 44
8. Dyke de diabase formant un banc intrusif au kilo-
mètre 219 du chemin de fer de Komatipoort à
Pretoria. 4^
9. Diabase intrusive dans les couches de la série de
Pretoria, près de Pretoria 4^'
10. Coupe prise au nord du Transvaal. 4^
11. Coupe théorique montrant le mode d'affaissement
de la série de Pretoria vers le Boschveld et les
failles à gradins 58
la. Coupe montrant la discordance du système du
Karroo sur le système primaire dans le district
de Vrijheid 67
i3. La montagne Gotshe et la propriété Mooiklip, vue
du sud (iS
14. Coupe dans le district de Vrijheid 70
i5. Conglomérat de Dwyka reposant sur les couches de
Barberton (district de Vrijheid) 72
16. Roche moutonnée émergeant du conglomérat de
Dwyka sus-jacent 72
17. Conglomérat de Dwyka reix)sant sur la surface
ondulée des couches de Barberton 73
18. Roche moutonnée polie et burinée sous le conglo-
mérat de Dwyka 73
19. Paysage morainique près de Riverton 74
P.-G. de RouviLLE. — 1,2, 3. Coupes suivant les directions i, 2, 3 du plan. 94
4. Plan du territoire d'Assas-Viviers-Teyran (Hérault)
(1/160.000) r . . . . 94
852 LISTK DES FIGURES ET DES CARTES
Ë. FouRNiBR. — 1. Coupe de la partie moyenne du lac de SaintrPoint. 99
a. Coupe à la Fontaine-Ronde 100
3. Coupe à 2 kilomètres au sud de la précédente ... 100
4. Coupe à la mine de Longueville loi
5. Coupe entre la Fontaine-Ronde et le lac de Saint-
Point loa
6. Coupe de la zone des hauts-plateaux lOS
7. Coupe de la Chapelle des Buis 104
8. Coupe du Moulin Caillet io5
9. Brachyanticlinal de Merrey-Vielley 107
10. Brachyanticlinal de Miserey 107
11. Coupe du massif de la Serre 108
13. Schéma du Jura franc-comtois avant et après les
plissements tertiaires 109
i3. Coupe à travers les bassins crétacés de TOgnon et
de la Saône et le plateau intermédiaire iio
i4> Coupe dans la vallée de TOgnon iio
A. JoLBAiJD. — 1. Carte géolojçique, du Barrémien du Djebel-Ouach
(Constantine) et des terrains adjacents (1/76.000). ii5
a, 3, 4- Trois coupes dans le Barrémien du Djebel-
Ouach 116
5. Carte géologique du Barrémien de Guelma et des
terrains adjacents (i/5o.ooo) ^ . . i35
P. LoRY. — 1. Extension des faciès au Sinémurien dans les Alpes
dauphinoises (i/a.ooo.ooo) 180
a. Coupe à LafTrey 180
3. Vue prise sous le col du nevé de Taillefer i8a
4. Carte des plissements des environs de Taillefer
(1/400.000) i83
L. Thiot. — Hhyiichotenihis sp. n. G. N 184
P. Flichb. — Cycadeoidea divensis n. sp i^
D.-P. Œhlbrt.— 1. Spirifer Dereimsi n, sp a37
!i. Deltidium de Clitambonites a4a
3. Sections de Spiriferina roBtraia a{4
4. Sections de Textrémité apicale du crochet ventral
de Cyrtina heterocUia a45
5. Section de Cyrtina heterocUia, commençant à
atteindre le pseudodeltidium a46
6. Section très grossie du spondylium et du tichorhinum 94^
7. Section montrant à Tintérieur des plaques dentales,
les traces de dents 247
8. Section montrant le mode d'accroissement des pla-
ques dentales et la continuité du septum entre
celles-ci «47
9. Sections montrant la façon dont les parois du spon-
dylium s'interrompent pour laisser le tichorhinum
libre 948
10. Sections successives du tichorhinum montrant la
façon dont on le voit disparaître a48
11. Section transversale du crochet de la valve ventrale
de iS^rm^o t^j^ri« Davidson a49
IJSTK DES H<;IMIES ET I>KS CVHTES 853
F Kerfornb — Discordance du Camhrien sur le Précambrien, près
de Rennes a58
C ScHifi]>T. — Profil de Bangka et du sud de Sumatra ...... 263
A. Bigot. — Coupe dans la région du llozel (Manche) 273
de Lamothb. — i. Coupe schématique de la vallée de Tisser, près de
l'embouchure 298
2. Diagramme des oscillations verticales du niveau de
base à Tembouchure de Tisser 3o2
3. Coupe schématique des alluvions de la Moselle entre
Hemiremont et le Saut-<lu-Broc. 3i2
4. Coupe des terrasses de la rive gauche de la Moselle
à Thaon 3i6
5. Profil longitudinal de la Moselle entre Fi'ouard et
le Thillot (eaux moyennes) 3i8
6. Coupe transversale du barrage de Noir-(iueux. . . 320
7. Schéma montrant Télévation du barrage de Noir-
Gueux sur la rive gauche de la Moselle et son
raccordement avec la basse terrasse 32o
8. Coupe transversale de la vallée de la Moselle, prés
d'Arches 322
9. Coupe entre Valence et Romans 34i
10. Profll longitudinal du Rhône entre la mer et Lyon. 345
11. Schéma indiquant comparativement les analogies
et les différences de la théorie de du Pasquier et
de celle déduite de Tctude de Tisser ....... 354
12 Schéma de la formation des terrasses régulières et
irrégulières dans Thypothèse des oscillations du
niveau de base 359
i3. Schéma de la formation d'un système de terrasses. 3()3
14. Schéma montrant les différences que présente la
marche de Térosion suivant l'importance des
bassins hydrographiques. . 3<>5
i5. Cas 011 les déplacements du niveau de base sont
exclusivement horizontaux 367
16. Cas où te niveau de base se déplace à la fois hori-
zontalement et verticalement 367
17. Mode de formation des fausses terrasses 370
W. KiLiAN et P. Termibr. — i. Coupe relevée au sud de TEehalp
(Queyras) 3<)2
a. Succession observée entre le Bric-Bouchet et le col
de Malaure, dans le Ilaut-Queyras 393
3 Coupe du Mont-Pelvas . . 396
4 Coupe relevée au sud-est de Molines (Queyras). . . 4^
BoUROBAT. — I. Contact du Givétien et de la Grauwacke à Taillefer. 424
2. Coupe du Carbonifère entre Argenteau et Visé . . 4^^^
F. Fallot. — i. L'Aquitanien dans les coteaux de Sainte-Croix-du-
Mont . . 4'^4
2. Carte indiquant la disposition probable de la mer
aquitanienne dans la Gironde (1/750.000) .... 4^5
Edouard Harl^.. - Crâne de l^œuf musqué ^6î>
F. Pribm. — 1-2. Amia robvsia n. sp. . 4^
3. Amia rohuata n. sp 4^7
l3 Juin 1902. — T. 1". Bull. Soc. Géol. Fr. — 55
8
LISTE DES KKiUllES KT DES CAIITES
4. Phyllodas Gaudryi n. sp 496
5-6. Labridé indéterminé de TAgéien ^98
7-10. Embiotocidé (?) indéterminé du conglomérat de
Ccrnay 499
A. Prron. — I. Schéma de la disposition des couches à La Trinité. 5a7
'j. Profil schématique du Crétacique supérieur entre la
Trinité et Font-de-Jarrier 53o
M. BouLR. — 1-12. Canines supérieures de Machairodus 553
3-4- Photographies /les pièces étudiées par Cuvier. . . 554
5. (^nine supérieure de Machairodus citltridena . . . 556
6. Canine supérieure du Mâchai rodas d*Eppelsliein; . 558
7. Canine supérieure du Machairodus de Pikermi. . 558
8-9. Canines supérieures du Machairodus latidens. . 56i)
10. Canine supérieure gauche de Machairodus crena-
tidens 5Hi
11. Profil des carnassières supérieures gauches de
divers Félins fossiles 563
la. Dents de Machairodus crenatidens de Ceyssaguet. . 564
i3. Dents inférieures de Machairodus crenatidens de'
Sainzelles 565
14. Molaires inférieures de Machairodus crenatidens de
Sainzelles. 566
iS. Canine supérieure de Machairodus palmidens 567
16. Canine supérieure de Machairodus Jourdani, . . . 569
17. Dernière prémolaire et carnassières inférieures
gauches de diverses espèces de Machairodus . . 570
A. Gu6rhard. — I. Schéma de la formation des lambeaux paradoxaux. 6i3
!i. Id. id. 614
3. Plan des contours géologiques des afileurements
dans lu région des accidents paradoxaux (1/80.000) 6i5
4. Coupe suivant la ligne C de la fig. 3 616
5. Coupe suivant la ligne B de la flg. 3 617
6. Coupe suivant la ligne A de la fig. 3 619
7. Schéma de la formation d*une proéminence de
couches anciennes sous le lambeau discontinu de
