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Full text of "Bulletin de la Société géologique de France"

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SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


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DE    FRANCE 


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BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


QUATRIÈME    SÉRIE 


TOME     PREMIER 


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>       •*  ,       ,         I  .      • 


PARIS 

AU    SIÈGE    DE    LA    SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE    DE    FRANCE 

88,   rue  Serpente,   VI 

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21 1 176 


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SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


•     -  • 


DE     FRANCE 


Séance  du    7   Janvier   f  90f 

PRÉSIDENCE  DE  M.  A    DE  LAPPARENT,  PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Daniloff,  Eugène,  présenté  par  MM.  Dereims  et  Blayac. 

Cinq  nouveaux  membres  sont  présentés. 

Le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Edmond  Pellat, 
annonçant  la  mort  de  M.  Huguenin,  membre  de  la  Société 
depuis  1875,  décédé  à  Valence-sur-Rhône  (Drôme),  au  mois  de 
septembre  dernier. 

((  Tous  les  géologues  qui  ont  ^exploré,  depuis  une  trentaine 
d'années,  la  montagne  de  Grussol,  située  tout  au  bord  du  Rhône, 
en  face  de  Valence,  ont  certainement  conservé  le  souvenir  de  ce 
confrère  modeste  et  aimable  dont  le  plus  grand  plaisir  était  de  les 
conduire  et  de  se  charger  de  fossiles  recueillis  à  leur  intention, 
plutôt  que  pour  enrichir  sa  propre  cojlection.  Bien  des  Collections* 
publiques  en  France  et  à  l'Étranger  ont  reçu  de  lui  des  séries  de 
fossiles  d^  Jurassique  supérieur  de  Crussol.  C'est  à  lui  que  Fon- 
tannes  a  dû  la  plupart  des  Ammonites  de  Crussol  décrites  et 
figurées  dans  ses  ouvrages.  )) 

On  procède  ensuite,  conformément  aux  dispositions  dullègle- 
ment,  à  l'élection  d'un  Président  pour  l'année  1901. 

M.  Léon  Garez*  ayant  obtenu  129  voix  sur  i45  votants,  est  élu 
Président  de  la  Société  en  l'emplacement  de  M.  A.  de  Lapparent. 


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T)  ^     •  V-    SÊANCK   DU    7   JANVIER    I9OI 

Sont  ensuite  nommés  successivement  : 

Vice-^h^ahientê  :  MM.  E.  Haug,  R.  Van  dbn  Brorgk,  Dbrbimh  et  R.  Nicklès. 
Membre»  du  Conseil:  MM.  A.  de  Lapparent,  H.  Doitvillk,  A.  Hoihtrl,  (t. 
DoixFti^'et  J.  Blayag. 

• 

'-Avant  de  lever  la  séance,  M.  de  Lapparent  s'excuse  de  ne  pou- 
rvoir assister  à  la  prochaine  séance.  11  remercie  les  membres  de  la 
'.•Société  du  bienveillant  concours  qu'ils  lui  ont  apporté  pendant  sa 
présidence. 

Par  suite  de  ces  élections,  le  Bureau  et  le  Conseil  sont  composés, 
pour  if)oi,  de  la  façon  suivante  : 

BUREAU 

Président  : 
M.    L.    Carez. 

Vice-présidents  : 
M.  E.  Haug.     I     M.  E.  Van  drn  Rroeck.     |     M.  Oereimh.     |    M.  R.  Nicklès. 

Secrétaires  : 


Pour  la  France  : 
M.  L.  Gentil. 

M.  L.  MéMiN. 

Trésorier  : 
M.  Léon  Janet. 


Pour  l'Etranger  : 
M.  L.  PBn\iNQrittRB . 

Vice-Secrétaires  : 

I      M.   J.   GiRAUD. 

Archiviste  : 
M.  G.  Ramond. 


CONSEIL 


MM.  Marcel  Bertrand. 
J.  Bbroeron. 
M.  Boule  . 
J.  Blayag. 


MM.  Emm.deMARGERiE 
A.  Gaudry. 
Munibr-Ciialmas  . 
P.  'Fermier  . 


MM.  A.  de  Lapparent. 

H.  DOUVILLÂ. 
A.   BOISTBL. 

Gustave  Dollfus. 


Dans  sa  séance  du  21  janvier,  le  Conseil  a  fixé  de  la  manière 
suivante,  la  composition  des  Commissions  pour  1901  : 

X*  Commission  du  Bulletin:  MM.  Emin.  de  Margrrir,  A.  de  Lapparent, 
Marcellin  Boule,  Gustave  Dollfus,  J.  Blayag 
a»  Commission  des  Mémoires  de  Géologie  :  MM.  Marcel  Bertrand,  Mvnifr- 

G1IAL.MAS,  U.  DOUVILIK. 

3"  Commission  des  Mémoires  de  Paléontologie  :  MM.  Marcellin  Boulk, 
H.  DouA'iLLR,  Albert  Gaudry,  E.  Haug,  Munier-Chalmas,  Zeillbh. 

4"  Commission  de  Comptabilité  :  MM.  H.  Douvillé,  P.  Termikr,  A.  Boistkl. 

5*  Commission  des  Archives  et  de  la  Bibliothèque  :  MM.  Einin.  de  Margerir, 
A.  Thévenin,  j.  Blayag. 


Séance  du  :St    Janvier   1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  A.  BOISTEL,  VICE-PRÉSIDENT  SORTANT, 

PUIS  DE  M.  L.  CaREZ,  PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance.  La  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée. 

M.  A.  Boistel,  Vice-président  sortant,  prononce  Tallocution 
suivante  : 

«  Messieurs,  —  L'empêchement  qui  tient  aujourd'hui  éloigné  de 
nous  notre  cher  Président,  et  qu'il  vous  a  exposé  lui-même 
loi's  de  notre  dernière  réunion,  m'assure  la  bonne  fortune,  en 
même  temps  cjue  le  périlleux  devoir,  de  saluer  à  la  fois  en  votre 
nom  le  bureau  sortant  de  1900  et  le  nouveau  bureau  de  1901. 

((  La  Société  géologique  a  eu,  pendant  Tannée  qui  vient  de 
s'écouler,  l'insigne  honneur  de  tenir  un  rang  de  premier  ordre 
dans  le  Congrès  international  de  Géologie  réuni  à  Paris  à 
l'occasion  de  l'Exposition  universelle.  Ce  sont  ses  membres  cjui 
ont  dirigé  toutes  les  excursions  auxquelles  les  congressistes  ont 
été  appelés  à  prendre  part  dans  la  France  entière.  Et  vous  avez 
tous  apprécié  avec  quelle  autorité  et  quel  généreux  dévouement 
notre  éminent  Président  a  traduit  vos  sentiments  intimes,  lors  de 
la  réception  oflerte  par  la  Société  aux  membres  du  Congrès.  Son 
nom  s'est  trouvé  ainsi  associé  à  celui  de  l'illustre  Président  du 
Congrès  lui-même,  dont  la  brillante  hospitalité  a  laissé  chez  tous 
le  plus  durable  souvenir. 

«  Votre  activité  scientifique  n'a  nullement  été  détournée  de  ses 
recherches  ordinaires,  ni  par  la  préparation  du  Congrès,  ni  par 
la  rédaction  du  Livret-guide  ou  des  publications  préliminaires 
faites  dans  notre  Bulletin.  Le  volume  de  1900,  malgré  l'absence 
d'une  Réunion  extraordinaire  propre  à  la  Société  et  malgré  le 
défaut  de  comptes-rendus  d'excursions,  se  présentera  à  vous  avec 
des  dimensions  aussi  considérables,  sinon  plus,  que  ses  devanciers. 
Ainsi  se  trouveront  calmées  les  craintes  exprimées,  il  y  a  deux  ans, 
à  celle  place  même  par  le  Président  sortant.  Il  n'y  a  pas  lieu  de 
redouter  un  ralentissement  dans  la  fécondité  de  vos  travaux.  Les 
séances  que  nous  avons  tenues  depuis  la  lin  des  vacances  écar- 
tent même  toute  appréhension,  que  le  Congrès  international  n'ait 


s  SÉANGK    DU  21   JANVIER    I9OI 

exercé  sur  Tardeur  de  vos  investigations  l'eflet...  sédatif,  qui  a 
paru  produit  par  le  dernier  Congrès  de  Russie. 

((  Le  zèle  de  nos  infatigables  secrétaires  est  resté  à  la  hauteur 
de  la  tâche  plus  ardue  qui  leur  incombait  ;  la  publication  très 
prochaine  des  derniers  fascicules  du  Bulletin  pour  Tannée  1900, 
témoignera  hautement  du  soin  et  du  talent  qu'ils  ont  apporté  à 
l'exécution  de  leur  mandat.  Je  leur  exprime  tous  vos  remerci- 
ments,  et  félicite  la  Société  de  consen^er  encore  une  année  leur 
précieux  concours. 

((  Je  suis  heureux  de  souhaiter  la  bienvenue  aux  savants  distin- 
gués cjue  vous  avez  appelés  au  Bureau  pour  Tannée  1901,  spéciale- 
ment à  ceux  dont  une  publication  magistrale  ou  le  courage  héroïcjue 
ont  tout  récemment  illustré  les  noms.  Dans  le  choix  de  notre  Prési- 
dent, vos  suffrages  ont  entendu  couronner  une  carrière  déjà 
longue  entièrement  consacrée  à  la  science  et  à  Tctude  approfondie 
des  problèmes  ardus  et  compliqués  que  présente  Tune  des  plus 
belles  régions  de  la  France.  Vous  avez  voulu  exprimer  la  haute 
estime  dans  laquelle  vous  tenez  les  beaux  travaux  qui  ont  été  le 
fruit  de  ces  recherches.  J'adresse  à  M.  Garez  mes  plus  chaleureux 
compliments  et  je  Tinvite  à  venir  prendre  sa  place  au  fauteuil  de 
la  présidence.  » 

M.  L.  Garez,  Président  de  la  Société,  prend  place  au  bureau  : 
((  Messieurs  et  chers  Confrères, 

((  Permettez-moi  de  vous  adresser  mes  plus  vifs  remercîments 
de  m'avoir  appelé,  par  la  presque  unanimité  de  vos  suffrages,  à 
Thonneur  de  présider  vos  séances  pendant  Tannée  qui  commence. 

((  Ce  n'est  pas  cependant  sans  une  certaine  appréhension  que 
je  prends  possession  du  fauteuil,  en  me  rappelant  la  manière  dont 
il  a  été  occupé  par  M.  de  Lapparent  en  Tannée  1900;  je  vous 
demanderai  de  perdre  le  souvenir  de  la  brillante  présidence  qui 
vient  de  finir,  pour  ne  pas  faire  entre  1900  et  1901.  une  comparai- 
son trop  défavorable  à  cette  dernière  année. 

«  Votre  indulgence  me  sera  d'autant  plus  nécessaire  que  la 
tâche  promet  d'être  plus  difficile  ;  vous  Scivez  tous  en  effet  que  les 
années  qui  suivent  celles  où  ont  eu  lieu  des  expositions  univer- 
selles et  des  congrus,  sont  généralement  peu  fécondes  en  travaux 
originaux  ;  il  tient  à  vous.  Messieurs  et  chers  Confrères,  de  mon- 
trer que  les  occupations  spéciales  de  Tannée  qui  vient  de  s'écouler 
n'ont  pas  interrompu  vos  études. 

((  L'ordre  du  jour  de  cette  première  séance  est  d'ailleurs  bien 
rempli.  C'est  d'un  bon  augure  pour  l'avenir. 


SBANCB   DU   ai    JANVIER    I9OI  9 

<(  De  plus,  j'ai  le  plaisir  de  compter  parmi  ceux  qui  doivent 
prendre  la  parole  aujourd'hui  notre  confrère,  M.  Molençraaff,  géo- 
logie de  l'État  de  la  République  Sud -Africaine,  qui  a  choisi  la 
Société  géologique  de  France  pour  faire  connaître  les  importants 
résultats  de  ses  études  sur  l'Afrique  du  Sud.  Nous  le  remercions  de 
ne  pas  avoir  douté  du  sympathique  accueil  qui  lui  était  réservé 
parmi  nous. 

«  En  terminant,  Messieurs,  je  vous  proposerai  de  voter  des 
remerclments  au  bureau  sortant  et  en  particulier  à  M.  Gentil  et  à 
M.  Janet,  cjui  ont  dirigé  avec  tant  de  zèle  les  services  du  Secrétariat 
et  de  la  Trésorerie.  Nous  serons  heureux  de  pouvoir  profiter  encore 
cette  année  de  leur  dévouement  et  de  leur  expérience  ». 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société»  : 

MM.  Dallemagne,  Henri,  Chef  d'exploitation  des  mines  de  la 
Haute  Bidassoa.  à  Irun.  présenté  par  MM.  Gentil  et 
Mémin. 

Houdant,  Pierre-Ferdinand,  Licencié  ès-sciences,  pré- 
senté par  MM.  Gentil  et  Mémin. 

Savomin,  Préparateur  de  géologie  à  l'Ecole  des  Sciences 
d'Alger,  présenté  par  MM.  Ficheur  et  \'asseur. 

Miquel,  Emmanuel,  Commandant  du  Génie,  à  Valence 
(Espagne),  présenté  par  MM.  José  Landerer  et  Gustave 
Dollfus. 

Le  Commandant  Barré,  Professeur  a  TÉcole  d'applica- 
tion de  l'Artillerie  et  du  Génie,  à  Fontainebleau,  pré- 
senté par  MM.  de  Lapparent  et  de  Margerie. 

Le  Président  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  Ernest 
Van  den  Broeck,  Vice-président  de  la  Société  pcmr  1901  : 

<(  Monsieur  le  Président, 

# 

«  Ai-je  besoin  de  vous  dire  avec  quels  sentiments  de  gratitude 
et  de  profonde  reconnaissance,  j'ai  appris,  par  les  soins  de  M.  le 
Secrétaire,  que  la  Société  géologique  de  France  a  bien  voulu  nie 
faire  l'insigne  honneur  de  m'élire  parmi  ses  vice-présidents  pour 
Tannée  1901. 

((  Je  me  sentirais,  en  conscience,  fort  indigne  d'un  tel  hommage, 
si  je  ne  me  rendais  compte  que  j'ai  à  le  partager  avec  le  nombreux 
groupe  de  mes  collègues  et  amis  de  la  Société  belge  de  Géologie  (fui 
sont  mes  collaborateurs  dévoués  dans  l'œuvre  toute  spéciale  que 
nous  avons  entreprise  en  Belgique,  consistant  à  joindre  aux  pro- 


lO  SÏ^ANGE   DU   ai    JANVIER    I9OI 

grès  et  à  la  diffusion  de  la  Science  géologique,  la  démonstration, 
sous  des  formes  multiples,  de  son  pi*écieux  rôle  utilitaire. 

((  C*est  donc  comme  un  hommage  impersonnel  et  collectif, 
qu'en  ma  qualité  de  Secrétaire  général  de  la  Société  belge  de 
Géologie,  j'accepte  avec  reconnaissance  un  titre  qui  resserrera 
encore  les  liens  confraternels  des  géologues  des  deux  pays  et  qui 
me  crée  envers  mes  confrères  de  France  des  devoirs  que  je  m'effor- 
cerai de  remplir  dans  la  mesure  de  mes  moyens. 

((  Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Président,  avec  mes  respectueu- 
ses salutations,  l'expression  réitérée  des  sentiments  de  profonde 
gratitude  qui  m'animent  envers  les  membres  de  la  Société  géolo- 
gique de  France  et  que  je  vous  prie  de  bien  vouloir  leur  trans- 
mettre )). 

Le  Président  transmet  à  la  Société  les  remerclments  de  M.  René 
NicUèSy  pour  le  témoignage  de  sympatliie  que  lui  donnent  ses 
confrères  en  le  choisissant  comme  vice-président. 

M.  Garez  présente,  de  la  part  de  l'auteur,  deux  nouvelles  feuilles 
de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  province'de  Barcelona,  par 
M.  le  chanoine  Jaime  Aimera  L'une  d'elles  contient  la  région 
tertiaire  (région  du  Rio  Foix  et  de  la  Llacuna);  l'autre  est  la 
deuxième  édition  de  la  carte  des  environs  de  Barcelona. 

M,  Garez  se  fait  un  plaisir  d'adresser  à  cotre  infatigable  et  si 
savant  confrère,  les  remerclments  de  la  Société  ;  il  félicite 
M.  Aimera  d'avoir  pris  l'initiative  et  mené  à  bien  à  lui  seul  une 
œuvre  aussi  considérable  que  le  lever  d'une  carte  géologique 
détaillée  de  toute  une  province. 

M.  Aimera  envoie  également  pour  la  bibliothèque  de  la  Société 
les  brochures  suivantes  : 

I.  Sobre  el  Mapa  geologico  de  Tarrasa  por  D.  Domingo  Palet 
y  Barba,  y  la  Memoria  que  le  accompana,  —2.  Sobre  el  descubri- 
miento  de  la  fauna  de  Saint-Cassien  en  el  Trias  de  nuestra  pro- 
çincia,  —  3.  Sobre  las  especies  Acerotherium  lemanense,  Mastodon 
longirostris,  y  un  Ëlephas  descubiertos  en  esta  provincia  de  Bar- 
celona, 

M.  Peron  oflre  à  la  Société  une  note  publiée  par  dom  Aurélien 
Valette,  Sur  des  radiales  d'oursins  du  Rauracien  de  V  Yonne, 

M.  Peron  a  fait  suivre  ce  mémoire  d'une  note  faisant  connaître 
les  conditions  toutes  particulières  du  gisement  des  radioles  décrits. 
Ce  n'est  pas,  en  effet,  dans  les  calcaires  rauraciens  eux-mêmes 


S^IANCE   DU   m   JANVIER    I9OI  tl 

qii*on  les  ti^ouve,  mais  bien  dans  des  sables  argileux  ot  ferrugineux 
qui  remplissent  des  poches  ou  cheminées  percées  par  les  eaux 
dans  la  masse  des  calcaires  coralliens. 

Ces  dépôts  de  remplissage  ne  sont  pas  tertiaires  comme  on  Fa 
annoncé,  ce  sont  de  simples  résidus  de  décalcification  contenant 
parfois  en  abondance  non  seulement  des  radio  les,  mais  une  foule 
de  petits  fossiles,  toujours  rauraciens,  et  composés  surtout  d'arti- 
cles isolés,  de  parties  dissociées  d*Echinides.  de  Crinoîdes,  etr.. 
généralement  très  bien  conservés. 

M.  Peron»  en  offrant  à  la  Société  le  premier  fascicule  de  ses 
Etudes  paléontologiques  sur  les  terrains  du  département  de 
r Yonne,  explique  qu'il  a  entrepris  la  publication  de  ce  travail 
principalement  pour  donner  Fauthenticité  nécessaire  à  un  grand 
nombre  de  fossiles  nommés  dans  leurs  Prodromes  par  d'Orbigny 
et  par  Gotteau,  mais  restés  non  décrits  et  non  figurés. 

Ce  premier  fascicule  ne  comprend  que  les  Céphalopodes  et  les 
Gastropodes  de  l'étage  néocomien  de  l'Yonne,  dont  ii6  espèces 
sont  examinées,  révisées  et  pour  la  plupart  décrites  à  nouveau. 
Sur  ce  nombre,  i5  avaient  été  nommées  par  d'Orbigny  ou  par 
Gotteau,  mais  n'avaient  pas  été  décrites  et  figurées  et  a3  sont  com- 
plètement nouvelles.  Enfin  lo  espèces,  déjà  établies,  doivent  dispa- 
raître des  catalogues  comme  faisant  double  emploi  avec  d'autres 
plus  anciennement  connues. 

M.  Peron,  tout  en  se  proposant  de  revenir  avec  détail  sur  cette 
question  quand  il  aura  terminé  la  publication  de  toute  la  faune 
néocomienne,  croit  devoir  signaler  dès  maintenant,  à  propos  des 
Gastropodes,  les  grandes  affinités  de  cette  faune  avec  celle  du 
Jurassique  supérieur  coralligène  de  TYonne  et  sa  différence  pro- 
fonde avec  celle  des  étages  crétaciques  superposés  au  Néocomien. 

M.  Munier-Chalmas  présente,  de  la  part  de  M.  Louis  Bureau. 
un  important  travail  intitulé  :  Notice  sur  la  géologie  de  la  Loire- 
Inférieure^  formant  un  volume  de  522  pages  avec  plusieurs  plan- 
ches et  de  nombreuses  coupes,  figures  et  cartes  dans  le  texte.  Dans 
celte  monographie  très  documentée  notre  savant  confrère  expose 
ses  l'echerches  personnelles  sur  les  terrains  primaires  et  tertiaires 
de  la  Basse-Bretagne.  Il  serait  à  désirer  que  de  pareils  travaux 
fussent  faits  pour  toutes  nos  régions  françaises. 


I:i  SKANCE   DU   ai    JANVIER    19OI 

M.  Ph.  Glangeaud  fait  une  commanication  Sur  les  dômes  de 
Saint'Çyprien  (Dordogne),  Fumel  et  Sauçeterre  (Lot-et-Garonne), 

L'étude  de  ces  dômes  fournit  des  données  importantes  aux 
points  de  vue  géologique,  dynamique,  paléogéographique  et 
géophysique.  Elle  montre  qu'ils  étaient  déjà  esquissés  au  Crétacé 
inférieur,  de  même  que  ceux  de  Chapdeuil,  de  Mareuil  (Dordogne) 
et  de  Jonzac  (île  d'Oléron),  que  Tauteur  a  fait  connaître  récemment. 

Les  mouvements  du  sol  qui  eurent  lieu,  dès  le  Portlandien  infé- 
rieur, ne  chassèrent  pas  seulement  la  mer  Jurassique  vers  les 
Pyrénées,  mais  donnèrent  aussi  naissance  à  un  système  de  plis, 
de  direction  nord-ouest,  parallèles  aux  plis  herc^Tiiens  du  Massif 
Central  et  de  la  Bretagne.  En  certains  points  de  ces  plis,  s'édifièrent 
des  dômes  que  l'érosion  décapita  en  partie  durant  l'Infracrétacé. 

La  mer  cénomanienne  recouvrit  les  derniers  de  ces  dômes, 
tandis  que  le  dôme  de  Saint-Cyprien  formait  une  île  couverte  de 
végétation  au  milieu  de  la  mer  et  que  sur  ses  bords  s'étendaient 
des  lagunes  saumâtres  (lignites  avec  gypse).  Les  dômes  de  Fumel 
et  de  Sauvetcrre  étaient  rattachés  à  la  terre  ferme  et  le  Quercy 
était  émergé  en  grande  partie. 

La  discordance  des  dépôts  crétacés  et  du  Jurassique  atteint  par 
places  45^. 

Au  Turonien,  eut  lieu  une  importante  transgression  marine. 
Tous  les  dômes  signalés  plus  haut  furent  immergés,  jusqu'au 
Maêstrichtien. 

Les  refoulements  latéraux  qui  accompagnèrent  le  soulèvement 
des  Pyrénées,  à  l'Oligocène,  accentuèrent  le  système  de  plis  nord- 
ouest  et  les  dômes  furent  de  nouveau  érigés  en  collines  dont 
quelques-unes  atteignaient  600  mètres  de  haut,  c'est-à-dire  une 
altitude  supérieure  à  la  Bretagne  et  à  une  grande  partie  du 
Massif  central  actuels. 

L'érosion  postoligocène  les  a  de  nouveau  arasés,  car  ils  ne  dépas- 
sent pas  aujourd'hui  l'altitude  3oo.  Au  niveau  des  vallées  du  Lot 
et  de  la  Dordogne.  cette  éi'osion  dépasse  5oo  mètres.  En  dehors  des 
considérations  qui  précèdent,  ces  dômes,  dont  le  noyau  est  virgu- 
lien  et  portlandien  et  les  flancs  cénomaniens,  turoniens  et  séno- 
niens,  constituent  des  unités  géographiques  très  spéciales  au  milieu 
de  l'uniformité  de  la  région  crétacée  de  TAquitaine. 


\ 


GÉOLOGIE 

OB  LA 

RÉPUBLIQUE     SUD-AFRICAINE 

DU 

TRANSVAAL 
par  M.  G.-A.-F.  MOLENGRAAFF. 

(Planchbs  I-II). 

Au  cours  de  mes  excursions  dans  le  Transvaal  en  i8g8  et  en 
1899,  J*^^  recaeilli  de  nombreuses  observations  sur  la  géologie  de 
ce  pays  ;  on  trouvera  le  résumé  de  ces  observations  dans  le  présent 
travail.  Les  étude,  préliminaires,  indispensables  à  exécuter,  avant 
de  songer  au  lever  géologique  systématique  de  la  région,  furent  le 
motif  de  ces  tournées  géologicpies. 

Enfin,  en  1899.  ^^  Volksraad  de  la  République  Sud- Africaine 
décida  de  nonmier  le  personnel  nécessaire  au  fonctionnement  du 
Service  géologique;  on  sait  comment  la  malheureuse  guerre  qui 
attriste  l'Afrique  Australe  a  réduit  à  néant  la  réalisation  de  ce  projet. 

Les  recherches  géologiques  dans  le  Transvaal  sont  considérable- 
ment facilitées  par  la  sécheresse  et  la  douceur  d'un  climat  favorisé 
d'une  atmosphère  toujours  limpide  et  parla  rareté  de  la  végétation. 
La  simplicité  de  la  tectonique,  dans  ses  grands  traits,  vient  encore 
aider  le  géologue.  Néanmoins,  cpielques  diflicultés  contrebalancent 
ces  avantages  ;  c'est  ainsi  que  les  roches  en  place  sont  cachées  à  la 
vue,  sur  de  vastes  espaces,  par  des  dépôts  superficiels  très  récents  : 
sables  éoliens  ou  blown-sand,  tufs  calcaires,  etc.,  et  que  les  coupes, 
soit  naturelles,  soit  artificielles,  permettant  de  vérifier  la  succes- 
sion des  couches,  font  le  plus  souvent  défaut.  De  plus,  et  c'est 
peut-être  là  l'obstacle  le  plus  sérieux,  on  n'a  pas  encore  trouvé  de 
fossiles  déterminables  dans  les  formations  sédimentaires  du 
Transvaal,  exception  faite  cependant  pour  celle  dite  :  Karroo 
supérieur. 

On  comprendra  dès  lors,  pourquoi  la  carte  géologique,  qui 
accompagne  cette  communication,  doit  être  considérée  comme  une 


l4  G.-A.-F.    MOLENGRAAFP  <II  JanV. 

simple  esquisse  schématique^  destinée  à  donner  une  idée  générale 
de  la  position  et  de  Tétendue  des  diverses  formations  qui  consti- 
tuent le  sol  de  la  République. 

La  planimétrie  de  cette  carte  est  extraite  de  celle  de  F.  Jeppe 
(Map  of  the  Transi^aal,  Pretoria  i8gg)  *.  L'orographie  pour 
laquelle  il  n'existe  aucune  bonne  carte,  a  été  établie  à  l'aide  de 
divers  documents  ;  pour  quelques  districts,  entre  autres,  pour  celui 
de  Waterberg,  je  me  suis  inspiré  des  croquis  relevés  pendant  les 
recherches  préliminaires  du  Service  géologique.  I^  partie  géolo- 
gique est  basée  pour  la  plus  grande  part  sur  mes  travaux  personnels, 
cependant,  j'ai  utilisé  les  renseignements  de  MM.  D.  Draper  et 
D.  DoRFi''EL  pour  les  districts  de  Rustenburg  et  de  Marico  et,  en 
outre,  j'ai  profité  des  indications  données  par  les  différentes 
publications  citées  à  la  fin  de  cette  note,  par  exemple,  de  la  carte 
géologique  de  M.  Hatch  (22)  -,  pour  une  partie  du  Witwatersrand. 

En  taisant  abstraction  des  formations  jurassiques,  crétacées  et 
plus  récentes,  voisines  du  littoral,  les  divers  terrains  de  la  Répu- 
blique Sud- Africaine  peuvent  être  groupés  dans  les  trois  grandes 
divisions  suivantes,  énumérées  de  haut  en  bas  : 

111.  —  Système  du  Karroo  ; 

IL    —  Système  du  Gap  ; 

L     —  Système  primaire  Sud- Africain. 

Cette  classification  des  assises  géologiques  de  l'Afrique  Australe 
était  déjà  adoptée,  pour  la  Colonie  du  Cap,  par  M.  Bain  ^,  et  pour 
l'Afrique  Australe  entière  par  M.  Schenck  *.  J'ai  moi-même  adopté 
les  dénominations  de  ce  dernier  auteur. 


I.  La  carte  cadastrale  de  F.  Jeppe  complètement  terminée  et  même  impri- 
mée, n'a  jamais  été  mise  en  vente.  F.  Jeppe  l'avait  dressée  dans  le  service  du 
iMndmeter-Generaal  du  ïransvaal  ;  il  mourut  en  1898  avant  de  l'avoii*  termi- 
née. Son  (ils,  C.-F.-\V.  Jep^Mî,  a  continue  et  achevé  l'œuvre  de  son  père,  mais 
n'a  pu  profiter  de  son  travail  ;  il  fut  tué  sur  le  champ  de  bataille  de  Spioen- 
kop  le  a4  janvier  1900. 

'j.  Les  chiffres  en  caractères  gras,  placés  dans  les  notes  infrapaginales, 
après  les  noms  d'auteurs,  renvoient  aux  numéros  correspondants  de  la  liste 
bibliographique  qui  termine  cette  note 

Les  nombres  placés  entre  crochets,  dans  le  texte,  après  les  noms  de  pro- 
priétés, sont  ceux  qui  correspondent  à  ces  mêmes  propriétés,  sur  la  carte  de 
F.  Jeppb  ;  ils  sont  indispensables  pour  l'intelUgence  du  texte,  un  grand 
nombre  de  propriétés  d'un  même  district  portant  des  noms  identiques. 

3.  A.  Geddrs  Bain,  1,  p.  i"5. 

4.  A.  ScUE.\CK,  45. 


IgOI  GEOLOGIE  DE  LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  l5 


I.  —  SYSTÈME  PRIMAIRE  SUD-A*^RICAIN 


Le  Système  primaire  Sud- Africain  est  formé  par  des  terrains 
stratifiés  associés  à  de  nombreux  massifs  intrusifs  de  granité.  Les 
granités  de  ces  différents  massifs  ont  une  grande  ressemblance 
entre  eux  et  se  rapprochent  également  de  ceux  de  la  Colonie  du 
Cap.  J'ai  réuni  leurs  divers  types  sous  le  nom  de  granité  ancien^ 
pour  les  distinguer  de  certains  granités  qui  jouent  un  rôle  impor- 
tant dans  les  régions  du  centre  du  Transvaal  et  qui  sont  d*un  âge 
beaucoup  plus  récent. 

Granité  ancien.  —  Le  gpranite  ancien  est  généralement  un 
granité  à  biotite,  ou  un  granité  à  amphibole  et  biotite,  plus  rare- 
ment un  granité  à  deux  micas  et  quelquefois  un  granité  à  musco- 
vite.  L'élément  feldspathique  est  représenté  aussi  bien  par 
Torthose  que  par  les  plagioclases  et  le  microcline.  Les  granités  a 
microcline^  abondent  dans  les  massifs  situés  entre  Pretoria  et 
Johannesburg,  et  à  Fouest  de  Klerksdorp. 

Le  granité  ancien  et  les  schistes  adjacents  sont  trayei*sés  par  de 
nombreux  filons  de  pegmatite,  qui  offrent  en  plusiem^s  points  de 
très  beaux  échantillons  de  pegmatite  graphique  -.  Dans  le  Swazie- 
land,  près  d'Embabaan,  on  trouve  de  la  cassitérite  ^  dans  ces  filons 
de  pegmatite,  et  c'est  dans  ces  mêmes  filons  qu'ont  dû  prendre 
naissance  les  minéraux,  tels  que  :  la  monazite,  l'aeschynite,  le  coi*in- 
don  que  l'on  trouve  assez  fréquemment  associés  avec  le  minerai 
d'étain  dans  les  sables  et  les  graviers  des  torrents  de  ce  district. 

RocuES  stratifiées.  —  Les  terrains  stratifiés  peuvent  être 
divisés  en  deux  groupes. 


1.  Pour  la  description  pétrographique  de  cette  roche  voir  :  G.*  A.-P.  Molen- 
GRAAFF,  30,  p.  184. 

2.  A  signaler,  en  particulier,  les  très  belles  pegmatites  graphiques  que  l'on 
rencontre  près  de  la  gare  de  Krokodilpoort,  dans  le  district  de  Lijdenburg.  et 
sur  la  propriété  Windsor  [190],  dans  le  district  de  Bloemhof. 

3.  Dans  ces  filons,  les  cristaux  de  cassitérite  affectent  une  forme  rare  ;  ils 
sont  allongés  considérablement  dans  la  direction  de  Tarète  (m)  :  (lii).  ce 
qui  leur  donne  un  aspect  tout  à  fait  rnonoc Unique.  Voir  pour  leur  descrip- 
tion :  G.-A.-P.  MoLK2«OHAAFF,  32,  p.  143,  tig.  8. 


l6  a.-.V.-F.    MOLBNGRAAFF  21  Janv. 

L'an  de  ces  groupes  est  caractérisé  par  des  roches  élastiques. 
Il  comprend  des  phyllades,  des  quartzites,  des  conglomérats,  des 
grès,  des  schistes,  des  lydiennes,  des  argilites  et  très  rarement 
des  calcaires.  Par  contre,  l'autre  groupe  est  caractérisé  par  de 
vrais  schistes  cristallophylliens ,  comme  :  lamphibolite ,  les 
schistes  chloriteux,  les  schistes  à  séricite,  les  talcschistes ,  les 
micaschistes,  les  quartzites  schisteux,  etc.  Les  micaschistes  sont 
cependant  rares  dans  ce  dernier  groupe.  Quant  à  Tamphibole 
des  amphibolites,  elle  appartient  généralement  à  la  variété  acti- 
note;  il  conviendrait  donc  de  donner  à  ces  roches  le  nom  de 
schistes  actinotiques.  Plusieurs  auteurs,  en  se  basant  sur  les  carac- 
tères différentiels  de  ces  deux  groupes,  ont  voulu  considérer  deux 
formations  distinctes  dans  le  Système  primaire  Sud-Africain.  C'est 
ainsi  que  M.  Gibson  *  a  admis  :  un  groupe  inférieur  formé  de  gneiss, 
de  schistes  et  de  granités,  et  un  groupe  supérieur,  groupe  des 
schistes  et  quartzites  inférieurs  (lower  qudrtzite  andshale  group). 
Cohen  -au  contraire  considérait  le  Système  primaire  Sud-Africain 
comme  une  formation  unique  {Grundgebirge)  et  Schenck  ^  était 
de  la  luéiue  opinion  en  le  nommant  :  Sûd-Afrikanische-Primàr- 
formation.  Je  suis  en  parfait  accord  avec  ces  deux  derniers 
auleui's.  On  peut,  en  etfet,  constater  que  partout  les  vrais  schistes 
cristallophylliens  sont  limités  au  pourtour  des  massifs  de  granité. 

Tout  le  Système  primaire  Sud- Africain  représente  donc  une  série 
unique,  dont  les  roches  sont  fortement  modifiées  dans  leur  struc- 
ture par  le  métamorphisme  de  contact,  produit  par  Tintrusion  du 
granité.  Dans  la  zone  de  contact,  les  schistes  se  sont  différenciés  à 
r infini  en  donnant  de  nombreux  types  caractérisés  par  la  présence 
d'une  grande  variété  de  minéraux  de  contact,  comme  la  staurotide, 
Tandalousite,  l'ottrélite,  le  grenat,  le  corindon,  etc.  *. 

Cependant,  dans  les  régions  où  le  Système  primaire  Sud- Africain 
est  bien  développé  comme  dans  le  district  de  Barberton  et  dans  le 
Witw^atersrand,  il  est  préférable,  pour  des  raisons  d'ailleurs  pure- 


1.  W.  Gibson,  18,  p.  4^)o. 

a.  E.  CouBN,  dans  P.-H.  Daums.  9,  p.  90. 

3.  A.  ScuBNGK,  45,  p.  aa5. 

4.  Une  série  de  ces  roches  métamorphiques  réunie  par  M.  K.  Cohen,  près 
de  Marabastad.  dans  le  district  du  Zoutpansberg,  a  été  décrite  par  M.  J. 
GôTZ,  19,  p.  i63  et  suivantes. 

De  très  beaux  types  de  ces  roches  mctamorphiques  forment  les  roches 
auxquelles  j*ai  donné  le  nom  de  roches  porphypoidea  à  corindon  et  de  schistes 
d  corindon,  roches  que  l'on  trouve  dans  plusieurs  localités  autour  du  massif 
granitique  de  Vredefort.  Pour  leur  description,  voir  :  G. -A. -F.  MoLENr.R.vAFP, 
30,  p.  198. 


igOI  GÉOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SXtD-AFRICAIXE  I^ 

ment  pratiques,  de  distinguer  une  série  inféneure  voisine  du  gra- 
nité intrusif,  consistant  en  schistes  cristallophylliens,  et  une  série 
supérieure,  formée  par  des  roches  d'origine  élastique,  nommée  la 
série  de  Barberton  ou  la  série  de  Hospital-hill  *. 

Gîtes  aurifères.  —  Dans  les  environs  de  Barberton  on  trouve, 
dans  les  terrains  de  ce  Système  primaire,  les  mines  d'or,  dont 
l'exploitation,  à  l'époque  où  les  conglomérats  fameux  du  Witwa- 
tersrand  furent  découverts,  en  i885  et  1886,  atteignait  son  maximum 
de  développement.  Les  couches  de  Barbei*ton  sont  redressées 
presque  à  la  verticale  et  fortement  plissées  ;  l'or  s'y  trouve  large- 
ment répandu,  sans  aHectionner  un  niveau  particulier  ou  s'asso- 
cier à  une  roche  spéciale. 

C'est  ainsi  qu'on  trouve  les  veines  de  quartz  aurifère  tanUH 
dans  les  assises  de  la  série  de  Barberton,  ce  qui  est  le  cas  ordinaire 
dans  le  district  de  Barberton  ;  tantôt  dans  des  schistes  métamor- 
phiques et  cristallophylliens,  comme  dans  les  mines  de  Forbes- 
i*eef,  près  de  Steynsdorp,  à  la  limite  du  Swazieland,  dans  la  mine 
de  Three-sisters,  au  sud-est  de  Kaap-Muiden,  dans  la  mine  de 
Woodstock,  près  de  Jamestown:  plus  à  l'ouest,  sur  la  même 
rangée,  dans  la  mine  de  North  Sheba.  et  tantôt  même  dans  le 
granité,  tout  près  de  sa  surface  de  contact  avec  les  schistes  envi- 
ronnants, comme  dans  la  mine  de  la  Cataracte,  un  peu  au  sud  de 
la  mine  de  North  Sheba. 

I^  position  de  ces  gisements  aurifères  est  en  relation  intime  avec 
les  accidents  orogéniques.  En  elliet,  souvent  on  trouve  l'or  dans  des 
iilons-couches  de  quartz,  disposés  suivant  des  plans  de  glissement 
(district  de  Moodies),  d'autres  fois  le  quartz  aurifère  remplit  des 
fentes  et  des  cassures,  qui  suivent  généralement  avec  plus  ou  moins 
d'exactitude  la  direction  et  l'inclinaison  des  strates,  d'autres  fois 
encore  les  veines  de  quartz  aurifère  forment  des  réseaux  diverse- 
ment ramifiés.  Ce  dernier  mode  se  rencontre  dans  les  points  où  les 
dislocations  dues  aux  mouvements  orogéniques  ont  été  aussi  vio- 
lentes que  compliquées  (environs  de  la  crlèbre  mine  de  Sheba). 

I.  Les  couches  de  Hospital-hill.  au  nor<l  de  Johannesburg,  sont  exactement 
réquivalenl  des  couches  de  Barberton.  Cependant  beaucoup  de  géologues 
n'ont  pas  admis  cette  identité,  et  de  cette  divergence  de  vues  est  résultée  la 
plus  regrettable  confusion.  C'est  ainsi  que  M.  Hatch  (23,  p.  77)  sépare  ses 
HospUai-hill  séries  de  ses  Archœan  rocks  et  leur  donne  une  place  à  la  base 
de  son  Système  du  Cap. 

Pour  M.  SciiBNCK  la  série  de  Barberton  forme  une  partie  de  ses  Swasi- 
Schietiten  et  la  série  de  Hospital-hill  constitue  la  partie  inférieure  de  sa 
Kap-Formation. 

39  Juin  n.)»»i.  —  T.  I•^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  'j 


l8  G. -A .-F.    MOLENGRAAFF  31  JanV. 

Dans  tontes  ces  régions,  d'ailleurs,  les  strates  encaissantes  du 
quartz  aurifère  sont  plus  ou  inoins  imprégnées  d'or.  De  cette  dispo- 
sition des  veines  aurifères  il  résulte  que  dans  le  district  de  Bar- 
berton  on  peut  distinguer  quelques  zones  aurifères  d'une  faible 
largeui\  mais  d'une  longueur  très  grande.  Ces  zones  ont  la  mémo 
direction  que  Taxe  de  redressement  ou  de  plissement  des  collines, 
et,  par  suite,  cette  direction  et  rinclinaison  des  couches  correspon- 
dent grosso-modo  à  la  direction  et  à  Tinclinaison  des  assises  de  la 
formation  elle-même  *. 

Les  gisements  d'or  situés  :  sur  la  propriété  Klipval  [33]  (district 
de  Piet-Retief),  sur  la  propriété  Wonderfontein  [486]  (district  de 
Vrijheid),  dans  le  Murchison-range,  à  Marabastad,  à  Eersteling 
(district  du  Zoutpansberg),  aussi  bien  que  la  plupart  de  ceux  de 
la  Rhodesia  -  et  du  Manica  portugais  ^  sont  comparables  aux 
gîtes  aurifères  du  district  de  Barberton  *.  Dans  le  Hospital-hill, 
au  nord  de  Johannesbui^,  on  a  trouvé  des  gisements  de  quartz 
aurifère  analogues  à  ceux  de  Barberton,  mais  leur  teneur  en  or 
était  trop  faible  pour  qu'ils  aient  une  valeur  économique. 

L'analogie  du  développement  de  certaines  assises  du  Système 
primaire  dans  des  régions  du  Transvaal  très  éloignées  Tune  de 
l'autre  est  fort  remarquable.  Un  groupe  de  roches  très  caractéris- 
tiques, auquel  les  mineurs  du  Witwatersrand  ont  donné  le  nom 
local  de  Hospitalhill-slate,  sert  de  repère,  dans  tout  le  pays,  pour 
reconnaître  l'existence  de  la  série  de  Barberton.  Ce  sont  des  roches 
schisteuses  et  quartzeuses  fortement  chargées  de  magnétite,  dont 
le  type  le  plus  saillant  est  une  roche  rubannée,  composée  de  minces 
assises  alternantes,  de  quartz  blanc,  de  jaspe  rouge  et  de  magné- 
tite noire.  Cette  roche,  trouvée  en  iSjS  par  M.  Cohen  ^,  a  été 
décrite  par  M.  Gôtz  *^,  qui  lui  a  donné  le  nom  de  Magnetit-Quarzit- 
Schiefer,  Elle  était  alors  désignée  par  les  mineurs  des  champs  d'or 
de  Marabastad  sous  le  nom  de  caUco-rock, 

Tectonique  et  situation  stratigraphique.  —  Les  couches 
du  terrain  primaire  sont  presque   partout  fortement  redressées, 

I.  Pour  des  détails  sur  le  champ  aurifère  de  Barberton,  Voir  :  A.  Bordeaux, 
2,  p.  374  c^  suivantes. 
9.  A.-R.  Sawybr.  The  goldfields  of  Mashonaland,  43. 

3.  A.-R.  Sawybr.  The  Poriuguene  Manica  goldfield,  Trana,  of  the  Fed 
Instit,  of  Mining  Bngineers,  June  igoo.  London,  1901.  44. 

4.  A.  Bordeaux,  2,  p.  394. 

5.  E.  CoHBN,  4,  p.  5ii. 

6.  J.  GAtz.  19,  p.  164. 


igOI  GEOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAtXE  I9 

plissées  et  disloquées  et,  par  suite,  les  roches  qui  les  compo- 
sent sont  énergiquement  métamorphisées  par  pression.  Ces 
mouvements  de  refoulement  ont  été  la  résultante  de  Faction  de 
forces  orogéniques  qui  s'exerçaient  en  général  du  sud  au  nord.  Il 
en  résulte  que  la  direction  des  strates  dans  les  bandes  de  schistes 
qui  apparaissent  fréquemment  au  milieu  du  granité  ancien,  aussi 
bien  que  la  direction  de  ces  bandes  elles-mêmes,  est  très  souvent 
orientée  sensiblement  de  l'ouest  à  Test.  Cependant  cette  règle 
souffre  beaucoup  d'exceptions  :  dans  le  district  de  Vrijheid,  par 
exemple,  et  dans  le  district  de  Piet-Retief  la  direction  des  assises 
du  Système  primaire,  comme  celle  des  crêtes  des  montagnes  de  la 
région,  est  tantôt  N.O.-S.E.,  tantôt  N.-S.  Quand  un  massif  de  gra- 
nité est  entièrement  entouré  de  schistes,  on  constate  que  la  direc- 
tion des  strates  environnantes  est  en  général  parfaitement  tangen- 
tielle  à  la  périphérie  du  massif.  Si  Ton  suit  de  Test  à  l'ouest  la 
zone  de  terrain  primaire  entre  le  fleuve  du  Krokodil  et  le  fleuve  de 
Komati,  on  voit  la  direction  des  strates,  d'abord  est-ouest,  se 
courber  au  sud,  près  de  Sheba-hill  et,  tout  en  entourant  le  massif 
de  granité  de  Barberton,  redevenir  E.-O.  sur  les  flancs  nord  et 
sud  du  massif,  dans  les  collines  du  Noord-Kaap  et  dans  celles  de 
Moodies  ;  enfin  les  schistes  disparaissent  avec  le  granité  sous  les 
grès  de  Kantoor,  qui  appartiennent  à  la  ibrination  du  Cap,  super- 
posée en  discordance  aux  assises  du  Système  primaire. 

Ijc  panorama  dont  on  jouit  du  sommet  de  rescarpement  de 
Duivels-Kantoor,  à  1800  mètres  d'altitude,  est  l'un  des  plus  beaux 
paysages  géologiques  que  Ton  puisse  i*ôver.  Aux  premiers  plans,  à 
400  mètres  en  contre-bas,  ou  voit  le  terrain  granitique  de  Barberton 
qui,  de  cette  hauteur,  paraît  être  une  plaine,  accidentée  en  réalité 
par  de  nombreuses  collines  aux  formes  aiguës,  formées  par  Taflleu- 
rement  de  dykes  de  diabases  traversant  le  granité.  Ce  terrain 
granitique  est,  du  reste,  très  diflicile  à  parcourir  ;  il  est  sillonné  par 
de  nombreux  et  profonds  ravinements,  auxquels  on  donne  le  nom 
local  de  dongas  *  qui,  vus  du  point  élevé  où  Tobservateur  est  placé, 
ont  Taspect  de  troncs  d'arbres  ramifiés  à  Tinfini.  Tout  autour  de  ce 
terrain  granitique,  on  aperçoit,  disposées  en  demi  cercle,  les 
collines  aux  flancs  abrupts  et  aux  arêtes  tranchantes  de  la  série  de 
Barberton  -.  On  voit  le  granité  et  les  schistes  environnants,  le 
long  d'une  ligne  nord-sud,  disparaître  sous  les  terrains  du  Système 

I.  Mot  emprunté  à  la  langue  Zoaloa, 

'i.  Ces  collines  se  succédant  les  xines  les  autres  avec  une  multitude  et  une 
diversité  de  formes  extraordinaires,  donnent  au  paysage  un  caractère 
alpestre. 


'20 


G.-A.-F.   MOLENGRAAFF  21  Janv. 


du  Cap,  qui  leur  est  superposé  sous  une  inclinaison  d'environ  j»*  à 
Touest  ;  l'observateur  qui  regarde  vers  Touest  a  donc  devant  lui 
un  panorama  absolument  différent  de  celui  de  Test  ;  à  Touest,  les 
montagnes  prennent  des  formes  tabulaires,  formes  qu'une  érosion 
longtemps  prolongée  engendre  dans  les  couches  sédimentaires  peu 
inclinées. 

Le  même  phénomène  se  présente  plus  net  et  peutrétre  encore 
plus  séduisant  pour  l'œil  tout  autour  du  massif  granitique  de  Vre- 
defort  (État  libre  d'Orange).  Ce  massif,  en  forme  de  vaste  dôme  à 
courbure  peu  accentuée,  est  entouré  en  demi-cercle  par  cinq  ran- 
gées de  collines  dans  lesquelles  la  direction  des  strates  change 
dans  le  même  sens  en  restant  toujours  sensiblement  parallèle  à  la 
périphérie  du  massif  de  granité.  Les  deux  rangées  les  plus  rappro- 
chées du  granité  appartiennent  à  la  série  de  Barberton,  puis  vien- 
nent deux  rangées  a{)partenant  à  la  série  du  \Vit\vatersrand  ',  et 
enfin  une  rangée  de  collines  plus  hautes  formées  par  des  diabases 
amygdaloïdes  et  des  i)orphyrit(^s  diabasiques.  Placé  au  centre  du 
massif  granitique,  on  se  croirait  dans  l'arène  d'un  vaste  amphi- 
théâtre entouré  d'un  hémicycle  de  cinq  gradins  natui*els  gigan- 
tesques. 

I^  disposition  des  terrains  primaires  autour  du  massif  graniti- 
que, entre  Johannesburg  et  Pretoria,  quoique  en  principe  analogue, 
est  rendue  très  obscure  par  la  complication  des  phénomènes  oi'ogé- 
niques  et  la  superposition  des  strates  de  la  formation  du  Cap. 

Les  mouvements  de  redressement  et  de  plissement  semblent 
avoir  été,  en  quelques  localités,  contemporains  des  intrusions  de 
granité  ancien  ;  néanmoins,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  ils 
semblent  leur  être  postérieurs,  comme  on  peut  le  déduire  de  la 
structm'e  nettement  gneissique  et  cataclasique,  qui  est  assez  fré- 
quente sur  les  bords  des  massifs  granitiques.  Le  granité  et  les 
schistes  environnants,  tous  deux  altéréîf  par  ces  actions  dynami- 
ques, se  confondent  souvent  et  toute  trace  d'une  ligne  de  démar- 
cation disparaît. 

Dans  le  Witwatersrand  il  n'y  a  pas  eu,  en  général,  plissement  des 
couches  de  la  série  de  Hospitiil-hill  et  dans  la  plus  grande  partie 
du  Rand,  par  exemple  au  nord  du  marketsquare  di}  Johannesburç, 
les  couches  de  Hospilal-hill  sont  représentées  j)ar  une  seule  série 

I.  Les  exploitations  de  conglomérats  aurifères  dans  ces  assises  sont 
connues  sous  le  nom  de  Champs  d^or  du  Vaal.  Elles  n'ont  pas  jusqu'à  pré- 
sent répondu  û  l'attente  des  exploitants,  cependant  leur  avenir  ne  me  semble 
pas  décourageant. 


igOI  GEOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE  SUD-AFRICAINE  121 

d* assises  consécutives,  qui  n*est  pas  doublée  par  des  phénomènes 
de  plissement. 

En  allant  de  haut  en  bas,  on  peut  distinguer  les  groupes  d'assises 
ci-dessous.  Les  couches  pouvant  servir  de  repères  par  leurs  carac- 
tères propres  plus  persistants  sont  indiquées  par  une  astérique  (*) 
(voir  fig.  I  et  fig.  a). 


Fi^.  I.  —  Coupe  des  couches  de  la  série  de  Hospital-  hiU^  dans  le  Witwa- 
tersrand  central,  à  Johannesburg,  montrant  les  principales  couches  de 
repère.  —  Echelle  1/40.000*. 

m)  Série  du  Main-ree/. 

*0  Red^bar^  grès  rougeàtre  ;  couche  de  repère  très  constante  près  de  la 
série  du  Main-reef.  Epaisseur,  i  à  a  mètres. 

k)  Grès  à  séricite  et  grès  grossier  avec  quelques  couches  minces  d*argilite 
et  de  conglomérat.  Epaisseur  moyenne  700  mètres. 

V)  Quartzite  vert.  Ce  quartzite  est  caractérisé  par  une  couleur  verdâtre 
sartoutsurla  surface  exposée  à  Taction  de  l'atmosphère.  Epaisseur, 96 mètres. 

0  Grès  jaunâtre  formant  un  banc  mince.  Epaisseur,  3o  mètres. 

k)  Argilite  rouge.  Epaisseur,  60  mètres. 

*g)  Hoapital'hHlslaie  typique  ;  cette  roche  est  souvent  plissée  d'une  façon 
extrêmement  curieuse.  Epaisseur,  i3o  mètres. 

*/)  Quartzite  blanc  tacheté.  Les  taches  rouges  ou  brunâtres  sont  causées 
par  la  précipitation  d'un  hydroxyde  de  fer  dans  de  petits  vides  laissés  par 
des  fragments  de  feldspaths  kaolinisés  et  enlevés  partiellement.  Epaisseur, 
1  à  3  mètres. 

é)  Argilite  ferrugineuse  rouge  ou  brunâtre,  red-shalè,  offrant  un  clivage 
assez  net  parallèle  ou  un  peu  oblique  au  plan  de  stratification.  Cette  argilite 
est  rendue  un  peu  luisante  par  la  présence  de  très  petits  feuillets  de  mica 
moscovite    Epaisseur,  aaS  mètres. 

*d)  Quartzites  â  ripple-marks  :  ce  sont  des  quartzites  blancs  ou  rougeâtres. 
Dans  la  partie  centrale  du  Witwatersrand  cette  bande  de  quartzites  est  très 
facilement  reconnaissable,  en  ce  qu'elle  forme  un  petit  escarpement  unila- 
téral, au  pied  duquel  s'étend  souvent  un  terrain  marécageux.  Epaisseur 
moyenne  ao  mètres. 

c)  Complexe  d'argilites  rouges  foncées  ferrugineuses,  connu  sous  le 
nom  de  black-shaUa^  parce  que  leur  couleur  devient  rapidement  noire  lors- 
qu'elles sont  exposées  à  l'action  de  l'air.  Epaisseur  33o  mètres. 

•6)  Quartzite  du  Rand-proper,  Cette  roche  a  subi  un  dynamométamorphisme 
intense.  Ce  massif  quartzitique  se  sépare  généralement  en  deux  bancs  de 
quartzite  blanc  très  épais,  entre  lesquels  est  intercalée  une  argilite  à  séricite 
satinée  bt  qui  est  souvent  un  peu  quartzeuse  et  très  nettement  ondulée. 
Cette  argilite  renferme  dans  quelques  localités  des  veinules  irrégulières  de 
quartz  à  pyrite,  qui  ont  quelquefois  attiré  l'attention  des  prospecteurs. 
Epaisseur  moyenne,  160  mètres. 


212 


G.-A.-F.    MOLENGRAAFF  31  JanV. 


a)  Schistes  du  versant  nord  du  Rand-proper  ;  ce  sont  des  schistes  à  séri- 
cite  ou  des  schistes  à  actinote. 

Ces  schistes  font  souvent  défaut  et  dans  ce  cas  le  quartzite  du  Rand  proper 
repose  directement  sur  le  granité. 

a.  Granité  ancien. 

Malgré  la  simplicité  stratigraphique  relative  de  la  série  de 
Hospital-hill  la  pression  orogénique  exercée  du  sud  au  nord  a  été 
très  énergique  conti'e  le  massif  de  granité  qui  a  joué  ici  le  rôle  de* 
butoir.  Il  en  est  résulté  de  nombreuses  dislocations,  des  failles. 


Pig.  a.  —  Coupe  des  couches  de  la  série  de  Hospital-Htll, 
dans  le  Witwatersrand  occidental.  —  Echelle  1/40.000. 

m)  Série  du  Main  Reef  ; 
•0  Red  Bar  ; 

k)  Grès  à    séricite,    schistes    et   minces   assises  de  conglomérat  aurifère 
(Banketa); 
•7)  Quartzite  verdàtre  ; 

j\)  Schistes  et  grès  intercalés  entre  les  bancs  de  quartzite  verdôtrc  : 

f)  Schistes  et  diabases  : 

h)  Argilite  rouge  ; 

fc,)  Argilite  rouge  très  ferrugineuse  : 
•g)  Couches  de  HospitalHiU  ; 
•/")  Quartzite  blanc  tacheté  ; 

é)  Argilite  rouge  luisante  ou  red-nhale  ; 
•d)  Quartzite  à  ripple-marks  ; 

c)  Argilite  rouge  foncée  ou  blackshale  ; 
•ft)  Quartzite  d)rnamométamorphisé  ; 

h^)  Argilite  à  séricite  satinée  et  froissée  {criimpled)  : 

a)  Schistes  à  séricite  et  à  actinote  ; 

a.  Granité  ancien . 

des  glissements  et  souvent  même  une  structure  en  écailles.  C'est 
ainsi  que  la  grande  majorité  des  failles,  qu'on  a  rencontrées  au 
cours  de  l'exploitation  des  mines  d'or  du  Witwatersrand,  ont  le 
caractère  des  failles  inverses  de  rejet  (thrust-faults).  Les  accidents 
qui  ont  produit  la  structure  anonnale,  qui  n'est  d'ailleurs  pas 
encore  entièrement  expliquée,  de  la  série  de  Hospital-hill  à  Test 
de  Johannesburg  sont,  en  principe,  des  phénomènes  de  glisse- 
ment le   long    de    plans  *    qui  traversaient  sous   un  angle  très 

I.  C*est  certainement  une  bien  grande  erreur  d'expliquer,  comme  M.  Gibson 
Ta  fait,  celte  répétition  locale  des  couches  du  Witwatersrand  par  des  plis 


N 


igoi  GsoLoaiB  de  la  république  sud-africaine  ù3 

obtus  les  plans  de  stratification  des  couches.  Le  résultat  a  été  un 
dédoublement  local,  ou  plutôt  une  répétition  locale  d'une  partie 
des  couches  de  Hospital-hill.  A  Jeppe*s-hill,  et  de  là  jusqu*à 
Rietfontein,  ce  phénomène  s'est  trouvé  compliqué,  à  Fexcès,  par 
le  plissement  d*une  nappe  appartenant  à  des  couches  tout  à  fait 
supérieures  de  la  série  aurifère,  couches  que  Ton  trouve  main- 
tenant, dans  un  lambeau  limité  par  deux  grandes  failles,  séparées 
du  grand  ensemble  de  la  série  aurifère  du  Witwatei*srand  par 
plusieurs  assises  appartenant  à  la  série  de  Hospital-hill. 

Plus  à  Touest,  dans  la  partie  dite  normale  du  Witwatersrand, 
on  trouve  les  mêmes  glissements,  mais  les  plans  de  glissement 
étant  en  concordance  parfaite  avec  les  plans  de  stratification,  ces 
accidents  n*ont  pas  changé  la  succession  normale  des  strates. 
Seulement  on  trouve  la  preuve  des  mouvements  occasionnés  par 
les  énormes  pressions  subies,  dans  les  miroirs  fréquents  et  dans  le 
plissement  intime  des  diverses  assises  elles-mêmes. 

Conglomérats  aurifères  du  Witwatersrand.  —  Une  série  de 
terrains  *,  appartenant  à  la  partie  supérieure  du  Système  primaire, 
a  acquis  une  célébrité  et  une  importance  extraordinaires,  parce 
qu'elle  comprend  les  fameux  bankets,  elle  est  constituée  par  les  con- 
glomérats aunfères  du  Witwatersrand.  Cette  série  est  composée  de 
grès,  d'argilites  et  de  conglomérats.  Les  grès  sont  ou  tendres  et  alors 
généralement  rougeàtres,  comme  le  red-bar^  ou  plus  durs  et  passant 
aux  quartzites.  Les  argilites  sont  plus  ou  moins  ferrugineuses 
et  généralement  ollrent  diverses  formes  de  passage,  du  type  fran- 
chement schisteux  aux  grès.  Toutes  les  roches  de  cette  série,  les 
conglomérats  aussi  bien  que  les  grès  et  les  argilites,  sont  caracté- 
risées par  une  teneur  en  séricite  telle,  qu'elles  ont  une  apparence 
plus  ou  moins  schisteuse.  Cette  série  du  Witwatersrand  possède  une 
grande  épaisseur,  évaluée  par  M.  de  Launay  -  à  environ  7600  mètres. 

renversés  et  couchés.  Dans  aucune  partie  du  Witwatersrand  je  n'ai  trouvé 
des  .successions  inverses  de  strates  comme  celles  que  cet  auteur  a  ligurées 
dans  ses  coupes  (par  exemple  fig.  6)  et  cette  erreur  provient  de  ce  qu'il  a 
confondu  les  quartzites  verts  (tijç.  1,  j)  avec  les  quartzites  du  Rand-proper 
(ti^.  I.  b)  et  la  II  capital- hiU-alaie  typique  (iig.  1,  f>r)  avec  les  argilites  ferru^çi- 
nenses  (lig.  1,  c).  Dans  la  plus  grande  partie  du  Uand  la  succession  des  strates 
est  normale  et  on  n'y  trouve  ni  répétition,  ni  succession  inverse  des  couches, 
comme  M.  (xib.son  Ta  indiqué  dans  sa  coupe  schématique,  18.  pi.  X,  lig.  i. 

I.  Je  crois  inutile  de  donner  une  description  détaillée  du  terrain  aurifère 
du  Witwatersrand,  car  il  existe,  sur  ce  sujet,  de  nombreux  mémoires  bien 
connus.  Je  me  bornerai  à  renvoyer  le  lecteur  aux  ouvrages  de  MM.  de  Lau.vay, 
Uatch  et  Chalmers,  et  Trusgott, 

a.  de  Launay,  27. 


24  G. -A. -F.    MOLENGRAAFF  QI  Janv. 

On  trouve  Tor  répandu  surtout  dans  les  conglomérats  et  beaucoup 
moins  dans  les  quartzites.  Les  galets  des  conglomérats  semblent 
être  dépourvus  d'or  et  au  point  de  vue  pratique  on  j>eut  dire  que 
l'or  est  restreint  au  ciment  pyriteux  du  conglomérat  ou  banket. 

De  haut  en  bas  on  peut  distinguer  dans  la  partie  centrale  du 
Witwatersrand  quatre  bandes  de  conglomérats  aurifères  : 

4.  La  série  à'EUburg  ; 

3.  La  série  du  Kimberlejr-reef  ; 

a.  La  série  du  Bird-reef  ; 

I.  La  série  du  Main-reef. 

La  série  du  Main-reef  est  la  seule  qui  ait  une  grande  importance 
économique  ;  toutes  les  mines  d'or  du  Witwatersrand  se  trouvent 
dans  cette  série  K  Ces  diflerentes  séries  ont  des  caractères  assez  bien 
définis  et  possèdent  des  couches  assez  caractéristiques  pour  servir 
de  repères  utiles  dans  les  forages  profonds  qu'on  a  fait  au  sud  de 
la  ligne  d'affleurement  du  Main-reef,  dans  le  but  de  se  convaincre 
de  la  persistance  de  cette  série  de  bankets  riches  pour  l'exploita- 
tion des  deep-levels.  Cependant  à  Test  et  à  l'ouest,  principalement 
au-delà  des  grandes  failles  de  Boksburg,  à  l'est,  et  de  Witpoortje,  à 
l'ouest,  la  succession  des  strates  aurifères,  qui  est  typique  pour  la 
partie  centrale  près  de  Johannesburg,  se  modifie  graduellement. 
La  série  d'Elsburg  est  très  différente  des  autres  ;  au  lieu  d'être 
formée  par  un  nombre  restreint  de  bancs  de  conglomérats  à 
petits  galets  de  quartz  bien  définis,  elle  consiste  en  un  grand 
nombre  de  lits  de  conglomérats  se  confondant  plus  ou  moins  les 
uns  avec  les  autres.  Les  galets  y  sont  beaucoup  plus  volumineux  - 
que  dans  les  autres  reejs  et  une  forte  proportion  de  la  roche, 
considérée  dans  sa  totalité,  n'est  pas  du  quartz,  mais  est  dérivée 
de  roches  diverses,  surtout  de  quartzites. 

Au  AVitwatcrsrand  on  a  généralement,  et  avec  juste  raison,  pris 
comme  i)oint  de  départ,  dans  les  iH»chei*ches  des  affleurements  du 
Main-reef,  les  couches  de  la  Hos])ital-hill-slate,  parce  qu'elles  ne 
sont  presque  jamais  cachées  à  la  vue  et  sont  très  faciles  à  carac- 
tériser. Cependant  on  a  souvent  commis  des  erivurs,  en  ne  tenant 

I.  11  s'en  suit  que  je  regarde  le  Botha's-reefel  le  Batiery-reet,  à  Touesl  de  la 
faille  de  Witpoortje,  le  Kleinfonteirirreef  et  le  Van  l^jr^'s-ree/^  à  l'est  de  la 
faille  de  Bocksburg,  comme  les  équivalents  de  la  série  du  Main-reef  dans  la 
partie  centrale  du  Rand . 

a.  Dans  les  autres  ree/s^  par  exemple  dans  le  Main-reef,  les  galets  volu- 
mineux ne  font  pas  entièrement  défaut,  mais  ils  y  sont  rares.  Cest  ainsi 
que  j*ai  reçu,  grâce  à  Tobligeancc  de  M.  Walkek,  inspecteur  des  mines, 
quelques  galets  de  a5  centimètres  de  diamètre,  provenant  de  la  mine  de 
Langiaagte  dans  le  Main-reef. 


\ 


igOI  GÉOLOGIE   DE  LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  q5 

pas  suffisamment  compte  de  ce  fait,  que  la  distance  horizontale 
entre  les  deux  lignes  d'affleurement  de  la  Hospital-hill-slate  et 
du  Main-reef  doit  varier  en  même  temps  que  rinclinaison  des 
strates  intercalées  et  aussi  suivant  que  l'épaisseur  de  ces  strates 
augmente  ou  diminue.  En  comparant  *  les  figures  i  et  a,  on  voit 
de  suite  que,  dans  le  Rând  occidentiil,  la  distance  entre  ces  deux 
lignes  d'affleurement  doit  étn^  beaucoup  plus  grande  que  dans  le 
Rand  central,  car  les  couches  du  quartzite  vert  ont  un  dévelop- 
pement plus  considérable  dans  les  environs  de  Krugcrsdorp  que 
dans  le  voisinage  de  Johannesburg. 

La  série  du  Witwatersrand  affleure  aussi  avec  des  caractères 
très  analogues  à  celles  qu'elle  présente  au  Witwatersrand  : 

lo  Dans  les  environs  de  Heidelberg  où  elle  a  une  direction 
E.-O.  ou  N.  E.-S.  O.  et  une  inclinaison  au  N.  ou  au  N.-O.  ;  ce 
sont  les  mines  de  Heidelberg  ; 

oP  Tout  autour  du  massif  de  granité  de  Vredefort,  en  formant 
un  demi-cercle  ;  les  couches  sont  redressées  verticalement  ou  même 
renversées j  avec  inclinaison  vers  le  granité  ,  ce  sont  les  mines  d'or 
du  Vaal  (PL  II,  coupe  i)  ; 

3"  Dans  les  environs  de  Klerksdorp  et  de  Rietkuil  ;  ce  sont  les 
mines  d'or  de  Klerksdorp.  Ici  la  direction  des  strates  est  en 
moyenne  N.-S.  avec  des  inclinaisons  variables. 

Dans  toutes  ces  localités  on  a  trouvé  des  conglomérats  aurifères, 
dont  les  meilleurs  et  les  plus  riches  sont  regardés,  avec  plus  ou 
moins  de  justesse,  comme  les  équivalents  de  la  série  du  Main-reef 
dans  le  Witwatersrand. 

Si  Ton  examine  sur  la  carte  la  direction  et  l'inclinaison  des  strates 
de  cette  série  dans  les  diverses  contrées  que  nous  venons  d'indi- 
quer, et  si  Ton  tient  compte  de  ce  fait  que  l'inclinaison  des  assises 
diminue  en  général  à  une  certaine  distance  de  la  ligne  d'affleure- 
ment et  atteint  finalement  à  peu  près  ])our  la  série  du  Witwaters- 
rand, considérée  dans  son  ensemble,  une  valeur  moyenne  de  25  a 
3o  degrés,  constatée  au  sud  à  des  profondeurs  de  plus  de  5oo  mètres, 
on  voit  avec  évidence  que  la  série  du  Witwatersrand,  dans  le  sud 
du  Transvaal,  forme  ujie  cuvette  courbée  *  ;  c'est  \h  le  bassin  du 
Witwatersrand .  On  a  pu  suivre  les  limites  de  cette  cuvette  au-delà 
des  lignes  d'affleurement,  grâce  à  des  sondages,  forés  dans  les 
terrains  qui  lui  sont  superposés.  C'est  ainsi  qu*on  a  pu  constater 
son  existence  sous  la  série  de  la  dolomie  et  sous  celle  du  Black- 
reef,  appartenant  toutes  les  deux  au  Système   du  Cap  ;   on  Ta 

I.   G.-A.F.   MOLENGRAAPP,   30,  p.    I77. 


26  G.-A.-F.    MOLENGRAAFF  ai  JanV. 

retrouvée  également  sous  les  couches  du  Système  du  Karroo,  et 
même  sous  les  Systèmes  du  Cap  et  du  Karroo  superposés,  comme 
à  Test  de  Boksburg  (district  de  Heidelberg). 

La  stratigraphie  des  terrains  aurifères  du  Witw^atersrand  étant 
assez  compliquée  et  encore  peu  connue,  il  n*est  pas  étonnant  de 
voir  quelques  auteurs  faire  de  cette  série  une  formation  distincte, 
en  discordance  sur  la  série  de  llospital-hill.  Mes  recherches 
n*ont  pas  confirmé  cette  opinion.  Les  couches  aurifères  du 
Witwatersrand  paraissent  être  partout  en  concordance  avec  celles 
de  la  série  de  Hospital-hill  et,  du  reste,  les  études  faites  dans 
diverses  régions  du  Transvaal  ont  démontré  que  les  couches 
aurifères  de  la  région  de  Johannesburg  devaient  être  regardées 
comme  intimement  liées  aux  autres  divisions  du  Système  primaire 
Sud  Africain,  dont  elles  formaient,    localement  en   ce  point,  la 

Magajui  fif  Difnamae  SHne  d'or  de  âamjf  Daùon 

m    ù      <i 


Fig.  3.  —  Coupe  passant  par  la  mine  (l*or  de  Denny-Dalton  (district  de 
Vrijiieid).  montrant  des  conglomérats  aurifères  {Banket»)  iientiques  à 
ceux  du  Witwatersrand,  intercalés  entre  les  couches  de  la  série  «le  Bar- 
berton  (série  de  llospital-liill).  —  Echelle  i/i5.ooo«. 

la.  Conglomérat  de  Dwyka  ;  f,  Schistes  ferrugineux,  é]>aisseur  3"i  ;  m,  Schistes 
et  schistes  ardoisiers  ù  muscovite,  ép.  18,8  ;  d,  Diabase,  ép.  9,4  ;  A,  Argi- 
lites,  ép.  (>ï2,8:  q'-',  Quartzites,  ép.  0,3;  q",  Couches  de  llospital-hill  et  jaspes, 
ép.  i5,7  ;  s.  Schistes  satinés,  ép.  i2,5o  ;  q',  Quartzites,  ép.  18,10  ;  B, 
Banket  et  quartzite,  ép.  3i,4  ;  q»  Scdiistes  et  quartzites. 

partie  supérieure.  Kn  outre,  j'ai  trouvé  dans  le  district  de  Vrijheid  *, 
sur  les  propriétés  Hondspring  [i3j],  Dipka  [Spo]  et  Mahlone  [624] 
et  sur  la  propriété  de  la  Compagnie  de  Denny-Dalton,  de  véritables 
bankeis  ou  conglouiérats  aurileres  et  d'autres  dépôts  qu'on  ne  pour- 
rait distinguer  de  ceux  de  la  série  du  Witwatersrand  (voir  lig.  3)  ; 
ces  bankets  et  ces  dépôts  étaient  intercalés  eu  concordance  entre 
des  couches  appartenant  à  la  série  de  Barberton  et  avaient  absolu- 
ment l'aspect  des  roches  de  la  série  de  Hospital-iiill ,  près  de 
Johannesburg.  (Cependant  il  faut  reconnaître  que  l'on  a  rencontré 
dans  les  congh>mérats,  dits  d'Elsburg,  à  la  partie  supérieure  de  la 
série  du  Witwatersrand,  des  galets  d'une  roche  que  l'on  retrcmve 
dans  la  série  de  Hospital-hill,  ce  qui  tendrait  à  prouver  que  ces  der- 

I.  G. -A.  F.   MOLBNORAAFF,  34,  p.  37. 


I9OI  GEOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SUI>-AFRIGAII«Œ  fà'J 

niers  conglomérats  avaient  déjà  été  exposés  aux  agents  de  Térosion 
et  de  la  dénadation  qaand  se  déposèrent  les  couches  d'Elsburg. 

Il  est  donc  évident  que  la  totalité  des  assises,  de  la  base  de  la 
série  de  Hospital-hill  aux  schistes  d*Elsburg,  quoique  disposée  en 
concordance  apparente,  ne  peut  représenter  une  série  absolument 
ininterrompae.  Il  doit  exister,  tout  au  moins  localement,  une 
discordance  entre  la  série  du  Witwatersrand  entière  ou  seulement 
sa  partie  supérieure  et  celle  de  Hospital-liill. 

Roches  amygdaloides  du  Witwatersrand.  —  La  série  du 
Witwatersrand,  que  nous  regarderons  donc  comme  produite  par 
un  fort  développement  local  de  la  partie  supérieure  du  Système 
primaire  Sud-Africain  dans  le  Sud  et  le  Sud-Ouest  du  Transvaal, 
est  recouverte  par  des  masses  énormes  de  roches  diabasiques 
d*épanchement.  Elles  couvrent  une  très  grande  étendue,  car  on  les 
trouve  reposant  sur  la  série  des  grès  et  des  conglomérats  aurîieres, 
dans  le  Klipriviersberg  au  sud  de  Johannesburg,  dans  les  environs 
de  Heidelbei^,  dans  la  zone  aurifère  autour  du  massif  de  granité 
de  Vredefort  et  dans  les  environs  de  Klerksdorp.  Dans  le  Klipri- 
viersberg, où  répaisseur  de  cette  série  éruptive  dépasse  800  mètres, 
on  constate  qu'elle  est  formée  par  des  diabases  amygdaloïdes,  qui 
reposent  sur  les  couches  d'Klsburg:  au-dessus  viennent  des  porphy- 
rites  diabasiques  auxquelles  sont  superposées,  de  nouveau,  des  dia- 
bases amygdaloïdes.  Cette  même  succession  se  retrouve  dans  la 
série  éruptive  qui  entoure  le  massif  de  Vredefort.  Dans  le  sud- 
ouest  du  Transvaal,  où  les  couches  du  Système  primaire  Sud-Afri- 
cain sont  presque  horizontales,  ces  diabases  amygdaloïdes  occu- 
pent une  très  grande  étendue  *.  On  y  trouve  des  porphyrites 
qnartzifères  intercalées  entre  les  roches  amygdaloïdes  diabasiques 
et  mélaphyriques,  ce  qui  pi'ouve  que  la  région  a  été  soumise 
alternativement  à  des  éruptions  de  roches  basiques  et  îi  des 
éruptions  de  roches  plus  acides.  Ces  porphyrites  quartziféres  -  sont 
de  très  belles  roches,  qui  avaient  déjà  attire  Tattention  des  pre- 
miers explorateurs  comme  MM.  lïûbner  •*  et  Cohen.  Elles  offrent 
une  gninde  résistance  aux  agents  de  dénudatiou  et  Ibrnient  par  con- 
séquent lies  terrains  jdus  élevés,  des  groupes  de  collines  où  elles 
allleurent,  comme  dans  les  Makwassiebergen  (district  de»  W'olnia- 

1.  M.  E.  Cohen,  en  1873,  avait  déjà  fait  observer  avec  raison  que  ces  diabases 
amygdaloïdes  du  Vaal  étaient  plus  anciennes  que  les  diabases  du  Système 
du  Karroo.  Voir:  E.  Coiibn,  7,  p.  aïo. 

2.  Voir   pour  leur  description  pétrographique  :  P.  Dahms,  9,  p.  108,  et 

G.-A.-F.  MOLBNGRAAFF,  30,  p.  ai3. 

3.  A.  UûBKBR,  25,  p.  Sa. 


^  G.-A.-F.    MOLENGRAA.FF  QI  JailV. 

ransstad),  et  dans  les  collines   près  de  Klerksdorp,  le  long  du 
Schoonspruit. 

En  outre,  on  trouve  développé,  dans  le  Système  primaire  de  ce 
district,  une  série  impoi*tante  de  tuts  diabasiques  silicifiés  et  de  . 
schistes  coméens  qu'on  na  jamais  rencontrés  ailleurs.  Ces 
schistes  siliceux  ont  un  aspect  à  peu  près  semblable  aux  lits  de 
silex,  qui  sont  très  fréquents  dans  la  série  des  dolomies  du  Sys- 
tème du  Cap  *. 

On  ne  peut  assurer  que  les  roches  amygdaloïdes  du  Witwaters- 
rand  forment  avec  les  couches  du  Witwatersrand  sous-jacentes 
une  série  absolument  ininterrompue  ;  seulement  des  observations 
précises  ont  démontré  que,  sans  aucun  doute  possible,  les  érup- 
tions de  ces  diabases  amygdaloïdes  ont  eu  lieu  après  la  formation 
de  toutes  les  couches  aurifères  de  la  série  du  Witwatersrand  et 
qu'elles  sont  antérieures  à  la  période  dans  laquelle  les  couches 
de  la  série  du  Black-i'eef  se  sont  formées. 

Gîtes  métallifères  divers.  —  En  dehoi's  de  Tor,  dont  les  gise- 
ments principaux  viennent  d'être  mentionnés,  on  trouve  encore 
quelques  autres  minerais  dans  le  Système  primaire  et  la  nature 
de  leurs  gisements  se  rapproche  beaucoup  de  celle  des  gites 
aurifères  ;  on  les  trouve  généralement  dans  des  veines  qui  ont  la 
même  direction  et  le  même  pendage  que  les  strates  encaissantes. 

C'est  ainsi  qu'on  a  trouvé  le  cinabre  dans  un  schiste  à  séricite 
de  la  vallée  du  Loinati ,  lantimonite  dans  des  amphibolites  près  de 
Forbes-reef  dans  le  Swazieland,  près  de  Komati  au  nord  de 
Steynsdorp ,  et  dans  la  mine  de  Gravelotte  non  loin  de  Leijds- 
dorp,  où  Tor  natif  est  associé  à  de  lantimonite.  De  la  crocoïse  bien 
cristallisée  se  trouve  dans  une  veine  de  contact  associée  à  un  dyke 
de  diabase  qui  traverse  les  schistes  à  staurotide  près  de  Darkton, 
dans  le  Swazieland. 

Des  gisements  intéressants  de  minerais  de  cuivre  ont  été  décou- 
verts récemment  dans  une  amphibolite  -,  qui  forme  des  bandes 
étroites  dans  le  granité,  sur  la  propriété  Goudhoek  [498]  dans  le 
sud  du  district  de  Vrijheid.  Du  reste,  les  mines  de  quartz  aurifère 
sont  souvent  relativement  riches  en  minerais  de  fer  et  de  cuivre 
comme  par  exemple  sur  la  propriété  Doomhoek  [34o]  (district 

1.  Eu  1890,  cette  similitude  in*a  induit  en  erreur,  lorsque  j'ai  cru  retrouver 
la  formation  de  la  dolomie  dans  les  falaises  des  environs  de  Hartebeesfontein 
(district  de  Potchetstrom)  qui  sont  constituées  par  ces  schistes  siliceux, 
Voir  :  30,  p.  261. 

a.  Il  est  bien  possible  que  cette  amphibolite  ne  soit  autre  chose  qu'une 
diabase  fortement  altérée  et  ouralltisée. 


> 


igOI  oéOLOGIE   DE  LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  HQ 

de  Vrijheid),  dans  les  mines  d'or  de  Noord  Kaap  au  nord  du 
massif  granitique  de  Barberton  et  dans  la  mine  de  Sheba  Queen, 
près  de  Steynsdorp,  où  est  exploité  un  gite  filonien  qui  n'est  pas 
encore  bien  étudié,  mais  qui  semble  être  un  vrai  filon  de  fracture. 

Roches  éruptives.  —  Le  terrain  primaire  et  le  granité  ancien 
sont  recoupés  par  de  nombreux  dykes  de  roches  éruptives,  pour 
la  plupart  des  diabases.  Dans  les  ten*ains  stratifiés  on  trouve 
souvent  des  bancs  de  diabase,  souvent  d'une  grande  épaisseur, 
intercalés  en  discordance  entre  les  strates  de  ces  terrains. 

Affleurements  et  âge.  —  Le  terrain  primaire  affleure  dans  tout 
le  Lage-çeld  ou  pays  bas^  c'est-à-dire  dans  une  zone  de  terrain 
moins  ou  peu  élevé,  qui  s'étend  entre  le  Hooge  veld^  le  haut  pla- 
teau du  TransvaaL  et  la  frontière  de  l'est,  sauf  toutefois  ime  bande 
de  16  kilomètres  de  laideur  moyenne,  le  long  de  cette  frontière, 
bande  composée  de  terrains  appartenant  au  Système  du  Karroo 
supérieur  et  situés  du  côté  orienUil  de  la  grande  faille  de  rest(P\.  II, 
coupe  2). 

Dans  le  district  de  Vrijheid,  le  Système  primaire  est  en  partie 
recouvert  par  des  dépôts  du  Système  du  Karroo.  Dans  le  disti'ict 
du  Zoutpansbei^  il  occupe  de  vastes  étendues,  mais  la  géologie 
de  ce  district  est  encore  très  peu  connue.  Il  en  est  de  même  pour 
les  districts  de  Wolmaransstad  et  de  Bloemhof,  au  sud-ouest  du 
Transvaal,  où  le  Système  primaire  affleure  laidement,  mais  est 
caché  à  la  vue,  en  bien  des  points,  par  des  dépôts  du  Karroo  infé- 
rieur et  par  des  sédiments  superficiels  plus  récents.  Dans  toute  hi 
partie  centi*ale  du  Transvaal  le  Système  du  Ckip  est  superposé  en 
discoixlance  au  Système  primaire  et  ce  dernier  affleure,  seulement 
là  où  le  premier  est  entièrement  dénudé,  dans  le  grand  massif  où 
sont  exploitées  les  mines  d'or  de  Johannesburg,  dans  les  environs 
de  Heidelberg,  au  sud-ouest  de  Krugersdorp  et  dans  le  beau 
massii  de  Vredefort(Pl.  II,  coui)e  i). 

L'âge  du  Système  primaire  Sud- Africain  dans  le  Transvaal  est 
inconnu.  Cependant  dans  la  Colonie  du  Cap  une  formation,  sans 
aucun  doute  dévonienne,  est  superposée  en  discordance  aux 
couches  de  Malmesbury  et  aux  massifs  de  granité  inti'usif  qui 
traversent  ces  mêmes  couches.  Or,  la  série  de  Malmesbury  appar- 
tient au  Système  primaire  Sud-Africain,  ce  dernier  doit  donc  être 
prédévonien,  c'est-à-dire  silurien  ou  précambrien. 


3o  U...V.-F.    MOLENGRAAFF  31  JailT. 


11.  —  SYSTEME  Dr  CAP 

Les  cinq  divisions  suivantes,  cnuinérées  de  haut  eu  bas, 
forment  le  Système  du  Cap  : 

5.  Série  du  grès  du  Waterberg  : 
4.  Série  plutonique  du  Boschveld; 
3.  Série  de  Pretoria  ; 

2.  Série  des  doloraies  ; 

1.  Série  du  Black-reef, 

Dans  une  très  grande  partie  de  TA  Trique  australe  on  trouve 
disposée  en  discordance  au-dessus  du  Système  primaire  une  suc- 
cession très  épaisse  de  couches,  qu<»  Ton  peut  diviser  vu  trois 
étages  bien  nets.  Dans  la  Colonie  du  Cap  ce  sont  : 

3.  Couches  des  Willebergeii  : 

2.  Couches  du  Bokkeveld  ; 

I.  Grès  de  la  Montagne  de  la  Tal>lc. 

Dans  le  Transvaal  ce  sont  : 

3.  Série  de  Pretoria  ; 
a.  Série  des  doloniies  ; 
1.  Série  du  Black-reef. 

Les  couches  du  Bokkeveld  sont  les  seules  assises  antérieures  à 
celles  du  Karroo,  dans  lesquelles  on  ait  trouvé  des  fossiles  (oi^a- 
nismes  marins  appartenant  au  Dévonien  inférieur). 

Les  recherches  des  Services  géologiques  de  la  Colonie  du  Cap 
et  de  la  République  Sud-Africaine  dans  ces  dernières  années  ont 
permis  de  conclure  que  ces  trois  éUiges  s'équivalent  dans  les  deux 
pays.  Par  suite,  la  grande  transgression,  qui  vint  déposer  les  grès 
de  la  Montagne  de  la  Table  en  discordance  sur  les  schistes  de  Mal- 
mesbury,  est  bien  la  même  que  celle  qui  fit  se  former  les  couches  de 
la  série  du  Black-reef  en  discordance  sur  le  Système  primaire  du 
Transvaal.  Néanmoins  on  est  encore  loin  de  pouvoir  établir  un 
parallélisme  parfait  entre  les  subdivisions  du  Système  du  Cap  dans 
la  Colonie  du  Cap  et  celles  de  ce  même  Système  dans  le  Transvaal. 
Au  Transvaal,  aucun  fossile  déterminable  n  a  été  encore  trouvé 
dans  ces  formations  et  les-analogies  pétrographiques  ne  constituent 
pas  un  appui  suffisant  pour  synchroniser  exactement  ces  couches. 

Certes  il  existe  une  ressemblance  frappante  entre  le  grès  de  la 
Montagne  de  la  Table,  dans  la  Colonie  du  Cap,  et  celui  de  la  série 
du  Black-reef,  dans  la  partie  orientale  du  Transvaal  ;  mais  si  Ton 


I9OI  GÉOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAIXE  3l 

compare  les  autres  étag'es,  les  couches  du  Bokkevekl  et  des 
Wittebergen  d'un  cAté  et  les  couches  «les  doloiuies  et  tle  Pretoria 
de  l'autre,  on  constate  que  [)resque  toute  analogie  pétrographique 
fait  défaut.  Une  solution  ne  tardera  pas  à  intervenir,  tandis 
qu'augmentent,  dans  TAfrique  australe,  les  progrès  de  la  géologie. 

m 

I.  —   SÉRIE   DU    BlACK-REEF 

La  série  du  Black-reef  est  formée  par  des  quartzites  foncés, 
des  arkoses,  des  grès,,  des  schistes  ardoisiers,  des  grauwackes  et 
des  conglomérats  aurifères.  Son  épaisseur  est  très  variable.  Au 
nord,  dans  les  montagnes  de  Makapan  et  de  Chunie,  elle  peut 
être  évaluée  à  5oo  mètres,  et  à  Lijdenburg  elle  atteint  3oo  mètres 
en  moyenne;  vers  le  sud  son  épaisseur  descend  à  environ 
60  mètres  à  Duivelskantoor.  Au  sud  de  Pretoria,  dans  le  Witwa- 
tersnmd  et  à  Klerksdorp  elle  ne  dépasse  pas  40  mètres,  et  autour 
du  massif  de  Vredefort  son  développement  est  très  faible. 

Les  strates  du  Black-reef  ont  été  désignées  par  des  noms  différents 
suivant  les  diverses  régions  où  elles  étaient  développées,  parce 
qu'on  a  ignoré  assez  longtemps  que  ces  divers  groupes  s'équiva- 
laient les  uns  les  autres. 

En  1898  j'ai  étendu  le  nom  de  Série  du  Black-reef  k  toutes  ces 
couches,  identiques  dans  tout  le  pays  *.  Jusqu'alors  on  appliquait 
en  général  ce  nom,  seulement  à  la  partie  de  cette  formation  déve- 
loppée dans  le  bassin  du  Witwatersrand,  au  sud  de  Johannesburg. 
A  Klerksdorj)  on  la  désignait  sous  le  nom  de  Série  du  Bosch- 
rand ,  au  nord  du  Witwatersrand  elle  formait  la  Série  de 
Kromdraai,  tandis  que  dans  la  partie  orientale  de  l'Etat  on  la 
nommait  gréa  de  Kantoor  et  grès  du  Drakensberg  -. 

Stratigraphie.  —  La  ligne  d'affleurement  des  grès  du  Black- 
reef,  quoique  souvent  assez  sinueuse,  est  généralement  très  facile  à 
suivre  sur  le  terrain,  parce  que  ces  roches  forment  un  escarpement 
peu  élevé  et  légèrement  boisé,  contrastant  avec  les  plaines,  pres- 
que partout  dépourvues  d'arbres.  Les  nombreuses  failles  transver- 
sales qui  recoupent  cet  escarpement,  sont  décelées  par  des  déni- 
vellations et  des  fractures  correspondantes.  Sur  le  versant  nord 
du  massif  de  granité,  entre  Johannesburg  et  Pretoria,  où  le  terrain 
a  une  pente  générale  vers  le  nord,  l'affleurement  des  grès  du  Black- 
reef,  qui  reposent  sur  ce  granité,  forme  un  mur  naturel  que  les 

f.  Voir  G.-A.-P.  MoLBNORAAFP,  32,  p.  ia4. 
a.  J.-G.  B0U8QUBT,  3. 


3a  G.-A.-F.  MOLENGRAAFF  ai  Janv. 

habitants  du  pays  ont  utilisé  pour  la  construction  de  réservoirs 
d'eau,  en  choisissant  les  fentes  naturelles  qui  l'interrompent, 
résultat  de  diaclases  ou  de  failles,  j>our  établir  les  écluses  leur  per- 
mettant de  dispenser  ainsi  méthodiquement,  les  eaux  nécessaires 
à  rirrigation  des  terres. 


iaÔ3)      , 


Fig  4-  —  Coupe  Kchéiiiatiquc  du  bord  du  bassin  du  Witwatersrand  à  Won- 
derfonlein,  au  sud-ouest  de  Krugersdorp  (d'après  D.  Draper,  Traits,  GeoL 
Soc,  South.  Africa,  H,  part  IV,  1897). 

6,  Série  de  Pretoria  ou  du  Magaliesberg;  ô,  Série  des  dolomies  ;  4*  Série  du 
Blnck-reef  ;  a.  Granité  ancien  ;  ib.  Grès  et  conglomérats  du  Witwaters- 
rand ;  i.i,  Couches  de  Barberton  ou  de  Hospital-Hill. 

\a\  série  du  Bhiek-i^eei",  s'étant  déposée  en  discordance  sur  le 
Système  primaire,  repose,  suivant  les  points  considérés,  sur  des 
roches  ti'ès  diderentes  les  unes  des  autres,  quoiqu'appartenant  à 
ce  Système.  C'est  ainsi  <ju*on  trouve  le  Black-i'cef  au  sud  du 
Klipriviersberg  reposant  sur  les  diabases  amygdaloïdes  du  Witwa- 
tersi*and  :  à  Klerksdorp,  il  est  contigu  à  des  assises  différentes 
apjmrtenant  à  cette  même  série,  alors  que,  dans  les  enviix)ns  de 
Krugersdorp,  il  est  su])erposé  aux  étiigtîs  aurifères  de  la  région. 
Au  nord-ouest  de  Krugersdorp,  on  voit  la  série  du  Black-reef 
reposer  sur  la  série  de  Hospital-hill,  les  strates  des  deux  systè- 
mes étant  dans  des  «lirections  perpendiculaires  Tune  à  l'autre. 
Plus  au  nord  dans  les  mines  d<»  Kromdraai,  le  Black-reef  est  sup- 
])orté  en  <lis<*()rdance  j)ar  des  conglomérats  schisteux,  qui  consti- 
tuent dans  cette  partie  du  Système  ])rimaire  un  faciès  encore  peu 
étudié.  Encore  plus  loin,  au  sud  <le  Pretoria,  on  voit  la  série  du 
Black-reef  reposer  «lirectement  sur  le  granité.  Dans  l'escarpe- 
ment oriental  du  haut  plateau  du  Transvaal  aussi  bien  que  dans 
les  montagnes  de  Makapan  et  de  Chunie,  on  trouve  tantôt  le 
granité,  tantcH  des  schistes  cristiillophylliens  ou  des  schistes  de 
la  série  de  BarbeKon  en  discordance  évidente  au-dessous  de  la 
série  du  Black-reef  (voir  (ig.  10  et  pi.  II). 

(lîTES  AURIFERES.  —  Tcmt  à  fait  à  la  base  ou  près  de  la  base 
de  cette  série  (*xistent  un  ou  plusieurs  bancs  de  conglomérats 
plus  ou  moins  aurifères.  Le  terme  Black-reef^  été  employé  pour 


I9OI  GÉOLOGIE   DE  LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  ^  33 

la  première  fois  par  les  mineurs  du  Rand  pour  désigner  ce  con^ 
glomérat  aurifère,  qui  se  trouvait  être  à  son  alïleurement  d'une 
couleur  plus  foncée  que  les  autres  conglomérats  déjà  rencontrés 
au  dessous  des  diabases  amygdaloïdes  du  Klipriviersberg.  Plus 
tard  on  a  constaté  que  ce  conglomérat  se  trouve  presque  constam- 
ment à  la  base  de  la  même  série,  mais  qu*il  n'est  pas  toujours 
aurifère.  Sa  caractéristique  est  de  renfermer  des  galets  d'un  plus 
grand  nombre  de  roches  ditl'érentes  que  les  conglomérats  aurifères 
de  la  série  du  Witwatersrand.  I^  Black-reef  a  été  exploité  au  sud 
du  Klipriviersberg.  dans  le  Boschrand  près  de  Klerksdorp,  et  à 
Duivels-Kantoor,  dans  le  district  de  Lijdenburg.  Cette  exploitation 
n'a  pas  donné  de  bons  résultats,  surtout  à  cause  de  la  répartition 
inégale  de  Tor  dans  le  conglomérat4  Des  parties  (shoots  =  chemi- 
nées) riches  ou  très  riches  alternent  avec  des  parties  stériles  de 
grande  étendue. 

La  direction  et  Tinclinaison  des  strates  du  Black-reéf  au  sud 
de  Johannesburg  se  trouvent  être  accidentellement  presque  les 
mêmes  que  celles  de  la  nappe  de  diabase  amygdaloide  et  des 
grt's  d'Elsbui^  sous-jacents  ;  cette  disposition  a  retardé  longtemps 
la  détermination  de  la  position  exacte  du  Black-reef  et  de  tout 
le  Système  du  Cap  dans  les  parties  en  relation  avec  les  terrains 
aurifères  du  Witwatersrand.  C'est  une  des  causes  qui  ont  porté 
les  géologues  à  considérer  les  grès  aurifères  du  Witwatersrand 
comme  la  partie  infériem'e  du  Système  du  Cap,  en  les  inettiint  en 
parallèle  avec  le  grès  de  la  Montagne  de  la  Table  *. 

Bii^i  au  contraire ,  ia  série  aurifère  du  Witw^atersrand  fait 
partie  du  Systt»nie  primaire  et  est  beaucoup  plus  ancienne  que  le 
Systc»nie  du  Ciip;  la  concordance  apparente  du  Black-reef  sur  la 
série  du  Witwatersrand  auprès  du  Klipriviers  est  pureuient  acci- 
dentelle et  locale;  d'ailleurs  dans  les  environs  de  Krugersdorp  on 
voit  les  grès  et  les  conglomérats  du  Witwatersrand  disparaître 
sous  les  grès  du  Black-reef,  avec  lesquels  ils  sont,  en  ce  point,  en 
discordance  évidente. 

M.  Hatch,.  a  qui  nous  devons  la  meilleure  carte  géologique  ^ 

I.  En  1890  j'ai  fait  la  même  erreur  en  réunissant  dans  un  seul  étage  (étage 
inf.  du  Système  du  Cap)  la  série  du  Witwatersrand  aux  diabases  amygda- 
loïdes et  à  la  série  du  Black-reef.  étage  que  je  nommais  alors  série  du 
Boschrand,  30,  p.  209.  Mes  idées  sur  la  stratigraphie  du  Transvaal  ont  été 
considérablement  modifiées  depuis  la  publication  des  résultats  que  j*avais 
obtenus  en  1890  après  un  trop  court  séjour  dans  le  pays. 

9.  K.-H.  Hatch.  22.  Une  curieuse  erreur  existe  sur  cette  carte  :  tout  autour 
du  massif  de  Vredefort  l'ailleurement  de  la  série  du  Black-reef  a  été  donné 
entre  la  dolomie  et  les  couches  du  Gatsrand,  tandis  qu'il  devrait  être  placé 

99  Juin  1901.  —  T.  i*)*.  BulL  Soc.  GéoL  Fr.  —  3 


34 


G.-A.-F.   MOLENGRAAFF 


ai  Janv. 


publiée  sur  la  partie  sud  du  Transvaal,  donne  assez  exactement  la 
position  du  Black-reef  dans  le  bassin  du  Witwatersrand  ;  mais  il 
est  tri^s  curieux  qu'il  ignore  absolument  la  présence  de  cette  même 
série  du  Black-reef  au-dessous  de  la  dolomie  au  nord  de  Krugers- 
dorp  et  plus  loin,  sur  le  versant  nord  du  massif  granitique,  entre 
Johannesbui*g  et  Pretoria,  où  pourtant  la  série  du  Black-reef  affleure 
entre  la  dolomie  qui  la  couronne  et  le  granité  sous-jacent.  Les 
conglomérats  sont,  en  ces  points,  faiblement  développés  à  la  base 
de  la  série  et  ne  contiennent  plus  que  des  traces  d'or  ;  si  bien  que 
M.  Hatch  ignore  même  leur  existence.  Il  considère  le  Black-reef 
comme  un  dépôt  spécial  de  remaniement,  limité  au  bassin  aurifère 
du  Witwatersrand.  Je  crois  cette  opinion  erronée  :  il  me  parait 
clair  que  dans  cette  série  du  Black-reef,  qui  provient  naturelle- 
ment du  remaniement  des  débris  des  formations  plus  anciennes, 
il  pouvait  à  la  base  se  former  des  conglomérats  riches  en  or, 
connue  au  Klipriviersberg,  puisque  les  couches  aurifères  du  Wit- 
watersrand affleuraient  à  ime  petite  distance,  tandis  que,  en  même 
temps,  sur  le  uiassif  de  granité,  au  nord  de  Johannesburg,  des 
dépôts  se  constituaient,  qui  étaient  presque  dépourvus  d'or,  mais 
où  les  arkoses  étaient  bien  développées. 


N. 


Krokodil  riv. 


Pig.  5.  —  Coupe  près  de  la  mine  de  Kromdraai  (d'après  les  documents  fournis 
par  M.  DorlTel,  ingénieur-conseil  de  la  C").  —  Echelle  des  longueurs  i/j.boo' 
environ  ;  échelle  des  hauteurs  1/6.000'. 

5.  Dolomies  [Gr,  Galena-reef;  Tr,  Tweefontein-reef]. 

4  A'.  Schistes  ardoisiers  dits  Kromtiraai'Slates,  i3à  16  m. 
q,  Quartzite  supérieur  avec  bandes  d*argilite  interca- 
lées, 5  à  7  mètres. 
4A>.  Filon-couche    aurifère  de   quartz   à   arsénopyrite, 
dit  Kromdaai-reeJ\  o  m.  5o  à  1  mètre. 
Argilite,  o  m.  5o. 
q.  Quartzite  inférieur,  6  mètres. 
4  c*.  Grès  et  conglomérats  aurifères,  1  mètre, 
le.  Conglomérat  schisteux  du  Système  primaire,  inclinaison  35*  vers 

ro.N.o. 


4.  Série  du 

Black-reef, 

inclinaison  : 

iSàiUo*  vers 

le  nord. 


entre  la  dolomie  et  les  diabases  amygdaloldes.  Cette  erreur,  qui  se  retrouve 
dans  les  coupes  qui  accompagnent  la  carte,  donne  une  fausse  idée  de  la 
stratigraphie  de  cette  région  ;  les  failles  compliquées,  dessinées  dans  ces 
coupes,  ne  réussissent  pas  à  rendie  la  tectonique  compréhensible. 


igOI  GÉOLOGIE   DE  LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  35 

Dans  le  district  de  Lijdenburg  il  existe  dans  les  grès  de  la  série 
da  Black-reef,  auxquels  on  a  donné  là  le  nom  local  de  grès  du 
Drakensberg,  un  filon-couche  aurifère  de  quartz  et  de  minerai  de 
fer.  Ce  filon  qui  est  intercalé  entre  deux  bancs  de  grès  est  exploité 
en  plusieurs  localités,  par  exemple  sur  la  propriété  Erasmushoop, 
ou  il  a  reçu  le  nom  de  Sherwell-reef^. 

A  Kromdraai,  au  nord  de  Krugersdorp,  où  on  peut  étudier  la 
série  du  Black-reef  dans  les  exploitations  minières,  on  trouve  un 
filon-couche  de  quartz  aurifère  associé  k  un  lit  de  schistes  ardoi- 
siers  et  intercalé  entre  deux  bancs  de  quailzites  ;  la  succession  des 
strates  est  donnée  dans  la  légende  de  la  figure  5. 

L*or  dans  ce  filon-couche  est  associé  à  larsénopyrite  et  à  la 
pyrite  ;  il  a  été  exploité  avec  succès.  Les  schistes  ardoisiers,  aux- 
quels on  a  donné  le  nom  de  Kromdraai-slates,  forment  un  horizon 
constant  d*une  très  grande  étendue. 

Dans  la  partie  inférieure  de  la  série  de  la  dolomie,  qui  repose 
en  concordance  sur  la  série  du  Black-i*eef,  se  trouvent  intercalés 
près  de  sa  base  des  schistes  ardoisiers,  qui  ont  beaucoup  d'analogie 
avec  les  Ki*omdraai-slates,  d*oii  il  résulte  que  la  limite  entre  la 
dolomie  et  la  série  du  Black-reef  sous-jacente  est  peu  tranchée,  et 
doit  être  placée  à  la  base  du  banc  de  dolomie  le  plus  inférieur  de 
la  série. 

!J.    —   SÉRIE   DE   LA   DOLOMIE 

La  série  de  la  dolomie  est  constituée  par  des  assises  de  dolomie 
et  de  calcaire  dolomitique  bleu  foncé  ou  noirâtre  de  lo  centimètres 
à  3  mètres  d'épaisseur  alternant  avec  des  bandes  minces  de  silex. 
Parfois,  comme  je  l'ai  observé  près  de  Vereeniging,  on  trouve  les 
silex  en  rognons,  disposés  selon  des  sortes  de  plans  de  stratification 
comme  dans  la  craie  d'Europe.  Les  bandes  de  silex  ofirent  plus  de 
résistance  aux  forces  dénudatrices  et  sont  aussi  moins  solubles  dans 
l'eau  que  la  dolomie  et  par  conséquent  elles  forment  des  crêtes 
saillantes  et  donnent  un  aspect  comme  strié  aux  roches  de  cette 
formation,  vues  de  quelque  distance.  Dans  la  partie  inférieure  les 
bancs  de  dolomie  sont  beaucoup  plus  épais  que  dans  la  partie 
supérieure,  où  les  bandes  de  silex  tendent  à  prédominer.  Il  en 
résulte  que  les  assises  inférieures  de  la  dolomie  sont  souvent  pro- 
fondément érodces,  et  cachées  par  des  dépots  plus  récents,  tandis 

1.  J.-G.  Bousquet,  3,  p.  38,  el  Nicol  Brown.  The  succession  of  the  rocks  in 
the  Pilgrims'  Rest  district.  Tranê.  of  the  geoL  Society  of  Soath  Africa^  II, 
p.  3.  Johannesburg,  1897. 


36  G.-A.-F.   MOLENGRAAFF  21  JailY. 

que  les  couches  supérieures  affleurent,  en  formant  des  escarpe- 
ments caractéristiques.  Dans  les  terrains  où  ces  couches  supé- 
rieures riches  en  silex  affleurent,  on  trouve  le  sol  tellement  cou- 
vert de  leurs  débris  qu'un  examen  très  minutieux  peut  seul  révéler 
la  dolomie,  comme  comprimée  entre  les  bandes  de  silex  saillants. 
Ce  phénomène  explique  comment  plusieurs  observateurs  ont  pu 
exagérer  outre  mesure  le  rôle  des  silex  de  la  dolomie  *.  Cette 
diflérence  entre  les  zones  supérieures  et  les  zones  inférieures  se 
manifeste  surtout  dans  les  points  où  la  formation  a  une  inclinaison 
moyenne,  il  est  compréhensible  qu'aussitôt  qu'elle  se  trouve 
fortement  redressée  ou  sensiblement  horizontale,  ces  diilérences 
puissent  disparaître. 

La  position  plus  ou  moins  inclinée  des  couches  de  la  dolomie  a 
une  grande  influence  sur  son  pouvoir  de  résistance  contre  les  agents 
dénudateurs.  Si  elle  se  trouve  dans  une  position  horizontale  ou 
très  peu  inclinée,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  dure  et  relativement  très 
soluble,  elle  se  comporte  dans  la  topographie  comme  un  élément 
assez  réfractaire,  parce  que  les  couches  de  silex  offi*ent  Tune  après 
l'autre  une  forte  résistance  à  l'action  de  l'eau  et  du  vent.  Bien 
différents  sont  les  résultats  des  actions  extérieures  lorsque  les 
couches  sont  fortement  inclinées  ou  verticales  ;  alors  les  couches 
de  silex  se  brisent,  dès  que  les  lits  de  dolomie  intercalés 
sont  corrodés  jusqu'à  une  certaine  profondeur,  et  la  dénudation 
fait  un  progrès  rapide.  Par  conséquent  la  dolomie  constitue  un 
élément  très  reconnaissable  dans  la  topographie  partout  où  sa 
position  est  horizontale,  mais  que  Ton  doit  chercher  seulement 
dans  les'  vallées,  où  elle  est  souvent  cachée  par  des  dépôts  super- 
ficiels plus  ou  moins  marécageux,  partout  où  ses  couches  sont 
fortement  inclinées. 

La  surface  de  la  dolomie  exposée  à  l'air  libre  est  rugueuse  et 
sillonnée  de  rides,  aussi  les  boers  lui  ont-ils  donné  le  nom  carac- 
téristique diOlifants-klip^  parce  que  sa  surface  usée  a  beaucoup 
de  ressemblance  avec  la  peau  d'un  éléphant.  Le  paysage  dans  les 
terrains  où  domine  la  dolomie  ressemble  beaucoup  à  celui  du 
Karst  autrichien.  Les  grottes,  les  gouffires  et  les  abîmes  y  sont  très 
nombreux.  Ces  grottes  sont  souvent  en  partie  comblées  par  du 
calcaire  stalagmitique  ^  et  des  dépôts  d'un  tuf  ou  travertin  cal- 

I.  W.-H.  Pbnmng  a  donné  à  cette  formation  le  nom  de  chalcedolite,  40, 
p.  576,  et  41,  p.  4^6. 

a.  Beaucoup  de  ces  grottes  sont  très  belles  et  dignes  d*ètre  >'isitées.  L'une 
d'elles,  découverte  en  1897,  à  Sterkfontein  [68],  au  nord  de  Krugersdorp,  était 
une  splendide  curiosité  naturelle  ;  des  draperies  stalag^tiques  tapissaient 


I9OI  GEOLOGIE  DE  LA.  RÉPUBLIQUE  SUD-AFRICAINE  3^ 

caire  souvent  assez  riche  en  débris  osseux.  Parfois  on  trouve  de 
vraies  brèches  à  ossements  dans  ces  cavernes.  L'étude  de  ces 
ossements  qui  fournira  sans  doute  des  résultats  intéressants  n*a 
pas  encore  été  faite.  Jusqu'à  présent  on  y  a  rencontré  exclusive- 
ment les  restes  d'une  faune  pleistocène. 

Souvent  les  ruisseaux  se  perdent  dans  les  fissures  du  sol  et 
forment  des  cours  d'eau  souterrains  parcourant  des  séries  de 
grottes  irrégulières,  où  la  rivière  s'épanche  parfois  en  lacs  souter- 
rains. C'est  ainsi  que  la  Mooi-Rivier  se  perd  près  de  Wonder- 
fontein  et  qu'en  aval  de  ce  point  la  majeure  partie  de  ses  eaux 
suit  un  cours  souterrain  ;  4^  kilomètres  plus  loin  elle  quitte  la 
dolomie  en  formant  une  source  célèbre  appelée  Gerhardminne- 
bron,  dont  le  débit  est  sensiblement  supérieur  à  celui  de  la  rivière 
au  moment  de  sa  perte,  grâce  aux  affluents  cachés. 

Cette  dolomie  a  une  valeur  économique  considérable  pour  le 
pays,  parce  que  Teau  des  grandes  pluies  de  la  saison  humide,  de 
décembre  à  mars,  s'infiltre  rapidement  dans  la  roche  fracturée  et 
caverneuse ,  qui  forme  ainsi  un  réseau  de  réservoirs  d'une 
immense  capacité.  Cette  réserve  d'eau  accumulée  réapparaît  à  la 
surface  par  un  grand  nombre  de  fortes  sources,  qui  diminuent 
à  peine  de  débit,  durant  la  saison  sèche.  C'est  à  ces  sources 
remarquablement  constantes  que  presque  toutes  les  rivières 
pérennes  de  la  moitié  occidentale  du  Transvaal  doivent  leur 
existence,  telles  sont  le  Hartsrivier,  le  Malmani ,  le  Malopo,  le 
Schoonspruit,  le  Mooirivier,  le  Kliprivier,  le  Krokodilrivier, 
l'Aapiesrivier,  le  Pienaarsrivier,  le  Marico,  etc. 

Quant  à  la  position  de  la  série  des  doloiuies  on  estime,  en  général, 
aujourd'hui,  qu'elle  est  superposée  absolument  en  concordance  à 
la  série  du  Black-i^cef,  ce  qui  est  confirmé  partout  par  les  exploi- 
tations minières,  tiintôt  dans  la  série  du  Black-reel*,  tantôt  dans  les 
niveaux  inférieurs  de  la  série  dolomitique  {iig,  5  et  pi.  II). 

En  général,  la  dolouiie  a  un  développement  très  uniforme  et  elle 
est  très  facile  à  reconnaître  sur  le  terrain.  Elle  s'étend  sur  une 
très  grande  partie  du  Transvaal  et  bien  au  delà  des  frontières  de 
ce  pays  ;  ainsi  elle  atteint  un  développement  énorme  dans  le 
Campbellrand  (Griqualand-west)  et  dans  le  Han- Ami-Plateau  (pays 
de  Xamaqua),  où  elle  a  été  reconnue  par  M.  Schenck. 

ses  |Nirois,  les  stalactites  étaient  entièrement  recouverts  de  superbes  cristalli- 
sations d'aragonite.  Les  nombreux  visiteurs,  venus  de  Johannesburg,  ont 
détruit  en  quelques  semaines  cette  merveille.  La  glotte  étant  une  propriété 
privée,  le  Gouvernement  n*a  malheureusement  pas  pu  intervenir. 


38  G.-A.-F.   MOLENGRAAFF  21  JailT. 

Gîtes  métallifères.  —  La  formation  dolomitîque  renferme 
partout  un  assez  grand  nombre  de  filons-couches  de  quartz  miné- 
ralisé et  près  de  sa  base  et  de  son  sommet  quelques  bandes  de 
schistes  intercalés.  Dans  la  partie  centrale  du  Transvaal  on  trouve 
(fig.  5),  près  de  la  base  de  la  dolomie,  un  complexe  de  schistes  et 
d'ardoises,  accompagné  par  un  filon-couche  à  pyrite,  manganèse 
et  or.  Ces  schistes  ont  reçu  le  nom  de  Tweefontein-slates  et  le 
filon  celui  de  Tweefontein-reef,  Cette  zone  aurifère  est  très  persis- 
tante et  je  l'ai  retrouvée  presque  partout  où  la  base  de  la  dolomie 
affleure.  Sa  forte  teneur  en  manganèse  est  très  caractéristique  et 
souvent  l'étage  est  représenté  par  un  banc  épais  d'une  terre 
manganésifère  et  aurifère  avec  des  veinules  irrégulières  de  quartz. 
Cette  zone  est,  jusqu'à  présent,  très  peu  exploitée,  cependant  on 
doit  y  compter  les  dépôts  aurifères  intéressants  de  Barrett's 
Berlin  *  (pi.  II,  coupes  2  et  3)  et  de  Spitskop,  sur  l'escarpement 
oriental  du  haut  plateau  dans  le  district  de  Lijdenburg.  La  zone 
aurifère  a  ici  un  développement  plus  grand  et  sa  composition  est 
considérablement  modifiée  par  lïnfluence  d'éruptions  diabasiques  ; 
cette  diabase,  profondément  décomposée,  forme  une  espèce  de 
latérite,  qui  se  confond  avec  la  terre  manganésifère  mélangée  des 
débris  des  assises  supérieures  de  la  dolomie,  que  la  dénudation  a 
fait  entièrement  disparaître.  I^s  gisements  de  Barrett's  Berlin 
sont  exploités  à  ciel  ouvert. 

Les  grès  du  Black-reef,  qui  sont  sous-jacents  à  ces  dépôts  auri- 
fères, afileurent  partiellement  sur  le  magnifique  escarpement  de 
Duivels-Kantoor.  Sur  la  surface  plus  ou  moins  rugueuse  du  grès 
on  exploite  des  alluvions  de  petite  étendue,  dans  lesquelles  on  a 
trouvé  pendant  plus  d'une  dizaine  d'années  de  nombreuses  pépites 
d'or.  La  grosse  pépite  de  52  onces  2,  que  l'on  a  pu  voir  à  l'Expo- 
sition universelle  de  Paris  en  1900,  au  pavillon  de  la  République 
Sud- Africaine,  provient  de  ce  gisement.  Elle  a  été  trouvée  en  1898 
sur  la  grande  route  et  porte  encore  les  marques  des  roues  des  voi- 
tures qui  l'ont  rencontrée.  L'or  de  ces  champs  aurifères  parait 
provenir  de  la  dolomie,  aujourd'hui  disparue  grâce  à  l'érosion,  et 
le  gisement  du  précieux  métal  en  représente  les  derniers  résidus, 
dans  lesquels  l'or  est  venu  se  concentrer. 

Du  sud  de  Pretoria  au  district  de  Marico  à  l'ouest,  on  trouve 
dans  la  dolomie  inférieure  une  seconde  zone  minéralisée,  qui  est 
très  souvent  interrompue.  C'est  un  filon-couche  plouibifère  accom- 
pagné d'une  bande  de  schistes  ;  il  est  situé  dans  la  formation  dolo- 

I.  Voir  G.-A.-F.  Molbngraapp,  32,  p.  i34. 

a.  Vonce  troy  anglaise  vaut  3i  grammes,  103496. 


igoi 


GÉOLOGIE  DE   LA.   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE 


mitiqne  à  une  soixantaine  de  mètres  plus  haut  que  le  Tweefon- 
tein-reef.  En  génc'ral,  comme  à  Kromdraai,  c'est  un  (lion  avec 
des  épontes  nettes,  la  gangue  est  formée  de  quartz  avec  un 
peu  de  fluorine  ;  on  y  trouve  seulement  des  minerais  de  plomb, 
galène,  cérusite  et  pyromorpbite.  Mais  il  n'est  pas  rare  que  ce 
ftloa  s'élai^sse  en  une  série  de  poches  ;  dans  ce  cas.  la  minérali- 
sation est  plus  complexe,  on  a  trouvé  dans  ces  poches  les  miné- 
raux suivants  :  galène,  blende,  smithsooite  (zinkspath),  calamine 
(kieselzinkerz),  pyrite,  malachite,  cinabre,  talc,  calcite  et  fluo- 
rine '.  Tout  autour  de  ces  gîtes  minéraux  la  dolomie  est  impré- 
gnée de  nombreux  cristaux  de  trémolite  ou  de  talc;  ce  dernier- 
minerai  doit,  ici,  être  regardé  comme  un  produit  de  décompo- 
sition de  la  trémolite. 


Dans  la  partie  orientale  du  Transvaal  (district  de  Lijdenbui^), 
les  fllons-couches  minéralisés,  notamment  à  la  base  et  près  du 
sommet  de  la  formation,  sont  beaucoup  plus  nombreux.  Us  sont 
pour  la  plupart  Hurifcres  et  sont  largement  exploités  -.  Outre  l'or 


I.  Rn  1891  j'ai  iltcril  un  de  ces  gisements 
Marico.  voir  29,  p.  i5o.  Ir  pense  maiiitcnan 
rrprês«lllnnt  (pa^^e  i.>a)les  couehes  de  In  dolomie  eommt'  r(-[H>sant  en  diseor- 
ilanre  sur  des  EeliiHU-s,  i[ui  «llleuraient  dans  le  voisinaKe  itvee  une  Taible 
iaclinaison  au  noril.  Ces  seliisles  sont  très  probablement  des  schistes  inter- 
calée en  concordance  dans  la  dolomie. 

1.  Pour  des  détails  sur  ces  gisements  voir  :  J.-G.  BouaQtiBT,  8,  p.  Il^,  et  A. 
BoRDiAUX,  2,  p.  30(1  et  suivantes. 


s  la  dolomie  du  district  de 


4o  O.-A.-F.   MOLENGRAAFP  31  JanV. 

et  le  quartz  on  trouve  dans  pes  filons  des  minerais  de  fer,  de 
cuivre  et  de  manganèse. 

Dans  le  district  de  Marico  on  exploite  des  vrais  filons  de  quartz 
aurifères.  Ces  filons  ont  été  rencontrés  dans  les  environs  des 
sources  de  la  rivière  de  Malmani  et  leurs  exploitations  sont  les 
champs  d'or  du  Malmani.  Il  s*agit  ici  de  filons  verticaux  avec  une 
direction  moyenne  N.N.E.-S.S.O.  dans  la  dolomie.  Ce  quartz 
contient  beaucoup  d'or  visible  et  quelques-uns  de  ces  filons, 
comme  le  Mitchell-reef  et  le  Pioneer-reef  ont  procuré  de  superbes 
échantillons.  Outre  Tor  et  la  pyrite  altérée  ou  limonite,  on  y  trouve 
de  petites  quantités  de  minerais  de  cuivre  :  malachite,  azurite, 
bomite  *  (érubescite)  et  chalcopyrite.  L'exploitation  de  ces  filons 
n'a  pas  donné  jusqu'à  présent  des  résultats  bien  satisfaisants, 
parce  que  leur  teneur  en  or  est  trop  variable  et  qu'il  s'est  élevé 
des  difficultés  techniques  dues  à  la  présence  des  masses  énormes 
d'eau  fom'nies  par  la  dolomie  encaissante  fracturée. 

Dans  le  district  de  Lijdenburg  on  peut  distinguer,  dans  ta 
dolomie,  un  groupe  supéneur  et  un  gi'oupe  inférieur  de  filons 
aurifères.  Le  groupe  inférieur  comprend  des  filons  du  type  de 
ïweefontein  ;  ces  filons  sont  riches  en  manganèse.  Les  mines  de 
Spitskop  et  de  Bari'ett's  Berlin  mentionnées  plus  haut,  appar- 
tiennent à  ce  groupe  ;  cet  horizon  est  connu  des  mineurs  du  dis- 
trict sous  le  nom  de  Diggers  leaders  (PI.  II,  coupe  3).  La  plupart 
des  filons  exploités  dans  ce  district  font  partie  du  groupe  supérieur; 
ils  sont  caractérisés  par  une  certaine  teneur  en  minerais  de  cuivre 
qui  font  entièrement  défaut  dans  les  filons  du  groupe  inférieur. 

Dans  le  district  de  Lijdenburg  la  série  des  dolomies  est  bien  plus 
qu'ailleurs  recoupée  par  des  dykes  de  diabase;  des  bancs  intrusifs 
intercalés  forment  souvent  le  toit  ou  le  mur  des  filons-couches  auri- 
fères. On  ne  pourrait  nier  qu'il  existe  une  certaine  relation  entre 
ces  roches  érui)tives  et  la  répartition  de  l'or  dans  cette  formation  *. 

Épaisseur  et  âge.  —  L'épaisseur  de  la  série  de  la  dolomie  peut 
être  évaluée  à  800  mètres  dans  le  bassin  du  Witwatersrand,  à  i5oo 
aux  environs  de  Pretoria,  à  5oo  mètres  près  de  Godwan,  à  8ck) 
mètres  dans  les  environs  de  Lijdenl)ui^  et  à  1200  mètres  dans  les 
montagnes  de  Makapan. 

1.  Pour  des  détails  sur  ces  jnsements  voir  :  G*-A.-F.  Molbngraafp,  30, 
p.  2i5^,  et  M.  Fhanckr,  16. 

2.  J.-G.  Bousquet,  3,  p.  H)  et  p.  40-44. 

Consulter  pour  la  stratigraphie  du  Système  du  Cap  la  coupe  de  M.  A.  Stark, 
communiquée  par  M.  Nicol-Brown,  reproduite  dans  la  planche  II  [coupe  3] 
(M.  Nicol-Brown  The  succession  of  the  rocks  in  the  Pilgrim's  Rest  District. 
Trans.  of  the  geol.  Society  of  South  Africa,  II,  p.  i.  Johannesburg,  1897). 


igOI  GÉOLOGIE   DR   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINB  4' 

Jusqu'à  présent  on  ne  peut,  d'une  manière  directe,  fixer  Tâge 
de  la  série  de  la  dolomie.  Il  est  vrai  que  M.  Cohen  '  y  a  men- 
tionné des  bancs  siliceux  dont  les  surfaces  corrodées  portaient 
des  empreintes  de  tiges  de  Crinoîdes  et  de  Brachiopodes  ressem- 
blant à  des  espèces  des  genres  Orthis  et  Chonetes,  ce  qui  les  fei^ait 
attribuer  au  Palaéozoîque.  Mais  ces  indications  sont  très  vagues  et, 
jusqu'à  présent,  elles  n'ont  pas  été  confirmées  par  des  observations 
nouvelles. 

Nous  avons  déjà  vu  plus  haut  que  la  limite  inférieure  de  la 
série  de  la  dolomie  n'est  pas  bien  maixjuée,  mais  le  doute  est  encore 
bien  plus  grand  pour  la  limite  supérieure.  Le  fait  que  pivs  de  son 
sommet  on  trouve  quelques  couclies  d'ai-gilites  inteivalées  dans  la 
dolomie  et  plus  haut  quelques  bandes  de  silex  intercalées  dans  des 
schistes  ardoisiers  et  dans  des  arçilites,  qu'(m  ne  pourrait  distin- 
guer de  ceux  de  la  série  suivante,  rend  déjà  i)lus  ou  moins  arbitniirc 
le  niveau  où  doit  se  li'ouver  la  limite  entre  la  séiie  de  la  dolomie 
et  les  couches  de  Pretoria,  qui  lui  sont  super[)osées  en  concoHance. 
Mais  cette  difficulté  est  encore  exagérée  ;  les  nombreuses  grottes 
et  cavernes  de  la  dolomie  ont  produit  des  afiàissements  si  fréquents, 
dans  la  partie  supérieure  de  la  dolomie,  que  généralement  les  cou- 
ches sont  très  disloquées  dans  la  zone  de  contiict  enti*e  la  dolomie  et 
les  couches  de  Pretoria,  oftrant  une  surface  ondulée  iri'égulière. 

Roches  éruptïves.  —  On  peut  ti^ouver  partout  des  dykes  de 
diabase  dans  la  dolomie,  mais  cependant  ils  y  sont  plutôt  i*ares. 
Des  bandes  intrusives  intercalées  sont  fréquentes  dans  le  district 
de  Lijdenburg  mais  semblent  être  l'ares  ailleui»s.  Pirs  de  Ottoshoop 
un  impoi-tiint  dyke  d'un  gabl)ro  à  quartz  et  amp)ii)>ole  -  assez  inté- 
ressant coupe  la  série  dolomitique  ;  la  belle  roche  de  Wonderfon- 
tein  qui  est  employée,  à  Johannesburg,  comme  pierre  de  cons- 
truction, vient  d'une  syénitporphyre  à  anorthose,  qui  forme  égale- 
ment un  dvke  énorme  au  travers  de  la  dolomie. 

3.  —  Série  de  Pretoria  •* 

Les  couches  de  Pretoria  sont  formées  par  une  succession  souvent 
ré[>étée  de  schist<^s  ardoisiers,  d'argilites,  de  quartzites,  et  de  bancs 
de  diabase  intercalés.  Les  afïleuremonts  des  (juartzites.  ([ui  ivsis- 

I.  Coiiiiiiiiniqiié  par  M.  P.  Dahms,  9,  p.  iiS. 

a.  Pour  la  description  pétrograpliique  de  cette  rorhe,  voir  :  (i.-A.-F.  Molkx- 

GRAAFF,  30,  p.  221. 

3.  En  1890  je  considérais  à  tort  cette  série  connue  faisant  partie  du  Système 
primaire,  30,  p.  2o5. 


4î2  O.-A.-F.   MOLBNGRAAFF  31  JaiiT. 

tent  aux  forces  dénudatrices,  forment  sur  le  sol  des  rides  ou  des 
escarpements,  qu  on  peut  suivre  sur  des  distances  énormes.  Cha- 
cun de  ces  quartzites,  possédant  des  caractères  assez  constants, 
constitue  une  couche  de  repère  d'une  très  grande  valeur  pour  la 
stratigraphie  spéciale  de  cette  série.  Choisissons  pour  exemple  le 
terrain  entre  Pretoria  et  le  fleuve  du  Krokodil,  où  la  série  de 
Pretoria  est  largement  développée.  Ce  terrain  est  formé  de  trois 
rangées  de  collines  de  direction  ouest-est,  séparées  Tune  de 
l'autre  par  de  larges  vallées.  La  plus  septentrionale  forme  le 
Magaliesberg,  rangée  imposante,  s'élevant  à  200  mètres  au-dessus 
des  plaines  environnantes  ;  on  peut  le  suivre  comme  un  mur 
gigantesque  sur  une  distance  de  quelques  centaines  de  kilomè- 
tres, sans  que  sa  crête  cesse  d'être  à  la  même  altitude  (1600  m.  en 
moyenne)  ou  que  son  escarpement  méridional  presque  vertical 
devieime  moins  menaçant.  La  seconde  rangée  est  celle  de  Das- 
poort  *  ;  la  troisième,  près  de  Pretoria,  porte  le  nom  de  Timeball- 
range.  Les  crêtes  de  ces  collines  ne  sont  autres  que  les  affleure- 
ments des  bancs  de  quartzite,  tandis  qu'on  doit  chercher  dans  les 
vallées  les^  argilites  intercalées. 

L'inclinaison  des  strates  de  la  série  de  Pretoria  étant  en 
moyenne  de  a5  à  40**  au  nord,  la  plongée  de  toutes  ces  collines 
vers  le  nord  correspond  à  l'angle  de  l'inclinaison  des  strates  et  par 
conséquent  est  faible,  tandis  que  le  versant  nord  est  très  escarpé. 

De  haut  en  bas  on  peut  distinguer  dans  cette  série  aux 
environs  de  Pretoria  les  assises  suivantes  : 

Grès  et  argiliten  aréiiacés  au  nord  du  Magaliesherji^. 

a3.  Grès  grossier. 

2*2  Quartzites  du  Magaliesberj^,  formant  un  groupe  quaKzitique  d'en- 
viron 175  mètres  d'épaisseur,  divisé  en  deux  par  une  bande  d*argi- 
lite  arénacée. 

Les  strates  33  et  aa  forment  le  sol  et  la  crête  du  versant  nord  du 
Magaliesberg. 

m.  Argilite. 

ao.  Diabase. 

19.  Hoches  cornéennes  du  versant  sud  du  Magaliesberg. 

18.  Succession  répétée  d'argilites  et  de  bancs  de  diabase  intercalés. 

17.  Quartzite  de  Daspoort.  Ce  quartzite  forme  la  crête  et  le  sol  du  ver- 
sant nord  des  collines  de  la  rangée  de  Daspoort. 

16.  Diabase  intrusive  à  gros  grains. 

i5.  Schiste  ardoisier  en  couches  épaisses,  employé  comme  pierre  de 
construction  dans  les  fondations  des  éditices  à  Pretoria.  Ces 
schistes  ardoisiers  sont  exploités  près  de  Daspoort,  sur  la  rive 
droite  de  TAapiesrivier,  au  nord  de  Pretoria,  et  sur  le  versant  sud 
du  Meyntjes-Kop. 

j.  Sur  la  carte  de  Jbfpb  cette  rangée  est  dénommée  Witwatersberg. 


igOI  GÉOLOGIE  DE   LA   RÉPUBLIQUE  SUD-AFRICAINE  4^ 

i4.  Argilite. 

i3.  Grès  fermgmenx  bnin-violet. 

la.  Argilite  et  diabase. 

II.  Diabase  amygdalolde. 

lo.  Argilites  et  nombreux  bancs  de  diabase  intrusive  intercalés  alterna» 

tivement.   On   trouve   aussi    quelques  bancs  minces  de  roches 

quartzitiques  intercalés  dans  la  partie  inférieure  de  ce  groupe. 
9.  Quartzite  blanc. 
8.  Grès  noir  à  magnétite  ;  le  ciment  de  magnétite  est  très  riche  et  son 

volume  est  bien  supérieur  à  celui  des  grains  de  quartz.  Cette  roche 

est  un  bon  minerai  de  fer. 
Les  assises  9  et  8  forment  le  sol  et  la  crête  du  versant  nord  des 

collines  de  la  rangée  de  Timeball  ;  les  affleurements  noirs  de  la 

roche  à  magnétite  contrastent  vivement,  même  vus  d'une  grande 

distance,  avec  ceux  du  quartzite  blanc. 
7.  Quartzite  et  grès  à  stratification  transversale  très  marquée. 
6.  Grès  fortement  chargé  de  magnétite,  dont  la  surface,  corrodée  par 

les  agents  atmosphériques,  offre  des  figures  bizarres. 
5.  Argilite. 
4.  Quartzite. 
3.  Argilite. 
a.  Schiste  ardoisier,  donnant  les  belles  dalles  utilisées  à  Pretoria.  Ces 

schistes  ardoisiers  sont  exploités  dans  de  vastes  carrières  sur  le 

versant  sud  de  la  colline,  couronnée  par  le  fort  de  Klapperkop. 
I .  Argilite  jaunâtre,  avec  une  ou  deux  bandes  de  silex  intercalés  çà  et 

là  ;  on  peut  regarder  ces  assises  comme  les  strates  de  passage  à  la 

série  des  doloniies  sous-jacente. 
Banc  supérieur  de  doloniie  et  de  silex  de  lu  série  des  Dolomies. 

On  peut  évaluer  l'épaisseur  de  ces  couches  comme  suit  : 

ac».  Vallée  au  nord  des  montagnes  du  Magalies,  ion  mètres. 

19.  Montagnes  du  Magulies,  4^^  mètres. 

18.   Vallée  du  Magalies,  800  mètres. 

15-17,  Rangée  de  Daspoort,  ar>o  mètres. 

10-14.  Vallée  à  l'ouest  de  Pretoria,  65o  mètres. 

1-9.  Rangée  du  Timeball,  4<n>  mètres. 

La  coDiposition  des  couches  de  Pretoria  est  constante  dans  la 
partie  centrale  et  orientale  du  pays.  Quelques-uns  des  étages  de 
repères  énumérés  ci-dessus  sont  encore  reconnaissables  avec  à 
peu  près  les  mêmes  caractères,  dans  le  district  de  Lijdenburg, 
c'est-à-dire  à  une  distance  de  plus  de  200  kilomètres  de  Pretoria . 
C'est  ainsi  qu  on  doit  considérer  l'épais  banc  de  quartzite  à  travers 
lequel  on  a  percé  le  tunnej  du  chemin  de  fer,  entre  les  stations 
de  Waterval-Boven  et  de  Waterval-Onder  *,  comme  l'équivalent 
du  quai*tzite  de  Daspoort  et  le  banc  de  grès  et  de  quartzite  à 
magnétite.  qui  est  traversé  en  tranchées  par  le  chemin  de  ier  à 

1.  Résidence  du  Président  Kruger,  après  la  conquête  de  Pretoria. 


44 


G.-A.-K.    MOLKNGRAAFF 


31  Jan^ 


Nooitgedacht'  comme  l'équivalent  du  grèsàiiiagnétitedeTiineball 
hill.  Ces  bancs  de  quartziten  se  distinguent  ti-ès  bien  dans  I 
topographie,  en  formant  des  kransen  \t^9.  marques  le  long  de  ton 
rescari)enient  oriental  du  haut  jdateau  dans  le  district  de  Lijden 


le  lu  si-rii;  de  Pretoria  entre  Wate^val-Bo^■e1 
.t  \VaUTVal-Onil.-r. 


burg  -,  Dans  le  bassin  du  Wilwatersrand.  où  les  couches  d 
Pretoria  sont  rei»ri5sentées  ]wr  im  complexe,  qui  a  reçu  le  noi 
local  de  duachfs  du  Gatsrand,  leiii'  dcveloppenient  olfi-e  aus! 
beaucoup  d'analogie  ;  seulement  les  gW-s  et  les  diabases  y  jouen 
im  plus  grand  rùle  que  dans  les  environs  de  Pretoria. 

Jusqu'il  [ti'ésent  on  a  rencontré  seulement  dans  quelques  localité 
de»  marncK  et  des  calcaires  intercalés  dans  les  argUites  de  la  nioiti 
supérieure  de  la  séné  de  Pretoria  -.  pai-  exemple  à  Van  I^niiep) 
kopje  à  une  petite  distance  du  village  de  Waterval-Boven  *.  I^e 
rechofches  de  fossiles,  dans  ces  couches,  n'ont  ]ius  été  couronnêf 
de  succès.  La  présence,  dans  les  jii^ilites  de  la  partie  aui>érieur 
de  la  série  près  de  Belfast,  d'un  banc  de  calcaire  un  peu  argileu 
est  intéressante  à  noter  ;  ce  calcaire  est  d'un  grain  très  fm  et  homt 
gène,  il  pounait.  <'ounue  on  en  a  l'ait  l'expérience  à  Jolianuesburji 
élrc  enq)loyé  comme  pierre  Hthograiilmjue.  Grâce  à  sa  cuuleu 


I.  Camp  Ata  prisonniers  angla 
a.  Voir  82,  lig,  5. 


i  apr^s  1h  pi'ise  dr  Pretoria. 


I9OI  GÉOLOGIE   DE   LA.   RÉPUBLIQUE  9UU-AFIIIGAINE  4^5 

et  à  son  aspect  tacheté,  il  pourrait  former  aussi  une  très  belle 
pierre  ornementale,  un  marbre  pour  constructions. 

A  l'ouest  du  méridien  de  Pretoria  le  ciu^actt^re  des  schistes  de 
Pretoria,  et  pai*ticulièrement  celui  des  argilites,  commence  à  se 
modifier,  les  derniers  devenant  de  plus  en  plus  ferrugineux.  A 
Fouest  de  Buiskop  les  couches  de  Pretoria  sont  princii>alement 
représentées  par  des  schistes,  qui  ont  une  certaine  ressemblance 
avec  les  schistes  ferrugineux  de  la  série  de  Hospital-hill.  Dans  le 
district  de  Marico,  les  argiKtes  de  cette  môme  série  sont  plus  dures 
et  plus  ferrugineuses  que  dans  les  environs  de  Pretoria.  Au  delà  de 
la  frontière,  dans  le  Griqualand-west,  les  couches  de  Pretoria, 
reposant  sur  les  dolomies  du  Gampbellrand,  sont  très  dures  et 
ferrugineuses,  et  en  grande  partie  formées  par  des  jaspes  ^  entre 
les  assises  minces  desquels  on  trouve  des  bandes  d'une  amphibole 
rare  appelée  crocidolite. 

GiTKS  MÉTAXLiFÉRES.  —  Il  résulte  des  recherches  effectuées 
jusqu  à  présent  que  les  couches  de  Pretoria  ne  sont  pas  très 
riches  en  gîtes  métallifères. 

Dans  la  partie  inférieure  on  trouve  des  filons-couches  de  quartz 
aurifère,  qui  ofirent  une  très  grande  analogie  avec  ceux  qu'on 
trouve  dans  la  dolomie.  On  a  commencé  l'exploitation  de  ces 
veines  k  Koesterfontein  [io8]  et  à  Blauwbank  [io4],  à  l'ouest  de 
Krugersdorp,  mais  sans  obtenir  de  résultats  favorables.  On  doit 
placer  dans  un  niveau  un  peu  supérieur  les  gisements  de  Scheer- 
poort  [i5o],  à  une  trentaine  de  kilomètres  au  nord  de  Rrugeredorp, 
dont  on  a  essayé  l'exploitation  plusieurs  fois  sans  succès.  On  a 
été  plus  heureux  dans  le  district  de  Lijdenburg,  où  l'on  a  exploité 
avec  profit  le  filon-couche  de  quartz  aurifère,  nommé  Bewitts-reef, 
situé  pivs  de  la  base  de  la  série  de  Pretoria,  aux  environs  de 
Frankfort  -. 

On  a  trouvé  dans  les  parties  siipéricmvs  de  la  séri(»  de  Pretoria 
(les  filons  cuprifèi'es  et  plombifères  dans  les  districts  do  Pretoria, 
Kustenburg  et  Lijdenburg.  I^s  minerais  de  ces  filons  renlèrinent 
une  certaine  proportion  d'ai^cnt,  aussi  leurs  (exploitations  sont- 
elles  indiquées  conmie  mines  d'ai^ent. 

Tectonique  et  roches  khuptives.  —  11  existe  des  i*eiations 
évidentes  enti^e  la  répartition  de  ces  filons  et  les  accidents  tecto- 
niques liés  aux  phénomènes  d'intrusion  et  d'éruption  des  roches 

I.  G.-W.  Stow.  49,  p.  .")8i. 

■J.  J.-<i.   BoUSQUBT,  3,  p.  4 1* 


46 


G.-A.-F.    MOLKNGRAAFF 


ai  Janv. 


de  la  série  plutonienne  du  Boschveld  :  en  analysant  cette  deiv 
nière,  nous  étudierons  en  détail  ces  gîtes  métallifères. 

Les  couches  de  Pretoria  sont  traversées  par  un  grand  nombre 
de  dykes  de  diabase  et  de  nombreux  bancs  de  cette  roche  y 
sont  intercalés.  On  peut  étudier  facilement  les  relations  entre  ces 
dykes  et  les  bancs  ou  les  dépôts  stratifiés  de  la  série  de 
Pretoria  dans  la  remarquable  tranchée  du  chemin  de  fer  entre* 
Belfast  et  Godwan.  Pour  toute  la  série.  j*ai  compté  dans  cette 
coupe  56  bancs  de  diabase  d*unc  épaisseur  de  plus  de  3  mètres 
et  un  très  grand  nombre  d*une  moindre  épaisseur.  On  y  trouve 
quelques  bancs  d*une  diabase  amygdaloîde.  qui  peuvent  être 
contemporains  de  la  formation  de  la  série,  mais  les  entre-bancs 


Fig.  9,  —  Dyke  de  diabase  formant  un  baoc  intmsif.  au  kilomètre  219 
du  chemin  de  fer  de  Komatipoort  à  Pretoria.  —  Échelle  i/iooo*. 

s,  Argilite  de   la  aêrie  de   Pretoria  ;   s„  Argilite   durcie  ;    l,  Diabase. 

de  diabase  sont  intrusifs.  ce  qui  est  prouvé  par  la  transformation 
métamorphique  en  roche  coméenne  obser^'able  très  souvent  dans 
les  argilites,  au-dessus  aussi  bien  qu'au-dessous  des  bancs  de  dia- 
base. On  voit  i>ar  exemple  dans  la  coupe  de  la  fig.  8  des  dykes  de 
diabase  qui  s  épanchent  en  formant  des  bancs  intrusifs.  Le  méta- 
morphisme de  con- 
M*y»tf^  Kmp  tact  peut  être  étudié 

avec  facilité  tout 
près  de  Pretoria  à 
Meyntjeskop,  sur  un 
banc  épais  d*une 
diabase  à  g^s  grains 
intercalé  entre  le 
quartzite  de  Das- 
poort  au-dessus  et 
une  argilite  au-des- 
sous. Au  contact  on 


Pig,  ^.  —  Diabase  inlrusive  dans  les  couches  de  la 
série  de  Pretoria,  près  de  Pretoria. 

q,  Quartzite  de  Daspoort,  épaisseur  17  mètres  ; 
.     q„  Quartzite  altéré  chargé  d'épidote  et  d'acti- 

note  :  2,  Diabase  gabbroique  à  gros  grains,  ép. 

!♦>  m.  ;  s„  Argilite  durcie  ;  s.  Schiste  ardoisier 

en  couches  épaisses,  ép.  35  m. 


trouve  Fargilite  durcie  et  beaucoup  moins  fissile  qu*un  peu  plus 
bas  où  elle  n'est  pas  altérée,  tandis  que  le  quartzite,  durci  égale- 
ment, est,  dans  le  voisinage  du  contact  avec  la  diabase,  chargé  de 
petits  cristaux  d'épidote  et  d'actinotc  en  gerbes  (fig.  9). 


igOl  GÉOLOGIE  DE   LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINB  4? 

Les  couches  du  Système  du  Cap,  disposées  comme  nous  Tavons 
déjà  dit  en  discordance  manifeste  sur  celles  du  Système  primaire  * , 
ne  sont  généralement  pas  redressées  fortement,  l'angle  de  Tincli- 
naison  ne  dépasse  guère,  dans  tout  le  district  de  Lijdenbui^,  7  à 
i5**.  Mais  il  y  a,  pourtant,  d'assez  nombreuses  exceptions.  Tout 
autour  du  massif  de  granité  de  Vredefort,  le  Système  du  Cap  a 
subi  des  mouvements  de  même  ordre  que  le  Système  primaire 
sous-jacent  ;  la  position  verticale  en  est  résultée  pour  les  strates  de 
la  série  du  Black-reef  et  de  la  dolouiie  (pi.  II,  coupe  i)  ;  langle  de 
redressement  va  en  diminuant  graduellement  dans  les  couches 
superposées  du  Gatsrand,  qui  appartiennent  à  la  série  de  Pretoria. 
Les  mêmes  constatations  peuvent  être  faites  dans  les  montagnes 
de  Makapan  (iig.  10);  là  Finclinaison  uioyenne  des  strates  dans 
le  Système  du  Cap  en  discordance  évidente  sur  le  Système  pn- 
maire  ne  dépasse  pas  ao""  paiiout  où  la  direction  des  strates  est 
nord-sud,  mais  ces  mêmes  couches  sont  redressées  verticalement 
partout  où  la  direction  des  strates  est  de  Touest  à  Test.  Nos  con- 
naissances sur  la  stinicture  géologique  du  Transvaal  ne  sont 
encore  suffisantes  que  sur  des  points  trop  éloignés  les  uns  des 
autres  pour  pouvoir  expliquer  les  causes  plus  ou  moins  locales 
des  phénomènes  de  redressement  du  Système  du  Cap.  Mais  on 
peut  apprécier  avec  plus  de  justesse  les  phénomènes  qui  ont  été 
le  résultat  de  Finclinaison  des  strates  du  Système  du  Cap  vers  un 
centre  commun  dans  la  partie  centrale  du  Transvaal.  On  voit, 
dans  le  pays  au  nord  de  Pretoria,  l'inclinaison  des  strates  de  ce 
Syst<!»me  se  diriger  et  aller  en  aug^nentant  vei's  la  région  nommée 
Boschveld^  où,  comuie  nous  le  verrons  plus  loin,  des  intrusions  et 
des  éruptions  d'un  magma  riche  en  soude  ont  eu  lieu  après  la  période 
de  formation  des  couches  de  Pretoria.  Ces  dernières  sont,  jus- 
qu'à une  certaine  distance  de  ce  bassin  de  roches  ignées,  redressées, 
disloquées  et  même  quelquefois  courbées  en  larges  plissements. 

Affleurements.  —  Les  lignes  (raffleurement  et  Finclinaison 
des  couches  de  Pretoria  et  du  Black-reef  indiquées  sur  la  cai'te 
(Planche  1)  peuvent  donner  une  idée  du  relief  du  territoii*e  occupé 
par  l'étage  inférieur  du  Système  du  Cap.  Au  nord  de  Pretoria 
on  voit  le  bassin  du  Boschveld  environné  de  tous  côtés  par  une 
bande  du  terrain  de  l'étage  inférieur  du  Système  du  Cap,  seule- 
ment interrompue  au  sud-est,  où  elle  est  cachée  par  les  dépôts  du 
Karroo  superposés,  et  au  nord,  où  le  grand  pli  qui  sépare  le  bassin 

I.  Les  coupes  de  la  Planche  n  donnent  une  bonne  idée  de  la  position  discor- 
dante du  Système  du  Cap  sur  les  terrains  anciens. 


4^  Tt.-a.-f.  molengraafk  ai  Janv. 

du  Boscliveld  du  bassin  du  Waterherg  est  en  ]iartie  caché  [mr  les 
l'oches  ignées  et  les  grès  de  Fétage  supérieur.  Sur  les  deux  côtés, 
est  et  ouest,  du  bassin  du  Waterberg,  le  prolongement  de  cette 
bande,  formée  par  Fétage  inférieur  du  Système  du  Qip,  est  très 
peu  connu,  la  région  n'ayant  pas  été  explorée  au  point  de  vue 
géologique.  On  voit  aussi  comment  les  couches  du  Système  du 
Cap,  à  la  limite  méridionale  du  Bosch veld,  sont  en  connexion  par- 
faite avec  celles  du  bassin,  ou  mieux  du  fossé,  du  Witwatersrand, 
dont  la  continuation  au  sud-est  est  cachée  sous  les  dépôts  du 
Karroo.  Un  lambeau  isolé  qui  affleure  près  de  la  frontière  occiden- 
tale de  la  République  annonce  Fénorme  développement  du  Système 
du  Cap  dans  le  Griqualand-west  et  le  Bechuanaland. 

4.  —    SÉRIE  PLUTONIENNE  DU  BOSCHVELD 

J'ai  donné  ce  nom  à  un  groupe  de  roches  intrusives  et  éruptives, 
ayant  ])our  caractère  commun  une  forte  teneur  en  soude,  et  dont 
Fascension  a  eu  lieu  après  la  période  de  'formation  de  la  série  de 
Pretoria  et  avant  celle  du  système  du  Karroo. 

Granité  rouge.  —  Un  des  représentants  typique  de  ce  groupe 
est  le  granité  rouge,  roche  qui  occupe  une  vaste  surface  au  nord 
des  Magaliesbergen,  dans  le  Bosch  veld,  et  qui  avait  déjà  attiré,  il  y 
a  trente  ans,  Fattention  des  premiers  explorateurs,  Mauch,  Hûbner 
et  Coh(»n.  C(*  granité  rouge  est  une  roche  grenue,  composée  de 
feldspath  rouge,  géiiéi'aleiueiit  de  Fanorthose  ou  de  Forthose,  de 
c[uartz  (»t  de  petites  quantités  d'am])hil>ole  fortement  pléochroïque 
et  de  biotitcî.  \a\  faible  proportion  des  constituants  foncés  donne  à 
ce  granité  en  place  une  couleur  rougeàtre,  les  parties  superficielles 
décomposées  étant  grises  ou  blanchâtres.  Le  plus  souvent  ce 
granité,  quoique  grenu,  possède  une  structure  micropegmatoïde 
parfaite  :  ce  type  est  très  constant  et  j'en  ai  récolté  des  échantil- 
lons impossibles  à  distinguer  les  uns  des  auti^es  en  des  localités 
distantes  Fune  de  Fautre  de  plusieurs  centaines  de  kilomètres,  à 
Krokodilpoort  [4iï]  <*t  à  Honignestkrans  [121],  au  nord  du  Maga- 
liesberg  (district  de  Pretoria),  à  Klipfontein (district  du  Waterberg) 
et  sur  le  versant  nord  du  Botha's  berg  (district  de  Middelburç). 
Dans  les  anciennes  descriptions  géologiques  du  Transvaal,  entrt> 
auti*es  dans  celle  de  Schenck,  à  laquelle  on  a  donné  le  plus  d'auto- 
rité, les  auteurs  ne  soupçonnent  pas  la  différence  entre  ce  granité 
rouge  et  le  granité  ancien  et  regardent  la  région  du  Boschveld 
comme  appartenant  au  terrain  primaire.  Cette  erreur  a  créé  des 


1901 


QKOLOOIB   DE  LA    REPUBLIQUE   SL'D-AFRICAINE 


difficultés  stratigraphiques  de  plus 
en  plus  insurmontables  à  mesure 
que  nos  connaissances  sur  la  struc- 
ture géologique  <tu  pays  augmen- 
taient. Toutes  les  difficultés  se 
résolvent  d'elle- mêmes,  aussitôt 
que  l'on  admet  que  le  granité  ruuge 
et  les  autres  roches  plutoiiiennes 
qui  l'accompagnent  sont  d'une 
époque  plus  récente  (jue  le  gntiiite 
du  Systt'iue  primaire,  c'est-à-dii-e 
que  leur  ascension  est  postérieure 
à  ta  période  de  genèse  de  la  série 
de  Pretoria. 

La  situation  géologique  du  gi-a- 
nite  ixiuge  est  montrée  nettement 
dans  la  coupe  i  (PI.  fl).  Si,  jiartaTit 
(lu  massif  granitique  situé  entre 
Johannesbui^  et  Pretoria,  on  se 
dirige  vers  le  nord,  on  voit  com- 
ment ce  granité  est  recouvert  par 
l>  série  du  DIack-rcef,  et  comment 
le  succèdent,  d'abord  les  dolomies, 
puis  la  série  de  Pretoria,  tuujoui-s 
avec  peudage  vei-s  le  nonf.  On 
rencontre  ensuite  sn]ierposés  aux 
utuclii-s  de  Pretoria,  au  niird  da 
Magalieslierg.  le  granité  rouge  cl. 
ïsa  bjisc.  di's  iiurittts  et  dos  roclu's 
ïvcnitiques.  Si,  des  environs  de 
Lijdenbui^,  nous  nous  dirigions 
vers  l'ouest,  nous  aurions  cxautt-- 
ment  la  méiue  succession  (1*1,  fl. 
roupies  ti  et  'J).  Iji  aussi  la  série  du 
Blaek-i'ocf  (gi-èsde  Kantoor  etgrcs 
du  Di-akenslicrg)  i-ejiose  eu  discor- 
dance sur  le  granitc  iiUcien  et  les 
schistf^s  du  terrain  prîmaiiv.  au- 
dcasus  se  trouve  la  dolouiic.  et  au- 
clpssu!«  de  la  dolouùp.  dans  les  tnou- 
Ugnes  de  Steenkamp,  repose  la 
série  de  Pretoria,  toujours  avec  une 

■3  Juin  ii(oi.  —  T.  1". 


Bull.  Soc.  (îéol.  Vr. 


oo 


G.-A.-F.  MOLENGRAAFF 


ai  Janv. 


inclinaison  vers  Fouest,  allant  en  augmentant  de  7**  à  a5°.  Enfin  dans 
les  montagnes  de  Botha  et  dans  le  pays  de  Secoecoeni,  le  granité 
rouge  recouvre  la  série  de  Pretoria,  avec  à  sa  base  des  syénites  et 
des  norites  accompagnées  de  gisements  de  magnétite.  La  m^me  suite 
se  rencontre  dans  les  montagnes  de  Maka|>an  (fig.  10).  A  Button'skop 
la  série  du  Black-reef  avec  pendage  vers  Fouest,  repose  en  discor- 
dance sur  les  schistes  dans  lesquels  se  trouve  la  mine  d'or  d'Eerste- 
ling  et  sur  le  granité  ancien.  Au-dessus  du  Black-reef  vient  la  dolo- 
mie,  surmontée  par  les  couches  de  Pretoria  et,  à  la  partie  supérieure, 
près  de  Piet-Potgietersrust,  par  le  granité  rouge,  ayant  encore  une 
fois  à  sa  base  de  la  norite.  Cette  norite  donne  naissance,  près  de 
ce  dernier  village,  à  des  collines  fracturées,  ayant  Faspect  des 
collines  dites  Zwartkoppies  et  Pyramides,  sur  le  versant  nord  du 
Magaliesberg. 

Le  tableau  comparatif  suivant  donne  les  principaux  caractères 
du  granité  ancien  et  du  granité  rouge. 


Granité  ancien 

Généralement  couleur  grise  plus 
ou  moins  foncée,  assez  rarement  cou- 
leur rouge  *. 

Dans  la  majorité  des  cas  granité  à 
biotite  ou  granité  à  biotite  et  amphi- 
bole, assez  souvent  aussi  granité  à 
deux  micas  et  rarement  granité  à 
muscovite. 

Elément  feldspatique  représente 
en  grande  partie  par  du  mierocline  et 
du  plagioclase. 

Structure  micropegmatolde  incon- 
nue. 

Veines  a  pegmatitc  très  communes 
donnant  à  la  roche  une  apparence 
entrelardée. 

Roches  de  profondeur  toujours 
exclusivement  de  la  famille  grani- 
tique. 


Hoches  pouvant  être  regardées 
comme  des  représentants  d^épanche- 
ment  de  la  famille  du  granité,  incon- 
nues. 


Granité  rouge 

Presque  toujours  couleur  rouge. 


Généralement  granité  à  amphibole 
et  biotite,  quelquefois  granité  à  am- 
phibole et  rarement  granité  à  biotite. 
La  muscovite  n*a  jamais  été  ren- 
contrée. 

Elément  feldspatique  représenté 
presque  exclusivement  par  Tanor- 
those  et  Torthose. 

Structure  micropegmatolde  en  gé- 
néral admirablement  développée  et 
caractéristique. 

Veines  de  pegmatite  pas  encore 
rencontrées. 

Roches  de  profondeur  de  la  famille 
granitique,  de  la  famille  syéhitique 
et  de  la  famille  gabbroique,  associées 
au  granité  rouge  suivant  une  certaine 
loi. 

Dans  le  terrain  du  granité  rouge 
on  trouve  assez  souvent  des  roches 
très  diverses,  pouvant  être  regardées 
comme  des  types  d*épanchement  des 
familles  de  roches  de  profondeur 
ci-dessus. 


I.  J'ai  trouvé  des  variétés  rouges  du  granité  ancien,  assez  rares,  dans  le 
massif  de  Vredefort,  dans  quelques  localités  du  district  de  Vrijheid,  et  gr&ce 
à  des  forages,  sur  la  propriété  Vlakfontein  [443]  >  P^^^  du  Modderfontein 
G.  M.  Co. 


igoi 


GEOLOGIE  DE  LA   REPUBLIQUE   SU1>-AFR1CA1NE 


5l 


On  ne  trouve  guère,  sauf  tout  près 
du  contact  avec  les  schistes  environ- 
nants, de  ségrégations  des  éléments 
les  plus  basiques. 


Schistes  crystallophylliens  assez 
répandus  dans  la  zone  du  granité 
ancien.  Us  forment  souvent  des  ban- 
des d'une  grande  étendue  et  dans  le 
voisinage  le  granité  a  souvent  une 
structure  parallèle  et  se  transforme 
en  des  variétés  gneissiques  ou  am- 
phibolitiques. 

Nombreux  dykes  de  diabase. 


On  voit  aussi  bien  sur  une  grande 
que  sur  une  petite  échelle  la  ségré- 
gation des  éléments  les  plus  basiques 
se  présenter  d'une  manière  très  mar- 
quée. Cest  ainsi  qu'on  trouve  l'am- 
phibole dans  le  granité  rouge  (qui 
du  reste  est  assez  pauvre  en  éléments 
foncés)  accumulée  dans  des  masses 
de  diverses  dimensions,  qui  devraient 
être  nommés  des  amphibolites  (/lor/i- 
blendefels). 

La  distribution  relative  des  gra- 
nités rouges,  des  syénites,  des  nori- 
tes  et  des  gites  métallifères  dans  ces 
norites  peut  être  imputée  à  des  phé- 
nomènes de  ségrégations  (Voir  plus 
loin). 

Schistes  cristallophylliens  incon- 
nus dans  la  zone  du  granité  rouge. 


Dykes   de   diabase   man(|uant   ou 
assez  rares. 


(>5  tableau  montre  jusqu'à  l'évidence  que  le  granité  ancien  et 
le  granité  ix)uge  sont  des  éléments  si  fondamentalement  dillérents 
qu'ils  ne  peuvent  être  Tun  l'équivalent  de  l'autre.  Il  est  d'ailleurs 
impossible  de  les  confondi^e  lorsqu'on  a  vu  leur  gisement  et  l'aspect 
({u'ils  impriment  au  paysage. 

Syéxites.  —  En  outixî  du  granité  rouge  on  trouve  en  abondance, 
dans  le  Boschveld,  d'autres  types  de  roches  de  profondeur  non 
moins  intéressantess,  ttdles  que  la  syénite  à  néphéline(éléolite),  la 
syénitc  à  anorthose  <»t  la  norit<». 

I^  syénite  à  éléolite  qui,  entre  autres,  forme  un  massif  d*une 
étendue  mé<liorre  sur  les  propriétés  Zeekoegat  [287]  et  Leeuw- 
fontein  [3aoj,  au  nord  des  Magalieshei^en,  est  représenté  par 
toute  une  sérit»  de  variétés,  dont  les  types  givnus  ])euvent  ètvr 
comptés  parmi  les  représentants  les  plus  beaux,  jusqu'à  présent 
connus,  de  cettt^  roche.  Leur  surface  olfre  un  aspect  curieux  ;  elle 
est  creusée  de  petits  ti^ous  soit  hexagonaux,  soit  cpiadratiques, 
empreintes  en  creux  des  grands  cristaux  de  néphéline,  qui.  se 
décomposant  plus  facilement  que  le  reste  de  la  roche,  ont  complè- 
tement disparu.  A  une  petite  profondeur,  Féléolite  est  parfaitement 
inaltérée.  I^s  grands  cristaux  d'anorthose,  des  macles  de  Carlsbad 


Sa  G.-A.-F.  molkNgraafk  ui  Jauv. 

ti'ès  aplatios  suivant  (oio)  sont  orientées  pivsque  parallèlement, 
(^ette  disposition  donne  à  la  ixx'he  entière  une  soi-te  de  clivage  '. 

La  syènite  à  anoi-those,  type  pour  letpiel  M.  Hendci'son  -  a  pix>- 
posé  le  nom  de  hatherliie.  forme  des  massifs  nombreux  et  de 
jçrande  étendue.  Je  les  ai  ti'ouvés  au  noixl  des  Magaliesbei^en  sur 
l<»s  j)ix)[)riétés  Waterval  [laoj,  Lt^euwfontein  [3îioJ  et  Zeekoi^at 
[287 J  et,  sur  le  vei'sant  noixl  du  Botha\s-bei'g,  dans  la  propriété 
Blinkwater  [77J. 

Ces  massifs  de  syénite  présentent  des  types  syénitiques  très 
variés,  parmi  eux  la  syénite  à  titanite  et  la  syénite  à  pistacite,  eette 
dernière  étant  une  variété  de  décomposition  assez  répandue. 

NoRiTK  ET  MAGXÉTiTE.  —  A  la  [>éripliérie  de  la  zone  du  granité 
rouge  on  trouve  presque  partout  des  norites,  d<mt  les  gisements 
se  reconnaissent  aisément  dans  la  topographie  aux  formes  bien 
accentuées  des  collines  formées  par  cette  roche.  On  les  a  trouvées 
au  nord  de  Zeei'ust,  à  Alewijnspoort  ['Jio]  (district  de  Marico),  au 
nord  de  Rustenbui'g  et  «le  là  dans  une  zone  presque  ininterrompue, 
les  Zwartkopï»ies,  le  long  du  vei'sant  noixl  des  Magaliesbergen, 
jusque  dans  les  environs  de  Pretoria,  sur  le  versant  noixl  des 
Hotha's  bei'gtm  (district  de  Middelbui'g)  et  près  de  Piet-Potgieters- 
rust,  le  long  du  vei^sant  occidentîil  des  montagnes  de  Makapan. 

Ces  norites  sont  de  belles  roch<»s  qui  présentent  plusieui's 
variétés,  tantôt  à  ensUitite,  Umtùt  à  hypei*sthène  ou  bien  à  hyper- 
sthène  et  diallage.  Klles  ont  été  l'objet  d'une  étude  détaillée  pétix>- 
graphique  et  chimique  par  M .  Henderson  ^.  Des  pyroxénites , 
composées  uni([uement  d'enstatite,  sont  souvent  combinées  à  la 

I.  Jusqu'alors  l.i  néphéline  avait  été  Irouvor  dans  le  Transvaal  jmp  Coukn, 
seulement  dans  une  syénite  près  du  Hexrivier,  dans  la  rangée  du  Zwart- 
koppies,  située  éjçaieinent  au  nord  des  Magaliesbergen.  Cette  syénite  à 
néphéline  a  élé  déerite  par  M.  Wilking;  la  néphéiine  n'y  est  visible  qu'au 
inicroseope. 

Voir  E.-A.  Wi  i.FiNt;,  53,  p.  i(». 

a.  M.  lÎKNDKHsoN  a  donné  une  très  bonne  description  <le  cette  n»ehe.  Je  l'ai 
également  étudiée  en  plaques  minées  el  je  serais  tenté  de  lui  donner  le  nom 
de  Hjrénite  anorthosique  à  amphibole  et  pyroxènt*  {AnorthoklaS'Am.phibol" 
Pyroxen-Syenit).  Henderson  préfère  appliquer  des  noms  séparés  aux  roches 
à  anorthose  et  propose  dans  ce  cas  le  nom  de  Uathrvlite.  C^e  nom  serait  bon 
s'il  n'y  avait  erreur  de  localité  ;  celle  roche  allleurc,  il  est  vrai,  non  loin  de 
l'ancienne  fabriijue  de  poudre  et  sur  remplacemenl  de  l'ancienne  fabrique  de 
dynamite  dans  la  jjropriclc  Leeu\vfontein  [^aoj,  mais  celle  fabrique  n'a  rien 
de  commun  avec  la  «  Flcrstc  l^^abrickcn  »  ou  la  fabritpie  de  Hallierley,  qui  est 
située  au  versant  sud  des  Magaliesbergen  sur  les  alïleuremcnts  de  la  série  de 
Pretoria.  Voir  J.-A.-L.  Iïkndkhson,  24,  p.  'J.">  et  suivantes. 

3.  J.-A.-L.  Hrndkrson,  24,  p.  lo-^a. 


I(>01  GKOLOGIE   DE   LA    REPUBLIQUE    SUD-AFRICAINE  53 

norite.  A  Alewijnspoort  (district  de  Marieo)  *,  ces  roches  à  enstatite 
sont  grenues,  à  grains  de  dimensions  médiocres,  tandis  que  dans 
les  collines,  dites  Pyramides,  au  nord  de  Pretoria,  elles  sont 
composées  de  cristaux  d'enstatitc  d'une  longueur  qui  dépasse 
souvent  dix  centimètres.  Ces  norites  ont  une  importance  écono- 
mique; en  ellet,  des  amas  lenticulaires  de  magnétite  foi'tement 
attractive  et  très  pure  leur  sont  associés,  formant  des  gîtes  métal- 
lifèivs  d'une  tivs  grande  étendue. 

Ce  sont  les  meilleurs  gites  lernfères  du  pays.  Il  n'est  pas  difficile 
de  prouver  que  la  magnétite  est  un  produit  de  ségi'égation  de  la 
norite,  car  ou  peut  observer  partout  que  la  teneur  en  magnétite, 
dont  la  présence  comme  constituant  normal  est  toujoui's  cons- 
tatée sous  le  microscope,  va  en  augmentant,  à  mesure  qu'on 
s'ap])roche  des^ainas  de  magnétite  pure  ;  enfin  tous  les  éléments  de 
la  norite  éUint  dispainis,  sauf  la  magnétite,  il  reste  un  minerai  de 
magnétite  pure.  Il  est  certain,  que,  lorsque,  dans  l'avenir,  l'indus- 
trie du  fer  se  développera  dans  le  pays,  ces  gisements  atteindront 
une  importance  considérable. 

J'ai  trouvé  des  gisements  de  chromite  associée  à  la  norite  dans 
quelques  localités,  par  exemple  sur  la  propnété  Zilikatsnek  [Syg], 
au  noi'd  du  Magaliesberg.  Ces  gisements  sont  très  peu  étudiés  et  on 
ne  saurait  encore  se  former  une  idée  de  leur  étendue  ou  de  leur 
importance. 

Pour  ce  qui  est  des  i*elations  entre  eux  des  tyj)es  ï)i'incipaux  de 
ces  roches,  on  constate  que  le  granité  rouge  occupe  le  centime  de  ce 
vaste  terr.iiii  ])lutonien  et  que  les  autres  types  sont  restreints 
à  la  zone  péiiphérique  ;  la  norite  doit  être  recherchée  dans  la 
zone  la  plus  périphénque  et  une  bande  de  roches  syénitiques,  qui 
ne  sont  cependant  pas  développées  d'une  manière  aussi  régulière 
et  aussi  uniforme  que  la  norite,  la  sépaiv.  du  granité.  On  trouve 
donc,  en  schématisant  les  faits,  dans  cette  immense  formation 
plutouienne  une  succession  de  roches  de  plus  en  plus  basiques  en 
se  dirigeant  du  centre  à  la  périphérie. 

Kn  outn*  des  roclies  intrusives  de  profondeur  cette  même  région 
est  très  riche  en  roches  éruptives  de  types  fort  différents.  Dans 
une  partie  du  domaine  du  granité  rougt\  c'est-à-dire  dans  le  distiîct 
du  Waterbei-g,  >on  trouve  associé  au  graiiiU»  rouge  des  types  por- 
phyriques.  On  y  trouve  quelquefois,  couiine  à  Magalakwieiis-oog, 
lies  poi^ihyres  pétrosiliceux  à  quartz  globulaire,  et  plus  communé- 

I.  Nous  devons  à  M.  Hrndkrson,  24,  p.  '38-4i,  une  descripliou  pétrogru- 
pliique  et  une  analyse  de  cette  belle  roche. 