couches récentes . 6aa
M. CossMANN. — I. Charnières de la valve gauche de Venericardia pla^
nicosta L. et de V. densata Conr 654
3. Charnières de la valve droite de Venericardia pla-
nicosia L. et de V, densata Conr 655
A. BoisTRL. — I. Coupe dans le vallon de Jurancieu . 659
a. I<i 660
3. Plan du vallon de Jurancien (i/i5.ooo). ..... 661
4. Coupe suivant la ligne XY de la carte de la fig. 3. . 663
5. Coupe dans le vallon de Saint-Gyr 668
6. Kmmericia canaliculata Brusina 671
7. Profil entre Ambérieu et Jujurieu 674
LISTE DES FIGIRES ET DES CARTES
Réunion extraordinaire à Lausanne et dans le Chablais
Bf* LuoBoif. — I. Coupe du contact de la région molassique horizon-
tale avec la région de la molasse plissée 687
a. Position des aftlcurements entre Bouveret et Saint-
Gingolph 689
3. Coupe du pli frontal plongeant du massif de la
Brèche 711
4. Coupe théorique du pli frontal du massif de la
Brèche avant la lin de l'arrêt du mouvement du
chevauchement. 712
Prbiswkrk. — Coupe du bord du massif d(> la Urèehe au col de
Coux 721
M. LuGBON. — 1. Coupe du contact des Hautes Alpes et des Préalpes
en avant de la Dent de More les 721)
a. Contact des Préalpes et des Hautes Alpes. Coin
pénétrant de la nappe des Diablerets dans les
terrains préalpins, au-dessus de la nappe couchée
et plissée du massif Dent de Mordes -Grand
Muveran 729
3. Les trois grandes nappes superposées des Hautes
Alpes 73i
4. Coupes schématiques des nappes des Préalpes. . . 754
5. Coupe du massif de la Hornfluh 7-56
6. Coupe de la klippc du Oiswylerstock modifiée dans
l'hypothèse de plis venus du sud 767
7. Coupe schématique du front nord de la chaîne
alpine à travers les Hautes Alpes bernoises et les
Préalpes 773
8. Coupe des («lariden 777
9. Coupe de la nappe supérieure de Claris et de
Textrémité de la nappe inférieure 783
10. La nappe supérieure glaronnaise subdivisée en
trois nappes indépendantes dans les montagnes
du nord <lu Klôntiial 787
11. LVxtrémité de la nappe de Claris disparaissant
sous les nappes du Falknis et du Rhâticon. . . 796
12. Les plis du Falknis sous les Préalpes médianes de
l'est, d'après les levés de M. Lorenz. 797
i3. Coupe du massif du Simplon •. . . 8i5
14. Coupe à travers le massif de l'Ofenhorn et le Val
d'Antigorio Siâ
FIN DE LA LISTK DBS FIGUllhS Kl DKS CARTKS
LISTE DES PLANCHES
PI. I. — G.-A.-F. MOLBNORAAFF. — ESQUISSE oéOLOGlQUR DB LA RbPUBLIQUB
SUD-APRICAINB DU TrANSVAAL. — l/l.5oO.OOO.
PI. II. — Id. — RÉPUBLIQUE SUD-AFniGAINB, GOUPB8 OÉOLOQIQUBS. — Fig. 1.
Coupe schématique de la vallée de Limpopo au massif de Vrede*
fort (échelle des longueurs i/i.ooo.ooo). — Fig. a. Coupe schéma-
tique le long du chemin de fer entre Belfast (Transvaal) et le
territoire portugais de Mozambique (échelle des longueurs
1/800.000). — Fig. 3. Ooupe de Tescarpement est du Hooge-Veld,
près de Pelgrimsrust, diaprés les données de M. Stark (échelle
des longueurs i/io.ooo).
PI. m. — V. Gauthier. — Nobtlinoia Montbili Gauthier — Fig. i. Aoetlin'
gia Monteilif vu de profil, grandeur naturelle. — Fig. 3. Le même,
face supérieure. — Fig. 3. Portion d^aire ambulacraire grossie.
PI. IV. — Ch. Dep^ret. — Revision i>bs HYRACOTH^RiDés buropébns. — Fig. i.
Hyracotherinm leporinum Owen. Diaprés un moulage du crâne
provenant de Targile de Londres à Heme-Bey. ilgoré par Owen
(GeoL Mag., i865, pi. X, tig. a) et conservé au British Muséum.
Palais montrant à gauche les 3 M, £^ d ^t les deux alvéoles de
p^; à droite m\ m^* J^« J^ etj^. Figure grossie d*un cinquième.
Longueur réelle des 3 M, o,oa4 ; des trois dernières prémolaires,
OyOao. - Fig. a. Propalœotheriam panfulum Laurillard sp. Sidé-
rolithique. Eocène de Lissieu (Rhône). Série des molaires supé-
rieures gauches (3 M, 4 P) formée à l'aide de dents trouvées isolé-
ment. Figure grossie d'environ un quart. Longueur réelle des sept
molaires, o,o58. — Fig. 3. PropalsBotherium parçulam Laur. sp.
Sidérolithique. Eocène de Lissieu. Série des molaires inférieures
(3 M, 4 P) du même animal et du même gisement. Figure grossie
d'un quart. Longueur réelle, 0,066. -«4^ig. 4* Lophiothenum cer-
vulum Gervais. Kocène supérieur de Sain t-Hippolyte-de-Ca ton
(Guni). Partie de maxillaire montrant les 3 M et les deux der-
nières P (£^, p* ). Dans cet individu, 2I ^^^ molariforme, mais ^
n'a qu'un seul denticule interne formé par la soudure des deux
denticulcs normaux.' Figure grossie d'un quart. Longueur réelle
des six molaires, o,o43. — Fig. 5. Lophiotherinm cenfnlnm Ger-
vais. Même gisement. Maxillaire droit avec la série des sept mo-
laires (3 M, 4 F) séparées de la canine par une longue barre. Dans
ce spécimen jy* est (comme £^ et pj|) molariforme, avec deux den-
ticulcs internes étroitement accolés; j)^ allongé montre aussi deux
denticules internes. Figure grossie d'environ un quart. Longueur
réelle des sept molaires, 0,046. — Fig. 6. Lophiotherinm cenfulam
Gerv. Même gisement. Branche droite de mandibule avec la série
des sept molaires (3 M, 4 P) * £1 ^^^ submolariforme . Figure
grossie d*un quart. Longueur réelle des sept molaires, 0,044 •
LISTE DES PLANCHES 8S7
Pi. V. — Id — Id. — Flg. I. Pachxnolophuê Duvali Ponicl. Crâne provenant
des grès éocènes du Minervois (Hérault). La pièce montre à gauche
la série des six molaires (3 M, 3P) ; il n'y a pas de p^J ^ droite
m* et m^ ; la canine est séparée de p^ par une longue barre .
Figure légèrement grossie. Longueur réelle du crâne du bord inci-
sif au bord postérieur du trou occipital, o,i3 ; longueur de la
série des six molaires, 0,043. — Fig. 2. Pachynolophus Prevosti
Gervais. Calcaire grossier supérieur de Nanterre : Type de
L^ESPÈCB, figuré par Gervais (Zool. et paléont. franc,, pi. 35,
figr- î6). (Coll. Mus. Paris). Arrière-molaire supérieure probable-
ment m^. Figure grossie d*un quart. Dimensions réelles : lon-
gueur, 0,009; largeur en avant, 0,011. — Fig. 3. Pachynolophus
Prevosti Gervais. Calcaire grossier supérieur de Gentilly (Coll.
Mus. Paris). Maxillaire supérieur gauche avec les 3 M et les deux
dernières P (p^ et p^. Figure grossie d'un quart. Longueur réelle
des cinq molaires, o,o43. — Fig. 4. Pachynolophus Duvali Pomel.
Calcaire gro.ssier supérieur de Passy (Coll. Mus. Paris) Type du
GENRE ET DE l'espèce. Trols dcuts isolécs, les seules actuellement
existantes de la série des six molaires iigurées par Blainville et
Ger\'ais (Zool. et paléont. fr,, pi. 17, lig. 1) et qui sont le type du
genre Pachynolophas Pomel. Les flgures représentent deux
arrière-molaires, Tune droite, Tautre gauche (m* probablement)
et la dernière prémolaire p^. Figure grossie d'un quart. Dimen-
sions réelles de m^ : longueur, o 008 ; largeur en avant, 0,010. —
Fig. 5. Pachynolophus Duvali Pomel. Calcaire grossier supérieui*
de Passy (Coll. Mus. Paris). L^un des types du genre et de
l'espèce. Trois arrière-molaires inférieures droites séparées, me
paraissant être les mêmes que celles Iigurées par Blainville sous
le nom d'Hyracotherium de Passy (Ostéogr., g. Lophiodon,
pi. H). Figure grossie de 1/4. Long, réelle des trois molaires, 0,0285.
M. VI. — D.-P. Œhlbrt. — Fossiles dàvoniens de Santa-Lucia. — Fig. i .
Spirifer Boulei, n. sp. ; gr. nat. — Fig. 2 à 16. Reticularia
Dereimsiy n. sp. ; gr. nat. — Fig. 17 à 34- Cyrtina heteroclita
Defr., var. intermedia Œhlert : 17, ^r. nat. ; 18 k 34, gross. i 1/2.
*1. VIL — Ck. SCHLUMBBRGER. ~ OrBITOIDES MEDIA d'ARGHIAG. — Fig. I .
Orbitoides mMia d'Archiac {L. Faujasi de la coll. Defrance).
Mirambeau. Gr. 5/i. — Fig. 2-3. O. média d'Archiac. Royan. Gr.
5/1. — Fig. 4. O, média d'Archiac. Section transversale. Forme B
(de la collection Defrance). Gr. i3/i. — Fig. 5. O. média d'Archiac.
Section transversale. Forme A, Royan. Gr. i3/i. — Fig. (i-7. O.
média d'Archiac. Sections équatoriales. Formes A; lig. H, de
Royan; flg. 7, Mirambeau. Gr. 12/1.
•1. Vni. — Id. — Orbitoides apiculata Schlumb. ; O. minor Sgiilumb.
— Fig. !• Orbitoides apiculata Schlumb. de Maestricht. Gr. 5/i. —
Fig. 2-3. O. minor Schlumb. de Maestricht. Gr. 9/1. — Fig. 4- O.
apiculata Schlumb. Section transversale. Forme R, de Maurens
Gr. i3/i. — Fig. 5. O. minor Schlumb. Section transversale.
Forme A, de Maestricht. Gr. i3/i. — Fig. 6. O. apiculata Schlumb.
Section transversale. Forme A, de Maestricht. Gr. 20/1.
i
U«TX DES njkJK
lu — iD _ rif ■' Or*ibHdt» •
riakr. Poratir A. -V MaritrickL Gr. lïi. — Hf. •. O. aiîMr
Sd>t«iut>. Indinda ué. dr Mantricht. Gr. 9 i. - Fw. 3 O mUmor
!w;blM>b SrrrXino éqBabjtialr. Forar A. dr Hacalricfct. Gr. U 1.
— n*. J. O. apûmtmU Sekiutb. Sntîn c^Mlanalc. Fofwr B.'
dr Haofnas. Gr. il 1.
P. Pbum. — PiiisMK» >>• L~ÉacÉ3it i<iriaiu:« o«s nnnoKB db
R*iM->. — FÛT I. 4aih> raba»la a. >p. Confiner»! dr Oraajr.
VrrUbre d* I de la t~ tcrit, i-ntr de la Eicr aBlrrirorc. — Fïf. %.
M. Vertélff*' n* m a» la 1' icrie. mr aalrnrarc. — Tur. 3 M.
V<rrt«l»rr o» n' (If la i~ sérir. «iir anlrrïrarr — Pîf. J. M. Ver-
li'life !)■ VD (raadalr) dr la i" Miic. vue aDtêrirarc. — Pîj. 5. M.
Wrtbri- n» ID de la :e lérie. ï-oe antrrit-uw. — Fig. 6. W. Ter-
Irbrr n* V (randak) ilr la >* icrie. i-nc antérHmrc- - Pijç. 7- /d.
|{B.^iacri|iilal d'un individa dr maymae taille, ^tk de drscos —
ViK- X. I/i. Paraspliénnlde d'nn inditida de grande taille, rae
inférieure. — Kîk. g- Id. Frajnaent d'ns drDtairc vac externe. —
KiK- t«. M. Mrmr rraKoient, -rarr interne. — Pig. 1 1. Id. Maxillaire
■l'un individu de petite taille, vue inférienrc. — Fif. is. Id.
FraKiiiént dr niaxîllaire avee alvcolrs externes et internes —
Filc. il. Id. Mfnie frai^ment, vu sur la face lalcrale interne. —
Fie. Ij. .Ifnin (Pappirkthyt) Barroiiii Ltriclte sf. Af^éïen. Vertèbre
alulaminale, vue antérieure — Pig. i5. Id. Vertèbre caudale, vue
untérieure. — Fig. iR. Id. Fragment d'os dentaire, va de dessus.
Iii. — Ii>. — Fii;. I. l^pidotUai saesnionenti» P. Gervais. Agéien.
Vertèbre, vue jwr la face postérieure. — Fig, a. Id. Vertèbre vue
|iar In Tare antérieure. — Pip. 3. Id. Fragment de plaque osseuse
lie la tête. — Fig. 4. Id. Ecaille de la région des flancs, face
cNlerne. — Fin .'>. Id. F.cnîl!e de lu ligne latérale, foce interne. —
FÎK- fi. Id. Fragment d'os dentaire, vue supérieure. — Pi);* 3- là.
Frogiiient de maxillaire, vue externe. — Pig. 8. Id. Fragment de
jirûmaxillairi', vue externe. — Pig. 9. Arlna ? Lemolnei a sp.
Agclen. Piquant de nageoire pectorale droite, vue latérale. —
Vin. '<>■ l<i. Vue postérieure. — Fi|;. n. Même espèce. Fragment
dr piquant dorsal, vue latérale. — Pi|t. lo. Ariag Dalemplei
l.eriehr. AKcien. Piquant ilorsal, vue latérale. — Fig. i3. Pime-
lûda* Gaudryi I^riche. A^ien. Piquant dorsal, vue latérale. —
Pi){. i^- Phrllodiia Gaudryi n. s|i. Agéien. Plaque jAaryngienne
Inférieurr. — Pig. )b. Egerlonia taodonla Cocchi. Afélen. Plaque
pliaryu|{iennc supérirure, vue par la face triturante. — Pig. 16.
Summopafalan ValUanV n. sp. Agéien. Fragment de plaque
pharyngienne supérieure, vue par la face triturante. — Pig. 17.
Iil. Vue dr proltl. — Fig. 18. Nummopalatan paaeident n. sp.
riiii|iii' pharyngienne supérieure, vue par la face triturante. —
KiiC II). I.iiliridé inilét., voisin de Tantoga artuel. Conglomérat
ili- 4'i'riiiiy. l'Iuquc pliaryngiennr Kupêrienre. vue par la face
li'itnrnnti'. — Fi)[. 'in. Id. Fragment vu de proUI. — Pig. ai-a*.
Ai-anlhian arpii-n»ia Winkler sp. Ci'maysien. Pig. ar. dent vue
cil' la fiii'i' interne; «g. fi. dent vue par In face externe. — Fig.
■j\-i'^. SqiiiUina Gaudryi n. sp. Cernaysirn. Fig. i3, dent anté-
IJSTK DKS PLANCHES 8.M)
pieure, face externe; 11g. 24, dent latérale, face interne. — Fig.
ji5-a6. Odontaspis Rutoti Winkler sp. Cemaysien? Fig. a5, dent
antérieure, face externe; lig. 26, dent latérale, face interne —
Fig. 27-28. Odontaspis elegans Agassiz sp. Cernaysien. Fig. 27,
dent antérieure, face interne; lig. 28, dent antéro-latéralc, face
externe. — Fig. 29-30. Lamna striata Winkler sp. Cernaysien
(sables de Chàlons-sur-Vesle). Fig 29, dent antérieure, face
externe; lig. '3o, dent latérale, face interne.
PI. XII. — H.-E. Sauvaob. — Pycnodontks jurassiques du Boulonnais. —
Fig. I Gyrodus Ciwieri Agassiz. Splcniaux. Musée du Ilaxrc
(collection Bouchard-Chantereaux). Kimniéridgien supérieur —
Fig. 2. Même espèce. Voiner. Musée de Houlogne. Kimniéridgien
supérieur. — Fig. 3. Même espèce {Gyrodus Larteti Sauvage)
Splénial. Musée de Boulogne. Kimniéridgien. Zone à Pholadomyn
hortulana. — Fig. 4. Gyrodus urnhilicus Agassiz. Voiner. Musée
de Boulogne. Portlandien inférieur. — Fig. 5. Même espèce.
Vomer. Musée de Boulogne. Portlanéien supérieur. — Fig (>.
Mesodon affinis Nicolet. Splénial. Musée du Havre. — Fig 7,
Mesodon Boiichardi n. sp. Splénial. Musée du Ilavre. — Fig. 8.
Même espèce. Vomer. Musée du Havre. — Fig. 9. Mesodon
Lennieri n. sp. Splénial. Musée du Havre. — Fig. 10. Mesodon
mori/iicu» Sauvage, Splénial. Musée du Havre. — Fig. 11: Mesodon
simnlans n. sp. Splénial. Musée de Boulogne. Portlandien infé-
rieur. — Fig. 12. Mesodon sp. Vomer. Musée de Boulogne. Astar-
tien. Zone à Py^urus Jurensis. — Fig. i3. Cœlodiis suprajurensis
n. sp. Vomer. Musée de Boulogne. PortIandienPurbeckien. —
Fig. 14. Cœlodus sp Même collection, même niveau.
PI. Xni. — A. Thrvbnin. — Arachnides du Mouiller dk Commentry. —
Fig. I. Eotroguliis Fayoli sp., grossi 2 fois. — Fig. 2. Neniaslo-
moides Elaveris sp., grossi 3 fois.
PI XIV. — Maurice Lugbon. — Coupes dans la régio.n db la Brècue du
Chablais kt les Préalpes (éclielle i/5o 000). — Fig. i. Coupe du
liane gauche de la vallée du Rhône. — Fig. 2. ('oupe du flanc droit
de la vallée de la Drance du Biot.