54  G.-A.-F.    MOLENGRAAFF  21  JanV. 

ment  des  felsophyres.  Les  porphyres  à  pinitoïde  de  ce  district  sont 
très  caractéristiques,  ce  sont  des  felsophyi*es,  dans  lesquels  les 
phénocristaux  de  feldspath  sont  entièrement  altérés  en  pinitoïde, 
le  tout  formant  une  belle  roche  rouge  à  taches  vertes. 

Bien  plus  importantes  et  bienplus  variées  sont  les  roches  d'épan- 
chement  qu'on  trouve  près  de  la  périphérie  du  Boschveld.  Parfois 
ce  sont  des  porphyres,  qui  pourraient  être  regardés  comme  le  faciès 
éruptif  des  syénites  et  des  norites,  comme  par  exemple  le  type 
porphyrique  de  syénite  à  anorthose  des  Pilandsbei^en  (district  de 
Rustenbui^),  décrit  par  M.  Henderson  '  sous  le  nom  de  pilandite. 
Mais  en  généi^al  les  relations  sont  plus  complexes. 

Citons  comme  preuve  ce  qu'on  trouve  dans  la  coupe  le  long  du 
fleuve  Pienaar,  sur  le  versant  nord  du  Magaliesberg. 

On  voit  sur  la  propriété  Baviaanskloof  les  quartzites  supérieurs 
du  Magaliesbei^  traversés  par  de  nombreux  dykes  de  composition 
très  variée  et,  plus  au  nord,  sur  la  propriété  Zeekoegat  [287],  on  voit 
ces  mêmes  strates  recouvertes  en  concortiance  apparente  par  des 
dépôts  éruptifs  stratifiés,  des  brèches  et  des  agglomérats  éruptifs, 
des  tufs  siliciûés,  des  lits  de  scories  transformés  en  brèches  de 
roches  amygdaloïdes,  tous  ces  types  alternant  avec  des  bancs  assez 
épais  de  roches  porphyriques  très  variées,  ressemblant  tantôt  à  des 
rhyolithes  et  à  des  felsophyres,  tantôt  à  des  andésites  à  amphibole, 
tantôt  à  des  basaltes,  tous  représentants  d'anciennes  coulées  de 
roches  d'épanchement. 

L'intrusion  et  les  éruptions  des  roches  de  cette  série  plutonienne 
doivent  avoir  été  accompagnées  par  des  émanations  gazeuses.  Dans 
le  granité  rouge  les  gaz,  qui  se  dégageaient,  ont  été  chargés  de 
composés  fluorés.  En  eflet  la  fluorine  est  associée  régulièrement 
aux  roches  d'épanchement  du  groupe  du  granité  rouge,  et  elle  est 
un  des  minéraux  les  plus  constants  dans  les  cavités  de  ces  roches. 
Mais  il  en  résulte  aussi  que  la  majorité  des  filons  qui  parcourent 
le  gi'anite  rouge  sont  des  gîtes  d'émanation.  Dans  le  district  du 
Waterberg,  par  exemple,  le  massif  des  porphyres  quai^tzifères  et 
des  felsophyres  est  recoupé  par  de  nombreux  filons.  La  gangue  est 
bréchi forme  et  consiste  en  fragments  des  murs,  sur  les  parois  des- 
quels ont  cristallisé  les  cristaux  de  quartz  en  ix)sette.  I^  vide 
restiint  est  occupé  par  de  l'hématite  seule  ou  par  de  l'hématite  et  de 
la  fluorine.  Dans  quelques  localités,  par  exemple  à  Welgevonden, 
les -filons  sont  plus  importants  :  (m  constate  alors  que  la  partie  du 
filon,  voisine  du  toit,  est  entièrement  conqjosée  de  quailz.  tandis 

I.  J.-A.-L.  Hbndbrson,  24,  p.  4^. 


I9OI  GÉOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAIXE  55 

que  la  partie  voisine  du  mur  est  composée  de  fer  oligiste,  de 
fluorine  et  de  quartz.  L'épaisseur  du  fer  oligiste  avec  fluorine 
varie  de  i  à  3  mètres.  Ce  fer  oligiste  est  très  pur  et  le  quartz  qui 
raccompagne  est  aurifèi^e.  On  en  a  tenté  l'exploitation,  mais  la 
proportion  d'or  est  trop  variable  pour  que  Ton  ait  obtenu  des 
résultats  satisfaisants. 

I^  même  gangue  de  quartz  et  de  fer  oligiste  a  été  trouvée  dans 
rAlbert-silver-mine,  située  dans  le  granité  rouge,  à  ^5  kilomètres 
est-nord-est  de  Pretoria.  Le  principal  minerai  de  cette  exploita- 
tion est  une  bomite  argentifère. 

En  outre,  dans  les  autres  veines  de  la  série  plutonienne  du 
Boschveld,  Tinfluence  des  émanations  gazeuses  est  révélée  par  ce 
fait  que  les  roches  en  contact  avec  les  filons  sont  profondément 
imprégnées  par  des  composés  métalliques.  Ce  phénomène  est 
constaté,  par  exemple,  dans  les  filons  qu'on  rencontre  sur  le  ver- 
sant nord  du  Botha's  berg,  sur  les  pi'opriétés  Rhenosterhoek  [iio] 
et  Laatste-drift  [82].  Ces  filons  traversent  la  syénite  à  anorthose 
et  la  norite  et  contiennent  des  minerais  sulfurés  de  fer,  de  cuivre 
et  même,  dans  la  dernière  localité,  des  minerais  de  cobalt.  Une 
imprégnation  profonde  des  murs  de  granité  rouge  a  été  constatée» 
dans  le  lilon  aurifèrt*  de  rAlbert-silver-mine.  mentionnée  plus 
haut.  I^s  gîtes  minéraux  dans  le  Boschveld  sont  du  reste  encore 
peu  connus  et  n'ont  pas  été  étudiés  méthodiquement  *. 

Cette  série  plutonienne  offre,  abstraction  faite  de  la  géologie 
locale,  un  intéi'ét  général,  parce  qu  elle  augmenta»  nos  connais- 
sances en  ce  cpii  concerne  l'étude  de  Finlluence  des  niasses  intru- 
sivt's  et  érupti  ves  sur  la  tectonii[ue  des  strates  au  traviMs  desquelles 
elles  se  fi'ayent  un  passage.  On  trouve  là  un  curieux  exemple  de 
phénomènes,  sur  l'origine  desquels  les  opinions  émises  actuelle- 
ment varient  et  dilfèrent  des  opinions  anciennes. 
Au  commencement  de  ce  siècle  la  majonté  des  géologues,  après 
.  l^opold  de  Buch  et  Elie  de  Beaumont,  pensaient  que  les  chaînes 
de  montagnes  résultaient  de  soulèvements  produits  par  l'ascen- 
sicm  des  roches  plutoniennes.  qu'on  i*encontre  généralement 
sur  leur  axe  central,  comme  par  exemple  dans  les  Alpes,  où  elles 
forment  les  cimes  culminantes.  Les  roches  plutoniennes  étaient 
ainsi,  par  leur  ascension,  la  cause  directe  du  redressement  et  du 

I.  Je  n'ai  pu  iiioi-inêmc  visiter  que  quelques-uns  des  griseuients  signalés 
ioi  et  je  dois  la  plupart  des  renseijçnenients  ci-dessus  à  M.  Dorffel,  ingé- 
nieur des  Hendersou's  Transvaal  Postâtes  Limited,  compagnie  propriétaire 
de  toufi  les  gisements  de  cobalt  découverts  jusqu'à  ce  jour  au  Transvaal. 


56  G.-A.-K.    MOLENGRAAFF  ai  JanV. 

refoulement  des  couclies  sédiiiientaii*es.  qui  s*appuient  eonti-e  le 
novau  enstallin. 

Plus  lard,  lorsque  l'étude  des  terimins  volcanicpies  eut  montré 
(jue  les  strîit<»s.  à  tnivers  lesquelles  les  roches  érui>tives  se  font 
jour,  ne  sont  guère  dislocjuées.  et  a]»rès  qu'on  eut  étudié  de  plus 
pivs  la  tectonicpu*  des  chaînes  de  montagnes, -on  se  convainquit 
de  plus  en  plus  que  ces  l'oches  plutoniennes  jouaient  un  rùle 
vraiment  passif  dans  la  genèse  des  accidents  oi'ogéniques.  C'est  à 
cette  époque  ([ue  fut  publiée  la  découvertes  des  laccolithes  dans  les 
Henry-mountains.  On  ne  put  nier  que,  le  soulèvement  des 
terrains,  cpii  forment  la  couvertuiv  sédimentairc?  de  ces  intumes- 
cences, était  bien  dû,  diivctement.  à  l'intrusion  de  masses  Irachv- 
ticpies.  Plus  lard  on  ccmstata  tpu»  ralfaisscment.  l'efl'ondivnient 
de  strates  préexistantes  dans  un  uiagma  intrusif,  peut  produire 
des  perturbations  tectonicpics  considénibles,  phénomènes  décrits 
magistralement  dans  l'œuvre  dassitpu»  de  M.  Brogger  sur  les 
phénomènes  plutoni(pies  dans  le  bassin  de  ('hristiania.  En 
même  tem]>s  que  se  développaient  ces  idées ,  le  rôle  joué  par 
les  iH>ches  intrusives  et  éruptives  était  uiieux  délimité.  On  admet- 
tait, que  rinlluence  des  roches  nettement  éruptives  sur  la  [position 
des  strates  environnantes  était  ]>resqut»  nulle,  tandis  que  celle  des 
roches  intrusives  était,  au  contraire,  généralement  considérable. 

L'étude  des  intrusions  du  Bosch  veld,  au  Transvaal,  monti*e 
que  la  ])Osilion  des  terrains  stratifiés  environnants  est  considéi*a- 
blem(*nt  modifiée,  et  que  tous  ces  accidents  tectoniques  peuvent 
être  regardés  conuiu*  les  conséquences,  tantôt  de  l'intrusion  même 
d'une  énorme  masse  de  magma,  tantôt  de  mouvements  d'afl'aisse- 
ment  dans  ce  même  magma. 

Les  modifications  a))portées  aux  couches  du  Système  du  Cap  par 
l'intrusifm  de  la  série  plutonienne  du  Bosch veld  peuvent  être 
résmnées  ainsi  : 

a)  En  premier  lieu  les  roches  du  Système  du  Cap,  et  plus  spécia- 
lement celles  de  la  série  de  Pretoria,  dont  la  zone  de  contact  avec 
les  roches  intrusives  est  presque  la  seule  accessible,  sont  modifiées 
à  de  grandes  distances  par  le  métamorphisme  de  contact.  Il  est 
vrai  que,  dans  les  quartzites  du  Magaliesberg,  ce  métamorphisme 
est  peu  ou  pas  apparent,  mais  dans  les  argilites  sous-jacentes  l'effet 
est  très  marqué.  Celles-ci  sont  très  fréquemment  altérées  en  i>hyl- 
lades  noduleuses,  chaînées  dandalousite  ou  de  chiastolite.  Les 
schistes  à  chiastolite  des  environs  de  Zeerust  (district  de  Afarico) 


igOI  GEOLOGIE   DE    LA    REPUBLIQUE    SUTKVFRICAIXE  .>7 

sont  bien  connus  *,  mais  les  schistes  de  Kix>mdraai  [ii'2^]  (district  de 
Middelburg),  sont  encoi'e  plus  beaux  ;  ce  sont  des  phyllades  mica- 
cées noduleuses,  chargées  de  stauinjtide  et  d^andalousite.  La  stau- 
rotide  v  fonne  des  macles  en  ei'oix  de»  Saint- Andiv  très  nettes  et 
l*andaIousite  s'est  développée  en  prismes  dt»  5-8  centimétix^s  de 
longueur,  extrêmement  frais,  roses  et  pellucides.  Des  lambeaux, 
quelquefois  de  grandes  dimensions,  de  couches  de  la  série  de  Pre- 
toria, sont  assez  souvent  renccmtrés,  entièrement  enveloppés  par 
les  roches  intrusives  ;  dans  ces  cas,  réalisés  dans  la  région  au  noi»d 
du  Magaliesberg  et  à  Test  du  fleuve  Pienaai',  le  métiimorphisme  de 
contact  est  très  intense  et  les  q^iartzites  «uix-mémes  sont  fortement 
altéi'és,  enduivis  et  épidotisés. 

b)  En  outi-e,  de  nombreux  "dykes  traversent  le  Système  du  Cap 
tout  autour  du  massif  intrusif  du  Bosch  veld  ;  leur  composition  est 
très  variée,  mais  leur  étude  est  à  peine  commencée.  Souvent  ils 
pénètrent  dans  le  Système  du  (]ap  jusqu'à  de  très  grandes  dis- 
tances. C'est  ainsi  que  le  fameux  dyke  de  Wonderfontein,  mentionné 
déjà  par  Hûbner  (voir  ci-dessus,  p.  42),  est  formé  par  une  magni- 
fique variété  de  syénite  à  anorthose,  qui  traversera  dolomie  et  est 
largement  exploitée  [»our  la  constiniction  des  édifices  à  Johannes- 
burg. Souvent  ces  dykes  sont  très  riches  en  fragments  arrachés 
aux  couches  du  Système  du  Caj).  C^es  fragments  sont  alors  foiiie- 
ment  métamprphisés  ;  quelquefois  aussi  ces  mêmes  fragments  sont 
si  nombreux  que  Ton  a  de  vraies  brèches  éruptives,  dans 
lesquelles  la  substance  éruptive  jom^  le  rAle  effacé  d'un  ciment. 
Un  très  bel  exemple  de  ces  brèches  éruptives  est  la  brèche  de 
Dertle-Poort  [^^H)!*  ^  ^^^^^  kilomètres  nord-est  de  Pretoria.  C'est  un 
dyke  épais,  traversant  la  chaîne  du  Magaliesberg;  il  renferme  en 
abondance  des  fragments,  souvent  de  grandes  dimensions,  de 
dolomie  recristallisée  et  quelquefois  chai'gée  de  grossulaire  et 
d'autres  roches  de  la  série  de  Pretoria,  énei^iciuement  métamor- 
phisées.  I^  ciment  éruptif  de  cette  roche  est  caractérisé  par  de 
^ndes  plaques  de  biotite. 

e)  I^s  dislocations  tectoniques  ([ui  se  sont  produites  dans  le 
Système  du  Cap,  durant  la  période  d'activité  plutonienne,  scmt 
des  plus  instructives.  l^»s  sti'ates  de  ce  Système,  à  une  cerUiine 
époque,  se  sont  affaissées  dans  et  au-dessous  du  magma  interne 
et  il  est  résulté  de  cet  elfondrement,  que,  tout  autour  du  bassin 
plutonique,  les  strates    du  Système   du  Cap  s'inclinent  vers  un 

1.  Voir  pour  leur  description  80,  p.  mrj. 


58 


G.-\.-F.    MOLlWOR-V-%.FF 


91  Janv. 


centre  commiin.  De  fait,  l'inclinaison,  facilement  observable, 
surtout  dans  les  couches  de  Pretoria,  est  fiartout  dirigée  vers  le 
Boschveld  (voir  la  carte.  Pt.  I>. 

I>e  cas  le  plus  simple  se  trouve  représenté  dans  la  cou|>e  sché- 
matique du  granité  ancien  entre  Pretoria  et  Johannesburg  au 
nord  (PI.  II.  Coupe  i).  On  voit  tout  le  Système  inférieur  du  Cap 
courbé  et  affaissé  simplement,  sous  la  <érie  plutonienne.  en  conster- 
vant  la  succession  normale  ininterrompue  de  ces  strates.  Cette 
simplicité  se  maintient  de  Pretoria  à  l'ouest,  jusqu'aux  environs  de 
Rustenburg  et  la  figure  représente  exactement  ce  qu'on  peut  obser- 
ver en  allant  de  Pretoria,  directement  vers  le  nord  par  le  W'onder- 
booms[>oort.  Mais  à  Test  du  Wondcrboomspooi-t  cette  allure  primi- 
tive si  simple  ne  |>ersiste  [>as  longtemps  et  au-delà,  dans  la  vallée 
du  lleuve  Pienaar.  on  constate  déjà  un  mode  d'aifaisseuient  diflTé- 
rent  du  précédent  (fig.   ii).  11  s'est  formé  une  série  de  cassures 

parallèles,  de 
failles  à  gradins 
{Siaffelbrûche). 
dans  le  bloc  af- 
faissé du  Svstème 
du  Cap  et  par 
suite  on  rencon- 
tre une  série  de 
collines,  formées 
de  strates  du 
Système  du. Cap. 
dirigées    toutes 

dans  la  même  direction.  i>arallèlenient  à  la  périphérie  de  la  zone 
pluUmienne.  et  séparées  l'une  de  l'auti-e  |«ir  des  vallées,  dans 
lesquelles  on  peut  trouver  les  affleurements  de  roches  ap|>artenant 
à  la  série  du  Boschveld.  Ces  collines  ont  tous  leurs  esi*arpenients 
faisant  face  au  sud,  tandis  que  leurs  versants  septentrionaux  ont 
une  pente  très  faible.  En  ri»gle  générale,  elles  sont  formées  exclu- 
sivement de  couches  de  la  série  de  Pretoria,  mais  il  i>eut  an-iver, 
si  Le  l'ejet  d'une  de  ces  failles  est  exceptionnellement  fort,  que  la 
dolomie  vienne  affleurer  à  son  tour  sur  l'escarpement. 

GlTEs  MÉTALLIFÈRES.  —  Il  u  cst  pas  étouuaut  qu  unc  région  aussi 
tourmentée  par  les  forces  intérieures  soit  très  riche  en  dykes  et  en 
filons  métallifères.  En  réalité  je  crois  que  tous  les  filons  métallifères 
rencontrés  avec  une  direction  moyenne  ouest^st,  dans  divei-ses 
zones  parallèles,  tantôt  dans  les  couches  de  la  série  de  Pretoria, 


Fi^.  II.  —  Coupe  Ihvorùjue  montrant  le  nio«le  d'affaiis- 
Heinent  de  la  série  de  Pretoria  vers  le  Boschveltl 
et  les  failles  à  gradins  {Stajfelhrûche),  dont  les 
fentes  sont  injectées  de  roches  éruptives  variées, 
appartenant  toutes  à  la  série  piutouienue  du 
Boschveld. 

9,  Roches  éruptives  de  la  série  plutonienne  du  Bosch- 
veld :  0,  Qaartw***'*  <^^  J^"^'^  **"  Magaliesb«rjr  : 
0,  Diabases  intercalées. 


igOI  GÉOLOGIE   DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRTCATNE  Sg 

tantôt  dans  des  roches  appartenant  à  la  série  plutonienne  du 
Boschveld,  à  Test  du  fleuve  Pienaar  (districts  de  Pretoria  et  de 
Middelburg),  sont  liés  d'une  manière  plus  ou  moins  directe  aux 
dislocations  dont  je  viens  de  parler. 

Ces  gîtes  métallifères  sont  disposés  dans  les  zones  suivantes  a 
peu  près  parallèles,  suivant  une  direction  moyenne  est-ouest. 

a)  La  zone  de  la  Willows-silver-mine,  des  mines  de  Boschkop 
[îigS],  de  Oudezwaanskraal  [637]  et  de  la  ïransvaal-silver-mine, 
toutes  situées  dans  le  mt^me  niveau  géologique,  c'est-à-dire  dans 
les  argilites,  entre  le  quartzite  de  Daspoort  et  les  quartzites  du 
Magaliesberg.  Ce  sont  de  vrais  filons  de  cassure  à  peu  près  verti- 
caux, lies  fentes  sont  le  plus  souvent,  ce  qu'on  peut  observer  le 
mieux  dans  la  Willows-mine,  partiellement  remplies  de  diabase 
formant  un  dyke,  et  pour  le  reste  plus  ou  moins  minéralisé.  La 
gangue  identique  de  tous  ces  filons  est  une  sidérose  possédant  une 
teneur  assez  forte  en  magnésie  et  en  manganèse.  Ce  carbonate  est, 
k  l'état  frais,  de  couleur  brunâtre  ti'ès  claire,  et  j)asse  rapidement 
par  l'action  des  agents  atmosphériques,  au  brun  foncé  et  plus  taixl 
au  brun  noirâtre,  l^e  minerai  est  formé  par  de  la  chalcopyritc, 
de  la  pyrite,  de  la  téti'aédrite  à  antimoine  (panabase),  de  l'azurite  * 
et  de  la  malachite:  à  cette  association  de  minéraux  vient  se  joindre, 
dans  le  filon  d'Oudezwaanskraal.  l'arsénopyrite  et  dans  le  filon  du 
Transvaal-silver-mine,  de  la  galène,  de  la  cérusite  et  de  la  crocoïse. 
Les  minerais  de  ces  filons  l'enfermant  de  l'argent  sont  connus 
comme  mines  de  ce  métal.  L'aident  se  trouve  surtout  dans  la 
tétniédrite.  Os  mines  ont  été  activement  exploitées  il  y  a  une 
dizaine  d'années,  mais  elles  sont  maintenant  abandonnées  et  il  est 
inipossible  d'en  étudier  les  gisements  en  détail. 

P)  La  zone  des  filons  plombifères  situés  clans  le  niveau  supérieur 
des  quartzites  du  Magaliesberg.  Les  fentes  sont  en  partie  injectées 
par  une  diabase,  et  en  partie  remplies  de  minerai  de  plomb  :  on  y 
trouve  du  quartz,  de  la  calcite,  de  la  galène,  de  la  pyromorphite, 
de  la  cérusite  et,  en  très  petites  cpiantités,  de  la  blende  et  de  la  cala- 
mine. Je  citerai  comme  type,  dans  cette  zone,  le  filon  plombifère 
situé  sur  la  propriété  Edi^ndale  [4^H]  (district  de  Pretoria).  Des  filons 

I.  L*a7urit(*  de  la  Willows-mine  est  bii'n  rrislallisét»  et  ses  erislaux  modi- 
ûês  sont  fort  bt^aux.  Voir  G.-A.-F.  Molrxgraapf,  29,  p.  làO.  Les  cristaux  de 
cérusite,  qui  sont  décrits  dans  cette  communication  comme  provenant  du 
Willows-mine,  ont  été  en  réalité  trouvés  dans  la  Transvaal-silver-mine, 
comme  j*ai  pu,  plus  tard,  le  constater  moi-même. 


Tk)  o.a.-k.  Moi.EXoiiAAFF  ai  Janv. 

identiques  in*ont  été  indiqués  sur  cette  zone  dans  le  district  de 
Rustenbui*g,  mais  je  ne  les  ai  pas  visités  nioi-ménie. 

y)  1^  zone  des  fiions  de  rohalt  de  Balmoral.  Ces  liions  sont 
situés  dans  le  même  niveau  géologique  que  la  zone  précédente» 
c'est-à-dire  dans  la  [>artie  suj>érieure  des  couches  du  Magaliesberg, 
et  il  est  ï)robahle  que  ces  deux  zones  sont  identiquo^s,  et  que  la 
même  série  de  cassui'es  est  remplie  de  minerais  de  plomb  dans- 
les  ciiviiHius  de  Pretoria  et  de  minera'i  de  cobalt  plus  à  Test. 

I^  gangue  dans  ces  liions  est  une  t»spéce  de  roche  cornée,  lai'ge- 
ment  imprégnée  de  cristaux  «l'actinote  et  de  smaltine.  dont  toutes 
les  petites  fissures  sont  tapissées  de  cristallisations  d'érythrine. 

ô)  La  zone  de  filons  située  dans  la  noritt*  à  la  base  de  la  série 
])lutonienne  du  Boschveld.  Sur  la  pi'ojïriété  I^atste-drill  [82]  (dis- 
trict de  Middelbui'g)  on  trouve,  dans  ces  filons,  de  la  pyrite,  de  la 
chalcopyrite  et  delà  smaltine.  Ils  renferment  une  forte  pix)portion 
d'or  se  chilfrantà  8  à  10  onces  par  tonne.  A  Rhenosterhoek  [iio] 
(district  de  Middelbui^),  un  filon  analogue  est  entièi^ement  rempli 
de  pyrite  massive  trcs  pure.  La  norite  encaissant  ces  filons  est 
complètement  im[)régné<»  de  sulfures. 

e)  La  zone  de  filons  cuprifères  dans  le  granité  rouge  qui  renferme 
la  Albert-sil ver-mine  à  8.5  kilomètres  est-nord-est  de  Pretoria. 
Le  filon  est  vertical  avec  une  direction  est-ouest.  Le  mur  est 
formé  j)ar  un  granitiî  j»orphyritique  à  anorthose.  La  gangue  consiste 
en  quartz  et  fer  oligistc.  Le  minerai  principal  est  une  bomine 
argentifère,  qui  est  accomjiagnée  de  chalcopyrite,  de  cuprite,  de 
chalcosine,  d'azurite  et  île  malachite.  Le  filon  est  en  partie  injecté 
de  diabase. 

La  teneur  en  argent  de  la  bornine  de  cette  mine  s'élève  à 
40  onces  par  tonne.  On  a  trouvé,  dans  les  environs,  des  filons  ana- 
logues et  parallèles  ;  celui  delà  [propriété  Roodepoort  [359]  ïï^èrite 
d'être  mentionné.  Lîi  gangue  de  ce  filon  est  une  sidéi*ose,  ayant  une 
forte  teneur  en  magnésie  et  en  manganèse,  identique  à  celle  de  la 
zone  du  Willows-mine,  ce  qui  montre  bien  la  parenté  de  ces  zones 
de  gîtes  métallifères.  Des  gisements  analogues  n<»  sont  pas  rares 
dans  le  district  de  Uust(»iiburg. 

Le  gisement  riche  en  cobalt  de  la  propriété  Ivruisrivier  [85],  dans 
le  district  de  Middelbui*g  *,  parait  être  situé  dans  la  zone  des 
quartzites  supérieurs  du  Magaliesbei'g.  Le  minerai  est  de  la  smal- 
tine. renfermant  de  3  à  4  onces  d'oi'  ynw  tonne.  Cet  aflleurement 

1.  H.  Okumichbn,  87,  p.  1(71. 


IQOI  GÉOLOGIE   DE    LA    RÉPUBLIQUE    SUIKVFRICALXK  6l 

(l'un  lambeau  de  rocher*,  appartenant  au  Système  du  Cap,  envi- 
it)nné  de  tous  côtés  par  la  série  plutonienne  du  Bosch veld,  doit 
probablement  être  expliqué  par  des  accidents  tectoniques  du  même 
ordre  que  ceux  que  nous  avons  décrits  plus  haut  (voir  page  58). 

Maintenant  que  nous  avons  montré  qu'il  semble  exister  une 
relation  entre  les  mouvements  d'affaissement  du  Système  du  Cap 
et  la  formation  du  bassin  plutonien  du  Boschveld,  il  n'est  pas 
moins  intéressant  de  noter  que,  sous  l'influence  de  ces  mouve- 
ments, des  tensions  se  sont  développées,  qui  ont  favorisé  des  dislo- 
cations tectoniques  très  complexes,  des  plissements  et  des  failles 
obliques  à  grand  rejet.  C'est  ainsi  que  s'est  formé  le  grand  pli  des 
couches  du  Système  du  Cap,  séparant,  suivant  la  direction 
approximative  O.S.O.-E.N.E..  le  bassin  plutonien  du  Boschveld 
de  celui  du  Waterberg.  Ce  pli  forme  le  prolongement  au  sud- 
ouest  des  montagnes  de  Makapan  et  disparaît  ensuite  sous  des 
dépôts  plus  récents.  C*est  probablement  le  prolongement  de  ce 
même  pli  qui  affleure  de  nouveau  dans  les  collines  situées  un 
peu  à  l'ouest  de  Buiskop,  dans  l'angle  sud-ouest  du  district  du 
Waterl>erg.  Mais  il  est  bon  de  dire  que  le  calcaire  dolomitique  et 
les  quartzites  et  grès  superposés  qu'on  trouve  dans  ces  collines  et 
qui  seraient  les  représentants  de  la  série  des  dolomies  et  de  celle 
de  Pretoria  oflrent.  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer  plus 
haut,  des  différences  considérables  avec  les  types  normaux  de  ces 
roches.  Il  est  clair  que ,  si  cette  interprétation  est  exacte ,  les 
couches  du  Système  du  Cap,  sur  les  deux  flancs  de  ce  pli,  se  sont 
affaissées  dans  le  magma  plutonien. 

Tous  ces  phénomènes  de  tension  se  manifestent  d'une  façon  très 
remarquable,  aussitôt  que  la  périphéne  du  terrain  plutonien  forme 
un  angle  rentrant.  C'est  ce  qui  arrive  à  une  ving^ine  de  kilo- 
mètres à  l'est-nord-est  de  Pretoria,  près  de  Franspoort.  On  voit  la 
chaîne  du  Magaliesbei'g,  dont  la  direction  était  oucst-t*st  au  nord  do 
Pretoria,  se  i-ecourber  brusquement  an  sud-est.  \)c  même  les  deux 
autivs  ningées  de  collines  de  la  séi'ie  de  Pretoria,  la  rangée  du 
DaspooK  et  la  rangée  du  Time-ball  se  courbent  parallèlement  à  la 
premièi'e.  L'inclinaison  des  strati^s  n*ste  dirigée  vei's  h»  granité 
TOuge,  c'est^iHlii'e  qu'elle  se  modifie  en  même  temps  que  la  direc- 
tion des  rangées  de  collines,  du  nord  au  nord-est.  Ces  mouvements 
conq>lexes  ont  créé  des  foives  orogénicpies  qui,  dans  la  rangée 

i.  Ce  lambeau  est  trop  petit  pour  pouvoir  être  indiqué  à  l'échelle  de  la 
carte  (PI.  I). 


62  G,-A.-F.    MOLEXGRAAFF  ai  JanV. 

extérieui*e  de  la  courbure,  la  chaîne  du  Magaliesbei^,  ont  dû 
amener  une  extension  en  longueur;  la  chaîne  du  Magaliesberg 
s*est  fracturée  ;  les  fentes  ont  formé  ces  gorges  naturelles,  appelées 
par  les  boers  poorien  *,  et  suivies  par  les  chemins  de  pénétration. 
Généralement  ces  fentes  sont  injectées  de  matière  éruptive  et  on  y 
doit  chei*cher  un  grand  nombre  des  dykes  intéressants  qui  rayon- 
nent du  terrain  plutonien  du  Boschveld.  Cest  ainsi,  entre  autres,  que 
la  belle  brèche  de  Derde-Poort  est  injectée  dans  la  fente  qui  traverse 
la  chaîne  de  Magaliesberg  à  Derde-Poort.  Dans  les  deux  rangées 
intérieui'es  de  la  courbuin;,  les  forces  orogéniques  ont  eu  un  effet 
coiiti'aii'e  :  elles  se  sont  manifestées  parde  fortes  pi*essions  dans  un 
sens  un  peu  obli([ue  à  la  direction  des  strates  ;  la  pi*oduction  de 
failles  très  obliques  à  grand  rejet  en  a  été  le  résultat.  J*ai  pu  cons- 
tater* (pic  le  groupement  si  pittoiTsque  des  collines,  dans  les  envi- 
rons de  Pretoria,  aussi  bien  que  Torigine  des  magnifiques  sources 
de  TAapiesrivier  sont  dus  à  ces  accidents. 

Par  analogie,  cm  peut  supposeï»  à  bon  droit  qu'il  existe,  entre  les 
divei's  terrains  du  Système  du  Cap.  des  l'clations  très  intéressantes 
partout  où  la  périphérie  du  terrain  ])lutonien  forme  une  courbe 
très  convexe,  forçant  la  lig^e  d'ailleurement  du  Système  du  Gap  à 
se  courber  dans  le  même  sens  ;  comme  au  nord  de  Lijdenburg,  près 
du  lleuve  Olifants,  où  on  voit  la  dii*ection  du  Système  du  Gap 
qui  est  à  Lijdenbui^  N.-S.,  se  couder  brusquement  à  angle  di^oit 
pour  devenir  dans  les  monUignes  de  Chunie  O.-E.  et  même  O.S.O.- 
E.N.E.  Les  docmnents  géologiques  sur  cette  région  font  malheu- 
reusement défaut. 

ROCUES  AMYGDALOÏDES  DU  BoSCIIVELD.  —  Le  g^uitC  rOUgC  Ct  IcS 

roches  qui  raccompagnent  scmt  recouverts,  dans  une  partie  du 
Boschveld,  le  Springhokvlakte,  par  une  nappe  énorme  d'une  roche 
amygdaloïde  basique,  dont  les  cavités  sont  remplies  de  calcitc 
transparente,  de  zéolithes  nombi'euses,  surtout  de  scolésite  et  de 
heulandite,  d'agate  et  d'opale,  cette  dernière  souvent  sous  la  forme 
transparente  appelée  hyalite.  Généralement  cette  i*oche  amygda- 
loïde est  masquée  par  des  dépôts  superliciels,  c'est^i-dirci  par  un  tuf 
calcaire,  à  son  tour  en  général  coui'onné  par  une  argile  ou  limon 
ti'ès  riche  en  matière  oi'ganique,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  local 

I.  Poort  est  un  mot  hollandais  signifiant  porte  ;  ce  mot  est  très  bien 
clioisi  ;  on  le  retrouve  avec  le  même  sens  dans  la  «  porta  westpkalica  »  du 
Weser  et  dans  le  «  eiserner  Thor  b  du  Donau. 

'2,  Une  étude  topograpliique  et  géologique  détaillée  des  terrains  disloqués 
dans  les  environs  de  Pretoria  était  en  préparation,  avant  la  g^uerre,  à 
Pretoria.  J'en  publierai  les  résultats  ultérieurement. 


igol  GKOLOGIS   D£   LA    REPUBLIQUE   SUD-.VFRICALNE  63 

de  turf  on  tourbe.  Les  excavations  faites  pour  l'exploitation  du  tuf 
calcain;  destiné  à  une  fabrique  de  ciment  près  de  Pretoria,  aussi 
bien  que  les  tranchées  le  long  du  chemin  de;  fer  de  Pretoria  à 
Nijlstroom,  ont  prouvé  que  pailout  dans  le  Springbokvlakte  cette 
roche  amygdaloîde,  à  laquelle  j  ai  donné  le  nom  de  roche  amygda- 
loide  du  Boschoeld,  se  trouve  au-dessous  de  ces  dépôts  superfi- 
ciels. Cette  nappe,  à  laquelle  le  Springbokvlakte  doit  sa  surface 
absolument  plate  ^  embrasse  approximativement  ime  surface  de 
3410  kilomètres  carrés.  L'épanchement  de  la  roche  amygdaloïde 
(lu  Boschveld  doit  avoir  été  postérieur  à  Tintioision  du  granité 
rouge,  et  on  ne  s'avancerait  pas  trop,  en  regardant  cet  épanche- 
ment  comme  la  phase  de  clôture  de  la  période  d'activité  plùto- 
nienne  dans  le  Boschveld. 

Historique  des  intrusions.  —  Quant  aux  centres  d'éiniptions 
dans  le  Boschveld,  nous  ne  pouvons  pas  encore  les  localiser. 
Seulement  il  me  parait  probable  que  la  saline,  située  à  environ 
40  kilomètres  au  nord  de  Pretoria,  sur  la  propriété  Zoutpan  [4^7], 
qui  possède  une  forme  en  cratère  presque  parfaite  -,  constitue  l'un 
de  ces  centres.  Sa  situation  au  milieu  de  roches  de  granité  rouge 
à  gros  grains,  bien  certainement  d'origine  intrusive,  nous  foree  à 
supposer  que  les  produits  éruptifs  déposés  autour  de  ce  centre  ont 
été  déjà  déblayés  entièrement  par  les  phénomènes  de  dénudation. 

En  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  qui  embrassent  des  par- 
ties trop  éloignées  de  la  région,  l'ordre  chronologique  des  phases 
éruptives  dans  le  Boschveld  ne  peut  être  que  soupçonné.  Il  sem- 
blerait que  cette  activité  a  conmiencé  par  l'intrusion  d'un  magma 
riche  tîn  soude  dans  les  couches  du  Système  du  Gap,  dont  la  posi- 
tion devait  être  alors  plus  ou  moins  horizontale.  Dans  ce  massif, 
cpii  pouvait  êti*e  en  forme  de  laccolithc,  la  distribution  du  magma 
était  telle  que  vers  la  périphérie  la  basicité  augmentait,  tandis 
que  vers  la  partie  centrale  et  supérieure  le  magma  était  acide  et 
granitique.  Plus  tard  le  toit  sédimentaire  du  massif  intrusif  fut 
détruit  et  les  couches  du  Système  du  Cap  s'affaissèrent  de  tous  côtés 
dans  le  magma  plutonique.  Ces  couches  furent  alors  courbées, 
fracturées  et  plissées,  et,  les  lentes  et  les  failles  furent  injectées  des 
matières  éruptives  que  l'on  rencontre  aujouixl'hui,  sous  forme  de 
dykes,  au  travers  des  assises  du  Système  du  Cap.  En  même  temps 

1.  Le  Springbokvlakte  est  la  seule  véritable  plaine  du  Transvaal  ;  les 
plaines  monotonies  du  Karroo  supérieur  elles-mêmes  olfrent  à  côté  d'elle  un 
aspect  onduleux.  Elle  est  située  à  i.uoo  mètres  environ  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer. 

'j.  Voir  la  description  et  les  ligures  données  par  M.  Ë.  Cohbn,  8. 


^4  a. -A. -F.    MOLKNGRAAFF  21  Janv. 

les  l'oches  asceudantes  se  tbi*çaient,  çà  et  là,  un  passage  vers 
l'extérieur  et  des  couches  de  débiis  volcaniques  alternant  avec  des 
coulées  de  laves  se  foi'maient.  11  est  bien  probable  que  Tactivité 
volcanique,  posténeu renient  à  ces  allaissenients,  continua  encore 
un  certain  teuips  et  que  c'est  à  cette  dernière  période  qu'est  due  la 
nappe  énorme  de  roches  aniygdaloïdes  du  Bosch veld. 

Les  lindUîs  de  la  zone  occupée  par  la  série  x)lutonienne  ne  sont 
pas  encore  entièrement  tracées.  Au  sud-est  (voir  la  cai-te,  PL  I), 
dans  le  district  de  Middcll)ui*g,  elle  est  recouverte  par  les  dépôts 
du  Karroo  et,  dans  le  district  du  Waterbcrg,  par  le  grès  du  Water^ 
berg  ;  la  partie  septentrionale  du  bassin  plutonien  du  Waterberg 
est  (hi  reste  entièrement  inexplorée.  On  peut  estimer  que  la  série 
])lutonienne  du  Boschveld  occu[)e  au  toUil  une  surlacê  de  plus  de 
6o.(K)o  kilomètres  carrés.  De  cette  énorme  étendue,  une  cinquan- 
taine de  kilomètres  carrés  à  peine  ont  été  étudiés.  Quelles  décou- 
verti»s  pétrogniphiques  *  ne  reste-t-il  pas  à  faii*e  dans  les  explora- 
tions futures  ! 

r>.    —    (iRÈS    DU    WaTEHBERG 

On  trouve  (hnis  le  district  du  \Valerbei*g  une  formation  gréseuse, 
qui  repose  sur  le  granitt»,  sur  le  porphyre  i)étrosiliceux  et  sur 
le  felsophyrc»  du  Waterberg.  En  général,  ce  grès  all'ecte  une  position 
horizonUil(\  mais,  partout  où  le  gininite  i*ouge  où  les  porphyres 
sous-jacents  forment  des  dûmes,  on  voit  les  strates  inférieui'es  du 
grès  a[»pliquées  sur  ces  élévations  plus  ou  moins  l'ecourbées  (PL  II, 
coupe  1 ,  et  lig.  lo).  On  r<'ti*ouve  cette  même  formation  sur  le  granité 
rouge,  ou  du  moins  associée  à  des  roches  éruptives  de  cette  série, 
dans  les  districts  de  Middelburg  et  de  Pretoria,  mais  beaucoup 
moins  développée  que  dans  le  district  du  Waterberg. 

La  série  des  grès  de  Waterberg  est  formée  presque  exclusive- 
ment de  grès,  et  en  partie  de  brèches  et  de  conglomérats.  Les 
schistes  y  jouent  un  rôle  très  ellacé.  A  la  base  de  cette  série  on  trouve 
généralement  quelques  couches  de  conglomérais,  qui  ont  une  cou- 
leur rouge  tacheté  frappante.  Ce  conglomérat  basai  est  composé  de 
galets  de  diverses  roches  cimentées,  souvent  très  peu  arrondis.  On 
trouve,  parmi  les  galets,  des  jaspes  rouges,  des  quartzites  schisteux 
à  magnétite  -,  des  quartzites  schisteux  à  muscovite,  des  quartzites 

I.  \.v  musée  «lu  Servir»*  ^éolo^^itiuc  de  la  Hé|>ul>Ii<|ue  Sud-Africaine  à  Pré- 
Uu'in  possède  une  très  belle  eolleelion  de  roches  de  <!etle  série,  dont  Pélude 
a  été  interrompue  par  la  guerre. 

'2.  La  jaspe  rouge  et  le  quailzile  à  magnétite  sont  tous  les  doux  «les  repré- 
sentants de  la  Hospital-hill-slate,  voir  page  i8. 


igOI  GÉOLOGIE   DE    LA    REPUBLIQUE   SUD-AFRfCAING  65 

bkmcs,  du  quartz,  de  la  lydite  ;  toutes  ces  roches  appartiennent  à 
la  série  de  Barberton  du  Système  primaii'e.  C'est  aux  nombreux 
fragments  de  jaspe  rouge  que  ces  bancs  de  conglomérat  doivent 
leur  aspect  rouge  tacheté.  Le  ciment  est  arénacé  ou  quartziteux  et 
contient  généralement  un  peu  d'hématite,  de  pyiîte  et  de  très  rares 
traces  d*or .  En  outre  de  ces  conglomérats  de  base  on  trouve  des 
galets  répandus  en  petites  quantités  dans  tout  le  complexe  du  grès. 
La  couleur  de  ce  grès  est  rouge,  mais  varie  du  blanc  rougeâtre  jus- 
qu'au rouge  foncé.  Le  grès  rouge  de  Buiskop  donne  les  meilleures 
pierres  à  bâtir  connues  dans  le  pays.  Une  stratification  diagonale 
est  très  conunune  dans  cette  formation. 

Les  dykes  de  roches  éruptives  sont  rares  dans  les  grès  du 
Waterberg;  sur  le  plateau  duPalala,  j  ai  trouvé  quelques  dykes  de 
diabase  et,  en  plusieurs  localités,  j'ai  observé  des  dykes  de  felso- 
phyres.  En  outre,  des  filons  de  quartz  avec  hématite,  ressemblant 
beaucoup  aux  veines  qu'on  trouve  dans  les  felsophyres  sous- 
jacents.  ne  sont  pas  rares  dans  ce  grès. 

Le  grès  du  Waterberg  occupe  un  vaste  espace  dans  le  district  du 
Waterberg  et  forme  le  plateau  central  de  ce  district,  appelé  plateau 
du  Palala.  Ce  plateau  est  terminé  au  nord,  au  sud  et  à  l'est  par  des 
escarpements.  Celui  du  sud,  connu  sous  le  nom  de  Zandriviers- 
bergen,  a  io5  kilomètres  de  long.  L'altitude  moyenne  du  plateau 
du  Palala  est  I400  mètres,  et  l'un  des  points  culminants,  le  pic  de 
Hanglip,  atteint  Taltitude  de  1800  mètres. 

L'épaisseur  moyeime  de  la  série  des  grès  du  Waterberg  doit  être 
estimée,  dans  le  plateau  de  Palala,  à  1000  mètres. 

En  dehors  du  plateau  du  Palala,  le  grès  du  Waterberg  se  pré- 
sente sous  forme  de  lambeaux  plus  ou  moins  isolés,  qui,  tous,  ont 
la  forme  classique  tabulaire  des  montagnes  gréseuses.  C'est  ainsi 
qu'on  trouve  ce  grès  dans  le  Kranskop,  près  de  Nijlstroom,  dans 
les  Badsbergen,  au  sud  du  district  du  Waterbei'g,  dans  les  collines 
à  sommets  aplatis,  près  de  TElandsrivier,  et  dans  plusieurs  localités 
du  district  de  Middelburg  *. 

J'ai  trouvé  sur  le  plateau  du  Palala,  dans  une  grauwacke,  placée 
très  haut  dans  cette  série  de  grès,  des  empreintes  de  tiges  de 
Crinoïdes  indéterminables  ;  mais  on  n'a  pas  encore  découvert  le 
moindre  fossile  déterminable  dans  cette  formation.  En  recher- 

I.  Sur  la  carte  géologique  de  F  Afrique  du  sud  de  Ë.-J.  Dunn,  14,  ces  grès 
dans  le  district  du  Waterberg  et  dans  le  district  de  Middelburg  ont  été 
réonis  avec  justesse  dans  la  même  formation,  et  séparés  des  grès  et  des 
qaarUites  de  Lijdenburg  plus  anciens,  aussi  bien  que  des  grès  du  Karroo 
plus  récents. 

i3  Juin  19UI.  —  T.  I«^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  5 


66  a.-A.-K.    MOLKXGllAAFF  21  JalIV. 

c*haiit  la  position  de  cette  sëne  par  l'apport  aux  auti'es  formations 
du  Ti*ansvaal  on  se  bt^iili*-  à  de  grands  obstacles. 

il  est  bien  certain  que,  jusqu'à  j>résent,  on  a  tn)uvé  cette  série 
de  gi'ès,  dans  le  distinct  du  Waterbei*g,  ivposiint  toujoui*s  sur  des 
roches  de  la  séine  phitonienne  du  Bosehveld.  Mais,  si  on  en  déduit 
que  la  série  des  grès  est  j)Ius  jeune  que  la  série  plntonienne  sous- 
jacente..  on  se  trouve  en  présence  de  gi'andes  diffîcultés,  si  Ton 
cherche  à  expliquer  comment  le  felsophyre,  qui  travei'se  le  grès 
du  W'aterbei*g  çà  et  là  eu  dykes,  peut  avoir  avec  le  ielsophyn* 
sur  lequel  ce  grès  repose  une  analogie  si  grande,  que  ces  deux 
roches  send)Ient  identiques  même  après  rexamen  le  plus  minutieux, 
llneauti^edirticulté  i)rovi(»ntdu  conglomérat  de  hast*.  Sur  les  rives 
du  fleuve  Pienaar,  dans  le  district  de  Pretoria,  on  trouve  des 
bancs  de  conglomérats  qui  iTssemblent.  jusqu'à  l'identité,  aux 
conglomérats  de  base  de  la  série  des  grès  dans  le  distinct  du 
Waterberg  et  semblent  êti^î  intercalés  ou  du  moins  associés  à  des 
bancs  de  roches  éruptives  stratifiées  de  la  série  plutonienne. 
Pourtant  on  voit  ces  mêmes  roches  éruptives  se  continuer  en 
forme  de  dykes  à  travers  ces  bancs  de  conglomérats.  Cette  con- 
tradiction appanmte  ne  peut  ôti'e  expliquée  qu'en  admettant  que 
les  bancs  de  conglomérats  étaient  en  réalité  préexistants  aux 
roches  éiniptives,  mais  furent  engloutis  et  en  partie  travei-sés  par 
ces  mêmes  roches  éruptives. 

On  pourrait  donner  une  explication  plus  ou  moins  satisfaisante 
de  tous  ces  phénomènes,  en  admettiint  que  la  série  du  grès  du 
Waterberg  était  originairement  un  étiige  du  Système  du  Cap, 
déposé  exactement  en  concordance  sur  la  série  de  Pretoria,  et  que 
plus  tard  les  roches  de  la  séné  plutonienne  du  Bosehveld  se  sont 
forcé,  en  forme  de  laccolithe,  une  place  entre  ces  deux  étages,  la 
série  de  Pretoria  formant  la  base  et  la  série  du  grès  du  Waterbei^ 
formant  le  toit  du  laccolithe. 

Mais  nous  pensons  qu'il  vaut  mieux  attendre  de  nouvelles 
études  pour  résoudi*e  cette  cjuestion.  Nous  admettrons,  provisoi- 
rement, que  la  série  du  gi'ès  du  Waterberg  est  Tétage  supérieur 
du  Système  du  Cap,  en  attendant  que  de  nouvelles  recherches 
fournissent  les  données  nécessaires  pour  déteimiiner  d'une  manière 
plus  précise  leur  position  dans  l'ensemble  des  formations  succes- 
sives de  l'Afrique  du  Sud. 


Î90I 


GEOLOGIE   D£   LA    Rl^PUBLlQUE   SUl>-AFRICAlNE 


6: 


III.  —  SYSTEME  Di;  KARROO 

Ia"^  Système  du  Karnxi  au  Transvaal  iTposi;  en  discordance 
«ur  les  formations  pi'écédentcs  plus  anciennes  et  offre  en  général 
une  |>osition  normale  horizontale.  Dans  ce  Système  il  faut  distin- 
guer deux  subdivisions  pnncipales.  le  Karroo  inférieur  et  le 
Karroo  supérieur, 

I.  —  Karkoo  inférieur 


En  généi'al,  les  strates  du  Karroo  inférieur  sont  horizontales, 
quoiqu'elles  suivent  plus  ou  moins  les  ondulations  du  terrain  sur 
lequel  elles  sont  déposées. 

Dans  toute  l'Afrique  australe  les  géologues  ont  accepté  la 
subdivision  du  Karroo  inférieur  en  deux  étages,  le  conglomérat  de 
Du^^ka  et  les  couches  (TEcca, 

Le  conglomérat  de  Dwyka  est  caractérisé  par  la  présence  dans  sa 
masse  de  nombreux  blocs  et  cailloux  de  provenances  divei*ses,  qui 
offrent  des  volumes  variant  depuis  celui  de  simples  gi*ains  jusqu'à 
ceux  de  blocs,  pouvant  i)eser  plus  d'une  tonne.  Ces  fragments 
sont  tantôt  parsemés, 
tantôt  réunis  en  un  en- 
semble tassé  et  très 
serré,  dans  un  ciment 
gris  ou  bleu  très  foncé 
à  grains  très  fins,  qui, 
exposé  aux  agents 
atmosphériques,  se 
transforme  en  une  ar- 
gile gris-jaunàtre  com- 
pacte. On  ne  [)eut,  dans 
la  disposition  de  ces 
débris,  reconnaiti'e  au- 
cun ordiHî  et  leur  arran- 
gement ne  dépend  nul- 
lement de  leur  volume 
ou  de  leur  forme.  Us 


VVcltrrredeii 

I 
I 
Keba  Spruit 


Fig.  12.  —  Coupe  montrant  la  discordance  du 
Système  du  Karroo  sur  le  Système  primaire 
dans  le  district  de  Vrijheid.  —  Echelle 
i/iâ.ooo*. 

Formation  du  Jloogeveld  :  i4  b,  Grès  supérieur: 
i^a,  Grès  inférieur  ;  —  i\  Couches  d'Ecca  ; 
la.  Conglomérat  de  Dwyka  ;  i,  Couches  de 
Barberton  et  schistes  cristallophylliens;  h, 
Horizon  houiller. 


'  ont  en  général  leurs  arêtes  arrondies,  mais  ne  sont  pas  sphéiiques 
ou  ellipsoïdes  comme  des  galets,  et  ils  sont  fréquemment  sur  un 


68 


G.-A.-F.    MOLENGRAAFF 


ai  Janv. 


ou  j)lusieurs  côtés  couverts  d'un  ou  plusieui's  systèmes  de  stries 
parallèles.  Ce  sont  des  blocs  et  des  cailloux  striés. 

Cette  courte  description  s*ap]>lique  à  la  partie  du  Dwyka, 
disposée  en  bancs,  pouvant  atteindre  une  vingtaine  de  mètres 
d'épaisseur,  qui  ne  montrent  aucun  indice  de  stratification.  Alter- 
nant avec  ces  bancs  non  stratifiés,  <m  tixmve,  dans  cette  même 
formation,  des  dépôts  stratifiés  contenant  en  quelques  endroits 
des  cailloux  en  grande  abondance,  tandis  qu'ailleurs  les  cailloux 
sont  rares  ou  absolument  absents. 

Les  couches  d'Ecca  sont  en  général  constituées  par  une  boue 
fine ,  durcie .  sans  cailloux  ;  et  il  est  très  rare  qu'on  y  trouve 
quelques  gros  blocs.  UEcca-shale  typique  est  une  espèce  d'argi- 
lite  foncée,  à  grains  tW's  fins  qui  en  raison  de  sa  structure  pseudo- 
sphéroidale  ou  concrétionnée .  se  brise  si  facilement  en  petits 
fragments,  qu'il  est  difficile  d'en  obtenir  un  morceau  non  frac- 
turé de  la  grosseur  du  poing.  Entre  ces  argilites  friables  cJtement 
cependant,  çà  et  là,  des  schistes  ardoisiers,  qui  donnent  une  bonne 
pierre  de  construction.  Tous  les  caractères  distinctifs  des  couches 
d'Ecca  se  retrouvent  dans  les  parties  stratifiées  du  Dwyka  et  an 
point  de  vue  pétrographique  on  pourrait  dire  que  les  véritables 
couches  d'Ecca  et  le  conglomérat  de  Dwyka  sont  interstratifiés. 


Fig.  i3.  —  La  montagne  Gotshe  et  la  propriété  Mooiklip,  vue  du  sud.  — 

Même  légende. 

he  conglomérat  de  Dwyka  a  une  importance  plus  que  loccJe;  il 
a  attiré  Tattention  de  tous  les  explorateurs  qui  se  sont  occupés  du 
sol  de  r Afrique  du  Sud. 

M.  Bain  *,  M.  Wyley  et  plus  taixi  M.  Moulle  -  le  considéraient 
comme  étant  d'origine  éruptive  et  lui  donnaient  respectivement 

I.  A.  Gbodbs  Bain,  1. 
a.  M.  A.  MouLLB,  36. 


igOI  oéOLOOIB  DE  LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  69 

les  noms  de  cUiysione'porpfvyjy,   trap-conglomerate  et  brèche 
mélaphjrrique, 

M.  Sutherland  *  fut  le  premier  qui,  en  1868,  émit  la  théorie  de 
l^origine  glaciaire  de  ce  remarquable  conglomérat,  n  le  regardait 
comme  an  vaste  dépôt  morainique  de  Tépoque  permienne.  Cette 
théorie  fut  acceptée  très  favorablement  par  les  géologues  qui 
s*étaient  occupés  de  l'étude  des  sols  de  l'Inde  et  de  l'Australie, 
mais  pour  l'Afrique  du  Sud  elle  ne  fut  pas  admise  sans  conteste. 
Cependant  MM.  Gnesbach -\  Stow '*  et  Schenck  *  étaient  les 
apôtres  de  cette  théoHe  et  lui  donnaient  un  ferme  appui. 
M.  Dunn  ^,  tout  en  acceptant  l'origine  erratique  des  cailloux  de 
Dwyka,  le  regardait  comme  un  drift  glaciaire,  apporté  et  déposé 
là  par  des  glaces  flottantes. 

M.  Greei^^  rejetait  la  théorie  glaciaire  et  voyait  dans  le  conglo- 
uiérat  de  Dwyka  un  dépôt  de  plage  formé  le  long  d'une  côte,  qui 
se  retirait  durant  une  période  de  transgression.  MM.  Draper, 
Hatch  ^,  Sawyer  et  plusieurs  autres  géologues  de  la  région  don- 
naient la  préférence  à  des  théories,  qui  exigeaient  une  origine 
éruptive  pour  ce  conglomérat. 

Mes  recherches  dans  le  district  de  Vrijheid,  pleinement  confir- 
mées plus  tard  par  des  études  dans  plusieurs  autres  districts  du 
Transvaal  et  spécialement  le  long  de  la  rivière  du  Vaal,  dans  le 
Griqualand-west,  m'ont  convaincu  que  le  conglomérat  de  Dwyka 
et  les  couches  d'Ecca  doivent  être  indubitablement  regardés  comme 
des  dépôts  d'origine  glaciaire,  datant  i)robablement  de  la  période 
peniiienne. 

Examinons  d'abord  quelle  est  la  position  de  ces  dépôts  dans  les 
régions  qui  m'ont  fourni  la  majorité  des  documents,  la  province 
de  Vrijheid  et  le  Griqualand-west. 

On  pourrait  discuter  le  synchronisme  du  dc|)ôt  du  conglomérat 
içlaciaire  du  (iriqualand-west  et  du  Transvaal  occidental,  de  la 
partie  méridionale  de  la  Colonie  du  Cap,  du  Natal  et  enfin  du 
Transvaal  orientiil  et  mériditmal,  et  la  réunion  de  toutes  ces  forma- 
tions s(ms  le  nom  de  conglomérat  de  Dwyka,  Cependant  on  cons- 
tat<*  que  pailDut  <'es  dépôts  glaciaires  anciens  reposent  sur  des 

I.  P.-C.  SUTHBRLANU,  51. 

'i.  C-L.  Gribsbach,  21,  p.  53. 

3.  G.-W.  Stow,  Manuscrit  inédit. 

«.  .V.  SciiBNCK,  46  et  46. 

5.  E.-J.  Dunn,  13. 

C.  A.-H.  Grbbn,  20,  p.  3^3  et  p.  267. 

7.  P.-U.  Hatch,  23,  p.  100. 


70  G.-A.-F.    MOLENGRAAPF  31  JailY. 

couches  appartenant  au  Système  du  Cap  ou  au  Système  primaire 
et  qu'ils  sont  couronnés  par  des  couches  du  Karroo  supérieur.  Ce 
fait  constaté  nie  parait  une  l'aison  suffisante  pour  ne  pas  introduire 
un  élément  de  doute  dans  la  question  du  synchronisme  des  dépôts 
glaciaires  des  diverses  régions  de  l'Afrique  du  Sud,  doute  qui  ne 
ferait  que  compliquer  un  problème  déjà  ardu. 

Le  district  de  Vidjheid  appartient  au  Gebroken-çeld  et  la  diffé- 
rence entre  la  partie  occidentale  et  la  partie  orientale  du  district 
est  gi'ande.  La  partie  occidentale  est  la  continuation  du  Hooge^eld, 
quoique  le  cai'actère  de  haut  plateau,  qu'on  trouve  très  typique 
plus  à  Touest  soit  ici  fortement  modifié  par  l'action  éi'osive  de 
nombreuses  rivières.  Dans  leur  cours  vers  l'est,  jusqu'à  l'Océan 
Indien  elles  divisent  le  pays  en  bandes  de  terrains  élevés  d'altitude 
de  4oo  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  nier,  séparées  les  unes  des 
autres  par  des  vallées  i)rofondes.  Ces  vallées  s'élai^ssent,  se 
réunissent  et  deviennent  de  plus  en  plus  nombreuses  en  allant 
à  l'est,  si  bien,  que  finalement  il  ne  reste  plus  que  des  lambeaux 
isolés  de  ces  terrains  élevés.  1^  partie  occidentale  du  district  a 
donc  rasi)ect  d'un  haut  ]>hiteau,  entrecoupé  de  vallées  profondes, 
tandis  que  la  partie  orientiile  est  un  pays  bas  plus  ou  moins  acci- 
denté, sur  lequel  s'élèvent,  i)ar  places,  des  montagnes  plus  ou 
inoins  hautes,  dont  les  sommets  aplatis  atteignent  en  général  à 
peu  près  la  même  altitude  que  le  plateau  occidental. 

Les  cours  d'eau  principaux  sont  le  Pongolo  qui  forme  la  limite 
entre  ce  district  et  celui  de  Piet-Retief,  TUnikusi,  TUmvolosi  noir  et 
l'Uni volosi  blanc.  Le  premier  et  le  dernier  sont  les  plus  puissants 
et  se  déi'oulent  dans  des  vallées  plus  profondes  que  les  auti*es. 


Fig.  1^.  —  Coupe  dans  le  district  de  Vrijheid,  montrant  le  Système  du  Kairtïo 
superposé  aux  terrains  primaires.  — Echelle  des  longueurs  i/i.<xm>.ooo'. 

Formation  du  Hoog-e-veld  :  i4  b,  Grès  supérieur  ;  i^  a,  (1res  inférieur; —  iH,  Cou- 
ches d'Ecca  ;  la.  Conglomérat  de  Dwyka  :  a.  Granité  ancien  ;  i.  Couches  de 
Barherton  et  schistes  cristallophyllieiis  :  li.  Horizon  houiller  ;  o,  Diahase. 

Dans  le  <listrict  de  Vrijheid  on  rencontiH»  les  foriiuitioiis  sui- 
vantes :  le  Système  primaire,  représenté  par  des  schistes  crisU^llo- 
phylliens,  la  série  dr  Barberton  et  d<»s  inassits  de  granité  intrusif. 

Les  couches  du  terrain  primaire  sont  toujours  redi»essées,  quel- 


I9OI  GÉOLOGIE  DE  LA   RÉPUBLIQUE   SUI>-AFRICAINE  7I 

quefois  jusqu'à  la  verticale,  coinine,  par  exemple,  dans  le  district 
de  Barberton. 

Le  terrain  primaire  affleure  là  seulement  où  Térosion  a  fait  assez 
de  progrès  pour  enlever  la  totalité ^es  assises  du  Karroo,  qui  le 
recouvrent  horizontalement  en  discordance. 

Cest  ainsi  qu'on  doit  chercher  le  terrain  primaire  en  premier 
heu  au  fond  des  grandes  vallées  du  Pongolo  et  de  TUmvolosi  blanc, 
mais  cependant  en  dehors  de  ces  vallées  le  terrain  primaire  vient 
affleurer  en  plusieurs  points  à  travers  la  couverture  des  strates 
horizontales  super|3osées  du  Karroo.  Le  Système  du  Karroo  est 
très  facile  à  étudier  dans  les  nombreuses  gorges  des  torrents  qui 
le  recoupent,  en  donnant  de  fort  belles  coupes  naturelles,  par 
exemple  dans  la  gorge  du  Hlengeni,  sur  le  vei*sant  nord  de  la 
montagne  d'Ingomo  ^ 

L'étude  comparative  de  ces  coupes  qui  révèlent  tous  les  carac- 
tères du  conglomérat  de  Dwyka  et  des  couches  d'Ecca  résumées 
plus  haut,  m'a  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

l-ie  conglomérat  de  Dwyka,  non  stratifié,  doit  être  considéré 
connue  une  moraine  pi^ofonde  au  sens  pn>pi*c;  du  mot.  Taille  à 
hloi-aux  <run  glacier  gigant(<!sque  ou  d'une  calotte  de  glace  de  l'épo- 
que perniieime,  tandis  que  le  Dwyka  stratifié  i^eprésente  les  dépôts 
^laciaiivs  stratifiés,  qui  <mt  été  déposés  par  les  eaux  de  fonte  du 
placier  au-dessous  et  au  devant  du  glacier.  Enfin  les  couches  d'Ecca 
représentent  les  déi>ôts  des  torrents  glaciaires  et  les  sédiments 
amoncelés  dans  les  lacs  glaciaires  du  paysage  morainique,  princi- 
palement durant  la  période  de  fonte  et  de  retrait  du  glacier  ou  de 
la  calotte  glaciaire.  Les  couches  d'Ecca  i)ermiemies  peuvent  donc, 
quant  à  leur  genèse,  être  comparées  aux  dépôts  du  loess  diluvien 
de  TEuropequi,  absti*action  faite  des  changements  et  des  remanie- 
iiieuts  quils  ont  subis  ultérieurement,  pai*aissent  avoir  eu  pour 
origine  la  boue  glaciaire  déposée  par  les  cours  d'eau  de  fonte  des 
fçlaces  durant  la  période  de  retrait  des  glaciers  quaternaires. 

Voici  d'ailleurs  quelques-ims  des  ai^uments  qui  militent  en 
laveur  de  cette  intei'prétation. 

.  i"  La  surface  des  roches  de  la  série  de  Harberton  est  burinée, 
polie  et  striée  suivant  une  seule  diirction  partout  où  elle  était 
ilû'ectement  couveite  par  le  conglomérat  de  Dwyka.  La  tlii-ection 
«le  ces   stries   est  bien  celle  du  mouvement  du   glacier  ou  de  la 

I.  Voir  G.-A.-F.  Molknghaaff,  88,  PI.  II,  vis-à-vis  p.  100. 


72 


O.-A.-F.    MOLENGRAAFF 


ai  Janv. 


U£. 


calotte  de  glace,  dont  la  moraine  profonde  burinait  la  surface  des 
roches  sous-jacentes.    Cette    moraine,   solidifiée   plus  tard,    est 

devenue  le  conglomé- 
^^*^      rat  de  Dwyka. 

J'ai  moiméme  obser- 
vé ces  stries  glaciaires  : 
a)  Sur  la  propriété 
Doompan  [177]  (dis- 
trict de  Vrijheid)  dans 
les  gorges  de  plusieurs 
ruisseaux,  qui,  se  pré- 
cipitant de  la  montagne 
du  Hlang^'eni ,  ont 
creusé  leui'  lit  à  ti'avers 
le  conglomérat  de 
Dwyka  et  ont  atteint  la 
surface  des  argilites  et 
des  schistes  ardoisiers 


Pig.  i5.  —  Conglomérat  de  Dwyka  (la)  reposant 
sur  les  couches  de  Barberton  (i)  (propriété 
Doompan  [177I,  district  de  Vrijheid).  La  sur- 
face des  schistes  argileux  quartzitiques  de 
la  série  de  Barberton  est  polie  et  striée  dans 
la  direction  indiquée  par  les  flèches.  Le  poli 
et  les  stries  sont  des  plus  nets  au  point  K, 
où  les  schistes  sous-jacents  viennent  d'appa- 
raître sous  le  conglomérat  de  Dwyka.  Le 
plan  PP*  ne  correspond  ni  aux  plans  de 
stratification,  ni  aux  plans  de  clivage  des 
schistes. 


durs  et  fortement  redressés,  appartenant  à  la  sérife  de  Barberton 
(voir  fig.  i5  et  pi.  i). 


Pig.  16.  —  Roche  moutonnée  [quartzite  de  la  série  de  Barberton  (i)|  émer- 
geant du  conglomérat  de  Dwyka  (la)  sus-jacent  qui  l'entoure.  Le  quart- 
zite est  poli  et  strié  dans  la  direction  indiquée  par  les  stries  et  les  flèches. 
(Propriété  de  Nauwpoort  1556]  district  de  Vrijheid). 

b)  Sur  la  propriété  de  Nauwpoort  [556],  près  du  Zwart- 
Umvolosi  dans  le  district  de  Vrijheid,  où  quelques  collines, 
formées  par  un  quartzite  de  la  série  de  Barberton,  fcmt  saillie 
au  travers  du  conglomérat  de  Dwyka,  qui  les  entoure  complète- 
ment. Ces  collines,  hautes  d'une  quinzaine  de  mètres,  ont  leur 
surface  si  parfaitement  polie,  (jue  Fimage  du  soleil  s'y  trouve 
rértécliie  comme  dans  un  miroir  ccmvoxc.  11  est  impossible  de 
gravir  à  cheval  ces  petites  collines,  parce  que  le  sabot  du  cheval 
ne  peut  pn>ndre  prise  sur  leur  sol.  Ce  sont,  en  délinitive,  de 
véritables  roches  moutonnées,  dont  toute  la  surface  est  non 
seulement  complètement  polie,  mais  aussi  cannelée  par  de  nom- 
breuses et  fines  stries  parallèles.  11  est  fort  intéressant  de  noter. 


IgOI  GÉOLOGIE   DB   LA  BÉPUBLIQUE   SDD-AFHICAINE  ^3 

que  les  stries  sur  ces  collines  De  sont  pas  limitées  k  un  seul  côté, 
celui  d'où  venait  la  pression,  mais  que  toute  la  surface  offre  le 
même  aspect:   le   poli  et  les  stries  ont  donc  été  produites  par 


Fig.  13.  —  CoDglomérat  de  ]>wyka  (la)  reposant  sur  la  surface  ondulée  deB 
couches  de  Barberton  (i)  (propriété  des  Mines  d'or  de  Denny-Dalton).  La 
surface  des  grès  schisteux,  conglomérats  et  quarlzjtcs  de  la  série  de 
Barberton  sous  le  congloniéral  est  polie  et  striée  dans  la  tlirection  indi- 
quée par  les^flèches. 

luie  masse  en  mouvement  non-seulement  assez  piùssante  et  assez 
lourde  pour  pouvoir  polir  et  graver  les  roches  les  plus  dures, 
mais  encore  assez  plastique  pour  pouvoir  suivre  les  ondulations 
du  terrain.  Des  glaciers  de  grande  épaisseur  sont  les  seules  masses 
connues  qui  puissent  répondre  k  ces.  desiderata . 


fi(.  18.  —  Kocbe  moulonnée  poli 
dont  quelques  lambeaux  le  rc 
RiviTton  <Griqualand-west>. 


c)  Sur  les  propriétés  Vlakliiek  [548]  et  Xussclu-iilH-idc  [4ii] 
(district  (le  Vrijhcid),  près  <le  la  mine  d'or  de  Dciuij'  Daltun.  où 
l'un  rencontre  des  stries  très  nettes  sur  les  surl'aces  polies  des 
quartzit«s  et  des  gi-ès  quartzi tiques  de  la  série  de  Barberton  (llf^.  i^). 


34 


G.-A.-F.    MOLEXOKAAFr 


31  Jauv, 


d)  Sur  la  propriété  BUawbank  [;8].  où  la  surface  d'un  granité  à 
amphibole  est  polie  et  striée. 

e)  Le  long  du  Vaal,  jtri-Rde  Riveiion,  dans  le  Griqualand-'west. 
La  surface  d'une  lUabase  (|>«ssAnt  à  une  diabase  amygdaloîde)  do 
Système  primaire,  pnibablement  de  la  série  du  Witwatersrand,  est 
polie  et  Çitriée  partout  où  elle  apparaît  au-dessous  do  conglomérat 
de  Dwyka  qui  lui  est  su{>eq>osé.  Les  croquis  (lig.  iSeti^)  faits  sur 


:  Ih  ro«bc  iliabasiqur  du 
iiiKloiuéral  dr  Dwyka,  est 


Pî([.  19.  —  Paysaip- 

Systêiiir  priiuuire,  i|iii  nllli 
polie  et  slriér  très  iiellrnii 


plave  eu  181)9  peuvent  donner  une  i*^^^  *^^  '*'  to[>ograpbie  niorai- 
nique  de  ees  localités.  Stow  avait  déjà,  en  i88o,  observé  les 
pliénoiiièin's  glaciaires  dans  le  Griqualand-west  et  rendix>it  repré- 
senté par  le  ci-uquis  ciniessus.  avait  semblé  si  typique  à  Slow 
qu'il  l'avait  nussi  dessiné  du  uit^nie  puiut  de  vue  '.  On  voit  dans 


I.  i;.-W,  hTow  II  ilêcrit  iriirie  iiii 
poslliuiiir  encort-  iiiéilU  les  phêno 
(ïri<iiialHiiil-wcsl.  J'ni  eu  l'iH'eHsiun 
ubMTVuUiiiih  cl  (le  ees  <'nrleM  ul  j'ui 
<Jiiuii[iie  plusifUTK  iIl-n  iiilerpréliil 


1  dos 


1res  fxaete  ilaiiB  iiu  luanoacHt 
tclaciaires  dans  la  jirovinee  dr 
trMvT  siir  place  plusieurs  île  ces 
:'  eonvaiiu-n;  dn  leur  exuetituik. 
auU-urnepuis- 


[;e|>lée»  aujounriiiii.  eulre  aulrcK  lu  supposition  d'une  seconde 
'  fclaciaire  diluvienne  dans  r.Vrriipic  du  Sud.  voir  :  48,  p.  Sl^,  ses 
rrc  II  ère  11  es  reliianpluhles.  n'en  siint  [ms  moins  dij^ncs  du  plus  grand  intérêt. 
<>r  luunuserit  i>ri|nnHl  appartient  ti  la  Oeologwat  Soriely  of  Soalh  .Xj'nea  et 
je  me  suis  chargé  d'en  diriger  la  publication,  dés  que  les  Tonds  nécessaires 
auront  été  réunis.  M.  IK'nn  (Voir  ;  F..-J.  Di->n,  18,  p.  9)  a  également  trouvé 
des  slries  glaciaires  sur  uue   ui'gilite  dure,  inimédiatcmeiit  sous-jacente  an 


igOI  GÉOLOGIE   DE  LA   REPUBLIQUE  SUD-AFRICAINE  'j5 

Ja  petite  lie  au  milieu  du  Vaal,  les  i*oches  de  diabase  parfaitement 
polies  transformées  en  roches  moutonnées  et  encore  partiellement 
recouvertes  par  des  lambeaux  du  conglomérat  deDwyka  en  place. 
Les  stries  glaciaires  sont  dirigées  sur  ces  roches  dans  le  sens  per- 
pendiculaire à  celui  du  courant  du  ileuve  et  le  fait  que  Stow  a 
observé  et  dessiné  ces  stries  en  1880,  dans  absolument  les  mêmes 
conditions  que  moi-même  en  1899,  prouve  que  le  pouvoir  érosif 
des  eaux  du  Vaal  sur  ces  marques,  en  dix-neuf  ans,  n'est  pas  appré- 
ciable. Dans  toutes  les  localités  citées,  dans  le  district  de  Vnjheid 
et  dans  la  province  de  Griqualand-west,  j'ai  trouvé  le  conglo- 
mérat de  Dwyka  in  situ  dans  le  voisinage  immédiat  des  surfaces 
polies  et  striées  des  roches  plus  anciennes  et  les  stries  sont  plus 
nettes  et  plus  distinctes,  près  de  la  limite  des  deux  formations, 
c'est-à-dire  là  où  les  roches  sous-jacentes  *  viennent  affleurer, 

La  direction  des  stries  est  :  dans  le  district  de  Vrijlieid  :  à 
Doompan  et  dans  plusieurs  localités  voisines,  dans  un  rayon  d'un 
kilomètre,  S.  a8**  E.,  à  Nauwpoort  S.  56^  E.,  à  Tuschenbeide  près  de 
la  mine  de  Denny  Dalton,  S.  33*"  E.  Dans  la  province  du  Griqualand- 
west,  à  Riverton  et  dans  plusieurs  autres  localités  elle  varie  de 
E.&>N.àE.9oN. 

Dans  le  Griqualand-west  la  direction  générale  du  mouvement 
a  été  E.N.E.-O.S.O.  et  le  conglomérat  de  Dwyka  renferme  en 
abondance  des  blocs  d'un  porphyre  quartzifère  à  plagioclase  très 
typique  qui  affleure  dans  les  régions  situées  plus  à  Test  et  au  iioi*d- 
est,  par  exemple  dans  les  districts  de  Bloenihof  et  dans  les  collines 
du  Makwassie  (district  de  Wolmaransstad).  Dans  le  district  de 
Vrijheid  le  sens  du  mouvement  morainique  n'est  pas  encore  déter- 
miné avec  certitude,  mais  toutes  mes  observations  plaident  eu 
faveur  d'un  mouvement  du  S.E.  au  N.O. 

conglomérat  de  Dwyka  près  du  confluent  des  rivières  du  Vaal  et  de  rOranjje 
En  discutant  Forigine  de  ces  stries,  il  dit  :  «  It  set*nis  probahlr  that  this 
turf  ace  formed  part  ofthe  shelving  jloor  of  the  laUe,  and  that  icelfergs  iven* 
driven  aground  hjr  the  ivind,  thus  scratching"  and  ^roovinff  the  rorks:  the 
metting"  nf  the  ivehergH  woutd  cause  their  stonen,  earth,  etc. y  to  lie  depo- 
nited  on  the  ice-ncratched  Jtoor^  thus  forming  the  congloméra  te  ».  Otte 
théorie  me  semble  très  mal  fondée;  le  seul  lait,  ({uon  trouve  ees  stries  sur 
les  roches  souK-jaceutes  et  sur  des  distances  de  jilusieurs  dizaines  de  kilu- 
iiiètres,  toutes  dans  la  même'  direction,  formant  par  conséquent  un  seul 
système  ininterrompu  de  stries,  est  absolument  incompatible  avec  la  théorie 
«les  «  icebergs  »  chassés  par  le  vent. 

I.  Dans  notre  cas  c'est  le  Système  primaire.  Stow  a  observé  aussi  dans 
le  Griqualand-west  des  stries  glaciaires  sur  des  quartzites.  appartenant  au 
Système  du  (!ap  et  très  probablement  à  la  série  du  Black-reef  (manuscrit 
inédit). 


^6  G.-A.-F.    MOLENGRAAFF  31  JaOV. 

M.  Griesbach  ^,  aussi  bien  que  M.  Sntherland  ',  a  remarqué 
des  stries  au-dessous  du  conglomérat  de  Dwyka  sur  la  surface  des 
grès,  qui  appartiennent  très  probablement  à  la  série  du  Black- 
reef  et  sont  équivalents  au  grès  de  la  Montagne  de  la  Table  de  la 
Colonie  du  Cap  ;  mais  il  n*avait  pas  d'opinion  sur  la  direction  du 
mouvement  des  glaciers  permiens  dans  le  Natal. 

a"*  Il  existe  quant  à  la  structui'e  et  à  la  composition  une  analogie 
parfaite  entre  une  argile  ù  blocaux  et  le  conglomérat  du  Dwyka. 
Seulement  dans  ce  dernier  le  ciment  argileux  ^  est  endurci,  silicifié 
et  plus  ou  moins  re^ristallisé,  vv  qui,  étant  donné  Tancienneté  du 
Dwyka,  s'explique  aisément  par  des  actions  mécaniques  et  chimi- 
ques sous  la  pression  des  strates  superposées  du  Karroo  supérieur. 
En  beaucoup  d'endroits  ou  le  Dwyka  s'est  trouvé  depuis  longtemps 
exposé  à  l'action  de  l'atmosphère,  il  s'est  altéré  à  nouveau  *  en  une 
espèce  d'argile  à  blocaux  et  toutes  les  dilTérences  disparaissent. 
Le  conglomérat  de  Dwyka  renferme  partout  en  abondance  des 
cailloux  striés.  J'en  ai  trouvé  dans  beaucoup  de  localités  du  district 
de  Vrijheid,  sur  la  propriété  Atholi  [85],  près  d'Amsterdam  (district 
d'Ermelo),  dans  les  environs  de  Vereeniging  et  près  de  la  mine  d'or 
de  Modderfontein  (district  de  Heidelberg),  sur  plusieurs  points  du 
district  de  Bloemhof,  et  au  delà  de  la  frontière  de  l'Etat,  le  long  de 
la  rivière  du  Vaal,  en  aval  de  Fourteenstreams,  et  dans  bien 
d'autres  endroits  dans  la  Colonie  du  Cap  et  dans  le  Natal. 

I.  K.-L.  Griesbach,  21,  p.  60,  dit  :  GrooveH,  quite  sirnilar  to  those  in  the 
Alpa,  occur  in  gréai  abondance  on  the  sandstone  of  the  Infami  River,  ahout 
ao  miles  sont  h  of  Durban  ». 

a.  P.-C.  SuTUBKi.AivD,  52,  p.  5i5,  dil  :  «  The  old  aandstones,  which  lie 
immediateljr  beneath  the  boulderclajr  hâve  their  upper  surfaces,  in  nuuiy 
instances,  deeply  f^rooved  and  striated,  as  if  a  semiplas tic  substance,  contai- 
niing  hard  and  anfçular  fragments,  had  beenpassed  over  itwith  considérable 
pressure  ». 

3.  Dans  le  Dwyka  frais  le  ciment  montre  à  l'examen  macroscopique  une 
texture  tant  soit  peu  cristalline  bien  différente  de  celle  d'une  argile,  ce  qui 
a  su{|pgéré  sans  doute  à  quelques-uns  des  observateurs  Tidéc  de  Torigine 
éruptive  de  cette  roche.  Mais  en  examinant  ce  ciment  sous  le  microscope, 
on  constate  qu*à  l'origine  il  doit  avoir  été  une  boue  contenant  de  nombreux 
petits  fragments  angulaires  ou  semi-angulaires  de  diverses  roches  et  miné- 
raux avec  prépondérance  du  quartz,  mais  «jue  cejKîndant,  la  texture  élastique 
primitive  a  été  largement  modifiée  par  des  phénomènes  de  recristallisation. 

4.  Dans  les  plaines  du  Karroo,  dans  la  Colonie  du  Cap,  où  le  climat  est 
extrêmement  sec,  le  conglomérat  de  Dwyka.  quoique  exposé  à  l'action  de 
l'atmosphère  depuis  longtemps,  ne  montre  guère  de  marques  d'altération 
ou  de  décomposition. 


igOI  GEOLOGIE    DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINK  JJ 

3*  Dans  le  conglomérat  de  Dwyka  ou  trouve  des  dépôts  stratifiés 
et  non  sti*atifiés,  les  uns  alternant  aviK!  les  autres.  C'est  justeuient 
ainsi  que  sont  constitués  tous  les  dépôts  vraiment  glaciaires.  Les 
dépôts  non-stratifiés,  Taigile  à  hlocaux.  doivent  appartenir  à  la 
moraine  profonde  stricto  sensu,  et  les  dépôts  stratifiés  sont  for- 
més par  les  cours  d*eau  de  fonte  qui  coulent  au  fond  du  glacier  et 
s'en  échappent.  Plus  le  glacier  est  grand,  plus  le  réseau  de  ces 
torrents  glaciaires  devient  complexe  et  différencié.  Leurs  lits  se 
déplacent  comme  ceux  des  autres  fleuves  ;  ils  disparaissent  ou 
augmentent  de  débit  et  de  nombre  avec  le  retrait  ou  l'accroisse- 
ment des  glaciers  et  le  résultat  Onal  après  une  longue  période  de 
glaciation,  doit  être  que  les  parties  non-stratifiées  des  dépôts  alter- 
nent en  plusieurs  places  avec  des  parties  stratifiées.  Il  est  évident 
que  vers  le  centre  d'ime  grande  nappe  de  glace  ou  d'une  calotte 
glaciaire  les  dépôts  morainiques  seront  assez  pauvres  en  dépôts 
stratifiés  ou  même  en  manqueront,  tandis  qu'au  contraire,  près  des 
bords  du  glacier,  les  dépôts  stratifiés  augmenteront  en  étendue  et 
en  puissance,  et  pourront  même  en  quelques  points  avoir  une 
plus  grande  importance  que  la  véritable  arçile  à  blocaux  non- 
stratifiée.  Du  reste,  sur  la  bordure  extrême  des  productions  gla- 
ciaires, la  marche  en  avant  et  le  recul  périodiques  de  la  nappe 
glaciaire  sufiisent  déjà  à  produire  des  alternatives  de  dépôts  gla- 
ciaires stratifiés  et  non-stratifiés. 

Ces  dépôts  stratifiés  peuvent  être,  tantôt  très  riches  en  cailloux 
plus  ou  moins  arrondis,  tantôt  les  cailloux  peuvent  y  manquer 
complètement.  Il  va  sans  dire  qu'on  retrouvera  dans  ces  dépôts 
tous  les  caractères  des  dépôts  fluviatiles,  comme  par  exemple  la 
stratification  diagonale  et  la  succession  brusque  des  lits  de  gros 
graviers  à  des  boues  fines.  Les  dépôts  des  eaux  glaciaires  diffèrent 
cependant  des  dépôts  des  fleuves  ordinaires  en  ceci,  qu'ils  sont 
surtout  composés  d'une  boue  très  fine,  produite  par  la  trituration 
des  roches  dans  la  moraine  profonde.  On  pourrait  rencontrer 
parfois  dans  cette  boue  fine  des  blocs  de  grandes  dimensions,  qui 
seraient  tombés  des  moraines  latérales,  médianes  ou  terminales, 
par  des  crevasses. 

Tous  ces  caractères  sont  représentés  abondamment  et  avec  une 
netteté  parfaite  dans  les  parties  stratifiées  du  conglomérat  de 
Dwyka  et  peuvent  être  étudiées  à  merveille  dans  les  nombreuses 
coupes  naturelles  qu'offrent  les  gorges  dans  le  district  de  Vrijheid. 

En  outre,  on  constate  souvent  qu'un  banc  de  Dwyka  stratifié, 
intercalé  entre  deux  bancs  de  conglomérat  de  Dwyka  non  stratifiés, 
est  dans  sa  partie  supérieure  refoulé  et  brouillé,  phénomène  qu^on 


78  G. -A. -F.    MOLENÛRAAKF  ai  JatlV. 

doit  attribuer  à  la  ])res8ion  exercée  par  la  moraine  profonde,  qui 
glissait  sur  ces  couches  et  qu'on  retrouve,  reposant  toujours  au- 
dessus  sous  forme  de  banc  de  conglomérat  non-stratifîé.  C'est  un 
phénomène  absoluuient  analogue  à  celui  qu'on  a  observé  sous  les 
moraines  pi'ofondes  des  glaciers  de  la  période  glaciaire  de  la 
Scandinavie  et  de  TKcossi»  et  qui  est  connu  sous  le  nom  de  con- 
toried'drift, 

^"  Enfin,  dans  le  conglomérat  de  Dwyka,  se  rencontrent  des 
blocs  de  roches,  aflleurant  à  d*assez  petites  distances,  mêlés  à 
d'autres  débris  provenant  de  régions  lointaines;  l'origine  de 
<[uelques-uns  de  ces  <lébris  est  d'autant  plus  obscure  que  ces  roches 
n'ont  pas  encon^  été  rencontrées  in  situ  dans  l'Afrique  du  Sud. 

Souvent  le  conglomérat  de  Dwyka  a  un  caractère  local  par  la 
prépondérance  des  débris  d'une  certaine  roche  sur  les  auti*es,  ce 
qu'il  n'est  pas  diflicile  d'expliquer.  Lorsqu'un  glacier  se  meut  et 
qu'une  certaine  roche,  que  nous  désignerons  par  A,  aflïeure  sur 
son  parcours,  ce  glacier  défiche  des  morceaux  de  la  roche  A  et  les 
mêle  aux  autres  débris.  La  moraine  profonde  sera  alors^  en  aval 
du  point  d'affleurement  de  la  roche  A,  caractérisée  par  la  présence, 
dans  sa  masse,  d'une  certaine  proportion  de  fragments  de  la  roche  A, 
qu'on  ne  retrouvera  pas  en  amont;  et  il  en  résultera  que  si  cette 
proportion  est  assez  forte,  la  moraine  de  fond  aura  un  caractère 
local.  J'ai  observé  souvent  un  tel  caractère  loc^l  dans  le  conglo- 
mérat de  Dwyka  ;  à  Vei'eeniging  par  exemple,  où  le  conglomérat 
de  Dwyka  repose  sur  les  dolomies  du  Système  du  Gap,  qui  affleu- 
rent à  une  courte  distance,  ce  conglomérat  abonde  en  cailloux 
striés  de  calcaire  dolomitique  que  je  n'ai  jamais  trouvé  dans  le 
conglomérat  de  Dwyka  du  district  de  Vrijheid.  Ces  caractères 
locaux,  offrent  un  bon  moyen  de  déterminer  le  sens  du  mouvement 
du  glacier  permien.  C'est  ainsi  que,  comme  nous  l'avons  vu  déjà 
plus  haut,  la  présence  de  nombreux  blocs  de  porphyre  quartzifère 
à  oligoclase  dans  le  conglomérat  de  Dwyka,  le  long  du  Yaal,  en 
aval  de  Fourteenstreams,  nous  prouve  que  le  sens  du  mouvement 
doit  avoir  été  là,  de  l'E.N.E.  à  l'O.S.O.  M.  Dimn  *  a  déjà,  en 
1886,  donné  un  exemple  frappant  du  caractère  local  que  prend 
quelquefois  le  Dwyka  ;  il  écrit  :  East  of  the  Doornberg  range 
(Griqualand'West)  there  is  a  complète  absence  of  the  j^ellow  jasper 
and  altered  crocidolite,  ofwhich  thèse  hills  consista  in  the  Dwyka 
congf orner ate,  while  to  the  west  oj  this  range  they  are  abundanily 
represented,  mingled  with   the  far-borne  material.   Un  glacier, 

1.  E.-J.  DuNN,  13,  p.  9. 


^ 


XgOl  GKOLOGIE   0£    LA    REPUBLIQUE   SUl>-AFRICAINE  79 

«lyant  glissé  de  Test  à  Touest  à  travers  les  terrains  du  Doornberg- 
■*ange,  aurait  produit  exactement  ces  ])héiioinèues,  mais  je  ne  crois 
f  )as  que  jamais  des  glaces  flottantes,  comme  le  voudrait  M.  Dunu, 
pourraient  donner  de  tels  résultats. 

5"^  La  matière  des  couches  d'Keca,  est,  ({uant  à  sa  composition, 
I>ai*faitement  identique  au  ciment  du  conglomérat  de  Dwyka.  C'est 
^n  somme  une  houe,  durcie  aujourd'hui,  transportée  par  les  eaux 
glaciaires  et  déposée  soit  dans  les  grands  lacs,  qui  cai*aclérisent  le 
paysage  morainique,  soit  dans  le  vaste  champ  d'inondation  de 
c!Oui*8  d'eau  tori*entiels  durant  la  période  de  fonte  et  de  retrait  de 
la  nappe  glaciaire.  Les  gi*ands  blocaux,  d'ailleurs  assez  rarement 
rencontrés  dans  les  ai^lites  d'Ecca,  ont  peut-être  été  transportés 
par  des  glaçons  flottants  sur  ces  fleuves  et  ces  lacs. 

6""  Si  l'on  accepte  la  théorie  glaciaii*e,  on  peut  se  faire  aisément 
une  idée  de  la  distribution  erratique  du  congloméi*at  de  Dwyka  et 
des  couches  d'Ecca.  Il  serait  difficile  d'expliquer  autrement,  com- 
ment, dans  des  terrains  totalement  dépourvus  de  failles,  le  Dwyka 
peut  être  trouvé  à  des  altitudes  très  diverses,  et  en  position  nor- 
male malgré  cette  différence  d'altitude.  Avec  la  théorie  glaciaire, 
cette  difficulté  disparait,  si  l'on  admet  qu'un  grand  glacier  ou  une 
calotte  de  glace,  a  buriné  la  surface  des  roches  sous-jacentes,  en 
restant  assez  plastique  pour  pouvoir  suivre  les  accidents  du  terrain, 
les  transformant   en   roches  ou  en  collines  moutonnées,   polies 
et  cannelées,  et  déposant  ainsi  sa  moraine  profonde  simultanément 
à  des  altitudes  bien  difl'érentes  et  pourtant  en  position  normale.  Il 
serait  aussi  difficile  d'expliquer  comment  l'épaisseur  de  ces  forma- 
tions peut  varier  si  fortement  et  comment,  en  quelques  endroits, 
soit  le  congloméi*at  de  Dwyka,  soit  les  couches  d'Ecca,  soit  tous 
les  deux,  peuvent  manquer  en-dessous  des  strates  du  Karroo  supé- 
rieur, même  dans  des  régions  où  le  Karroo  inférieur  se  trouve  en 
général  très  bien  développé.  L*explication  est  simple,  si  on  se  sou- 
\âent  que  sous  les  glaciers,  et  dans  les  régions  qu'ils  abandonnent 
par  leur  retrait,  en  quelques  points,  les  effets  de  l'érosion  sont 
prépondérants  sur  ceux  de  la  sédimentation,  tandis  que  dans  les 
localités  voisines,  l'inverse  se  produit. 

En  résumé,  nous  admettons  que  le  conglomérat  du  Dwyka  et  les 
couches  d'Ecca,  c'est-à-dire  le  Karroo  inférieur,  sont  d'origine 
glaciaire,  et  celte  origine,  nous  n'en  doutons  pas,  permettra  d'expli- 
quer tous  les  caractères  des  couches  du  Karroo  inférieur.  Mais,  on 
devra  s* attendre  à  constater  tous  les  phénomènes  d'une  glaciation 


8o  G.-A.-F,    MOLBNGRAAFF  31  JanV. 

prolongée,  et  cela  dans  des  proportions  beaucoup  plus  grandes  et 
plus  imposantes  que  pour  le  diluvium  de  rhémisphère  nord.  Il  est 
certain  que  Ton  doit  admettre  l'existence  d'une  calotte  de  glace  de 
grande  épaisseur  et  de  très  grande  étendue,  aussi  bien  qu'une  durée 
fort  longue  de  la  période  de  glaciation,  pour  pouvoir  expliquer 
l'épaisseur  énorme  *  et  le  développement  si  diversifié  des  dépôts 
glaciaires  permiensde  l'Afrique  australe. 

Le  problème  de  la  glaciation  dans  l'Afrique  du  Sud,  durant  la 
période  permo-carbonifère,  offre  plus  qu'un  intérêt  local.  Les 
recherches  géologiques  dans  l'Inde  et  dans  l'Australie  ont  prouvé 
qu'il  existe  dans  ces  contrées  des  formations  d'une  analogie  frap- 
pante. Dans  l'Inde  c'est  le  Système  du  Gondwana  qu'on  pourrait 
identifier  avec  le  Système  du  Karroo.  A  sa  base  on  trouve  les  con- 
glomérats de  Talchir,  qui  offrent  tous  les  caractères  d'une  argile  à 
blocaux,  e  t  sont  absolument  comparables  au  conglomérat  de  D wyka. 
Les  roches  plus  anciennes sious-javent^s (Vindhyan-limestones) ont 
été  trouvées  polies  et  striées  dans  plusieurs  localités,  entre  autres 
près  de  Chanda,  dans  les  provinces  centrales  de  l'Inde  '.  Les  7*0/- 
chir-shales  sont  associés  à  ce  conglomérat  ;  Us  possèdent  tous  les 
caractères  des  couches  d'Ecca.  Gomme  les  couches  d'Ecca,  ils  sont 
presque  partout  dépourvus  de  fossiles.  Sur  ces  dépôts  glaciaires 
reposent  des  grès,  comparables  au  grès  du  Karroo  supérieur,  dans 
lesquels  on  a  trouvé  une  flore  à  Glossopteris,  très  ancdogue  à 
celle  du  Karroo. 

En  Australie,  les  traces  d'une  glaciation  ancienne  ne  sont  pas 
moins  nettes  et  les  dépôts  glaciaires,  qui  sont  associés  là  aussi  bien 
que  dans  le  Salt-range  de  l'Inde,  aux  sédiments  contenant  des 
fossiles  marins,  ont  établi  que  la  glaciation  de  ces  deux  continents 
était  contemporaine  et  avait  eu  lieu  dans  la  dernière  période  de 
l'ère  paléozoïque.  Et  les  affinités  générales  entre  le  Système  du 
Karroo  et  le  Système  du  Gondwana  sont  si  évidentes,  qu'on  peut 
aller  plus  loin  et  admettre  que  les  dépôts  glaciaires  permiens  de 
l'Afrique  du  Sud,  de  l'Inde  et  de  l'Australie  sont  contemporains. 

Les  dépôts  glaciaires  du  Karroo  inférieur  ont  sans  doute  couvert 
toute  la  moitié  sud  du  Transvaal  ^,  Dans  l'est  ils  sont  aujourd'hui 

I.  Le  conglomérat  de  Dwyka  atteint  dans  la  Colonie  du  Cap  une  épaisseur 
de  plus  de  4oo  mètres. 

a.  R.-D.  Oldiiam,  38,  p.  i6o. 

3.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  dépôts  du  Karroo  inférieur  au  nord  de  a6'4o' 
latitude  Sud.  Il  est  vrai  que  M.  Dunn  a  signalé,  sur  sa  carte  géologique  du 
Transvaal,  le  conglomérat  de  Dwyka  beaucoup  plus  au  nord,  dans  le  district 


IgOI  GEOLOGIE   DE   LA   RépUBtIQUË   SU1>-AFR1CÀ1NE  8l 

inTi8ibles  parce  qu'ils  sont  recouverts  par  les  strates  du  Karroo 
supérieur  et  ils  afifleurent  seulement  sur  les  escarpements  du  haut 
plateau  vers  Test,  c'est-à-dire  dans  la  portion  orientale  des  dis- 
tricts d*Ermelo  et  de  Carolina  et  dans  les  districts  de  Piet-retief  et 
de  Vrijheid.  où  ils  peuvent  être  étudiés  facilement.  Dans  le  Trans- 
vaal  central,  le  Karroo  supérieur  diminue  beaucoup  d'épaisseur  et 
le  Karroo  inférieur  afQeure  çà  et  là,  par  exemple  près  de  Vereeni- 
ging  et  de  Meyerton,  dans  plusieurs  localités  des  environs  de 
Heidelberg  et  de  Boksburg,  sur  les  propriétés  Zuurbekom  [9]  et 
Syferfontein  [3a],  etc.  Enfin  dans  la  partie  occidentale  le  Karroo 
supérieur'faisant  défaut,  le  Karroo  inférieur  affleure  très  fréquem- 
ment. Cependant  le  Karroo  inférieur  a  été  dans  cette  région  en 
grande  partie  enlevé  par  Térosion  et  dans  les  régions  où  il  existe 
encore,  il  est  très  souvent  caché  par  des  dépôts  superficiels  plus 
récents,  comme  des  tufs  calcaires  et  des  dépôts  éoliens  de  petite 
épaisseur  (i  à  4  mètres). 

Le  conglomérat  de  Dwyka  prend  une  certaine  importance  écono- 
mique dans  les  environs  de  Vereeniging  où  le  ciment,  après  avoir 
été  séparé  des  blocs  qu'il  contient,  est  utilisé  pour  la  fabrication 
de  briques  très  résistantes,  excellentes  pour  la  constiniction  des 
fours  et  des  habitations. 

a.  —  Karroo  supérieur 

Les  couches  du  Karroo  supérieur  sont  presque  loujoursdans  une 
position  sensiblement  normale  et  horizontale.  Parfois  elles  sont 
un  peu  l'edi'essées  :  elles  ne  sont  jamais  plissées.  quoiqu'elles  soient 
assez  souvent  disloquées  par  des  failles  qui  ont  par  places  mor- 
celé les  terrains  du  Karroo  supérieur  en  ilôts,  dont  les  strates 
correspondantes,  tout  en  restant  horizonUiles,  se  tnmvent  à  des 
altitudes  différentes. 

Le  KaiToo  supérieur  est  formé  par  des  gi*ès,  des  argilites.  des 
argilites  ai*énacées,  des  ai'giles  charboimtuises  et  des  couches  de 
houille  ^  Une  stratification  oblique  est  nett(*ment  indiquée  dans  ce 
Système  et  est  surtout  bien  marquée  dans  les  grès. 

• 

da  Walerbcrg,  et  même  dans  les  Ulauwberg^en,  au-delà  du  tropique  du  (Capri- 
corne, mais  mes  reeherches  m\mt  prouvé  ({uc  ces  conglomérais  dans  le 
district  du  Waterberg  ne  sont  pas  glaciaires  et  forment  la  base  du  grès  du 
Watcrberg,  et  je  croîs  probable  que  les  conglomérats  des  Blauwbergen  que 
je  n'ai  pas  visités  sont  identiques  à  ceux  du  Waterberg.  Voir  :  EI.-J.  DvsTiy  14. 
I.  On  rencontre  assez  rarement  des  couches  marneuses  dans  lesquelles  le 
calcaire  s*est  concentré  en  nodules.  Près  de  Standerton,  j*ai  trouvé»  daiis  an 
de  ces  nodules,  une  aile  d'insecte  orthoptère,  très  bien  conservée. 

i3  Juillet  1901.  —  T.  I*^  Hull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  0 


Hq  g.-a.-f.  molengraaff  ai  Janv. 

De  nombreux  bancs  de  diabase  (dolérite)  sont  intercalés  en 
c*oncordanee  parfaite  entre  les  autres  strates  de  cette  formation. 
Dans  ces  bancs  de  diabase,  le  plus  souvent  une  diabase  à  olivine, 
on  peut  observer  généralement  une  disposition  columnaire  très 
nette.  Kn  outre  tout  le  système  est  traversé  par  un  véritable  réseau 
de  dykes  de  diabase  du  même  type.  La  diabase  du  Karroo  peut 
être  facilement  distinguée  des  diabases  plus  anciennes.  Le  type 
ordinaire  de  la  diabase  grenue  du  KaiToo  est  connu  par  la  popula- 
tion minière  du  Ti*ansvaal  sous  le  nom  de  dolérite  ^ 

Niveau  houiller.  —  Dans  le  Karroo  supérieur  du  Transvaal, 
auquel  j'ai  provisoirement  donné  le  nom  àe  formation  du  Hooge- 
veldn  on  rencontre  les  couches  de  houille  qui,  en  raison  du  déve- 
loppement toujours  croissant  de  Tindustrie  minière  au  Witwa- 
tersrand  (industrie  qui  exige  de  grandes  quantités  de  combustible), 
constituent  une  richesse  inappréciable  pour  le  pays.  Ce  sont  en 
général  des  charbons  maigres,  ne  donnant  pas  de  cokes  et  ne 
pouvant  pas  être  employés  dans  les  fonderies.  Parfois  leur  teneur 
en  soufre  les  rend  dangereux,  en  ce  que,  exposés  à  Pair»  la 
combustion  spontanée  est  à  craindi*e.  Souvent  ils  renferment 
en  plus  ou  moins  grandes  quantités  des  matières  incombustibles. 
En  somme  ces  charbons  sont  excellents  seulement  pour  Femploi 
dans  les  usines  à  vapeur  et  pour  tous  les  usages  domestiques.  Les 
gisements  en  sont  immenses  et  la  partie  déjà  exploitée  est  minime  *. 
11  est  bien  certain  que  les  houilloi*es  de  la  République  sud-africaine 
pourront  suffire  aux  demandes  de  toute  TAfrique  durant  au  moins 
•  une  centaine  d'années. 

Les  couches  de  houille  du  Transvaal  paraissent  devoir  être 
regardées  comme  des  alluvions  végétales,  des  dépôts  de  torrents. 
Les  fragments  de  troncs  de  Sigillaria  et  de  troncs,  de  tiges  ^et  de 
feuilles  de  diverses  espèces  de  Glossopteris  jouent  un  grand  rôle 
dans  la  composition  de  la  houille  elle-même.  Le  toit  des  couches 
de  houille  renferme,  comme  on  peut  le  constater  facilement  dans 
les  mines  de  houille  de  Vereeniging  de  nombreux  troncs  couchés. 
.I«^  crois  ([u'on  peut  admettre  pour  les  houillères  du  Transvaal  —  du 
-moins  poui*  la  plupart  d'entre  elles  —  un  mode  de  formation  ana- 
logue à  celui  que  MM.  Grand'Kury  et  Fayol  ont  admis  pour  les 
bassins  houillers  du  Centre  de  la  France. 

I.  E.  CoHB2f  a  donné  une  description  pétrographique  détaillée  d*iin  bon 
nombre  de  ces  diabases  du  Karroo  supérieur,  appartenant  pour  la  plupart 
à  rétage  inférieur,  dit  de  Beaufort,  7,  p.  aao. 

a.  En  1898,  la  production  annuelle  s^évuluail  à  j.ooo.000  de  tonnes. 


igOI  GÉOLOGIE  DE   LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINK  83 

Les  coimaissances  actuelles  permettent  de  penser  qu'il  existe 
dans  le  Karroo  supérieur  du  Transvaal  un  seul  niveau  géologique 
renfermant  des  couches  de  houille  exploitables.  On  peut  évaluer 
que  ce  niveau  se  trouve  situé  sur  le  haut  plateau  à  une  altitude 
variant  entre  laoo  et  1800  mètres.  A  première  vue,  ce  niveau 
houiller  parait  se  trouver  à  des  hauteui*s  très  inégales  dans  la 
succession  des  strates  .du  Karroo  supérieur.  A  Yereeniging,  à 
Meyerton  et  dans  lea  environs  de  Boksburg,  par  exemple,  le  con- 
glomérat de  Dwyka  est  situé  à  peu  près  directement  sous  les 
couches  de  houille,  tandis  que  dans  le  district  de  Vrijheid,  un 
complexe  de  grès  et  d*argilites  de  aoo  à  3oo  mètres  d'épaisseur  les 
sépare  du  Karroo  inférieur. 

Dans  le  district  de  Yrijheid  on  peut  distinguer  deux  étages  de 
grès  dans  la  formation  du  Karroo  supériem*.  L'un,  l'étage  des 
grès  inférieurs,  est  composé  de  bancs  puissants  de  grès,  gris 
bleuâtres,  devenant  jaunâtres  à  l'air.  En  voie  de  décomposition, 
ces  grès  acquièrent  une  structure  sphéroïdale,  souvent  très  nette. 
On  trouve  très  fréquemment  dans  ces  grès  des  fragments  do 
bois  pétrifiés;  près  d'Umkusiberg,  sur  la  propriété  du  même  nom, 
on  rencontre  en  abondance  des  troncs  d*arbres  couchés  et  des 
rameaux  pétrifiés,  dirigés  suivant  diverses  directions.  Des  impres- 
sions végétales,  de  feuilles,  de  tiges,  etc.,  et  de  très  minces  veinules 
de  houille  sont  assez  fréquentes  dans  ces  grès,  mais  les  couches  de 
houille  exploitables  y  font  entièrement  défaut. 

Les  grès  de  l'étage  supérieur  sont  de  couleur  plus  claire  et  possè- 
dent un  ciment  assez  riche  en  kaolin.  Ces  grès  passent  parfois  à  des 
arkoses.  On  trouve  intercalées  entre  leurs  bancs  des  argilites  et  des 
couches  de  houille  exploitables. 

I^  position  du  Système  entier  du  Karroo  dans  le  Transvaal 
devient  plus  compréhensible  dès  qu  on  se  i*end  compte  que  tout  le 
Système  s'amincit  en  allant  de  l'est  à  louest.  C'est  ainsi  que  les 
grès,  etc.,  qui  sont  sous-jacents  aux  lits  de  houille  dans  le  district 
de  Vrijheid  ne  se  retrouvent  plus  dans  le  centre  du  Transvaal.  De 
m^me  on  observe  dans  cette  partie  centrale  du  pays  un  nombre 
restreint  de  strates  de  grès,  d' argilites  et  de  diabases  au-dessus  des 
couches  de  houille,  tandis  que  dans  Test  des  dépôts  puissants  repo- 
sent sur  le  terrain  houiller.  Ce  développement  des  lits  houillers, 
presque  aussi  considérable  dans  la  région  centrale  que  dans  Test, 
constitue  un  nouvel  avantage. 

Le  Karroo  supérieur  forme,  seulement  dans  la  partie  sud-est 
du  Transvaal,  une  nappe  continue^  rejoignant  la  vaste  nappe  du 


84  G.-A.-v.  MoLEXGRAAFF  ai  JanV. 

Karroo  do  TEtat  libre  d'Oi'ange.  Le  sous-sol  des  districts  de  Wak- 
kerstroom  et  de  Standerton  en  est  entièrement  formé,  celui  des 
districts  de  Vrijheid,  d*Utrecht,  de  Carolina,  d'Ermelo,  de  Middel- 
hurg,  de  Pretoria  et  de  Ileidelbei'g  en  est  en  partie  composé.  En 
outre  de  cette  grande  nappe  homogène  (m  ti-ouve  vers  le  uoi*d  et 
l'ouest,  de  nombreux  petite  lambeaux  du  Système  du  Kari^oo 
disposés  en  discordance  sur  les  terrains  primaires  ou  sur  ceux  du 
Système  du  Cap.  C'est  ainsi,  qu*on  trouve  des  îlots  du  Système  du 
Karroo  dans  le  domaine  du  South-rand-Coalfield  et  dans  les  envi- 
rons de  Boksburg  sm»  le  terrain  primaire,  c'est-à-dire  sur  les  couches 
de  Hospital-hill  ou  sur  celles  du  AVitwatersrand ;  dans  les  environs 
de  Vredefort  sur  le  gi'anite  ancien  ;  à  Vereeniging  et  à  Meyerton 
(district  de  Heidelberg),  à  Zuurbekom  [9]  et  à  Syferfontein  [Su] 
(district  de  Krugei'sdorp),  et  à  Stilfontein  [38i]  (district  de  Potchef- 
stroom),  sur  la  dolomic  ;  dans  les  environs  de  Belfast,  sur  la  série 
de  Prétona  ;  à  Wa  ter  val  au  nord  de  Pretoria,  sur  la  norite  et  la 
syénite  ;  plus  au  nord  encore  à  Hamanskraal  (district  de  Pretoria) 
et  dans  quelques  localités  du  district  de  Middelbm:*g,  sur  le  granité 
rouge.  A  l'ouest  de  Klerksdorp  le  Ivan'oo  supérieur  n'a  pas  encore 
été  rencontre. 

Les  lambeaux  du  Système  du  Karroo,  qu'on  trouve  sur  les  dolo- 
mies,  méritent  une  mention  spéciale  ;  ils  s'étendent  en  une  ligne 
courbe,  à  Touest,  au  nord  et  à  Test  des  montagnes  du  Gatsrand« 
formées  par  des  couches  de  la  série  de  Pretoria.  Ils  sont  situés, 
comme  on  peut  le  constater  très  facilement  sur  les  propriétés 
Syferfontein  et  Zuurbekom,  dans  un  terrain  plat  et  sont  entourés 
de  tous  côtés  par  des  aflleurements  de  roches  de  la  séné  des  dolo- 
mies.  En  réalité,  ces  lambeaux  sont  des  compartiments  du  Système 
du  Karroo  qui  se  sont  a f laisses  dans  les  strates  de  la  série  des  dolo- 
mies  sous-jacentes.  Ces  allaissements  ont  été  causés  par  relFon- 
drement  de  la  clef  de  voûte  des  cavernes  de  la  dolomie.  Le  Système 
du  Karroo  qui  jadis  couvrait  entièrement  ce  terrain,  s'est  trouvé 
plus  tiird  détruit  par  la  dénudation  et  Térosion  et  maintenant  est 
entièrement  disparu,  sauf  dans  ces  localités,  où  il  pouvait,  par  sa 
position  plus  basse,  due  à  son  aifaissement,  échapper  à  Telfet  des 
forces  déoudatrices.  Il  va  sans  dire  que  cet  aifaissement  a  moditié 
la  position  normale  des  couches  de  ces  lambeaux  et  cela  explique 
pourquoi  on  a  trouvé  dans  le  lambeau  de  Syferfontein  une  épaisse 
couche  de  houille  ^  redressée  sous  un  angle  d'au  moins  4o".  Ces 

I.  La  découverte  de  la  belle  rouchc  de  houille  de  Syferfontein  a  une  grande 
importance,  parce  que  la  distance  qui  la  sépare  des  mines  du  West-rand  an 


I9OI  GÉOLOGIE   DE    LA    REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  85 

lambeaux  situés  par  conséquent  à  un  niveau  égal  à  celui  de  la  dolo- 
mie,  ont  encore  une  autre  importance  économique.  Ils  forment  des 
i-éservoirs  d*eau  en  communication  souterraine  avec  les  réservoirs 
internes  inépuisables  de  la  formation  doloinitique  ;  formés  de  grès, 
ils  offrent  beaucoup  plus  de  facilités  pour  la  construction  de  puits 
et  pour  les  foi*ages  profonds  nécessaii'es  pour  capter  les  eaux  sou- 
terraines. A  Zuurbekom  on  a  foré  des  puits  munis  d'appareils 
élévatoires  perfectionnés  dans  Tllot  du  Karroo  situé  en  ce  point. 
Ces  ouvrages  fournissent  par  jour  les  4*ooo.ooo  de  gallons  d*eau 
absolument  pure  qui  servent  à  alimenter  la  ville  de  Johannesburg. 
Jusqu'en  1897  Teau  fournie  par  les  compagnies  des  eaux  de 
Johannesburg  était  insuffisante  et  impure  ;  la  découverte  et  l'exploi- 
ta tion  de  la  magnifique  prise  d'eau  de  Zuurbekom,  ont  apporté  une 
amélioration  considérable  à  l'état  sanitaire  de  la  ville,  bienfait 
dont  elle  est  redevable,  tant  à  l'application  des  observations  géolo- 
giques sur  la  région  qu'au  mérite  de  M.  Draper  *. 

On  peut  se  faii*e  l'idée  suivante  du  mode  de  formation  du  Karroo 
supérieur.  Après  le  retrait  des  glaciers  ou  de  la  calotte  de  glace 
de  Textension  glaciaire  permienne,  le  paysage  morainique  régnait 
dans  cette  région,  où  le  conglomérat  de  Dwyka  était  en  grande 
partie  couvert  et  de  tous  côtés  environné  par  les  couches  d'Ecca. 
L'érosion  ne  tardait  pas  à  exercer  son  pouvoir  destructif  et  les  dépôts 
du  Karroo  inférieur  furent  sans  doute,  par  places,  remaniés  complè- 
tement. Mais,  en  même  temps,  une  série  de  sédiments  commençait 
à  se  former  qui  constitue  le  Karroo  supérieur.  Ces  dépôts  d'eau 
douce  s'accumulaient  en  partie  dans  les  courants  d'eau,  en  partie 
dans  les  lacs.  C'étaient  des  grès  et  des  argiles  à  stratification 
oblique  et  quelquefois  aussi  des  couches  de  débris  de  végétaux 
apportés  par  les  eaux  torrentielles,  couches  qui  sont  devenues  les 
lits  de  houille  actuelle. 

A  l'origine,  ces  sédiments  furent  déposés  dans  les  dépressions 
dorigine  glaciaire  de  la  contrée  et  ils  constituèrent  ainsi  des 
lambeaux,  isolés  les  uns  des  autres.  Mais  plus  tard,  ces  dépres- 
sions étant  comblées,  la  formation  du  Karroo  supérieur  s'épancha, 
sans  interruption,  sur  un  large  espace,  embrassant  une  grande 
partie  de  l'Afrique  australe.  Une  faible  partie  seulement  de 
l'énorme  développement  du  Système  du  Karroo,  a  persisté  jusqu'à 

sud  de  Krugersdorp  ne  surpasse  pas  20  kilomètres,  tandis  qu'auparavant  ces 
mines  devaient  chercher  leurs  combustibles  à  des  distances  au  moins  trois 
foift  plus  grandes. 
1.  D.  Draper,  11,  p.  139. 


86  G.-A.-F.    IfOLENGRAAFF  QI  JaDY. 

Tépoque  actuelle,  le  reste  ayant  été  détruit  pendant  la  période  de 
dénudatiou  qui  suivit  celle  de  sa  formation,  période  qui  d'ailleurs 
continue  encore  aujourd'hui. 

Grande  faille  de  l'est.  —  Une  dislocation  très  remarquable 
nous  apporte  les  preuves  indubitables,  que  les  couches  du  Système 
du  Karroo  ont  jadis  eu  vers  l'est  une  extension  beaucoup  plus 
grande  qu'aujourd'hui,  ce  qu'on  jiourrait  du  reste  déjà  déduire  de 
la  manière  abrupte  dont  les  couches  du  Système  du  Karroo  se 
terminent  dans  les  escarpements,  à  Test  du  haut  plateau  du  Trans- 
vaal  et  de  l'Etat  libre  d'Orange. 

Dans  la  partie  orientale  du  Transvaal  on  ti*ouve.  dirigé  du  noixi 
au  sud,  une  grande  faille  qu  on  peut  i*egai*der,  au  point  de  vue 
géologique,  comme  la  limite  orientale  du  plateau  continental  de 
l'Afrique  du  Sud.  J'ai  appelé  cet  accident  la  grande  faille  de  test  *. 
Les  régions  situées  à  l'est  de  cette  faille  se  sont  affaissées  par 
rapport  à  celles  de  l'ouest  d'au  moins  looo  mètres.  Cette  faille  est 
située  à  une  distance  movenne  de  i6  kilomètres  de  la  frontière  de 
la  Colonie  portugaise 'de  Mozambique.  Elle  est  toujours  parallèle 
à  la  chaîne  des  montagnes  du  Lebombo,  qu'elle  longe  et  elle 
peut  ti*ès  probablement  être  regardée  comme  le  prolongement 
septentrional  de  la  grande  faille,  décrite  par  Griesbash,  qui  a 
abaissé  au  niveau  de  la  mer,  dans  le  Natal,  les  strates  du  Karroo 
inférieur.  aloi*s  qu'elles  atteignent  dans  les  environs  de  Pieterma- 
ritzburg  une  altitude  de  Goo  mètres.  Dans  le  Transvaal  la  lèvre 
occidentale  de  la  faille  est  toujours  formée  de  granité  ancien  ou  de 
schistes  du  Système  primaire,  tandis  que  la  lèvi^e  orîentale  est  formée 
de  grès,  d'argilites  à  Glossopteris  et  de  couches  de  houille  apparte- 
nant au  Karroo  supéiîeur  ;  ces  couches  ont  une  inclinaison  de  i5 
à  ao"  vei's  l'est.  Ces  dépôts,  tout-a-fait  identiques  à  ceux  du  Karroo 
supérieur  du  haut  plateau,  sont  couronnés,  en  concordance,  par  les 
roches  du  Lebombo.  Ces  deraières  sont  des  roches  éruptives 
d'épanchement  dont  la  pai*tie  inférieure,  qui  affleure  dans  les 
environs  de  Komatiepooii.,  sur  le  vei*sant  occidental  des  mon- 
tagnes de  lebombo,  consiste  en  ixiches  du  ginmpe  de  la  diabase  et 
du  mélaphyi'e  avec  une  prépondéimnce  de  types  amygdaloïdes. 

Il  est  bon  de  noter  que,  parmi  ces  roches  amygdaloïdes.  on  trouve, 
près  du  pont  du  chemin  de  fer  du  Selati,  sur  la  rivièi'e  du  Ci'oco- 
dile.  <les  types  qui  sont  caractérisés  par  des  amygdales  très  allon- 
gées et  ressemblent  beaucoup  aux  roches  amygdaloïdes  du  même 

I    Voir  :  O.-A.-K.  Molbnghaapf,  32,  p.  1*38,  et  PI.  1. 


igOl  GEOLOGIE   DE   LA   RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  87 

type,  des  monts  Malati  dans  l'Etat  libre  d*Orange,  décrits  par 
Cohen  *.  Ces  dernières  se  trouvent  au  sommet  de  Tétage  supériem* 
du  Karroo  supérieur.  Nos  connaissances  sur  les  contrées  du  Karroo 
voisines  de  la  chaîne  du  Lebombo.  sont  jusqu'à  présent  trop  dissé- 
minées pour  permettre  de  juger  si  cette  ressemblance  n'est  pas 
purement  accidentelle. 

Plus  haut,  dans  la  partie  supérieure,  c*est-a-dire  dans  la  chaîne 
du  Lebombo,  on  trouve  des  types  plus  acides,  appartenant  au 
groupe  des  felsophyres. 

Ces  roches  acides  sont  i*eprésentées  par  plusieui*s  variétés  dont 
quelques-unes  sont  scoriacées  et  renferment,  dans  lem's  cavités,  de 
belles  cristallisations  de  calcite  et  des  zéolithes,  tandis  que  quel- 
ques autres  fournissent  d'excellentes  pierres  à  bâtir.  Ces  coulées  de 
laves  anciennes  ont  une  inclinaison  de  lo''  à  So""  à  Test,  ])ente  qui 
correspond  à  Tinclinaison  des  strates  de  grès  de  la  formation 
sous-jacente  du  Karroo  supérieur.  Toutes  ces  roches  montrent  une 
structure  fluidale  très  nette.  L'examen  microscopique  détaillé  des 
nombreuses  variétés  de  ixiches  éruptives  qu'on  trouve  en  traver- 
sant la  chaîne  du  Lebombo,  n'est  pas  encore  terminé,  aussi  je  les 
ai  réunies  provisoirement  sous  le  nom  de  «  roches  du  Lebombo  ». 
La  structure  de  la  chaîne  parait  être  très  uniforme  sur  de  gi*aii- 
des  étendues,  si  l'on  en  juge  par  la  description  des  roches  ti'ouvées 
|>ar  M.  Cohen  -  qui  la  traversa,  en  1873,  près  de  Matalha  Poort,  à 
ao  kilomètres  au  sud  de  Komatiepoort  ;  et  par  les  échantillons 
que  j'ai  reçus  de  Pongolo-poort,  point  situé  à  2o5  kilomètres  encore 
plus  au  sud.  On  retrouve  sur  ces  deux  points  les  mêmes  tyjïes  de 
mrlies,  que  j*ai  moi-même  ix'iicontrés  dans  la  mugnilique  tranchée 
du  chemin  <le  fer  entre  les  stations  de  Komatiej»oorl  eld'lnkomati. 

Dans  la  (iolonie  du  (]lap  on  a,  en  général,  distingué  dans  le  Karroo 
supérieur  deux  étages,  Vétage  de  /^eau/br^  (Schcmck  et  Feistmantel) 
ou  KarroO'beds  (Green)  et  ïélag-e  du  Stormberg.  Dans  Tétage  du 
Slormbei'g  on  admet  avec  M.  Dunn  les  subdivisions  suivantes,  en 
allant  de  haut  en  bas  : 

^.    Volcanic-beds  ; 
3.  (Javesandstone  ; 
a.  Hed-beds ; 
I.  Molteno-heds. 

1.  Ë.  COHKN,  S. 

2.  E.  CoiiRX,  6,  p.  67-91,  donne  nnc  excellente  description  pétrographique 
(les  types  de  inélaphyres  et  de  felsophyres  du  Lebombo,  quHl  a  rencontrés  en 
traversant  la  chaîne. 


88  G. -A. -p.    MOLENGRAAFF  QI  JailT. 

Dans  ies  Molteno-beds  se  ti'ouvent  toutes  les  couches  de  houille 
exploitables  de  la  Cxdonie  du  Cap.  Ces  couches  carbonifères  se 
distinguent,  au  Cap.  par  la  présence  dune  flore  à  Thinnféldia 
odontopieroïdes.  Sphenopteris  elongata,  Podozamites  elongata. 
Baiera  Schencki,  Pecopteris.  etc.,  et  par  l'absence  des  Glossop- 
teris.  Elle  a  donc  un  caractèn*  plus  jeune  que  la  flore  à  Sigillaria 
et  Giossopteris,  notamment  Glossopteris  Browniana  et  GL  indica^ 
qui  règne  dans  tous  le<(  terrains  houillers  connus  du  Transvaal  ; 
mais  c'est  précisément,  d*après  O.  Feistniantel  *,  par  une  flore 
identique  que  Tétage  de  Beaufort  est  caractérisé.  Il  en  résulte  que 
les  terrains  houillers  du  Transvaal,  que  j^ai  réunis  sous  le  nom 
de  série  du  Hoogeçeld .  ne  peuvent  appartenir  à  Tétage  du 
Stormberg,  comme  rin<liquent  les  cartes  publiées  par  Dunn  et 
Schenck.  La  série  du  Hoogeveld  i^epi'ésente  l'étage  inférieur  du 
Karroo  supérieur  et  doit  être  considérée  comme  parallèle  à  l'étage 
de  Beaufort  di»  la  colonie  du  Cap  -.  M.  R.  Zeiller  ^  Ta  établi  d^une 
manièi^  indiscutable  en  se  basant  sur  des  preuves  paléontologiques 
et  mes  recherches  dans  ces  dernièi*es  années  m'ont  prouvé  que  la 
théorie  de  M.  Schenck,  d'apivs  laquelle  les  couches  de  Beaufort 
étaient  en  transgi*ession  sur  les  dépôts  du  Kari'oo  inférieur  vei^s  le 
Nord  et  les  couches  du  Stormbei^  également  en  transgression  sur 
les  couches  de  Beaufort  vere  le  Noixi  devait  être  rejetée.  Dans  le 
Transvaal,  au  contraire,  le  Karroo  supérieur  est  exclusivement,  ou 
du  moins  presque  uniquement,  représenté  par  son  étage  inférieur. 

Quant  à  l'Age  de  ces  dépôts,  les  l'echerches  de  MM.  Seward  *  et 
Zeiller  ont  établi,  qu'on  pouvait  admettre  que  l'étage  inférieur  du 
Karroo  supérieur  dans  le  Transvaal  était  permo-carbonifôre. 


DÉPOTS  PLUS  RÉCENTS  QUE  CEUX  DU  KARROO 

Jusqu'à  présent  il  n'a  pas  été  rencontré  dans  le  Transvaal  de 
dépôts  sédimentaires  plus  récents  que  ceux  du  Système  du  Karroo 
et  toute  la  configuration  du  pays  prouve  qu'il  y  a  régné  une  longue 
période  de  dénudation  ^.  Cela  n'empêche  pas,  qu'on  trouve  çà  et 

I.  ().  Feistmaxtkl,  16. 

'i.  Kii  189^,  j'ai  discuté  cette  même  question  et  exprimé  cette  opinion,  que 
le  terrain  liuuiller  du  Transvaal  devait  appartenir  à  un  étage  du  Karroo, 
plus  ancien  que  les  Molteno-beds  (30,  p.  2^). 

•3.  R.  Zeiller,  54,  p.  37^. 

4.  A.-C.  Seward,  47,  p.  9a. 

5.  D.  Draper,  12,  p.  34. 


1900  GEOLOGIE    DE    f.A    REPUBLIQUE   SU1>-AFRICAINE  89 

là,  des  dépôts  superficiels  récents,  comme  des  alluvions,  des  bancs 
de  limonite,  de  dépôts  éoliens,  des  tufs  calcaires,  etc.,  qui,  cepen- 
dant, n*ont  jamais  qu'une  importance  locale. 

Parmi  les  roches  éruptives,  il  est  bien  certain  que  la  roche 
diamantifère  est  plus  i*écente  que  les  dépôts,  du  Karroo,  car  dans 
TEtat  libre  d'Orange  elle  traverse  les  strates  du  Karroo  supérieur. 
En  1897,  ®^  découvrit  sur  la  propriété  Rietfontein  [5oi],  dans  le 
district  de  Pretoria,  à  27  kilomètres  à  Test  de  la  capitale,  un  affleu- 
rement d*une  roche,  identique  à  la  roche  mère,  bien  connue,  de 
Kimberley.  et,  par  le  lavage  des  teires  de  la  surface,  on  ne 
tardait  pas  à  y  renconti^er  des  diamants.  On  a  constaté,  gi'âce  à  des 
trancliées  et  à  des  forages,  qu'il  s  agissiiit  ici  d'une  vraie  cheminée 
diamantifère,  verticale,  de  forme  cylindrique,  remplie  d'une  brèche 
péridotique  serpentinisée,  identique  en  tous  points  à  la  kimberlite. 
Un  peu  plus  tard  on  a  découvert  des  gisements  identiques  sur  la 
propriété  Kaalfontein  voisine  de  Rietfontein  [5oi]  et  sur  les  pro- 
priétés Elandshoek  [74]  et  Franspoort  [426]  *. 

Toutes  ces  cheminées  sont  situées  dans  des  couches  de  la  série 
de  Pretoria  et  seulement  dans  celles  de  sa  partie  supérieure,  les 
couches  du  Magaliesberg,  c'est-à-dire  dans  une  formation  plus 
ancienne  que  celle  du  Karroo  oii  se  rencontrent  les  couches  de 
houille.  Or,  comme  il  n'existe  pas,  dans  des  niveaux  plus  bas  que 
celui  du  Karroo,  de  couches  renfermant  une  proportion  de  matières 
charbonneuses  quelque  peu  importante,  il  en  résulte,  que  la  teneur 
en  carbone,  sous  forme  de  diamant,  de  la  brèche  éruptive  diaman- 
tifère ne  peut  pas  être  attribuée  à  des  débris  de  roches  houillères 
arrachés  aux  parois  de  la  cheminée  par  le  magma  éruptif  en  voie 
d'ascension. 

Ces  mines  de  diamant  du  Transvaal,  situées  dans  un  niveau 
géologique  plus  profond  que  les  cheminées  de  la  Colonie  du  Cap 
ou  de  l'Etat  libre  d'Orange,  viennent  à  l'appui  de  la  théorie  qui 
veut  que  le  diamant  soit  un  élément  primordial  de  la  kimberlite. 
Du  l'esté,  après  les  remarquables  expériences  de  M.  Moissan,  on 
pouvait  soupçonner  qu'à  de  grandes  profondeui*s,  dans  un  magma 
éruptif  basique,  le  carbone  ne  pouvait  cristalliser  que  dans  sa 
modification  la  plus  dense,  le  diamant, 

ï.  Pour  plus  de  détails  sur  ces  gisements,  voir  :  G.-A.-F.  Molkngraaff, 
•2,  p.  144  et  81;  et  M.  Franck»,  17.  Aanhangsel  B. 


90  O.-A.-F.    MOLENGRAAFF  ai  JailY. 


Ouvrages  consultés 

1 .  A.  Gbodrs  Bain.  —  On  the  geology  of  Soathern  Africa.  Trans,  of  the 
geoL  SocietXt  9>  vol.  VII,  p.  176.  London,  i856. 

2.  A.  BoRDRAUx.  —  Etudes  sur  les  champs  aurifères  de  Lydenburg,  de 
Kaap  et  du  Charterland.  Annales  des  Minea,  9,  XI,  p.  273.  Paris,  1H97. 

8 .  J.-O.  BousQUBT.  —  De  tegen woordige  toestand  von  de  goudm^ n-indus- 
trie  in  de  Kaapforniatie  van  de  Lijdenbarg  goudvelden.  Jaarrapport  van  den 
Staats-myningenieur  orer  het  jaar  1896.  Aanhangscl  D.,  Pretoria,  1897. 

4  E.  CoHBN.  —  Briefl.  Mittheilung  ans  Sûd-Afrika.  Neue8  Jahrb.  fur 
Minéralogie,  etc.,  1878,  p.  5ii. 

6.  Id.  —  Ueber  eigenthûmliclie  Melapbyruiandelsteine  aus  Sûd-Afrika. 
Neuea  Jahrb,,  etc.,  1875,  p.  ii3;  et  Id.  Mandelstein  aus  den  Maluti-bergen, 
Sûd-Afrika.  y  eues  Jahrb.  fur  Minéralogie,  etc.,  1880, 1.  i>.  96.  Stuttgart,  1880 

6.  lo.  —  Erlâuternde  Benicrkungen  zu  dcr  Routenkarte  einer  Reise  von 
Lijdenburg  nach  den  Goldfeldern  und  von  Lijdenburg  nach  der  Delagoa-Bai 
im  ôstlichen  Sûd-Afrika.  //  Jahresher,  der  geographischen  Gea,  in  //a/ii- 
burg,  1875. 

7.  lo.  —  Geognostisch-petrographische  Skizzen  aus  Sûd-Afrika.  //,  Neueê 
Jahrbuch,  etc.,  Beilage,  Bd.  V,  p.  195,  1887. 

8.  Id.  —  Ueber  eine  nôrdlicli  von  Pretoria  (Transvaal)  im  Granit  gelegene 
Salzpfanne.  Tschermak*s  Min.  und  peir.  Mitiheilnngen  a,  XV.  Wien,  1895. 

9.  P.-H.  Dahms.  —  Ueber  einige  Eruptivgesteine  ans  Transvaal  in  Sûd- 
Afrika.  Neues  Jahrbuch  fur  Minéralogie,  etc.  Beilage,  Bd.  VII,  p.  90, 1890. 

10  D.  Draper.  —  Tlie  Dwyka  Conglouierate.  Transactions  of  the  geolo- 
gical  Society  of  South  Africa,  l,  p.  90.  Johannesburg,  1896. 

11 .  Id.  —  On  the  coal  deposits  of  South- Africa.  Transactions  ofthe  geolO' 
gical  Society  of  South  Africa,  Vol.  RI,  p.  ia8.  Johannesburg,  1898. 

12.  Id.  —  A  ramble  through  the  geology  of  South  Africa  R.  The  denu- 
dation  ofthe  continent.  Transactions  of  the  geol,  Society  of  South' Africa, 
Vol.  RI,  p.  34.  Johannesburg,  1898. 

18 .  E.-J.  DuNN. — Report  on  a  supposed  extensi  ve  deposit  of  coal  underlying 
the  central  districts  of  the  colony.  Partiamentary  Paper,  Capetown,  1886. 
14    Id.  —  Geological  sketch  map  of  South-Africa.  Melbourne,  1887. 

16.  O.  Fbistmaxtbl. —  Uebersichtliche  Darstellung  der  geologisch-palaeon- 
tologischen  Verhâltnisse  Sûd-Afrikas  I.  Die  Karrooforniation  und  die 
dieselbe  untcrlagernden  Schichten.  AbhandL  der  k,  bôhmischen  Gesellschaft 
der  Wissenschafte,  7,  RI.  Prag,  1889. 

16  M.  Frangkb.  —  Rapport  over  de  Malmanie-goudvelden.  Jaarrapport 
van  den  Staatsmyningenieur  over  het  Jaar  i8gy,  Aanhangsel,  B,  Pretoria,  1890. 

17.  Id.  —  Rapport  over  den  mijnbouw  in  het  Pretoria-inspectieveld  t 
Jaarrapport  van  den  Staatsmjrningenieur  over  het  jaar  i8g8.  Pretoria,  1899. 

18.  \V.  GiBsoN.  —  The  geology  of  the  gold-bearing  and  associated  rocks 
of  the  Southern  Transvaal.  Quart,  Journal  of  the  geological  Society, 
XLVRI,  p.  404*  London,  1892. 

19  J.  GôTZ.  —  Untersuchuiig  einer  Gesteinssuite  aus  der  Gegend  der 
Goldfelder  von  Marabastad  ini  nôrdlichen  Transvaal.  yeues  Jahrb,  fur 
Min,,  etc.  Beilageband  IV,  p.  11."),  i885. 

20  A.-H.  Grbrn.  —  On  the  geology  and  physical  geography  of  the  Cape 
Colony.  Quart.  Journ,  ofthe  geol,  Society,  Vol.  XLIV,  p.  239.  London,  1888. 


1900  GBOLOOIE   DE  LA   REPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE  9I 

81.  C.-L.  Gribsbagh.  —  On  the  geology  of  Natal.  Quart,  Journ.  of  the 
geoL  Society^  Vol.  XXVII,  p.  53.  London,  1871. 
88.  F.-H.  Hatch.  —  A  geological  map  of  the  Southern  Transvaal.  London, 

1897. 

83.  Id.  —  A  geological  survey  of  the  Witwatersrand  and  other  districts 

in  the  Southern  Transvaal.  Quart,  Journ.  of  the  geol.  Society*  Vol.  LIV, 
p.  73.  London,  1898. 

84.  J.-A.-L.  Hbndbrsox.  —  On  certain  Transvaal  Norites,  Gabbros  and 
Pyroxenites  and  other  South  African  rocks.  London,  1898. 

86.  A.  HObnbr.  —  Geognostische  Skizzen  von  den  Sûd-Afrikanischen 
Diamanten-Distrikten.  Peterniann*8  Geogr,  Mittheilungen,  XVII,  p.  81,  1871. 

86.  Id.  —  Geognostische  Skizzen  aus  S&d-Afrika.  Petermann*8  Geogr, 
Mittheilangen,  XVni,  p.  4aa.  Gotha,  187». 

8T.  M.-L.  DB  Lau.xay.  —  Les  mines  d'or  <Iu  Transvaal.  Annales  des  Mines, 
9,  IX,  p.  I.  Paris,  i8g6. 

88.  K.  Mauch.  —  Reisen  in  Sfid-Afrika.  Petermann*8  Geogr,  Mittheilun- 
gen.  Erg&nzungsheft,  37.  Gotha,  1874. 

89.  G.-A.-F.  Molbngraaff.  —  Ueber  einige  Ërz-und  Mineralvorkomnien 
in  der  Siidafrikanischen  Republik  Transvaal.  Zeitschr,  fur  Krystallo gra- 
phie, XXII,  p.  i5o,  1893. 

80.  Id  —  Beitrag  zur  Géologie  der  Uingegend  der  Goldfelder  auf  dem 
Hoogeveld  in  der  Siidafrikanischen  Republik.  \eues  Jahrbuch  fur  Minéra- 
logie, etc.  Beilageband  IX,  p.  174.  Stuttgart,  189). 

31.  Id.  —  Diamonds  at  Rietfontein.  Transactions  of  the  geological 
Society  of  South  Africa,  Vol.  UI,  p.  122.  Johannesburg,  1898. 

88.  Id.  —  Annual  Report  of  the  State  Geologist  of  the  South  African 
Republic  for  the  year  1897.  Transactions  of  the  geological  Society  of  South 
,\frica.  Vol.  IV,  p.  119,  Johannesburg,  1898.  (Traduit  du  rapport  ofliciel  en 
hollandais.  Groenboek,  N'  16.  Pretoria,  1898). 

38.  Id.  —  The  glacial  origiu  of  the  Dwyka  (!ongloinerate.  Transactions 
ofthe  Geological  Society  of  South  A  f riva.  Vol.  IV,  p.  io3.  Johannesburg,  1898. 

34.  li>.  —  (leologischc  Aufnaliine  der  Sfid-Afrikanischen  Republik. 
Jahresbericht  ïiher  das  Jahr  i8gS,  Pretoria,  191)0.  (Traduit  du  rapport 
ofliciel  en  hollandais.  Groenlioek.  X'  16.  Pretoria,  1899). 

85.  Id.  — Die  Reihenfolge  und  Corrélation  der  geologisclien  Formatiouen 
in Sfid-Afrika.  ^eues  Jahrb.  fàr  Minéralogie,  etc.,  1900, l, p.  1 13.  Stuttgart,  1900. 

36.  M.-A.  MouLLK.  —  Mémoire  sur  la  géologie  générale  et  sur  les  mines 
de  diamants  de  l'Afrique  du  Siid.  Annales  des  Mines.  Série  VII.  Année  i88.'>, 
p.  19a.  Paris,  i885. 

37.  H.  Obmichkn.  —  Goldhaltige  Kobaltgânge  iu  Transvaal.  Zeitschr,  f tir 
praktische  Géologie,  Bd.  VU,  j).  271.  Berlin,  1899. 

88.   R.-D.  Oldham.  —  A  manual  of  the  geology  of  India,  Calcutta,  1893. 

39.  W.-H.  Pkx.mng.  — A  sketch  ofthe  high  level  coal-fields  of  South- Africa. 
(^uart.  Journal  of  the  geologiral  Society,  \o\.  XL,  p.  Cmo.  London,  188^. 

40.  Id.  —  A  sketch  of  the  gold-Uelds  of  Lydenburg  and  de  Kaap  in  the 
Transvaal.  Quart.  Journal  of  the  geological  Society,  Vol.  XLI,  p.  569,  1880. 

41  Id.  A  contribution  to  the  geology  of  the  Southern  Transvaal.  Quart, 
Journ,  ofthe  Geological  Society,  Vol.  XLVIl,  p.  4«>^»  1891. 

48.  A.-R.  Sawykr.  —  The  South  Rand  Coallield  and  its  connexion  with 
Ihe  Witwatersrand  Banket-Formation.  Trans.  of  the  Feder.  Institution  of 
ytining  Engineers,  \o\,  XIV,  Newcastle  upon  Tyne,  1898. 


9^1  GÉOLOGIE   DE   LA    RÉPUBLIQUE   SUD- AFRICAINE  21  JanV. 

48 .  A.-R.  Sawybr.  —  The  goldûelds  of  Mashonaland. 

44.  Id.  ^  The  Portuguese  Manica  goldlield.  Transactions  of  the  Fed. 
Instit,  of  Mining  Engineers,  Fé\Tier  1900.  London,  1901. 

45.  A.  ScHBNGK.  —  Geoloffische  Skizze  von  Sûd-A/rica.  Petermann's  Geogr. 
Mittheilungen.  Bd.  XXXIV,  p.  aaô.  Gotha,  1888. 

46.  I».  —  IJebcr  GlaoialH'rschcinungen  in  Sûd-Afrika.  Verhandl,  des  8"^ 
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47.  A.-C.  Sbward.  — Note  on  plant-remains  from  Vereeniging,  Transvaal. 
Quart,  Journal  of  the  geoL  Society^  LIV,  p.  9a.  London,  1898. 

48.  G.-\V.Stow. — On  sonie  |)oints  of  South- African  geology.  Quart,  Journal 
ofthe  geol,  Society,  VoL  XX VU,  p.  a8,  5o,  5a,  497,  5a3  et  534.  London,  1871. 

49.  Id.  —  On  the  geology  of  GriquaJand-West.  Quart,  Journal  oj  the 
geol,  Society,  Vol.  XXX,  p.  58i.  London,  187}. 

60 .  E.  SuB88.  —  Das  Antlitz  der  Ërde  I.  Wien,  i885. 

61.  P.-G.  SuTHBRLAND.  —On  the  geology  of  Natal.  Durban,  1868. 

62.  Id.  —  Notes  on  an  ancient  boulderclay  of  Natal.  Quart,  Journal  oJ 
the  geol.  Society,  Vol.  XXVI,  p.  5i4.  London,  1870. 

68.  E.-A.  WtLPiNo.  —  Untersuchung  eines  Nephelin-syenits  aus  dem 
mittleren  Transvaal  in  Sûd-Afrika.  \eues  Jahrb,  fur  Minéralogie,  etc.,  1888, 
n,  p.  16.  Stuttgart,  1888. 

64.  R.  Zbillbr.  —  Etude  sur  quelques  plantes  fossiles,  en  particulier 
Vertehraria  et  Glossopteris  des  environs  de  Johannesburg  (Transvaal).  B. 
S,  G.  F„  3,  tome  XXVI.  p.  V^g,  Paris,  1896. 


UNE  SOLUTION  PALÉONTOLOGIQUE 


LE  NÉOGENE  SUR  LA  FEUILLE  DE  MONTPELLIER 

par  M.  P.  6.  de  ROUVILLB. 

L  —  Sous  le  titre.  Une  solution  paléontologique,  nous  annon- 
cions, il  y  a  peu  de  temps,  Tuttribution  définitive  à  Thorizon 
berriasien  des  calcaires  à  Serpules  de  La  Valette. 

Nous  nous  faisons  un  devoir  de  rouvrir  cette  rubrique  pour 
annoncer,  cette  fois,  l'attribution,  conforme  aux  conclusions  de 
M.  Roman,  des  calcaires  miroitants  crétacés  de  Saturargues  et  de 
THortus  à  l*horizon  du  Yalanginien  supérieur. 

M.  Gennevaux,  dont  je  signale  pour  la  seconde  fois  le  zèle  géolo- 
gique, a  bien  voulu,  sur  ma  prière,  consacrer  une  de  ses  dernières 
excursions  à  la  recherche  de  fossiles  sur  le  lieu  précis  indiqué  par 
M.  Roman  dans  sa  coupe  du  causse  de  Pompignan  *  ;  il  en  a 
recueilli  un  certain  nombre,  parmi  lesquels  notre  collègue 
M.  le  professeur  Kilian,  à  la  compétence  duquel  nous  les  avons 
soumis,  a  reconnu  les  espèces  suivantes  : 

«  Adulte  de  Hoplites  pexiptychus  Schl.  -"  Roubaudi  d^Orb. 

Hoplites  Frantzi  Kil.  (—  Ottmeri  Neam.  et  Uhl.  p.  p.). 

Hoplites  Albini  Kil. 

Holrostephanus  psilostomus  Neuin.  et  Uhl. 

Duvalia  lata  (Blainv.  sp.). 

Hibolites  Jaculum  Phil. 

Pholadomya  elongata  Mûnst. 

Arca  cf.  ferruffinea. 

Vola  (Janira),  Valve  plate. 

PXfCiirns  rostratus  Ag.  Typique.  » 

M.  Kilian  ajoute  : 

«  Cette  faune  appartient  sans  aucun  doute  au  Yalanginien  supé- 
«  rieur,  malgré  la  présence  de  HopL  Frantzi  et  de  Holcostephanus 
ce   «ff.  psilostomus^  formes  plutôt  hauteriviennes. 

'<  L*existence  de  Duçalia  lata  accuse  son  âge  valanginien. 
^*  C'est  à  peu  près  le  niveau  du  Fontanil.  ou  plutôt  un  peu  plus 
"    *Vcent  (le  Pygurus  du  Fontanil  n'est  pas  le  vrai  rostratus)  ». 
^-^  niveau  des  calcaires  miroitants,  si  tant  est  quj  ce  faciès  ne  se 

'-  £^.  S,  G.  F.,  a«  8..  t.  XX VH,  p.  5i8  ;  t,  XXVIU,  p.  974. 


Fiy.3 


Fig.  ',.—  ['Un  du  limtoin  d  \s-.aa 
«QViron.  —  Pif,  i->t  — Cjïupea  s 


n  icrs  Tf  1  ran  (Hcraull).  Echelle  i/i6u.oai- 
^  ant  li-8  <lirertiong  (i),  (3),  (3),  du  plan. 


i,  Colcaiir  uligoccni  A  Liiitniea  longiacata  1  ['niidingues  et  luarueB  <bori- 
lon  de  VAnUtracothrrium)  ,  3  Caledire  IstUMlrc  supérieur  (Tongrien); 
L',  LignileH  à  Paleothenum  de  Viviers  ;  a.  Marnes  el  grès  à  Lophiodon  ; 
L,  Limites  de  Teyran  à  Balimua  Hopei  ;  i,  Calcaire  Intétien  contenant  i 
Teyran  :  Bulimut  Hopei  M.  de  S.,  B.  Stresi,  PUtnorbla  paeudoammoniai 
Sehl.,  Limnma  Michelini  Desh..  Strophoêloma  Lapicida  Ltutroy,  Htlix 
Marioni  Desh..  Pupa  sp.  ;  —  o,  Horizon  rouge  (Oarumnien  de  Leymerie)  ; 
—  Ke,  Néucoinîen  (Berriasirn,  Valanginien). 


igOI  LB   NÉOGÂNE   SUR   LA   FKUlLLK   DE   MONTPELLIER  95 

reproduise  pas  en  âge  hauterivien,  se  trouve  donc  définitivement 
établi  comme  Valanginien  supérieur. 

Desitum  est  disputari. 

Pourrons-nous  en  dire  bientôt  autant  du  Néogène  lacustre  de  la 
feuille  de  Montpellier?  En  attendant,  nous  appuyons,  de  nouvelles 
coupes,  dans  la  note  suivante,  notre  interprétation  de  1875. 

II.  —  M.  Gennevaux,  témoin  intelligent  et  attentif  de  l'applica- 
tion de  la  méthode  de  continuité,  faite  sous  ses  yeux,  au  complexe 
lacustre  de  Grabels-Couloudres  *,  a  étendu  le  champ  de  ses  obser- 
vations au  territoire  d'Assas-Viviers-Teyran,  où  le  Bartonien  a 
reçu,  sur  la  feuille  de  Montpellier,  une  extension  qui  ne  nous 
parait  pas  lui  convenir. 

A  cet  effet,  il  a  dressé  le  plan  et  les  coupes  ci-jointes  dont  l'inter- 
prétation, différente  de  celle  qui  leur  a  été  donnée  ^,  mettent 
en  relief,  à  nouveau,  et  confirment  la  régularité  et  la  netteté  des 
éléments  stratigraphiques  de  notre  complexe  lacustre. 

Ils  montrent,  de  plus  que  nos  schémas  précédents  * ,  un  double 
niveau  de  lignite  :  Fun  se  rattachant  à  celui  de  La  Gaunette  ou 
Lutétien,  l'autre,  à  celui  de  Goulondres  ou  Priabonien  ;  le  premier 
avait  été  déjà  reconnu  par  M.  Dclage  dans  le  calcaire  à  Planorbis 
pseudoammonius  Schl.  à  Grabels,  au  point  où  la  route,  qui  mène 
de  ce  village  à  la  route  de  Grabels,  est  traversée  par  un  remar- 
quable dyke  basaltique. 

Dans  la  nouvelle  région,  comme  à  S^-Gely,  le  Bartonien  sépare 
le  calcaire  à  Bulimus  Hopei  M.  de  Serres,  du  calcaire  à  Melanopsis 
mansiana  Noulet.  Le  lignite  inférieur  s'y  trouve  compris  entre 
deux  calcaires  dont  le  supérieur  ne  foui*nit  pas  de  Bulimc. 

Enfin,  le  tout  supporte  le  calcaire  à  Lymnœa  longiacata  Brong., 
en  recouvrement  immédiat  et  concordant,  non  pas  sur  le  Bar- 
tonien, comme  il  a  été  dit  ^,  mais  sur  le  Poudingue  oligocène. 

Ce  poudingue,  dans  toute  notre  région,  revendique  l'allure  indé- 
pendante, attribuée  '^,  à  tort  selon  nous,  au  Poudingue  bartonien. 

La  série  de  S'-Gely  se  présente  donc  dans  la  région  d'Assas- 
Teyran,  augmentée  d'un  terme  distingué  sous  la  rubrique  L'  dans 
la  Carte  géologique  de  1876. 

I.  «.  S.  G.  F.,  [3],  XXVllI,  p.  60a,  1900. 

a.  Coupes  d*A8»as  et  de  Teyran.  Roman,  thèse,  p.  170-185. 

3.  Roman,  thèse,  p.  171. 


SUR  L'AGE  DES  ROCHES  ÉRUPTIVES  DU  GAP  O'AGGIO 

(  ALPB9-M  ARITIlfBS) 

par  M.  Liéoii  BERTRAND. 

La  commanîcation  intéressante  faite  par  M.  Gnébhard  dans  la 
séance  du  3  décembre  dernier  {Comptes- rendus  sommaires^  t. 
XXVIII,  p.  i^j),  où  il  indique  que  les  tufs  cinéritiques  de  Biot 
sont  du  Miocène  supérieur,  rajeunit  notablement  Tâge  admis 
jusqu'ici  généralement  pour  les  éruplions  de  labradorites  dans  le 
Sud  des  Alpes-Maritimes.  Il  est  d'ailleurs  très  vraisemblable  que 
ces  éruptions  ne  sont  pas  toutes  contemporaines  et  que  certaines 
d'enti*e  elles  datent  de  la  tin  du  Pliocène  ou  même  du  Pléistocène  *. 

En  particulier,  il  me  parait  certain,  actuellement,  que  les  érup- 
tions qui  ont  donné  naissance  aux  roches  analogues  situées  au  Cap 
d^Aggio  et  dans  le  voisinage  doivent  se  rapporter  à  une  date  très 
récente.  Je  ne  connais  d'ailleurs  en  ce  point  aucune  roche,  émptive 
en  plcLce,  soit  en  coulée,  soit  en  produits  de  projection.  Le  gise- 
ment du  Cap  d*  Aggio  est  formé  de  produits  de  projection  remaniés 
et  stratifiés^  formant  un  placage  contre  la  falaise  de  calcaires  juras- 
siques ;  il  en  est  de  même  pour  un  autre  gisement  situé  à  un  idlo- 
mètre  au  noi*d-est,  au  fond  d'une  baie,  presque  en  vue  de  Monaco, 
aussi  au  niveau  de  la  mer.  Dans  ces  deux  gisements,  on  a  de  vérita- 
bles dépôts  formés  uniquement  de  matériaux  éruptifs.  Par  contre, 
au-dessus  de  la  gare  de  laTurbie,  ces  éléments  sont  disséminés  au 
milieu  d'un  dépôt  de  galets  de  plage,  probablement  pléistocène  ou 
au  plus  du  Pliocène  supérieur.  De  même,  on  i^trouve  les  mêmes 
matériaux  éruptifs  dans  une  tranchée  de  la  route  de  la  Corniche, 
auprès  de  Monaco,  au-dessus  du  second  gisement  du  bord  de  la 
mer  cité  plus  haut,  dans  une  puissante  formation  bréchoîde  qui 
me  parait  à  peu  près  contemporaine  du  remplissage  des  fentes  du 
calcaire  jurassique  de  Monaco,  c'est-à-dire  de  la  formation  de  la 
brèche  ossifèi'e  de  cette  localité. 

Quant  à  l'origine  de  ces  matériaux  éruptifs,  ils  me  paraissent 
provenir  d'éruptions  ayant  eu  lieu  pai*  une  ou  plusieurs  cheminées 
situées  actuellement  sur  remplacement  de  la  mer,  mais  très  près  du 
rivage  actuel  ;  leur  âge  serait  très  récent,  car  elles  dateraient  du 
Pléistocène  ou,  au  plus,  du  Pliocène  supérieur. 

I.  M.  Ambayrac,  déjà,  a  signalé  deux  gisements  de  ces  roches  dans  les  pou- 
dingue» du  delta  du  Var. 


ÉTUDE 

SUR   LA 

TECTONIQUE  DU  JURA  FRANC-COMTOIS 

par  M.  E.  FOURNIER. 

La  chaîne  du  Jura  a  été,  depuis  les  débuts  mômes  de  la  science 
géologique,  Tobjet  d*études  si  nombreuses  et  si  détaillées  de  la 
part  de  savants  éminents  tels  que  MM.  Marcou,  Thurmann,  Thirria, 
Vézian,  Parandier,  Bertrand,  Kilian,  Résal,  Lory,  Choffat,  Bom'- 
geat  *,  etc.,  etc.,  qu'il  semble  qu'il  y  ait  quelque  témérité  à 
prétendre  qu'on  puisse  encore  trouver  du  nouveau  dans  une 
région  si  bien  connue. 

Néanmoins,  les  nombreuses  excursions  géologiques  et  spéléolo- 
giques  que  nous  avons  faites  dans  cette  région  depuis  1896  nous 
ont  permis  de  relever  un  grand  nombre  de  coupes  et  de  constater 
plusieurs  phénomènes  très  intéressants  an  point  de  vue  tectonique 
et  qui  avaient  passé  jusqu'ici  à  peu  près  inaperçus,  ou  avaient  été 
mis  en  lumière  d'une  manière  insuflisante. 

En  coordonnant  ces  phénomènes,  nous  sommes  arri  vé  à  nous  faire 
<îe  la  structure  géologique  de  la  chaîne  du  Jura  une  conception 
qui,  comme  nous  allons  essayer  de  le  montrer,  diffère  en  bien 
Jies  points  de  celle  que  l'on  pouvait  considérer  jusqu'ici  comme 
classique. 

Au  point  de  vue  tectonique  on  peut  diviser  le  Jura  Franc- 
Comtois  en  six  zones  qui  sont  en  allant  de  l'est  à  l'ouest  : 

I.  La  zone  de  la  Haute-Chaîne^  constituée  par  une  épaisse  masse 
de  Jurassique  supérieur,  plus  ou  moins  plissée,  dans  laquelle 
s'enchâssent  des  chapelets  de  brachysynclinaux  amygdaloïdes 
dont  le  noyau  est  occupé  par  le  Crétacé  et  l'Infra-crétacé. 

n.  La  zone  des  grands  plateaux  comprenant  tous  les  étages  du 
Supra  et  du  Médiojurassique,  avec  failles  d'importance  variable. 

I.  Il  sortirait  absolument  du  cadre  que  nous  nous  sommes  imposé 
<l'enlrcprcndrc  de  donner  ici  un  index  bibliographique,  même  sommaire, 
*!«  principaux  travaux  publiés  sur  cette  région,  nous  nous  contenterons 
«ians  le  courant  de  cette  étude  de  renvoyer  le  lecteur  à  ceux  de  ces  travaux 
^s  lesquels  les  questions  tectoniques  qui  nous  occupent  ont  été  abordées. 

18  Août  1901.  —  T.  ler.  Bull.  Soc.  GéoJ.  Fr.  —  ; 


98  E.    FOURMER  31  JailY. 

m.  La  zone  plissée  du  Vignoble,  composée  de  chapelets  de 
brachyanticlinaax  séparés  les  uns  des  autres  par  des  bandes 
synelinales  faillées.  Les  noyaux  des  brachyanticlinaux  sont  cons- 
titués par  le  Trias,  le  Lias  et  le  Jurassique  moyen.  L'axe  des 
bandes  sjTiclinales  par  le  Jurassique  supérieur. 

rV.  La  zone  occidentale  des  plateaux  limitant  au  nord-ouest  la 
vallée  moyenne  du  Doubs.  depuis  Montbéliard  *. 

Y.  La  zone  des  açant-monts  du  Jura  et  le  pointement  amygda- 
loîde  ancien  de  la  Serre. 

VI.  La  zone  des  bassins  d effondrement  des  vallées  de  TOgnon 
et  de  la  Saône. 

Cette  dernière  zone  est  limitée  du  côté  de  Touest  par  une  série 
qui  peut  être  considéi^ée  comme  formant  la  bordure  orientale  du 
Bassin  de  Paris 

Nous  allons  étudier  successivement  ces  différentes  zones,  en 
n'insistant  pour  chacune  d'elles  que  sur  les  faits  nouveaux  de 
nature  à  modifier  l'interprétation  qui  en  a  été  donnée  jusqu'ici. 

I.  Zone  de  la  Haute-Chaîne 

ou    ZOXE    DES    BRACHYSYNCLINAUX    CRÉTACÉS 

Cette  zone  s'étend  sur  la  partie  onentale  des  feuilles  de  Saint- 
Claude,  Lons-le-Saulnier,  Pontarlier,  Ornans.  Elle  est  particu- 
lièrement caractérisée  sur  ces  deux  dernières  feuilles  et  sui'tout 
sur  celle  de  Pontarlier  où  elle  est  formée  d'une  série  de  chapelets 
de  brachysynclinaux  et  de  brachyanticlinaux  dont  les  axes  sont 
dirigés  sensiblement  N.E.-S.Q.  C'est  le  Jurassique  supérieur 
(Oxfordien,  Rauracien  et  Virçulien)  qui  fonne  le  noyau  des 
brachyanticlinaux,  tandis  que  Taxe  des  brachysjTiclinaux  est 
constitué  par  l'infracrétacé  et  la  partie  inférieure  du  Ci'étacé 
(Cénomanien).  I^  structure  amygdaloïde  est  beaucoup  plus  nette 
dans  les  chapelets  synclinaux  que  dans  les  chapelets  anticlinaux. 
On  peut  citer  comme  brachyanticlinaux  typiques  ceux  du  mont  de 
Saint-Sorlin,  du  bois  de  Pierre-qui-Tounie,  du  Grand-Bois,  de 
Montperrcux,  de  Monti)etot,  etc.  Comme  brachysynclinaux  il  faut 
noter  surtout  ceux  de  Ronde-Fontaine,  llemoray,  Saint-Point, 
Mouthe,  Chàtel-Blanc  et,  en  Suisse,  celui  du  lac  de  Joux. 

I.  Duiis  une  récente  étude  Sur  les  réseaux  hydrographiques  du  Doubs 
et  de  la  Loue^  nous  avons  eu  l'occasion  de  signaler  l'exislence  de  ces  pre- 
mières zones  et  de  montrer  le  rôle  qu'elles  jouent. dans  l'hydrographie. 
Ann,  de  Géographie,  N*  4^,  i5  Mai  1900. 


I9OI  ETUDE  SUR  LA  TECTONIQUE  DU  JURA  FRANC-COMTOIS  99 

Quelques-uns  de  ces  brachysynclinaux  présentent  sur  l'un  et 
lautre  de  leurs  flancs  un  déversement  qui  peut  parfois  atteindre 
une  §prande  intensité. 

C'est  ce  qui  se  produit  par  exemple  sur  la  partie  moyenne  du  lac 
de  Saint-Point  entre  Saint-Point  et  Bellerive  (fig.  i)  et  aussi  entre 
Malbuisson  et  Chaudron. 

"0.  S.E. 


Fig.  I.  —  Coupe  de  là  partie  moyenne  du  lac  de  Saint-Point. 

Echelle  i/25.ooo'  environ. 

Ail,  AUuvions  glaciaires  ;  c^  Cénomanien  ;  c',  Gault  ;  Cm,  Urgonien 
civ,  Hauterivien;  Cv,  Valanginien;  J^-e^  Portlandien. 

L'intensité  du  déversement  varie  d'ailleurs  d'une  manière  consi- 
dérable d'un  point  à  un  autre.  Ainsi,  tandis  que  les  couches 
de  calcaire  cénomanien  que  l'on  observe  sur  la  rive  droite  du 
ruisseau  du  moulin  de  Chaudron^  plongent  avec  une  inclinaison 
inférieure  à  4^"^  sous  le  Gault  et  l'Urgouien,  on  voit  les  couches 
situées  plus  au  nord  se  redresser  rapidement  de  telle  sorte  que, 
sur  le  sentier  qui  conduit  à  la  Source-Bleue,  l'Hauterivien  et  le 
Yalanginien  présentent  des  couches  à  peu  près  verticales.  Si  l'on 
suit  ces  dernières  dans  la  direction  du  Malbuisson  on  voit  le 
renversement  s'accentuer  à  tel  point  qu'en  certains  endroits  le 
plongement  vers  le  sud  n'est  plus  que  d'environ  45".  Des  variations 
analogues  s'observent  dans  les  brachysynclinaux  d'Oye  et  Pallet 
et  de  Remoray. 

Le  brachysynclinal  de  Saint-Point  est  bordé  de  deux  brachyanti- 
clinaux  :  au  nord-est,  par  celui  de  Pierre-qui-Tourne  dont  l'axe 
est  constitué  par  une  crête  astartietine  ;  au  sud-est,  par  celui  de 
MontpeiTcux  dont  le  noyau  est  en  majeure  partie  constitué  par  le 
Virgulien  mais  qui  laisse  même  apparaître,  dans  la  profonde  vallée 
où  passe  le  chemin  de  fer  de  Pontarlier  aux  Hôpitaux-Neufs,  un 
peu  de  Hauracien,  d'Oxfordien  et  même  de  Batlionien. 

C'est  dans  ce  même  ravin,  mais  beaucoup  plus  au  nord,  près  de 
la  Fontaine  intermittente  (Fontaine-llonde)  que  l'on  observe  une 
des  coupes  les  plus  singulières  de  la  région.  En  elfet,  au  fond  de 
ce  ravin,  encaissé  entre  deux  falaises  abruptes  de  Jurassique,  on 


E.    roURMER 


voit  affleurer  du  Valanginien  en  couches  horizontales,  ainsi  que  le 
montre  la  (i^re  a.  Le  Jurassique  supérieur  qui  surmonte  ce  Valan- 
^nien  est  lui-même  en  série  renversée.  Au  premier  abord,  l'idée 


Pig.  a.  —  Conpe  &  la  FonUi ne-Ronde.  —  Ectielle  t/iB.ootf. 
Même  légende.  —  /',  Vir^lien. 

qni  se  présente  le  plus  naturellement  n  l'esprit,  est  qu'on  a  là 
alTaire  à  une  nappe  de  recouvi<ement  dans  le  flanc  renversé  de 
laquelle  les  érosions  qui  ont  creusé  le  ravin  sont  parvenues  à 
mettre  à  nu  le  Valanginien.  Si  une  pareille  coupe  se  présentait 
avec  une  telle  netteté  dans  les  Alpes  ou  en  Provence,  beaucoup  de 


Vl$.  3.  —  Coupe  prise  a  a  kilomètres  au  sud  de  la  précédente, 
■échelle  i/30.ix)cf  en>iron.  —  Méni<>  légende. 


géologues  n'hésiteraient  pas  un  seul  instant  à  y  voir  une /)reup(; 
directe  de  l'existence  d'une  nappe  charriée.  Le  seul  fait  que  nous 
sommes  ici  dans  la  chaîne  du  Jui'a.  que  les  travaux  classiques  des 
géologues  les  plus  éminents  nous  ont  liabitué  à  considérer  c 


•  * 


.''-• 


igOI  ETUDE  SUR  LA.  TECTONIQUE  DU  JURA  FRANC-Ct>^Vpi8  lOI 


«  •    • 


un  tjrpe  de  chaîne  régulière,  devait  déjà  nous  mettre  ett  garde 
contre  cette  interprétation.  Nous  avons  donc  entrepris  'dès^vre 
le  contact  entre  le  Portlandien  et  le  Yalanginien  afin  de  *vpir  si 
Tallure  des  couches    ne   se    modifierait   pas  dans  une  ceftâine. 
direction. 

Or,  à  deux  kilomètres  environ  au  sud  de  la  Fontaine-Rondiev*'.  • 
nous  avons  vu  les  couches  se  relever  et  plonger  en  sens  inverse  à  •  •■".■•. 
environ  45®  de  part  et  d'autre  du  thalweg  ainsi  que  le  montre  la   '.'',. 
figure  3.  **y  , 

Enfin,  près  de  Touillon  et  Loutelet,  au  moment  où  la  route  va 
sortir  du  ravin   pour   déboucher   dans   la    plaine   glaciaire   de 
Métabief,    le   relèvement  s'accentue   binisquement,    les   couches 
demeurent  verticales  et  même,  normales,  de  sorte  qu'une  coupe    • 
relevée  près  de  Métabief  ou  aux  environs  de  Longueville  (fig.  4). 

N.o.  s.i. 

Mute  d€  Lon^wevUle        >«<f[-,','VxW 

#        I  >v.*.-v*.*''     \/zJL 

Mine  de Rou^^ "Bief  >  ^-<^;}i-''''      J       ' 

■Il  y.  •••  •••  ".. 


Fig.  4-  —  Coupe  à  la  mine  de  Longueville.  —  Echelle  1/40.000*  environ. 

Même  légende.  —  Fe,  Limonite. 

Nota.  —  Une  partie  de  cette  coupe  a  déjà  été  donnée  par  Résal. 

nous  montre  les  couches  infracrétacées  (qui  toutA-rheure  sem- 
blaient recouvertes  par  le  Jurassique)  formant  l'axe  d'un  synclinal. 
I^  conclusion  s'impose  :  l'inclinaison  des  couches  du  Jurassique 
formant  les  flancs  du  synclinal  s'accentue  au  fur  et  à  mesure 
que  l'on  s'avance  vers  le  nord-est  et  cela  à  tel  point  que  les 
deux  flancs  jurassiques  se  couchent  jusqu'à  l'horizontale  et  vien- 
nent se  toucher  au-dessus  des  couches  infracrétacées. 

J'ai  déjà  signalé  des  faits  tout-à-fait  analogues  en  Provence  ; 
plusieurs  géologues  les  ont  considérés  comme  une  impossibilité. 
Ici  il^  sont  visibles  et  partant,  si  on  refuse  de  les  admettre, 
on  sera  amené  comme  je  le  montrerai  tout-à-l'heure  à  la  concep- 
tion qu'une  grande  partie  de  la  chaîne  du  Jura  est  en  recou- 
vrement. 

Tous  les  brachysynclinaux  de  la  Haute-Chaîne  ne  présentent  * 


loa 


E.   FOURNIER 


31  Janv. 


pas  de9  phénomènes  de  renTersement  aussi  accentués  que  ceux 
du  ltfe*de  Saint-Point  et  de  la  Fontaine-Ronde  mais  un  grand 
nombre*  présentent  un  renversement  dans  la  partie  médiane  ou 
au  moins  un  fort  redressement  dans  Tun  de  leurs  flancs  ou  dans 
t'oqs  les  deux.  Quand  un  flanc  seulement  est  redressé  ou  renversé, 
/c'est  toujours  le  flanc  sud-est,  ce  qui  montre  qu'il  y  a  vers  le 
•nord-ouest  une  tendance  à  Taflaissement.  Nous  verrons  tout^à- 
rheure  la  même  tendance  se  manifester  dans  les  failles  qui, 
comme  Ta  dit  Thurmann  d'une  manière  fort  pittoresque  «  ont 
toujours  le  regard  français  ». 