PI. XV. — Id. — 1d. — Fig. I. Coupe du massif de la Brèche et de la zone
interne des Préalpes, pli couclié de la Dent du Midi. — Fig. 2.
Coupe du Val de Morgins au Val d'Illiez. — Fig. 3. Coupe à
travers le massif de la Brèche du Chablais au nord de la vallée
du GifTre. — Fig. 4- Environs de Tanin ge.
PI. XVI. — Id. - Coupes a travi rs le versant nord des Alpes de la Suisse
CENTRALE KT ORIENTALE, daus Thypothèsc dcs grauds plis couchés
vers le nord, d'après les travaux de MM. Escher de la Linlh,
Moesch, A. Heiin et Lugeon. Echelle i/i5o.ooo.
PI. XVII. — Id. — Carte structurale des Alpes de Savoie kt de la Suisse.
Echelle i/75o.(X)o.
DATE DE PUBLICATION
DES FASCICULES QUI COMPOSENT CE VOLUME
Fascicule i
— a
— 3
— 1
o —
feailles i-6, PI. I-il), juin xgoi.
— 7-16, PI. m-IV), août 1901.
— 17-27)1 octobre 1901.
— 98-43, PI. Vn-Xin), mars 190a.
— 44-55, PI. XlV-XVn), juin igoa.
ERRATA DU TOME XXVUI (3« série)
REPONSE DR M. G. DOLLFUS, A LA NOTE DB M. DB GrOSSOUVRB, INTITCLéK :
Sur VOUgoeène et le Miocène du baaain de Parlé
P. 995, ligne 6, au lieu de : Grès de Beauce, lire : Grès de Brenne.
— — 9, — CheçrueUeSn — Chevenellee^ près Chi-
tenajr.
ERRATA DU TOME PREMIER (4« série)
EtUDK comparer DBS HYtlTRMBS DB TBRRA8AB8 DBS VALLÉBH DB L^ISSBR,
DR LA MOSRLLB, DU RllIN RT DU RhÔNB, PAR M. DR LaMOTUB :
P. 8219, ligne a), au lieu de : J'ajouterais lire: J'ajouterai incidemment.
337, — a4, — c. Deckenschotter, — C. — Deckenschotter,
340, — 34-35, — au-dessus du — A Vouest
Rhône,
343, tableau, col. 6, — 220-230, — 200-930,
345, lég. de la tig., — / millim, pour — i millim. pour 4 kilomè-
2 kilomètres, très,
349, ligue a8, — Rhin, — Rhône,
350, — 3i, — celui, — le déplaeemeni,
356, tableau, col. a, — positif So-ôo m,, — positif 5oSo m, ?
364, ligne 3i, — conséquence ', — conséquence «.
:)64, — 35, — Rafs\ — RafzK
368, — la, — compris dans, — compris au voisinage du
niveau de base dans.
369, — ao. — exacte, — exacte^.
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA
f r
SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE
Suppléthênt au torne i*^ du Bulletin de la Société Géologique de France, a
ABREVIATIONS
Abh. — Abhandlungen.
Ac. = Académie, Accademia, Akademie, Academy, etc.
AF^\S. = Association française pour l'avancement des Sciences
Am. — Américain, America, American.
Ann. •= Annales, Annali, Annalen, Annuel, Annual, etc.
Arch. =» Archives, Archiv, Archiva, etc.
Bd. « Baud.
B. S. » Bulletin de la Société, Bollettino délia Société (B. — Bulletin, etc.).
But. = Bureau.
C. G A = Service de la carte géologique de l'Algérie.
C. G. F. =» Service de la carie géologique de France.
C. G. 1. «* Congrès géologique international.
CR. = Compte Rendu (RC. — Rendiconti).
D. — Deutsch.
Dep* — Département, Department.
Eng. « English.
Erdk. — Erdkunde.
Ergh. » ErgânzungshefU
Fasc. -> Fascicule (Uf. — Ueft).
Fr. = France, de France, Français.
Geog. =» Géographie, ique, isch, y, ical, ià, etc.
Geol. «» Géologie, ique, ià, isch, y, ical, etc.
Ges. = Gesellschaft.
H. N. » Histoire Naturelle, Historia Natural.
hgg. = herausgegeben.
I. » Impérial (K. K. -» Impérial et royal).
Inst. >» Institut(ion).
It. » ItaUà.
Jahrb. = Jahrbuch.
Jahrb(!r. = Jahresbericht.
Jahrg. « Jahrgang.
Journ. =- Journal.
Ma g. ^^ Magazine.
Mitt. » Mitteilungen.
Nat. — Nature(l), Naturaliste (N. 11. ==« Natural llibtory).
Nat. — National (Nac. — Nacional).
Ost. — Osterreich (Autriche, Autrichien).
Philos. =- PhiloBophical.
Proc. ^- Procecdings.
R. = Royal, Régal, Reiehs, etc. (K. K. — Impérial et royal).
Rec. — Records.
Rep. -- Report.
Repub. — République, Republica, etc.
Se. = Sciences, titique, zà (Ci. »» Ciencia), etc.
Schr. = Schriften.
Sitzber. « Sitzungsberichte.
Soc. -- Société, Société, Socicdad, Society, etc.
Traiis. « Transactions.
U. S. Geol. Surv. « United States Geologieal Sur\'ey.
Ung = Ungaru (Hongrie, Hongrois, etc.).
Ver. ■= Verein.
Verh. -= Verhandiungen.
AViss. = (der) Wissenschaft(en), wissenschaftlich, etc.
Zeitsch. => Zeitschrii't.
Zool. = Zoologie, y, ique, isch, etc.
Exemple : Philadelphie. Journ. Ac. of Natural Se., (i), XII, 1, 1898. — Umsx : Joanul of the
Acudemy of Natural bcience» at Philadelphy, i« »érie, tome XII, K» i, 1898.
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OC EN éCHANGB
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Séan<*e du 2^1 «fanvier 1901
I" Non périodiques
Angelis (VOssat {G, de). Congresso geologico internationale,
VIII Sessione : 1900, Parigi. Ex. B. S. Gcog. italiana, fasc. 12, 1900, 8%
7 p. Rome, 1900.
— Relazione del Congresso Geol. internat., VIII Sessione ;
1900, Parigi. Ex. B. S. Geol. italinna, vol. XIX, fasc. 3 (p. cxxx-cxl). Rome,
190D.
Aimera (D^ D. Jaime), Sobre el Mapa geol. de Terrasa por D.
Domingo Palet y Barba y la Memoria que le acompana. Ex. Bol. R.
Ac. de Ci. y Arts de Barcelona, oct. 1899, 4*» 3 p.
— Sobre el desenbrimiento de la fanna de Saint-Cassian en el
Trias de nuestra Provincia. Ex. Id., oct. 1899, 4% 4 j).
— Sobre las especies Acerotherium Lemanense , Mastodon
longirostris y un Elephas descobiertos en esta provincia de Barce-
lona. Ex. Id., oct. 189J), 4% 3 p.
Bodenbeuder (D' Guillermo), Los Minérales su descripcion y
anàlisis con especialidad de los existentes en la Repub. Argentina.
In-ia, 3o6 p. Côrdoba (R. A.), 1899.
— Comunicationes Mineras y Minera lôgica s. Ex. Bol. Ac. Nac. de
CL de Côrdoba, t. XVI, p. aoO et suiv., 8% 42 p. (1900).
Bureau (L, et Ed.). Notice sur la Géol. de la Loire-Inférieure.
Kx. de « Nantes et la Loire-Inférieure », t. RI, 8*, 5a2 p., 3 pi., i carte géoi.
Nantes, 1900.
Choffat (P.). Aperçu sur la (xcol. du Portugal. Kx. de « Lo Portugal
au point de vue agricole », gr. 4% 4^ P«» ' pï* ^e coupes coloriées. Lisbonne, 1900.
Forsler (D"" Adolf E.). Verzeichnis von Photograpliien ans
Osterreicb-Ungarn. Petit 4% 32 p. Vienne (Autriche), 1899.
Glangeaud{Ph.). Les terrains secondaires de l'Aquitaine. Ex. du
LhrreKjuide C. G. L, 28 p., fig. dans le texte, pi. coloriée. Paris, 1900.
— L'enseignement de la Minéralogie à la Faculté des Sciences
de Cïennont-Ferraud. — Leçon d'ouverture. 8% 14 p. Clermont, 1899.
4 DONS. — SÉANCE DU 21 JANVl£H I90I
— Le volcan tic Gravenoire et les sources minérales de Royal.
Ex. CR, Ac. Se, 3 p., juin 1900.
— Les minéraux du Crétacé de l'Aquitaine. Ex. Id., 3 p.
— Les faciès et les conditions de dépôt du Turonien âv FAifui-
taine. Ex. Id., 3 p., décembre 1899.
Koch {D^ Anton). Die Tertiàrbildungen des Beckens der Siel>en-
Jmrgischen Landestheile. II, Neogen Ahtbeilung. Gr. s, 370 p.. lijc.
dans le texte, a pi. de coupes coloriées. Bu<lapest, 1900.
M nllner {Johann), Die Seen aus Reschen-Scheidek. — Eine linmo-
logisclie Studie. Ex. Geojç. Al)li. hjçp. von Frof. A. Penck, in Wien.
Bd. VII, Ilf. I, jçr. 8% 45 p., 2 pi. doubles. Vienne (Autriche), i^nna.
Nagele (E.), Verlags-Verzeicliniss der E. Schweizerliast's sclitru
Verlags handlung(i82(>-JC)oi). 8% lai p. Stuttjçard. u»oi.
Neuburger{H.). Quelques Notes sur le Pétrole dans le déparlc-
inent d'C/ran (Réunion d'Etudes algériennes). 8% j6 p. Paris, iî^mi.
Nicklès (R.). Feuille de Saint-Atl'riciue. Ex. H. C. G. F., 8'. j p.,
mai 1900.
— Sur un Aptjx'hiis de Sonninia du Bajocien des environs de
Nancy. Ex. B. S. Se. de Nancy, î p., n pi. phot. Nancy, 1900.
— CR. de la course du 18 août 1898 à Varangéville et à Saulxures
(Réunion (»xtraord. de la Soc. belge de géol. à Nancy et dans les
Vosges). Ex. B. S. belge de riéol.. t. Xm (1899), 8% p. lo^-iiS, fig. dans le texte.
Penck (A.). Die Eiszeiten Australiens. Ex. Zeitsch. d. Gesells. fur
Erdkunde zu Berlin, Bd. XXXV. 1900, p. 239-286, i pi. double, 8*. Berlin, 1900.
— Geomorphologische Studien aus der Herzegowina. Ex. Zeitsch.
der D. und Ost. Alpenvereiiis, Jahrg. 1900, Bd. XXXI, 8% p. 3^-4i« ^îjf»
dans le texte.
— Die Eiszeit aui'der Balkanhalbinsel. Ex.«Globus»,Bd.LXX\TIl.
"' 9» 4% P- 133-178, ilg. dans le texte, août-septembre 1900.
Péron. Au sujet du gisement d'Echinides de Mailly-le-Chàteau.
Ex. B. S. Se. hisl. et nat; de l'Yonne (2* semestre 1898), 8% 4 !>•« tijf. dans le
texte. Auxerre, 1900.
— Etudes paléontologiques siu' les terrains du dépai-tement de
TYonne : Cépbalopodes et Gastropodes de Tétage Néocomien.
Ex. Id. (2* sem. 1899), ^^^ P» 4 P*»
Valette {Dont Aurélien). Note sur quelques radioles d'Ecliinides
du Corallien inférieur (hi départenient de TYoïuie. Ex. Id. (2' sem.
1898), 3o p., 1 pi.
Richter(E,). Les variations périodiques des glaciei*s. 5^ rapport,
1899. ^^' '^''^^' S^' phys. et nat. de Genève, t. X, 1900, 8», ao p. Genève, 1900.
DONS. — séANCK DU 31 JANVIER I90I 5
Schardi (H,). Encore les « Régions exotiques ». Réplique aux
attaques deM. E. Haug, Ex. B. S. vaudoise des Se. nat., vol. XXXVI,
n* i36, 8% p. 147-169. Lausanne, 1900.
Birkenmajer (Liidwik Antoni). Nikolaj Kopernik. Czèsè
Pierwska Studia iiad Praconii Kopernika oraz matieryaly Biogra-
fitezne. \% 711 p. Cracovif, 1900.
2" Cartp:s
Mapa topogràtico y geolo^ico detallado de la Provincia de Barce-
loua (au 40. «MX)'') : i" Rég-ion tertiaire (Cuenca del Rio-Foix y la
liacuna) : -j" Région primaire (C^ontoriios de la Capital). (Géologie,
par />. Jnitiit* Alnu'ra : to])ograpliie, par l). iùlnardo Itrosa). Bareelont', 1900.
3^' PÉRIODIQUES
France. — Charlieu. Bull. Soc. Se. Nat. de Tarare. V, 11, T900.
Lille, Soc. Géol. du N. Ann. XXIX, 3, 1900.
Lancry, Cleenewerck, Debacker : Découverte d'un navire profondément
enseveli dans les sables de Dunkerque, p. i33-i59. — A. Six : Analyse d*un
mémoire du D' J. Lorié sur les eaux salines, ferrugineuses et alcalines de la
Hollande, p. 160-172. — Leriche : Faune iehtliyologique des sables à Unios et
Térédines des environs d'Epernay (Marne), p. i72-i7().
Parût. Ac. Se. (]R. CXXXI, 'jô-a^, i9tK) ; CXXXII, i-ti, it)oi.
N" a6, 1900 : A*. Bresson : Sur l'àge des massifs granitiques de Gauterets el
du Néouvielle (Hautes-Pyrénées) et d'une partie des formations anciennes qui
les bordent, p. i255-i258. — P. Cholfat : Sur le Crétaciquc de Mozambique,
p. i2.58-ia6o. — H. Arolowski : Les calottes glaciaires des régions antarcti-
ques, p. i26o-i2()2. — N' 27 : Table du tome CXXX. — N' 1, 1901 : M. Lugeon :
Sur la découverte d'une racine des Préalpes suisses, p. 4^-47- — N ' 2 : A, Tour-
nouer : Sur le Néomylodon et sur l'animal mystérieux de la Patagonie,p.96-97.
— Ann. de Géographie. X, 49* '9'^'-
E. de Martonne : Sur la formation des cirques, p. 10-17.
— La Géographie. II, 12, 1900; III, i, 1901.
N" I, 1901 : J. Giraud : Le problème du Tanganyika, d'après M. Moore,
p. 3o-33. — J. Giraud : L'érosion glaciaire, d'après M. le Prof. Davis, p. ^^y-cn .
— Le Naturaliste. 33i, 1900; 332, 19^)1.
33i : St. Meunier : La sédimentation souterraine, p. 281-284. — "^'^2: P.-A.-ll.
Pritel : Les reptiles fossiles des environs de Paris, p. 5-i).
— La Nature. i439-i443.
1440 : P. Mougin : Le glacier de Tète-Kousse, p. 67-70.
— Feuille <les Jeunes Naturalistes. (4), XXXL i, ic>oi.
M. Piroutet : Nouvelles stations préhistoriques aux environs de Salins et
d'Arbois (Jin), p. 8>93.
6 DONS. — SÉANCE DU 21 JANVIER I9OI
— Soc. d'Anthropologie. Bull. (5), I, 3, 1900.
— L'Anthropologie. XI, 5, 1900.
— Journal de Conchyliologie. XLVIII, 4» 1900-
— Revue de Paléozoologie. V, i, 1901.
— Mém. Soc. de Spéléologie. IV, 24» 1900-
— Journal des Savants. Novembre et décembre 1900.
— Soc. Fr. de Minéralogie. Bull. XXIII, 8, i9cx>.
— Soc. botanique de Fr. Bull. (3), VI, 9, 1900.
— Clul) Alpin Fr. Bull, mensuel. 12, 1900.
Saint' Etienne. Société de l'Industrie minérale (GR. mensuels).
Décembre 1900.
— Bull. Soc. Ind. minérale. XIV, 4^ 1900.
Allemagne. — Berlin. Zeitseh. D. Geol. Ges. UI, 3, 1900.
M. Blanckcnhurn : Neues zur Géologie und Pal&ontologie iSg^ptens. II. Das
Palœogen, p. 4o*M^« — O. Jaekel : Uebcr einen neueii Penlacpinoideen-Typus
aus deiii Obersilur, p. 480-488. — J. L<*mberg : Zur microcheuiischen Unter-
suchung einiger Mineralien, p. 488-497. — E. Lienenklaus ; Die Terliâr-Ostra-
koden des iiiittleren Nord-Deulschlaiids, p. 497-î>«">i» 4 P^- — H.-J. Sehuherl :
Flabellinella, ein neurr Mischtypus ans der Kreideformation, p. 551-554. —
G. Boehin : Reiseiiotizen aus Osl-Asien, p. 554-559. — E. Piiilippi : IJeber die
echte Avicula reticnlata His., p. 559-5C4. — A. Denckiuann und H. Lotz : Uel>er
einige Fortschritte in der Stratigraphie des Sauerlandes, p. 564-567.
— Zeitseh. f. Praktische Geol. IX, i, 1901.
A. Denckmann : Geologische l'ntersuchung der Wolkersdorfer Quelle bei
Frankenberg in Hessen, p. 1-9. — J.-H.-L. Vogt : Weitere Untersuchungen
ûber die Ausscheidung von Titan-Eisenerzen in basischen Eruptiv-Gesteinen,
P- 9-19..
Bonn. Sitzungsber. der Niederrheinischen Ges. fur Nat. und
Heilkunde. i, 1900.
— Verh. N. H. Vereins der preussischen Rheinlande Westfalens
und des Reg. Bez. Osnabrûck. LVII, i, icjoi.
Laspeyres : Das Siebengebirge am Rheiii, p. ii9-:i9G, i pi., i earte. — Mors-
bach : Die Oeynhauser Thermalquellen. p. ia-37. — Lienenklaus : l'eber das
Tertiâr des Doberges bei Bûnde, p. 55-59.
Gotha. Petermanns Mitt. XLVI, 11-12, 1900.