Dans  la  Haute-Chaîne  deux  brachvsvnclinaux  à  flânes  renversés 

».   «. 

sont  toujours  séparés  par  un  brachyanticlinal  à  double  déverse- 
ment; ainsi,  par  exemple,  entre  la  Fontaine-Ronde  et  le  lac  de 
Saint-Point  on  observe  la  coupe  représentée  par  la  figure  5. 


N.O. 


Lac   de. 


Fox^  Retnde 


S.L. 


•  •  •  • .  • 


Coupe  entre  la  Fontaine-Ronde  et  le  lac  de  Saint-Point. 
Echelle  1/40.000'.  —  Même  légende. 


Ces  brachysynclinaux  et  brachyanticlinaux  s'orientent  en  cha- 
pelets dont  la  notion  doit  être,  pour  la  Haute-Chaîne,  substituée 
à  celle  des  chaînons  parallèles  ou,  si  l'on  veut  conserver  le  terme 
de  chaînons,  il  importe  de  pi'éciser  qu'ils  présentent  des  points 
d'ensellement'  coiTCspondant  en  réalité  à  des  extrémités  de 
brachyanticlinaux.  Les  cours  d'eau  ont  profité  de  ces  points 
d'ensellement  pour  passer  d'une  zone  s;yTiclinale  dans  la  suivante. 

Quant  aux  bracliy synclinaux,  ils  sont  tous  occupés  par  des  lacs, 
des  tourbières  ou  des  dépôts  glaciaires  -.  Il  serait  fastidieux  de 
décrire  ici  tous  les  brachysynclinaux  et  brachyanticlinaux  de  la 
Haute-Chaîne,  les  mêmes  phénomènes  s'y  reproduisant  toujours 

1.  A.  DE  Lapparknt.  Leçons  de  géographie  physique, 

2.  E.  PouRNiER.  Ann,  de  géogr.y  10  février  1900. 


igOI  ÉTUDE  SUR  LA  TECTONIQUE  DU  JURA  FRAXC-COMTOIS  Io3 

avec  peu  de  modifications.  Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les 
feuilles  de  Lons  le-Saulnier,  Pontarlier  et  Omans  pour  constater 
la  généralité  de  cette  structure- 

II.  —  Zone  des  grands  plateaux 

La  zone  des  plateaux  offre  peu  d'intérêt  au  point  de  vue  tecto- 
nique, les  couches  y  sont  sensiblement  horizontales  :  les  seuls 
accidents  importants  consistent  en  failles. 

Une  première  série  de  failles  sépare  le  haut  plateau  de  la  zone 
précédente,  ce  sont,  en  allant  du  sud  au  nord,  les  failles  de  Mour- 
nans,  Courvière  (Feuille  de  Lons-le-Saulnier),  Sombacourt,  Saint- 
Goi^on,  Fuans,  Luhier  et  Damprichard  (Feuille  d'Omans).  Le 
haut  plateau  (troisième  plateau)  est  constitué  par  le  Jurassique 
supérieur  et  jirincipalement  i)ar  TAstartien,  le  Virgulien  et  le 
Portlandien  ;  son  altitude  moyenne  est  voisine  de  800  mètres.  Dans 
le  Jura  franc- comtois,  il  n  y  a  pas  de  limite  tectonique  bien  nette 
entre  le  troisième  et  le  deuxième  plateau.  Il  faut  aller  jusque  dans 
le  Jura  salinois  pour  trouver  celte  limite  marquée  par  la  grande 
faille  de  Montmahoux.  Le  deuxième  plateau,  dont  l'altitude 
moyenne  est  voisine  de  700  mètres,  est  constituée  par  du  Jurassique 
moyen  et  par  la  partie  inférieure  du  Jurassique  supérieur. 

11.0.  SX. 

.  Monrolle  VHoptlal  du.  le  PaldahcjL 

CneusD  !  ri.*  ***-^ 

B       ,  IrrOflDOlfl 

Marai»  de  Snàne,  ', 


Fig.  6.  —  Coupe  de  la  zone  des  hauts  plateaux.  —  Echelle  i/iao.ooo*. 

F.  Faille  de  Mamirolle;  a,  AUuvions  et  tourbières  ;  J^^  Virfpilieii;  J*,  Astar- 
lien;  /3,  Rauracien;  /2^  Marnes  oxfordiennes;  Ji,  Bathonien  supérieur; 
yiii-i,  Bathonien  ;  /u,  Bajocien  (cale,  à  Entroques). 

Enfin  le  deuxième  plateau  est  séparé  du  ])remier  par  la  grande 
faille  de  Mamirolle  et  par  les  escarpements  du  Rauracien  qui  lui 
font  suite  vei*s  le  sud-ouest.  Son  altitude  moyenne  varie  entre 
4  t'I  5oo  mèti'es.  Kn  somme  cette  division  des  plateaux  en  trois 
zones  est  très  artificielle,  les  failles  qui,  en  certains  points  établis- 
sent une  limite  nette,  s'atténuent  dans  une  certaine  direction  et 
alors  la  délimitation  disparaît.  Les  plissements  qui  affectent  les 
couches  de  la  région  des  plateaux  sont  de  peu  d'importance  ; 
néanmoins  ils  sont  suffisants  pour  donner  naissance,  à  la  surface 


io4 


E.   FOURNIER 


ai  Janv. 


des  calcaires  jurassiques,  à  des  bassins  fermés,  privés  d'écoule- 
ment superficiel  et  dont  le  rôle,  au  point  de  vue  de  l'hydrologie 
souterraine  de  la  région,  est  considérable  *.  M.  Parandier  -  avait 
depuis  longtemps  déjà  attiré  l'attention  des  géologues  sur  l'intérêt 
considérable  que  présentent  ces  bassins.  Depuis  plusieurs  années 
nous  en  avons  entrepris  l'étude  au  point  de  vue  spéléologique  et 
hydrologique  ;  cette  étude  fera  ultérieurement  l'objet  d'un  mémoii^e 
spécial. 

C'est  aussi  dans  la  zone  des  plateaux  qu'abondent  les  gi'ottes  et 
les  gouffres  dont  nous  avons  poursuivi  l'étude  depuis  1896  en 
collaboration  avec  M.  Magnin  ^.  L'Unifonnité  de  cette  zone  est 
telle  qu'une  seule  coupe  suffit  pour  en  donner  une  idée  générale 
nous  donnons  ici  la  coupe  passant  par  Saône,  Mamirolle,  l'Hôpital 
Ktalans  et  le  Yaldahon  (fig.  6). 

III.  Zone  plissés  du  Vignoble 

Nous  avons  désigné  sous  ce  nom  toute  la  région  plissée  comprise 
entre  les  plateaux  orientaux  que  nous  venons  d'étudier  et  ceux 
situés  à  l'ouest  de  la  vallée  du  Doubs.  Cette  zone  est  très  large  au 
nord  de  Salins  où  elle  présente  cinq  chapelets  de  brachyanti- 
clinaux  :  ceux  du  Bois  de  la  Côte,  Liesle,  la  Bourrelière,  Ronchaux 


N.O. 


:  T 


Merofdr0€Ut 


CiUuUUe 


SE 
laf^JLe 


TroU'ÇuLtmU 


Fig.  7.  —  Coupe  de  la  Chapelle  des  Buis.  —  Echelle  i/35.ooo'  environ. 

rt,  Alluvions  et  tourbières  ;  /6-",  Poudingue  du  Portlandien  supérieur  ;  J^»h, 
Virgulion;  r\^  Ptcrocérien;  J<,  Aslartien;  /^^  Rauracicn;  J^y  Oxfordien; 
/'„  Dalle  nacrée;  /*,  Toanien;  r%  Charniouthicn ;  P,  Calcaire  à  Gryphées. 


et  Derrière-le-Fray.  Elle  se  l'étrécit  en  avançant  vers  le  nord  ; 
ainsi,  au  niveau  de  Byans,  elle  ne  présente  plus  que  quatre  cha- 
pelets :  ceux  des  Chatelards,  de  Byans,  d'Abbans-Dessus  et  de 
Voiles.  Près  de  Besançon  il  n'en  reste  plus  que  deux  :  celui  du 

1.  Dans   la  Haute  Chaîne  les  brachy synclinaux  donnent  aussi  parfois 
naissance  à  des  bassins  fermés. 

2.  B.  S.  G,  F.,  [3),  XI,  p.  441.  i»»3. 

3.  Mém,  Soc.  SpéléoL,  N'*  21  et  24. 


igoi       fruDB  SUR  la  tectonique  du  jura  franc-comtois        io5 

Rosemont  et  de  la  Chapelle-des-Buis.  Enfin,  plus  au  nord,  la  zone 
anticlinale  devient  unique  avec  les  brachyantielinaux  de  Mont- 
Sous-Vence,  Ougney-le-Bas ,  Grange-Villaley,  Hyèvre-Paroisse, 
Clerval  et  Etouvans  (carrière  de  la  Reydans).  Plus  au  nord  enfin, 
cette  zone  plissée  disparait,  laissant  en  contact  la  zone  II  et  la 
zone  rV  que  nous  étudierons  tout-à-l'heui'e.  Cette  zone  plissée  du 
Vignoble  a  été  étudiée  pour  la  première  fois,  au  point  de  vue  tecto- 
nique, par  M.  Marcel  Bertrand  ^  Je  lui  ai  moi-même  consacré  une 
courte  étude  dans  la  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes  -. 

Les  brachyantielinaux  de  cette  zone  ont  leur  axe  constitué  par 
le  Trias,  le  Lias  ou  le  Médiojurassique.  Les  bandes  synclinales 
qui  les  séparent  ont  leur  axe  constitué  par  le  Jurassique  supérieur. 
J'ai  montré  qu  un  certain  nombre  de  brachyantielinaux  présen- 


N.O.  X 
/ 

/ 
I 
I 

I 
I 
I 
\ 

\ 
s 


S.£. 


Raoùt  de 
JfV»  C^xUet. 


Fig.  8.  —  Coupe  du  Moulin-Caillet.  —  Echelle  i/ao.ooo*  environ. 
Même  légende.  —  r„.„  Rhétien  et  Hettangien;  <*-',  Keuper. 


^icnt  un  double  déversem(»nt  au  nord  ouest  et  au  sud-est  ;  je  ne 
'^produirai  ici  que  la  plus  caractéristique  de  ces  coupes,  celle  d»"! 

'»  Chapelle-des-Buis,  qui  montre  avec  netteté  ce  double  déverse - 

"*ent  (fig.  j). 

J-a  faille  des  Trois-Chàtels  conserve,  tout  le  long  du  pli,  une 
^•^•ection  sensiblement  verticale.  M.  Marcel  Bertrand,  dans  son 
"•^*inoire  précité  (fig.  8)  lui  donnait  une  obliquité  qui  allait  en 
s  accentuant  dans  la  direction  de  Morre,  de  sorte  qu'il  considérait 
*^s   rochers  astartiens  dans  lesquels  sont  creusées  les  grottes  de 

ï-  Marcel  Bertrand.  B,  S,  G,  F.,  [3],  X,  p.  119  et  suivantes. 
^'  N-  336,  1898. 


I06  E.   FOURNIER  ai  JailY. 

Saint-Léonard  comme  superposés  par  faille  sublîorizontale  au 
Ptérocérien  et  au  Virgulien  que  Ton  voit  affleurer  le  long  de  la 
route  de  Morre.  Or,  la  grotte  inférieure  de  Saint-Léonard  s'ouvre 
presque  au  contact  de  la  faille  ;  on  devrait  donc  trouver,  dans  les 
galeries  les  plus  inférieures  de  cette  grotte,  du  Virgulien  et  du 
Ptérocérien  ;  j'ai  pu  vérifier  qu'il  n'en  est  rien  et  que  les  parties 
les  plus  profondes  de  la  grotte  sont  encore  dans  FAstartien. 

Une  autre  coupe  qu'il  nous  faut  encore  citer,  avant  de  quitter 
cette  zone  des  brachyanticlinaux,  c'est  celle  du  Moulin-Caillet  * 
sur  le  flanc  nord-ouest  du  brachyanticlinal  de  Vorges-Lamod.  On 
observe  là  de  TAstartien  recouvert  presque  horizontalement  par 
du  Bajocien.  On  pourrait  même  croire  au  premier  abord  que  le 
Bajocien  plonge  sous  le  Trias,  mais  un  examen  plus  approfondi 
montre  qu'il  y  a  une  faille  comme  l'indique  la  figure  8. 

Quoi  qu'il  en  soit  la  coupe  est  singulière  :  et,  si  l'on  se  trouvait 
dans  une  région  moins  régulière  que  le  Jura,  on  pourrait  ici  encore 
supposer  que  l'on  est  en  prés(»nce  du  flanc  renversé  d'une  nappe 
de  recouvrement.  Les  raccords  figurés  sur  la  coupe  indiquent 
l'interprétation  que  nous  en  donnons  et  qui  est  conforme  à  l'idée 
que  nous  nous  soumies  faite  de  cette  zone  plissée. 

rV.  Zone  occidentale  des  plateaux 

Cette  zone  qui  limite  au  nord-ouest  la  vallée  moyenne  du  Doubs 
depuis  Montbéliard,  comprend  les  plateaux  de  Ghàtenois,  Monte- 
villars,  Arcey,  Etrappe,  Fontenelles,  Val-de-Roulans,  Marchaux, 
Ghailluz,  Saint-Fergeux,  Dannemarie.  La  majeure  partie  de  ces 
plateaux  est  constituée  par  du  Bajocien  et  du  Bathonien  surmontés 
d'Oxfordien  et  de  Rauracien  en  série  subhorizontale,  avec  quelques 
failles  de  peu  d'importance  généralement  dirigées  nord-sud. 

M.  Marcel  Bertrand  a  donné  une  coupe  schématique  de  celte 
zone,  qui  a  été  reproduite  dans  le  Traité  de  géologie  de  M.  A.  de 
Lappai'cnt,  4'  édit.,  p.  1780,  fig.  8i3. 

Cette  zone,  dans  sa  partie  septentrionale,  s'appuie  en  concor- 
dance sur  une  série  triasiqne  complète  qui  repose  elle-même  sur 
le  Trias  formant  la  terminaison  méridionale  des  Vosges.  Plus  au 
sud  elle  est  séparée  par  une  série  de  failles  de  la  zone  des  avant- 
monts  du  Jura. 

Nous  n'avons  observé  jusqu'ici  aucune  particularité  remarquable 
dans  cette  zone,  aussi  ne  nous  y  arrèlerons-nous  pas  plus  longtemps. 

I.  Cette  coupe  a  été  donnée  pour  la  première  fois  par  M.  Marcel  Bertrand. 


igoi 


BTUDE  SUR  LA  TECTONIQUE  DU  JURA  FRANC-COMTOIS 


107 


V.  Zone  des  avant-monts  du  Jura 


N.O. 


S.E. 


Fig.  9.  —  Brachyanticlinal  de 
Merrey-Vielley.  —  Echelle 
i/8o.ooo'.  —  D'après  M.  J. 
Deprat.  —  Même  légende. 


Au  nord-ouest  de  la  zone  précédente,  s'étend  un  chapelet  pres- 
que continu  de  brachyanticlinaux  resserré  entre  les  effondrements 
de  la  vallée  de  FOgnon  et  les  failles  de  bordure  des  plateaux 
occidentaux.  Cette  région  a  fait  récem- 
ment l'objet  d'une  étude  de  M.  J. 
Deprat  *. 

Les  brachyanticlinaux  qui  la  consti- 
tuent sont  tous  déversés  vers  le  nord- 
ouest  et  le  renversement  atteint  par- 
fois une  telle  intensité  que  les  couches 
sont  voisines  de  l'horizontale. 

L'axe  de  ces  brachyanticlinaux  est 
constitué  par  le  Trias  et  le  Lias.  Nous 
citerons  ceux  de  Merey -Vieilley 
(fig.  9),  celui  au  sud  de  Bonnay,  ceux 
de  Tallaneny,  Châtillon,  Miserey  (flg.  10),  Pouilley,  Ghampagney, 
Mazerolles.  Ces  derniers  ne  présentent  pas  de  déversement,  mais 
une  forte  dis- 

S.L. 

I  I 

plus    forte 
étant  celle  du 
flanc    nord- 
ouest. 

Les  teiTains 
anciens  des 
Vosges    que 

Ton  voit,  dans  la  pai-tie  septentrionale  de  la  feuille  de  Montbéliard, 
disparaître  sous  le  Trias  (lequel  s'enfouit  lui-même  sous  le  Juras- 
sique),   reparaissent  au  sud-ouest  de  Besançon   dans  le   massif 
amygdalolde  de  la  Serre,  qui  vient  former  comme  un  trait  d'union 
entre  les  Vosges  et  le  Plateau  central.  Le  massif  de  la  Serre  a  déjà 
fait  Vobjet  de  nombreux  travaux  de  la  part  de  MM.  Jourdy,  Bour- 
Real,  et  tout  récomment  de  M.  J.  Deprat.  Les  terrains  anciens  qui 
cjnstituent  le  noyau  de  la  Serre  ont  été  plissés  très  fortement,  dès 
la  surrection  de  la  chaîne  hercynienne  comme  le  démontrent  les 
lambeaux  de  grès  vosgien  qui,  dans  la  partie  centrale  du  massif, 


symétrie; Fin-  '••^• 

1 .       •  1  Sur  le  Mont 

clmaison    la 


Fig.   10.    —    Brachyanticlinal    de   Miserey.  —   Echelle 
1/40.000.  —  D'après  M.  J.  Deprat.  —  Même  légende. 


1.  J.  Deprat.  Feuille  des  jeunes  naturalistes ^  N*  34^). 


io8  E.  FOURNIER  ùi  Janv. 

i*eposent  horizontalement  sur  les  couches  relevées  des  micaschistes 
et  des  gneiss.  Le  massif  a  subi  ensuite,  vers  la  (in  de  l'Eocène  un 
second  mouvement  qui  a  redressé  les  couches  triasiques  et  juras- 
siques sur  tout  son  pourtour  et  les  a  même  i*envei*sées  sur  une 
grande  partie  de  sa  bordure  septentrionale  ainsi  que  le  montre  la 
figure  II. 

fis     Ia     Serre 

^^  Can;iêre 


l  e  V 

J]     «/r 

Fig.  II.  —  Coupe  du  massif  de  la  Serre.  —  Echelle  i/6o.ooo'  environ. 

Même  légende.  —  A,  Argiles  à  chailles;  Ju  Batlionien  sup.  ;  /iii-n*  Bathonien 
moyen  et  inf.  ;  <,.,„  Muschelkalk  ;  f„„  Grès  bigarré  ;  tv,  Grès  vosgien  ; 
r^-i,  Permien  ;  e,  Eurite  ;  y,,  Granulite  ;  X,^  Gneiss  et  micaschistes  avec 
iilons  granulitiques. 

C'est  par  ce  dernier  mouvement  que  le  massif  de  la  Serre  se 
rattache  à  la  zone  plissée  des  avant*  monts.  Quant  au  pli  d'âge 
hercynien  il  a  joué  un  rôle  capital  (déjà  mis  en  lumière  par  Jourdy 
dans  la  tectonique  de  toute  la  chaîne.  C'est  contre  ce  môle  que 
sont  venues  se  mouler  les  différentes  zones  plissées  qui  ont  épousé 
sa  direction  générale.  En  constatant  raltemance  régulière  des 
zones  plissées  et  des  zones  de  plateaux  que  nous  observons  dans 
toute  la  chaîne,  on  est  même  en  droit  de  se  demander  si,  lors  du 
mouvement  hercynien,  il  ne  se  serait  pas  formé  sur  tout  remplace- 
ment de  la  chaîne  du  Jura  une  série  d'aires  anticlinales  séparées 
par  des  zones  synclinales  destinées  à  devenir  des  géosynclinaux. 
Après  la  grande  transgression  triasique  et  jurassique  le  Jura  franc 
comtois  aurait  donc  présenté  l'aspect  indiqué  dans  la  figure  la 
(partie  supérieure). 

Lorsqu'à  la  fm  deFEocènede  nouveaux  mouvements  orogéniques 
se  sont  manifestés,  les  parties  superposées  aux  géosynclinaux  se 
seraient  seules  plissées,  tandis  que  celles  superposées  aux  aires 
anticlinales  déjà  très  plissées,  n'auraient  subi  que  des  fractures  et 
formeraient  les  régions  des  plateaux  (fig.  la,  partie  inférieure). 

Deux  des  zones  synclinales  au  moins  (celle  des  bassins  d'effon- 
drement de  rOgnon  et  de  la  Saône  et  colle  de  la  Haute-Chaîne)  ont 
été  certainement  à  l'état  de  géosynclinaux  pendant  Un fracrétacé  *. 

I.  J.  Dkprat.  Les  bassins  d'effondrement  de  TOgnon  et  de  la  SaAne.  Loc, 
cit.,  et  Etudes  micrographiques  sur  le  Jura  septentrional.  Soc.  Hist.  Nat. 
Doaba,  1900. 


igoi 


mUDE  sus  LA  TECTONIQUE  DU  JURA  FBANC-COMTOIS 


-109 


Quant  &  la  zone  des  brachyanticlinaux  du  Vignoble,  la  pénétra- 
tion du  Portlandien  supérieur  (Chapelle-des-Buis,  Montfaucon)  sur 
sa  bordure  méridionale  semble  indiquer  aussi  que  l'alTaissenient 
qui,  dans  l'Oxfordiea,  avait  amené  dans  cette  région  une  faune 


m,  N'      V^^VIit    Vlb      Vie 

.  —  Schéma  du  Jura  frpnc-comtoïs  avant  et  après  les  plissements 


pij. 


A,  Aires  anticlinaleshercyniennes;  G, GÉosynclinaux  hercyniens;  C, Crétacé; 
Cl,  Infracrétacé  ;  J'.  Suprajuressique  ;  /m,  Medinjurassique  :  (,  Lias; 
(,  Trias.  —  1.  Zone  des  brac  h  y  synclinaux  de  la  Haute-C)iahie.  —  II,  Zone 
des  p-auds  plateaux.  —  Ul,  Zone  des  brach  y  anticlinaux  Ou  Vignoble.  — 
IV,  Zone  des  plateaux  occidentaux.  —  V,  Zone  des  avant-monts  du  Jura. 
—  Via.  Synclinaux  crétacés  de  l'Ognon.  —  VU,,  Plateaux  înlerniêdiaircs. 
Vif.  Synclinaux  crétacés  de  la  vallée  de  la  Saône. 


pélagique,  a  été  suivi  d'une  émersion  en  masse  vers  la  lin  du 
Jurassique,  émei-sion  qui  a  affeclé  à  la  fois  la  zone  du  Vignoble  et 
celle  des  plateaux. 

VI.    ZONK    OES   BASSINS   DEFFONDRËMENT    DE   l'OgXOX 
ET   DE    LA   5a6>E. 


Les  vallées  de  l'Ognon  et  de  la  Saône  sont  jalonnées  par  une 
^rie  de  synclinaux  crétacés  souvent  enfouis  par  faille  dans  le 
Jurassique  ;  ceux  de  l'Ognon  sont  presque  tous  renversés  vei's  le 
nord-ouest,  ceux  de  la  Saâne  sont  normaux.  La  ligne  synclinale  de 
l'Ognon  est  séparée  de  celle  de  la  SaAiie  par  un  plateau  faille  qui 
Umble  avoir  joué  le  rAle  d'une  aire  anticlinale,  et  qui  se  trouve 
exactement  dans  le  prolongement  de  l'axe  du  massif  de  la  Serre. 


IIO 


E.    FOURMER 


ai  Jany. 


Si  l'hypothèse  que  nous  avons  émise  tout-à-l'heure  relativement  au 
rôle  des  plis  hercyniens  du  substratum  est  exacte,  cette  coupe 
s'explique  tout  simplement  :  le  plateau  est  superposé  à  une  aire 


N.O. 

ValUe  de 
la.   Saoxte 


Plate  ait.  tfAutox^^iZlm. 


l'allée  «tel  O^ntm- 


'nr 


Fig.  ï3.  —  Coupe  à  travers  les  bassins  crétacés  de  TOgpion  et  de  la  Saône 
et  le  plateau  intornicdiairc  (En  partie  d'après  M.  J.  Deprat).  —  Echelle 
i/i20.oo()*  environ. 

Même  légende.  —  /•,  Portlandien. 

anticlinale  ;  les  deux  zones  synclinales  Via  et  VI0  (fig.  12)  sont 
superposées  à  des  géosynelinaux.  La  zone  VI^  est  renvei^sée  car 
elle  a  subi  directement  TefTet  des  plissements  éocènes  ;  la  zone 
Via  est  normale  parce  qu'elle  a  été  protégée  par  Taire  anticlinale 
intermédiaire  (fig.  i3). 
Ce  qu'il  a  de  remarquable  dans  la  zone  de  l'Ognon  c'est  l'inten- 
sité considérable 

N.O.  S.E.  , 

que  le  renverse- 
ment peut  attein- 
dre et  qui  va  par- 
fois presque  jus- 
qu'à l'horizontale 
comme  le  montre 
la  figure  14.  Or,  si 
dans  cette  fig^ure 
on  faisait  abstrac- 
tion de  la  faille 
qui  sépare  le  Jurassique  de  la  bordure  nord-ouest  du  Crétacé  du 
bassin,  faille  qui  d'ailleui's  n'est  pas  toujours  très  visible  ;  le  Cré- 
tacé en  question  se  présenterait  exactement  comme  celui  des 
bassins  d'cfl'ondrement  de  Provence  avec  l'apparence  d'un  substra- 
tum récent  mis  à  nu  par  l'érosion  dans  une  nappe  charriée,  l'hypo- 
thèse parait  d'ailleurs  si  invraisemblable  qu'on  hésite  à  rapprocher 
ces  coupes  de  celles  des  fig.  i,  a,  3,  5,  8,  d'autant  plus  que  la 
preuve  directe  de  la  non  existence  de  la  nappe  est  facile  à  faire. 


Cir 


Fig.  14.  —  Echelle  il'jo.ooo'  environ. 
ji-j^  Virgulien  et  Astartien. 


igOI  ÉTUDE  SUR  LA  TECTTONIQUE  DU  JURA  FRANC-COMTOIS  III 


Plis  transverses 

Nous  ne  voulons  pas  terminer  cette  étude  sans  dire  quelques 
mots  de  la  curieuse  région  qui  s'étend  sur  la  partie  méridionale 
de  la  feuille  de  Besançon  et  sur  la  partie  septentrionale  de  la 
feuille  de  Lons-le-Saulnier  entre  Grozon  et  Salins. 

M.  Marcel  Bertrand  avait  déjà  montré  que  le  Trias  et  le  Lias  de 
cette  région  étaient  toujours  séparés  du  Jurassique  par  une  faille 
oblique  dont  le  contour  est  sinueux  ^ 

J'ai  montré  plus  récemment  que  cette  faille  était  accompagnée 
d'un  pli  couché  présentant,  en  certains  points,  un  déversement 
considérable  (Feuille  des  Jeunes  Nat,,  loc.  cit.)  et  que  ce  pli  était 
tnmsverse  par  i*apport  aux  brachyanticlinaux  du  Vignoble.  L'am- 
plitude du  déversement  étant  déjà  très  gi'ande  près  d'Aiglepierre 
j'avais  été  amené  à  rechercher  si  cette  amplitude  ne  serait  pas  plus 
considéi*abie  encore  dans  d'autres  parties  du  pli.  Or,  tout  réceui- 
ment,  j'ai  été,  d'une  manièi'e  tout-à-fait  fortuite,  mis  sur  la  voie 
d'an  phénomène  très  curieux  relatif  à  ce  pli. 

En  classant  les  collections  paléontologiques  du  Musée  à  Besançon 
j'avais  remarqué  plusieurs  échantillons  d'un  petit  Pecten(amusium) 
ressemblant  à  s'y  méprendre  au  P.  pumilus  du  Toarcien,  empâté 
dans  des  marnes  grises  micacées  identiques  à  celles  du  Lias  supé- 
rieur et  portant  comme  indications  :  Sondage  de  Grozon,  au- 
dessous  du  gj'pse.  S'il  n'y  avait  eu  qu'un  seul  échantillon,  je  n'y 
aurais  prêté  aucune  attention  et  j'aurais  considéré  l'étiquette  comme 
eiTonée.  Mais  il  y  en  a  trois  portant  les  numéros  a8,  29  et  34  de 
la  collection  des  fossiles  du  Jura  ;  l'un  des  échantillons  renferme 
en  outre  des  Possulonomyes.  Tous  sont  donnés  par  M.  Conrod.  De 
plus,  en  classant  les  Céphalopodes  de  la  même  collection  j'ai 
retrouvé  de  nouveau  un  Grammoccras  striatulum  -,  dans  les 
mOmes  marnes  grises,  indiqué  également  conmie  provenant  du 
sondage  de  (irozon  au-dessous  du  gj'pse.  J'ai  fait  alors  de  nou- 
velles recherches  et  j'ai  constaté  que  le  Frère  Ogérien,  dans  sa 
Géologie  du  Jura,  indique  précisément  comme  ayant  été  trouvé 
dans  le  sondage  de  Grozon  «  Amtnonites  striatulus  et  Pecien 
pumilus  )>  et  il  ajoute  à  ce  sujet  :  «  Le  puits  d'exploitation  de 
Gitizon  atteignait,  à  5  mètres  au-dessous  du  banc  de  sel,  une  couche 
de  schistes  bitumineux  se  débitant  en  minces  feuillets  très  pyri- 

1.  Marcel  Bertkand.  Loc.  cit.,  et  B.  S.  G,  F.,  [3|,  XII,  p.  4Ô7. 

2.  Même  collection,  N*  34* 


lia        FOURMER.  —  TECTONIQUE  DU  JURA  FRANC-COUTOIS       SI  JailY. 

teux.  sur  lesquels  M.  Pidancet  a  reconnu  des  Pecten  et  des 
empreintes  d* Ammonites  ».  A  Montmorot,  près  de  Lons-le-SauInier, 
dans  la  même  bande  triasique,  le  même  auteur  signale  des  fossiles 
toareiens  sous  le  sel  gemme  :  «  Les  échantillons  de  marne 
noire  salifère  de  Montmorot  nous  ont  oflert  quelques  feuilles  et 
tiges  et  une  empreinte  d*Ammonite  que  nous  rapportons  à  Am. 
siriatulus  »  ^  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  le  Trias  de  Grozon 
est  bien  renversé  sur  le  Lias  supérieur,  ce  qui  indiquerait  une 
pénétration  assez  considérable  de  la  charnière  synclinale.  Nous 
ne  voudrions  pas  néanmoins  attacher  à  cette  observation  qui 
peut  être  discutée,  plus  d'importance  qu'elle  n'en  mérite;  quoi 
qu'il  en  soit,  elle  établit  du  moins,  d'une  façon  certaine,  que  les 
prétendus  fossiles  marins  du  Keuper  du  Jura  cités  par  Ogérien 
appartiennent  au  Lias  supérieur.  De  nouvelles  études  de  détail 
permettront  de  trancher  la  question  tectonique. 

J'espère  avoir  pu  montrer  par  ces  quelques  considérations  que, 
môme  dans  des  régions,  depuis  longtemps  étudiées,  comme  celle 
qui  vient  de  faire  l'objet  de  ce  travail,  il  reste  encore  bien  des 
observations  nouvelles  à  glaner. 

I.  Ogï^.riex.  Hist,  nat,  du  Jura,  Géologie ^  p.  go. 


CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE 

DE 

L'INFRACRÉTACÉ  A  FACIÈS   VASEUX  PÉLAGIQUE 

EN    ALGÉRIE    ET    EN    TUNISIE 

par  M.   A.  JOLEAUD. 

Préliminaires 

Le  Barrâmirn  à  faciès  (vaseux  pélagique  (formations  bathyales  de 
M.  Haug  *)  n'occupe  pas  des  espaces  très  considérables  en  Algérie  et 
en  Tunisie,  mais  il  s'y  montre  sur  un  assez  grand  nombre  de  points 
et  sa  richesse  en  fossiles,  particulièrement  en  Ammonites  pyriteu- 
ses,  a  depuis  longtemps  attiré  l'attention  des  géologues. 

Coquand  -  l'a  signalé  dans  la  province  de  Constantinc,  à  l'Oued 
Chéniour,  au  Djebel  Taia,  à  Ain  Zaîrin  (localité  indiquée  au  sud- 
est  de  Constantine,  mais  non  retrouvée  jusqu'à  présent)  et  à  Ghiria, 
pivs  de  Sétif. 

M.  Nicklès^  l'a  indiqué  au  Djebel  Ouach  (au  nord-est  de  Cons- 
tantine)  et  à  Medjez  Sfa  (près  de  Duvivicr). 

M.  Sayn  *  Ta  étudié  sur  ces  deux  points. 

M.  PomeP  l'a  mentionné  dans  la  vallée  du  Sig  et  au  col  des 
OuJcd  Ali,  près  de  Sidi  bel  Abbcs. 
AI .  Aubert  *  en  a  relevé  plusieure  lambeaux  en  Tunisie. 

AX .  Repelin  '  l'a  fait  connaître  de  Sidi  Merzoug,  dans  les  enviix)ns 
^  O  l'iéansville. 


I-      jB.  s.  g.  F.,  (3),  XXVm,  1900,  p.  6ai. 

a.      ^lém.  Soc.  Emul,  de  la  ProvencCy  1862,  t.  II,  p.  282.  —  Bull,  Académie 
^^f^i£>pone^  1880,  n°  i5,  p.  4i. 
"i-      <:.  R.  Ac.  Se,  CVm,  7  janvier  1889,  p.  75. 

^-      M^emlle  des  jeunes  naturalistes ,  octobre  1889,  p.  16^.  —  C  /?.   Ac.  Sc.^ 
ex»     "io  juin  1890,  p.   i38i.  —  Bull.  Soc.  agriculture  de  Lyon,  1890.  —  B.  S. 
G.  i^^,(3),  XXIV,  1896,  p.  ii6a. 

a-    -ikscript.  stratig.  gén.  de  V  Algérie  y  p.  56,  1890. 
^-    explication  de  la  carte  géol.  prov.  de  la  Tunisie,  p.  9  et  8uiv.,i89a. 
•;-  Etude  géologique  des  environs  d'Orléansville,  p.  60,  1895. 

^  Aoùl  1901.  —  T.  Ie^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  8 


\ 


Il4  A.  iOLBAUD.   —  LTUDE   DE   L'iNFRACSSTAGB  SI  JailY. 

M.  Blayac  *  a  décrit  les  affleurements  do  Djebel  Dafib»  da  Djebel 
Taîa  et  de  Medjez  Sfa,  dans  le  bassin  de  TOued  Cherf. 

M.  FichcoT'  a  déconvert  ceox  do  Djebel  el  Akhal  (à  Touest  de 
Constantine)  et  du  massif  d'Arzew  ^. 

L*Aptien  à  faciès  Qoseux  pélagiqwœ  a  été  indiqué  par  Coquand  '  à 
Aîn  Zaîrin  ;  à  l'Oued  Chéniour  :  près  de  l'Oued  el  Nahar  (affluent  de 
l'Oued  Cherf):  dans  la  plaine  de  Temlouka  :  à  Chepka  mta  Sellaoua, 
au  nord-est  d*Oum  el  Bouaghi  :  au  Djebel  Babor,  dans  la  Petite 
Kabylie  ;  à  Sakkamoudi,  sur  la  route  d'Alger  à  Aumale  et  à  Teniet 
el  Haâd,  ces  deux  derniers  points  dans  la  province  d'Alger. 

L'un  de  ces  affleurements,  celui  de  l'Oued  Chéniour,  a  été  depuis 
l'objet  d'une  exploration  complète  de  la  part  de  M.  Blayac  ^. 

MM.  Le  Mesie  *,  Aubert  ^  et  Pervinquière  ^  signalent  cet  étage 
en  divers  points  de  la  Tunisie  '. 

n  nous  a  été  donné  pendant  un  long  séjour  dans  nos  possessions 
de  l'Afrique  du  nord,  de  pouvoir  faire,  à  notre  tour,  sur  ces  for- 
mations, quelques  études  stratigraphiques  et  paléontologiques  : 
nous  en  donnons  un  premier  résumé  dans  la  présente  note. 

Environs  de  Constantine  :  le  Djebel  Ouach 

Au  nord-est  de  Constantine  s'élève  un  massif  montagneux  formé 
de  puissantes  assises  de  grès  medjaniens,  c'est  le  Djebel  Ouach 
(la  montagne  sauvage),  qui  atteint  i.soa  mètres  à  El  Hadjar  es 
Safra  (les  pierres  jaunes).  Sur  son  flanc  méridional  s'étend 
ininterrompue  une  bande  barrémienne  que  nous  avons  reconnue 
sur  une  longueur  de  la  kilomètres  et  dont  nous  avons  tracé  les 
limites  sur  la  feuille  d'Ël-Aria  au  i/5o.ooo'.  Son  altitude  est 
comprise  entre  640  et  900  mètres. 

Large  de  3  kilomètres  en  regard  du  rocher  de  Sidi  Mcid,  puis  de 
Q  kilomètres  seulement  dans  la  traversée  de  l'Oued  ben  Djelloul, 

I.  C.  H.  Ac.  Se,  CXXni,  3o  novembre  1896,  p.  958.  —  B,  S.  G,  F.,  (3),  XXV, 
p.  524-534.  —  Ann.  de  Wniv.  de  Grenoble,  XI,  n»  3,  1899.  —  Travaux  du 
Laboratoire  de  Géol.  de  la  Fac.  Se,  Grenoble,  V,  p.  19,  1899. 

a.  B,  S.  G,  /•'.,  (3),  XXVII,  p.  85,  1899,  et  in  Pomel  et  Pouyaxnk,  Annales  des 
Mines f  9,  XV,  p.  191. 

3.  Méni,  Soc.  Emut,  de  Provence,  1862,  t.  II,  p.  283.  —  Bull.  Acad.  d'Hippone, 
1880,  n»  i5,  p.  3o  et  suiv. 

4.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XVm,  p.  209,  1890. 

5.  Explication  de  la  Carte  géol.  prov.  de  la  Tunisie,  p.  9  et  suiv.,  189a. 

6.  In  DK  Lapparrnt,  Traité  de  géologie,  4"  édition,  p.  1294. 

7.  M.  Gentil  vient  de  signaler  une  remarquable  faune  de  cette  époque  à 
Arlal,  dans  le  bassin  de  la  Tafna  (Ass.  fr.  Av.  Se.  Congrès  de  Paris,  1900, 
p.  Ô06)  {IVote  ajoutée  pendant  V impression). 


igOI       A  FAf:iis  vaseux  pélagique  ex  ALOÉHIE  et  en  TUNISIE        Ilfi 

cette  bande  se  rétrécit  encore  vers  l'est  où  on  ne  la  trouve  plus 
parfois  que  d'une  centaine  de  môtres  de  laideur. 


Elle  commence  à  1  ouest  pr  s  de  1  Oued  Zied  par  dcH  terrasses 
8"ses,  que  I  on  disUngue  de  loin  au-dessus  des  marnes  noires  du 
Cittacé  supérieur.  En  allant  vers  l'est  on  la  voit  s'élever  jusqu'à  la 


Il#} 


A.    iOLEAL'D.   —    ETTDE   DE   L  l^TFKACXETACE 


ai  JaiiT. 


cole  900.  aa-de«9oii^  da  piton  ëocêne  997.  Partout  ce  terrain  a  été 
fortement  entaillé  par  les  eaox,  mais  c'est  sortoat  ao-dessofns  de 
la  roate  de  la  Pépinière  du  Djebel  Ooach  qu'il  a  été  recoupé  par 
de  nombreux  rarins.  Leur  coUectenr.  le  Chabet  el  Beîda  (le 
Rarin  blanc)  finit  dans  TOucd  Djelloul  vers  la  cote  840. 


tSÙ 


F\^,  '2,  3  et  4-  —  Trc»is  coupes  dans  le  Barrêmien  du  Djebel  Ouach. 

Echelle  i  60.000*;  hauteurs  triplées. 

P,  Pliocène  (ûg.  s)  :  m/.  Miocène  ;  e,  Medjanien  ;  mo,  Montien  ;  d,  Daiûen  ; 
a,  Aturien;  T,  Turonien  ;  hn^  Barrêmien  supérieur;  P,  lone  à  PulcheWa 
(lig.  4)  »  1-»  zone  à  Leptocpras. 

Sur  la  rive  gauche  de  cet  Oued,  qui  ne  tarit  jamais  tout  à  fait, 
le  sol  s  élève  assez  rapidement,  ibi*me  un  petit  plateau  près  du 
Bordj  hen  Tarzi  et  atteint  enfîn  870  mètres,  au-dessus  d*un  douar, 
sur  la  piste  des  Boni  Sline.  A  partir  de  ce  point  l'aiDeurement 
ifcst  jilus  qu*un  étroit  ruban  jaunâtre  qui  se  tient  enti'e  800  et  700 
mètres.  On  croit  le  voir  finir  sous  les  grès  de  la  cote  Bqo,  mais  en 
franchissant  le  col  entre  les  cotes  820  et  775  on  le  retrouve  sur  la 
rive  gauche  de  TOued  Gracha,  d'où  il  se  prolonge  jusque  vers 
rOued  Kram,  plus  ou  moins  masqué  dans  la  traversée  des  vallées 
par  les  éboulis  de  TEocène  supérieur. 

La  puissance  du  dépôt  bari^émien  du  Djebel  Ouach  est  d'à  peu 
près  i25o  mètres.  M.  Sayn  *  y  a  établi  une  succession  de  cinq  assises 
distinctes,  dont  une  sans  fossiles  et  une  autre  caractérisée  par  des 
débris  de  Poissons. 

Nous  n'y  avons  reconnu  que  trois  zones  seulement  : 

1.  B.  S.  G,  F, y  (J),  XXIV,  p.  1162. 


igOI       A  FAClis  YASBUX  PÉLAGIQUE  EN  ALGERIE  ET  EN  TUNISIE        II 7 

i^  A  la  base,  se  trouvent  des  marnes  noirâtres,  alternant  avec 
des  calcaires  marneux  de  môme  couleur,  se  divisant  en  plaquettes 
très  minces  qui  renfei*ment  en  abondance  Leptoceras  cf.  subtile 
Uhli^,  plus  rarement  Crioceras  cf.  silesiacum  Uhlig,  ainsi  que  de 
nombreuses  traces  Qermiformes  très  longues,  larges  de  3  à  4 
millimètres  seulement  et  portant  de  distance  en  distance  de  faibles 
rétrécissements  annulaires. 

Ces  couches  ne  se  rencontrent  que  dans  la  vallée  de  TOued  ben 
Sjelloul.  Elles  acquièi*ent  leur  plus  grand  développement  sur  la 
riVe  gauche  de  cet  Oued»  au  nord-est  du  Bordj  ben  Tarzi  :  leur 
puissance  y  est  d'environ  80  mètres. 

^  Immédiatement  au-dessus  se  montrent  des  marnes  feuilletées 
grisâtres,  intercalées  de  nombreux  bancs  calcaires  blanchâtres  de 
QO  à  3o  centimètres  d'épaisseur  auxquels  le  Chabet  el  Beîda  doit 
son  nom.  C'est  la  zone  fossilifère  par  excellence  et  aussi  la  plus 
ravinée  par  les  eaux.  Il  n'est  pas  rai*e  qu'au  pied  des  croupes, 
aux  endroits  où  la  pente  diminue,  abondent  les  Phylloceras,  les 
Pulchelliat  les  Hohodiscus,  les  Leptoceras  Cirtœ  Coq.  et  L,  ensis 
Coq.  Les  calcaires  contiennent  les  mêmes  fossiles,  mais  beaucoup 
plus  rares  et  associés  à  des  Aptychus  à  stries  parallèles. 

Cet  ensemble  puissant  de  80  à  90  mètres  forme  une  partie  des 
pentes  qui  descendent  au-dessous  de  la  route  de  la  Pépinière,  vers 
le  fond  de  la  vallée  et  remonte  sur  la  rive  gauche  de  TOued  ben 
Djelloul  jusqu'au  petit  plateau  du  Bordj  ben  Tarzi. 

3^  Enfin,  l'étage  se  termine  par  120  mètres  de  marnes  feuilletées, 
en  couches  puissantes,  bleuâtres  d'abord,  puis  grisâtres  et  finale- 
ment jaunâtres  au  sommet.  Elles  renferment  à  leur  partie  inférieure 
des  calcaires  craquelés,  esquilleux,  grisâtres,  veinés  en  tous  sen<^ 
de  filonnets  de  calcite.  que  Ton  retrouve  d'ailleurs  dans  tous  les 
mamo-calcaires  crétacés  de  la  région.  Dans  leur  partie  moyenne 
se  montrent  des  calcaires  schistoîdes,  facilement  clivables  eu 
plaquettes  riches  enAfacroscaphites,  HanmUna,  etc.,  et  renfermant 
aussi  des  empreintes  de  fossiles  végétaux.  Dans  les  marnes,  on  voit 
des  représentants  des  genres  Phylloceras,  Lytoceras,  Macros 
caphites,  Hamulina,  Ptychoceras,  Desmoceras,  Silesites,  Oppelia. 

La  partie  supérieure  de  cette  zone  est  intercalée  de  plaquettes 

noires,  parfois  jaunâtres  en  dehors»  contenant  des  écailles  et  des 

nageoires  de  Poissons,  même  de  petits  Poissons  entiers.  Souvent 

ces  restes  d'organismes  se  présentent  sous  une  belle  couleur  azurée. 

M.  Sayn  ^  pense  que  ces  plaquettes  à  Poissons  et  les  marnes  qui 

les  accompagnent  peuvent  être  aptiennes. 

I.  Loc.  cit.,  p.  1169-1165. 


ii8 


A.   JOLEALD.    —   ÉTUDE  DE   L*INFRACRéTAGE  ai  JailY. 


Il  ne  nous  a  point  paru  possible  de  partager  cette  manière  de 
voir,  car  nous  avons  recueilli  tant  au-dessus  qu'au-dessous  de  ces 
couches  une  série  d'Ammonites  que  toutes  nous  avons  trouvées 
dans  les  couches  à  Hamiilina.  Ce  sont  : 


PhylloceroH  cf.  senini  Oppel. 
Phylloceras  cf.  Ernesti  VhWfi^. 
Phylloceras  infnndihnlnm  d'OrI). 
Lytoceras  numidnm  Cah\. 
Lytoccras  DiwaV  d'Orl».  var. 
Macroscaphites  Yvani  Puzos. 
Macroscaphitcs  Ficheurl  Sayn. 


Desmoceras  strettostoma  Ulilig. 
npsmocrrns  Anf^ladci  Coq. 
I)t*smocera8  \ahdaha  Coq. 
sursîtes  Seranonis  d'Orb. 
Dfsrnocerns?  Oouxi  Sayn. 
Turbo  Astaroth  Coq. 
yucnla  Ouachensis  Coq. 


Ces  couches  à  Poissons  ne  sont  d'ailleurs  autre  chose  que  le 
calcaire  fissile  bitumineux  de  Coquand  '  couronnant  les  marnes  de 
la  Vallée  de  Stafrens  -  que  ce  géologue  inclinait  déjà  à  rapportera 
TAptien.  mais  eu  laissant  toutefois  leur  attribution  définitive 
subordonnée  à  la  découverte  de  fossiles  caractéristiques.  Ces 
fossiles  existent  et  nous  venons  de  les  énumércr.  Mais  il  y  a  plus, 
M.  Pomel  3  a  signalé  dans  la  vallée  du  Sig,  des  «  marnes  schistoïdes 
contenant  Scaphiies  Yvani  et  quehiues  débris  de  Poissons  »  qu'il 
rapporte  au  Barrémien.  N'y  a-t-il  pas  identité  enti'e  ces  dernières 
couches  à  Poissons  et  celles  du  Djebel  Ouach.  Il  ne  semble  pas 
possible  d'en  douter  et  l'attribution  des  unes  et  des  autres  au 
Barrémien  parait  absolument  rationnelle,  nonobstant  la  pi*ésence 
de  quelques  Ammonites  aptiennes  dans  nos  marnes  supérieures.  Il 
faut  ajouter  aussi  que  l'Apticn  inférieur  et  TAptien  supérieur  sont 
déjà  représentés  dans  le  voisinage  dç  Constantine  par  les  calcaires 
à  Réquiénies  et  par  ceux  à  Ostrea  ar/uila  d'Orb.  et  Epiaster 
restrictus  Gauthier  *. 

L'ensemble  du  Barrémien  du  Djebel  Ouach  nous  a  fourni  plus 
de  i6o  espèces  de  fossiles,  dont  une  centaine  d'Ammonites. 

Nous  avons  cru  utile  de  les  réunir  dans  le  tableau  suivant  en 
indiquant  les  couches  dans  lesquelles  nous  les  avons  recueillies, 
leur  degré  d'abondance  ou  de  rareté  et  les  différents  étages  de 
la  série  infracrélacée  où  elles  ont  été  découvertes  antérieurement. 
Nous  mentionnons,  à  la  suite  de  ce  tableau,  une  vingtaine  d'espèces 
signalées  par  MM.  0)quand,  Cotteau,  Peron,  Gauthier,  Heinz  et 
Sayn  qui  ont  étudié  le  Djebel  Ouach,  espèces  que  nous  n'avons  pu 
retrouver,  la  plupart  n'étant  d'ailleurs  pas  figurées  et  étant 
insufîisamment  décrites. 


1.  Méni.  Soc.  Frnul.  de  In  Provence,  1^62,  l.  H,  p.  ^3. 

2.  CVst  la  vallée  (IfTOued/ied  qui  descend  des  hauteurs  de  la  Médita Tafrent. 

3.  Loc.  cit.,  p.  .V). 

4.  FicHBUR,  Loc.  cit.,  p.  85. 


igai    A  vAciAs  vasecx  pélagique  en  Algérie  et  en  Tunisie      119 


DÊSiaNATION 
nus  E-WÈCBs 

i 
l 

î 

1 
i 

1 

î 

ÉTAGES 
diai  lesqufli 

signiJi'i  «a  Bu 
e1  en   \ni*riq 

mp. 

OHSERVATIONS 

Caractëreh  saillants 
des  bspëcbs 

3 

i 

i 
1 

2 

i 

1 

PoinoM  indél.  .... 
Tnefê  vermifarmt»  .   . 
Phrilocerag  aff.  »ernm 

opp^i 

P.  TMx»  H-Orb.  .  .  . 
P.  ff.  rhftj-a  Sayn.  - 
P.  spec,  indél. ..... 

/*.  Gortli  Kilian  '  ?  .  . 
/'.   i<r.    seniigiilcQ^m 
tfOfb 

P.ff.C<.r/a.-an//<i'Orb.? 

P.  cf.  Ern^^li  Uhlig  .   , 
f.spcc.  indél 

P.  Miripsa  Coq        .    .    . 
P.    Cf.    in/Hn((i6alHm 

3 

a-3 
a-î 
3 

3 

3 

3 

3 
a-3 

3 

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C.  C. 

R. 
R.H. 

A.  C. 
A.R. 

Voii^n  df  W.  TAfli,.  dOrb.  p.r  « 

Loiin    orn^    pn   Invcn  de    Inruei 
cAlfs,  pru  Millanlei,  qui  pcrUiDl  du 
pourtour  Af.  l'ombilic  et  font  dirrclr- 
menlilu  r*([ion  ïenlrtle,  qti>ll«lrii- 

lrf'iKr*)«  rappelle  celle  'd«  c«l«  de 

niolnii  rspide  nue  dans  le  lypede  d\)'- 

l,'ï!^^m'^u''pir<leV'",o,'ird!,lour' 
11«ppel>   ..«i  /-A.  n.,.„n,:U  R,H... 

ombilic  un  peu  plus    élroil. 
Svn.  :T^n..1«parCoq. 
Voisin  de  Ph.  MMpia  Coq.,  ».>>  de 

lirsnde  toill?  {3.1*>|.  renDt,  om^  de 

1  sillons  rcdiliene». 

ninl,  plus  rcnlU.  nmé  de  oMes  «,il 
IaWo  dons  IB  r«Rion  ombiiicde,  diri- 
-J«  ru  fln«.ffie.,ork  région  «n- 
lr«lf  ;  la  li^nc  lulunle  j  e.1  moins 
ilécfflipée, 

Ropj«llu  un  peu  /..  Jaubfli dOrh  por 
In  WgeuT  dr  jpi  liHirs.  muis  ne  prii- 

P.  ipe<-.  indét.  .   .   .   . 
lytnrrraa    namidum 

i.  ipec.  indét.   .   . 

1.  KtuAN,  Archive»  du 
■L  Kilian.  B.  S.  G.  F. 

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d« 

ij-o 

1.  V,  Mém.  n-  3,  p.  5,  pi.  I,  flg.  3. 

A.  lOLXAVU. 


r  £tcdb  de  h'mFBAOBàrAcà 


LytoceroH   erebriaulcn- 
tuiii  l'hlifc 

L.     rf.    ulrangulaliw 
d'Wi-l)  ? 

L.  Gpec.  indct 

L.  spec,  inili'l 


R.  It. 
B.  n. 


.U.  Ficheuri  Snyn 


OBSERVATIONS 


Uppdic  un  peu  l.ylettrta  jlrdnaii- 
/alun  d  Orb. 


Cnquillf  un  pTM  «mpriinfe,  \*fjhtrann 

\  auroiAKemml  rafiiilr.  Spir*  ciyta- 
wM*  de  roiin  preK|iiB  qiriM^rui^- 
[>>r«  arrondi)  lu   bord,  Irt.  Irf«r«. 

l'oBbilic  aur  Jh  d'fua  lii^n.  da  lear 
lar^ftur.  Sitr  U  coqviUp  k  d^T«lofr- 
prnl  depuis  la  pourtour  da  rfmibilic 

lÙ|[ioil  TIDtnla  um  large,  prjiiea- 

profDndfiir.  S^  diiiiarua   Ar    t'oït. 

ignadruDiiuliireii  ri.  »  I^m  inlunla 
|i]iu  limplt. 

Typs    (Tl.    BiBlalton 


I.  Joarn.  de  Conchyliolog.,  (i>,  III.  [>■  41'.  pl-  XIV,  Cr.  lO,  ij.  —  Mêm.  S.  G. 
F.,  (a),  'N',  I"  partie,  p.  i^a.  pl.  III,  lifç.  ifl,  i;.  —  Mêm.  Sac.  d'Emulation  dr  tu 
Provrnce,  II,  p,  iSJ,  pl.  i,  liK-  ii,  ib.  , 

a.  Jalu-buch  drr  K.  K.  tribal.  lipiehsonutall,  XXII,  p.  j4. 

3.  KiMAN,  -Inn.  t'niV.  Grenoble,  VIU,  n- 1,  1896. 

4.  KiLiAN,  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXm,  p.  3:i. 


IÇpI      A  FAClls  VAUCX  PÂliAGIQUI  XN  ALG^RIlf  ET  EN  TUNISIE        131 


DÉSIGNATION 
DU  EspAcbh 


indet.  UhliK  '   ■       - 
Ptrchoeeraa     cf.     toi 

H»tti 

Boehianitei  et.    Reoco- 

minuit  d'Orb. 
B.l  sprc.  indet. 
l'iUthrUia    camprtaaix- 

linia  d'Orb.  .       .   . 
".   cr.    Srklambrrg: 

ITicLlïB' 


P.  Saueageaai  Hcrm. 


P.  Chanitamleri  Sayn 
''.  OnackrnBÏs  Coq.  . 
P.  LoHoli  \ickl<-s  '  . 


ET*GE5 


OBSERVATIONS 


'uleh.  Maltaaa  Nickl«>  < 
1  régioo  vBnlMl»  oHIcnwn 
\t,   iDD  premier  robo  lalf» 

DDgiulGunttl'in  diiiinguer 
11  gniiipe    fempTmtnlmt 


Gcrhardl  <■  te  diiKnii 


hible  é|Hiu 


Hifùnii.  1rè>  ûritiu.  de  chncim  lin- 
qiicli  pnrlfinL  îi  cAlu   peu   rlev^u. 

'uIÏii''*m'' «"'r^ii'Mii'î  «ïat  !' 


I.  Denkfchriflen  der  math.-nalurw.  Classe  il.  k. 
ehafirn,  'fi.  p.  ii6,  pi.  XllI,  Ùg  G.  ». 
%  Mém.  S.  G.  F..  (4),  UI,  p.  18.  p.  Vm,  Ur.  9,  10. 
1  Xeuea  Jarhack/àr  ifin.  GioL,  U,  suppl.  189a. 
i.  Mem.  S.  G.  F.,  (4),  ffl,  p.  Ifi.  pi.  VU,  lîg.  14, 

6.  NicKL&b.  Gcol  dis  cnv.  d'AlicoDlc  cl  du  Valen 
:■  Mém.  S.  G.  F.,(l),  m,  p.  hi,  pi   VI.  lig.  8. 


A-.  Akademie  der  Wiaaen- 


133  A.  JOLSAVD.  —  érUDE  DE  L'iMPRACBéTACi  31  JsDT. 


— 

1 

ÉTUGES 

dini  l»»(iiFFi  1» 

-1 

fa»ii»  onl  *t* 

>  M 

•ignaMa  »»  Europe 

P 

1 

M  en  Amfriqu" 

OBSERVAllONS 

DÉSIGNATION 

^- 

ë 

B5:n 

^ 

DRS  Espaces 

il 

il 

^ 

« 

DBS    R8PËCBS 
NOUI-ZLI.BS     OC    PHI-   COXXtU 

=  1 

t 

j-J 

= 

< 

û 

K 

5 

PulchetUa  Hetmi  Coq. 

J, 

R. 

P.  spec.  ind 

R.  lï. 

(»rbardt>q^r4pe'1e!!?pauPkInl. 

culoautle  pourtour  de  I'ohiIhUc; 

moini  wotond  el   lurloul  h»  càttt 

/'.  roronaloiden  Sayn  . 

a-3 

R.  R. 

V.  nov.  sprr 

R.R, 

par  aa  rtgknl  Tnilr*ls  uki  brga, 
un   p.«  ^Tcmdi.  .ur  1«  lwE«l 
rormte  de  dwi  aurficca  trii  IMn- 
tneul  eODTe«».  •«p.rt»  par  ub^IIob 
A  bord>  arrondis  ;  pir  mi  cAM  flOM 

qiii  BDiurnl  dtai  le  lilloa  «Btnl 

nuibilic  ai>«  Uiïe.  »  apire  compri- 

P.  hoplitiformU  Sayn  . 

a 

R.  R. 

~ 

P.  nov.  apec 

9 

R.R. 

ï^*«  Tab^  dirt^"V«M(.'îllï 

le  neiil  nombre  d  entre  ellea  qui  toat 

par  son  canal  .enlr»!  beaumup  plui 

iFOlrale  mniu  ïâfgeel  pl»i  (rroodia. 

P.  Damremonli  Sayn  . 

R.  R 

Loryî  ........ 

R.R 

P.  tabcaicedi  Sayn  .    . 

R.n 

R.R 

— 

R.R 

1.  Loc.  ril.                                                                                                                           1 

ï.  Bull.  .Soc.  Stalis 

de 

fisèi 

.« 

.111 

p- 

3.>.t 

l    !.  lig.  »-3-                                   1 

I90I       A  rAClÂ*  TAftEUX  PÉLAGIQOE  EN  ALOÉBIE  ET  SK  TDNISIB        133 


DESIGNATION 

DIS  ËSPÈCGH 


P.  Zàllfri  NicklFS  » .  , 

P.  Va»jfrp/ Coq.  '.    -    . 

^moceraH   sireltosto- 

nUIJig    ...... 

!>■  Sf/fueiute:  Coq,  .   , 


ÉTAGES 


OBSERVATIONS 

CARACTfillEa   SAILLANTS 


noi  m  profond^nuD  l  tehn  d- 
IV  rapide,  \a  cAUit  plui 
nbilic.  SFlTagtal  presque 


f  de  Colomb»),  an  loun  pli» 
FmeDtquidrBDguloir»,  inlubtr- 
«  dfl  la  T^Lod  liphonile  étant 
.lunitiit  «bhipli  >i>-d»>ui  du 
il  el  d't  famint  iuuim  pcRIf . 
Piileh,  du  btouiv  de  />.  canprMtfi- 
iima  Gerfiarril  l .  voiHne  de  11  prtc«- 

nttre  tiil.  wh  c«le>  moir»  Hillanlea 
.u  pourlDur  de  l'ombilic,  m  tiibçr. 

élevée.  Min  ombilic  ptOH  pHil.  u 
*iaion  ventrale  plui  larn.  «on  ouvrr- 
urf  ï  »ine  rKtaiiïulmre.  Elle  « 
liitinpiH  de  P.  provinrialil  d  Orh. 


I.  L«o.  cil. 

a.  fl(>  geognoatiche  Verhàltniiae  yeu-Grenadas,  pi.  iU,  f.  3. 

î.  .l/êni.  S,  «.  F„  Palcont  ,  (I),  i.  n"  4,  p.  ij,  pt.  I,  lig,  tn-i6  ;  pi.  III,  llg.  4. 

i-  .Wm.  S.  G.  F.,  (a),  V,  i"  porlic,  p,  l4  .  pï.  Ul,  lig,  l4-l5.  —  Journal  de 
Coiicbj-oL.  m,  p.  43o,  pi.  XIV.  lig  i4-i5.  —  I'hlic-  Denkschriften  der  malh.- 
Ufonv.  Cla»»e  d.  k.  k.  Akademie  der  Wîasenchaften,  i883,  46,  p.  3^;. 

j.  .Wrân.  .Soc  Aniii/.  de  la  Provence,  t.  n.  1896.  p.  ifi8. 

6.  pA<juisit.  Bail.  Soe.  Slal.  hère,  (4),  V,  p.  :)gg. 


A.   JOLEAtm.  — '  ÉTUDE   DB  L'awmACKttÀCÉ 


DÉSIGNATION 

DES   EspicER 


OBSERVATIONS 


'  DtMmoceroê  ep.  indeL 


^  i>.  XabdaUo  Coq.  .  . 
D.  alT.  .VoMaiaa  SajB 
C  Angladei  Saj-n  . 
£1.  g'rteliKom  Coq.  . 
^  cirfcfur  Sayn 
,  D.  focontium  Sayn  et 

Lary  ' 

D.  Goaxi  Sajn  . 
A.  cf.  difficiU  d'Orb. 
!  Siletilet  5«raiionii 

dOrb 

<  5.  air.  Seranonia  Sayn 


S.  intfrpoêita»  Coq. 
Opprlia  nov,  spec.     . 


O.  et.  aptiana  Sarrat.  ' 

Holcodi»cu»    Gastaldi 

dOi-b 


N  Mnietr  Coq.  —  ^^cm. 


S^B.  :  Am.  im^rr  ettuiuê  Coq.  — 


.(h.  Ozymof  Hflu. 


«  dttrinpie  de  ^p-  .Vjtwf  d'Orb.  par 
■A    ligB«   tubiruF    oHHrii    finvinaal  I 
iHcvftf  «  vm  t*  lot»  l>l*nl  plui  1 
dusimMnqiK-  Opp  .VUaid»  Sun-    1 
sn  >  >>n  >^-«  par  m.  idle  lipbo-    ' 


.  I  Gta.  BaugI  Suntia  *.  ! 
«dk*  Mi«nllw.MnaDi  I  hotla: 

ripproebent  dv  fj^r  juBpotfitffA, 


1.  NiciŒÈs.  c.  ft.  -le.  AV..  cvm.  p.  :4- 

3.  KiLiAS.  B.  S.  G.  F..  (3>,  XXIU,  p.  :iî. 

3.  BuH.  Soc.  Slalial.  de  fhére.  (J).  111.  p.  aï.  pL  1.  Ûg.  ^S. 

i-  B.  .S.  O.  F.,  Ci).  XXI,  p.  lig  et  siiiv.,  pL  IV.  VI. 


1901      A  FACifts  VASKDX  p£la.OIQUB  EN  ALOÂHIB  ET  KN  TUNISIE        135 


DÉSIGNATION 
DU  EsrËcsa 


B.  nutamarpideug  Coq 
•per.' iudet.     .   .   . 


H.  algim»  Sayn 
loni  Coq. 


B.  nungloaenii»  Scyn 
H.  aMîitriformië  Ssjn 
B.c.t.Pereii  dOrii. 
A,  Sophonitba  Coq. 


OBSERVATION 


Se  diiUngun  At  Hait,  divirn-fauatiu 

Ku  plut  krla,  bi[iirqué«  plui  ttt, 


btuigonale  plai  tir^  que  hAuie;  wn 

Ji  diffirenne  f.dltnwnl    da  ffort. 
C'aifJauifi  d'Orb. 

Syn.  (>ir.|  /Teh.  Geronlmœ  Stjn. 


cM- 

t  m,o  birurqie.  .p.4.  l.^„b;,- 
be««l«.  plurioœb™»  e.  plo. 

oiliD 

hfb 
ph, 

de   Hoir,  algirut 

f   it  >e9   li.lHTCi.Ie> 

)«rgrt  que  hiiuu  *  0 

Jiirci 

Eigee  dHD>  te  genre  tfotcodisevt. 


I.  NicKi^s.  .Uém.  S.  G,  F.,  Paléonl.,  4,  I,  a.  —  Nicklès,  Geol.  env.  dir  Valence 
t  Alicaate,  1K91.  —  Kilian.  Ann.  geol.  unit:,  VII,  p.  âuo  et  Hai'g,  p.  971. 
s.  XicMi».  G*ol.  env.  Valence  et  Alicante.  -  Kilias.  fl.  S.  O.  F.,  (i).  XXllI, 

3.  >icitt*9.  C.  J?.  Ac.  Se.,  CVm,  p.  j^. 


.    JOLEAID.  —   ÉTUDE   DE   l'iNFR ACHETA CÉ  31  JailV. 


DESIO'ATIOX 


OBSERVATIONS 
CuiAtrriitEti  saiu^xts 


HoUodiacaa  dov.  spec. 


H.    «(T.     druenfiai-u* 
Kilian  ........ 

//.  sjM'P,  inilet 

UoplitfH  Lamoricieri 
S«jn 

H.  cf.  Beakidrnsi» 
Lhlig  ' 

W.  Gelimer  Coq.     .   .   . 


.Icanfftocprofcspec.iiicl. 


t.  UpnkschrifU'ii  il'-r  m 
pi.  XX.  llK.  la.' 
j.  Fuss.  dÔLT.  pur  Coqui 


(l/i.-n»f.   '.(,   rf.   k.   k. 
iid,  pl.IV. 


B»lt.  du  ;mupf  ik  «tic  Sopùnùèa 
âftvm-  4  ruquiUe  lorawe  de  toura  Ir^ 

l'aiibiLic  d«  Il  i  11  1ub«rtukn  br* 
luD^.  «pit.  u  nïDnrbcnl  en  ■rrièt 
ijuuid   J>  wDl  «nplrtrioeal  <U<n 

■ui  pr^rMmli.  nuii  plui  rcmné 
In  un*  dei  bUrea  :  régiua  realrd 
«ilrtaiFinrDi  Urge  ;  lobei  et  trUti  _ 
pciqr  d^«iupé<;  premier  loba  Ul^ral 
Bojljé  BDLDi  long  que  le  Tenlr«J; 
Ifi  luheifulc*  iLpDoaKDJi  ii'»pp«Tmu- 
■cnl  qu  ■iiu  Urd  et  l'iUongenl 


rappelle  par   ce  ctnclire   reJI«  i 
M.  nrirp/Diieiuii  S>;b. 


Bopliltt  ToUi»  de  l'npèce   prtct- 

Il  figure  de  Heiai^laan  um> 
lAiyri.  t  cAle*  bifurquéei.  et  Luber 


.U(»J.  d.   U'Vss.,   4«,  p.  : 


igOI       A  FACIÈS  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALOÉftIE  ET  EN  TUNISIE        1^7 


DÉSIGNATION 
DES  Espèces 


Àranlhocfras  cf.  nu 
uteoitatam  d'Orb. 

Criorrra»  aff.    Emerici 
Uïfilli- 

C.cJ,aili-Kiavum  L'hlig. 

'.'.  rf.  brève  d'Orb. 


TnxoLrnu  spcc    iudft 


T.  Oaackenitr:  Coq.     . 
ï"-  Hrnoni  Coq     .   , 


AKxtorermt?  sp,  inilf  t 


'^-iff.,Uo/Aproni  d'Orb 
Helfroceras  et.  Aatiei- 
dOrb 


UBSEUVATIONS 

CaHACtArKS   SAlLLAK-ra 


Fnpnmt  dr   coqiiiUf   droJL   ï   loun 

Coquille  om^  de  c6i«b  Don  luberctilée* 
»iir  in  r^ion  venInLc  qu'eUn  in- 

Rippdlc  Taxoeerai  llouerl  d'Orb.; 
unn  plii>  ulllanln  (lorUnt  lur  ibi- 


CoqiLÏUc  ornép  de  cAIh 


.luniKC  du  puinl  < 


Coquille  oratt    At   lanet  côte*  oUi- 


138  A.    JOLEAID.    —  ÉTUDE   DE   L'iTiHACSÊTACB  SI  JanT. 


DÉSIGNATIUN 

DBS  EsntCES 


îi 


OBSBRTATIO>^ 

s  BAtlXA 


A.  R 

C. 

.  A.  C. 

R. 

R.  R 


Leptocertu  eiuia  Coq.  . 


£,.  CirbeCoq 

L.  ipec.  indet.  Sayn  .   . 

L.  cf.  mbtile  Ublig  .  ■ 
j4ptrchiM spec  indet.  . 
BeUmniU*    Fallauxi 

Uhlif' 

B.ct.  pUllllifûrmiiiB\\ . 
B.  carpalictis  Lhlig  '  . 
B.  minaret  Ite»])  .  .  - 
B.  cf.  polygonaliê  Blv. 
B.  Bpcc.  indet.    .   . 

B.  spcc.  indet.     .   . 

B.  spcc.  indet.     . 
Duealia     cf.    binervia 

Rasp 

D.  spec.  lodet 

/}.  cf.  Gra«i  Duval.  .  , 
D.  cf.  Emerici  Blainv. 
-ncAo/*u(ft(»  Henoni 

»q 

PAaaJaftflfa  Mynùdoi 
Cocj 


1.  Denksclii-iflen  der  math.-na 
eha/ten,  î6.  p.  i;;,  pi,  I,  ûg.  î,  i 
a.  Id.,  p.  i;;,  pi.  3,  fig.  i. 


ai  liibtimlfct  Hrli  nponmil 
U  IVK  Hitur&lp  indiqn*  nette 

.tinUlF    MiDbliblc   t  l4    prteédHte 
nuit  pM-fnUni  de  diilua  «■  di>- 

raxMTFa<  amiuiapij  d'Orli.;  ligM 


e  deux  itlIoBi  k  pcte* 

nurqué  de  pDoctiu- 
'    "Un  de    /M. 


profoBdé- 
Conique  fuu  Inee  ^paimle  de  i 


lUj^Ie  Dut.  Unervla  Eup. 


■.  Classe  der  k.  k.  Akademie  der  WiMitn- 


IgOI       A  FAClis  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALAÉRIE  ET  EK  TUNISIE        lOg 


DÉSIGNATION 


Tarbo  UtiPtuU  Coq. 
T.  Axtaroth  Coq  .  . 
T.  tpec.  îndpt.     ,   .    . 


indet. 


Ctrithiam  spcc.  indet. 
Mtarte     acuîiroatris 

C"I 

"CIspoc.  indrt 

iatiaa  tciUpta  Phill.  . 
Xtara  TanilCaq.  .  . 
-Varola  OitaehensisCoif, 

'V.  tpcc   indet 

Xualina     Ouachenxis 

^   

■V.  ipec.  indvt 

Uia  et.  scapha  d'Orli. 
^Ka  spce.  indet.  .  .  . 
''^)ra?npec.  indet.  .  . 
^lUina'!  spce.  indel.  . 
PitlnalpinuM  d'Orb.  . 
JftHvnrmus  spi-e.  indet. 
Ottrra  spee.  indel.  .  . 
Cartiium  sjice.  ind.  .   . 

Gioètolhjrria  et,  hippo 

pu  Hiciu 

Tiixaiiifi-7  spec.  indet 
CMyritm  ardua  Perun 

cl  Gaulliier 

fn>ehoejrathnnl%^.iaA 
Plalj-fialhaa?  sp.  ind. 
^^tfpiera  ind.  3  espcees 
^cn  de  plante»  indet 


vj  Aobt  igoi.  —  T.  I", 


Bail.  Soc.  Géol.  Fr.  ■ 


i3o 


A.   JOLEAUt).    —   ETUDE   DE    l'iNFRACRÉTAGÉ 


ai  Janv. 


Les  auti*es  espèces  indiquées  au  Djebel  Ouach  par  les  divers 
géologues  qui  ont  étudié  ce  gisement  et  que  nous  n*avons  pu 
retrouver  sont  : 


Belemnites  aubfusiformis  d*Opb.  *. 
Aptychus  Numida  Coq.  * 
Aptjrchus  Caïd  Coq  ^ 
Ammonites  Nisus  d'Orb.  * 
Ammonites  diphyltus  d*Orb.  * 
Ammonites  Grasianus  d'Orb.  • 
Cerithium  Adherbal  Coq.  ' 
Nucutana  nana  Coq.  ' 
Metaporhinus  Heinzi  Coq.  » 
Belemnites  Orbignjri  Duval  * 
Ammonites  Sînzora  Coq.  ^ 
Ammonites  Gurzil  Coq.  ' 
Ammonites  Gitdon  Coq.  ' 
Ammonites  Mazuca  Coq.  ' 


Ammonites  Emmelina  Coq.  ' 
Straparoltus  inexpectatuê  Coq.  ' 
Cerithium  Henoni  Coq.  * 
\ucula  Henoni  Coq.  ' 
Cardium  modestius  Coq.  ' 
Collyrites  ovulum  Desor  * 
Collyrites  ardua  Peron  et  Gauthier  * 
Pulchellia  sp.  indet,  Sayn  * 
Lytoceras  Jauberti  d'Orb.  • 
Siiesites  cf.  oulpes  Coq.  ' 
Holcodiscus  afT.  Sophonisba  Sayn  ^ 
Holcodiscus  nov.  spec.  Sayn  ' 
Hoplites  off.  asperrimus  Sayn  ' 
Belemnites  semicanaticulatus  Blv.  • 


Il  ressort  du  tableau  précédent  que  les  caractères  généraux  de 
la  faune  barréniienne  du  Djebel  Ouach  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

a)  Caractères  communs  aux  assises  inférieures  et  supérieures. 
i^"  Extrême  abondance  des  individus  dans  les  espèces  des  genres 

Phylloceras,  Hanmlina  et  Crioceras  s.  1.  (déjà  existants  dans  la 
mer  néocomienne). 

a"*  Rareté  relative  des  individus  dans  les  espèces  des  genres 
CostidiscuSf  Macroscaphites,  Pulchellia^  Siiesites,  Holcodiscas 
(qui  apparaissent  pour  la  première  fois  dans  la  région  méditerra- 
néenne à  Tépoque  barrémienne,  à  de  rares  exceptions  près). 

3°  Persistance  des  DuQalia  des  groupes  binerçia  et  Emerici,  qui 
dans  cette  région  caractérisent  généralement  le  Yalanginien  (Mon- 
tagne de  Lure,  etc.)  *. 

b)  Caractères  particuliers  aux  assises  inférieures  : 

1°  Multiplicité  des  espèces  dans  les  genres  Pulchellia  avec  q3 
espèces  et  Holcodiscus  ^^  avec  i5  espèces,  genres  dont  le  plus  grand 

I.  CoQUAND.  Mém,  s.  G.  -P.,  (a),  V,  i'*  partie,  p.  m. 

a.  CoQUAND.  Mém,  de  la  Soc,  iVémul,  de  la  Provence,  t.  II,  p.  4». 

3.  CoQUAND.  Bull,  Acad,  Hippone,  i5,  p.  8a,  ia3,  aa4,  et  Suppl.,  p.  363  ù  370, 
379,  383,  386,  393. 

4.  CoTTEAU,  Pkron  et  Gauthibr.  Annales  des  Sciences  géologiques,  1884. 
Echinides  de  l'Algérie,  p.  64-^. 

5.  Hbinz.  Foss.  décrits  par  Coquand,  pi.  photog.  I. 

6.  SAYy,  Feuille  des  Jeunes  Natur,,  octobre  1889,  p.  1664 

7.  Sayn.  Bull,  Soc,  Agriculture  de  Lyon,  1890. 

8.  Ubinz  in  Papibr.  Bull,  Acad,  Hippone,  n«  a8,  p.  106. 

9.  C'est  l'existence  de  ces  formes  qui  avait  fait  comprendre  à  tort,  le  Barré- 
mien  d'Algérie  dans  le  Yalanginien  (Pomel.  Descstrat,  gén,  de  V Algérie,  p.  67) . 

10.  M.  Pellat  {B,  s,  g.  F.,  (3),  XXUI,  p.  4a6)  signale  l'existence  à  Brouzet 


igOI       A  FACIÈS  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALGERIE  ET  EN  TUNISIE        l3l 

développement  a  lieu  dans  le  Barrômien  inférieur  (horizon  de 
Combe-Petite  de  la  montagne  de  Lare). 

09  Persistance  d'un  Phylloceras  du  groupe  semisulcaium  (groupe 
généralement  considéré  comme  éteint  avant  la  période  barré- 
mienue)  ^ 

c)  Caractères  particuliers^  aux  assises  supérieures  : 

jo  Petit  nombre  des  espèces  dans  les  genres  Macroscaphiies  et 
SUesUes^  chacun  avec  trois  espèces,  Costidiscus  avec  deux  espèces, 
Heteroceras  avec  une  espèce  seulement,  genres  caractéristiques  du 
Barrémien  supérieur  (horizon  de  M onteyron  de  la  Montagne  de 
Lare). 

30  Existence  simultanée  d'espèces  franchement  barrêmiennes  et 
de  quelques  espèces  considérées  plutôt  comme  aptiennes  appar- 
tenant aux  genres  Pkylloceras,  Lytoceras,  Oppelia,  Ancyloceras. 

Les  Pulchellidés,  si  bien  représentées  au  Djebel  Ouach,  se  retrou- 
vent, mais  en  moins  grand  nombre,  sur  quelques  autres  points 
barrêmiens  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie  *.  Dans  leur  migration  vers 
Test,  ces  Ammonites  de  Colombie  ^  ont  ainsi  passé  au  sud  du  massif 
ancien  de  la  Méditerranée  occidentale,  comme  elles  passaient  au 
nord  pour  gagner  la  pi*ovince  d'Alicante,  les  Baléares  et  plus  loin 
la  fosse  préalpine.  Toutefois  ce  changement  de  milieu  ne  paraît 
pas  avoir  favorisé  leur  multiplication  :  c'est,  du  moins,  ce  que 
semble  indiquer  la  rareté  des  individus  dans  les  différentes  espèces 
et  leur  disparition  presque  complète  dans  le  Barrémien  supérieur. 

En  dehors  du  Barrémien,  voici  les  terrains  qui  se  trouvent 
représentés  dans  la  partie  de  la  montagne  qui  nous  intéresse,  ainsi 
qae  dans  l'espace  qui  la  sépare  de  Constantine  : 

a)  Le  Trias,  près  du  couvent  du  Bon  Pasteur  avec  ses  calcaires 
jaunes  de  miel,  ses  marnes  irisées  et  ses  cargneules. 

b)  L'Inkralias  *  dont  les  bancs  puissants  de  calcaires  bleuâtres 

et  à  Ltissan  (Gard)  des  Holcodiscus  de  Constantine,  dans  un  faciès  mixte  à 
Spatnngues  et  à  Céphalopodes. 

1.  DR  Lapparknt.  Traité  de  géologie,  4*  édition,  p.  12^7. 

a.  Ce  sont  :  Mendcs(/^iik*/i  Sanvafiçeaui),  Sidi  Merzoug(PH/c/i  Sauvageaiii) 
et  Teniet  el  ilaad  {Pulvh.  coinjtressissima)  dans  la  région  d'Orléansville  ; 
Djebel  el  Akkal  {Pulch.  Snuvaf^eaui)  et  Aïn  Zaïrin  {Puleh.  Masylœî)^  dans  les 
enWrons  de  Constantine  ;  Oued  Cheniour  (?)  {Pulch.  MasjrliEi)^  Djebel-Taïa 
iPulch  OuachcnsiSf  Sauvageaiii,  Heinzi,  coronaloidesy  etc.),  Guelina  (Pulch. 
San  *ageaui  et  a  Pulch.  nouvelles)  et  Medjez-Sfa  {Pulch.  Saiivageauif  compres- 
sissinia,  Zeilleri,  etc.)  dans  le  bassin  de  l'Oued  Cherf;  Ilanimani  Lif  {Pulch. 
Saaçageaui)  en  Tunisie.  —  [Arlal  {I*iilch.  compressissiniaf  Sauvageaiii,  pro~ 
vincialis,  Ouachensis),  dans  le  bassin  de  la  Tafna  {Note  ajoutée  pendant 
timpresêion)]. 

3.  DouviixÉ.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVIU,  p.  234. 

4*  M.  DB  Lapparrnt  (Traité  de  géol.,  4*  cdit.,  p.  1084)  dit  que  les  plaquettes 


I^  A.   JOLEAUD.   —  ÉTUDE   DE   l'iNFRAGrAtACB  21  JanV. 

dolomitiques  recouvrent  le  Trias.  Nous  y  avons  trouvé  abondam- 
ment Mytilus  psilonoti  Quenstedt. 

c)  L'Aptien  ^  représenté  au  Djebel  Salah  et  au  Djebel  Kelal  par 
de  puissantes  masses  calcaires  à  Réquiénies. 

d)  Le  CÉNOMANiEN  '  du  Djebel  Sidi  Mcid,  formé  par  des  calcaires 
grisâtres  à  Nerinea  ci.Pailleteana  d'Orb.  et  Caprinula  Boissyl  d'Orb. 

é)  Le  TuROMEN  ^  qui  surmonte  le  Cénomanien  et  est  constitué  par 
des  calcaires  gins  à  SphœruUles  et  Hippurites  cf.  inferus  Douvillé. 

/)  L*Emschérien  immédiatement  au-dessus  des  formations  pré- 
cédentes qui  se  reconnaît  à  ses  calcaires  blancs  en  dalles  dans 
lesquels  on  a  trouté  Micraster  Peini  Coq.  ^  et  où  nous  avons  cons- 
taté la  présence  d'Ostrea  proboscidea  d'Archiac. 

g)  L'Aturien  qui  recouvre  en  concordance  TEmschérien  sur  les 
flancs  du  Mansoura  et  sur  le  sommet  du  Djebel  Sidi  Mcid  et  a  été 
relevé  sur  les  bords  du  Djebel  Kelal  avec  des  marnes  grisâtres  con- 
tenant JB'pûzs^erperrucosu»  Coq.  3,  Thecideumct. papUlatumBronn. 
et  de  petites  Ammonites  feiTugineuses,  BacuUtes  cf.  anceps  Lamk., 
Pkylloceras  (ou  Pachy'discus)  sp.,  Lj'toceras  sp. 

h)  Le  Danien  (?)dont  les  marnes  grises  renfermant  des  plaquettes 
de  calcaire  jaune  à  Inocérames  couronnent  TAturien  et  se  super- 
posent directement  au  Barrémien  supérieur,  à  gauche  et  à  droite 
de  la  route  de  la  Pépinière. 

i)  Le  MoNTiEN  (??)  *  caractérisé  par  des  calcaires  marneux  jau- 
nâtres avec  traces  de  végétaux  (?)  surmontant  le  Danien  près  du 
couvent  du  Bon  Pasteur  et  au  nord  du  rocher  de  Sidi  Mcid. 

j)  L'EocÈxE  INFÉRIEUR  représenté  à  la  surface  de  TAturien  par 
quelques  Ilots  de  calcaires  gris  blanchâtres  à  silex  et  par  des 
marnes  bleuâtres. 

h)  L'EocÈNE  SUPERIEUR  (Mcdjanicn)  ^  dont  les  grès  quartziteux, 
avec  lits  d'argile,  couvrent  les  sommets  du  Djebel  Ouach  en 
s'appuyant  sur  le  Barrémien  et  sur  TAturien. 

/)  1/Oligocëne  INFERIEUR  ^  aux  argilcs  grises  et  roses  à  Hélices 
dentées  de  la  rive  droite  de  Toued  Zied. 

m-n)  L'Aquitanien  *  et  le  Miocène  au  nord-ouest  et  au  sud-est 

calcaires  à  Mytilus  psilonoti  pourraient  bien  indiquer  THettangien  à  Souk- 
Ahras  (Blayac  et  Gentil.  B,  S.  G,  F.,  (3),  XXV,  p.  5a3). 

I.  FiGHBUR.  B,  S,  G.  P\,  (3),  t.  XXVU,  p.  90. 

a.  PoMBL.  Descr.  strat.  géu.  de  TAlgérie,  p.  98. 

3.  Bull,  Acad.  llippone,  n»  i5,  p.  a3o. 

4.  Une  succession  analogue  des  assises  du  Crétacé  supérieur  a  été  relevée 
en  Tunisie  par  M.  Pbrvinquiàre  (C  H,  Ac.  Se,  t.  CXXVII,  p.  789,  et  t.  CXXXl, 
p.  563). 

5.  FicHRUR.  La  Kabylie  du  Djurdjura,  p.  aai.  —  Ficheur.  Ass,  fr.  Asfanc, 
Se,  Bordeaux,  1895,  2'  partie,  p.  5^4. 

6.  FicuKUR.  B,  S,  G.  F.,  (3),  XXU,  p.  544. 


IQOI        A  FAGlis  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALGERIE  ET  EN  TUNISIE        l33 

de  la  bande  barrômienne,  représentés  par  des  conglomérats  rouges 
d*ai^le  et  de  cailloux  roulés,  contenant  parfois  aussi  de  gros  blocs 
de  grès  provenant  de  TEocène  supérieur. 

o)  Le  Pliogâne  du  Djebel  Sidi  Mcid  et  du  M ansoura  comprenant 
des  calcaires  travertineux  à  Lymnées,  intercalés  de  sables  jaunes  à 
Hippopotamus  amphibius  L.  race  major  Cuv.  et  Elepkas  meridio- 
naUs  Nesti. 

p)  Le  Pléistocêne  des  hauts  niveaux  des  vallées  d'érosion  avec 
cailloux  roulés  quelquefois  conglomérés. 

Nous  nous  proposons  dans  une  prochaine  note  de  faire  une 
étude  détaillée  de  ces  diverses  formations. 

L'affleurement  barrémien  du  Djebel  Ouach  fait  partie  dun 
anticlinal  dirigé  nord-ouest  sud-est. 

Au  sud-est  ses  strates  s'enfoncent  sous  le  Medjanien  et  au  nord 

sons  le  Crétacé  supérieur,  que  surmontent  de  puissants  dépôts 

aquitaniens.  Au  sud  il  est  sur  quelques  points  en  contact  avec 

rEocène  inférieur;  partout  ailleurs,  c'est  le  Crétacé  supérieur  qui 

le  recouvre.  En  face  du  rocher  cénomano-turonien  du  Sidi  Mcid, 

ce  dernier  étage  est  réduit  à  une  bande  de  20  à  3o  mètres  de  large, 

pincée  entre  deux  failles.  Plusieui^  autres  failles  limitent  d'ailleurs 

le  Barrémien  entre  Sidi  Mcid  et  TOucd  Zicd.  Sur  l'Oued  Zied 

même,  à  l'ouest,  le  Barrémien  s'infléchit  fortement  en  s'enfonçant 

sous  les  argiles  de  l'Oligocène  inférieur  de  la  rive  droite  du  ravin. 

Partout  c'est  le  Barrémien  supérieur  qui  est  en  contact  avec  les 
aatres  terrains,  sauf  dans  le  haut  de  la  vallée  de  l'Oued  ben 
Djelloul,  où  les  éboulis  de  l'Eocène  supérieur  masquent  les  contacts 
en  ne  laissant  apparaître  que  les  couches  à  Lepioceras.  Ce  n'est 
d*ailleurs  que  là,  comme  nous  l'avons  dit,  que  se  montrent  ces 
couches  :  leur  forte  inflexion  vers  le  nord-ouest  et  le  sud-est  n'a 
P*«  permis  aux  autres  Oueds  qui  ont  entaillé  le  Barrémien  de  les 
**teindre,  pas  plus  d'ailleurs  que  la  zone  à  Pulchellies. 

Le  plissement  barrémien  qui  nous  occupe  semble  dater  de  la  fin 
de  la  période  barrômienne  ou  du  commencement  de  la  période 
«Ptienne. 

Il  a  vraisemblablement  soulevé  le  Djebel  Ouach  au-dessus  du 

^^eau  général  des  mers  de  l'époque  aptienne,  ou,  tout  au  moins, 

'^ené  les  sédiments  barrémicns  à  une  faible  distance  de  ce  niveau  ; 

^  ^st  sur  les  bords  de  cette  terre  émergée  ou  sur  ce  haut  fond  que 

^  sont  édifiées  les  formations  néritiques  coralligènes,  aptiennes 

*^  crétacées  dont  les  témoins  actuels  sont  le  Djebel  Kelal,   le 


l34  A.   JOLR.1UD.  —  ETUDE  DE  L^INFRACBETACi  SI  JaUT. 

Djebel  Salah,  le  Djebel  Sidi  Mcid...  et  sans  doute  aussi  le  Djebel 
Oum  Settas. 

Plus  tard,  à  la  fin  de  la  période  aturienne  ou  au  commencement 
de  la  période  danienne  se  produisit  un  affaissement  général  du 
littoral  barrêmien,  on  de  la  partie  du  haut  fond  voisine  de  celle  où 
se  formaient  les  calcaires  ;  il  en  résulta  plusieurs  failles  dont  la 
principale  orientée  nord-ouest  sud-est  est  aujourd'hui  en  partie 
masquée  quoique  parfaitement  visible  encore  sur  divers  points.  Sa 
direction  est  exactement  donnée  par  le  Chabet  el  Houa. 

Environs  de  Guelma  :  le  Dra  el  Kerroucha 

Au  commencement  de  1899,  nous  avons  découvert  au  sud-ouest 
de  Guelma,  au  lieu  dit  Dra  el  Kerroucha  (la  colline  du  chêne 
vert),  un  petit  affleurement  barrémien  de  3  kilomètres  de  long  sur 
3  kilomètres  de  large,  dont  nous  avons  tracé  les  limites  sur  la 
feuille  de  la  carte  d'état-major  au  i/5o,doo^.  Ce  lambeau  de  Crétacé 
inférieur  est  profondément  entaillé  au  sud-est  par  TOued  el  Rebate 
et  par  TOued  Skroun,  dans  les  thalwegs  desquels  passe  la  conduite 
d'eau  qui  alimente  la  ville.  Au  nord  il  est  recoupé  par  plusieurs 
autres  ravins,  comme  les  précédents,  tributaires  de  la  Seybouse. 

Les  terrains  qui  avoisinent  le  Barrémien  du  Dra  el  Kerroucha 
sont  : 

a)  L'ÉocKNE  SUPÉRIEUR  (Medjanicn)  dont  les  grès  alternant 
avec  des  argiles  le  recouvrent  à  l'ouest,  au  sud  et  sur  une  grande 
partie  de  son  flanc  onental  (Kef  en  Nessara)  ; 

b)  Le  Miocène  inférieur  (Cartennien)  *  qui  s'appuie  sur  lui  au 
nord-est  et  qui  est  formé  d'argiles  grises  contenant  en  abondance 
des  cristaux  de  gypse  et  des  masses  de  gypse  amorphe  exploitées. 
Ce  terrain  forme  toute  la  rive  gauche  de  la  Seybouse  en  face  de 
Guelma.  Il  nous  a  fourni  quelques  Hélices  gypseuses  indétermi- 
nables. 

c)  Le  Pliocène,  constitué  surtout  j^ar  des  calcaires  gris  ou  roses 
absolument  identiques  à  ceux  du  même  étage  de  Constantine  :  ils 
recouvrent  les  argiles  cartenniennes,  notamment  au  sud-ouest  de 
la  ville. 

d)  Le  Pléistocène  formé  sur  certains  points  par  des  tufs  à  tiges 
de  plantes,  sur  d'autres  points  par  des  cailloux  roulés,  des  sables, 
des  limons. 

I.  FouRNBL.  Richesse  minérale  de  TAlgéric,  I,  p.  17a,  i8a.  — PoMBL.Descr* 
strat.  gén.  de  TAIgérie,  p.  i6a. 


igOI       A  FAClfes  VASEUX  PÉLAGIQUE  ES  ALGÉRIE  ET  EN  TUNISIE        l3S 


Quant  au  Barrêmien  loi-même  il  rappelle  absolument  les  couches 
à  HamuUna  du  Djebel-Ouacli  par  sa  constitution  lithologique. 


de  Guelma  et  des  terrains  adjacents , 
/3a.  000^. 


Q  est  d'ailleurs  aussi  riche  que  lui  en  fossiles.  Nous  en  avons 
recueillis,  en  peu  de  temps,  pi-és  de  cinquante  espèces,  dont  33 
Ammonites.  Envoie!  la  liste. 


.  JOLEAUD.  —  ÉTUDB  DE  l'iKFBACBRTACÉ  31  JaD 


DESIGNATION 

UKS  Enpkcbh 


OBSERVATIONS 


Phrttocera»  aff,  s'i-am 

Oi>pcl 

'.   Thety»  d'Orb,  .   .   , 

P.  Goreti  Kilian.   .   ,    , 

P.  rf.  KrnirHii  VMif.  . 
ifiindiliulum  ii'OrL>, 

Lytoreran  spec.   ïndel. 

L.erebriKalcatam  L'iili^. 

d'OrU.? 

L.  «iicp.  indfl 


MarrOêcapIlUe»     Yvaiii 
HUÏOB? 

M,  rr.  aiptnn«dOrli.7. 
Haniutina  »pec.  iiiilft. 

i/,  e\Kc.  iiidi'l. 
H.  spec.  indet,  . 
H.et  HorerianatyOrh.'! 
liochianiffu  Rpt-i-.  iiid. 
PnlrhfUia  Saiiia/rcani 
HiTiiiile 


P.  spec.   iiidet. 


DeumnrrraH  Hlrftlo»lo- 

mnL'Iiliit \   C. 

D.  doiixi  Snju   ...      \.  C. 
D.  H|iui'.iiidut R.  II. 

Silpgitrit  air.  Srrai 
S    lnrerposiliivC.li' 


Spdl«  tfani.  noy.  iprr.  indtt.  di  D 
i  lignv  iHiIiirils  mai»  <I^«m]iIni. 
i|i|>dlcun  p*u  Uamutina  ttnuUKtfà 

Coquill*  liutv.   1  iKlion    circuliirt^ 


do    Pulrk.    prorinriall 


mnii  il>  lonl  iiioini  l-irgM  M  pr 
ir.nrhtnti.  Rpkwd  ient™lr  ■npi: 
cnus^  d'un  lillun  uwi  «Iruil  et  pn 


Li  pim  coitdéii  à  dU« 


.  fl.  S.  G.  F.,  (i),  XXVII,  p.  3;i,  pi.  VII,  fig.  i 


Itpi       A  FAClis  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALGÉRIE  ET  EN  TUNISIE        l3j 


niiSIGNATIOX 
DE»  Espèces 


Ilolcoitifcuii  spec.  ind, 


■4nrr(orerns?  sjiei;.  ind. 
A.7sprc.  iadet 


A.ïs[>rc.  indct.   .   .   . 

A.ÎBper,  indrt.   .   .   . 

A.  (f.  Comaeli  d'Orb, 
Uelerocfra»  spcc.   ind. 
Toxoerras  ipee.  indct 


T.  (pee.  îDilet 

Itploceraa  spec.  indet 


Btlrmnilrg   cnriintirits 

L'hlig 

fi.  minaret  Raspiiil.  ,    , 

â.  «pec.  indet 

Dlcûfio  cf.  hinei-via  Rp 

indet 

û.  (f,  Graai  Du\al  . 
0.  (f.  Emeriri  Blnin 
'iirto  speo.   indet 


A 

C. 

R 

R 

H 

R 

R 

R 

R 

A 

R 

A 

U. 

R 

H 

II 

R 

1) 

R, 

R 

R. 

B 

R 

R 

R. 

H 

R. 

OBSRHVATIONS 

CARACTiiaKS  M. 


!■   ligicpn  YHilr«l«    '""   t'ïiifl*eliir  ;   in 

llnri  [Wliiln.  ]ieii  l'iilUnlni.'ilont  cerUiim 
Cutuillc  I   iK-KiHi  mnlr  omta  de  cAIh  uLtl- 


l«r  M*  lubrfculrs  triilrai;!  |>r.>f(>(irti>iiicMl 
'Iwinét  en  cinii,  la  partie  Dlirne  flanl  pliii 
liirgp  f  lnUi>  Mlllfinl»  ;  mirlqurfoin  rlfiii  cô- 


l38  A.   JOLEAUD.   —  ÉTUDE   DE  T/lNFRAGKéTACÉ     '       ai  JanV. 

Cette  faune,  on  le  voit,  se  distingue  de  celle  du  Djebel  Ouach. 
par  la  rareté  des  types  caractéristiques  du  Barrémien  inférieur  i 
nous  n'y  avons  trouvé  que  trois  espèces  de  Pulchellia  (représen- 
tées par  neuf  individus  seulement)  et  un  unique  Holcodlscas  ^ 
nous  n'y  avons  point  vu  les  couches  à  Leptoceras,  qui  cependant 
pourraient  se  montrer  dans  le  fond  de  TOued  el  Rebate.  Par  con^ 
tre,  les  genres  Phylloceras,  Silesiies,  HamuUna  y  sont  bien  repré— 
sentes.  Cette  particularité,  jointe  à  la  présence  de  Macroscaphite» 
et  à'Heteroceras,  doit  faire  placer  le  Barrémien  de  Guélma,  en 
grande  partie  tout  au  moins,  au  niveau  des  couches  à  Hamulinaf 
du  Djebel  Ouach  (Barrémien  supérieur). 

Il  faut  noter,  d'ailleurs,  pour  achever  de  caractériser  ce  gisement, 
r absence  à  peu  près  complète  d'espèces  à  faciès  aptien  et  comme 
à  Constantine,  la  persistance  des  Duvalia  des  groupes  bineroia  et 
Emerici. 

Ces  observations  paléontologiques  semblent  faire  différer  assez 
notablement  Taffleurement  barrémien  du  Dra  el  Kerroucha  de 
ceux  étudiés  par  M.  Blayac  ^  sur  d'autres  points  du  bassin  de 
rOued  Cherf.  Au  Djebel  Taïa  et  à  Medjez  Sfa,  particulièrement, 
les  Pulchellia  et  les  Holcodiscus  paraissent  bien  moins  rares  qu'à 
Guelma  ;  mais  les  Céphalopodes  déroulés  ne  semblent  pas  y  être 
aussi  abondants. 

Environs  d'Hammam  LIf  :  le  Djebel  Bou  Kournine 

M.  Aubert^  a  signalé  l'existence  au  Djebel  bou  Kournine,  près 
d'Hammam  Lif,  en  Tunisie  ^,  de  dépôts  infracrétacés,  dont  l'ensem- 
ble représenterait  suivant  lui  tous  les  étages  de  ce  système,  depuis 
rhorizon  à  Hoplites  Roubaudi  d'Orb.  jusqu'à  TAptien.  La  rareté 
des  localités  connues  de  l'Afrique  du  Nord,  où  l'on  puisse  voir 
une  pareille  succession  dans  le  Crétacé  inférieur  à  faciès  vaseux 
pélagique  nous  a  i)aru  donner  au  Djebel  bou  Kbumine  une  impor- 
tance toute  particulière.  Aussi  ayant  été  appelé  à  passer  un  certain 
temps  à  Hammam  Lif  et  à  Grombaliu  avons-nous  cherché  à  recon- 
naître et  à  noter,  aussi  exactement  que  possible,  les  caractères 
pétrographiques  et  paléontologiques  qui  pouvaient  dift'érencier  les 
divers  étages  de  l'infracrétacé  dans  cette  région.  Cette  étude  nous 

1.  Loa.  cit. 

2.  ExpUc.  de  la  carte  géol.  prov.  de  la  Tunisie^  p.  8,  lo. 

3.  Voir  \cs  feuilles  de  La  Goulette  cl  de  Gronihalia  de  la  carte  d'état-major 
au  i/5o.ooo*  de  Tunisie. 


igOI       A  FAClis  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALGERIE  ET  EN  TUNISIE        iSg 

paraissait^  d^ailleurs,  devoir  compléter  utilement  celle  que  nous 
avions  faite  du  Djebel  Ouach. 

Le  Djebel  bou  Koumine  (la  montagne  aux  deux  cornes),  qui 
atteint  la  cote  676  à  3  kilomètres  seulement  du  rivage,  est  formé 
par  trois  lignes  de  crêtes  parallèles,  que  séparent  de  profonds 
ravins,  dont  les  uns,  au  nord,  aboutissent  au  rivage  du  golfe  de 
Tunis,  et  les  autres,  au  sud,  vont  se  perdre  dans  la  plaine  de 
Momak.  Cette  plaine  est  reliée  à  celle  de  Grombalia  par  le  Kran- 
guet  el  Hadjaj,  qui  sépare  le  Djebel  bou  Koumine  du  Djebel 
Ressas  (la  montagne  de  plomb,  796  m.).  Vers  l'est,  parallèlement 
à  cette  chaîne  dont  Taxe  principal  est  formé  de  calcaires  liasiqnes  * 
courent  une  série  de  saillies  crétacées  dont  les  plus  remarquables 
sont,  près  du  littoral,  le  Djebel  Srara  et  le  Djebel  Halloufa. 

"^  O.N.O. 

Djebel  el  MokU 


Fig.  6.  —  Coupe  de  llnfracrétacé  dans  les  environs  d'Hammam  Lif. 

Echelle  :  i/ioo.ooo*;  hauteurs  triplées. 

<i£l,  Alluvions  ;  5,  Sénonien;  T,  Turonien  ;    C/i,  Génomanien  ;   Ap,  Aplien; 

B,  Barrêmien  ;  i/,  Hauterivien;  V*,  Valanginien. 

Dans  le  fond  de  tous  les  principaux  ravins  entre  Hammam  Lif 
et  Grombalia,  sur  une  longueur  de  plus  de  16  kilomètres,  nous 
avons  constaté  la  présence  de  Tlnfracrétacé,  qui  forme  ainsi  toute 
une  série  de  bandes  parallèles.  Les  plus  importantes  sont  : 

i"  Celle  du  ravin  d'El  Habba  entre  les  deux  crêtes  principales 
du  Djebel  bou  Koumine,  laquelle  se  prolonge  vers  le  sud  au-delà 
de  Crété ville,  sur  le  flanc  ouest  du  Djebel  Ressass. 

a®  Celle  de  FOued  el  Ksob  ou  de  Potinville  (Bordj  Cedria)  entre 
le  Djebel  bou  Kournine  et  le  Djebel  Srai'a  ;  elle  s'épanouit  vers  le 
sud-est  dans  le  Djebel  el  Gouad  et  le  Djebel  el  Khoridja. 

3**  Celle  de  Toued  Gattouna  entre  le  Djebel  Srara  et  le  Djebel 
Halloufa. 

Dans  cet  ensemble  de  lambeaux  infracrétacés  nous  avons  distin- 
gué la  série  de  couches  ci-après  : 

1 .  A  la  base,  des  bancs  de  grès  lustrés  rougeâtres  alternant  avec 

I.  FicHBUR  et  Uaug.  C  K,  Ac.  Se,  CXXn,  p.  i354. 


l40  A.   JOLEAUD.  —  ÉTUDE   DE  L  INFRACRÉTAGÉ  SI  JailT. 

des  marnes  grisâtres  :  ces  couches  qui  ne  nous  ont  présenté  que 
quelques  DuQalia  lata,  un  Lj'toceras  cf.  quadrisulcatum  d'Orb.  et, 
dans  la  partie  inférieure,  Hoplites  Roubaudi  d*Orb.,  se  montrent 
sur  les  deux  flancs  de  Taréte  qui  va  d^Hammam  Lif  au  signal  du 
Bou  Kournine. 

s.  Immédiatement  au-dessus,  du  côté  d'El  Habba,  des  alternances 
de  marnes  grisâtres  et  de  calcaires  gris,  en  minces  plaquettes,  le 
tout  assez  pauvre  en  fossiles.  Nous  y  avons  rencontré  Holcoste' 
phanus  Astieri  d'Orb.,  Davalia  cf.  lata  Blainv.,  Pygope  spec.  indet. 

3.  Des  marnes  grises  à  Duvalia  dilatata  Blainv.,  Duc.  Emerici 
Blainv.,  etc.  qui  sont  surtout  développées  vei*s  Potin  ville,  où  elles 
renferment  de  nombreux  Aptj'chus. 

4.  Des  marnes  et  marno-calcaires  grisâtres  se  débitant  en  pla- 
ques, où  MM.  Aubert  *  et  Haug  -  ont  signalé  Macroscaphites 
Yvani  Puzos.  Cette  zone  s'est  montrée  particulièrement  fossilifère 
sur  trois  points  :  sur  le  côté  droit  du  ravin  d'El  Habba,  près  de  la 
ferme  de  Potinvilie,  et,  au  nord-ouest  du  Djebel  el  Djemaa,  du  côté 
du  Kranguet  el  Hadjaj.  Elle  est  caractérisée  par  la  présence 
d'Ammonites  pyriteuses  des  genres  Phylloceras,  Pulchellia^  etc. 

5 .  Des  marnes  grisâtœs  à  Duvalia  Grasi  Duval,  au-dessus  des 
précédentes,  sur  le  flanc  droit  du  ravin  d*El  Habba. 

*>.  Des  marnes  d'un  gris  blanchâtre  alteimant  avec  des  calcaires 
jaunâtres  à  Phylloceras  Guettardi  Rasp.,  Desmoceras  Emerici 
Rasp.  Ces  couches  se  montrent  surtout  très  fossilifères  près  de  la 
cote  i69,  non  loin  d'une  source  canalisée  qui  alimente  un  abreuvoir 
(Sebala)  à  la  ferme  d'El  Habba. 

7 .  Des  marnes  semblables  aux  précédentes  â  Belemnites  semica- 
nalicufatus  Blainv. 

Cette  succession  nous  a  paru  rappeler  absolument  celle  de  la 
Provence.  Les  couches  i  et  a  répondent  au  Valanginien,  la  couche  3 
à  rHauterivien,  la  couche  4  au  Barrômien,  l'ensemble  des  couches 
5,  6  et  7  à  l'Aptien.  Dans  ce  dernier  étage  la  division  est  très  nette 
et  absolument  semblable  à  celle  signalée  par  M.  Kilian,  dans  la 
Montagne  de  Lure  et  par  M.  Leenhardt  dans  le  Yentoux.  La 
couche  5  répond  au  Bédoulien,  la  couche  6  au  Gargasien  inférieur, 
riche  en  Ammonites  et  la  couche  7  à  la  zone  à  Belemnites  semica- 
naliculaius  qui  couronne  TAptien  dans  là  Haute-Provence. 

Ces  difl'érentes  zones  nous  ont  fourni  une  soixantaine  d*espèces 
fossiles  dont  voici  la  liste,  avec  l'indication  de  leur  degré  d  abon- 
dance ou  de  rareté  sur  les  deux  points  principaux,  où  nous  les 
avons  recueillis. 

I.  Loc.  cit. 

a.  Revue  génér.  des  Sciences,  tome  7*,  1896,  p.  1047. 


igoi     A  rAciis  vasbux  pélagique  en  alqérie  et  en  Tunisie     i4i 


DÉSIGNATION 

DBS   EHPicBs 


OBSERVATIONS 


Lrlorerascl.anadriaul' 
ntam  d'Orti 

UùleotUphanaa  Aitieri 
d-Orb 


Htêlilet  pexipljrphut 


'\Uk  biparlitua 

Cilullo 

fiapotja  lala  Blaiuv 
Arr.  tata  Blainv.    . 

O.diiatala  Blainv.   .   . 
D.  Emerici  Blsin\-.   . 
Apljrchaa   spcc,   indet 


/"Xiopr  sper    ind.t        B.  K 
Cirforj»  Bpev.  inilct 


^hyll/tceras  alf.  terun 

P.  rf.  Thftys  Sajn  . 
P-  Miripta  Coq ... 
P.in/undibalam  d'Orli 
P.er.  infnndibnliin 

Sijn 

tjlorFras  spcc.  Jndi-t 
^Uh^Hia   Satli-ageaui 

Herniit« 

iittmoceraa    Sabdalta 

Coq      

D  tir.  yabdalxa  Saya". 

'  D.tt.  PaFandieri  d'Orh. 


:  //.  /tnubiuJi  d'Orb 


:n  dem  pièces,  du  groupe  La- 
meitoai.  k  lue  rxlrma  jwr- 


R. 

R.  « 

R   K. 

C. 

B.R 

H.  R. 

R  R. 

H.  R, 

R.  U. 

K.  ». 

H.  R. 

.  B.  K.  -  Dji-)h:I  Iwu  Kourniue.  -  P.  -  PolinviUi:, 


A.   lOLBACD.   —  ÉTCDB   DE  L'KFftACB±TAc£ 


DÉSIOATIOX 


n  n    Eurvff  OBSERVATIONS 

4  Cajuctéiibs  e 


D.1  cirlenne  Saii'n. 
il.  Gouxi  Sayn   . 
SilelUrt  aff   SeranoniM 

Sajii 

S.  ialfrfiOàilas  Cnq 


Leplocfitu  ?   tf.    »fl»M 


Setemniieg    Fallaaxi 

Lhlig 

A.  minaret  llusp 
DnvaVta   cl.   hiaiTt-ia 

Turbo  siiec.  indtl 
Cy-doW/ei??  s|)fi-.  iiid.  ï 


nppmchnii  k   t™<«wf" 
du  Buu  Kouniiw  it  Ll/l- 


Phyllocema  (ioreti  Kil 
P.  Garltardi  d'Orb. 

iajaitdibiiluiii  d'Drli 
Lytocrrag    c(.     utiudri- 
gulcatam  d'Orli  ? 


B.  K 

B-K 
B.K 


alrangiilatum  d'Orb,  1 
Lj-loceras  spoo.   in 


'iSI' 


ip«n  que  dniii  l«  lyf*- 


Lcnroulannildoùl 


.  ii.  S.  G.  /■".,  (3),  XXVU,  p.  3*i;. 


L  FACIÈS  VASEUX  PÉLAOtQt'B  KX  ALGÉRIE  ET  EN  TUNISIE        l43 


SIGNATION 


e«ra»  Uxi'fMaih 

It  K 

t  NUaa  d'OrU. 

B  K 

ana  Sarraiin. 

H   K 

nwUbUg.   . 

B  K 

dalaa  Coq. 

B  K 

•rici  Rasp.  .   . 

B  K 

Angladvi  Sqjii 

U.  K 

I  •D".  Ser 


■potilu*  Coq . 
igeaa  cf.  Sopha- 

Coq 

Uorlrti  Kilian  . 
:c.  indrt.  .  .  . 
oeera»  et.  Mar- 
'Orb.  .  . 
.  indel.    . 


1  Uraai  Uu\b1 
Bpec.   inilel.    , 


OBSERVATIONS 


srrs 


..f,lu.  droit, 
burdi  tonncnl  tu 
ïtUri  ■       '  ' 


di.  ki. 

illfib.   .   .. 
de  là  ng\i 

ilcdl  11  coquille, 
aainir  Iltim.ialiittrtamm 

SicMi 

^lu,    r 

S' 


■Il  m  pic,  Ji 


1.  G.  f..  (a),  V,  i-p«rtie,  p.  iC,:.  pi.  UI,  %  S 


l44  A.   JOLEAUD.   —   ÉTUDE  DE   L*INFRACRÉTACÉ  31  JanV. 

Le  Néocomien.  comme  on  le  voit,  se  montre  tivs  pauvre  en 
fossiles,  pariiculièi'ement  vers  la  base,  où  nous  n*avons  recueilli 
que  deux  Ammonites  pyriteuses.  Vers  le  sommet,  les  fossiles  pyri- 
teux  disparaissent  et  les  Dui^alia  prennent  un  grand  développe- 
ment, surtout  comme  individus. 

Le  BarrOmien  est  représenté  par  un  deuxième  niveau  à  Ammo- 
nites pyriteuses.  Les  faunes  de  ses  différents  aflleurements,  assez 
semblables  les  unes  aux  autres,  sont  bien  plus  pauvres  que  celles 
de  Guelma  et  du  Djebel  Ouach.  Elles  n'offrent  ni  Tabondance  des 
individus  du  genre  Phylloceras,  ni  les  nombreuses  espèces  de 
Pulcheliia  et  Holcodiscus  du  second,  ni  la  richesse  en  Ph^lloceraSn 
Desmoceras  et  Hamulina  du  premier.  A  Texception  de  Phy'Uoce- 
ras  infundibulum  d'Orb..  les  Ammonites  y  sontrai-es,  {)articuliè- 
rement  celles  des  geni'es  cainictérisliques  du  BaiTémien  inférieur, 
Pulcheliia  (^  individus,  i  espèce).  Holcodiscux  {i  individu),  Lepto- 
cera8(i  individu  douteux).  Il  en  est  de  même  des  Gastropodes  et  des 
Echinides.  Nous  n'y  avons  recueilli  ni  Lamellibranches  ni  Poly- 
piers. Enfin  quelques  Ammonites  à  faciès  aptien  figurent  dans  la 
liste  :  elles  proviennent  peut-être  des  couches  supérieures  d'où 
elles  ont  pu  être  entraînées  par  les  eaux  qui  ont  profondément 
raviné  les  flancs  des  mamelons  infraci*étacés.  L*ensemble  de  la 
faune  indiquerait  plutôt,  comme  à  Guelma,  le  Barrémien  supérieur. 
Il  est  fort  possible  d'ailleurs  que  le  Barrémien  inférieur  existe  à  la 
base  de  cette  assise,  mais  les  éboulisqui  la  masquent  ne  permettent 
pas  de  l'y  observer. 

L'Aplien  nous  présente  un  troisième  niveau  à  Ammonites  pyri- 
teuses, compris  entre  deux  honzons  où  les  Ammonites  font  com- 
plètement défaut  et  où  nous  n'avons  pu  recueillir  que  de  rares 
Bélémnites.  Les  caractères  de  l'Aptien  sont,  d'ailleurs,  sensible- 
ment les  mêmes  que  ceux  du  Barrémien  supérieur.  Les  espèces 
seules  diffèrent.  C'est  ainsi  que  Phj'lloceras  Guettardi  Rasp.  et 
Desmoceras  EmericiRsisp.  sont  aussi  communs  que  l'étaient  précé- 
dement  Phj'lloceras  infundibulum  d'Orb.  et  Desmoceras  Gouxi 
Sayn.  Toutefois  il  convient  de  remarquer  qu'ici  se  produit  un  fait 
analogue  à  celui  constaté  a  TOued  Cheuiour  ])ar  M.  Blayac  S  la 
persistance  de  genres  considérés  comme  essentiellement  barrê- 
miens,  tels  que  Holcodiscus  et  Silesites.  Un  caractère  négatif 
curieux  de  cette  faune  est  Tabsence  complète  du  geni^e  Hoplites^ 
habituellement  si  ahondunt  à  ce  niveau  en  Provence,  et  même  en 
Tunisie,  où  Tindique  M.  Pervinquière  -.  En  dehors  des  Céphalo- 

1.  Loc.  cit. 

2.  iii  DE  Lapparent.  Traité  de  géol.,  4'  édition,  p.  129^. 


igOI        A.  FACIÂS  VASEUX  PELAGIQUE  EN  ALQI^RIE  ET  Elf  TUNISIE        1^5 

podes,  rAptien  ne  nous  a  présenté  d* autres  fossiles  qu*un  Gastro- 
pode  en  très  mauvais  état,  d'ailleurs. 

Dans  le  voisinage  de  Tlnfracrétacé  d'Hammam  Lif  on  a  reconnu 
la  présence  du  Lias,  de  TOxfordien,  du  Jurassique  supérieur,  du 
Génomanien  et  du  Turonien.  Ces  terrains  ont  fait  Tobjet  d'un 
grand  nombre  d'études,  particulièrement  de  MM.  Rolland  ^  Le 
Mesle  *.  Aubert  3,  Baltzer  *,  Ficheur  *,  Haug  ^>,  etc.  Sur  le  flanc  nord 
da  Djebel  Halloufa  des  marnes  grisâtres  appartenant  à  TEocène 
inférieur  (?)  nous  ont  fourni,  Aturia  spec.  ind.,  Terebratula  sp. 
ind.  et  des  Polypiers  tous  pyiîteux. 

La  Chebka  Tebaga 

En  dehors  des  faunes  des  trois  régions  que  nous  venons  d'étudier 
et  où  nous  avons  fait  des  recherches  personnelles  assez  longues,  il 
nous  a  été  donné  d'examiner  un  certain  nombre  de  fossiles  prove- 
nant de  la  Ghebka  Tebaga,  à  6  kilomètres  au  nord  de  l'exploitation 
d'antimoine  de  Hamimat,  sur  le  flanc  nord  du  Raz  cl  Bred.  Indé- 
pendamment de  quelques  espèces  qui  nous  ont  paru  nouvelles, 
nous  y  avons  reconnu  Phylloceras  infuncUbulum  d'Orb . ,  Desmo- 
ceras  getaUnum  Goq.,  Belemnites  cf.  pistilliformis  Blainv.  Cette 
(aune  qui  semble  indiquer  le  Barrêmien  supérieur  ou  l'Aptien 
inférieur,  parait  en  tous  cas  bien  difl*érente  de  celle  du  Néocomien 
indiquée  par  Goquand^  au  Djebel  Hamimat.  Il  n'est  pas  impossible, 
d'ailleurs,  que  le  Néocomien  existe  sur  ce  point  au-dessous  des 
couches  barrêmiennes  ou  aptiennes. 

Résumé 

En  résumé,  l'Infracrétacé  à  faciès  vaseux  pélagique,  nous  a  paru 
présenter  dans  le  Nord  de  l'Afrique,  la  série  suivante,  où  la  suc- 
cession des  zones  est  sensiblement  la  même  que  celle  à  laquelle  se 
sont  arrêtés  MM.  Munier-Chalmas  et  de  Lapparent  ^  pour  le  Midi 
de  la  France  : 

I.  C.  R,  Ac.  Se,  d;  —  B,  S,  G.  F.,  (3),  XVI,  p.  847;  XVH,  p.  lag;  XVm, 
p.  ag,  etc. 
a.  Exploration  scientilique  de  la  Tunisie;  B.  S.  G.  7''.,  (3),  XVIII,  p.  aog,  etc. 

3.  B.  S.  G.  F.,  (3).  XVra,  p.  334  :  —  Carte  géoL  prov.  de  la  Tunisie  et  texte 
explicatif. 

4.  N.Jahrb.,  1893.  T.  H. 

5.  FicHBUR  et  Haug.  C.  R,  Ac,  Se,  CXXII,  p.  i354.  —  Hauo.  Revue  génér.  des 
ScienceSy  J*  année,  1896,  p.  1047.  —  A.  F.  A.  S.,  baint-Etienne,  18^. 

6.  Mém.  S.  G.  F.,  (2),  V,  i**  partie,  p.  71. 

7.  B.  S.  G.  F.,  (3).  XXI,  p.  464  et  suiv. 

97  Aobt  1901.  —  T.  i^r.  BhIL  Soc.  G60I.  Fr.  ^  10 


iffi      JOLEAUD.  IXFaACaÉTACÉ  A  FAUÈS  VASEUX  PELAGIQUE      31  JaiiY. 

(  9'  Marnes  à  Beiemmles  9emicatuJiewiiatuB, 

IT  JÉamo^eaicaires  à  PhrUoceroM  Gurttardi  ri  DtMmoceroM 
EtnericL 


\ 


BÉDOcxmr        7"  Marnes  à  DmcaUa  GrasL 

sopèrienr        Br  Mamo-ealeaîres  à  Macrotcaphiies,   Silrsiies^   Hamia- 

lina  et  Poissons. 


infériear 


\  5*  Marnes  à  PmirkeiHa  et  Holrodiseus. 
4*  Caleaîres  à  Leptocrras  ef.  subHle, 


i 


K  1  Hauteriviex      3'  Marnes  à  />a»^/ia  dilatata.  Duc.  Emerici  et  vlpI^-cAna. 

S  \ 

S    j  ^9'  Mamo-calcaires  à  Hoicostephanus  Astieri  et  Duvaiia 

^   I  Vala:<(gi?cien  «  ia/n. 

"^   (  r  r  Grès  à  Hoplites  Roabaudi  et  Lyioceras  quadrisuleatam. 

Malgré  cette  succession  si  nette  et  dont  le  synchronisme  avec 
rinfracrétacé  de  la  Haute-ProTence  est  frappant,  on  ne  saurait 
contester  Tintime  liaison  de  ces  dilîérenles  assises  entre  elles, 
liaison  qui  constitue  d'ailleurs  le  caractère  essentiel  des  formations 
bathyaJes  et  qui  se  manifeste  non  seulement  par  one  grande  unifor^ 
mité  dans  la  constitution  litholc^que,  mais  encore  par  la  préexis- 
tence ou  la  persistance  d'espèces  fossiles  en  dehors  de  la  zone 
dans  laquelle  on  les  a  souvent  considérées  comme  absolument 
localisées.  C'est  ainsi  que  M.  Blayac  à  Medjez  Sfa  et  nous-méme 
an  Djebel  Ouach,  avons  constaté  la  persistance  dans  le  Barrémien 
inférieur  de  Lissoceras  Grasi^  Phj'Uoceras  semisiUcatum,  etc.  ; 
que  nous  avons  recueilli  dans  le  Bairémien  supérieur  du  Djebel- 
Ouach  un  certain  nombre  de  fossiles  habituellement  aptiens, 
tandis  que  M.  Blayac  observait  à  l'Oued  Chenionr  et  nous-méme 
à  Hammam  Lif  la  persistance  dans  i'Aptien  de  Siiesites.  Desmoce- 
ras  et  Holcodiscus  à  faciès  nettement  barrémiens. 

En  terminant  cette  étude  nous  devons  adresser  tous  nos  remer- 
ciements à  M.  Ficheur.  dont  les  savants  conseils  nous  ont  été  d*an 
précieux  secours  dans  nos  recherches. 


NOTE 

SUR   LE    FONÇAGE  DU  PUITS  ARTHUR  DE  RUYER 

EXÉCUTÉ  PAR  LA  SOCIÉTÉ  DES  HOUILLÈRES  DE  RONCHAMP 

(hautb-saônb) 

par  M.  Mathieu  MIEG. 

Le  fonçage  du  puits  n°  1 1  «  Arthur  de  Bu^er  »,  exécuté  par  la 
Société  des  Houillères  de  Ronchamp,  a  été  achevé  au  commence- 
ment du  mois  de  novembre  1900  et  a  atteint  la  profondeur  de 
1. 010  mètres. 

La  Société  géologique  de  France  ayant  eu  l'occasion  d'examiner 
les  premiers  travaux  de  forage,  lors  de  sa  visite  à  Ronchamp, 
pendant  la  réunion  extraordinaire  de  1897,  il  m'a  semblé  intéres- 
sant de  compléter  la  note  parue  dans  le  bulletin  de  la  Société  à 
l'occasion  de  Texcursion  du  3  septembre  ^  de  cette  année. 

(Test  au  mois  d'octobre  189Q  que  fut  décidée  la  création  au 
sud-ouest  du  puits  du  Magny,  d'un  nouveau  siège  d'exploitation, 
devant  comprendre  deux  puits,  chacun  de  4  mètres  de  diamètre 
dans  œuvre,  destinés  l'un  à  l'extraction  de  la  houille,  l'autre  à 
Taérage  des  travaux.  Le  plongement  sud-ouest  du  leiTain  houiller 
aTec  une  forte  pente  —  environ  3o  centimètres  par  mètre  —  faisait 
prévoir  que  l'exploitation  atteindrait  une  profondeur  d'environ 
1000  mètres,  mais  pourrait  être  réduite  à  environ  900  mètres,  à 
cause  du  rejet  de  100  mètres  produit  par  la  faille  constatée  dans  la 
galerie  de  recherche  creusée  au  puits  du  Magny. 

Ces  prévisions  ont  été  pleinement  justifiées  par  les  travaux,  car 
la  première  couche  de  houille  a  été  rencontrée  vers  85a  mètres  de 
profondeur  et  la  seconde  vers  SjS  mètres. 

Les  travaux  de  fonçage  du  puits  Arthur  de  Buyer,  commencés 

au  début  de  l'année  1896  ont  été  achevés  en  novembre  1900,  et  on 

est  en  train  de  creuser  les  travers  bancs  pour  la  construction  des 

recettes.  Il  aura  donc  fallu  un  peu  moins  de  six  années  pour  mener 

à  bien  cet  important  travail.  Étant  donné  le  point  choisi  pour 

1.  ^.5.  G.  F.,  [3],  XXV,  p.  ioo3,  1897. 

Je  tiens  à  remercier  le  Directeur  des  Houillères  M.  L.  Poussigue,  M.  l'ingé- 
nieur Faucillon  et  les  employés  de  la  mine  pour  l'empressement  qu'ils  ont 
mis  à  me  fournir  les  renseignements  dont  j'avais  besoin  pour  ma  note. 


i4ô 


X.   MIEG 


91  Jan 


remplacement  da  nouveau  poils  d'extraction,  les  traTanx  ont  i 
être  conmiencés  dans  le  grès  bigarré.  La  coape  complète  d 
terrains  traversés,  de  hant  en  bas.  pendant  le  fonçage  da  poits  c 
la  suivante  : 

PllOFO?rDEUR      ÉPAIflBBUI 


Grès  bigarré o"  à  60- 

Grès  fin  violacé,  passant  à  la  hase  an  grès  vosgien  .     GoT  à  70* 
Grès  vosgicn,  avec  nombreux  galets  de  qnartz  et 


lO" 


partie  sablense  à  la  base   .... 

Grès  ronge,  épaissenr  39  mètres  environ.  \ 

Argile  rouge  massive,  puis  argilolithes 

bariolées  plus  stratifiées,  ép.  i36  m.  env. 

Alternances  de  grès,  de  brèches  avec  un 

peu  d*argile.  puis  argile  avec  petites 

veines  de  grès,  ép.  76  mètres  env. 

Grès  ronge  a  grain  tin  avec  brèches  et 
un  peu  d'argile,  ép.  66  mètres  env. 

Grès  avec  brèches  dominantes,  ép.  ii5 
mètres  env. 

Argile  avec  quelques  bancs  de  grès,  ép. 
160  mètres  env. 

Alternances  de  poudingues  violacés  et 
d*argilolithes  avec  empreintes  de  feuil- 1 
les  de  Cordaltes  (entre  710  et  71a")  ép- 
iH  mètres  env. 

Grès  et  poudingues  violacés  avec  quel- 
ques brèches,  ép.  44  mètres  56  env. 


Ttf"  à  90- 


^  SE 
<5 


X 
T. 

as 


-    90"  à  76î"56 


•ae 


674-56 


l 


Alternances  de  grès  et  de  grès  schisteux  avec 
empreintes  de  Cordaltes.  etc.,  dans  les  parties 
schisteuses,  épaisseur  87  m.  H4  environ. 

Schistes  avec  nodules  de  carbonate  de  fer, 
puis  schistes  houillers  tins,  ép.  8  m.  40  env. 

Première  couche.  —  3  bancs  de  houille  séparés 
par  des  grès  schisteux,  dont  le  plus  épais 
d*environ  o  m.  80,  les  deux  autres  de  o  m.  ao. 

Grès  gprossier  avec  troncs  de  Calamités,  ép. 
10  à  1 1  mètres  env. 

Deux  petits  bancs  de  houille  de  o*ao  séparés 
par  s  mètres  de  schiste  houiller,  ép.  s  m.  40 
env. 

Schiste  houiller,  ép.  o  m.  80  env. 

Deuxième  couche,  comprenant  environ  i  ni.  60 
d'ouverture  de  houille  avec  intercalation  de 
a  bancs  minces  de  grès,  puis  o  m.  40  de  grès 
et  un  nouveau  banc  de  houille  d'environ 
o  m.  80,  ép.  a  m.  80  env. 

Grès  houiUer,  ép.  i  mètre  env. 


K 
X 

S 

X 


e 
a. 


X 

o 


I 


764-56 


a 


f«78-8o 


ii4"a4 


lOlO" 


igOI  NOTE  SUR  LE  FOIfÇAOE  DU  PUITS  0.  ARTHUR  DE  BUYER  »  l49 

Propondrur     ÉpAISSBtm 

Terrain  talqiieux.—TvLfde  porphyre  pétrosili-  \  ^ 

ceux  blanchâtre  avec  forts  liions  de  calcaire  j  *g 

dolouiitiqne,  ép.  56  m.  90  env.  I  5 

Petit  (lion  de  houille  de  o  m.  10,  représentation  F  ^        ^ 

de  la  couche  de  Mourière,  ép.  o  m.  10  env.      /  ^  ^  i3i*ao 

Terrain  talqueux,  ép.  6  mètres  env.  1 

Schistes  de   la    grauwacke  carbonifère,   ép.  ] 

68  m.  90  env.  j  ^ 

Observations  générales  sur  les  terrains  traversés,  —  Ainsi  que 
je  l'ai  indiqué  dans  ma  précédente  note,  le  grès  bigarré  repose  en 
stratification  concordante  sur  le  grès  des  Vosges,  et  le  passage  d'un 
étage  à  l'autre  se  fait  insensiblement,  de  sorte  qu'il  est  impossible 
d'établir  une  ligne  de  démarcation.  Les  bancs  ont  une  pente  de 
8  centimètres  par  mètre.  Le  grès  vosgien  repose  également  en 
stratification  concordante  sur  le  grès  rouge.  Les  bancs  du  grès 
bigarré  et  du  grès  des  Vosges  sont  aquifères,  aussi  a-t-on  constaté 
dans  les  deux  puits  à  la  profondeur  de  90  mètres,  une  venue  d'eau 
de  3oo  mètres  cubes  par  a4  heures.  Afin  d'empêcher  l'eau  de  péné- 
trer dans  l'intérieur  des  puits,  un  cuvelage  en  fonte,  absolument 
élanche,  est  établi  sur  les  cent  premiers  mètres,  puis  à  partir  de 
cette  profondeur,  étant  donné  l'imperméabilité  du  grès  rouge,  le 
fie  vêtement  des  puits  est,  pour  l'un  d'eux  en  moellons  taillés,  et 
pour  l'autre  en  moellons  artificiels  de  ciment. 

En  dehors  des  faits  signalés  précédemment,  le  grès  bigarré  et 

te   grès  vosgien  n'ont  présenté  aucime  particularité  à  mentionner, 

sâi-^f  que  le  grès  vosgien,  —  comme  dans  la  coupe  du  moulin  des 

3£i-ttans  —  a  une  épaisseur  très  réduite  et  renferme  des  bancs 

s£àl3leux,  friables  à  la  base. 

Le  grès  rouge  permien,  a  été  traversé  sur  une  épaisseur  considé- 
rable, d'environ  674  ^^'  ^^'  Les  brèches  de  la  partie  supérieui^e  et 
ïï^oyenne  du  Permien,  —  particulièrement  entre  4oo  à  6oô  mètres 
ie  profondeur  —  sont  à  éléments  anguleux  et  renferment  des 
îragments  de  grès  ferrug^eux  ou  siliceux,  de  porphyre  violacé, 
plus  ou  moins  décomposé,  de  schistes  de  transition,  et  des  cristaux 
isolés  de  feldspath  et  de  quartz. 

l«s  poudingues  violacés  de  la  base  du  Permien  contiennent  des 
cailloux  roulés  d'un  grès  siliceux  violacé,  mélangés  de  fragments 
àe  porphyre  violacé  et  de  grains  de  quartz  cimentés  par  une  pâte 
fernigineuse. 

^s  brèches  du  Permien  contiennent  divers  minéraux^  de  la  calcite, 
^k  dolomie,  de  la  barytine,  de  la  pyrite  et  des  traces  de  fer  oligiste. 


i5o  M.  MiBG  ai  JanY. 

Les  argilolithes  de  la  base  du  Permien  n'ont  pas  fourni  de  tiges 
silicifiées ,  mais  seulement  quelques  empreintes  de  feuilles  de 
Gordaîtés. 

Comme  accident  de  terrain  il  y  a  lieu  de  signaler,  vers  4io  mètres 
et  vers  675  mètres,  deux  petits  accidents  de  faille,  dont  le  dernier, 
dans  le  sens  de  la  houillère,  relève  la  partie  sud  des  terrains 
traversés. 

Le  terrain  houiller  —  ainsi  que  je  l'ai  fait  observer  précédem- 
ment —  plonge  au  sud-ouest  avec  une  forte  pente  constante  (envi- 
ron 3o  centimètres  par  mètre)  et  conserve  dans  tous  les  plans  de 
cette  orientation  une  épaisseur  constante. 

Au  puits  Arthur  de  Buyer^  le  terrain  houiller  a  été  traversé  sur 
une  épaisseur  d'environ  ii4  m.  a4»  ®^  ^^  ^7^  ™-  ^4»  si  on  j  ajoute 
le  terrain  talqueux  de  la  base,  y  compris  le  petit  banc  de  houille 
de  10  centimètres  qui  représente  la  couche  de  Mourière. 

La  partie  supérieure  du  terrain  houiller,  jusqu'à  la  première 
couche  de  houille,  s'est  montrée  exclusivement  composée  de  grès, 
de  grès  schisteux  et  de  schiste  plus  ou  moins  fin,  avec  nodules  de 
carbonate  de  fer  dans  les  derniers  mètres  qui  avoisinent  la 
houille.  On  remarquera  l'absence  des  poudingues  houillei's,  ren- 
contrés au  milieu  des  bancs  de  grès,  en  d'auti'es  points  du  bassin, 
notamment  au  puits  du  Clianois,  où  ils  sont  formés  d*éléments 
faiblement  roulés  de  roches  cristallines  :  porphyre  pétrosiliceux  et 
porphyrite  mélangées  de  fragments  de  schiste  de  transition  ver- 
dâtre  et  de  grains  de  quartz. 

Les  empreintes  végétales  renfermées  dans  les  schistes  houillers 
jusqu'au  voisinage  de  la  première  couche  sont  variées  et  ne  diffè- 
rent pas  sensiblement  de  celles  rencontrées  sur  d'autres  points, 
dans  les  exploitations  de  la  houillère.  On  y  constate  Fabondance 
des  empreintes  de  feuilles  et  de  fruits  de  Cordaïtes,  mélangées 
avec  deux  espèces  de  Sigillaires  :  S,  tessellata,  S.  eliiptica;  de 
nombreux  Pecopteris^  Cyclopteris ,  AsterophylliteSy  Annularia; 
quelques  Lepidodendron ,  etc.,  flore  fossile  qui,  d'api'ès  Tabbé 
Boulay  *  semble  correspondi*e  à  une  période  assez  longue  de 
dépôt  qui  atteint  la  base  du  terrain  houiller  supérieur.  D'après 
M.  Grand'Eury  *  la  flore  de  Ronchanip  présente  tant  d'analogie 
avec  celle  d'Épinac,  près  d*Autun,  que  la  continuité  des  couches 
houillères  d'un  point  à  l'autre  semble  probable. 

Les  schistes  houillers  contenaient  également  quelques  fragments 

I.  B.  S,  H.  N.y  Colmar  1879-1880,  p.  3a. 

a.  Grand'Eury,  Flore  carbonifère  du  département  de  la  Loire,  1877. 


I^OI        MOTS  SUR  LE  FONÇAGS  DU  PUITS  <X  ARTHUR  DE  BUYER  »  l5l 

de  Poissons  ganoîdes  palœoniscidés,  à  corps  trapu,  écailles  rhom- 
boidales  ornées  de  lignes  longitudinales  qui  (d'après  des  échantil- 
lons plus  complets  de  la  collection  Edouard  Doll  de  Mulhouse, 
provenant  des  déblais  du  puits  Saint-Charles  à  Ronchamp,  que 
j*ai  pu  étudier),  se  rapprochent  du  genre  Elaçeria  Sauvage,  de 
Commentry. 

Les  grès  houillers,  assez  grossiers,  qui  se  rencontrent  entre  la 
première  et  la  seconde  couche  de  houille  renferment  d'assez  nom- 
breux troncs  de  Calamités,  C.  cannoeformis  ?,  ayant  jusqu*à  i  mètre 
à  I  m.  lo  de  longueur.  D'après  les  observations  et  les  dessins  qui 
m'ont  été  communiqués  par  l'ingénieur  chargé  de  la  direction  des 
travaux,  M.  Faucillon,  certains  de  ces  troncs,  légèrement  infléchis 
vers  la  base  et  terminés  en  pointe,  étaient  dans  une  position  per- 
pendiculaire à  la  stratification  et  présentaient  Tapparence  de  tiges 
en  place. 

Comme  accidents  de  faille,  il  y  a  lieu  de  signaler  la  faille  ren- 
contrée au  midi  du  puits ,  qui  ramène  la  première  couche  au 
niveau  de  la  petite  couche  intenuédiaire.  Cette  faille  supprime  les 
schistes  houillers,  généralement  très  riches  en  empreintes  végé- 
tales, qui  séparent  la  première  couche  de  la  couche  intermédiaire. 

Un  accident  de  faille  de  peu  d'importance  a  également  été  cons- 
taté dans  la  seconde  couche. 

Les  roches  talqueuses  de  la  base  du  terrain  houiller  ont  été  très 
exactement  décrites  par  M.  Collot  dans  sa  note  sur  les  roches  du 
]>assin  de  Ronchamps  * .  Ce  sont  des  tufs  de  porphyre  pétrosiliceux 
ilanchâtres,  légèrement  rosaires,  formés  de  fragments  feldspa- 
thiques  blancs,  anguleux,  renfermant  des  grains  de  quartz  bipy- 
ramidé. 

Les  granulations  lumineuses  de  ce  tuf  forment  des  traînées  dans 
la  matière  amorphe,  où  sont  noyés  les  cristaux  anciens  de  quartz  et 
d'orthose,  ceux-ci  peu  nombreux  et  petits.  Ces  tufs  qui  ont  été 
rencontrés  sur  plus  de  5o  mètres  d'épaisseur  au  puits  Arthur  de 
Buyer,  étaient  traversés  par  d* épais  filons  de  calcaire  dolomitique, 
riche  en  fer,  avec  cristaux,  recouverts  de  mouches  de  pyrite. 
La  dénomination  de  roche  talqueuse  donnée  par  les  mineurs  à  ces 
tufs  [provient  de  ce  qu'ils  ont  parfois  —  con^me  dans  certains 
échantillons  comprimés  et  un  peu  schisteux,  que  je  possède,  pro- 
venant du  puits  du  Clianois  —  un  toucher  légèrement  talqueux, 

savonneux. 

I.  Collot.  Note  sur  les  roches  du  bassin  de  Honchamp.  B.  S.  G.  F.,  [3], 
^V,  p.  1017-1018  (1897). 


iSa  M.  MiEG  31  Janv. 

A  935  mètres  de  profondeur  s*est  rencontré  encore  un  petit  filon 
de  houille  de  10  centimètres  d'épaisseur,  qui  est  le  représentant 
de  la  couche  de  Mouricre  et  correspond  à  la  base  du  terrain 
houiller.  Le  petit  banc  de  schiste  siliceux  qui  vient  en  dessous 
oflre  déjà  beaucoup  d'analogie  avec  les  schistes  à  Sphenopteris  et 
à  Cyclopteris  de  la  grauwacke  carbonifère  de  Bourbach-le-Bas. 

Une  dernière  empreinte  végétale,  peu  déterminable,  a  été  ren- 
contrée, vers  la  limite  du  terrain  talqueux,  à  la  profondeur  de 
940  mètres  dans  un  schiste  siliceux. 

Les  schistes  anciens  du  Carbonifère  inférieur,  sur  lesquels  le 
Houiller  est  discordant,  commencent  à  la  profondeur  de  941  mètres 
et  se  continuent  jusqu'à  loio  mètres,  profondeur  à  laquelle  a  été 
arrêté  le  fonçage  du  puits  Arthur  de  Bwyer. 

Application  de  la  théorie  de  M.  Fayol  au  bassin  houiller  de 

Ronchamp. — Lors  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  Société  géolo- 
gique à  Belfort  (séance  du  4  septembre  1897  à  Belfoi*t),  M.  Collot 
avait  appelé  l'attention  de  ses  confrères  sur  la  conformité  de  dispo- 
sition du  bassin  houiller  de  Ronchamp  avec  celle  que  lui  assigne- 
rait la  théorie  de  M.  Fayol.  La  théorie  des  deltas  houillers  semble 
en  effet  s'appliquer  parfaitement  à  ce  bassin. 

Le  terrain  houiller  de  Ronchamp,  déposé  dans  la  grande  dépres- 
sion carbonifère  qui  s'étend  au  sud  du  système  des  ballons  de  la 
falaise  vosgienne,  s'épanouit  à  l'ouest  sur  une  gininde  épaisseur  — 
plus  de  i5o  mètres  au  puits  du  Chanois  —  pour  se  terminer  en 
pointe  et  disparaître  peu  à  peu  entièrement  vers  l'est. 

Les  couches  de  houille  de  la  région  —  au  nombre  de  trois  avec 
la  couche  intermédiaire  —  sont  alfectées  de  la  même  manière  ;  elles 
s'amincissent  au  levant  et  arrivent  à  n'en  plus  constituer  qu'une 
seule  qui  disparaît  complètement.  Les  bancs  de  schistes  et  de 
grès  qui  séparent  les  trois  couches  du  système  de  Ronchamp  vont 
également  en  augmentant  vers  le  couchant  par  l'amplification  de 
barres  qui  deviennent  des  bancs  épais. 

D'après  les  observations  de  M.  Trautmann  S  les  bancs  de  pou- 
dingues  houillers  s'amincissent  et  deviennent  de  moins  en  moins 
nombreux,  à  mesure  qu'on  avance  vers  le  sud-est.  Ainsi  au  son- 
dage de  Malbouhans  on  a  traversé  treize  bancs  de  poudingues, 
d'une  épaisseur  totale  de  46  mètres,  sur  ia6  mètres  de  terrain 

I.  E.  Trautmaxn.  Etude  des  gites  minéraux  de  la  France.  Ministère  des 
Travaux  publics.  Bassin  houiller  de  Ronchamp.  Paris,  Quantin,  i855,  v.  p. 
II1I-II3. 


igOI  NOTE  SUR  LE  PONÇAGE  DU  ^UITS  «  ARTItUtl  DE  fiUYtiR  »  l53 

houîller;  au  puits  Sainte  -  Marie ,  trois  bancs  seulement  de  ao 
mètres  d'épaisseur  ensemble,  sur  loo  mètres  de  terrain  houiller  ; 
à  Sainte-Pauline  on  ne  trouve  plus  qu  un  banc  de  6  à  7  mètres,  sur 
une  épaisseur  de  60  mètres  de  terrain  houiller. 

Les  faits  que  nous  venons  de  citer,  et  pai*ticulièrement  Tamin- 
cissement  progressif  et  la  disparition  du  bassin  houiller  de 
Ronchamp  vers  Test  et  le  sud-est,  permettent  de  conclure,  avec 
M.  Trautmann  *  que  le  courant  qui  a  charrié  et  amené  dans  le 
bassin,  tant  les  roches  que  les  matières  végétales,  venait  du  nord- 
ouest,  de  terres  basses  émergées  entre  les  Vosges,  les  Ardeûnes 
et  le  Morvan.  Les  gros  galets  des  poudingues  se  sont  déposés  les 
premiers,  —  il  est  évident  que  certains  éléments  de  ces  conglomé- 
rats ont  dû  être  empruntés  au  terrain  talqueux  et  aux  schistes 
carbonifères  qui  occupent  le  fond  du  bassin,  —  puis  les  sables  et 
les  schistes  se  déposèrent  à  leur  tour,  et,  aux  époques  où  le  courant 
charriait  de  notables  quantités  d'éléments  ligneux,  ceux-ci  ont  été 
en  général  amenés  plus  loin  pour  former  les  couches  de  houille. 

M.  Trautmann  a  fait  observer  en  outre,  que  même  à  ces  époques, 
les  eaux  charriaient  des  sables  et  des  argiles,  qui  se  sont  inter- 
calés entre  les  dépôts  ligneux ,  de  préférence  à  leur  entrée  dans  le 
bassin  de  dépôt.  La  grande  division  des  couches  de  houille  vers  le 
nord-ouest  les  rend  en  effet  inexploitables,  tandis  que  c'est  vers  le 
centre  du  bassin  qu  elles  sont  le  plus  régulières. 

Quant  aux  troncs  de  Calamités,  présentant  l'apparence  de  tiges 

etx  place,  observés  dans  le  fonçage  du  puits  Arthur  de  Bayer,  ils  ne 

sauraient  pas  contredire  la  théorie  des  deltas  et  des  troncs  charriés 

parles  eaux  torrentielles,  puisque  de  nombreux  troncs,  présentant 

les  caractères  de  troncs  en  place,  ont  été  également  observés  à 

Gomiiientry,  et  que  M.  Fayol  lui-même  a  démontré  que  dans  un 

courant  rapide,  nombre  de  végétaux,  fût-ce  même  des  frondes  de 

fougères,  gaixient  la  station  verticale,  pour  ne  commencer  à  se 

coucher  que  quand  leur  pied  a  touché  le  fond. 

I.  Ouv,  citéf  p.  lia. 


Séance  du  ^  Février  f  HOf 

PRÉSIDENCE    DE   M.    L.    GAREZ,    PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance.  I^  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée.  - 

Le  Président  annonce  la  mort  de  M.  6.  Chatin»  Membre  de  Tins- 
titut.  Les  études  spéciales,  auxquelles  il  s'était  adonné,  ne  Tempe- 
chaient  pas  de  s'intéresser  vivement  aux  travaux  de  la  Société 
géologique,  dont  il  était  membre  à  vie  depuis  i858. 

Quatre  nouveaux  membres  sont  présentés. 

M.  Toucas  donne  quelques  détails  complémentaires  de  sa  note 
du  5  décembre  1898,  Sur  résolution  des  Hippurites. 

Il  fait  connaître  que,  pour  le  moment,  il  n'est  pas  possible  d* ad- 
mettre un  type  ancestral  comnmn  ayant  servi  d'oiîgine  à  tous  les 
groupes  d'Hippurites.  Quatre  formes  ont  apparu  simultanément 
dans  le  premier  niveau  à  Hippurites  (Angoumien  moyen  à  Dira- 
dJoUtes  cornupasioris)  :  Hipp,  resecius  Defrance,  Hipp,  Requieni 
Mathcron,  Hipp,  inferus  Douvillé  et  une  forme  nouvelle  qui  est  la 
forme  ancienne  de  Hippurites  petrocoriensis  Douvillé,  différant 
de  celle-ci  par  son  arête  cardinale  tronquée.  Ce  sont  les  quatre 
types  primitifs  des  grandes  divisions  établies  par  M.  Douvillé, 
Hipp*  resectus  pour  les  Hippurites  à  pores  polygonaux,  Hipp. 
Requieni  pour  les  Hippurites  à  pores  linéaires,  Hipp,  inferus  et 
Hipp,  petrocoriensis.  forme  ancienne,  pour  les  Hippurites  à  pores 
réticulés. 

Chacune  de  ces  trois  gi*andes  bi*anches  comprend  plusieurs 
groupes,  dont  on  peut  suivre  l'évolution  depuis  le  type  primitif 
jusqu'à  son  extinction. 

I"  Hippurites  a  pores  rkticulés. 

Dans  cette  première  branche  on  distingue  deux  groupes  princi- 
paux, donnant  naissance  à  un  sous-groupe. 


1" 


Groupe  de  Y  Hipp.  gallo  provincial  is  Matheroii. 
Sous-groupe  de  VHipp.  Moulinsi  d'Hombres  Firmas. 

Groupe  de  VHipp.  g-iganteus  â'Hombres  Firmas. 
^        ^    Sous-groupe  de  VHipp.  Oppeli  Douvillé. 

La  distinction  entre  ces  deux  groupes  se  fait  sur  le  premier  pilier, 
toujours  court  et  non  pédicule  dans  le  pi*emier  groupe,  tandis 


SÉANCE  DU  4  FÉVRIER  I9OI  l55 

qu^il  estplos  allongé  et  constamment  pédicule  ou  fortement  rétréci 
à  la  base  dans  le  deuxième  groupe. 

Entre  le  groupe  de  VHipp.  galloprovincialis  et  le  sons-groupe  de 
VHipp,  Moulinsi,  la  distinction  se  porte  sur  Taréte  cardinale, 
longue  et  lamelliforme  dans  le  premier,  encore  saillante  mais 
toujours  triangulaire  dans  le  sous-groupe. 

Dans  le  deuxième  groupe,  la  distinction  s* opère  particulièrement 
sur  la  valve  supérieure  qui,  en  s'épaississant  dans  le  sous-groupe 
de  VHipp,  Oppeli,  transforme  les  pores  en  pores  subréticulés. 

Le  groupe  de  VHipp.  galloprovincialis  a  pour  origine  VHipp, 
petrocoriensis^  forme  ancienne,  à  arête  cardinale  tronquée,  qu*on 
rencontre  dans  le  premier  niveau  à  Hippurites  de  la  Provence,  des 
Corbières  et  des  Charentes.  Il  comprend  en  outre  dans  Tordre  de 
l'évolution  : 

Hipp.  petrocoriensis  Douviilé.  dans  rAngoumien  supérieur. 

—  marticensis  Douviilé,  forme  ancienne  de  17/.   j  dans 

dentatuê  avec  arête  cardinale  tronquée.      '  le  Cohiacien  et  le 

—  fçaUoprovinviaiis ,  \     Santonien  inf. 

—  dentatas  Matheron.  dans  le  Santonien  moyen. 

—  latns  Malheron,  dans  le  Santonien  supérieur  et  le  Campnnien. 

Le  sous-groupe  de  VHipp,  Moulinsi  débute  dans  TAngoumien 
supérieur  avec  VHipp,  Rousseli  Douviilé,  a  arête  cardinale  tron- 
cjuée,  et  se  continue  avec 

Hipp.  Moulinai,  à  arête  cardinale  tronquée,  dans  le  Coniacien. 

—  sp.  nov.,  forme  récente  de  VHipp.  Moulinai  à  arête  cardinale 

arrondie,  dans  leSnntonien. 

Le  groupe  de  V  Hipp.  giganieus  a  pour  origine  Y  Hipp.  in  férus  de 
l*Angoumien  moyen  et  comprend  en  outre  : 

Hipp.  goaavienaia  Douviilé.  j  dans 

—  sp.  nov.,  forme  ancienne  de  VHipp.  gigan-   '      l'Angoumien 

teu8,  avec  arête  cardinale  tronquée.  ]         supérieur. 

—  giganteua,  dans  le  Coniacien. 

—  Jeani  Douviilé,  dans  le  Santonien  inférieur. 

Knfin  le  sou.s-groupe  de  VHipp,  Oppeli  commence  avec  VHipp, 
Zur^cheri  Douviilé,  du  Coniacien,  remplacé  dans  le  Santonien 
inférieur  par  une  forme  plus  récente  à  arête  cardinale  arrondie,  et 
comprend  en  outre  les  (juatre  formes  suivantes  de  la  Province 
orientale  : 

Wpp .  Bœhmi  Douviilé.  \ 

—  inœquicostatus  Munster.  /     probablement   dans    le 

—  Oppeli  Douviilé.  \  Cnmpanien. 

—  veaiculoauë  Woodwcu-d.  1  * 


l56  SÉANCE   DU   4   FÉVRIER    igOI 

M.  Douvillé  rectifie  une  communication  qu'il  avait  faite  dans  la 
séance  du  17  décembre  dernier,  à  propos  d*un  Foraminifëre  prove- 
nant  d'Egypte  et  communiqué  par  notre  confrère  M.  Fourtau.  Le 
Secrétaire  pour  l'Etranger,  M.  Pervinquière,  lui  a  signalé  l'appa- 
rition toute  récente  d'une  note  de  M.  Blanckenhom  (Z.  Z).  G.  G., 
vol.  LU,  p  4^3)  dans  lequel  il  est  cpiestion  de  ce  fossile,  précé- 
demment décrit  par  M.  Chapman,  sous  le  nom  de  Patellina  cegyp- 
tiensis  (GeoL  mag,,  dec.  IV,  vol.  7,  p.  3). 

Ce  nom  de  Patellina  est  employé  par  les  auteurs  anglais,  depuis 
Carpenter,  pour  les  fossiles  que  les  géologues  du  Continent  dési- 
gnent sous  le  nom  d'Orbitolina.  Carpenter  a  rejeté  cette  dénomi- 
nation, qui  est  plus  ancienne,  par  la  raison  que  a  d'après  l'usage 
suivi  par  un  grand  nombre  de  naturalistes,  cette  désinence  indique 
une  forme  vivante  devant  être  rapprochée  des  Orbitoliies  fossiles.  » 
Or  cet  usage  n'était  certainement  pas  accepté  par  d'Orbigny, 
Tauteur  du  genre,  puisqu'il  l'a  établi  exclusivement  pour  des 
formes  fossiles.  En  outre  Carpenter  a  indiqué  lui-même  les  diflé- 
renées  qui  distinguent  ces  formes  fossiles  des  Patellina  actuels, 
et  notamment  l'absence  dans  ces  derniers,  du  fin  réseau  sous- 
épidermique  qui  est  caractéristique  pour  les  formes  fossiles  du 
terrain  crétacé.  En  réalité  les  deux  types  Patellina  actuel  et 
Orbitolina  crétacé,  sont  génériquement  différents,  et  les  deux 
noms  ne  doivent  pas  être  confondus. 

Le  fossile  d'Egypte  n*appartient  pas  au  genre  Orbitolina  comme 
nous  l'avons  cru  tout  d'abord  avec  MM.  Chapman  et  Schluniberger  ; 
mais  il  représente  seulement  une  forme  voisine  et  nous  adoptons, 
à  ce  point  de  vue,  la  manière  de  voir  de  M.  Blanckenhom.  Comme 
dans  les  Orhitolines,  il  exi:>te  sur  la  face  conique  un  épiderme 
strié  concentriquement  et  imperforé,  et  au-dessous  un  réseau  fin 
sous-épiJcrmique,  puis  une  couche  corticale  formée  de  cellules 
rectangulaires  disposées  en  quinconce.  Mais  la  partie  centrale  est 
formée  de  couches  régulières  séparées  les  unes  des  autres  par  des 
lamelles  convexes  perforées  ;  cette  disposition  est  beaucoup  plus 
simple  que  celle  que  l'on  observe  dans  les  Orbitolines  vraies.  Il 
faut  donc  adopter  le  nom  nouveau  de  Diciyoconos  (ou  mieux 
Dictyoconus)  proposé  par  M.  Blanckenhom.  Ce  fossile  est  indiqué 
comme  appartenant  à  TEocène,  et  il  est  extrêmement  intéi^ssant 
de  retrouver  à  cette  époque,  relativement  récente,  un  représentant 
des  Foraminifères  à  réseau  sous-épidermique  qui,  jusqu'à  présent, 
n'étaient  connus  que  dans  le  terrain  crétacé. 


ÉTUDES  UTflOLOGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES 


I.— SUR  LE  RATTACHEMENT  A  UNE  SOUCHE  COMMUNE  DES  DIVERSES 
ROCHES  INTRUSIVES  DU  TERRAIN  ROUILLER  DU  BRIAN- 
ÇONNAK; 

MI.  —  SUR  LES  TR ACHYTES  (ORTHOPHYRES)  DU  TERRAIN  ROUILLER 
DBS  GRANDES-ROUSSES, 

par  M.  Pierre  TERMIER. 

Entre  la  vallée  de  l'Arc  au  nord,  et  les  vallées  du  Vénéon  et  de 
la  Gyronde  au  sud,  le  terrain  houiller,  qui  joue,  comme  chacun 
^^1,  un  rôle  fort  important  dans  la  constitution  de  nos  Alpes, 
^^nferme  beaucoup  de  roches  éruptivcs.  J'ai  montré,  dès  1892  ^ 
^ue,  dans  le  massif  des  Grandes-Rousses,  la  bande  anthracifère 
située  sur  le  versant  oriental  de  la  chaîne  présente,  alternant  avec" 
les    grès    et  les  schistes,   de  nombreuses  coulées  de  trachytes 
^orthophyres),  des  assises  tufacées  à  débris  trachytiques,  et  des 
es  de  conglomérats  à  galets  de  ces  mêmes  trachytes.  D'autre  part, 
n  connaît,  depuis  Elie  de  Beaumont  ^,  l'existence,  dans  le  terrain 
Imomller  du  Briançonnais,  d'amas  intrusifs  de  roches  dioritiques, 
«âu  contact  desquelles  l'anthracite  se  change  en  graphite.  Charles 
Hiory  '  a  décrit,  après  Elie  de  Beaumont,  le  gisement  des  «  por- 
phyres   dioritiques  »   du  col  du  Ghardonnet,   et  a   signalé  des 
affleurements  de  roches  analogues,  sinon  identiques,  à  Puy-Saint- 
^/l^ndré  et  à  Prelles,  au  Sud  de  Briançon.  De  1880  à  1884,  deux 
Yjugénieurs  du  Corps  des  Mines,  MM.  Lâchât  et  Kûss,  ont  fait 
connaître  le  «  porphyre  euritique  »  des  Gardéolles,  près  de  Saint- 
0^^^i*ey  ^.   Enfin,    les  explorations  entreprises  dans  la  région 
^liançonnaise  par  M.  Kilian,  par  M.  Lugeon,'et  par  moi,  en  vue 
^c  l'exécution  de  la  carte  géologique  au  '80.000*,  ont  amené  lu 

1.  P.  Tbrmier.  Sur  rexistence  de    la  microgranuiite    et  de   rorthopliyre 

dans  les  Alpes  françaises,  C.  R.  Ac,  Se,  t.  CXV,  1892  ;    Sur  les  roches  de 

U  série  porphyrique  dans  les  Alpes  françaises,  ibid,,  t.  CXYI,  1893.  —  Id.  Le 

MASiif  des  Grandes-Rousses.   BulL  des  Serv,  de  la  Carte  géolog.,  t.  Yl, 

1894,  n-  4o. 
a.  E.  de  Beaumont.  Ann.  des  Sciences  Naturelles,  i'*  série,  t.  XV,  i8a8. 

3.  Ch  JjOry.  Description  géolog.  du  Dauphiné,  §  a65.  Paris-Grenoble,  1864. 

4.  BulL  Soc,  des  Se.  natur.  du  Sud-Est  1S84»  p.  49~^i  ;  Bull.  Soc,  d'Etudes 
de$  Haates-Alpes,  t.  IV,  i885,  p.  456-459;  et  rapports  inédits. 


i58  p.  TEKMm  7  Pévr. 

décoarerte  de  beaacoap  d*aatres  amas  intnisifs,  et  nous  onl 
conduits  peo  à  pea.  M.  Kilian  et  moi,  à  Tétode  systématiqiie  des 
roches  qui  forment  ces  amas  *.  Dans  le  Briançonnais,  comme  dans 
les  Grandes-Rousses,  le  terrain  a  été  fouillé  partout  :  et  les  travaux 
analytiques  sur  les  roches  éruptires  du  Carbonifère  sont  aujourdliui 
assez  aTancés  pour  que  Ton  puisse  dès  à  présent  essayer  une 
synthèse. 

Je  me  propose,  dans  les  pages  qui  vont  suivre,  d'étudier 
successivement  les  roches  intrusives  du  Uouiller  briançonnais  et 
les  trachytes  du  Houiller  des  Grandes-Rousses.  Je  ne  rappellerai, 
des  descriptions  antérieures,  stratigraphiques  et  pétrogp^phiques, 
que  ce  qui  sera  indispensable  pour  l'intelligence  de  ma  thèse.  Et 
ma  préoccupation  sera  de  saisir  le  lien  génétique  par  lecpiel  se 
rattachent  les  unes  aux  autres  certaines  de  ces  roches,  ou  de 
montrer,  au  contraire,  entre  de  certaines  autres,  des  dissemblances 
fondamentales  et  essentielles.  Cette  préoccuiiationy  que  j*apporte 
ici,  est,  à  l'heure  actuelle,  celle  des  lithologistes  du  monde  entier. 


I.  —  Roches  intrusives  du  Houiller  briançonnais 

J*ai  déjà  établi  que  les  roches  intrusives  du  terrain  houiller  du 
Briançonnais  appai'tiennent  à  quatre  types,  en  apparence  fort 
différents,  et  qui  s*écartent  en  eifet  les  uns  des  autres,  soit  par  leur 
structure,  soit  —  ce  qui  est  beaucoup  plus  important  —  par  leur 
composition  chimique.  Ce  sont  : 

Des  DioRiTEs  QUAKTZiFKREs  {quarzdioHt)^  à  biotite  et  amphibole  ; 

Des  MicRODioRiTEs  (dioritporph}'rity  assez  analogues  aux 
variétés  basiques  de  Vestérellite  Michel  Lcvy  {porphyres  diori- 
tiques  d'E.  de  Beauniont  et  de  Ch.  Lory): 

Des  MicROSYÉNiTEs  {sj'enitporphjnr)  ; 

Des  MicROGRAMTEs  (granitporphj'r)^  enfin,  qui  représentent  le 
terme  acide  et  alcalin  de  la  sériC'et  qui  sont  les  porphyres  euriiiques 
de  MM.  Lâchât  et  Kùss. 

I.  P.  Tbrmibr.  Sur  rélimination  de  la  chaux,  par  niétasomaiose,  dans  les 
poches  éruptives  basiques  de  la  région  du  Pelvoux.  B.  S,  G,  F,,  (3X 
XXVI.  —  \V.  Kilian  et  P.  Tbkmikr.  Contribution  à  Tétude  des  microdiorites 
du  Briançonnais  Ihid.,  XXVI.  —  P.  Trrmikr.  Micrograiiites  de  la  vallée 
de  la  Guisanne.  làid,,  XXVII.  —  W.  Kilian.  Excursion  Xni'  (Alpes  du 
Dauphiné  et  de  la  Savoie),  Livret-Guide  du  Congrès  géolog.  international  de 
Paris,  1900.  -  P  Tbrmibr.  Excursion  XHI'  (massif  du  Pelvoux  et  Brian- 
çonnais), Ibidem,  —  P.  Tbrmibr,  W.  Kilian  et  M.  Lugbon.  Feuille 
«  Briançon  »  de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  France  au  80.000*, 
Paris,  1901. 


I9OI  «TUDBS  LITHOLOGIQUES  DANS  I^S  ALPES  FRANÇAISES  iSg 

DiORiTBS  QUARTZUi'jkRES.    —    J'ai  découvcrt,   il  y  a  quelques 

années*  de  nombreux  blocs  de  diorites  quartzifères  à  biotite  et 

amphibole  «lans  le  Glaciaire  de  la  vallée  de  la  Guisanue,  au  pied 

de  la  forêt  de  Prorel.  Comme  ces  blocs  sont  presque  partout  mêlés 

et  des  blocs  de  gneiss  et  de  granité  qui  proviennent  du  massif  du 

Pelvoux,  j'ai  longtemps  cherché  dans  ce  massif  même  le  gisement 

clés  diorites,  jusqu'au  jour  où  je  rencontrai  deux  lambeaux  d'une 

axicienne  moraine,  montrant  des  débris  de  diorite  mêlés  à  des  blocs 

de  grès  et  de  poudingues  houillers,  sans  aucun  mélange  de  débris 

g^'neissiques  ou  granitiques.  Les  lambeaux  dont  je  parle  sont  situés 

et  la  sortie  de  Monêtier-les-Bains,  sur  la  rive  droite  de  la  Guisanne, 

l'^un  sur  le  chemin  des  Grangettes,  l'autre  sur  le  chemin  du  col  de 

|.^£ychauda.  Il  était  dès  lors  évident  que  les  diorites  proviennent 

des   montagnes  situées  au  nord  de  la  Guisanne  ;  et  j*appelai,  au 

■jaois   d'août  de   1899,   l'attention   de  M.   Kilian   sur  ces  roches 

âvitéressautes,  et  sur  la  probabilité  d'en  rencontrer  des  affleure- 

^jaents  parmi  les  très  nombreux  affleurements  de  roches  intrusives. 

f^on  savant  confrère  et  ami  ne  tarda  pas,  en  effet,  à  me  signaler 

^''existence,  dans  les  environs  du  col  du  Chardonnet,  de  plusieurs 

^.mas  intrusifs  de  diorites  quartzifères,  les  unes  identiques  à  celles 

d^  Glaciaire  de  la  vallée  de  la  Guisanne,  les  autres  peu  différentes 

^%  établissant  un  passage  entre  les  vraies  diorites  et  les  micro- 

Dans  les  échantillons  qui  m'ont  été  remis  par  M.  Kilian,  aussi 
l^ien  que  dans  ceux  dont  j'ai  fait  la  récolte  au  sein  du  Glaciaire,  on 
observe  deux  variétés  de  diorite  quartzifère,  l'une  plus  micacée, 
i^autre  plus  amphibolique. 

La  variété  riche  en  mica  ressemble,  de  prime-abord,  à  un  granité 
à  grain  fin.  La  structure  est  franchement  granitoïde.  La  biotite  est 
en  voie  de  chloritisation,  et  la  chlorite,  très  abondante,  qui  provient 
de  cette  attaque  du  mica,  communique  à  tout  Tensemble  de  la  roche 
'^c  teinte  verdâtre.  La  hornblende,  de  couleur  verte,  est  plus  ou 
^oins  abondante,  mais  moins  abondante  que  le  mica.  Elle  est 
J^^sez  bien  conservée.  11  y  a  du  sphène.  Les  cristaux  de  feldspath, 
idionaorphes  pour  la  plupart,  souvent  volumineux,  sont  toujours 
altérés,  parfois  même  complètement  kaolinisés  :  les  moins  altérés 
Contrent  encore  des  traces  de  mâcles  répétées,  et  des  îlots  ou  des 
lîaepés  d'albite  secondaire.  Le  feldspath  originel  était  de  l'andésine. 
x^aut  au  quartz,  il  remplit  les  interstices  des  autres  minéraux. 