] I : N. Yamasaki : Das grosse japanisehe Erdb<;ben ini nôj^lliehen Uonshu
ani M august i89(), p. 2^5-255. — 12 : C. Mitzopulos : Die Erdbeben von Trii>oIis
und Triphylia in den Jahren 1898 und 1899, p. 277-285.
— Ergânzungsheft. N^ i33, 1900.
Th. Fischer : Wissenschafllichc Ergebnisse einer Reise ini Atlas-Vorlande
von Marokko, p. i-i(>5, 4 cartes.
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IV, 1900, I atlas.
E. Liebheim : Beitràge zur Kenntniss des Lothringischen Kohlrngebirges,
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Stuttgart. Centralblatt l'ûr Min. Geol. Pal. 12, 1900; i, 1901.
12, 1900 : F. Broili : Zur Fauna der Pachycardieii-tuffe der Seier Alp, p. 869-
373. — Schroeder van der Kolk : Beitràge zur Kenntniss der Gesteine ans den
Molukken. HI. Gesteine ans Bnru, p. *i7'3-37."». — P. Oppenheini : Noch einmal
ùber die grossen Lucinen des Macigno Ini Appennin, j). ^75-379. — J. Leh-
mann : Eigenthûndiche .Vrl von Scliischlenbildung, p. 379. — X. : Willieln»
Waagen (Nekrolog). — r, 1901 : G. Brandes : Vorlautige Mittheiliing ùber eiii
Profil in Kohlen- und Gyps-Keupcr bei Thaïe ain Harz, p. i-(). — K. Fraas :
Scheinbare Glacialerscheinungen ini Schônbuch nôrdiich Tûbingen, p. r>-io.
— E. Koken : Die Glacialerscheinungen im Schônbuch, p. to-i5.
— N. Jalirb. fur Min. Geol. Pal. Fac. I, i,' 1901.
F. von Huene : Kleine palàontologische Mitlheilungen, p. 1-9, 2 pi. — M.
Schwarzmann : Zur Krystallophotogrammetrie. Exacte bildliche Darstellung,
£ilfstabellen, Instrumente und Modelle. p. «^iS, i pi. — J.-F. Pompeckj : Aucel-
len im Frànkisehen Jura. p. iîS-36, i pi.
— Zeitsch. l'ûr Naturvviss.
F. Wiegers : l'eber Aetzungserscheinungcn an Gyps. p. 2()7-275, i pi. — J.
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Australie. — Brishane. ()ueenslîmd Geol. Surv. 82, 1900.
B. Dunstan : The Pernio-Carboniferous Goal Measures of Glermont and
associated formations, p. 1-18, i carte, 6 pi.
Autriche-Hongrie. — Budapest, Foldtani Kôzlony. XXX,
6-7, 1900.
M. Pâlfy : Neuere Beitràge zur Géologie des Cserhât, j). 177-181. — J. Koesis :
3eitràge zu den geologischen Verhâltnissen der altlertiaren Schichtcn des
Bùkk-Gebirges, p. 1H1-187". — ^- Treitz : Eintheilung der Bodenarlen, p. 187-205.
Belgique. — Bruxelles. Bull. Soc. belge de Géol., Pal. et
Hydrologie. (2), IV, 2-3, 1900.
G. Simoens : La faille d'Hoversin, p. 25-34, i pi. — G. Simoens : La faille de
Walcourt, p. 35-38. — E. van den Broeck : Les dépôts à Iguanodons de Ber-
nissart et leur transfert dans Tétage purbeckien ou atiuilonien du Jurassiqiu*
supérieur, p. 39-112. — M. Mourlon : L'étude des aj>j)lications est le meilleur
adjuvant du progrès scientilique en géologie, p. 128-132.
Liège. Ann. Soc. Géol. de Belgique. XXVII, 3, 1900.
" H. Buttgenbach : Description des fluorines du sol belge, p. ii3-i23. — IL de
Dorlodot : Npte sur le CR. de la session extraordinaire de la Société géolo-
gique de Belgique, tenue à Hasticre, à Beauraing et à Houyet, le 3i août, i, 2
et 3 sepleinbre 1875, p. i23-i4i. — IL d? Dorlodot : Le calcaire curbonifèri' de
Fonds-de-Tohaux et de la vallée de la Lesse, p. 141-224.
8 DONS. SÉANCE DU 31 JANTTER I^DI
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Studies on Cambrian Faunas. n* 3. Upper Cambrian Faana of Mount Sto-pheu.
Britûb Columbia : The Trilobites and Worms, p. 3^^. — G.-F. Matihew :
Id. n* 4- Fragments of tbe Cambrian Faunas of Newfoundland p. 67-917. —
G.-F. Matthew : The Etcheminian Fauna of Smîtb Sound. Xe^vrfoundland,
P- 97-i4i-
Danemark. — Copenhague, Danniai^s Geol. UndersfJçelse.
I. 7-8, ICJOO.
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çais). — K. Rordani el V. Milthers : Kartbladenr Sejr#. Nylcjebini^. Kalund-
^''ITt <'K Holbaek, p. i-. .. ^ cartes, 3 pi. (résumé en français).
Espagne. — Madrid. Ann. Soc. Esp. H. X. ('j), XXIX, lyoo.
F. Novaro : Obser^acioues s<»brtî el terrt* no arcai^'o de la pro\incia d«*
Guadalajaras, p. ^i35, 3 pi.
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Harvard Collège. Annual Re|>ort 1899- 1900.
Chicago. Journal of Geolog>'. Vil, 8, 1900.
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Case : Contributions frum Walker Muséum. I. The vertébrales from the Per-
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Some prineiples controlling the déposition of ores, p. 730-770.
Hamilton. Joum. and Proc. of the Association. 16, 1899-1900.
C.-G. Grant : Some récent local fossils.
NeW'Haven, The Amer. Joum. of. Se. XI, i, 1901.
H.-S. Washington : Chemical Study of the Glaucophane Schists, p. 39-60. —
O.-C. Farrington : Nature of the metallic veins of the Farming^on Météorite,
p. 6f>-63. — E. Douglas : New species of Merycocbaerus in Montana, p. 73-83.
New-York. Science. XII, 3ii-3i3, 1900; XIII, 3i4. 1901.
3i3 : W.-B. Scott : The Mammalian Fauna of the SanU-Cruz Beds of PaU-
gonia, p. 937-940. — 3i3 : J.-A. Holmes : Geology and Geography at the Ani.
Ass., p. 989-1197.
Grande-Bretagne. — Londres. Geol. Surv. England and
AVales Mem. 48, i55, 1900.
48 : A. Geikie : The Geology of central and Western Fife and Kinross. —
i55 : G. Fox : Strangways : The Geology of Country lietwcen Atherstone and
Charnwood Forest, 1900.
— H. Soc. Proc. LXVII, 439.
— The Geol. Magazine. (4), VIII, i, 1901.
J.-W. Judd : Note on llie Structure of Sarsens, p. i-3. — R. Burckhardt :
Note on certains impressions of Echinoderms observed in the Jurassic Reptl-
liferoiisSfindstone of Warwiekshire and Elgin, p. 3-ô. — F.-R. Cowper Reed •
Woodwurdiau Muséum Notes. Salter's undescripted species, p. 5-i4, i pi. —
DONS. — SÉANCE DU 21 JANVIER igOI 9
II. Bassett : Note on the préparation of Spberulites, p. if^-i'j, — J.-\V. Stather :
Sources and distribution of Yorhshire boulders, p. 17-20. — R.-H. Tiddeman :
On the formation of reef knolls, p. ao-23.
Newcastle. Trans. of the N. England Institut of Mining and
Mechanical Engineers. XLVIII, 7-8; XLIX, 3-5 ; L, i, i9<x>.
3 : E. Halse : Some Silver bearinjç veins of Mexico, p. 104-1 lî^, i carte. —
4 : W.-M. Taylor Heslop : The Coal lields of Natal, p. 122-142, 1 carte.
Italie. — Florence, Boll. délie Publicazioni It. 3t)o, 19CK).
Modène, Bull. Soc. Sisniologica. VI, 5, i9<k).
F. de Montcssus de Ballore : La Grecia sismicu. j). ii5-i3i. — C. Davisoi» :
On the Velocity of the Earth-Waves of the Rouiiiaiiian Earthqiiake of sep
tembre 10, 1893, p. i3i-i35. — G. Agaïuennone : Sisiiioinetro a tre componeiiti
per forti terremoti, p. i3.")-r39. — A. (^'incani : Sismoinetroj^rafo a registra
zioue veloce-continua, p. i39-i4«^.
Rome. Atti. R. Ae. dei Lincei. C. IX, ii-ij. U)oo.
— Boll. R. Comitato Gool. It. (4), L 3, 1900.
B. Lotti : Suir età della forniazione luarnoso-areiiacea fossilifera dell' Um-
l)ria superiore, p. 231-2^7. — C. Viola : Sopra alciini pettini del calcare a
piccole nuniniuliti dei dintorni di Subiaco in proviiieia di Ronia, p. 247-205.
— M. Casetti : Rilevanienti geologici eseguili l'anno iS<)Ç) iiell' alta valli' del
Sang^o e in quelle del Sagitlario. del (lizio e del Mal fa, j). 255-277.
Suède. — Lund. Art. l iiiveisit;itis l.undeusis. XXXV, 1899.
S.-L. Tornquist : Researehes in to the Mnnograplidae of the Scanian Ras -
"Irites Beds, p. i-25. 4 pi. — A. llennig : Kullens krislalliniska bergai-ter. 2, Den
postsiluriska gângforniation, p. 1-3^.
Suisse. — Berne, Beitrâge zur geol. Karto der Schweiz.40, 1900.
Th. Lorenz : Monographie des Flàscherberges, [>. i-63, i carte, 5 pi.
Genève, Arch. Se. [>hys. et nat. (^), X, x-i, itjoo.
L. Dupare : Note sur la région cuprifère de rextrcniité N.-E. de la péninsnle
<ie Kewenaw (Lac supérieur), p. 5i8-5k>.
Lausanne, Eclogae Geol. Heivetiac. VI, 5, I()(K).
Schardt et Sarasin : Revne géidogiffue suisse pour l'année iS*)<), p. 393-45o.
Neufchatel, Soc Neufclialeloise des Se. nat. Bull. XXVI.
1897-98 (1898).
L. Rollier : Excursions géologiques à travers l'Ardcnne, p. 59-78. — L. Ral-
lier : Une j>oche d'AIhien dans les gorges de la Reuse, p. 89-98. — L. Rollier :
Note sur les surfaces des roches polies et sliiécs i>ar dislocation, p. 98-u>i».
— E. Bauinberger et H. Moidin : La série néoconiienne à Valeugin, p. i5o-2ii.
— H. Schardt : Sur l'origine des sources vauclusiennes du Mont-de-Chaniblou,
p. aii-23o. — II. Schardl : Sur un lambeau de calcaire cénonianien dans le
Ncoeomien <le Cressier, p. 2"i9-25i. — M. de Tribolel : Auguste de Montmollin
et le terrain crétacé du .lura, p. 367-387. — L. Eavrc : Jules Marcou, géologue,
Notice bibliographique, p. 387-39t>. — Table générale des matières 1832-1897.
lO DONS. SÉANCE DU 4 FEVRIER I9OI
Séauc*«* du \ Pévpîep 19II1
I" Non périodiques
Allen (J.'A,). List of Bîrds collected in the district of Santa
Marta, Columbia, by M. Herbert H, Smith, Ex. Bul. Amer. Muséum
of N. H., vol. XIU, art. XIV, 8", p. 117-183, 20 août 1900. I^ew-York, iptxi.
Benslej^ {B,-A.), A Cran iaU variation in Macropus Rennettl.
Rx Id., vol. Xni. art. XII, p. io(>-iio, lig. dans le texte.
Bresson (A.), Sur l'âge des massifs granitiques de Cauterets et
du Xéouvielle (Hautes-Pyrénées), et d'une pai-tie des t'orniations
anciennes qui les bordent. Kx. CK. Ac. Se., 24 déeenibre !«>«>, *i p.
Douxami {Henri). Ktudes sur les terrains tertiaires du Daupliiné,
de la Savoie et de la Suisse occidentale. 8% 3i5 p., 4 pi. phoi., i pi.
eoupes, I carie coloriée. Lyon, 1896 (Publié chez Masson et C, Paris).
— Le Tertiaire des environs de Sainte-Croix (Jura Vaudois).
Ex. Hclog. Geol. Helveliœ, IV, janvier 1896, 8', 5 p.
— Etude géol. de la vallée de C^ouz et de la rive droite du
Guiers-Vif. Ex. B. S. H. N. de la Savoi<\ 8% G p. Cliambéry, i8o(».
— La Géographie; physique, son objet, sa méthode et ses appli-
cations. Ex. Id., 8% 27 p. Cliambéry, i8ç)-.
Douxami et RévU, Note sur les terrains tertiaires du Plate^iu des
Déserts, près Chainbéry (Savoie). Ex. Bull. S. C. G., tome X (1898-18^)9),
n" 65, 8% 2(5 p., I carte, fig. dans le texte.
Gidley {J.-W.). A new species of Pleistocene Horse fi*oni tlie
staked Plains of Texas. Ex. Bull. American Muséum of N. H., vol. XIII,
art. Xni, p. iii-iiO, 18 août 1900, 8% New-York, 1900.
Ordonez (Ezequiet). Les volcans du Val de Santiago (Mexique).
Ex. B S. a Antonio Alzate», Mexico. 8% p. 299-32C. tome XIV, année 1899-
1900, pi. IV-IX.
2® Périodiques
France. — Amiens, Bull. Soc. Linnéenne du N. de la Fr., XV,
33o, 1900.
Bourg, Bull. Soc. Se. Nat. et Archéol. de l'Ain. XXL î, 191H).
Moulina. Rev. Se. du Bourbonnais, janvier 1901.
Guettard : Notes sur les environs de Vichy et sur la découverte des volcans
éteints en Auverjfiie (d'après un manuscrit de 1751), p. 5-i3.
Paris. CR. du Congr. des Soc. Sav. de Paris et des Dép**, 1900.
B. Renault : Sur la diversité du travail des Bactériacées fossiles, p. 178-194.
— E. Martel : Du mode de remplissage des Cavernes, p. 194-19^. — Vautbier :
«/UNS. — SÉANCE DU 4 FÉVRIER I9OI II
•
Régime et tracés des cours d*eau (inondations, alluvions), p. i^-m^, ~ C. Duf-
fart : Rôle de la magnétite et de Talios dans la classification géologique du
terrain landais, p. 294-2^* — Vaillant : Rapport sur un travail de M. Sauvage
intitulé: Les vertébrés du terrain kimméridgien sup. de Fumel (Lot-et-
GaronneX p- aa9-a3o.
— Feuille des Jeunes Naturalistes. (/J), XXXT, 3^)4, i<)<>i-
— Le Naturaliste. 33'i, 1901.
— Ann. des Mines. (9), XVIII, 10, i(|0<).
— Ac. Se. GR. GXXXII, 3-4, 1901.
3: F. Wallerant : I)t* la symétrie apparente dans les cristaux, p. i^H-iSo.
— A. Lacroix : Sur l'origine dv. l'or de Madagascar, p. i8o-i8a. — L. Bt'rtrand :
Sur IVige des roches éruplivcs du caj) d'Aggio (Alj)cs-Mariliuics), p. iHq-iH^.
— Ph. Glangeaud : Les dûmes de Saint-(^yi)rien (l)ordogne), Sauveterre et
Fumel (Lot-et-Garonne), p. i8.'^-i87. — 4 : V. Pacpiier : Sur la présence du
genre (Japrina dans TUrgouien, p. 'j'iif-'iU.
— La Nature. i444-ï44'>' I9^>^-
— Bull, de la (]arte p'*ol. de la France et des topographies sou-
te iTaines. Bull. XI, 71-78(1 899- i()oo).
.71 : A. Lacroix : Le granité, des Pyrénées et ses phénomènes de contact,
p. 1-67. — 72 : G. Mouret : Apervu sur la géologie de Ja partie sud-ouest du
Plateau central de la France, p. i-'J8, 2 pi., i carte. — 73 : Comptes-rendus
des collaborateurs pour la campagne de 1899, p. i-i3<>. — 74 * J< Houssel :
Contribution à Tétudi! géologi(|ue des Pyrénées, p. i-îi;"). — 75 : W. Kilian :
Nouvelles observations géologiques dans les Alpes delplilno-provençales,
p. I-19, I pi. — 7<> : M. Boule : (iéologie des en\ irons dWurillac et observa-
tions nouvelles sur le Cantal, p. 1-79, i j)l.. i carte. — 77 : M. Lugeon : Les
dislocations des Bauges (Savoie), p. i-i-j, 5 pL, i carte. — 78 : K. Fournier :
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the United Kingdom, p. 35o-369 — M.-J. Joly : On the geological âge of the
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(Sur les progrès de la géologie et Fâge de la terre), p 711-730 — Nombreuses
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— K. Glinka : Ueber die mineralogische zusaniniensetzung der glacialen
Thone und ùber Verwitterungstypen. p. 333-343. — W. Dokutschajew : Zur
Frage ùber die Repeteekskischen Gypse, p. 34-3-357 — XXXVlil. i : N. Kinpo-
witsch : Zur Kenntniss der geol. Geschichte der Fauna der Weissen und
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3 pi. — F. von Hoyningen-Huene : Ueber Aulacomerella, ein neues Brachio-
podengeschlecht, p. 909-939, i pi. — F.-J. Pompeckj : Jura-Fossilien aus Alaska»
p. 939-980, 3 pi. — N. Bogoslowsky : Die Verwitterungsrinde der Russischen
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Maggi (Prof. Leopoldo). Aggiimte ai nue
negli Antropoidi. Ex. R. D. R. Ist. Lomb. Se. et Let
1901, 8', 5 p. Hilan.
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Ex. B. S. G. P.. 3' série, t. XXVH. i8gg, p. a4l-a53, i pi
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I,es Mines du Ja|>on (Rédigé par te bureau c
de rAgricullurc et Jii Couinierce). Ouvrnge publ
du Jupuii à l'Exp. Univ. de Paris, 1900, 8% 53o p. Cailt
Japon pl nombreux lablraux et diagrammes, etc. Pari
R^imondJ.