La  variété  riche  en  amphibole  renferme  le  plus  souvent  un  peu 
^  biotite.  Neuf  fois  sur  dix,  elle  n'est  granitoïde  qu'en  apparence. 
A.vec  Taide  du  microscope,  on  constate  que  les  vides  laissés  par 


[6o 


p.    TERMIER 


7péTr. 


les  grands  cristaux  de  hornblende  et  d'andésine  sont  remplis,  non 
pas  par  le  quartz  seul,  mais  par  une  mosaïque  granulitique  (an 
sens  Miclicl-Lévv)  de  quartz  et  de  plagioclase  (oligoclase  ou 
andésine).  II  y  a  d*ailleurs  tous  les  passages  entre  la  variété  micacée 
et  la  variété  amphibolique,  de  même  qu*entre  celle-ci  et  les 
véritables  microdioi*ites. 

Voici  deux  analyses  de  diorites,  qui  montrent  combien  les  deux 
variétés,  micacée  et  amphibolique,  sont,  en  réalité,  voisines  Tune 
de  Tautre.  Je  transcris  dans  une  troisième  colonue  la  composition 
d'une  microdiorite  à  grands  cristaux  de  hornblende  qui  provient 
du  Chardonnet  (M.  Kilian),  et  qui  ne  difT&re  des  diorites  que  par 
une  teneur  en  silice  un  peu  moindre  et  une  teneur  un  peu  plus  forte 
en  fer  et  en  magnésie  :  cette  roche  représente  bien  le  type  habituel 
et  moyen  des  microdiorites  de  la  région  du  Chardonnet. 


SiO».  .  . 

A1»0»  .  . 

Fe»0>  . 

FeC).   .  . 

MgO.  . 

CaO.   .  . 

K«0.  .  . 

Na»0  .  . 

Perte  par  calcination 

Total.   .   .   .  . 


Diorite  quArtafère 

du  Chardonnet: 

variélé  micacér.  & 

stnicturr  frr«nit(>Ide 


(x),ao 

19.60 

a,i5 

a,9i 
5,61 

1,93 
3,19 
2,59 


ICI, .m 


Diorite  qiiaiiiiCtre 

du  Chardonnet  : 

variole 

amphibolique. 

A  structure 

intermédiaire 


57,80 

i9»"o 
2,40 

4,14 
3,00 
6,i5 

1,37 
3rio 


iao,a8 


Microdîoriie 

du  Chardonnet: 

typegris-aoir 

à  grands  crisiaui 

de  hornblende 


55,5o 

ao,6o 

4,06 

3,45 
3,60 

«,45 

1,74 
a,90 

a,68 


100,98 


Dans  ces  trois  roches,  la  métasomatose  est,  non  seulement  du 
même  genre,  mais  encore  de  la  même  intensité.  Les  analyses 
ci-dessus  sont  donc  vraiment  comparables,  sans  qu*il  soit  néces- 
saire de  recourir  à  la  restauration.  On  voit  que  la  variété  amphi- 
bolique, pauvre  en  mica,  est.  non  seulement  quant  à  la  structure, 
mais  aussi  quant  à  la  composition  chimique,  un  intermédiaire 
entre  les  diorites  micacées,  franchement  granitoîdes,  et  les  vraies 
microdiorites,  Iranchenient  porphyroïdes  ;  et  Ton  voit,  en  outre, 
que  les  différences  entre  les  types  extrêmes  se  réduisent,   en 


ïgOl  ÉTUDES  LITHOLOOIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  161 

somme,  à  peu  de  chose.  Il  y  a,  dans  les  trois  types,  la  même 

abondance  do  feldspath,  et  presque  les  mêmes  teneurs  en  {Notasse 

et  soude.  C'est  par  une  moindre  teneur  en  fer,  magnésie  et  chaux, 

que  la  diorile  micacée  s'écarte  des  niicrodiorites.  Quant  à  Tabon- 

dancc  de  la  silice,   il  n'y  a  pas  lieu  d*y  attacher  une  gi*andc 

importance,  car  nous  .verrons  que,  dans  les  microdiorites  elles- 

mùiiies,  la  proportion  de  SiO*  varie  de  Sa  à  64  %• 

f.*a    diorite  *    micacée    du    Chardonnet   est   donc    une    forme 
^ranitoide  du  magma  hy^po-abyssique  qui,  dans  la  même  région, 
9*est  consolidé,  le  plus  souvent,  sous  la  forme  microdioritique. 
I^'identité  des  minéraux  dans  les  microdiorites  et  dans  la  diorite, 
^t   r existence  (variétés  amphiboliques  de  diorites)  d*un  passage 
oontinu,  quant  à  la  composition,  et  quant  à  la  structure,  entre  ces 
deux  types  de  roches,  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  étroite 
parenté.  La  diorite  micacée  ne  diffère  de  la  moyenne  des  micro- 
diorites du  Chardonnet  que  par  une  moindre  teneur  en  chaux, 
xxiagnésie    et    fer.  Elle   renferme  tout  autant  de  feldspath,  et, 
sonsiblement,    le   même    feldspath  ;   mais    elle    renferme  moins 
d^ampbibole  et,  en  revanche,  un  peu  plus  de  quartz  et  de  mica  noir. 
Cette    forme  granitoïde  est  d'ailleurs  exceptionnelle,   malgré 
l"^paisseur  considérable  (cent  mètres  et  plus)  qu'atteignent  parfois 
l^s  amas  intrusifs.  Sauf  des  cas  très  rares,  il  n'y  a  de  structure 
parfaitement  granitoïde  que  dans  les  roches  micacées,  et,  d'autre 
psàrt,  les  roches  intrusives  ayant  la  composition  chimique  de  la 
diorite  micacée  n'ont  prer>que  jamais  la  structure  microdioritique. 
C^uant  aux  variétés  intermédiaires,  sortes  de  diorites  à  amphibole 
nnicrodioritoïdes,  ou  de  microdiorites  quasi-granitoïdes,  elles  sont 
tx^s  répandues  dans  la  région  du  Chardonnet,  et  leur  abondance 
Tio  semble  guère  moins  grande  que  celle  des  microdiorites  nette- 
ment porphyroïdes. 

NicRoniORiTES.  —  C'est  aux  microdiorites  qu'appartiennent  la 

plupart  des   roches   intrusives  du  Houiller  briançonnais.   Elles 

^l>on(lent  sur  les  deux  versants  des  montagnes  du  Chardonnet,  du 

Raisin,  du  Vallon,  lesquelles  dominent  Monêlier-les-Bains  et  ks 

Guiberles.  MM.  Lâchât  et  Kûss  en  ont  signalé  d'autres aflleureiuents 

près  de  Névache,  au  dessus  du  chalet  de  Queyrellin  ;  et  M.  Kilian 

Ws  a  retrouvées  dans  la  haute  vallée  de  la  Clarée,  près  des  chalets 

Ac  Laval  et  de   Jadis.    Ce  sont  encore   des    microdiorites  qui 

y  Je  continue  d'appeler  cette  roche  diorite^  en  raison  de  son  aspect  exté- 
"«ttr.de  sa  couiposition  minéralogique,  et  de  sa  structure.  En  réalité,  ce  nVsl 
pu  une  roche  obyssiquc,  et,  par  conséquent,  ce  n'est  pas  une  vraie  diorite.. 

»:  AoM  1901.  —  T.  icr.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  11 


I 
1 


ifo  p.   TERMIER  J  FéTT. 

affleurent  dans  le  haut  du  vallon  de  Fréjus,  à  la  mine  de  graphite 
qui  s*ouvre  au  sud-est  de  la  Cucumelle.  Les  méuies  roches  repa- 
raissent au  débouché  du  vallon  de  Cor  varia,  vis-à-vis  de  Monêtier; 
à  Réotier,  près  de  Guillestre,  dans  un  antidiDal  aigu  qui  amène  au 
jour  une  mince  bande  de  terrain  houiller;  et  encore  dans  les 
environs  de  Prelles,  sur  les  deux  rives  de  la  Durance. 

Aux  affleurements,  ces  microdiorites  sont  souvent  fort  altérées. 
Les  surfaces  exposées  à  Fair  ont  une  couleur  grise,  ou  vert  foncé, 
plus  rarement  une  teinte  brune.  La  cassure  est  vert  clair,  ou  gris 
verdàtre,  on  enfin  gris  sombre.  Les  microdiorites  laminées 
prennent  l'aspect  de  chloritoschistes,  de  schistes  talqueux,  de 
schistes  serpentineux  de  couleur  foncée.  Quand  il  y  a  eu,  à  la  fois, 
laminage  énergique  et  métasomatose  profonde,  on  a  des  schistes 
bariolés,  verts,  noirs  ou  lie-de-vin. 

Dans  la  région  du  Chardonnet,  on  trouve  en  abondance  de» 
microdiorites  relativement  bien  conservées,  et  permettant  un^ 
étude  pétrograoliique  complète.  On  distingue  alors  deux  types  :  1^ 
type  A,  formé  d'une  pâte  aphani tique  de  couleur  noire  ou  vert-foncéi» 
où  nagent  de  grand  cristaux  de  hornblende,  lesquels  ont  parfois 
plus  d'un  centinièti*e  de  longueur  ;  le  type  B,  caractérisé  par  un^ 
couleur  plus  claire,  généralement  vert  grisâtre,  par  le  dévelop- 
pement moindre  des  cristaux  de  hornblende,  et  par  Tabondanc^ 
des  cristaux  de  feldspath,  blancs  ou  vert  clair,  visibles  à  Fœil  na«- 
Le  type  A  fait  immédiatement  songera  une  porphyrite  à  hornblende^ 
le  type  B,  à  certaines  microdiorites  (Quenast),  ou  encore  à  certaine 
diabases  à  grain  lin.  J'ai  monti*é  que  ces  deux  types  ne  sont  pa» 
essentiellement  différents;  quils  se  mélangent  dans  les  même» 
afflem*ements;  quils  renferment  les  mêmes  minéraux,  présentanC^ 
les  mêmes  formes  et  ayant  suivi  le  même  ordre  de  cristallisation  ^ 
et  enfin  qu'ils  ont,  à  de  très  petites  différences  près,  la  mém^ 
composition  chimique.  Ce  sont  de  simples  variétés  de  structurez- 
La  hornblende  se  transforme  quelquefois  en  chlorite.  Les 
cristaux  de  feldspath  sont  pi*esque  entièrement  kaolinisés.  Dans  h 
pâte,  chai*gée  de  chlorite,  se  développent  des  éponges  secondaires^ 
de  quartz.  Cette  pâte  n*est  jamais  fluidale.  Lorsqu'elle  est  relatL — ' 
vement  peu  altérée,  on  voit  qu'elle  est  granulitique,  et  qa*eUi 
ressemble  à  celle  de  la  microdiorite  de  Quenast  *  (Belgique),  01 
encore  à  celle  de  l'cstérellite  (porphyre  bleu  de  l'Estérel)  -. 

1.  DE  LA  Vaixéb-Poussin  et  Rbnard.   Acad,  Rojr,  de  Belg.  XL VIII,  187- 
n^  8,  et  mémoires  couronnés,  Û2.,  XL. 

2.  Michbl-Lévy.  Mémoire   sur  le  porphyre  bleu  de   TËstérel.  BulL 
Serv,  de  la  Carte  géolog,^  n*  67,  t.  IX,  1897-98. 


•igOI  ETUDES  LITHOLOGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES 


l63 


La  métasomatose  a  toujours  commencé  par  l'ablation  d*une 
partie  de  la  chaux  et  la  fixation  d*eau  et  d* acide  carbonique. 

J*insère  ici  quelques  analyses  de  microdiorites  du  Chardonnet, 
le  tableau  de  la  composition  de  la  roche  moyenne  du  Chardonnet 
après  restauration  S  enOn  les  compositions  de  Testérellite  basique 
des  (]ours  et  du  porphyre  de  Quenast. 


icrodiorite 
Chardonnet 
Type  A 

icrodiorite 
Chardonnet 
Type  A 

icrodiorite 
Chardonnet 
Type  B 

icrodiorile 
Chardonnet 
(moyenne) 
restaurée 

islérellite 
basique 

Cl 

a. 

S 

S 

S 

3^ 

SiO^ 

02,55 

55,5o 

56,83 

54,45 

57,63 

50,21 

APO»  . 

»         < 

20,09 

20,60 

20,78 

20,55 

18,43 

17,16 

1  Fe«0»  . 
|FeO.   . 

> 
» 

i        1 

4,84 

4,36 

4,06 
3,45 

3,55 

2,82 

Feo— 7,85  Fe«  — 4,i3; 

FM«iio,a6 

■  MgO. 

» 

3,82 

3,Go 

3,07 

3,00 

2,38 

2,08 

ICaO.   . 

» 

» 

5,52 

6,45 

5,4 1 

7,54 

7,18 

7,12 

K-0. 

»                  « 

1.70 

»,:4 

1,40 

1,85 

i,3o 

1,48 

Na^O 

K             • 

3,26 

2,90 

3,28 

4,14 

3,92 

4,02 

H«0  et  CO« 

3,49 

2,68 

2,64 

» 

5,20 

2,79 

To 

TA 

lL. 

99,63 

100,98 

99,:8 

99,38 

100,17 

101,12 

Lies  microdiorites  de  la  vallée  de  la  Clarée  présentent  les  mêmes 
types  de  composition  et  de  structure.  Elles  sont,  en  général, 
beaucoup  moins  bien  conservées  que  les  roches  du  Chardonnet. 

Au  débouché  du  vallon  des  Combes,  sur  la  rive  droite  de  la 

Durance,  entre  Sachas  et  le  point  1 183  de  la  carte  d' Etal-Major,  non 

loin  de  Prelles,  allleurent  trois  amas  inlrusifs  d'une  roche  verdàtre, 

fort  semblable,  par  ses  caractères  extérieurs,  à  la  microsyénile  de 

Puy-Saint- André  que  je  décrirai  dans  un  instant.  Le  grain   est 

Waucoup  plus  fin  que  dans  les  microdiorites  du  Chardonnet  et  de 

Névache  ;  la  cassure  est  esquilleuse  et  rappelle  celle  des  phonoliles. 

Deux  autres  amas  ont  été  signalés  par  M.  Lugeon  à  un  kilomètre 

environ  au  sud-est  des  précédents,  sur  la  rive  gauche  de  la  Durance, 

cl  sont  constitués  par  des  roches  analogues.* 

U  y  a  d'ailleurs,  dans  ces  roches  des  environs  de  Prelles,  deux 

1.  P.  Tbrmieh.  Sur  réliiuination  de  la  chaux  par  inétasoiuatose  dans  les 
roches  érupUves  basiques  de  la  région  du  Peivoux.  B.  S,  G.  F.,  (3),  XXVI, 

p.  184. 


iti4 


p.    TERMIER 


7  FéVP. 


types  fort  dilTérenls.  Uamas  le  plus  éloigné  de  la  Durance  (un  peu 
à  l'amont  du  village  de  Sachas)  est  fait  d'une  microdiorite  i-elati- 
vement  riche  en  quartz  ;  la  microdiorite  des  quati^c  autres  amas  est 
beaucoup  moins  acide.  Voici  les  compositions  chimiques  de  ces 
deux  types  de  roches,  dans  leur  état  actuel,  et  leurs  compositions 
probables,  après  restauration. 


SiO» 

APO^»  ....... 

Fe«0^ 

FtîO 

MgO 

CaO 

K»0  . 

Na^'O 

Perlo  par  calciiiatioii 

Total    .   .   . 


MiCRODIORITB  ACIDE 

DK  Sachas 


Actuelle 


64,80 

18,80 

6,:i 

!i,05 

o,(î4 
4.8.'» 


101,7a 


Restaurée 


6a 
18,5 

» 

6 

a 

4,;> 

a 

;> 

1» 


I(X),00 


MiCRODIORITB 
BASIQUB    DR  SaCHAS 


Actuelle 


ou, 10 
aa,63 

6,57 

» 

3,17 
2,69 

I.2Î 

4,8a 
3,74 


99*96 


Restaurée 


Où 

ai,5 
» 

6,5 
3,5 
6,5 
a 
5 


100,00 


Il  n*est  pas  douteux  que  ces  roches  niaient  perdu,  par  métaso- 
matose,  une  forte  quantité  de  chaux  et  de  potasse,  la  chaux  ayant 
été  enlevée  au  feldspath,  et  la  potasse  au  mica  noir  ;  mais,  par 
contre,  les  teneurs  en  oxydes  de  fer,  magnésie,  alumine  et  soude, 
n'ont  probablement  varié  que  très  peu  pendant  révolution 
métasomatique. 

Le  deuxième  type  (type  relativement  basique,  et,  à  Toriginc, 
riche  en  hornblende)  diilere  donc  des  microdiorites  moyennes  du 
Chardonnet  par  une  richesse  en  alcalis  un  peu  plus  grande,  une 
prédominance  plus  niai*quée  de  la  soude  sur  la  potasse,  une 
moindi'e  teneur  en  chaux  (hornblende  très  ferreuse  et  peu  calciquc)  : 
il  leur  ressemble,  au  contraire,  par  les  teneurs  en  silice,  alumine, 
oxyde  de  fer  et  magnésie.  Quant  au  premier  type,  il  renferme 
beaucoup  plus  de  quartz  et  un  peu  moins  d'amphibole.  Sauf  cela,  il 
n'y  a  pas  de  différence  essentielle  entre  ce  premier  typiî  et  le  second. 

Je  rappelle  ici  les  analyses,  publiées  par  M.  Michel-Lé vy,  de  la 
variété  acide  et  du  type  moyen  de  Testérellite  ' . 


I.  MicuKL-LiîvY.  Lot\  cit.,  p.  a3ô  (p.  19  du  tirage  à  part). 


Igor  ETUDES  LITHOLOGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  l65 

E^TtfRELLITK  ACIUK  EsTI^RILI.ITK    MOYF.NNK 

(Orphelinat  de  Boulerie)  (Grande  carrière  du  Dramont) 

SiO«. 634:          6i,58 

Al^O» 18,76          18,84 

Pc«0' 3,74          4,68 

3fgO 1,12 a,o4 

CaO 7»io          0,59 

-K*0 1,09             1,49 

Tîa»0 .  3,93          4,37 

;y*0* 0,40        ....  0,27 

erte  par  calcination     .   .         i,47  i)6i 


Total 101,08  101,37 

Ces  deux  variétés  d'estérellite,  cpii  difTèrent  très  peu  Tune  de 

'antre,  s'écartent  de  la  microdiorite  acide  de  Sachas  par  une  teneur 

eaucoop  plus  grande  (peut-être  double  à  l'origine)  en  chaux,,  une 

«neur  un  peu  plus  faible  en  soude,   et  une  proportion  dé  fer 

otablement  moindre.  Le  feldspath  moyen  est  plus  basique  dans 

estérellite  que  dans  la  roche  de  Sachas  ;  et  la  hornblende  de 

estérellite  est  riche  en  chaux  et  pauvre  en  fer,  tandis  que  la 

omblende  des  roches  briançonnaises  est  riche  en  fer  et  pauvre  en 

iiaux.  Malgré  ces  différences,  qui  sont  loin  d'être  sans  importance, 

%  ^Ê.  série  des  estérellites  ressemble  d'une  façon  frappante  à  la  série 

des  microdiorites  briançonnaises  :  mais  l'écart  est  beaucoup  plus 

|2n*and  entre  les  microdiorites  les  plus  basiques  (Chardonnet)  et  les 

I>Ius  acides  (Sachas),   qu'entre  l'estérellite  acide  de  Boulerie  et 

l' estérellite  basique  des  Cours. 

M.  Lugeon  m'a  signalé,  en  1898,  l'existence  d'un  affleurement  de 
^*^che  microdioritiquc  près  des  chalets  de  Loriol,  sur  le  versant 
occidental  du  massif  de  Pierre-Evrautz,  et  m'a  confié  des  échan- 
UUons  détachés  de  cet  affleurement. 

La  roche  des  chalets  de  Loriol  ressemble,  extérieurement,  aux 

microdiorites  porphyroïdes  du  Chardonnet  (type  A).  De  grands 

cristaux  de  horablende,  d'un  vert  foncé,  nagent  dans  une  pâte 

compacte,  ti*anslucidc.  d'un  vert  clair.  Au  microscope,  on  s'aperçoit 

c\ue  la  structure  est  fluidale,  et  non  plus  granulitique  ;  fluidale  à  la 

U(^n  de  la  structure  des  andésites  ou  des  dacites.  Cependant  la 

roche  est  encore  nettement  hypo-abyssiquc,  car  la  hornblende  du 

premier  temps  de  consolidation  ne  présente  aucun  phénomène  de 

résorption  ou  de  corrosion,  et  de  plus,  dans  le  deuxième  temps  de 

l'onsolidalion,  le  seul  minéral  magnésien  qui   se  soit  formé  est 

encore  la  hornblende.  11  n'y  a  pas  un  seul  microlile  d'augite.  La 

composition  chimique  est  d'ailleurs  celle  des  microdiorites  basiques 


l66  p.    TERMIER  7  FéTP, 

du  Chardonnet  (Sa  à  54  %  SiO*).  La  roche  de  Loriol  est  donc  encore 
nne  microdîorite,  et  il  n'y  a  aucun  doute  sur  la  nature  intrusive  de 
de  son  gisement.  Ce  fait  de  l'existence  de  microdiorites  à  structure 
fluidale  méritait  d'être  signalé.  On  sait  que  Testérellite  n'est 
jamais  fluidale,  non  plus  que  la  microdiorite  des  Monts  Henry,  et 
que,  d'une  façon  générale,  la  fluidalité  est  considérée  comme  un 
caractère  des  roches  d'épanchement. 

Sauf  la  transformation,  déjà  constatée  par  Elie  de  Beaumont,  de 
l'anthracite  en  graphite,  l'intrusion  microdioritique  n'a  été  accom- 
pagnée d'aucun  phénomène  de  contact.  Nulle  part,  dans  les 
gisements  briançonnais  étudiés  jusqu'à  ce  jour,  les  schistes  et  les 
grès  houillers  qui  touchent  à  la  roche  intrusive  ne  semblent 
modifiés  par  elle  ;  et  nulle  part,  non  plus,  la  roche  n'est  autre  près 
du  contact  que  dans  l'intérieur  de  l'amas.  Il  n'y  a  eu  ni  métamor- 
phisme exomorphe,  ni  métamorphisme  endomorphe,  ni  difleren- 
ciation  dans  les  amas  eux-mêmes. 

MiCROSYENiTES.  —  C'est  en  1899  que  j'ai,  pour  la  première  fois, 
parlé  des  microsyénites  de  Puy-Saint-André  ' .  Ces  roches  étaient 
connues  de  Ch.  Lory,  qui  les  considérait  comme  des  variétés 
du  porphyre  dioritique. 

Elles  forment,  sous  le  village  de  Puy-Saint-André,  à  une  heure 
de  marche  de  Briançon,  trois  amas  superposés,  înterstratifiés  tous 
trois  dans  les  assises  houillères.  La  nouvelle  route  qui  monte  au 
village  est,  sur  plusieurs  centaines  de  mètres  de  longueur,  creusée 
dans  l'amas  supérieur.  Pour  bien  observer  l'amas  inférieur,  c'est 
l'ancienne  route  qu'il  faut  prendre.  Quant  à  l'amas  intermédiaire, 
qui  n'a  guère  plus  de  dix  mètres  de  puissance,  il  affleure,  en 
contre-bas  de  la  nouvelle  route,  sur  le  versant  de  droite  du  grand 
ravin  du  Rif-Claret.  Les  épaisseurs  de  l'amas  supérieur  et  de 
l'amas  inférieur,  comptées  normalement  aux  strates  houillères 
encaissantes,  atteignent  respectivement  60  et  100  mètres. 

Les  trois  amas  sont  parfaitement  homogènes.  Dans  aucun  d'eux, 
on  n'observe  la  moindre  trace  d'une  difliérenciation  an  voisinage 
du  contact.  La  structure  de  la  roche  et  sa  composition  chimique 
ne  varient  point.  Les  schistes  et  les  grès  encaissants  n'ont  subi 
aucune  modification. 

Ces  microsyénites  sont  des  roches  d'un  gris  sale  ou  d'un  vert 
clair,  ayant  à  l'œil  nu  l'aspect  général  des  trachytes  (orthophyres) 
des  Grandes-Rousses.  La  cassure  est  esquilleuse,  avec  esquilles 

I.  B,  S.  G.  F.,  (^,  xxvn,  p.  408. 


*Tgpl         àrmEB  LITHOLOdlQUM  DAK8  X.VS  ALPS8  FRÀNCAIiSB  167 

translucides  d*Qn  gris  très  dair  on  d'on  vert  très  pâle  i  dans  cette 
cassore,  la  roche  apparaît  compacte,  semblable  à  un  phonoUte^  et 
ne  laisse  voir  à  l'œil  nu  que  de  petites  lamelles  de  feldspath  (très 
nombreuses)  et  de  rares  grains  d*an  vert  sombre  qni  sont  de  la' 
dilorite.  La  poussière  de  la  roche  est  d*un  blanc  sale. 

Au  microscope»  on  voit  nettement  deux  temps  de  consolidation. 
Les  grands  cristaux  sont»  la  plupart,  de  feldspath,  et  les  autres  de 
ehlorite,  ce  dernier  minéral  épigënisant  d'une  façon  à  peu  près 
complète  d'anciens  individus  de  mica  noir.  Les  cristaux  feldspa- 
fhiqueS  renferment  de  nombreuses  inclusions  de  ehlorite  et  des 
grains  de  kaolin»  et  sont  formés,  pour  le  surplus,  d'oligoclase  à  i8 
ou  ao  An.  L'apatite,  en  prismes  limpides,  est  assez  abondante.  La 
pâte  est,  le  plus  souvent,  un  feutrage  de  microlites  dont  les 
interstices  sont  garnis  de  ehlorite  et  de  quartz.  Quelquefois,  le 
quartz  et  le  feldspath  sont,  dans  lapftte,  en  quantités  comparables  : 
la  structure  devient  alors  microgranitique.  Plus  rarement,  les 
microlites  feldspathiques  deviennent  idiomorphes  :  ils  donnent 
des  sections  rectangulaires  allongées,  qui  s'orientent  vaguement 
dans  la  roche  et  manifestent  ainsi  comme  une  tendance  vers  la 
structure  fluidale.  Ces  microlites,  en  tout  cas,  paraissent  appar- 
tenir à  l'orihose. 

J'ai  dit  que  les  cristaux  de  ehlorite  sont  des  épigénies  de  biotite. 
Dans  certains  cas,  la  forme  du  mica  noir  est  très  reconnaissable; 
d'autres  sections  montrent  des  témoins,  des  sortes  dllots,  de  la 
biotite  originelle.  Dans  beaucoup  d'individus,  on  voit  nager,  au 
milieu  de  la  ehlorite,  des  grains  d'ilménite  ou  de  sphène,ou  encore 
des  prismes  de  rutile. 

Voici  quelques  analyses  de  ces  roches  de  Puy-Saint-André. 


II 


III 


SiO>  ... 

Al'O» 

Fe«0».  ... 

MgO 

CaO  .... 

K«0 

Na«0.  ... 
Perte  au  feu  . 

Total. 


IB 


«3,69 

ai, 10 
3,89 

1,89 
1,43 
a,33 
5,07 
a,76 


103,16 


63,45 

20,43 
4,ao 
0,88 

2,69 
a,3i 

4,98 
2,19 


ioi,o3 


63,3o 

90,68 

3,9a 

0,74 

a37 
a,i8 

4»9i 
a,45 


100,55 


x68  p.  TER&iiER  •  7  Févr. 

Les  trois  échantillons  analysés  ont  été  pris  en  trois  points 
distants  les  uns  des  autres  de  plusieurs  centaines  de  mètres,  et 
même  l'échantillon  I  ne  provient  pas  du  même  amas  intnisif  que 
les  deux  autres.  La  roche  de  Puy-Saint- André  a  donc  une  compo- 
sition chimique  remarquablement  constante.  Sa  composition 
minéralogique  actuelle  est,  en  moyenne  et  approximativement  : 
i3  Vo  orthose,  4^  albite,  iq  anorthito,  8  chlorite  et  ilménite, 
la  kaolin  et  i3  quartz. 

On  peut  conclure  de  là  que  la  roche  originelle  contenait,  en 
nombres  ronds,  8o  %  de  feldspath,  lo  %  de  biotite  (avec  un  peu 
de  magnétite),  et  lo  %  de  quartz.  11  n'y  a  d'incertitude  que  sur  les 
proportions  originelles  des  trois  feldspaths,  orlhose,  albite  et 
anorthite.  Mais  si  Ton  tient  compte  de  ce  fait  que,  dans  toutes  les 
roches  de  la  réffion,  Tanorthite  est  moins  stable  que  Talbite,  et 
celle-ci  moins  que  Torthose,  on  arrive  à  restreindre  beaucoup  le 
champ  des  hypothèses.  En  moj^enne,  la  roche  originelle  de 
Puy-Saint-André  devait  s'écarter  très  peu  du  mélange  minéralo- 
gique suivant  :  i4  "A'  «rlhose,  4î>  albite,  i8  anorlhite,  ii  biotite, 
2  magnétite,  lo  quartz  ;  lequel  mélange  correspond  à  la  composition 
chimique  suivante  : 

SiO^ C!i,52 

Al-O' !IO,3U 

Fe«0' 2,85 

MgO 1,88 

CaO.   . 3,82 

K«0 3,36 

Na»0 5,3i 

Total 99,94 

Cette  composition  s'écarte  de  tous  les  types  classiques.  Aucune 
roche  granitoïde  connue  rie  contient  pareilles  proportions  de  silice, 
d'alumine,  de  chaux,  de  potasse  et  de  soude.  Le  tableau  ci-dessus 
fait  songer  à  la  fois  à  im  granité  (mais  il  y  a  trop  d'alumine),  à  une 
syénite  k  feldspathoïdes  (mais  il  y  a  trop  de  chaux),  à  une  mon- 
zonite  *  (mais  il  y  a  trop  de  soude,  et  pas  assez  de  magnésie),  à  une 
diorite  à  quartz  et  mica  (mais  il  y  a  trop  d'alumine  et  trop  d'alcalis). 

C'est  qu'en  effet  la  roche  de  Puy-Saint-André  représente,  non  pas 
la  forme  hypo-abyssique  d'une  syénite,  d'un  granité,  d'une 
monzonite  ou  d'une  diorite,  mais  la  forme  hypo-abyssique  de  l'un 
de  ces  magmas  préalablement  différencié. 

Les  ressemblances  sont  grandes  entre  la  microsyénite  de  Puy- 

I.  Aa  sens  de  Brûgger. 


I9OI  ÉTUDES  LITHO LOGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  X69 

Saint-André  et  là  microdiorite  moyenne  du  Chardônnet.  C'est  la 
môme  richesse  en  feldspath,  et  la  même  structure  ;  et  les  conditions 
de  gisement  sont  identiques  ;  et  enfin,  les  microdiorites  de  Sachas 
forment  entre  ces  roches  un  intermédiaire  naturel,  ou  plutôt 
(puisqu'il  y  a  deux  types  à  Sachas)  deux  intermédiaires.  En 
remplaçant  peu  à  peu  la  hornblende  par  le  mica  noir,  les  grands 
cristaux  d'andésine  (ou  de  labrador)  par  des  cristaux  d'oligoclase, 
et  les  microlites  d'andésine  par  des  microlites  d'orthose  (ou 
d'anorthose),  on  passerait  insensiblement  du  type  Chardônnet  à 
52  <>/o  SiO*  au  type  microsyé  ni  tique  de  Puy-Saint- André. 

MiCROGRANiTES.  —  J'ai  décrit  ici-même  ^  en  1899,  le  microgra- 
nite  des  GardéoUes.  qui  forme,  dans  le  terrain  houiller,  près  du 
Villard-de-Saint-ChafTrey,  sur  la  route  du  fort  de  l'Olive,  trois  amas 
intrusifs  -.  Cette  roche  est  le  porphyre  eu ritique  de  MM.  Lâchât  et 
Kûss.  On  n'observe  aucun  phénomène  de  contact. 

Je  me  contente  de  rappeler  que  la  roche  des  GardéoUes  est  très 
blanche  ;  qu'elle  montre  à  l'œil  nu,  dans  une  pâte  aphanilique,  des 
grains  de  quartz  et  des  individus  de  feldspath  ;  que  ce  feldspath  est, 
partie  de  l'orthose,  partie  de  l'oligoclase-albite  ;  que  la  pâte  est 
granulitique  et  formée  de  quartz,  orthose  et  albite  ;  qu'enfin  la 
roche  moyenne  tenait  à  l'origine,  suivant  toute  vraisemblance  : 
22  %  quartz,  40  albite,  23  ortliose,  10  anorthite  et  5  biotite.  El  je 
transcris,  en  regard  l'une  de  l'autre,  la  composition  moyenne 
actuelle,  et  la  composition  originelle  probable  ^. 

Roche   moyenne  Roche  moyenne 

Actuelle  Restaurée 


SiO*. 71,90  70,55 

Feî03  P  ^ '^''^  '"'^^ 

MgO o,36 o,85 

CaO .   . 1,53  2,10 

K^O. 2.38  ...  4,29 

y^'O 3,37  4,72 

Perle  par  calcinalion  .    .   .  2,25  Néant 


Total 99,89  99,80 

T.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVII,  p.  400. 

2.  L'un  (le  ces  amas  a  plus  de  cent  mètres  d'épaisseur.  La  roche  n'y  est 
pas  (lifTérente  au  centre  et  sur  l«^s  bords,  et  elle  ne  dilTère  pas  non  plus  de 
la  roche  des  deux  autres  amas,  bcauciup  moins  épais. 

3.  l'ne  erreur  importante  s'était  glissée  dans  mon  ])remier  essai  de 
restauration  (lorn  citato,  p.  407).  Je  corrige  ici  cette  erreur  qui  avait  trait  aux 
proportions  relatives  d'alîiite  et  d'orthose. 

4.  11  n'y  a  que  de  faibles  traces  d'oxyde  de  fer. 


170 


p.    TERMIER 


7FéTP. 


J*ni  dit  aussi  qu'un  microgranite,  à  peu  près  identique  à  celui 
des  GardéoUes,  a  été  découvert  par  M.  Primat  au  Serre-Barbin, 
près  de  La  Salle.  Ce  nouveau  gisement,  que  j*ai  visité  en  compagnie 
de  M.  Kilian,  se  compose  de  plusieurs  amas  intrusifs,  de  faible 
épaisseur  ^ ,  affleurant  au  milieu  des  assises  houillères  horizontales. 

RÉSUMÉ  ET  Conclusions.  —  Les  roches  intrusives  du  terrain 

houiller  briançonnais  offrent  de  telles  analogies  de  composition  et 

de  structure  que  Ton  ne  peut  douter  qu'elles  ne  forment  une  série 

.continue,  comparable  aux  plus  belles  suites  lithologiques  étudiées 

jusqu'à  ce  jour. 

Les  principaux  termes,  actuellement  connus,  de  cette  série, 
avaient  originellement,  je  veux  dire  avant  toute  métasomatose.  les 
compositions  approximatives  suivantes  :  - 


SiO» 

APO» 

FeO 

MgO 

CaO 

K«0 

Na>0 

Microdiorites  les  plus 
basiques 

Microd.  moyennes  I.   . 

Microd.  moyennes  n.   . 

Diorite  quartzifère  mi- 
cacée  

Microdiorites  acides,   . 

Microsyénile 

Microgranile 

52 

54,3 
56 

60 
62 
62,5 
70,5 

21 

20,5 

20,5 

19 
18,5 

20 

16,5 

9 
8 

6,5 

6 
6 
3 
I 

4 
3,5 

3,5 

3 
2 
2 
I 

8,5 
7,5 
6,5 

6 

4,5 

4 
2 

I 

1,5 

2 

2 
2 
3,5 

4 

4,5 

4.5 

5 

4 

0 

5 
5 

On  voit  qu'en  classant  ces  roches  par  ordre  de  teneur  croissante 
en  silice,  on  les  classe  du  même  coup  par  ordre  de  teneurs 
décroissantes  en  oxydes  de  fer,  en  magnésie  et  en  chaux,  et  par 
ordre  de  richesse  croissante  en  potasse.  L'alumine  ne  varie  presque 
pas,  sauf  dans  les  variétés  où  le  quartz  abonde  ;  et  partout  il  y  a 
beaucoup  d'alumine,  parce  qu'il  y  a  beaucoup  de  feldspath.  Enfin, 
chose  tout-à-fait  remarquable,  la  richesse  en  soude  —  c'est-à-dire 
la  proportion  centésimale  d'albite  —  est  sensiblement  constante. 

Si  Ton  ne  regarde  que  les  colonnes  de  la  silice  et  de  l'oxyde  de 


1.  On  peut  compter  au  moins  quatre  amas  superposés. 

2.  Dans  ce  tableau,  la  somme  des  nombres  de  chaque  ligne  horizontale 
est  égale  à  100.  Les  microdiorites  moyennes  I  sont  celles  de  la  région  du 
Chardonnet;  les  microdiorites  II  sont  celles  des  environs  de  Sachas  et  dé 
PreUes. 


igOI  ÉTUDES  LITHOT.OGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  I7I 

fer,  on  voit  s'élargir  un  hiatus  entre  les  microgranites  et  les  micro- 
syénites;  mais  ce  hiatus  n'apparaît  pas  dans  les  autres  colonnes. 
De  môme,  par  les  teneurs  en  FeO  et  en  K*0,  la  différence  semble 
grande  entre  les  microdiorites  acides  et  les  microsyénites  ;  mais, 
pour  tous  les  autres  éléments,  le  passage  est  insensible.  L'ensemble 
du  tableau  donne  au  plus  haut  degré  l'impression  de  la  continuité. 

Quelle  était  la  nature  du  magma  profond  d'où  dérivèrent,  par 
voie  de  différenciation,  ces  roches  sœurs? 

A  cette  question,  il  n'est  pas  possible  de  répondre  d'une  façon 
précise.  La  roche  de  profondeur,  la  roche  ahyssique  qui  correspond 
à  ce  magma,  n'affleure  nulle  part  dans  la  région.  Tous  les  affleu- 
rements connus  sont  hypo-abyssiques^  et  formés  de  roches  qui  ont 
épuisé  leur  faculté  de  différenciation,  en  même  temps  qu'elles  ont 
perdu  tout  pouvoir  d'agir  sur  les  sédiments  encaissants. 

La  seule  manière  d'approcher  de  la  vérité  c'est  d'admettre  que  le 
magma  profond  contenait  des  quantités  des  divers  magmas  hypo- 
abyssiques  proportionnelles  à  l'importance  des  affleurements  de 
chaque  type.  Cette  proportionnalité  n'est  nullement  certaine,  mais 
elle  est,  tout  au  moins,  vraisemblable.  On  obtient  ainsi  une 
évaluation  grossière  de  la  composition  du  magma  abyssique,  en 
affectant  de  coefficients  appropriés  les  sept  types  du  tableau 
ci-dessus. 

Dans  une  première  approximation,  je  propose  d'attribuer  à  ces 
types  les  coefficients  suivants  : 

Le  coefficient  \  aux  microdiorites  les  plus  basiques  ; 

8  »  moyennes  I: 

2  »  »         II  ; 

I  à  la  diorite  quarzifère  micacée; 

1  aux  microdiorites  acides; 

2  aux  microsyénites; 
2  aux  microjçranites; 

la  somme  des  coefficients  étant  égale  à  vingt  ^ 

Le  magma  abyssique,  souche  commune  des  roches  intrnsives  du 
Houiller  hriançonnais,  aurait  eu,  d'après  ce  calcul,  la  composition 
suivante  (en  néglip^oant,  bien  entendu,  comme  dans  tout  ce  qui 
précède  les  éléments  accessoires,  TiO',  MnO,  P*0%  qui  ne  se 
trouvent  qu'à  l'état  de  traces  dans  les  roches  briançonnaises)  : 

I.  J'ai  évalué  ces  coefficients  en  tenant  compte,  pour  la  région  que  je  n'ai 
pas  moi-même  parcourue,  des  levés  géologiques  exécutés  par  MM.  Kilian  et 
Lugeon,  et  des  renseignements  que  ces  excellents  confrères  ont  bien  voulu 
rae  donner  à  diverses  reprises  en  me  communiquant  leurs  échantillons. 


l'ja  p.    TERMIER  ^FéVlT» 

SiO».  . 57,2 

APO» 19,975 

FeO 6,65 

MgC) 3,10 

CaO 6,475 

K*0        1,95  • 

Na-O '1,65 

Total 100,000 

Cette  composition  didero  peu  de  celle  de  la  diorite  quartzifèi'© 
micacée  du  Chardonnct,  et  elle  est  pix?sque  identique  à  celle  de  la 
microdiorite  moyenne  de  Sachas  et  de  Prelles.  Elle  coiTespond 
appi'oximativement  au  mélange  de  : 

Albite    .............  40 

Ortiioso •.   .  10 

Anorthitr ao 

Biotite 5 

Hornblonde                      ao 

Quarlz 4 

Fcp  oxydulé i 

Total  .....        100 
dont  la  composition  serait  : 

SiO- 07,05 

APO> ,9,98 

Ft'<>    .........       .....        5,95 

MkO  .  .  3,45 

CaO 5,93 

K-O a,09 

NaU) -5,73 

Total.   ....      91).  17 

Il  est  donc  assez  vraisemblable  que  le  magma  abyssique  d'où 
dérivèrent,  par  voie  de  différenciation,  les  roches  intnisives  du 
Houillcr  briançonnais,  soit  un  magma  monzonitique  (au  sens  de 
M.  Brôgger).  Si  Térosion  mettait  un  jour  à  découvert  la  roche 
profonde  qui  est  résultée  de  la  consolidation  de  ce  magma  non 
différencié,  on  verrait  une  monzoniie  (Brôgger),  c'est-à-dire  une 
roche  d'acidité  moyenne,  très  riche  en  alumine,  tenant  peu  de 
magnésie,  et  dans  laquelle  la  somme  des  teneurs  en  alcalis  serait  à 
peu  près  égale*  à  la  teneur  en  chaux. 

Cette  inonzonite  brian^onnaise  différerait  toutefois  de  la  mon- 
zoniie classique  du  Tyrol  '   par  la  [)rédoniinance  très  marquée  de 

I.  D'  W.  C.  Biioc.GKR.  Die  Eruptivjçesteinc  des  Krislianiajçehietcs,  II,  die 
lù'uptionsfol^r  dcr  (riadisrlum  EriiptW^esieine  bei  Predazzo  in  Sudtjrroly 
Krisliaiiia,  iS«j.'). 


jg/Ol  ÉTUDES  LITHOLOOIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  l'j3 

la  soude  sur  la  potasse.  Ce  serait  une  monzonîte  sodique,  ou  à 
affinités  akéritiques  *  ;  au  lieu  que  dans  la  monzonite  moyenne  de 
Predazzo,  la  potasse  et  la  soude  sont  en  quantités  presque  égales. 

Mais  cette  dllFérenee.  n'est  pas  bien  grande,  et  ce  serait  la  seule 
différence.  La  monzonite  dont  j'entrevois  Texistence  sous  nos 
Alpes  briançonnaises  pourrait,  tout  aussi  bien  que  la  monzonite 
classique,  se  raLitaLcher  pétrogénêlUfuement  au  Slammmagma  ^  des 
roches  tyroliennes. 

Je  rappelle  en  terminant  que  nous  ne  possédons  aucune  donnée 
sur  Tàge  des  roches  intrusives  du  Houiller  briançonnais.  Nulle 
part  on  ne  les  a  trouvées  à  Tétat  de  galets,  ni  dans  les  bancs  de  la 
formation  houillère,  ni  dans  les  conglomérats  permiens,  ni  dans  les 
grès  triasiques,  ni  dans  les  brèches  du  Lias.  Il  n'est  pas  invrai- 
semblable que  leur  «  mise  en  place  »  se  soit  opérée  pendant  Fère 
triasique. 

IL  — Trachytes  (Orthophyres)  des  Grandes-Rousses. 

Sur  les  iracliy'tes  ^,  ou  comme  je  les  ai  appelés  jusqu'ici,  les 
orthophyres  des  Grandes-Rousses,  je  n'ai  à  ajouter  que  bien  peu 
de  renseignements  lithologiques  et  géologiques  à  mes  précédents 
mémoires  *.  Ces  trachytes  sont  des  roches  d'un  vert  clair  (Château- 
Noir,  glacier  de  la  Selle,  Saint-Chrislophe-en-Oisans),  d'un  gris 
clair  (Le  Frenoy-d'Oisans),  ou  d'un  voii  bleuâtre  (col  de  la  Croix- 
de-Fer).  L'aspect  de  la  cassure  Iraichc  lait  invinciblement  songer 
aux  phonolites.  (Test  la  jnônie  conipaeilé  de  la  pâte,  le  uiénie  éclat 
cireux,  la  même  cassure  esquilleuse,  la  niènie  translucidité.  Il  va 
sans  dire  que  cet  aspect  phonolitique  disparaît  dans  les  variétés 
laminées  qui  sont,  comme  bien  on  pense,  très  fréquentes.  Ces 
trachytes  laminés  ressemblent  à  des  schistes  à  chlorite  ou  k 
séricite. 

I.  Je  fais  ici  allusion  à  Vakérite  de  M.  Hroggrer. 

a.  Biiôg(;er.  Loc.  cit.,  p.  i58.  Il  existe  une  dillerence  du  même  ordre  entre 
le  Stiunminagtna  tyrolien  et  la  tonalité  (jui  en  est  la  plus  importante  déri- 
vation. 

3.  Avec  la  plupart  des  lithologistes,  je  propose  d'appeler  trachytes  toutes 
les  roelies  d*«''panelienienl  i\\i\  ont  la  composition  chimique  des  syénites, 
quels  (jue  soient  d'ailleurs  Tâjce  et  l'état  de  conservation  de  ces  roches 
d'épanehemenl.  Les  noms  d' orthophyres  et  d'alffitophyres^  par  lesquels  on 
a  lonjjtcmps  désijçné  les  vieux  trachytes,  me  paraissent  devoir  tomber,  peu 
à  peu,  en  désuétude. 

4.  P.  Triimieu.  Le  Massif  des  Grandes-Rousses,  Bull,  des  Sen^nces  de  la 
Carte  géotog-.,  n"  4<J,  t.  VI,  p.  ai4,  (p.  4^>  ^^  tirage  à  part). 


1^4  P-    TKRMIEB  7  Fcvr* 

Uaualogie  avec  les  phouolites  Q*est  plus  aussi  frappante  quand 
on  étudie  la  roche  au  microscope.  Et  d'abord,  je  n'ai,  jusqu'ici, 
trouvé,  dans  les  trachytes  des  Grandes-Rousses,  aucune  trace  de 
la  présence,  actuelle  ou  originelle,  des  i'elclspatliides  :  mais  cet 
argument,  purement  négatif,  ne  suffirait  pas,  étant  donné  Tinsta- 
bilité  des  feldspathides  en  général  et  de  rhaûyne  en  particulier, 
et,  d'autre  part,  la  métasomatose  profonde  qu'ont  subie  la  plupart 
des  affleurements.  En  second  lieu,  les  trachytes  des  Grandes- 
Rousses  ne  renferment  pas  de  pyroxène,  tandis  que  les  pyroxènes 
verts,  plus  ou  moins  sodiques,  plus  ou  moins  voisins  de  Tsegirine, 
sont  un  élément,  sinon  nécessaire,  au  moins  presque  constant  des 
phonolites.  En  troisième  lieu,  les  microlites  feldspathiques,  même 
quand  ils  sont  très  aplatis  parallèlement  à  ^'  (oio),  ne  sont  pas 
disposés  parallèlement  à  la  surface  de  plus  grand  refroidissement. 
Pour  ces  diverses  raisons,  je  crois  que  les  trachytes  des  Grandes- 
Rousses  sont  de  véritables  trachytes,  et  non  pas  des  phonolites. 

Je  rappelle  que  ces  roches  sont  très  feldspathiques  ;  qu'elles  ne 
renferment,  en  fait  de  minéraux  magnésiens,  que  le  mica  noir  ; 
que  le  quartz  de  première  consolidation  y  est  rare  ;  que  la  pâte 
renferme  parfois  du  quartz,  mais  toujours  en  très  petite  quantité  ; 
que  les  feldspaths  dominants  sont  orthose  et  anorthose  ;  que  ces 
deux  espèces  forment  la  plus  grande  partie  de  la  pâte  microlitique  ; 
que  l'oligoclase  est  fréquent  parmi  les  cristaux  du  premier  stade . 
Je  rappelle  encore  que  les  minéraux  accessoires  sont  surtout  le 
zircon  *  et  l'apatite.  Le  fer  oxydulé,  le  fer  titane,  le  sphène,  géné- 
ralement peu  répandus,  prennent  une  certaine  importance  dans 
quelques  échantillons. 

La  pâte  est  presque  toujours  microlitique,  avec  ou  sans  fluida- 
lité;  elle  est  quelquefois  granulitique  (au  sens  de  M.  Michel-Lévy), 
surtout  dans  les  variétés  acides  de  la  région  Nord  (col  de  la  Croix- 
de-Fer). 

Les  trachytes  des  Grandes-Rousses  forment  d'épaisses  coulées, 
alternant  avec  les  assises  houillères.  Dans  les  assises  sédimen- 
taires  qui  surmontent  ou  séparent  les  coulées,  il  y  a  fréquemment 
des  bancs  épais  de  conglomérats  trachytiques,  où  des  galets  de 
toute  nature  et  de  toute  dimension  sont  môles  à  des  cailloux  roulés 
de  la  roche  éruptive,  et  noyés  dans  un  ciment  gréseux  rempli  de 

I.  L'abondance  du  zircon  est  curieuse.  On  retrouve  celte  même  extraor- 
dinaire diffusion  du  zircon  dans  les  trachytes  et  l(^s  dacites  du  Carbonifère 
inférieur  de  la  Loire  et  de  la  Saône-et-Loire  (porphyres  noirs  de  Grùner), 
qui  se  rapprochent  d'ailleurs  des  trachytes  dauphinois  par  beaucoup 
d'autres  caractères. 


1901         ETUDES  LITHOLOGIQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  1^5 

débris  feldspathiques.  Ces  conglomérats  sont  analogues  aux  grès 
porph/riques  de  la  Loire.  Dans  certains  bancs,  les  matériaux 
trachytiques,  plus  ou  moins  roulés,  sont  tout-à-lait  prépondérants  ; 
et  Ton  a  aussi  de  véritables  tufs.  Certaines  coulées  (Château-Noir, 
Freney)  renferment  en  abondance  des  débris  d'une  roche  de  même 
composition  chimique,  mais  de  structure  un  peu  différente  (tendant 
vers  la  structure  ophi tique).  Il  y  a  enfin  des  coulées  scoriacées. 

Cette  venue  trachytique,  qui  a  duré  pendant  une  partie  de 
Tépoque  stéphanienne,  a  été  fort  importante  dans  toute  la  région 
des  Grandes-Rousses.  Au  Château-Noir,  sur  TAlpe  de  Sarenne, 
Fépaisseur  de  la  formation  trachytique  atteint  cinq  cents  mètres. 
Au  col  de  la  Croix-de-Fer,  les  coulées  et  les  couches  de  tufs,  empi- 
lées les  unes  sur  les  autres,  ont  une  puissance  totale  de  plus  de 
mille  mètres;  et  comme  elles  sont  relevées  en  anticlinal,  le  chemin 
muletier  les  traverse  sur  plus  de  deux  kilomètres  de  longueur. 

Dans  ces  dernières  années,  j'ai  découvert,  dans  les  granités  et 
les  gneiss  du  massif  du  Pelvoux,  au  sud-est  des  Grandes-Rousses, 
quelques  cheminées  verticales,  remplies  par  ces  mêmes  trachytes. 
La  plus  importante  de  ces  cheminées  —  elle  n'a  pas  moins  de 
5oo  mètres  de  largeur  —  afïleure,  près  du  col  de  la  Gandolière, 
dans  la  muraille  abrupte  qui  domine  le  glacier  de  la  Selle  *.  Une 
autre  est  visible  sur  le  chemin  de  la  Bérarde,  dans  le  grand  ravin 
qui  déchire  la  montagne  à  un  kilomètre  environ  de  Saint-Chris- 
tophe-en-Oisans.  Un  filon  plus  petit  est  coupé  par  la  route  de 
Vénosc  à  Saint-Christophe,  non  loin  des  Fontaines-Bénites.  Ces 
trachytes  filoniens  ont  presque  la  même  composition,  et  à  peu  près 
la  même  structure,  que  le  trachyte  du  Freney,  lequel  est  nettement 
interstratiûé  dans  la  formation  houillère. 

Je  viens  à  la  composition  chimique  des  trachytes  des  Grandes- 
Rousses.  C'est  le  seul  point  sur  lequel  je  veuille,  aujourd'hui, 
insister  2. 

Voici  quelques  analyses,  pour  la  plupart  nouvelles,  de  ces 
roches  : 


1.  L'écroulement  de  cette  muraille  donne  naissance,  sur  le  glacier,  à  une 
moraine  spéciale  dont  la  couleur  verte  contraste  vivement  avec  la  teinte 
blanche  des  moraines  gi>anitiques. 

2.  Dans  les  analyses  d'orthophyres  que  j'ai  publiées  en  1894,  dans  mon 
mémoire  sur  le  ^fa8sif  des  Grandes-Rousses,  quelques  nombres  relatifs  à 
Al'O»  et  Fe'O'  sont  fautifs,  la  séparation  de  ces  deux  oxydes  étant  restée 
imparfaite. 


i;76 


p.    TERMI^R 


7  Févp. 


SiO». 

1 

II 

111 

IV 

V 

VI 

VU 

VIII 

IX 

X 

XI 

XII 

XIII 

63  4C! 

66,10 

66.04    67..50 

66,30 

65.30 

63,80 

61.07 

62,06 

59,50 

61,50 

62.30 

62,30 

AI50J 

17.20 

17,30 

16.50 

16,30 

17.60 

18,50 

10.25 

18,73 

19,85 

17,80 

17,70 

17,10 

17,90J 

Fe«Oï 

3,41 

4,40 

5,00 

4,40 

4.35 

4,11 

5,65 

3,83 

5,03 

6,93 

4.70 

5,20 

8,40. 

MgO. 

2,:>o 

2,20 

2,30 

2.60 

2,80 

2,25 

1.90 

1.40 

2.70 

i,65 

3  10 

3,40 

1.4o! 

CaO  . 

1,48 

1.60 

1.10 

0.90 

0.48 

2.68 

1,09 

1,03 

2.20 

1,06 

2,10 

1,30 

1,02 1 

K«0  . 

4,05 

4,70 

3,3S 

4,60 

4,5.'> 

4.25 

5.50 

6.00 

4.32 

2.80 

4,21 

3.50 

4.20 

Na«0 

3.13 

3,40 

3,36 

2,80 

3,59 

2,74 

2,80 

5,19 

3,96 

2,95 

3,77 

4,40 

3,90 

Perte 

par 

Cttici- 

nation 
Total. 

2,37 

1,10 

1.60 

1.20 

1,87 

2.87 

1,60 

1,41 

1.55 

3,70 

1.30 

2,20 

0,7i 

101,14 

100,74 

10»,74 

»9,10 

100,74 

101.10 

99,76 

99,71 

99,13  101.31 

99,18 

99,40 

101,00 

I,  n  et  in,  Orthophyrcs  du  col  de  la  Croix-de-Fer  ; 

IV,  Orthophyre  pris  sur  Taréte  qui  domine  à  Touest  les  granges  de  La 
Balme  ; 

V,  Orthophyre  du  lac  du  Cerisier  ; 

VI  et  Vn,  Ortliophyres  de  la  carrière  du  Freney-d'Oisans  ; 
Vin  et  IX,  Orthophyrcs  du  Château-Noir; 

X,  Orthophyre  du  glacier  de  Saint-Sorlin  ; 

XI,  Orthophyre  de  la  crête  au  nord  du  lac  du  Cerisier  ; 

XII,  Orthophyre  en  coulées  entre  les  granges  de  la  Balme  et  le  glacier  de 
Saint-Sorlin  ; 

XIII,  Galet  d'orthophyre  dans  une  coulée  orthophyrique  du  Château-Noir. 

En  somme,  SiO*  varie  de  6o  à  67;  A1*0'  de  16  à  ao;  Fe*0'  de  4 
à  8;  MgO  de  i,5  à  3,5  ;  CaO  de  o,5  à  2,5  ;  l'ensemble  des  alcalis  de 
6  à  II,  avec  une  légère  prédominance  de  la  potasse  sur  la  soude. 
Ce  sont  là  des  caractères  de  Irachytes  à  tendances  liparitiques  ;  et 
les  dill'érenccs  entre  les  analyses  du  tableau  ci-dessus  sont  de 
Tordre  des  variations  que  Ton  observe  dans  la  composition  des 
laves  d'un  môme  volcan. 

Si  Ton  prend  la  moyenne  des  treize  analyses,  on  trouve  la  com- 
position suivante,  que  Ton  peut,  avec  grande  vraisemblance,  consi- 
dérer comme  la  composition  moyenne  (actuelle)  des  trachytes  les 
mieux  conservés  des  Grandes-Rousses. 

SiO* (>3,G4 

Al'O» i:,S{ 

Fe«03 .  ,"),(/, 

MgO a48 

CaO 1,52 

K'O    . 4,'J8 

Na-^O 3,54 

Perle  par  calcination 1,81 

Total ioL\iï^ 


igOI  ETUDES  LITHOLOGTQUES  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES  I77 

La  restauration  des  trachytes  des  Grandes  Rousses  peut  se  faire 
aisément,  et  sans  grande  incertitude.  La  métasomatose  a  consisté 
partout  dans  la  chloritisation  du  mica  noir,  dans  la  destruction 
plus  ou  moins  complète  de  Tanorthite  du  plagioclase,  et  enfin  dans 
un  commencement  de  kaolinisation  des  feldspaths  alcalins.  Dans 
les  échantillons  les  plus  frais  —  ceux  qui  ont  été  analysés  —  ce 
dernier  phénomène,  la  kaolinisation,  est  souvent  à  peine  sensible. 

La  moyenne  des  tentatives  de  restauration  conduit  à  un  mélange 

originel  de  : 

asAIbite 
23  Orthose 
la  Anorthite 
17  Biotlte 

I  Apatite  et  zifcon 

3  Fer  oxydnle 

9  Quartz 

Total    .   .    100 

Ce  mélange  correspond  à  la  composition  suivante,  qui  me  parait 
être,  très  approximativement,  la  composition  originelle  moyenne 
des  trachytes  des  Grandes-Rousses  : 

SiO» 60,66 

A1«0* i8,85 

FetO» 4,43 

MgO 2,91 

CaO 2,71 

K^O 5,35 

Na'O ........  4,i3 

Total.   .  99,04 

Ces  trachytes  à  mica  noir  représentent  donc  la  forme  effusive 
d'un  magma  syénitique.  La  composition  ci-dessus  est  analogue  à 
celle  de  divers  trachytes  classiques,  de  diverses  syénites  à  biotile, 
de  diverses  microsyénites  un  peu  quartzeuses. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  de  relations  pétro génétiques  entre 
les  trachytes  des  (irandes-Rousses  et  les  roches  intrusives  du 
Mouiller  briançonnais.  Sans  doute,  il  y  a  un  caractère  commun  : 
la  très  grande  abondance  du  feldspath,  et,  comme  conséquence,  la 
faible  teneur  en  magnésie.  Mais,  par  contre,  on  ne  trouve  dans  la 
série,  si  largement  diflerenciée,  des  roches  intrusives  du  Brian- 
çonnais, aucun  type  qui  ait  la  composition  d'un  trachyte  des 
Grandes-Rousses.  Dans  les  roches  intrusives  à  60  ou  62  °  o  SiOV 
il  y  a  trop  de  chaux,  et  trop  de  soude,  et  trop  peu  de  potasse,  pour 
que  l'assimilation  aux  trachytes  des  Grandes-Rousses  soit  possible. 

27  Août  1901.  —  T.  i«'.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  12 


178        KTUDES  LITUOLOGIQUBS  DANS  LES  ALPES  FRANÇAISES       7  FéTF. 

Il  faut  donc,  ou  bien  admettre  que  le  processus  de  différenciation 
a  été,  dans  la  région  des  Rousses,  très  différent  de  ce  qu'il  devait 
èti^e,  plus  tard,  dans  le  Briançonnais,  ou.  ce  qui  est  plus  probable, 
que  les  magmas  fondamentaux  étaient  distincts. 

Nulle  part,  dans  la  région  du  Pelvoux,  je  ne  connais,  à  Theure 
actuelle,  le  moindre  affleurement  de  syénite,  qui,  par  sa  compo- 
sition, fasse  songer  aux  trachytes  des  Grandes-Rousses.  La  syénite 
du  Lauvitel  est  fort  différente,  et  différents  sont  aussi  les  cuiîeux 
trachytes  qui  s'y  rattachent,  et  diflérentes  encore  les  minettes  de 
Valjouffrey  et  du  massif  de  Chaillol.  Le  type  trachyte  des  Grandes- 
Rousses  est  jusqu'ici,  isolé  dans  les  Alpes  françaises.  Je  suis  très 
porté  à  croire  que  c'est  avec  les  roches  carbonifères  du  Massif 
Central  (Loire,  Rhône,  Saône-et- Loire),  je  veux  dire  avec  les 
trachytes,  les  dacites  et  les  phonolites  réunis  par  Grûner  sous  le 
nom  de  porphyres  noirs  et  par  M.  Michel-Lévy  sous  le  nom 
d*orthophyres,  que  les  trachytes  des  Grandes-Rousses  ont  chance 
de  manifester  une  «  consanguinity  »  plus  ou  moins  lointaine.  Mais 
les  matériaux  me  manquent  encoi*e  pour  cette  intéressante  compa- 
raison *. 


I.  Dans  mon  mémoire,  déjà  cité,  sur  le  Massif  des  Grandes-RoasseSy  je 
signale  (p.  5o)  sous  le  nom  de  kersantite  à  amphibole  une  roche  trouvée  par 
M.  Kilian  dans  le  Houiller  du  Mont-Thabor.  Je  ne  doute  pas,  aujourd'hui, 
que  cette  roche  ne  soit  une  microdiorite.  En  sorte  que  le  type  Irachyte  des 
Grandes-Housses  est  conûné  dans  le  voisinage  de  la  Romanche,  et  ne  dépasse 
pas,  au  Nord,  le  coi  de  la  Croix-de-Fer,  à  FËst,  le  méridien  de  la  Bérarde. 


QUELQUES  OBSERVATIONS 

DANS   LA 

PARTIE  MÉRIDIONALE  DE  LA  CHAINE  DE  BELLEDONNE 

(  ALPES     dauphinoises) 

par  M.  P.  LORY. 


I.    —    Jurassique 

Les  calcaires  qui  prédominent  dans  les  premières  assises 
jurassiques  de  la  Mateysine  et  du  Beaumont  {Calcaires  de  Laffrey) 
présentent  un  faciès  à  Entroques  et  détritique,  quelquefois  bré- 
choïde.  On  l'a  maintes  fois  déjà  rapproché  de  celui  que  ce  même 
terrain  du  Lias  possède  dans  la  zone  du  Briançonnais.  L*étude 
niicrographique  confirme  cette  analogie  ;  elle  révèle  notamment 
dans  le  calcaire  de  Laffrey  la  fréquence  d'une  structure  oolithique 
pareille  à  celle  que  MM.  Kilian  et  Hovelacque  ont  fait  connaître 
dans  le  Lias  intraalpin  ^ 

D'après  ses  caractères  tant  lithologiques  que  fauniques  2,  ce  faciès 
correspond  à  de  faibles  profondeurs.  Son  extension  indique  que 
sur  la  terminaison  méridionale  de  Belledonne  le  fond  de  la  mer 
liasique  a  présenté,  jusque  vers  le  Toarcien,  une  vaste  saillie  : 
du  Bas-V^algaudemar  aux  environs  de  Vizille,  elle  divisait  en  * 
deux  branches  le  géosynclinal  alpin  à  dépôts  vaseux  {!i\%*   i)^. 

Si  Ton  compare  les  épaisseurs  qui  représentent  le  Lias  inférieur 
et  moyen  sous  chacun  des  faciès,  il  apparaît  que  la  vitesse  de 
descente  était  au  moins  cinq  fois  plus  grande  dans  le  géosynclinal 
que  sur  le  haut  fonds  :  à  celui-ci  correspondait  donc  en  profondeur 
une  ride  dont  la  hauteur  croissait  rapidement  et  devait  avoir 
dépassé  3oo  mètres  au  moment  où  le  régime  sédimentaire  est  enfin 
devenu  à  peu  près  uniforme,  c'est-à-dire  vers  la  fin  du  Toarcien. 

1.  W.  Kilian.  Sur  la  stnictiire  microscopique  des  calcaires  du  Lias  alpin 
{B,  S.  G,  F,,  19  juin  1899).  —  Hovelacque  et  Kilian,  Album  de  microphoto- 
graphieSy  Paris  1900,  pi.  H,  III,  IV,  VI. 

2.  Abondance  des  Gryphsea^  etc. 

3.  Vers  l'est  et  vers  le  sud,  le  tracé  des  limites  de  faciès  a  été  établi  diaprés 
les  travaux  de  MM.  Uaug,  Kilian  et  Termier  et  diaprés  quelques  renseigne- 
ments inédits,  que  ces  savants  ont  eu  l'obligeance  de  me  communiquer. 


i8o 


p.  LORY.  —  QUELQUE»  OB8KRVATIOSB  u 


Wig.  I.  —  Bitension  des  Taciès  t 
lunrieii  dann  Ici  Alpei  daupli 
—  Echrllr:  i/s.aon.ooo* , 


En  coostatunt  qu'il  y  s  coïncidence  entre  U  diminution  de  l'épai»- 
seoT  des  dépAts  d'une  part,  de  la  profondeur  qu'indique  leor  Ckciè* 
de  l'antre,  on  est  porté  à  admettre  une  relation  de  cause  &  effet 
entre  la  lenteur  de  raffaisM- 
ment  et  la  persistance  de  ta 
saillie  sur  le  fond.   Cepen- 
dant, si  cette  relation  a  été^ 
réelle  pour  la  ré^on  qui  nous— 
occupe,  elle  n'existe  pas  ton — 
jours;  la  vitesse  de  descente 
peut  £tre  de  mftme  ordre 
une  zone  néritiqne  que  < 
les  ^osynclinanx  vaseux 
la  bordent.   M.    Temder 
indiqué    par    exemple    que, 
sous  le  faciès  de  calcaires  1 
Entroques  comme  à  la  Mnre, 
le    Ldas    mesnre    vers    Val- 
loutse,  dans  la  zone  du  Brian- 
i;onnais.  «  probablement 
uu   4<>o    mètres 
réelle  »  ',   c'est-à-dire  autant   que    sous   le    faciès   vaseux 
certaines  parties  de  la  zone  dauphinoise. 

Si  la   lenteur  de  son  mouvement  de   descente  a  pu  suffire  à^^ 
maintenir  l'aire  d'Aspres-Laffrey  longtemps  surélevée  par  rappor^Vi 

à  ses  voisines,  i^B) 
M.  s.       est    cependanS^ 

vraisemblable?  ' 
qu'une       autre 
caose  est  interve- 
nue   pour    créer" 
cette  difTérencÎB— 
tion. 

11  y  a  sur  cettff 
aire  à  la  base  du 
Jurassique   une 

lacune  importante,  de  hauteur  vai-iuble  suivant  les  points  et^ioî 
peut  s'élever  jusqu'au  Lias  moyen  -.  Puis  la  sédimentation  devient 

I.  Uçret-Gaide  du  Congrix  de  1900,  exc.  XIII',  p.  a?. 

3.  rai  eu  déjà  l'occasion  de  la  signaler,  partie  d'après  mes  prëdéceueura. 
partie  d'après  mes  obsen'attons.  Cf.  notamment  B.  S.  Statiat.  Itérât  V  série, 
t.  V.  \>.  SG3  cl  l.ii-.-Giiiili-  Ctiny,  géot.  1900,  oxc.  XIII'. 


uJL  ^'^P^ 


igOI        PARTIE  MÉRIDIONALE  DE   LA   CHAÎNE   DE   BBLLEDONNE  lÔl 

générale,  mais  les  dépôts  contiennent  ici  en  abondance  des  débris 
arrachés  an  substratum  :  les  dimensions,  le  degré  d*usarc,  la  nature 
lithologique  de  ces  éléments  sont  divers.  A  côté  des  grains  de  sable 
il  y  a  des  fragments  atteignant  jusqu'à  la  grosseur  du  poing,  et 
tantôt  anguleux,  tantôt  bien  arrondis.  La  plupart  sont  formés  par 
des  roches  du  Trias  (dolomies  et  calcaires)  ou  représentées  dans  ce 
système  comme  daps  les  terrains  anciens  (quartz,  qui  pour  partie  a 
vraisemblablement  été  repris  au  poudingue  triasique  dit  «  gratte  »)  ; 
mais  d'autres  galets  proviennent  bien  des  terrains  anciens  (grès  du 
Houiller,  schistes  cristallins).  Je  citerai  notamment  la  localité  de 
Quet-en-Beaumont,  où  les  galets  abondent,  groupés  même  par 
places  en  petites  lentilles  de  conglomérat  ;  ils  appartiennent  gêné- 
ralement  aux  schistes  cnstallins  et  au  quartz,  les  roches  calcaréo- 
dolomitiques  du  Trias  y  sont  peu  ou  pas  représentées. 

Ce  n*est  pas  à  la  base  de  la  série  seulement,  dans  la  couche  en 
transgression,  que  les  galets  se  rencontrent,  mais  dans  toute  la 
hauteur  des  calcaii*es  à  Entroques,  et  parfois  même  c'est  vers  le 
sommet  qu'ils  sont  le  plus  abondants. 

Cette  nature  et  cette  répartition  des  éléments  détritiques  impli- 
quent l'existence,  et  la  persistance  partielle  jusqu'au  Lias  moyen, 
de  hauts-fonds  atteignant  ou  presque  la  surface  de  la  mer  et  qui 
s'emplaçaient  dans  la  moitié  orientale  de  Taire  considérée,  c'est  à 
dire  sur  l'emplacement  actuel  des  parties  méridionales  de  Bçlle- 
donne  ^  De  plus,  si  ces  hauts-fonds  avaient  reçu  une  couverture 
continue  de  Trias,  ils  l'avaient  à  l'époque  liasique  perdue  par 
places,  notamment  dans  une  portion  du  massif  de  la  Salette. 

L'ensemble  de  ces  caractères  du  Lias  rend  au  moins  fort  probable 
une  surélévation  en  dôme  de  l'aire  AspresLaflrey  au  début  du 
Jurassique,  peut-être  suivie  d'autres  mouvements  plus  localisés. 
D'ailleurs,  en  un  point  au  moins  le  redressement  tectonique  des 
couches  peut  être  directement  observé.  Lorsque  l'on  va  depuis  le 
bord  nord  de  la  Mateysine  -  jusqu'à  l'extrémité  méridionale  de  la 
falaise  du  Grand-Lac,  on  voit  la  lacune  entre  le  Trias  et  le  Lias 
s'accroître  à  la  fois  par  le  haut  et  par  le  bas;  le  Trias  est  de  plus  en 
plus  réduit  par  l'érosion  :  le  Lias,  qui  comprenait  à  LalTrey  même 
quelques  couches  sinémuriennes  (Arietites  gr.  de  bisulcaius), 
débute  directement  dans  la  falaise  par  des  calcaires  et  brèches  à 
Bélemnites  charmouthiennes  (fig.  q).  Il  y  avait  donc  bien  là  le 
pourtour  d'une  saillie  anticlinale,  sur  laquelle  la  transgression 
empiétait  graduellement. 

I.  Chaînons  de  Taillefer  et  du  Tabor,  massif  de  la  Salette  (p.  p.). 

3.  Route  de  LaiTrey  à  Séchilienue,  à  la  sortie  du  premier  de  ces  villages. 


tfkt 


p.  LORT.  QUELQUES  OBSERVATIONS  DAJfS  LA  J  YéWT: 


n.  —  Plis  et  vallées  ai;  voisinage  de  TAnxBFMR- 

Les  schistes  cristallins  des  parties  hautes  de  BeUedonne  portent 
encore,  au  voisinage  de  la  gorge  de  la  Romanche,  des  lanibeanx 
discordants  de  Trias  ;  Ch.  Lorv  a  décrit  et  figuré  ceux  de  la  mine 
de  Brouffier  et  de  la  Croix  de  Chamrousse  *.  Comme  dans  les 
Rousses,  ils  sont  formés  surtout  par  du  calcaire  dolomitique, 
souvent  d^apparence  bréchoîde  et  passant  à  la  cargneule. 

Grâce  à  ces  lambeaux,  il  est  possible  de  reconstituer  en  partie  la 
tectonique  alpine  de  la  chaîne.  Ainsi  dans  Taillefer,  au  col  entre  le 
Rocher-Culasson  et  le  Signal,  vers  Q700  mètres,  les  couches 
triasiques  dessinent  un  synclinal  (fig.  3)  ;  il  s'abaisse  rapidement 


O. 


E. 


Fig.  3.  —  Vue  prise  soos  le  col  da  névé  de  Taillefcr. 
Ty  Trias; ,  Limite  inférieure  du  Trias;  X.  Schistes  cristallins  sériciteux. 


vers  le  sud-ooest,  jalonné  par  les  lambeaux  de  la  crête  de  TEm^y* 
sort  du  groupe  de  Taillefer  et  va  se  remplir  de  Lias  à  Touest  de  la 
vallée  de  la  Roizoïme,  entre  le  Serre  et  la  Chinarde.  Du  côté 
opposé,  an  nord,  Tensemble  de  la  montagne  s*abaisse  brusquement 
de  600  à  800  mètres  sur  le  plateau  des  Lacs  ^  ;  là  on  voit  traîner» 
notamment  juste  sous  le  col,  des  placages  de  Trias  qui  marquent 
le  fond  d*nne  dépression  transversale,  dominée  au  nord  par  les 
schistes  cristallins  du  Grand-Galbert  comme  au  sud  par  ceux  de 
Taillefer. 

Ainsi,  cette  partie  de  BeUedonne  est  façonnée  par  un  triple 
système  de  ridements  (fig.  4)  • 

a)  Surélévation  longitudinale  du  luassiC  central  suivant  une 
direction  qui,  dès  au  nord.de  Taillefer,  est  devenue  nord-sud. 

I.  Deser,  Dauphiné,  p.  p.  i55,  i85.  Dans  cet  ouvrage,  la  roche  qui  forme  ces 
lambeaux  est  appelée  «  calcaire  magnésien  du  Lias  ». 
a.  Lac  Fourchu,  lac  Nqir,  etc. 


I9OI  PARTIE  MÉRIDIONALE  DE  LA  CHAÎNE  DE  BELX,EDONNE 


l83 


b)  Plis  obliques  N.-E. -S.-O.,  c'est-à-dire  conservant  à  peu 
près  la  direction  qu'avaient,  au  nord  de  la  Romanche,  et  Taxe  de  la 
chaîne  et  les  ondulations  longitudinales,  par  exemple  les  synclinaux 
triasiques  de  Ghamrousse.  C'est  un  nouvel  exemple  du  cas  que 
j'indiquais  l'année   dernière  :  ' 

outre  les  plis  longitudinaux  et 
transversaux,  les  chaînes  peu- 
vent présenter,  au  voisinage  des 
points  où  leur  direction  se  mo- 
difîe,  des  plis  obliques  ayant 
encore  la  direction  qui  était  celle 
du  ridement  principal  avant 
l'inflexion. 

c)  Ondulations  transversales 
environ  est-ouest  ;  leur  existence 
avait  été  prévue  et  même  leur 
tracé  indiqué  avec  une  sûreté 
magistrale  par  M.  Termier  -. 
Les  sommets  de  Taillefer  appar- 
tiennent à  un  anticlinal  de  ce 
système,  à  flanc  nord  presque 
vertical,  à  flanc  sud  assez  dou- 
cement incliné  ;   il    sépare   les 

larges  synclinaux  du  plateau  des  Lacs  et  du  col  de  Vaunoii;e. 
Les  principaux  traits  de  la  topographie  sont  nettement  cooi*- 
(ionnés  à  ce  réseau  tect<)ni([ue.  La  vallée  de  la  Malsanne  et  partie 
(le  celle  de  la  Roisonne  sont  des  vallées  longitudinales  nord-sud. 
Les  vallons  du  Recoin,  de  la  Chartreuse  de  Prémol,  du  lac 
Achard  \  etc.,  la  gorge  de  la  Romanche  en  amont  du  pont  de 
Séchilienne,  ainsi  que  plusieurs  hauts  vallons  entre  le  Serre  et  le 
Tabor,  appartiennent  au  système  N.-E. -S.-O.;  les  premiers 
sont  longitudinaux  tandis  que,  la  direction  générale  de  la  chaîne 
changeant,  la  seconde  et  les  derniers  se  trouvent  lui  être  obliques. 
Enfin,  le  plateau  des  Lacs,  le  vallon  et  le  col  de  Vaunoire,  sont  des 
segments  de  synclinaux  est-ouest,  et  sur  le  prolongement  du 
premier  se  i)lace  ^  la  gorge  de  la  Romanche  entre  les  ponts  de 
Séchilienne  et  du  Péage. 

1.  Types  de  vallées,  in  .Soc.  Stdfist.  Isère,  séance  du  15  janv.  1900. 

2.  (irandes-Housses,  p.  p.  ir'^.  114.  ii<>. 

'1  Qui  a  été  capluré  par  un  ri»vin  afUuent  de  la  Romanche. 
4.  I*.  Tkrmikh.  L.  c,  p.  ii3. 


Fig.  5.  —  Échelle  i/4oo.ooo*. 

— ,   Lijçnes  de   crête;   »»••,   Axe 
synclinal;  — • — ,  Axe  anticlinal. 


SUR  LA  DÉCOIA'ERTE  DUN  RHYXCHOTEUTBIS 
DANS  LE  SÉiNONIEN  DBS  ENVIRONS  DE   BEAUVAIS 

par  M.  li.  THIOT. 


Dans  cette  note,  Tantear  fait  remarquer  qae  Tétage  sénonien 
n^avait  fourni,  jusqu'à  présent,  qn  un  seul  exemplaire  de  bec  de  ce 
genre  qui  a  été  trouvé  à  Ghavot  (Marne)  et  auquel  d^Orbigny  a 
donné,  en  1847,  le  nom  deRhjmchoteuthis  Dutemplei;  mais  que  cette 
espèce  n*a  pu  être  ni  décrite,  ni  figurée  dans  le  magistral  ouvrage 
de  d*Orbigny,  par  la  raison  qull  en  donne  lui-même  :  que  ce  bec 
8*est  perdu,  on  ne  sait  comment,  le  jour  même  où  il  lui  parvint. 

L'exemplaire  recueilli  par  M.  Thiot  au  mois  de  mai  dernier 
à  Notre-Dame-dn-Thil,  près  Beauvais,  avec  un  autre  Céphalopode 

assez  bien  conservé  :    Actino- 


Dessus 


Dessous 


Prulil 


Rhynchoteuthis  sp.  n.  G.  N. 


camax  verus  Miller,  c'est-à-dire 
à  la  base  de  la  craie  à  Bélemni- 
telles,  est  tout  à  fait  intact.  Il  est 
(igui*é  ci -contre  en  grandeur 
naturelle.  Ses  dimensions  sont 
de  19  millimètres  sur  10. 

M.  de  Grossouvre,  à  qui  ce 
Rhynchoteuthis  a  été  commu- 
niqué avec  la  Bélemnitelle  rencontrée  en  même  temps  et  que  plu- 
sieurs paléontologistes  supposaient  éti*e  le  jcaiie  âge  de  Relemni- 
tella  quadrata  d'Orb.,  a  bien  voulu  faire  connaître  à  l'auteur  a  que 
((  la  Bélemnitelle  était  bien  Actinocamax  çerus,  qu'il  ne  connais- 
((  sait  pas  de  Rhynchoteuthis  du  même  niveau  et  qu'il  avait  tout 
(c  lieu  de  supposer  que  c'était  une  espèce  nouvelle  ». 

M.  Thiot  pense  que  le  Rhj'nchoteuthis  qu'il  a  recueilli  à  Notre- 
Dame-du-Thil  n'est  pas  du  même  niveau  géologique  que  celui 
rencontré  à  Chavot,  attendu  que  la  craie  de  cette  dernière  localité, 
située  aux  portes  d'Épernay,  doit  appartenir  à  la  craie  de  Meudoa 
et  d'Epernay,  renfermant  Micrasier  Rrongnarti  Héb.,  c'est-à- 
dire  à  la  partie  tout  à  fait  supérieure  de  la  craie  blanche  (d'après 
les  travaux  de  MM.  Hébert,  de  Mercey  et  Peron),  tandis  que  la 
craie  de  Notre-Dame-du-Thil  appartient,  au  contraire,  à  la  base  de 
la  craie  de  Reims,  assise  surmontant  immédiatement  la  craie  à 
Mier aster  coranguinum  Ag- 

D'ailleurs,  le  Rhynchoteuthis  Dutemplei  n'ayant  été  ni  décrit,  ni 
figuré,  il  n'est  pas  possible  d'affirmer  que  l'exeniplaire  de  Chavot 
et  celui  de  Notre-Dame-du-Thil  appartiennent  à  la  môme  espèce. 


Séance  du   :d&  Février   teOl 

PRÉSIDENCE  DE  M.   L.  GAREZ,   PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée* 

Sont  proclamés  membres  de  la  Société  : 

MM.  Jules  Pethôt  Géologue  en  chef  de  l'Institut  royal  géolo- 
gique de  Hongrie,  présenté  par  MM.  M.  Cossmann  et 
Gustave  Dollfus. 

F.  Bonnes»  Professeur  de  géologie  et  de  minéralogie  à 
l'Ecole  des  Mineurs  d'Alais  (Gaixl),  présenté  par  MM.  G. 
de  Rou ville  et  Delage. 

A.  de  Richard,  Ingénieur  des 'mines,  membre  de  la 
Société  des  Sciences  de  Bucarest  (Roumanie),  présenté 
par  MM.  Albert  Gaudry  et  Léon  Garez. 

Henri  Douxami,  Docteur  ès-sciences.  Professeur  au  Lycée 
Ampère  à  Lyon,  présenté  par  MM.  J.Bergeron  et  E.  Haug. 

Six  nouveaux  membres  sont  présentés. 

Le  Président  annonce  que  M.  P.-W.  Stuart-Menteath,  sur  sa 
demande,  ne  fait  plus  partie  de  la  Société. 

M.  de  Lapparent  croit  devoir  appeler  l'attention  de  la  Société 
sur  une  publication  récente  de  M.  Auialitzky,  relative  aux  fouilles 
que  ce  savant  a  exécutées  sur  les  bords  de  la  Dwina.  Une  lentille 
de  grès  meuble,  intercalée  dans  les  marnes  d'eau  douce  du  Permien 
supérieur,  a  fourni  plusieurs  squelettes  entiers  du  Pareiasaurus, 
avec  de  nombreuses  empreintes  de  Glossopteris  et  de  Ganga- 
mopteris. 

Ainsi,  non  seulement  la  flore,  mais  la  faune  des  couches  de 
Johannesburg,  se  retrouvent  dans  le  Nord  de  la  Russie,  au  niveau 
précis  que  M.  Zeiller  avait  assigné  à  ces  couches  d'après  leurs 
fossiles  végétaux. 

D'autre  part,  il  devient  impossible  de  soutenir  que  l'éclosion  de 
la  flore  à  Glossopteris  ait  été  déterminée,  à  la  suite  des  phéno- 
mènes glaciaires  de  l'Afrique  australe,  de  l'Australie  et  de  l'Inde, 
par  un  changement  de  l'axe  terrestre  qui  aurait  placé  l'un  des  pôles 
dans  l'océan  indien  ;  car,  dans  ce  cas,  l'autre  pôle  n'aurait  pas  pu 
tomber  dans  le  Nord  de  la  Russie. 


l86  SÉANCE    DU    a5    FEVRIER    I9OI 

M.  Haug  attire  l'attention  .de  la  Société,  sur  la  carte  représen- 
tant Textension  des  glaciers  pei*miens.  que  vient  de  publier 
M.  Penck  dans  une  note  très  importante  sur  les  phénomènes  gla- 
ciaires d'Australie. 

Comme  complément  aux  observations  de  M.  de  Lapparlent, 
M.  Zeiller  ajoute  que  les  conclusions  qu'il  avait  tirées  de  i'étude 
des  plantes  fossiles  pour  la  détermination  de  l'âge  des  dépôts  chai»- 
bonneux  des  environs  de  Johannesburg,  rapportés  par  lui  a  l'étage 
de  Beau  fort,  ont  été  pleinement  confirmées  par  M.  le  D'  Molen- 
graair.  M.  Draper,  dans  une  étude  insérée  aux  Transactions  ofthe 
South  African  Geological  Society,  avait  assimilé  les  couches  de 
combustible  du  Transvaal  aux  Molleno  heds,  c'est-à-dire  à  l'étage 
de  Stormberg,  auquel  appartiennent  en  efl'et  les  dépôts  charbon- 
neux de  la  Colonie  du  Cap,  mais  qui  renferme  en  réalité  une  flore 
bien  diflerente  de  celle  des  dépôts  similaires  de  la  région  de  Johan- 
nesburg. M.  Zeiller  a  su  de  M.  Molengraafl'  que  celui-ci  avait  été 
amené  finalement,  par  une  étude  stratigraphique  approfondie,  à 
l'apporter  ces  derniers  dépôts  à  l'étage  de  Beaufort,  et  qu'ainsi  la 
géologie  se  retrouve  une  fois  de  plus  en  parfait  accord  avec  la 
paléontologie  végétale. 

•  M.  A.  de  Liapparent  met  sous  les  yeux  de  la  Société  un  oursin 
fossile,  qui  a  été  recueilli  en  18912,  par  le  Colonel  Monteil.  dans  le 
Sahara  oriental,  sur  la  route  du  Tchad  à  Tripoli,  un  peu  au  sud  de 
l'oasis  de  Bilma.  Cet  oursin  a  été  reconnu,  par  M.  Victor  Gauthier, 
comme  presque  identique  à  un  Échinide  du  Crétacé  supérieur 
(Maêstrichtien)  du  Baloutchistan,  décrit  en  1897  [)ar  M.  Noetling 
àous  le  nom  de  Protechiniis  paucifuberculatus,  nom  qui  doit  éti'e 
changé,  selon  la  proposition  de  M.  Lambert,  en  celui  de  Noetlingia 
paucituberculata,  le  genre  Protechinus  ayant  été  antérieurement 
créé  pour  un  autre  oursin. 

M.  de  Lapparent  fait  ressortir  les  conséquences  de  cette  trou- 
vaille, qui  étend  considérablement  vers  l'ouest  le  domaine  de  la 
mer  crétacée  en  Afrique,  et  montre  qu'alors  la  l'égion  du  lac  Tchad 
faisait  partie,  avec  la  Libye,  la  Nubie,  l'Egypte  et  la  Tunisie,  d'un 
grand  golfe  méditerranéen,  communiquant  avec  l'Inde  par  la 
Palestine  et  la  Perse. 

L'oursin,  que  M.  Gauthier  regarde  comme  une  espèce  distincte, 
qu'il  dédie  au  Colonel  Monteil,  sera  l'objet,  dans  le  Bulletin^  d'une 
description  avec  figure  (voir  page  189  et  pi.  III). 


SEANCE   DU    q5    FEVRIER    I9OT  187 

M.  Léon  Bertrand:  aignalp  à  la  Société  Ja.  âécoavprte  ;récente 
d*an  squelette  de  Mammouth  dans  le  remplissage  d'une  fente  de  cal- 
caires liasiques^  dans  une  tranchée  dé  la  ligne  de  chemin  de  fer  en 
construction  de  Foix  à  Saint-Girons,  au  voisinage  de  Cadarcet 
(Ajriègc). 

M.  irilîi^Tt  attire  l'attention  sur  la  fréquence  relative  des 
Rhacophyllites  du  groupe  Rh,  mimatensis  d'Orb.  dans  le  Lias 
moyen  des  Alpes  de  Savoie.  , 

Parmi  les  très  rares  Ammonites  de  ce  niveau,  recueillies  dans 
les  ardoisières  de  Saint-Colomban-des-Villards  (Maurienne)  figurent 
à  côté  de  quelques  exemplaires  d'Amaltheus  margaritatus  Montf.. 
plusieurs  individus  de  Rhacophyllites  libertus    Gemm.   (==  /?.. 
mimatensis  Menegb.,  p.  p.)  très  biea  conservés  et  absolument  con- 
formes aux  figures  de  cette  espèce  récemment  figurés  par  divers 
auteurs  italiens  (Musée  de  Chambéry,  coll.  Lâchât,  coll.  Villet  ; 
coll.  Hollande).  D'autre  part,  la  seule  Ammonite   recueillie  par 
M.  Kilian  aux  environs  de  Moutiers  (Savoie)  est  également  une 
forme  de  ce  groupe  :  Rhacoph}dlites  Nardii  Menegh.  sp.  (=  Rh. 
diopsis  Gemm.).  —  Ces  faits  dénotent  une  affinité  de  faune  remar- 
quable en\re  le  Lias  des  Alpes  savoisiennes  et  les  assises  de  même 
âge  de   la  Lombardie  et  des  régions   méditerranéennes   où  les 
BhacophylUtes  sont  assez  fréquents.  —  Si  Ton  considère  en  outre 
que  ces  formes  spéciales  se  rencontrent  aussi  i)icn  dans  le  «  faciès 
dauphinois  »  (Saint-Colomban-des-Yillards)  que  dans  le  «  faciès 
briançonnaîs  »  du  l^ias  (Moutiers)  on  voit  dans  cette  répartition 
une  nouvelle  confirmation  des  rapports  intimes  qui  lient  la  zone 
du  Briançonnais  à  la  zone  dauphinoise  voisine  et  qui  empêcheront 
toujours   les  stratigrapbes    d'admettre    l'origine   exotique   de   la 
première  seule  de  ces  zones. 


SUR  LES  COUCHES  A  ORBITOÏDES  DU  PIÉMONT 

par  M.  8AGGO. 

A  la  suite  de  la  récente  communication  faite  par  M.  Douvillé  à 
la  séance  du  17  décembre  1900,  sur  les  couches  à  Orbitoides  des 
environs  de  Dax,  Tauteur  croît  utile  de  présenter  les  observations 
suivantes. 

I.  —  Miog^psina  irregalaris  Micht.,  dont  Miogypsina  globu- 
lina  Micht.  n*est  probablement  qu*une  variété,  ne  se  trouve  pas 
dans  YAquitanien  de  Villa  Sacco  (Tunn),  comme  le  dit  M.  Schlum- 
berger  (probablement  par  suite  d*une  confusion  des  étiquettes  de 
localité)  dans  son  importante  note  Sur  le  genre  Miogypsina  (B.  S. 
G.  F,  (3),  XXVI II,  1900),  mais  il  se  trouve  fréquemment,  parfois 
même  en  très  grande  abondance,  dans  YHelvétien  (spécialement 
dans  YHehétien  moyen-inférieur)  de  plusieurs  localités  des  Collines 
de  Turin,  près  de  Villadeati,  etc.  Cependant  M.  irregalaris  se  ren- 
contre aussi  dans  quelques  points  de  YAquitanien  (principalement 
supérieur)  des  Collines  de  Turin. 

a.  —  Lepidocj'clina  marginata  Micht.  [=  Nummulites  margi- 
nata  Micht.,  1841»  ainsi  que  M.  Douvillé  Ta  reconnu  avec  justesse 
{C'R.  S,  G.  h\,  ao  novembre  1899)  après  l'examen  des  exem- 
plaires que  M.  Sacco  lui  avait  envoyés],  est  extraordinairement 
abondant  dans  YAquitanien  de  Villa  Sacco  et  dans  d'autres  points 
des  Collines  de  Turin,  mais  il  se  trouve  également,  quoique  en 
général  plus  rarement,  dans  YHelvétien  de  ces  Collines. 

3.  —  11  résulte  de  ce  qui  précède  qu'en  Piémont  Lepidocj-clina 
prédomine  dans  YAquitanien  et  Miogj^psina  dans  YHelvéiien^ 
mais  qu'il  n'existe  pas  une  règle  précise  à  ce  sujet. 

4.  —  UAquitanien  typique,  ainsi  que  M.  Sacco  l'entend,  doit  être 
placé  dans  le  Miocène  et  non  dans  l'Oligocène  comme  l'on  fait 
généralement  :  cette  dernière  interprétation  est  due  au  fait  que, 
dans  plusieui*s  régions  de  TËurope,  Ton  a  indiqué  et  l'on  indique 
encore  comme  aquitaniens  des  terrains  qui  sont,  en  réalité,  plus 
anciens,  c'est-à-dire  vraiment  oligocéniques,  ainsi  que  M.  Sacco  l'a 
déjà  bien  des  fois  fait  observer  dans  plusieurs  ouvrages  (voir  :  Note 
sur  la  classification  des  terrains  tertiaires.  C.-R.  Cong.  géol.  intem. 
Zurich,  1894)* 

De  cette  confusion  résultent  des  interprétations  différentes  sur 
la  sigpaiûcation  de  l'Oligocène,  lequel,  justement  compris,  repré- 
sente, par  contre,  un  ensemble  assez  naturel  d'étages  géologiques. 


CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DES  ÉCHINIDES  FOSSILES 

par  M.   V.   GAUTHIER  K 

(Planche  US). 
VI.  —  Genre  Noetlîngia  Lambert,  1898. 

YNONYMiB  :  Protechinus  Noetling  (non  Austin  Protoechinua).  Memoirs  of 

the  Greological  Survey  of  India.  ->  Fauna  of  Baluchisiàn,  of 
the  upper  creiaceoua  {Maëatrichtien)  heds.  Série  XVI,  vol.  I, 
part.  3,  p.  14,  pi.  II,  fig.  3,  3';  pi.  III,  lig.  i,  1',  1897. 
yoetlingia  Lambert,  Reçue  critique  de  Paléozoologie^  a*  année, 
N-  3,  juillet  1898,  p.  ia6. 

Diagnoêe  du  genre,  —  Oursin  régulier,   de  la  famille  des 
^•^chimdœ^  pouvant  atteindre  une  très  grande  taille;  forme  circu- 
laire,   ordinairement    élevée^    conique   ou    hémisphérique  à    la 
partie  supérieure,    plane    ou   pulvinée   à    la    partie    inférieure. 
^Appareil   apical  peu  développé,    insuffisamment  connu  jusqu^à 
présent,  montrant  cinq  plaques  génitales  en  cercle  et  cinq  plaques 
^oeellaires  dont  les  postérieures  intercalées  font  partie  du  circuit 
;|>ériproctal  ;  les  plaques  ocellaires  antérieures  II,  III,  lY  paraissent 
^Mjetées    en   dehors    des   génitales,   mais  Télat  des  exemplaires 
^connus  ne  permet  pas* de  l'affirmer  catégoriquement;  ouverture 
«inale    peu    étendue,    circulaire  ou  légèrement  ovale,  entourée 
^ar    les     plaques  apicales.    Aires   ambulacraires    assez    laides, 
égalant  à  peu  près  la  moitié  des  aires  interambulacraires  ;  zones 
j>orifères  étroites,  superficielles  ou  légèrement  déprimées,  allant 
^sn  ligne  droite  du  sommet  au  péristome;  elles  sont  oligopores  et 
^comprennent  trois  paires  de  pores  par  plaque  majore  :  la  paire 
^o  milieu  est  la  plus  externe  ;  la  paire  inférieure  placée  directement 
mau  dessous  et  semblable  est  légèrement  oblique  et  rentre  un  peu  ; 
la  paire  supérieure,  bien  plus  rentrante  que  Tinférieure,  est  plus 
jpetite  aussi  et  portée  par  une  plaquette  très  réduite,  resserrée  entre 
les  deux  plaques  voisines,  de  sorte  que  la  zone  porifère  est  formée 
par  deux  rangées  verticales  et  bien  distinctes  de  paires  de  pores; 
l*exleme  comprenant  les  deux  grandes  paires,  un  peu  sinueuse  par 
suite  de  Tobliquité  de  la  paire  inférieure;  Tinterne,  formée  parles 
petites  paires  abactinales,  moins  large  et  moins  remplie,  puis- 

I.  Voir  B.  S,  F,  G..  (3).  XXV,  p.  83i,  1893;  XXVU,  p.  344. 1899. 


190  V.  GAUTHIER  a5  FévT. 

qu*elle  ne  comprend  qu^une  paire  sur  trois.  Entre  les  zones  poriferes 
s*étendcnt  plusieurs  séries  verticales  de  tubercules  imperforés  et 
incréneiés,  de  volume  médiocre.  Les  aires  interambulacraires 
portent  à  Tambitus  de  nombreuses  séries  verticales  de  tubercules 
semblables  à  ceux  des  anibulacres,  se  réduisant  à  mesure  qu'elles 
montent  vei*s  le  sommet  ou  qu'elles  descendent  vers  le  péristome  ; 
ces  mêmes  tubercules  forment  en  même  temps  des  rangées 
horizontales  un  peu  obliques  ;  la  zone  miliaire  est  plus  ou  moins 
garnie  à  là  partie  supérieure.  Face  inférieure  faisant  défaut  chez 
tous  les  exemplaires  recueillis  jusqu'à  ce  jour;  nous  ne  pouvons 
donc  rien  dire  du  péristome. 

M.  Noetling  le  premier  a  décrit  cet  intéressant  échinide  et  en  a 
fait  le  type  d'un  genre  nouveau  Protechinus.  Depuis,  M.  Lambert 
a  fait  observer  que  ce  nom  générique  avait  déjà  été  employé  par 
Austin  (Protoechinus)  pour  un  échinide  très  différent  et  a  proposé 
de  le  remplacer  par  celui  de  Noetlingia,  que  j'accepte  et  approuve 
très  volontiers. 

M.  Noetling  a  rapproché  la  disposition  des  paires  de  pores  de 
son  genre  nouveau  et  des  plaquettes  qui  les  portent,  des  mêmes 
plaquettes  chez  le  genre  Psammechinus,  Nous  ferons  une  compa- 
raison analogie  en  remplaçant  le  genre  Psammechinus  par  le 
geni»e  Echinas,  qui  ne  diffère  point  sous  ce  ra2)port,  et  qui  nous 
donnera  Tavantage  de  pouvoir  examiner  des  exemplaires  de  taille 
égale.  Dans  les  deux  genres  c'est  la  paire  médiane  qui  est  la  plus 
externe,  mais,  par  contre,  pendant  que  chez  les  Noetlingia  c^estla 
paire  abactinale  (la  supérieure)  qui  renti*e  le  plus,  chez  les  fcAciias 
c'est  l'actinale  (l'inférieure)  ;  de  sorte  que  si  l'on  établissait  trois 
séries  verticales  avec  les  pailles  de  poi-es,  ce  serait  la  série  formée 
par  les  paires  inférieures  qui  serait  au  milieu  chez  les  Noetlingia^ 
et  la  série  formée  par  les  paires  supérieures  chez  les  Echinas.  A 
ces  observations  qui  appartiennent  à  M.  Noetling  nous  ajouterons 
que  chez  le.^  Echinas  les  paires  actinales  et  abactinales  sont 
portées  par  des  plaquettes  entières  dont  l'inférieure  est  la  plus 
développée,  tandis  que  la  paire  médiane  est  placée  sur  une  demi- 
plaquette;  chez  les  Noetlingia  la  paire  supérieure,  moins  dévelop- 
pée que  les  autres,  est  portée  par  une  plaquette  très  réduite,  la 
médiane  est  située  sur  une  demi-plaquette  dont  l'extrémité  interne 
se  rétrécit  et  se  recourbe  pour  soutenir  la  petite  plaque  ;  la  paire 
inférieure  seule  occupe  une  plaquette  entière,  d'abord  étroite, 
puis,  au-delà  des  pores,  occupant  tout  l'espace  jusqu'à  la  suttire  du 
milieu  de  Tambulacre.  Ce  sont  des  différences  importantes  qui 
suffisent  pour  justifier  la  création  d'un  genre  nouveau. 


190 1  CONTRIBUTION    A    l' ETUDE    DES   ÉCHIMDES    FOSSILES  IQI 

L'espèce  du  BéloutchistAn  a  été  désignée  par  M.  Noetling  sous  le 
nom  spécifique  paucituberculatus  et  devient  Noetlingia  paucitu- 
berculata  Noetling  (sub  Protechinus),  Nous  allons  maintenant 
décrire  une  seconde  espèce. 

Noetlingia  Moxteili   Gauthier,  1901. 

(PI.  m,  ug.  1-3). 

Nous  ne  connaissons  quun  exemplaire  de  ce  nouveau  type 
spécifique;  il  est  incomplet,  le  sommet  est  gravement  endommagé, 
la  partie  inférieure  fait  complètement  défaut,  et  l'ensemble  de  ce 
qui  reste  a  été  poli  parle  frottement  des  sables  sahariens. 

Dimensions  :  Diamètre,  iio  millim.;  hauteur  du  fragment, 
60  millim. 

Espèce  de  très  grande  taille,  subcirculaire  au  pourtour,  subhé- 
misphéiîque  à  la  partie  supérieure.  —  Appareil  apical  de  dimen- 
sions médiocres,  subcompact,  en  partie  intercalaire,  autant  que 
nous  pouvons  nous  en  rendre  compte  ;  les  plaques  ocellaires  I,  V 
nous  paraissent  écarter  les  génitales  et  participer  au  circuit  du 
périprocte,  les  ocellaires  antérieures  II,  III,  IV  seraient  au  con-* 
traire  rejetées  au  dehors. 

Aires  ambulacraires  légèrement  renflées,  relativement  assez 
larges  à  la  partie  supérieure  où  elles  égalent  les  deux  tiers  de  Taire 
interambulacraire  correspondante,  se  développantà  mesure  qu'elles 
s'éloignent  de  Tapex,  mesurant  au  pourtour  inférieur  vingt-quatre 
millimètres  de  largeur,  presque  la  moitié  des  aires  interaiiibula- 
craires.  Zones  porifères  faiblement  déprimées,  rectilignes,  à  bord 
externe  presque  onduleux  par  suite  de  l'obliquité  de  la  plaquette 
actinale,  ollrant  trois  paires  de  pores  par  plaque  majeure,  disposées 
comme  il  a  été  dit  dans  la  diagiiose  générique,  de  manière  que  les 
deux  inférieures  sont  les  plus  grandes,  et  que  la  supérieure, 
fortement  rentrante  est  moins  développée  et  portée  par  une  petite 
plaquette  entourée  par  le  bord  rétréci  de  la  demi -plaquette 
médiane.  Les  plaques  majeures  sont  moins  hautes  que  dans  la 
plupart  des  espèces  du  genre  Echinus  qui  présente  d'ailleurs  des 
variations  assez  sensibles  sous  ce  rapport,  et  les  pailles  de  pores 
sont  par  conséquent  très  seiTées.  L'espace  interzonaire  porte  à 
l'ambitus  environ  huit  rangées  de  tubercules  médioci*ement 
développés  ;  ces  rangées  s'atténuent  en  montant  vers  le  sommet  où 
il  n'en  reste  que  deux. 

Aires    interambulacraires    légèrement    déprimées  au    milieu, 


igj  V.  GAUTHIER.  —  ETUDE  DES  KCHINIDES  FOSSILES  a5  FéVT. 

étroites  relativement  près  du  sommet  (i5  millimètres),  larges  à 
Tambitas  où  elles  atteigpaent  cinquante-cinq  millimètres;  elles 
portent  en  cet  endroit  jusqu  à  dix-huit  rangées  verticales  de 
tubercules  semblables  à  ceux  des  ambulacres,  qui  disparaissent 
successivement  en  montant  vers  Tapex  et  se  trouvent  finalement 
réduites  à  deux.  Ces  tubercules  forment  en  même  temps  des  rangées 
horizontales  un  peu  obliques.  Le  miliçu  de  Taire  n*est  pas  dénudé 
à  la  partie  supérieure  et  reste  couvert  de  tubercules  peu  serrés 
mais  se  maintenant  aussi  longtemps  que  le  permet  le  rétrécissement 
de  Taire. 

Le  périprocte  qui  s*ouvre  au  milieu  des  plaques  apicales  est 
médiocrement  étendu,  comme  nous  Tavons  dit,  et  légèrement 
ovale.  Le  reste  du  test  nous  est  inconnu,  et,  par  une  fâcheuse 
coïncidence,  aucun  des  exemjjlaires  de  M.  Noetling  n*a  conservé 
sa  face  inférieure  jusqu'au  péristome. 

L'exemplaire  que  nous  décrivons  est  très  voisin  des  spécimens 
indiens  décrits  par  M.  Noetling;  la  taille  est  plus  grande,  la  forme 
est  moins  conique  et  se  termine  plutôt  en  dôme  ;  les  tubercules 
sont  plus  gi*os,  le  milieu  des  aires  interambulacraires  est  beaucoup 
moins  nu;  ces  différences  permettent  de  distinguer  facilement  les 
deux  espèces. 

Le  type  indien  N.  paucituberculata  a  été  recueilli  dans  les 
couches  crétacées  supérieures  du  Béloutchistàn,  accompagné  de 
grands  Hemipneustes  dont  deux  sont  attribués  par  M.  Noetling  à 
des  espèces  européennes,  Hemipn.  pyrenaicus  Hébert,  HenUpn. 
Leymeriei  Hébert.  Il  est  très  probable  que  notre  exemplaire 
appartient  au  même  horizon  géologique;  M.  le  colonel  Monteil  Ta 
trouvé  sur  le  sol.  à  Zau  Saghaïr,  au  sud  de  Bilma,  par  environ 
18''  a3'  08"  de  latitude  nord  dans  le  Sahara  oriental,  sur  la  route 
du  lac  Tchad  à  Tripoli,  et  Ta  rapporté  en  France  comme  un 
souvenir  de  sa  périlleuse  et  glorieuse  excursion  à  travers  les 
régions  désolées  de  TAfnque  centrale.  Nous  sommes  très  heureux 
de  pouvoir  lui  dédier  cette  précieuse  espèce. 


EXPLICATION  DE   LA  PLANCHE  Ul 

Fijf.  1.  —  yoetUngia  Monteili,  vu  de  profil,  grandeur  naturelle 

Fig.  2.  —  Le  même,  face  supérieure. 

Fi  g.  3.  —  Portion  d'aire  ambulacraire,  grossie. 


UN  NOUVEAU  CYCADEOIDEA 

par  M.  P.  FLICHE. 

a 

Dans  les  collections  de  l'Ecole  forestière,  fignre,  sons  le  nom  de 
Mantelliay  un  fossile  végétal  envoyé,  il  y  a  déjà  plusieurs  années, 
par  M.  Gharil  des  Mazures',  alors  inspecteur  des  forêts  en  Vendée 
et  provenant  de  File  de  Dives  (Vendée),  près  de  TAiguillon  sur 
Mer.  Une  étiquette  de  la  main  de  Mathieu,  alors  professeur  de 
sciences  naturelles  et  sous-directeur  de  FEcole,  porte  que  Fauteur 
de  renvoi  n*a  point  indiqué  de  quel  terrain  provenait  ce  fossile  ; 
mais  que  ce  pourrait  être  FOxfordien  ou  le  Ciorallien.  Depuis 
Fépoque  où  il  rédigeait  cette  note,  Mathieu  semble.avoir  changé 
d'opinion,  car  la  grande  étiquette  placée  à  côté  de  Féchantillon, 
exposé  dans  une  vitrine,  le  réfère,  avec  doute,  il  est  vrai,  au 
Bathonien.  Aujourd'hui,  il  faut  rejeter^  non  seulement  cette 
dernière  manière  de  voir,  mais  considérer  l'attribution  au  Corallien 
comme  absolument  certaine  ;  l'Ile  de  Dives  ne  présentant  que  du 
Corallien  comme  on  peut  le  voir  sur  la  Carte  géologique  de  France, 
au  80.000*,  feuille  de  Fontenay.  De  plus  la  nature  de  la  roche  pour 
le  Corallien,  telle  qu'elle  est  décrite  par  M.  Boisselier,  auteur  de 
cette  feuille,  s'accorde  parfaitement  avec  celle  du  fossile,  tandis 
qu  il  n*y  a  aucune  analogie  entre  celle-ci  et  le  calcaire  bathonien 
de  la  môme  région. 

L'âge  du  fossile  qui  nous  occupe  est  donc  bien  déterminé  ;  en  ce 
qui  le  concerne  lui-même,  il  s'agit  d'un  moule,  sans  structure 
conservée  ;  malgré  cela  il  oilre  de  l'intérêt,  parce  que  son  attribu- 
tion à  une  tige  cycadéiforme  est  certaine,  parce  que  de  plus  il 
présente  des  caractères  assez  précis  pour  qu'on  puisse  le  placer 
parmi  les  Cj'cadeoidea,  tels  qu*on  les  entend  aujourd'hui  en 
Paléontologie,  c'est-à-dii*e  comme  étant  vraisemblablement  des 
tiges  de  Bennettitées.  Or,  tout  ce  qui  touche  à  ce  groupe  de  végétaux 
mérite  une  attention  toute  paiticulière,  en  raison  des  problèmes 
quil  soulève  encore  et  du  rôle  important  quil  a  joué  pendant  la 
période  jurassique  et  surtout  le  Crétacé  inférieur. 

La  tige  de  File  de  Dives  nous  a  été  conservée,  sous  forme  de 
moule,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut  ;  celui-ci  est  formé  par  du 
calcaire  et  recouvert  à  sa  surface  par  une  mince  couche  d'oxyde  de 
fer  hydraté  qui  lui  donne  une  couleur  brune,  assez  claire  d'ailleurs, 
toutes  les  fois  que  celle-ci  est  intacte. 

5  Septembre  1901.  —  T.  ler.  BuU.  Soc.  Géol.  Fr.  —  i3 


194  p-  FLicHB  a5  Pérr. 

Ce  moule  est  resté  engage,  dans  la  roche  encaissante,  par  une  de 
ses  faces,  sur  moitié  environ  de  son  épaissear;  la  tige  a  tris 
visiblement  subi  une  compression  qui  non-seulement  l'a  aplatie 
mais  l'a  un  peu  dérormée,  de  manière  à  en  rejeter  de  cOté  l'extré- 
mité supérieure,  un  peu  creuse,  ce  qui  est  un  caractère  de  ces  tiges, 
sur  la  face  sortie  de  la  roche,  ce  qui  la  rend  très  visible  sur  la 
âgore,  en  i ,  bien  que  la  cavité  renferme  quelques  concrétions,  ainsi 
en  a,  qu'on  n'a  osé  enlever  de  petu*  de  la  dégrader. 


***gt^L. 


Fig.  . 


-  Cyeadeoidea  divenaiê  n.  gp.  Grandeor  naturelle. 


Le  moule  n'est  pas  intact,  un  simple  coup  d'œil,  jeté  sur  la  figure, 
le  montre  fort  bien  ;  cependant  on  en  possède  visiblement  la  presque 
totalité,  puisqu'on  a,  comme  il  vient  d'être  dit,  l'extrémité  supé- 
rieure ;  puisqu'à  la  base,  la  section  de  la  roche,  un  peu  en  dessous 


XgOt  UN  NOUVEAU   «  CYCADEOIDSA  X>  I95 

du  fossile,  montre  que  celui-ci  ne  Fatteint  pas  ;  d*un  autre  côté,  si 
la  portion  du  fossile,  placée  à  la  gauche  du  lecteur,  n  est  pas  entière, 
1^  face  opposée  Test  à  peu  de  chose  près  ;  la  tige  était  donc  courte 
^t  Large;  ce  qui  se  rencontre  si  fréquemment  chez  les  Cycadeoidea, 
|>ix)bablement  aussi,  même  sur  le  vif,  la  section  transversale  était 
plus  ou  moins  elliptique. 

Aux  caractères,  déjà  indiqués,  rattachant  la  tige  de  Dives  aux 
CJ^'cadeoidea^   s*en  joignent  de  plus  précis;  ainsi  les  cadres  si 
oaa  i*actéristiques  formés,  autour  des  écailles,  par  les  raments,  sont 
souvent  très  visibles;  ils  le  sont  bien  en  particulier  sur  la  ligure 
cintre  a  et  3,  enfin  il  y  a  une  insertion  d'inflorescence  très  nette  en  5. 
XI  s*agit  donc  bien  d*un  Cycadeoidea,  ce  qui  correspond  au  nom 
<ie  A^antellia  qui  avait  été  donné  à  ce  fossile,  par  Mathieu,  sur  les 
û&dicaiions  de  Schimpcr  ;  de  plus,  il  me  semble  qu'il  s'agit  d'une 
esi»j>^oe  non  encore  décrite.  Par  ses  dimensions,  par  sa  forme,  les 
deiaat  espèces  dont  elle  se  rapproche  le  plus,  sont  le  Cycadeoidea 
R^'S^r^iaea  L.  et  Hutt.  et  le  Bolbopodium  pictaviense  Sap.  Malgré 
ie  x^otn  générique  qui  lui  a  été  imposé  par  son  auteur,  cette  dernière 
^spèoe  semble,  en  eflet,  êti'e  aussi  un  C/'cadeoidea  ;  de  Saporta  * 
^^^^^^    x*emarquer,  lui-même,   la  ti»ès  grande  ressemblance  de  son 
^oiOGpodium  piciaviense  avec  le  Gj'cadeoidea  pj-gmaea  L.  et 
*^^tt,^  dont,  par  suite,  il  fait  un  Bolbopodium;  il  ajoute  un  peu 
plus  loin  -,  après  avoir  donné  les  caractères  distinclifs,  assez  peu 
^^^ïportants,  sur  lesquels  il  établit  son  nouveau  genre  :  «  Cependant 
*^s    plus  petites   espèces  de   Clalhropodiuin  ^,   loi'squ  elles  sont 
^ïi liées  en  œuf  ou  conformées  en  nid,  pourraient  être  aisément 
<^^ufondues  avec  les  Bolbopodium,  et  l'étude  des  divei'ses  catégo- 
ries des  tiges  n* est  pas  assez  avancée  ou  même  ne  repose  pas  sur 
des   principes  assez  fixes,  pour  permettre  de  tracer  entre  elles  des 
limites  parfaitement  rigoureuses.  » 

La  petitesse  des  bases  de  pétioles,  qui  a  fourni,  à  de  Saporta,  le 
P^*iUcipal  caractère  distinctif  des  Bolbopodium  et  qui  n'a  pas,  je 
*'*^^is,  la  valeur  que  lui  accordait  l'éminent  paléontologiste,  est  en 
^HVm  remarquable  chez  les  deux  seules  espèces  bien  certaines 
^^tribuées  à  ce  geni*e,  chez  l'espèce  de  Lindley  et  Hutton,  plus 
^^cofe  que  chez  celle  de  Saporta.  Ce  caractère  sépare  nettement  le 
fossile  de  Dives,  comme  le  montre  la  plus  simple  comparaison  de 
1^  figure  qui  le  reproduit,  avec  celle  du  Fossiljlora  et  de  la  Paléon- 

^-  J^aléontologie  française.  Plantes  Jurassiques.  II,  Cjrcadées,  p.  256. 

^-  L,*  c,  p.  258. 

^*  Genre  établi  aussi  par  de  Saporta  et  qui  est  ua  synonyme  des  Cjrca- 


196  p.   FLIGHE.   —  UN  NOUVEAU  «  CYCADEOIDftA  »  35  FéVT. 

tologie  française.  La  conséquence  naturelle  de  ce  fait  est  que  les 
bases  de  pétioles  recouvrant  la  tige  sont  beaucoup  moins  nom- 
breuses sur  la  première  que  sur  les  deux  autres.  Aucun  autre  Çyca- 
deoidea  décrit  ne  présente,  à  ma  connaissance,  autant  d'analogie^ 
avec  le  fossile  qui  nous  occupe,  que  les  deux  espèces  dont  il  vient 
d'être  question,  mais  il  en  est,  on  le  voit,  très  nettement  distinct; 
c'est  donc  une  espèce  nouvelle.  Comme  il  est  assez  bien  consei*vé, 
pour  être  décrit,  -je  lui  impose  un  nom  spécifique  qui  rappelle  la 
localité  où  il  a  été  trouvé  et  j'en  donne  la  diagnose  suivante  : 

Cycadeoidea  divexsis  n.  sp.  —  C.  caudice  humili,  opoideo 
subconicOy  sirobiliformi;  apice  depresso,  cicatrices  in/lorescen- 
tiarum  prœbente;  altitudine  g 5  milL,  diameiro  80  mill.  circUer 
metiente;  petiolorum  basibus  rhombcis,  iy-21  milL,  latis  lo-i  i 
mill.  aliis  obtecto;  ramentorum  stratis  i  mill.  cr assis. 

Ile  de  Dives  {Charil  des  AI  azurés). 

Les  dimensions  données,  dans  cette  diagpaose,  pour  l'ensemble 
de  la  tige,  doivent  se  rapprocher  beaucoup  de  ce  qu'elles  sont 
réellement  pour  le  diamètre  transversal,  sous  la  réserve  de  Texa^é- 
ration  qui  peut  être  due  à  l'écrasement  de  l'organe  ;  pour  la  hauteur, 
il  y  a  plus  d'incertitude  quoique,  pour  les  raisons  exposées  plus 
haut,  on  doive  être  en  présence  de  Torgane  presque  entier. 

Les  dimensions  et  les  formes  données  pour  les  bases  de  pétioles, 
s'appliquent  à  celles  qui,  subérisées  et  accrues,  forment  la  masse  de 
la  cuirasse  protectrice  de  la  tige  et  non  à  celles  qui  portaient  encore 
des  feuilles  ou  dont  celles-ci  venaient  de  se  détacher  à  l'état  de 
vie.  Ces  dernières  ne  dépassaient  pas  un  centimètre  de  laideur. 

On  voit  que,  non  seulement  la  tige  était  peu  volumineuse,  mais 
que  les  bases  de  pétioles,  tout  en  étant  plus  grandes  que  chez  le 
Bolbopodium  pictaçiense  de  Saporta,  sont  encore  fort  petites  ;  cette 
exiguïté  de  la  tige  et  des  pétioles  se  retrouve  chez  les  espèces 
décrites  par  M.  Carruthevs  et  provenant  certainement  du  Corallien 
du  Sutherland,  en  Angleterre.  11  y  a  dans  cette  exiguïté  un  fait 
qu'il  est  intéressant  de  rapprocher  des  dimensions  très  réduites 
aussi  de  la  plupai*t  des  feuilles  de  Zamites,  trouvées  au  même 
horizon  en  France,  en  Suisse  et  en  Allemagne,  ainsi  Z.  Feneonis 
Bi*ong.,  Z.  Morcaui  Brong.,  Z.  Acerosus  Sap.,  Z.formosus  Heer., 
Z.  Renevieri  lleer.  Ce  rapprochement  offre  de  l'intérêt,  puisque  les 
Zamites^  en  grande  partie,  si  ce  n'est  en  totalité,  paraissent  déplus 
en  plus  certainement  *  avoir  été,  comme  le  prétendait  Williamson, 
les  feuilles  des  Williamsonia  et  par  suite  des  Bennettitées. 

I .  Voir  notamment  :  A.-C.  Seward.  On  thc  leaves  of  Bennèttites.  Procee' 
dinga  of  the  Cambridge  PhUosophical  Society,  vol.  IX,  pi.  V,  p.  273. 


Séance  du   ^   Maps   t90t 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.    GAREZ,   PRESIDENT 

IVf .  L.  Mémin,  Vice-Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  pn^cédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Sont  proclamés  membres  de  la  Société  : 

>f  M.  Jacoby  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Directeur  du  Service 

géologique  de  l'Algérie,  présenté  par  MM.  Pouyanne  et 

Ficheur. 
Paul  Vincey,  Ingénieur-Agronome,  Professeur  départe* 

mental  d'Agriculture,  présenté  par  MM.  Gustave  Dollfus 

et  G.  Ramond. 
Léopold  Michel,  Maître  de  Conférences  de  minéralogie  à 

la  Faculté  des  Sciences  de  TUniversité  de  Paris,  présenté 

par  MM.  E.  Haug  et  L.  Gentil. 
Louis  Mengaudy  Licencié  ès-sciences,  présenté  par  MM.  J. 

Bergeron  et  Léon  Bertrand. 
Louis  Boistel»  présenté   par   MM.   Munier-Chalmas  et 

E.  Hang. 
Schardt,  Professeur  de  Géologie,  à  Neuchâtel  (Suisse), 

présenté  par  MM.  Marcel  Bertrand  et  Emm.  de  Margerie, 

M.  S'tanislas  Meunier.  —  Origine  de  Vargile  à  silex. 
Je  vmens  de  lire  dans  la  dernière  livraison  du  Bulletin  de  la 
Société  Géologique  ([3],  XXVIII,  1900,  p.  809),  une  communication 
de  M.  -A^.  de  Grossouvre  sur  T argile  à  silex  des  environs  de  Vierzon 
et  je  demande  à  présenter  quelques  observations  sur  les  conclu- 
sions cic  ce  travail,  qui  touche  un  sujet  que  j'étudie  moi-même 
depuis   plusieurs  années.  Malgré  les  assertions  de  l'auteur,  je  crois 
qu'il  s'*  agit  réellement,  dans  les  localités  qu'il  a  décrites,  du  produit 
de  la  décalcification  de  la  craie  ;  aucune  de  ses  objections  n'étant, 
suivaat  moi,  justiûée. 

Tout  d'abord,  M.  de  Grossouvre  insiste  sur  la  blancheur  de  la 
roche  pour  écarter  l'idée  qu'elle  provient  de  l'attaque  de  la  craie. 
«  Il  n'est  pas  de  craie,  dit-il,  même  la  plus  blanche  qui,  attaquée 
par  les  acides  faibles,  ne  laisse  un  résidu  ferrugineux  ».  Or,  il  est 
de  nombreuses  localités  où  l'argile  à  silex,  parfaitement  caracté- 
risée, se  présente  avec  une  blancheur  éclatante  et  donne  par  la 


198  SÉANCE  DU  4  MARS    igOI 

cuisson  nn  produit  tout  à  fait  blanc  :  une  semblable  terre  de  pipe^ 
dérivant  de  la  craie  par  décalcification,  se  rencontre  par  exemple  à 
Prépotin,  près  de  Montagne,  où  je  l'ai  étudiée  avec  détail. 

Une  deuxième  remarque  concerne  la  présence  dans  Targuie  d*une 
quantité  considérable  de  silice  soluble,  qui  semble  à  M.  de  Grossou- 
vre  incompatible  avec  le  caractère  résiduel  de  la  roche.  Il  faut 
pourtant  constater  que  la  silice  soluble  est  un  composant  normal 
de  toutes  les  craies,  comme  de  bien  d'autres  roches  sédimentaires  et 
je  me  réserve  de  revenir  sur  cette  question  qui  a  une  importance 
capitale  quant  à  l'histoire  de  la  silicifîcation.  La  silice  étant  bien 
moins  soluble  que  le  carbonate  de  chaux,  un  mélange  de  ces  deux 
corps,  soumis  aux  acides  très  étendus,  passe  progressivement  à 
l'état  de  silice  pure,  par  disparition  progressive  du  calcaire.  Le  beau 
travail  de  Ch.  Friedel  sur  la  cacholinisation  des  silex  n'est  pas  à 
invoquer  ici  et  c'est  ce  que  suffirait  à  montrer  la  composition  tout 
à  fait  normale  des  rognons  dans  l'argile  à  silex  la  mieux  caracté- 
risée. On  trouverait  facilement  des  exemples  bien  plus  singu- 
liers encore,  en  apparence,  de  la  persistance  de  matériaux  solu- 
bles  dans  des  roches  qui  ont  subi  incontestablement  la  perte  de 
certains  de  leurs  éléments  :  je  rappellerai  seulement  ici  le  calcaire 
grossier  de  Vaug^rard  qui  est  criblé  de  cavités  laissées  par  la  disso- 
lution des  tests  de  ses  coquilles,  au  milieu  d'une  masse  générale  de 
calcaire  ambiant  si  complètement  respecté  qu'on  y  retrouve  tous 
les  détails  de  l' ornementation  délicate  des  fossiles. 

Mais  la  troisième  objection  de  M.  de  Grossouvre  est  plus  insou- 
tenable encore  et  c'est  surtout  à  cause  d'elle  que  je  présente  ces 
observations  à  la  Société.  Il  constate  «  que  l'ai^ile  à  silex  ne  cons- 
titue pas  toujours  un  terrain  superficiel  et  que  souvent  elle  est 
recouverte  par  des  roches  d'âges  divers  ». 

J'ai  étudié  beaucoup  de  cas  semblables  et  ils  m'ont  pani  présen- 
ter cet  intérêt  tout  spécial  de  nous  renseigner,  contrairement  à  ce 
que  pensait  Constant  Prévost,  sur  le  régime  continental  auquel  ont 
été  soumises  certaines  régions  avant  une  submersion  ultérieure.  \jq 
recouvrement  de  l'argile  à  silex  par  les  calcaires  lacustres  à  Sully- 
sur- Loire  et  à  Romorantin  que  cite  M.  de  Grossouvre  indique 
un  affaissement  du  sol  précédemment  continental  et  son  envahisse- 
ni^nt  par  les  eaux  douces,  après  que  l'argile  à  silex  s'était  constituée. 
C'est,  sans  qu'on  y  fasse  attention  jusqu'ici,  un  ordre  nouveau  de 
considérations  qui  seront  fécondes  pour  la  paléogéographie. 


RÉVISION  DES  FORMBS  BUROPÉBNNES 

DB  LA. 

FAMILLE  DES  HYRACOTHÉRIDÉS 

par  M.  Ch.  DEPÉRET. 

(Planches  IV-V) 

La  fkmille  des  Hyracothéridés  (Prééquidés)  est  Tan  des  groupes 
les  plus  intéressants  des  Imparidig^tés  éocènes,  en  raison  de  ses 
caractères  très  primitifs  et  de  ses  liaisons  ancestrales  avec  la 
fiamille  des  Equidés,  affinités  qui  ont  été  bien  mises  en  lumière 
parles  beaux  travaux  de  Kowalewsky,  de  Rûtimeyer,  de  M.  Gandry, 
de  M^^  Pavlow,  en  Europe  ;  de  Marsh,  de  Gope,  de  MM.  Osbom 
et  Wortman,  en  Amérique. 

A  Toccasion  d'une  étude  monographique  que  j'ai  entreprise  sur  les 
animaux  éocènes  de  Lissieu  (Rhône),  j'ai  été  amené  à  étudier  avec 
soin  les  différents  types  d'Hyracothéridés  européens,  et  à  constater 
qu'il  existait  dans  les  travaux  des  paléontologistes  précités,  et  par 
voie  de  conséquence  dans  le  précieux  Traité  de  paléontologie  de 
M.  le  professeur  Zittel,  des  interprétations  diverses  et  parfois 
inexactes  relativement  aux  caractères  et  aux  limites  des  genres.  Il 
m'a  paru  que  ces  divergences  provenaient  soit  d'une  fausse  inter- 
prétation des  types,  soit  de  l'état  encore  incomplet  des  documents 
sur  quelques-unes  de  ces  formes  animales. 

Les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrive  dans  cette  révision 
d'ensemble,  pour  laquelle  j'ai  utilisé  toute  une  série  de  pièces 
nouvelles  de  rÉocène  moyen  et  supérieur  du  Midi  de  la  France, 
m'ont  paru  avoir  un  intérêt  assez  général  pour  mériter  d'être 
exposées  dans  cette  Note.  J'ai  eu  surtout  en  vue  les  formes  euro- 
péennes du  groupe  et  je  ne  parlerai  qu'à  titre  de  citation  rapide 
des  formes  américaines  que  je  connais  peu  personnellement.  Je 
laisserai  également  de  côté  la  recherche  des  formes  ancestrales  de 
la  famille  dans  TÉocène  le*  plus  inférieur  et  je  ne  remonterai  pas 
au-delà  de  Y Hyracotherium  de  l'argile  de  Londres,  qui  est  le  genre 
type  de  la  famille. 

J'étudierai  successivement  les  genres  Hyracotherium,  Packy- 
nolophus,  Propalœotherium  et  Lophiotherium  qui  représentent  les 
Hyracothéridés  dans  l'Éocène  de  l'Ancien  Monde. 


300      CH.  DEPÉRET.  —  RÉVISION  DES  FORMES  EUEOFilfiNWKS       4  MoTS 


Genre  Hyracotherixtm  Owen  (Pliolophus  Owen) 

Les  limites  de  ce  genre  me  semblent  avoir  été  singolièreraent 
exagérées.  H  faut  prendre  poor  type  le  crâne  incomplet  décrit  en 
iSSg  par  Owen  de  Targile  de  Londres  à  Heme  Bay  (Kent)  sous  le 
nom  d'Hyracotherium  Icporinum  *.  Ce  crâne  montre  la  série  com- 
plète des  molaires  supérieures,  composée  de  3  arrière-molaires  et 
de  4  prémolaires.  Les  points  importants  de  la  structure  de  ces 
dents  sont  les  suivants  :  arrière-molaires  à  6  tubercules  coniques^ 
les  deux  intermédiaires  bien  développés  aux  deux  lobes  ;  on  voit 
à  peine  une  tendance  de  ces  tul)ercules  intermédiaires  à  s'aligner 
sous  forme  de  crêtes  transverses  ;  bourrelet  basilaire  épais  et  con- 
tinu ;  absence  complète  de  colonnette  médiane  (mesostylé)  sur  la 
muraille  externe  ;  denticule  complémentaire  de  Tangle  antéro- 
externe  {parastyle)  peu  développé.  Prémolaires  :  p*  et  g^  triangU" 
laires  à  5  tubercules  coniques  au  lieu  de  6,  par  suite  de  la  dispari- 
tion du  denticule  postéro-interne  ;  p^  allongée  à  une  seule  pointe 
médiane  ;  p*  (connue  seulement  par  Talvéole),  séparée  de  p^  par 
un  diastème,  et  de  forme  également  allongée  et  étroite. 

Un  crâne  entier  du  même  animal,  extrait  d*un  nodule  de  Targile 
de  Londres  près  Harwich  (Essex)  a  été  figuré  par  Owen  en  i858 
sous  le  nom  nouveau  de  Pliolophus  çulpiceps  -.  D'après  les  indica- 
tions données  par  M.  Lydekker  (Catal,  Brit,  Mus.  Mamm.^ 
part  III,  p.  Il),  ce  crâne  dont  le  moulage  est  assez  répandu  dans 
les  collections  européennes,  a  été  brisé  par  accident,  et  il  n*en 
subsiste  plus  qu'un  fragment  de  la  mâchoire  et  de  la  mandibule 
gauches.  Les  beaux  dessins  et  les  descriptions  d'Owen  permettent 
toutefois  de  suppléer  à  cette  lacune.  Le  Pliolophus  différerait,  selon 
Owen.  de  Y Hyracotherium  par  quelques  particularités  de  structure 
des  molaires  supérieures  :  les  tubercules  intermédiaires  seraient 
un  peu  moins  distincts  aux  arrière-molaires  et  surtout  au  lobe 
postérieur  de  p^  ;  le  cingulum  basai  serait  moins  continu  ;  cnQn 
dans  Pliolophus,  p*  est  en  série  continue  avec  les  autres  prémo- 
laires, alors  qu  elle  en  est  séparée  par  un  petit  intervalle  dans 
Y Hyracotherium,  Ces  différences  sont  fort  légères  et  on  ne  saurait 

• 

I.  Descript.  of  the  fossil  reiuains  of  a  Mainmal  and  of  a  Bird  of  the 
London  Clay.  Transact.  geol.  Soc.  London,  a*  scr.,  t.  VI,  p.  ao3,  pi.  ai,  iSSq. 
—  Le  même  crâne  est  figuré  dans  :  A  hisiory  of  british  foaa.   Mammals^ 

i846,  Iig4i9 

a.  Descr.  of  a  sninll  lophiodont  Mnmmal  from  the  London  Clay.   Quart, 

Journal  geoL  Society ^  i^'5"»  t.  XIV,  p.  5^,  pi.  II  cl  III. 


X90II      ^  la  LA  FAJfILLB  JHEè  HYRACOTHfellMfal  SOI 

leur  attribuer  une  valear  générique  ni  même  probablement  spéci- 
fique. MM.  Flower,  Lydekker  et  Zittel  me  semblent  avoir  eu  raison 
en  réunissant  ces  deux  formes  animales  sous  le  nom  à^HyracO' 
therium  leporinum. 

Ce  crâne  du  Pliolophus  nous  fait  connaître  en  tons  cas  la  struc- 
ture des  molaires  inférieures  qui  sont  au  nombre  de  sept,  dont 
trois  arrière-molaii*es  et  quatre  prémolaires,  la  première  ou  p* 
étant  écartée  de  p^  par  un  léger  intervalle;  il  est  intéressant 
d'observer  que  cet  intervalle  est  phis  grand  du  côté  droit  que  du 
oôlé  gaucbe  de  la  même  mandibule  et  ce  fait  vient  à  Tappui  de  ce 
que  je  disais  plus  haut  au  sujet  de  la  faible  importance  qu*il  fal- 
lait attacher  au  plus  ou  moins  d*écartement  de  la  première  prémo- 
laire p^  dans  la  série  des  molaires  supérieures. 

Les  arrière-molaires  ont  quatre  denticules  distincts  disposés  en 

deux  paires  trausverses,  les  externes  avec  une  tendance  crescen- 

ioide,   les  internes  plus  coniques;  m- possède  en  outre  un  petit 

'tubercule  intermédiaire  au  lobe  antérieur  ;  m  ^  a  un  fort  talon  ou 

troisième  lobe  à  deux  pointes. 

Dans  la  série  des  quatre  prémolaires,  p*  est  semblable  à  m*  , 
mais  plus  petite;  p^  est  plus  étroite  en  avant  à  cause  de  Tatrophie 
du  denticiUe  antéro-inteme  ;  p^  et  p*  sont  tranchantes,  à  une  seule 
j>ointe,  comprimée  en  travers,  avec  un  petit  talon  plus  développé 
^ns  p<  . 

Enfin,  il  faut  signaler  comme  pour  les  dents  de  la  mftchoire 
supérieure,  l'existence  d'un  bourrelet  basilairc  bien  accentué  qui 
entoure  toutes  les  dents  de  la  mandibule,  mais  tend  à  s'effacer  du 
càXé  interne. 

J'ai  fait  reproduire  (pi.  IV,  fîg.  i)  un  dessin  phototypique  de  la 
dentition  supérieure  de  YHj'racotherium  d'après  un  troisième 
crftne,  provenant  aussi  de  Targile  de  Londres  et  décrit  parOwen  *. 
le  moulage  de  cette  pièce  m'a  été  obligeamment  envoyé  par 
M.  Smith  Woodward  du  British  Muséum  et  montre,  dans  un  état 
(i^usure  un  peu  plus  avancé  que  dans  les  autres  pièces  décrites,  la 
forme  conique  régulière  des  denticules  de  YHyracotherium. 

A  côté  de  l'espèce  type  {H.  leporinum),  Owen  a  fait  connaître 

"«ns  le  même  horizon  de  l'argile  de  Londres  à  Kyson  (Suflblk), 

Dnepl^is  petite  espèce  qu'il  a  nommée  Hyracotherium  cuniculus  -. 

On  lie  connaît  encore  de  cette  forme  que  trois  an'i ère-molaires  et 

'''*®  pr^  molaire  supérieures  isolées.  Les  molaires  ont  quatre  tuber- 


1.  G^€>1.  Magazine,  «lec.  i,  vol.  II,  i865,  p.  339,  pi.  X.  fig.  2. 
Mag.   nat.    HUU    i'*  série,  t.  Vm 
and  Birdi,  184^,  p.  laf,  fig.  170-171. 


a.  Am^m.  Mag.  nat.    HUU    i'*  série,  t.  Vm,  p.  i,  1841.  —  Id.  BriLJo$$\ 
*«»»mi»ia  and  RirdM.  iS/Sfi.  n.  i-i^.  iltr.  fwv-Tii. 


â09       CH.  DEPÉRST.  -^  RéviSION  DBS  FORMES  EUROP&SNNES      '4  MaTS 

cules  principaux  coniques  reliés  au  lobe  antérieur  par  une  crête 
légèrement  renflée  qui  représente  le  tubercule  intermédiaire  : 
celui-ci  n*est  pas  visible  au  lobe  postérieur  (au  moins  dans  la  figure 
d'Owen)et  devait  être  sans  doute  extrêmement  petit.  Le  bourrelet 
basilaii*e  est  épais  et  continu  ;  il  n'existe  pas  de  mésostyle.  La 
prémolaire  £_^est  triangulaire  à  cinq  denticules  comme  dans  la 
grande  espèce. 

Je  ne  connais  en  Europe,  en  dehors  de  l'Angleterre,  aucune 
forme  animale  que  Ton  puisse  rapporter  au  genre  Hyracotherium, 
tel  du  moins  qu'il  a  été  défini  ci-dessiis  avec  ses  caractères  bano- 
doutes  essentiellement  primitifs.  Les  espèces  du  calcaire  grossier 
de  Paris,  d'Egerkingen,  du  Mauremont  qui  ont  été  attribués  à  ce 
genre  doivent  être,  sûrement,  rapportés  à  d'autres  genres,  ainsi  que 
je  l'indiquerai  plus  loin. 

On  pourrait  peut-être  avoir  quelque  hésitation  en  ce  qui  concerne 
les  types  de  l'Éocène  inférieur  de  Ay,  près  Reims  (niveau  des 
sables  à  Térédines  ou  Sparnacien  supérieur)  que  le  D"*  Lemoine 
a  fait  connaître  *  sous  les  noms  de  Propachynolophus  Gaudtyi  et 
de  Pachynolophus  Maldani, 

Les  pièces  types  du  Propachynolophns  Gaudrjd  (Lemoine,  loc. 
cit.jfig,  114-116)  que  j'ai  étudiées  au  Muséum  de  Paris  ^,  consistent 
en  une  série  de  7  molaires  supérieures  et  en  une  partie  de  mandi- 
bule portant  en  place  les  3  arrière-molaires  et  les  deux  dernières 
prémolaires.  Les  molaires  supérieures  di fièrent  de  celles  de 
Y Hyracotherium  par  les  denticules  externes  notablement  compri- 
més, l'antérieur  à  tendance  crescentiforme  ;  p*  et  p"^  sont  triangu- 
laires à  5  denticules  comme  dans  V HjTacotherium .  Dans  son 
ensemble,  la  série  dentaire  supérieure  est  extrêmement  voisine  de 
celle  du  Pachy^nolophas  et  ne  rappelle  Y  Hyracotherium  que  par  le 
bourrelet  basilaire  plus  épais  et  plus  continu,  et  par  la  forme  un 
peu  plus  carrée  des  arrière-molaii'es.  Par  contre  les  molaires  infé- 
rieures ont  leurs  denticules  internes  et  externes  encore  bien 
distincts  à  chaque  lobe  et  n'ayant  qu'une  bien  faible  tendance  à  se 
réunir  en  demi-croissants  ;  à  ce  dernier  point  de  vue,  le  type  des 
environs  de  Reims  est  plus  voisin  de  Y  Hyracotherium.  que  du 
Pachynolophus.  Dans  l'ensemble,  je  trouve  que  les  caractères  de 

I.  Etude  d'ensemble  sur  les  dents  des  Mammif.  foss.  des  environs  de 
Reims.  D.  S.  G.  F.,  (3),  XIX,  1891.  p.  285,  ilg    109-119. 

a.  Les  ûgfures  publiées  par  le  D'  Lemoine  ne  donnent  pas  une  idée  bien 
exacte  des  caractères  de  ces  dents  dont  les  denticules  ont  été  trop  schéma- 
tisés en  cônes  isolés  et  entourés  dr  plis  dV'mail  secondaires  dont  l'importance 
est  visiblement  exagérée. 


igOI  DB  LA  FAMILLE  DBS  HtHACOTHÉRIDlis-  5lo3 

Pachynolophns  remportent  sur  ceux  de  Hyracotherium  dans 
cette  curieuse  forme  animale,  qui  constitue  véritablement  un  pas- 
sage entre  ces  deux  genres  et  pourrait  justifier  le  nom  de  Propa- 
chynolophus  imaginé  par  le  D*"  Lemoine  à  titre  de  section  des 
Pachynolophes . 

Le  Pachynolophus  Maldani  Lemoine  (loc,  cit,  fig.  117,  118)  est 
représenté  comme  pièce  type  (coll.  Mus.  Paris)  par  un  fragment  de 
mandibule  portant  en  place  m^  ,  m^  ,  m*  brisée  et  p*  avec  un 
second  lobe  crescehtolde  abaissé  et  un  lobe  antérieur  à  deux 
pointes.  Les  denticules  externe  et  interne  de  chacun  des  lobes  de 
ces  molaires  sont  réunis  par  une  crête  transverse  peu  sensible,  à 
peu  près  comme  chez  le  P.  Gaudryi,  La  partie  antérieure  de  la 
mandibule  que  Lemoine  a  figurée  en  série  continue  avec  cette  pièce, 
ne  s'y  adapte  pas,  soit  parce  qu'il  manque  un  fragment  de  l'os,  soit 
parce  qu'elle  n'appartient  pas  au  même  sujet.  Mais  il  existe  dans  la 
collection  Lemoine  une  autre  demi-mandibule  complète  montrant 
en  série  continue  les  3  arrière-molaires,  p*  très-usée,  p'  représentée 
par  les  racines  et  p-  par  deux  alvéoles.  Le  P.  Maldani  avait  donc 
6  molaires  comme  les  vrais  Pachynoiophus,  alors  que  le  D*"  Lemoine 
attribue  au  P.  Gaudryi  7  molaires  inférieures  sans  preuve,  je 
crois,  bien  évidente. 

On  peut  dire  en  résumé  que  ces  formes  de  l'Éocène  inférieur  de 
Cuis  sont  intermédiaires  entre  V Hyracotherium  et  le  Pachyno- 
lophus,  tout  en  restant  plus  voisines  de  ce  dernier  genre. 

L'Éocène  inférieur  de  TAmërique  du  Nord  (horizons  de  Wasatch 
et  de  Wind  River)  contient  un  grand  nombre  d'espèces  d'Hyraco- 
théridés,  dont  quelques-unes  avaient  constitué  le  genre  Eohippus 
de  Marsh  \  mais  qui  ont  été  ensuite  attribués  par  Cope  -  et  par 
M.  Wortman  *  au  genre  Hyracotherium  :  tels  sont  les  H.  tapirinum 
Cope,  H,  cris tatu m  V^ovim.,  H.  craspedotum  Cope,  H.  casaccimse 
Cope  (=  Eohippus  validas  Marsh  soc.  Wortman).  H.  index  Cope 
(=  Eohippus  pernix  Marsh  sec.  Wortman).  Ces  formes,  dont 
M.  Wortman  a  donné  d'excellentes  figures,  présentent  en  effet  un 
un  gi'and  nombre  de  caractères  de  V Hyracotherium  d'Angleterre, 
entrautres  un  épais  bourrelet  basilaire  continu  aux  molaires 
supérieures,  et  surtout  la  séparation  des  deux  denticules  interne 
et  externe  à  chaque  lobe  des  molaires  inférieures.  Je  puis  noter 

1.  Marsh.  American  Journal  0/  science,  1876,  t.  XIT,  p.  401. 

2.  Cope.  Eocene  Vertébrales  New  Mexico,  1875.  —  Id.  Vertebr.  tert.  forma- 
tion of  the  West.  —  Id.  American  NaturaUst^  1881,  p.  1018. 

3.  Wortman.  Species  of  Hyracotherium. . . .  BaU.  amer.  Mus.  nat.  Historjr, 
U  I,  art.  VI,  1896. 


304       GH.  DSPlfaOET.  —  BKV18IOH  DK8  fOBMBS  XUROFiKBINXS       4  Ma» 

pourtant,  en  ntilisàiit  les  figures  de  M.  Wortman  et  qnelqpies 
spécimens  originanx  qa*a  bien  vonlu  m*adresser  mon  ami  M.  le 
professeur  Osbom,  que  ces  espèces  américaines  tendent  par  qnel- 
qaes  points  à  se  différencier  da  véritable  Hyroeotherium  pour  se 
rapprocher  des  Paehynolophus  :  les  denticnles  des  molaires  supé- 
rieures (par  exemple  dans  H.  index)  sont  beaucoup  moins  en  cdne 
régulier  que  dans  YHyracotheriam,  les  externes  sont  comprimés 
en  travers,  les  intermédiaires  s*allongent  en  crêtes  transverses 
reliées  aux  tubercules  internes  correspondants  ;  le  denticule 
supplémentaire  de  Fangle  antéro-externe  (parastyle)  est  aussi  fort 
que  dans  les  Pachjrnolopkns,  Aux  molaires  d*en  bas,  les  denticules 
internes  et  externes,  bien  que  conservant  une  certaine  individua- 
lité, se  réunissent  cependant  l'un  à  Tautre  par  une  crête  transverse 
indice  du  futur  demi-croissant  des  Pachynolophus.  En  un  mot  les 
espèces  américaines  précitées  me  paraissent  correspondre  à  un 
état  d'évolution  intermédiaire  entre  Y Hjrraeoiheriwn  et  le  Pachy- 
nolophus  et  réaliser  un  stade  qui  n*est  pas  très  éloigné  de  celui 
que  je  signalais  un  peu  plus  haut  chez  le  Prop€Lchynolophus 
Gaudryi  du  D"  Lemoine.  G*est  cet  état  d'évolution  intermédiaire 
entre  Y  Hyroeotherium  et  le  Pachyrnolophns  que  Marsh  avait 
désigné  sous  le  nom  d*Eohippus. 

Genre  Pachynolophus  Pomel 

C'est  à  propos  de  ce  genre  que  me  paraissent  avoir  été  faites  les 
confusions  les  plus  fâcheuses,  dont  la  responsabilité  appartient 
surtout  à  Kowalevsky,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin. 

1^  nom  de  Pachynolophus  a  été  créé  par  Pomel  en  1847  *  pour 
un  petit  Pachyderme  trouvé  dans  le  calcaire  grossier  de  Passy, 
dans  les  termes  suivants  :  «  Un  autre  Lophiodon  de  petite  taille, 
ic  des  mêmes  couches  de  calcaire  grossier  de  Passy,  montre  une 
«  modification  remarquable  dans  Tépaississement  de  la  partie 
«  médiane  des  collines  transverses,  qui  l'a  fait  identifier  au  genre 
«  Hyracotherium  Owen.  Ce  Lophiodon  ne  parait  avoir  que  des 
<K  ressemblances  éloignées  avec  ce  dernier  genre,  que  M.  Owen 
a  décrit  et  figure  comme  voisin  sous  ce  rapport  du  Chœropotame, 
«  ce  qui  n'est  certes  pas  dans  le  fossile  de  Passy,  comme  j'ai  pu 
«  m'en  assurer  par  les  communications  de  M.  Duval,  qui  en  pos- 
«  sède  une  série  complète.  Si  le  fossile  d'Angleterre  est  congénère 

I.  Archives  de$  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Genève^  .i847>  t.  IV, 
p.  327. 


\ 


igOI  Dl  LA  FAMILLE  1X88  HTaAOOVHiamb  so5 

• 

c  de  celui-ci,  ce  ne  peut  au  surplus  être  un  aninuJi  de  la  fimiille 
c  des  Cochons,  comme  le  dit  M.  de  Blainville,  car  son  astragale 
c  qui  se  trouve  dans  les  collections  de  l'École  des  Mines,  est  celui 
c  d*un  Imparidigité  et  d*un  vrai  LopfUodon.  Celui  de  France  devra 
c  se  nommer  L.  DuçaUi^  et  constituer^  dan»  ce  genre^  aœc  le 
«  cinquième  Lophiodon  d^ Argentan,  une  section  des  Paehjrnth 
c  lophas.  »  Cette  citation  montre  jusqu'à  l'évidence  que  l'espèce 
type  du  genre  Packynolophas  est  le  P.  DuQalL 

Les  pièces  types  de  cette  espèce  ont  été  figurées  pour  la  première 
Ibis  par  Blainville  *  sous  le  nom  d'Hyraeotheriwn  de  Passy  i  elles 
consistent  en  la  série  des  six  molaires  supérieures  isolées  les  unes 
des  autres,  des  quatre  dernières  molaires  inliftrieures  égalemra^t 
isolées,  et  en  une  double  branche  de  mandibule  incomplète  en 
arrière,  mais  montrant  des  deux  côtés  la  série  des  six  molaires 
dans  un  état  d'usure  assez  avancé.  P.  Gervais  a  reproduit  en  iSSg  ^ 
sous  le  nom  exact  de  Pachjrnolophus  DupaU  un  bon  dessin  des 
mêmes  pièces  où  les  six  molaires  d'en  haut  sont  réunies  en  série 
continue,  et  précédées  de  deux  petits  alvéoles  ayant  dû  loger  une 
petite  première  prémolaire  p^à  deux  racines.  La  branche  droite 
de  la  mandibule  figurée  également  par  Gervais,  d'après  de  Blain- 
ville, ne  porte  que  six  molaires  précédées  d'une  longue  barre 
qui  les  sépare  d'une  petite  canine.  J'ai  recherché  au  Muséum  de 
Paris  les  pièces  en  question  que  M.  le  professeur  Gaudry  a  bien 
voulu  me  per^iettre  d'étudier  et  de  figurer  à  nouveau  (pi.  V, 
fig.  4-5).  Une  partie  de  ces  précieuses  pièces  a  dû  ôtre  égarée,  car  j'ai 
pu  retrouver  seulement  trois  des  molaires  supérieures  figurées  par 
Blainville  et  Grervais;  ces  molaires  sont  la  dernière  m%  l'avant- 
dernière  m-  et  la  dernière  prémolaire  j^.  Pour  la  dentition  infé- 
rieure, j'ai  retrouvé  les  trois  dernières  molaires  du  côté  droit  et 
une  autre  du  côté  gauche  très  usées  ;  ces  dents  paraissent  être 
celles  figurées  par  Blainville  à  l'état  isolé. 

Mais  si  les  pièces  types  du  P.  Dupali  ont  en  partie  disparu,  je 
puis  heureusement  compléter  les  documents  relatifs  à  la  dentition 
supérieure  des  Pachjynolophus  grâce  à  la  découverte  faite  par  mon 
intelligent  auxiliaire,  M.  Laurent  Maui^ette,  d'un  magnifique  crâne 
entier  (pi.  V,  fig.  i)  d'une  espèce  très  voisine  du  P.  Duvali  dans 
les  grès  éoeènes  du  Minervois  (Hérault).  Je  me  propose  de  décrire 
ce  crâne  en  détail  un  peu  plus  tard,  et  pour  le  moment  je  me  borne 
à  le  figurer  par  la  face  palatine  avec  la  série  des  six  molaires  en 

I.  Oêtéographie,  genre  Lophiodon,  pi.  II,  sons  le  nom  d'Hjrraeotherium 
de  Pauy. 

a.  ZooL  et  paléonU  françatsest  sT  éd.,  1869,  P*  1^1  P^-  I7>  ûg-  i"^- 


aO&      CH.  DBPÉRET.  —  RÉVISION  DES  FORMES  EUHOPÉENNBS       4  MoTS 

place  du  côté  gauche,  précédées  d'un  loag  diastème  qui  les  sépare 
de  la  canine,  et  où  Ton  ne  voit  aucune  trace  de  la  première  prémo- 
lairej^.  Cette  absence  de  p^  est  le  seul  caractère  important  qui 
distingue  cette  pièce  du  P.  DuvaU  de  Paris  et  j*hésite  beaucoup  à 
attribuer  à  cette  différence  une  valeur  spécifique,  en  raison  de  la 
variabilité  avec  laquelle  p^  persiste  ou  devient  caduque  chez  beau- 
coup d'espèces  de  Pachydermes. 

11  devient  facile,  à  Taide  de  cet  ensemble  de  documents,  de 
préciser  les  caractères  du  genre  Pachynolophus. 

Molaires  supérieures  au  nombre  de  sept  dans  le  type  de  Passy 
(d*après  la  figure  de  Gervais),  impossible  à  contrôler  aujouinl'hui  ; 
au  nombre  de  six  seulement  dans  le  crâne  du  Minervois  par  suite 
de  l'absence  de  p*  . 

Arrière-molaires  supérieures,  au  nombre  de  ti'ois,  constituées 
par  deux  tubercules  externes,  moins  franchement  coniques  que 
dans  H}^racotherium ,  un  peu  comprimés  en  travers,  mais  comme 
dans  ce  dernier,  dépourvus  de  colonnette  médiane  (mesostyle)  au 
milieu  de  la  muraille  externe;  deux  tubercules  intermédiaires  en 
proportion  bien  moins  gros  que  dans  Hyracotherium,  et  ayant 
une  tendance  très  nette  à  s'allonger  surtout  au  lobe  postérieur,  en 
crête  transverse  perpendiculaire  à  la  muraille  ;  deux  denticules 
internes  moins  coniques  que  dans  Hyracotherium^  assez  fortement 
comprimés  d'avant  en  arrière.  Le  bourrelet  basilaire  est  beaucoup 
moins  développé  que  dans  Hyracotherium,  maison  revanche,  il 
s'épaissit  et  se  relève  à  Tangle  antéro-cxterne  en  une  pointe  sup- 
plémentaire (parastj'le  de  M.  Osborn),  rappelant  celle  des  iopAio- 
don,  pointe  qui  est  bien  moins  forte  dans  Hyracotherium.  leporinum. 

Prémolaires  supérieures  :  la  dernière  p^  et  Tavant-dernière  p^ 
de  forme  triangulaire  comme  dans  Hyracotherium,  formées  de 
cinq  denticules,  deux  externes,  deux  intermédiaires  extrêmement 
réduits  (le  postérieur  à  peine  sensible),  un  denticule  interae  subco- 
nique qui  correspond  à  celui  du  lobe  antérieur.  Le  denticule 
postéro-interne  a  disparu,  mais  le  bourrelet  basilaire  s'épaissit 
assez  fortement  à  ce  niveau,  comme  pour  en  remplir  la  place,  p^^ 
est  allongée  avec  une  pointe  principale  et  un  talon  arrondi  postéro- 
interne,  p*  est  à  deux  racines  (dans  le  type  de  Passy)  et  fait  défaut 
dans  le  crâne  du  Minervois. 

La  dentition  inférieure  est  encore  mal  connue  :  trois  arrière- 
molaires  constituées  chacune  par  deux  demi- croissants  comprimés 
d'avant  en  arrière,  provenant  de  la  fusion  des  deux  tubercules 
interne  et  externe  des  Hj^racotherium  ;  extrémités  internes  de  ces 
demi-croissants  formant  des  piliers  épaissis  qui  marquent  la  place 


igoi 


DS  LA  FAMILLB  DBS   HYRAGOTHÉRIDÂS 


205 


des  denticales  internes;  le  pilier  médian  souvent  dédoublé  à  son 
sommet;  m^  avec  un  troisième  lobe  de  forme  elliptique. 

Trois  prémolaires  (dans  la  mandibule  de  Passy  aujourd'hui 
disparue)  ;~p^  molariforme  à  deux  demi-croissants,  Tantérieur  plus 
étroit  ;"p^  et  surtout'p*  avec  une  pointe  antérieure  suivie  d'un  lobe 
postérieur  plus  abaissé  ;^fait  défaut  dans  la  mandibule  type. 

Les  caractères  distinctifs  des  deux  genres  sont  résumés  dans  le 
tableau  suivant  : 


Genre  Hyracotheriam 
(Type  :  H,  leporinum  Owen) 

BCaCHOIRB  SUPéRIBURB 

3  M  à  six  denticales  de  forme 
conique,  les  a  externes  presque  régu- 
lièrement coniques,  les  intermédiai- 
res ayant  à  peine  une  légère  tendance 
i  s'allonger  en  crête  transverse,  les 
internes  à  peu  près  coniques. 

Bourrelet  basilaire  épais  et  continu, 
«e  relevant  à  peine  à  l'angle  antéro- 
ieme  en  rkuparcLstyle  peu  accentué. 


Pas  de  coionnette  médiane  {meao- 
mtyU)  sur  la  muraille. 

/%  P,  les  deux  dernières  p*  et  p^, 
lri.4mDgalaires,à  5  denticules  coniques, 
le^  intermédiaires  assez  forts  et  à 
peizie  comprimés. 

J>^  et  p*    allongées  ;    p*     parfois 


séf>«rée  de  p*  par  un  diastème. 

Mandibule 

^  à  4  denticules  distincts  dispo- 
en  deux  rangées,  les  internes 
^*^iqiics,  les  externes  subcrescenti- 
foK^wnes;  m*^  avec  un  fort  talon  bitu- 


_^  X*:^fl"p»^à  4  denticules;  p*  et 
P  «vec  une  pointe  élevée  et  un  lobe 
P*^^t^rieur  plus  bas. 


Genre  Pachynolophns 
(Type  :  P.  Duçali  Pomel) 

Machoirb  supériburb 

3  M  à  six  denticules,  les  externes 
comprimés  en  travers,  les  intermé- 
diaires aplatis  en  crêtes  transverses, 
les  internes  subconiques,  comprimés 
d*avant  en  arrière. 

Bourrelet  basilaire  très  mince, 
presque  effacé  du  côté  interne,  mais 
en  revanche  relevé  à  Tangle  antéro- 
externe  en  un  fort  parastyle,  sail- 
lant en  dehors. 

Pas  de  mesostjrle. 

4  P  (ou  3  P  suivant  les  spécimens), 
le8  deux  dernières  triangalaireê  à  3 
denticales  snbconiques^  les  a  inter- 
médiaires très  petits,  surtout  le  pos- 
térieur. 


p'  ullongée  ;  p^  présente  ou  absente, 
mais  toujours  rapprochée  de  p*. 

Mandibulb 

3  M  à  deux  demi-croissants  com- 
primés en  Y  ;  denticules  médians 
internes,  rapprochés,  mais  distincts 
au  sommet  ;  m'  avec  un  talon  de 
forme  semi-circulaire. 

3  P  seuiement  (mandibule  type)  : 
forme  mal  connue  dans  le  détail. 


^'espèce  type  du  genre,  le  Pachynolophus  Duvali,  est  une  toute 
p^Ute  espèce  :  dans  la  pièce  type  de  Passy,  la  dernière  molaire 
*^périeure  mesure  9  millim.  ;  la  dernière  inférieure  12  millim.  ; 


ao8       GH.  DEPÉRBT.  —  RÉVISION  DES  FORMES  EUROPiKNMBS       4  MrTS 

les  trois  arrière-molaires  inférieures  réunies  aS  millim.  La  figure 
reproduite  par  P.  Gervais  donne  4^  mill.  pour  la  série  des  six 
molaires  supérieures  ;  cette  même  série  mesure  4^  mill.  dans  le 
crâne  du  Minervois,m^  comptant  dans  cette  longueur  pour  9  mill. 

Mais  à  côté  de  cette  petite  forme,  P.  Gervais  a  fait  connaître  du 
calcaire  grossier  à  Cérithes  de  Gentilly,  une  espèce  un  peu  plus 
grande,  qu*il  a  nommée  Pach}'nolophu8  PreQOsti  *.  Les  pièces  types 
de  cette  espèce,  que  j*ai  pu  étudier  au  Muséum  de  Paris  et  que  je 
reproduis  (pi.  Y,  ûg.  a),  consistent  en  une  arrière-molaire  supé- 
rieure (vraisemblablement  m-)  mesurant  9  mill.  5  de  longueur; 
et  une  moitié  de  mandibule  portant  en  place  la  série  complète  des 
six  molaires  mesurant  55  mill.,  m^  étant  pour  14  mill.  5  dans  cette 
longueur.  Le  Muséum  de  Paris  possède  en  outre  de  la  môme 
localité  de  Gentilly  une  série  des  cinq  dernières  molaires  supé- 
rieui'es  droites  (pi.  V,  fig.  3),  qui  appartiennent,  je  crois,  égale- 
ment au  P,  Preçosti.  Le  caractère  distinctif  le  plus  constant  du 
P.  Preçosti  me  parait  être  la  présence  d'une  ébauche  de  colonnette 
médiane  entre  les  deux  lobes  de  la  muraille  extei*ne  ;  mais  cette 
colonnette  est  encore  tout-à-fait  rudimentaire  et  ne  rappelle  que  de 
fort  loin  le  mesosVyle  si  développé  des  genres  Propalœotherium 
et  Lophiotherium.  Quant  aux  prémolaii*es  p>  et  £^,  elles  sont 
triangulaires  à  cinq  denticules  comme  chez  le  P,  DupaU, 

En  dehors  du  bassin  de  Paris,  les  vivais  Pachynolophus  sont 
assez  rares.  Riitimeyer  a  rapporté  au  P,  Duvali  quelques  molaires 
supérieures  du  Sidérolithique  d'Egerkingen  -  qui  peuvent  bien  en 
eilet  appartenir  à  ce  type,  mais  je  pense  qu'il  faut  rapporter  au 
genre  Propalœotherium  les  pièces  du  même  gisement  ^  qu'il  a 
attribuées  au  P,  Prci'osti  :  la  muraille  de  toutes  ces  molaires  supé- 
rieui^s  est  en  elïet  pourvue  d'un  fort  mesostyle  qui  n'est  jamais 
aussi  développé  chez  les  Pachynolophus, 

J'ai  vu  au  Muséum  de  Paris,  du  calcaire  éocène  d'Argenton 
(Indre),  une  seule  molaire  supérieure  et  quelques  molaires  d'en  bas 
pouvant  être  attribuées  au  P,  Duçali.  D'autres  molaires  plus  fortes 
et  munies  d'une  petite  colonnette  médiane  sur  la  muraille  ont  été 
rapportées  au  P,  Preçosti,  Mais  il  me  pamît  certain  qu'une  partie 
au  moins  de  ces  dents,  à  côte  médiane  bien  développée,  doit  être 
rapportée  au  Propalœotherium  parvulum  Laur.  (5^  Lophiodon 
d'Argenton,  Blainville,  pi.  III). 

Enfin  Gervais  a  décrit,  des  grès  éocènes  du  Minervois  (grès  de 

I.  Zool.  et  paléont.  fr.^  1869,  p.  ia6,  pi.  35,  ûg.  i5-i6. 
a.  Eoc,  Saùg,  v,  Egerkingen,  189a,  pi.  Il,  ûg.  ia-14. 
3.  Id.,  pi.  n,  ûg.  6,  7,  8,  9,  10. 


I9OI  DE   LA    FAMILLB   DES   HYRACOTHERIDES  aOQ 

Cesseras)  sous  le  nom  de  Pachynolophus  cesserasicus  *  une  espèce 
plas  forte  que  le  P.  Prevosti  et  particulièrement  caractérisée  par 
la  forme  étroite  et  très  allongée  de  sa  dernière  arrière-molaire 
inférieure. 

Quant  aux  formes  de  FEocène  inférieur  des  environs  de  Reims 

^/aune  agéienne  du  D'  Lemoine),  tels  que  le  P.  Gaudryi  et  le 

^.  MaldarU,  j*ai  déjà  eu  Toccasion  de  dire  plus  haut  (voir  genre 

.^^racotherium)  que  ces  formes  constituaient  à  quelques  égards 

transition  entre  les  Hyracotheriam  et  les  Pachynolophus^ 

en  restant  plus  rapprochées  de  ces  derniers. 


e  ne  vois  dans  les  formes  américaines  aucune  espèce  qui  puisse 
trer  d'une  manière  exacte  dans  la  définition  du  genre  Pachyrto- 
us  ;  mais  ainsi  que  je  Tai  dit  plus  haut,  les  animaux  de  l'étage 
"^Vasatch  désignés  comme  Hyracotherium  par  les  paléontolo- 
es  américains  sont  en  réalité  très  peu  éloignés  des  Pachynolo' 
et  constituent  une  sorte  d'intermédiaire  entre  les  deux  genres. 


s  longs  détails  qui  précèdent  ne  m'ont  pas  semblé  inutiles 
T  préciser  les  caractères  génériques  des  Pachynolophus^  parce 
ces  caractères  ont  été  méconnus  par  la  plupart  des  paléontolo- 
s,  depuis  la  publication  de  l'important  mémoire  de  Kowa- 
5iky  sur  le  développement  des  Ongulés  2.  Ce  savant  paléontolo- 
prend  pour  type  du  genre  Pachynolophus  (iîg.  8)  une  série  de 
1  aires  m^  m*  p*  qui  proviennent  (d'après  le  texte  et  Texplica- 
^   des  planches)  du  calcaire  grossier  de  Gentilly,  près  Paris. 
•■    ignore  absolument  où  l'auteur  a  pu  observer  cette  pièce   qui 
'^  ^iciste  pas,  à  ma  connaissance,  dans  les  collections  du  Muséum 
^^  I*aris.  Mais  ce  qui  est  bien  certain,  c'est  qu'elle  diffère  complè- 
^"^^ïàent  par  tous  ses  caractères  de  ceux  du  type  du  genre  Pachyno- 
^^^f^hus  (P.  Duvali)  :   1^  les  arrière-molaires  portent  au  milieu  de 
■^^  muraille  externe  un  mesostyle  bien  développé  qui  manque  aux 
^i^y^acotherium  aussi  bien  qu'aux  Pachynolophus  ;  2°  la  dernière 
Pï^molaire  p^est  une  dent  subrectangulaire  à  six  denticules  (les 
^^ux  internes  existent),  tandis  que  dans  les  deux  genres  précités, 
V_*  et  f^  sont  triangulaires  avec  un   seul  denticule  interne.  Le 
Pi^tendu  Pach}  nolophus  de  Kowalevsky  n'est  donc  ni  un  Hyraco- 
^hej^iiun,  ni  un  Pachynolophus,  ni  môme  un  Propalœotherium 
(dans  ce  genre,  p*  est  aussi  triangulaire  à  cinq  denticules),  et  si 

i.   Zool  et  paléontfr.,  p.  126.  pi.  18,  fig.  8-8". 

2<  Monogr.  d .  Gattung  Anthracotherium  und  Versuch  ein  naturl.  Classif . 
d.  to«8.  Hofthiere  {Palmoniographica,  U  XXII,  1876,  p.  1107.  pi.  Vm). 

'fc  SepUïmbre  1901.  —  T.  i«r.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  14 


•JIO       CH.  IIEPBRET.  —  REVISION  DES  FORMES  EUROPEENNES       4  MeTS 

l*on  peut  s*en  rapporter  au  dessin  de  Taateur,  il  rentrerait  plutôt 
dans  les  caractères  du  genre  Lophioiherium,  tel  qu  il  sera  défini 
plus  loin.  Je  ne  puis  m'expliquer  l*erreur  de  Kowalevsky  que  par 
quelque  substitution   d'étiquette  dans  les  collections  de  Tauteur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  définition  erronée  du  Pachynolophus  de 
Kowalevsky  est  devenue  classique,  grâce  aux  travaux  des  paléon. 
tologistes  qui  ont  suivi  cette  manière  de  voir,  en  particulier  de 
M°>e  Marie  Pavlow,  dans  son  beau  travail  sur  le  développement 
des  Equidés  S  de  M.  Lydekker  -  et  surtout  de  M.  le  professeur 
Zittel  dans  son  magisti'al  Traité  de  paléontologie  ^.  Partant  de  la 
définition  du  Pachyrwlophas  de  Kowalevsky  ^,  c'est-à-dire  d*un 
animal  à  molaires  supérieures  [>ourvues  d*un  mesostyle  et  à  der- 
nière prémolaire  à  six  denticules,  M.  Zittel  est  entraîné  par  un 
raisonnement  d'ailleurs  logique,  à  exclure  des  Pachynolophus  le 
type  même  du  genre,  le  P.  Duçali,  à  cause  de  ses  molaires  sans 
mesostyle  et  de  sa  jr^  triangulaire  à  cinq  denticules,  et  à  le  faire 
rentrer  dans  le  genre  Hyracolherium,  dont  il  est  en  effet  assez 
voisin. 

En  réalité  M.  Zittel  a  groupé  dans  son  genre  Pachyiiolophus  à  la 
fois  des  Pachynolophus  vrais  (P.  Gaudryi,  P.  PreQosti)^  des 
Propalœotherium  (P.  pan^uius)^  mais  sa  définition  s*applique  sur- 
tout à  des  Lophiotherium  {Pachynolophus  siderolithicus  Pictet). 
J*osc  espérer  que  les  explications  qui  précèdent  pourront  apporter 
quelque  lumière  dans  ces  confusions  presque  inextricables. 

Genre  Propal^eothbrium  Gervais. 

Le  genre  Propalœotherium  a  été  établi  en  1849  par  Gervais  '  qui 
a  su  reconnaître  avec  sa  sagacité  habituelle,  et  malgré  la  pénurie 
des  matériaux  dont  il  disposait,  les  véritables  affinités  de  cet 
animal.  L'espèce  type  est  le  Propalœotherium  isselanum  (JPalœo- 
therium  isselanum  Cuv.  Blainv.),  et  les  caractères  du  genre  furent 
appuyés  à  l'origine  à  peu  près  exclusivement  sur  l'étude  des 
molaires  inférieures.  Voici  la  diagnose  donnée  par  Gervais  en  1859  ^  : 

I.  BulL  Soc,  impér.  d,  fiataraUstes  de  Moscou^  1888,  n*  i,  pL  I,  fig.  a. 
3.  Catal.  fous,  MamniaUa  Brit.  Mus.,  1886,  part,  m,  p.  i3. 

3.  Traité  de  paléontologie,  t.  IV,  p.  0/^2,  iig.  178-179. 

4.  M.  Zittel  reproduit  (iig.  178)  la  figure  déjà  donnée  par  Kowalevsky, 
mais  en  lai  donnant,  sans  doute  par  suite  d'une  erreur  d'impression,  le 
nom  spécifique  de  Paehxnolophus  DesmaresU  Gervais,  qui  n'a  jamais  existé 

5.  C.  R,  Ac,  Se,  Paria,  1849,  t.  XXIX.  p.  383  et  57Ô. 

6.  ZooL  etpaléont.  franc,,  a*  éd.,  1869,  p.  ii5. 


I9OI  DB   LA    FAMILLE   DES    UYRACOTUERIDES  311 

«  Nombre  total  des  molaires  inconnu.  Les  supérieures  assez  sem- 
«  blables  à  celles  des  Lophiodons,  les  inférieures  ayant  une  dispo- 
«  sition  de  leurs  croissants  intermédiaire  à  celle  des  Pachynolopbes 
<x  et  des  Paléothériums,  c'est-à-dire  que  les  deux  lobes  ou  collines 
«  dont  la  forme  est  en  croissant  y  sont  placés  bout  à  bout  ;  la 
«  dernière  de  ces  dents  est  pourvue  d'un  troisième  lobe  portant 
«  sur  la  couronne  une  facette  oblongue.  )»  C'est  à  Rûtimeyer  ^  et  à 
M.  Filhol  -  que  nous  devons  des  connaissances  plus  complètes  sur 
les  caractères  du  genre.  J'ai  pu  réunir  moi-même  du  gisement  de 
Lissieu  des  séries  dentaires  complètes  d'une  petite  espèce  (P.  par- 
Qulum  Laur.)  dont  je  donne  des  figures  photographiques  (pi.  lY, 
fig.  2^). 

Le  nombre  des  molaires  est  de  7,  c'est4i-dire  qu'il  y  a,  à  la 
mandibule,  une  prémolaire  de  plus  que  dans  le  Pachynolophus  ; 
ce  fait  est  parfaitement  établi  par  la  demi-mandibule  d'Issel 
figurée  par  M.  Filhol  {loc.  cit.,  pi.  XII,  fig-  10  et  i4)  où  Ton  voit 
en  place  les  trois  arrière-molaires,  les  trois  dernières  prémolaires 
et  les  deux  alvéoles  de  p^  à  deux  racines. 

Les  arrière-molaires  d'en  haut  sont  à  six  denticules  et  ont  de 
grandes  i^essemblances  avec  celles  des  Pachynolophus.  Elles  s'en 
distinguent  néanmoins  très  aisément  au  premier  coup  d'œil  par 
l'existence  d'une  colonnette  médiane  (mesostyle)  sur  la  muraille 
externe,  caractère  qui  fait  entièrement  défaut  chez  Y Hyracothe- 
rium  et  le  Pachynolophus,  On  peut  noter  en  outre  certaines 
nuances  dans  le  degré  de  compression  des  denticules,  plus  prononcé 
en  général  dans  le  Propalœotherium  :  les  denticules  externes  sont 
plus  serrés  en  travers,  les  intermédiaires  mieux  alignés  en  crêtes 
transverses,  les  internes  avec  une  tendance  crescentiforme  très 
accentuée. 

Les  prémolaires  supérieures  sont  au  même  degré  d'évolution 
que  chez  Ilyracotherium  et  Pachynolophus  :  les  trois  dernières 
sont  triangulaires  à  cinq  denticules,  les  deux  intermédiaires  relati- 
vement petits  et  allant  en  diminuant  de  p*  vers  p^.  Le  mesostyle 
existe  encore  dans  p*,  est  tout-à-fait  inidimentaire  dans  p^  et  a  com- 
plètement disparu  dans  [y^.  p'  est  de  forme  allongée  avec  une 
pointe  principale  et  un  talon  postéro -interne. 

La  dentition  inférieure  ressemble  aussi  beaucoup  à  celle  des 
Pachynolophus  :  les  arrière-molaires  sont  formées  de  deux  demi- 
croissants  comprimés  en  V,  dont  le  postérieur  vient  se  terminer 

I.  Eoc.  Saûg.  V.  Egerkingen.  1891  {Mém.  Soc,  paléont.  suiasCt  t.  XVIQ). 
a.  Vertébré»  foss.  dlssel,  1S86  (Mém.  Soc,  géoL  France,  (3X  V). 


'àitÀ     CH.  DXPÉJisT.  —  RÉVISION  DES  FOEifES  xuBoracfin»     4  Mars 

en  contre-bas  de  la  muraille  dn  croissant  anténenr.  Le  point  de 
jonction  des  deux  croissants  forme  nn  pilier  moins  épais  <pie  dans 
Pachy-nolophfUn  mais  également  dédoublé  au  sommet.  Les  denti- 
cules  internes  sont  en  somme,  moins  individualisés  que  dans 
Paehynolophas^  de  sorte  que  les  molaires  se  rapprochent  davan^ 
tage  de  Taspect  des  molaires  des  Palœotheriam. 

Des  quatre  prémolaires,  la  dernière  p^  est  molariforme,  avec 
un  lobe  antérieur  un  peu  plus  diminué.  Dans'p'  le  lobe  postérieur 
s'abaisse  tandis  que  le  demi-croissant  antérieur  s'élève  en  une 
pointe  saillante  et  tend  à  se  dérouler  en  ligne  droite.  Dans ~p^  et 
surtout  dans  p^  il  ne  reste  plus  qu'une  pointe  principale  suivie 
d*un  petit  talon  très  abaissé. 

Je  connais  à  llieure  actuelle  quatre  espèces  de  PropaUBotheriam  : 
le  type  du  genre,  P,  isselanam  *  a  été  découvert  à  Issel,  mais  se 
retrouve  à  Argenton,  à  Egerkingen  et  à  lissieu.  Dans  cette  espèce 
m'  d'en  haut  mesure  i8  mill.  ;  In^  inférieure  à  trois  lobes  mesure 
aa  mill. 

Le  P.  argentordcum  -  Gerrais  est  une  forme  un  peu  plus  grande, 
mais  bien  voisine  de  la  précédente  (m^  super,  aa  mill.  ;  m^  infé- 
rieure» 3o  mill.).  On  la  trouvée  à  Argenton,  à  Lissieu,  à  Egerkin- 
gen et  à  Buchweiler  (Alsace). 

Une  troisième  espèce,  beaucoup  plus  petite  que  les  précédentes 
a  été  d'abord  signalée  |>ar  Cuvier  à  Argenton  sous  le  nom  de 
cinquième  Lophiodon  iT Argenton,  puis  désignée  par  Laurillard 
sous  le  noui  de  Lophiodon  parvuUun.  C'est  la  même  espèce  qui  a 
été  retix)uvée  très  abondamment  à  Egerkingen  i>ar  Rûtimeyer  qui 
lui  a  donné  le  nom  de  Propalœotherium  minutum,  11  fautla  désigner 
sous  le  nom  de  Propalœotherium  par%*ulum  :  sa  m^  supérieure 
mesure  lo  mill.  5  :  m^  d*en  bas  i4  niillim.  L'espèce  se  trouve  à 
Argenton,  à  Issel,  à  Lissieu  et  à  Egerkingen. 

Enfin  je  me  propose  de  tlécrire  à  Lissieu  une  forme  encore  beau- 
coup plus  petit**  (ilï?  inférieure  lîi  mill.)  sous  le  nom  de  Propalœo- 
Iherium  pygrfuvum. 

Je  ne  vois  dans  les  types  américains  aucune  forme  rentrant 
exactement  dans  le  genn^  Propalœotherium  (molaires  avec  un 
mesostyle  ;  ]y^  et  p-*  triangulaires  à  5  denticules).  Mais  le  type  des 
couches  de  Wind  River  décnt  par  Cope  sous  le  nom  de  Hyr. 
oenticolum.  espèce  dont  M.  Wortmann  a  fait  le  genre  Protoro- 

I.  PaUeotheriam  isselanum  Blainv.  Ostéog^,,  pi.  VŒ.  —  Prop  i^selanum 
Genrais.  Zool.  etpaLfr.,  i^j,  pi.  19,  ûg.  5. 

a.  Palmothenum  mnimm  (crArgenton)  Blainv.  Oêtéogr.^  pL  VIIL 


tpOl  DE   LA   FAMILLE   DES    HYRACOTHÉRIDÉS  ÏIi3 

hippus  est  très  rapproché  du  Propalœotherium  par  ses  molaires 
supérieures  avec  un  rudiment  de  mesostyle  et  sa  £^  triangulaire  à 
cinq  denticules  ;  il  se  distingue  du  Propalœotherium  par  sa  ]3^  de 
forme  quadrangulaire  à  quatre  denticules^  l'intermédiaire  du 
deuxième  lobe  ayant  totalement  dispaini.  D*après  la  figure  de 
M.  Wortmann,  (loc.  cit,^  fig.  i5),  il  n'y  aurait  que  six  molaires  à 
la  mâchoire  supérieure. 

Genre  Lophiotherium  Gervais 

Le  Lophiotherium  est  le  genre  jusqu*ici  le  moins  bien  connu  de 
la  famille  :  aussi  n*est-il  pas  étonnant  que  les  paléontologistes 
d'Europe  et  d'Amérique  aient  pris  ce  nom  dans  les  acceptions 
les  plus  diverses.  Le  genre  a  été  créé  par  Gervais  *  d'après  trois 
fragments  de  mandibule  provenant  de  l'Eocène  supérieur  des 
environs  d'Alais  (Gard)  ;  la  plus  complète  de  ces  pièces,  figurée 
par  l'auteur  (figure  lo)  porte  en  place  les  cinq  dernières  molaires 
(bP  — ^)  et  les  alvéoles  doubles  des  deux  premières  prémolaires 
(p^  —  p*^),  ce  qui  fait  en  tout  sept  molaires  pour  la  mâchoire  infé- 
rieure. Un  autre  de  ces  fragments  (fig.  ii)  montre  en  place  les 
quatre  prémolaires,  et  complète  ainsi  les  données  fournies  par  la 
figui^e  10.  La  diagnose  de  la  dentition  inférieure  est  indiquée  par 
Gervais  de  la  manière  suivante  :  «  Sept  molaires  inférieures  ;  les 
«  quatre  avant-molaires  biradiculées,  croissantes  de  la  première  à 
«  la  quatrième  qui  est  déjà  très  sensiblement  tapiroïde  ;  les  trois 
«  arrière-molaires  à  deux  collines  subobliques  reliées  entr  elles  par 
«  une  crête  en  diagonale  allant  du  milieu  d'une  colline  au  bord 
«  externe  de  celle  qui  suit  ;  la  dernière  pourvue  d'un  fort  talon 
«  simulant  presque  un  troisième  lobe  ». 

Dans  le  texte  qui  suit  cette  diagnose,  Gervais  qui  avait  d'abord 
par  erreur  rapproché  cet  animal  des  Dichobune  sous  le  nom  de 
D.  cerçinum,  indique  fort  bien  ici  les  affinités  du  Lophiotherium 
avec  le  groupe  des  Pachynolophes,  dont  il  diff'ère  par  la  présence 
de  sept  molaires  au  lieu  de  six  (une  prémolaire  de  plus)  et  par  les 
denticules  internes  et  externes  moins  distincts,  mieux  fondus  en 
crêtes  transverses. 

Ces  observations  sont  très  exactes  et  très-judicieuses  ;  mais  elles 
ne  pouvaient  conduire  à  une  appréciation  définitive  des  afiinités 
du  Lophiotherium,  en  l'absence  de  la  dentition  supérieure  qui  nous 
a  fourni  pour  les  autres  genres  de  la  famille  des  Hyracothéridés 

I.  ZooL  etpal.fr.,  1869,  p.  114,  pi.  11,  lig.  10-12. 


9l4       CH.  DERKET. KFTISION  DES  FOUIES  ETBOPteonES       4  MaTft 

le  criténoin  le  plus  sAr  et  le  plus  ptéds.  Les  moUires  sapérienres 
du  Lophioihenuim  étaient  incoiiniie<  de  Genrais  et  elles  Tétaient 
restées  encore  jnsqa'ici.  conune  en  lémoi|:ne  la  diagnose  du  genre 
dans  le  Trmîté  de  M.  le  professeur  Zittel.  Xai  eu  la  bonne  fortune 
en  reprenant  les  fouilles  dans  les  localités  du  bassin  dWlais  d'où 
proTenaient  les  pièces  types  iSaint-HîppolTte  de  Caton)de  retrou- 
Ter  le  Lophiotheriam  en  grainde  abondance  :  j'ai  pu  réunir  dans 
les  collections  de  rUniversîté  de  Lvon  plus  de  cinquante  demi- 
mandibules  et  trente  cinq  demi-mâchoires  supérieures  plus  ou 
moins  complètes,  qui  me  permettront  de  donner  une  description 
définitive  des  caractères  de  ce  curieux  «enrv  y>l.  IV,  fig.  4-6). 

Mâchoire  sapérieare.  —  On  ixuupte  trois  arrière-molaires  et 
quatre  prémolaires.  Les  arrière-molaires  ont  six  denticules  :  deux 
externes  subconiques  lè^*reuient  comprimés  en  travers  à  peu  près 
comme dan<  les  Paehyyiolophus  ;  deu:si intermédiaires  relativement 
assex  gros  et  bien  distincts,  allongés  en  cn^tes  f^rpendiculaires  à 
la  muraille,  surtout  au  lobe  postérieur:  deux  internes  subconiques. 
un  peu  comprimés  d'avant  en  arrière  à  tendance  beaucoup  moins 
crescentoide  que  dan<  le  PropaUeotherium,  et  à  peu  près  de  la 
forme  de  ceux  de  Pachynolophus.  Le  bourrelet  basiiaire  est  assez 
bien  développé  quoique  mince  et  il  se  relève  en  un  fort  mesostj'le 
entre  les  deux  denticules  externes,  et  en  outre  à  Tangle  antéro- 
externe  en  un  parastvle  bien  moins  é|)ai<  et  moins  saillant  que 
dans  Pachrnolophus  et  PropaUet^heHum.  Dans  leur  forme  géné- 
rale* les  arrière-molaires  du  Lophiotherium  sont  moins  cari*ées« 
plus  allongées  en  travers  que  dans  Pn.ipalitotherium  et  surtout 
que  dans  Pachrnolophas.  m^  est  moins  ditrén»ite  dejn-  et  de  m^ 
que  dans  ces  deux  derniers  genres,  où  le  lobe  postérieur  de  cette 
dent  est  moins  développa-  que  le  lobe  antérieur.  d*où  résulte  pour 
m*  une  tendance  à  la  forme  sub-triaugulaire  :  dans  Lophiotherium^ 
le  lobe  postérieur  de  m^  est  presque  aussi  fort  que  le  lobe  anté- 
rieur. 

Les  prémolaires  du  Lophiotherium  sont  surtout  intéressantes  et 
présentent  une  structure  très  différente  de  celles  des  genres  précé- 
demment étudiés. 

La  dernière  prémolaire  p^  est  une  dent  uiolariforme  à  six  denti- 
cules qui  ne  diffère  de  m'  que  par  des  dimensions  un  peu  plus 
petites  et  par  le  mesostyle  un  peu  plus  atténué  :  elle  diffère  donc 
complètement  de  p^  triangulaire  à  cinq  tubercules  qui  existait  dans 
tous  les  autres  genres  de  la  fauiille  depuis  T  A/ rrat^^^Aerio/fi  jusqu'au 
Propalœotheriam  inclus. 

L'avant-dernière  prémolaire j)^  offre  uue  particularité  des  plus 


/        _  f 


I9OI  DE   LA   FAMILLE    DES   HYRACOTHERIDKS  210 

cuneuses  :  en  général  (dix  exemplaires  sur  treize)  c'est  aussi  une 
dent  molari forme  à  six  denticules  de  la  même  forme  que  p^  et 
se^lement  un  peu  plus  petite.  Mais  sur  quelques  sujets  du  même 
gisement  (qu*il  est  impossible  de  ne  pas  rapporter  à  la  môme 
espèce  en  raison  de  l'identité  de  tous  les  autres  caractères),  les 
deux  denticules  internes  se  rapprochent  et  se  soudent  Tun  à 
l'autre  de  sorte  que  la  couronne  prend  un  aspect  sub-triangulaire 
qui  rappelle  les  prémolaires  des  Pachynolophus  et  des  Propalœo- 
theriam;  cependant  la  trace  des  deux  denticules  reste  toujours  plus 
ou  moins  complètement  visible  soit  sous  la  forme  de  deux  petits 
cercles  d'usure  accolés,  soit  sous  celle  d'un  sillon  vertical  sur  la 
muraille  interne.  Il  y  a  chez  ces  individus  conmie  une  tendance 
atavique  rappelant  les  prémolaires  triangulaires  des  genres  ances- 
traux  du  Lophiotherium, 

La  deuxième  prémolaire  p^  est  triangulaire  mais  compte  néan- 
moins six  denticules  ;  les  deux  externes  très  rapprochés,  sans 
mesostyle  :  les  deux  intermédiaires  tout  petits,  les  deux  internes 
presque  entièrement  soudés  entr'eux  en  demi-croissant,  mais 
pourtant  encore  distincts  au  sommet, 

La  première  prémolaire  p_[_est  plus  allongée  et  plus  triangulaire 
que  jgj  avec  ses  deux  denticules  intermédiaires  presque  entière- 
ment atrophiés. 

Le  bourrelet  bas i lai  re  est  en  général  très  mince  chez  le  Lophio- 
iherinm:  il  est  plus  continu  dans  les  arrière-molaires  que  dans  les 
prémolaires  où  il  disparaît  presque  du  côté  interne. 

En  avant  de  la  série  continue  des  sept  molaires,  on  voit  chez  le 
Lophiotherium  une  longue  barre  (a'i  niillini.)  qui  les  sépare  d'une 
canine  assez  longue,  pointue,  aplatie  en  travers,  avec  deux  bords 
tranchants  en  avant  et  en  arrière.  Les  incisives  me  sont  encore 
inconnues. 

Mandibule.  —  11  existe  comme  en  haut  tr<»is  arricre-molaii'es  et 
quatre  prémolaires. 

Les  arrière-molaires  ressemblent  presque  complètement  à  celles 
des  Propalœotheriuni  :  elles  sont  formées  chacune  de  deux  demi- 
croissants  comprimés  en  forme  de  V,  le  point  de  jonction  des  deux 
demi-croissants  du  C(Mé  interne  de  la  couronne  s'épaissit  (»n  un 
pilier  vertical  qui  provient  visiblement  de  l'accolenient  de  deux 
denticules,  dont  les  pointes  l'cstent  encorde  bien  distinctes  sous 
forme  d'un  dédoublement  du  pilier  interne  à  son  sommet.  La 
dernière  m<  porte  un  troisième  lobe  en  demi-cercle,  bien  déve- 
loppé. Un  bourrelet  basilaire  mince  entoure  ces  dents  sauf  du  côté 
interne  où  il  est  complètement  eftacé. 


aïO       CH.  DÉPÉRIT.  —  RÉVISION  DES  FORMES  EUROPÉENNES       4  MarS 

Des  quatre  prémolaires,  les  deux  dernières~p^et  p^sont  tout-à- 
fait  molariformes  et  ne  di(I%rent  des  arrière-molaires  que  par  la 
forme  un  peu  plus  étroite  du  lobe  antérieur,  ce  qui  donne  à 
renseinble  de  la  couronne  une  tendance  subtriangulaire.  Dans  p-, 
cette  forme  triangulaire  est  encore  plus  marquée,  par  suite  de  la 
tendance  du  demi-croissant  antérieur  à  se  prolonger  en  avant.  La 
pi*eini(^re  prémolaire^est  une  petite  dent  à  deux  racines  composée 
d*une  pointe  triangulaire  extérieure,  suivie  d*un  talon  bas  qui 
représente  le  deuxième  lobe.  Le  bourrelet  basilaire  est  plus  mince 
que  celui  des  arrière-molaires,  et  il  est  également  eliacé  du  côté 
interne. 

En  avant  de  la  rangée  continue  des  sept  molaires,  existe  une 
barre  de  vingt  millim.,  précédée  d*une  canine  pointue  haute  de 
douze  millim.,  de  forme  moins  comprimée  en  travers  qu'à  la 
mftchoirt^  supérieure.  Les  incisives  inférieures  me  sont  encore 
inconnues. 

Kn  résumé  la  dentition  du  Lophiotherium  diJQère  essentiellement 
de  celle  des  genrt*s  qui  l'ont  précétio  dans  FEocène  inférieur  et 
moyen  ^wr  ses  dernièrt^s  prémolaires  d'en  haut  et  d'en  bas  tout-à- 
fnit  semblables  comme  structure  aux  arrière- molaires.  Cette  denti- 
tion homin>donte  forme  un  contraste  remarquable  avec  la  dentition 
hWrodonte  des  Ilyracotherium,  des  Pachrnolophus,  des  Propa- 
Uvotherinm  et  constitue  un  pas  décisif  dans  le  sens  de  l'évolution 
du  giH)Upe  vers  la  dentition  des  Kquidés. 

La  comparaistm  entre  les  genres  Pach}'nolophus,  Propalœothe- 
rium  et  LophiotherUun  est  résumée  dans  le  tableau  suivant  : 


Paebynolopbua 
(Trpe  :  P.  Dmpali  Pom  ) 


DenUUonM^pi^   \ 


M  sapcri<rui^$  i  6d<rii- 
ticQlrs  ;  les  «  <rxtem<r$ 
sabconiques  :  1rs  a  îd 
t^nnédiaires  petits  et 
im  peu  allongés  ;  les 
înlemes  sobconiqoes. 
an  pen  comprimés 
d'armnt  en  airière. 


I 


Propalsotheriom 
(Typ^^  :  P*  isseianum  Bl.) 

M— P-î- 

M  supérieures  à  6den- 
tioules  ;  les  :i  externes 
etuiiprimés  et  allongés, 
les  â  intenné\liaires 
alkmgés  en  crêtes  trans- 
verses, les  a  internes  à 
tendance  enracenli/or- 
me  irts  mtttt. 


Xjophiotheriom 
(T.  :  L.  cerpolom  Gerv.) 


3        4 
M  — P  — 
Si 


M  snpérienres  aUon- 
gées  en  travers  à  6  den- 
ticoles,  les  a  externes 
subconiqnes,le8  a  inter- 
médiaires assez  gros  et 
nn  peu  allongés,  les  a 
internes  snbconiqnes, 
nn  pen  comprimés 
d'avant  en  arrière. 


igoi 


DE   LA   FAMILLE    DES   HYRACOTHÉRIDES 


217 


Pas  de  mesostxi^' 

Parastyle  fort  et  sail- 
lant en  dehors. 

p*  et  p'  triangulaires 
à  5  denticules  ;  p'  allon- 
gée, p^  présente  ou  ab- 
sente suivant  les  spé- 
cimens. 


M  inférieures  à  deux 
demi-croissants  ;  denti- 
cales  médians  internes 
épaissis  et  distincts. 

p*  molariforme  ;  les 
P  antérieures  peu  con- 
nues. 


I       MesostxU  bien  déve- 
loppé. 

Parastyte  assez  fort  et 
moins  saillant  dehors. 

p*,  p'  et  p'  triangu- 
laires à  5  denticules.  p* 
allongée. 


M  inférieures  à  deux 
demi-croissants;  denti- 
cules médians  internes 
moins  épaissis  et  moins 
distincts. 

p*  molariforme,  le  lo- 
be antérieur  plus  étroit, 
p'  triangulaire  en  avant, 
avec  lobe  postérieur 
abaissé,  p'  et  p*  à  une 
seule  pointe  antérieure, 
suivie  d^un  talon  bas. 


MesostyU  bien  déve- 
loppé. 

Parastyle  'très  petit 
et  peu  saillant. 

p^  et  p'  molariformes 
a  6  denticules,  les  a  in- 
ternes parfois  soudés 
dans  p'  ;  p'  triangu- 
laire, mais  avec  a  den- 
ticules internes  encore 
distincts,  p*  allongée. 

M  inférieures,  à  deux 
demi-croissants;  denti- 
cules médians  internes 
épais  et  bien  distincte. 


p*  et  p'  molariformes, 
le  lobe  antérieur  plus 
étroit,  p'  triangulaire 
en  avant  avec  lobe  pos- 
térieur très  abaissé,  p* 
très  petite  avec  une 
seule  pointe  antérieure 
et  un  talon  bas. 


Le  type  du  genre  Lophiotherium  est  le  L,  cervulam  Gervais  *, 
petite  espèce  de  TEocène  supérieur  du  bassin  d'Alais,  dont  j'ai  pu 
retrouver  le  gisement,  qui  m'a  fourni,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus 
haut,  toutes  les  parties  encore  inconnues  de  la  dentition  supérieure. 
L'espèce  se   retrouve,  je  crois,  dans  les  phosphorites  du  Quercy. 

Il  faut  certainement  rapporter  au  genre  Lophiotherium  l'espèce 
du  Sidérolithique  du  Mauremont  (Vaud),  que  Pictet  a  décrite  sous 
le  nom  de  Hyracotheidum  siderolithiciim  -  et  que  M.  Zittel  a 
ensuite  rapporté  à  tort  au  genre  Pachynolophas,  On  retrouve 
dans  l'espèce  de  Pictet  tous  les  caractères  du  Lophiotherium  : 
molaires  allongées  en  travers  à  six  tubercules  peu  comprimés,  avec 
MU  fort  m,esostj'le  et  un  parastyle  peu  développé  ;  prémolaires 
p_^  et  p^  molariformes  à  six  denticules  (type  homœodonte).  L'ani- 
mal de  Mauremont,  dont  je  possède  quelques  dents  isolées,  est 
tellement  voisin  du  L.  cennilum  du  Midi  de  la  France  qu'il  me 


I    Zool.  et  paléont.  franc.,  a»  éd.,  1869,  p.  114,  pi    XI,  fig.  10-12. 

a  Mémoire  sur  les  animaux  vertébrés  trouvés  dans  le  terrain  sidéroli- 
thique du  canton  de  Vaud.  Matériaux  pour  la  paléont.  suisse,  i'*  sér.,  i855-59, 
p.  53,  pi.  IV,  fig.  14. 


2l8       CH.  DEPÉRET.  —  RKVTSION  DES  FORMES  EUROPiENNBS       4  MarS 

paraît  même  difficile  de  l'en  séparer  spécifiquement  ;  peut-être  la 
forme  des  molaires  dans  Tespèce  suisse  est-elle  encore  plus  trans- 
verse  que  dans  le  type  du  bassin  d*Alais.  et  les  bourrelets  basi- 
laires  encore  plus  effacés. 

En  revanche,  je  crois  qu*il  faut  écarter  du  genre  Lophiotheriunt 
toutes  les  molaii*es  inférieures  du  Sidérolithique  d*Egerkingen 
(Eocène  moyen)  que  Rûtimeyer  *  a  attribuées  k  ce  genre  sous  les 
noms  de  Lophiotherinm  cenmlum  et  de  L,  elegans.  Ces  dents  me 
paraissent  appartenir  au  Propalœotherium  minutum  à  divers 
stades  de  leur  sortie  des  alvéoles.  J*ajouterai  que  la  même  conclu- 
sion me  semble  s'imposer  pour  tontes  les  molaires  d*en  haut  et 
d*en  bas  que  le  même  paléontologiste  a  rapportées  à  VHyracothe- 
rium  siderolithicum  de  Pictet  dans  le  gisement  d'Ëgerkingen  -  :  la 
figure  i8  de  la  planche  II  en  particulier  montre  une  prémolaire 
supérieure  à  cinq  denticules  tout  à  fait  étrangère  au  genre  Lophio- 
therium  et  qui  me  parait  identique  à  p*  du  Propalœotherium 
minutum, 

D  après  ces  observations,  il  n*existerait  trace  du  genre  Lophio- 
therium  ni  à  Kgerkingen.  ni  dans  aucun  autre  gisement  de  TEocène 
moyen  et  ce  genre  serait  exclusivement  propre  aux  dépôts  de 
TEocène  supérieur  (Alais,  Mauremont,  Phosphorites  du  Quercy). 

En  Amérique,  le  type  de  l'étage  de  Bridger  (Orohippus  cuspi- 
datus  Cope)  ^  et  surtout  les  espèces  de  Tétage  d'Uinta  dont  Marsh 
a  fait  le  genre  Epihippus  ^  (Epihippus  uintensùi,  gracilis  et  agilis 
Marsh)  avec  leurs  dernières  prémolaires  p^et  jj^  molariformes 
(quadrangulaires  à  six  denticules)  représentent  un  stade  d'évolu- 
tion au  moins  extrêmement  rapproché  du  Lophiotherium,  si  même 
ils  ne  doivent  pas  lui  être  réunis.  Il  est  intéressant  de  remarquer 
que  Tétage  d'Uinta  correspond  comme  niveau  à  TEocène  supérieur 
d'Europe,  c'est-à-dire  à  l'horizon  exact  du  Lophiotherium, 

Résumé  et  conclusions 

Le  type  le  plus  primitif  de  la  famille  est  sans  conteste  YHyra- 
cotherium  de  l'argile  de  Londres  (Eocène  inférieur)  avec  ses 
arrière-molaires  supérieures  à  six  denticules  coniques  (type  buno- 

I.  Kocene  Sangeth.  v.  Egorkingen^  1892,  pi.  III.  lig.  i3-i6. 
!i.  Id.,  pi.  n,  ûg.  17,  18.  19  et  pi.  ni,  lig.  17. 

3.  Cope.  Wheeler  Survey  Report,  p.  a67.  pi.  LXV,  fig.  18.  —  Wohtman, 
loc.  cit.,  p.  108,  fig.  18. 

4.  Marsh.  Amer.  Journ  ,  1871-75.  —  Scott.  Mamm.  Uinter  formation,  1889. 


igOÎ  DK   LA   FAMILLE   DES   HYRACOTHERIDES  aiQ 

donte),  entourées  d'un  épais  bourrelet  basilaire,  sans  mesostyle^  et 
SiYec  parastyle  peu  développé.  La  dentition  supérieure  est  essen- 
tiellement hétérodonte^  les  dernières  prémolaires  étant  triangu- 
laires à  cinq  deatieules.  La  dentition  inférieure  est  également  d*un 
type  primitif,  chaque  molaire  étant  formée  de  deux  paires  trans- 
verses de  denticules  distincts  non  reliés  en  deux  demi-croissants 
comme  cela  aura  lieu  dans  les  formes  plus  évoluées.  De  ces  quatre 
denticules,  les  deux  internes  sont  restés  coniques  (bunodontes) 
tandis  que  les  deux  externes  ont  une  tendance  crescentiforme 
(sélénodonte)  déjà  très  apparente.  Les  prémolaires  inférieures  se 
distinguent  des  arrière-molaires  par  la  réduction  et. rabaissement 
de  leur  lobe  postérieur,  de  pins  en  plus  accentués  d^arrière  en 
avant.  Ce  genre  que  Ton  doit  considérer  comme  la  forme  la  plus 
archaïque  du  groupe  est  tout  à  fait  spécial  à  TÉocène  inférieur  du 
bassin  de  Londres. 

Le  passage  de  Y Hyracotherium  au  Pachynolophus  de  TEocène 
moyen  se  fait  par  Fintermédiaire  des  intéressantes  espèces  de 
TEocène  inférieur  d'Ay,  près  Reims,  décrites  par  le  D""  Lemoine 
sous  les  noms  de  Propachynolophus  Gaudryi  et  de  Pachynolo- 
phus Maldani,  Dans  la  première  de  ces  deux  formes  tout  spécia- 
lement, on  retrouve  encore  plusieurs  caractères  importants  de 
Y Hyracotherium,  tels  que  la  forme  prévue  carrée,  à  peine  trans- 
verse des  arrière-molaires  supérieures  entourées  aussi  d'un  large 
bourrelet  basilaire  ;  et  la  séparation  des  deux  denticules  de  chaque 
lobe  aux  molaires  d'en  bas.  Mais  déjà  les  denticules  des  molaires 
supérieures  ne  sont  plus  aussi  nettement  bunodontes  :  les  externes 
s'aplatissent  un  peu  en  travers;  les  intermédiaires  et  les  internes 
s'allongent  et  tendent  à  se  souder  en  deux  crêtes  perpendiculaires 
à  la  muraille.  Les  denticules  des  molaires  d'en  bas,  quoique  dis- 
tincts, montrent  aussi  une  tendance  à  se  souder  en  crêtes  trans- 
verses et  la  forme  sélénodonte  des  denticules  externes  y  est  plus 
accentuée  que  dans  Y Hjyracotherium. 

Il  me  parait  que  les  nombreuses  espèces  de  l'étage  de  Wasatch 
en  Amérique,  que  Marsh  désignait  sous  le  nom  de  Eohippus  et 
que  les  paléontologistes  américains  rapportent  aujourd'hui  d'ordi- 
naire au  genre  Hj'racotherium,  sont  en  réalité  dans  un  stade 
d'évolution  tout  à  fait  comparable  aux  espèces  de  Reims,  c'est-à- 
dire  intermédiaire  entre  V Hyracotherium  et  les  vrais  Pachynolo- 
phus^ mais  bien  plus  voisin  de  ce  dernier. 

Ces  formes  de  l'Eocène  inférieur  d'Europe  et  d'Amérique  nous 
amènent  aisément  au  Pachynolophus  Pomel,  genre  qui  a  été  mal 
interprété  depuis  l'important  travail  de  Kowalevsky.  Le  type  est 


*)*H)       CM,  DBpArBT.  —  RÉVISION  DES  FORMES  EUROPÂKKIIKS       4  Ma» 

le  P,  Ihwali  Pomel  da  Lutélien  supérieur  de  Passy  :  c'est,  oomme 
Y Uyracotherium,  on  type  hétérodonte  avec  arrière-molaires  d*eQ 
haut  quadrangulaires  à  six  denticales  et  dernières  prémolaires 
(  ^  et  ^)  triangulaires  à  cinq  denticules  :  il  ressemble  aussi  à 
VHyracotherium  par  l'absence  de  mesosfy-le  sur  la  muraille 
externe.  Mais  il  s*écarte  de  ce  dernier  genre  par  d'autres  caractè- 
res :  aux  molaires  d*en  haut,  les  denticules  ne  sont  plus  aussi  buno- 
dontes^  les  externes  sont  aplatis  en  travers,  les  intermédiaires  et 
les  internes  comprimés  et  allongés  en  deux  crêtes  transverses  ;  le 
parasi}'le  a  augmenté  d*importance,  mais  en  revanche  le  bour- 
relet basilaire  s*atténue  et  s'eflace  même  du  côté  interne.  A  la 
mandibule,  il  y  a  soudure  complète  entre  le  denticule  interne  et 
externe  de  chaque  lobe  et  formation  de  deux  demi-croissants  (type 
s^lénodonie)  pour  chaque  molaire. 

Entre  le  Pachf'm^ophus  type  et  son  contemporain  le  PropalœO' 
iherium.  il  existe  quelques  intermédiaires.  Chez  le  Pachynolophns 
l^rt\\^ti  Gervais  du  Lutétien  supérieur  de  Gentilly,  espèce  un  peu 
|Uas  grande  que  le  P.  lki%\Mli.  on  peut  constater  déjà  une  ébauche 
de  ctUoimette  médiane  (mesostyle)  entre  les  deux  lobes  de  la 
luurttiUe  de$  molaires  supérieures.  Cette  même  colonnette  est  un 
l^u  plu»  aiventuée  encore  dans  une  espèce  américaine  de  Tétage 
de  Wiud  Hi^  er  (Lutétien)  que  M.  Wortman  a  désignée  sous  le  nom 
de  t*>\^t\*rxiAippus  imtic%*ius  sp.  Cope;  on  peut  noter  en  outre 
ehe«  i't^  denùer  la  tendance  eresc^itiforme  des  denticules  internes 
M\i\  ukvUaire»  supérieures*  caractère  que  nous  retrouverons  chez  le 
Pf\^fMti^^$h¥f^WH.  Je  :>erais  même  tenté  de  réunir  la  forme  amé- 
ricaine i^  K'e  dernier  genres  n>tait  la  structure  toute  spéciale  de 
r^VAU^demi^iv  prèiUixUin^  |^  quadrangulaire  allongée  à  quatre 
deuiionleM,  l^^e  !*uite  vlu  déplacement  en  dedans  et  de  Timportance 
|dua  i&iH^Uvle  du  vteuticaW  intermédiaire  antérieur. 

t*e  Pf\^fHêtwx^4fktriuiH  iiervaiî^  i^P^  P*  isselanum  Blainv.)  de 
IVlimv  LuU^tiea.  e«t  as:>es  voisin  du  Packynolophus  pour  que 
d'èuiiueuU  |^^t^^KU4^|^isles  aient  proposé  de  réunir  les  deux 
g«iun^  U  m  di^liuy^ie  davKi  Tensemble  par  un  degré  plus  avancé 
de  «i^éeiaU'tMliiMi  vinw  W  gn>ttpe  pmUoikérien  :  le  fût  des  molaires 
a«|iiéri«itrfKi  <Nil  «n  (mmi  |^us  élevé«  la  muraille  plus  plate  et  plus 
iMolialt  an  dt^aa»  ^  W  iii^^>»jh>^<ii^  est  devenu  trèis  fort  et  annonce 
la  cala  méiSmut  de«  Pado^i^kerimm  et  des  Palœotheriwn.  En 
màmm  Impa  lea  denticules  ^  modifient  :  les  externes  se  compri- 
cft  sTaDoiigctit  en  denù^'fuissants  qui  évoluent  vers  le  type 
du  grou|)e  /m JfH4Ai»nVA  :  les  internes  qui  étaient 
alkM^pés  dans  le  P^^rnolophoM^  tendent  visiblement 


igOI  DE   LA  FAMILLE   DES  HYRACOTHÉRID^S  221 

vers  une  stmctare  crescentiforme.  De  même  à  la  mandibule  les 
deux  demi-croissants  de  chaque  molaire  sont  mieux  dessinés, 
mieux  soudés  bout  à  bout  Tun  à  Tautre,  au  point  qu'il  est  parfois 
véritablement  difficile  de  distinguer  ces  molaires  de  celles  d'un 
Paloplotherium,  Néanmoins  les  prémolaires  supérieures  sont 
toujours  hétérodontes  (triangulaii*es  à  cinq  denticules)  et  ne  se 
distinguent  de  celles  du  Pachynolophus  que  par  un  épaississement 
plus  fort  du  bourrelet  basilaire  sur  le  boi*d  postéro-interne,  d'où 
résulte  pour  la  couronne  une  forme  générale  plus  arrondie  en 
dedans,  plus  semblable  à  celle  des  Paloplotherium  :  11  me  paraît 
certain  que  le  Propalœotherium  représente,  comme  l'a  si  bien  pres- 
senti Gervais,  le  type  ancestral  du  rameau  paléotherien,  destiné  à 
s'éteindre  au  début  de  l'Oligocène  sans  laisser  de  descendant. 

Revenant  en  arrière  vers  le  Pachynolophus,  type  aux  denticules 
assez  primitifs  et  encore  peu  éloignés  du  type  bunodonte,  nous 
devons  rattacher  directement  à  ce  genre  une  série  de  formes  de 
TEocène  supérieur  d'Europe  et  d'Amérique  qui  vont  se  distinguer 
nettement  de  tous  les  types  antérieurs  par  la  modification  de  leurs 
prémolaires  qui  deviennent  progressivement  molarifornies  en 
marchant  de  la  dernière  vers  les  plus  antérieures  (types  homœ- 
doutes)  ;  ces  formes  ont  reçu  en  Amérique  les  noms  d'Orohippus 
•et  de  Epihippus  Marsh  ;  en  Europe  de  Lophiotherium, 

Ce  dernier,  le  seul  dont  je  m'occuperai  ici,  diffère  du  Pachyno- 
lophus^  en  outre  de  ses  prémolaires  pj^  et  £^  molariformes  à  six 
denticules  par  ses  arrière-molaires  de  forme  plus  trans verse,  ce 
qui  tient  en  partie  à  la  petitesse  àxkparastyle,  et  par  la  présence 
«d'un  fort  mesostyle.  Mais  malgré  révolution  homœodonte  de  la 
série  dentaire  supérieure  et  inférieure  (qui  indique  une  affinité 
très  réelle  avec  le  groupe  des  Equidés)  il  importe  d'observer  que 
«ette  transformation  n'est  pas  accompagnée  d'une  évolution  conco 
jnitante  dans  la  forme  des  denticules  ;  ceux-ci  sont  encore  remar- 
<iuablement  primitifs,  les  externes  à  peine  comprimés  en  travers, 
les  intermédiaires  assez  gros  et  peu  allongés,  les  internes  nulle- 
ment crescentiformes.  Le  degré  d'évolution  des  denticules  dans  le 
sens  sélénodonte  n*est  pas  plus  avancé  que  dans  le  Pachynolophus 
^t  Test  beaucoup  moins  assurément  que  dans  Propalœotherium, 
Cest  cet  état  primitif  des  denticules  qui  avait  sans  doute  conduit 
Pictet  à  faire  du  Lophiotherium  siderolithicum  une  espèce  du 
{^nre  H^raeotherium  dont  il  diffère  radicalement  par  la  structure 
des  prémolaires. 

De  ces  faits  on  peut  conclure  que  le  Lophiotherium  représente 
le  type  terminal  d'un  rameau  éteint,  et  ne  saurait  être  considéré, 


lOQ        CH.   D 


—  RinsiO!t  DES  womxÊB  wurnorémarEs     4  Mars 


^ 


pas  phifl  que  le  PalœoiheHmn^  comme  ran  des  ciialnoiis  par  leqnel 
a  passé  l'évolvtioa  directe  du  groupe  des  Ecpddés.  Cette  évolation 
parait  plutôt  deToir  être  reconstitaée,  ainsi  cjne  Marsh  Ta  indiqué 
depuis  longtemps,  par  fintermédiaire  de  V^nhippus  et  du  Meso- 
hippas  américains. 

La  distribution  géologique  comparée  des  dirers  t3rpes  de  la 
famille  des  Hyracothôidés  en  Europe  et  dans  l'Amérique  du  Nord 
ae  trouTe  résumée  dans  Le  tableau  suiTanI  : 


dm  Nord 


Étages 


MOTXIf 


Laphiotheriam  Gerr. 

PropalmothmriMun  Gerr. 
Fmehjrmolopka»  PomeL 

Propmekrw^Ufpku»  Lem. 
Hjrrme€Uh£rimm  Ow. 


Epikippmê  liarsh. 
OrohippmM  Mmnh. 

FroiorohippmM  Wortm. 
Eokippm»  Mmnh. 


Uinter 
Bridger 

Wind- 
Rivcr 

WaMieh 


n  est  remarquable  que  révolution  du  groupe  est  sensiblement 
parallèle,  mais  non  tout-à-fait  identique  dans  les  deux  mondes. 
I^es  types  américains  Tiennent  firéquemment  s  intercaler  entre  les 
types  génériques  européens,  de  manière  à  graduer  encore  mieux 
les  transitions  insensibles  entre  tous  ces  animaux  :  ainsi  VEohippus 
de  Marsh  vient  combler  l'intervalle  entre  VHjnracotherium  et  le 
Paehynolophns  ;  le  Protorohippus  de  M.  A^'^ortman  n*est  qu'un 
Prapalœotherium  à  caractères  encore  peu  accentués  ;  VOrohippus 
montre  le  passage  des  types  hétérodontes  de  TEocène  inférieur  et 
moyen  aux  types  homœadontes  de  TEocène  supérieur  d^urope 
(Lophioiherium)  et  d'Amérique  (EjÂhippus).  La  série  combinée  des 
deux  continents  est  Tune  des  plus  continues  que  Ton  puisse  recon- 
naître dans  le  monde  des  Ongulés  tertiaires. 

Quant  à  l'évolution  générale  du  groupe,  et  bien  qu'il  soit  néces- 
saire d'être  très  prudent  en  ce  qui  concerne  l'indication  des 
filiations  directes,  je  suis  disposé  dans  l'état  actuel  de  nos  con- 
naissances  à  la  concevoir  de  la  manière  suivante  : 


igoi 


DB    LA   FAMILLE   DES    HYRACOTHERIDES 


$223 


EOCÈNB 
MOYEN 


AcTUBi.         I       Equidés 


MiOGÉNB 

ougogànb 

BocAnb 
supéribur 


RAMEAUX    ÉTEINT» 


I  Anchitherium 

I 
I    Mesohippas 

I 

Epihippus 


Lophio  therium 


Anchilophua 


PaUeo  therium 


Paloplotherium 

I 
Propalœo  therium 

I 
Protorohippas 


Pachjrnolophus 


EocÉNB 
nvpiRoiUR 


Propachynolophua  (Eohippus) 


Uyraco  therium 


EXPUCATION  DES  PLANCHES  IV   ET   V 


Planche  IV 


Pig.  I.   '  HyracotherUun  leporinum  Owen.  D'après  an  moulage  du  crâne 
rovenant  de  Targile  de  Londres  à  Heme-Bay.  ligaré  par  Owen  (Geo2.  Mag., 

,  pi.  X,  tlg.  a)  et  conservé  au  British  Muséum. 
Palais  montrant  à  gauche  les  3  M,  £i)  £l  et  les  deux  alvéoles  de  jq^  ;  à 
roi  te  m^,  mj,  £^,  £^  et  p'. 

Figure  grossie  d*an  cinquième.  Longueur  réelle  des  3  M,  o,oa4  ;  des  trois 
«mières  prémolaires,  o,oao. 
Pig.  a.  —  Pro/>atool/iff/*iiim/iarptt/amLaurillard  sp.  Sidérolitbique  Eocène 
^«  Lissieu  (Rhône). 

Série  des  molaires  supérieures  gauches  (3  M,  4  P)  formée  à  l'aide  de  dents 
trouvées  isolément. 

Pignre  grossie  d'environ  un  quart.  Longueur  réelle  des  sept  molaires,  o,o58. 
Fig.  3.  —  Propalmotherium  parçulum  Laur.  sp.  Sidérolitbique.  Eocène  de 
Lissieu. 


HfÀ^  FORMES  BUROPÉBNNES   DES  HYRA.GOTHÉRIDS8  4  ^^ATS 

Série  des  molaires  inférieure^  (3  M,  4  P)  4a  même  animal  et  du  même 
gisement. 

Figure  grossie  d'an  quart.  Longueur  réelle,  0^066. 

Pig.  4*  —  Lophiotherium  cervulum  Gervais.  Eocène  supérieur  de  Sainl- 
Hippolyte-de-€aton  (Gard). 

Partie  de  maxillaire  montrant  les  3  M  et  les  deux  dernières  P  (p^,  ^  ). 
Dans  cet  individu,  2^  est  molariforme,  mais  g^  n*a  qu'un  seul  denticule 
interne  formé  par  la  soudure  des  deux  denticules  normaux. 

Figure  grossie  d*un  quart.  Longueur  réelle  des  six  molaires,  o,o43. 

Fig.  5.  —  Lophiotherinm  cervulwn  Gervais.  Même  gisement.  Maxillaire 
droit  avec  la  série  des  sept  molaires  (3  M.  4  ^)  séparées  de  la  canine  par  une 
longue  barre. 

Dans  ce  spécimen  p^  est  (comme  j^*  et  p^)  molariforme,  avec  deux  denti- 
cules internes  étroitement  accolés  ;  p^  allongé  montre  aussi  deux  denticules 
internes. 

Figure  grossie  d'environ  un  quart.  Longueur  réelle  des  sept  molaires,  o,o46« 

Fig.  6.  —  fA}phiotherium  cervalum  Gerv.  Même  gisement . 

Branche  droite  de  mandibule  avec  la  série  des  sept  molaires  (3  M,  4  P)  ; 
p'  est  submolariforme.  « 

Figure  grossie  d*un  quart.  Longueur  réelle  des  sept  molaires,  o,o44* 


Planchb  V 

Fig.  I.  —  Pachynolophus  Duvali  Poniel.  Crâne  provenant  des  grès  éocènes 
du  Minervois  (Hérault). 

La  pièce  montre  à  gauche  la  série  des  six  molaires  (3  M,  3P)  ;  il  n*y  a  pas 
de  jgi^;  à  droite  mf  et  m^  ;  la  canine  est  séparée  de  p|[  par  une  longue  barre. 

Figure  légèrement  grossie.  Longueur  réelle  du  crâne  du  bord  incisif  au 
bord  postérieur  du  trou  occipital.  o,i3  ;  longueur  de  la  série  des  six 
molaires,  o,o4a. 

Fig  a.  —  Pachynolophus  Prevosii  Gervais.  Calcaire  grossier  supérieur  de 
Nanterre  :  Typb  de  l'espèce,  tij^uré  par  Gervais  (ZooL  et  paléont.  fronçât 
pi.  35,  fig   16).  (Coll.  Mus.  Paris) 

Arrière-molaire  supérieure  probablement  m*. 

Figure  grossie  d*un  quart.  Dimensions  réelles  :  longueur,  0,009  «  Ivgeur 
en  avant,  0,011. 

Fig.  3.  —  Pachj'nolophua  Prevosti  Gervais.  Calcaire  grossier  supérieur  de 
Gentilly  (Coll.  Mus.  Paris) 

Maxillaire  supérieur  gauche  avec  les  3  M  et  les  deux  dernières  P  (p^  et  p*). 

Figure  grossie  d*un  quart.  Longueur  réelle  des  cinq  molaires,  o,o43. 

Fig.  4.  —  Pachynolophus  Duvali  Pomel.  Calcaire  grossier  supérieur  de 
Passy  (Coll.  Mus.  Paris).  Type  du  genre  et  de  l'espèce. 

Trois  dents  isolées,  les  seules  actuellement  existantes  de  la  série  des  six 
molaires  figurées  par  Blain ville  et  Gervais  (ZooL  et  paléont  fr,,  pi.  17,  Ûg.  i) 
et  qui  sont  le  type  du  genre  Pachynolophus  Pomel. 

Les  figures  représentent  deux  arrière-molaires.  Tune  droite,  l'autre  gauche 
(m*  probablement)  et  la  dernière  prémolaire  p^. 

Figure  grossie  d'un  quart.  Dimensions  réelles  de  m^  :  longueur,  0,008  ; 
largeur  en  avant,  0,010. 


iCfil       EXlSnSNCE  DU  DEVONIBN  MOYEN  DANS  L*ILLE-ET-VILAINE       2q5 

Fig.  5.  —  Pachynolophna  DuvaU  Pomel.  Calcaire  grosHier  supérieur  de 
^assy  (Coll.  Mus.  Paris).  L'un  des  typbs  du  gbnrb  et  db  l'bspâgb. 

Trois  arrières-molaires  inférieures  droites  séparées,  me  paraissant  être  les 
j^aièmes  que  celles  ligurées  par  Blainville  sous  le  nom  d^ Hyracotherium  de 
^assy  {Ostéogr.y  g,  Lophiodon^  pi.  II). 

Figure  grossie  d*un  quart.  Longueur  réelle  des  trois  molaires,  o,os85 . 


SUR 
'EXISTENCE  DU  DÉVONIEN  MOYEN  DANS  LILLE-ET- VILAINE 

par  M.  P.  LEBE8CONTE 

Dans  la  séance  de  la  Société  géologique  de  France  du  3  décem- 

1900,  M.  Kerfome  me  conteste  la  priorité  du  niveau  à  Phacops 

^tieri  dans  Tllle-et- Vilaine.  J*ai  d'autant  lieu  de  m*étonner  que 

os  sommes  tous  deux  d'accord  pour  rapporter  cette  priorité  à 

•arie  Rouault,  le  géologue  breton.  C*est  lui  en  eflet  qui,  en  i853, 

découvert  à  Gahai*d  (lUe-et-Vilaine),  ce  niveau  que  M.  Kerfome 

sperçu  en  1898  au  musée  géologique  de  Rennes. 

C'est  aussi  M.  Barrois  qui,  le  premier  en  1894»  a  trouvé  le  même 

L^eau  avec  Goniatites  à  Izé  (lUe-et-Vilaine).    Ma  communica- 

on  *  à  la  Société  avait  pour  but  de  signaler  la  découverte  que 

i^sfc^vais  faite  sur  plusieurs  points  de  Gahard  et  de  Saint- Aubin- 

A'Aubigné  de  Tétage  à  Anarcestes  lateseptatus  Beyr.,  représenté 

pas*  une  douzaine  d'échantillons  de  cette  Goniatite  avec  Phacops 

ï^Giieri  et  la  série  la  plus  belle  et  la  mieu3^  conservée  de  fossiles. 

l^*îiQportance    des  niveaux    pélagiques  à  Céphalopodes  pour  le 

classement  des  étages  m*a  paru  suffisante  pour  motiver  cette  note. 

^  faciès  pélagique  qui  y  est  décrit  est  parallèle  aux  calcaires  à 

Phacops  Potieri  de  Sablé,  décrits  par  M.  Œhlert  ^. 

1*  L.BBBscoifTE.  Sur  Texistence  du  Dévonien  moyen  dans  riUe-et- Vilaine . 
^  S.  G  F.,  (3),  XXVni,  1900. 
^.  CEhlbrt.  C'R.  Ac,  Se,  ai  février  1887. 


5  Septembre  1901.  —  T.  i^r.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  i5 


Séance  du   18   Mars   t90t 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.   GAREZ,    PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil.  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  une  nouvelle  présentation. 

M.  Field,  de  Zuricb  (Suisse),  donne  quelques  renseignements 
sur  les  travaux  du  Concilium  Bibliographicum,  institution  biblio- 
graphique fondée  avec  Tappui  du  gouvernement  suisse,  à  la  suite 
d'un  vote  du  Congrès  international  de  zoologie. 

Le  but  de  cette  œuvre  est  de  créer  un  centre  unique  et  interna- 
tional pour  i*ecueillir  la  bibliographie  courante  de  certaines  sciences 
et  de  donner  des  renseignements  aux  savants.  On  veut  même 
•  .  substituer  entièrement  aux  recherches  bibliographiques  person- 
nelles, toujours  longues  et  laborieuses,  une  organisation  bibliogra- 
phique collective  et  permanente.  Pour  prendre  l'exemple  de  la 
paléontologie,  chaque  travail  qui  arrive  au  Concilium  est  dépouillé 
avec  beaucoup  de  soin  pour  être  enregistré  sur  plusieurs  fiches 
selon  les  matières  traitées.  Ainsi,  un  travail  récent  de  M.  Traquair 
sur  les  Poissons  carbonifères  du  Comté  de  File  (Ecosse)  a  donné 
lieu  à  quatre  fiches  imprimées,  savoir  :  l'indication  du  travail  dans 
le  catalogue  par  nom  d'auteur  ;  une  seconde  fiche  sous  la  rubrique 
Poissons  ;  une  troisième  sons  la  rubrique  Carbonifère,  et  une  qua- 
trième au  Comté  de  Fife,  dans  la  partie  géographique.  Le  Conci- 
lium possède,  en  outr^,  un  catalogue  manuscrit  dans  lequel  on 
enregistre  tous  les  espèces  et  genres  nouveaux.  L'ouvrage  de 
M.  Traquair  donne  la  description  de  quatre  espèces  nouvelles  et 
de  deux  nouveaux  genres  :  Cœlacanthopsis  et  Eucentrurus.  Il  fau- 
drait par  conséquent  établir  six  fiches  manuscrites  supplémentaires 
pour  bien  indexer  ce  travail.  Toute  personne  peut  faire  venir 
l'ensemble  des  fiches  sur  la  paléontologie  ou  sur  n'importe  quelle 
question,  comme  :  Faune  de  la  Haute-Garonne,  Faune  éocénique, 
ou  bien  fiches  sur  les  Hippurites,  les  Trilobites  ou  n'importe  quel 
autre  groupe  du  règne  animal. 

En  terminant,  M.  Field  fait  appel  aux  paléontologistes  pour 
qu'ils  envoient  leurs  publications  au  siège  central  [Concilium 
Bibliographicum,  Zurich  V*^  (Suisse)]  afin  de  faciliter  les  travaux 
de  dépouillement. 


SKAJfCB   OU    l8   MARS    I9OI  aa'J 

M.  A.  Toucas  présente  la  deuxième  partie  de  sa  note  Sur  révo- 
lution des  Hippuriies. 

Deuxième  branche.  —  Hippurites  a  pores  polygonaux. 

Ce  n'est  que  dans  TAngoumien  supérieur,   avec  VHippuvites 

rossouçrei  Douvillé,    que    l'on    voit    apparaître    la   première 

«orme  à  pores  franchement  polygonaux.  Cette  deuxième  branche 

'aurait  donc  pas  eu  de  représentant  dans  TAngoumien  moyen, 

u  moment  de  Tapparition  des  premiers  Hippurites.   11  en  résuite 

ue  l'origine  probable  des  pores  serait  plutôt  la  forme  linéaire, 

'\ec   YHippurites   Requieni    Matheron,    comme  type    ancestral. 

^Hippurites  resecius  Defrance,  avec  ses  pores  arrondis  et  linéai- 

se  rapproche  en  effet  beaucoup  plus  des  Hippurites  à  pores 

£  xiéaires  que  des  Hippurites  à  pores  polygonaux  et   peut  être 

r^3nsidéré    comme   une    variété    de   VHipp,    Requieni,   à    valve 

-supérieure  pustuleuse  et  à  valve  inférieure  fortement  costulée. 

Dans  cette  hypothèse,  les  pores,  rétrécis  à  l'origine,  se  seraient 
S  'Surgis  peu  à  peu  de  manière  à  former  en  premier  lieu  les  pores 
ticulés,  qui  se  seraient  eux-mêmes  transformés  plus  tard  en  pores 
lygonaox  par  suite  de  la  disparition  des  denticules. 
Ainsi  s'expliqueraient  la  présence  simultanée  des  Hippurites 
uieni  et  Hipp.  reseclus  dans  les  bancs  les  plus  anciens  de  T  An- 
imiien  moyen,  la  brusque  apparition  dans  ces  mêmes  couches 
premières  formes  à  pores  réticulés,  avec  leurs  pores,  encore 
s  petits  et  un  peu  allongés,  et  enûn  l'arrivée  plus  tardive  dans 
V^^^jigoumien  supérieur  des  formes  à  pores  franchement  polygo- 

Mja  deuxième  branche  des  Hippurites  à  pores  polygonaux  a  formé 
groupes  ayant  apparu  successivement  : 

I*  Groupe  de  VHipp.  «n/ca<ii«  Defrance  ; 

a*         —  VHipp .  Toiicasi  d*Orbigny  ; 

3*         —  VHipp.  variabilis  Munier-Chalmas. 

Ces  trois  groupes  ont  naturellement  pour  type  primiiii  Y  Hipp , 

Grououvrei^  avec  arête  cardinale  tronquée  et  les  deux  piliers 

x^trécis  à  la  base,  caractères  distinctifs  des  formes  primitives  du 

Çï^upe  de  VHipp.  giganteus^  ce  qui  ferait  supposer  que  les  Hippu- 

^tes  à  pores  polygonaux  ont  pour  origine  VHipp,  inferus  ou  VHipp, 

S^gfuUeus,  forme  ancienne. 

1^  groupe  de  VHipp,  suicatus  se  distingue  des  deux  autres  par 
^n  arête  cardinale  constamment  très  saillante  et  le  plus  souvent 
^uielliforme,  surtout  dans  le  sous-groupe  de  VHipp.  cornuvacci- 
'"*"*  (formes  spéciales  à  la  Province  orientale)  ;  en  outre,  la  tron- 
cature de  l'arête  cardinale  subsiste  jusque  dans  les  formes  les  plus 


aj8  SEANCE   DU    l8   MARS    I9OI 

récentes.  Dans  ce  groupe,  révolotion  est  moins  accentaée,  elle  se 
fait  plutôt  dans  le  sens  du  développement  de  l'arête  cardinale, 
tandis  que  dans  les  deux  autres  groupes  Tarète  cardinale,  toujours 
triangulaire,  perd  assez  rapidement  sa  troncature  et  s*atix)phie  peu 
à  peu,  au  point  de  ne  présenter  d^abord  plus  qu'un  simple  bourrelet 
et  disparait  même  dans  les  formes  les  plus  récentes. 

Dans  le  groupe  de  VHipp,  (^ariabilis,  les  pores  sont  encore  plus 
simples  et  toujours  disposés  en  rangées  régulières  ;  les  piliers  sont 
très  peu  développés  et  sensiblement  égaux. 

Le  premier  groupe  comprend  dans  Tordre  de  révolution  : 

Hipp.  Grossoavreif  dans  PAngouiuien  supérieur. 

—  GandrW  Mun.-Chalmas,  1      ,  ,     ^     .     .  .    ^, 

—  cornoPocciaum  Bronn.,  "**"*  '*.  Con.acien  et  probable- 

—  CAapert  DouviUé,  I        ment  le  Santomen. 

—  sulcatus  Defrance,  i     dans  le  Santonien  supérieur  et  le 

—  Chalmasi  Douviiié,  \        Campanien  inférieur. 

—  Archiaci  Mun.-Ghalmas,  dans  le  Campanien. 

Dans  les  environs  de  Gosau,  VHipp.  Grossouvrei  parait  être 
remplacé  par  une  variété  à  arête  cardinale  moins  saillante,  que 
M.  Douvillé  a  désignée  sous  le  nom  d'Hipp.  prœsulcatus. 

VHipp,  Chaperi  est  la  seule  forme  de  ce  groupe  à  arête  cardi- 
nale arrondie. 

Le  deuxième  groupe  n'a  apparu  qu  au  commencement  du  Gonia- 
cien  ;  on  y  distingue  : 

Hipp.  sp.   nov.,   forme  ancienne      1 
de  VHipp.  Toucaai  d'Orb.      / 

—  sp:nov.,   forme    ancienne      )    dans  le  Coniacien. 

de  VHipp,  Careaj Douvillé      \ 

~      Carezi  Doux,,  \    dans  le  Santonien. 

—  sulcatiasimus  Douv.,  dans  le  Campanien  inférieur. 
8ulcatoide8  Douv.,  dans  le  Campanien  moyen. 

Le  troisième  groupe  commence  seulement  dans  le  Santonien  et 
comprend  : 

Hipp.  Maesirei  Vidal,  j      .         ,    „ 

—  Peroni  DonvUlé,  \    dans  le  Santonien. 

—  variabiUa  Mun.-Chalmas,         *      .         ,    ^ 

—  colliciatua  Woodward,  j    ^^"*  ^®  Campanien. 

—  Lapeiromei  Goldf.,  i  .... 

—  cornucopiœ  Defrance,  }     ^^"^  **^  Maestnchtien. 

—  Caatroi  Vidal,  dans  le  Danien . 


SEANCE   DU    l8  MARS    IQOI  aOQ 


NOTICE  SUR  LE  NOUVEAU  CLASSEMENT 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE 

DE   LA   SOCIÉTÉ   GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE 

La  Bibliothèque  de  la  Société  comprend  trois  catégories  de 
publications,  classées  séparément  :  i»  Les  Ouvrages  complets, 
brochures  et  tirages  à  part  ;  oP  Les  Périodiques,  Revues  et  Collec- 
tions ;  30  Les  Cartes,  coupes  et  planches  diverses. 

Chaque  volume,  brochure  ou  carte  séparée,  est  pourvu  d'une 
cote  numérique  qui  permet  de  retrouver  immédiatement  sa  place 
sur  les  rayons.  En  conséquence,  lorsqu'on  cherche  un  document, 
la  première  chose  à  faire  est  de  consulter  le  Catalogue  sur  ûches, 
établi  :  V  pour  les  Ouvrages,  par  ordre  alphabétique  des  noms 
d*autenrs;  o9  pour  les  Recueils,  par  ordre  alphabétique  des  pays  de 
publication,  et,  dans  chaque  pays,  par  ordre  alphabétique  des 
titres  ;  3^  pour  les  Cartes,  par  ordre  géographique-alphabétique. 
Ce  Catalogue  est  contenu  dans  un  meuble  spécial,  placé  au  milieu 
de  la  salle  de  lecture,  en  entrant,  à  gauche.  Chaque  fiche  renvoie 
à  un  numéro,  qui  est  reproduit  sur  une  pastille  collée  au  dos  du 
volume  correspondant  (au-dessus  du  titre,  pour  les  brochures),  ou, 
s'il  s'agit  d'une  carte,  inscrit  sur  ce  document. 

I®  Les  Ouvrages,  brochures  ou  tirages  à  part  sont  groupés  en 
quatre  formats,  ayant  chacun  une  numérotation  distincte  : 

Petit  format  :  jusqu'à  o  m.  25  (in-3a.  in-18,  in-12,  petit  in-S")  ; 

Moyen  format  :  de  o  m.  26  à  o  m.  35  (gr.  in-8»,  in-4")  ; 

Grand  format  :  de  o  m.  35  à  o  m.  5o  (in-folio)  ; 

Très  grand  format  :  au-dessus  de  o  m.  5o  (gr.  in-folio,  inplano). 

On  n'a  pas  cherché  à  faire  un  classement,  soit  par  oi'dre  métho- 
dique, soit  par  ordre  alphabétique  des  noms  d'auteurs,  disposi- 
tions qui  entraînent  d'incessants  remaniements.  Toutefois,  afin  de 
modifier  le  moins  possible  l'état  de  choses  qui  existait  précédem- 
ment, les  volumes  ont  été  places  sur  les  rayons  à  peu  près  dans 
l'ordre  où  ils  se  trouvaient  rue  des  Grands- Augustins  ;  les  nouveaux 
sont  simplement  mis  à  la  suite,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  arrivée. 

Les  divisions  numériques  ont  été  établies  de  manière  à  permettre 
d'intercaler  au  Catalogue  les  accroissements  futurs  de  la  Biblio- 


'j3o  séaxcx  Dr  i8  iiABs  19D1 

th^pi^.  (tendant  an  ^raiHl  nombre  d'années,  sans  modifier  le  niuné- 
rotaiTr  aotaeL  savoir  : 


Poar  Vt  tr»  ip«Bd  format  :  de  1  à     1  .ooo 

—  rrand        —        Je    i.ooi  à  ao  ood 

—  imoytr.       —        «àe  s».aoi  à  60.000 

—  petit  —        de  6».c«>i  à  

Aa  )r   ircembre  !«»>.  o«^  quatre  g:n>apes  d*Ouvraiges  étaient 
•*^  î^îf^^^ntê^  par  les  numèrvs  suivants  : 


Trr<i  xran>i  format  *  xi  4^.  soit        ^  Oavrages. 

Grand      —  1  a.  :  i     i.i*â.    —         19»  — 

Petit         —        "So  oîî  à  6-  -O-.    —    r  Î3-  — 

ToUl.  .    .        9-99>         — 

L^  placement  des  Ouvrages  sur  les  rayons  est  fait  par  travée. 
dfr  zauehe  à  ilroit»^.  et  r«n  pariant  dVn  bas.  pi^ur  qu'on  n'ait  à  déplacer 
hr  moins  possible  les  livres  lourds  v>u  em^ombrants.  11  nV  a  qu'un 
•^ul  rstn?  de  volunirw.  Au  milieu  de  chaque  travée  est  placée  une 
par:£arte.  portant  le>  numcrv.>>  extrêmes  des  ouvraj^es  qui  y  sont 
d«rpos^.  Le<  brtj«^hures.  dans  le  numeivtage.  ne  sont  pas  séparées 
des  volumes  :  toutefois,  elles  ont  été  réunies  sur  les  rayons  par 
^Troupes,  et  placées  dans  des  cartons  dont  le  dos  porte  les  numéros 
correspondants . 

a-  Les  Pt^riodiques.  Revues  et  Collections  sont  gn^upés,  comme 
les  (Ju vraies,  d'après  le  format  ;  les  divisions  numériques  sont  les 
mêmes,  mai-i  la  cote  est  p^récêdèe  de  la  lettre  P. 

Actuellement,  le  très  grand  format  n'est  |>as  représenté  :  il  reste, 
pour  les  trois  autres  catégories  : 

Grand  format  :     F  i.ooi  à     P  1  i^  «      5  Recueils. 
Moyen      —  P  ao.ooi  à  P  jo.i^  —  i38        — 

Petit  —  P  60. OUI  à  r  60.570  —  570         — 

Total 713         — 

Chaque  numéro,  coi  respondant  à  un  périodique  donné,  s'applique 
souvent  à  un  grand  nombre  de  volumes,  dont  la  tomaison  ou  la 
date  permettent  de  trouver  facilement  la  place. 

En  principe,  le  rangement  des  volumes  sur  les  rayons  a  été  fait 
par  ordre  géograpliique  (pays  de  publication).  c'est-â-dii*e,  en 
somme,  par  langues,  comme  dans  Tancicn  local.  Toutefois,  la 
totalité  des  Périodiques  n'ayant  pu  ti'ouver  place  dans  la  grande 
salle  dil«f  [lentagonalc  (à  gauche  du  corridor  dVntive).  —  salle  qui 
«tfrrt  en  même  temps  de  magasin  pour  les  publications  mises  en 


I 


dÉANGR  DU    l8  MARS    I9OI  a3l 

ente  par  la  Société,  —  un  certain  nombre  de  Recneils  français, 
Dglais  et  allemands,  choisis  parmi  cenx  qui  sont  le  plus  fréquem- 
lent  consultés,  ont  été  reportés  dans  la  salle  de  lecture,  où  ils 
ccupent  les  rayons  placés  soit  dans  les  intervalles  et  au-dessus 
es  fenêtres,  soit  aux  murs  de  droite  et  de  gauche  (petits  côtés  de 
I  salle).  Pour  les  collections  dont  l'origine  est  très  ancienne,  on 
est  contenté  de  déplacer  les  volumes  qui  correspondent  aux 
infpt  dernières  années.  Cette  disposition  est  provisoire  ;  on  peut 
ipérer  qu*elle  sera  modifiée  dans  un  avenir  plus  ou  moins  long. 
n  attendant,  une  liste  complète  des  Recueils  qui  se  trouvent,  en 
lat  ou  en  partie,  dans  la  salle  de  lecture,  est  affichée  sur  un 
urton,  placé  contre  le  meuble  renfermant  le  Catalogue.  Parmi  ces 
ériodiques,  on  peut  citer,  outre  les  publications  de  la  Société  et 
illes  des  divers  Congrès  internationaux  : 

Pour  la  France,  les  Annales  des  Mines,  de  Géographie,  des 
ciences  géologiques,  de  la  Société  géologique  du  Nord;  V An- 
aaire  géologique  universel;  V Anthropologie  ;  les  Archives  et  le 
'ulletin  du  Muséum  d'Histoire  Naturelle  ;  les  volumes  de  VAsso- 
'Mtion  française  ;  les  Bulletins  du  Service  de  la  Carte  géologique 
t  ceux  des  principales  Sociétés  savantes  de  Paris  :  les  Comptes 
tendus  de  l'Académie  des  Sciences  ;  la  Nature, 

Pour  r Allemagne,  le  Neues  Jahrbuch  fur  Minéralogie,  la 
^eitschrifï  der  deutschen  geologischen  Gesellschaft  et  les  publi- 
^tions  du  Service  de  la  Carte  géologique  de  Prusse. 

Pour  l'Autriche,  le  Jahrbuch  et  les  Verhandlungen  de  la  Geolo- 
'ische  Reichsanstalt  et  les  Sitzungsberichte  de  rAcadémie  de 
^ienne. 

Pour  la  Grande-Bretagne,  les  catalogues  du  British  Muséum,  le 
reological  Magazine,  les  publications  des  Services  géologiques 
e  l'Angleterre,  du  Canada,  de  TEcosse,  de  Tlnde,  de  l'Irlande  et 
e  la  Nouvelle-Zélande  ;  celles  de  la  Palœontographical  Society, 
'  (^uarterly  Journal  de  la  Société  géologique  de  Londres  et  les 
ccueils  des  autres  Sociétés  géologicjues  du  Royaume-Uni  ;  les 
t>lume8  de  la  British  Association  et  les  Proceedings  de  la  Société 
loyale. 

3*  Les  Cartes,  coupes  et  planches  diverses  imprimées  ou  manus- 
crites, sont  numérotées  sans  séries  distinctes.  Cette  partie  comprend 
cuviron  600  numéros,  placés,  soit  en  face  du  meuble  à  fiches,  pour 
^^  cartes  en  feuilles,  soit  à  l'autre  extrémité  de  la  salle  de  lecture, 

kc&tédela  salle  des  séances,  pour  celles  qui  sont  entoilées  (cartons 

^onaux).  Le  groupement  a  lieu,  autant  que  possible,  par  ordre 

ï^^^gwphique.  La  cote  est  précédée  de  la  lettre  C. 


vtv  «fUicrjR  m:  i^  mars  1901 

llMfie  f-lwtifiM  ilm  ctit^g(*nes  précédentes,  tons  les  artieles  qui 
iifil  ^1*  fl^ftlw^  Miiil  rrpr^tacnlés  par  an  fantùme.  c'esl-à-dire  par 
tu»"  l'i'lllc  |iliiiii'ti(ril(;tMiiHKur laquelle  estinscTÎt  leniunâro  correa- 
\MH<\Mi\.  nvfc  itinilidii  (le  l'endroit  où  se  trouve  l'onvra^. 

Vo'^l'l"''"  '•■ivniK'*'*  '1'*  rtTC-reuce  (Catalc^nes,  Dictionnaires, 
Trull'-a,  "ti',),  ont  f-Xii  n^uniH  à  l'entrée  de  la  salle  de  lecture,  où  ils 
itri-ii|ii<iit  une  |>iulii*  deH  travées  i  et  3. 

IIii  ItrgiHtiw-Iiivmitnire,  comprenaDt  actueUemoit  quatre  toIu- 
iiiKH,  i|itiiiii>  ]<■  diHail  de  ttnis  les  Ouvrages  à  part  ou  brochures  qae 
|iiiiittfcli>  tu  SodiHé,  dittiH  l'ordre  des  numéros  :  on  y  trouve  l'indica- 
liiiii,  piiiir  <'liui|ti()  arliclu,  du  nom  de  l'auteur,  du  titre  de  l'ouvrage, 
du  llt'ii  t-t  df  In  ilutt^  dr  pniiiication.  du  format,  du  nombre  de 
voliuiii'ti,  de  lu  M'itun*  l't  de  la  date  d'entrée.  Il  n'y  a  pas  d'inven- 
tiilrt'  Hiinlit|iut'  ptmi*  les  IVrîodiques. 

!.«>  l'IiiHwiiu'ul  Pl  le  rangeiiit'nt  de  ta  Bibliothèque  ont  été  faits 
|)Hr  lo<  ntùiiH  do  M.  .\.  Muiiv,  Bibliothécaire  à  la  Sorbonne. 


'i>ur  U  CoMiubsiun  dea  Archives  et  de  la  Bibliothèque  : 
Kinm.  de  Marobrib. 


FOSSILES    DÉVONIENS    DE    SANTA-LUCIA 

(PROVINCE    DE    LÉON,     ESPAGNE) 
par  M.   D.-P.  ŒHLERT 

(DEUXIÈME      PARTIE)  » 
(Planche  Yl). 

Spirifer  Boulki,  nov.  sp. 
(PI.  VI,  fig.  I). 

Coquille  de  grande  taille,  transverse,  peu  renflée,  avec  un 
pli  médian  et  un  sinus  médiocrement  accusés,  couverte,  sur 
toute  sa  surface,  de  côtes  rayonnantes  arrondies,  régulières  sur 
les  parties  latérales  où  elles  sont  au  nombre  de  la  à  i3  de  chaque 
côté  ;  elles  sont  toujours  simples,  sauf  au  voisinage  du  sinus  et  du 
bourrelet  ou  parfois  on  en  compte  deux  ou  trois  qui,  chez  les 
individus  âgés,  se  dichotomisent  près  du  bord  frontal. 

Le  sinus,  assez  large  et  peu  profond,  est  également  couvert  de 
côtes  rayonnantes,  mais  celles-ci  sont  très  inégales,  irrégulière- 
ment espacées,  et  dichotomes  ;  on  en  compte  6  à  8  dont  les  deux 
médianes,  un  peu  écartées  Tune  de  l'autre,  laissent  entre  elles 
une  sorte  de  méplat  formant  le  fond  du  sinus,  et  sur  lequel  appa- 
raissent quelques  côtes  secondaires,  visibles  seulement  près  du 
bord  frontal  chez  les  individus  de  grande  taille.  Le  bourrelet, 
peu  accusé,  est  un  peu  aplati  au  sommet  ;  les  côtes  qui  le  cou- 
vrent sont  réunies  entre  elles  à  la  partie  postérieure  et  indistinctes 
les  unes  des  autres  :  elles  s'individualisent  et  deviennent  assez 
apparentes  le  long  de  leur  parcours.  —  L'aréa  ventrale,  nettement 
délimitée,  est  beaucoup  plus  élevée  que  Taréa  dorsale  qui  est 
linéaire  ;  elle  est  convexe  et  renversée,  de  façon  à  faire  presque 
un  angle  droit  avec  le  plan  des  valves.  Le  crochet  ventral,  peu 
développé  et  peu  recourbé,  s  élève  faiblement  au-dessus  de  Taréa. 
Le  sommet  dorsal,  droit,  dépasse  à  peine  la  ligne  cardinale  : 
Tumbo  dorsal  est  peu  renflé,  presque  aplati. 

1.  La  première  partie  de  ce  travail  a  été  publié  dans  le  B,  S,  G.  F.,  (3), 
XXIV,  p.  8i4,  pi.  XXVI-XXVUI. 


234  ^-'^'  ncHLERT  i8  Mars 

Cette  espèce  appartient  évidemment  au  groupe  de  Sp.  Bischofi 
Roemer  *  ;  elle  en  diffère  principalement  par  le  nombre  et  le  mode 
de  distribution  des  plis,  principalement  dans  le  sinus  et  sur  le 
bourrelet;  les  mêmes  caractères  séparent  aussi  cette  forme  de 
Sp,  Dalendensis  Steininger. 

Dans  Sp.  Jouberti  -  du  Dévonien  inférieur  de  Touest  de  la 
Finance,  les  côtes  sont  anguleuses,  saillantes,  et  plus  nombreuses 
par  suite  de  leur  dichotoniisation,  caractère  qui  existe  aussi  sur 
les  côtes  du  sinus  et  du  bourrelet.  Il  n  existe  pas  de  méplat  au 
milieu  du  sinus  dont  la  pairie  médiane  est  occupée  par  une  côte 
assez  forte,  qu'accompagne  de  chaque  côté  une  côte  unique.  Sur  le 
bourrelet  dorsal  les  côtes  sont  très  nettement  dichotomes  et 
nombreuses. 

Sp.  Boulei  occupe  en  Espagne  un  niveau  supérieur  à  ceux  de 
Sp.  BiHchofi  et  Sp.  Jonberti. 

Dans  le  Solioharie  grit  et  le  Corniferous  sandstone  d'Amérique, 
on  trouve  une  espèce,  S.  Grieri  Hall,  qui  se  rapproche  de  celle-ci 
par  son  mode  de  plissement,  mais  qui  s'en  distingue  toutefois 
facilement  par  le  nombre  moins  considérable  et  la  forme  plus 
arrondie  de  ses  côtes.  De  plus,  le  crochet  ventral  et  le  sommet 
dorsal  sont  beaucoup  plus  élevés,  plus  recourbés,  et  surtout  plus 
rapprochés  Tun  de  l'autre  que  dans  notre  espèce,  par  suite  de  la 
position  de  l'aréa  qui,  au  lieu  de  faire  presque  un  angle  droit  avec 
la  ligne  de  commissure  des  valves,  se  trouve  au  contraire  à  peu 
près  dans  la  p]ace<de  celle-ci. 

Nous  signalerons  encore,  comme  cai'actères  différentiels,  la  plus 
grande  profondeur  du  sinus  du  S.  Grieri  et  le  i*enflement  remar- 
quable de  la  partie  umbonale  de  sa  valve  dorsale. 

Spiriker  Pellicoi  de  Vemeuil  ' 

(B.  S.  O.  F.  (3),  XXIV,  pi.  XXVm,  iig.  a5  à  27) 

De  Vemeuil  a  désigné  sous  ce  nom  une  espèce  trouvée  dans  les 
couches   les   plus  récentes   du   Dévonien   inférieur  (calcaire  de 

1.  Si  Ton  compare  les  figures  données  par  Kayser  (1878.  Fanna  Dev.  d. 
Uarz.  pi.  24,  tig.  4,  et  pi.  26,  fig.  23-a4)  avec  celle  qui  existe  dans  rou\Tage 
de  Giehel  (1808.  Silur.  d.  Unterfiarz,  pi.  4,  lig.  3)  et  qui  doit  être  considérée 
comme  le  type,  on  remarque  qu'il  existe  certaines  différences. 

2.  ŒuLKiiT,  1879.  Dévon.  de  la  Sarthe.  B.  S.  G.  F.,  (3),  VII.  p.  709,  pi.  XIV, 
tig.  5. 

3.  Nous  renvoyons  pour  la  biographie  de  celte  espèce  et  des  formes 
atrincs,  au  travail  si  complet  de  M.  liéclard,  1895.  Les  Spirifères  du 
Coblenzien  Belge,   p.  199-219.   Bdi    ^oc.   Belge   Oéolo^.,    t.  IX.  Mémoires. 


igOl        '  FOSSILES   DÉVONIENS    DE    SANTA-LUCIA  a35 

FeiTones),  caractérisée  par  sa  forme  très  transverse,  ses  côtes 
nombreuses,  et  qui  possède  un  pli  au  milieu  du  sinus  médian.  L'au- 
teur ne  la  compare  qu'incidemment  au  Spirifer  macropterus 
Goldf.  (=  S,  paradoxus  Scldot.),  parce  qu'à  cette  époque  cette 
dernière  forme  n'était  connue  que  d'après  des  moules  internes 
très  imparfaits.  Depuis,  Schnur  et  Rœmer,  ont  figuré  des  spéci- 
mens mieux  conservés,  quelques-uns  pourvus  de  leur  test  rappe- 
lant par  leur  aspect  général  le  Sp.  Pellicoi,  mais  ne  possédant 
pas  le  pli  unique  du  sinus  médian,  caractère  différentiel  de  ces 
deux  formes.  Dans  un  récent  travail,  M.  Béclard  a  figuré  des 
moules  internes  de  Spirifères  coblenziens  belges,  très  transverses, 
et  ayant  un  pli  au  fond  du  sinus  ;  il  les  rattache  à  Sp, paradoxus,  et 
admet  ainsi  entre  cette  espèce  et  Sp,  Pellicoi  une  identité  absolue, 
qui  d'ailleurs  avait  été  déjà  signalée  par  de  Koninck  et  Barrois. 
M.  Béclard  réunit  au  type  de  Schlotheim,  Sp,  paradoxus^  les  Sp. 
Hercjrniœ,  dunensis,  macropterus,  speciosus  pro  parte,  phalœna 
groupant  ainsi  sous  un  même  nom  toutes  les  formes  très  transver- 
ses, à  plis  nombreux,  avec  ou  sans  côte  médiane  au  fond  du  sinus, 
car  ce  caractère  n'est,  dit-il,  «  pas  toujours  apparent  et  disparait 
même  complètement  sur  les  moules  internes  ». 

Les  preuves  qu'il  donne  montrent  évidemment  combien  la 
plupart  de  ces  formes  sont  étroitement  unies,  mais  elles  ne  nous 
ont  pas  apporté  la  conviction  absolue  que  toutes  celles-ci  doivent 
être  désignées  sous  un  même  nom  spécifique,  d'autant  plus  que 
dans  beaucoup  de  spécimens  figurés,  le  contour  et  l'aspect  général 
sont  souvent  dissimulés  par  des  phénomènes  de  compression, 
et  que  souvent  lej^  côtes  ne  paraissent  pas  toujours  être  de  même 
nature  ;  quant  aux  caractères  tirés  des  moules  internes,  ils  nous 
semblent  plutôt  d'ordre  de  groupe,  que  d'ordre  spécifique,  car 
on  les  retrouve  très  analogues  chez  des  espèces  dillerentes  d'un 
même  groupe. 

En  tous  cas,  en  admettant  que  la  réunion  de  Sp.  Pellicoi  et 
de  Sp.  paradoxus,  puisse  être  faite  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance, nous  conservons,  tout  au  moins  provisoirement,  le  nom 
de  Pellicoi  pour  la  forme  d'Espagne,  qui,  dans  cette  région 
comme  dans  l'ouest  de  la  France,  occupe  un  niveau  spécial  (cal- 
caire de  Ferrones  et  d'Arnao)  (calcaire  d'Erbray,  grauwacke 
de  Hierges)  plus  élevé  que  celui  où  Ton  trouve  Sp.  pai'adoxiis 
proprement  dit. 

C'est  pour  nous  une  occasion  d'insister  sur  la  valeur  du  travail 
de  M.  Béclard  ;  l'érudition  dont  il  a  fait  preuve  et  le  mode  de 
groupement  des  figures  qui  permet  de  comparer  entre  eux  les 


a36  D.-p.  ŒHLBRT  i8  Mets 

types  des  différents  paléontologistes,  sont  appelés  à  rendre  les 
plus  grands  services;  nons  apprécions  également  l'esprit  de 
synthèse  de  Tauteur,  toutefois  nous  ne  pouvons  le  suivre 
dans  toutes  les  assimilations  auxquelles  il  arrive,  et  nous  ne 
pouvons  accepter  toutes  les  synonymies  qu'il  propose. 

C'est  ainsi,  pour  ne  parler  que  des  espèces  qui  nous  sont  plus 
spécialement  connues  et  que  nous  avons  pu  étudier  d'après  de 
nombreux  spécimens,  qu'il  nous  est  impossible  de  réunir  sous  un 
même  nom  :  Spirifer  hystericus  Schlotheim,  S.  Rousseauiy 
S.  lœçicosta,  S.  Venus,  chacun  d'eux  possédant  des  caractères 
particuliers,  bien  constants,  et  occupant  des  couches  spéciales. 
De  même,  nous  ne  pouvons  considérer  comme  se  rattachant  à 
une  seule  espèce,  Sp.  Daleidensis  Stein.,  tous  les  Spirifëres 
coblenziens  ayant  des  côtes  dichotomes  dans  le  sinus  et  sur  le 
bourrelet,  tandis  que  ceux  chez  lesquels  cette  dichotomisation 
n'existe  pas,   devraient  porter  le  nom  de  Sp.  Trigeri, 

Spirifer  (Reticularia)  Dereimsi,  nov.  sp. 

(PI.  VI,  fig.  a  à  i6) 

Coquille  transverse,  rhomboîdale,  atteignant  son  maximum  de 
largeur  vers  la  moitié  de  la  coquille,  ou  un  peu  en  anîère  de 
celle-ci.  Valves  presque  également  profondes,  pourvues  d'un 
sinus  ventral  et  d'un  bourrelet  dorsal.  Crochets  saillants,  celui 
de  la  valve  ventrale  dominant  un  peu  celui  de  la  valve  dorsale, 
et  devenant  très  rapprochés  en  se  courbant  Fun  vers  l'autre,  mais 
sans  jamais  se  toucher.  Charnière  droite,  courte,  accompagnée  de 
deuxaréas  peu  développées.  Angles  cardinaux  arrondis.  Ligne 
palléale  subrectiligne  sur  les  côtés,  sinueuse  au  front.  Commis- 
sure tranchante.  Surface  ornée  de  nombreuses  lamelles  d'accrois- 
sement concentriques,  imbriquées,  espacées  à  intervalles  larges, 
et  assez  régulières  ;  ces  lamelles  sont  traversées,  perpendiculaire- 
ment, par  de  très  petits  bourrelets  rayonnants,  très  rapprochés, 
irréguliers,  et  interrompus  par  chacune  des  lamelles  d'accrois- 
sement, au  bord  desquelles  ils  s'arrêtent  brusquement,  après 
s'être  renflés  et  épaissis  en  des  sortes  de  papilles  qui  servaient 
de  base  à  des  épines.  Test  imperforé. 

Valve  ventrale  avec  un  sinus  étroit,  arrondi,  modérément  pro- 
fond, mais  bien  accentué,  et  partant  de  la  pointe  du  crochet.  Les 
parties  latérales  de  la  valve  se  bombent  de  chaque  côté  de  ce 
sinus^  puis  retombent  en  pente  douce  vers  la  commissure  latérale. 


igoi 


FOSSILES   DEVONIBN8   DE   SANTA-LUGIA 


237 


Crochet  bien  développé,  à  côtés  arrondis,  acuminé  à  son  extré- 
mité, recourbé  à  angle  droit  au-dessus  de  Taréa  ventrale  et 
dominant  le  sommet  de  l'autre  valve.  Aréa  triangulaire,  petite, 
surbaissée,  assez  nettement  délimitée,  un  peu  concave,  et  ren- 
versée obliquement  par  rapport  au  plan  longitudinal  des  valves  ; 
sa  surface  est  visiblement  striée  dans  les  deux  sens.  Toute  la 
hauteur  de  Taréa,  depuis  le  crochet  jusqu'à  la  ligne  cardinale, 
est  occupée  par  l'ouverture  triangulaire,  très  large,  qui  occupe 
environ  un  tiers  de  sa  longueur  totale. 

Valve  dorsale  avec  un  bourrelet  étroit,  arrondi,  modérément 
saillant,  bien  délimité  depuis  le  sommet  jusqu'au  bord  frontal 
par  deux  légères  dépressions  longitudinales  ;  sommet  recourbé, 
saillant  au-dessus  du  bord  cardinal  et  surmontant  une  très  étroite 
aréa  située  à  peu  près  dans  le  plan  de  la  valve. 

Les  échantillons  de  cette  espèce,  varient  un  peu  dans  leur 
étendue  en  laideur,  mais  ils  sont  néanmoins  toujours  faciles  à 
reconnaître,  même  lorsque  la  fine  ornementation  a  disparu  par 
décortication  et  que  les  valves  paraissent  lisses,    à    cause  du 


b  c 

Fig.  I.  — Spirifer  Dereinisi  nov.  sp. 


bourrelet  et  du  sinus  médians  étroits  et  nettement  accusés,  ainsi 
que  par  leur  aspect  général.  Un  certain  nombre  de  spécimens 
présentent  sur  les  côtés  quelques  traces  de  côtes  rayonnantes 
(3  ou  4)  larges  et  obscures,  montrant  ainsi  une  tendance  à  la 
plicature  des  parties  latérales  des  valves.    Les  coupes  longitudi- 


^38  D.-P.    ŒHLKRT  l8  MaTS 

nales  et  transversales  que  nous  avons  faites  dans  cette  espèce 
nous  ont  fourni  les  caractères  suivants  :  les  plaques  fovéales  sont 
assez  bien  développées  ;  les  dents,  fortement  constituées,  donnent 
naissance  à  deux  longs  cmras  aux  extrémités  desquels  apparais- 
sent deux  apophyses  triangulaires,  indiquant  l'existence  d*une 
bandelette  jugale  qui  a  été  résorbée  ;  les  cônes  spiraux  dont  la 
direction  est  un  peu  oblique,  sont  composés  de  neuf  à  dix  tours. 

Ce  Spirifer,  par  ses  caractères  généraux,  aussi  bien  que  par 
son  mode  d'ornementation,  appartient  évidemment  aux yîi7i6ria/î; 
rinsuffisance  des  caractères  chez  nos  échantillons,  due  à  Tabsence 
des  épines  qui  d'ailleurs  sont  très  exceptionnellement  conservées, 
nous  empêche  de  décider  d'une  façon  pi'écise  à  laquelle  des  deux 
subdivisions  (unicispinei  ou  duplicispinei)  il  appartient.  D*autant 
plus  que  MM.  Hall  et  Clarke  '  signalent  à  côté  des  unicispinei 
proprement  dits,  un  groupe  dont  le  développement  est  parallèle, 
qui,  apparu  dans  le  Niagara  group,  se  poursuit  jusqu'au  sommet 
du  Dévonien,  et  qui  se  rapproche  des  duplicispinei  par  la  brièveté 
de  sa  ligne  cardinale,  son  contour  subcirculaire  et  les  plis  effacés 
de  ses  valves,  caractères  appartenant  en  propre  au  groupe  des 
duplicispineL 

Toutefois,  à  en  juger  d'après  l'aspect  extérieur,  c'est  à  la  sec- 
tion des  duplicispinei,  c'est-à-dire  au  groupe  Reticularia,  que 
doit  se  rapporter  notre  espèce.  Le  type  de  ce  groupe,  Sp.  Uneatus 
Martin,  en  est  évidemment  assez  éloigné  par  sa  forme  arrondie, 
légèrement  transverse,  ou  parfois  allongée,  ainsi  que  par  l'absence 
d'un  sinus  et  d'un  bourrelet  proprement  dits  ;  mais  nous  signa- 
lerons certains  spécimens,  entre  autres  celui  que  figura  M'Coy 
lorsqu'il  créa  son  genre  if e/ictt/arîa,  dont  le  contour  est  rhom- 
boîdal,  et  chez  lequel  il  existe  un  bourrelet  et  un  sinus  très  nets. 

Nous  retrouvons  ces  mêmes  caractères  chez  les  formes  dévo- 
niennes,  en  particulier  chez  l'espèce  des  schistes  de  Budesheim, 
que  M.  Kayser  ^  a  considérée  comme  une  variété  du  -Sp.  Uneatus^ 
mais  qui  évidemment  en  est  assez  éloignée  pour  constituer  une 
espèce  distincte.  Notre  forme,  qui  occupe  un  niveau  inférieur, 
s'en  distingue  par  un  crochet  ventral  beaucoup  moins  élevé  et 
moins  redressé,  et  son  aréa  ventrale  beaucoup  moins  haute  ;  à 
la  valve  ventrale  au  contraire,  le  crochet  est  plus  saillant  ; 
enfin,  le  sinus,  et  principalement  le  bourrelet,  sont  beaucoup 
plus  accentués,  ce  qui  rend  la  commissure  frontal  plus  sinueuse. 

I.  Hall  et  Clarke.  1893.  Pal.  of  N-  Y.,  vol.  VUl,  part,  a,  p.  19. 
a.  Kaysbr.   1871.   Brach.   Eifel.   Zeit.  Deut.  Geo.   Ges.,  t.  XXm,  p.   S8a, 
pi.  XII,  liK.  a. 


igOÏ  FOSSILKS   DÉVONIENS    DE    SANTA-LUCIA  aSg 

Dans  les  étages  des  grès  d'Oriskany,  du  Helderberg  supérieur 
et  d*Hamilton  on  trouve  une  forme  Sp.  fimbriatus  Conrad  *  ; 
toutefois,  d'après  les  figures  données  par  Hall  -,  le  contour 
palléal  est  plus  largement  arrondi,  ce  qui  donne  une  forme  moins 
rhomboïdale  à  Tensemble  de  la  coquille  ;  le  pli  médian  est  plus 
anguleux  au  sommet  et  ses  côtés  sont  plus  divergents  ;  les  côtes 
latérales  sont  en  général  beaucoup  plus  accentuées  ;  le  crochet 
ventral,  plus  haut,  est  moins  recourbé  ;  enfin  le  profil  des  deux 
espèces  est  très  différent  par  suite  du  bombement  régulièrement 
convexe  des  deux  valves,  chez  Sp,  fimbriatus^  tandis  que  dans 
la  forme  d'Espagne,  ce  renflement  n'existe  que  dans  la  région 
umbonale. 

Cette  espèce  a  peut-être  été  trouvée  déjà  en  Espagne,  où  elle 
aurait  été  désignée  sous  le  nom  de  Sp.  curvatus  Schlotheim  ^,  Sous 
ce  nom,  en  effet,  on  a  rattaché  un  grand  nombre  de  formes  sou- 
vent très  diffiérentes  du  type.  Celui-ci  a  été  très  bien  figuré  par 
Schnur  *,  Quenstedt  5,  Kayser  ®,  etc.  ;  il  est  remarquable,  prin- 
cipalement par  l'élévation  exagérée  du  bourrelet,  dont  les  talus 
se  confondent  avec  les  parties  latérales,  rendant  ainsi  la  valve 
dorsale  fortement  carénée  et  le  bord  frontal  très  sinueux.  Le 
crochet  ventral  est  beaucoup  moins  développé,  plus  recourbé 
vers  le  sommet  dorsal,  de  telle  sorte  que  Taréa  est  petite. 

Cyrtina  heteroclita  Defrance,  sp.  var.  intermedia  Œhlert. 

(PI.  VI,  lig.  17  à  %). 

C  heteroclita  var.    intermedia  Œhlert,  i836.  Ann.  Soc.   GéoL, 

t.  XIX,  p.  42,  pi.  III,  fig,  39-34. 

Cj'rtina  heteroclita  est  représenté  à  Santa-Lucia  par  de  nom- 
breux individus  qui,  en  majeure  partie,  se  rattachent  à  la  variété 
que  nous  avons  désignée  sous  le  nom  (Y intermedia,  pour  indiquer 
qu'elle  constitue  un  terme  de  passage  entre  le  type  de  Defrance 
et  d'autres  formes  à    côtes   plus  nombreuses.  Dans  cette  variété 

1.  Le  nom  de  Sp.  fimbriatus  ayant  été  employé  antérieurement  à  Conrad, 
par  Morton  i836,  M.  Miller  (188'^.  Amer.  Palspoz.  Fos.f  p.  298)  a  proposé  de 
lui  substituer  celui  de  Conradana. 

2.  Hall.  1867.  Pal.  0/  ^.  V.,  vol.  IV,  p.  214,  pi.  33,  fig.  1-21. 

3.  ScuLOTHKLM .  1820.  Pctref.^  j).  280,  pi.  XIX,  tifÇ-  3. 

4.  Schnur.  i853.   Rrach.  Eifely  pi.  XXXVI,  lig.  2a,  6,  c,  d. 

5.  QuBNSTEDT    1871.  Pctrcf.  Deiitsch . ,  pi.  55,  fig.  a.3,  a4. 

6    Kayser.  1889.  Fauna  des  Hauptqnarz.y  p.  76,  pi.  XVI,  fig.  11. 


34o  1>.-P.  œhlert  i8  Mars 

les  côtes  à  un  sommet  arrondi,  sont  au  nombre  de  l^  k  'j  de 
chaque  côté  du  pli  médian,  lequel  est  un  peu  aplati.  L*aréa  est 
tantôt  légèrement  arquée,  tantôt  complètement  plane.  Ces  carac- 
tères permettent  de  la  séparer  de  la  variété  multipUcata  de 
Davidson,  et  à  plus  forte  raison  de  la  forme  de  Ferrones  dési- 
gnée par  la  letti-e  A  par  de  Vemeuil,  à  laquelle  d'Orbigny 
donna  plus  tard  le  nom  spécifique  d'Hispanica,  nom  qui  a  été 
conservé  par  Mallada. 

Les  spécimens  que  nous  avons  étudiés  sont  toujours  de  taille 
beaucoup  plus  petite  que  les  diverses  variétés  signalées  par 
M.  Barrois  en  Espagne  et  décrites  et  figurées  par  lui  ^  ;  ils  en 
différent,  en  plus,  par  le  nombre  et  la  forme  de  leurs  côtes,  ainsi 
que  par  les  rapports  qui  existent  entre  la  longueur  de  la  ligne 
cardinale,  le  développement  de  Taréa  et  le  bombement  des  valves. 

On  trouve  également  en  Amérique,  ainsi  que  Ta  fait  remarquer 
judicieusement  M.  Whidbome  (De von  Fauna,  t.  II,  p.  iia), 
des  variétés  montrant  une  gradation  ascendante  vers  les  formes 
à  plis  plus  nombreux.  Nous  citerons  comme  exemple  le  Cyrtina 
/>a{mam  (Hall.  P.  N,  Y,,  vol.  3,  p.  ao6,  pi.  a4,  fig.  2),  qui  est 
évidemment  un  équivalent  du  C  intermedia  d*Europe  dont  il  se 
rapproche  du  reste  par  tout  l'ensemble  des  caractères. 

Cyrtina  heteroclita  est  une  forme  qu'on  rencontre  dans  toutes 
les  assises  du  Dévonien,  et  dont  l'extension  horizontale  est  égale- 
ment très  grande  ;  à  ces  deux  faits,  si  Ton  ajoute  que  les  spécimens 
sont  souvent  très  nombreux  dans  une  même  couche,  et  surtout 
que  certains  caractères  de  l'espèce  ont  quelque  chose  d'excessif, 
tels  que  l'inégalité  des  valves,  le  développement  du  crochet  ventral, 

—  qui  entraîne  souvent  une  torsion  de  cette  région  de  la  coquille, 

—  et  enfin  une  grande  diversité  dans  le  nombre  des  plis,  on  voit 
combien  cette  forme  se  trouve  dans  des  conditions  favorables 
pour  qu'apparaissent  toutes  sortes  de  variations  étroitement 
groupées  autour  du  type,  mais  pouvant  cependant  être  séparées 
de  celui-ci,  soit  qu'on  les  considère  comme  de  simples  variétés, 
soit  qu'on  en  fasse  des  espèces  distinctes,  suivant  le  point  de 
vue  auquel  on  se  place.  Qu'il  nous  suffise  de  rappeler  et  de 
rapprocher  en  les  comparant,  la  variété  lœvis  Kayser,  du 
Dévonien  moyen  de  l'Eifel,  caractérisée  par  sa  surface  lisse  ou 
à  côtes  à  peine  distinctes;  la  variété  A,  de  Vemeuil,  du  Dévonien 
moyen  de  Ferrones  (=  C  hispanica  d'Orbigny,  i85o),  dont  les 
côtes  sont  très  nettes  et  très  nombreuses,  et  la  variété  DemarU  du 

I.  Loc.  cit,  pi.  X,  lig.  8,  )».  260. 


^ 


igOI      '  FOSSILES    DÉVONIENS    DE    SANTA-LLCIA  2^1 

Frasnien  de  Ferques,  qui  possède  les  caraetères  de  la  précédente, 
mais  chez  laquelle  la  division  du  bourrelet  vient  indiquer  une 
nouvelle  tendance  à  la  multiplicité  des  plis.  En  Amérique,  les 
modiGcations  sont  encore  plus  profondes  et  les  caractères  qui 
séparent  entre  eux  les  Cj'rtina  de  ce  groupe,  sont  devenus  assez 
importants  pour  nécessiter  la  création,  non  plus  de  simples  varié- 
tés comme  en  Europe,  mais  d'espèces  très  nettement  caractérisées 
(Ex.  :  C.  biplicata,  rosirata,  curçilineata,  etc.). 

Toutes  ces  formes  extrêmes,  qu'on  peut  naturellement  relier  les 
unes  aux  autres  par  une  série  de  types  intermédiaires,  tout  en 
fournissant  les  preuves  d'une  variabilité  extrême,  montrent  en 
même  temps  que,  malgré  cette  malléabilité,  le  type  heteroclita 
pris  dans  son  sens  le  plus  large,  reste  constant  et  conserve  ses 
caractères  primordiaux.  L'un  d'eux  qui,  d'ailleurs,  a  une  valeur 
générique  et  sert  à  caractériser  le  genre  Çyrtina,  consiste  dans  la 
disposition  des  plaques  dentales  et  du  septum  de  la  valve  ventrale. 
Ce  fut  ce  caractère  qui  servit  de  base  à  Davidson  pour  établir  son 
genre  Cjrtina  et  le  séparer  de  Çyrtia,  avec  lequel  il  avait  été 
confondu  jusqu'alors  par  suite  de  son  aspect  externe,  si  semblable 
à  première  vue.  L'existence  des  perforations  du  test  dans  le 
premier  de  ces  deux  groupes,  et  leur  absence  dans  le  second, 
n'avait  pas  semblé  un  motif  suflîsant  pour  une  distinction  géné- 
rique. Quant  aux  spires,  on  soupçonnait  bien  leur  présence  dans 
le  nouveau  genre  Cj'rtina^  mais  on  n'avait  pu  la  vérifier.  David- 
son s'appuya  donc  seulement  sur  la  disposition  de  la  chambre  en 
forme  de  V  («  V  shaped  chamber  »)  située  à  la  valve  ventrale, 
et  constituée  d'après  lui  par  la  convergence  des  plaques  dentales, 
s' unissant  vers  le  milieu  de  leur  parcours  pour  former  un  septum 
médian  :  disposition  qu'il  comparait  à  l'auget  ventral  de  Pen- 
tamerus  (Conchidium)  Knighti.  Les  coupes  qu'il  donne  pi.  XIV, 
fig.  8,  semblent,  en  eflet,  confirmer  cette  vue,  d'après  laquelle 
le  septum  est  formé  par  la  réunion  des  deux  lamelles  dentales 
accolées.  Nous  ferons  toutefois  remarquer  que  dès  cette  époque, 
Bouchard  avait  reconnu  que  dans  C.  DemarH,  le  septum  se 
continue  jusqu'au-dessous  du  deltidium,  au  milieu  de  l'espace 
resté  libre  entre  les  plaques  dentales.  Ce  caractère,  que  David- 
son considère  comme  spécial  à  C.  Demarll  et  qu'il  n'avait  pas 
retrouvé,  disait-il,  chez  C.  heteroclita  et  C.  septosa,  pouvait  cepen- 
dant être  constaté  dans  ces  deux  formes,  car  la  figure  de  C.  hete- 
roclita publiée  antérieurement  par  l'auteur  lui-même,  dans  son 
Introduction  à  étude  des  Brachiopodes  (pi.  VI,  fîg.  64)  montre 
bien  Texistence  du  prolongement  du  septum  dans  cette  partie  des 

5  septembre  njoi.  —  T.  i^r.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  16 


«j4''i 


I).-P.    ŒHLBRT 


i8  Mars 


valves.  Quant  au  C.  septosa.  on  peut  également  y  observer  Tezis- 
tence  de  ce  même  caractère,  car  dans  Tune  des  figures  (Davidson. 
Brit,  Carb.  Brach.^  pi.  XIV,  flg.  lo)  représentant  un  moule 
interne,  on  voit  que  le  remplissage  de  Tauget  ventral  est  fendu 
longitudinalement,  et  qu'une  partie  de  la  lame  septale  libre  est 
encore  conservée  en  place.  D*ailleui*s,  la  plupart  des  échantillons 
de  Cyrtina,  lorsqulls  sont  bien  conservés,  laissent  souvent  voir 
le  prolongement  du  septum  qui  apparaît  au  fond  du  foramen 
comme  une  petite  lame  fine  et  tranchante  ;  celle-ci,  bien  que 
n'étant  pas  mentionnée  dans  les  descriptions,  est  en  général 
indiquée  dans  les  figures. 

L'importance  du  septum  et  des  plaquos  dentales,  ainsi  que  la 
genèse  et  le  rôle  de  ces  cloisons,  ont  été  récemment  mis  en  lumière 
par  M.  Beecher,  et  par  M.  Clarke.  L'étude  qu*ils  en  ont  faite 
d'une  façon  générale  et  les  conclusions  qu'ils  en  ont  tirées  pou- 
vant être  éclairées  par  un  examen  minutieux  de  la  structure  du 
sommet  ventral  de  Cj^rtina  heteroclita  et  de  ses  formes  alliées, 
nous  avons  pratiqué  un  grand  nombre  de  sections  qui  nous  per- 
mettent d'apporter  quelques  faits  nouveaux.  Rappelons  tout 
d'abord  qu'il  y  a  lieu  de  distinguer  le  deltidium  formé  d'une  pièce 


Fig.  a.  —  a,  Deltidium  de  CUtambonites  \  b.  Plaques  deitidiales 
de  Magellania;  c.  Pseudo  deltidiom  de  CjTiina, 

unique  (CUtambonites)  (tig.  a,  a),  et  les  plaques  deitidiales  : 
ces  dernières  pouvant  rester  distinctes  (Magellania)  (fig.  2,  b), 
ou  bien  se  souder  si  intimement  sur  la  ligne  médiane  qu'elles 
prennent  l'apparence  d'une  pièce  simple  ou  pseudodeltidium 
(Cj^rtina)  (tig,  q,  c)  *. 

D'après  les  vues  de  M.  Beecher,  interprétant  les  recherches 
embryogéniques  de  Kowalewsky  sur  Thecidea  (Lacazfllà)  et  Cis- 
tella,  le  deltidium  et  les  plaques  deitidiales,  bien  que  remplissant 
le  même  rôle,  n'ont  ni  la  même  origine,  ni  la  même  structure.  En 

I .  AÏM.  Hall  et  Clarke  ont  proposé  le  nom  de  deltarium  pour  l'ensemble  des 
plaques  deitidiales  désunies  ou  soudées,  et  celui  de  deUaria  pour  chacune 
d'elles  prise  séparément. 


igOI  FOSSILES   DÉVONIENS   DE    SANTA-LUCIA  ^43 

effet,  tandis  que  le  deltidium,  qui  apparaît  dès  les  premiers  stades 
embryonnaires,  est  sécrété  par  le  troisième  lobe,  ou  lobe  caudal, 
dont  il  occupe  la  face  dorsale,  les  plaques  deltidiales  au  contraire 
sont  une  dépendance  du  lobe  moyen  ;  elles  se  montrent  longtemps 
après  les  stades  larvaires  et  sont  sécrétées  par  des  expansions  de 
la  partie  ventrale  du  manteau  qui  enveloppe  le  pédoncule.  Gomme 
conséquence,  on  constate  certaines  différences  entre  la  structure 
du  deltidium  et  celle  des  plaques  deltidiales  :  par  exemple,  le 
deltidium  ne  présente  jamais  de  perforations,  alors  même  que  les 
valves  en  sont  pourvues,  tandis  que  les  plaques  deltidiales  au 
contraire  sont  perforées  ou  imperforées,  suivant  que  ce  caractère 
existe  ou  non  dans  les  valves. 

Ainsi  protégé  du  côté  externe,  la  base  du  pédoncule  Test  égale- 
ment, dans  bien  des  cas,  à  l'intérieur  même  de  la  valve  ventrale, 
par  le  développement  et  la  convergence  des  plaques  dentales, 
réunies  suivant  la  ligne  médiane,  pour  former  ce  qu'on  appelait 
autrefois  Vauget  ventral  et  ce  que  MM.  Hall  et  Clarke  désignent 
actuellement  sous  le  nom  de  spondyLium.  Le  apondylium^  rudi- 
mentaire  ou  très  développé,  qui  ne  serait  qu'une  modification  de 
la  gaine  pédonculaire  originaire,  a  toujours  eu,  à  un  moment  du 
développement,  sa  contre-partie  correspondante  qui  est  le  delti- 
dium ;  ces  deux  pièces  forment  un  ensemble,  ou  protodeltidium, 
qui  laisse  au  centre  une  cavité  à  section  plus  ou  moins  triangulaire, 
que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  chambre  pédonculaire. 

Le  spondyliuni   étant  constitue  par  les  plaques  dentales,  qui 
chez  un  certain  nombre  de  genres  se  réunissent  et  se  prolongent 
jusqu'au  fond  de  la  valve,  on  peut  se  demander  si,  dans  ce  cas,  ce 
prolongement    est    dû    à   la    continuation    des    plaques    réunies 
et  accolées,  ou  s'il  existe  une  cloison  médiane  indépendante  cons- 
tituant le   véritable  septum.  Les  modifications  que  Ton  observe 
dans  la  direction  des  plaques  dentales  qui,  suivant  les  groupes, 
peuvent  être  divergentes,  parallèles,  ou  convergentes,  et  s'unissent 
parfois  en  restant  visiblement  accolées,  comme  dans  les  Penta- 
meridœ^  sembleraient  prouver  à  première  vue  que   le   mode  de 
construction  est  toujours  le  même,  si  certains  genrep,  Spiriferina 
par  exemple,  ne  nous   montraient  un  septum  central    isolé    et 
bien  développé,  existant  concurremment  avec  deux  plaques  den- 
tales bien  distinctes. 

La  série  de  sections  que  nous  donnons  ici  (fig.  3,  I  à  IV)  a  été 
faite  sur  un  spécimen  de  Spiriferina  rostrata,  provenant  du 
Lias  supérieur  d'Albarracin,  Espagne  ;  l'étude  des  caractères 
internes  de   cette   espèce  nous  a  été  facilitée  par  les  nombreux 


«44 


ittMars 


échanUllons  que  M  Ûereims  a  recueillis  dans  cette  localité,  et 
quil  a  bien  \ouId  nous  abandonner  Les  coupes  montrent  non 
seulement  la  disposition  des  plaques  dentales  et  du  septum, 
mais  aassi  leur  structure 


Kig.  3.   —  Sections  de  Spiriitrina  roatrata. 


On  constate  premièrement  qae  ces  cloisons,  résultant  d'un  repli 
interne  du  manteau,  sont  constituées  par  deux  couches  accolées 
l'une  à  l'autre  et  dont  l'épaisseur  variable  indique  que  la  sécrétion 
calcaire  a  été  plus  abondante  sur  certains  points;  de  plus,  on 
voit  que  les  plaqnes  dentales  réunies  d'abord  à  l'extrémité  da 
septum  (coupe  I)  i>ar  une  callosité  interne,  s'en  détachent  bientôt 
(coupe  II),  en  gardant  seulement  la  protubérance  interne  qui  ne 
disparaît  que  graduellement.  Le  septum  devenu  libi-e  diminue 
alors  de  hauteur,  en  même  temps  que  les  plaques  dentales  s'amin- 
cissent et  unissent  par  se  rompi'e,  montrant  alors  dans  les  coupes 
d'une  part,  leurs  extrémités  adhérant  au  fond  de  la  valve  ;  de 
l'autre,  c'est-à-dire  de  chaque  crttë  de  l'ouverture  triangulaire, 
leur  point  d'origine  qui  bientôt   va   supporter  les  dents. 

Ces  caractères  si  précis  chez  Spiriferina.  —  soit,  l'existence  d'un 
septum  et  de  plaques  dentales,  —  se  i-etrouvent  également  chez 
Cyrtina,  mais  cette  fois  modiliés  et  en  quelque  sorte  cachés  par 
suite  de  la  fusion  de  ces  plaques  sur  la  ligne  médiane. 

Le  prolongement  du  septum  au  milieu  de  la  cavité  pédonculaire 
de  Çyrtina.  dont  nous  avons  déjà  parlé  plus  haut  et  qui  a  été 
signalé  pour  la  pi-cmiére  fois  par  Bouchard,  est  nettement  figuré 


igot 


FOSSILES   DBVON1ENS  DE   SANTA-LUCIA 


dans  les  coupes  données  par  MM.  Hall  et  Glarke  ;  ces  auteurs  ont 
non  seulement  montré  d'une  façon  évidente  Texistence  de  ce 
caractère,  mais  ont  encore  indiqué  qu*à  la  rencontre  du  septam  et 
des  deux  plaques  dentales,  il  existe  une  chambre  tubulaire  qui, 
ainsi  qu*ils  l'ont  observé  chez  Çyrtina  rostrata,  parait  être  traver- 
sée par  le  septum  médian,  venant  la  diviser,  disent-ils,  d*une  façon 
irrégulière  en  deux  compartiments.  Cet  appareil  serait,  d*après 
enx,  Thomologue  du  tube  de  Syringothyris, 

Les  coupes,  au  nombre  de  plus  de  5oo,  que  nous  avons  faites 
sur  des  crochets  ventraux  de  plusieurs  espèces  de  Cjrrtina  pro- 
venant de  France,  d'Allemagne,  de  Bohème,  d'Angleterre  et 
d'Espagne,  nous  ont  montré  qu'on  pouvait,  à  l'aide  d'échantillons 
dans  de  meilleures  conditions,  pousser  plus  loin  l'étude  de  cet 
appareil  interne  et  arriver  à  des  conclusions  plus  précises.  Les 
faits  observés  étant  bien  constants  dans  toutes  les  espèces  que 
nous  avons  examinées,  nous  avons  figuré  de  préférence  les  coupes 
faites  dans  un  spécimen  de  Cyrtina  hispardca  d'Orb.  (=  C.  hete- 
roclyta  var.  A,  de  Verneuil)  dont  la  taille,  plus  considérable  que 
celle  de  tous  les  autres  échantillons  qui  nous  ont  passé  par  les 
mains,  nous  a  permis  d'obtenir  plos  de  4o  sections  dans  le  seul 
sommet  de  la  valve  ventrale  ;  cet  échantillon  a  de  plus  l'avantage 
de  provenir  d'un  gisement  où  la  difTércnciation  entre  le  remplis- 
sage interne  et  le  test  est  très  accusée  et  en  facilite  l'étude. 


<?•  ' 


Kijf.  4.  —  Sections  de  l'exlrémilé  apicale  du  crochet  ventral  de  Cyrtina 
heteroclUa,  passant  à  la  hauteur  du  foramen. 


Lorsqu'on  use  le  crochet  ventral  suivant  une  série  de  plans  per- 
pendiculaires à  celui  de  l'aréa,  on  remarque  d'abord  la  cavité  pédon- 
culaire  largement  ouverte,  et  pourvue  au  fond  d'une  petite  crête 
à  sommet  très  aigu.  Cette  crête  bientôt  s'élargit,  se  renfle,  et  on  y 
distingue  alors  une  cavité  centrale,  à  section  piriforme,  divisée  en 
deux  parties  par  une  cloison  médiane  très  ténue;  cet  appareil,  que 
nous  désignerons  sous  le  nom  de  tichorhinum  à  cause  de  sa  forme 


^46  T^-f-  iSMLEMT  i8  Mars 

et  de  $a  dèpontàoe  dctMBBée.  est  shné  sur  le  proloiigement  du 
septom  me^antfi£<  4*^^^^*^  ^'  n'est  d'ailleurs  que  la  oontmuatioii  ^  ; 


Fif .  î»    —  > 


de  t  1 


commençant  à  atteindre 


If 


bkiec  qpoe  tre$  mince*  laisse  cependant  très 

nettement  distincte  la 
Iij:ne  de  séparation  entre 
les  deux  lamelles  qui  le 
constituent,  ligne  qui  se 
ponrsnit  ^^alement  dans 
la  cloison  divisant  la  cavité 
pîriforme.  Le  septnm  est 
Aanqné  des  denx  plaques 
dentales  qui  sont  venues 
s  accoler  contre  lui  :  par 
suite  de  cette  disposition, 
le  septum,  dans  cette  par- 
tie de  la  valve,  ne  se 
tn>uvant  plus  en  contact 
avec  le  manteau,  cesse  de 
se  développer  en  épais- 
seur*  de  même  que  les 
plaques  dentales  ne  peu- 
vent  plus  s'accroître  que  du  cvNté  externe.   Le  septum  médian. 


:l'- 


Ki* 


*     —  Se<tioB  tre*   |ÇTOc^i<r   du  SfN>n« 
^  rliam  et  'ia  ticborbiniim 


I.  Lk  d'jubl^  tobohure  qni  existe  dans  le  tieborbinom  étant  très  petite, 
%«ft  rempli.«L«a^  ne  s'est  pas  toigonrs  efleetaè  «f  une  façon  eomplète  à  Taide 
dK%  UiAli^rt*  étran^res  qui  ont  péoëtiè  dans  la  earitê  palléale  et  dans  le 
»p</ft/l>  (ioifà,  et  c'est  pourquoi  eUe  est  $ou%-ent  occupée  par  un  dépôt  de 
^-sktïtfjnMltt  de  ehaox  Du  reste,  il  arrive  souvent,  ainsi  qu*on  le  voit  en 
faisant  *ir%  sections,  que  la  coquille  nest  remplie  quVn  partie  par  des 
matières  terreuses  :  argile,  sable,  ou  boue  calcaire  :  celles-ci  n*oecupent 
daD.«  ee  cas  que  la  partie  des  valves  qui  se  trouve  la  plus  inférieure  par 
rapport  â  la  station,  d'ailleurs  variable,  prise  après  la  mort  de  Tanimal  et 
•-lle^  lai^-t^nt  alors  au  sommet  une  chambre  ^ide  dans  laquelle  l'eau  char- 
gée  de  carbonate  de  chaux  est  venue  former  une  masse  cristalline. 


\ 


Î90I 


FOSSILES   DÉVONIEXS   DE   SANtA-LUCIA 


247 


Fig.  7.  —  Section  mon  Iran  t  à  Tinlé- 
rieur  des  plaques  dentales,  les 
traces  des  dents. 


bien  que  très  mince,  conserve  cependant  son  individualité  entre 
les  deux  plaques  dentales  et, 
en   général,    est    très    distinct 
dans  les  coupes,  tout  au  moins 
dans    la    partie   apicale    de   la 
valve  ventrale;  on  y  distingue 
même  les  deux   fines   lamelles 
qui  le  constituent  sur  toute  sa 
longueur.  Par  suite  de  Taccole- 
ment  des  deux  plaques  dentales 
sur  chacun  de  ses  côtés,  le  sep- 
tum,  ne  se  trouvant  plus  en  con- 
tact avec  le  manteau,  n'a  pu 
accroître     son    développement 
externe  et  c'est  ce  qui  explique 
son  peu  d'épaisseur.  Les  coupes 
suivantes    montrent    comment 
tout  Fensemble  de  cet  appareil 
continue  à  recevoir  des  couches 
calcaires,  qui  viennent  se  dépo- 
ser sur  les  parois  de  la  cloison 
médiane  en  remontant  un  peu 
Xe  long  des  plaques  dentales  ; 
^>n  remarque,  dans  l'épaisseur 
^e  celles-ci,  une  série  de  zones 
«tf^ncentriques    indiquant    leur 
xnode  d'accroissement  et  faisant 
j^Pévoir  la  façon  dont  elles  vont 
^9€  terminer  contre  le  septum. 
Bientôt,  en  effet,  on  les   voit 
s  «mincir   de    chaque    côté    du 
^cliorhinum,    puis    s'interrom- 
en  laissant  seulement  à  la 
de  ce  dernier,   quelques 
qui  disparaissent  rapide- 
ï*^^xxt.   Le  septum   reste    alors 
^eixl,  montrant  toujours  à  son 
«extrémité  la  section   complète 
du      tichorhinum     qu'on    voit 
encore  pendant  quelque  temps 
«l  qui  finit  elle-même  par  dcve- 
wr  mcomplète   par  suite  de   l'interruption  qui  se  produit  dans 


;wîi 


Fijç.  8  —  Section  montrant  h*  mode 
d*aceroisscment  des  plaques  den- 
tales et  la  continuité  du  .septuui 
entre  celles-ci. 


a4H 


D.-P.    CEHLERT 


i8  Mars 


les   parties   latérales.    Celles-ci  disparaissent  graduellement,   ne 
laissant  bientôt  plus  qu  une  expansion  de  forme  transverse  à 


y 


Fig    9    — 


Sections  niontrunl  la  façon  dont  les  parois  du  spondylium 
s'interrompent  pour  laisser  le  tichorhinuni  libre. 


Textrémité  du  septum  et  un  léger  renflement  indiquant  la  base  du 
tiehorhinum  ;  ces  caractères  s'effacent  à  leur  tour  et  il  ne  reste 
plus  que  la  base  du  septum. 


(    '"^Ip 


A 


Fig.  lo.  —  Sections  successives  du   tiehorhinum   montrant  la  façon  dont  on 

le  voit  disparaître. 

Dans  cette  série  de  coupes,  le  pseudodeltidium  n'apparaît  qu'à  la 
section  représentée  fig.  5,  les  coupes  précédentes  se  trouvant  au 
niveau  du  foramen.  Le  pseudodeltidium  est  nettement  perfoixS 
et  a  une  structui^e  analogue  à  celle  des  valves  ;  il  est  limité  laté- 
ralement par  la  base  des  plaques  dentales  qui  ne  présentent 
aucune  tracfè  de  perforations.  Quant  à  la  suture  médiane  indi- 
quant la  jonction  des  deux  plaques  deltidiales,  elle  a  dû  s'eflacer 
et  nous  n'avons  pu  constater  sa  présence. 

Si  Ton  essaie,  d'après  ces  coupes,  de  reconstituer  la  disposition 


IQOI  FOSSILES    DEVOXIENS    DE    ÔANTA-LITCIA      .  249 

générale  des  cloisons,  on  yoit  tout  d*abord  que  le  sommet  de  la 
valve  ventrale  est  divisé  en  trois  compartiments,  dont  Tun,  plus 
petit,  forme  la  chambre  pédonculaire,  constituant  un  spondylium 
analogue  comme  forme  à  celui  des  Pentamères,  mais  en  différant 
par  sa  structure  ;  en  effet,  chez  ces  derniers  la  cloison  médiane 
est  constituée  seulement  par  les  deux  plaques  dentales  devenues 
parallèles  et  accolées,  tandis  que  dans  Cyrtina  cette  cloison  a 
comme  partie  fondamentale  un  septum  initial  bien  distinct,  contre 
lequel  viennent  s'apposer  les  plaques  dentales,  tout  cet  ensemble 
s' augmentant  par  des  dépôts  latéraux  successifs. 

Du  fond  du  spondylium  s'élève  le  tichorhinum,  faisant  une  assez 
forte  saillie,  mais  laissant  toutefois  dans  la  partie  antérieure  un 
large  espace  libre  pour  le  pédoncule  ;  en  se  reportant  aux  coupes, 
on  voit  que  les  plaques  dentales  viennent  s'appliquer  contre  la  base 
du  tichorhinum  qui  fait  partie  intégrante  du  septum  dont  il  n'est 
que  la  continuation. 

Quant  au  rôle  de  cet  appareil,  il  reste  encore  hypothétique; 
nous  pensons,  toutefois,  qu  il  pouvait  servir  à  loger  les  muscles 
pédonculaires  ventraux  :  ceux-ci  cheminant  graduellement  vers 
l'avant,  en  môme  temps  que  s'allongeait  cette  sorte  de  cornet  à 
double  compartiment.  Cette  disposition  de  muscles,  logés  dans  des 
cavités  tubulaires  plus  ou  moins  développées,  se  retrouve  d'ailleurs 
dans  d'autres  genres,  et  en  particulier  dans  DouviUina  (D.  Dater- 
trei)  parmi  les  Articulés,  et  dans  Trimerella  {T.  ^ranrf/s)  parmi  les 
Inarticulés.  L'identification  faite  par  MM.  Hall  et  Chirke,  entre  la 
chambre  tubulaire  de  Cj'riina  et  le  tube  fendu  de  Syringotkyv'Ui, 
ne  nous  parait  pas  suflisamuient  établie,  car  dans  le  premier  cas 
cet  appareil  est  une  dépendance  du  septum,  tandis  que  dans  i'aulre 
il  est  produit  par  les  plaques  dentales  ; 
de  plus,  la  portion  du  tube  de  Syringo- 
thyris,  placé  à  l'arrière  de  la  cloison 
transverse,  sa  (ente  longitudinale,  l'ab- 
sence de  division  interne,  lui  donnent  Fig.  u.  —  Scciion  irans- 
un  ensemble  tout  différent  (lig.  1 1)  ;  Taule  versnlc  du  crochet  de  la 

d'échantillons     bien     conservés ,     nous  '"''^  ventrale  de  Syvin- 

,,      ,.        ,       ^         ^  .  ifof/t r^/«  (Davidson). 

n  avons  pu  en  étudier  la  structure,  mais  ^^      .        v 

nous  pensons  d'après  les  figures  qui  ont  été  données  par  Winchell, 
Davidson,  Hall  et  Clarke,  que  la  cloison  transversale  peut  être 
comparée  aux  deux  callosités  qui,  chez  Sfjiri/erina,  relient  les 
placjues  dentales  entre  elles  pour  former  le  spondylium  (fig.  3): 
ces  protubérances,  ainsi  que  le  montrent  nos  coupes,  disparaissent 
assez  rapidement  dans  ce  dernier  genre,  mais  chez  certiiins  Spiri- 


aSo  ŒHLERT.  — =•  FOSSILES  DÉVOXIENS  DE  SANTA-LUCIA  l8  MaPS 

fères,  Spirifer  Verneailli  par  exemple  (fig.  la),  elles  ont  une  plus 
grande  importance  et  se  voient  sur  presque  toute  la  hauteur  de 


Fig    la.  —  Section  transversale  de  Spirifer  Verneuilli, 

Taréa,  sous  la  forme  d'une  cloison  transversale  (fig.  la  a)  qui  se 
prolonge  en  deux  crêtes  aiguës  (fig.  lab). 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  VI 


Fijf.  1.  —  Spirifer  Boulci,  n.  sp  ;  jçr.  nat. 

Fig.  a  à  i6.  —  Reticularia  Dereimai,  n.  sp.;  gr.  nat. 

Fig.  17  à  34.  —  Cyrtina  heteroclita  Defrance,  var.  intermedia  Œhleri:  17, 
gr.  nat.;  18  à  3^.  gross.  i  i/a.  Divers  spécimens,  pour  montrer  combien 
cette  espèce  est  variable,  en  conservant  toujours  néanmoins  les  caractères 
qui  lui  sont  propres. 


Séance  du   f*'  Avril   mm 

PRESIDENCE   DE  M.   L.   GAREZ,  PRESIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Pierre  Elspinas,  Licencié  ès-sciences,  présenté  par  MM.  Hau^ 
et  Gentil. 

Une  nouvelle  présentation  est  annoncée. 

M.  Albert  Gaudry  présente  à  la  Société  géologique  un  tirage 
à  part  de  la  note  sur  les  découvertes  de  Sokolki,  adressée  derniè- 
rement à  TAcadémie  des  Sciences  par  M.  Amalitzky  ;  il  montre 
en  même  temps  des  photographies  envoyées  par  le  savant  géologue 
russe,  et  s'exprime  ainsi  : 

Je  crois  devoir  appeler  Fattention  des  membres  de  la  Société 
géologique  sur  les  fouilles  que  M.  Amalitzky  a  entreprises  dans 
le  Permien  du  bassin  de  la  Dwina  supérieure  à  Sokolki,  gouver- 
nement de  Vologda,  nord-est  de  la  Russie.  M.  Amalitzky  nous 
annonce  qu'il  a  déjà  découvert  quinze  à  vingt  squelettes  de 
Pareiasaurus  dont  quelques-uns  atteignent  une  longueur  de 
4  mètres,  quati^e  squelettes  de  reptiles  longs  de  2  mètres,  oflrant 
de  la  ressemblance  avec  les  Rhopalodontes,  des  ossements  de 
Dicynodontes,  beaucoup  de  Théromorphes  nouveaux  et  probable- 
ment des  Dinosauriens .  enfin ,  quelques  squelettes  de  Stégocé- 
phales  (Melanerpeton  et  autres). 

Nous  ne  pouvions  nous  attendre  à  voir  un  pareil  rassemblement 
de  grands  quadrupèdes  dans  un  terrain  qu'on  attribue  au  Pri- 
maire, et  nous  sommes  embarrassés  pour  dire  ce  qui  marque  la 
limite  des  Êtres  primaires  et  des  Êtres  secondaires.  Je  crois  être 
l'interprète  des  sentiments  de  nos  confrères,  en  envoyant  nos 
vœux  à  l'habile  explorateur  du  Permien  de  Sokolki,  pour  la  conti- 
nuation dp  ses  étonnantes  fouilles. 

M.  E.  de  Martoime  ollre  à  la  Société  plusieurs  brochures  dont 
il  est  Fauteur  :  i"*  Le  levé  topo  graphique  des  cirques  de  Gauri  et 
Galcescu  (Massif  du  Paringu)  (Extr.  Bul.  Societâtii  Inginerilor 
çî  industriaçilor  de  Mine  Bucarest.  1900/4^  ?•■»  ^*arte  au  lo.ooo®). 
—  2°  Contribution  à  V étude  de  la  Période  glaciaire  dans  les  Kar- 
pates méridionales  (Extr.  Bul.  de  la  Soc.  géol.  de  France,  1900).  — 


q5q  SEANCE    DU    I*»"    AVRIL    igOI^ 

3*»  Recherches  sur  la  période  glaciaire  dans  les  Karpates  méridio- 
nales  (Extr.  Biil.  Soc.  des  Se.  de  Bucarest,  1900,  60p.,  7  6g.,4pl-)- 
—  4"  Sur  la  formation  des  cirques,  communication  faite  au  Congrès 
des  Sociétés  savantes  à  la  S3rbonne  en  1900  (Extr.  des  Annales  de 
Géographie,  X,  1901).  —  5°  La  Roumanie  (Extr.  de  la  Grande 
Encyclopédie,  in-ia,  72  p.). 

M.  Emm.  de  Margerie  présente,  au  nom  des  auteurs  :  MM.  L. 
Duparc,  L.  Mrazec  et  F.  Pearce,  la  carte  géologique  du 
Massif  du  Mont  Blanc. 

M.  Aug.  DoIIot  :  Sur  les  travaux  en  cours  d exécution  du 
Métropolitain,  entre  la  Place  de  V Étoile  et  la  Place  de  la  Nation, 
par  les  Boulevards  extérieurs» 

Les  puits  de  sondage  creusés  en  1900  sur  les  boulevards  de  la 
Chapelle  et  de  la  Villette  et  cette  année  boulevard  de  la  Chapelle, 
aux  abords  du  Chemin  de  fer  du  Nord,  ont  montré  que  dans  cette 
zone,  l'épaisseur  du  travertin  de  Saint-Ouen  atteignait  20  mètres. 

Aux  deux  tiers  de  la  hauteur  il  existe  une  récurrence  marine,  en 
deux  couches,  qu'on  retrouve  boulevai'd  de  Courcelles  et  boulevard 
de  la  Chapelle,  en  concordance  d'altitude. 

Le  gypse  a  été  Fobjet  d'une  exploitation  intensive  entre  le  Chemin 
de  fer  du  Nord  et  le  Chemin  de  fer  de  l'Est,  dans  le  travertin. 

On  a  pu  s'en  rendre  compte  par  les  puits  qui  en  ont  traversé 
toutes  les  couches,  d'une  puissance  totale  d'environ  6  mètres,  et 
d'anciennes  galeries  remblayées. 

Les  fouilles  de  fondation  des  piles  du  viaduc,  près  du  Chemin  de 
fer  du  Nord,  à  l'ouest,  ont  permis  de  reconnaître  la  position  exacte 
des  marnes  a  Pholadonvya  ludensis,  de  la  quatrième  masse  du 
gypse  et  des  sables  verts. 

La  quatrième  masse  du  gypse  est  formée  de  deux  couches  :  celle 
supérieure  ayant  o  m.  98  et  celle  inférieure  i  m.  14  d'épaisseur 
moyenne,  séparées  par  de  petits  bancs  de  marne,  gypse,  calcaire 
et  sable,  sur  une  épaisseur  d'environ  o  m.  87.  A  l'est,  entre  le 
Chemin  de  fer  du  Nord  et  la  rue  de  la  Chapelle,  les  puits  qui  ont 
près  de  3o  mètres  de  profondeur,  ont  été  descendus  jusqu'à  l'eau, 
qui  correspond  au  niveau  supérieur  des  sables  de  Beauchamp 
caractérisés  en  cet  endroit  par  une  couche  calcaire  fossilifère. 
L'altitude  du  sommet  des  sables  de  Beauchamp,  boulevard  de  la 
Chapelle,  concorde  avec  celle  reconnue  par  un  forage,  boulevard 
de  Courcelles. 


Séance   du    lo    Avril   fHOt 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  HAUG,  VICE-PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Emile-Edouard  Lonclas,  Chef  de  gare  à  Ollioules  (Var), 
présenté  par  MM.  Peron  et  Michalet. 

Le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Cari  Schmidt,  Profes- 
seur de  géologie  à  l'Université  de  Bâle. 

Le  Président  annonce  que  le  Congrès  national  des  Sociétés 
françaises  de  géographie  tiendra,  à  Nancy,  sa  XXII«  session,  du 
i«r  au  5  août  1901. 

Il  donne  lecture  d'une  lettre  du  Ministre  de  Tlnstiniction  publique 
et  des  Beaux-Arts,  l'informant  que  la  Société  royale  de  Londres 
vient  d'entreprendre  la  publication  d'un  Répertoire  international 
de  bibliographie  scientifique  comprenant  annuellement  17  volu- 
mes, dont  quatre  seront  consacrés  à  la  Minéralogie,  la  Géologie, 
la  Géographie  mathématique  et  physique,  la  Paléontologie.  Le 
prix  de  chaque  volume  séparé  variera  entre  les  limites  extrêmes 
de  10  et  45  francs. 

M.  P.  LiOry,  présente  deux  notes  :  i»  Les  cirques  de  montagne 
(Ext.  Revue  des  Alpes  Dauphinoises)  :  *29  Sur  les  principaux  types 
de  vallées  des  Chaînes  Subalpines  dans  l'Isère  et  les  Hautes-Alpes, 
et  sur  leurs  rapports  avec  la  tectonique  (Ext.  Bull.  Soc.  Statistique 
de  l'Isère). 

Le  Président  constate  avec  plaisir  que  des  auteurs  de  plus  en 
plus  nombreux  s'occupent  de  cette  captivante  question  des  cirques 
et  de  l'érosion  glaciaire,  qui,  tout  récemment,  a  fait  l'objet  de  si 
beaux  travaux  de  la  part  de  MM.  Richter,  Penck,  \V.  M.  Davis  et 
de  notre  confrère  M.  de  Martonne. 


DÉCOUVERTE  DE  CALCAIRE  A  NUMMULITES,  DANS  LE  PETIT 
SYNCLINAL  DE  LA  GOURRE,  PRÈS  DE  SÉDERON  (DROME) 

par  M.  W.  KIIilAN 

Ce  gisement,  découvert  par  Tauteur,  à  4^  ^î^*  ^  Touest  de 
Sisteron  et  non  loin  du  Mont  Ventoux,  est  distant  d^environ 
65  kiL  de  Taflleurement  nummulitique  de  Faucon  (Basses-Alpes), 
décrit  par  M.  Haug,  le  plus  occidental  qu*on  connût  jusqu*à  présent 
dans  les  Alpes  françaises.  Il  se  compose  d'assises  verticales 
pincées  dans  les  calcaires  du  Crétacé  inférieur.  Le  calcaire  de  la 
Gourre  est  fortement  zoogène  et  cristallin,  à  rares  grains  de 
glauconite,  il  se  délite  en  dalles  et  contient  à  côté  d*HuItres  et 
de  Pecten  indéterminables,  de  très  nombreux  et  très  beaux 
Bryozoaires,  des  Lithothamnium  d'une  conservation  remarquable, 
des  débris  d'Echinodermes  et  de  nombreux  Foraminifères  (?  Gyp- 
sina^  Textularia,  Millioles,  etc.)  parmi  lesquels  des  NummuUies 
de  très  petite  taille,  très  souvent  détruits  par  la  recristallisation 
qu'a  subie  la  roche.  Reconnues  d'abord,  avec  la  plus  grande  netteté, 
dans  des  préparations  (détermination  confirmée  par  M.  le  Prof. 
Steinmann),  ces  petites  Nummulites  ont  été  retrouvées  par  M. 
Kilian,  au  moyen  de  la  loupe,  dans  des  échantillons  qu'il  vient  de 
recueillir  à  la  Gourre,  an  cours  d'une  récente  exploration  de  cette 
localité,  qu'il  vient  de  visiter  à  nouveau  avec  le  plus  grand  soin. 

Une  note  détaillée  fera  connaître  les  résultats  de  l'examen 
microscopique  des  nouvelles  préparations  de  ce  calcaire  qui  vont 
être  faites  et  qui  permettront  peut-être  de  fixer  définitivement 
Fâge  du  Calcaire  à  petites  Nummulites  de  la  Gourre  qui  est  en 
relations  avec  des  sables,  des  argiles  bariolées  et  des  marnes  à 
galets  calcaires  analogues  à  ceux  du  gisement  oligocène  d'Eyga- 
layes,  décrit  par  M.  Paquier  et  peu  éloigné  de  Séderon. 

On  conçoit  facilement  l'importance  qu'aurait  pour  l'histoire  des 
mers  éo gènes  dans  le  bassin  du  Rhône,  la  détermination  exacte  de 
ce  lambeau  marin  situé  dans  une  portion  des  Chaînes  subalpines  qui 
passait  pour  être  restée  en  dehors  du  domaine  maritime  jusqu'à 
l'époque  du  Miocène  inférieur.  En  tous  cas,  la  découverte  de  cal- 
caire à  Nummulites,  près  de  Séderon,  permet  d'ores  et  déjà  d  affir- 
mer qu'il  convient  de  reporter  le  rivage  de  la  mer  nummulitique 
bien  plus  à  Vouest  qu'on  ne  l'admettait  jusqu  à  présent. 


OBSERVATIONS  STRATIGRAPHIQUES 
DANS   LE  NORD  DU    MASSIF   DU   VERCORS 

par  M.  P.  LORY. 

On  connaît  la  division  longitudinale  très  nette  du  massif  du 
Vercors  en  deux  parties,  délimitées  par  le  pied  ouest  de  Tanti- 
clinal  de  Fourvoirie,  c'est-à-dire,  sur  la  plus  grande  partie  de  la 
longueur  de  ce  pli,  par  la  ligne  d*éti  rement  qui  l'accidente,  la 
célèbre  Jaille  de  Voreppe.  Seule  la  partie  située  à  Test  est  au 
point  de  vue  tectonique  le   prolongement  de  la  Chartreuse. 

Dans  la  partie  de  la  bande  occidentale  comprise  sur  la  feuille 
Grenoble  au  8o.ooo°><',  la  série  stratigraphique  présente  nombre  de 
particularités  intéressantes,  indiquées  d'ailleurs  depuis  longtemps, 
pour  la  plupart,  par  A.  Gras  et  Ch.  Lory. 

Depuis  le  Portlandien,  étage  le  plus  ancien  qui  af!leui*e,  jusqu'à 
rUrgonien,  cette  série  est  continue  * .  Je  rappelle  que  la  limite  du 
faciès  subrécifal  à  Polypiers  et  Chamacées,  qui,  au  sud  de  Tlsère, 
se  dirigeait  vers  le  sud-ouest  à  Tépoque  du  Poi*tlandien  et  du  Ber- 
riasien  (calcaires  de  TËchaillon),  se  déplace  au  Valanginien  moyen: 
jusqu'au  sud  de  Saint-Gervais  ces  calcaires  blancs  massifs,  oolithi- 
ques  par  places,  forment  une  intercalation  puissante  dans  les 
couches  du  Fontanil. 

Après  le  dépôt  des  calcaires  urgoniens  supérieurs  (Aptien 
inférieur),  les  lacunes  et  les  ravinements  apparaissent.  C'est 
d'abord  l'absence  du  Gargasien,  complète  dans  la  partie  étudiée, 
puisque  les  «  couches  supérieures  à  Orbitolines  »  font  défaut  au 
nord  de  Romeyère.  M.  Paquier,  qui  a  discuté  avec  beaucoup  de 
sagacité  les  interprétations  que  Ton  peut  donner  de  cette  lacune  -, 
adopte  ridée,  formulée  par  Ch.  Lory  en  i852  *,  d'un  exhaussement 
du  Vercors  au  Gargasien,  suivi  d'une  dénudation  ;  mais  il  regarde 
une  émersion  comme  peu  probable,  et  effectivement  les  courants 
de  transgression  du  Gault  peuvent  avoir  suffi  à  produire  un 
décapage  général  du  fond.  L'importance  de  cette  dénudation  a 
varié  suivant  les  points  :  elle  «  n'a  laissé  subsister  que  de  [)elits 
lambeaux  des   marnes  à  Orbitolites   et  a   rongé  d'une   manière 

I.  J'ai  résumé  ses  caractères  les  plus  saillants  dans  les  NoL  géoL  sur  divers 
pointé  des  Aipes  françaises  (en  coUab.  avec  M.  Kilian,  19CX)). 
a.  Diois  et  Baronnies,  p.  ai5,  216,  aai.  aaa. 
3.  Chartreuse,  p.  70. 


!i56  p.  LORY.  —  OBSKHVATUINS  &TUAT1GRAPHIQUB8  l5  Avpîl 

inégales  les  couches  supérieures  des  calcaires  à  Caprotines  *  ». 
Ces  inégalités  paraissent  indiquer  des  ébauches  de  ridenients, 
M.  Paquier  Ta  fait  observer  (1.  c,  p.  aaîi)  pour  les  lambeaux  de 
marnes,  qui  doivent  être  les  traces  de  synclinaux.  Invei'senient, 
les  points  oii  la  niasse  calcaire  supéneui*e  de  l'Urgonien  est  nota- 
blement réduite  (ce  cas  existe,  contrairement  à  ce  que  pense  notre 
confrère),  devaient  appartenir  à  des  anticlinaux.  Il  y  a  de  ces 
points  près  de  Feyssole  et  près  de  Veurey  :  dans  cette  dernière 
localité,  le  long  de  la  Varaize.  moins  de  dix  mètres  sépai'ent  le 
Gault  de  lits  marneux  à  Orbitolines  appartenant  à  Fassise 
moyenne  de  l'Urgonien. 

Le  Gault  inférieur,  le  calcaire  dit  «  luniaehelle  »,  débute  aux 
Ecouges  par  une  i)laquette  à  faciès  zoogène  spécialement  net, 
chargée  de  Spongiaires  (Cupulochonia?)  et  à' Alectryonia  du 
groupe  de  flabellata.  Le  gi*ès  [phosphaté,  qui  plus  à  l'est  i*epré- 
sente  le  reste  du  Gault,  fait  défaut  dans  cette  bande  au  nord 
de  Romeyère.  D'ailleurs  on  voit  l'épaisseur  de  la  luniaehelle 
elle-même  varier  de  7  à  a  mètres,  et.  en  quelques  points,  elle 
manque  entre  TUrgonien  et  le  Sénonien.  1^  lacune,  qui,  dans  tous 
ces  massifs  subalpins  du  nord,  existe  sous  le  Campanien,  descend 
donc  ici  plus  bas  que  d'habitude  ;  elle  monte  aussi  plus  haut, 
comme  Ch.  Lory  Tavait  mis  en  évidence  -  :  les  premières  cou- 
ches sénoniennes  ne  correspondent  qu'au  sonnnet  des  lauzes  à 
Bryozoaires  ^,  ou  même  plus  au  sud,  appartiennent  déjà  aux 
calcaires  à  silex  ^.  G  est  la  région  occidentale  qui  a  dû  fournir 
les  graviers  de  Gault  répandus  aux  environs  de  Gi'enoble  jusque 
dans  cette  seconde  assise  du  Sénonien.  Otte  partie  du  massif  a 
dû  rester  surélevée  plus  longtemps  que  le  i^este  à  la  suite  des 
mouvements  antésénoniens. 

Les  mouvements  éogènes  y  ont  été  plus  sensibles  encore  :  il  y 
avait  des  saillies  formées  dès  TEocène  inférieur,  alors  que  les 
crevasses  de  lapiaz,  les  puits,  les  grottes,  creusés  dans  ce  territoire 


I.  VA\.  Lory,  p.  7.">. 

!i.  Cf.  nota  m  ment  Descr.  Dauphiné^  p.  V)6. 

3.  Cf.  P.  LoHY.  li.  S.  G.  F,  (3),  XXVIII.  p.  ;8i.  La  constitution  de  ces 
premières  couches  est  bien  voisine  de  celle  des  lauzes  supérieures,  fif^rée 
par  MM  Hovelaeque  et  Kilian  (-1^.  de  Mici^ophotoffraphies),  et  sVloi- 
jfiie  au  contraire  de  celles  des  calcaires  à  silex,  à  petits  Foraminifcres  et 
spicules.  qui  les  recouvrent.  —  C'est  par  suite  d'un  lapsus,  évident  d'ail- 
leurs, que  dans  l'article  ri-dessus  il  est  question  de  la  partie  «  orientale  » 
du  Vercors.  au  lieu  de  «  occidentale  ». 

4.  V.  l*A(jUii:ii,  oj>    <•  ,  p.  '-i^J. 


igOI  DANS   LE   NORD    DU    MASSIF   DU    VERCORS  267 

émergé,  s'emplissaient  de  sables  réfractaires  *.  Car,  entre  autres 
raisons,  il  fallait  des  pentes  notables  pour  permettre  aux  ruisseaux 
de  transporter  les  gros  galets  de  calcaires  crétacés  demi-roulés 
que  Ton  voit  çà  et  là  se  mêler  aux  sables.  Mais  c'est  surtout  la 
transgression  burdigalienne  ^  qui  met  en  évidence  le  redressement 
des  couches  :  il  est  en  général  d'autant  plus  marqué  (Ch.  Lory  a 
insisté*  sur  ce  fait)  que  l'on  est  plus  loin  des  chaînes  alpines.  Il  y  a 
par  endroits,  comme  vers  la  scierie  des  Ecouges,  une  véritable 
discordance.  Vers  Test,  il  devait  y  avoir  un  haut  fonds  vers 
Planfay  (massif  de  la  Chartreuse),  où  localement  le  substratum 
est  l'Urgonien  comme  à  l'ouest. 

En  résumé,  antérieurement  aux  grands  plissements  on  constate 
une  différenciation  de  la  bordure  occidentale  par  rapport  au  reste 
des  massifs  calcaires,  les  mouvements  orogéniques  y  étant  moins 
insensibles  et  l'affaissement  à  certaines  époques  plus  tardif  et  plus 
lent.  Manifestement,  durant  une  grande  partie  du  Secondaire  cette 
bande  s'est  trouvée  voisine  du  bord  du  géosynclinal  alpin. 

Tectonique.  —  La  tectonique  des  massifs  subalpins  au  voisinage 
de  la  cluse  de  Tlsère  est  presque  entièrement  bien  connue.  Voici 
cependant  quelques  points  que  je  puis  signaler  :  i**.  Une  faille,  du 
système  de  celles  qui  ont  déterminé  l'emplacement  de  la  cluse, 
dédouble  la  barre  valanginienne  du  Fontanil  et  devait  délimiter, 
avec  celle  que  M.  Kilian  a  figurée  sous  Aizy  3,  un  compartiment 
abaissé  transversalement.  —  2®.  Un  curieux  dédoublement  se  pro- 
duit dans  le  synclinal  Vonrey-Rencurel,  au  ravin  de  la  Rivière, 
avec  relaiement  de  lu  a  faille  »  de  Voreppe  par  une  ligne  d'étire- 
ment  extérieure.  —  3°.  Il  y  a  dédoublement  temporaire  et  dépres- 
sion transversale  de  l'anticlinal  de  Montaud  au-dessus  de  Saint- 
Gervais  :  le  cours  inférieur  de  la  Drevenne  a  emprunté  cette 
dépression.  —  4^.  A  l'est  se  place,  au  bord  interne  des  massifs 
calcaires,  un  chapelet  de  dômes,  ceux  du  Rocher  de  FOurs,  du 
Moucherotte,  du  Herluchon,  séparés  par  les  rentrants  synclinaux, 
plus  ou  moins  étires,  du  col  de  l'Arc  et  de  l'Isère  *.  La  retombée 
du  dôme  du  Moucherotte  vers  Test  est  très  visible,  surtout  du 
Peuil-de-Glaix  à  Seyssins.  Elle  est  tranchée  orthogonalement,  sans 

1.  Voir  in  Kilian,  Ann:  Univ.  Grenoble,  l.  X,  l'exposé  de  cette  formation 
des  sables  éocènes  j>ar  ruissellement  et  décalcilication. 

2.  Elle  amène  d'abord  dans  l'ouest  la  formation  de  calcaires  gréseux  à 
Hryozoaires,  très  riches  en  Pecten  prœscabriusculus  et  P.  du  gr.  de  restiiu- 
tensis. 

3.  Livret-Guide  Congrès  lyoo.  Exe.  Xin%  Pi.  I. 

4.  D'après  les  observations  de  Ch.  Lory»  de  M.  Kilian  et  les  miennes. 

3  Octobre  1901.  --  T.   i^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  17 


a58  UISCORUANCE  DU  CAMBHIK.V  SUR  LE  PHÉCAMBKIEN        l5  Avril 

en  ^tre  autrement  nfleçtée,  par  l'extrémitë  nord,  coudée  presque  à 
angle  droit,  de  l'iinticlinnl  linéaire  de  Saint-Ange  ',  ce  pli  se  com- 
porte donc  comme  un  élément  tectonique  postérieur.  C'est  un  bon 
argument  à  l'appui  de  l'idée  que  j'avais  émise  déjà  ^  »iur  la  Rtrnctnre 
de  cette  partie  du  Bord  subalpin  et  de  son  voisinage  :  superposition 
de  deux  sortes  d'éléments  tectoniques  formés  successivement,  des 
dûmes  ayant  précédé,  cas  d'ailleurs  si  fréquent,  les  éléments 
linéaires  qui  constituent  ici  un  petit  faisci^au  déversé  vers  l'inté- 
rieur des  Alpes. 


DISCORDANCE  DU  CAMBHIEN  SUR  LE  PRËCAMBRIICN 
PRÈS  DE  RENNES 

par  M.    F.  EBRFOBHE 

La  pénéplaine  précambrienne  de  Rennes  est  limitée  au  sud  par 

les  hauteurs  cambriennes  de  Pont-Rean.  Malgré  la  longueur  et  la 

netteté  topograp bique  de  la  ligne  de  contact,  on  n'avait  pu   y 

constater  encore  la  discordance  signalée  ailleurs  entre  le  Cauihrien 

et  le  Précambrien.  Elle  existe  cependant  et  j'ai  pu  l'observer  avec 

toute  la  netteté  et  la  précision  désirables. 

A  4  kil.  5  à  l'est  de  Pont-Réan,  un  peu  au  nord  de  la  bifui-cation 

des  routes  de  Laillé  à  Bruz  et 

"  s         d(    Laillé    à  Saint-Erblon,  une 

carrière  est  ouverte  à  la  limite 

des  deux  l'oriiiations.  La  coupe 

Il  contre    montre    ce    qu'on    y 

.-,.,^  observe. 

^-v^  La,    Précan>brien    est   repré- 

senté par  des  scbistes  argileux 
,B  .  -  U.scordnnce  du  Cambnen  bleu-vei-dâtre.  jaunâtres  par 
sur    le    Prtcambrien    au    sud    de        ,        ,  .  ■■  ,  ,     ,         , 

Rennes  dtcolol'ation,  entremêles  de  très 

»■   u  1    _i   ■       <•  <-     I   ■  nombreux  itetits  bancs  de  gi-cs 

ai-gileux  de  couleur  bleu-verdâ- 
e.  en  général  assez  foncée  (=^  Grauwackc  de  quelques  auteurs), 
es  petits  bancs  sont  bien  calilirés  et  coupés  de  nombreuses  dia- 

1.  Pli  si)rnaié  pur  M.  Kilian.  C.-R.  Ca.  g:  pour  1896,  p.  1118. 
■j.  Pth  iv/onléH  vei-H  tielUdonne.  <J.  II.  Ai:  Si:,  ali  dét.  rdgb. 


igOl  DISCORDANCE  DU  CAMBRIEX  SUR  LE  PRECAMBRIEN  209 

«rlases  perpendiculaires  au  plan  de  stratification  :  par  suite  de 

4rette  disposition  ils  se  débitent  naturellement  en  petits  paralléli- 

pipèdes  plus  ou  moins  réguliers  :  on  les  utilise  pour  Tempierrement 

-^es  rentes.  Quelques  iilonnets  de  quartz  blanc  laiteux  s'obsei'^ent 

^-ii  et  là. 

Ces  couches  dessinent  un  pli  en  S  et  plongent  au  sud. 
Dans  la  partie  méridionale  de  la  carrière,  elles  supportent  sur 
j€?*ur  tranche  les  assises   cambrienues  ayant  même  plongement 
uiâis  une  plus  grande  inclinaison  sud. 

-Le  Cambrien  est  formé  à  sa  base  de  schistes  argilo-siliceux  vert 
crJ^r,  à  texture  compacte  et  à  schistosité  à  peu  près  verticale, 
luisant  par  conséquent  un  angle  assez  prononcé  avec  le  plan  de 
5%  C.  rectification. 

-A.  quelques  mètres  au  sud,  dans  une  seconde  petite  carrière,  on 
observe  le  passage  de  ces  schistes  verts  aux  schistes  rouges 
tv^iciues.  Ce  passage  est  graduel  et  présente  des  intercalations 
al  terriati veinent  vertes  et  rouges  ;  la  texture  des  schistes  verts  est 
lit  ni^me  que  celle  des  schistes  rouges.  II  ne  saurait  y  avoir  aucun 
dc>imt>e  sur  leur  assimilation  au  Cambrien. 

Kn   étudiant  les  premiers  bancs  reposant  sur  le  Précambrien, 

c>ii     eonstate   qu'il  ne    s'y  trouve   pas  de  poudingue  comparable 

li^Ho logiquement  à  celui  de  Montfort,  Oignies,  etc;  mais,  à  une 

cfiiinzaine  de  centimètres  de  hauteur  dans  le  schiste  se  trouvent  des 

petits;  galets  empruntés  aux  bancs  gréso-argileux  du  Précambrien 

»ou.s-jacent.  Ces  galets  sont  très  peu  roulés  ;  quelques-uns  ont  la 

forme  de  parallélipipèdes  à  arêtes  arrondies.  Ces  faits  confirment 

la  discordance  observée  et  montrent  qu'au  début  du  Cambrien,  les 

l^rès   argileux  précambriens  étaient  déjà  coupés  de  diaclases  et  se 

débitaient  en  parallélipipèdes  comme  à  l'époque  actuelle. 


OBSERVATIONS  GÉOLOGIQUES 
A    SUMATRA     ET    A    BORNÉO 

par  M.  Cari  SCHMIDT 

I.  —  Sumatra 

Les  traits  généraux  de  la  constitution  géologique  des  parties 
sud  de  l'île  de  Sumatra  sont  particulièrement  nets  sur  une  coupe 
transversale  de  Tîle  allant  du  sud-ouest  au  nord-est,  de  l'île  d'En- 
gano  dans  la  mer  des  Indes,  à  Tile  de  Bangka  dans  la  mer  de 
Chine,  en  passant  par  Manna  au  sud  de  Benkoulen,  le  volcan 
Dempo,  Lahat  et  Palembang.  (Voir  la  coupe  p.  263).  Toute  cette 
région  a  été  étudiée,  d'une  manière  générale,  par  R.-D.-M.  Ver- 
beck.  Cet  auteur  a  publié  en  1881  une  description  topographique 
et  géologique  de  la  partie  sud  de  Sumatra  avec  une  carte  à  l'échelle 
de  i/5oo.ooo  S  et  en  1897  une  monographie  de  l'île  de  Bangka  *. 

La  côte  sud-ouest  de  Sumatra,  ainsi  que  les  lies  qui  longent 
cette  côte,  sont  formées  par  des  sédiments  tertiaires  renfermant 
de  la  houille.  Ce  Tertiaire,  attribué  au  Miocène  et  au  Pliocène, 
constitue  au  sud  de  Benkoulen  une  série  de  couches,  plongeant 
au  sud-ouest  et  s'élevant  à  l'opposé  à  une  altitude  de  3oo  m.,  pour 
venir  buter  le  long  d'une  faille  contre  des  couches  paléozoïques 
fortement  redressées.  Cette  zone  bordière  tertiaire  de  l'île  a  dans 
cette  région  une  largeur  de  3o  kilomètres  environ. 

La  «  chaîne  centrale  »  constitue  une  région  large  d'environ 
5o  kilomètres,  où  nous  trouvons  des  calcaires  siliceux  et  des 
schistes  paléozoïques  fortement  plissés,  du  granité  et  des  roches 
volcaniques  récentes.  Ces  dernières  couvrent  une  grande  étendue  ; 
elles  forment  toute  la  partie  nord-est  de  la  chaîne  centrale  et 
supportent  le  Dempo,  volcan  en  activité,  de  3.176  m.  de  haut.  Vers 
le  nord-est  comme  au  sud-ouest  la  chaîne  centrale  est  séparée  par 
une  faille  d'un  çorland  tertiaire. 

A  partir  du  bord  de  la  chaîne  centrale  près  de  Lahat  sur  une 
longueur  de  210  kilomètres,  s'étend  le  bas-pays  de  Palembang-^ 

I    Jaarboek  van  het  Mijnwezen  in  Nederlandach  Oost-lndie.  Jaargang  X, 
eerste  Deel  i88i. 
a.  Ibid,  Jaargang  XXI,  189;. 


OBSERVATIONS  GEOLOGIQUES  A  SUMATRA  ET  A  BORNEO  q6i 

traversé  par  le  Mousi  et  ses  affluents.  D'après  la  carte  de  Verbeck, 
tout  ce  pays  est  couvert  par  le  «  Zeediluvium  »  ou  par  le  «  Riçier, 
alluQium  »  ;  ce  n'est  que  dans  le  voisinage  des  montagnes  dans  le 
sud-ouest  que  la  carte  de  cet  auteur  indique  quelques  affleure- 
ments isolés  de  Tertiaire  et  de  roches  éruptives.  Grâce  à  des  puits, 
profonds  de  5  à  lo  mètres,  on  peut  constater  presque  partout,  au- 
dessous  d'une  couche  d'alluçium  ou  de  latérite,  la  roche  en  place, 
constituée  soit  par  du  Tertiaire,  soit  par  des  roches  volcaniques. 
La  plus  grande  partie  est  formée  par  le  Néogène,  dont  les  couches 
forment  des  plis  plus  ou  moins  redressés  et  arasés. 

Les  couches  que  Ton  peut  attribuer  au  Miocène  sont  des  cal- 
caii*es  gréseux.  On  les  trouve  vers  l'ouest  en  bordure  de  la  chaîne 
centrale,  mais  j'ai  pu  les  constater  aussi,  plus  à  l'est,  dans  le  bas- 
pays,  où  elles  forment,  souvent  accompagnées  de  roches  éruptives, 
les  noyaux  des  anticlinaux.  C'est  ainsi  que  le  Miocène  se  trouve  au 
Boukit  *  Pendopo  entre  le  Mousi  et  le  Lematang,  près  de  Mela- 
moum  au  sud  du  Lalang,  et  près  de  Bioukou  à  l'ouest  de  Palem- 
bang,  où  l'on  a  rencontré  au-dessous  de  marnes  pliocènes  des  cal- 
caires, probablement  miocènes,  métamorphisés  au  contact  avec 
ime  roche  éruptive. 

La  plus  grande  partie  de  la  région  est  occupée  par  des  marnes, 
que  nous  envisageons  avec  Verbeck  comme  pliocènes.  La  puis- 
sance de  ces  marnes  est  au  moins  de  2000  mètres.  On  trouve 
disséminés  çà  et  là,  quelquefois  en  assez  grand  nombre,  des  fossiles 
tels  que  Conus,  Fusus,  Tellina, 

Des  lignites  associés  à  des  grès,  qui  s'intercalent  dans  les 
Diarnes,  sont  assez  répandus  et  forment  des  bancs  ayant  jusqu'à 
5  mètres  d'épaisseur.  Ces  lignites  occupent  localement  des  niveaux 
bien  déterminés.  —  Les  couches  du  Pliocène  et  du  Miocène  sont 
en  parfaite  concordance,  et  leur  sépai*ation  est  peu  tranchée. 

La  direction  des  plis  du  Néogène  montre  un  parallélisme  remar- 
quable avec  la  direction  de  la  chaîne  centrale.  Dans  les  hautes 
parties  de  la  résidence  de  Palembang  la  chaîne  centrale  forme  un 
arc,  qui  est  convexe  vers  le  sud-ouest;  au  nord-ouest  de  la  même 
résidence  la  chaîne  centrale  est  dirigée  vers  l'ouest-nord-ouest.  De 
même  les  jJis  du  Tertiaire  sont  dirigés  :  E.-O.  entre  l'Ogan  et 
le  Lematang,  S.E.-N.O.  et  S.S.E.-N.N.O.  dans  les  environs  du 
Mousi  et  du  Rawas  et  enfin  E.S.E.-O.N.O.  au  sud  du  fleuve  Lalang 
(Voir  la  carte  de  Verbeck). 