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The Norwegian North-Polar-Expédition. Scientific Results, Edi-
tée! by Fridtjof Nansen (1893-96). Vol. II, 4% lx -f 412 p., 2 cartes hors
texte, nombreux graphiques, diagrammes, etc. Londres, Christiania.
Maryland Geol. Survey. Allegany County. 8% 3a3 p., 3o pi. phot.
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Werveeke : Ueber Glacialschranimung auf den Graniten der Yogesen, p. 247-
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ans dem Miràschauer Steinkohlenbecken, 4 pl> " P* Schrôkenstein : Studien
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pMspèvky z ki^idového ûlvaru u Ostroméfe. — Ô. Zahâlka : Pâsmo IX. Bfe-
zenské-kf idového ûlvaru v Poohi^i, 6 pi. — Ô. Zahàlka : Pàsmo X. Teplické
ki^idového ûlvaru v Poohfi, 3 pi. — Ô. Zahâlka : Geotektonika kfidového
ûlvaru V Poohfi. — J.-V. 2elizko : O kf idovém ûlvam okoli Pardubie a Pfe-
lou&e. — 1900: J. Kratochvil: O nèkterych massivnich horninâch z okoli Novelo
Knina a ôàsti rulovitych horin od Élebu. — Ô. Zahàlka : O prulinàch diluvial-
nich V (!!lechàch, i pi. — B. Mâcha: O Éilnych horninâch od Zâbèhlic a diabasu
od Hodkovicek. — 6. Zahâlka : Stratigraficky vyznam sférosideritové vrstvy
pâsma DL kfidového ûlvaru v PoohM. — J. Fi^er : Kraj iuiy a povaha soused-
nich hornin u Vltavy nad sv. Jankymi proudy. — F. Katzer : Ueber die
Grenze zwischen Cambrium und Silur in Mittel-bôhmen. — F. Schrôckenstein :
Die Basait-Eruption bei Kladno am Vinaficer Berge, a pL — J. Barvif :
O krystallech cerussitu od Stfiba.
Vienne. Verh. K. K. Geol. Reich. î^3, 1901.
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Màhren und die Yerbreitung der Congerienschichten am Sûdabhange des
Marsgebietes. — H. Richly : Ueber zwei neueiitdeckte Fundstâtten von
Moldaviten bei Neuhans-Wittingau. — 3 : A. v. KraiTt : Zur Gliederung des
muschelkalks des Himalaya. — J.-S. Hibsch : Ueber die geoiogische Spécial-
DONS. — SÉANCE DU 6 MAI I9OI 35
aufnahme des Duppaner Gebirges in nordwestlichen Bohmen. — F. v. Kerner:
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.geologia délie isole Pontine, p. 673-677. — G. Ristori : Le formazioni ofiolitiche
del Pogg^o dei Leccioni (Serrazzano) ed il filone fra Gabbro-rosso e Scrpenlina
presso il lorrente Sancherino, p. 677-694. — A. Stella: SuUa presenza di
fossili microscopici nelle roccie a Solfo délia formazione Gessoso-Solûfera
italiana, p. 694-699. — G. Trabucco : Fossili, stratigraûa ed età dei terreni del
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le Crétacique. Quelques mots concernant les récentes déclarations
de M. Lamplugh au sujet de Tâgedu Wealdien. Ex.Id. Id., p. igo-aoQ.
— (Observations de M. — ), concernant le « Boulant», faites au
cours de la discussion ayant suivi Texposé de M. Kemna, présenté
à la séance du 5 mars 1901 (de la Soc. belge de Géol.), au sujet de la
controverse des Ingénieurs américains sur les Sables boulants.
Ex. Id. Id., p. 14^154.
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tation des phosphates, p. 7-i3. — Desailly : Note sur les bancs de pouding^ue
dans le terrain houiller de Liévin, p. i3-i4. — Desailly : Régime des eaux dans
la concession de Liévin, p. 14-22. — Lebrun : Coupe des fondations d'une mai-
son, rue duSec-Arembault, à Lille, p. 24-26. — C. Barrois : Observations sur
le poudingue houiller de Nœux (Pas-de-Cal.iis), p. 26-30. — G. Barrois : Recher-
ches de M. Lindstrôm sur les organes visuels des Trilobites, p. 36-37. — X.
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bre, p. 38-4i. — J. Ladrière : Etude géologique et hydrologique des environs
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Konigsbergs mit Beziehung anf die Wasserversorgnn^ der SUidt, p. i-i^S,
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nanas Rœmer. p. 173-180. — G. Mùller : Obérer Muscbelkalk anf der Schwaf-
weide bei Lôneburg, p. i8o-i85. — W. Koert et C Weber : Ueber ein neues
interglaciales Torflager, p. i85-i^. — A. Denckmann : Gonlatiien in Obersilur
des Steinhomes bei Schônau im Kellerwalde, p. ig^-ig^. — E. Holzapfel :
Beobachtangen im Toter-devon der Aachener Gegend, p. 199-937. — G. Gagel
et F. Kaonhowen : Ueber ein Vorkommen Ton Senoner Kreide in Ostprens-
sen, p. 337-037. — 9éL Koch : Beilràger zur geologischen Kenntniss des Harlies,
p. 337-347. — E. Dathe : Znr Kenntniss des DiluWums in der Grafschaft GloU,
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nordôstliclien Deutschland. p. 366-386, i pi. — H. Sehrôder : Ein jngendlicher
Schôdel von Rhinocéros antiqaitatis Blnmb.. p. 386-391, i pi. — A. Denck-
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and seine Gesteine, p. 377-399. — E. Eseh : Id., p. 400-417. — J. Romberg :
Vorarbeiten 2:ar geologisch-petrographishen Untersuchang des Gebietes von
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Dunkerque. Ex. Id., t. XXIX, 11 juillet iguo, ensemble 3i p., i pi.
— Note d'excursions géol. sur la Feuille de I^on. Ex.Id., 16 novem-
bre igOO, 123 p.
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N
DONS. — SÉANCE DU 4 NOVEMBRE I9OI 49
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schwankungen der mecklemburgischen Kûste, p. 582-584. r~ K. Strîibin :
Ueber das Vorkommen von Lioceras concaviun in nordschweizerischen
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I
i
.1
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G. RAMOND. L. PERVINQUIÈRB.
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Série du Black -Keer: ynÂi-, <^uarùu/w , ootuflomerut^r
Hftrhfyp afnfffftiai^Mi^r du KlipPÎvier
Orantte aneùm.
I Système primaire
kSud- Al'ricain :
phythJÊns . «fuarùatM
phÊ/dadar. etc.
à ûûtiamr
Ib Séi*ii* du Witwutersrajid
ou ou du
Hoapital-Hill
1 Ib Séi*ii* du Witwutei
- ( la Série de Rarbert
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LÙK.
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Noie de M. V Gauthier
QuU.Soc.Géol.de France.
Bull. Soc. Géol. de France 1°" Série. T.I PI. IV
Révision des Ilyracotlicrïdés européens
Bull. Soc. Géol. de France t"" Série. T. I PI. V
(S.-n.n-p >lii t Mars lîtOt)
Clic-Mi Sohwi
Photolipif Sahin. aamftgni-tlMtrnr
Rcvisinii des ilyracothcridcs oiinipéens
Bull. Soc, Géol, de Franoe. 4» Ssriî. T. 1, ?1. VI.
vi,«»t teOiKi«û(n.>>^
Fossilaa Dévoniena de Satila-'V»û\a.
C/Lf/e t\' ^^M. C/i. 0)r/t//fm/n-/yer'
Bull. Soc. Géol. de France 4"'" Série; T.I: PI. VII
(Si'iini-f 'In H NovHiiiluf mW)
Orbiloïiles média d'Arcbiac.
*^yùr/e <'e K^y/C. C./. ^^'r/i/tiffi/n'/ycr
Bull. Soc. Géol. de l-'rancc
4""- Série; T.I; PI. VIII
(Si'Uii.-^ rlii 4 Nov.-inl.i-.' l!Ktn
I, 4,6, Orbitoïiles apiculata Sshlumb.; 2. '^. 'i, 0. rniiior Schlumb.
f)u-x .9/r.ci. vùj:u;„»--
Bull. Soc. Géol. de Frdnce
4"'" Série. T.l. PI. IX
(Sëiiii.'p .lu i Novembre 11K>1
I. -i, OrbitJïiie.i apiciilala Schiumb.: 2, 8. 0. minor Schlumb.
3toU 3e Cf\l.
Bull. Soc. Gôol. de France.
X-uem.
4"» Série, T. I, PI. X.
Odanc* du IB Hqt. 1901)
Poissons de l'Eocene inférieur des environs de Reims
3loU dit M. ^.
Bull. Soc. Géol, de France.
Poissons de l'Eocône inférieur des environs de Reims
.-&. '(bauvagc
s du Boulonnais
17. rue de Coulmien, Piri
5late De M. (fl. ^ke^^emii
Bull. Soc. Geol. de France
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nkilnp. iT.ruidcCou]miir<. F
Arachnides du Houiller de Commentry
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