Au  milieu  des  coucIkîs  tertiaires  du  «  vorland  »   on  rencontre 

I.  Boukil  (Boekil)  veul  dire  «  colline  ». 


a6îi  c.  scHMiDT  i5  Avril 

des  massifs  de  roches  volcaniques,  qui  n  ont  plus  la  forme  de 
cratères.  \'erbeck  mentionne  de  semblables  massifs  dans  le 
Miocène  du  «  Goemai-Gebcrg^  »  au  sud  de  Tebing-Tingg^ 
dans  le  Pliocène  entre  le  Enim  et  le  Lematang  à  Test  de  Lahat. 
Sur  ce  dernier  point  on  voit  surgir  de  la  plaine  une  chaîne  de 
montagnes  boisées,  dont  la  longueur  du  nord  au  sud  est  à  peu  près 
de  3o  kil.  et  qui  se  termine  vers  le  nord  par  le  sommet  pointu  du 
Boukit  Serillo  (600  m.),  dont  l'ascension  n'a  jamais  été  faite.  La 
roche  du  Boukit  Serillo  mentionnée  par  Verbeck  *  est  une  andésite 
grise  à  hornblende  et  à  augite  avec  une  pâte  microlitique. 

La  hornblende  verte  est  très  décomposée  et  a  donné,  comme 
produit  de  décomposition,  surtout  de  la  titanite.  La  roche,  prise 
en  entier,  contient  0,87  "/o  de  TiO*,  tandis  que  dans  les  éléments 
basiques  seuls,  ilont  la  densité  est  supérieure  à  3,  la  teneur  en 
TiO*  monte  à  2,77  "/o. 

A  peu  de  distance  du  Boukit  Serillo,  au  Boukit  Besar,  j'ai  tix)uvé 
des  andésites  à  augite  avec  du  Péridot,  et  j'ai  vu  dans  les  ravins 
descendant  de  ces  montagnes  des  blocs  d*une  roche  d'un  aspect 
absolument  dioritique. 

En  outre  des  massifs  éruptifs  du  Boukit  Serillo  et  du  Boukit 
Besar,  la  région  possède  un  autre  petit  massif  du  même  genre, 
que  nous  avons  découvert  au  Boukit  Pendopo,  au  milieu  du  pays 
tertiaire  entre  le  Mousi  et  le  Lematang,  sur  la  frontière  des  dépar- 
tements de  Mousi  Uir  et  de  Tebing-Tinggi,  à  i3o  kilomètres  ouest 
de  Palembang,  La  roche  éruptive  forme  en  ce  point  une  petite 
cime  ari'ondie,  boisée,  qui  s'élève  à  100  mètres  au-dessus  du  pays, 
couvert  de  «  Bosch  ».  J'ai  pu  suivre  le  contact  entre  la  masse 
éruptive  et  le  Tertiaire  seulement  vers  le  nord  et  vers  l'est. 

Au  nord-est  du  Boukit  Pendopo  on  rencontre  les  marnes  du 
Pliocène,  qui  plongent  à  lo'^-ao"  vei»s  le  nord-est  et  au  pied  de  la 
colline  même  on  voit  surgir  sur  une  longueur  de  3oo  à  5oo  mètres 
les  gros  bancs  de  calcaires  gréseux,  miocènes,  inclinés  de  So®  à  70^ 
vers  le  nord-i»st.  La  partie  du  massif  éruptif  lui-même  que  j'ai  pu 
étudier  couvre  une  surface  d'un  denn-kilomètre  carré  à  peu  près,  et 
sur  cette  petite  étendue  l'on  trouve  une  très  grande  difl'érentiation 
des  roches.  Au  sommet  de  lu  colline,  c'est-à-dire  à  une  distance 
de  400  mètres  de  la  bordui*e  du  massif,  on  trouve  une  roche  à  grain 
moyen  holocristalline,  qui  a  l'aspect  d'une  diorite  (Var.  I).  Les 
éléments  essentiels  de  la  roche  sont  un  labrador  basique  et  le 
diallage,  la   texture  est  ophitique  :   nous  avons  donc  au  centre 

I.   Luc.  vit  ,  \).  laG. 


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q64  c.  schmidt  i5  Avril 

du  Boukit  Pendopo  un  gabbro  ophitique.  A  une  distance  de 
25o  mètres  environ  de  ce  gabbro  vers  la  périphérie  du  massif  j'ai 
recueilli  une  roche  verte,  à  texture  porphyrique  (Var.  II).  L'élé- 
ment de  première  consolidation  est  un  labrador,  la  pâte  est 
holocristalline  et  se  compose  de  bytownite,  d'augite  et  de  quartz. 
Je  désigne  cette  roche  comme  porphyrite  augitique  à  quartz. 

Partout  où  j'ai  pu  constater  le  contact  de  la  roche  éruptive  avec 
le  Miocène,  j'ai  trouvé  des  variétés,  plus  ou  moins  fraîches,  qui 
ont  un  aspect  franchement  andésitique  (Var.  III).  On  y  distingue 
à  l'œil  nu,  dans  une  pâte  violacée,  des  cristaux  de  feldspath  d'une 
longueui'  de  2  millimètres  en  moyenne.  Ce  feldspath,  de  première 
consolidation,  est  un  oligoclase  basique;  l'autre  élément  du  pre- 
mier stade  est  une  hornblende  décomposée.  La  pâte  offre  au 
microscope  une  Quidalité  marquée,  et  se  compose  d'une  matière 
feldspathique  confusément  cristallisée.  La  roche  est,  d'après  sa 
composition  minéralogique,  une  porph)^rite  à  amphibole  ou  une 
andésite  à  hornblende. 

Les  trois  types  de  roches  ont  été  analysés  dans  le  laboratoire  de 
M.  Duparc  à  Genève.  Voici  les  résultats  de  cet  examen  : 


SiOï 

A1203  .... 
Fe203  .... 

FeO 

MgO 

CaO 

Na20 

A.-iJ    .     .     .     .     ■ 

Perte  au  feu  . 


Var.  I 

Var.  n 

Var.  III 

45,1: 

53.ai 

67,35 

16,06 

20,30 

i5,oo 

5,a3 

1,95 

3,76 

4,45 

6,o5 

1,68 

",74 

1,68 

1,65 

10,79 

6,04 

1,83 

1,74 

3,22 

4,63 

1,77 

2,51 

2,12 

2,88 

4/49 

2,83 

ioo,83  99,44  ioo,85 


Le  gabbro  ophitique  (Var.  I)  montre  la  composition  njoyenne 
desdiabases.  la  porph  y  ri  te  augitique  (Var.  Il)  celle  des  porphy- 
rites  augitiques  et  des  andésites,  tandis  que  la  porphyrite  à 
amphibole  oii  Vandésite  à  hornblende  (Var.  III)  se  distingue  des 
andésites  les  plus  acides  par  sa  faible  teneur  en  chaux  et  se  rap- 
proche des  roches  trachytiques. 

On  peut  présumer  que.  cette  liaison  intime  de  roches  diabasiques 
avec  des  types  andésitiques  et  trachytiques  se  retrouve  en  d'autres 
points  de  l'île  de  Sumatra,  par  exemple  dans  le  massif  du  Boukit 
Serillo  et  du  Boukit  Besar.  Il  en  est  de  môme,  d'après  Verbeck  ', 

I.  Loc.  cit.  p.  118. 


igOI        OBSERVATIONS  GEOLOGIQUES  A  SUMATRA  ET  A  BORNÉO  265 

sur  le  Tersant  est  de  la  montagne  Amboung-Bras  située  à  loo  kilo- 
mètres à  l'ouest  du  Boukit  Pendopo. 

Un  troisième  affleurement,  de  roche  éruptive,  au  milieu  du  Ter- 
tiaire, est  à  signaler  à  45  kilomètres  a  Touest  de  Palembang  entre 
le  Mousi  et  le  Banjou-Asin.  On  y  a  observé  sur  une  longueur  de 
20  kilomètres  des  sources  de  naphte,  qui  ont  donné  lieu  à  des  son- 
dages pétrolifères.  On  a  rencontré  au-dessous  de  marnes,  à 
5o  mètres  de  profondeur,  des  calcaires  grenus,  blancs  et  gris 
(calcaire  miocène,  métainorphisc  au  contact  avec  une  roche  érup- 
tive), puis  vers  100  à  200  mètres  une  liparite,  du  type  des  néifodites. 

Au  nord-est  du  bas-pays  de  Palembang,  qui  s'étend  sur  le 
Tertiaire  et  des  roches  éruptives,  est  située  File  de  Bangka,  où 
Ton  ne  rencontre  que  des  granités  et  des  schistes  paléozoïques 
fortement  plissés.  C'est  ainsi  que  la  continuation  de  la  pénin- 
sule de  Malacca  vers  le  sud-est  est  formée  par  Bangka,  Billiton 
et  les  îles  Karimoun  au  nord  de  Java.  Les  eaux  peu  profondes  du 
détroit  de  Bangka  semblent  tout  d'abord  former  la  limite  entre  le 
Tertiaire  de  Sumatra  et  les  régions  paléozoïques  de  Bangka. 
Verbeck  *  indique  l'île  Lucipara,  située  très  près  de  la  côte  de 
Sumatra,  comme  constituée  par  des  grès  paléozoïques  et  il  sup- 
pose que  la  limite  des  roches  anciennes  vers  le  sud  est  voisine 
de  la  ligne  qui  va  de  Lucipara  à  Kebatou.  (Voir  Kaarty  N°  i. 
Verbeck.  Bangka  en  Billiton). 

Mais  à  Palembang  M.  G.  Fischer  m'a  fait  voir  des  granités 
absolument  identiques  aux  granités  caractéristiques  de  Bangka. 
M.  Fischer  a  trouvé  ces  granités  dans  le  pays  marécageux  situé 
à  63  kilomètres  à  l'est  de  Palembang  et  77  kilomètres  à  l'ouest 
de  Lucipara. 

D'après  cette  observation  il  existerait  donc  au  sud  des  grès 
paléozoïques  de  Lucipara  et  sur  l'île  même  de  Sumatra  un  nouveau 
massif  granitique.  La  limite  entre  le  noyau  paléozoïque  de  Tarchi- 
pel  malais  et  la  région  du  Tertiaire  de  l'île  de  Sumatra  passerait 
donc  par  le  bas-pays  de  Palembang  et  c'est  là  que  nous  aurions  à 
admettre  Texistence  d'une  grande  faille. 

Au  cours  de  mes  recherclu^s  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  (fuelques 
observations  sur  la  formation  de  la  latente.  Pour  pouvoir  mesu- 
rer le  plongement  des  couches  du  Tertiaire  il  fallait  presque 
toujours  creuser  des  puits  à  travers  la  latérite.  C'est  ainsi  que  par 
exemple  j'ai  pu  constater  la  présence,  (m  place,  des  marnes  grises 

I.   Geol.  Beschr.  van  Bangka  en  Billiton j  p.  53  et  83. 


î2(>G  c.  scHMiDT  i5  Avril 

sableuses  du  Pliocène  en  couches  minces  dès  la  profondeur  de 
4  mètres.  Entre  4  nièlres  et  3  mètres  de  profondeur  ces  marnes  ont 
une  teinte  jaunâtre  ou  roiigeAtre  due  à  la  présence  de  Foxyde  de 
fer  ;  elles  conservent  néanmoins  leur  schistosité.  De  la  profondeur 
de  3  mètres  à  la  surface  on  rencontre  une  masse  argileuse  homo-- 
gène  d'un  i*ouge  ou  d'un  jaune  très  vif,  c'est  la  latérite  ordinaire  du 
pays.  J'ai  fait  faire  dans  mon  laboratoire,  par  le  T>'  Hinden,  l'ana- 
lyse de  ces  trois  types  de  roches,  et  Ton  a  trouvé  : 

I  II  III 

A  hi  pi'ofondeui*  de ...   .  5  m.  3  m.  5  i  m. 

SiO^ 68,06  6c),55  73,5o 

Alî03 i4,a8  15,69  i5,68 

Fe203 /J,(Î9  3/46  3,87 

MgO 2,',6  o,58  0,18 

Na-(  ) «,26  0,09 

K:iO 0,96  0,78 

Perte  au  feu io,63  8,(k)  5,75 


«t)i),72  îH)»i«  99»^ 

Je  me  propose  de  continuer  Télude  de  ces  types  en  établissant 
le  processus  de  la  décomposition  des  marnes  pliocènes,  qui  semble 
être  de  toute  autre  nature  que  dans  les  granités,  dont  la  latériti- 
sation  a  été  étudiée  par  M.  Bauer. 

II.  —  Bornéo. 

Mes  observations  géologiques  sur  Bornéo  se  rapportent  exclu- 
sivement aux  eûtes  nord-ouest  du  «  British  North  Bornéo  ».  J'ai 
étudié,  en  particulier,  les  terrains  de  l'Eocène  pétrolifère  de 
Labuan  et  des  localités  voisines  du  Sultanat  de  Brunei. 

Th.  Posewitz  *  expose  dans  son  ouvrage  sur  la  géologie  de 
Bornéo  les  traits  généraux  de  la  géologie  de  cette  contrée;  ces 
notions  peuvent  être  complétées  par  les  publications  de  J.  Motley  - 
et  de  J.  E.  Tennison- Woods  *. 

La  région  tertiaire  forme  au  nord-ouest  de  Bornéo  une  zone 
bordière,  le  long  de  la  côte,  large  de  60  à  100  kilomètres.  Ce  sont 
des  schistes  argileux,  des  grès,  des  conglomérats,  qui  renferment 
de  la  houille  et  sont  pétrolifères.  On  les  envisage  comme  éocènes. 

1  Tli.  Posewitz.  Bornéo,  Berlin,  Friedhi*nder,  1889. 

2  J.  MoTLKY.  Report  on  the  geologicul  |>)i(>noinena  ofthe  island  of  Labuan. 
Quart.  Journ.  ffeol..  aoc.j  i853,  p.  54. 

3.  J.  E    Texmson-Woods.  The  Bornéo  coal  iields.  Xature,  i885.  Vol.  3i. 


agOI        OBSERVA'nONS  GÉOLOGIQUES  A  SUMATRA  ET  A  BORNÉO  qG^ 

Ces  dépôts  sont  affectés  de  plis  aux  allures  sinueuses  mais 
.^yant  en  général  une  direction  S.O.-N.E.  Ce  sont  presque  partout 
^es  plis  droits,  arasés.  Le  nord  de  Tlle  de  Lahuan  est  traversé  par 
n  pli  déjeté  vers  le  nord-ouest.  En  beaucoup  de  points,  on  constate 
a  présence  de  sources  de  naphte  et  de  volcans  de  boue,  dont 
'affleurement  est  aligné  le  long  de  la  direction  des  plis  et  dont  la 
situation  est  sans  exception  sur  les  axes  de  ces  plis. 
C'est  ainsi  que,  sur  Taxe  d*un  de  ces  plis,  eut  lieu  près  de  la  côte 
e  la  péninsule  de  Klias,  à  Test  de  Labuan,  une  éruption  boueuse, 
ont  le  résultat  fut  la  formation  d'une  nouvelle  île,  le  21  septembre 
:^«fi97.  Cette  éruption  lut  précédée  de  quelques  heures  par  deux 
-violentes  secousses  de  tremblement  de  terre,  dont  le  point  de 
^S^part  se  trouvait  probablement  dans  Tile  de  Mindanao  (Phi- 
Imppines)  et  qui  causèrent  de  grands  désastres.  Ce  même  ébran- 
lement fut  ressenti  jusqu'en  Europe  *.  Le  mécanisme  de  la  forma- 
"tlofi  de  cette  île  nous  semble  fort  simple.  Dans  Taxe  de  ce  pli  droit, 
arasé,  s'était  amassée  au  milieu  des  couches  sableuses  une  masse 
boueuse,  mêlée  de  naphte  et  de  gaz.  Les  pressions  développées 
par*  des  secousses  sismiques  ont  poussé  toute  cette  masse  vers  le 
,  soulevant  le  fond  de  la  mer  peu  profonde.  L'île  ainsi  forniée 
ait  aSo  mètres  de  long,  i4o  mètres  de  large,  et  une  hauteur  de 
ao  ¥imètres.  Le  choc  des  vagues  contre  les  matières  meubles  qui  la 
constituent  a  déjà  diminué  son  étendue  et  la  fera  disparaître  en  peu 
d'an.iiées.  La  formation  de  cette  île  est  sans  doute  analogue  à  celle 
de    l'Ile  Kumani,  qui  surgit  en  mai  1861  dans  la  mer  Caspienne  -. 


s  gisements  de  pétrole  que  j'ai  étudiés  et  que  l'on  commença 
à.  exploiter  dans  l'archipel  malais,  il  y  a  à  peu  près  douze  années, 
*^i^t   tous  d'âge  tertiaire.  On  les  trouve  dans  TEocène,  dans  le 
Miocène  et  dans  le  Pliocène  ;  ils  n'ont  pas  de  niveau  stratigra- 
phic|tie  défini  et  sont  toujours  liés  à  des  couches  sableuses,  inter- 
calées dans  des  marnes  ou  des  argiles.  J'ai  pu  constater  aussi  bien 
^  Sumatra  et  à  Java  qu'à  Bornéo  que  les  gîtes  vraiment  productifs 
*^'^t  toujours,  sans  exception,  localisés  dans  Taxe  d'anticlinaux 
surbaissés,  dont  les  flancs  possèdent  un  pendage  maximum  de 
^^^  environ. 

*•    Voir  :  G.  Agamkmnonk.  I  terreiiioli  neirisola  di  Labuan  (Bornéo)  dcl 
"  setiembre   1897.  Atti  li.  Acad    (ici  Lincei,  Roma,   1898.  Ktndic.  Vol   VII, 

^    N  oip  H.  Abicii.    Ueber  eine    im    easpischen    Meere   erschienene   Insel . 
•  ^"noires  de  V Académie  impériale  des  Sciences  de  St-Péterboarg,  VII  sér., 


Séance   du   H   Mai   1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  L.  GAREZ.  PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  pi'ocès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  deux  présentations. 

11  fait  part  du  décès  de  M.  Henri  Porteret,  membre  de  la 
Société  depuis  189G. 

En  annonçant  la  nomination  de  M.  René  Zoiller  à  TAcadémie 
des  Sciences,  il  se  lait  Tinterprète  des  membres  de  la  Société 
pour  présenter  ses  félicitations  à  Téminent  paléontologiste. 

M.  le  D*"  Labat  olfre  à  la  Société  une  brochure  dont  il  est 
Tauteur,  intitulée  :  Climat  et  eaux  minérales  de  V Angleterre 
(Paris,  Baillière,  1900). 

M.  .T.  Berfçeron  ofl're  à  la  Société,  au  nom  de  M.  le  D"*  Imbeaux, 
un  volume  (juïl  vient  de  faire  paraître  et  qui  est  le  pi*emier  d'une 
l)ublication  sur  Z/'a/im^^^a/io^  en  eau  et  V assainissement  des  villes 
à  V Exposition  universelle  de  igoo.  Il  ])orte  en  sous-titre  :  Compte- 
rendu  des  derniers  progrès  et  de  Vétat  actuel  de  la  science  sur  ces 
questions,  et  il  le  justifie  pleinement.  En  elfet,  Texamen  de  tout  ce 
qui  se  trouvait  disséminé  dans  Texposition,  concernant  ces  deux 
questions,  n'occupe  ([u'une  quinzaine  de  pages  ;  par  contiv  le  reste 
du  volume,  c'est-à-diiv  plus  de  trois  cents  pages,  est  consacré 
uniquement  à  T alimentation  des  villes  en  eau. 

Le  paragraphe  concernant  la  provenance  des  eaux  est  un  vrai 
traité  sommaire  d'hydro-géologie,  écrit  avec  une  compétence  peu 
commune.  M.  le  D»"  Imheaux,  en  effet,  depuis  1897,  époque  à 
laquelle  il  fit  paraître  un  ouvrage  sur  Les  eaux  potables  et  leur 
rôle  hygiénique  dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle,  qui 
produisit  une  grande  impression  dans  le  monde  médical  parce 
qu'il  apprit  aux  hygiénistes  qu'ils  pouvaient  trouver  des  auxiliaiitîs 
dans  les  géologues,  n'a  cessé  d'étudier  la  question  de  la  recherche 
des  eaux  en  France  comme  à  l'étranger.  Dans  le  présent  volume  il 
a  résumé  ses  connaissances  comme  hygiéniste,  comme  géologue 
et  comuie  ingénieur,  pour  le  plus  grand  profit  de  ses  lecteurs. 

M.  J.  Bergeroxiy  à  propos  de  la  communication  faite  par 
M.  C.  Schmidt  dans  la  dernière  séance  à  laquelle  il  n'a  pu  assister, 
signale  le  fait  qu'en  Roumanie  les  principaux  gisements  de  pétrole 


SÉANCE    DU    6   MAI    1901  269 

sont  situés  également  dans  des  anticlinaux.  Son  élève  et  ami 
M.  Goldberg  a  été  à  même  de  le  constater,  en  particulier  dans  le 
district  de  Campina.  11  lui  a  paru  intéressant  d'attirer  Tattention 
sur  cette  similitude  des  gisements  en  des  régions  si  éloignées  l'une 
de  l'autre,  la  théorie  de  Forigine  du  pétrole  ne  pouvant  s'établir 
que  par  la  comparaison  des  principaux  gîtes  entre  eux. 

M.  G.  DoUfus  présente  à  la  Société  géologique  un  opuscule  de 
M.  Biitot,  actuellement  président  de  la  Société  belge  de  géologie, 
d'hydrologie  et  de  paléontologie,  dans  lequel  il  a  examiné  la  circu- 
laire ministérielle  française  récente  sur  l'instruction  des  projets 
pour  Talimentation  en  eaux  des  communes  de  France. 

n  observe  que  le  programme  très  intéressant  qui  a  été  dressé 
pour  cette  étude  est  fort  voisin  de  celui  qui  a  été  préconisé  en  Belgi- 
que par  M.  Van  den  Broeck  dès  1890  et  qui  donne  la  première  place  à 
l'enquête  géologique.  C'est  un  grand  honneur  pour  notre  science, 
mais  c'est  aussi  une  tâche  difficile,  car  la  responsabilité  des  ques- 
tions pratiques  qui  va  incomber  aux  géologues  qui  ont  accepté  ces 
fonctions  s'en  trouvera  considérablement  accrue.  A  moins  de  faire 
seulement  du  rapport  géologique  une  simple  formalité  administra- 
tive de  plus,  le  géologue  sera  forcé  de  donner  un  avis  comprenant 
les  voies  et  moyens  nécessaires  pour  prendre  possession  de  l'eau 
signalée,  il  devra  indiquer  les  côtés  défectueux  des  projets  présentés 
et  les  corrections  qu'il  jugera  indispensables  d'y  faire  apporter. 

Mais  ces  études  seront  d'autre  paii;  pour  le  géologue  un  ensei- 
gnement très  importîint,  il  groupera  des  détails  souvent  perdus,  il 
aura  entre  les  mains  des  moyens  d'action  matérielle  :  sondages, 
tranchées,  nivellements,  etc.,  qui  lui  font  trop  souvent  défaut  dans 
ses  études  théoriques  habituelles  et  dont  le  manque  se  fait  parti- 
culièrement sentir  dans  la  construction  des  cartes. 

M.  G.  Dollfus  olfre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  E.  "Van  den 
Broeck,  une  brochure  qu  il  vient  de  publier  sous  le  litige  de 
Dossier  h)'drologique  du  régime  aquifère  en  terrain  calcaire. 
Rôle  de  la  géologie  dans  les  recherches  et  études  des  travaux 
d'eaux  alimentaires. 

La  circulation  des  eaux  souterraines  en  terrain  calcaire,  rocheux 
ou  crayeux  est  très  difle rente  de  ce  qu'elle  est  dans  lous  les 
autres  terrains,  et  il  est  impossible  d'en  donner  une  théorie  qui 
soit  vraie  dans  tous  les  cas.  M.  Van  den  Broeck  en  développe  des 
exemples  tirés  de  l'examen  du  calcaire  carbonifère  de  Toui*nai  en 
couches  un  peu  inclinées,  du  calcaire  dévonien  de  Rémouchamp 


2^0  SÉANCE    nu    (>   MAI    I90I 

très  redressé,  de  divers  ealeaires  de  Han-Rochefort  qui  sont  très 
plissés.  Fréquemment  le  bassin  hydrologique  ne  correspond  pas 
au  bassin  géographique  et  l'intervention  d'une  stratigi'aphie  de 
détail  est  nécessaii*e  pour  déterminer  l'origine  réelle  et  la  nature 
des  sources.  L'auteur  qui  a  autrefois  déjà  si  heureusement  exposé 
le  rôle  du  géologue  au  premier  plan  dans  la  recherche  des  eaux 
alimentaii*es,  développe  aujourd'hui  son  programme  en  faisant 
entrer  en  ligne  de  compte  les  méthodes  nouvelles  pour  la  recherche 
des  parcours  souterrains  avec  Temploi  de  la  fluorescéine,  de  la 
levure  de  bière,  ou  Tanalvse  des  nitrates.  Notre  aimable  vice- 
président  tiendra  volontiers  des  exemplaires  de  son  travail  à  la 
disposition  de  ceux  de  nos  confrères  qui  voudront  lui  en  faire  la 
demande,  ils  trouveront  certainement  dans  ce  petit  volume,  les 
questions  de  polémique  mises  de  côté,  une  foule  de  renseignements 
qu'ils  arrivei'ont  à  dégager  utilement. 

A  propos  de  la  transmissicm  de  la  note  de  M.  Rutotpar  M.  G. -F. 
Dollfus,  M.  G.  Bamoxid  informe  la  Société  qu'il  a  échangé  plu- 
sieurs lettres  avec  MM.  Van  den  Broeck,  Putzeys,  Ingénieur 
des  eaux  de  la  Ville  de  Bi'uxelles,  etc. 

Il  résulterait  de  ces  correspondances  que,  en  Belgique  comme 
en  France  — ,  on  préfère  toujours,  pour  Talinientation  des  villes, 
une  bonne  eau  de  source  aux  eaux  de  rivière  ou  à  celles  des  nappes 
superlîcielles,  filtrées  :  le  filtrage  n'est  qu'un  pis- aller.  Mais  on  le 
pratiquerait,  paraît-il.  en  Belgique,  dans  d'excellentes  conditions, 
et  qui  répondent  aux  prescriptions  de  la  plus  rigoureuse  hygiène. 

M.  G.  Dollfus  jjrésente  à  la  Société  une  courte  noU^  extraite 
du  dernier  numéro  de  la  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes  sur 
ï Étage  cénomanien  en  Angleterre ^  d'après  la  classification  nou- 
velle proposée  par  M.  Jukes  Browne.  Il  s'agit  toujours  de  la  place 
à  donner  à  la  Gaize  (Étage  vraconien  Renevier).  La  conclusion 
actuelle  de  M.  Jukes  Browne»  est  de  la  réunir,  au  sommet  d*une 
part  av(»c  les  coucht»s  de  Warminster  à  Pecten  asper  et  à  la  base, 
d'auti^e  part  avec  les  couches  dc^  Folkestoiie  à  Ammonites  inter- 
ruptus  et  A,  mamillaris  (Allin  d'Orbigny);  il  forme  ainsi  de  ces 
trois  horizons  un  nouvel  étage  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Selbor- 
nien.  Nous  avons  déjà  fait  observer  avec  de  nombi^eux  géologues 
français  que  la  faune  des  couches  à  Am,  rostratus  (Gaize)  avait 
plus  de  rapports  avec  le  Cénomanien  qu'avec  l'Albii^n  et  que  cette 
limite  était  tracée  déjà  par  la  paléontologie,  mais  il  y  a  plus,  si  on 
laisse  de  côté  cet  argument  malgré  sa  valeur,  il  nous  reste  des 
raisons  stratigraphiques  considérables  pour  rejeter  l'édifice  com- 


SÉANCE   DU    6   MAI    1 901  2'jl 

pliqué  que  nous  propose  M.  Jukes  Browne,  car  son  Selbomien  se 
trouverait  coupé  en  deux  et  au-dessus  de  son  tiers  inférieur,  par 
une  des  plus  grandes  discordances,  un  des  ravinements  les  plus 
intenses,  une  transformation  géographique  des  plus  vastes  que 
nous  ait  révélé  l'étude  des  terrains  secondaires,  je  veux  dire  la 
transgression  cénomanienne.  Certainement  la  disparition  de 
TAlbien  et  la  mutilation  du  Cénomanien  ne  trouveront  aucun  écho. 

M.  Léon  Janet  appelle  l'attention  de  la  Société  géologique  sur 
le  rôle  que  vont  être  appelés  à  jouer  les  collaborateurs  du  service 
de  la  carte  géologique  de  France,  dans  l'instruction  des  projets 
pour  Talimentation  des  communes  en  eau  potable. 

Une  circidaire  de  M.  le  Président  du  Conseil,  Ministre  de  l'Inté- 
rieur, en  date  du  10  décembre  1900,  a  invité  les  Préfets  à  faire 
débuter  cette  instruction  par  un  examen  géologique. 

Ultérieurement  un  géologue  a  été  désigné  pour  chaque  dépar- 
tement, sur  la  proposition  de  M.  le  directeur  du  Service  de  la  carte 
géologique  de  France. 

On  ne  peut  que  se  féliciter  de  voir  la  géologie  intervenir  ollicielle- 
ment  dans  ces  questions;  nous  avons  montré,  Tannée  dernière, dans 
une  conférence  insérée  au  Bulletin  *  combien  il  était  regrettable 
de  voir  statuer  sur  des  projets  d*alimentation  en  eau  potable  sans 
étudier  les  causes  de  contamination  auxquelles  les  eaux  à  capter 
pouvaient  être  exposées.  Le  résultat  sera  de  montrer  rapidement 
les  services  que  peut  rendi*e  une  science,  regardée  quelquefois 
bien  k  tort  par  ceux  qui  ne  la  connaissent  pas  coninie  dénuée 
d'applications  pratiques. 

M.  E,  Hauff  dépose  sur  le  bureau  la  '^'2&  livraison  de  la  Grande 
Encyclopédie,  renfermant  un  article  sur  le  Silurien,  qu'il  vient  de 
publier. 

M.  G.  Ramond  oft're  à  la  Société,  pour  sa  Bibliothèque,  un 
ouvrage,  publié  par  la  Commission  impériale  du  Japon  à  l'Exposi- 
tion universelle  de  i9<k)  :  «  Les  Mines  du  Japon,  rédigé  par  le 
Bureau  des  Mines  (Ministère  de  l'Agriculture  et  du  Coumierce).  » 

Ce  volume  renferme,  indépendamment  de  nombreux  renseigne- 
ments techniques,  île  courtes  Polices  géologiques  et  ininéralogiques 
sur  les  principaux  gites  miniers  d(i  Tlùapire  du  Soleil  levant,  des 
diagrauunes,  une  carte  générale,  etc. 

11  est  intéressant  de  constater  les  progrès  si  rapides  du  Japon 
dans  la  voie  de  la  civilisation. 

1.  Voir  '\  série,  toiiit-  XXVllI,  page  h'i'i,  année  lyiK). 


SUR  UAGE  DES  SCHISTES  DU  ROZEL  (MANCHE) 

par  M.  A.  BIGOT 

Ces  schistes  dans  lesquels  M.  Lebesconte  *  a  signalé  son 
Montfortia  Rhedonensis  ne  sont  pas  précambriens. 

En  1890  *  j'avais  rapporté  ces  schistes  au  niveau  des  schistes 
de  Saint-Lô,  mais  les  explorations  faites  depuis  pour  la  feuille 
«  les  Pieux  »  m'ont  conduit  à   modifier  cette  opinion. 

Le  rapport  sur  les  explorations  de  1898,  inséré  dans  le  Compte- 
rendu  des  collaborateurs  do  la  Carte  géologique  ^  est  en  partie 
consacré  à  la  discussion  de  cette  question  et  à  montrer  que  : 

I**  Les  brèches  porphyriques  très  cristallines  de  Saint-Germain- 
le-Gaillard  et  Bricquebosq,  signalées  pour  la  première  fois  dans 
cette  note,  sont  surmontées  par  les  arkoses  avec  galets  de  roches 
variées  qui  forment  dans  la  région  la  base  du  Cambrien.  L'attri- 
bution au  Précambrien  des  schistes  qui  bordent  au  sud  ces 
arkoses,  donnée  comme  douteuse  dans  le  rapport,  a  été  admise 
définitivement  en  1899. 

3°  Les  arkoses  de  la  base  du  Cambrien  sont  recouverts  par 
les  schistes  du  Rozel,  formant  une  large  bande  S.O.-N.E.  qui 
s'étend  jusqu'à  Cherbourg  où  ces  schistes  deviennent  sériciteux. 

3°  Ces  schistes  plongent  au  nord-ouest  sous  le  grès  armoricain. 

4**  La  largeur  de  cette  bande  n'exprime  pas  la  puissance  réelle 
des  schistes  parce  qu'elle  est  exagérée  par  des  failles  et  des  plis  ; 
cette  épaisseur  ne  serait  d'ailleurs  pas  surprenante,  puisque  cet 
horizon  schisteux  correspond  probablement  à  deux  niveaux,  l'infé- 
rieur schisteux,  le  supérieur  gréseux  (grès  feldspathiques  déve- 
loppés au  nord  du  synclinal  entre  les  arkoses  et  le  grès  armoricain). 

Les  i*elations  des  schistes  cambriens  avec  les  arkoses  et  le 
grès  armoricain  sont  particulièrement  nettes  dans  la  région  du 
Rozel,   comme  le  montre  la  coupe   ci-jointe. 

Cet  impoilant  développement  de  schistes  n'est  point  spécial 
au  bord  sud  du  synclinal  de  Siouville.  Il  se  montre  sur  la  feuille 
«  Cherbouiç  »  où  M.  Le  Cornu  a  rapporté  au  Cambrien  les 
schistes    de  Hardinvast  et  ïollevast  inférieurs  au  grès    armori- 

I.  Lkbescontb.   Briovcricn  et  Sihmcn    en   Bretagne  et  dans   Toucst  de  la 
France.  H.  S.  G.  F.,  (3),  XXVEI,  1900,  p.  8i5. 
a.  Bigot.  Archéen  et  Cambrien  dans  le  nord  du  Massif  Breton,  1890,  p.  116. 
3.  B.  Serv.  Carte  Géol.,  N-  69,  avril  1899. 


SUR  l'âge  des  schistes  du  rozel 


Q73 


cain,  et  dont  les  caractères  lithologicpies  sont  identiques  à  ceux 
des  schistes  du  Rozel.  Le  faciès  schisteux  est  aussi  très  déve- 
loppé sur  la  feuille  «  Barneville  »  où  les  schistes  de  Garteret, 
avec  pistes  d'Annélides  (Falaise  de  Dennemont)  et  bancs  de 
calcaires  oolithiques  (les  Douits)  ne  sont  séparés  du  grès  armo- 
ricain du  Bosquet  que  par  une  assise  très  réduite  de  grès  feld- 
spathiques.  Enfin,   au  centre  du  synclinal   de   la  zone   Bocaine, 


JéoJtantle 


M^  Hochet 


n«rr«vill« 


Atuc  Annlaia 
M    ^J 


Xc,  Brèches  porphyriques  précambriennes  ;  Sp,  Conglomérats  de  base  du 
Cambrien  ;  Sa^  Schistes  du  Rozel  ;  6'',  Grès  armoricain  ;  S*,  Schistes  à 
Calymmènes  ;  S',  Grès  de  May  ;  rf*,  Schistes  et  calcaires  de  Néhou  ;  y,, 
Granité  ;  y',  Microgranulite  ;  F,  Faille. 

particulièrement  aux  environs  de  Saint-Réray,  le  faciès  schisteux 
du  Cambrien  acquiert  une  grande  puissance,  et  les  dalles  du  Pont- 
à-la-Mousse  présentent  comme  celles  de  Garteret  des  pistes  d*Anné- 
lides  et  des  bancs  de  calcaires  oolithiques. 

Nous  rappelons  qu'Hébert  a  déjà  signalé  *  des  traces  organiques 
dans  les  schistes  du  Rozel  qu'il  l'apportait  aux  schistes  de  Saint- 
Lô.  M.  Dollfus  a  fait  également  connaître  dans  les  schistes  des 
Moitiers  d'Allonne  (=^  Schistes  de  Garteret  et  de  Rozel)  des  sortes 
de  nodules  qu'il  a  décrits  sous  le  nom  de  Palœactis  çeluta  et 
dans  lesquels  il  a  trouvé   des  articles   de    Grinoïdes. 

i.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XIV,  1886,  p.  :33. 


3  Octobre  1901.  —  T,  1". 


BuU.  Soc.  Géol.  Fr.  —  18 


Séance  du   t^O  Mai   t90t 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.   GAREZ,  PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Sont  proclamés  membres  de  la  Société  : 

MM.  Segiienza,  Luigi,  Assistant  de  géologie  à  TUniversité  de 
Messine,  présenté  par  MM.  Depéret  et  Garez  ; 
Broiiety  Ghimiste  de  la  Station  agronomique  de  Laon, 
présenté  par  MM.  A.  de  Lapparent  et  Stuer. 

M.  L.  Oentil  offre  à  la  Société  un  tirage  à  part  d'une  note  très 
résumée  sur  la  Stratigraphie  du  bassin  de  la  Tafna  (terrain  pri- 
maire et  secondaii'e)  qu'il  a  présentée  à  l'Association  française 
pour  l'avancement  des  Sciences  (Congrès  de  Paris,  1900). 

M.  le  Dr  A.  Labat  offre  à  la  Société,  une  brochure  dont  il 
est  Fauteur,  intitulée  :   Climat  et  eaux  minérales  d'Espagne. 

Dans  ce  travail  Tauteur  montre  les  rapports  étroits  qui  existent 
entre  le  sol  de  l'Espagne ,  son  climat  et  ses  eaux  minérales. 

Après  avoir  résumé  les  conditions  climatériques  et  la  struc- 
ture géologique  de  la  péninsule  il  passe  en  revue  les  stations 
d*eaux  minérales. 

Dans  la  région  volcanique  de  Calatrava,  Hervideros  Fuente- 
Santa,  eau  alcaline  gazeuse.  La  rareté  de  ce  groupe  d'eau  est 
due  à  l'absence  de  volcans  éteints  analogues  à  ceux  de  notre 
Massif  Gentral,  aussi  bien  qu'au  manque  presque  absolu  des 
roches  éruptives  tertiaires. 

Orduûa,  Gestona,  Molinar,  etc.,  possèdent  des  eaux  salées  en 
connexion  avec  les  ophites.  Quelques-unes  de  ces  eaux  sont 
à  la  fois  séléniteuses  et  sulfiireuses. 

Le  plus  grand  nombre  des  eaux  minérales  sont,  comme  l'avait 
pensé  Elle  de  Beaumont,  en  relation  avec  les  gîtes  métallifères 
si  nombreux  et  si  variés.  Les  sources  salées  et  sulfureuses  de 
Ontaneda  y  Alceda,  Puente-Viesgo  et  Galdas  de  Besaya  dans  la 
province  de  Santander,  Archena  et  Fortuna,  près  Murcie,  sortent 
comme  chez  nous  des  terrains  triasiques. 

-  La  présence  d'un  grand  ci  sèment  tertiaire  de  sel  (chlorure  et 
sulfate  de  sodium,  gypse)  dans  les  Gastilles  explique  Tabondance 
des  eaux  purgatives  :  Loeches,  Garabana,  Rubinat;  on  les  recueille 


SÉANCE  DU   ao  MAI    I9OI  Q^S 

creusant  des  puits,  ce  sont  des  eaux  de  lixiviation.  Elles  ne  sont 

comparables  aux  sources  jaillissant  de  la  profondeur  ;  au  point 

Tue  de  Torigine  elles  peuvent  être  comparées  aux  eaux  ferru- 

jneuses  engendrées  par  le  lavage  des  pyrites. 

Xes  eaux  sulfureuses,  le  plus  souvent  froides,  sont  en  grand 

^^mbre.  On  les  trouve  sur  le  versant  nord  Cantabrique.  L'eau 

*  ^^Archena  est  à  la  fois  chlorurée  et  sulfurée,  association  rare  en 

:K'*:ance,  aussi  commune  en  Espagne  qu'en  Italie.  Le  versant  pyré- 

^n  espagnol  est  bien  plus  pauvre  en  eaux  sulfureuses  que  le 

TBTsant  français. 

r^iennent  en  dernier  lieu,  les  eaux  qui  naissent  dans  le  gra- 
^.  Peu  minéralisées,  elles  ont  par  contre,  une  température 
'^ée  et  un  débit  abondant. 

complexité   des   éléments    des    eaux   espagnoles  a   forcé 
^     Labat  à  rejeter  la  classification   chimique  des  auteurs,  et  à 
pter  la  division  en  groupes  régionaux  en  rapport  avec   la 
KiM^titution  géologique  du  sol. 


.  G.-F.  DoUfuS  communique  à  la  Société  des  échantillons 

11  fossile  très  intéressant  qu'il  a  reçu  de  notre  confrère  M.  Welsch, 

1.  'Université  de  Poitiers,  par  l'intermédiaire  de  M"«  la  Comtesse 

Cointre,  qui  s'est  dévouée  à  collectionner  les  coquilles  fossiles 

Miocène  de  la  Touraine.  Il  s'agit  de  spécimens  recueillis  dans 

gisement  extrêmement  limité   situé  vers  la  pointe  de  l'île 

léron  (Feuille  Tour-de-Chassiron  de  la  carte  géologique)  et 

t  le  niveau  n'avait  pu  être  précisé,  c'est  probablement  l'espèce 

Mares,  Beltremieux,  Boissellier  ont  parlé  sous  le  nom  de 

^^dUa  Jouanneti,  mais  c'est  une  espèce  bien  différente  qui  est 

^^  C^4irdUa  striatissima  Nyst  in  Cailliaud,  espèce  abondante  dans 

sables  tertiaires  supérieurs  de  la  Basse-Loire,  et  caractéristique 

îMiocène  supérieur  de  cette  région  pour  lequel  j'ai  proposé  la 

ion  d'un  étage  Redonien  (type  à  Rennes).  Cette  espèce  n'est 

ue  ni  dans  le  Bordelais,  ni  en  Touraine,  nous  ne  la  connaissons 

dans  le  Pliocène,  ni  dans  les  mers  actuelles.  Elle  se  trouve  dans 

série  de  gisements  isolés  qui,  de  l'île  d'Oléron,  se  suivent  en 

^^ndée,  à  Challens  et  la  Chapelle-Hermier  (M.  Wallerant)  ;  Palluau 

\M-   Dumas);  Vieille- Vigne,  Montaigu  (D'  Mignen)  ;  Aigrefeuille 

Q"4.  Vasseur)  ;  puis  dans  divers  gisements  des  environs  de  Nantes, 

^nime  la  Dixmerie,  près  Ldroux-Botterau  (MM.  Bureau,  Dumas, 

^^*illiaud,  etc.).  Puis  à  S^Clément-de-la- Place,  près  Angers  (Bar- 

^);  Sceaux,  Thorigné,  Coutigné,  gisements  autrefois  explorés 

P*r  Defrance  ;  dans  les  grès  ferrugineux  de  la  Forêt  de  Gàvre 


\ 


H'jè  SEANCE   DU    'JO  MAI    I9OI 

(M.  Davy);  nous  venons  de  la  recueillir  àBeaulieu.  près  Laval 
(M.  Œhlert),  puis  à  Apigné,  près  Rennes  (M.  Lebesconte);  enfin 
elle  est  abondante  à  Gourbesville  (Manebe)  ;  elle  est  ainsi  présente 
sur  une  étendue  de  plus  de  quatre  cents  kilomètres  du  sud  au  nord. 
J'ai  examiné  la  faune  de  tous  ces  ilôts  et  de  quelques  autres  moins 
importants  qui  présentent  une  grande  uniformité  et  j'ai  pu  déter- 
miner plus  de  35o  es2)èces  dont  un  bon  nombi*e  sont  nouvelles.  Cette 
faune  est  bien  distincte  de  celle  de  la  Touraine  sur  laquelle  elle 
repose,  elle  est  distincte  du  Pliocène  par  ses  tendances  franche- 
ment méridionales  (genres  Cypra*a,  Conus,  Voluta,  FusuSy  Pleuro- 
toma^  Cerithium,  etc.).  Plus  récente  qu*aucun  des  gisements  du 
Golfe  bordelais,  elle  est  plus  ancitmne  que  les  dépôts  pliocènes 
classiques  de  Test  de  l'Angleterre  et  de  la  Belgique,  c'est  un  terme 
miocène  supérieur  marin  qui  était  mal  connu  jusqu'ici  en  Europe. 
11  reste  dans  le  Pliocène  :  le  gite  du  Bosc  d*Aubigny  (Périers)  et 
celui  de  Redon  (Ille-et-Vilaine)  respectivement  dans  le  Cotentin  et 
la  Bretagne. 

M.  G.  DollfUB  sur  une    question    de   M.    Boistal    qui    lui 
demande   quelle  place  doit  occuper  le  nouvel  étage  Redoniei 
relativement  au  Pontien,  répond  qu'il  lui  est  très  difficile  pou 
le  moment  d'indiquer  ce  synchronisme  ;  il  s'agit  de  bassins  com- 
plètement étrangers  les  uns  aux  autres  au  point  de  vue  strati 
graphique,  et  sans   fossiles  eomnmns. 

Il  n'y  a  pas  trace  jus<iu'ici  dans  l'ouest  de  couches  à  Congéries, 
cependant  leur  niveau  ne  lui  parait  pas  devoir  être  fort  éloign< 
du  Redonien,  il  y  a  seulement  dans  les  fossiles  de  la  Dixuieri< 
appartenant  au  Musée   de    Nantes  un    fragment  de  Potanùde 
qu'on  peut  rapporter  au  P.  Basteroti  et  qui  favorise  cette  ma — 
nière  de  voir. 

Sur  une  question    de   M.  de  Lapparent  qui   demande  si  ces 
dépots  ne   sont    pas  au  niveau    de    TAnversien    de  Belgique^ 
M.   Dollfus  répond  qu'ici  encoi*e  nous  sommes  en  présence  d 
bassins  très  difféi*ents,  car  il  estime  que  le  détroit  du  Pas-de-Calais 
n'était  pas  encore  ouvert  et  que  la  faune  du  Cotentin  présen 
un  aspect  sensiblement  plus  méridional  ;  de  tous  les  dépôts 
ges  ce  sont  des    sables  d'Anvers  à  Pectunculus  pilosus  que  les? 
dépôts  de  l'ouest  se  rappi*ochent  le  plus. 

Enfin   M.  Dollfus    annonce    avoir  •  reçu    une  lettre    de    not; 
confrère  M.  J.  Aimera  de  Barcelone  qui   lui  demande  s'il  n' 
pas  disposé  à   mettre  la   faune  des  sables  tertiaires  supérieu 
de  l'ouest  au   niveau   du  Sahélien  d'Algérie,  M.   Dollfus  pens- 


SEANCE   DU    20  MAI    I9OI  275 

que  cette  assimilation  est  probable,  mais  il  se  réserve  de  pré- 
ciser tous  ces  synchronismes  lorsqu'il  aura  terminé  la  description 
de  toute  la  belle  faune  qu*il  a  en  mains. 

M.  Bourgeat.  —  Sur  un  filon  de  minerai  de  zinc  dans  la 
Combe  des  Prés  (Jura). 

J'ai  l'honneur  de  signaler  à  la  Société  géologique  un  filon  de 
minerai  de  zinc,  que  j'ai  découvert  récemment  dans  la  Combe  des 
Prés,  au  nord  de  Saint-Claude,  dans  le  Jura. 

Si  l'on  veut  bien  se  reporter  à  la  note  que  j  ai  publiée  dans  le 
Bulletin  de  1896  (page  4^  ^^  suivantes)  sur  les  particularités 
stratigi'aphiques  et  tectoniques  de  cette  Combe,  on  remarquera,  en 
particulier,  dans  la  carte  qui  Taccompagne,  qu'au  nord-ouest  du 
hameau  des  Près  de  Valfin,  le  Jurassique  inférieur  se  trouve  divisé 
en  compartiments  qui  ont  glissé  horizontalement  les  uns  à  côté  des 
autres  suivant  les  lignes  de  décrochement.  Ces  lignes  jalonnent, 
comme  on  peut  le  voir  sur  la  même  carte,  ou  des  sources  ou  des 
puits  perdus,  dont  la  succession  est  réglée  par  le  degré  de  perméa- 
bilité des  couches.  Jusqu'ici  je  n'avais  remarqué,  suivant  ces 
lignes,  que  quelques  traces  de  friction. 

Mais  ce  printemps,  ayant  suivi  en  détail  la  fracture  qui  sépare 
les  deux  compartiments  A  et  B  de  ma  carte,  j'y  ai  constaté  une 
traînée  d'argile  rougeâtre,  accompagnée  de  rognons  de  pyrite  et 
d'oxyde  de  fer  avec  des  l)locs  carriés  d'un  gris  jaunâtre  d'une 
grande  densité.  Frappé  de  leur  ressemblance  avec  la  calamine, 
j'en  ai  recueilli  quelques-uns,  que  j'ai  fait  analyser  aux  laboratoires, 
de  notre  Faculté  libre  de  Lille  par  MM.  Wavelet  et  Baquet. 

Tous  les  deux  v  ont  trouvé  du  fer,  de  la  chaux,  de  la  silice,  de 
l'argile,  mais  surtout  une  quantité  de  zinc  qui  peut  monter  jusqu'à 
5o  °/o  et  qui  est  surtout  à  l'état  de  carbonate. 

La  traînée  d'argile  rouge  qui  contient  ce  minerai  se  montre  d'une 
façon  presque  continue,  sur  une  longueur  d'une  vingtaine  de 
mètres  et  avec  une  largeur  (jui  varie  de  quelques  centimètres  à 
80  centimètres.  Elle  s'enfonce  presque  verticalement  dans  le  sol  et 
présente  tous  les  caractères  d'un  (ilon.  A  son  contact,  le  calcaire 
bathonien  présente  des  veines  de  cristallisation  manifestes. 

Comme  par  ailleurs  il  longe  une  cassure  qui  n'a  pu  se  produire 
qu'au  momerft  de  la  surrection  du  Jura,  c'est-à-dire,  après  le 
Miocène,  le  remplissage  de  la  fente  serait  postérieur  à  cette 
époque  et  la  venue  du  zinc  serait  de  date  récente.  Je  me  propose 
d'étudier  le  fait  plus  en  détail  et  de  voir  si  les  autres  lignes  de 
décrochement  n'auraient  pas  des  filons  analogues. 


Séance  g^énérale  annuelle  du  30  Mai  f  90f 

PRÉSIDENCE  DE  M.  A.  DE  LAPPARENT,  Président  sortant 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

M.  A.  de  Liapparent  prononce  l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs  et  chers  collègues, 

«  Uannée  1900  a  été  marquée,  pour  la  Société  Géologique  de 
France,  par  deux  événements  importants,  bien  faits  pour  signaler 
à  notre  attention  cette  dernière  étape  du  siècle. 

«  Le  premier  est  la  huitième  session  du  Congrès  géologique 
international,  tenue  à  Paris  à  l'occasion  de  l'Exposition  Univer- 
selle. Les  plus  éminents  de  nos  collègues  ont  rivalisé  de  zèle  et 
de  dévouement  pour  assurer  le  succès  de  cette  réunion  qui,  au 
lieu  de  se  trouver  noyée,  comme  on  aurait  pu  le  craindre,  dans  la 
splendeur  de  la  grande  fête,  a  revêtu  au  contraire  son  éclat 
exceptionnel. 

«  C'était  vraiment  la  France  géologique  qui  faisait  aux  étran- 
gers les  honneurs  de  ses  richesses  avec  une  abondante  libéralité, 
vivement  appréciée  de  tous  nos  hôtes.  Notre  Compagnie  a  pu  s'y 
associer  directement,  dès  l'ouverture  du  Congrès,  par  un  acte 
spécial  d'hospitalité  qui  a  laissé  les  nieilleui*s  souvenirs,  et  n'a 
pas  peu  contribué  à  établir,  entre  les  congressistes,  l'esprit  de 
franche  cordialité  qu'on  a  vu  régner  parmi  eux  jusqu'à  la  fin. 

«  L'autre  événement  est  le  changement  de  local  qui,  de  la  rue 
des  Grands-Augustins,  où  nous  avions  fait  un  séjour  de  plus 
de  trente  ans,  nous  a  amenés  dans  le  Palais  des  Sociétés  Savantes. 
C'est  la  quatrième  fois,  depuis  sa  fondation,  que  notre  Société 
change  ainsi  de  demeure,  comme  s'il  était  dans  la  destinée  des 
géologues,  voyageurs  par  essence,  de  ne  pas  pratiquer  avec 
excès  le  culte  des  anciennes  murailles. 

«  Quelques  appréciations  qu'ait  pu  rencontrer  cette  mesure 
prise  après  mûre  délibération  par  la  majorité  du  Conseil,  il  est 
un  fait  que  personne  ne  contestera,  c'est  le  progrès  réalisé  pour 


ALLOCUTION  PRESIDENTIELLE  279 

rinstallation  de  notre  bibliothèque.  Ce  rare  trésor,  qui  va  s' en- 
richissant chaque  jour,  est  enfin  logé  dans  des  conditions  dignes 
de  lui,  et  propres  à  en  faciliter  grandement  l'usage,  par  l'espace 
et  la  lumière  dont  il  est  maintenant  doté. 

«  Or,  s'il  est  incontestable  que  notre  Société  traverse  des  temps 
difficiles  ;  s'il  est  vrai  que  nos  ordres  du  jour  souffrent  rare- 
ment de  pléthore  ;  si  la  salle  de  nos  séances,  malgré  son  exi- 
guité,  se  montre  toujours  suffisante  pour  l'auditoire  qui  la  fré- 
quente ;  en  revanche  la  masse  de  nos  livres  et  de  nos  cartes 
subit  un  accroissement  rapide  et  constant.  Puisque  cet  élément 
était  le  seul  en  progrès,  c'est  à  sa  mise  en  pleine  valeur  qu'il 
convenait  de  tout  subordonner.  Les  hommes  de  science  qui  vien- 
nent chaque  jour  y  chercher  des  lumières  ne  se  plaindront 
sûrement  pas  du  nouvel  aiTangement. 

«  Quant  aux  difficultés  auxquelles  j'ai  fait  allusion,  elles 
sont  inhérentes  à  la  nature  d'une  société,  qui  évolue  comme  la 
science  qu'elle  personnifie,  et  ne  peut  espéi^er  de  vivre  éternel- 
lement dans  les  mêmes  errements.  De  même  qu'aujourd'hui  la 
plupart  des  gisements  classiques  des  environs  de  Paris,  ceux  que 
nous  exploitions  avec  avidité  dans  notre  jeunesse,  ont  disparu 
sous  des  constructions  et  des  boulevards,  ainsi  l'activité  de  nos 
collègues  a  dû  se  reporter  sur  des  contrées  de  plus  en  plus  loin- 
taines. D'autre  part,  le  progrès  même  de  la  géologie  a  amené 
l'éclosion  de  centres  scientifiques  distincts,  dont  plusieurs  n'ont 
peut-être  pas  gardé,  dans  leur  développement,  la  mesure  la  plus 
propre  à  concilier  les  intérêts  locaux  ou  spéciaux  avec  ceux  d'une 
institution  centrale  qui,  par  son  passé,  mérite  respect  et  gratitude. 

«  C'est  à  nous,  mes  chers  collègues,  de  nous  ingénier  à  main- 
tenir, jmr  nos  constants  efïbrts,  la  belle  et  féconde  union  qui  a 
été  si  longtemps  le  principal  privilège  de  la  Géologie  française. 
N'oublions  pas  que  si  celle-ci  fait  encore  très  bonne  figure  dans  le 
inonde,  on  le  doit  en  grande  partie  aux  traditions  de  ce  centre 
d'activité  commune,  que  nos  fondateurs  ont  su  établir  il  y  a  plus 
de  soixante-dix  ans,  non  pas  en  se  contentant  de  copier  les  mo- 
dèles de  ce  genre  qui  jjouvaient  exister  ailleurs,  mais  en  impri- 
mant à  la  nouvelle  fondation.  i)ar  Theureuse  institution  des  réu- 
nions extraordinaires,  un  caractère  tout  spécial  d'intimité  et 
d'union.  De  cette  façon,  à  force  de  se  fréquenter  au  grand  air 
tous  les  géologues  français  sont  véritablement  devenus  des  cama- 
rades, heureux  de  travailler  ensemble  sous  le  même  ciel,  et  de 
discuter,  dans  la  plus  grande  cordialité,  les  questions  qui  surgis- 
saient au  fur  et  à  mesure  de  leurs  études. 


q8o  a.  de  lapparent  3o  Mai 

«  Ne  laissons  pas  se  relâcher  Tantique  fidélité  à  nos  réunions 
de  quinzaine,  où,  pour  trouver  de  Tintérêt,  il  n*estpas  à  la  rigueur 
nécessaire  d'apporter  des  communications  nouvelles  et  laborieu- 
sement préparées.  Ne  suflirait-il  pas  qu  au  plaisir  de  se  retrouver 
en  famille,  vint  se  joindre  celui  de  causer  ensemble  des  questions 
à  Tordre  du  jour,  avec  la  simplicité  et  Tabandon  qui  régnaient, 
dit-on,  à  l'Académie  des  sciences,  à  Tépoquc  où  le  public  n'y 
était  pas  admis? 

«  Lidssez-moi  prêcher  pour  rattachement  à  cette  coutume,  dont 
j'ai  pour  ma  part  si  bien  goûté  les  avantages,  en  vous  citant, 
comme  le  meilleur  modèle  à  suivre,  l'admirable  exemple  de 
notre  président  du  dernier  Congrès,  M.  Albert  Gaudry.  Membre 
de  notre  Société  depuis  cinquante-trois  ans,  il  s'est  fait  un  devoir 
de  ne  manquer  aux  séances  qu'en  cas  d'absolue  nécessité  ;  et  je 
suis  sûr  qu'il  eût  été  aujourd'hui  à  sa  place,  sans  le  deuil  aussi 
cruel  qu'inattendu  qui  vient  d'attrister  son  foyer.  Nous  serons 
unanimes  à  lui  adi*esser,  en  cette  occasion,  le  témoignage  d'une 
sympathie  d'autant  plus  profonde  que,  parmi  les  géologues, 
il  n'en  est  pas  un  qui  n'ait  pu  apprécier  les  mérites  excep- 
tionnels, comme  l'incomparable  bienveillance,  de  la  compagne 
dont  l'appui  lui  est  désormais  enlevé. 

«  Les  deuils,  hélas  !  tiennent  nécessairement  une  grande  place 
dans  les  devoirs  que  nous  impose  cette  Assemblée  annuelle.  Du 
i"  janvier  1900  au  i**"^  janvier  1901,  la  Société  a  perdu  16  de  ses 
membres.  Je  voudrais  donner  à  chacun  le  légitime  éloge  qui  lui 
est  dû;  mais  vous  me  ])ardonnei*ez  si  je  me  contente  ici  d'une 
brève  cnumération. 

«  Ce  sont  :  l'abbé  Bardin,  qui  connaissait  si  bien  les  faluns  de 
l'Armorique,  et  dont  la  perte  prive  l'Université  libre  d^ Angers 
d'un  précieux  collaborateur;  M.  H.  Bkcot;  le  docteur  Bezançon, 
dont  la  respectable  et  originale  figure  restera  familière  à  tous 
ceux  qui  fréijuentent  le  laboratoire  de  l'Ecole  des  Mines,  héritier 
des  richesses  que  ce  patient  et  soigneux  collectionneur  avait 
accumulées  durant  sa  longue  carrière;  le  R.  P.  Blot;  M.  Cameré, 
inspecteur-général  des  ponts  et  chaussées,  l'un  de  ceux  qui,  les 
premiers,  ont  vraiment  débrouillé  l'intéressante  région  de  Nice  ; 
M.  Hans  Bruno  Geinitz,  le  savant  géologue  saxon,  l'actif  cham- 
pion du  Dyas,  inscrit  sur  nos  listes  depuis  1847  ^^  V^^  plus  d'une 
fois  a  marqué,  par  des  témoignages  explicites,  son  affection  pour 
notre  pays;  MM.  Grousselle  de  Blancheface  et  Jagor  ;  M. 
HuGUENiN.   dont  les    consciencieuses  recherches  ont  tant    servi 


igOI  ALLOCUTION    PRESIDENTIELLE  281 

à  élucider  la  question  des  calcaires  jurassiques  de  Crussol  ;  le 
docteur  Paul  Mares,  un  des  premiers  pionniers  de  la  géologie 
africaine  ;  M.  Marion,  de  Marseille,  dont  le  nom  reste  indissolu- 
blement lié  à  celui  de  M.  de  Saporta  et  à  qui  nous  devons  de  si 
précieux  travaux  sur  les  flores  tertiaires  et  crétacées  de  la  région 
provençale  et  languedocienne  ;  M.  Alphonse  Milne-Edwards, 
réminent  directeur  du  Muséum,  si  fin  connaisseur  en  Oiseaux 
fossiles,  digne  continuateur  d'un  père  dont  les  paléontologistes 
gardent  le  nom  avec  reconnaissance  ;  M.  Revklière  ;  M.  Tardy, 
Tinfatigable  ramasseur  d'échantillons  que  tant  de  fois,  au  cours 
des  excursions  de  la  Société,  on  a  vu  charger  ses  épaules  de 
poids  invraisemblables  pour  y  trouver  la  matière  de  communi- 
cations où  les  idées  originales  ne  manquaient  pas  ;  M.  Thiéry, 
si  prématurément  enlevé  quand  il  donnait  de  si  bonnes  espé- 
rances pour  l'avenir  ;  enfin  M.  de  Vassart  d'Hozier,  l'un  de  nos 
plus  anciens  membres. 

«  Les  morts  de  190 1  appartiendront  à  mon  successeur. 
Cependant  il  en  est  un  que  je  ne  saurais  me  résigner  à  ne  pas 
saluer  dès  aujourd'hui  de  mon  hommage  :  c'est  notre  doyen  d'âge, 
et  du  même  coup  le  doyen  des  géologues  du  monde  entier, 
M.  l'inspecteur  général  Parandier.  Depuis  i833  il  était  membre 
de  notre  Société,  et  la  verte  vieillesse  de  ce  contemporain  de 
Thurmann  nous  laissait  espérer  que  par  lui  nous  aurions  enfin  la 
satisfaction  de  compter  un  c(»ntenaire  parmi  les  géologues  fran- 
çais. La  mort  vient  de  le  prendre,  il  y  a  moins  de  huit  jours, 
dans  sa  belle  solitude  d'Arbois,  au  moment  où  il  achevait  sa 
quatre-vingt-dix-septième  année,  sans  qu'il  ait  connu  de  défail- 
lance ;  en  pleine  poss(»ssion,  non  seulement  de  ses  facultés,  mais 
de  son  zèle  géologique,  dont  il  donnait  encore  la  preuve,  il  y  a 
moins  d'un  an,  quand  il  nous  adressait  pour  notre  bibliothèque, 
d'anciennes  notes  nous  ramenant  aux  temps  héroïques  de  la 
géologie  jurassienne.  Nulle  perte  ne  saurait  nous  être  plus 
sensible  que  celle  de  ce  dernier  représentant  du  groupe  de  nos 
fondateurs  ;  et  nul,  j'ose  le  dire,  ne  hi  ressent  plus  vivement 
que  votre  président  d'aujourd'hui  chez  qui  la  bienveillance  du 
savant  géologue  franc-comtois  évoque  les  plus  anciens  souvenirs 
auxquels  il  lui  soit  possible  de  remonter. 

«  J'ajoute  qu'à  toutes  les  raisons  qui  peuvent  porter  votre 
Société  à  honorer  la  mémoire  de  son  doyen  se  joint  depuis  hier 
un  devoir  étroit  de  reconnaissance  ;  car  nous  venons  d'être 
informés  que  le  vénéré   défunt  n'avait   pas  oul)lié   notre  compa- 


2282  A.    DE    LAPPARENT  3o  Mai 

gnie  dans  son  testament,  et  à  ce  titre  de  bienfaiteur  son  nom 
figurera  toujours  sur  nos  listes. 

«  Mais  il  nous  faut  écarter  ces  douloureux  épisodes,  pour 
regarder  devant  nous,  en  cherchant,  dans  Tactivité  de  nos  jeunes 
confrères,  des  motifs  d'encouragement  pour  Tavenir.  Ces  motifs 
ne  nous  font  heureusement  pas  défaut,  quand  nous  considérons 
la  liste  de  nos  lauréats.  Cette  année,  c*est  à  M.  Paquier  que 
revient  le  prix  Fontannes,  pour  ses  belles  études  sur  les 
Baronnies  du  Diois.  Le  mérite  de  Tœuvre  apparaîtra  plus  clai- 
rement encore,  si  je  rappelle  que  les  deux  concurrents,  dont  la 
Commission  a  dû  examiner  les  titres  du  même  coup,  MM.  Léon 
Berti'and  et  Douxami,  avaient,  Tun  et  l'autre,  produit  des  tra- 
vaux entièrement  dignes  du  prix.  C'est  avec  le  regret  de  n'en 
pouvoir  accorder  qu'un  seul  que  la  commission  s'est  prononcée 
pour  M.  Paquier,  heureuse  du  moins  de  constater  que,  par  la 
valeur  du  fonds  comme  par  le  fini  de  la  forme,  l'ouvrage  du 
géologue  dauphinois  eut  à  coup  sûr  entraîné  le  sufirage  du  fon- 
dateur môme  du  prix. 

«  Si  notre  Société  ne  dispose  pas,  envers  les  travailleurs 
dignes  d'encouragement,  de  toutes  les  ressources  dont  elle  aime- 
rait à  se  faire  la  dispensatrice,  du  moins  se  présente  parfois, 
pour  elle,  des  occasions  qu  elle  est  heureuse  de  saisir  pour 
récompenser  les  services  rendus  à  la  science.  C'est  ainsi  que, 
cette  année,  la  libéralité  de  notre  confrère,  M.  le  docteur  Labat, 
nous  ayant  mis  en  possession  d'une  série  reliée  de  !i5  volumes 
de  notre  Bulletin,  le  Conseil  a  pensé  que  le  meilleur  usage  à 
en  faire  était  d'en  gratifier  un  de  nos  dévoués  secrétaires. 

«  Tous  ceux  qui  ont  passé  par  ce  poste  savent  combien  il  exige 
de  dévouement  et  de  zèle.  A  coup  sûr,  après  soixante-douze  ans 
d'expérience,  sommes-nous  certains  de  renconjtrer  toujours  ces 
vertus  dans  le  groupe  de  nos  jeunes  confrères.  Néanmoins  les 
circonstances  ne  sont  plus  tout  à  fait  les  mêmes.  Dans  les 
temps  de  florissante  activité  de  notre  Société,  on  pouvait  se 
sentir  suffisamment  payé  de  ses  peines  par  l'honneur  de  tra- 
vailler sous  les  yeux  d'un  Elie  de  Beaumont,  d'un  Constant 
Prévost,  d'un  Deshayes,  d'un  Verneuil,  d'un  Daubrée,  comme  aussi 
par  la  satisfaction  de  sentir  son  nom  attaché  à  la  publication  d'un 
Bulletin  d'où  partait  à  chaque  instant  l'annonce  de  découvertes 
nouvelles.  Peut-être  aujourd'hui  faut-il  encore  plus  d'abnégation 
pour  remplir  des  charges  devenues  d'ailleurs  plus  lourdes  ;  et  en 


3901  ALLOCUTION   PRESIDENTIELLE  a83 

<:ela  j^envisage,  non  seulement  les  devoirs  dn  secrétaire,   mais 
^ussi  ceux   de  l'archiviste  et  dn  trésorier. 

«  n  serait  donc  bon  que,  de  temps  en  temps,  la  Société  fût 
^n  mesure  de  reconnaître  les  services  rendus,  non  certes  par 
salaire,  mais  par  un  témoignage  effectif  et  tangible  de  sa 
Le  don  du  docteur  Labat  offrait  une  occasion  d*inau- 
ce  système,  et  on  a  pensé  que  le  bénéficiaire  le  mieux 
indiqué  serait  M.  Blayac,  dont  l'activité  a  dû  s'exei*cer  durant 
le  période  assez  dure  et  qui  a  réussi  à  rendre,  à  nos  pubii- 
^^ations,  une  exactitude  toujours  difficile  à  maintenir.  Puissions- 
-mïovkSy  dans  l'avenir,  retrouver  de  semblables  occasions  !  Puissent- 
^lles  même  devenir  assez  fréquentes  pour  passer  à  Tétat  de 
^x>iistante  pratique  !  Quand  on  arrive  à  Tâge  où  l'activité  scîen- 
ifique  est  forcée  de  se  ralentir,  quel  meilleur  emploi  pourrait-on 
!aire  des  collections  longtemps  accumulées  du  Bulletin,  devenues 
irf  ois  plus  encombrantes  qu'utiles,  sinon  de  s'arranger  de  façon  à 
es  faire  passer,  comme  un  précieux  instrument  de  travail,  entre 
^«es  mains  de  jeunes  géologues  dont  elles  stimuleront  le  zèle, 
leur  montrant  que  déjà  leurs  efforts  sont  appréciés  ! 


«  Permette^moi,  mes  chers  confrères,  de  m'arrôter  sur  ce  vœu. 
moyen  que  je  viens  d'indiquer  fait  partie  de  ceux  auxquels 
nous  est  commandé  de  réfléchir,  afin  de  ne  pas  laisser  déchoir 
Société  que  nous  aimons.  Cherchons  à  rendre  de  plus  en  plus 
lide  le  faisceau  qui  nous  unit  les  uns  aux  autres,  et  qui  a 
cimenté  tant  de  sérieuses  amitiés.  Aimons  à  venir  ici, 
nous  retremper  à  la  fois  au  contact  des  anciens  qui  gardent 
«mos  traditions,  et  des  jeunes  entre  les  mains  desquels  passera  un 
jour  l'action  directrice  ;  et  que  chacun  de  nous  se  fasse  scrupule 
<le  nuire  par  des  absences  qui  ne  seraient  que  des  oublis,  au 
^l^^fme  ou  à  Tintéi'êt  de  ces  réunions  de  la  famille  géologique  ». 

Kn  terminant  son  allocution,  M.  de  Lapparent  salue  la 
pi^sence  a  ^'assemblée  générale,  du  vénéré  M.  Victor  Raulin, 
devenu,  depuis  le  décès  de  MM.  Parandier  et  Geinitz,  le  doyen 
^c   notre  Société.  Il  donne  ensuite  lecture  du  Rappoit  ci-dessous, 

^^  i^met  à  M.  V.  Paquier,  la  médaille  du  Prix  Fontannes,  qui  lui 

^t  décerné. 


RAPPORT 
AU  NOxM  DE  LA  SOUS-COMMISSION  DU  PRIX  FONTANNES 

par  M.  A.  de  LiAPPARENT 

La  majonté  de  la  sous-comniission  a  été  d*avis  qu  il  y  avait  lie 
de  donner  le  premier  rang  à  M.  V.  Paquier,  en  raison  de  se 
Recherches  géologiques  sur  le  Diois  et  les  Baronnies  orientales. 

Cette  région  oflre  l'avantage  de  permettre,  en  ce  qui  conceni 
le  terrain  crétacé  inféiieur,  une  analyse  détaillée  des  zones  paléon 
tologiques,  gn\ce  à  Tuniformité  du  faciès  vaseux  à  Céphalopodes, 
attestant  un  mode  de  sédimentation  mieux  soustrait  que  partou 
ailleurs  aux  inlluences  locales.  De  plus,  Tobservation  du  passag 
des  couches  ammonititeres  du  Diois  aux  assises  urgoniennes  d 
Vercors  méridional  doit  fournir  les  éléments  d'un  parallélisme  d 
détail  entre  ces  formations  d'allure  si  diverse. 

Toute  cette  tache,  on  peut  le  dire,  a  été  parfaitement  rempli 
par  M.  Paquier.  Il  ne  semble  plus  maintenant  qu'il  doive  reste 
de  doutes,  ni  sur  la  succession  des  zones  d'Ammonites  du  Be 
riasien,  du  Yalanginien,  de  THanU^rivien  et  du  Barrémien  dans  la 
région  Delphino-Provenvale,  ni  sur  le  partage  qu'il  y  a  lieu  d 
faire,  entre  le  Barrémien  et  TAptien,  des  calcaires  zoogènes  ux^o- 
niens  ainsi  que  des  marnes  à  Orbitolines. 

Au  cours  de  ses  l'echerchcs.  M.  Paquier  a  su  réunir  d'impor- 
tantes observations  sur  la  date  d  appantion  des  différents  types 
de  Chamacés,  notamment  sur  les  premiers  représentants  authen- 
tiques du  genre  Caprina,  que  l'autem*  fait  remonter  jusque  dans 
l'Aptien  inférieur,  ainsi  que  sur  ceux  du  genre  Pachytraga,  pré- 
curseur des  Caprotines.  Ces  constatations  paraissent  destinées  à 
exercer  une  heureuse  influence  sur  la  solution  des  problèmes  que 
soulèvent  les  calcaires  h  Caprines  du  Texas  et  du  Mexique. 

A  ces  descriptions  stratigraphiques.  très  précises  et  présentées 
avec  beaucoup  de  méthode,  M.  Paquier  a  joint  de  très  intéres- 
santes cartes  schématiques,  faisant  connaître,  depuis  le  Barrémien 
jusqu'au  Canipanien,  la  distribution  géographique  des  principaux 
faciès  dans  la  région  Delphino-Provençale. 

L'ouvrage  se  termine  par  une  étude  tectonique  entièrement 
neuve,  qui  fait  ressortir  l'allure  des  aires  synclinales,  si  bien 
représentées  dans  la  topographie  par  des  dépressions  elliptiques, 
et  accuse  Tindépendance  des  plis  du  V^erçors  i^çlativ^mcnt  à  ceux 


SÉANCE   GÉNÉRALE    ANNUELLE   DU    3o   MAI    I9OI  2285 

lia  Diois,  dont  aucun  d'ailleurs  n*entre  en  contact  avec  les  acci- 
dents ardesciens  delà  bordure  du  Massif  central.  Tous  les  éléments 
tectoniques  de  la  contrée  peuvent  être  définis  comme  formant  les 
plus  septentrionaux  des  plis  de  la  Provence  repris  et  chevauchés 
par  les  plissements  alpins,  tout  en  gardant  les  signes  extérieurs 
de  leur  première  origine. 

Tels  sont  les  traits  dominants  de  ce  travail  qui  par  la  valeur 
des  résultats  obtenus,  comme  par  Tordre  et  le  soin  apportés  à  leur 
exposé,  mérite  de  passer  pour  un  modèle  du  genre. 


M.  Paquier  remercie  la  Commission  du  Prix  Fontannes  et  la 
Société  en  ces  termes  : 

Messieurs, 

a  Lorsque  je  parcourais  les  montagnes  arides  de  la  Drôme, 
j'étais  loin  de  songer  à  la  si  flatteuse  récompense  dont  vous 
venez  de  couronner  mes  eflbrts.  Les  remercîments  que  je  vous 
exprime  sont  d'autant  plus  sincères  que  je  considère  le  Prix 
Fontannes  non  seulement  comme  la  plus  haute  consécration  de 
mes  études  antérieures  mais  encore  comme  un  gage  particulière- 
ment précieux  pour  l'avenir.  Je  ne  puis  enfin  oublier,  en  ce 
moment,  que  le  mémoire  qui  a  rallié  la  majorité  de  vos  suffrages, 
a  été  élabore  dans  le  Laboratoire  de  Géologie  de  l'Université  de 
Grenoble,  où  des  savants  tels  que  Ch.  Lory  et  mon  maître 
M.  Kilian  ont  toujours  maintenu  si  haut  le  niveau  des  études 
géologiques  ». 


386  SÉANCE   GÉNÉRALE    ANNUELLE   UU    3o   MAI    I9OI 

M.  V.  Paquier  fait,  au  nom  de  M.  Zlatarski,  de  Sofia,  et  a 
sien,  ane  communication  Sur  Vâge  des  couches  urgVFiiennes 
Bulgarie. 

Dans  la  vallée  du  Ix)m,   aux   environs  de  Bessarbov  et  d 
Houstchouck,  on  trouve  sur  de  g^ndes  surfaces  un  système  d 
calcaires  blanchâtres  compacts  à  cassure  conchoSdale  alteman 
avec  des  calcaires  blancs  poreux,  très  tendres,  souvent  oolithiqui 
et  parfois  à  Orbitolines  et  à  débris  de  Polypiers  et  d*Echino— 
dermes.  On  v  rencontre  OrbitoUna  discoidea  A.  Gras.  O.  conoL 
A.  Gr.,  Hemicidaris  clunifera  Ag.,  sp.,  Janira  aff.  atat^a  Rœm.* 
Panopœa  neocomiensis  Leym.,  Requienia  ammonia  Goldf.  sp. 

Ces  calcaires  de  la  rive  di'oite  du  Danube  passent  latéralement^ 
au  sud  à  des  marnes  et  des  calcaires  marneux  à  Céphalopode^BS- 
barrémiens  qui  ont  fourni  :  Xautilus  neocomiensis  d*Orb.,  Macro^ 
scaphites  aff.  Yvani Puzos  sp.,  Ueteroceras  Astieri  d*Orb.,  Desnio^- 
ceras  difficile  d'Orb.,  Z).  Charrieri  d'Orb.,  Holcodiscus  CaiUaadm^ 
d'Orb.,  H.  aff.   Gastaldii  d'Orb.,    Crioceras  Emerici  Lev.,    Cr,^ 
Hoheneggeri  Uhl.  Cette  faune  est  tout  à  fait  barrémienne,  et  il  n' 
a  aucun  ty])e  bedoulien,  il  en  faut  donc  conclure  que  les  calcairei 
urgoniens  de  la  vallée  du  lx)m  sont  d*âge  barrémien  vraisembla 
blement  sùi)érieur  à  cause  de  la  présence  d'Heteroceras. 

Vers  le  sud  de  la  l'égion  occupée  par  des  calcaires  blancs  o 
trouve  une  large  bande  de  calcaires  g^*isâti*es  compacts  et  plus  o 
moins  marneux  afileurant  à  Lovetch  et  à  Timovo.  On  y  rencon 
des  Rudistes,  Matheronia  Lovetchensis  Zlatarski  sp.,  M.  Looei 
chensi^  var.  Drinovi  Zlatiirski,  des  OrbitoUna^  O.  discoidea  A. 
Gras,  O.  conoidea  A.  Gr.  Ils  reposent  sur  des  marnes  calcaires 
Heterusier  oblongus  d'Orb.  et  appartiennent  aussi  au  Barrémien. 

M.  Paquier  compare  ensuite  les  faunes  de  Rudistes  urgoniens 
de  Bulgarie  et  de  Suisse  à  celle  de  France. 

En  Bulgarie,  les  calcaires  de  la  vallée  du  Lom  à  Requienia 
ammonia  renfernn»nt,  outre  Toucasia  carinata,  des  Ichthyosarco^ 
lithes,  forme  qui  n'ét^iit  pas  signalée  dans  des  assises  plus  anciennes 
que  FAlbien  supérieur.  On  y  rencontre  également  un  type  de 
Requienia  nouveau,  chez  lequel  la  valve  supérieure  est  surélevée 
dans  la  région  postérieure  comme  chez  Toucasia. 

Les  couches  de  Tirnovo  et  Lovetch  renferment,  outre  les  grandes 
Matheronia  du  gr.  M.  Lovetchensis,  des  Gj^ropleura  de  grande 
taille,  tout  à  l'ait  analogues  à  celles  que  fournit  le  Cénonianien 
supérieur  de  l'ouest  de  la  France.  On  y  recueille  enfin  desPflcA^'- 
iraga  au  moins  très  voisines  de  F.  paradoxa  Pict.  sp. 


SÉANCE   GÉNÉRALE    ANNUELLE   DU    3o   MAI    I9OI  28^ 

Grâce  à  la  complaisance  de  M.  Renevier,  Tauteur  a  pu  s*assurer 
que  les  Requiema  à  valve  supérieure  surélevée  de  Bulgarie  sont 
fréquentes  dans  TUrgonien  suisse,  mais  en  France  la  seule  localité 
qui  à  sa  connaissance  en  fournisse  est  Châtillon-de-Michaille.  De 
même  Matheronia  Loçetchensis  var.  Drinovi  ne  se  rencontre  en 
France  que  dans  les  calcaires  urgoniens  inférieurs  (Barrémien  supé- 
rieur) de  la  Puyaz,  près  Annecy. 

Sennes  et  Kerfome.  —  Observations  sur  un  gisement  ter- 
tiaire des  bords  de  la  Vilaine  aux  environs  de  Rennes. 

Il  y  a  quelques  années,  au  moment  de  la  construction  des  tram- 
ways départementaux,  on  a  commencé  à  exploiter  par  dragages  les 
alluvions  de  la  Vilaine,  non  loin  du  gisement  sablo-argileux  d'Api- 
gné.  A  un  certain  moment  la  drague  ramena  des  fragments  sablo- 
gréseux  à  débris  de  coquilles  marines  et  de  nombreuses  Ostrea 
qui  furent  recueillies  par  plusieurs  personnes  et  notamment  par 
M.  Bézier,  conservateur  du  Musée  d'Histoire  Naturelle  de  Rennes. 

Le  propriétaire  de  la  carrière,  M.  Rosetzki,  m'ayant  averti  que 
les  dragages  étaient  repris  dans  la  direction  des  couches  fossili- 
fères, j*ai  été  visiter  Texploitation  avec  M.  Kerforne.  D'après  les 
données  des  dragages,  nous  avons  relevé  la  succession  suivante  : 

a)  Terre  végétale  et  limon  :  i  mètre  environ. 

b)  Graviers  de  la  Vilaine  essentiellement  quartziteux  :  4  ^  ^ 
mètres.  —  Ils  descendent  plus  bas  que  le  lit  de  la  Vilaine. 

c)  Suivant  les  points,  la  drague  ramène  tantôt  des  sables  falu- 
niens  souvent  agglomérés,  tantôt  des  blocs  d'argiles  noires  présen- 
tant de  nombreux  petits  gaietsquartzeux,  gréseux  ou  scliisteux.  Les 
sables  et  les  argiles  renferment  les  mêmes  fossiles  ;  cependant  leà 
sables  sont  plus  riches  en  Ostrea,  Arca,  Pectunculus  de  grande 
taille. 

La  faune  est  la  même  que  celle  du  gisement  d'Apigné  dont 
M.  G.  Doilfus  a  entrepris  l'étude  :  Ostrea  aff.  edalis,  O.  ind.  ;  Arca 
Noé,  A.  barbata.  A.  sp.  :  Pectunculus  Deshayesi,  etc.  ;  Venus  y 
Cardita,  Cardium,  Chama,  etc.  ;  Fissurella  italica,  Emarginula^ 
Pleurotoma  incrassata.  Trochus,  Natica,  Nassa  limata,  Ancil- 
laria,  Eulima  inflexa,  Voluta  ad'.  Lamberti.  Rissoa,  Cerithium 
(Bittium)  reticulatum,  Dentalium  brevifissum,  Vermetus  carinatus, 
Balanophyllia  italica,  Crj'ptangia,  etc. 

Nous  n'avons  pas  encore  pu  établir  d'une  façon  certaine  les 
rapports  des  sables  et  argiles  en  question  avec  leur  substratuni,  mais 
ces  dépôts  sont  certainement  plus  récents  que  les  faiuns  de  Bretagne 
dont  les  couches  supérieures  ont  fourni,  comme  l'on  sait,  des  restes 
de  Mammifères  :  Mastodon,  Dinotherium,  Hipparion,  etc. 


!l88        SÉANCE  GÉNÉRALE  ANNUELLE  DU  3o  MAI  I9OI 

M.  6.  DollfUB  a  eu  l'occasion  d'examiner  au  Musée  de  Rennes, 
avec  MM.  Sennes  et  Kerforne,  YOstrea  citée  par  ses  auteurs  et 
d'après  ses  notes  elle  doit  prendre  le  nom  d'Oslrea  edulis  Lin.  var. 
ungulata  "Sy st.  i835(Coq.  etpolyp.  foss.  Belgique,  p.  3îi5,  pi.  VIII, 
fig.  8;  pi.  IX,  fig.  8)  découverte  originairement  dans  le  sable  noir 
de  Kiel,  près  Anvers. 

•  Cette  espèce  est  inconnue  dans  les  faluns  de  la  Touraine,  mais 
elle  est  abondante  dans  les  gisements  de  la  Loire-Inierieure  comme 
la  Dixmerie,  le  Pigeon  Blanc,  la  Gauvinière,  le  Marché  Giraud 
en  Vieillevigne,  etc.,  on  la  trouve  également  dans  le  Cotentin  à 
Gourbesville,  Rauville-la-Place  (Lyell),  Saint-Georges  de  Bohon, 
pouvant  aider  à  caractériser  le  vaste  horizon  miocène  supérieur 
dont  j'ai  parlé  dans  la  dernière  séance. 

J'ajouterai  qu'un  forage  exécuté  à  Carentan  par  MM.  Lippmann 
et  O*  a  rencontré  cette  même  variété  de  VOstrea  eduUs  dans  des 
conditions  analogues  à  celle  de  Rennes,  à  24  mètres  de  profondeur 
sous  une  série  d'argiles  grises  sableuses,  formant  un  lit  de  vingt 
centimètres  d'épaisseur,  au  contact  des  marnes  rouges  du  Trias, 
profondément  ravinées  en  ce  point. 


ÉTAT  ACTUEL  EN  BELGIQUE 
DE  L'ÉTUDE   DES   CORRÉLATIONS   GRISOUTO  SISMIQUES 

par  M.  E.  VAN   DEN  BROECK. 

Cette  communication  a  surtout  pour  but  d'apporter  à  la  Société 
la  primeur  des  dernières  observations  relatives  à  l'état  actuel,  en 
Belgique,  de  l'étude  de  la  Géophysique  et  de  la  Météorologie  endo- 
gène, spécialement  appliquées  à  la  recherche  des  corrélations 
grisouto-sismiques.  Il  serait  à  désirer  que  ces  études  prennent  une 
plus  grande  extension  en  France  où,  il  y  a  déjà  quinze  ans,  une 
première  tentative  a  fourni  de  précieux  éléments  d'appréciation. 

Etant  donné  lampleur  du  programme  des  études  de  la  Géophy- 
sique, science  cependant  née  il  y  a  à  peine  un  quart  de  siècle; 
vu  aussi  la  multiplicité  des  points  de  vue  à  traiter  dans  l'exposé 
des  corrélations,  étroitement  liées,  qu'elle  évoque  et  qui  intéressent 
à  la  fois  le  géologue,  le  physicien,  le  météorologue  et  bien  d'autres 
encore,  tels  que  le  mineur,  il  ne  peut  être   question  d'entrer  ici 


BTUDE   DES   CORRELATIONS   GRISOUTO-SlSMIQUES  289 

dans  les  développements  d*un  exposé  général,  même  synthétique. 
Les  curieuses  révélations  fournies  par  Tétude  des  résultats  obtenus 
par  les  pendules  horizontaux  et  autres,  destinés  à  la  recherche  des 
déviations  de  la  verticale,  comme  de  ceux  obtenus  par  les  instru- 
ments microsismiques  et  magnétiques  pourront  fournir  la  matière 
d*une  conmiunication  ultérieure.  Aujourd'hui,  nous  nous  canton- 
nerons dans  le  domaine  des  corrélations  paraissant  exister  entre 
certains  phénomènes  sismiques  et  les  dégagements  grisouteux. 
Cette  étude  a  été  entreprise  par  la  Société  belge  de  géologie,  qui, 
en  1898,  a  fondé  la  Section  permanente  d'étude  du  grisou,  consti- 
tuée en  vue  de  la  recherche  des  lois  éventuelles  de  prévision  des 
périodes  d'activité  grisouteuse  et  de  danger  minier. 

Les  premiers  travaux  sur  les  corrélations  grisouto-sismiques, 
ont  été  publiés  en  1874  par  M.  M.  S.  de  Rossi,  en  Italie.  Depuis 
lors,  de  nombreux  travaux  sur  ce  sujet  ont  été  publiés  par  MM, 
Davison,  Millne  et  Walton  Brown,  en  Angleterre  ;  de  Ghancourtois, 
Lallemand,  Chesneau,  F.  Laur,  Canu  et  Fortin,  en  France  ;  Milne 
au  Japon;  Zenger,  en  Hongrie;  Forel,  en  Suisse  *. 

En  Belgique  enfin,  la  récente  mise  en  discussion,  en  1898,  par 
MM.  L.  Gérard,  E.  Harzé,  E.  Lagrange  et  Van  den  Broeck,  de  la 
question  des  corrélations  grisouto-sismiques  avait  été  précédée, 
depuis  1887,  d'appels  et  d'exposés  dus  à  M.  A.  Lancaster  et  à  divei's 
autres  auteurs  et  publicistes  qui  ont  ainsi  mis  en  lumière,  depuis 
longtemps  en  Belgique,  le  vif  intérêt  qui  s'attache  à  ces  recherches 
de  corrélations  endogènes,  que  d'aucuns  persistent  toutefois  à  ne 
considérer  que  comme  de  simples  «  coïncidences  ». 

Au  point  de  vue  expérimental  et  de  la  vérification  scientifique, 
trois  pays  ont  tenté  des  essais  pratiques  dans  cette  direction  : 
l'Angleterre,  la  France  et  le  Japon.  Ce  sont  respectivement  : 
rinsulfisance  et  la  non  appropriation  des  appareils,  la  décroissance 
locale  de  l'activité  grisouteuse  et  une  catastrophe  ayant  détruit  les 
installations  qui  ont,  à  Marsden  (Durhani),  à  Hérin  (Anzin)  et  à 
Takoshima,  empêché  la  continuation  normale  des  expériences. 

Celles-ci,  malgré  des  conditions  défavorables,  ont  fourni,  à  Mars- 
den comme  à  Hérin,  des  données  irrécusables  montrant  non  seule- 
ment la  réalité  de  certaines  corrélations,  mais  encore  la  possibilité 

I.  CTesl  l'Académie  des  Sciences  de  Paris  qui,  en  1887,  a  publié  le  texte  de 
la  «  loi  de  Forel  »  disant  qu'il/au t  redoubler  de  précautions  contre  le  grisou 
les  jours  qui  suivent  un  tremblement  de  terre  dont  l'aire  sismique  s'est 
étendue  jusqu'au  territoire  de  la  mine  à  protéger, 

3  Octobre  1901 .   —  T.   I'•^  Bull.  Soc     Gcol.   Fr.   —  19 


Ù^  E.  VAX  DKN  BROECK.  —  ETAT  ACTUEL  EN  BELGIQUE         3o  Mai 

de  trouver  dans  ravertisseiiieat  préalable  microsismique  nn  véri 
table  précurseur  de  l'activité  grisou tcuse.  Dans  le  cas  très  net  de  a 
genre,  qu  il  a  signalé  en  1898  (d'après  M.  Chesneau),  dans  sa  confé 
renée  faite  devant  la  Société  géologique  du  Nord,  à  Béthnne 
et  qui  est  relatif  à  des  phénomènes  constatés  en  décembre  1886 
simultanément  à  llérin,  à  Marsden  et  en  Belgique,  M.  Van  dei 
Broeck  a  rappelé,  qu'en  contraste  avec  l'avertissement  microsis 
mique  fourni  dans  les  deux  postes  français  et  anglais,  la  dépres 
sion  baroiuétrique  considérable  qui  a  accompagné  ces  phénomènei 
endogènes,  les  a  suivis  et  non  précédés.  Le  maximum  microsismi 
que  s*est  montré,  à  Hérin,  neuf  heures  avant  le  maximum  grisou 
teux,  qui  a  été  .sui'pi  à  douze  heures  d'intervalle  par  le  niaximun 
de  la  dépression  barométrique  -. 

Cette  question  des  rapports  existant  entre  les  dégagements  di 
grisou  et  les  dépressions  barométriques,  qui  précèdent  parfois, 
en  effet,  certaines  des  manifestations  de  grisou  ^  a  donné  lieu,  ei 
divers  pays,  à  de  vifs  débats.  Ceux-ci  cependant  eussent  pu  étn 
évités  si  Ion  n'avait  pas  voulu  généraliser  des  observationi 
s'appliquant  à  des  cas  très  différents  dans  leur  essence.  Il  est  facik 
d'apprécier  la  différence  profonde  qui  existe  entre  les  conditiom 
où  se  trouve  le  grisou  a  faible  pression,  et  de  débit  relativemenl 
restreint,  emmagasiné  dans  les  déblais,  remblais,  vieux  travaux 
chantiers  abandonnés,  etc.,  et  le  grisou  occlus,  peut-être  à  Tétai 
liquide  ou  solide,  ou,  en  tout  cas,  en  tension  considérable,  danf 
les  pores  du  charbon,  où  le  manomètre,  appliqué  aux  trous  d( 
sonde,  soi-disant  purgeurs,  le  montre  exister  avec  des  écarts  parfois 
considérables  de  pression  pour  de  très  minimes  distances. 

C'est  la  détente  brusque,  le  changement  d'état  de  ce  grisou  (qui 
sous  cette  forme,  échappe  aux  vanations  de  la  pression  atmosphé 
rique),  qui  est  le  grand  fléau  du  mineur  et  tel  est  surtout  le  phéna 
mène  dont  il  s'agit  de  rechercher  les  causes,  sans  doute  multiples 

I .  E.  Van  dbn  Broeck.  La  Météorologie  endogène  et  le  Grisoa.  Caiiseii< 
faite  le  3  juillet  i8()S  à  roccasioii  de  la  session  extraordinaire,  à  Béthnne,  d< 
la  Société  géologique  du  Nord.  Ann.  Soc,  GéoL  du  Nord,  t,  27,  p.  i5o-i74- 

a.  E.  Van  dbn  Brobgk.  Les  prévisions  g^isouteuses.  Recherches  prélimi 
naires  faites  à  l'occasion  des  «  avertissements  »  de  M.  F.  Laur.  Analyse  dei 
faits  et  observations  complémentaires  relatives  à  l'exposé  des  données  four 
nies  par  les  éléments  magnétiques.  lUill.  Soc.  belge  de  Géol.,  t.  XH,  i8g8 
Méiii.  p.  i!i-'44. 

3.  E.  Van  i»kx  Broeck.  Les  manifestations  grisouteuses  et  leur  prévisioi 
dans  ses  rapports  avec  la  Météorologie  endogène  et  avec  la  Météorologie 
atniosphci*i({uc.  Hapports  lus  an  V*  ('onf^rès  intern»  d'iiydrol.  médicale^  d 
Cliiiiaiologie  et  de  Géologie  de  Liège^  en  i8g8. 


igOI  DE  L  ETUDE  DES  CORRELATIONS  GRlSOUTO-SISMIQUES  29I 

Grâce  aux  perl'ectionnements  incessants  apportés,  dans  les 
régions  minières  de  la  plupart  des  pays,  aux  facteurs  matériels 
de  Téclairage,  de  Faérage,  du  tir  des  mines,  de  l'organisation  des 
travaux  préparatoires  et  de  la  conduite  des  travaux  d'exploita- 
tion, le  grisou  à  faible  pression,  le  seul  qui  puisse  se  montrer 
influencé  dans  ses  phases  d'activité  par  les  dépressions  atmosphé- 
riques, n'est  plus  aujourd'hui  pour  le  mineur  un  ennemi  bien 
dangereux.  Mais  il  n'en  est  nullement  de  môme  pour  le  grisou 
renfermé  à  haute  pression  dans  la  roche,  où  on  l'y  trouve  parfois 
dénoncé  par  le  manomètre  comme  existant  à  qo,  3o  et  4o  atmos- 
phères et  plus  encore!  L'ennemi  en  un  mot,  c'est  le  grisou  des 
dégagements  instantanés  :  ce  fléau  de  certaines  régions  minières 
belges  en  particulier  et  qui  se  présente  aussi,  sous  des  formes 
parfois  un  peu  diflérentes  dans  d'autres  pays,  comme  les  sudden 
outburst  en  Angleterre,  les  phénomènes  de  l'espèce  observés  en 
Allemagne  et  ailleurs  ;  fléau  dont  enfin  certains  charbonnages  du 
bassin  de  la  Loire,  comme  à  Saint-Ëtienne,  commencent  à  leur 
tour  à  être  incommodés. 

C'est  l'étude  corrélative  de  divers  phénomènes  microsismiques 
et  plus  spécialement  de  certaines  ondes  ou  vagues  terrestres 
d'origine  interne  —  décelées  par  les  merveilleux  instruments  dont 
dispose  actuellement  la  Géophysique,  tels  par  exemple  que  le 
pendule  horizontal  triple  —  qui,  plus  encore  que  la  répercussion 
directe  des  secousses  sismiques  proprement  dites,  paraît  devoir 
constituer  l'objectif  des  chercheurs  en  tant  que  auscuUo-précurseur 
de  r exaltation  grisouteuse.  Les  études  et  recherches  de  la  Géophy- 
sique se  trouvent  ainsi  intimement  rattachées  à  celles  des  corré- 
lations grisouto-sismiques. 

Déjà  grâce  à  la  généreuse  intervention  de  M.  E.  Solvay,  M.  Eug. 
Lagrange,  professeur  de  physique  à  l'École  militaire  belge,  a  pu 
se  trouver  matériellement  à  même  de  réaliser  le  projet,  conçu  par 
lui,  d'un  observatoire  souterrain  de  Géophysique,  édifié  à  Uccle- 
lez-Bruxelles,  organisé  et  outillé  suivant  ses  plans. 

Il  est  à  remarquer  que  récemment  la  Commission  internationale 
de  géophysique  dont  fait  partie  pour  la  France  M.  Kilian,  de 
Grenoble,  a  décidé  la  création  d'un  réseau  européen  de  postes  de 
même  nature  et  employant  les  mêmes  instruments. 

De  son  côté,  la  Société  belge  de  Géologie,  à  l'aide  des  ressources 
spéciales  dont  elle  dispose  à  cet  efiet,  par  suite  de  multiples  libé- 
ralités, s'occupe  en  ce  moment,  d'organiser  le  poste  souterrain 
grisoutO'sismique  qu'elle  avait,  dès  1898,  décidé  d'établir  dans  les 


^9^  E.  VAN  DEN  BROECK.  —  ETAT  ACTUEL  EN  BELGIQUE         3o  Mai 

profondeurs  du  charbonnage  grisouteux  de  TAgrappe,  près  Mons. 
La  récente  catastrophe  du  Grand-Buisson,  à  Wasmes  (Hainaut)  a 
de  nouveau  attiré  Tattention  du  public  belge  sur  les  utiles  travaux 
de  la  Société.  De  nouvelles  libéralités,  dues  à  M.  Beemaert, 
Ministre  d'Ëtat  et  Président  de  la  Section  permanente  d'études 
du  grisou,  ainsi  qu'à  d'autres  donateurs,  ont  encore  augmenté  les 
ressources  dont  dispose  la  Société. 

Les  généreux  philanthropes  qui,  avec  M.  E.  Solvay,  constituent 
le  Comité  de  patronage  de  la  Section  du  Grisou,  viennent  de 
rendre  à  la  science  un  nouveau  service  dont  M.  Van  dcn  Broeck 
est  heureux  de  les  remercier  ici  publiquement. 

M.  le  sénateur  G.  Montefiore-Levi,  vient  de  mettre  une  somme 
de  deux  mille  francs  à  la  disposition  du  Comité  du  grisou, 
pour  la  réalisation  d'un  des  principaux  desiderata  de  la  Société  : 
l'organisation  d'un  poste  externe  géophysique  et  de  comparaison, 
qui  sera  situé  sur  le  bord  méridional  de  la  grande  faille  du  midi, 
soit  au  bois  de  Colfontaino  et  à  proximité  du  poste  souterrain 
(à  819  m.)  actuellement  en  organisation  à  l'Agrappe  et  situé  au 
nord  de  la  dite  faille.  Pour  Tédification  de  ce  poste  à  profondeur 
minière,  l'Administration  de  la  Société  anonyme  des  Charbonnages  * 
belges,  son  cminent  directeur  M.  I.  Isaac  et  son  personnel  tech- 
nique (M.  l'ingénieur  Abrassart  en  tête)  se  sont  mis  à  l'entière , 
disposition  de  la  Société  belge  de  Géologie.  De  son  côté,  un  autre 
donateur  M.  A.  Urban,  administrateur-directeur  de  la  Société 
anonyme  de  Carrières  de  Quenast,  outre  l'octroi  d'un  don  per- 
sonnel fort  important,  s'est  engagé  à  faire  édifîer,  organiser  et 
outiller  complètement  un  poste  géophysique  de  comparaison, 
qui  présentera  cet  intérêt  spécial,  exceptionnel  même,  d'être 
établi  sur  un  massif  cristallin  éruptif,  qui  le  mettra  ainsi  en 
relation  directe  avec  les  parties  internes  profondes  de  l'ossature 
du  globe  et  avec  leurs  manifestations  endogènes  propres.  Enfin, 
M.  A'I.  Greiner,  le  directeur  général  de  la  Société  Cockerill,  aidé 
par  quelques  amis,  exploitants  de  houillères  du  bassin  de  Liège, 
se  met  à  la  disposition  du  Comité  pour  organiser  de  même,  aux 
frais  de  ce  groupe  régional,  un  poste  souterrain  grisouto-sismique, 
identique  à  celui  de  l'Agrappe,  et  qui  sera  installé  daiis  une  mine 
grisouteuse  du  bassin  liégeois,  en  même  temps,  peut-être,  qu'un 
poste  compléQientaire  et  externe  de  comparaison. 

Ce  magnifique  et  généreux  élan,  dans  lequel  Yinitiatiçe  priçée 
s'est  largement  vue  aider  par  certains  des  pouvoirs  provinciaux 
belges  et  qui  permet  actuellement  à  la  Société  belge  de  Géologie 
de  réaliser  le  projet  que  lui  avait  soumis,  il  y  a  trois  ans,  M.  Van 


igoi        DB  l'étude  des  corrélations  GRisoi  to-sîsmiques         393 

den  Broeck,  constitue  un  réconfortant  exemple  dont  la  Belgique 
a  le  droit  d'être  fière  et  dont  les  résultats  dépasseront  peut-être  un 
jour  en  intérêt  humanitaire  et  économique  tout  ce  que  l'optimisme 
des  initiateurs  peut  prévoir  aujourd'hui.  Quant  à  ceux  qui  doute- 
raient encore  de  l'opportunité  de  s'engager  résolument  dans  ces 
voies  nouvelles  —  mais  dont  la  France  peut  s'honorer  d'avoir, 
dès  1886,  éclairé  expérimentalement  les  premières  étapes  —  on 
peut  se  contenter  de  leur  répondre  par  ces  paroles  d'un  collègue 
sceptique,  éminent  et  haut  fonctionnaire  des  Mines  belges  actuelle- 
ment en  retraite  et  qui,  tout  en  ne  partageant  pas  les  espérances 
des  initiateurs  de  la  Société  belge  de  Géologie,  a  répété  à  l'occasion 
de  nos. recherches  et  de  nos  espoirs,  cette  noble  pensée  d'un  illustre 
savant  français,  déclarant  que  celui  qui,  en  dehors  des  sciences 
mathématiques,  prononce  le  mot  impossible,  commet  une  impru- 
dence. 

En  terminant  sa  communication  M.  Van  den  Broeck  émet 
Fespoir  que  cette  organisation  en  voie  d'exécution  en  Belgique, 
d'un  réseau  d'observatoires  géophysiques  et  grisouto-sismiques, 
destinés  à  l'étude  des  phénomènes  endogènes  affectant  certaines 
parties  du  vaste  bassin  houiller  franco-belge,  aura  sa  réper- 
cussion et  son  extension,  si  désirable,  dans  les  parties  françaises 
du  bassin.  Il  l'espère  d'autant  plus  que  c'est  dans  l'une  des  fosses 
du  charbonnage  d' Anzin  qu'a  été  fournie  naguère  la  démonstration 
de  l'existence  réelle  de  certaines  corrélations  grisouto-sisniiques  et 
de  la  possibilité  des  prévisions  espérées.  Celles-ci  se  fussent  mon- 
trées plus  constantes  et  plus  frappantes  encore  si  l'on  avait  possédé 
alors  les  appareils  spéciaux  dont  dispose  la  Science  d'aujourd'hui 
et  si,  d'autre  part,  les  dégagements  grisouteux  de  la  fosse  d'Hérin, 
où  se  firent  ces  premières  expériences,  ne  s'étaient  pas  graduelle- 
ment amoindris,  au  point  de  venir  finalement  se  classer  dans  la 
catégorie  de  ceux,  à  très  faible  pression  et  de  minime  débit, 
qui  échappent  pour  ainsi  dire  complètement  à  l'influence  des  actions 
endogènes  et  sismiques. 


Séance  du   3  Juin   1901 

PRÉSIDENCE   DE   M.  L.   GAREZ,   PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de*     la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée- 

IjC  Président  annonce  une  présentation. 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  i^eprise  des  cours 
fessés  par  M.  Zujovié,  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Belgrade. 

M.  Haug  annonce  à  la  Société  la  mort  du  célèbre  paléontologisl 
suédois,  G.  lindstrom,  dont  les  magnifiques  travaux  sur  les  faune 
siluriennes  de  1*1  le  de  Gothland  sont  connus  de  tous. 

M.  Emm.  de  Margerie  présente  au  nom  de  M.  leJ)>'  Francisco  P. 
Moreno  un  exemplaire  des  Documents  publiés  par  le  Gouver- 
nement Argentin  sur  la  question  des  limites  de  la  République 
açec  le  Chili  (4  vol.  in-folio). 

Cet  ouvrage,  où  il  n'est  question  qu'incidemment  de  Géologie 
proprement  dite,  renferme  un  grand  nombre  de  renseignements 
nouveaux  sur  l'orographie  de  la  partie  australe  de  la  Chaîne  des 
Andes,  et  en  particulier  de  superbes  panoramas  en  similigravure. 
Parmi  les  faits  d'intérêt  généi*al  que  ces  planches  mettent  en  évi- 
dence, on  doit  citer  surtout  une  série  de  cas  typiques  de  captures 
de  cours  d'eau,  nés  dans  les  plaines  de  Patagonie  et  actuellement 
tributaires  du  Pacifique,  d'où  résulte  une  fréquente  discordance 
entre  la  ligne  des  points  culminants  et  la  ligne  de  partage,  reportée 
à  Test  des  Cordillèivs. 

M.  de  Margerie  dépose  en  môme  temps  sur  le  bureau  le  numéro 
du  i5  mai  des  Annales  de  Géographie,  dans  lequel  M.  L.  Gallois 
a  résumé  ces  publications  en  i*eproduisant  les  photographies  les 
plus  caractéristiques. 

M.  6.  DoUfus  offre  une  brochure  qu'il  vient  de  publier  inti- 
tulée :  Note  géologique  sur  les  eaux  de  Rouen,  lettre  à  M.  Gamier, 
expert.  Dans  ce  travail,  il  a  examiné  l'origine  des  grosses  sources 
de  la  vallée  du  Kobec  qui  ont  été  aménagées  pour  l'alimentation  de 
la  ville  de  Rouen,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  et  qui  sont  actuelle- 
ment le  sujet  d'un  procès. 


SÉANCE  nu  3  JUIN  1901  295* 

Après  avoir  décrit  la  série  des  terrains  des  environs  de  Rouen, 
leur  épaisseur,  leur  perméabilité,  leur  inclinaison,  il  a  expliqué  que 
la  basse  vallée  du  Robec  coule  en  contre-pente  de  Tinclinaison 
géologique  des  couches.  La  région  anticlinale  formée  par  Targile 
kiméridgienne  est  située  à  Saint-Sever  sous  la  plaine  basse  de  la 
rive  gauche  de  la  Seine,  en  face  de  Rouen;  de  ce  faubourg,  toutes 
les  couches  plongent  suivant  une  inclinaison  semi-circulaire  vers  le 
nord-est.  La  ville  même  est  bâtie  sur  TAptien  et  le  Cénomanien 
qui  plongent  dans  la  même  direction.  Les  falaises  au-dessus  de  la 
ville  sont  dans  la  craie  turonienne,  épaisse  de  80  mètres,  et  la 
craie  sénonienne  apparaît  seulement  en  arrière  des  crêtes  pour 
s'incliner  au  nord  sous  le  plateau,  en  augmentant  progressivement 
d  épaisseur.  Ce  régime  de  pente  au  nord  prend  fin  à  Fontaine-sous- 
Préaux  dans  la  vallée  de  Dametal,  et  à  Monville  dans  la  vallée  de 
Dé  ville  ;  au-delà  de  ces  points  les  couches  remontent  lentement  au 
nord  et  atteignent  le  pays  de  Bray,  après  quelques  faibles  ondu- 
lations. 

Or,  les  fortes  sources  de  Fontaine-sous-Préaux,  correspondent  à 
ligne  synclinale  basse  située  entre  les  deux  relèvements  de 
uches,  et  en  même  temps  à  Taflleurement  bas,  au  fond  de  la 
^v^^i^Uée,  du  Turonien  moyen,  des  couches  de  craie  marneuse  à  Tere- 
if^^^iiulina  gracilis,  les  moins  perméables  de  toute  1»  masse.  Il  faut 
^ter,  d* autre  part,  que  le  bassin  du  Robec,  en  amont  des  sources, 
:.  absolument  sec,  que  sa  surface  géographique  est  tout  à  fait 
suffisante  pour  pouvoir  fournir  le  volume  d'eau  débité  (720  litres 
w  seconde),  de  telle  sorte  qu'il  est  nécessaire  de  rechercher  une 
i^ine  souterraine  assez  éloignée  pour  les  eaux  de  Rouen,  en 
ord  avec  leur  volume  et  la  régularité  remarquable  de  leur  débit, 
i-nteur  n'hésite  pas  à  supposer  qu'elles  arrivent  du  pays  de  Bray, 
*  environs  de  Sommery.  Il  n'y  a  d'ailleurs  ni  bétoires,  ni  avens, 
point  d'engouffrement  naturel  des  eaux  sur  les  plateaux  dans  le 
sinage.  Les  sources  utilisées  proviennent  dîun  cours  d'eau  sou- 
^^"^■*ain,  transversal,  que  la  vallée  a  mis  à  découvert  en  s'appro- 
fo^^^igggjj^^  elles  n'appartiennent  pas  à  son  bassin  hydrographique 
^«^t:^rel. 

^^.  Léon  Janet  se  demande  si  la  couche  à  Terebratulina  gra- 
^*^^  joue  un  rôle  hydrologique  aussi  important  que  l'indique 
"^  *  6.  Dollfus.  Il  ne  présente  cette  observation  que  sous  toutes 
^^^rves,  puisqu'il  n'a  jamais  visité  la  vallée  du  Robec,  mais  il 
^^^l  à  faire  remarquer  que  dans  les  régions  relativement  voisines 
^^  l'Avre,  de  l'Eure  et  de  l'Iton,  qu'il  a  étudiées  en  détail,  la  couche 


'agô  SEANCE  DU  3  JUIN  1901 

à  Terebratulina  gracilis  présente  un  certain  nombre  de  diaclases, 
qui  la  rendent  perméable  en  grand,  comme  les  autres  assises  de  la 
craie.  On  voit,  dans  ces  conditions,  les  eaux  souterraines  passer 
avec  facilité  du  Sénonien  dans  le  Turonien  et  le  Cénomanien,  et 
yice-versA.  Il  est  peut-être  permis  de  supposer  que  la  vallée  supé- 
rieure du  Robec  reste  sèche  tant  que  son  thalweg  se  trouve  an- 
dessus  du  niveau  piézométrique  de  la  nappe  souterraine  de  la 
région,  et  présente  une  série  de  sources  dès  que  ce  thalweg  se 
trouve  au-dessous  du  niveau  piézométrique. 

M.  6.  DoUfus  ne  peut  accepter  Texplication  proposée  par 
M.  Jatiet  et  qui  suppose,  en  principe,  une  uniformité  dans  la  com- 
position de  la  craie  qui  n* existe  pas  en  réalité,  ne  faisant  pas 
entrer,  non  plus,  en  ligne  de  compte  l'importante  question  de 
Tinclinaison  des  couches. 

11  est  impossible  de  baser  uniquement  Thydraulique  de  la  région 
crétacée  sur  le  plan  d'eau  des  puits,  il  existe  des  cours  d*eaux  sou- 
terrains qui  en  sont  indépendants,  etc.  Les  principes  posés  par 
M.  Janet  ne  permettent  pas  d'expliquer  pourquoi  le  niveau  piézo- 
métrique de  la  vallée  arrive  en  afHeurement  à  Fontaine-sous-Préaux 
plutôt  qu'en  quelqu'autre  point. 


M.  Liebesconte.  —  Sur  la  position  des  schistes  du  Rozel 
(Manche), 

Je  suis  complètement  d'accord  avec  M.  Bigot  pour  placer  ces 
schistes  (lie-de-vin  à  la  base,  verdâtres  au  sommet)  dans  le  Cam- 
brien.  Les  Montfortia  Rhedonensis,  que  j'ai  décrits,  ne  viennent 
pas  de  ces  couches,  mais  des  schistes  inférieurs  (bande  de  Saint- 
Gcrmain-le-Gaillard)  situés  sous  les  brèches  porphyriques,  aussi 
ai-je  eu  bien  soin  d'indiquer  dans  ma  note  sur  le  Brioçérien  que 
ces  fossiles  provenaient  des  schistes  légèrement  micacés  qui  sont 
sous  les  arkoses  et  les  brèches  porphyriques  au  sud-est  de  la  pointe 
Rozel.  Ces  schistes  sont  rangés  avec  raison  par  M.  Bigot  dans  le 
Précambrien, 


ÉTUDE  COMPARÉE  DES  SYSTÈMES  DE  TERRASSES 

DES  VALLÉES  DE   LMSSER 
DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHONE 

PREUVES  QUE  LEUR  FORMATION  EST  DUE 
A  DES  OSCILLATIONS  EUSTATIQUES  DU  NIVEAU  DE  BASE 

par  M.  de  LAMOTHE. 


Dans  la  note  que  j'ai  publiée  en  1899  sur  les  anciennes  plages 
et  terrasses  du  bassin  de  Tisser  *,  j'ai  cherché  à  préciser  les  pha- 
ses successives  par  lesquelles  avait  du  passer  ce  bassin,  depuis 
la  fin  du  Pliocène  marin,  pour  arriver  à  son  état  actuel  ;  j'ai,  en 
outre,  établi,  que  les  conclusions  tirées  de  Tétude  de  Tisser  pou- 
vaient s'étendre  à  une  partie  au  moins  de  la  côte  algérienne.  La 
présente  note  a  pour  objet  de  montrer  que  des  phénomènes  com- 
parables, et  même  identiques,  semblent  s'être  produits  pendant 
le  même  laps  de  temps,  dans  des  bassins  très  éloignés,  tributaires 
de  la  Méditerranée  septentrionale  ou  de  la  mer  du  Nord. 

Mais  avant  d'aborder  cet  essai  de  paléogéographie,  il  me  parait 
utile,  et  même  nécessaire  de  résumer  très  brièvement  les  faits 
constatés  dans  Tisser,  en  insistant  sur  quelques  points  dont  Tin- 
térôt  ou  l'importance  n'ont  peut-être  pas  été  suffisamment  mis  en 
relief  dans  ma  note  de  1899,  et  en  profitant  de  cette  occasion  pour 
rectifier  quelques  fautes  d'impression  et  légères  inexactitudes  de 
détail  qui  s'y  sont  glissées. 

Chapitre  P'.  —  Résumé  des  faits  observés  dans  Tisser 

1°  L'embouchure  de  Tisser  a  conservé  des  traces  très  nettes 
d'une  série  continue  de  phénomènes  alternatifs  d'érosion  et  de 
remblai,  dont  les  plus  anciens  datent  de  la  fin  du  Pliocène  mann, 
tandis  que  les  plus  récents  appartiennent  à  Tépoque  actuelle  2. 

I.  .de  Lamothb.  Note  sur  les  anciennes  plages  et  terrasses  du  bassin  de 
lisser  et  de  quelques  autres  bassins  de  la  côte  algérienne.  B.  S.  G.  F.,  (3), 
XXVn,  p.  â57  et  seq. 

3.  Consulter  les  feuilles  de  Ménerville  et  de  Palestro  de  la  carte  géologique 
de  l'Algérie  à  i/5o.ooo,  et  la  planche  Ul  qui  est  jointe  à  nia  note  précitée. 


298       DE  LAMOTHE.  «-  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

Le  nombre  de  ces  périodes  alternatives  d'érosion  et  de  remblai 
encore  obserçables,  a  été  de  six  ;  elles  sont  marquées  par  six 
niveaux  de  cailloutis,  formant  pour  la  plupart  des  terrasses 
étagées,  bien  distinctes  les  unes  des  autres  (fig.  i). 


Sidi  feredj 

"*   ■  M 

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on».                          1  Ak. 

p,                         ^ 

Î9»er 


Fig.  I.  —  Coupe  schématique  de  la  vallée  de  lisser  près  de  l'embouchure. 

y.  Liparites  et  granités  :  X.  Labradorites  et  andésites  ;  p,,  Marnes  bleues  du 
Pliocène  inférieur  ;  i,  Cailloutis  et  plage  de  aoo-ao5  m.  (i*'  niveau)  ;  a,  Id. 
de  i3o-i5o  m.  (a*  niveau)  ;  3,  Id.  de  la  haute  terrasse  (3*  niveau)  ;  4t  Id.  de 
la  moyenne  terrasse  (4*  niveau)  ;  5  et  6,  Id.  des  basses  terrasses  (5*  et 
6'  niveaux)  ;  g^  Galets  roulés  à  43o  m.  d'altitude.  —  La  largeur  de  la  zone 
occupée  par  les  alluvions  entre  les  deux  massifs  éruptifs  est  d'environ 
i3  kilomètres. 

Les  altitudes  relatives  de  ces  divers  niveaux  au  voisinage  de 
l'embouchure  *,  sont  exprimées  par  les  nombres  ci-après  : 

!•'  niveau aoo  à  ao5  m.  * 

2*   —   i3o  à  i5o 

3-   -   93  à  95 

4*   —   55  à  57 

5-   —   28  à  3o 

6'   —   i5  à  i6m.  » 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  qu'entre  les  3*  et  4'  niveaux  il  s'est 
produit  un  léger  déplacement  négatif  horizontal  du  niveau  de  base 
qui  a  eu  pour  effet  de  diminuer  l'altitude  relative  des  terrasses 
plus  anciennes  ;  si  l'on  en  tient  compte,  l'altitude  relative  du 
3*  niveau  devient  98-100  m. 

Les  terrasses  sont  surtout  développées  au  voisinage  de  l'embou- 
chure où  les  principales  (3*,  4*  et  5*  niveaux)  peuvent  se  suivre 
pendant  plusieurs  kilomètres  ;  elles  se  morcellent  en  approchant 

i.'Dans  tout  ce  mémoire,  l'expression  altitude  relative  signifie  altitude 
au-dessus  des  eaux  d*étiage  du  cours  d'eau  actuel. 

a.  L  altitude  de  ce  niveau  qui  est  en  dehors  de  la  vallée  actuelle  de  Tisser 
est  prise  par  rapport  au  niveau  de  la  mer. 

3.  Ces  limites  sont  probablement  un  peu  faibles;  elles  sont  basées  sur  la 
détemUoation  4'an  sçul  lambeau,  celui  de  Blad  Guitoun. 


319^1  DE  L*ISSBR,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  299 

die  la  région  montagneuse  et  semblent  disparaître  un  peu  en  amont 
de  Palestro  ;  en  même  temps  leurs  altitudes  relatives  augmentent 
sensiblement.  Ces  altitudes  augmenteront  encore  dans  Tavenir, 
:ar  Tisser,  qui  ne  possède  pas  dans  la  région  de  Palestro  son 
profil  d'équilibre  et  dont  les  pentes  sont  relativement  fortes  (4  à 
i  millim.  par  mètre  dans  les  goiges),  continue  à  creuser  son  lit. 

Q^  L'épaisseur  primitioe  des  nappes  alluviales  ne  peut  pour  la 
ilupart  d'entre  elles  être  déterminée  avec  précision,  soit  en  raison 
les  dénuda tions  qu'elles  ont  subies  (i^*"  et  a'  niveaux),  soit  parce 
[nielles  se  réduisent  presque  toutes  à  une  mince  bordure,  et  que 
'ien  n'indique  la  largeur  originelle  de  la  nappe  et  surtout  la  posi- 
ion  du  thalweg  correspondant.  Cependant,  en  ce  qui  concerne  le 
t*  niveau,  la  comparaison  des  cotes  des  bases  et  des  sommets  de 
^us  les  lambeaux  que  j*y  ai  rapportés,  me  conduit  à  penser  que 
^4épaisseur  a  dû  atteindre  au  moins  4o  m. 

Pour  le  3*  niveau,  dont  il  existe  une  section  transversale  presque 
^:>mplète  *,  l'épaisseur  réelle  a  dû  être  très  voisine  de  35  m. 

Bafin,  pour  les  4*  et  5*  niveaux,  les  épaisseurs  mesurées  près  du 
^éC^fà  axial  -,  c'est-à-dire  du  bord  le  plus  rapproché  de  Taxe  de  la 
^^Ulée,  sont  respectivement  de  4o  à  45  m.  pour  le  4*  niveau,  de 
à  3o  m.  pour  le  5^.  Mais  ces  nombres  sont  des  minima  et  il  est 
probable  que  les  épaisseurs  maxima  ont  été  supériem^es  de 
;uelques  mètres  au  moins. 

Vers  l'amont,  à  Palestro,  les  épaisseurs  observées  paraissent 
inûnuer  d'une  façon  notable. 

3**  En  l'absence  de  fossiles  caractéristiques,  j'ai  été  conduit 
•^ï*  des  considérations  tirées  surtout  de  l'état  de  conservation  des 
^**i^sses  et  de  leur  groupement,  à  clsisser proçùtoirement  les  deux 
^i^miers  niveaux  dans  le  Pliocène  supéneur,  et  les  quatre  autres 
^^*^s  le  Pleistocène  ^.  La  terrasse  du  3*  niveau  dont  l'altitude  au- 
*^S8us  du  thalweg  est  voisine  de  93  m.,  serait  par  suite  une  haute 
'^^''^sse  ;  celle  de  55  à  57  m.  (4''  niveau)  pourrait  être  appelée 
^^yenne  terrasse,  et  celles  de  qS  à  3o  m.  et  de  i5  à  16  m.  (5^  et 
^  niveaux)  représenteraient  les  basses  terrasses. 

*•  ^e  Lamothk.  Op.  cit.f  fig.  5,  p.  274. 

^*  C'est  le  bord  que  les  géologues  suisses  appellent  externe  y  tandis  qu'ils 
appliquent  le  quallÛcatif  interne  au  bord  qui  longe  les  pentes  de  la  vallée. 
^^^  ^dénominations  peu  rationnelles  me  paraissent  devoir  être  recelées,  car 
eue»  ne  peuvent  qu'engendrer  des  confusions. 
^>  de  Lamqthb.  Op,  cit,  1899,  p.  a88. 


3oO       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

Les  cailloatis  plus  anciens  que  la  haute  terrasse  correspon- 
draient aux  graviers  de  plateau  ou  Deckenschotter  de  la  vallée  du 
Rhin. 

4**  Les  i^,  2^  et  3^  nappes  sont  nettement  indépendantes  ;  elles 
se  sont  accumulées  dans  des  lits  diflére/its  comme  direction, 
altitude  et  profondeur  (iig.  i). 

Les  cailloutis  du  3'  niveau   (haute   terrasse)  sont  également 
indépendants  de  ceux  du  4*"  puisqu*ils  occupent  un  chenal  distinct. 
On  a  ici  la  preuve  matérielle  que  non  seulement  le  creusement 
de  la  vallée  qui  a  précédé  le  i*emblayage  n  a  pas  amené  celle-ci 
à  la  profondeui*  du  thalweg  actuel,  mais  que  son  fond  est  même 
i*esté  à  près  de  G3  m.  au  dessus  de  ce  thalweg  *.  Ce  fond 
donc  plus  élevé  de  quelques  mètres  que  la  surface  supérieure  de  1 
moyenne  terrasse  de  55  m.,  s*il  ne  s'était  pas  produit  dans  Tinte 
valle  un  léger  déplacement  horizontal  du  niveau  de  base  qui  a  e 
pour  conséquence  le  relèvement  du  thalweg  actuel. 

Les  4^*^  5^  et  6^  niveaux  forment  un  groupe  bien  tranché  ;  ili 
sont  emboîtés  partiellement. 

L'ignorance  dans  laquelle  nous  sommes  de  leur  épaisseur  exacte 
ne  permet  pas  de  fixer  d'une  fa<;on  précise  l'altitude  de  le 
bases  ;  il  est  probable  que  la  base  de  la  moyenne  terrasse  8*élevai 
à  une  dizaine  de  mètres  au  i>lus  au-dessus  du  thalweg  actuel  e 
que  celle  des  deux  autres  en  éUiit  très  voisine,  peut-être  mém' 
a-t-elle  été  plus  basse. 

5"  Les  haute  et  moyenne  terrasses  (3*  et  4*  niveaux)   son 
couvertes  d'un   limon  fin,  jaunâtre,  très   ai^leux,   renferman 
de  nombreuses  concrétions  calcaires.  L'épaisseur  de  ce  limon 
probablement  dépassé  20  m.  pour  chacune  d'elles.  Je  n*y  ai  pa 
observé  de  traces  certaines  de  stratification  :  il  est.  vrai  que  1 
plupart  des  coupes  sont  très  mauvaises.  Sauf  de  rares  exception^^ 
le  limon  semble  faire  défaut  sur  les  autres  niveaux,  ou  n'y  é 
représenté    que    par   une   couche   mince.    Un  limon  égalemen 
jaunâtre,  pi*ésentant  parfois  des  traces  de  stratification  horizon 
taie  couvre  le  fond  de  la  vallée  de  Tisser  depuis  T 
jusqu'en  amont  de  Blad  Guitoun  :  Tisser  y  a  creusé   son   lit  s 
8  à  10  m.   de  profondeur.  11  diffère  du  limon  des  terrasses  pa 
Yabsence  des  concrétions, 

Qf"  Les  principaux  niveaux  de  cailloutis  se  lient  à  leur  extrémité 
aval  à  des  plages^  en  général  remarquablement  conservées  ;  les 

I .  Voir  dans  ma  note  de  1899  la  ii^.  5,  p.  374. 


DB  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3oi 

se  terminent  à  des  cotes  qui  concordent  avec  celles  de  plages 
on     de  débris  de  plages  situés  dans  le  voisinage.  Les  altitudes 
la  mer  correspondant  à  ces  plages  sont  très  approximative- 
ïxit  données  par  le  tableau  ci-dessous  : 

i*'  niveau aoo  à  ao5m. 

a'       — i35  à  145 

3'        — 98  à  100 

4'       — 55 

5-        — 3o 

6*        — i5  à    17 

[1  n'est  pas  impossible  qu  il  y  ait  eu  des  plages  et  des  niveaux 
c^ailloutis  plus  élevés  ;  car  j'ai  trouvé  à  des  altitudes  de  35o  et 
43o  m.  (fig.  i).  des  traces  de  plages  qui  me  paraissent 
cex-^aines  *.  Peut^tre  ces  anciennes  plages  marquent-elles  d'an- 
cîex^s  niveaux  de  la  mer  du  Pliocène  inférieur,  dont  l'altitude, 
coKCàme  je  Fai  montré,  a  dû  être  beaucoup  plus  grande  que  celle 
iXA<a.ir«{uée  par  les  marnes  bleues  et  les  mollasses  ^. 

plage  de  iS-ij  m.  se  retrouve  très  nette  sur  un  certain  nom- 

de  points  de  la  côte   algénenne.  Au  contraire,  le  niveau  de 

is  correspondant    n'apparaît  qu'exceptionnellement  dans 

laisser  et  dans  les  autres  vallées.  Cela  tient  à  ce  que  le  lit  actuel 

de  Ici  plupart  des  rivières,  occupe  le  même  emplacement  que  celui 

^^■TPcspondant  aux  niveaux  de  i5  et  de  3o  m.   On  conçoit  que, 

ces  conditions,  l'érosion  qui  a  suivi  la  formation  de  la  nappe 

X  5  m.  en  ait  le  plus  souvent  supprimé  les  traces  dans  toutes 

les  dallées  étroites  parcourues  par  des  cours  d'eau  puissants  ou 

^    3.11ures  torrentielles. 

régularité  même  avec   laquelle  les   dilïérents  niveaux  de 

îs  se  reproduisent  sur  un  certain  nombre  de  points  de  la  côte 

^inenne  semble  indiquer,  indépendamment  des  conséquences 

*P*e  je  développerai  plus  loin,  que  la  Méditerranée  est,  depuis  le 

I^liocène  supérieur  tout  au  moins,  privée  de  marées.  Nous  verrons 

^^  efiet  dans  le  chapitre  II  que  la  concordance  des  altitudes  des 

anciennes  plages  sur  de  grandes  étendues  est  incompatible  avec 

1  existence  des  marées. 

T*  Ainsi  que  je  l'ai  montré  ^  le  lien  qui  existe  enti*e  les  plages  et 
'^«  ^€ippes  alluçiales  dont  les  terrasses  représentent  les  débris, 
^^  formation  des  unes  et  des  auti^s,  ne  peuvent  s'expliquer  que 

^'  <ie  Lamothb.  Op.  cil. y  p.  a68  et  397. 

*•  1d  ,  p.  390. 

^'  1^'>  P*  390  et  seq. 


3oâ       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juio 

par  des  oscillations  verticales  du  niveau  de  base,  c'est-à-dire  de 
la  ligne  de  rivage.  Il  est  absolument  impossible  de  l'attribuer  à 
une  cause  agissant  vers  Tamont  comme  on  a  tenté  de  le  faire  pour 
les  terrasses  de  la  vallée  du  Rhin.  D'une  manière  générale,  il 
semble  que  l'abaissement  de  cette  ligne  de  rivage  (mouvement 
négatif  àe  M.  Suess)  ait  été  prédominant  à  partir  du  Pliocène 
supérieur  ;  mais  ce  mouvement  négatif  n*a  pas  été  continu  ;  il  a 
été  périodiquement  interrompu  par  des  mouvements  positifs 
d'amplitude  plus  faible. 

Chaque  mouvement  négatif  a  déterminé  une  phase  d'érosion  et 
d'approfondissement  de  la  vallée  ;  chaque  mouvement  positif  a 
été  au  contraire  la  cause  d'une  phase  de  remplissage.  L'épaisseur 
du  remblai  à  l'embouchure  marque  à  peu  près  lamplitude  du 
mouvement  positif. 


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Fig.  2.  —  Diagramme  des  oscillations  verticales  du  niveau  de  base  à  l'embou- 
chure de  risser,  pendant  le  Pliocène  supérieur  et  le  Pleislocènc.  —  Echelle 
des  hauteurs  :  i  millim.  pour  5  mètres. 

On  peut  représenter  par  le  diagramme  de  la  figure  â,  la  succes- 
sion de  ces  oscillations  verticales  du  niveau  de  base  à  l'embou- 
chure de  Tissera  Les  parties  en  pointillé  sont  hypothétiques; 


1.  Ce  diagramme  doit  être  substitué  à  celui  que  j'avais  donné  à  la  page 
agi  de  ma  note  sur  Tisser;  il  est  plus  complet  et  quelques  inexactitudes  de 
détail  ont  été  rectiiiées. 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3o3 

rien  n'indique  dans  Tisser  ce  qui  s*est  passé  antérieurement  au 
i«r  niveau  ;  mais  il  semble,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  que  la 
ligne  de  rivage  ait  été  beaucoup  plus  élevée  et  qu'il  y  ait  eu  un 
mouvement  négatif  considérable  après  le  Pliocène  marin.  D'autre 
part  l'absence  de  sondages  et  de  données  précises  sur  les  épais- 
seurs des  nappes  des  i®',  q^  et  6«  niveaux,  ne  permet  pas  de  fixer 
exactement  l'amplitude  des  oscillations  correspondantes.  Toute- 
fois, il  est  probable,  en  raison  de  la  lai'geur  de  la  vallée  que  le 
substratum  en  aval  de  Blad  Guitoun  et  jusqu^à  l'embouchure,  doit 
se  trouver  à  une  certaine  profondeur  au-dessous  du  thalweg  actuel. 
Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler,  à  ce  propos,  que  dans  la  Mitidja, 
des  sondages  nombreux  ont  établi  que  la  vallée  avait  été  creusée 
à  près  de  aoo  m.  au-dessous  du  niveau  de  la  mer,  puis  remblayée. 
L'état  actuel  parait  correspondre  à  une  période  de  stabilité 
relative  de  la  ligne  de  rivage  marquant,  soit  la  fin  d'un  mouve- 
ment négatif,  soit,  beaucoup  plus  pix>bablement,  celle  d'un  mou- 
vement positif.  En  tous  cas,  il  n'y  a  dans  Tisser,  aucune  trace  de 
déplacement  historique  ou  récent  de  la  ligne  de  rivage,  abstraction 
faite  des  légers  changements  dus  à  des  causes  locales  :  courants, 
vents,  apports  du  fleuve,  etc. 

.S°  Indépendamment  des  çariations  verticales,  le  niveau  de  base 
a  subi  dans  Tisser  des  déplacements  horizontaux  de  très  faible 
étendue,  et  qui  n'ont  pas  modifié  sensiblement  les  lignes  de  rivage  : 
celles-ci  sont  restées  voisines  et  à  peu  près  parallèles.  On  peut  en 
conclure  que  la  dépression  méditerranéenne  présentait  déjà  à  la 
fm  du  Pliocène  marin,  le  long  de  la  côte  algérienne,  des  pentes 
rapides  et  une  profondeur  notablement  supérieure  à  Tamplitude 
des  variations  du  niveau  de  base,  et  que  la  configuration  générale 
de  la  côte  na  pas  subi  de  changements  sensibles  depuis  cette 
époque. 

^  9<»  Le  parallélisme  des  nappes  alluviales  des  3*,  4**  et  5*  niveaux 
et  leur  faible  accroissement  d'altitude  jusqu'à  Blad  Guitoun 
prouvent  que  déjà  à  Tépoque  du  3*  niveau,  le  fleuve  avait  à  peu  près 
réalisé  un  profil  d'équilibre  à  pentes  très  faibles  entre  Tembou- 
chure  et  le  débouché  des  gorges.  Les  oscillations  ultérieures  du 
niveau  de  base  ont  eu  seulement  pour  effet  d'abaisser  ou  de  relever 
le  lit  de  quantités  sensiblement  égales  à  leur  amplitude. 

lo''  Je  terminerai  ce  résumé  en  appelant  Tattention  sur  la  longue 
durée  qu'a  dû  exiger  la  succession  des  phénomènes  constatés 
dans  Tisser  depuis  la  fin  du  Pliocène  marin.  Il  ne  parait  pas 


3o4       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEBS 

douteux  que  les  mouvements  positifs  ont  dû  s*accomplir  avec  un 
très  grande  lenteur.  Un  mouvement  rapide  aurait  reporté 
quement  la  ligne  de  rivage  dans  l'intérieur  des  terres,  et  le  com 
blement  du  golfe  ainsi  foi*mé  aurait  donné  naissance  à  des  couch 
inclinées  comme  celles  des  deltas.   Or,  nulle  part  dans  Tisser 
même  au  voisinage  immédiat  des  anciennes  plages,  il  n'existe  d 
traces  de  cette  inclinaison  :  les  alluvions  des  différents  nivea 
y  sont  rigoureusement  parallèles  au  thalvireg. 

En  ce  qui  concerne  la  vitesse  des  mouvements  négatifs,  je  n 
vois  aucun  argument  décisif  à  invoquer  dans  un  sens  ou  dan 
l'autre.  On  remarquera  cependant  que  l'intervalle  entre  un  mon 
vement  négatif  et  le  mouvement  positif  suivant,  a  dû  être  chaqu' 
fois  suffisamment  long  pour  permettre  au  fleuve  de  reconqné 
son  profil  d'équilibre,  au  moins  dans  la  partie  inférieure  de  se: 
cours. 


Chapitre  IL  —  Examen  des  difficultés  que  présente 
comparaison   des    résultats   obtenus  dans   V 
avec  les  observations  similaires  faites  dans  d'au 
régions. 

Les  résultats  que  je  viens  d'exposer  ne  sont  pas  spéciaux  a 
bassin  de  Tisser.  Ainsi  que  je  l'ai  indiqué  *,  les  lignes  de  riv 
2)araissent  avoir  subi,  sur  une  partie  notable  de  la  côte  algérienne 
une  mOme  série  d'oscillations  verticales,  synchroniques,  et  d* 
plitudes  correspondantes  à  celles  de  Tisser,  qui  ont  égalem 
déterminé  dans  les  vallées  des  phases  alternatives  d'érosion  et 
remblai. 

La  manifestation  sur  des  étendues  aussi  considérables  et  pe: 
dant  une  aussi  longue  période  de  phénomènes  d'un  rythme  au 
régulier,  est  diflicilement  conciliable  avec  Thypothcse  de  mouv 
ments  propres  de  la  lithosphère,  et  on  est  par  suite  logiquemen.'t 
conduit  à  attribuer  ces  oscillations  des  lignes  de  rivage  à  des  mou- 
vements alternativement  positifs  et  négatifs  de  la  surface  de  la 
Méditerranée  et  des  mei*s  en  communication  avec  elle  pendant  la 
même  période  de  temps  -. 

Mais,  si  cette  conception  est  exacte,  si  ces  mouvements  eusta- 

• 

I.  de  Lamotiie    Op.  cit.,  iScyg,  p.  297  et  seq. 

3.  Observation  déjà  faite  dans  ma  note  sur  Tisser,  p.  3oo.  —  Cette  conclu- 
sion ne  vise,  bien  entendu,  que  les  mouvements  qui  ont  eu  lieu  pendant  le 
Pliocène  supérieur  et  le  Pleistoccne,  et  je  n*ai  nullement  la  pensée  de  l'étendre 
aux  périodes  antérieures. 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3o5 

tiques  ont  eu  réellement  lieu,  on  doit  évidemment  en  retrouver 
«    les  traces  dans  d*autres  régions  du  globe,  partout  où  des  mouve- 
ments propres  de  la  lithosphère,  ou  des  causes  locales,  ne  les  ont 
pas  effacées  ou  déâgurées  par  la  superposition  de  leurs  effets. 

On  saisit  immédiatement  l'intérêt  que  présenteraient  au  point  de 

'Vue  géologique  la  recherche  et  Fétude  comparée  de  ces  traces  sur 

fin  g^nd  nombre  de  points  du  globe.  Si,  en  effet,  on  pouvait 

établir  que  les  lignes  de  rivage  ont  subi  ailleurs  que  sur  la  côte 

^ilgérienne  des  oscillations  identiques  à  celles  observées  sur  cette 

^::6te,  et  que  les  vallées  correspondantes  ont  été  le  théâtre  de  phé- 

^3omènes  alternatifs  d'érosion  et  de  remblai  comparables  à  ceux 

^Tonstatés  dans  Tisser,  on  aurait  le  droit  de  conclure  :  i*'  que  des 

oscillations  enstatiques  se  succédant  dans  le  même  ordre  et  avec 

même  rythme  que  sur  la  côte  algérienne,  ont  affecté  la  surface 

mers  pendant  le  Pliocène  supérieur  et  le  Pleistocène  ;  a**  que 

portions  de  la  lithosphère  où  Ton  retrouve  des  systèmes  de 

^«errasses  régulières  semblables  à  celui  de  Tisser,  sont  restées 

^"^laiiçement  fixes  pendant  le  môme  laps  de  temps;  S""  enfin,  que 

la.  formation  de  ces  terrasses  est  due  exclusivement  aux  oscillations 

^u  niveau  de  base  et  ne  peut  être  attribuée,  conmie  on  a  tenté  de 

1^  faire,  à  des  causes  accidentelles  ou  locales,  sans  relation  avec  les 

variations  de  ce  niveau.  Il  est  inutile  d'insister  sur  Timportance 

<I^*aiiraient  ces  conclusions  au  point  de  vue  de  Thistoire  géologique 

^  partir  du  Pliocène  supérieur. 

Malheureusement  le  problème,  sous  sa  forme  générale,  n'est 

pas  susceptible,  actuellement  du  moins,  d'une  solution.  On  ne 

P^ut  demander  à  un  même  géologue  de  le  résoudre  à  l'aide  de 

'^^cherches  personnelles,  et,  d'autre  part,  les  matériaux  nécessaires 

ÏK>up  un  travail  de  cabinet  sont  le  plus  souvent  ou  trop  rudimen- 

^îres,  ou  trop  peu  précis,  ou  même  trop  sujets  à  caution  pour 

pouvoir  être  utilisés  dans  une  étude  dont  les  résultats  dépendent 

Cïitièrement  de  la  précision  des  données. 

I<e8  causes  de  cette  insuffisance  des  documents  concernant  les 
^i^ennes  plages  et  terrasses,  sont  assez  importantes  pour  mériter 
w^ï^pide  examen;  leur  exposé  servira  d  ailleurs  à  expliquer  et  à 
l^tifier  la  méthode  suivie  dans  ce  mémoire. 

1*  Impossibilité  d'utiliser  actuellement  les  matériaux  fournis 
pûT  tétude  des  anciennes  lignes  de  rivage, 

L'étude  comparée  des  anciennes  lignes  de  rivage  ne  peut  con- 
duire à  des  résultats  pratiques  que  si  Ton  par\dent  tout  d'abord 

5  Octobre  1901.  —  T.  I*^  Bull.  Soc.  Géol.  Fp.  —  20 


3o6       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLBBS       3  JuilL 

à  déterminer  dans  chaque  région,  et  pour  chacune  des  lignes  de 
rivage  observées,  le  niveau  moyen  de  la  mer  qui  lui  correspond* 
Or,  il  suffît  d'examiner  les  phénomènes  actuels  pour  se  rendre 
compte  des  obstacles  qui  s'opposent,  dans  la  plupart  des  cas,  à 
cette  détermination. 

Les  traces  de  Faction  de  la  mer  (cordons  littoraux,  plateformes 
littorales)  ne  correspondent  qu'exceptionnellement  au  niveau  de 
la  mer  qui  les  a  produites.  Dans  les  mers  sans  marées,  les  écarts 
entre  les  formations  littorales  et  le  niveau  de  la  mer  sont  en 
général  très  faibles  :  j'ai  cependant  constaté,  en  Algérie,  que 
Tamplitude  totale  de  ces  écarts  pouvait  accidentellement  atteindre 
4  à  5  m.  ^ 

D  en  est  tout  autrement  dans  les  océans  à  marées.  Plusieurs 
plages  peuvent  correspondre  à  un  même  niveau  moyen  de  la  mer, 
et  les  écarts  entre  la  plateforme  des  basses  mers  d'une  part,  celle 
des  hautes  mers  et  le  cordon  littoral  des  tempêtes  d'autre  part, 
variables  sur  chaque  point  avec  l'amplitude  des  marées,  dépassent 
fréquemment  lo  mètres  ;  en  outre,  ces  variations  peuvent  sur  des 
points  très  rapprochés  d'une  même  côte,  passer  d'une  quantité 
voisine  de  zéro  au  maximum  ^. 

D'un  autre  côté,  l'amplitude  des  marées  est  elle-même  liée  à  la 
configuration  des  côtes,  à  la  répartition  des  terres  et  des  mers,  à 
la  profondeur  de  ces  dernières,  et  toutes  ces  particularités  doivent 
nécessairement  varier  avec  chaque  modification  de  la  ligne  de 
rivage  et  par  conséquent,  avec  les  mouvements  positifs  ou  négatifs. 

Enfin,  si  les  mouvements  eustatiques  ont  été  lents,  comme 
certains  indices  permettent  de  le  supposer,  il  a  pu  se  former» 
surtout  pendant  les  périodes  négatives,  des  plateformes  littorales 
auxquelles  ne  correspondent  dans  les  vallées  aucune  terrasse.  La 
série  des  plages  pourra  par  suite  présenter  localement  un  nombre 
de  termes  plus  grand  que  celle  des  terrasses. 

Ainsi,  même  dans  les  cas  où  les  traces  des  anciens  rivages 
seraient  intactes,  où  la  dénudation,  le  ruissellement  sur  les  pentes, 
la  présence  d'anciennes  dunes,  n'auraient  pas  altéré  leurs  altitudes 
originelles,  la  comparaison  des  observations  faites  dans  des 
régions  éloignées  sera  le  plus  souvent  à  peu  près  impossible,  tant 
que  l'on  ne  parviendra  pas  à  éliminer  la  part  d'influence  des 
marées  dans  les  altitudes  observées,  élimination  qui  jusqu'à 
présent;  n'a,  je  crois,  jamais  été  tentée. 

f .  de  Lamothb.  Op.  cit.  1899,  p.  999. 

a.  A  l'entrée  de  la  baie  de  Pimdy,  l'amplitude  des  marées  est  seulement 
de  a  m.  70;  elle  atteint  x6  nr.  an  fond  de  la  baie. 


igoi      DB  L*ISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE      So^ 

Il  convient  d'ajouter  que  les  altitudes  ont  été  rarement  déter- 
minées par  des  procédés  rigoureux,  sauf  dans  les  pays  qui  possè- 
dent des  cartes  à  grande  échelle  (i/aS.ooo  au  moins)  et  que,  par 
suite,  les  nombres  obtenus  n  offrent  pas,  en  général,  la  précision 
nécessaire. 

On  ne  peut  guère  espérer,  dans  l'avenir,  combler  entièrement  ces 
lacunes.  Dans  beaucoup  de  régions,  le  nombre  des  observations 
sera  toujours  nécessairement  très  restreint.  Les  causes  de  des- 
truction des  anciennes  plages  ont  été,  en  effet,  très  nombreuses,  et 
leur  disparition  est  un  fait  beaucoup  plus  général  que  leur  conser- 
vation. Sur  les  côtes  escarpées,  quelques  rares  galets  sont  souvent 
les  seuls  témoins  de  l'action  de  la  mer  (Sidi  Féredj  et  pentes  de 
Bouzaréah  à  l'ouest  d'Alger).  Sur  les  côtes  plates  ou  peu  inclinées, 
c'est  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  dans  l'intérieur  qu'il 
faudrait  rechercher  les  traces  des  plages  les  plus  anciennes  ;  mais, 
si  l'on  réfléchit  que  la  dénudation  du  bassin  hydrographique  a  dû, 
depuis  l'époque  de  la  plage  de  aoo  m.  par  exemple,  atteindre  une 
valeur  équivalente  sur  une  partie  de  sa  surface,  on  concevra  sans 
peine  que  la  probabilité  de  retrouver  ces  traces  soit  extrêmement 
faible.  L'action  de  l'homme  sur  les  côtes  occupées  par  les  peuples 
primitifs  ^  la  végétation  dans  les  pays  équatoriaux,  la  présence 
de  glaciers,  ont  aussi,  à  des  degrés  divers,  contribué  à  la  dispa- 
rition des  anciennes  lignes  de  rivage. 

On  comprendra  donc  qu  en  présence  de  toutes  les  difficultés 
que  je  viens  d'exposer,  j'aie  été  amené  à  renoncer  dans  ce  premier 
essai  d'étude  comparée,  à  faire  porter  les  comparaisons  sur  les 
anciennes  lignes  de  rivage,  et  à  me  borner  à  Futilisation  des 
matériaux  concernant  les  terrasses  fluviales.  On  ne  peut,  pour  le 
moment,  que  souhaiter  avec  M.  Geikie  ^  que  Tétude  de  ces  ancien- 
nes lignes  de  rivage  soit  l'objet,  dans  l'avenir,  de  recherches 
méthodiques  et  précises  :  la  multiplicité  et  la  précision  des 
résultats  permettront  seuls  de  faire  la  part  des  influences  per- 
turbatrices et  d'obtenir  des  données  comparables  'K 

I .  Observation  de  Robert,  citée  par  Suess.  La  Face  de  la  terre,  édit.  fran- 
çaise, n,  p.  ai. 

a.  A.  Geikib.  De  la  coopération  internationale  dans  les  investigations 
géologiques.  Mémoire  présenté  au  Congrès  géologique  international  de  1900, 
p.  6. 

3.  Pour  montrer  Tintérèt  de  ces  recherches,  je  citerai  le  relevé  suivant  des 
anciennes  plages  de  la  baie  Murray  (Commission  géologique  du  Canada. 
Rapport  de  progrès  jusqu'en  i863,  p.  979).  On  y  a  observé  quatre  plages  à  3o, 


ioS       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  X'***^! 

a«»  Difficultés  de  Vétude    comparée   des    anciennes   terra^-^et 
fluviales. 

Malgré  l'abondance  des  matériaux,  cette  étude  soulève  ene^>x^ 
un  certain  nombre  de  difiicultés  qui  limitent  fatalement  le  nom.l3x*e 
des  documents  utilisables  :  elles  pi^o viennent  surtout  du  manc][ue 
de  précision  de  la  plu[)ai*t  des  observations.  En  général,  la  dé'fc^i^ 
mination  des  altitudes  laisse  à  désirer.  Quelques  auteurs  se  »oi3t 
bornés  à  donner  des  altitudes  absolues  :  ce  renseignement  est  ^stTks 
valeur,  et  il  est  impossible  d'en  tirer  parti,  si  des  cartes  topogT-«|. 
phiques  à  grande  é(;helle  ou  la  connaissance  du  profil  longitudinaj 
du  cours  d'eau  ne  permettent  pas  d'en  déduire  les  altitudes  rela- 
tives. D'autres  se  cont(.<!ntent  d'encadrer  les  niveaux  entre  djets 
limites  trop  vagues  ]>our  qu'on  puisse  les  comparer. 

Dans  les  pays  comme  la  France,  où  les  cartes  à  grande  échelle 
font  défaut,  une  détermination  rigoureuse  n'est  possible  que  dans 
des  cas  très  rares,  et  par  suite  un  grand  nombre  d'obseivations 
demeurent  inutilisables. 

ïi'op  souvent  les  altitudes  ont  été  prises  à  la  surface  supérieur* 
des  terrasses,  sans  faire  abstraction  des  limons,  des  cônes  de 
déjection  latéraux,  des  dépôts  glaciaires  qui  en  ont  relevé  l^ 
niveau,  ou  sans  tenir  compte»  des  ravinements  qui  ont  dépriii*^ 
cette  surface.  Des  erreure  de  8  à  lo  m.  et  plus,  peuvent  être  1* 
conséquence  de  ces  oublis. 

La  connaissance  préalable  du  prolil  longitudinal  du  cours  d'e»-'"* 
est  nécessaii'e  pour  comparer  des  terrasses  situées  sur  des  poin'*^ 
éloignés  d'une  même  vallée,  car  je  montrerai  dans  les  pai'agraph^^ 
consacrés  aux  vallées  du  Rhône  et  de  la  Moselle,  l'influence  con^^' 
dérable  que  peut  exeiver  l'état  de  ce  pi'ofil  sur  leurs  altitud^^ 
relatives.  Or,  je  ne  crois  pas  qu'aucun  géologue  s*en  soit  jusqa 
présent  pi'éoccupé. 

Nous  vendons  également  (chapitre  V)  que  les  comparaisons  n 
peuvent  utilement  porter  que  sur  des  portions  de  vallée  à  pentes  trè^ 
faibles  où  le  profil  d'équilibre  non  seulement  est  à  peu  près  atteint 
actuellement,  mais  était  déjà  réalisé  à  l'époque  de  la  formation 
des  plus  anciennes  terrasses.  L(»s  altitudes  relatives  des  terrasses 
et  leurs  inteivalh's  croissent  en  ellet  tivs  rapidement  avec  les 
pentes  des  cours  d'eau,  et  les  compai*aisons  qui  porteraient  sur  des 

iiM),  iSa,  326  pieds.  Ces  nombres  convertis  en  mètres  (pied  anglais  — >  o  m.  3oS) 
deviennent  respectivement  :  9  m.  —  3o  m.  5  —  55  m.  5  —  99 m-  43.  11  est 
ditiicile  de  ne  pas  être  frappé  des  analogies  de  cette  série  avec  celle  de  Tisser, 
les  trois  derniers  termes  concordant  d'une  façon  absolue  dans  les  deux  séries. 


DB  l'iSSER,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE      809 

is  OÙ  révolution  du  profil  a  été  très  difTéi^ente,  ne  pourraient 
ir  à  aucun  résultat  pratique. 

in,  on  l'emarquera  qu'il  était  indispensable,  surtout  dans  une 
ive  qui  est,  je  crois,  la  première  de  ce  genre,  de  ne  choisir 
le  sujets  de  comparaison  que  des  régions  assez  rapprochées 
permettre  d'étudier  sur  place  et  de  résoudre  au  besoin  de 
9s  difficultés  d'interprétation  que  peuvent  incidemment  faire 
;  les  travaux  dont  elles  ont  été  l'objet. 

ir  ces  différentes  raisons,  Tétude  comparative  des  terrasses 
les  que  j'ai  entreprise  dans  ce  mémoii'e  s'est  trouvée  limitée 
ihors  de  l'Isser,  aux  vallées  de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du 
e.  Dans  la  Moselle,  j'ai  utilisé  pour  la  région  en  amont  de 
les  recherches  que  j'y  poursuis  depuis  une  vingtaine 
ées,  recherches  qui  ont  été  notablement  facilitées  par  les 
i  de  précision  à  i/qo.ooo  du  service  du  Génie.  Grâce  aux 
nx  de  M.  Grèbe  dans  les  environs  de  Trêves,  j*ai  pu  essayer 
•nner  une  idée  générale  de  la  série  complète  des  formations 
iales  de  cette  vallée.  Dans  la  vallée  du  Rhin  pour  des  raisons 
'indiquerai  au  chapitre  III,  je  me  suis  borné  à  bien  préciser 
îc  des  terrasses  des  environs  de  B&le,  telle  qu'elle  résulte 
ravaux  de  du  Pasquier  et  de  M.  Gutzwiller.  Dans  la  vallée 
hône,  le  seul  système  de  terrasses  bien  caractérisé  et  bien 
!rvé  est,  jusqu'à  présent,  celui  que  M.  Depéret  a  signalé  dans 
avirons  de  Valence,  et  dont  la  cai*te  géologique  détaillée 
e  le  tracé.  En  utilisant  les  différents  nivellements  exécutés 
cette  région  et  les  cotes  de  la  cai*te  qui  sont  en  général  très 
^  *,  j'ai  pu  déterminer  avec  une  très  grande  précision  les 
ides  de  la  plupart  des  niveaux,  et  il  m'a  paru  possible,  par 
,  d'utiliser  les  données  relatives  aux  teiTasses  de  Valence  au 
B  titre  que  celles  fournies  par  les  autres  vallées. 
!n  que  mes  recherches  aient  été  limitées  aux  quatre  vallées 
tées,  et  même  à  des  portions  restreintes  de  plusieui^s  d'entre 
les  résultats  obtenus  concordent  d'une  façon  si  remarquable, 
l'extension  aux  vallées  du  Rhin,  du  Rhône  et  de  la  Moselle 
onclusions  tirées  de  l'étude  de  Tisser  apparaîtra,  je  l'espère, 
ne  suffisamment  justifiée. 

^ie  obser>'alion  ne  s'applique,  bien  entendu,  qu'à  la  feuille  de  Valence. 


3lO       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES 


Chapitre  III.  —  Etude  des  terrasses  de  la  Mo» 

du  Rhin  et  du  Rhône 

I.  —  Vallée  de  la  Moselle 

Dans  le  mémoire  que  j'ai  publié  en  1897  sur  les  terra 
transport  du  bassin  de  la  haute  Moselle  *,  j*ai  signalé  Tes 
en  aval  de  Noir-Gueux  de  plusieurs  terrasses  et  niveaux  c 
loutis.  Grâce  à  une  exploration  récente  de  la  plus  grandi 
de  la  vallée  en  amont  de  Toul,  je  puis  en  donner  aujourd 
aperçu  un  peu  plus  complet  et  plus  précis. 

Toutefois,  comme  en  Tabsence  de  cartes  à  grcpide  édi 
était  matériellement  impossible  de  déterminer  et  de  soi^ 
niveaux  sur  toute  cette  étendue,  je  me  suis  borné  à  étud 
points  où  ces  niveaux  étaient  le  mieux  conservés  et  où  lec 
de  précision  permettaient  une  détermination  rigonreu 
altitudes  -. 

Je  terminerai  cette  étude  de  la  haute  Moselle  par  un  ] 
très  succinct  des  résultats  auxquels  sont  arrivés  les  géc 
allemands  dans  la  basse  Moselle,  de  façon  à  donner  une  i 
révolution  de  l'ensemble  de  la  vallée  à  partir  du  Pi 
supérieur. 

A.  —  La  Moselle  en  amont  de  Mets  ^ 

i^"  Absence  de  terrasses  dans  l'intérieur  du  massif  v 

• 
Dans  Viniériear  de  VUe  montagneuse  des  Vosges  ^,  le 
de  la  Moselle  ne  présente  aucunes  traces  de  terrasses.  Les  ] 
jusqu'au  voisinage  des  points  culminants  du  plateau  vosgiei 
fréquemment  recouvertes  de  galets  roulés  dont  la  présence  ] 

I.  de  Lamotub.  Note  sur  les  terrains  de  transport  du  bassin  de  l 
Moselle,  1897.  B.S    G.  F..  (3),  XXV,  pages  378  et  seq. 
a.  Presque  toutes  les  altitudes  indiquées  ont  été  prises  sur  les  1 

i/ao.ooo. 

3.  Consulter  les  feuilles  69  (Nancy),  70  (Lunévilie),  85  (Epinal)  de  I 
géologique  détaillée  à  1/80.000,  ainsi  que  la  carte  à  1/900.000  jointe  ft  1 
précitée. 

4.  J'emprunte  cette  expression  à  E.  de  Beaumont;  elle  exprimt 
favon  saisissante  la  saillie  actuelle  du  massif  vosgien  par  rapp4 
régions  circonvoisines.  —  Dufrbnoy  et  E.  de  Bbaumont.  Explic 
Carte  géologique  de  France.  I.  Les  Vosges. 


<90X  DB  L*ISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3ll 

cpie  le  creusement  des  vallées  du  bassin,  sur  une  étendue  verticale 
d^e  ^oo  m.   au  moins,  a  été  un  phénomène  progressif.  Mais  ces 
caîlloutis  ne  forment    qu'exceptionnellement  des  dépôts  d'une 
puissance  appréciable  (crête  de  la  rive  gauche  de  la  Moselle  entre 
CliAteau-Lambert  et  le  Mont-de-Fourches,  la  Demoiselle,  Bois 
de   la  Feigne  au  N.  O.  de  Longuet,  etc.),  et  il  ne  me  parait  pas 
possible,  pour  le  moment  du  moins,  de  tirer  aucune  conclusion 
de  la  comparaison  de  leurs  altitudes  relatives.  On  remarquera, 
du  T^ste,  que  les  plus  anciens  de  ces  dépôts  se  sont  formés  à  une 
^o<]ae  où  les  cours  d*eau  de  la  région  montagneuse  n*avaient 
certainement  pas  encore   acquis  leur  profil  d'équilibre,  ou  plus 
exa.otement  réalisé  la    continuité    de    leurs    pentes  ;    leurs  lits 
devaient  être  encore  interrompus  par  des  rapides  et  des  chutes  *. 
Dans  ces  conditions,  ainsi  que  je  le  montrerai  dans  le  chapitre  Y, 
le»  nappes  qu'ils  ont  formées  ne  peuvent  avoir  aucun  lien  avec 
les  nappes  régulières  de  la  zone  extra-montagneuse,  et  leur  étude 
ne  présente  dès  lors  qu'un  intérêt   secondaire,  au  point  de  vue 
<iui  nous  occupe.  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue,  en  outre,  qu'il  est 
^  peu  près  impossible   d'expliquer  les  particularités  des  dépôts  de 
^ï^nsport  de  l'île  vosgienne  sans  admettre  l'intervention  de  mou- 
vements positifs  ou  négatifs,  affectant  le  massif  vosgien  sans  agir 
*m*  les  régions  circonvoisines  ^.  Cette  interventioji,  qui  a  néces- 
*^îi*ement  modifié  les   positions  relatives  des  dépôts,  rend  très 
^flRciles  les  recherches  qui  les  concernent. 

U  existe,  il  est  vrai,  en  amont  de  Remiremont,   dans  le  fond 

inênae  de  la  vallée  principale  et  de  ses  aflluents,  des  accumulations 

*e  sables  et  de  galets  roulés  qui  occupent  des  étendues  souvent 

^ï^sidérables  le  long  du  cours  d'eau  et  présentent  quelque  analo- 

P«  avec  les  terrasses  régulières  (sablons  de  Bussang,  de  Remen- 

^Uers,  de  Rupt,  du  Vacceux,  de  Travexin,  de  Sainte-Anne,  près 

**^miremont,  des  Goujoux,  etc.).  Mais  on  reconnaît  bien  vite  en 

'^  étudiant  qu'aucune  confusion  n'est  possible.    Ces  dépôts  ne 

*^Mïient  pas  une  bordure  continue,  conservant,  par  rapport  au 

thalweg,  une  altitude  constante  ou  variant  d'une  façon  régulière  ; 

^ssont  au  contraire  disposés  en  gradins  successifs,  superposés 

^omme  des  marches  d'escaliers  ;  la  comparaison  de  lenvs  altitudes 

absolues  et  leur  stratification  inclinée  le  plus  souvent  à  aS*  ou  So», 

^  baissent  aucun  doute  sur  leur  origine  lacustre  :  comme  je  l'ai 

'•  C'est  la  conséquence  nécessaire  de  la  disposition  du  grès  vosgien  en 
P^din»  d'altitude  croissante  de  la  périphérie  de  l'Ile  vers  l'intérieur. 
*•  de  Lamotub.  Op,  cit.,  1897,  p.  435  et  seq. 


3ia       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  YALLéBS       3  Juill 

démontré  ^  il  est  impossible  de  concevoir  leur  formation  sans 
faire  intervenir  une  nappe  d*eau  dont  le  niveau  se  serait  abaissé 
par  saccades  depuis  la  cote  6ao  jusqu*à  la  cote  4o6. 

En  açal  de  Remiremont,  ou  plus  exactement  à  partir  du  con- 
fluent de  la  Moselle  et  de  la  Moselotte,  on  voit  brusquement 
apparaître  sur  les  deux  rives  de  la  Moselle  de  larges  terrasses 
alluviales  à  surface  très  souvent  plane,  dont  Taltitude  au-dessus 
du  thalweg  ne  dépasse  pas  a5  à  3o  m.,  et  que,  malgré  d'assez 
nombreuses  lacunes,  on  peut  suivre  vers  Taval  bien  au-delà  de  la 
frontière.  Si  Ton  ne  pénétrait  pas  dans  les  détails,  on  serait  tenté 
d*y  voir  une  foimation  homogène  et  de  considérer  leur  ensemble 
comme  représentant  une  basse  terrasse.  Il  est  facile  de  montrer 
que  cette  interprétation  ne  serait  pas  fondée. 

Ainsi  que  je  l'ai  fait  déjà  remarquer  ^  cet  ensemble  est  en 
réalité  formé  de  deux  zones  séparées  par  l'accident  topographique 
de  Noir-Gueux,  et  bien  {distinctes  par  tous  leurs  caractères 
(fig.  3)  3  : 

la  Madeleine  BarrHt^e  de  Noir  Gueux  Cottpuent  Pont 


ai.s'  PontdEloyes        Station  l ol ogive  Z(^%A& 

/J^-^^  565  rnv.      „  3^,         55r  ' 

>f^.j..^nw-^    I  .  ;  B  ('  \Sai4tJuBroe  \ 


365  B'       • 


-.-_,-  VV*^.'.'V.-"'«T 


horizontale  de  3(ioni  Iïït 

Fig.  3.  —  Coupe  schématique  des  alluvions  de  la  Moselle  entre  Remiremont 
et  le  Saut  du  Broc.  —  Echelle  approximative  des  longueurs  :  i  millim. 
pour  i46  mètres. 

;,  Affleurement  de  gneiss  granulitique  ;  <iv,  Grès  vosgien  ;  A,  Terrasses 
lacustres  à  stratification  inclinée  ;  B,  Basse  terrasse  à  stratification  hori- 
zontale ;  B',  Gradin  inférieur  de  la  basse  terrasse. 

a.  —  En  amont  de  Noir-Gueux,  la  surface  de  tous  les  lambeaux 
est  contenue  dans  un  même  plan  dont  Thorizontalité  est  presque 
absolue  sur  près  de  7  kil.  (407  m.  aS  La  Madeleine,  4o6  m.  8 
plateau  de  Longuet)  *.  L'altitude  des  terrasses  au-dessus  du  thalweg 
va  par  suite  en  croissant  d'une  façon  notable  de  Famont  vei*s 
Faval  (a5  m.  5  à  la  Madeleine,  33  m.  vis-à-vis  Longuet). 

1.  de  Lamotiie.  Op.  cit.,  1897,  p.  398  et  scq.  Voir  aussi  la  planche  XVII. 

2.  de  Lamothb.  Op,  cit.,  1897,  p.  400,  4o3.  La  carte  jointe  à   cette  note  a 
nettement  séparé  ces  deux  zones. 

3.  Cette  figure  est  destinée  à  remplacer  celle  de  la  page  399  du  mémoire 
de  1897  qui  par  suite  d*une  erreur  de  gravure  avait  été  mal  disposée. 

4.  Cotes  fournies  par  les  plans  à  i/ao.ooo. 


I9OI  DE  L'iSSER,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3l3 

Bn  açal  d*Elqyes,  au  contraire,  la  surface  supérieure  de  tous  les 
lambeaux  est  contenue  dans  deux  plans  inclinés  parallèles  au 
thalweg,  c'est-à-dire  dont  les  altitudes  relatives  ne  varient  pas 
sensiblement  jusqu'à  Metz  et  même  jusqu'à  Trêves. 

b.  —  En  amont  de  Noir-Gueux,  la  stratification  est  partout  incli- 
née à  37*  ou  So'',  sauf  dans  les  coupures  faites  par  les  eaux,  où  elle 
est  horizontale.  Les  couches  inclinées  sont  recouvertes  d*une  nappe 
horizontale  de  galets  qui  forme  la  surface  supérieure  de  la  terrasse. 
Toutes  les  coupes  fraîches  que  j*ai  vues  depuis  vingt-deux  ans 
démontrent  d'une  façon  très  nette  cette  structure  et  je  ne  puis 
m*expliquer  qu'elle  ait  pu  être  niée  ^  (La  Madeleine,  Saint-Etienne, 
le  Châtelet,  usine  Béchamp ,  tranchées  exécutées  pour  l'établissement 
du  canal  de  la  Moselle  entre  Saint-Nabord  et  Noir-Gueux  en  i883). 

En  açal  d'Elqyes  la  stratification  est  toujours  parallèle  au 
thalweg,  c'est-à-dire  sensiblement  horizontale  ;  elle  est  marquée 
par  Tintercalation  de  lentilles  de  sable  et  de  graviers,  et  par 
lliorizontalité  habituelle  des  grands  axes  des  galets.  (Gravières 
d*Arches,  d'Archettes,  de  la  Yiei^e,  d'Epinal,  de  Châtel,  de  Thaon, 
de  Charmes. . . ,  etc.). 

C.  —  En  amont  de  Noir- Gueux,  il  y  a  absence  complète  de  blocs 
dans  les  alluvions  en  couches  inclinées  qui  sont  formées  exclusi- 
'vement  de  petits  matériaux  et  où  le  sable  joue  un  rôle  considé- 
x^le,  souvent  prépondérant.  Les  blocs  ne  se  rencontrent  que  dans 
les  coupures  faites  par  les  eaux  (talus  de  Saint-Ëtienne  près  du 
pont  de  Remiremont)  et  à  la  surface  des  dépôts  surtout  au  voisi- 
na^ des  pentes. 

A  partir  de  Noir^Gueux,  le  sable  devient  beaucoup  moins  abon- 
lant  et  jusqu'à  une  distance  assez  grande  des  Vosges,  ne  joue  plus 
a*iin  rôle  subordonné  par  rapport  aux  galets.  Des  blocs  d'origine 
^xiéralement  rapprochée  se  montrent  surtout  au  voisinage  de 
c^îr-Gueux  ;  leur  volume  habituellement  faible  (i/â  m.  c.)  peut 
"fc-^^dre  exceptionnellement  5  m.  c.  (bloc  de  granulite  au  sud-est 
ï  la  gare  d'Eloyes).  Ces  blocs  ne  semblent  pas  avoir  dépassé 
c»^piéville  :  ceux  que  Hogard  y  a  signalés  étaient  de  petite 
ension  et  provenaient  du  massif  granulitique  d*Epinal.  A 
on,  pi'ès  de  la  gare,  les  plus  gros  ont  3o  à  35  cent,  de  diamètre, 
blocs  sont  toujours  arrondis  et  même  roulés,  quand  ils  sont 
ine  lointaine  ;  les  seuls  blocs  anguleux  sont  ceux  qui  ont 
Tobjet  d'une  exploitation  ou  qui  piH)viennent  des  pentes  voi- 

^  •    li.  S.  G.  F.  Réunion  extraordinaire  à  Remiremont.  Note  de  M.  Bleicber, 
<?V  XXV,  p.  9a4. 


3l4       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

sines.  Ceux  qui  ont  leurs  arêtes  faiblement  émoussées  sont 
toujours  d*origlne  très  rapprochée. 

d.  —  Les  dépôts  en  amont  de  Noir-Gueux  sont  caractérisés  par 
V extrême  rareté  des  granités  à  amphibole  caractéristiques  des 
Ballons  d* Alsace  et  de  Servance  ^  ;  mais  ces  roches  n*y  font  pas 
défaut,  comme  on  Ta  prétendu  à  tort  (B,  S.  G,  F.  (3),  XXV,  p. 
9q5)  ;  j'en  ai  trouvé  dans  presque  toutes  les  sablières. 

Ces  mêmes  roches  ne  se  rencontrent  avec  quelque  fréquence 
que  dans  les  coupures  de  la  Moselle  (placage  à  structure  torren- 
tielle contre  les  pentes  de  la  terrasse  de  Saint-Etienne,  coupure  de 
Noir-Gueux,  etc.),  et  dans  le  lit  de  la  rivière. 

En  Gif  al  de  Noir-Gueux  les  granités  feuille  morte  qui  ne  se 
montrent  qu*exceptionnellement  dans  le  barrage,  sauf  sur  la  rive 
gauche,  apparaissent  en  grand  nombre  dans  la  terrasse  basse  à 
partir  de  la  gare  d'Eloyes. 

On  voit  qu'il  est  impossible  de  considérer  les  dépôts  situés  en 
aval  de  Noir-Gueux  comme  le  prolongement  de  ceux  situés  dans 
la  cuvette  de  Remiremont.  Ce  sont  des  dépôts  formés  dans  des 
conditions  absolument  différentes,  à  tous  les  points  de  vue  : 
les  premiers  scmt  nettement  fluviatiles,  les  seconds  franchement 
lacustres.  La  basse  terrasse  ne  commence  par  suite  qu*en  aval 
de  Noir-Gueux  ou  plus  exactement,  près  d*Eloyes,  où  se  termine 
Faccident  topographique  de  Noir-Gueux  et  où  la  Moselle  franchit 
la  grande  faille  qui  limite  vers  Touest  Tlle  vosgienne.  On  peut 
dire  par  conséquent  que  la  basse  terrasse  n'existe  actuellement 
qvUen  dehors  du  m,assif  s^osgien, 

o!"  Basses  terrasses  ^. 

La  basse  teri*asse,  dont  je  viens  d'indiquer  les  caractères  géné- 
raux, borde  la  vallée  de  la  Moselle  en  aval  d'Eloyes  jusqu'à  Toul, 
et  même  bien  au-delà  vers  l'aval,  puisqu'on  en  retrouve  des  traces 
à  Metz,  à  Trêves,  etc.  Elle  est  parfois  continue  sur  de  grandes 
étendues  ;  sa  largeur  transversale  peut  atteindre  500  m.  (Pouxeux) 
et  exceptionnellement  i4oo  m.  (au  sud  de  Chavelot). 

I .  La  variété  qui  constitue  les  sommets  de  ces  Ballons  est  connue  dans  les 
arts  sous  le  nom  de  granité  feuille  morte,  terme  dont  je  me  servirai  à  Ta  venir 
pour  abréger.  Voir  ma  note  de  1897,  p.  4i6. 

9.  Il  est  à  peu  près  impossible  de  suivre  ces  terrasses  sur  la  feuille  d*Epinal 
où  la  plupart  des  lambeaux  en  aval  d'Epinal  n*ont  pas  étéûgurés;  elles  sont 
an  contraire  très  bien  représentées  sur  la  carte  de  de  Billy,  à  la  même  échelle, 
publiée  il  y  a  5o  ans. 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  BHIN  ET  DU  KHÔNE  3l5 

Elle  est  essentiellement  formée  de  sable  et  de  galets  roulés 
en  parfait  état  de  conservation  ;  la  stratification  est  horizontale. 
Lelimonn*y  joue  qu'un  rôle  accessoire,  il  fait  le  plus  souvent 
défaut  et  son  épaisseur,  quand  il  existe,  est  toujours  très  faible 
(o  m.  5o  à  I  m.)  sauf  au  voisinage  des  pentes.  (Charmes,  rive 
droite). 

L'épaisseur  totale  des  alluvions  de  la  basse  terrasse  est  très 
variable,  par  suite  des  dénudations  qu'elle  a  subies.  Entre  Eloyes 
et  Pouxeux,  entre  Epinal  et  Chavelot,  entre  Girmont  et  Vaxon- 
court,  elle  atteint  au  moins  ao  m.  ;  à  Thaon,  elle  a  dû  s'élever  très 
probablement  à  3o  m.  Elle  est  en  général  beaucoup  plus  faible,  et 
parfois  même,  les  cailloutis  ne  forment  qu'une  couche  de  quelques 
décimètres  sur  la  plateforme  rocheuse  qui  correspond  en  partie  à 
l'ancien  fond  de  la  vallée. 

La  basse  terrasse  se  compose  en  réalité  de  deux  niveaux  bien 
distincts,  quoique  emboîtés,  l'un  de  qo  m.,  l'autre  de  3o  m. 

En  aval  d 'Epinal,  le  niveau  le  plus  bas  est  de  beaucoup  le  plus 
développé  et  le  seul  qui  soit  à  peu  près  intact;  c'est  lui  qui  forme 
presque  entièrement  les  larges  terrasses  que  suit  la  voie  ferrée 
entre  Epinal  et  Thaon  (terrasses  de  la  gare  d'Epinal,  de  Golbey, 
de  Thaon  S  de  Girmont  à  Yaxoncourt  ^  de  Charmes  à  Chamagne, 
du  Bois  de  la  Ville  en  aval  de  Toul,  etc.).  Plusieurs  de  ces 
terrasses  n'of&ent  aucune  pente  transversale  appréciable  malgré 
leur  grande  largeur.  D'après  les  levers  de  précision,  Taltitude  de 
ce  niveau  est  comprise  entre  19  et  ai  m.  ;  elle  est  le  plus  souvent 
égale  à  ao  m. 

Au  voisinage  des  pentes  et  surtout  dans  les  rentrants  de  la 
vallée,  on  observe  à  la  surface  de  la  terrasse  de  ao  m.,  sur  un  grand 
nombre  de  points,  des  cailloutis  de  même  nature  qui  s'élèvent  à  5- 
10  m.  au-dessus  de  cette  surface.  Ce  sont  les  débris  d'une  nappe 
plus  ancienne  qui  s'élevait  à  3o  m.  au-dessus  de  la  Moselle:  la 
nappe  de  ao  m.  s'est,  en  partie,  formée  à  ses  dépens  et  y  est 
emboîtée. 

Parmi  les  points  où  les  observations  sont  les  plus  faciles  je 
citerai  les  suivants  : 

Au  sud  de  la  route  de  Mirecourt,  près  de  Golbey,  une  grande 
gravière  en  exploitation  s'élève  exactement  à  345  m.,  dominant  la 
terrasse  de  la  gare  de  8  m.  et  la  rivière  de  27  à  28  m..  Une  partie 
de  la  large  terrasse  qui  s'étend  de  Golbey  à  Chavelot  est  encore  à 
a6-a8  m.  A  l'ouest  de  la  gare  de  Thaon  la  coupe  est  particulière- 

I.  Teintée  comme  Muschelkalk  sur  la  carte  d*Epinal. 


3lG       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLIËR8       3  Juin 

ment  nette  comme  le  montre  la  figure  4  :  il  y  a  mie  petite  plate- 
forme de  cailloutis  granitiques  à  33i  m.  (3o  m.  au-dessus  de  la 
Moselle)  et  une  autre  qui  supporte  la  gare  à  3ai  m.  (19  à  ao  m.  au- 
dessus  de  la  Moselle).  Entre  Nomexy  et  Vincey,  le  mamelon  309 

Bois  de  Thaon 

i2llL_  ,  Gare  de   Thaon 

hortAontide  lie  Soom. 

Fig.  4-  —  Coupe  des  terrasses  de  la  rive  gauche  de  la  Moselle  à  Thaon.  — 
Echelle  approximative  des  longueurs  :  i  millim.  pour  3a  mètres. 

L,  Limon  argileux  recouvrant  les  cailloutis  de  la  moyenne  terrasse  ;  M,  Gra- 
din supérieur  de  la  basse  terrasse  ;  B,  Gradin  inférieur  ;  Uy  Muscheikalk. 

de  la  carte  d'état-major  est  formé  de  cailloutis  stratifiés  qui  mar- 
quent à  peu  près  l'ancien  niveau  de  la  nappe  alluviale,  à  ^7  m. 
au-dessus  de  la  Moselle.  Le  niveau  de  3o  m.  est  certainement 
j*epi*ésenté  dans  la  forêt  de  Charmes  ;  mais  il  m'a  été  impossible, 
faute  de  cartes  à  grande  échelle,  de  l'y  suivre.  On  l'observe  à 
Méré ville,  entre  ce  village  et  Pont-Saint- Vincent. 

Au  nord-est  de  Toul,  la  partie  supérieure  des  cailloutis  de 
Bois-la- Ville,  en  partie  masquée  par  du  limon,  forme  à  !28-3o  m. 
au-dessus  de  la  Moselle  une  plateforme  bien  distincte  de  celle  de 
QO  m.  qui  en  borde  le  pied,  et  le  petit  plateau  alluvial  qui  supporte 
la  batterie  de  Gondreville,  sur  la  rive  droite,  est  également  à  3o  m. 

Enfin,  à  Metz  S  le  vaste  plateau  du  Sablon  entre  la  Seille  et  la 
Moselle  est  à  3o  m.  au-dessus  de  la  rivière  ;  l'épaisseur  des  allu- 
vions  est  de  la  à  i5m. 

En  auiont  d'Epinal,  on  retrouve  jusqu'à  Ai'ches  des  débns  plus 
ou  moins  étendus  des  nappes  que  je  viens  de  décrire.  Celui  de  la 
Vierge  (i5oo  m.  en  amont)  est  le  plus  important,  il  forme  une 
bordure  dont  la  laideur  peut  atteindre  4o  à  5o  m.  et  que  l'on  peut 
suivre  presque  sans  interruption  sur  la  rive  droite  sur  a  k.  5 
jusqu'en  face  de  Dinozé.  En  approchant  des  pentes  les  cailloutis 
disparaissent  et  sont  recouverts  par  une  couche  épaisse  de  sable 
à  galets  de  quartz  blanc  provenant  par  ruissellement  du  grès 
vosgien  des  pentes  voisines.  Si  l'on  tient  compte  de  cette  particu- 

I .  Jacquot.  Deacript,  géoL  de  la  Moselle,  p.  3io  et  seq.  —  Schumacher. 
Mittheilungen  der  geoLog.Landesanaialt  von  Elsass-Lothringen,  p.  XXXII  et 
8^.,  tome  IV. 


/ 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3l'J 

larité,  on  peut  admettre  que  Taltitude  relative  de  la  terrasse  de 
la  Vierge  est  de  [3o  m.  au  plus. 

Un  petit  lambeau  de  la  même  nappe  se  montre  au  sud  de  la  gare 
de  Dinozé,  à  Taltitude  de  aj-So  m.  A  Arches  (fig.  8)  Téglise  est 
bâtie  sur  une  vaste  plateforme  de  260  m.  de  largeur,  sans  pente 
transversale,  qui  s'étend  d'une  façon  continue  sur  près  de  800  m. 
depuis  Arches  jusqu  au  débouché  de  la  vallée  de  la  Niche.  Son 
altitude  est  de  16  m.  5.  Vis-à-vis,  sur  Tautre  rive  de  la  Niche,  on 
trouve  superposés  deux  lambeaux  d'alluvions,  Tun  à  16-17  m., 
Tautre  à  3o  m. 

La  grande  plateforme  de  grès  vosgien  qui  domine  la  rive  droite 
du  vallon  de  Géroménil,  en  amont  et  en  aval  du  village,  est  en  açal 
bordée  par  un  placage  de  cailloutis  granitiques  avec  sable  blanc 
très  bien  lavé  qui  forme  un  replat  très  net  à  396  m.,  dominant  par 
suite  le  thalweg  de  q6  ni.  Comme  on  ne  peut  pas  suivre  ces 
cailloutis  jusqu'à  Arches  et  que  d'autre  part  la  rapidité  des  pentes 
de  la  vallée  est  très  grande  (0.0078)  il  est  diilicile  de  dire  à  quel 
niveau  de  la  basse  terrasse  ils  correspondent.  En  face  d'Aixîhes,  la 
terrasse  sur  laquelle  est  bâti  le  village  d'Archettes  est  en  partie 
formée  par  un  cône  de  déjection  dont  la  tète  est  dans  le  ravin  de 
Mossoux  :  il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'en  tenir  compte  ;  mais  au  nord 
de  l'église,  il  existe  encore  un  petit  lambeau  correspondant  exacte- 
ment à  celui  d*Arches. 

Plus  à  l'est,  la  vaste  plateforme  qui  s'étend  entre  la  Niche,  le 
Saut  du  Broc  et  Pouxeux,  est  à  365  m.  6,  par  conséquent  à  17  m. 
au-dessus  de  la  Moselle. 

Enfin,  toutes  les  terrasses  qui  bordent  les  deux  rives  depuis 
Pouxeux  jusqu  à  la  halte  d'Eloyes  sont  uniformément  à  19-ao  m. 
au-dessus  de  la  Moselle  (fig.  3). 

Bien  que  cette  altitude  soit  exactement  la  même  que  celle  des 
terrasses  du  niveau  inférieur  en  aval  d'Epinal,  il  est  impossible 
de  considérer  les  terrasses  situées  entre  Eloyes  et  Pouxeux  comme 
appartenant  à  ce  niveau.  Il  sutlit  pour  s'en  rendre  compte  de 
jeter  les  yeux  sur  le  profil  longitudinal  de  la  Moselle  donné  par 
la  figure  5.  Ce  profil  montre  qu  en  aval  de  Thaon,  la  Moselle 
possède  à  peu  près  son  profil  d'équilibre  et  a  réalisé  la  con- 
tinuité des  pentes,  tandis  qu'en  amont,  jusqu'à  Reniiremont, 
son  lit  présente  un  double  bombement  formé  par  la  granulite 
de  C  en  D,  par  le  grès  vosgien  de  1)  en  E,  puis  par  des  alluvions 
de  profondeur  inconnue  jusqu'à  Remiremont.  C'est  à  un  de  ces 
bombements  qu'est  dû  le  Saut  du  Broc,  cataracte  en  nûniatui'e 
de  7  à  8  m. 


3l8        DB  LAMOTHE.  — STSTÂMES  DE  TERRASSES  DBS  VALLÉBS       3  JuId 


Si  la  période  actuelle  a  une  durée  suffisamment  loo^e,  la 
Moselle  entra  par  régulariser  son  lit  entre  Tbaon  et  Remiremont 
et  suivra  k  peu  près  le  profil  marqué  en  pointillé.  Lorsque  ce  tra- 
vail sera  terminé,  les  altitudes  relatives  de  toutes  les  terrasses 
de  cette  région  se  trouveront  augmentées  de  quantités  variables 
suivant  leur  position  par  rapport  aux  bombements.  Il  faut  donc, 
si  l'on  veut  les  comparer  à  celles  de  la  région  en  aval  de  Thaon, 
qui,  pendant  le  même  temps,  n'auront  éprouvé  que  des  variations 
3'altitude  très  faibles,  leur  faire  subir  au  préalable  une  correction 
additivc  plus  ou  moins  grande. 


Pig.  5.  —  ProQl  longitudinal  de  la  vallée  de  la  Moselle  entre  Prouard  et  le 
Tbillol  (Ebux  moyenne*).  —  Echelle  :  lon^eurs  t  millim.  pour  9  kiloin.; 
hauteurs  t  millim.  ponr  lo  mïtres. 

Entre  Pouxeux  et  Eloyes  cette  correction  peut,  avec  une  grande 
probabilité,  être  évaluée  au  minimum  à  lo-ia  m.,  le  Saut  du  Broc 
représentant  k  lui  seul  près  de  8  m.  ;  l'altitude  anale  des  terrasses 
de  cette  zone  atteindrait  donc  ag-Sr  m.  A  Arches,  la  correction 
serait  de  3  à  4  m.  ;  enfin  à  la  Viei^e  elle  s'élèverait  à  4  ou  5  m. 

Ainsi,  lorsque  la  régularisation  du  lit  sera  terminée,  les  basses 
terrasses  entre  Ëpinal  et  Eloyes  comprendront  deux  niveaux  : 
l'un  de  3o-33  m.  au  moins  (exceptionnellement  34  à  35  m.  à  la 
Vielle),  l'autre  de  aom.,  qui  seront  le  prolongement  des  deux 
niveaux  de  ao  et  de  3o  m.  signalés  en  aval  d'Epinal. 

On  verra  dans  le  chapitre  V  que  le  léger  éctirt  d'altitude  que 
présente  la  terrasse  de  la  \'ierge  est  ia  conséquence  des  lois  qui 
régissent  In  formation  des  nappes  alluviales. 

Age  de  la  basse  terrasse. 

L'dge  de  la  basse  terrasse,  considérée  dans  son  ensemble,  est 
nettement  âxé  par  les  nombreux  fossiles  qu'on  y  a  trouvés,  notam- 


I9OI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  Di:  RHIN  ET  DU  RHÔNE  5l9 

ment  à  Toul  *,  à  Metz  -,  et  près  de  Schweich  en  aval  de  Trêves  ^. 
Us  proviennent  snrtont  d'Elephas  primigenius  et  de  Rhinocéros 
tichorinua.  A  Metz,  on  les  a  recueillis  dans  la  terrasse  de  3o  m. 
A  Toul,  ceux  des  fortifications  proviennent  plutôt  du  niveau 
inférieur  de  la  basse  terrasse  ;  ceux  du  vallon  de  Flngressin 
sontpeut^tre  plus  anciens  et  pourraient  appartenir  à  un  débris  de 
la  moyenne  terrasse  dont  il  sera  question  plus  loin. 

On  peut,  je  crois,  considérer  comme  immédiatement  antérieurs 
au  remblai  qui  constitue  la  basse  terrasse,  et  comme  contempo- 
rains de  la  fin  du  creusement  qui  a  précédé  ce  remblai,  les  lignites 
étudiés  par  M.  Fliche  à  la  base  des  cailloutis  de  Jarville  ^.  Aucune 
coupe  cotée  n^ayant,  à  ma  connaissance  du  moins,  été  publiée,  il 
ne  m*est  pas  possible  de  dire  actuellement  si  ces  lignites  sont  à  la 
base  du  niveau  de  3o  m.  ou  à  la  base  de  celui  de  ao  m.  On  y  a 
trouvé  Lorix  Europœa,  Picea  excelsa,  Pinus  Montana,  Alnus 
oiridis,  Alnua  incana,  Betula  alba  (forme  pubescens).  M.  Fliche 
a  cru  pouvoir  conclure  de  cette  association  que  la  région  était 
couverte  par  une  forêt  à  caractère  boréal  très  accentué. 

Liaison  entre  la  basse  terrasse  et  les  dépôts  lacustres  de  la 
région  de  Remiremont. 

Nous  avons  vu  que  la  zone  des  basses  terrasses  fluviales  se 
terminait  à  Famont  près  d'Ëloyes,  et  que  celle  des  terrasses 
lacustres  s'arrêtait  à  l'aval  près  de  Noir-Gueux  (fig.  3).  Entre  ces 
deux  zones  se  place  une  forme  topographique  des  plus  remarqua- 
bles, le  barrage  de  Noir-Gueux,  signalée  depuis  longtemps  par 
fiogard,  et  dont  j'ai  rappelé  en  1897  -'  les  caractères  principaux 
^t  prouvé  l'origine  alluviale  et  latérale  (fig.  6  et  7). 

Je  me  bornerai  donc  ici  à  appeler  l'attention  sur  les  particula- 
a?ités  topographiques  du  barrage,  notanmient  sur  celles  qui  définis- 
sent ses  rapports  avec  les  dépôts  qu'il  sépare. 

Vu  d'amont,  le  barrage  de  Noir-Gueux  a  l'aspect  d'une  digue 
^gantesque  de  5o  m.  de  hauteur  et  de  1600  m.  de  longueur,  jetée 
d'une  rive  à  l'autre  de  la  Moselle,  dans  l'axe  du  vallon  de  la 

I  HussoN.  Origine  de  l'espèce  humaine  dans  les  environs  de  Toul,  1867. 
Héunion  de  huit  brochures  publiées  de  1864  à  1867.  Carte  g'éol.  <létaillée 
x/80.000  Nancy.  Lég^ende. 

a.  Jagquot.  Descrip.  géoL  du  département  de  la  Moselle, 

3.  ErlaÏLterungen  zur  geol.  specialkarten  von  Preussen.  Blatt  Sweich. 

4.  Fliche.  Sur  les  lignites  quaternaires  des  environs  de  Jarville.  C.  IL  Ac. 
Se.  10  mai  1875.  —  Id.  Note  sur  la  ilore  des  lignites  du  nord-est  de  la  France. 
3.  S.  G.  F.,  (3),  XXV,  p.  959  et  seq. 

5.  de  Lamothb.  Op.  ait,  1897,  p.  t^i6  et  seq. 


3aO       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DBS  VALLEES       3 


Sache,  et  à  travers  laquelle  les  eaux  s  échappent  par  une  étroite 
coupure,  large  de  4o  m.  à  peine  à  la  base,  de  3oo  m.  au  sommet 
Ce  caractère  de  digue  ou  de  barrage  transversal  est  d^autant 
plus  saisissant  que  la  vallée  en  amont,  sur  7  à  800  mètres,  semble 
avoir  été  déblayée  presque  complètement  jusqu*au  niveau  de  la 
Moselle,  des  alluvions  qui  rencombraient,  de  sorte  qu'entre  le 
pied  de  la  digue  et  Textrémité  de  la  terrasse  de  Longuet,  il  existe 
une  vaste  dépression  qui  a  tous  les  caractères  d'un  cirque  d'érosion. 


Boute 
d'Epùial 
S%    ,   Chf'defèr 


Penttsét. 


hmùxontale  de^-jom. 


Fig.  6.  —  Coupe  transversale  du  barrage  de  Noir-Gueux.  —  Echelle  approxi- 
mative des  longueurs  :  i  millim.  pour  16  mètres. 


Barrage,  de  Noir  Gueuœ 


Y,  Gneiss  et  granulites. 


Pont  en  anvont 
d'Eloues 
B       C 


G  être,  de 
Poujeeujc 


386 
36S 


15 


harùumtale  de  3&oai. 


Fig.  7.  —  Schéma  montrant  Télévation  du  barrage  de  Noir-Gueux  sur  la  rive 
gauche  de  la  Moselle  et  son  raccordement  avec  la  basse  terrasse.  — 
Echelle  approximative  des  longueurs  i  millim.  pour  56  mètres. 

AB,  Cône  de  déjection  avec  ses  terrasses  d'érosion  ;  CC,  Basse  terrasse 
de  19  à  ao  mètres;  c,  Affleurement  de  gneiss  granulitique  à  la  base  du  barrage. 


En  aval,  Taspect  est  tout  ditTéi^ent  :  le  barrage  de  Noir-Gueux 
forme  simplement  une  digue  irrégulière  dominant  de  10  à 
i5  m.  au  plus  la  nappe  alluviale  remarquablement  plane  qui 
s'étend  au  nord  jusqu'à  la  gare  d'Eloyes  où  commence  la  terrasse 
basse.  Cette  nappe  alluviale  dont  la  pente  générale  est  4  ou  5  fois 
plus  forte  que  celle  de  la  Moselle  actuelle  (0,008  à  0,011  au  lieu  de 
o^ooq)  présente  plusieurs  ressauts  successifs,  correspondant  à 
des  terrasses  d'érosion,  qui  tous  con veinent  vers  la  coupure  de 
Noir<}ueux.  Il  en  résulte  que  l'altitude  du  barrage  qui,  à  Noir- 
Gueux  atteint  5o  m.  au-dessus  de  la  rivière,  tombe  à  so  m.  un  peu 
en  aval  de  la  gare  d'Eloyes. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  la  concordance  appa- 


I9OI  DE  l'iSSBR,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3sU 

rente  qui  se  manifeste  entre  ces  particalarités  topographiques  et 
celles  qui  caractérisent  les  amphithéâtres  morainiques.  Nous 
retrouvons  à  Noir-Gueux  la  digue  formée  par  la  moraine  firontale, 
le  cône  de  déjection  ou  de  transition  qui  la  raccorde  à  la  basse 
terrasse,  la  dépression  centrale  avec  ses  dépôts  lacustres  :  il  est 
même  intéressant  de  constater  que  les  caractères  extérieurs  de 
Taccident  de  Noir^ueux  sont  beaucoup  plus  nets  que  ceux  de 
beaucoup  d'amphithéâtres  'morainiques,  surtout  en  ce  qui  concerne 
les  fonjnations  lacustres.  Celles-ci,  en  amont  de  Noir^Gueux,  se 
sont  élevées  à  la  cote  407,  c*estÀ-dire  à  34  m.  au-dessus  du  fond 
de  la  coupure  actuelle  ;  on  a  donc  ici  la  preuve  que  pendant  leur 
dépôt,  la  coupure  était  complètement  fermée,  jusqu'à  une  altitude 
très  peu  inférieure  à  celle  du  sommet  de  la  digue. 

En  réalité,  les  analogies  s'arrêtent  aux  particularités  superfi- 
cielles et,  malgré  les  affirmations  des  géologues  qui  n'ont  étudié 
Noir-Gueux  qu'à  ce  point  de  vue,  je  ne  puis  que  maintenir  les 
conclusions  de  ma  note  de  1897  ?^*  ^^  reste,  n  ont  pas  été  réfutées. 
Gomme  je  l'ai  exposé,  l'origine  alluviale  et  latérale  du  barrage  de 
NoiivGueux  est  nettement  établie  par  les  faits  ci-après  : 

lo  La  structure  de  la  partie  supérieure  du  barrage  est  nettement 
t;orrentielle  :  elle  n'est  pas  morainique.  Les  éléments  sont  roulés, 
généralement  petits,  associés  à  du  sable  fin  bien  lacé  ;  les  blocs 
sont  relativement  rares,  leur  volume  est  en  général  très  faible 
(1/2  m.  c),  presque  tous  portent  des  traces  de  l'action  des  eaux. 
Par  un  contraste  saisissant,  les  pentes  des  deux  rives  de  la  Moselle 
«I  l'est  et  à  l'ouest  de  Noir-Gueux,  sont  couvertes  de  blocs  erra- 
tiques parfois  énormes  (5o  m.  c),  souvent  anguleux,  qui  s'élèvent 
jusque  sur  les  points  culminants,  à  400  m.  au-dessus  de  la  vallée. 
2^  La  base  sud  du  barrage  semble  formée  de  sable  fin,  lavé,  en 
Cîouches  stratifiées  horizontalement  (sablière  au  pied  sud  de  la 
digue  ouverte  en  1877),  et  par  places,  de  couches  de  sable  et  de 
gravier  plongeant  vers  Tamont  sous  des  angles  de  3o  à  35". 

30  La  plupart  des  éléments  sont  originaires  du  massif  de 
Fossaixl.  Les  types  caractéHstiques  des  Ballons  (granité  feuille 
anorte,  schistes  du  Carbonifère)  y  sont  très  rares,  sauf  au  voisinage 
fie  la  rive  gauche,  tandis  qu'ils  abondent,  comme  je  l'ai  dit  plus 
liant,  dans  les  parties  inférieures  du  cône  de  transition  et  dans  la 
basse  terrasse  avec  laquelle  il  se  raccorde  *. 

I .  Dans  une  note  parue  il  y  a  quelques  jours  dans  le  tome  XII  du  Bulletin 
des  Services  de  la  carte,  M.  Delebecque  objecte  que,  d'après  la  carie,  les 
torrents  de  la  Suche  et  des  Charbonniers  paraissent  de  trop  minime  impor- 
tance, pour  avoir  pu  produire  une  accumulation  de  matériaux  aussi  consi- 

h  Oetobre  1901.  —  T.  Ie^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  ai 


322        DE  LAMOTUE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  YALLKBS      3  JuL 


Ces  faits,  et  surtout  la  différence  de  composition  existant  eni 
le  barrage  et  les  dépôts  qui  Tencadrent  à  Tamont  et  à  l'aval,  so: 
évidemment  inconciliables  avec  Tidée  d'une  origine  glaciaire, 
est  impossible,  en  effet,  dans  cette  hypothèse,  de  comprendre  eom 
ment  un  glacier  aurait  pu  simultanément  édifier  une  moraine  te: 
minale  où  les  roches  caractéristiques  de  la  haute  Moselle  fon 
défaut,  et  donner  naissance  néanmoins  à  des  basses  terrasses  oxm' 
ces  mêmes  roches  abondent.  Pendant  son  recul,  le  même  gladec: 
aurait  dû  accumuler  en  amont  du  barrage  des  dépôts  lacustres- 
privés  de  ces  mêmes  éléments. 

On  doit  par  conséquent  considérer  le  barrage  de  NoirOue 
comme  un  exemple  typique  d*une  forme  topographique 


jusqu'à    présent    comme    caractéristique   de  Tintervention  de? 
glaciers,  et  due  cependant  à  des  causes  tout  à  fait  différentes. 


it 
ra 


3''  Terrasse  de  5o  a  6o  mètres 


Au-dessus  des  basses  terrasses,  on  observe  sur  un  grand  nombr» 
de  points  des  lambeaux  plus  ou  moins  étendus  d'une  terrasse  plu 
élevée  dont  Taltitude  est  comprise  entre  5o  et  60  m. 


Bois  du  CJuanot 


Flniemt         ruinj   r 

^'J«"l     Moselle  ^gg-         ».  / 


^iî     Forêt  de 


543     ^t^^^-^~i    


M_.^- 


V 


ir 


tir 


hvriAoniale  de  loom. 

Pig.  8.  —  Coupe  transversale  de  la  vallée  de  la  Moselle  près  d*Arebei. 
Echelle  approximative  des  longueurs  :  i  millim.  pour  66  mètres. 

(m.  Grès  bigarré:  dv,  Grès  vosgien  ;  M,  Moyenne  terrasse;  B,  Basse 
rasse  ;  6,  Blocs  erratiques.  —  Les  ailuvions  sont  indiquées  par  de  | 
cercles.  Le  plateau  d'Archettes  et  le  Bois  du  Chanot  sont  au  deuxième  pUn.« 

C'est  dans  le  bassin  d*Arches  que  ce  niveau  est  le  plus  remarqua- 
blement développé.  Tout  le  bord  sud  du  plateau  de  Tannières 
(fig.  8)  entre  le  confluent  de  la  Vologne  et  le  vallon  de  Mossoux, 

dérable  que  celle  du  barrage.  Je  regrette   que   M.  Delebecque  n'ait  pas 
eu  le  loisir  de  remonter  ces  deux  torrents  ;  il  aurait  constaté  qu'ils  ont  en 
projection  chacun  près  de  a.800  m.  de  développement,  avec  437  m.  de  diffé- 
rence de  niveau,  et  sont  alimentés  par  d'immenses  bassins  de  réception. 
Je  reviendrai  du  reste  sur  cette  question  dans  une  note  spéciale. 


igOI  DB  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RAL\  ET  DU  RHÔNE  31)3 

est  formé  par  une  terrasse  alluviale  dont  la  largeur  peut 
atteindre  700  m.,  et  dont Tépaisseur  s'élève  à  près  de  40  m.  ^ 
Ualtitnde  atteint  4o5  m.  à  hauteur  du  Saut  du  Broc,  soit  5o  m. 
au-dessus  de  la  Moselle. 

Vis-à-vis,   le   plateau  d'Arches  est  également  bordé  par  une 
terrasse  de  cailloutis  assez  étroite,  mais  dont  les  débris  s'étendent 
encore  par  places  sur  le  grès  vosgien  du  plateau  jusqu'à  l'altitude 
de  3g6  m.  (53  m.  au-dessus  de  la  Moselle). 
Tout  le  plateau  au  N.-O  d'Archettes   est  recouvert  par  une 
JDasse  énorme  de  cailloutis  dont  l'épaisseur  dépasse  certainement 
^o  m.  et  atteint  très  probablement  35  à  40  m.  au-dessus  des  escar- 
pements du  grès  vosgien.  Le  plateau  a  été  très  raviné,   mais  les 
/>olnts  culminants    qui    s'élèvent  à  398  m.   permettent  de  fixer 
I*£a  Xtitude  minimum  de  la  nappe  alluviale  à  58  m.  au-dessus  de 
Moselle. 
I^^fin  dans  le  ravin  au  sud  de  Pouxeux,  une  petite  terrasse  allu- 
B^les*élève  à  4o5m.,  soit  5o  m.  au-dessus  de  la  Moselle*. 

n  voit  que  si  Ton  tient  compte  pour  ces  divers  lambeaux  de 

r  position  par  rapport  au  Saut  du  Broc,  leurs  altitudes  relatives 

t  comprises  entre  56  et  6a  m. 

s  alluvions  qui  constituent  ces   terrasses  sont  formées  de 

Houtis  stratifiés  horizontalement  -.   Les  galets  granitiques  y 

ndent,  et  parmi  eux  j'ai  noté,    surtout    sur  le  plateau  d'Ar- 

ttes,  des  granités  feuille  morte  assez  nombreux,  en   moins 

.  quantité  toutefois  que  dans  la  basse  terrasse  ;  les  galets 

es  sont  en  général  en  bon  état  ;  seuls  les  g^nites  feuille 

recueillis  à  la  surface  des  champs,  sont  souvent  très  altérés. 

slques  blocs  de  gneiss  ou  de  granulite,  dont  les  plus  gros  peu- 

t  cuber  3/4  m.  c,  sont  encore  visibles  à  la  surface,  notamment 

s  de  la  forêt  de  Tannières. 


hauteur  d'Epinal,  les  collines  de  la  rive  gauche  sont  couvertes 

^^'^^KMc  nappe  épaisse  de  cailloutis  surmontés  de  limons  qui  souvent 

^^^      xnasquent   complètement  les  affleurements.    Ces   limons  qui 

*^^*^stituent  la  «  terre  des  bois  »  sont  formés  d'une  argile  jaune 

^  -     Ce  lambeau  n*est  pas  indiqué  sur  la  carte  géologique,  non  plus  que  les 

^•illontis  du  plateau  d'Archettes.  Voir  la  carte  jointe  à  ma  note  de  1897.  Je 

'^'^î    remarquera  cette    occasion   que  M.  Bleicher  {B.  S,  G.  F.,  (3),  XXV, 

y  9tafi)  m*a  prêté  à  tort  l'opinion  que  les  cailloutis  de  Tannières  étaient 

*<*lgine  lacustre.  Déjà,  en  1897,  j'en  faisais  une  terrasse  fluviale. 

^-  Gravière  ouverte  en  1881  sur  le  talus  sud  du  plateau  de  Tannières, 

P*^re  au  sud  de  Pouxeux» 


3a4       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 


d*ocre  parfois  jaspée  de  blanc  *  :  leur  épaisseur  peut  atteindre  et 
même  dépasser  lo  m. 

Les  cailloutis  comprennent  des  galets  roulés  de  toutes  les  roches 
du  bassin  en  amont  :  ce  sont  principalement  des  quartzites  du 
grès  vosg^en  auxquelles  s'associent  des  galets  de  roches  cristalli- 
nes (gneiss,  granulites,  granitites.  porphyres  divers).  Les  quartzites 
se  montrent  presque  seuls  à  la  surface  et  les  roches  cristallines 
n'apparaissent  que  dans  la  profondeur,  très  souvent  altérées.  Cest 
cette  particularité  qui  a  trompé  Hogard  ;  n'ayant  pas  eu  Toccasion 
de  voir  des  coupes  profondes,  il  a  été  amené  à  considérer  ces 
alluvions  comme  exclusivement  formées  de  quartzites  du  grès 
vosgien,  et  à  imaginer  pour  expliquer  ce  phénomène,  le  moulag 
en  glace  de  toute  la  région  -. 

L'altitude  de  la  masse  de  cailloutis  peut  être  déterminée  facil 
ment  dans  le  bois  de  la  Louvroy  (champ  de  manœuvre  à  Touesi 
d'Epinal)  ;  elle  s'élève  sur  ce  point  à  857  m.,  dominant  par  consé — 
quent  la  Moselle  de  59  k  60  m.  au  plus.  Sur  le  plateau  de  Bois — 
l'Abbé,  un  peu  au  nord,  les  sondages  exécutés  lors  de  la  construc- 
tion du  fort  ont  traversé,  avant  d*atteindi*e  les  sables  cailloute 
une  épaisseur  moyenne  de  5  m.  d'argile  (o,5o  de  terre  végétale,  ^ 
!2  m.  3o  d'argile  jaunâtre,  i  m.  5o  d'argile  rougeàtre  avec  quelques^ 
galets,    I  m.  argile  jaune  avec  galets)  ;  les  cailloutis  y  sont  paiK 
suite  à  l'altitude  de  875  m.   environ,  soit  60   m.    au-dessus 
niveau  de  la  Moselle,  nombre  qui  concorde  avec  le  précédent. 

Li^s  mêmes  cailloutis  recouverts  de  limon  forment  les  platea 
qui  séparent  la  Moselle  de  l'Avière,  et  même  une  partie  de 
qui  bordent  lu  rive  gauche  de  cet  aflluent  ;  ils  s'étendent  ^^lemenr 
sur  la  rive  droite  de  la  Moselle  et  sont  très  développés  prèsdeCha- 
tel  et  en  aval.  L'altitude  de  la  na}>pe,  abstraction  faite  des  limons 
(^st  comprise  entre  5o  et  Go  m.  S  mais  plutôt  voisine  de  60  m 

A  Charmes,  les  cailloutis  couvrent  la  plus  grande  partie  de  la 
forêt  et  s'élèvent  également  à  une  soixantaine  de  mèti*es.  Malheu- 


I.  IIouARD.  Sj-st.   des  Vosges,  ift'37,  p.  190.  —  Lbvaixois.  Aperçu  de 
constit.  gêol,  du  départ,  de  la  Meui*the,  i86a. 

a.  HooARi).  (loup  d*œil  sur  le  terrain  erratique  des  Vosges,  i85i; 
ehes  sur  les  formations  erratiques,  i858. 

Voir  à  ce  sujet  ma  note  de  1897,  p.  Sga  et  seq. 

3.  Ces  dépôts  n'ont  été  bien  représentes  que  sur  la  carte  géologique  de 
de  Billy,  à  i/8o.(Xn).  Sur  la  feuille  d'Kpinal  de  la  carte  géologique  détaillée, 
on  les  a  désignés  sous  le  signe  P  ;   mais  on  a   omis  les  cailloutis  et 
des  bois  de  la  Louvroy  et  on  a  marque  a*  les  cailloutis  des  Hauts  Caill< 
qui  appartiennent  au  niveau  de  ôo  à  60  m.  et  auraient  dû  par  suite  être  mar- 


«111AC 


p 


I9OI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3a5 

reusement,  ainsi  que  je  Tai  déjà  dit,  Tabsence  de  cartes  à  grande 
échelle,  et  en  outre  la  présence  de  limons,  rendent  impossible  le 
tracé  des  niveaux  * . 

A  r Ermitage  à  i5  kil.  en  aval  de  Charmes,  les  mêmes  cailloutis 

comprenant  des  quartzites  et  des  débris  graniticpies  forment  une 

raste  terrasse  élevée  de  54  m.  -  au-dessus  de  la  Moselle. 

Enfin,  au  sud-ouest  de  Toul,  le  vaste  plateau  jurassique  de  Bois- 

Je-Comte  (Point  aSj)  est  recouvert  de   sables  et  de  galets  dont 

2 'épaisseur  dépasse  probablement  une  dizaine  de  mètres  et  qui 

minent  de  54  m.  la  Moselle.   Bien  que  les  quartzites  du  grès 

sgien  y  soient  prépondérants,  on  y  trouve  de  nombreux  galets 

.sinitiques  bien  conservés,  dont  le  grand  axe   peut  atteindre 

jn.   10  ;  une  mince  couche  de  limon  recouvre  par  places  les 

LUoutis  3. 


n  résumé,  on  trouve  entre  Jarménil  et  Toul  des  traces  très 
"•lies  d'une  nappe  alluviale  formant  le  plus  souvent  terrasse  et 
mit  Taltitude  au-dessus  du  thalweg,  voisine  de  55  m.  à  Toul, 
pc».:a7alt  près  d*Epinal  se  rapprocher  de  60.  Sa  composition  est 
^x^^^s  sensiblement  difl*érente  de  celle  de  la  basse  terrasse  par  suite 
la  prédominaDce  des  quartzites  ;  les  granités  feuille  morte  qui 
"tour  d'Archettes  sont  déjà  un  peu  moins  fréquents  que  dans  la 
^se  terrasse,  semblent  faire  défaut  en  aval  d*Epinal;  du  moins 
n'en  ai  pas  encore  trouvé.  Cette  absence  peut,  il  est  vrai, 
ï:^pliquer  par  la  plus  grande  altérabilité  de  cette  roche,  et  on  peut 
poser  qu  on  en  ti^ouverait  des  débris  si  Ton  disposait  de  coupes 
fondes.  En  outre,  il  est  impossible  de  concevoir  la  présence 
galets  de  cette  nature  dans  les  graviers  de  Tlngressin,  près 
«rouves  (N.-O.  de  Toul),  si  l'on  n'admet  pas  qu'ils  provien- 
t  de  la  nap2)e  de  Bois-le-Comte.  On  est  donc  autorisé  à  con- 
que la  nappe  de  5o-6o  m.  a  été  formée  par  une  ancienne 
selle  plus  élevée  de  5o-6o  que  la  Moselle  actuelle  et  prenant 
^^^ïïxme  elle  sa  source  dans  les  Ballons  d'Alsace  et  de  Ser\'ance. 

<  -     Le  signe  a'  a  été  sur  la  feuille  de  Lunéville  aflfecté  à  torl  à  Tensemble 
^^*   <lépôts  de  la  forêt  de  Charmes. 

^      Cote  approximative  ;  ce  dépôt   n'est   pas   marqué   sur    la    feuille   de 
^^iié\illc. 

^  -   Les  limons  de  Chaudeney  qui  occupent  sur  la  rive  droite  de  lu  Moselle 

^ïi  face  du  plateau  de  Bois-le-Comte  une  situation  analogue,  ont,  d'après 

otaconnier,  la  composition  ci-après  :  silice  644,  alumine  207,  peroxyde  de 

Vf  So,  chaux  9,  magnésie  i,  acide  phosphorique  i,  a,  perte  uu  feu  9a  (DescripL 

t^L  et  agron.  des  terrains  de  Meurthe  et  Moselle,  p.  897  et  398). 


3a6       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  YALLésS       3  Juin 

Aucun  reste  de  Vertébrés  n*a  été  jusqu  à  présenta  ma  connais- 
sance du  moins,  trouvé  dans  la  terrasse  de  5o-6o  m.  A  l'époque 
de  la  construction  du  canal  de  TEst,  vei*s  1876,  les  fouilles  exécutées 
au  col  de  Bois-FAbbé  (3  kil.  N.-O.  d*Kpinal)  ont  coupé  une  petite 
tourbière  où  Ton  a  recueilli  un  ceilain  nombre  de  débris  végétaux 
plus  ou  moins  transformés  en  lignite,  et  quelques  traces  d*Insectes. 
M.  Fliche  qui  les  a  déterminés  *  a,  d'après  des  renseignements 
fournis  par  le  service  des  travaux,  mais  sans  donner  aucune  coupe, 
admis  que  cette  tourbière  était  située  à  la  base  des  cailloutis  qui 
affleurent  dans  le  col.  En  outre,  partant  de  cette  idée  qu*il  n'y  a  eu 
qu'un  seul  creusement  suivi  d'un  comblement,  il  a  logiquement 
conclu  que  les  deux  dépôts  de  Jar ville  et  de  Bois-l'Abbé,  situés  à 
la  base  des  cailloutis,  étaient  synchroniques,  contemporains  de  la 
fin  du  creusement  de  la  vallée,  et  antérieurs  à  son  remplissage 
par  les  alluvions. 

Mais  cette  déduction  se  trouve  tout  d'abord  en  opposition 
les  preuves  que  j'ai  données  de  l'indépendance  des  basses  terrasse 
et  de  la  terrasse  de  55  m. ,  et  la  suite  de  ce  travail  montrera  que^^^ 
cette  indépendance  n'est  pas  particulière  aux  terrasses  précitéesF=s 
et  appartient  aux    six  niveaux  de  cailloutis  de  la  vallée  de  l 
Moselle,   chacun  d'eux   correspondant  à  une  phase  de  rembl 
séparée  de  la  précédente  par  une  phase  d'érosion. 

D'autre  part  la  superposition  des  cailloutis  de  Bois-l'Abbé 
la  tourbe  n'est  nullement  certaine.  La  coupe  des  teiTains 
par  le  canal,  que  le  service  des  Ponts-et-Chaussées  a  bien  vouliK^^ 
me  communiquer,  ne  montre  sur  le  tracé,  qu'une  seule  tourbiè 
qui  doit  par  suite  être  la  même  que  celle  qui  a  fourni  les  débri 
fossiles.  Cettii  tourbière  dont  l'altitude  est  de  36i  m.,  se  trouv 
à  40  m.  au-dessus  de  la  Moselle,  à  7  ou  8  m.  au-dessous  du  col. 
Elle  repose  sur  des  ai^iles  jaunes  identiques  à  celles  qui  couv^en^ 
le  plati^au  de  Bois-rAl)bé  et  en  continuité  avec  elles  ;  elle  doi' 
donc  leur  être  postérieurtN  et  par  conséquent  être  également  pos 
térieui'c  à  la  formation  de  la  nappe  de  55  m. 

La  coupe  n'indique  pas  qu'elle  ait  été  recouverte  par  des  cai 
loutis  ;  ce  recouvrement,  en  admettant  qu'il  ait  eu  lieu,  s'explique- 
rait tout  natui^llenient  par  le  ruissellement,  phénomène  fréquen 
toutes  les  fois  que  des  terrains  meubles  couvrent  les  pentes  -. 

I.  Fliche.  Sur  les  limites  (luaternaires  de  Bois-PAbbé,  près  d'EpinaC 
C.  H.  Ac.  Sc.f  3  déc.  188H.  —  Id.  Note  sur  la  flore  des  lignites...,  du  nord 
est  de  la  France.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXV,  p.  959. 

'2.  Je  citerai  comme   un   exemple  typique  le  recouvrement  des  cailloutl 
du  niveau  de  '3o  m.  par  les  argiles  du  Lias  au  col  du  Mauvais  Lieu  en 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  S^J 

Enfin  la  position  de  la  tourbière  à  l'origine  même  du  vallon  du 
col,  prouve  qu'elle  est  postérieure  au  profil  actuel  de  la  vallée  : 
elle  n'eut  certainement  pas,  dans  le  cas  contraire,  résisté  aux 
dénudations  qui  ont  précédé  et  suivi  la  formation  de  la  basse 
terrasse. 

Pour  ces  divers  motifs,  je  considère  la  tourbière  de  Bois-l'Abbé 
comme  appartenant  au  Néo-pleistocène,  c'est-à-dire  comme  pos- 
térieure à  toutes  les  terrasses  ;  elle  serait  par  suite  séparée  de 
celle  de  Jarville  (si  toutefois  celle-ci  occupe  réellement  la  place 
qui  lui  a  été  assignée)  par  tout  l'intervalle  de  temps  qui  a  néces- 
sité :  i"^  la  formation  de  la  nappe  de  comblement  dont  la  basse  ter- 
rasse est  un  débris,  a*"  le  creusement  de  cette  nappe. 

Cette  conclusion  n'infirme  d* ailleurs  en  rien  les  considérations 
climatolog^ques  que  M.  Fliche  a  basées  sur  l'examen  de  la  fiore  de 
Bois-l'Abbé  et  que  je  n  ai  pas  à  discuter  ici,  mais  elle  montre  que 
ces  considérations  ne  s'appliquent  pas  à  la  terrasse  de  55  m.  qui 
est  beaucoup  plus  ancienne. 

4"*  Niveaux  de  cailloutis  plus  élevés  que  les  précédents 

Niçeau  de  loo  mètres. 

Au-dessus  des  trois  niveaux  précités,  il  n'existe  plus  que  des 
amas  irréguliers  de  galets  ne  présentant  nulle  part  les  caractères 
de  terrasses.  Il  est  néanmoins  fort  remarquable  que  les  princi- 
paux d'entre  eux  se  rencontrent  exclusivement  à  des  altitudes 
voisines  de  loo  m. 

Les  deux  plus  remarquables  en  aval  d'Epinal  sont  ceux  de 
Flavigny  et  de  TErmitage.  Au  sud  de  Flavigny  (8  kil.  sud-est  de 
Pont-Saint- Vincent)  *,  les  hauteurs  qui  bordent  la  rive  gauche  de 
la  Moselle  sont  couvertes  de  galets  roulés,  principalement  de 
quartzites  du  grès  vosgien,  auxquels  s'associent  d'assez  nombreux 
galets  roulés  de  roches  cristallines  bien  conservées  (granités, 
gneiss...  etc.);  les  granités  feuille  morte  font  défaut.  Le  limon 
forme  la  majeure  partie  du  monticule  situé  ti  l'ouest  de  la  grande 
route  et  l'altitude  réelle  du  point  le  plus  élevé  atteint  par  les 
cailloutis  est  très  approximativement  de  loo  m. 

Nancy  et  Flavigny  (Godron.  Da  passage  des  eaux  et  des  alluvions  anciennes 
de  la  Moselle  dans  les  bassins  de  la  Moselle  et  de  la  Meuse,  1877). 

I .  Feuille  de  Nancy,  carte  géologique  détaillée.  Lambeau  marqué  P. 

La  cote  354  a  été  placée  par  erreur  sur  la  route;  elle  s'applique  au  sommet 
du  plateau  P,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer  sur  les  plans  à  1/30.000. 

La  Moselle  sous  le  grand  pont  de  Flavigny  est  à  226  m. 


3aS       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLERS       3  JnÛ 

Au-dessus  de  la  terrasse  de  54  ni.  de  l'Ermitage  dont  j*a 
parlé  plus  haut,  on  trouve  une  deuxième  nappe  de  eaillouti 
qui  forme  le  plateau  entre  la  ferme  et  Saint-Remimont,  plateau 
dont  l'altitude  est  de  347  ^*  *  *  L'altitude  de  la  nappe  est  par  suit 
de  loo  à  io3  m.  au-dessus  de  la  Moselle.  Indépendamment  de 
quartzites  qui  prédominent  on  y  rencontre  d'assez  nombreo: 
galets  roulés  de  micro-granulite  et  de  gi*anite,  non  altérés.  J 
n'y  ai  pas  vu  de  granités  feuille  morte. 

On  doit  considérer  comme  appartenant  au  même  niveau  le 
argiles  avec  galets  quai*tzeux  qui  couronnent  les  hauteurs  d 
la  rive  droite  de  la  Moselle  au-dessus  de  Châtel,  entre  ce  village 
Moriville  et  Zincourt  et  s'élèvent  jusqu'à  l'altitude  de  io3  m 
au-dessus  de  la  rivière  -. 

On  peut  également  y  rattacher  les  cailloutis  exclusivemen 
quartzeux  qui  couronnent  le  plateau  entre  Lay-Saint-Remy  e 
Pagny-sui^Meuse  3.  Les  galets,  qui  ont  souvent  o  m.  lo  degran< 
axe,  parfois  le  doulile.  s'étendent  au  sud  sur  la  pente  nord  du  boi 
de  Pagny  et  disparaissent  brusquement  à  peu  près  à  la  cote  3oo 
Plus  haut  on  ne  trouve  plus  que  de  petits  galets  très  disséminé 
et  qui  correspondent  sans  doute  à  des  nappes  plus  anciennes.  L 
creusement  effectué  par  la  Moselle  depuis  le  transport  des  eail 
loutis  de  Pagny  peut  par  suite  être  évalué  à  une  centaine  di 
mètres  *. 

En  amont  d'Epinal  et  jusqu'à  Eloyes  on  ne  trouve  plus  actuelle 
ment  près  de  la  Moselle  aucun  dépôt  que  l'on  puisse  considère: 
comme  ayant  appartenu  à  la  nappe  de  loo  m.  Mais  en  1877  01 
voyait  encore  près  du  soumiet  du  fort  d'Arches,  sur  la  pente  est 
une  petite  terrasse  de  3  à  4  ni.  d'épaisseur  formée  de  couche 
alternantes  horizontales  de  sables  fins,  de  graviers  et  de  galet 
remarquablement  roulés  ;  quelques  blocs  de  i/a  m.  c.  à  i/3  m.  c 
arrondis  ou  même  roulés  de  granulite,  de  gneiss  granulitique  ei 
de  granitite  à  amphibole,  étiiient  dispersés  à  la  surface,  ou  mém< 
encliâssés  dans  les  alluvions  ;  des  blocs  plus  volumineux  encon 

1.  Dépôl  marqué  P  sur  la  feuille  de  Lunéville  de  la  carte  géologiqni 
détaillée. 

2.  Hoci.uiD.  Recherches  sur  les  formations  erratiques,  p.  65  et  seq. 

3.  I^a  cote  du  plateau  au  nord  de  la  grande  route,  diaprés  le  plan  â  i/!m>.ooo 
est  (le  !i88  m.  et  non  de  299,  comme  Tindique  la  carte  d'Etat-Major. 

4.  La  suite  de  cette  note  démontrera  que  les  pentes  de  la  Moselle  n*on 
pas  sensiblement  varié  pendant  tout  le  Pleistocène,  au  moins  en  ava 
d'Epinal. 


DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3^9 

^^  S^s  vosgien  détachés  des  pentes  encaissantes  leur  étaient 
a^dsociés.  J'y  ai  noté  plusieurs  granités  feuille  morte  roulés  dont 
de  o  m.  ao  de  grand  axe.  Ce  dépôt  a  été  entièrement  exploité  ; 
ciltitade  que  j'ai  eu  heureusement  Tidée  de  déterminer  à  cette 
^ixxjue  était  de  446  m.,  soit  90  m.   au-dessus  de  la  Moselle  K 

Cin  peut  aussi  avec  une  grande  probabilité  considérer  comme 
^Pt>^rtenant  à  un  ancien  niveau  de  100  m.  la  nappe  de  cailloutis 
«'^  ^euil  de  Dounoux  (S.-O.  d*Ëpinal).  Le  plateau  presque  hori- 
*^'^'t:^  qui  forme  col  entre  le  Coney,  affluent  de  la  Saône,  et  la 
^<^s«Ue,  est  couvert  d'une  couche  de  cailloutis  remarquablement 
*^'*«-'tifiés,  dont  l'épaisseur  sur  quelques  points  doit  atteindre  au 
"^oins  i3  à  14  m.  Les  galets,  généralement  petits  (exceptionnelle- 
^■^^n^t  ao  à  3o  c.)  proviennent  des  Vosges  ;  les  granités  abondent 
*^  Sont  en  bon  état  de  conservation  ;  je  n'y  ai  jamais  rencontré  de 
P*^ïxites  feuille  morte.  L'altitude  du  seuil  étant  de  4^^^  ™-  et  la 
Moselle  à  Arches,  situé  à  8  kil.,  étant  à  la  cote  34^,75,  on  voit  que 
*©  opeusement  qui  s'est  effectué  depuis  le  dépôt  des  cailloutis  de 
I^oixiioux  peut  être  évalué  avec  une  très  grande  approximation 
^  tine  centaine  de  mètres  -  ;  par  suite,  il  est  logique  de  les  rap- 
P^>i^er  au  même  niveau  que  les  précédents.  L'absence  des  granités 
^^^îlle  morte  semble  indiquer  que  ces  cailloutis  sont  le  produit 
^  ^^ne  rivière  vosgienne  autre  que  la  Moselle  et  qu'il  est  impos- 
**l>le  de  préciser  actuellement. 

J'ajouterai  que  le  seuil  de  Dounoux  ofifre  un  remarquable  exem- 
P*^  de  l'effet  produit  par  la  décapitation  d'un  cours  d'eau.  Le 
^--oney  privé  des  eaux  vosgiennes,  a  créé  en  aval  du  seuil  un  lit 
l^^ofond  et  étroit,  dont  les  pentes  se  relèvent  rapidement  vers  le  col. 

En  résumé,  entre  Toul  et  les  Vosges,  il  y  a  des  traces  très  nettes 
^  ^Mie  nappe  de  100  m.  environ  ;  cette  nappe  n'a  pas  jusqu'à  pré- 


fourni  de  galets  provenant  des  ballons  d'Alsace   et  de  Ser- 
"^^nce,  sauf  près  du  fort  d'Arches. 

^ii^eaux  supérieurs  à  100  mètres. 

Au-dessus  du  niveau  de  100  m.  on  ne  rencontre  plus  que  des 

ST^lets  isolés,  dispersés  à  la  surface  du  sol,  ou  encastrés  dans  des 

«assures  du  substratum  remplies  de  limons  ai^ileux  provenant  de 

^  dissolution  des  calcaires  ;  leur  grand   axe  dépasse  rarement 

^iia.  ao. 

^ .  Le  saut  du  Broc  se  trouvant  un  peu  en  aval,  raltitude  de  ce  dépôt  est 
^  *^alité  de  100  m.,  si  Ton  effectue  la  correction  indiquée  plus  haut, 
^*  La  pente  de  la  Moselle  est  de  0,002. 


33o       DE  LAMOTHB.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  YALUbSB       3  Jl 

D*après  le  capitaine  du  génie  Bois  qui  a  dirigé  d*importe 
travaux  de  captation  d'eau  dans  la  forêt  de  Haye,  des  galets 
quartzite  et  de  grès  couvrent  les  légers  bombements  de  tous 
points  culminants,  mais  semblent  concentrés  au  voisinage  < 
vallées  delà  Meurthe  et  de  la  Moselle  ^  A  a,4<>o  Q^-  ^^  nord 
Ckaligney  (près  Pont-Saint-Vincent),  ils  atteignent  la  cote  417  * 
est  un  des  points  culminants  de  la  forêt,  et  se  trouvent  par  suit 
aoo  m.  au-dessus  de  la  Moselle,  cotée  ai^,  à  Pont-Saint- Vincent 
ils  y  remplissent  des  poches  du  Bathonien  ;  leur  volume  vi 
depuis  la  grosseur  d*un  œuf  de  pigeon  jusqu'à  celle  du  poii 
quelques-uns  dépassent  ces  dimensions  :  le  plus  gros  était  un  g 
siliceux  de  o,a8  de  g^nd  axe. 

Les  mêmes  galets  se  retrouvent  dans  les  carrières  à  Touest 
Nancy  à  160-170  m.  au-dessus  de  la  Meurthe  ;  ils  abondent  p 
de  la  ferme  Sainte-Catherine  ^.  Husson  en  a  signalé  dans  le  bois 
Romont,  près  Toul,  à  la  côte  876  *  ;  enfin  Buvignier  les  a  obser 
dans  la  Meuse,  il  y  a  5o  ans,  jusqu'à  aoo  m.  au-dessus  du  thalw 
En  dehors  des  galets  de  quartz,  de  quartzite  et  de  grès  silici 
qui  sont  de  beaucoup  les  ])lus  nombreux,  on  a  trouvé  quelqi 
rares  galets  granitiques  et  même  des  sables  granitiques  (Meu 
forêt  de  Haye)  ^. 

Ces  traînées  de  galets  ne  se  rattachent  à  aucun  niveau,  et  e' 
seulement  par  analogie,  et  en  se  basant  sur  les  observatii 
faites  dans  la  basse  Moselle,  que  Ton  peut,  ainsi  qu  on  le  ve 
plus  loin,  déterminer  leur  véritable  signification. 

B.  —  La  Moselle  en  aval  de  Hetx 

Bien  que  je  n'aie  pas  eu  Toccasion  de  parcourir  la  vallée  d< 
Moselle  en  aval  de  Metz,  il  m*a  paru  utile  et  même  nécessaire 
dire  quelques  mots  des  études  faites  par  les  géologues  allemai 
dans  la  basse  Moselle  et  d*en  comparer  les  résultats  à  cf 
obtenus  dans  la  haute  vallée. 

Ces  études  qui  ne  portent,  à  ma  connaissance  du  moins,  que  i 
la  partie  comprise  entre  Metz  et  Schweicli  (en  aval  de  Trêves),  su 
de  valeur  très  inégale.  Les  plus  anciennes  datent  d*une  époque 

I.  Je  dois  ces  renseignements  à  Tobligcance  de  M.  le  capitaine  Bois. 
3.  L'autre  point  culminant  de  la  forêt  est  au  Camp  Romain,  à  4^ 
d*altitude,  près  de  Ludres. 

3.  Blbicher.  Guide  du  géologue  en  Lorraine,  p.  197.  —  BulL  Soc,  bi 
géolog.,  Xlll.  1899,  p.  9a,  93,  i(x5.  Voir  aussi  ma  note  de  1897,  page  394. 

4.  HrssoN.  Origine  de  Vespèce  humaine  dans  les  environs  de  Tout,,  x) 
—  La  côte  3^6  est  à  180  m.  au-dessus  de  la  Moselle  prolongée  vers  Pag 

5.  BuYiGNiiiR.  StatisL  géolog.  de  la  Meuse,  i85a.  —  Blbichbr,  op.  cit. 


igol  DR  l'iSSER,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  33l 

les  questions  concernant  les  terrasses  n'avaient  pas  encore  éveillé 
l'attention  ;  le  plus  souvent,  les  observations  de  cette  époque  sont 
trop  peu  précises  pour  qu'il  soit  possible  d'en  tirer  parti.  Tel  est  le 
cas  dés  feuilles  et  notices  de  la  Geologische  specialkarte  Qon 
PreuBsen  und  der  Thùringischen  staaten  ij 26.000  —  1880  *, 
de  la  Geolog,  ùbersichtskarte  des  Westlichen  Deutsch-Lothringen 
1 180,000  —  1886  et  môme  de  la  feuille  et  notice  de  Sierck  de 
la  carte  géologique  d'Alsace-Lorraine  à  l'échelle  de  i/aS.ooo  éditée 
en  1889. 

Les  seuls  travaux  réellement  utilisables  sont  ceux  que  Grèbe  a 
publiés  à  partir  de  i885  et  notamment  les  notices  et  cartes  de 
Trêves,  Welschbillig,  Schweich  et  Pfalzel  2. 

L'auteur  y  a  signalé  l'existence  de  six  niveaux  de  terrasses  ou 
de  cailloutis  qui  sont  les  suivants  : 

6*  niveau i5  à  20  m. 

5'      —  3o  m.  environ. 

4*      —         40  à  5o  m. 

3*      —         100  m. 

a'      —         i3o  à  i5o  m. 

I"     —         aoo  m.  environ. 

D'après  les  cartes,  des  limons  argileux  semblent  particulière- 
ment développés  sur  les  12%  3*  et  4*  niveaux  ^, 

Il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  Textraordinaire  con- 
cordance qui  existe  entre  cette  série  et  celle  de  la  haute  Moselle, 
da  moins  entre  i5  et  100  m.  Nous  retrouvons  dans  cet  intervalle 
le  même  nombre  de  niveaux  à  des  altitudes  presque  identiques. 
Il  n'y  a  discordance  que  pour  le  4*  niveau  dont  les  limites  dans  la 
basse  Moselle  sont  comprises  entre  ^o  et  5o  m.,  tandis  qu'elles 
varient  entre  5o  et  60  ni.  dans  la  haute  Moselle.  Mais  il  suflit  de 
faire  le  relevé  sur  les  cartes  précitées  de  tous  les  lambeaux 
rapportés  par  l'auteur  à  ce  niveau  pour  constater  que,  dans  la 
réalité,  leurs  altitudes  sont  pour  la  plupart  comprises  entre  45  et 
56  m.  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue,  d'ailleurs,  que  ces  lambeaux 

1.  Feuilies  de  Perl,  Beuren,  et  Wincheringen. 

2.  Erlaûterungen  zur  geolog.  Specialkarte  von  Preussen. . . .   1/2,5.000. 
Blâtt.  Trier,  Weischbillig,  Schweich  und  Pfalzel  1892.  —  La  fenille  Schôn- 

berg  publiée  en  1898  ne  renferme  qu'un  tout  petit  lambeau  du  cours  de  la 
Moselle  et  n'apporte  aucune  donnée  nouvelle. 

3.  Je  crois  devoir  faire  quelques  réserves  sur  la  valeur  des  niveaux  de  3o 
et  de  200  m.  qui  ne  me  paraissent  pas  concorder  tout  à  fait  avec  les  indica- 
tions fournies  par  l'examen  des  tracés,  et  qui,  en  tous  cas,  ne  sont  repré- 
sentés que  par  un  trop  petit  nombre  de  lambeaux  pour  que  leur  existence 
puisse  être  considérée  comme  certaine  dans  les  limites  des  feuilles  publiées. 


332       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Joio 

sont  situés  dans  une  vallée  très  étroite,  qu'ils  ont  été  ponrla  plu- 
part très  dénudés  et  qu*en  outre  ils  sont  couverts  de  limons  :  la 
détermination  précise  de  la  limite  supérieure  des  cailloutis  est 
donc  le  plus  souvent  très  difficile,  sinon  impossible. 

En  ce  qui  concerne  l'absence  dans  la  haute  Moselle  des  i^^^  et  a^ 
niveaux  (aoo  m.  et  i3o-i5o  m.)  nous  verrons  dans  le  chapitre  V  que 
l'extension  vers  l'amont  des  nappes  alluviales  régulières  formées 
sous  l'influence  des  variations  du  niveau  de  base,  dépend  de  l'exten- 
sion dans  cette  direction  du  profil  d'équilibre.  Si,  à  l'époque  où  les 
nappes  correspondant  aux  deux  premiers  niveaux  se  formaient 
à  Trêves,  le  profil  d'équilibre  ne  remontait  pas  en  amont  de  cette 
ville,  les  alluvions  que  la  Moselle  déposait  au  même  moment 
dans  la  région  de  Toul  ne  pouvaient  avoir  aucun  lien  avec  elles  ; 
les  débris  de  ces  alluvions  que  nous  rencontrons  à  Toul  jusqu'à 
aoo  m.  au-dessus  du  thalweg,  représenteraient  simplement,  dans 
ce  cas,  le  travail  de  régularisation  du  cours  de  la  rivière. 

Mais  il  me  paraît  très  vraisemblable  qu'il  n'en  a  pas  été  tout 
à  fait  ainsi,  et  que  déjà  à  l'époque  du  niveau  de  aoo  m.  la  Moselle 
devait  avoir  à  peu  près  conquis  son  profil  d'équilibre  jusqu'au  pied 
des  Vosges,  c'est-à-dire  jusqu'au  voisinage  d'Eloyes. 

En  effet,  on  remarquera  tout  d'abord  que  le  parallélisme  des 
terrasses  des  divers  niveaux  enti*e  20  m.  et  100  m.  jusqu'en  amont 
d'Epinal,  prouve  qu'à  l'époque  du  niveau  de  loo  m.,  la  zone 
du  profil  d'équilibre  s'étendait  au  moins  jusqu'à  Arches,  et  que 
les  pentes  de  ce  profil  y  étaient  déjà  réduites  au  minimum  compa- 
tible avec  les  conditions  topographiques  et  hydrographiques, 
puisqu'elles  n'ont  subi  que  des  changements  peu  considérables 
depuis  cette  époque  sur  une  étendue  de  plus  de  5oo  kil.  à  partir 
du  niveau  de  base.  Cette  précocité  de  l'évolution  de  la  Moselle  ne 
surprendra  pas,  si  l'on  réfiéchit  qu'elle  est  simplement  la  consé- 
quence de  la  très  faible  inclinaison  du  bassin,  à  partir  des  Vosges  : 
la  pente  générale,  en  effet,  atteint  à  peine  0,0008,  et  est  par  suite  infé- 
rieure de  plus  de  moitié  à  la  pente  actuelle  de  la  rivière  à  Charmes. 

Mais,  s'il  en  était  déjà  ainsi  à  l'époque  du  niveau  de  100  m.,  il 
est  bien  difficile  de  ne  pas  admettre  que  le  profil  d'équilibre  était 
également  réalisé  antérieurement  quoique  peut-être  avec  des  pentes 
un  peu  plus  fortes.  Le  contraire  serait  d'autant  plus  surprenant  que, 
pour  conquérir  son  profil  d'équilibre  jusqu'à  Trêves,  à  l'époque  des 
deux  niveaux  les  plus  anciens,  la  Moselle  a  dû  creuser  son  lit  dans 
les  roches  très  dures  du  Dévonien,  tandis  qu'au  même  moment,  en 
amont  de  Sierck,  elle  n'avait  qu'à  affouiller  et  à  dénuder  les 
couches  en  général  peu  consistantes  du  Trias  et  du  Lias. 


DB  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE»  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  333 

X^'^li.ypothèse  de  Textensioii  des  deux  plus  anciens  niveaux  jus- 

^'^^«itxx  environs  d^Epinal,  et  peut-être  même  plus  en  amont  jus- 

ï^^^^.11  pied  des  Vosges,  se  présente  donc  comme  très  vraisemblable, 

^^  on  peut  en  conclure  que  les  cailloutis  de  Toul  et  du  plateau  de 

**-^ye  représentent  les  débris  de  ces  deux  anciennes  nappes.  Leur 

*^^tiruction  plus  ou  moins  complète  dans  la  haute  Moselle,   leur 

^^^^^servation  dans  la  basse,  seraient  en  connexion  avec  la  nature 

terrains  traversés  par  la  rivière  et  ses  affluents. 


—  En  résumé,  on  trouve  dans  la  Moselle,  en  dehors 
Tosges,  six  niveaux  de  cailloutis  qui  sont  les  suivants  : 

i"  niveau  200  m.  environ  (basse  Moselle). 

a*      —  i3o  à  i5o  m.  id. 

3*      —  100  m.  (haute  et  basse  Moselle). 

4*      —  4^  à  ^  n^*  (basse  Moselle),  5o  à  60  m.  (haute  Moselle). 

5*      —  3o  m.  (haute  et  basse  Moselle). 

6'      ~  i5-ao  m.  (basse  Moselle),  au  m.  (haute  Moselle). 

altitude  relative  du  4^  niveau  dans   la  haute  Moselle,  parait 
un  peu  plus  forte  que  dans  la  basse  Moselle, 
s  4*>  5*  ®t  ^  niveaux  sont  plus  ou  moins  emboîtés  ;  les  cail- 
s  des  a»,  3«  et  4*  sont  fréquemment  recouverts  par  des  limons 
eux  (lehm)  ;  il  n'y  a  pas  de  vrai  lœss  *. 
E^ans  l'intérieur  du  massif  vosgien,  il  n'y  a  pas  de  traces  nettes 
terrasses  régulières,  et  il  est  actuellement  impossible  de  ratta- 
les  lambeaux  de  cailloutis  qu'on  y   observe  aux  niveaux 
-vosgiens. 

Je  montrerai  dans  le  chapitre  IV  que  la  comparaison  de  ces 

mées  avec  celles  fournies  par  Tétude  des  autres  bassins,  con- 

^^it   à  admettre,  à  partir  du  niveau  le  plus  élevé,  une  série  de 

les  d'érosion,  séparées  par  des  périodes  de  remblai,  le  plus 

m  remblai  datant  du  Pliocène  supérieur. 

début,  la  haute  Moselle  et  ses  aflluents  ont  coulé,  en  dehors 

Yosges,  et  à  fortiori  dans  V  intérieur  du  massif,  à  un  niveau 

^^  îioo  m.  au  moins  plus   élevé  qu'aujourd'hui.  En  même  temps, 

*^s  cours   d'eau   ont  subi   de  grands  déplacements  horizontaux, 

^^mme  le  prouve  ce  fait  que  la  haute  Moselle  actuelle  n'est  bordée 

***^  Une  partie  de  son  cours  que  par  des  hauteurs  à  peine  supérieu- 

^^®  ^  loo  m.  couvertes  de  cailloutis  de  ce  niveau. 

C'est  pendant  cette  première  période  que  se  sont  produits  les 
^uangements  de  cours  les  plus  importants,  les  uns  dans  l'intérieur 

^-  Lbpsitjs.  Geolog.  von  Deutschland,  I,  p.  aaS. 


334       ^^  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Joill 

des  Vosges  (passage  de  la  Moselle  par  la  dépression  d'Bcromagny, 
puis  par  Bellefontaine)  S  les  autres  en  dehors  de  Tlle  vosgienne. 

Je  ne  dirai  rien  des  premiers  dont  Tâge  reste  très  problémati- 
que pour  les  raisons  indiquées  plus  haut.  Parmi  les  derniers,  je 
citerai  le  passage  des  eaux  vosgiennes  par  Dounoux  à  l'époque 
probablement  du  niveau  de  loo  m.,  et  à  la  même  époque  leur 
passage  par  le  col  de  Foug.  L'écoulement  vers  la  Meuse  a  même 
dû  commencer  beaucoup  plus  tôt,  peut-être  déjà  à  Tépoque  du 
niveau  de  200  m.  ;  en  tous  cas,  il  a  cessé  avant  la  formation  de 
la  nappe  de  5o-6o  m.  dont  les  matériaux  ont  été  incontestable- 
ment charriés  par  la  Moselle. 

On  conçoit  que  pendant  ces  divagations  du  cours  d*eau,  de 
vastes  ablations  horizontales  aient  eu  lieu  dans  Vintérieur  du 
bassin,  facilitées  par  la  faible  résistance  des  roches  du  plateau 
lorrain.  Ce  sont  ces  érosions  qui  ont  fait  disparaître  sur  le  plateau 
de  Haye  les  assises  jurassiques  depuis  le  Bajocien  jusqu'au  Rau- 
racien,  et  y  ont  apporté  les  galets  vosgiens  que  Ton  y  rencontre  '. 
Leur  transport  s'explique  naturellement  par  l'approfondissement 
progressif  du  lit,  et  il  n'est  nullement  nécessaire  de  recourir 
à  l'hypothèse  d'un  plan  incliné  partant  du  sommet  des  Vosges. 

Cest  probablement  à  l'époque  du  niveau  de  3o  m.  que  s'est 
formé,  à  la  suite  de  mouvements  orogéniques  et  dans  des  condi- 
tions encore  très  obscures,  le  grand  lac  qui  a  occupé  la  vallée  de 
la  haute  Moselle,  en  amont  d'Eloyes  ^.  Cette  période  lacustre  a 
du  être  relativement  courte  puisque  déjà  à  l'époque  de  la  nappe 
de  ao  m.  la  Moselle  avait  coupé  le  comblement  du  bassin  entre 
Remiremont  et  Noir-Gueux,  et  que  ses  alluvions  traversant  la  digue 
contribuaient  à  l'édification  de  cette  nappe. 

Comme  dernière  conclusion  j'ajouterai  que  les  faits  observés 
conduisent  à  abandonner  définitivement  le  diluvium  à  galets 
quartzeux  de  Hogard  ^.  Les  éléments  granitiques  paraissent  avoir 
existé  dans  toute  la  série  des  terrasses  de  la  Moselle  et  lorsqu'ils 
font  localement  défaut,  on  est  en  droit  d'attribuer  leur  absence 
soit  à  l'altération  des  granités,  soit  à  l'insuffisance  des  coupes. 

i.  de  Lamothb.  Op.  cit.,  1897,  p.  437  et  planche. 

3.  Voir  à  ce  sujet  Blbigiibr.  Guide  du  géologue  en  Lorraine  y  p.  87  et  seq. 
—  Bull,  de  la  Soc,  belge  de  géologie,  XIII,  1899,  p.  i8a  et  seq. 

3.  de  Lamothb.  Op.  oit ,  1897,  p.  398-412  et  carte. 

4.  de  Lamothb.  Op.  cit.,  1897,  p.  39a-398  et  417. 


igot  DE  LAISSER,  DE  LX  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  335 

II.  —  Vallée  du  Rhin  près  de  Bâie 

Dans  la  vallée  du  Rhin,  les  seuls  travaux  utilisables  actuellement  y 
en  raison  de  leur  précision,  sont,  à  ma  connaissance  du  moins, 
ceux  que  les  géologues  suisses  ont  consacrés  aux  régions  en  amont 
de  Bâle.  Toutefois,  il  y  a  lieu  de  remarquer  qu'en  amont  de  Rhein- 
felden  le  Rhin  n'a  pas  réalisé  ou  retrouvé  son  profil  d'équilibre  et 
qu^en  outre  la  présence  des  glaciers  et  des  limons  rend,  en  général, 
très  difficile  la  détermination  rigoureuse  des  niveaux.  D'autre 
part,  en  aval  de  Bàle,  la  plupart  des  terrasses  plongent  d'une  façon 
anormale  vers  la  plaine  d'Alsace,  et  ne  tardent  pas  à  disparaître, 
ce  qui  semble  indiquer  que  la  plaine  du  Rhin  a  éprouvé  des  mouve- 
ments propres  et  a  été  le  théâtre  de  phénomènes  qui  ont  inter- 
rompu la  continuité  des  terrasses  et  modifié  leurs  relations. 

Dans  ces  conditions  on  est  amené  à  limiter  les  recherches  aux 
environs  immédiats  de  Bâle,  où  heureusement  les  terrasses  et 
niveaux  de  cailloutis  sont  remarquablement  développés  et  for- 
ment une  série  qui  parait  complète. 

Du  Pasquier  * ,  dans  les  mémoires  où  il  a  étudié  les  formations 
fluvio-glaciaires  du  nord  de  la  Suisse,  n'avait  signalé  que  trois 
niveaux  qu'il  considérait  comme  étant  en  connexion  chacun  avec 
une  glaciation  :  une  basse  terrasse  de  28  m.  à  Bâle,  de  35  m.  vers 
Turgi,  en  relation  avec  les  moraines  de  la  dernière  extension 
(moraines  internes)  ;  une  haute  terrasse  de  90-100  m.  en  relation 
avec  les  moraines  du  maximum  d'extension  (moraines  externes)  ; 
enfin,  un  niveau  à  éléments  fréquemment  altérés  (lœcherige 
nagelfluh,  Deckenschotter)  de  180-aoo  m.,  représentant  les  pro- 
duits d'une  glaciation  plus  ancienne. 

M.  Gutzwiller  -  qui  s'est  plus  particulièrement  occupé  des  envi- 
rons de  Bâle,  y  a  reconnu  cinq  niveaux  qu'il  a  étudiés  et  définis 
dans  un  travail  remarquable  par  sa  clarté  et  sa  précision  et  qui 
devrait  servir  de  modèle  aux  géologues  trop  nombreux  qui  n'étu- 
dient les  terrains  de  transport  qu'au  point  de  vue  des  formes 
extérieures  et  sans  tenir  aucun  compte  de  leur  composition. 

Je  vais  exposer  rapidement  les  conclusions  auxquelles  conduit 
l'examen  des  travaux  de  ces  deux  géologues,  et  je  chercherai  à 
déterminer  d'une  façon  plus  précise  encore,  s'il  est  possible,  le 

I.  du  Pasquier.  Die  JluviogLacialen  abUig'erungen  der  Nord  Scluveiz^  ^^91. 
—  1d.  Les  alluvions  glaciaires  de  la  Suisse  {Archives  des  se.  phys.  et  nat. 
de  Genève,  1891). 

a.  Gutzwiller.  Die  diluvialàiidungen  der  Urngebung  von  Basel,  1896  — 
Consulter  aussi  :  du  Pasquier,  Pengk  et  BrCckmbr.  Le  système  glaciaire  des 
Alpes  f  1894. 


336       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES      3  JuL 

nombre  et  les  altitudes  relatives  des  différents  niveaux  de  cailloui 
des  environs  de  Bftle. 

A.  —  Basse  terrasse, 

A  Bàle,  d*après  le  tableau  de  du  Pasquier  S  la  basse  terrasi 
de  la  rive  gauche  est  ù  a8  m.  au-dessus  du  Rhin  ;  mais,  en  réalit» 
ce  nombre  doit  être  porté  à  3i  m.,  le  niveau  moyen  du  Rhinéta 
de  a49  ^^  ^^^  ^^  ^^^  ^^*  '•  Cette  altitude  relative  semble  se  maint 


nir  à  peu  près  constante  jusqu'à  Koblenz,  c'est-à-dire  que  pcnda~ 
6!2  kil.,  la  terrasse  reste  sensiblement  parallèle  au  Rhin  (3i  m. 
Sâckingen,  3o  m.  à  Koblenz). 

M.  Gutzwiller  a,  il  est  vrai,  indiqué  pour  la  terrasse  de  B^k^   -Je 
un  nombre  plus  fort,  36  m.  au  lieu  de  3i  m.  La  différence  pi 
vient  de  ce  qu'il  n'a  pas  cherché  à  éliminer  l'influence  des  côn^ 
de  déjection  de  la  Birse  et  de  la  Birsig,  dont  du  Pasquier  a  te^crr^BQ 
compte  ^,  Le  nombre  donné  par  du  Pasquier,  rectifié  comme  il 

vient  d'être  dit,  doit  donc  être  préféré  à  celui  de  M.  Gutzwillc t» 

du  moins  pour  une  étude  comparative. 

En  amont  de  Bs\le,  la  basse  terrasse  est  formée,  par  places, 
deux  gradins  ;  il  y  a  un  niveau  bien  cai'actérisé  de  i5  à  ao  m  — 
Rheinfelden  et  à  Schweizerhalle  au  nord-est  de  Muttenz  ^. 

En  aval  de  B;\lc,  les  divers  gradins  de  la  basse  terrasse  s'ab^»-^^ 
sent  rapidement  et  disparaissent  successivement;  il  n'y  enu  & 
plus  de  traces  à  Breisach. 

B.  —  Haute  terrasse. 

D'après  M.  Gutzwiller  ^  les  collines  au  sud  et  au  sud-ouest 
BiMe  sont  couvertes  de  puissantes  nappes  de  cailloutis  qui  form 
au-dessus  de  la  basse  terrasse  quatre  gradins  distincts.  Les  d< 
plus  élevés  devant  être  considérés  comme  du  Deckenschotter^ 
ne  nroccuperai  dans  ce  paragraphe  que  des  deux  autres. 

a.  Gradin  supérieur.  —  Le  plus  élevé  de  ces  deux  gradins  c^  ^^^ 
respond  à  la  haute  terrasse  de  du  Pasquier.   Il  n'existe  pas        ^^ 
aval  de  Bàle  ;  mais  près  de  cette  ville  on  l'observe  au  Bruderb^^^^ 
et  au  Rfitihard  où  il  s'élève  à  35o  m.  (99-101  m.  au-dessus  du  RhS  ^^^^' 
En  amont  l'extension  de  ce  gradin  a  été  déterminée  par  du  PasqiB^ 
qui  Ta  signalé  en  particulier  à  Pratteln  (98  m.),  à  Gibenach,  en. 
Wallbach  et  Môhlin,  entre  Koblenz  et  Rietheim  (93  m.),  à  Zweidl^*^* 
dans  le  Klettgau  et  dans  le  Rafz  ^. 

I.  du  Pasquier.  Die  fluvioglac,  p.  12. 

2.    (fUTZWILLEH.    Op.    cit..  p.  58. 

3.  du  Pasquikr.  Op.  cit.,  p.  14. 

4.  Observation  personnelle. 

5.  GrxzwiLLER.  Op.  ci  t.  y  p.  558  et  seq.,  p.  675. 

6.  du  Pasquier.  Die  Jhiviogl.,  p.  35-45-46.  Les  ail.  glac.,  p.  58. 


DE  l'iSSER,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RUÔNE  33^ 

■adin  inférieur.  —  Le  gradin  iRférieur  se  montre  sur  la 
iche  du  Rhin  près  de  B&le  au  pied  de  la  pente  nord  du 
lolz,  à  Gundeldingen  et  à  St.  Margarethen  ;  on  te  sait 
Ulschwyl  ;  un  peu  au  nord  il  s*abaisHe  rapidement  et 
t  sous  la  basse  terrasse  en  aval  de  Sierenz  <. 
i  rive  droite,  on  le  i-etrouve  à  Wyhlen  -  et  à  Ôtlingen  ;  il 
lire  défaut  plus  au  nord. 

lont  de  Bdle,  on  n'a  pas  encore  signalé  son  existence,  à  ma 
Mnce  du  moins;  je  ne  serais  pas  surprisqu'une  i^tude  de  détail 
upes  favorables  permissent  un  jour  d'en  retrouver  les  traces. 
fort  remarquable  que  l'altitude  relative  des  dilTérents 
IX  de  ce  gradin  soit  sensiblement  la  même,  bien  qu'ils 
iparés  par  la  lai^e  vallée  du  Rbin  et  par  des  distances  qui,  . 
ve  droite,  s'élèvent  à  9  kil.  En  elTet  l'altitude  absolue  est 
a.  à  Wyhlen,  de  3o4  à  AUschwyl,  de  3oo  m  à  Ôtlingen.  A 
jarethen,  les  cailloutis  de  ce  niveau  ne  m'ont  pas  paru 
r  3og  m-,  nombre  qui  est  même  probablement  un  peu  fort. 
(ulte  que,  si  l'on  prend  les  altitudes  par  rapport  au  Kliin, 
'e  qu'elles  sont  toutes  comprises  entre  56  et  60  m.  •*. 
Ltzwiller  considère  ce  gradin  et  le  précédent  comme  appar- 
308  deux  à  la  haute  terrasse,  bien  qu'actuellement  le  pied 
in  de  100  m.  soit  séparé  de  la  surlace  supérieure  du  gradin 
.  par  des  affleurements  tertiaires. 
ckenachotter. 

ecbenschotter  des  environs  de  BAle  appartient,  d'après 
:willer,  &  deux  niveaux  : 

ns  récent  (jûngcrer  Deckenschotter)  comprend  les  cail- 
î  Rbeinfelden,  Mônchenstein,  Wenzweiler,  Sclionenbuch  '. 
bs  les  données  de  l'auteur  et  celles  de  du  Pasquicr,  on 
nettre  que  l'altitude  relative  de  la  partie  supérieure  de  ces 
IX  est  comprise  entre  i3o  et  iTio  m.  ". 

:wiu.KR.  Op.  ri(.,  p.  .»S. 
:wiuxfi.  Op.  cit.,  p.  .)l>»^i. 

I  vis-à-via  Wyhlen  a54,  à  Uâle  af^,  à  AUschwyl,  en  le  supposiint 
dana  cette  direction  :  a',7  m.,  ris  à  vîb  d'Otlingcn  sj-î  m.;  ullitudes 
corrvBpondojites  :  ^7, 60,  .17,  54> 

deux  gradins  les  plus  élevés  dont  il  a  été  fait  mention  précéduni- 
■opos  de  la  haute  terrasse  appartiennent  h  ce  niveau. 
'.wiLUiR,  Op.  i-d  ,  \i.  ftM;  ft  ."ml,  -- du  Pasquif.ii,  diejliii'io/flne  ,  p  ;}. 
afelden  les  cailloutis  du  Biiotie  s'élèvent  à  !ii)H  m.;  un  sud  de  Kânzeli 
Be^).  j'ai  constate  lu  prêsi'iice  de  trè»  nombreux  petits  galets 
t  de  ce  niveau  jum|U'ù  lu  ente  {07  (entre  les  votes  '(ii3  et  .'iiN);  au- 
n'y  a  plus  que  ilu  lehni.  L'altitude  relative  des  euilloutis  <le  Etliein- 
rail  par  suite  comprise  enti'e  l'ih  et  i4t,  le  Khiii  étant  il  :i6!). 
Jieiistein  les  cailloutis  s'élèvent  à  environ  4no  d'après  M.  GulzwiUer; 

libre  ipot.  —  T.  I".  Bull.  Soc.  Géol,  Fr.  —  aa 


338       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

Le  plus  ancien  (oberelsâssischer  Deckensehotter)  comprendrait 
les  cailloutis  les  plus  élevés  du  Sundgau,  notamment  ceux  d'Ober- 
hagenthal  (ait.  5so  m.  soit  a^o  la.  au-dessus  du  Rhin  prolongé). 

M.  Gutzwiller  considère  ces  derniers  comme  contemporains 
des  cailloutis  de  Test  de  la  Suisse  et  comme  un  produit  fluvio- 
glaciaire de  glaciers  qui  occupaient  Touest  de  la  Suisse  et  s'avan- 
çaient jusqu'au  voisinage  de  Bâle.  Les  cailloutis  de  Rheinfelden 
sont  le  produit  d'une  glaciation  plus  récente,  antérieure  toutefois 
à  celle  de  la  haute  terrasse. 

Si  j'ai  bien  compris  les  idées  de  M.  Gutzwiller,  il  semble  que  la 
succession  des  phénomènes  qui  se  sont  accomplis  dans  la  vallée 
du  Rhin  près  de  Bâle,  à  partir  de  la  formation  du  plus  ancien 
Deckensehotter  ait  été,  dans  ses  grandes  lignes,  la  suivante  : 

Pendant  une  première  glaciation,  les  glaciers  de  l'ouest  de  la 

Suisse  ont  accumulé  les  cailloutis  les  plus  élevés  du  Sundgau  ; 

le  Rhin  s'écoulait  alors  vers  le  bassin  de  la  Saône  et,  comme  nous 

.    le  verrons  plus  loin,  son  altitude  devait  être  de  aoo-si3o  m.  environ 

plus  élevée  qu'aujourd'hui  ^ 

La  retraite  des  glaciers  a  déterminé  un  creusement  général  qui 
a  dû  atteindre  une  centaine  de  mètres  ;  en  môme  temps,  un 
affaissement  de  la  région  entre  la  Forét-Noire  et  les  Vosges  obli- 
geait le  Rhin  à  abandonner  la  direction  du  sud-ouest  et  à  se 
diriger  vers  le  nord. 

Une  nouvelle  glaciation  a  amené  la  formation  du  2«  niveau  du 
Deckensehotter  ;  elle  a  été  suivie  de  la  retraite  des  glaces  et  d'un 
creusement  qui  a  amené  les  vallées  à  une  profondeur  très  voisine 
de  celle  qu'elles  ont  actuellement. 

Puis  ont  eu  lieu  successivement  la  grande  glaciation  de  la  haute 
terrasse  (3>  glaciation)  qui  a  déterminé  un  remblai  de  loo  m.,  la 
retraite  des  glaces  et  le  creusement  des  vallées  jusqu'au  niveau 
actuel,  une  nouvelle  invasion  des  glaciers  (4®  glaciation)  avec  rem- 
blai de  3o  m.  (basse  terrasse),  enfin  leur  retraite  définitive. 

On  voit  que,  contrairement  à  ce  qui  s'est  passé  dans  Tisser,  il 
y  aurait  eu  après  les  cailloutis  de  i3o-i5o  m.  creusement  presque 

Je  les  ai  suivis  dans  les  vignes  près  de  Grut  jusqu'à  393.  L'altitude  relative 
est  donc  de  139-146  m.  par  rapport  au  Rhin  coté  2154. 

I.  Je  crois  devoir  faire  ici  quelques  réserves  sur  cette  théorie  en  ce  qui 
concerne  la  vallée  du  Doubs.  J'ai  pu  récemment  constater  l'identité  des  caillou- 
tis des  forêts  de  Chaux  et  d'Arne,  y  compris  ceuic  d'Azans,  avec  ceux  du  Sund- 
gau :  j'ai  notamment  retrouvé  sur  ces  divers  points  les  silex  à  Radiolaires  et 
les  quartzites  gris  verdàtres  caractéristiques  des  dépôts  du  Sundgau;  l'origine 
rhénane  de  ces  cailloutis  n^est  donc  pas  douteuse.  Mais  je  crois  leur  âge  beau- 
coup plus  récent  et  les  circonstances  de  leur  formation  un  peu  différentes. 
Je  traiterai  cette  question  dans  une  note  spéciale. 


igOI  DE  LAISSER,  DB  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  ^Aq 

total  de  la  vallée,  remblai  de  loo  m.,  déblai,  formatioii  du  remblai 
de  3o  m.  et  enfin  établissement  dn  régime  actuel  ;  la  basse  terrasse 
se  trouverait  par  suite  presque  complètement  emboîtée  dans  la 
haute»  totalement  même  d'après  du  Pasquier,  tandis  que  dans 
risser  elle  n*est  emboîtée  que  dans  la  moyenne  terrasse. 

Je  démontrerai  dans  le  chapitre  lY  qu'il  est  impossible  d'admet- 
tre dans  son  intégrité  cette  succession  de  phénomènes,  et  que 
notamment  le  creusement  après  le  niveau  de  i3o-i5o  m.  n'est  pas 
descendu  au-dessous  de  60  m.,  quil  y  a  une  moyenne  terrasse 
indépendante  de  la  haute  et  enfin  que  la  basse  terrasse  n'est 
emboîtée  que  dans  la  moyenne. 

En  résumé,  les  terrasses  et  niveaux  de  cailloutis  des  enoirons 
immédiats  de  Bâle  forment  une  série  très  nette  qui  est  la  suivante  : 

Traces  d^une  terrasse  de  i5  à  20  m.  (emboîtée  dans  celle  de  3i  m.). 
Terrasse  de  3i  m.  (basse  terrasse). 

Terrasse  de  56  à  60  m.  (gradin  inférienr  de  la  haute  terrasse  de 
«        M.  Gntzwiller). 

Terrasse  de  99  à  loi  m.  (hante  terrasse). 
Terrasse  et  cailloutis  de  i3o  à  i5o  m. 

Enfin,  au-dessus  de  ce  dernier  niveau,  on  trouve  dans  le  Sundgau 
des  débris  d'anciennes  alluvions  dont  l'altitude  actuelle  au-dessus 
du  Rhin  s'élève  à  environ  270  m.  Mais  cette  altitude  est  certai- 
nement supérieure  au  creusement  réellement  effectué  depuis 
cette  époque.  Pour  s'en  rendre  compte,  il  suflit  de  remarquer  que 
leurs  divers  lambeaux  semblent  avoir  fait  partie  d'une  nappe  ou 
plutôt  d'un  cône  de  déjection  qui  s'abaisse  rapidement  vers  le  nord 
et  le  N.-O.  (490  m.  à  Betllach,  460  à  Volkensberg)  *.  La  compa- 
raison des  pentes  Irchel-Oberhagenthal  d'une  part,  Rheinsberg- 
Mônchenstein-Schônenbuch  d'autre  part,  conduirait  à  une  con- 
clusion analogue.  On  peut  donc,  je  crois,  considérer  comme  assez 
probable  que  le  niveau  du  Rhin  contemporain  de  la  formation  de 
ces  cailloutis  ne  devait  pas  s'élever  à  beaucoup  plus  de  aoo-a3o  m. 
au-dessus  du  niveau  actuel. 

III.  —  Vallée  da  Rhône  près  de  Valence 

M.  Depéret  qui  a  fait  pour  le  Service  de  la  carte  géologique 
détaillée  (feuille  de  Valence)  une  étude  minutieuse  et  approfondie 
des  anciennes  terrasses  du  Rhône  et  de  l'Isère  ^  les  a  classées 
ainsi  qu'il  suit,  en  commençant  par  les  plus  récentes  : 

I.  GuTzwiLLBR.  Op.  cit.,  p.  Ô78  ct  58o. 

a.  Voir  aussi  Bnllelin  des  services  de  la  carte,  tome  VIU,  p.  ii5  et  tome  VI, 
p.  8a. 


34o       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Jliin 

6.  Basse  terrasse,  dite  de  Valence.  i5  àaom. 
5 .  Moyenne  terrasse,  dite  de  Romans.  4o  à 

5o  m.  au  dessus  de  Tlsère  et  du  Rhône. 
Fleistocàxb.     .  s   4.  Hante  terrasse,  dite  du  Séminaire  de 

Valence,  de  ao  à  3o  m.  plus  élevée  que 

les  précédentes. 

3.  Niveau  de  caiUoutis  de  90  m. 
Pliocknb.     .     .  (    a.  Id.  i3o  à  i5o  m. 

I.  Id.  2)00  et  au-delà. 

L'examen  sur  le  terrain  de  ces  divers  niveaux,  m'a  conduit  à 
apporter  à  cette  série  quelques  modifications  de  détail  que  je 
vais  indiquer  bi*ièvement. 

i*"  La  basse  terrasse  de  Valence  est  à  ai  m.  au-dessus  du  Rhône  K 
Ce  relief  ne  varie  pas  sensiblement  entre  Valence  et  Tain  ;  car 
le  plateau  de  St-Georges  présente  à  peu  près  la  même  altitude 
relative.  La  pente  de  la  basse  terrasse  est  donc,  dans  cette  région, 
très  voisine  de  celle  du  Rhône  qui  est  de  0,00067. 

La  terrasse  de  Romans  est  à  168  m.  d'altitude  absolue,  soit 
Sa  m.  au-dessus  de  l'Isère  -  ;  sa  surface  se  relève  rapidement  vers 
le  nord  par  suite  de  la  présence  d  une  série  de  cônes  de  déjection 
formés  par  les  torrents  de  la  rive  droite.  Si  Ton  suit  la  terrasse  sur 
la  rive  gauche,  où  les  torrents  n'ont  joué  qu'un  rôle  négligeable 
on  voit  son  altitude  relative  diminuer  progressivement  ;  elle  n'çst 
plus  que  de  s5  m.  à  Pont  de  l'Isère  ^,  ce  qui  con*espond  à  une 
pente  de  o,oo!2i.  Un  peu  au  sud  du  château  d'Armoillet,  la  ter- 
rasse cesse  brusquement  à  la  cote  i3o  environ  ;  toute  sa  partie 
aval  a  été  emportée  par  la  dénudation  ;  il  est  évident  qu'en  raison 
de  sa  pente,  elle  devait  à  peu  de  distance  atteindre  le  niveau 
de  la  terrasse  de  Valence.  On  remarquera,  en  outre,  qu'à  hauteur 
d'Armoillet,  la  terrasse  est  dominée  vers  l'est  par  un  plateau  qui 
fait  partie  de  la  nappe  d'Alixan  dont  je  parlerai  dans  un  moment  : 
la  terrasse  de  Romans  occupe  donc  ici  la  même  position  que  celle 
de  Valence  par  rapport  à  la  terrasse  du  Séminaire.  Sur  la  rive 
droite  la  terrasse  de  Romans  se  termine  brusquement  au-dessus 
du  Rhône  par  une  falaise  de  i5  m.  que  l'on  peut  suivre  depuis 
Tain  jusqu'à  Pont  de  l'Isère. 

I.  Repère  de  la  statue  de  Championnet  laS  m.  378.  Rhône  à  l'étiage  109 m.  63. 
Repère  de  la  cathédrale,  i3(>,83.  —  Repère  de  la  gare,  la^t'O-  —  Repère  du 
polygone,  ia6,i7.  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue  qu'une  partie  du  tertre  de  la 
vieille  \ille  doit  sa  surélévation  d'ailleurs  très  faible  à  faction  de  Thonime. 

a.  C'est  la  cote  du  plateau  à  l'est  de  la  gare.  Repère  de  la  gare  167  m.  5o. 
L'Isère  est  à  i36  m.  sous  le  pont  de  Romans. 

3.  Cote  du  confluent  de  lîsère  :  io6,5.  Pente  entre  le  confluent  et  Romans, 
o,oui3.  * 


igOT  DE  l/lSSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3^1 

Ces  faits  et  Texamen  du  terrain  ne  laissent  aucun  doute  sur 
Fidentité  de  formation  et  d*ftge  des  deux  terrasses  de  Valence  et 
de  Romans  :  elles  représentent  toutes  deux  les  débris  d'une  nappe 
dluviale  qui  a  remblayé  au  même  moment  le  fond  de  l'Isère  et  du 
Rhône.  Lorsque  la  période  de  creusement  est  arrivée,  le  Rhône  dont 
le  profil  d*équilibre  était  à  peu  près  atteint  s'est  abaissé  de  quan- 
tités égales  entre  Tain  et  Valence,  tandis  que  l'Isère  s'est  encaissée 
le  quantités  croissantes  de  l'aval  vers  Tamont.  La  formation  de  la 
falaise  de  Tain-Pont  de  l'Isère  est  un  phénomène  normal  «  qui  se 
produit  toutes  les  fois  que  le  cours  d'eau  principal  vient  creuser, 
en  se  déplaçant,  les  cônes  de  déjection  de  ses  affluents  (fig.  17). 

a*  Au-dessus  de  la  terrasse  de  Valence  (fig.  9)  on  trouve  la  ter- 
rasse du  Séminaire  dont  le  bord  est   à  4^-4^  ni-  au-dessus  du 

'f^  FUttean 

Semumire  p,^^^^        d'jilLran  ''''^""'^ijornans 

#,,  r    .^#   '*J^  »*«* 

^^^  jùteim  Ut  de  llsère  ^^o^* dfFomMnà        ^ 


du  loum. 

Pis?'  9»  —  Coupe  entre  Valence  et  Romans. 
Echelle  approximative  des  longueurs  :  i  millim.  pour  173  mètres. 

,  Terrasse  de  Valence  ;  B,  Terrasse  du  Séminaire  ;  C,  Terrasse  des 
Bayanins  :  D,  Terrasse  de  Romans  :  m,  Mollasse  marine. 

:^Ane  *.  C'est  l'extrémité  d'un  ancien  lit  de  l'Isère  qui  forme  la 
cûne  d'Alixan  en  remontant  vers  le  nord  avec  ime  pente  de 
3030.  Il  se  termine  au-dessus  de  l'Isère,  près  de  Romans,  par 
i^^  falaise  qui,  aux  Bayanins,  domine  cette  rivière  de  53  m.  La 
terrasse  des  Bayanins  est  l'équivalent  dans  l'Isère  de  la  tentasse 
i^    Séminaire. 

3—  Sur  le  massif  moUassique   qui  s'étend   entre  Chateauneuf 

ire  et  Saint-Marcel,  on  trouve  deux  autres  nappes  :    la   i"^*, 

de  la  carte)  remarquablement  conservée,  forme  le  vaste  pla- 

de  Foullouse,  à  194  d'altitude,  soit  88  m.  au-dessus  du  Rhône  ; 

îi«  (pib)^  très  morcelée,  atteint  au  Télégraphe  la  cote  347'  ^o^t 

^  m.  au-dessus  du  Rhône. 

^•*   Enfin,  j'ai  constaté  l'existence  à  Glun  et  au  pied  du  plateau  qui 
^t«nd  entre  les  Aiguilles  et  les  Robins  (rive  gauche  de  l'Isère) 
* 'iiic  terrasse  basse  de  7  à  8  m. 

1.  Repère  du  Séminaire  sur  la  route  de  Chabeuil,  146  m.  717.  La  nappe  de 
tiïlloQiis  s*élève  à  a  m.  plus  haut. 


34^       DE  LAMOTHK.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSEE  DES  VALLÉES       3  Juin 

En  résumé  les  environs  immédiats  de  Valence  offrent  nne  suc- 
cession de  terrasses  d*une  remarquable  netteté,  comparables  à  ce 
point  de  vue  à  la  série  de  Bàle  ou  à  celle  de  Tisser,  et  dont  les 
altitudes  par  suite  de  circonstances  particulières  peuvent  être 
déterminées  avec  une  rigoureuse  exactitude.  La  série  de  ces  ter- 
rasses est  donnée  par  le  tableau  ci-dessous  :  j'ai  placé  en  regard 
celle  de  la  carte,  pour  montrer  que  le  désaccord  ne  porte  en  réalité 
que  sur  l'individualité  des  terrasses  de  Romans  et  de  Valence. 


SÉRIE  DONNÉS 

par  la  Carte  géol.  détaillée 

pour  rensemble 

de  la  feaiUe  de  Valence 


Basse  terrasse  ou  terrasse 
de  Valence  i5-a5  m. 

Moyenne  terrasse  ou  ter- 
rasse de  Romans^  de 
40  à  5o  m.  au-dessus  du 
Rhône  et  de  Tlsère. 


Haute  terrasse  ou  ter- 
rasse du  Séminaire  de 
ao  ou  3o  m.  plus  élevée 
que  les  précédentes. 


Niveau  de  cailloutis  de 
90  m. 


Niveau   de  cailloutis  de 
i3o-i5o. 

Niveau  de  cailloutis   de 
aoo  m.  et  au-delà. 


SÉRIB    RÉSULTANT 

des    considérations 

qui  précèdent  dans  les 

environs  immédiats 

de  Valence 


Terrasse  de  7  à 8m.  àGlun, 
au  pied  des  Robins. 


Basse  terrasse  de  Valence 
de  91  m. .  au-dessus  du 
Rhône ,  ayant  pour 
équivalent  dans  T Isère 
la  terrasse  de  Romans 
(3a  m.  au-dessus  de 
l'Isère  à  Romans). 

Terrasse  du  Séminaire  de 
Valence  (45-46  m.  au 
dessus  du  Rhône),  ayant 
pour  équivalent  à  Ro- 
mans, la  terrasse  des> 
Bayanins  (53  m.  au-des- 
sus de  risère). 

Cailloutis  du  plateau  de 
FouUouse  à  88  m. 


l( 


Niveau  de  cailloutis   de 
i38  m. 


Obskrvations 


Les  deux  terrasses 
basses  sont  em- 
boîtées. 


On  verra  dans  le 
Chap.  IV  que 
cette  terrasse  est 
en  réalité  une 
moyenne  ter- 
rasse. 

Ce  niveau  corres- 
pond comme  on 
le  verra  à  la 
h**  terrasse  du 
Rhin  et  de  Tisser. 


Ce  niveau  n'est 
pas  représenté 
dans  les  envi- 
rons immédiats 
de  Valence. 


igoi 


DE  l'iSSER,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE 


343 


Chapitre  IY  .  —  Comparaison  des  résultats  et  conclusions 

En  relevant  par  vallée  et  en  disposant  dans  des  colonnes  paral- 
lèles toutes  les  terrasses  signalées  dans  les  chapitres  I  et  III, 
on  obtient  le  tableau  suivant  : 


vallAb 

VAIXiK 

09 

VAIXÉB 

N- 

DB 

DB  LA 

s  - 

DU  RUdNB 

des 

L*ISSBR 

MOSBLLB 

Ni 

< 

A  VALBNGB 

OBSERYATIONS 

NIVBAUX 

Plages 

Terrasses 

En 

amont 

de  Met2 

Pr«s 

de 

Trêves 

Q 

Série 
observée 

Série 
corrigée 
de  10  m. 

niveau 

aoo-9o5 

20O-905 

Traces  de 
caillou  tis 
jusqu'à 
200  m. 
au  dessus 
du    thal- 
weg 
actuel. 

2)00  m. 

eoTiroa' 

aao-aSo 

4 

aoo 

et 
au-delà 

• 

aoo 

et 
au-delà 

*    En   tenant 
compte  du  dépla- 
cemenljborixon- 
tal  du  niveau  de 
la  base  (chap.  1). 

'Altitude  très 
douteuse,      voir 
chapitre  III. 

a- 
niveau 

3- 
niveau 

135-145 
98-100 

i3o-i5o 

98-100 

Débris 
d'une 

l3o-l5o 
100 

i3o-i5o 
100 

i38 
88 

i48 

98 

*  Limites  rec- 
tifiées conformé- 
ment aux  indica- 
tions du  chapitre 
III;  celles  de  Grè- 
be étaient  de  40- 
50. 

4- 
niveau 

nappe  de 
100  m. 

*  Limites   in- 
certaines, plutôt 
un  peu  faibles. 

55 

00-07 

54-60 

45-56 
3 

56-6o 

45-46 

55-56 

5- 
niveau 

3o 

a8-3o 

3o 

3o 

1 

3i 

21 

3i 

6- 
niveau 

i5-i7 

15-16 

QO 

l5-20 

l5-20 

7-8 

17-18 

L'examen  de  ce  tableau  donne  lieu  à  diverses  observations 
et  conduit  à  des  conclusions  que  je  vais  développer. 

i«  Le  premier  fait  qui  se  dégage  de  Texamen  d'ensemble  de  ce 
tableau,  c'est  l'existence  dans  chacune  des  quatre  vallées  considé- 
rées, de  six  niveaux  de  cailloutis^  compris  à  très  peu  près  entre  les 
mêmes  limites  d'altitude  par  rapport  au  fond  des  vallées  actuelles. 

On  remarque  en  outre  qu'il  y  a  partout  deux  niveaux  au-dessus 
de  100  m.  et  quatre  entre  o  et  loo  m. 


344       ^^  LAMOTI1K.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES      3  ivil 

Ces  analogies  sont  d*autant  plus  frappantes  que  trois  des  valléet^  '^ 
appartiennent  à  des    bassins  indépendants,   tributaires  soit  d( 
r Océan,  soit  de  la  Méditerranée,  et  que  Tune  d'elles  est  séparée  < 
des  autres  par  la  large  dépression  méditerranéenne. 

a"*  Si  nous  procédons  à  Texamen  de  détail,  nous  voyons  que 
dans  les  trois  bassins  de  Tisser,  de  la  Moselle  et  du  Rhin,  il  y  a 
une  concordance  presque  parfaite  des  altitudes  des  cinq  niveaux 
les  plus  récents,  surtout  si  Ton  prend  comme  série  type  celle  des 
plages  de  Tisser  ou  celle  des  terrasses  dans  laquelle  on  a  effectué 
pour  le  3*  niveau  la  correction  de  5  m.  correspondant  au  dépla- 
cement horizontal  du  niveau  de  base.  La  concordance  est  particu- 
lièrement frappante  pour  les  niveaux  de  loo,  3o  et  i5-ao  m. 

Pour  le  niveau  de  5o-Go  m.  les  altitudes  minima  de  tons  les 
lambeaux  bien  conservés  sont  comprises  en  général  entre  54  et 
59  m.  Elles  tendent  peut-être  dans  la  haute  Moselle  à  dépasser 
légèrement  60  mètres,  ce  qui  est  conforme  aux  lois  que  j'exposerai 
dans  le  chapitre  V  ;  dans  la  basse  Moselle  les  nombres  trouvés 
sont  un  peu  plus  faibles  :  fait  qui  s*explique  naturellement  par 
cette  circonstance  que  les  cailloutis  observés  se  trouvent  sur  les 
flancs  d'une  vallée  étroite  et  profonde  où  ils  ont  été  très  dénudés, 
tandis  que  dans  la  haute  Moselle,  ils  couronnent  des  plateaux 
élevés,  où  ils  ont  été  protégés  contre  les  dénndations  par  le 
substratum  rocheux  (Archettes,  Tannières,  etc.). 

Le  !i«  niveau  (i3o-i5o  m.)  est  le  seul  dont  Texistence  pourrait 
faire  naître  quelques  doutes  en  raison  de  Técart  de  ao  m.  qui  existe 
entre  les  limites  qui  le  déOnissent.  Mais  on  ne  doit  pas  perdre  de 
vue  que  ce  niveau  par  suite  de  son  ancienneté  n'est  représenté 
que  par  des  lambeaux  très  dénudés.  Il  n'en  est  donc  que  plus 
remarquable  que  malgré  cette  cause  d'erreur,  les  différents  géolo- 
gues qui  ont  étudié  les  vallées  précitées  soient  arrivés  à  renfermer 
tous  ces  lambeaux  dans  des  limites  identiques,  et  en  définitive 
assez  resserrées,  aussi  bien  danç  Tisser  que  dans  le  Rhône,  la 
Moselle  ou  le  Rhin.  D'après  les  données  recueillies  dans  Tisser 
l'altitude  réelle  de  ce  niveau  a  dû  être  très  voisine  de  i4o-i45  m. 

En  ce  qui  concerne  le  i*'"  niveau,  les  écarts  constatés  doivent 
nécessairement  être  encore  plus  grands  que  pour  le  a**  niveau, 
soit  en  raison  de  sa  dénudation  plus  avancée,  soit  parce  que  le 
ppolil  d'équilibre  n'était  pas  encore  réalisé  ou  Tétait  avec  des 
pentes  notablement  plus  fortes  qu'aujourd'hui.  On  remarquera 
néanmoins  que  dans  presque  toutes  les  vallées  ce  niveau  semble 
voisin  de  200  m. 


igOI  DE  l'iSAKR,  de  la  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE 


345 


La  seule  anomalie  sérieuse  est  celle  que  présente  la  série  du 
Rhône,  et  elle  peut  paraître  d* autant  plus  grave  qu*elle  porte  sur 
tous  les  niveaux.  Mais  il  est  facile  de  montrer  qu*elle  est  seulement 
apparente. 

£n  comparant,  en  effet,  les  cinq  niveaux  les  plus  récents  du 
Rhône  avec  ceux  de  la  série  de  Tisser,  on  voit  que  Técart  des 
nombres  qui  les  définissent  est  constant  et  uniformément  égal  à 
10  m.  environ. 

Si  donc  Ton  augmente  de  10  m.  chacun  de  ces  nombres  on 
obtient  la  série  suivante  :  17-18  m.,  3i  m.,  55-56  m.,  98  m.,  148  m., 
qui  concorde  d'une  façon  aussi  parfaite  qu*on  peut  le  souhaiter 
avec  celle  de  Tisser. 

Cet  écart  constant  entre  les  deux  séries  est  la  conséquence  de 
Tétat  actuel  du  profil  longitudinal  du  Rhône  à  Valence,  comme  le 
montre  la  figure  10,  établie  à  Taide  des  documents  que  le  service 
des  Ponts  et  Chaussées  a  bien  voulu  me  communiquer. 


maS"*     Sa.;       u^'iS.^'tLg 


Pig.  10.  —  Profil  longitudinal  du  Rhône  entre  la  mer  et  Lyon  (Etiage).  — 
Echelle  :  des  hauteurs  i  millim.  pour  8  mètres  ;  des  longueurs  i  millim. 
pour  2  kilomètres. 


On  voit  sur  cette  figure  que  le  lit  du  fleuve,  malgré  la  faiblesse 
de  ses  pentes,  présente  encore  entre  Pont-Saint-Esprit  et  Lyon 
un  bombement  sensible  dont  Teflet  doit  être  nécessairement  4® 
diminuer  toutes  les  altitudes  relatives  des  anciennes  terrasses.  A 
Valence,  la  valeur  de  cette  diminution  peut  avec  une  très  grande 
probabilité  être  évaluée  à  une  dizaine  de  mètres. 

Si  le  Rhône  régularisait  son  lit  et  établissait  la  continuité  des 
pentes  entre  la  mer  et  le  confluent  de  l'Ain,  ce  bombement  dispa- 
raîtrait, le  lit  suivrait  à  peu  près   le  tracé  marqué  en  pointillé  et 


346       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLBBS       3  Juîll 

lès  altitudes  relatives  de  toutes  les  terrasses  des  environs  immé- 
diats de  Valence  se  trouveraient  augmentées  de  lo  m. 

Cet  état  actuel  du  lit  provient-il  de  ce  que  }e  Rhône  n'a  pas 
encore  atteint  son  profil  d'équilibre,  ou  bien  est-il  dû  à  ce  que  ce 
profil,  après  avoir  été  atteint,  a  été  ultérieurement  modifié  par  les 
cônes  de  déjection  des  rivières  torrentielles,  telles  que  la  Drôme 
et  r Isère  ?  La  deuxième  hypothèse  me  parait  de  beaucoup  la  plus 
vraisemblable,  mais  je  ne  puis  actuellement  trancher  cette  ques- 
tion faute  de  documents. 

En  résumé,  en  effectuant  dans  la  série  du  Rhône  une  même 
confection,  justifiée  par  Tétat  du  profil  du  fleuve,  on  la  rend 
entièrement  comparable  aux  trois  autres,  et  Ton  peut  dès  lors 
considérer  la  série  des  terrasses  des  quati*e  vallées  étudiées 
comme  rigoureusement  concordante. 

3°  La  répartition  des  limons  offre  également  des  analogies 
remarquables.  Dans  le  Rhin  et  Tisser,  des  limons  d'un  caractère 
particulier,  nettement  différents  des  limons  actuels,  enveloppent 
la  zone  comorise  entre  les  niveaux  de  loo  et  de  3o  m.  :  ils  font 
défaut  sur  ce  dernier  ;  dans  la  Moselle  des  limons  argileux  cou- 
vrent le  niveau  de  5o-6o  m.  (haute  Moselle)  et  accidentellement 
celui  de  loo  m.  ;  ils  semblent  faire  défaut  ou  être  très  réduits  sur 
le  niveau  de  3o  m.  Dans  le  Rhône,  près  de  Valence,  on  constate 
également  l'absence  des  limons  sur  la  basse  terrasse,  et  leur 
présence  sur  le  niveau  de  90  m.  (plateau  au  sud  de  Valence). 

4^  On  ne  peut  évidemment  attribuer  au  hasard  des  coïnci- 
dences aussi  remarquables,  qui  portent  à  la  fois  sur  le  nombre 
des  niveaux  et  sur  les  altitudes  relatives  de  la  plupart  d'entre 
eux.  Il  n*est  pas  davantage  possible  d'admettre  que  les  observa- 
tions des  divers  auteurs  ont  été  plus  ou  moins  influencées  par 
celles  de  leurs  devanciers.  A  l'époque  où  j'ai  rédigé  ma  note  sur 
risser,  je  n'avais  pas  encore  eu  l'occasion  d'étudier  les  travaux 
de  Grèbe,  ni  ceux  de  du  Pasquier,  et  les  divergences  réelles  ou 
apparentes  qui  existent  entre  les  résultats  obtenus  par  Grèbe. 
d}i  Pasquier  et  M.  Depéret  prouvent  la  complète  indépendance 
des  recherches  de  ces  géologues. 

On  est  donc  nécessairement  amené  à  conclure  quune  seule 
et  même  cause,  agissant  simultanément  et  de  la  même  façon 
dans  les  bassins  précités  a  déterminé  la  formation  des  nappes 
alluviales  et  des  terrasses.  Cette  cause  n'a  certainement  jpas  agi 
à  raiiionl  de  la  zone  occupée  par  les  terrasses,  comme  du  Pas- 


I9OI  DB  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  347 

qnier  a  tenté  de  le  prouver  pour  la  vallée  du  Rhin.  L'absence 
de  toute  trace  d'anciens  glaciers  dans  la  vallée  de  Tisser,  leur 
présence  très  douteuse  dans  le  bassin  de  la  Moselle,  en  tous  cas 
limitée  au  voisinage  des  crêtes  et  aux  parties  hautes  des  vallées  ^ 
constitueraient  déjà  des  objections  sérieuses.  Mais,  même  en 
admettant  la  réalité  de  ces  anciens  glaciers,  leur  intervention 
dans  la  formation  des  terrasses  soulèverait  de  nombreuses  difli- 
cnltés.  J*examinerai  dans  le  chapitre  V  celles  qui  se  rapportent 
au  mécanisme  même  de  cette  intervention,  tel  que  l'ont  exposé 
du  Pasquier,  Penck  et  Brùckner  2,  et  je  me  bornerai  ici  à  faire 
remarquer  qu'il  est  impossible  dans  cette  hypothèse,  de  concevoir 
comment  des  glaciers  issus  de  massifs  aussi  diflerents  à  tous 
les  points  de  vue  (altitude,  superficie,  nature  des  roches,  etc.) 
que  les  massifs  du  Djurdjura,  du  Dira,  des  Vosges  et  des  Alpes 
occidentales,  auraient  pu  cependant  déterminer  dans  les  vallées 
correspondantes  le  même  nombre  d*altcmatives  d'érosion  et  de 
remblai,  se  traduisant  finalement  par  la  formation  de  terrasses 
étagées  situées  aux  mêmes  altitudes  relatives,  les  unes  au  voisi- 
nage immédiat  de  l'embouchure,  les  autres  au  pied  même  des 
massifs  à  plusieurs  centaines  de  kilomètres  de  cette  embouchure  ^. 

Ainsi,  on  ne  peut  douter  que  la  cause  qui  a  produit  les  nap- 
pes alluviales  et  les  terrasses  a  dû  nécessairement  ag^r  à  Taval 
de  celles-ci,  et  il  est  dès  lors  impossible  d'en  imaginer  une  autre 
que  Toscillation  verticale  du  niveau  de  base.  Je  rappellerai,  en 
effet,  brièvement,  que,  dans  mon  mémoire  sur  Tisser,  j'ai  démontré 
que  Thypothèse  de  déplacements  exclusivement  horizontaux 
était  inacceptable  en  raison  de  la  configuration  même  de  la  côte 
et  des  relations  qui  existent  à  Tembouchure  de  Tisser  entre  les 
plages  et  les  terrasses  •.  D'autre  part,  Thypothèse  de  mouvements 
verticaux  exclusivement  négatifs,  est  inconciliable  avec  le  fait 

1.  de  Lamothe.  Op.  cit.,  1897,  p.  4'i^  et  ^33. 

2.  Pbnck,  du  Pasquier  et  BrCckner.  Le  Système  glaciaire  des  Alpes,  1^. 

3.  Je  crois  devoir  rappeler  que  dans  une  note  récente  (B,  S,  G.  F.,  (3), 
XXVni,  p.  ioq4)  où  il  a  réfuté  très  nettement  Tar^j^nient  du  surcreuse- 
ment, invoqué  en  faveur  de  la  théorie  de  Térosion  glaciaire,  M.  Kilian  a 
appelé  Tattention  sur  Tintérèt  qu'il  y  aurait  à  rechercher  dans  quelle  nie- 
snre  les  déplacements  du  niveau  de  base  ont  pu  se  répercuter  dans  les  val- 
lées alpines,  et  combiner  leurs  elTets  avec  ceux  résultant  des  oscillations 
des  glaciers.  Pour  M.  Kilian,  il  est  impossible  d'attribuer  aux  glaciers  les 
creaseraents  successifs  de  certaines  vallées,  et  l'intervention  d'une  cause 
agissant  de  Taval  vers  Tamont,  lui  parait,  dans  certains  cas,  s'accorder  beau- 
coup mieux  avec  les  faits  observés. 

4.  de  Lamothb.  Op,  cit  ^  1899,  p.  284  et  090. 


348       DK  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DK  TERRASSES  DES  VALLÉES       3  Juîn 

que  les  nappes  alluviales  présentent  à  Tembonchure  même  des 
épaisseurs  considérables,  car  il  est  impossible  de  concevoir, 
sans  faire  intervenir  des  mouvements  positifs,  comment  le  fleuve 
aurait  pu  d'abord  creuser  son  lit  très  au-dessous  du  niveau  de  la 
mer,  et  ensuite  le  remblayer. 

5»  On  doit  par  conséquent  considérer,  sinon  comme  rigoureu- 
sement démontré,  du  moins  comme  extrêmement  probable,  qne 
la  formation  des  terrasses  dans  les  trois  bassins  du  Rbin,  du 
Rhône  et  de  Tisser,  est  exclusivement  due  à  une  succession 
d'oscillations  verticales  qui  ont  aflecté  simultanément  et  de  la 
même  façon  les  niveaux  de  base  de  ces  trois  bassins. 

Ces  oscillations  alternativement  positives  et  négatives  ont 
déterminé  dans  chacun  des  bassins  pi^écités  des  phénomènes 
alternatifs  de  remblayage  et  d'érosion,  le  remblayage  corres- 
pondant aux  mouvements  positifs,  l'érosion  aux  mouvements 
négatifs. 

Si  Ton  prend  comme  base  les  données  résultant  de  Fétude  de 
risser,  puisque  les  phénomènes  ont  été  identiques  dans  tous  les 
bassins,  on  voit  que  la  plus  ancienne  phase  de  remblai  dont  on 
puisse  encore  observer  des  traces  distinctes  correspond  à  une 
époque  où  les  cours  d*eau  coulaient  à  aoo  m.  au  moins  au-dessus 
des  thalwegs  actuels  ^ 

D'après  l'épaisseur  des  cailloutis  de  ce  niveau  dans  la  vallée 
du  Rhin  *,  on  peut,  je  crois,  admettre  proçisoirement  que  ce  rem- 
blai avait  été  précédé  d'un  creusement  qui  avait  approfondi  les 
vallées  jusqu'à  une  altitude  de  i5o  m.  environ  par  rapport  au 
thalweg  actuel. 

A  partir  du  remblai  de  !20o  m.  jusqu'à  l'époque  actuelle,  le 
creusement  des  vallées  s*est  opéré  par  étapes  successives,  au 
nombre  de  six,  séparées  par  des  périodes  de  remblayage.  Chaque 
phase  d*érosion  a  amené  le  thalw^eg  à  un  niveau  plus  bas  que 
celui  qu'il  avait  atteint  à  la  fin  de  la  période  d*érosion  précédente, 
chaque  phase  de  i^emblai  Ta  relevé  d'une  quantité  plus  faible  que 
celle  dont  il  s'était  abaissé. 

Ces  alternatives  d'érosion  et  de  remblayage  se  sont   succédé 

I  II  n*est  nullement  impossible  qu'il  y  ait  eu  des  nappes  de  cailloutis  plus 
anciennes,  contemporaines  de  la  lin  du  Pliocène  marin  ou  dti  commencement 
du  Pliocène  supérieur  :  les  galets  de  Sidi-Féredj  et  des  pentes  de  Douzaréah 
signalés  dans  ma  note  sur  Tisser  représentent  peut-être  les  débris  des  plages 
correspondantes. 

2.  5o  m.  euA-iron  à  rirchel.  —  Voir  Gutzwillrr.  Op.  cit.  p.  6x3, 


igOI  DB  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  349 

comme  Findique  le  diagramme  de  la  fîg.  s,  diagramme  qui  a  été 
établi  pour  Tisser,  mais  qui,  pour  les  raisons  exposées,  s'appli- 
que entièrement  aux  autres  bassins  *. 

Ualtitude  du  thalweg  à  la  fin  de  chaque  remblayage  est  donnée 
par  les  maxima,  celle  de  la  fin  de  chaque  période  d'érosion  est 
donnée  par  les  minima.  Les  maxima  sont  pour  la  plupart  exac- 
tement connus  ;  quelques-uns  des  minima  sont  incertains,  par 
suite  de  Tignorance  dans  laquelle  nous  sommes  de  l'épaisseur 
réelle  des  nappes  alluviales  correspondantes  :  le  seul  minimum 
dont  la  position  soit  bien  déterminée  est  celui  qui  a  précédé  la 
formation  de  la  haute  terrasse  ;  il  est  dans  Tisser,  à  environ  63  m. 
au-dessus  du  thalweg  actuel,  en  tenant  compte  du  déplacement 
horizontal  du  niveau  de  base.  La  i)ortion  du  tracé  correspondant 
aux  phénomènes  qui  se  sont  accomplis  après  le  niveau  de  i5-2om. 
a  été  laissée  en  pointillé  :  il  est  en  ellet  très  difiicile  de  décider 
si  Tétat  actuel  qui  parait  caractérisé  partout  par  la  stabilité 
absolue  du  niveau  de  base  correspond  à  un  minimum  ou  à  un 
maximum;  en  d'autres  termes,  si  nous  sommes  à  la  fin  d'une 
phase  d'érosion  ou  d'une  phase  de  remblai.  Comme  je  Tai  déjà 
dit,  cette  dernière    hypothèse  me  parait  la  plus  vraisemblable. 

Les  mouvements  positifs  semblent  avoir  été  extrêmement  lents, 
ainsi  que  je  Tai  démontré  pour  Tisser  -.  En  ce  qui  concerne  les 
mouvements  négatifs,  Tisser  ne  fournit  aucune  indication  précise  ; 
mais  on  peut,  je  crois,  conclure  de  Vintégrité  transversale  com- 
plète des  nappes  alluviales  du  seuil  de  Dounoux  et  d'Alixan,  que 
le  mouvement  négatif  qui  a  suivi  leur  formation  n'a  pas  été 
instantané,  ni  même  très  rapide.  S'il  en  avait  été  autrement,  la 
Moselle  et  le  Rhin  auraient  eu  le  temps  de  se  creuser  un  chenal 
plus  ou  moins  profond  dans  la  direction  qu'ils  suivaient  au 
moment  où  le  mouvement  s'est  produit. 

L'ensemble  de  ces  faits  indique  en  outre  que  le  temps  qui  s'est 
écoulé  entre  la  formation  des  eailloutis  de  200  m.  et  l'époque 
actuelle  a  dû  être  extrêmement  considérable. 

Enfin,  il  semble  que  dans  les  trois  bassins,  il  n'y  a  pas  eu  de 
déplacement  horizontal  du  niveau  de  base  pendant  les  mouvements 
positifs,  en  d'autres  termes,  que  les  embouchures  à  la  fin  de  ces 
mouvements,  se  sont  retrouvées  à  peu  près  sur  la  même  verticale, 
du  moins  pour  les  niveaux  compris  entre  o  et  100  m.,  et  peut-être 
aussi   pour  celui   de   i3o-i5o  ni.   Nous  verrons  en   elfet   dans  le 

I.  Voir  aussi  le  tableau  synoptique  placé  à  la  lin  de  ce  chapitre, 
a.  Voir  Chapitre  I. 


35o       DE  LAMOTHB.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALL^SS       3  Juill 

chapitre  Y  que  des  déplacements  horizontaux  un  peu  considé- 
rables auraient  nécessairement  modifié  les  intervalles  des  terrasses 
successives. 

60  La  concordance  des  variations  du  niveau  de  base  entre  des 
bassins  dont  les  embouchures  sont  aussi  éloignées  et  indépen- 
dantes, ne  peut  s'expliquer  dans  Thypothèse  de  mouvements  pro- 
pres de  la  lithosphère.  Je  Tai  déjà  fait  ressortir  dans  mon  mémoire 
sur  risser,  en  ce  qui  concerne  la  côte  algérienne  ^  et  Timpossi- 
bilité  est  encore  plus  évidente  dans  le  cas  présent.  Il  est  déjà  bien 
difficile,  en  effet,  d'imaginer  qu  une  zone  de  l'écorce  terrestre 
aussi  hétérogène  que  celle  qui  comprend  les  bassins  du  Rhin,  du 
Rhône  et  de  Tisser,  zone  dont  les  différents  compartiments  ont,  à 
des  époques  variées,  joué  d'une  façon  indépendante,  ait  pu  pen- 
dant le  Pliocène  supérieur  et  le  Pleistocène,  sur  une  étendue  qui 
embrasse  i5^  de  latitude,  éprouver  des  mouvements  synchroniques, 
d'amplitudes  rigoureusement  concordantes.  Cette  supposition 
paraîtra  encore  plus  inadmissible,  si  Ton  réfléchit  que  cette  zone 
est  séparée  en  deux  parties  par  la  fosse  méditerranéenne. 

On  est  ainsi  amené  à  attribuer  exclusivement  les  variations  du 
niveau  de  base  à  des  oscillations  de  la  masse  océanique,  c'est-à- 
dire  à  ces  mouvements  généraux  que  M.  Suess  a  qualifiés  (Teusta- 
tiques,  et,  comme  conséquence,  à  admettre  que  la  plus  grande 
partie  de  la  surface  occupée  par  les  bassins  du  Rhin,  du  Rhône, 
de  risser  et  une  notable  portion  du  littoral  ont  fait  partie  pendant 
le  Pliocène  supérieur  et  le  Pleistocène  d'une  zone  relativement  fixe 
de  la  lithosphère.  Je  dis  la  plus  grande  partie,  parce  qu'en  réalité 
la  conclusion  n'exclue  nullement  la  possibilité  de  mouvements 
locaux,  tels  que  ceux  qui  ont  peut-être  déterminé  la  formation  par 
effondrement  des  grands  lacs  alpins,  l'affaissement  relativement 
lent  de  la  plaine  du  Rhin  en  aval  de  Bâle  et  de  celle  de  la  Bresse  ^, 
ou  celui  de  portions  plus  ou  moins  étendues  le  long  de  certaines 
lignes  de  rivage. 

7^  Du  moment  où  les  variations  du  niveau  de  base  sont  dues  à 
des  mouvements  eustatiques,  il  semble  évident  que  l'on  doit  sur 
d'autres  parties  du  globe,  retrouver  des  traces  d'anciennes  plages 
et  de  systèmes  do  terrasses,  dont  les  altitudes  relatives  et  les 
intervalles  concordent  avec  ceux  observés  dans  Tisser,  sous  les 
réserves  toutefois  qui  seront  indiquées  dans  le  chapitre  V. 

I.  de  Lamothk.  Op.  vit  ,  p.  3(X). 

a.  Voir  Delafont  et  Dupbret.  Les  terrains  tertiaires  de  la  Bresse. 


I9OI  DE  L*ISSERi  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU^RHÔNE  SSl 

Je  sois  fermement  convaincu  que  le  jour  où,  grâce  à  la  multi- 
plicité des  observations,  Ton  parviendra  à  éliminer  des  données 
concernant  les  anciennes  plages,  les  écarts  attribuables  aux  ma- 
rées, et  où  des  cartes  à  grande  échelle  et  des  procédés  de  mesure 
rigoureux  permettront  de  déterminer  avec  précision  les  altitudes 
relatives  des  plages  et  des  terrasses,  on  constatera  sur  un  grand 
nombre  de  points  Texistence  de  systèmes  de  plages  et  de  terrasses 
identiques  à  ceux  de  Tisser.  A  ce  point  de  vue,  la  succession  des 
anciennes  plages  de  la  baie  Murray  que  j*ai  citée  dans  le  chapitre 
II  est  un  indice  qui  mérite  de  ne  pas  être  négligé.  Mais  il  impoii;e 
aussi  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  la  stabilité  d'une  zone  plus  ou 
moins  étendue  de  la  lithosphère  pendant  le  Pliocène  supérieur  et 
le  Pleistocène  n'implique  pas  nécessairement  celle  des  zones 
voisines,  et  qu'un  grand  nombre  de  faits  semblent  même  indiquer 
que  certaines  régions  de  cette  lithosphère  ont  subi  pendant  les 
mêmes  périodes  des  mouvements  propres  dont  les  effets  se  sont 
superposés  à  ceux  des  mouvements  eustatiques,  et  ont  dû  modifier 
dans  ces  régions  les  intervalles  et  même  le  nombre  des  terrasses 
et  des  plages. 

Si,  comme  je  Tespère,  les  conclusions  de  ce  mémoire  sont  con- 
firmées dans  l'avenir,  on  disposera  pour  les  recherches  que  je 
viens  d'indiquer,  d'une  série  type  de  plages  et  de  terrasses  établies 
SOT  des  données  rigoureuses,  à  laquelle  on  pourra  rapporter  toutes 
les  observations,  et  qui  permettra  par  comparaison,  de  déterminer 
les  compartiments  de  la  lithosphère  qui  sont  restés  relativement 
fixes  pendant  les  périodes  précitées  et  ceux  qui  ont  éprouvé  des 
mouvements  propres.  Dans  le  prochain  chapitre,  j'indiquerai 
quelques  règles  pratiques  qui  pourront  servir  de  guide  pour  ces 
études  comparatives. 

La  série  type  de  Tisser  pourra,  en  outre,  être  utilisée  comme  une 
sorte  de  table  ou  d'échelle  chronologique^  du  moins  pour  les 
régions  qui  ont  été  aifectées  de  la  même  façon  par  les  mouvements 
eustatiques  ;  elle  permettra  d'assigner  des  dates  comparables  à 
tous  les  événements  importants  que  Ton  pourra  rattacher  à  des 
terrasses  ou  à  des  plages  déterminées. 

J'ai  essayé,  dans  le  tableau  qui  termine  ce  chapitre,  de  le  faire 
pour  quelques-uns  des  phénomènes  de  capture  dont  la  vallée  de  la 
Moselle  a  été  le  théâtre,  phénomènes  dont  j'avais  déjà  parlé  dans 
ma  note  de  1897  ;  j'espère  être  en  mesure  bientôt  de  le  tenter  pour 
des  phénomènes  analogues  plus  compliqués^  qui  se  sont  produits 
dans  d'autres  bassins. 


35j     de  lamothe.  —  systèmes  de  terrasses  des  vallées     3  Joia 

8^  Age  des  terrasses  et  des  plages.  Leur  désignation,  — 
Les  graviers  des  basses  terrasses  du  Rhône  et  de  la  Moselle, 
et  la  plage  de  iS-i^  m.  en  Algérie,  sont,  en  dehors  des  limons  et 
du  loess,  les  seules  alluvions  qui  jusqu'à  présent  aient  fourni  des 
débris  de  Vertébrés.  La  faune  est  caractérisée  dans  le  Rhin  et  la 
Moselle  par  Elephas  primigenius  et  Rhinocéros  tichorinus,  en 
Algérie,  par  EL  Yolensis  ^ 

L^absence  de  tout  débris  de  Vertébrés  dans  les  moyenne  et  haute 
terrasses  et  dans  le  Deckenschotter  ne  permet  pas  de  déterminer 
leur  âge  d'une  façon  précige. 

En  se  basant  sur  des  analogies  de  position,  d'ailleurs  très  discu- 
tables, du  Pasquier  a  admis,  avec  réserve  il  est  vrai,  que  la  haute 
terrasse  était  caractérisée  par  EL  antiquus  et  le  Deckenschotter 
par  EL  meridionalis  ;  il  a  par  suite  classé  ce  dernier  dépôt  dans 
le  Pliocène  supérieur,  et  la  haute  terrasse  dans  le  Pleistocène  -. 

M.  Gutzwiller  a  rangé  au  contraire  tous  les  niveaux  decailloutis 
dans  le  Pleistocène,  en  admettant  toutefois  que  les  plus  élevés  du 
Sundgau  pouvaient  correspondre  à  la  partie  la  plus  récente  du 
Pliocène  supérieur. 

Dans  risser,  ainsi  que  je  l'ai  rappelé  dans  le  premier  chapitre 
de  ce  mémoire,  j'ai  été  amené,  en  m'appuya nt  sur  des  considéra- 
tions d*un  ordre  tout  à  fait  différent,  à  classer  dans  le  Pliocène 
supérieur  les  deux  plus  anciens  niveaux  (qoo-qoS  et  i3o-i5o  m.) 
et  dans  le  Pleistocène  les  quatre  terrasses  de  loo  m.,  SS-Sj  m., 
3o  m.  et  i5-i7  m. 

Cette  classification  concordant  avec  celle  de  du  Pasquier  pour  le 
Rhin,  je  crois  que  Ton  peut  sans  inconvénient  et  à  titre  proçi- 
soire  la  conserver,  en  l'étendant  aux  vallées  de  la  Moselle  et  du 
Rhône. 

J  admettrai  donc  que  dans  toutes  les  vallées  étudiées  dans  ce 
mémoire,  les  deux  niveaux  plus  anciens  que  celui  de  loo  m.  font 
partie  du  Pliocène  supérieur,  tandis  que  les  quatre  autres  font 
partie  du  Pleistocène.  Le  niveau  de  loom.  pourrait  par  suite  être 
dii^i^elQ  hante  terrasse,  celui  de  5o-6o  m.  moyenne  terrasse'^  les 
deux  niveaux  de  3o  et  i5-ao  m.  constitueraient  les  basses  terrasses. 

Je  ne  cacherai  pas  toutefois  que  ces  qualificatifs  offrent  le  grand 
inconvénient  d'être  susceptibles  de  varier.  Si,  par  exemple,  les 
idées  de  M.  Gutzwiller  étaient  confirmées  par  la  paléontologie, 
le  niveau  de  loo  m.  cesserait  d'être  le  plus  élevé  du  Pleistocène» 

I.  de  Lamothe.  Note  de  1899,  p.  087. 

a.  du  Pasquieh.  Diejluviogl,,  p.  67  et  99  et  seq.  — /.««  ail.  glaciaires,  p.  66. 


IgÛI  DB  L*IS8BR,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RhAnE  SSà 

et  ron  ne  voit  pas  dès  lors  comment  on  pourrait  loi  maintenir  la 
qualification  de  haute  terrasse. 

Il  serait  donc  plus  logique  de  renoncer  à  ces  qualifications  et 
de  désigner  les  niveaux  d'après  leur  altitude  relative.  C'est  la 
solution  que  j*ai  adoptée  dans  le  tableau  synoptique  ci-après. 

g^  Les  conséquences  auxquelles  nous  sommes  arrivés  conduisent 
à  rejeter  déflnitivement  les  deux,  théories  qui  ont  tenté  jusqu'à 
présent  d'expliquer  la  formation  des  terrasses,  et  que  je  vais 
rappeler  sommairement. 

La  plus  ancienne,  qui  a  été  soutenue  par  Hitchcok,  Rûtimeyer, 
Mûhlberg,  etc.,  envisageait  les  terrasses  comme  le  produit  de 
l'érosion  par  les  eaux  d'uoe  puissante  nappe  de  comblement 
préexistante  ;  elles  étaient  la  résultante  de  deux  actions  simulta- 
nées :  d'une  part  l'oscillation  périodique  du  thalweg  de  part  et 
d'autre  de  Taxe  idéal  de  la  vallée,  conséquence  nécessaire  des  lois 
de  l'hydraulique,  d^autre  pai*t,  l'abaissement  vertical  de  ce  même 
thalweg  par  suite  de  l'é^^osion.  Cette  théorie  a  été,  en  ce  qui  con- 
cerne le  Rhin,  réfutée  avec  une  grande  netteté  par  du  Pasquiér  ^  et 
tout  ce  qui  précède  montre  qu'elle  est  également  inconciliable  avec 
les  faits  observés  dans  Tisser,  le  Rhône  et  la  Moselle  ^. 

En  même  temps  qu'il  réfutait  les  idées  de  Mûhlberg,  du  Pasquiér 
attribuait  la  formation  des  terrasses  et  des  nappes  aUuviales  de  la 
vallée  du  Rhin  aux  oscillations  des  glaciers.  Je  reviendrai  dans  le 
prochain  chapitre  sur  le  mécanisme  de  cette  théorie,  et  j'en  mon- 
trerai les  difficultés  et  les  contradictions.  Je  me  bornerai  donc  ici 
à  rappeler  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  c'est  que  la  concordance  des 
systèmes  de  terrasses  dans  des  bassins  aussi  différents  à  tous  les 
points  de  vue  que  ceux  étudiés  dans  cette  note,  exclut  la  possibilité 
d'une  origine  commune  en  rapport  avec  des  phénomènes  qui  se 
seraient  produits  à  l'amont  de  ces  terrasses. 

On  doit  également  admettre  comme  conséquence  de  ce  qui 
précède,  que  contrairement  aux  idées  de  du  Pasquiér,  il  existe  dans 

f .  du  Pasquiér.  Die  fliwioglacialen,  p.  3S  et  seq. 

a.  Je  crois  devoir  faire  remarquer  toutefois  que  si  In  théorie  précitée  ne 
permet  pas  d*expliquer  la  formation  des  terrasses  régulières,  elle  s^applique 
très  bien  à  la  formation  pendant  la  période  d'érosion,  de  ces  plateformes 
inclinées  rocheuses,  disposées  par  étages  dans  certaines  vallées  (Moselle, 
Doubs,  etc.)  où  elles  supportent  souvent  des  cailloutis.  11  n'est  pas  douteux, 
en  outre,  qu'un  certain  nombre  de  petites  terrasses  accidentelles,  comme 
on  en  rencontre  dans  toutes  les  vallées,  ne  doivent  leur  existence  aux  causes 
signalées  par  Miihlberg  et  ses  prédécesseurs,  c'est-à-dire  à  l'érosion  d'un 
remblai  préexistant. 

6  Octobre  1901.  —  T.  1*^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  23 


354       ^B  LAMOTâB.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

le  Rhin,  à  Bâle  même,  de  même  que  dans  l'Isser,  le  Rhône  et  la 
Moselle,  une  moyenne  teirasse  bien  distincte  de  la  hante,  dans 
laquelle  elle  n'est  pas  emboîtée.  Cette  moyenne  terrasse  serait 
représentée  par  les  lambeaux  que  M.  Gutzwiller  a  désignés  sous 
le  nom  de  gradin  inférieur  de  la  haute  terrasse  '.  En  outre,  il  n*y 
a  pas  eu  creusement  de  la  totalité  de  la  vallée  avant  la  formation 
de  la  nappe  de  loo  m.  ;  ce  creusement  a  dû  s*arréter  à  une  soixan- 
taine de  mètres  au-dessus  du  thalweg  actuel. 

Théorie  do   du  Pasquier  Théorie  déduite  de  I  étude  de  lisser 


Kig.  II.  —  Schéma  indiquant  comparatiyement  les  analogies  et  les  différences 
de  la  théorie  de  du  Pasquier  et  de  celle  déduite  de  l'étude  de  lisser. 

J'ai  cherché  dans  la  figure  ii  à  représenter  d*une  façon  schéma- 
tique la  formation  des  vallées  dans  les  idées  de  du  Pasquier  et 
dans  la  théorie  que  je  viens  d'exposer.  On  pourra  saisir  ainsi  plus 
facilement  les  rapports  et  les  diflTérences  des  deux  théories. 

lo""  Le  tableau  synoptique  ci-après  permet  d'embrasser  d'un 
seul  coup  d'œil  les  résultats  énoncés  dans  les  chapitres  précédents  ; 
j'ai  en  outre  indiqué  dans  la  dernière  colonne  les  glaciations  corres- 
pondant aux  terrasses,  telles  que  les  admet  M.  Gutzwiller. 

Ainsi  qu'on  le  verra  dans  le  chapitre  V,  la  théorie  de  du  Pas- 
quier, comme  la  mienne  d'ailleurs,  conduit  à  admettre  autant  dé 
glaciations  que  de  terrasses  régulières.  H  devrait  donc,  logique- 
ment, exister  une  glaciation  correspondant  à  la  moyenne  terrasse, 
et  une  autre  à  la  terrasse  de  iS-qo  m.,  l'individualité  de  ces  deux 
terrasses  n'étant  pas,  je  crois,  contestable.  Le  fait  que  l'on  n'a  pas 
signalé  jusqu'à  présent  les  débris  de  leurs  moraines  n'est  pas  une 
preuve  décisive  contre  cette  conclusion,  car  les  recherches  n'ont 
guère  été  dirigées  dans  cet  ordre  d'idées.  Il  suffirait  d'ailleurs,  en 
ce  qui  concerne  la  glaciation  de  la  moyenne  terrasse,  que  la  durée 
du  maximum  ait  été  courte  et  que  la  position  des  moraines  termi- 

I.  Voir  à  ce  sujet  :  Gutzwiller.  Op.  cit.,  p.  671  et  seq. 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  355 

nales  ait  été  peu  différente  de  celle  des  moraines  de  la  glaciation 
suivante  pour  qu'il  y  ait  fort  peu  de  chances  d'en  retrouTcr  les 
traces.  En  ce  qui  concerne  la  glaciation  de  la  terrasse  de  i5-!2om. 
on  remarquera  que  ses  limites  extrêmes  étant  en  amont  des 
moraines  internes,  se  sont  trouvées  le  plus  souvent  en  amont  de 
la  zone  du  profil  d'équilibre,  où  se  forment  les  terrasses  régulières. 
Ses  rapports  de  position  et  d'âge  avec  les  terrasses  doivent  donc 
être  très  incertains  et  difficiles  à  établir  dans  la  plupart  des  cas. 

Les  considérations  développées  dans  le  chapitre  V  élucideront 
les  points  douteux  et  serviront  également  de  réponse  aux  diverses 
objections  que  soulève  la  théorie  exposée  dans  ce  mémoire. 

Je  n'ai  pas  cru  devoir  faire  mention  du  loess  ;  sa  formation 
n'est  pas  nécessairement  liée  à  celle  des  terrasses,  et  d'autre  part, 
les  circonstances  qui  l'ont  accompagnée  sont  encore  trop  obscures 
pour  qu'il  soit  possible  d'essayer  de  les  interpréter  dans  la  théorie 
des  oscillations  du  niveau  de  base. 


Chapitre  Y.  —  Considérations  théoriques 
sur  la  formation  des  terrasses  et  sur  leurs  relations 

avec  les  glaciers 

L'étude  comparative  des  anciennes  terrasses  a  porté  presque 
exclusivement  sur  des  portions  de  vallées  où  les  pentes  actuelles 
des  cours  d'eau  sont  très  faibles,  où  non  seulement  le  profil 
d'équilibre  peut  être  considéré  comme  à  peu  près  atteint,  mais 
encore  où  tout  semble  indiquer  que  ce  profil  était  déjà  réalisé  à 
ime  époque  très  ancienne.  C'est  grâce  à  cette  circonstance,  due 
en  partie  au  hasard,  que  les  comparaisons  ont  été  faciles,  les  con- 
cordances d'une  netteté  saisissante,  et  les  conclusions  précises.  Il 
est  certain,  en  effet,  que  si  j'avais  eu  à  comparer  des  données 
obtenues  dans  des  régions  où  l'évolution  a  été  très  différente  sui- 
vant les  vallées,  et  où  les  pentes  des  cours  d*eau  ont  subi  pendant 
cette  évolution  des  variations  analogues  à  celles  observées  dans 
l'Isère,  il  m'eut  été  très  probablement  impossible  d'en  tirer  parti 
et  de  saisir  les  relations  existantes  entre  les  systèmes  de  terrasses. 

Il  m'a  donc  paru  que,  sans  entreprendre  une  étude  complète  des 
lois  qui  régissent  la  formation  des  terrasses,  étude  qui  exigerait 
un  temps  et  des  matériaux  dont  je  ne  dispose  pas  actuellement,  il 
pourrait  être  utile,  pour  les  recherches  ultérieures,  de  mettre  en 
évidence  le  mécanisme  probable  de  cette  formation  et  surtout  de 
faire" ressortir  rinffuence  que  les  circonstances  accessoires  (dépla- 


Tablaau  «yncq^tiqiw  H 


l 

u  ninfni^  If  nivMU  do  btie 
  l'iJIilTirlG  indiqua 

AI1iUided>iiiiï»u 
«pporl  .u  ni-f-u 

du  l'h^nnmfn^i 
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Suppe   d«  iOO  ™. 
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feuille  a^Viicnu 
r.rJI.I)epér.l, 

UlKlilion  du 

TvTUHdc 

tOOn. 

■ 

do   Sundgiu. 

Recul 
d»  Qlecien. 

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Nipp*  de  lao- 
ISOm.     IJDnprrr 
[(eelrnidiiimr). 

^.ppe    du    Tflf- 

uiïtirde" 
IbO-ISOp.. 

MU  M  m. 

Tcrraw.  df  IBO- 
150  m.  1  Bbein- 
Md^n.  Hbncben- 

U»<b«u     d.    lo 

RkuI 
do  Glidsn. 

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Glecùlion  du   ni 

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N.pi«d-^B«-60in, 

ri.*rT), 

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n«in  de  \  .Oeiice 

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y^i,«  ^1  de 

Rora-us. 

Glecielion   du   ni- 
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Ri.liin't  (7  1  Bm) 

■ 

358       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLSES      3  Juin 

céments  horizontaux  du  niveaade  base,  état  du  profil  d'équilibre... 
etc.),  peuvent  exercer  sur  la  distribution  des  terrasses,  sur  leurs 
intervalles  et  sur  leurs  altitudes  par  rapport  aux  thalwegs  actuels. 
Je  me  placerai  exclusiçement,  pour  cette  étude,  dans  l'hypothèse 
que  les  oscillations  verticales  du  niveau  de  base  ont  eu  lieu  dans 
l'ordre  et  avec  les  amplitudes  constatées  dans  Tisser,  à  partir  d*un 
niveau  voisin  d^  aoo  m. 

Je  compléterai  cet  exposé  en  montrant  qu'en  dehors  de  toute 
autre  considération,  les  objections  que  soulève  dans  la  théorie 
glaciaire  l'explication  des  formes  topographiques  si  remarquables 
que  Ton  observe  aux  points  de  contact  des  nappes  alluviales  et  des 
moraines  de  la  dernière  extension,  suffiraient  pour  faire  écarter 
cette  théorie. 

1.  —  Mécanisme  de  la  formation  des  teppasses 

A.  —  Les  oscillations  du  niveau  de  base  sont  exclusivement 

verticales 

Envisageons  d'abord  ce  premier  cas  qui  est  évidemment  excep- 
tionnel ;  il  peut  cependant  se  réaliser  dans  les  mouvements  néga- 
tifs lorsque  le  cours  d'eau  débouche  dans  une  mer  dont  la  profon- 
deur croît  très  rapidement,  et  dans  les  mouvements  positifs, 
lorsque  l'amplitude  de  ceux-ci  est  assez  faible  ou  leur  lenteur  assez 
grande  pour  permettre  le  comblement  de  la  zone  immergée,  ainsi 
que  nous  l'avons  vu  dans  l'Isser. 

Considérons  un  grand  fleuve  prenant  sa  source  dans  un  massif 
élevé,  à  ime  altitude  très  supérieure  à  celle  de  la  zone  de  aoo  m. 
dans  laquelle  se  sont  produites  les  oscillations. 

D'après  les  exemples  que  nous  avons  sous  les  yeux,  le  profil 
longitudinal  comprend  deux  parties  :  l'une  inférieure  AB  (fig.  la) 
où  le  profil  d'équilibre  est  à  peu  près  atteint  et  où  la  continuité 
des  pentes  est  plus  ou  moins  parfaite  ;  l'autre  supérieure  BG  où 
les  pentes  sont  discontinues,  et  où  le  lit  présente  une  succession 
de  ressauts  et  de  rapides  séparés  par  des  sections  à  pente  relati- 
vement douce  et  même  à  contrepente  (dépressions  lacustres)  *. 

Si  le  niveau  de  base  reste  invariable,  le  cours  d'eau  efiectuera 
dans  la  zone  BC  le  comblement  des  dépressions,  coupera  les  bar- 

I.  Consulter  à  ce  sujet  de  la  Nofi  et  de  Marobrir  :  Les  formes  du  terrain, 
p.  5a  et  seq.  et  p.  76.  —  de  Lapparbnt.  Leçons  de  géog.-phys.,  a*  édit.,  4"  ^* 
8'  leçons. 


igOl  HE  LAISSER,  DB  LA  MOdBLLX,  ÛU  RHIN  ET  DU  RHÔNE 


559 


rages  rocheux  et  en  définitive,  remblaiera  partout  où  une  pente 
faible  succède  à  une  pente  plus  forte,  creusera  partout  où  une 
pente  forte  succède  à  une  pente  plus  douce.  Ces  opérations  oppo- 
sées aboutiront  finalement  à  la  régularisation  du  profil,  d*abord 
dans  les  biefs  successifs^  puis  dans  Tensemble  de  la  zone  BC,  et 
cette  régularisation  aura  pour  effet  de  prolonger  peu  à  peu  vers 
l'amont  la  zone  AB.  En  même  temps  la  courbure  de  celle-ci  achè- 
vera de  se  régulariser  et  s'aplatira  de  plus  en  plus  :  les  profils 
successif  du  lit  seront  représentés  par  les  tracés  Afr,  Afr\  etc. 


Zonm   du  profil   d'étfuUihre 
et  dm*  tmrtxLasea  régvdière^ 


Zone   de^ 
terrasses  irrcgulière<t 

Lac 


l'J V . _  Xiueau     de    base,    primitif* 


jTj-----    -a' 


Fig.  xa.  —  Schéma  de  la  formation  des  terrasses  régalières  et  irrégulières 
dans  l'hypothèse^des  oscillations  du  niveau  de  base. 


i*"  Cas  d'un  mouvement  positif,  —  Supposons  maintenant  qu'un 
mouvement  positif  de  faible  amplitude  amène  le  niveau  de  base 
en  A'  ;  rien  ne  sera  changé  à  ce  qui  se  passait  dans  la  zone  BG  ;  le 
fleuve  continuera  à  y  creuser  son  lit  ou  à  le  remblayer,  comme 
précédemment. 

Dans  la  zone  AB,  au  contraire,  il  y  aura  remblai  de  toute  la 
partie  inférieure  AA'B.  Le  nouveau  profil  sera,  en  principe,  plus 
aplati  que  le  précédent,  et  par  suite,  l'épaisseur  du  remblai  égale, 
à  Tembouchure,  à  Tamplitude  du  mouvement  positif,  ira  en  dimi- 
nuant vers  Tamont  d'autant  plus  rapidement  que  les  variations  de 
pente  du  lit  primitif  AB  seront  plus  fortes.  L'extension  du  remblai 
vers  l'amont  sera  donc  nécessairement  limitée. 

Du  reste,  abstraction  faite  de  toute  considération  d'épaisseur,  il 
est  évident  qu'il  doit  en  être  ainsi.  En  eifet,  même  dans  un  cours 
d'eau  dont  le  profil  d'équilibre  est  complètement  atteint,  il  doit  y 
avoir  un  point  en  amont  duquel  aucun  dépôt  n'est  possible, 
puisque  dans  la  partie  supérieure  le  profil  tend  à  se  rapprocher 
de  la  verticale. 

La  répercussion  des  mouvements  positifs  doit  pour  ces  deux 
raisons  cesser  de  se  faire  sentir  à  une  certaine  distance  de  l'embou- 
chure.  Aucune  donnée  toutefois  ne  permet  de  préciser  cette 
distance. 


36o       DE  IJLMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DBS  VALLÉES       3  Juin 

Dans  les  vaUées  étudiées  dans  ce  mémoire,  les  pentes  des  nappes 
alluviales  dont  la  formation  est  due  à  des  mouvements  positifs» 
sont  toujours  très  faibles  :  la  plus  forte  (o,oosi5)  est  celle  de  la 
terrasse  du  Séminaire  ;  Du  Pasquier  cite  pour  des  caillontis  de 
vallées  latérales  situées  très  en  amont  de  Bâle  et  qui  paraissent  se 
raccorder  à  des  terrasses  régulières,  des  pentes  de  o,oia  *.  En 
considérant  ce  qui  se  passe  dans  les  torrents  des  Hautes-Alpes,  je 
serais  assez  disposé  à  admettre  que,  théoriquement  y  des  nappes 
régulières  de  remblai  dues  à  une  variation  positive  du  niveau  de 
base  peuvent  s*étendre  à  partir  de  Fembouchure  jusqu'aux  régions 
où  apparaissent  les  cônes  de  déjection  des  grands  torrents  et  se 
raccorder  à  ceux  qui  ont  atteint  leur  pente-limite,  telle  que  Surell 
Ta  définie  *.  Dans  cette  manière  de  voir  les  nappes  alluviales  en 
connexion  avec  les  mouvements  du  niveau  de  base  pourraient 
finalement  atteindre  des  pentes  de  près  de  6  à  7  «/o.  J'ignore  tou- 
tefois s*il  y  a  des  exemples  d*une  pareille  continuité. 

Dans  les  cours  d'eau  qui  n'ont  pas  atteint  leur  profil  d'équilibre, 
il  est  évident  que  la  répercussion  des  mouvements  positifs  ne 
devra  pas,  en  général,  se  faire  sentir  au-delà  des  premiers  obsta- 
cles qui  interrompent  la  continuité  des  pentes  à  moins  que  ceux-ci 
n'aient  un  relief  inférieur  à  l'épaisseur  finale  du  remblai. 

a"  Cas  d'un  mouvement  négatif. 

Si  le  niveau  de  base  s'abaisse  de  A'  en  A",  l'embouchure 
s'abaissera  d'autant  et  le  fleuve  créera  à  pailir  de  ce  point  un 
nouveau  profil  d'équilibre  qui  rétrogradera  progressivement  vers 
l'amont.  Le  remblai  A'AB,  précédemment  formé,  constituera  une 
terrasse  longitudinale  dont  l'altitude  relative  sera,  à  l'embouchure, 
égale  à  l'amplitude  du  mouvement  négatif. 

Au  début,  cette  altitude  ii*a  en  diminuant  vers  l'amont,  mais  si 
la  période  d'érosion  a  une  durée  suffisamment  longue^  elle  tendra 
à  devenir  égale  à  ce  qu'elle  est  à  l'embouchure,  puis  progressive- 
ment croissante  de  l'aval  vers  l'amont,  à  mesure  que  le  profil 
d'équilibre  s'aplatira  davantage  et  tendra  à  se  confondre  avec 
les  tracés  A"a,  A"a'. 

Pendant  ce  temps,  dans  la  zone  BC,  la  marche  des  phénomènes 
ne  sera  en  rien  modifiée.  Les  érosions  et  les  remblais  continueront 
sans  être  ni  accélérés^  ni  retardés.  Sur  certains  points  par  consé- 
quent, le  fleuve  créera  également  des   terrasses  longitudinales  ; 

I.  du  Pasquier.  Die  flus^ioglac,  p.  96. 

a.  SuHEi.L.  Etude  sur  les  torrents  des  Hautes- Alpes,  i84i>  p*  18  et  aa. 


igOI  DE  L*I9SER,  BE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  36l 

mais  celles-ci  n'auront  aucun  rapport  avec  celles  de  la  zone  AB  ; 
elles  seront  discontinues,  limitées  à  des  bassins  distincts,  leurs 
altitudes  au-dessus  du  thalweg  seront  quelconques  et  indépen- 
dantes de  leur  âge,  les  plus  basses  n'étant  pas  nécessairement  les 
plus  récentes;  leurs  épaisseurs  seront  extrêmement  variables;  il 
sera,  en  général,  impossible  de  les  rattacher  aux  terrasses  de  la 
zone  d'équilibre.  Si  Ton  conserve  à  ces  dernières  la  qualification 
de  régulières  ou  normales  qpie  du  Pasquier  leur  a  donnée  *,  en 
partant  d'un  ordre  d'idées  tout-à-fait  différent,  il  convient  de  qua- 
lifier les  premières  d' irrégulières  ou  anormales. 

Dans  les  Alpes,  les  terrasses  irrégulières  sont  très  fréquentes  : 
je  citerai  dans  le  Dauphiné  celles  de  Lanslebourg,  des  hautes 
vallées  du  Drac  et  de  la  Durance,  etc. 

Ainsi,  en  dehors  de  toute  intervention  des  glaciers,  la  théorie 
nous  montre  que  dans  un  grand  bassin  fluvial  les  oscillations  du 
niveau  de  base  et  le  processus  normal  de  l'érosion  suffisent  pour 
déterminer  la  formation  de  terrasses  régulières,  continues,  dans  la 
zone  inférieure  où  le  profil  d'équilibre  est  plus  ou  moins  réalisé, 
et,  au  contraire  de  terrasses  localisées  et  irrégulières  dans  la  zone 
supérieure  où  ce  profil  n*existe  pas. 

Influence  des  irrégularités  du  profil  longitudinal,  —  Dans  ce 
qui  précède,  j'ai  supposé  que  le  fleuve  avait  à  peu  près  com- 
plètement réalisé  son  profil  d'équilibre  dans  la  partie  inféneure 
de  son  cours,  avant  le  commencement  du  mouvement  positif.  Si  l'on 
en  juge  par  les  irrégularités  du  lit  de  la  Moselle  (fîg.  5),  du  Rhône 
autour  de  Valence  (fîg.  lo),  du  Rhin  en  amont  de  Bàle  et  en  aval  de 
Mayence,  il  semble  que  cette  condition  soit  actuellement  rarement 
réalisée,  même  dans  les  grands  cours  d'eau,  et  il  est  par  conséquent 
très  probable  qu'elle  ne  Ta  pas  été  dans  le  passé  -. 

Ces  irrégularités  n'exerceront  aucune  influence  sur  l'extension 
des  remblais,  à  la  condition  toutefois  que  leur  relief  soit  plus 
faible  que  l'amplitude  des  mouvements  positifs;  elles  seront  finale- 
ment noyées  dans  la  nappe  alluviale  dont  elles  pourront,  dans 
certains  cas,  diminuer  l'épaisseur. 

Mais,  comme  elles  doivent  leur  origine  à  des  causes  variées 

1.  du  Pasqujbr.  Les  Allavions  glaciaires^  p.  5i. 

2.  Il  importe  toutefois  de  noter  que  ces  irrégularités  ne  se  sont  pas  néces- 
sairement reproduites  sur  les  mêmes  points  aux  différentes  époques  de 
Thistoire  de  la  vallée.  Si  l'anomalie  de  Valence  doit  être  attribuée,  comme 
je  le  pense,  aux  apports  latéraux  de  l'Isère,  elle  a  dû  être  beaucoup  moins 
marquée  dans  le  passé,  puisque  les  anciens  lits  ont  été,  en  g^énéral,  beaucoup 
plus  larges  que  le  lit  actuel. 


363       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DBS  VALLÉES       3  Juin 

(inégale  résistance  des  roches  à  Térosion,  apports  latéraux,  acci- 
dents tectoniques,  etc...)  dont  une  partie  peut  continuer  à  agir 
pendant  la  formation  du  remblai,  le  profil  final  de  la  nappe 
alluviale  pourra  présenter  également  des  iiTégularités  plus 
ou  moins  considérables  qui  modifieront  nécessairement,  sur  les 
points  où  elles  existent,  les  altitudes  absolues  et  relatives  de  la 
nappe  et,  par  conséquent,  des  terrasses.  En  général,  ces  irrégu- 
larités seront  difiicilement  observables  sur  les  anciennes  nappes 
en  raison  des  modifications  que  leur  surface  a  subies  ultérieure- 
ment (dénudation,  ruissellement,  etc.). 

Si  un  mouvement  négatif  succède  au  mouvement  positif,  Téro- 
sion  fera  réapparaître  les  irrégularités  antérieures  du  profil,  et  il 
pourra  arriver  que  le  cours  d'eau  fixé  par  un  obstacle  résistant  se 
maintienne  plus  ou  moins  longtemps  à  un  niveau  plus  élevé  que 
la  base  des  remblais,  en  formant  sur  ce  point  des  rapides  on  des 
chutes.  C'est  à  une  circonstance  de  ce  genre  que  du  Pasquier  a 
attribué  la  formation  des  Laufen  de  la  vallée  du  Rhin,  et  il  est 
possible  que  ceUe  du  Saut  du  Broc  soit  due  à  une  cause  analogue  *. 

Il  importe,  dans  ce  cas,  de  ne  pas  perdre  de  vue,  que  les  altitudes 
relatives  des  terrasses  étant  luesurées  par  rapport  au  thalweg 
final,  l'irrégularité  du  profil  longitudinal  de  ce  thalweg  aura  pour 
effet  de  réduire  localement  ces  altitudes  d'une  façon  souvent  très 
notable,  comme  nous  l'avons  vu  pour  les  terrasses  du  Rhône  et 
pour  celles  de  la  haute  Moselle. 

30  Cas  d*une  succession  d'oscillations  verticales. 

Jusqu'ici,  j'ai  examiné  à  peu  près  exclusivement  les  phénomènes 
que  détermineraient  dans  les  vallées  actuelles,  l'intervention  de 
mouvements  positifs  ou  négatifs  du  niveau  de  base.  Il  n'y  a  aucun 
motif  pour  ne  pas  admettre  que  des  phénomènes  identiques  se  sont 
accomplis  dans  ces  vallées  pendant  le  Pliocène  supérieur  et  le 
Pleistocène  sous  l'influence  des  oscillations  eustatiques  dont  j*ai 
démontré  l'existence.  D'après  ce  que  nous  savons  de  l'évolution 
du  profil  des  grands  cours  d'eau,  l'étendue  de  la  zone  du  profil 
d'équilibre  a  dû,  en  général,  être  d'autant  plus  restreinte  et  les 
pentes  de  ce  profil  ont  dû  être  d'autant  plus  fortes,  que  l'on  consi- 
dère des  lits  plus  anciens.  D'autre  part,  le  fait  de  l'extension  jus- 
qu'au pied  des  Vosges  de  toutes  les  terrasses  pleistocènes,  la 
coexistence  à  Râle  et  à  Valence  de  tous  les  niveaux  à  partir  de 
celui  de  i3o-i5o  m.,  prouvent  que  dans  ces  vallées,  l'intervalle 
entre  chaque  mouvement  négatif  et  le  mouvement  positif  suivant 

I.   du  PASQUiB^t  Pie  fluviogl...,  p.  3. 


DE  l'iSSER,  de  LA'mOSELLE,  DIX  RHIN  ET  DU  RHÔNE  363 

a  été  suffisamment  long  poar  permettre  aux  cours  d'eau  de  recréer 
chaque  fois  leur  profil  d'équilibre  sur  des  étendues  à  peu  près 
équivalentes,  avec  des  pentes  au  plus  égales  à  celles  du  lit  précé- 
dent, et  qui,  en  général,  ont  été  plus  faibles. 

Ceci  posé,  si  Ton  imagine  une  succession  d'oscillations  eustati- 
ques,  analogues  à  celles  observées  dans  Tisser,  et  abaissant  cha- 
que fois  davantage  le  niveau  de  base  d'un  cours  d'eau,  depuis 
l'altitude  de  qoo  m.  envii*on,  jusqu'au  niveau  actuel,  on  peut  prévoir 
qu'elles  détermineront  dans  la  vallée,  les  phénomènes  ci-après  : 

a.  —  Le  creusement  de  la  vallée  ne  sera  pas  continu  ;  il  s'opérera 
par  une  succession  de  phases  d'érosion  séparées  par  des  phases 
de  remblai  ;   ces  phases  donneront  naissance  dans  la  partie  infé- 
rieure du  cours  d'eau,  à  un  sys- 
tème   de    terrasses    régulières  ^^^,---''" 
d'altitude  décroissante  à  partir       Ti^uuû^l 
des  plus  anciennes,  et  disposées 
comme  le  montre  la  fig.  i3. 


0.  —  L  étendue  de  ces  terras- 
ses sera  d'autant  plus  restreinte  ^^K-  "3-  ""  Schéma  de  la  formation 
vers  l'amont  qu'elles  seront  plus  ^''^^  «y*^*^'"*^  ^^  terrasses, 
anciennes.  La  zone    où    on    les  Les  traits  pleins  marquent  retendue 
1                       ««^111  et  les  positions  successives  de  la 

observe  empiétera  donc  de  plus  i*'  ♦«««„„„^„  ,a«„i;a««« 

^  •  ^  zone  des  terrasses  régulières. 

en  plus  sur  celle  des  terrasses 

irrégulières,  et  il  arrivera  par  suite  que  des  terrasses  de  ces  deux 
catégories  seront  superposées  dans  un  même  profil,  les  terrasses 
irrégulières  étant  en  général  les  plus  élevées. 

c.  —  Le  résultat  immédiat  de  chaque  mouvement  négatif  sera  de 
faire  perdre  au  cours  d'eau  le  profil  d'équilibre  dans  les  parties 
où  il  était  déjà  réalisé,  et,  par  conséquent,  de  le  rajeunir.  Mais, 
comme  nous  l'avons  vu,  les  grands  cours  d'eau  ont  presque  tou- 
jours eu  le  temps  de  recréer  ce  profil  par  érosion  régressive  sur 
une  étendue  au  moins  aussi  grande  et  souvent  plus  considérable.  . 
Le  nouveau  profil  sera  en  général  plus  aplati  que  le  précédent. 

d,  —  Comme  conséquence,  et  abstraction  faite  des  petites  irrégu- 
larités du  lit  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  les  altitudes  relatives  d*une 
même  terrasse  iront  en  croissant  de  l'aval  vers  l'amont,  et  cet 
accroissement  sera  d'autant  plus  rapide  que  la  terrasse  sera  plus 
ancienne  et  que  les  pentes  du  cours  d'eau  actuel  difiéreront 
davantage  de  celles  du  lit  correspondant  à  la  terrasse  ;  il  en  sera  de 
même  des  intervalles  de  deux  terrasses  consécutives. 


364       ^^  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

Cet  accroissement  des  intervalles  aura  pour  effet  de  diminuer 
ou  môme  de  supprimer  l'emboîtement  des  terrasses. 

e,  —  On  conçoit,  comme  cas  particulier,  que  si,  à  une  époque 
quelconque  de  son  évolution,  un  grand  cours  d'eau,  grâce  à  des 
circonstances  topographiques  spéciales,  est  parvenu  à  réaliser  un 
profil  d'équilibre  avec  le  minimum  de  pente  compatible  avec  les 
conditions  hydrographiques,  sur  une  grande  étendue  de  son  cours, 
les  lits  successifs  devront  à  partir  de  ce  moment  être  sensiblement 
pai*allèles  les  uns  aux  autres,  c'est-à-dire  que  leurs  altitudes  rela- 
tives et  leurs  intervalles  ne  varieront  plus  d'une  façon  appréciable 
dans  cette  étendue. 

Ces  circonstances  topographiques  semblent  s'être  rencontrées 
dans  les  bassins  du  Rhin,  de  la  Moselle  et  du  Rhône  dès  les  plus 
anciens  niveaux,  et  ce  fait  est  la  conséquence  de  la  très  faible 
altitude  de  ces  trois  cours  d'eau  à  leur  sortie  des  grands  massifs 
où  ils  prennent  leur  source,  relativement  à  la  distance  qui  les 
sépare  de  l'embouchure.  J'ai  déjà,  plus  haut,  cité  l'exemple  de  la 
Moselle  ;  je  me  bornerai  à  ajouter  qu'à  Bàle,  les  alluvions  du 
niveau  de  i3o-i5o  m.  atteignent  au  plus  l'altitude  de  4oo  iii.,  bien 
qu'elles  soient  à  600  kil.  de  l'embouchure;  ce  qui  correspond,  en 
tenant  compte  de  Taltitude  du  niveau  de  base,  à  une  pente  d'envi- 
l'on  0,0004.  On  ne  doit  pas  s'étonner  qu'avec  des  pentes  initiales 
aussi  faibles,  les  profils  successifs  du  fleuve  aient  pu,  au  moins  à 
partir  du  niveau  précité,  demeurer  sensiblement  parallèles,  et 
que  les  altitudes  relatives  des  terrasses  à  Bàle  soient  les  mêmes 
que  celles  des  terrasses  formées  à  l'embouchure  de  Tisser. 

f.  —  La  loi  d'accroissement  des  altitudes  relatives  et  des  intei- 
valles  se  vérifle  déjà  assez  bien,  à  Palestro  '  dans  l'Isser,  quoique 
cette  localité  soit  seulement  à  4o  kil.  de  la  mer.  Ce  résultat  est  dû 
à  la  brièveté  du  parcours  de  Tisser  (i5o  kil.  environ)  et  à  la 
rapide  augmentation  des  pentes  qui  en  est  la  conséquence  ^. 

Dans  la  vallée  du  Rhin,  au  contraire,  Taccroissement  n'est  pas 

encore  appréciable  à  Bâle  ;  il  ne  devient  sensible  qu'en  amont  où, 

d'après  du    Pasquier,  les  pentes    moyennes  des  terrasses  de  la 

région  entre  Bàle  et  le  Rafz  *  sont  les  suivantes  : 

Decken  se  botter  de  la  vallée  principale.   .   .  o,oo5 

Haute  terrasse o,ooi5 

Basse  terrasse 0,0014 

Rhin  actuel 0,0011 

1.  de  Lamothr.  Op.,  1S99,  p.  282. 

a.  Actuellement  la  pente  entre  la  merctBlad  Guitoun  est  de  0,0019.  Elle  est  de 
o,uo23  entre  Blad  Guitoun  et  les  gorges  de  Palestre,  et  de  0,0047  dans  les  gorges. 
3.  duPASQUiBR.  Diejlusfiogl.y  p.  16,  17,  47»  96. 


igOI  DE  l'iSSER,  de  la  MOSBLLE,  du  RHIN  ET  DU  RHÔNE  365 

Je  crois  toutefois  devoir  faire  remarquer  que,  bien  que  ces 
résultats  concordeot  avec  la  théorie,  on  peut  élever  quelques  doutes 
sur  leur  exactitude,  Fauteur  n'ayant  pas  tenu  suffisamment 
compte  de  ce  fait  que  le  Rhin  n'a  pas  encore  reU'ouvé  son  profil 
d'équilibre  en  amont  de  Rheinfelden. 

Dans  les  grands  affluents,  la  vérification  de  la  loi  ressort  avec 
beaucoup  plus  de  netteté.  Cela  provient  de  ce  fait  bien  connu  que 
les  pentes  des  affluents  sont  en  général  beaucoup  plus  rapides  que 
celles  du  cours  d'eau  dont  ils  sont  tributaires.  L'Isère  en  offre  un 
exemple  remarquable.  Nous  avons  vu  que  les  pentes  des  trois  lits 
successifs  de  l'Isère,  reconnus  entre  Romans  et  Valence  étaient  les 
suivantes  :  o,ooi3(lit  actuel),  o,ooai  (lit  de  la  basse  terrasse  de 
Romans),  o,ooa5  (lit  de  la  moyenne  terrasse).  11  en  résulte  que  la 
moyenne  teiTasse  qui  domine  le  Rhône  à  Valence  de  4^  m., 
domine  l'Isère  de  53  m.  à  Romans  et  d'environ  loo  m.  à  Saint- 
Marcellin,  où  MM.  Depéret  et  Kilian  l'ont  retrouvée  *. 

Pour  la  basse  tentasse,  je  n'ai  pas  d'autres  données  que  celles 
que  j'ai  recueillies  entre  Valence  et  Romans.  Son  altitude,  qui 
devait  être  voisine  de  ^i  m.  au  confluent  atteint  déjà  3ii  m.  à 
Romans. 

On  voit  par  ces  deux  exemples  combien  il  est  indispensable  de 
tenir  compte  des  pentes  des  cours  d'eau  dans  l'étude  comparative 
des  terrasses  d'une  même  vallée,  et  à  fortiori  des  terrasses  situées 
dans  des  bassins  indépendants. 

g.  —  Si  le  cours  d'eau  n'a  qu'un  très  faible  débit  et  surtout  si  sa 
source  et  son  embouchure  sont  très  rapprochées,  les  phénomènes 
seront  sensiblement  différents.  Considérons  un  cours  d'eau-  prin- 
cipal dont  le  lit  est  AB  (fig.  i4) 

et    deux     affluents,     l'un     CA  Cours  d'eau 

j»  s  '  c  principal 

dun  parcours  très  restreint  ^;;^^- a_1_b 

prenant  sa  source  dans   un  ^/''^'""^-^^^X      /  \^^ — '^^' 

massif  très  peu  élevé,  l'autre  ^    ® 

BD  très  étendu  et  s  alimen-  ^'^^'  i4.  —  Schéma  montrant  les  diffc- 

tant  à  un  massif  d'une  grande         f^'^^^f  ^^^    Présente   la   marche  de 
,^..    j        -       ,-,  ^-  lerosion    suivant    1  importance     des 

altitude.    La    hgure    montre,  bassins  hydrographiques. 

sans  qu'il  soit  nécessaire  dln- 

sister,  que  lorsque  le  niveau  du  cours  d'eau  principal  se  sera 
abaissé  en  A'B',  l'affluent  CA  aura  pris  le  tracé  C'A',  beaucoup 
plus  rapide  que  le  précédent,  tandis  que  le  tracé  du  cours  d'eau 

I.  Bulletin  des  Serçices  de  la  carte,  Vni,  p.  ii5. 


1 


366       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DR  TERRASSES  DES  VALLEES       3  JuilT 

B*D*  sera  en  général  plus  aplati  que  BD,  du  moins  au  voisinage 
du  cbnflucnt.  L'altitude  relative  de  la  nappe  de  cailloutis  corres- 
pondant au  lit  AG  ira  donc  en  diminuant  de  A  vers  G,  tandis  que 
celle  de  la  nappe  BD  ira  en  augmentant  de  B  vers  Tamont. 

Les  mouvements  négatifs  du  niveau  de  base  auront  donc  ici  pour 
effet,  non  seulement  de  rajeunir  périodiquement  le  réseau  hydro- 
graphique, mais  encore,  dans  certains  cas,  tels  que  celui  de 
Taflluent  CA ,  d'éloigner  de  plus  en  plus  le  cours  d'eau  de  la 
Qieillesse  et  même  de  la  maturité. 

Les  faits  de  ce  genre  sont  très  nombreux,  on  les  observe  notam- 
ment dans  les  cours  d'eau  décapités.  Je  citerai  comme  exemple 
typique  la  disposition  si  remarquable  du  bassin  du  Goney,  par 
rapport  aux  alluvions  du  seuil  de  Dounoux. 

Il  est  facile  de  montrer  l'intérêt  de  ces  observations  au  point  de 
vue  de  la  recherche  et  de  l'étude  des  anciennes  terrasses.  De  petits 
affluents  ou  même  de  grands  cours  d'eau  provenant  de  régions  peu 
élevées,  pour  lesquelles  une  variation  du  niveau  de  base  de  aoo  m. 
est  relatiçement  considérable,  poun*ont  à  un  âge  avancé  rouler  des 
galets,  alors  qu'aux  époques  antérieures  ils  ne  roulaient  que  du 
sable  (Loire  et  Allier  ?).  La  tendance  inverse  est  au  contraire 
très  marquée  dans  les  cours  d'eau  issus  des  grands  massifs  monta- 
gneux (Isère  à  Grenoble). 

En  outre,  il  pourra  arriver  que  des  dépôts  caractérisés  par  une 
faune  ancienne  se  montrent  à  une  très  faible  altitude  au-dessus  de 
cours  d'eau  originaires  de  massifs  peu  élevés,  tandis  que  des 
dépôts  de  même  âge  se  rencontreront  à  des  altitudes  considérables 
dans  des  vallées  de  régions  montagneuses. 

B.  —  Le  niveau  de  base  ne  subit  que  des  déplacements 

horizontaux 

Examinons  maintenant  le  cas  où  les  déplacements  du  niveau  de 
base  sont  exclusivement  horizontaux,  circonstance  qui  peut  se 
produire  à  la  suite  de  la  formation  de  deltas,  d'effondrements  le 
long  de  la  ligne  de  rivage,  d'érosions  marines,  etc.  Je  qualifierai 
ces  déplacements  de  positifs  ou  de  négatifs  suivant  qu'ils  ont  pour 
effet  de  reporter  le  niveau  dç  base  dans  l'intérieur  des  terres  ou  au 
contraire  de  T éloigner  vers  la  mer. 

Supposons  (fig.  i5)  *  un  cours  d'eau  débouchant  dans  la  mer  en 

I.  Dans  les  fig.  i.>  cl  i6,  j*ai,  pour  la  commodité  du  dessin,  tracé  les  cours 
d'eau  en  ligne  droile  au  lieu  de  les  raccorder  tangentiellement  au  niveau  de 
base. 


iHa  a^KMéa  du»  œ  mémoire. 


VAU-ÉE   Dt   U   MOSELLE 

VALLÉE 
<lu 
HllLN 

pr«t  de  Bllo 

VALLÉE 

RHONE 

pr*i.deV.len.a» 

VALLÉE 
de  l'ISËRE 

leffinnuenl 
du  RhAde 

ë 

1 

j:^ 

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Menx  p.r  P.p,,. 

CAbb  de  Innsilion 
du   S««dg.u    » 
temiunl     len 
iM.ÎÎOm.  (Ob*. 
reli  -.ÎMiKben 

huUI<d.Vd.;ii« 

pu-M.fcpëm. 

• 

Gikdiiioii  du 

\    SBHdg.™!^'' 

■!e^  OI«der«. 

.îKKl:. 

• 

N.pp.  d<  130- 
IMm.    (Jnnmpcr 

Nippi    du     T^M- 
neuf  d'I  lire. 

130.100  m. 

TrmiK*  de  130- 
ISO  m.  1  Hbtin- 
(cLden,  Monchrn- 

Unbnu     de     U 

lLl3«ni.<Ulliii. 
nu  T*l#([r.pbe. 

Rrci.1 
d»  GlBdem, 

IST 

p^'  '''"'§«,î'.*.«'^i[' 

nndans  la  SiAnr  par 

..T. 

Nappa  du  pMeaii 
Fonllmi... 

- 

liladalion   du    Di 
>eiu   de   10»  m 

deileniimi.  Mo- 

il-zz:. 

lntWiiit.Et>bliii>Pin<'Dt 
du  chmaldela  «i,s-ll«. 

lUl  m,  mu'rdiV 

"';§!?' 

H«<d 

•  îr^-;: 

N-.pptd,ll.*-Mm 

de 

W^j: 

«"""du'wnii: 
(!iM6m.|. 

Terra.»  de> 

N.JJ. 

— '- 

Saiol-OïOTff,. 

.!E 

iilacielion   du   ni- 
fMU   de  ilO    m. 

SOd. 

TerT..»de:«n.. 

Tfrrsïw  de  Si  iii. 
(3t  m.). 

de  filmons. 

rie>    G]«",t.r>. 

"■r 

\L.(.p«d.l6-!0m. 

t  Gliiii. 

l'Diil  de  Trier». 

bT»w.rie 

dM™'., 

(17-18  n..). 

HDbiii9(7  j.9oi.). 

• 

368       DE  LAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

On  conçoit  combien  pourront  être  considérables,  et  variables 
en  même  temps,  les  effets  de  ces  perturbations  sur  les  altitudes 
relatives,  les  épaisseurs  et  les  intervalles  des  nappes  alluviales,  et 
par  suite  les  difficultés  qui  pourront  en  résulter  dans  une  étude 
comparée  des  systèmes  de  terrasses  de  bassins  indépendants. 

Dans  bien  des  cas  heureusement,  ces  influences  perturi^a- 
trices  semblent  avoir  été  très  faibles,  ou  s'être  compensées,  et  il 
est  facile  d'en  saisir  la  raison.  Beaucoup  de  cours  d'eau  à  leur 
embouchure  sont  encore  entourés  de  hauteurs  qui  atteignent  loo 
à  300  m. ,  et  qui  sont  prolongées  au-dessous  du  niveau  de  la  mer  par 
des  pentes  assez  rapides.  Comme  d'autre  part  le  phénomène  des 
terrasses  est  compris  dans  une  zone  dont  l'altitude  ne  dépasse  pas 
sensiblement  !200  m.,  il  en  résulte  que  pour  tous  ces  cours  d'eau,  les 
mouvements  négatifs  n'ont  pas  dû  détei*miner  en  général  de  dépla- 
cements horizontaux  très  considérables  du  niveau  de  base,  surtout 
pendant  le  Pleistocène.  En  ce  qui  concerne  les  mouvements  posi- 
tifs, on  remarquera  que  leur  faible  amplitude  et  la  lenteur  avec 
laquelle  ils  paraissent  s'être  accomplis,  ont  dû  presque  toiqoni's 
permettre  le  remblayage  total  de  la  zone  immergée.  C'est  en  partie 
pour  ces  diverses  raisons,  et  indépendamment  de  la  faiblesse  des 
pentes,  que  les  séries  de  terrasses  du  Rhin,  du  Rhône  et  de 
l'Isser  doivent  d'être  restées  entièrement  comparables. 

Les  résultats  eussent  été  très  dillérents  si  les  recherches  avaient 
porté  sur  des  vallées  situées  dans  des  massifs  de  faible  altitude,  où 
un  abaissement  vertical  du  niveau  de  base  de  aoo  m.,  entraînerait 
de  grands  déplacements  horizontaux.  Si  l'on  considère,  pour  fixer 
les  idées,  une  région  dont  la  topographie  serait  analogue  à  celle  du 
bassin  de  la  Loire  entre  son  embouchure  et  Nevers,  il  serait  facile, 
à  l'aide  d'un  graphique  comme  celui  de  la  figure  i6,  de  montrer 
que  les  terrasses  les  plus  basses  s'étendront  seules  plus  ou  moins 
loin  vers  l'amont,  tandis  que  les  autres  disparaîtront  de  l'amont 
vers  l'aval  à  des  distances  d'autant  plus  grandes  du  rivage  actuel 
qu'elles  seront  plus  anciennes  ;  elles  sembleront  converger  vers 
l'aval  ;  il  y  aura,  suivant  les  cas^  condensation  dans  un  espace 
vertical  restreint  de  plusieurs  nappes  alluviales,  suppression  de 
certaines  d'entre  elles,  et  même  recouvrement  de  nappes  anciennes 
par  de  plus  récentes.  Je  ne  crois  pas  devoir  insister  sur  ces  phéno- 
mènes, mais  il  était  nécessaire  d'appeler  sur  eux  l'attention. 

Pour  étudier  les  effets  des  mouvements  positifs,  j'ai  admis  que 
ces  mouvements  avaient  eu  une  amplitude  très  faible,  comparable 
à  celle  des  mouvements  de  même  sens  observés  dans  l'Isser.  11  est 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RfitN  ET  DtJ  RhAnE  ^69 

facile  de  comprendre  les  raisons  de  cette  restriction.  Un  mouve- 
ment positif  d'amplitude  un  peu  considérable  (4  à  5oo  m.  par 
exemple),  amènerait  dans  tous  les  bassins  étudiés,  le  niveau  de 
base,  à  une  altitude  où  le  profil  d'équilibre  n'est  pas  encore  atteint. 
Aucun  remblai  ne  pourrait  se  former  en  amont  et  le  creusement 
du  lit  continuerait  comme  précédemment. 

Des  phénomènes  analogies  se  produiraient,  du  reste,  même  dans 
une  vallée  où  le  profil  d'équilibre  est  complètement  réalisé  entre 
la  source  et  l'embouchure,  si  le  niveau  de  base  s'élevait  jusqu'au 
point  où  les  pentes  deviennent  trop  rapides  pour  permettre  le 
dépôt  des  sédiments.  Là  encore  la  puissance  érosive  des  eaux 
continuerait  seule  à  exercer  son  action  dans  les  mêmes  conditions 
qu'avant  le  déplacement  du  niveau. 

Ces  considérations  permettent  de  comprendre  comment  les 
auteups  du  mémoire  sur  a  Les  terrains  tertiaires  de  la  Bresse:», 
ont  pu  être  amenés  à  adineltre  que  les  mouvements  positifs,  de 
même  que  les  mouvements  négatifs  déterminaient  l'approfondis- 
sement des  vallées.  La  conclusion  qu'ils  ont  tirée  de  la  figure 
schématique  de  la  page  177  de  leur  travail  est  géométriquement 
exacte  ;  mais  ils  ont  attribué  au  déplacement  du  niveau  de  base 
une  action  à  laquelle  il  est  resté  étranger  et  qui  s'exerçait  anté- 
rieurement à  ce  déplacement. 

D.  —  Nécessité  d'éliminer  de  la  série  des  terrasses  régulières 
certaines  formes  dont  l'origine  est  complètement  différente 

Dans  l'étude  et  la  recherche  des  terrasses  régulières  il  est 
indispensable  d'éliminer  certaines  formes  accidentelles  qui  pré- 
sentent de  très  grandes  analogies  avec  elles,  mais  dont  lorigine 
est  en  connexion  avec  des  causes  locales  en  partie  indépendantes 
des  variations  du  niveau  de  base. 

Le  plus  souvent  ces  formes  résultent  de  l'érosion  par  le  cours 
d'eau  principal  des  cônes  de  déjection  au  moyen  desquels  les 
affluents  se  raccordent  avec  lui  quand  leurs  pentes  sont  beaucoup 
plus  rapides.  Il  est  facile  de  se  rendre  compte  de  leur  mode  de 
formation. 

Considérons  (fig.  17)  une  section  AB  du  cours  d'eau  principal 
passant  par  un  afHuent  BDM,  dont  les  pentes  sont  beaucoup  plus 
rapides,  et  le  volume  d'eau  assez  considérable  pour  lui  donner 
une  grande  capacité  de  transport.  Le  raccordement  des  deux  nap- 

I.  Dblafont  et  Dbpérbt.  IjCS  terrains  tertiaires  de  la  Bresse,  p.  177  et  seq. 
6  Octobre  1901.  —  T.  K'.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  a4 


370       ^*^  LAafOTHE.  —  ST9rÈ3IES  UK  TERBAâSES  DBS  VAXUKKS       3  Jum 

p^ff  allaviaies  âe  fera  par  on  cône  BDC,  qui  refoulai  vers  la  live 
opposée  A  le  cours  iFeau  principal  (Isère  à  Valence,  Dmc  à 
Grenoble,  etc..)  Ce  retbolement  sera  d*  autant  plus  grand  que  le 
cours  d*eau  principal  sera  moins  encaissé^  et  aura  des  pentes  plus 

iaibles.  Si  ce  dernier^  pour  une 
tmtrx  .r^au  ./(/ï"^*'^        cause  quelconque  9   se  déplace 

^"""TT'*-*        ultérieurement    ^ers     sa    rive 


A 


^N^                    '^ _,— ^  droite,  il  creusera  le  cône  de 

^        "  raffinent  jusqu'en  C,  et  détermi- 

Pig.  17.  —  Mode  de  formation  nera   la   formation    d'un    talus 

des  fausses  terrasses.  j»a«^^;^—  ru^   .»♦  -^««  ^.u»..»^^^»^*»^ 

a  érosion  i>C«,  et  par  conséquent 
d'une  terrasse.  L'étendue  transversale  de  cette  terrasse,  son  déve- 
loppement longitudinal  et  sa  iiauteur  pourront  varier  dans  des 
limites  très  considérables,  qui  dépendront  de  la  largeur  de  la 
vallée  principale,  de  l'extension  du  cône  dans  cette  vallée,  de  la 
pente  de  ralHuent  et  eutin  de  Timportance  du  déplacement  latéral 
du  cours  d*eau  principaL  Lorsque  la  pente  du  cOne  sera  peu  sensible 
(ctoe  du  Drac  à  Grenoble)  la  pseudo- terrasse  d'érosion  aura  toutes 
les  apparences  d'une  vraie  terrasse  dont  il  pourra  être  très  difficile 
de  la  distinguer. 

Ce  phénomène  est  très  fréquent  dans  les  Alpes,  et  je  Tai  observé 
dans  beaucoup  d'autres  régions  (terrasse  de  Sainte-Ëgrève  à 
Grenoble,  terrasse  entre  Tain  et  Pont  de  Flsère  citée  au  cha- 
pitre m,  etc.). 

Si  à  la  suite  d'un  mouvement  négatif  le  cours  d'eau  principal 
s'abaisse  en  IH,  il  formera  une  nouvelle  terrasse  EH,  bien 
distincte  de  CD,  et  qui  seule  fera  partie  de  la  série  des  ter- 
rasses régulières.  Un  fait  de  ce  genre  se  produirait  à  Grenoble,  si 
risère  creusait  son  lit  de  3o  m.  par  exemple  en  se  jetant  en 
même  temps  sur  sa  rive  gauche  vers  EchiroUes  :  il  se  formerait 
deqx  terrasses.  Tune  de  3o  m.  dans  la  vallée  principale  ;  l'autre 
de  5o  à  60  m.  d'altitude  au-dessus  de  llsère  à  la  traversée  du 
cône  de  déjection  du  Drac  :  la  première  seule  appartiendrait  à  la 
série  des  terrasses  r^;ulières. 

On  remarquera  que  le  creusement  du  cône  ayant  pour  effet 
d'abaisser  le  niveau  de  base  de  l'affluent,  celui-ci  devra  également 
creuser  son  lit  en  y  créant  de  petites  terrasses  d'érosion,  confor- 
mément à  la  théorie  de  Mùhlberg.  Telle  est  l'origine  de  celles  que 
Ton  observe  au  Saut  des  Chèvres  près  de  Pont  de  l'Isère. 

11  est  évident  que  toutes  ces  terrasses  accidentelles  ne  doivent 
pas  coiupter  dans  la  série  normale  des  terrasses  d'une  vallée,  et 


igOI  OB  I.  ISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  HHIN  ET  DU  RHÔNE  3^1 

doivent  même  en  être  éliminées  avec  le  pliLs  ^and  soin.  Je  pro- 
pose de  les  distinguer  sous  le  nom  de/ausses  terrasses. 

A  cette  catégorie  on  peut  rattacher  les  anciens  deltas  si  fréquents 
dans  tous  les  pays  de  montagnes.  La  plupart  de  ceux  que  j'ai 
étudiés  forment  de  véritables  terrasses  qui  peuvent  occasionner  de 
graves  erreurs  d'interprétation  lorsqu'aucune  coupe  ne  permet 
d'étudier  leur  structure  interne.  Je  citerai  parmi  les  plus  remar~ 
<{uables  :  le  delta  de  Saint-Laurent-du-Pont  (Isère),  celui  de  Pontar- 
lier,  tous  les  deltas  torrentiels  de  la  haute  Moselle,  dont  quelques- 
uns  ont  parfois  l'aspect  de  vastes  terrasses  longitudinales  (Dussang, 
sablons  dn  Thillot,  sablons  de  Remenvillers,  terrasses  entre  Rémi- 
z>emont  et  Noir-Gueux,  Cresson,  etc...). 

K.  — Loi  relative  ii  l'épaissear  des  terrasses  régnlières 

Du  moment  où  la  formation  des  terrasses  régulières  est  due  à 
l'intervention  de  mouvements  positifs,  il  est  évident  que  leur 
épaisseur,  du  moins  à  l'embouchure,  doit  dépendre  avant  tout  de 
-t.' amplitude  de  ces  mouvements,  et  qu'elle  doit  être  indépendante 
de  la  puissance  d'érosion  et  de  transport  du  cours  d'eau  et  de 
l'importance  du  massif  où  il  prend  sa  source.  Les  épaisseurs 
snesurées  à  l'embouchure  des  ditférents  cours  d'eau  doivent  donc 
^?tre  égales,  si  les  mouvements  positifs  qui  ont  donné  naissance 
^%ux  nappes  correspondantes  ont  eux-mêmes  été  égaux,  et  si  aucune 
«saose  pertnrbatrice  (déplacement  horizontal  du  niveau  de  base  par 
^sxemple),  n'a  altéré  cette  égalité. 

Malheureusement  je  ne  connais  aucun  document  qui  permette 
«3e  vérifler  l'exactitude  de  cette  déduction  théorique  aux  embou- 
«^hores  du  Rhin  et  du  Rhône. 

Vers  l'amont,  les  épaisseurs  doivent  diminuer  progressivement  ; 
^c&«tle  diminution  doit  naturellement  être  plus  rapide  dans  les 
.  -^^kJBneDts.  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  ces  épaii^seurs  peuvent 
A«>cslement  présenter  des  variations  très  coruiidérabtes  dues  soit 
'^■iJTix  irrégolaiités  dn  profil  longitudinal,  soit  surtout  k  la  présence 
«::•  e  cônes  de  déjection  d'origine  latérale. 

Si  l'on  remarque  qu'il  existe  une  concordance  presque  parfaite, 
^^  u  moins  à  partir  de  la  haute  terrasse,  entre  les  altitudes  relatives 
<:S-«s  difl'érentus  nuppes  de  ciiilloutis  des  environs  de  Bàle  et  de  la 
%'aiAUte  Moselle,  d'une  part,  et  celles  di-  l'Isser  à  son  embouchure, 
«31 'autre  pwL,  et  que  par  conséquent  (■(:■?■  nappes  ont  dû  être  sensi- 
%>lenieDt  parallèles  entre  elles  et  aux  tlialwegs  actuels,  on  pourra 


i'ja       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

admettre  avec  quelque  vraisemblance  que  l'épaisseur  de  ces  nap- 
pes a  dû  rester  à  peu  près  constante  entre  Tembouchure  et  le 
point  où  on  les  observe  aujourd*hui.  On  peut  donc  sans  commettre 
de  grossières  erreurs  comparer  entre  elles  les  épaisseurs  des 
terrasses  des  environs  de  Bâle,  de  la  haute  Moselle,  de  Tisser 
et  même  du  Rliône. 

Le  tableau  ci-dessous  est  le  relevé  des  épaisseurs  que  j*ai  pu 
déterminer  par  moi-même,  ou  extraire  des  travaux  cités  dans  ce 
mémoire  ;  j'y  ai  joint  quelques  observations  relatives  aux  ter- 
rasses de  la  Durance  faites  par  M.  Kilian  ^ 


i 1 

RUÔNB 

HAUTB- 

NIVBAUX 

18SBR 

BT 
I8ÈRB 

DURANCE 

MOSBLLB 

RHIN 

OBSBRVATIOXS 

20O" 

? 

9 

1 

>  ao  à  40" 

5o-  à 
rirchel  * 

*  Nombre  douteux. 

*  Nombre  probable- 

i3(>-i5o* 

40-  » 

• 

So'ausud 
deRhein- 
felden  * 

ment  un  peu  faible. 

*  Nombre  certaine- 
ment trop  faible. 

*  GimwtixBR.    Die 

Haute  ter- 
rasse de 

35- 
environ 

9 

• 

3oà4o- 

i6"auBru- 
derholtz 

tfk    ^    tf% 

diluvial.,  p.  613. 

*  du  Pasqoikii.  Me 
<ft7uv<a/..  p.  74.  Don- 

90 à  100" 

3o*  ?  au 
Rùtihard» 

né  comme  maximum. 
*  Gtrrzwiixn .   Op. 

Moyenne 

40  à  45- 

3o- 

» 

35à4o- 

Quelques 

eit,,  p  5Q2. 

terrasse 

a 

^         f 

mètres 

^  GCTZWILUN.    /<f.. 

de    5o   à 
60- 

Romans 

s 

Archettes 

au  plus 

p.  522.    Ce   nombre 
correspond  donc  à  un 

maxunum. 

Basse  ter- 

aSàSo- 

21- 

Be- 

.3o- 

3a-àBàle 

rasse  de 

au 

au 

a 

près  de 

3o- 

moins  à 

Valence 

3 

moins 

Thaon 

• 

Taxe  de  la 
vallée  ^ 

Basse  ter- 

» 

ao- 

rasse  de 

au 

I5-ÎI0" 

moins 

La  plupart  des  nombres  de  ce  tableau  sont  des  minima.  On  ne 
doit  pas  perdre  de  vue,  en  ellet,  que  les  débris  des  anciennes 
terrasses  représentent  le  plus  souvent  le  bord  même  de  la  nappe 
dont  ils  ont  lait  partie,  et  que  pendant  l'érosion  de  cette  nappe,  le 
cours  d'eau  attaquant  nécessairement  de  préférence  les  parties  les 

1.  Kilian.  Réunion  extraordinaire  dans  les  Basses-Alpes.  B.  S.  G,  F.,  (3), 
XXm,  p.  801,  80Ô,  806,  814,  810. 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3'j3 

plus  afTouillables,  a  dû  déblayer  le  lit  sur  les  points  où  les  allu- 
mions présentaient  le  maximum  d'épaisseur.  La  partie  la  plus 
ëpaisse  des  anciennes  nappes  n'a  été  conservée  que  dans  les  rares 
circonstances  où  le  creusement  s'est  eftectué  dans  une  direction 
très  difl'érente  de  celle  suivie  par  le  cours  d'eau  pendant  le  remblai 
^niveau  de  loo  m.  de  l'Isser)  ^ 

Sous  cette  réserve,  et  malgré  le  petit  nombre  des  données,  il  est 
impossible  de  ne  pas  être  frappé  des  analogies  qui  existent  entre 
les  épaisseurs  des  terrasses  d'un  même  niveau  appartenant  à  des 
Jbassins  qui  diffèrent  cependant  par  tous  leurs  caractères  (surface, 
"volume  et  vitesse  des  eaux,  nature  des  matériaux,  présence  ou 
^^sence  de  glaciers . . .  ).  Le  fait  est  surtout  frappant  pour  la  basse 
"ft^errasse. 

X^.  —  Observations  concernant  la  recherche  et  l'étude  comparée 

des  terrasses 

Les  considérations  qui  précèdent  ne  résolvent  pas  toutes  les 
^questions  que  peut  soulever  la  formation  des  terrasses  régulières 
^ans  l'hypothèse  où  je  me  suis  placé  ;  quelques-unes  exigeraient 
^es  développements  incompatibles  avec  les  limites  imposées  à 
muette  note  ;  d'autres  ne  sont  pas  actuellement  susceptibles  d'une 
solution.  Parmi  ces  questions,  je  citerai  celle  qui  est  relative  à  la 
perturbation  exercée  sur  la  fori{iation  des  terrasses  par  l'interpo- 
sition d'un  lac  ou  d'une  zone  d'affaissement.  Les  anomalies  que 
^présentent  les  terrasses  dans  la  Bresse,  dans  la  plaine  du  Rhin 
ntre  Bâle  et  Bingen,  dans  celle  de  Munich,  sont  probablement  liées 
des  phénomènes  de  cet  ordre.  J'y  reviendrai  peut-être  un  jour. 
Quoi  qu'il  en  soit,  et  malgré  leurs  lacunes,  ces  considérations 
ourront  servir  de  guide  dans  les  recherches  ultérieures,  et  c'est 
oor  ce  motif  que  je  crois  utile  d'en  résumer  brièvement  les  consé- 
uences  les  plus  intéressantes  à  ce  point  de  vue. 

i*>  La  première  chose  à  faire  avant  d'entreprendre  l'étude  des 
errasses  d'une  vallée,  est  de  déterminer  très  exactement  le  profil 
ongitudinal  du  cours  d'eau,  surtout  dans  la  partie  où  le  profil 
'équilibre  est  réalisé  ou  à  peu  près. 

La  connaissance  de  ce  profil  facilitera  l'élimination  des  terrasses 
xrégulières  :  elle  évitera  de  rechercher  des  terrasses  régulières 
ans  des  régions  où  elles  n'ont  pas  pu  exister. 
L'examen  du  terrain,  la  considération  des  épaisseurs  permet- 
'ILront  souvent  de  distinguer  les  fausses  terrasses. 

I.  Voir  ma  note  sur  Tisser,  p.  274»  ^S'  ^  ^t  planctie  III. 


3^4       1>B  LAMOTHK.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

a""  Dans  Tétude  de  détail,  on  devra  tout  d*abord  faire  abstrac- 
tion des  limons,  à  moins  qu'ils  ne  soient  le  produit  du  régime 
normal  et  permanent  du  cours  d'eau.  On  déterminera  ensuite  le 
niveau  le  plus  élevé  atteint  par  les  cailloutis,  en  ne  perdant  pas  de 
vue  que  près  des  pentes  et  au  débouché  des  ravins  latéraux,  ce 
niveau  peut  être  considérablement  relevé  par  les  apports  de 
toute  nature. 

L'emboîtement  de  certaines  terrasses  rendra  très  difficile  la 
distinction  des  niveaux,  surtout  quand  la  dénudation  a  effacé  les 
formes  caractéristiques.  Il  peut  dans  ce  dernier  cas  occasionner 
des  mélanges  et  des  superpositions  anormales  de  faunes,  dont  il 
est  indispensable  de  tenir  compte. 

Les  cailloutis  les  plus  anciens  sont  toujoui*s  ravinés  et  dénudés, 
et  comme  ils  ont  eu  une  épaisseur  considérable,  les  lambeaux  d'une 
même  nappe  se  montrent  souvent  à  des  altitudes  très  différentes. 
L'altitude  primitive  ne  pourra  dans  ce  cas  être  retrouvée  que  par 
la  comparaison  des  altitudes  d'un  grand  nombre  de  lambeaux.  On 
pourra  parfois  reconnaître  les  niveaux  en  se  plaçant  à  une  certaine 
distance  en  face  et  en  se  guidant  sur  les  formes  générales  du  ter- 
rain, comme  Ta  indiqué  du  Pasquier  ;  j'ai  apprécié  dans  la  Moselle 
et  dans  l'Isser  la  justesse  de  cette  observation.  La  connaissance 
des  variations  que  présente  la  composition  des  nappes  alluviales 
dans  le  sens  vertical,  sera  dans  bien  des  cas  d'un  grand  secours 
(Rhin,  Doubs).  • 

La  détermination  des  altitudes  relatives  devra  être  faite  aussi 
exactement  que  possible,  une  erreur  de  quelques  mètres  pouvant 
fausser  les  résultats,  en  raison  de  la  faiblesse  des  intervalles  qui 
séparent  les  terrasses.  Il  serait  imprudent  de  compter  sur  le 
baix)mètre,  à  moins  de  répéter  8  à  lo  fois  les  mêmes  opérations 
dans  des  circonstances  différentes  de  température  et  de  pression, 
ainsi  que  je  l'ai  fait  dans  les  Vosges  de  1857  à  i885,  avant  de 
pouvoir  utiliser  les  levers  de  précision.  On  ne  devra  pas  perdre 
de  vue  que  les  altitudes  relatives  croissent  de  l'aval  vers  l'amont 
et  d'autant  plus  rapidement  que  les  terrasses  sont  plus  anciennes 
et  les  pentes  du  thalweg  plus  rapides.  Cette  notion  devra  toujours 
être  présente  à  Tesprit  quand  on  cherchera  à  suivre  les  terrasses. 
L'examen  de  la  nature  et  de  l'état  de  conservation  des  cailloutis 
pourra  faciliter  cette  dernière  opération.  Les  géologues  suisses 
nous  ont  donné  dans  cet  ordre  d'idées  un  exemple  qu'il  serait 
désirable  de  voir  imiter  en  France  où  Ton  affecte  trop  souvent  de 
laisser  systématiquement  de  côté  tout  ce  qui  concerne  latiistribu- 
tion  des  roches  dans  les  terrasses   et  les  dépôts  erratiques.   Je 


IQOI  DE  l'iSSER,  de  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3^5 

ferai  toutefois  remarquer,  à  cette  occasion,  que  les  faits  obser- 
vés dans  la  Moselle  prouvent  que  les  données  déduites  de  Faite- 
ration  plus  ou  moins  grande  des  galets  n^ont  qu'une  valeur 
très  relative,  et  ne  doivent  être  interprétées  qu'avec  prudence. 

S""  Ce  travail  local  terminé,  si  Ton  veut  procéder  à  la  compa- 
raison des  terrasses  observées  avec  celles  d'un  autre  bassin,  on 
devra  tout  d'abord,  s*il  y  a  eu  des  déplacements  horizontaux  du 
niveau  de  base,  rapporter  toutes  les  altitudes  relatives  à  une  même 
position  de  ce  niveau,  opération  délicate  pour  laquelle  la  connais- 
sance des  anciennes  plages  pourra  fournir  d'utiles  indications. 

Les  comparaisons  ne  devront  porter  que  sur  des  régions  où  les 
pentes  des  thalwegs  actuels  sont  comparables,  et  où  Ton  peut 
admettre  que  révolution  du  profil  longitudinal  a  été  sensiblement 
la  même.  Il  serait  illogique,  en  effet,  de  comparer  à  priori  les 
terrasses  de  vallées  à  pentes  faibles  avec  celles  de  vallées  à  pentes 
relativement  fortes.  En  principe,  il  sera  préférable  de  limiter  les 
comparaisons  à  des  régions  où  les  pentes  actuelles  sont  également 
faibles. 

Dans  tous  les  cas ,  on  devra  attacher  plus  d'importance  au 
nombi*e  des  niveaux  de  cailloutis  existant  dans  ime  zone  d'altitude 
donnée  et  à  leurs  intervalles,  qu'à  la  concordance  rigoureuse  des 
altitudes  relatives. 

II.  —  Objections  que  soulève  la  théorie 
de  ropig^lne  g^laclaipe  des  terrasses  et  de  la  formation 

du  complexe  g^laciaire 

Dans  les  conclusions  du  chapitre  IV,  je  me  suis  contenté  de  faire 
remarquer  que  la  concordance  des  systèmes  de  terrasses  dans  les 
quatre  bassins  étudiés,  excluait  la  possibilité  de  leur  formation 
par  l'action  d'une  cause  commune  agissant  à  l'amont,  ce  qui 
conduisait  à  écarter  Thypothèse  de  Tintervention  des  glaciers. 

11  me  reste  à  montrer  que  cette  hypothèse  telle  qu'elle  a  été 
présentée  par  ses  auteurs,  soulève  des  objections  nombreuses  qui, 
en  dehors  de  tonte  autre  considération,  sulliraicnt  pour  en  justifier 
le  rejet. 

Dans  cette  hypothèse,  dont  je  rappelle  sommairement  les 
données  essentielles,  la  formation  des  terrasses  est  liée  exclusive- 
ment à  la  présence  des  glaciers  et  aux  grandes  oscillations  de  leur 
extrémité  aval  K  A  chaque  glaciation,  quelle  qu'en  soit  la  cause, 

I.  Consulter  les  ouvrages  déjà  cités  de  du  Pasquier  et  le  Système  glaciaire 
des  Alpes,  de  Penck,  du  Pasquier  et  Briïckiier. 


3^6       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEBS       3  Juili 

les  glaciers  s^avancent  dans  les  vallées  préexistantes,  précédés 
d'un  comblement  fluvial,  formé  de  V excédent  des  matériaux 
fournis  aux  rivières  par  le  véhicule  glaciaire  ^  A  chaque  phase 
d'arrêt  correspond  un  complexe  glaciaire  et  fluvio-glaciaire  de 
moraines  et  d'alluvions  formant  un  tout  contemporain  de  genèse 
indissoluble  ^. 

Ce  complexe  quand  il  est  intact,  comme  c'est  souvent  le  cas 
pour  les  moraines  internes,  comprend  un  amphithéâtre  moraini- 
que  avec  sa  dépression  centrale,  et  un  cône  de  déjection  partant 
des  moraines  (cône  de  transition),  à  un  niveau  beaucoup  plus 
élevé  que  le  fond  de  la  dépression  centrale  et  servant  de  nappe 
d^  raccordement  avec  les  vastes  plaines  ou  terrasses  régulières 
qui  s'étendent  au  loin  vers  Ta  val. 

Pendant  la  phase  de  retraite  des  glaciei*s  en  amont  des  moraines 
terminales,  le  matériel  charrié  s'est  déposé  dans  la  dépression 
centrale,  c'est-à-dire  en  contrebas  des  terrasses  extérieures,  et  les 
cours  d'eau  ainsi  déchargés  ont  commencé  au  sein  des  moraines 
et  des  terrasses  extérieures,  leur  travail  d'érosion.  Ce  phénomène 
s'est  renouvelé  autant  de  fois  qu'il  y  a  eu  de  glaciations.  L'idée 
d'une  variation  de  la  ligne  de  rivage  doit  être  écartée  :  elle  n'est 
justifiée  par  aucun  fait;  elle  est  même  en  opposition  avec  les 
faits  ^. 

La  théorie  de  l'origine  glaciaire  des  terrasses  est,  on  le  voit, 
tout  l'opposé  de  celle  à  laquelle  nous  a  conduit  l'étude  comparée 
de  ces  mêmes  terrasses  dans  divers  bassins.  Tandis  que  dans  la 
première,  la  cause  de  la  formation  des  terrasses  doit  être  cherchée 
vers  la  tête  des  vallées,  et  est  liée  à  la  présence  des  glaciers,  dans 
la  seconde  la  cause  a  agi  exclusivement  à  l'extrémité  aval  des 
vallées  et  ne  peut  être  que  Toscillation  du  niveau  de  base. 

Je  vais  exposer  aussi  brièvement  que  possible  les  observations 
que  suggère  l'examen  de  cette  doctrine. 

i^  observation.  —  Dans  la  théorie  glaciaire,  le  remblai  des 
vallées  est  la  conséquence  de  la  progression  des  glaciers,  le  creu- 
sement du  remblai  et  même  du  substratum  est  lié  à  leur  recul.  Or, 
les  faits  actuellement  observables  sont  en  contradiction  avec  le 
principe  même  de  cette  double  connexion. 

Dans  les  hautes  régions  alpines,  on  peut  constater  à  chaque  pas 
que  les  apports  des  plus  modestes  torrents  sont  presque  toujours 

1.  duPASQUiER.  Les  ail.  glaciaires ^  p.  56. 

2.  Système  glaciaire,  p.  12. 

3.  du  pASi^L'u  II.  Ule  /lui'ioglacialen . .  . ,  p.  09  et  seq.  —  Les  ail.  glac.^  p.  07. 

i 


\ 


igOI  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3^^ 

au  moins  aussi  considérables,  sinon  plus,  que  les  moraines  des 
plus  grands  glaciers,  malgré  l'extrême  disproportion  des  bassins 
d'alimentation,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  existe  dans  les  Alpes  beau- 
coup de  moraines  dont  la  puissance  pnisse  être  comparée  aux 
cônes  de  déjection  des  grands  torrents  des  Alpes  françaises,  tels 
que  ceux  de  Boscodon,  de  Rioubourdoux,  de  Baudon,  des  Vachères, 
de  Manival  *,  etc.  Il  est  donc  difficile,  quand  on  réfléchit  aux  cir- 
constances dans  lesquelles  se  produisent  les  allbuillements  des 
bassins  de  réception  des  torrents,  de  ne  pas  admettre  que  si  ceux- 
ci  étaient  remplis  de  glace,  l'alimentation  des  cônes  de  déjection 
serait  sinon  supprimée,  du  moins  extrêmement  réduite. 

D'autre  part,  la  majeure  partie  des  matériaux  transportés  par 
les  glaciers,  est  empruntée  aux  éboulis  qui  s'accumulent  sur  les 
pentes  encaissantes,  sous  l'influence  des  agents  atmosphériques  ; 
la  présence  d'une  couverture  de  glace  en  limitant  la  formation  de 
ces  éboulis  doit  nécessairement  réduire  en  même  temps  l'impor- 
tance des  moraines  qu'ils  alimentent. 

n  résulte  de  ces  deux  données  que  les  glaciers  et  leurs  névés 
doivent  être  considérés  plutôt  comme  des  agents  protecteurs  du 
sol  qu'ils  recouvrent  que  comme  des  agents  d'érosion,  et  que  le 
résultat  immédiat  de  leur  extension  doit  être  de  diminuer  la  quan- 
tité totale  des  débris  susceptibles  d'être  charriés.  L'alimentation  en 
matériaux  de  tontes  grosseurs,  des  rivières  issues  de  ces  glaciers 
(à  l'exception  peut-être  de  la  boue  glaciaire),  doit  donc  aller  en 
diminuant  pendant  la  progression  des  glaces  et  en  augmentant 
pendant  leur  retraite,  et  il  est  dès  lors  absolument  illogique  de 
faire  dépendre  la  formation  du  remblai  de  cette  progression  et 
son  creusement,  de  cette  retraite. 

Pour  échapper  à  cette  contradiction,  les  auteurs  de  la  théorie 
glaciaire  ont,  fort  habilement,  imaginé  de  faire  intervenir  la 
dépression  centrale,  et  supposé  qu'au  début  de  la  retraite,  les 
matériaux  se  déposant  dans  cette  dépression  ne  pouvaient  plus 
atteindre  le  cône  de  transition  et  le  niveau  supérieur  des  terrasses. 
Les  eaux  débarrassées  des  matériaux  qu'elles  charriaient  devaient 
donc  nécessairement  creuser  la  barrière  formée  par  la  moraine 
terminale  et  la  nappe  alluviale. 

Il  me  suffira,  je  crois,  de  faire  remarquer  qu'en  raison  de  la 
très  faible  capacité  de  la  dépression  centrale,  son  comblement  n'a 
pas  pu  exiger  un  temps  bien  considérable,  et  que  cette  opération 
aussitôt  terminée,   les   eaux   surchargées  de   nouveau  de  maté- 

I.  Les  déjections  du  Boscodon  (Ha aies- Alpes)  sV-lèvent  à  73  n».  ao,  et  lu 
largeur  du  lit  est  de  3,33o  m.  (Surell). 


378       DE  LAMOTHE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Juin 

riaux,  ont  dû  cesser  «le  creuser  et  ont  recommencé  à  aUavionner 
comme  auparavant.  Il  n  est,  en  outre,  nullement  évident  que  le 
creusement  du  barrage  morainique  ait  pu  atteindre  pendant  ce 
comblement  une  profondeur  notable,  puisque  les  eaux  le  franchis- 
saient sans  vitesse. 

Ainsi,  non  seulement  le  creusement  des  nappes  alluviales 
n'apparaît  pas  comme  la  conséquence  nécessaire  de  la  retraite  des 
glaciers,  mais  Ton  serait  plutôt  conduit  à  considérer  cette  retraite 
comme  une  nouvelle  cause  de  remblai. 

Enfin,  il  convient  de  noter  que  dans  la  théorie  glaciaire,  les 
nappes  alluviales  correspondant  aux  glaciations  successives,  et 
par  suite  les  terrasses  qui  en  dérivent,  devraient  toutes  converger 
vers  l'embouchure,  puisque  le  niveau  de  base  est  supposé  inva- 
riable. Or  cette  convergence  ne  se  manifeste  certainement  pas 
dans  le  Rhône,  car  il  existe  à  Tembouchure,  ou  à  peu  de  distance 
en  amont,  plusieurs  niveaux  de  cailioutis  dont  le  plus  élevé  d'après 
la  carte  géologique,  est  encore  à  i45  m.  au-dessus  du  Rhône,  sur 
le  parallèle  d'Avignon. 

2'"'  observation,  —  Le  mode  de  formation  de  la  dépression 
centrale  soulève  également  de  sérieuses  objections.  Il  n'existe 
aucun  fait  qui  autorise,  par  analogie,  à  supposer  que  les  anciens 
glaciers  ont  été  capables  d'édifier  à  leur  extrémité  terminale,  des 
barrages  continus  élevés  de  5o  à  60  m.  au-dessus  de  leur  fond  ; 
les  moraines  terminales  des  glaciers  actuels  sont,  en  effet,  toujours 
largement  éventrées  vis-à-vis  du  débouché  du  torrent  sous-glaciaire. 
Or,  dans  les  anciens  glaciers,  le  volume  des  eaux  de  fusion  a  dû 
être  bien  plus  considérable  que  dans  les  glaciers  actuels,  comme 
le  prouvent  les  faits  observés  au  Groenland,  et  comme  l'admet 
d'ailleurs  du  Pasquier.  D'autre  part,  la  masse  de  matériaux  char- 
riés a  été  d*autant  plus  faible  que  le  glacier  approchait  davantage 
de  son  maximum  ;  enfin,  l'accumulation  de  ces  matériaux  sur  le 
front  du  glacier,  non  seulement  n'est  pas  instantanée,  mais  est  au 
contraire  très  lente,  tandis  que  l'écoulement  des  eaux  de  fusion 
est  continu.  Pour  ces  diverses  raisons,  il  est  bien  difficile  d'admet- 
tre que  les  torrents  issus  des  anciens  glaciers  n'aient  pas  été 
capables  de  maintenir  la  liberté  de  leur  chenal  et  d'empêcher  la 
formation  d'un  Barrage  transversal  continu. 

Du  Pasquier  qui  a  sans  doute  entrevu  l'objection,  a  cherché  à 
expliquer  l'édification  du  barrage  et  en  même  temps  celle  du  cône 
de  transition,  en  supposant  que  l'eau  de  fusion  s'échappait  de  la 
base  du  glacier  sous  la  forme  d'une  multitude  de  petits  filets  et 


IgQI  DB  LAISSER,  JDE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  3^9 

non  en  une  masse  anique.  Il  est  possible  qa*un  phénomène  de 
ce  genre  puisse  se  produire  sur  un  plateau,  mais  il  ne  se  produira 
certainement  pas  dans  une  vallée  plus  ou  moins  encaissée,  comme 
celle  de  TAar,  de  la  Reuss,  de  l'Isère  ou  du  Rhône.  Les  lois  du 
mouvement  des  glaciers  sont  celles  de  l'eau,  et,  par  suite,  le  profil 
du  lit  sous-glaciaire,  sauf  dans  le  cas  où  le  glacier  coule  sur  un  cône 
de  déjection,  doit  nécessairement  être  concave.  Les  eaux  de  fusion 
se  rassembleront  donc  dans  la  partie  la  plus  basse  du  profil 
transversal  et  formeront  un  coui'S  d'eau  unique.  L'hypothèse  de 
du  Pasquier  semble  n'être  qu'une  réédition  de  la  théorie  du 
rouleau  compresseur  de  Hogard,  au  moyen  de  laquelle  ce  géolo- 
gue, assimilant  la  marche  des  glaciers  à  celle  d'un  cylindre,  expli- 
quait le  nivellement  longitudinal  et  transversal  des  nappes  allu- 
viales ;  elle  est  comme  cette  dernière  en  conti*adiction  complète 
avec  les  lois  expérimentales  du  mouvement  des  glaciers,  et  doit 
par  suite  être  rejetée. 

5"»«  obserçation,  —  Du  Pasquier  parait  avoir  attaché  une 
grande  importance  à  l'existence  d'un  faciès  endogène  et  d'un 
faciès  exogène  du  phénomène  des  terrasses  par  rapport  aux 
moraines  ^  Je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  la  disparition 
des  terrasses  régulières  en  amont  des  moraines  s'explique  d'une 
façon  beaucoup  plus  simple  dans  la  théorie  que  j'ai  développée. 

En  effet  :  a,  —  Comme  je  l'ai  montré  plus  haut,  les  terrasses  régu- 
lières sont  spéciales  à  la  zone  où  le  profil  d'équilibre  a  été  atteint  ; 
elles  ne  la  franchissent  que  rarement  vers  l'amont  où  l'on  ne  rencon- 
tre que  des  terrasses  localisées  et  irrégulières  ;  b,  —  Les  glaciers  ne 
paraissent  pas  en  général  s'être  beaucoup  avancés  sur  la  zone  où 
le  profil  d'équilibre  était  atteint,  sauf  peut-être  à  l'époque  de  leur 
maximum  d'extension  ;  par  conséquent  la  plus  grande  partie  de 
ces  terrasses  régulières  doit  normalement  se  montrer  à  l'aval  des 
moraines  de  la  glaciation  correspondante  ;  c,  — Pendant  leur  recul, 
les  glaciers  ont  dû  raviner  et  détruire  la  majeure  partie  des 
terrasses  régulières  sur  lesquelles  ils  avaient  coulé  et  après  leur 
départ  définitif,  la  dénudation  dont  les  effets  sont  d'autant  plus 
grands  que  Ton  se  rapproche  davantage  des  régions  montagneuses, 
a  achevé  leur  œuvre. 

4"^''  observation.  —  Ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  de  Lappa- 
rent  -,  le  phénomène  des  terrasses  ne  peut  être  une  conséquence 
exclusive  du  régime  glaciaire,  puisque  nous  retrouvons  des  sys- 

I.  du  Pasquier.  AU.  glaciaires,  p.  02. 

a.  (le  Lappahk.nt.  Traité  de  géologie,  4*  édit.,  p.   i(>33. 


38o       DE  tAMOTHE.  —  SYSTÈMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEK6       3  Juin 

tèmes  de  terrasses  dans  des  vallées  comme  celle  de  la  Somme,  où 
il  n  y  a  jamais  en  de  glaciers.  Les  faits  observés  dans  Tisser  sont 
encore  plus  concluants,  puisqu'à  Tembouchure,  les  terrasses  et  les 
plages  sont  en  connexion  intime.  Il  y  aurait  donc  eu,  dans 
des  bassins  très  voisins,  des  systèmes  de  terrasses  formés  les 
uns  par  l'intervention  exclusive  des  glaciers,  les  autres  sons 
Tempire  de  conditions  absolument  différentes  :  ce  qui  est  bien 
improbable. 

S*"^  observation.  —  La  concordance  des  épaisseurs  est  une 
objection  non  moins  grave.  Les  données  que  j'ai  citées  plus  haut 
montrent,  en  effet,  que  Tépaisseur  de  terrasses  de  même  altitude 
relative  et  que  Ton  peut  considérer  comme  synchroniques  est 
indépendante  de  l'importance  des  massifs.  Dans  la  théorie  glaciaire 
cette  épaisseur  devrait  au  contraire  être  proportionnelle  à  cette 
importance. 

6^^  observation,  —  Il  ne  paraîtra  peut-être  pas  hors  de  propos, 
de  rappeler  ici  que  la  région  en  amont  et  en  aval  du  barrage  de 
Noir-Gueux  qui  représente  au  point  de  vue  topographique  un 
appareil  glaciaire  complet,  a  été  cependant  exclusivement  façonnée 
par  les  eaux,  sans  aucune  intervention  de  la  glace. 

On  voit,  en  résumé,  que  non  seulement  la  théorie  de  lorigine 
glaciaire  des  nappes  alluviales  et  des  terrasses  est  contredite  par 
les  faits  exposés  dans  ce  mémoire,  mais  que  le  mécanisme  même 
de  leur  formation  soulève  de  sérieuses  objections.  Elle  doit  donc 
être  complètement  rejetée. 

Faut-il  en  conclure  qu'il  n'existe  aucun  lien,  même  indirect, 
entre  la  maix;he  des  glaciers  et  la  formation  des  nappes  alluviales 
et  des  terrasses  ?  Je  ne  le  pense  pas,  et  je  crois  même  que  d'après 
les  rapports  d'âge  et  de  position  qui  semblent  exister  entre  les 
glaciations  et  certaines  terrasses,  on  est  dans  une  certaine  me- 
sure autorisé  à  admettre  Texistence  de  ce  lien  comme  probable. 

Sa  nature  me  paraît  pouvoir  être  déduite  des  considérations 
ci-après  :  Les  mouvements  positifs  en  étendant  le  domaine  mari- 
time, les  mouvements  négatifs  en  le  restreignant,  doivent  néces- 
sairement amener  des  modifications  dans  le  climat,  modifications 
très  faibles  sans  doute,  mais  dont  l'effet  sur  les  glaciers  peut 
devenir  considérable  si  la  durée  du  phénomène  est  suffisamment 
prolongée.  L'influence  des  mouvements  négatifs  est  encore  accrue 
par  Taffaissement  dt*  la  nappe  de  glace  consécutif  du  creusement 
de  la  vallée  :  il  sufBt  pour  se  rendre  compte  de  la  valeur  de  cette 
influence   de  remarquer  qu'après  la   formation  de   la  nappe  de 


tgOI  DE  L*I5SER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE    -         38l 

i3o-iSo  m.^  il  y  a  eu  antériearement  à  la  haate  terrasse  un  creu- 
sement de  90  m.  dans  la  zone  du  profil  d'équilibre.  J'ajouterai  que 
quelques  géologues  ont  reconnu  implicitement  la  connexion  entre 
les  oscillations  du  niveau  de  base  et  les  mouvements  des  glaciers 
en  faisant  coïncider  une  partie  de  leurs  périodes  intcrglaciaires 
avec  des  émersions  K 

On  peut  donc  admettre  comme  vraisemblable  que  les  mouvements 
positifs  ont  en  principe  provoqué  la  progression  des  glaciers  et  que 
les  mouvements  négatifs  ont  au  contraire  déterminé  leur  retraite, 
et  conclure  par  conséquent  que,  comme  dans  la  théorie  glaciaire, 
la  progression  des  glaciers  a  coïncidé  avec  la  formation  des  nappes 
alluviales  et  leur  retraite  avec  le  creusement  de  ces  nappes.  Mais, 
tandis  que  dans  la  théorie  glaciaire,  c'est  la  marche  du  glacier  qui 
provoque  suivant  son  sens  le  remblai  ou  le  creusement,  dans 
l'hypothèse  où  je  me  suis  placé,  c*est  Toscillation  du  niveau  de 
base  qui  règle  le  sens  de  cette  marche,  en  provoquant  en  même 
temps  le  remblai  ou  l'érosion.  Il  n*y  a  donc  pas  de  lien  direct  de 
cause  à  eitet,  entre  la  formation  des  nappes  alluviales  et  des 
terrasses  et  les  mouvements  des  glaciers,  mais  seulement  un  lien 
indirect,  dû  à  ce  que  ces  divers  phénomènes  sont  sous  la  dépen- 
dance d'une  même  cause^  l'oscillation  du  niveau  de  base. 

En  partant  de  ces  données  et  en  appliquant  aux  glaciers  les  lois 
qui  régissent  l'évolution  des  cours  d'eau,  je  me  suis  assuré  qu'il 
était  facile  de  donner  une  explication  rationnelle  et  simple  des 
particularités  observées  au  contact  des  glaciers  de  la  dernière 
extension  et  de  la  terrasse  basse,  et  notamment  de  la  formation 
du  complexe  glaciaire.  Mais  cette  explication  m'entralnei'ait  en 
dehors  du  cadre  et  des  limites  imposées  à  cette  note  et  il  me  parait 
préférable  de  rajourner  pour  le  moment. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut,  semble-t-il,  concevoir  ainsi  qu'il  suit 
la  marche  des  phénomènes  glaciaires  dans  les  Alpes  occidentales. 
La  surrection  des  grands  massifs  montagneux  à  la  fin  du  Pliocène 
marin  et  les  conditions  climatériques  résultant  de  la  position 
élevée  du  niveau  de  base,  expliquent  l'apparition  et  l'invasion  des 
glaciers  alpins.  Si  le  niveau  de  base  était  resté  invariable,  ces 
glaciers  auraient  progressé  d'une  façon  plus  ou  moins  continue 
jusqu'à  im  maximum  correspondant  à  l'état  d'équilibre  entre  les 
causes  favorables  à  l'extension  et  les  causes  opposées,  et  ils  s'y 
seraient  maintenus.  Mais  les  oscillations  du  niveau  de  base  ont, 
à  deux  reprises,  interrompu  la  continuité  de  cette  progression  et 

I.  Voir  J.  Geikie.  The  gréai  ice  âge,  3*  edit.,  p.  O07  et  seq. 


38â        DE  LAMOTUE.  —  SYSTEMES  DE  TERRASSES  DES  VALLEES       3  Jllin 

déterminé  de  grandes  oscillations  dans  la  masse  glacée  (glacia- 
tions des  niveaux  de  âoo-Q3o  m.  et  de  i3o-i5o  m.). 

Le  grand  mouvement  négatif  qui  a  suivi  le  nuiximum  d'extension 
(glaciation  de  la  haute  terrasse),  a  définitivement  rompu  Téqui- 
libre  entre  les  causes  d*extension  et  les  causes  opposées,  au  profit 
de  ces  dernières,  et  la  retraite  générale  des  glaciers  a  commencé, 
interrompue  seulement  par  des  poussées  en  avant  dues  aux  mou- 
vements positifs  qui  ont  amené  la  formation  des  nappes  de  la 
moyenne  et  de  la  basse  tentasse. 

Résumé  final 

Ce  long  mémoire  peut  se  résumer  en  quelques  lignes.  L* étude 
comparée  des  systèmes  de  terrasses  de  Tisser,  de  la  Moselle,  du 
Rhin  à  Bâle  et  du  Rhône  à  Valence,  démontre  que  ces  systèmes, 
abstraction  faite  du  niveau  le  plus  élevé,  sont  presq[ue  identiques 
et  superposables.  On  retrouve  partout,  dans  une  zone  de  soo  m. 
d*altitude  environ  au-dessus  des  thalwegs,  six  niveaux  de  cailloutis, 
séparés  par  les  mêmes  intervalles  dans  les  différentes  vallées,  et 
si  Ton  tient  compte  de  Tétat  actuel  du  profil  d*équilibre,  on 
constate  que  les  altitudes  relatives  sont  partout  les  mêmes. 

Ces  faits  ne  peuvent  s'expliquer  qu'en  admettant  que  les  nappes 
alluviales  et  les  terrasses  se  sont  formées  sous  l'influence  d'oscil- 
lations eustatiqueSy  à^  résultante  négative,  qui  ont  affecté  de  la 
môme  façon  les  niveaux  de  base  et  ont  déterminé  dans  les  vallées 
étudiées  des  alternatives  d'érosion  et  de  remblai,  qui  ont  peu  à 
peu  amené  celles-ci  à  leur  état  actuel.  Les  mouvements  positifs  ont 
été  très  lents  ;  les  mouvements  négatifs  paraissent  n'avoir  été  ni 
instantanés,  ni  même  très  rapides. 

Réciproquement,  en  admettant  la  réalité  de  ces  oscillations,  il 
est  facile  d'expliquer  et  de  prévoir  la  plupart  des  particularités 
que  présentent  la  formation  et  la  distribution  de  terrasses. 

On  est  ainsi  conduit  à  rejeter  la  théorie  qui  fait  dépendre  la 
formation  des  nappes  alluviales  et  des  terrasses  des  oscillations 
des  glaciers. 

Enfin,  les  alternatives  de  creusement  et  de  remblai  qui  ont 
déterminé  la  formation  des  vallées,  ne  peuvent  se  concevoir 
qu'en  admettant  qu'une  période  de  temps  d'une  dui'ée  extrême- 
ment considérable  nous  sépare  de  l'époque  où  ont  apparu  les  cail- 
loutis  du  niveau  le  plus  élevé. 


1901  DE  LAISSER,  DE  LA  MOSELLE,  DU  RHIN  ET  DU  RHÔNE  383 


SOMMAIRE 

lîTIBODUCTION 297 

Ghapitrb   I.    —  Résumé  des  faits  observés  dans  Visser 297 

Chapitrb  n.  —  Bxamen  des  difficultés  que  soulève  la  comparaison  des 

résultats  obtenus  dans  Visser  avec  les  observations 

similaires  faites  dans  d*autres  régions 3o4 

I*  Impossibilité   d'utiliser  actuellement   les  maté- 
riaux fournis  par  l'étude  des  anciennes  plages.   .      3o5 
a'   Difficultés  de  l'étude  comparée   des  anciennes 

terrasses  fluviales 3o8 

ITRB  lU.  —  Etude  des  terrasses  de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du  Rhône,      3io 

I.  —  Vallée  de  la  Moselle 3io 

II.  —  Vallée  du  Hhin  près  de  Bàlc 335 

III.  —  Vallée  du  Hhône  près  de  Valence 339 

iTRB  IV.  —  Comparaison  des  résultats  et  conclusions.      ....  343 
rrRB  V .   —  Considérations  théoriques  sur  la  formation  des  ter- 
rasses et  leurs  relations  avec  les  glaciers 355 

I     —  MrCANISMB  DB  la  formation  DBS  TBKRASSBS.    .         358 

A.  —  Les  oscillations  du  niveau  de  base  sont  exclusi- 
vement verticales 358 

B.  —  Le  niveau  de  base  ne  subit  que  des  déplacements 
horizontaux 366 

C.  —  Le  niveau  de  base  se  déplace  à  la  fois  verticale- 
ment et  horizontalement 367 

D.  —  Nécessité  d'éliminer  de  la  série  des  terrasses 
régulières  certaines  formes  dont  l'origine  est 
toute  différente 369 

£.  —  Loi  relative  à  l'épaisseur  des  terrasses  régulières.      371 
F.  —  Observations  concernant  la  recherche  et  l'étude 

comparée  des  terrasses 373 

II.  —    Objbgtions    qub    soulbvb    la   tukorib    de 

l'ORIOINB  GLAGIAIRB  des  TBRRASSBS  BT  DR   LA   FOR- 
MATION DU  COMPLEXE  OLAGIAIRB 375 

FINAL 38a 


la  suite  de  cette  communication,  M.  E.  Haug  présente  les 
rvatioas  suivantes  :  Les  résultats  théoriques  de  l'importante 
Lnonication  du  colonel  de  Lamothe  sont  la  conclusion  logique 
«au  travail  sur  les  terrasses  de  Tisser  qui  a  paru  il  y  a  deux 
^^ans  notre  Bulletin.  Un  grand  nombre  de  lecteurs  de  ce  travail 
^  certainement  conclu  dans  le  même  sens  et  M.  Kilian  en 
'^^'^-iculier  a  appliqué  aux  vallées  alpines  la  théorie  des  creuse- 
^^ts  successifs  à  la  suite  de  changements  successifs  dans  le  niveau 


384  SÉANCE   DU   3  JUIN    I9OI 

de  base.  *  En  ce  qui  me  concerne,  j  ai  également  envisagé  la  possi- 
bilité de  cette  interprétation  des  terrasses  ^,  mais  les  faits  que  Ton 
observe  dans  les  vallées  de  plusieui*s  cours  d'eau  alpins  m'ont 
convaincu  du  danger  qu  il  y  aurait  à  la  généraliser.  Si  Ton  suit  les 
terrasses  en  aval,  on  constate  que  leurs  différences  d*altitnde 
s'atténuent  graduellement,  en  même  temps  qu'elles  se  rapprochent 
du  thalweg  actuel.  Finalement  les  nappes  de  galets  correspondant 
à  chacune  d'elles  se  trouvent  au-dessous  des  actuelles  et  elles  sont 
superposées  en  succession  normale,  au  lieu  d'être  «  emboîtées  » 
comme  précédemment.  Sur  les  côtes  septentrionales  de  la  Médi- 
terranée on  cherche  en  vain  des  «  plages  soulevées  »  qui  se  raccor- 
deraient avec  les  terrasses  du  Rhône  et  de  la  Dnrance.  La 
meilleure  interprétation  des  terrasses  des  vallées  me  paraît  tou- 
joui*s  être  celle  qui  admet  des  alternances  périodiques  d'alluvion- 
nement  et  de  creusement  dues  à  des  variations  météorologiques, 
qui  elles-mêmes  ont  déterminé  une  succession  de  périodes  gla- 
ciaires et  interglaciaires.  Dans  tous  les  cas  les  observations  si 
précises  du  colonel  de  Lamothe  fourniront  une  base  précieuse  à 
toutes  les  discussions  ultérieures  du  problème  des  terrasses  et  il 
serait  à  souhaiter  que  des  travaux  analogues  fussent  entrepris 
dans  toutes  les  grandes  vallées  de  l'Europe  occidentale. 

M.  G.  Dollf  U8  croit  qu'on  peut  faire  des  objections  importantes 
à  la  théorie  de  M.  de  Lamothe.  11  ne  peut  séparer  les  périodes  de 
creusement  des  périodes  de  dépôt,  ce  sont  deux  aspects  du  même 
phénomène.  Il  a  fallu  pour  les  uns,  comme  pour  les  auti*es,  un 
volume  d'eau  considérable,  équivalent.  Pour  les  terrasses  quater- 
naires de  la  vallée  de  la  Seine,  il  ne  lui  a  pas  été  possible  de  relever 
de  niveaux  constants;  les  graviers  s'élèvent  généralement  jusqu'à 
une  trentaine  de  mètres  au-dessus  du  ileuve,  plus  haut  et  brusque- 
ment il  n'existe  plus  de  trace  de  creusement  violent.  Les  fleuves 
torrentiels  pleistocènes  arrachaient  en  certains  points  de  leurs 
berges  des  débris  qu'ils  allaient  déposer  en  aval,  et  en  des  points  où 
la  rapidité  de  leur  cours  était  momentanément  ou  localement  moins 
grande;  ces  débris  étaient  vingt  fois  repris  et  redéposés  avant 
d'atteindre  le  niveau  de  repos  de  base.  Il  n'y  a  aucune  apparence 
de  mouvements  périodiques. 

I.  W.  KiLiAN.  Observations  à  la  suite  d*une  note  de  M.  Fr.  Arnaud.  BulL 
Soc.  dauphin,  d'ethnol.  et  d'anthropoL,  t.  VI,  n'  a,  p.  191,  1898.  —  1d.  Note 
sur  le  «  surcreusement  »  des  vallées  alpines.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVIIl,  p.  1004- 
ioo5,  1900. 

a.  Art.  Ql'atkhnaihk,  (Irande  Encyclopédie,  t.  XXVIl,  p.  1109. 


NOUVEAUX  DOCUMENTS  RELATIFS 

A  LA 

GÉOLOGIE    DES   ALPES   FRANÇAISES 

par  MM.  W.  KILIAN  et  P.  TERMIER. 


A.  —  Sur  qaelqaes  roches  nouvelles  ou  peu  connues  des  Alpes  françaises. 

B.  —  Matériaux  pour  l'étude  des  gabbros  et  de  leur  cortège  de  schistes 

cristallins  dans  le  Queyras  et  le  firiançonnais . 

C  —  Contributions  à  la  connaissance  des  «  schistes  lustrés  »  du  firian- 
çonnais et  du  Queyras. 

D.  —  Sur  quelques  schistes  cristallins  de  la  zone  du  Piémont. 

Plus  de  dix  années  d*explorations  dans  les  Alpes  françaises, 
durant  lesquelles  un  grand  nombre  de  courses  communes  et  Thabi- 
tude  (|ue  nous  avons  prise  de  nous  soumettre  mutuellement  les 
résultats  de  nos  rechercbes  nous  ont  facilité  la  solution  de  maints 
problèmes  délicats,  nous  i>erinettent  aujourd'hui  de  livrer  à  la 
publicité,  en  notre  nom  commun,  quelques  documents  qui  ne  ren- 
trent que  difficilement  dans  les  mémoires  que  chacun  de  nous  se 
propose  de  consacrer  à  des  réj^^ions  déterminées  de  la  chaîne.  Les 
détails  stratigraphiques  que  Ton  va  lire  sont  généralement  dus  aux 
observations  de  M. AV.  Kilian;  tout  ce  qui  concerne  les  descriptions 
pétrographiques  et  les  conclusions  qui  dérivent  de  Texamen  litho- 
logique doit  être  attribué  à  M.  P.  ïermier. 

A.  —  Sur  quelques  roches  nouvelles  ou  peu  connues 

des  Alpes  françaises 

I.  —  Andésite  de  Guillestre 

Le  long  du  torrent  du  Guil,  en  amont  de  Guillestre  et  en  aval  de 
la  Maison  du  Roi,  se  montrent  de  grandes  masses  d'une  roche 
éruptive  dont  Texistence  a  longtemps  passé  inaperçue.  Ces  aflleu- 
rements  attirent  cepiMulant  l'attention  du  géologue  par  la  teinte 
foncée  qu'ils  donnent  aux  parois  rocheuses  qui  encaissent  le  coui^s 
d'eau  en  cet  endroit.  Cette  gorge  sombre  et  profonde  est  dominée 
de  très  haut  par  la  route  du  Queyras. 

19  Octobre  1901.  —  T.  i^r.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  a5 


386  W.    KILIAN   ET    P.    TERMIBR  3  Juin 

Signalée  pour  la  première  fois  par  Ch.  Lory,  en  i883,  dans  une 
«  Note  sur  deux  faits  nouveaux  de  la  Géologie  du  Briançonnais  )», 
insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France  (  [3], 
XII,  p.  117),  où  le  célèbre,  géologue  alpin  lui  consacre  quelques 
lignes,  la  roche  de  Guillestre  a  été  sominairement  décrite  à  ce 
moment,  mais  sans  faire  Tobjet  d'une  diagnose  détaillée;  Lory  se 
borne  à  constater  qu'elle  est  inférieure  aux  quartzites  triasiques  et 
qu  elle  constitue  le  noyau  d'un  pli  anticlinal.  Il  la  qualifie  de 
«  porphyre  massif  »  et  la  rapproche  du  porphyre  de  la  Windgaelle 
dans  les  Alpes  suisses,  tout  en  remarquant  qu'elle  «  parait  pré- 
senter des  caractères  pétrographiques  un  peu  différents  »  ;  il  la 
rapporte,  comme  cette  dernière,  à  l'époque  permienne.  En  1891, 
l'un  de  nous  *  mentionna  de  nouveau  cette  roche,  —  dont  des 
échantillons  avaient  été  communiqués  à  M.  Michel-Lévy  qui  y  avait 
reconnu  une  porpkyrite,  —  en  ajoutant  qu'elle  ne  traverse  pas  les 
quartzites  du  Trias  inférieur  et  qu'on  la  retrouve  en  galets  et  en 
fragments  dans  la  plupart  des  conglomérats  permiens  de  la  région 
(L'Argentière,  etc). 

Depuis  lors,  les  environs  de  Guillestre  ont  fait  l'objet  *  d'explo- 
rations détaillées  qui  ont  mis  en  évidence  la  structure  compliquée 
de  cette  région.  Un  profil  parallèle  au  Guil,  publié  par  l'un  de  nous 
dans  le  Bulletin  du  Service  de  la  Carte  géologique  de  France  *, 
montre  la  place  qu'occupe  la  roche  éruptive  de  Guillestre  dans  la 
série  des  assises  :  elle  forme  la  partie  axiale  d'une  voûte  anticlinale 
qui  ne  permet  pas  de  reconnaître  son  substratum,  mais  qui  laisse 
voir,  immédiatement  au-dessus,  les  quartzites  du  Trias  inférieur, 
suimontés  eux-mêmes  par  toute  la  série  sédimentaire  au-dessus  de 
laquelle  réapparaissent  une  seconde  fois,  par  l'effet  d'un  pli  couché, 
à  flanc  inverse  étiré,  les  calcaires  du  Trias  de  la  montagne  de 
Saphie,  également  reployés  en  voûte. 

La  roche  occupe  donc  le  niveau  du  Permien  ;  quoique  la  gorge 
du  Guil  ne  montre  pas  les  couches  sur  lesquelles  elle  repose,  elle 
présente  les  allures  d'une  masse  interstratifiée.  L'épaisseur  de  la 
masse  éruptive  est  de  plus  de  2200  mètres.  Quant  aux  galets  qui  se 
rencontrent  à  la  base  du  Permien,  un  examen  microg^aphique 
auquel  les  a  soumis  M.  Termier,  a  montré  qu'il  s'agissait  surtout 
de  rhyolithes.  Ajoutons  q[ue  les  environs  de  Guillestre  appartiens 


1.  W.  KiLiAN.  Notes  sur  Thistoire  et  la  structure  géologique  des  chaînes 
alpines  de  In  Maurienne,  etc.  B,  S.  G.  F.,  (3),  XIX,  p.  671,  1891. 

2.  W.  KiLiAN.  Nouvelles  observations  géologiques  dans  les  Alpes  delphino- 
provençales.  B.  S.  C.  G.  F.,  n*  76,  1900. 


igOl  GÉOLOGIE   DES  ALPES   FRAJ^ÇAlSKS  36j 

nent  à  la  portion  occidentale  de  la  zone  da  Briaûçonnais,  dont 
toutes  les  assises  ont  le  faciès  caractéristiqae. 

La  roche  de  Goillestre  se  présente,  à  Vœil  /lu,  sous  deux  aspects 
différents  :  tantôt  elle  est  compacte,  d*un  vert  foncé  avec  quelques 
cristaux  de  feldspath  plus  clairs  ;  tantôt,  et  c*est  le  cas  le  plus 
fréquent,  elle  est  d'un  rouge  violacé  et  montre,  dans  une  pâte 
lie-de-yin,  des  cristaux,  blanchâtres  ou  verdâtres,  de  feldspath, 
qui  mesurent  jusqu'à  3  et  4  millimètres  de  longueur.  Les  variétés 
lie-de-vin  sont  les  mieux  conservées.  Quant  aux  échantillons  veris, 
ils  sont  très  altérés,  souvent  schisteux  et  presque  méconnaissables. 

Au  microscope^  les  échantillons  lie-de-vin  montrent  les  éléments 
suivants  : 

De  grands  cristaux  de  feldspath,  formant  environ  le  tiers  de 
la  masse  totale  de  la  roche,  bien  idiomorphes,  mâclés,  criblés  de 
petites  inclusions  de  kaolin,  de  chlorite,  et  présentant  les  carac- 
tères d*une  oligoclase-albite  ; 

Des  prismes  courts  et  trapus  d'apatite  roage  poljrchrolque  ; 

De  nombreuses  sections  d*un  minéral  magnésien  (probablement 
hornblende)  entièrement  épigénisé  par  inagnétite,  chlorite,  calcite, 
sphène,  et  peut-être  aussi  talc  ou  mica  blanc  ; 

De  nombreux  grains  de  magnétite  ; 

Enfin  une  pâte  holocristalline  très  chai*gée  d'oligiste  en  fibrilles 
ténues  et  formée,  pour  le  surplus,  d*un  feutrage  feldspathique  dont 
l'analyse  optique  n  est  pas  possible. 

La  composition  chimique  est  la  suivante  (analyse  d^un  échan- 
tillon lie-de-vin,  par  M.  Pisani)  : 

SiO» 58,5o 

Al»0» 19,80 

Fe*0» 3,oi 

FeO iM 

MgO 4,15 

CaO 3,i5 

K«0 i,oo        * 

Na'0 6^ 

H«0 a,io 

CO« 0,40 

Total loo^a 

En  comparant  cette  analyse  aux  résultats  de  Tétude  microgra- 
phique, on  voit  que  la  composition  minéralogique  actuelle  de  la 
roche  de  Guillestre  est  ti^ès  sensiblement  la  suivante  : 


388  W.    KILIAN   ET   P.   TERMIER  3  Juin 

65    V*  ^*i^  feldspath  oligoclase-albite  à  la  An, 

3    */•  oligiste  et  magnétite, 

I    '/.  calcite, 

I    7.  sphène, 

o,5*/.  apatite, 

6    7*  orthose, 
i5    7.  chlorite, 

a    7*  quartz  libre, 

6,5  7.  kaolin. 


Total.  ...    100 

La  restauration  de  la  roche  est  facile.  On  peut  admettre  qu*elle 
a  perdu,  par  métasomatose,  environ  lo  %  d'anorthite,  le  vide 
laissé  par  le  dépôt  de  cette  anorthite  étant  actuellement  comblé 
par  le  kaolin,  une  partie  de  la  chlorite  et  une  partie  de  la  calcite. 

La  roche  originelle  contenait  ainsi  environ  ^5  %  de  sa  masse 
d'un  feldspath  triclinique  (moyen)  à  q5  An,  c'estrà-dire  d'un  oligo- 
clase.  C'était  donc  une  andésite  relativement  alcaline,  renfermant 
d'ailleurs  un  peu  d'orthose,  et  voisine,  par  conséquent,  des  tra- 
chy  andésites. 

Ce  nom  d'andésite  (rigoureusement  synonyme  de  celui  de  por- 
phyrite  dont  on  s*est  servi  pour  désigner  la  même  roche)  impUque 
ridée  que  la  roche  de  Guillestre  est  une  roche  d'épanchement.  C'est, 
en  effet,  l'hypothèse  qui  semble  la  plus  plausible,  d'après  les 
caractères  généraux  et  la  structure. 

Mais  il  peut  se  faire  que  ce  gisement  de  Guillestre  soit  réelle- 
ment laccolithique  ;  et  dans  ce  cas  le  nom  de  microdiorite  convien- 
drait mieux  que  celui  d'andésite.  Cette  microdiorite  serait  inter- 
médiaire entre  les  microsyénites  de  Puy-SaintAndré  et  les  roches 
basiques  du  Chardonnet  et  de  Prelles;  mais  elle  s'en  écarterait 
par  beaucoup  de  caractères.  Il  convient  d'indiquer  ce  rapproche- 
ment sans  y  insister  davantage,  et  on  peut  considérer  jusqu'à 
nouvel  ordre  la  roche  de  Guillestre  comme  distincte  des  roches 
intrusives  du  HouUler  briançonnais. 

L'apatite  rouge  de  l'andésite  de  Guillestre  a  fait  l'objet  d'une 
note  spéciale  de  l'un  de  nous  ^  Cette  apatite  rappelle,  par  la 
plupart  de  ses  propriétés  les  apatites  cérifères  de  Norwège,  signa- 
lées par  M.  Brôgger. 

I .  P.  Tkrmibr.  BulL  Soc.  franc,  de  Minéralogie  y  t.  XXIII,  p.  48- 


I9OI  GÉOLOGIE   DES  ALPES    FRANÇAISES  3Sq 


2.  —  Nouveaux  gisements  de  migrodiorite 

Il  convient  de  signaler  la  découverte  de  nouveaux  affleurements 
de  migrodiorite  au  col  du  Raisin  et  près  du  col  de  BufTère,  dans 
le  bassin  de  la  Guisanne,  ainsi  qu'au  nord-est  de  Réotier,  sur  la 
rive  droite  de  la  Durance. 

Ce  dernier  gisement,  le  plus  méridional  de  tous  ceux  qui  ont  été 
découi^erts  jusqu'à  présent,  est  situé  sur  la  limite  occidentale  de  la 
zone  du  Briançonnais,  dans  une  bande  anticlinale  houillère  appar- 
tenant à  un  faisceau  de  plis  qui  va  s'enfoncer  sous  le  Flysch  au 
Plan-de-Phazy  après  avoir  fait  apparaître  un  noyau  de  granité 
(type  Pelvoux).  Située  plus  à  lest  et  absolument  distincte  du  gise- 
ment de  roches  vertes  de  Réotier  dont  nous  avons  parlé  dans  des 
notes  précédentes  *,  la  microdiorite  que  nous  signalons  ici  affleure 
non  loin  de  la  crête  de  la  montagne  qui  longe  la  rive  droite  de  la 
Durance,  à  peu  près  en  face  de  la  gare  de  Montdauphin  et  au 
nord-est  du  pont  du  chemin  de  fer.  Elle  est  interstratifiée  dans  les 
grès  houillers.  L'identité  de  cette  roche  avec  celles  qui  abondent 
dans  le  Rouiller  des  environs  de  Briançon  ^,  mérite  d'être  souli- 
gnée, car  elle  est  ici  très  voisine  d'un  pointement  de  granité  du 
type  Pelvoux,  dont  on  ne  peut  tectoniquement  la  séparer. 

Voici  les  diagnoses  de  ces  roches  : 

Roche  érupiiife  çerte,  entre  Réotier  et  Champcella  {préparation 
iV«  5 y 4)  ^-  —  Microdiorite  (indubitablement),  dont  les  grands  felds- 
paths  sont  kaolinisés  et  dont  la  hornblende  est  entièrement  trans- 
formée en  chlorite.  La  pâte  est  formée  de  petits  cristaux  feldspa- 
thiques  et  d'assez  nombreux  grains  de  quartz. 

Roche  érupiiçe  du  col  du^  Raisin  (préparations  N°'  i-ri).  — 
Microdiorite,  type  relativement  basique,  analogue,  sinon  identi- 
que, à  celui  de  Chardonnet.  Affleure  en  massifs  interstratifiés  de 
5  à  30  m.  d'épaisseur;  on  y  a  exploité  de  la  galène. 

I.  KiLiAN  et  Tbrmier.  Sup  quelques  roches  éruptives  des  Alpes  françaises. 
B.  S.  G,  F.,  (3),  XXIII,  p.  395.  —  Id.  Note  sur  deux  types  pétrographiques, 
etc.  Id.,  (3),  XXVI,  p.  357. 

.  a.  Tbrmier  et  Kilian.  Contributions  à  l'étude  des  microdiorites  du  Brian- 
çonnais.  B.  S  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  348.  —  Trrmikr.  Sur  le  ratUchement  à 
une  souche  commune  des  roches  intrusives  du  Houiller  briançonnais.  Ibid., 
(4),  I,  p    i5;.  1901. 

3.  Les  numéros  mentionnés  entre  parenthèses  se  rapportent  aux  prépara- 
tions et  aux  échantillons  conservés  dans  les  collections  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Grenoble. 


390  W.    KILT  AN  ET   P.    TERMIER  3  Joill 

Roche  éruptiQe  du  fond  du  cirque  du  Raisin  {préparations  N^  i5 
et  16).  —  Microdiorite  du  même  type,  mais  ici  la  roche  est  très 
altérée. 

Microdiorite  du  col  du  Raisin  (préparations  iV***  223'22/f).  — 
Même  type. 

Microdiorite,  entre  Rochenoire  et  le  col  de  Ruffère  {prépara- 
tions iV**  2p-v?j).  —  Même  type  que  celui  du  Ghardonnet,  sans 
aucune  particularité  intéressante. 

Roche  interstratijiée  dans  le  Houiller  au  nord-ouest  du  col  de 
Ruffère  {préparations  iV**"  254  ^^  255),  —  Microdiorite  du  type 
du  Ghardonnet. 

3.    —   MiCROaRANITE  DE  SeRRE-BaRBIN 

Gette  roche  est  à  peu  près  identique  au  microgranite  des  Gar- 
déoUes,  près  Briançon,  décrit  en  1899  par  Tun  de  nous  ^ 

Dans  cette  localité  de  Serre-Barbin,  située  sur  la  rive  gauche  de 
la  Guisanne,  en  aval  des  Guibertes,  on  observe,  près  d'une  galerie 
de  mines  creusée  pour  la  recherche  du  mispickel,  quatre  filons- 
couches  de  microgranite,  épais  de  i  à  5  mètres  et  inclinés  vers  le 
sud-est.  Ges  filons  alternent  régulièrement  avec  les  bancs  du  terrain 
houiller.  L*aspect  de  la  roche  est  assez  variable  :  on  distingue  des 
variétés  euritiques  et  des  variétés  fibreuses,  étirées  par  le  dynamo- 
métamorphisme, qui  ont  taspect  de  schistes  quartziteux.  La 
couleur  est  d'un  gris  clair. 

M.  Termier  a  étudié  plusieurs  préparations»  du  microg^ranite  de 
Serre-Barbin  ;  voici  le  résultat  de  son  examen  : 

Microgranite  de  Serre-Rarbin  {préparations  iV*»  ly  à  23).  — 
Grands  cristaux  de  quartz,  de  mica  noir  entièrement  chloritisé,  de 
feldspath  presque  entièrement  kaolinisé.  Quelques  sections  felds- 
pathiques  montrent  encore  les  caractères  d'un  plagioclase  très 
voisin  de  ialbite,  mais  qui  n'est  probablement  pas  le  plagioclase 
originel.  Pâte  excessivement  fine,  faite  de  quartz  et  d'orthose. 

Quelques  échantillons  sont  froissés  et  laminés  avec  large  déve- 
loppement de  mica  blanc  secondaire  (à  Fœil  nu,  aspect  schistoïde 
et  satiné). 

I.  Termier.  Microgranites  de  la  valiée   de  la  Guisanne.  B,  S.  G,  F.,  (3), 
XXVn,  1».  399,  1899 


I9OI  GÉOLOGIE    DES   ALPES   FRANÇAISES  3qI 

4.  —  Brèches  et  gneiss  du  glaciaire  de  la  Matheysine 

n  existe  non  loin  de  la  Mure  (Isère),  sur  une  langue  de  terre  qui 
^pare  le  lac  de  Latlrey  du  lac  de  Petit-Chat,  une  série  de  gros 
M>locs  erratiques  d'aspect  bréchoîde  et  de  provenance  exacte  incon- 
ue,  qu'il  a  semblé  intéressant  de  soumettre  à  un  examen  appro- 
bndi.  D'après  la  disposition  générale  des  dépôts  glaciaires  dans 
a  région  des  lacs  * ,  le  glacier  qui  a  pu  amener  ces  blocs  au  point 
ù  on  les  trouve  actuellement  devait  venir  du  nord  (chaîne  de 
elledonne)  et  non,  comme  on  le  croyait,  du  sud  (massif  du  Pel- 
^onx). 
Voici  la  diagnose  de  cette  roche  donnée  par  M.  Termier  : 
Brèches  dans  le  Glaciaire,  entre  Laffrey  et  Petit-Chat  (prépara- 
ion  N^  61  y).  —  Débris  et  blocs  d'une  aplite  d'un  blanc  rosé,  très 
Icaline  (albite  et  orthose),  et  peu  quartzeuse,  d'un  type  analogtae 
celui  du  Pelvoux.  Le  ciment  est  de  la  sidérose  ou  de  la  calcite 
nglobant  dans  sa  cristallisation  d'innombrables  débris  plus  petits 
t  comme  une  poussière  de  la  même  roche  et  aussi  de  roches 
^hloriteuses. 

Ces  brèches  sont  des  remplissages  de  fentes,  failles  et  filons  ;  on 
eut  les  observer  en  beaucoup  de  points  du  Pelvoux  et  des  Grandes 
ousses. 

Sur  le  même  plateau  et  da^s  la  même  traînée  glaciaire,  on 
^^uve,  près  du  lac  Mort,  des  fragments  de  gneiss  ;  M.  Termier  en 
fait  Fexamen  inicrographique,  qui  l'a  conduit  au  résultat  sui- 
vant : 

Gneiss    blanc.   Glaciaire  du  lac   Mort,  laminé  (préparation 
o  023).  —  «  Ce  type  m'est  inconnu,  et  je  ne  pense   pas  qu  il 
rovienne  du  massif  du  Pelvoux.  » 


B.  —  Matériaux  pour  l'étude  des  gabbros  et  de  leur  cortège 
e  schistes  cristallins  dans  le  Queyras  et  dans  le  Briançonnais 

L'étude  approfondie  que  Tun  de  nous  a  faite  d'une  partie  du 

^^ueyras,  en  vue  de  l'établissement  des  feuilles  «  Aiguilles  »  2  et 

^*    l^rche  »  de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  France  lui  a 

IVmmi  l'occasion  de  porter  son  attention  sur  les  «  roches  vertes  » 

I.  Voir  à  ce  sujet  :  W.  Ktlian.  Bull.  Serv.  Carte  géol.  de  Fr.,  N*  75(1900). 
a.  W.  Kilian.  Feuille  Aigruilles,  in  C.  R.  des  Collaborateurs.  Bull.  Serv. 
^-arte  géol.  de  France,  N*  63,  tome  X,  1898,  p.  786  (avec  flgures). 


39» 


W.    KILIAN   ET   P.    TERMIER 


3  Juin 


qui  forment  une  série  de  massifs  aux  enriroDS  d'Àbriès  et  qui 
appartiennent  toutes  an  groupe  des  gabbros. 

Il  lui  a  été  possible  d'observer  ainsi  une  série  de  faits  curieux 
qui  peuvent  se  résumer  comme  suit  : 

a)  Les  gabbros,  qui  constituent  ici  des  masses  énormes  (Pelvas, 
Pnnta  Gastaldi,  Viso,  etc.)  traversées  de  Hlonnets  d'albite  et  d'épi- 
dote,  sont  intimement  liés  aux  serpentines  dont  il  est  souvent 
impossible  de  les  séparer  sur  la  carte.  Aux  gabbros  et  à  leurs 
variétés  sont  associés  en  outre  des  variolites,  des  diabases,  des 
ophites  et  des  schistes  serpentineux, 

b)  Plusieurs  des  massifs  de  roches  éruptives  du  Queyras  ont 
une  structure  nettement  anticUnale  que  le  laminage  de  la  roche 
éruptive  rend  très  visible  ;  ce  fait  est  particulièrement  net  dans  la 
crête  qui  court  de  la  brèche  Bouchet  au  col  de  Malaure,  et  qui  pré- 
sente plusieurs  plis  isoclinaux  de  roches  vertes  au  milieu  des 
schistes  lastrés  (Gg.  a). 

Cette  disposition  a  été  figurée  par  l'un  de  nous  en  1898. 

c)  La  plupart  de  ces  massifs,  et  notamment  ceux  dont  la  dispo- 

sition anticlinale  est  visi- 
ble, sont  séparés  des  schis- 
tes lastrés  environnants 
par  une  assise  plus  ou 
moins  épaisse  (3  à  ao  mè- 
tres) de  marbres  tabulai- 
res ,  parfois  phylliteux 
(  Pelvas ,  Brie  -  Bouchet , 
Médille,  Taillante,  col 
Agnel,  Valante)  qui  est, 
ainsi  que  l'avait  déjà  re- 
marqué Cb.  Lory  entre  le 
col  Vieux  et  la  Cbalp  (ou 
l'Ëchalp  ) ,  fréquemment 
coupée  d'intercalations 
répétées  et  de  Slonnets 
de  roches  vertes  '  (fig.  i). 

Les  gabbros,  souvent  totalement  ou  partiellement  transformés 
en  serpentine,  forment  donc  une  série  de  pointenients  anticlinaux, 
entourés  de  marbres  phylliteux,  au  milieu  de^  schistes  lustrés.  On 
remarque  dans  ces  massifs  les  types  suivants  : 


I.  A  la  Taillante  (près  du  tac  Poréant)  on  observe  pini 
de  calcaires  marbres  et  de'gsbbros  laminés. 


—  Coupe  relevée  aa  sud  de  l'Echalp 
(Qaeyras). 
,  Gabbros  ;  a.   Serpentine  ;   Itc,   Marbres 
cristalUna  avec  intrusions  de  gabbros  ; 
A,  Ebuulis  ;  u.  Carrière  de  marbre. 


i  alternances 


GEOLOGIE   DR»    AU>ES   FBANÇAISES 


393 


394  ^'  KiLTAN  ET  P.  TERMiER  3  Juin 

i)  Euphotide  à  diallage  généralement  plus  ou  moins  ouralitisé 
ou  épigénîsé  (trémolite,  bastite,  glaucophane),  avec  chlorite,  épi- 
do  te,  albite  secondaire  et  quartz  (Villanova)  ; 

a)  Des  roches  schisteuses  à  zoîsite,  sphène,  actinote,  chlorite, 
trémolitc,  glaucophane,  séricite,  épidote,  parfois  pyritifères  (Bric- 
Bouchet),  résultant  de  la  transformation  des  gabbros  ; 

3)  Micaschiste  à  épidote,  zoîsite,  sphène,  chlorite,  séricite, 
orthose  et  quartz,  provenant  probablement  de  la  recristallisation 
d*une  roche  éruptive. 

Les  gabbros  du  Pelvas  sont  riches  en  filonnets  de  minéraux 
intéressants  (anorthite,  épidote,  prehnite,  zoîsite). 

Au  col  Péas,  M.  Zûrcher  a  récolté  de  la  serpentine  compacte  vert 
pftle,  translucide  sur  les  bords,  dont  l'aspect  rappelle  la  jadéite. 

De  ces  observations,  ainsi  que  de  celles  cpii  ont  été  faites  au 
Mont-Genèvre  (W.  Kilian,  in  C.-R.  Ac.  Se,  5  juillet  1897),  on 
peut  conclure  : 

a)  Que  les  roches  basiques  du  Queyras  et  du  Briançonnais  sont 
interstratifiées  dans  la  partie  inférieure  des  schistes  lustrés  et 
ont  été  injectées  dans  certains  bancs  calcaires  (marbres  phylliteux) 
qui  accompagnent  ces  schistes  ; 

b)  Que  ces  roches  étaient  déjà  consolidées  lorsqu'ont  eu  lieu  les 
mouvements  alpins  qui  ont  plissé  les  nappes  éruptives  (ou  les 
laccolithes),  au  même  titre  que  les  couches  sédimentaires. 

Ces  faits  sont  très  favorables  à  T opinion  des  géologues  qui  con- 
sidèrent comme  provenant  d'une  venue  mésozoîque  les  roches 
vertes  du  massif  du  Mont-Genèvre.  du  Viso  et  du  Queyras  ;  mais 
ils  pourraient  toutefois  se  concilier  sans  grandes  difficultés  avec 
l'hypothèse  de  M.  Steinmann,  qui  a  émis  l'idée  que  les  éruptions 
semblables  dos  Grisons  dataient  de  l'époque  éocëne  ^ 

Ce  que  l'on  peut  aflirmer  néanmoins  avec  certitude,  c'est  que  ces 
roches  ne  sont  ni  antérieures  au  Trias  moyen,  ni  postérieures  à 
VEocène  supérieur,  ce  qu'atteste  du  reste  nettement  le  fait  que  les 
micaschistes  qui  en  dérivent  par  laminage  (voir  plus  bas)  se  rencon- 
trent en  galets  y  à  tétat  remanié,  dans  les  brèches  du  Flysch  (Oli- 
gocène), en  plusieurs  points  du  Briançonnais  ;  elles  sont  à  fortiori 
sûrement  antérieures  au  principal  plissement  alpin. 

Il  est  à  remarquer  que  nulle  part,  dans  les  Alpes  françaises,  on 
ne  connaît  de  filons  qui  puissent  être  considérés  comme  les  chemi- 
nées d'émission  de  ces  roches  vertes. 

I.  Strinmann.  Geologische  Beobachtungen  in  den  Alpen.  Ber.  d.  Naturf. 
Geaellsch.  su  Freihuvg  i.  B.  vol.  X,  N»  2,  1897. 


I9OI  oiOLOOIE  DES  ALPES  FRANÇAISES  SqS 

Dans  la  portion  du  Briançonnais  connue  sons  le  nom  de 
«  massif  du  Mont-Genèvre  )»  il  existe  également  des  affleurements 
assez  étendus  de  gabbros  connus  depuis  long^mps  et  de  réputa- 
tion classique.  Quoique  nous  n'ayons  rien  d'important  à  ajouter  à 
ce  qui  a  été  publié  récemment  sur  les  conditions  de  gisements  et 
sur  les  relations  des  divers  types  éruptifs  du  Mont-Genèvre  *  — 
dont  une  monographie  détaillée  of&irait  sans  doute  beaucoup 
d'intérêt,  —  on  trouvera  plus  bas  la  description  micrographique 
(faite  par  M.  Termier)  d'accidents  intéressants  de  l'euphotide  de 
ce  massif,  d'après  des  échantillons  prélevés  par  l'un  de  nous 
(M.  Kilian)  sur  des  blocs  erratiques,  à  i  kilomètre  environ  à  l'ouest 
de  l'Hospice  du  MontrGenèvre. 

Voici  les  résultats  de  l'examen  micrographique  (fait  par  M. 
Termier)  de  quelques-uns  des  types  dont  il  vient  d'être  question. 

a.  —  Gabbros  massifs 

I.  Roche  du  mont  Pelças  -  (préparation  N<>  28a),  —  Gabbro 
décomposé  (euphotide)  (fig.  3). 

A  Vœil  nu  :  roche  à  grands  cristaux  de  diallage  à  reflets 
métalliques,  se  détachant  sur  un  fond  feldspathique  vert  clair. 

Le  microscope  ne  montre  plus  que  quelques  cristaux  de  diallage 
en  voie  d'ouralitisation  (trémolite)  et  d'hydratation  (bastite).  La 
plus  grande  partie  de  la  roche  (jadis  feldspathique),  est  devenue 
un  fouillis  de  lamelles   de  chlorite  et  d'aiguilles  de  zoïsite.  On 

1.  CoLB  et  Grboory.  The  variolitie  Rocks  of  Mont-(^vcnèvre.  Quart.  Journ, 
Geol.  SoCf  mai  1890,  t.  XXI,  p.  395.  (La  bibliographie  antérieure  du  Mont- 
Genèvre  se  trouve  très  coniplètement  indiquée  dans  cet  ouvrage).  —  W. 
Kilian.  Sur  un  gisement  de  syénite  dans  le  massif  du  Mo'nt-Genèvre.  C  R, 
Ae  Se,  5  juillet  1897;  (J.  H.  des  Collaborateurs  du  Sers?,  de  la  Carte  fçéol. 
de  France  pour  igoo.  —  P.  Tkhmikr.  Livret-Guide  du  Congrès  géologique 
international,  1900.  Excursion  XQIV 

2.  Le  mont  Pelvas  (Paravas  des  Italiens)  ou  Bric-crUrine  est  entièrement 
constitué,  dans  ses  parties  hautes,  par  une  eu[)hotide  à  grands  cristaux 
de  f*?ldspat)is  blancs  et  belles  lamelles  de  bronzite.  Cette  roche  passe,  par 
places,  à  une  serpentine  foncée  et  à  des  schistes  serpentineux  avec  amiante 
soyeuse.  En  d'autres  points,  on  voit  l'euphotide  transformée  en  une  roche 
schisteuse  d*un  vert  clair.  De  nombreux  ûlonnets  d'anorthite,  d'épidotc  et 
de  zoïsite  avec  prehnite  traversent  la  roche.  Sur  le  flanc  méridional,  le  gabbro 
est  nettement  séparé  de  la  masse  des  schistes  lustrés  par  une  bande  de 
marbres  phylliteux;  une  bande  identique  apparaît  au  nord  de  Pelvas,  sous 
les  éboulis.  Le  laccolithe  éruptif  du  Pelvas  de  structure  très  analogue  à 
celui  du  Yiso  se  continue  sur  territoire  italien. 


396 


W.    KIL1AN   ET   P.    TERMIER 


3  Juin 


N. 


s. 


èi^Peidas 


aperçoit  entre  ces  aiguilles  un  fond  d*albite  secondaire.  Çà  et  lÀ, 
un  peu  de  quartz  secondaire. 

La  variété  de  zoïsite  décrite  en  1890  par  M.  Termier  ^,  sous 

le  nom  de  zoïsite  sans  disper- 

^/^      "^x^  sion,  est  particulièrement  fré- 

/  ^\  quente  dans  les  schistes  prove- 

l  \  nant   de  la   métasomatose   des 

gabbros.  On  sait  que  cette  zoï- 
site doit  être  appelée  zoïsite  ^, 
et  qu'elle  dillère  de  la  zoïsite 
classique  {zoïsite  a)  par  la  posi- 
tion du  plan  des  axes  optiques 
et  par  le  sens  de  la  dispei^sion. 
n  convient,  du  reste,  d'ajouter 
que  des  filonnets,  traversant  les 
i^oches  vertes  du  Pelvas,  con- 
tiennent de  la  prehnite  incolore, 
de  la  zoïsite  -  et  de  Yépidote  en 
grosses  baguettes,  et  de  Valbite 
à  12  7o  An.  en  beaux  et  nom- 
breux cristaux. 


Fig.  3.  —  Coupe  du  mont  Pelvas 
(versant  nord). 

0,  Gabbro  et  roches  voisines  (Prasi- 
nites,  etc.)  ;  Itc,  Marbres  tabu- 
laires ;  It,  Schistes  lustrés. 


Q.  Euphotide  des  blocs  erratiques  de  Château-Queyras  (pré- 
paration  iV°  260),  —  Roche  d'un  vert  foncé  à  grands  cristaux 
bronzés  et  quelques  cristaux  feldspath iques  blancs  ;  çà  et  là,  des 
mouches  de  pyrite. 

Au  microscope  y  on  reconnaît  un  gabbro  décomposé  :  agrégat  de 
grands  cristaux  de  diallage  partiellement  épigénisés  par  du  glauco- 
phane.  Interstices  remplis  par  un  ag^*égat  pœcilitique  de  chlorite 
et  d'épidote.  Ces  interstices  correspondent  vraisemblablement  aux 
anciens  feldspaths. 

Les  blocs  qui  ont  fourni  cette  roche  viennent  très  probablement 
du  col  de  Péas. 

3.  Euphotide  altérée  des  blocs  erratiques  des  environs  de  Guil- 
lestre  (sortie  du  Que^ras)  (préparations  iV°*  556  et  st54)-  —  Cette 
roche  contient  des  enclaves  assez  volumineuses  de  glaucophanite 
formant  des  taches  noires  bien  visibles  sur  les  blocs  erratiques 
(La  Viste,  près  Guillestre). 

I .  Etude  sur  la  constitution  géolog.  du  massif  de  la  Yanoise.  Bnll,  de  la 
Carte  géolog   de  la  France,  N'  ao,  t .  II,  p.  398. 

a.  Ces  minéraux  ont  été  étudiés  par  M.  Termier  (Bull,  de  la  Soc.  fran^ 
çaise  de  Minéralogie,  t.  XXI  et  XXIII). 


I9OI  GÉOLOGIE   DES   ALPSS   FRANÇAISES  3q'J 

La  roche  elle-même  est  un  agrégat  grenu  de  diallage  ouralitisé, 
saussurite,  hornblende  brune  et  pyrite,  avec  veines  et  nids  irrégu- 
liers de  serpentine.  Épidote  et  produits  fibreux  de  transformation. 
La  serpentine  a  donné  naissance  à  de  nombreux  cristaux  de  horn- 
blende verte  et  à  des  aiguilles,  parfois  très  longues,  le  plus  souvent 
courtes  et  enchevêtrées,  de  trémolite. 

4.  Roche  recueillie  à  Saint -Véran  (Queyras)  (préparation 
iV*  5g3).  —  Euphotide  décomposée  :  veinules  de  calcite  entourant 
des  noyaux  de  serpentine  fibreuse  ou  colloïde. 

Désignée  dans  le  pays  et  exploitée  comme  marbre  sous  le  nom 
d'Ophicalce. 

5.  Parties  noirâtres,  adélo gènes,  formant  des  sortes  d' enclaves 
au  milieu  de  V euphotide  du  Mont-Genèvre  (préparations  iV^**  10, 
ij  et  ao).  —  Échantillons  prélevés  par  M.  Kilian  sur  un  bloc 
erratique  de  gabbro  à  gi*ands  cristaux,  à  i  kil.  de  l'Hospice,  sur 
la  route  de  Briançon. 

GabbroporphyritCy  c'estrk'dire  forme  hypo-abyssique  du  gabbro. 
Roche  formée  d'une  pâte  microlitique  feldspathique  arborisée 
englobant  de  grands  cristaux  corrodés  de  plagioclase.  La  pâte  est 
holocristalline.  Les  fins  microlithes  df^  feldspath  (andésine)  sont  dis- 
posés en  rosettes,  sphérolitcs,  dendrites,  etc.  Entre  eux,  s'obser- 
vent des  grains  de  zoïsite,  plus  rarement  d'épidote,  et  d'autres  de 
chlorite  et  de  serpentine  provenant  les  uns  et  les  autres  de  la 
décomposition  d'un  pyroxène.  Le  plagioclase  de  première  consoli- 
dation est  en  partie  saussuritisé,  c'est-à-dire  épigénisé  par  la  zoïsite 
et  r épidote  :  ce  qui  reste  de  matière  feldspathique  est  du  labrador 
relativement  acide.  Nombreux  nids  et  nombreuses  veinules  d'épi- 
dote  et  de  zoïsite.  La  plaque  N°  qo  montre  de  nombreux  indices  de 
laminage.  Dans  la  même  plaque,  on  voit  une  région  où  la  pâte  se 
serpentinise  :  elle  est  aloi*s  envahie  par  une  matière  fibreuse  dis- 
posée en  houppes,  et  qui  est  probablement  du  chrysotile. 

G.  Même  proi^enance  (préparation  iV"  ig),  —  Type  ophitique  de 
la  gabbroporphyrite.  On  dirait  un  diabase.  Lamelles  très  aplaties 
de  feldspath  andésine  (en  voie  de  saussuritisation)  cimentées  par 
de  vastes  plages  de  diallage  aux  trois  quarts  serpentinise.  Nom- 
breux nids  d'épidote  et  de  zoïsite. 

7.  Même  provenance  (préparations  N""^  16  et  21).  —  Roches 
serpentinisées  et  zéolithisées,  provenant  sans  doute  de  types  analo- 
gues aux  précédents.  Une  matière  serpentineuse  verdàtre,  isotrope, 
parfois  chai^^ée  de  petits  grains  d'épidote,  forme  des  sortes  de  len- 


398  Vf,    KILIAN   ET  P.    TERMIBR  3  Joill 

tilles,  on  mieux  des  poupées  aux  contours  arrondis.  Ces  poupées 
sont  englobées  dans  un  feuti*age  de  zéolithes  Tariées  où  apparaît 
parfois  (plaque  N^  i6),  comme  un  Ilot,  un  témoin  de  la  pâte  à  struc- 
ture arborisée  des  roches  précédentes.  La  plaque  N^ai  montre  des 
indices  certains  d'un  violent  laminage.  Il  y  à  de  nombreux  nids 
sphériques,  remplis  par  de  Tépidote  et  de  la  zoîsite. 

8 .  Même  provenance  (préparation  7V°  1 1),  —  Serpentine  isotrope 
renfermant  des  grains  bruns  de  splirne  et  des  grains  noirs  d'ilmé- 
nite,  et  aussi  des  fragments  anguleux  de  feldspath  ayant  échappé 
à  la  destruction  générale.  Grains  d'épidote  et  de  zoîsite.  Veinules 
d'albite  et  d'épidote. 

On  a  l'impression  que  ces  préparations  ont  été  prélevées  non 
pas  sur  des  enclaves  de  Teuphotide,  mais  sur  une  forme  de  bor- 
dure de  cette  môme  roche  (  <x  Grenzfacies  x>  ).  Les  structures 
porphyritiques  et  ophitiques  sont  tout  à  fait  intéressantes  et  dans 
un  état  de  conservation  que  Ion  n^eût  pas  osé  espérer. 

a' ,   —  Autres  roches  voisines  des  gabbros 

9.  Roche  du  Chenaillet  {préparation  N**  5 y  6).  —  Diabase  à 
structure  sphérolitique.  Cette  roche  a  la  composition  chimique 
d'un  gabbro  très  feldspathique  dont  le  pyroxène  est  entièrement 
chloritisé.  Le  feldspath  actuel  est  de  Tandésine,  mais  il  y  a  très 
certainement  un  peu  de  décalcification. 

10.  Roche  du  Chenaillet  (préparation  iV*  682),  —  Diabase  à 
ouralite.  Cette  roche  ne  diHëi*e  de  la  précédente  que  par  un  grain 
plus  gros,  une  structure  enchevêtrée  (et  non  sphérolitique),  et  une 
moindre  décalcification.  L'ouralite,  qui  épigénise  le  pyroxène  ori- 
ginel, est  elle-même  en  voie  de  ti*ansformation  (chlorite). 

Ces  deux  roches,  en  somme,  se  rattachent  au  même  magma 
gabbroïque,  dont  elles  représentent  des  formes  filoniennes  ou 
hypo-abyssiques . 

b,  —  Gabbros  schisteux  et  altéras 

Les  types  granitoïdes  massifs  des  gabbros  dont  nous  venons  de 
donner  quelques  diagnoses  passent  manifestement,  en  une  foule 
de  points,  à  des  roches  laminées  et  schisteuses  ^  revêtant  Taspect 

1 .  Les  géologues  italiens  ont  décrit  en  détails  les  types  schisteux  (serpen- 
tinoschistes,  épidotites,  zolsitites,  gastaldites,  stéatitoschistes,  prasinites, 
schistes  lawsonitiques,  amphiboiites  et  chloritoschistes,  etc.,  etc.)  qui  déii- 


IgOl  GÉOLOGIE   DES   ALPES   FRANÇAISES  899 

de  schistes  et  de  gneiss  chloritcnx,  et  dont  l'exaiuen  microscopi- 
que seul  permet  de  reconnaître  la  nature  éruptive. 

La  série  de  ces  roches  comprend  des  types  intéressants  résultant, 
selon  toute  vraisemblance,  de  la  transformation  de  gabbros  et  de 
roches  éruptives  basiques.  Ils  ressemblent  à  ceux  que  les  géologues 
italiens  ont  décrits,  sauf  le  n"*  Q56(de  Bobbio),  qui  est  remarquable 
comme  roche  à  zoîsite  p. 

Il  a  semblé  intéressant  d'en  étudier  quelques  échantillons  collec- 
tionnés par  l'un  de  nous  (M.  Kilian)  et  qui  ont  fourni  à  l'autre 
(M.  Termier)  les  résultats  suivants  : 

II.  Échantillon  du  mont  Peli^as  (préparation  iV"  283). 

A  Vœil  nu,  cette  roche  ressemble  à  un  quartzite  verdâtre  mou- 
cheté de  blanc. 

il  II  microscope  :  gahbro  décomposée  renfermant  encore  beau- 
coup de  diallage,  épidote,  zoîsite  et  chlorite  envahissant  tout  le 
reste  de  la  roche.  Çà  et  là,  un  fond  d'albite  secondaire.  La  zoîsite 
est  de  la  variété  ^, 

la.  Roche  du  mont  Pehas,  accompagnant  les  gabbros  (pré- 
paration N""  2p3). 

A  rœU  nu  :  roche  d'un  vert  clair,  à  éléments  non  distincts, 
d'aspect  fibreux. 

Au  microscope  :  roche  schisteuse  à  chlorite,  zoîsite  et  sphène. 
Un  peu  d'actinote. 

Origine  incertaine,  probablement  roche  éruptive  décomposée. 

i3.  Id,  (préparation  N^  2 y 3^^*).  —  Roche  plus  compacte,  à 
grains  très  fins,  formés  de  zoîsite,  chlorite,  actinote  et  sphène. 

14.  Roche  de  Villanoça  (Piémont)  (préparation  iV"  264)- 

A  Fosil  nu  :  apparence  d'un  schiste  chloriteux  vert,  moucheté  de 
taches  grisâtres. 

Au  microscope  :  roche  à  actinote,  chlorite,  zoîsite,  épidote, 
albite  et  sphène. 

Résulte  de  la  transformation  d'une  roche  basique. 

La  roche  de  Villanova  est  également  associée  à  des  serpentines 
et  en  relation  avec  les  schistes  lustrés. 

i5  Echantillon  de  même  provenance  (Villanova)  (préparation 
li''  264^^)'  —  Roche  analogue  et  de  même  origine  :  grenat,  chlorite, 

vent  par  métamorphisme  des  roches  vertes  (gabbros  et  diabases)  intercalées 
dans  les  schistes  lustrés.  Voir  les  travaux  de  MM.  Novarese  {BoLl.  H.  Com. 
gtol.^  1895,  N*  2),  Franchi,  etc. 


400  W.    KILIAN   ET  P.   TERMIER  3  Joill 

actinote,  albite,  quartz.  La  chlorite  est  ici  notablement  biréfrin- 
gente. 

Type  intéressant  ;  sans  doute  gabbro  transformé.  Cette  roche 
est  d'un  vert  foncé  et  un  peu  schisteuse  à  l'œil  nn. 

17.  Roche  associée  aux  gabbros  du  Bric-Bouchet  (préparation 
N^  286),  —  Fouillis  d'aiguilles  d  actinote,  extrêmement  fines, 
avec  grains  d'épidote  très  nombreux  et  quelques  grains  de  sphène. 

Probablement  même  origine  que  la  suivante  (N®  284). 

18.  Roche  du  Bric-Bouchet  (préparation  N*>  284)' 

A  Vœil  nu  :  roche  d*iin  vert  foncé,  à  éléments  peu  distincts,  légè- 
rement schisteuse,  avec  filonnets  d'un  vert  plus  clair,  jannfttre. 

Au  microscope^  on  reconnaît  :  épidote,  glaucophane,  chlorite, 
un  peu  de  sphène.  Fond  général  d'albite  secondaire.  C'est  proba- 
blement une  roche  éruptive  basique,  entièrement  recristallisée. 

19.  Echantillon  recueilli  en  amont  de  Bobbio  (Piémont)  (pré- 
paration N**  2  50),  —  Roche  schisteuse  formée,  pour  la  plus 
grande  partie,  de  zoîsitc  p  et  d'albite,  avec  un  feutrage  plus  ou 
moins  serré  de  lamelles  de  Irémolite  et  une  petite  quantité  de 
séricite.  La  zoïsite.  qui  est  du  type  spécial  dont  il  a  été  parlé  plus 
haut,  contient  quelques  grains  de  zoîsite  ordinaire  et  des  grains 
très  rares  d'cpidote.  L'albite  est  irrégulièiHîment  répartie.  C'est 
elle  qui  forme  les  taches  blanches,  bien  visibles  dans  la  cassure  de 
la  roche.  La  densité  moyenne  de  la  roche  est  d'environ  a. 85.  A 
remarquer  l'absence  absolue  du  quartz. 

C'est  un  ty[)e  très  curieux  de  gabbro  (ou  de  roche  analogue  aux 
gabbros)  entièrement  recristallisé. 

Qo.  Roche  recueillie  au  Bric-Bouchet^  accompagnant  les  gab- 
bros (préparation  N^  ^79)-  —  Schiste  soyeux,  très  gaufré,  d'un 
blanc  veixlAtre  luisant,  au  touclier  gras. 

Au  microscope  :  schiste  pyritifère  à  zones  alternées  de  chlorite 
et  de  trémolite.  Dans  toutes  les  zones,  traînées  de  petits  sphènes. 
Dans  les  zones  de  trémolite,  surtout  dans  leur  partie  médiane,  il 
y  a  un  feutrage  de  séricite. 

Tous  les  cristaux  sont  excessivement  0ns.  Ce  type  de  roche 
verte  est  peu  commun. 

21.  Roche  de  même  provenance  (préparation  N""  263).  —  Ser- 
pentine d'un  vert  foncé  ;  provient  sans  doute  de  la  transformation 
d'un  gabbro^  • 

22.  Echantillon  de  même  origine  (préparation  iV"  263^^).  — 
Roche  à  épidote,  chlorite,  albite  et  glaucophane. 


igOl  GEOLOGIE    DES   ALPES   FRANÇAISES  4^1 

a3.  Roche  perte  recueillie  dans  le  GlcLciaire^  près  Virieu-le^ 
Grand  (Ain)  {préparation  iV*»  634)-  —  Roche  entièrement  trans- 
formée en  nn  fouillis  cristallisé  de  glaucophane,  chlorite,  zoîsite 
et  sphène. 

Provient  sans  nul  doute  du  Permien  métamorphique  de  la  Hauto- 
Maurienne  ou  de  la  Haute-Tarentaise,  plus  probablement  de  la 
Haute-Maurienne  (Villarodin  ou  Entre-Deux-Eaux). 

C'est  un  bon  échantillon  minéralogique  de  glaucophane  et  un 
bon  échantillon  pétrographique  de.prasinite. 

« 

a4.  Schiste  serpentineux  de  Combe-Brémond,  vallée  de  TUbaye 
{Basses-Alpes)  (préparation  xV°  5 g 2).  —  Poussière  de  sphène  et 
d*épidote  et  feutrage  d*aiguilles  orientées  de  mica  blanc.  Ces 
aiguilles  sont  excessivement  fines.  Peu  de  quartz  visible,  en 
plages  très  petites  et  très  confuses. 

Un  peu  (très  peu)  de  serpentine.  Schiste  métamorphique  associé 
aux  schistes  lustrés  et  aux  serpentines. 

Il  convient  d'étudier,  à  la  suite  des  gabbros  et  de  leurs  modifi- 
cations ,  des  micaschistes  et  des  roches  cristallines  d'un  type 
spécial  dont  Tâge  et  la  nature  ont  été  pendant  quelque  temps  un 
problème  et  dont  les  rapports  avec  les  euphotides  et  les  a  roches 
vertes  »  n'ont  été  précisés  que  depuis  peu.  En  1898,  Tun  de  nous 
(M.  Kilian)  découvrit  à  TAlpet  et  près  du  col  de  la  Lauze  *,  au  nord 
du  col  du  Mont-Genèvre,  des  schistes  cristallins  d'une  nature  parti- 
culière, qu'il  n'hésita  pas  à  reconnaître  comme  étant  identiques  à 
une  partie  des  roches  dont  M.  Termier  -  avait,  peu  auparavant, 
signalé  l'existence  dans  les  massifs  de  l'Eychauda  et  de  Serre- 
Chevalier,  et  que  ce  savant  était  porté  à  considérer  comme  des 
micaschistes  d'âge  tertiaire.  Au  col  de  la  Lauze,  ces  schistes  se 
montrent  interstratifiés  dans  des  schistes  calcaires  fort  analogues 
aux  schistes  lusti^és  et  accom[)agnés  de  marbres  cristallins  tabu- 
laires et  bleutés,  identiques  à  ceux  qui  existaient  dans  le  voisinage 
des  affleurements  de  serpentines  et  de  gabbros.  A  la  suite  de  ces 
constatations^  l'un  de  nous  (M.  Kilian)  écrivait,  en  1899  (Compte- 
Rendu  des  Collaborateurs  in  Bull.  Serv.  Carte  géol.  de  France, 
N°  69,  t.  X,  p.  io5)  :  «  Ce  sont  des  amygdales  de  roches  éruptives 

I.  C.  fi.  Ac.  Sc.f  7  nov.  1898. 

'2.  Tbrmibk.  Sur  les  terrains  cristallins  d'âge  probablement  tertiaire  des 
montagnes  de  PËychauda,  etc.  B.  S.  G.  F,,  (3),  XXIII,  p.  672  (1895). 

12  Octobre  1901.  —  T.  i^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  nG 


4oa  W.    KILIAN    ET   P.    TEilMIER  3  Juin 

laminées,  exactement  comme  le  sont  les  intercalations  de  «  roches 
vertes  »  (schistes  à  actinote,  zoïsite,  etc. . .,  prasinites  et  amphibo- 
lites)  du  Queyras  et  du  Piémont.  Les  masses  éruptives  existaient 
avant  le  plissement  principal  de  la  région  et  ce  n'est  que  par  le 
dynamométamorphisme  qu'elles  ont  été  transformées  en  schistes.  » 

Des  schistes  analogues  se  continuent  dans  le  vallon  de  la  Baisse  ^ 
jusqu'au  pied  ouest  du  Chaberton,  où  ils  constituent  un  bon  type 
de  prasinite.  —  Peu  après,  M.  Kilian  découvrit,  au  sud  de  Brian- 
çon  (au  col  Tronchet  et  à  Villargaudin)  deux  autres  afQeure- 
ments  de  ces  micaschistes,  toujours  interstratiûés  dans  les  schistes 
lustrés  et  en  rapport  avec  des  marbres  cristallins.  Au  col  Tron- 
chet, les  micaschistes  passent  même  par  places  à  une  çéritable 
çariolite  étirée  dont  la  structure  est  encore  bien  reconnaissable. 

On  verra  par  les  diagnoses  qui  suivent  et  qui  sont  dues  à  la 
compétence  spéciale  de  M.  Termier,  que  l* examen  microscopique 
a  confirmé^  en  grande  partie,  les  conclusions  énoncées  plus  haut 
par  M.  Kilian.  L'identité  des  roches  cristallines  du  col  Tronchet 
et  des  roches  cristallines  du  Mont-Genèvre  peut  être  considérée 
comme  prouvée  ;  les  schistes  cristallins  de  l'Alpet,  du  col  Tronchet, 
de  Prorel,  de  Serre-Chevalier  -,  de  rEychauda,  sont  de  l'avis  même 
de  M.  Termier,  soit  des  schistes  ai^eux  mét^miorphisés  par  l'in- 
trusion des  gabbros,  soit  des  gabbros  recristallisés.  Les  gabbros 
ne  sont  abondants  qu  au  Mont-Genèvre,  au  Chaberton,  et  au  col 
Tronchet  ;  dans  les  antres  gisements  cristallins,  ils  sont  beaucoup 
plus  rares,  et,  ce  qui  domine,  c'est  leur  auréole,  formée  de  schistes 
ai^eux  modifiés  et  transformés  en  coméennes  (homfels)  par  l'in- 
trusion éruptive  voisine,  puis  laminés  après  ledit  métamorphisme. 

Voici  les  diagnoses  de  quelques-unes  de  ces  roches,  établies 
par  M.  Termier  ; 

125.  Roche  dure  d'aspect  compact,  associée  aux  micaschistes  de 
VAlpet  (préparations  N*"  23 y  ta  2 4 4)-  —  C'est  une  cornéenne 
nettement  orientée,  schisteuse,  à  cassure  esquilleuse  et  à  esquilles 
translucides.  Le  microscope  y  montre  des  lits  quartzeux,  et  d'autres 
quartzo-sériciteux  ou  quartzo-chloriteux,  alternant  ensemble.  Le 
grain  est  très  fin.  Il  n'y  a  plus  de  feldspath  dans  la  roche  ;  mais 

1 .  MM.  Cole  et  Gregopy  avaient  signalé,  sous  le  nom  de  Greenstone  Schists, 
des  roches  analogues  afUeurant  dans  le  massif  du  Chaberton. 

2.  M.  Termier  a  toutefois  excepté  de  cette  conclusion  un  lambeau  de 
gneiss  analogue  aux  gneiss  de  la  Levanna  qu'il  considère  comme  anié- 
triasique.  Ce  lambeau  alfleure  à  la  monUigne  de  Serre-Chevalier,  à  rouest 
de  Brianvon. 


igOI  GÉOLOGIE   DES    ALPES   FRANÇAISES  4^^ 

il  se  pourrait  fort  bien  qu'une  partie  du  mica  blanc  résultât 
de  récrasement,  du  laminage  et  de  la  transformation  chimique 
d'un  feldspath  alcalin  originel.  Il  y  a  même  des  raisons  pour 
qu'il  en  soit  ainsi  :  Mais  ces  raisons  ne  sont  pas  décisives. 

M.  Termier  ajoute  :  «  Je  ne  crois  pas  qu'une  semblable  roche 
«  ait  jamais  été  une  roche  éruptive.  Elle  est  trop  quartzeuse  pour 
«  cela.  Mais  je  crois  qu'il  faut  l'attribuer  à  un  schiste  argileux 
«  originel  modifié  et  transformé  en  coméenne  (hornfels)  par 
«  l'intrusion  voisine  d'une  roche  éruptive  (laquelle  peut  très  bien 
4(  avoir  été  basique)  puis  laminé  encore  après  ledit  métamor- 
-«  phisme.  d 

a6.  Roche  verte j  vallon  de  la  Baisse,  pied  ouest  de  Chaberton 
^préparation  TV*»  228),  —  Prasinite  à  glaucophane.  Agrégat  schis- 
"^ux,  orienté,  de  glaucophane,  épidote,  chlorite,  sphène,  albite, 
quartz.  Le  grain  est  tinès  fin. 

Probablement  gabbro  laminé  et  recristallisé  après  laminage.  Ce 

^ype  est  fréquent  dans  les  piètre  verdi  italiennes.  On  le  retrouve 

-^t  la  Vanoise,  parmi  les  roches  que  j'ai  (M.  Termier)  appelées  amphi- 

-SK>lites  à  glaucophane  et  glaucophanites.  Ici  nous  avons  un  type 

parfait  de  prasinite, 

27.  Micaschistes  du  col  Tronchet  (préparations  iV<*  a 2g,  23 0, 
3i),  —  Schistes  à  quartz,  chlorite  et  mica  blanc,  largement 
"^Cîristallisé,  sans  feldspath.  Ce  type  est  banal.  On  le  rencontre  fré- 
"^cjuemment  à  Serre-Chevalier.  M.  Termier  ajoute  :  «  C'est  de  ces 
'^^  schistes  là,  ou  de  schistes  analogues  que  je  ne  crois  pas  qu'on 
puisse  dire  qu'ils  ont  été  jadis  des  roches  éruptives.  Or  ces 
schistes  forment  la  grande  masse  des  lambeaux  cristallins  de 
Serre-Chevalier  et  de  l'Eychauda  ;  ceci  vous  explique  que  je  me 
sois  élevé  contre  votre  idée  d'attribuer  tous  ces  terrains  cris- 
tallins à  des  roches  éruptives  laminées.  Mais  je  crois  de  plus 
en  plus  que  ce  sont  des  schistes  argileux  rendus  cristallins, 
avant  tout  métamorphisme  dynamique,  par  l'influence  calori- 
fique et  chimique  émanée  d'une  roche  profpnde.  » 

a8.  Micaschiste  du  col  Tronchet  (préparations  N^^  225,  226, 
^^2^),  -^  Même  roche  que  ci-dessus,  mais  d'un  grain  plus  fin, 
Quartz,  chlorite,  séricite,  petits  sphènes,  petits  grains  d'ilménite. 

Î19.  Micaschistes  de  Villargaudin  (préparations  7V^»  2^5  à  2 4 S), 

^^-^  Schistes  quartzo-sériciteux  à  grain    très  fin,  sans  chlorite  ni 

feldspath  (sauf  de  très  petits  et  très  rares  grains  d'albite).  C'est  le 

Vppe  le  plus  répandu  dans  le  lambeau  Prorel-Serre-Chevalier.  On  le 

i*etrouve  dans  tous  les  pays  de  micaschistes,  quelle  que  soit  l'origine 


4o4  W.    KIL1AN   ET   P.    TERMIER  3  Juill 

de  la  crista limité  :  mais  la  ressemblance,  quant  à  la  stmctare,  est 
surtout  avec  des  cornéennes  (homkieselschiefer),  sauf  que  dans  les 
coméennes  classiques  qui  proviennent  de  Tinfluence  du  g^ranite,  le 
mica  noir  joue  un  rôle  prépondérant. 

«  Il  y  a  lieu  dHnsister  sur  la  faible  teneur  de  ces  micaschistes  en 
fer  et  magnésie.  Ceci  ne  prouve  point  que  la  cristallinité  ne  soit 
pas  attribuable  à  Tinfluence  du  gabbro.  Il  a  pu  n*y  avoir  ici  qu'une 
influence  calorifique,  et  d'ailleurs  chacun  sait  que  les  roches  basi- 
ques peuvent  être  accompagnées  de  AimeroUes  riches  en  silicium 
et  en  métaux  alcalins.  » 

3o.   Variolite  dans  les  micaschistes  du  col  Tronchet. 

M.  Termier  écrit  au  sujet  de  cette  roche  :  «  Je  ne  doute  pas  qu'il 
ne  s  agisse  ici  de  la  variolite  de  la  Durance  ;  mais  elle  est  fort 
altérée.  C'est  un  agrégat  confus  de  petits  prismes  d'épidote,  de 
lamelles  de  chlorite  et  de  grains  de  quartz  entourant  des  globules 
presque  entièrement  quartzifères  où  Ton  ne  trouve  rien  du  sphéro- 
lite  originel,  si  ce  n'est  la  forme  sphérique. 

«  L'échantillon  n'en  est  pas  moins  intéressant.  Il  prouve,  Je 
crois,  sans  conteste  possible,  Cidentité  des  roches  cristallines  du 
col  Tronchet  et  des  roches  cristallines  du  Mont-Genèçre. 

«  En  rapprochant  cette  donnée  de  celles  que  j'ai  déjà,  j'arrive 
à  cette  idée  que  les  schistes  cristallins  de  l'Alpet,  du  col  Tronchet, 
de  Proi*el,  de  Serre-Chevalier,  de  l'Eychauda  sont,  |)Our  la  plupart 
des  schistes  ai^ileux  métamorphisés  par  l'intrusion  des  gabbros. 
Le  gabbro  lui-même  apparaîtrait  au  Mont-Genèvre,  au  Chaberton, 
au  col  Tronchet  :  dans  les  autres  gisements  cristallins,  il  serait 
beaucoup  plus  rare  et  ce  que  nous  voyons  ne  serait  guère  que 
son  auréole.  » 

C.  —  Contributions  à  la  connaissance  des  schistes  lustrés 

du  Briançonnais  et  du  Queyras 

Les  schistes  lustrés  (calcschistes,  schistes  calcaréo-talqueux)  qui 
ont,  dans  les  Alpes  du  Piémont,  un  développement  si  considérable» 
pénètrent  sur  le  territoire  français  au  Mont-Genèvre  et  dans  le  sud 
du  Briançonnais,  où  ils  occupent  la  plus  grande  partie  du  Haut- 
Queyras  ;  ils  ont  une  teinte  grisâtre,  noirâtre,  parfois  brunâtre,  un 
aspect  à  la  fois  fibreux  et  lustré,  et  se  montrent  formés  d'une 
association  de  calcite  et  de  quailz  avec  mica  blanc,  chlorite,  ilmé- 
nite,  rutile,  etc.  De  petits  bancs  (dalles)  de  calcaires  cristallins 
noirâtres  y  sont  intercalés  à  plusieurs  niveaux.  Leur  épaisseur, 


igOI  GÉOLOGIE   DES   ALPES   FRANÇAISES  4^ 

assurément  énorme,  semble  plus  considérable  encore  par  suite  de 
3a  structure  isoclinale  qui  règne  dans  la  région.  —  Ils  renferment, 
jprès  de  Césanne,  des  bancs  siliceux  à  Radiolaires  et  des  schistes 
^ersicolores. 

Il  semble  possible  d'y  distinguer  deux  subdivisions  ;  c'est  ainsi 
^pie  les  schistes  lustrés  du  Gondran,  près  Briançon,  présentent, 
<;omme  Tun  de  nous  Ta  signalé  il  y  a  quelques  années  déjà  *,  deux 
Mypes  bien  distincts,  quoiqu'il  soit  presqu' impossible  de  les  déli- 
lamiter  rigoureusement. 

a)  Des  schistes  calcaires,  avec  bancs  de  calcaires  parfois 
siliceux,  zones  lie-de-vin  et  verdàtres,  rappelant  les  schistes 
-Sustrés  de  Césanne  avec  leurs  accidents  siliceux  à  Radiolaires. 

A  Maurin,  dans  la  vallée  de  TUbaye,  comme  à  Césanne  et  au 

I^Iont-Genèvre  (Rocher  de  la  Perdrix,  près  du  Gondran,  Rocher  du 

enard,  Rocher  des  Douaniers,  près  du  col  Bousson),  on  voit  en 

utre  apparaître,  dans  les  schistes  lustrés  inférieurs,  au  voisinage 

e  la  serpentine,  des  schistes  calcarifères  rouges  et  verts,  parfois 

njectés  de  serpentine,  ou  influencés  par  son  voisinage,  et  alternant 

vec  des  lits  de  calcaires  phylliteux,  souvent  marbreux. 

A   cette  portion  inférieure  des  schistes   lustrés,  nous  croyons 

gaiement  devoir  rattacher  un  ensemble  de  schistes  calcaires  gris, 

e  marbres  zones,  de  bancs  quartzeux  versicolores,  avoisinant  les 

erpentines  et  les  calcaires  triasiques  sous-jacents,  dont  l'âge  exact 

st  incertain,  et  qui  ont  été  désignés  par  une  teinte  spéciale  et  le 

ymbole  T  sur  la  feuille  Briançon  de  la  carte  géologique  de  France. 

C'est  encore  au  complexe  des  schistes  lustrés  qu'appartiennent 

es  assises  de  marbres  cristallins  zones  qui  entourent  les  gabbros 

u  mont  Pelvas,  de  Taillante,  de  Médille,  etc.  On  les  observe 

alement  au  contact  de  la  serpentine  et  des  gabbros,  à  la  Chalp, 

<lans  le  Haut-Queyras,  où  Ch.  Lory  les  avait  déjà  remarqués  et  où 

i  Is  sont  exploités  dans  une  carrière.  Ils  existent  aussi  entre  le 

Bric-Bouchet  et  le  col  de  Malaure  (fig.  2). 

On  les  retrouve  au  col  Tronchet,  près  Brunissard,  où  ils 
séparent  les  schistes  lustrés  typiques  d'une  bande  de  variolite 
laminée  et  de  micaschistes  d'origine  éruptive  (v.  plus  haut). 

Enfin,  au  nord  du  Mont-Genèvre,  au  col  de  la  Lauze,  près  de 
l'Alpet,  les  mêmes  marbres  se  montrent  au  milieu  des  schistes, 
dans  le  voisinage  même  d'intercalations  de  micaschistes  dérivant 
des  roches  éruptives  basiques. 

Dans  tous  ces  gisements,  les  caractères  de  ces  marbres  zones 

I.  C.  R.  Ac.  Se, y  5  juillet  1897.  —  W.  Kilian.  Sur  un  gisement  de  syénite 
dans  le  massif  du  Mont-Genèvre  (Hautes-Alpes). 


4o6  W.    KILIAN   ET   P.    TERMIER  3  Juin 

restent  les  mômes  ;  ce  sont  des  marbres  tabulaires,  et  des  calcaires 
phylliteux  formés  de  calcite  cristalline  avec  rutile,  séricite,  un  peu 
de  quartz,  se  débitant  en  dalles  d'un  aspect  cireux,  et  présentant 
des  colorations  variées,  souvent  grises  ou  jaunâtres. 

Dans  le  Queyras,  ils  affleurent  dans  les  anticlinaux  dont  le 
noyau  est  occupé  par  les  gabbros  au  Bric-Bouchet,  au  Pelvas  et 
près  de  la  Chalp  (exploitations)  (fîg.  i  et  a)  ;  sur  le  flanc  de  la 
montagne  de  Rochebrune,  ces  couches  sont  plus  schisteuses  et 
prennent  un  faciès  très  analogue  à  celui  des  schistes  lustrés.  Elles 
supportent  là  les  calcaires  triasiques  par  suite  d'un  renversement 
des  couches  dû  au  refoulement  vers  Test  d'un  vaste  anticlinal  tria- 
sique.  Dans  la  Haute-Ubaye,  M.  Marcel  Bertrand  et  Tun  de  nous 
les  ont  observées  à  la  base  des  schistes  lustrés. 

b)  La  portion  supérieure  de  Tétage  schisteux  est  formée  de 
schistes  plus  fins,  plus  argileux,  avec  bancs  de  grès  micacés  et  lits 
de  calcaire  siliceux  à  patine  brune  et  scoriacée,  présentant  une 
grande  analogie  avec  le  Flysch,  dont  M.  Termier  est  tenté  de  les 
rapprocher.  Ces  schistes  forment  la  partie  ouest  du  plateau  de 
Gondran.  On  les  retrouve  à  Villargaudin,  près  de  Château-Queyras, 
où  ils  contrastent  également  avec  les  schistes  lustrés  proprement 
dits,  plus  calcaii^es,  du  ravin  de  Soulier  et  du  Haut-Queyras.  Ils 
sont  peut-être  tertiaires,  mais  rien,  en  dehors  de  leur  aspect  litho- 
logique, ne  permet  de  le  prouver  ;  «  leur  aspect  est  identique  à 
celui  du  Flysch  de  Prorel  »  *  :  schistes  satinés,  avec  rares  interca- 
lations  calcaires  et  nombreux  lits  de  quartzites  bruns.  Malgré  ces 
caractères  assez  spéciaux,  il  ne  semble  pas  cependant  possible  de 
tracer  une  limite  précise  entre  ces  schistes  et  les  schistes  lustrés 
ordinaires  que  nous  venons  de  décrire. 

Cette  division  supérieure  mérite  de  faire  Tobjet  d'études  appro- 
fondies. 

La  position  stratigraphique  de  l'ensemble  schisteux  qui  vient 
d'être  décrit  a  donné  lieu  à  de  longues  discussions  -. 

I .  Termier  in  Notice  Feuille  Briauçon.  Carte  géol.  de  France,  1900. 

a.  Les  schistes  lustrés  (calcschistes)  de  la  zone  du  Piémont  ont  été  tour  à 
tour  placés  dans  le  Trias  (Ch.  Lory),  dans  le  Paléozoîque  et  le  Prépaléozolque 
[MM.  Gastaldi,  Zaccagna.  (Ils  ont  été  décrits  comme  prépaléozolques  par 
M.  Zaccagna,  et  seulement  comme  précarbonifères  par  M.  Franchi,  qui  a  du 
reste  depuis  lors  modifié  son  opinion.  Puis  M.  Novarese  a  admis  la  possibilité 
de  trouver  des  fossiles  dans  les  lentilles  calcaires  intercalées  dans  les  calc- 
schistes a  schistes  lustrés»  de  la  vallée  du  Pellice),  Potier,  M.  Bertrand,  Kllian, 
Termier,  Gregory],  puis  considérés  de  nouveau  comme  triasiques  et  même 
peut-être  liasiques,  par  M.  Marcel  Bertrand,  alors  que  M.  Steinmann  va,  dans 


igOI  GROLOGIE    DES    AX.PES   FRANÇAISES  4^7 

Il  résulte  des  observations  de  Tun  de  nous  que  les  schistes  lustrés 
du  Queyras  *,  avec  leur  cortège  de  marbres  tabulaires  et  de  roches 

^cs  Grisons,  jusqu'à  en  faire  parliellement  du  Tertiaire,  et  que  les  seuls  fossiles 
<^m  y  aient  été  rencontrés  jusqu'à  ces  dernières  années  sont  des  Radio- 
laires sans  signification  stratigraphique  précise,  découverts  à  Césanne,  par 
^Af.  Parona. 

Après  avoir,  en  189a,  avec  MM.  Zaccag^a,  M.  Bertrand,  Potier,  etc...,  décrit 
^es  schistes  lustrés  de  la  Haute-Ubaye  comme  antérieurs  au  Carbonifère,  j'ai 
longtemps  hésité  à  admettre  que  les  conclusions  auxquelles  s'est  arrêté  en 
«dernier  lieu,  et  à  la  suite  de  recherches  minutieuses,  M.  Marcel  Bertrand, 
^'appliquassent  aux  schistes  du  Queyras  et  de  la  Haute-Ubaye.  Jusqu'en  1897, 
je  croyais  en  elTet  que  l'âge  triasico-liasique  attribué  par  ce  dernier  aux 
schistes  lustrés  ne  devait  être  admis  comme  certain  que  pour  une  partie  des 
^30uches  ainsi  désignées,  et  j'admettais,  notamment  pour  les  types  du  Queyras, 
S.a  possibilité  d'une  ancienneté  plus  grande.  Je  me  suis  fait  depuis  un  devoir 
-m^i  un  plaisir  de  déclarer  que  les  résultats  consignés  ci-après  m'ont  déûnitive- 
:Hn]ent  rallié  à  la  manière  de  voir  de  M.  M.  Bertrand,  et  que  je  considère  comme 
Lcquise  la  preuve  que  les  schistes  lustrés  de  la  H^^Ubaye,  aussi  bien  que  ceux 
lu  Queyras,  du  Mont-Genèvre,  de  la  Maurienne  et  de  la  Tarentaise  sont  posté- 
rieurs au  Trias  inférieur  et,  probablement,  pour  une  grande  partie  liasiques. 
Il  est  utile  de  remarquer  que  cette   interprétation  de  l'âge  des  schistes 
ustrés,  tout  en  se  rapprochant  beaucoup  de  celle  à  laquelle  s'était  arrêté 
Ih.   Lory,   en  diffère   cependant   profondément    en  ce  sens  que,   pour  ce 
<^:3ernier,  les  schistes  lustrés  étant  triasiques,  étaient  considérés  comme  plus 
<^r^nciens  que  les  calcaires  magnésiens  de  Bochebrune,  Château-Queyras  et 
'■^riançon,  qu'il  mettait  dans  le  Lias,  tandis  que,  dans  notre  manière  de  voir, 
&  es  schistes  lustrés  sont  plus  récents  que  les  calcaires  mentionnés  plus  haut, 
derniers  devant  incontestablement,  ainsi  qu'une  grande  partie  des  cal- 
caires du  Briançonnais,  être  attribués  au  Trias. 

Les  schistes  lustrés  (calcschistes)  ont  fait  l'objet  de  la  part  de  nos 
confrères  italiens  de  nombreuses  publications  parmi  lesquelles  il  convient 
le  citer  celles  de  MM.  Gastaldi,  Zaccagna,  Mattirolo,  Portis,  Franchi  et  G. 
le  Stefano.  Stella,  Virgilio. 
M.  Franchi  notamment,  a  ]mblié  en  1898  (Bull,  R,  Comit,  geol.  d'italia)  un 
'^  rès  intéressant  historique  des  diverses  opinions  émises  depuis  le  milieu  du 
«siècle  au  sujet  de  cette  importante  formation.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  son 
^iiémoire  ainsi  qu'aux  résultats  nouveaux  qu'il  a  apportés  en  faveur  de  l'attri- 
•feution  de  ces  schistes  au  Trias  et  au  Lias.  M.  Franchi  a  découvert  en  Italie, 
lans  les  schistes  lustrés  et  dans  les  calcaires  qui  leur  sont  subordonnés  en  un 
certain  nombre  de  points,  des  fossiles  qui  rendent  leur  âge  mésozoïque  incon- 
.estable.  D'après  les  détails  précieux  recueillis  par  ce  savant,  beaucoup  de 
'es  faunes  sont  triasiques,  notamment  celles  qu'ont  fournies  les  calcaires 
auxquels  les  schistes  lustrés  passent  insensiblement  par  la  base.  Dans  les 
«schistes  eux-mêmes,  M.  Franchi  signale  des  lentilles  de  brèches  qui  rappellent 
»ios  brèches  liasiques  (brèches  du  Télégraphe);  il  mentionne  aussi  des  schistes 
«i  BélemniUs;  de  sorte  qu'il  est  probable  qu'une  notable  portion  des  schistes 
lustrés  appartient  au  Lias. 

(Franchi.  SulT  eta  mesozoîca  délia  Zona  délie  piètre  verdi  nelle  Alpi  occi- 
dentali.  Boll.  del  R.  Comitalo  geol    d*Iialia,  1898-1900).  W.  Kilian. 
I.  Bull,  Serv.  Carte  géol.  de  France,  N*  63,  t.  X,  p.  i35,  1898-1899. 


4o8 


W.    KILIAN    ET    P.    TERMIER 


3  Juin 


Col 


Froma^t 


de 
Mo/inoA 


yertes,  ont,  à  Fouest,  comme  substratum,  les  calcaires  dolomitiqnes 
dits  <x  calcaires  à  Gyroporelles  d  du  Trias  ^  (sous  lesquels  ils  semblent 
souvent  s'enfoncer  par  reffet  de  dislocations  que  nous  avons  décrites 

avec  M.  Zûrcher),  alors  qu'à 
»•         .  '*^  .,  ^        Test  (vallée  du PelliccHaute- 

Ubaye),  ils  vont  s*appuyer 
sur  un  système  de  grès,  de 
quartzites  et  de  schistes 
(gpieiss  et  micaschistes  des 
Italiens)  probablement  per- 
mo-carbonifères  et  compre- 
nant peut-être  aussi  les  quart- 
zites du  Trias  inférieur. 

Il  est  à  remarquer  en  outre 
que,  partout  où  ils  existent, 
les  vrais  schistes  lustrés  (a) 
du  type  classique  succèdent 
•  immédiatement  aux  cargneules  ou  aux  calcaires  triasiques  '  sans 
interposition  de  marbres  jurassiques  supérieurs  ;  ce  fait  est  parti- 
culièrement net  à  Châtean-Queyras  où  les  rapports  des  schistes  et 
des  calcaires  sont  faciles  à  étudier  (v.  G.  R.  des  collaborateurs, 
pour  1897,  in  Bull.  Serv.  carte  géolog.,  t.  X,  n»  63  (1898);  note  de 
MM.  Kilian  et  Zûrcher).  Il  en  est  de  môme  dans  le  Briançonnais, 
où  quand  ils  apparaissent,  les  autres  faciès  (Trias  supérieur.  Lias, 
Mal  m  et  marbres  ËJ  de  la  feuille  Briançon  de  la  Carte  géologique 
de  France),  semblent  s'évanouir,  «  comme  si  le  faciès  «  schistes 


^ClH, 


Fig.  4-  —  Coupe  relevée  au  sud-est 
de  Molines  (Queyras). 

Ct'ti,  Calcaires  triasiques  ;  G-O,  Gypses 
triasiques  ;  It,  Schistes  lustrés. 


1 .  Dans  les  environs  de  Chàteau-Queyras,  la  succession  des  assises  est  la 
suivante,  de  bas  en  haut  (fig.  4)  - 

I .  Quartzites  du  Trias  inférieur. 

a.  Mince  assise  de  cargneules  et  de  calcaires  phylliteux. 

3.  Calcaires  triasiques  du  type  ordinaire  (puissants). 

4.  Gypses. 

5.  Schistes  lustrés  du  type  normal  avec  bancs  marbreux. 

6.  Schistes  lustrés  supérieurs  de  Yillargaudin. 

Pour  les  environs  de  Châtcau-Queyras,  consulter  en  outre  :  M.  Bertrand. 
B.  S.  G.  F.,  (3),  XXn,  p.  i54,  189Î.  —  W.  Kilian  et  P.  Tbrmibr.  Sur  quelques 
roches  éruptives  des  Alpes  françaises.  B,  S.  G,  F,,  (3).  XXm,  1896,  p.  400.  — 
W.  Kilian  et  Ph.  ZOrcubr.  C.  R.  Collab.  Serv.  carte  géol.  de  France,  in  Bull, 
Sen*.  Carte  géol.  de  France,  N"  63,  t.  X,  1898,  p.  i44-  —  W.  Kilian.  Id,,  id., 
p.  i35. 

2.  Près  de  Maurin  (Basses-Alpes),  dans  le  vallon  de  Mary  (côté  sud),  au 
col  Girardin,  etc.,  on  voit  très  .bien  la  partie  supérieure  des  calcaires  tria- 
siques prendre  une  structure  schisteuse  et  passer  insensiblement  aux  schistes 
lustrés. 


XgOI  GÉOLOOIB  DES  ALPEâ  FRANÇAISES  4^9 

lustrés  )»  s'étendait  à  toute  la  série  sédimentaire,  depuis  le  Trias 
moyen  jusqu'à  l'Oligocène  i»  ^ 

La  conclusion  qui  s'impose  est  de  considérer  les  schistes  lustrés 
comme  représentant  tout  au  moins  le  Trias  supérieur  et  le  Lias,  sur- 
tout si  l'on  considère  que  Ton  peut  voir  en  certains  points  de  nos 
Âlpes  (Bonneval-les-Bains,  Moutiers  en  Tarentaise)  des  assises 
incontestablement  liasiques  prendre  le  faciès  «  lustré  »  et  la  struc- 
ture des  schistes  du  Queyras.  Les  laccolithes  de  roches  vertes 
(gabbros,  etc.),  les  marbres  tabulaires  et  phylliteux  et  les  schistes 
siliceux  versicolores  appartiennent  à  la  base  de  ce  complexe  schis- 
teux, ainsi  que  le  montre  leur  présence  constante  dans  l'axe  des 
anticlinaux. 

Voici  quelques  analyses  micrographiques  ^  se  rapportant  aux 
schistes  lustrés  et  à  leur  cortège  de  marbres,  de  schistes  siliceux,  etc. 

a.  —  Schistes  et  couches  diverses  intercalées  dans  les  schistes 

1 .  A  Césanne,  des  bancs  siliceux,  sortes  de  quartzites  à  ciment 
calcaire,  sont  intercalés  dans  ces  schistes  sur  le  chemin  de  Bousson. 

Nous  en  avons  fait  faire  plusieurs  préparations  (n*'*  694,  089,  600) 
qui  montrent  au  microscope  une  association  de  plages  cristallines 
de  quartz  et  de  calcite.  Cette  dernière  domine  parfois  et  forme  des 
filonnets.  Dans  plusieurs  échantillons  (n°*  G.  602,  G.  600,  682,  etc.) 
on  distingue,  malgré  la  cristallinité,  des  traces  de  structure  orga- 
nique sous  la  forme  d'une  série  de  glomérules  et  de  petites  taches 
circulaires. 

A  Vœil  nu  :  roche  schisteuse  à  surface  lustrée,  verte  ou  lie-de- 
vin :  tranche  d'un  brun  grisâtre,  ou  noirâtre,  d'aspect  subcristal- 
lin, avec  mouchetures  de  chalcopyrite  et  de  malachite. 

Ces  intercalations,  malgré  leur  teneur  en  silice,  font  efferves- 
cence avec  les  acides. 

On  sait  que  c'est  dans  des  bancs  analogues,  affleurant  également 
près  de  Césanne,  que  M.  Parona  a  découvert  une  faune  de  Radio- 
laires dont  il  a  fait  connaître  les  principales  formes.  Malgré  un 
examen  attentif  nous  n'avons  pu,  dans  nos  échantillons,  rien 
découvrir  qui  rappelle  des  Radiolaires. 

2.  Echantillon  prélevé  dans  le  voisinage  de  la  serpentine,  près 
de  Césanne  {Italie)  sur  le  chemin  de  Bousson  (préparation  N^  582), 

I.  KiLiAN  et  Tbrmibr.  Notice  de  la  feuille  Briançon  de  la  Carte  géol.  de 
France,  1901. 
a.  Dues  pour  la  plupart  à  M.  Termier. 


4lO  W.    KITJAN    ET    P.    TERM1ER  3  Juio 

—  Schiste  lie-de-vin.  ou  verdâtre  par  place,  faisant  efferyescence 
sur  la  tranche  ;  le  microscope  montre  des  grains  de  quartzite  et 
de  quartz  et  permet  en  outre  de  reconnaître  une  structure  organi- 
que bien  certaine  :  suite  de  canaux  et  de  lacunes  pouvant  provenir 
d'un  Polypier  ou  d'un  Hydrozoaire  et  assez  analogues  à  ce  que 
l'on  observe  dans  les  galets  de  Jurassique  supérieur  rose  renfer- 
més dans  les  conglomérats  éogènes  du  massif  de  TEychauda.  Des 
matières  amorphes  verdàtres,  rougeâtres  et  noirâtres,  sont  dissé- 
minées dans  la  roche. 

3.  Intercalation  siliceuse  dans  les  schistes  lustrés,  Césanne 
(préparations  iV°*  554  ^^  556),  —  Quartzite  fin.  avec  un  peu 
d'orthose  et  de  nombreux  filonnets  de  calcite.  Nids  de  calcite, 
souvent  rhomboédriques,  au  milieu  de  la  masse  quartzeuse. 

4  Id,  (préparation  A""  5^^),  —  Marbre  avec  plusieurs  noyaux 
ou  galets  d'une  serpentine  à  péridot. 

5.  Id.  Calcschiste  de  Césanne  (préparation  N""  G.  58g).  -^ 
Roche  rubannée,  faisant  etlervescence  avec  les  acides,  mais  présen- 
tant des  zones  siliceuses  et  des  mouches  de  chalcopyrite  et  de 
malachite.  —  Teinte  d'un  brun  grisâtre  sur  la  tranche  :  verte 
et  lie-de-vin  sur  les  surfaces  schisteuses,  qui  sont  lustrées. 

Au  microscope  :  mosaïque  de  quartz  iin  et  de  calcite  cristalline^ 
cette  dernière  formant  des  filonnets.  Un  peu  de  pyrite.  —  Zones 
phylliteuscs  excessivement  minces.  Traces  de  structure  oi^anique. 

6.  Schistes  de  Césanne  (préparation  TV**  5  g  g),  —  Cette  roche 
est  formée  de  quartz  en  petits  grains  irréguliers  parmi  lesquels  on 
trouve,  formant  région,  des  grains  beaucoup  plus  gros.  Laroche  est 
criblée  d'une  multitude  de  grains  d'oligiste  opaques  ou  transpa- 
rents (dans  ce  cas  de  couleur  brune),  qui  sont  souvent  disposés  en 
files  dans  un  cristal  de  quartz.  Quelques  lamelles  clairsemées  de 
chlorite  verte  polychroïque  ;  puis  dans  les  cassures,  hématite  et 
produits  ferrugineux.  —  (Diagnose  de  M.  Duparc). 

7.  Intercalations  dans  les  schistes  lustrés,  Césanne  (Italie), 
Roche  i>erte  et  violette  (préparation  iV^  G,  600).  —  Fait  efferves- 
cence avec  les  acides.  Au  microscope  :  roche  très  cristalline  à 
grandes  plages  et  grumeaux  de  calcite.  On  distingue  des  traces 
d'organismes  (Polypiers  ?)  sous  la  forme  de  glomérules  qui  parais- 
sent représenter  des  loges  circulaires  ;  au  milieu  une  sorte  de 
réseau  visible  malgré  la  cristallinité  (recristallisation)  de  l'ensem- 
ble. Ces  traces  organiques  rappellent  celles  qui  s'observent  dans 
certains  marbres  roses  du  Jurassique  supérieur  briançonnais. 


igOI  GÉOLOGIE  DES  ALPES  FRANÇAISES  4^1 

8.  Schiste  de  Césanne  (pert  et  violet)  {préparation  A^°  G.  602). 

—  Quartzite  recristalliséi  quartz  grenu  fin  ;  zones  plus  grossières  ; 

asones  souillées  de  produits  ferrugineux.   Très  peu  de  chlorite,  un 

^g^n  de  calcite.    A  remarquer  l'absence  de  sérieite.  Traces  d'une 

structure  oi^anique  analogue  à  celle  de  la  préparation  précédente. 

9.  Schiste  de  VillanoQa  {Piémont)  {préparation  TV"  ^70),  — 
Schiste  lustré,  type  banal.  Quartz,  calcite,  mica  blanc,  chlorite, 
mlménite^  rutile,  limonite  secondaire. 

A  Vœil  nu,  ce  sont  des  schistes  noirâtres  assez  feuilletés,  lui- 
sants et  satinés.  Ils  sont  ici,  moins  calcaires  et  plus  feuilletés  que 
sie  le  sont  d'ordinaire  les  schistes  lustrés  typiques. 

10.  L'un  de  nous  a  fait  connaître,  en  1895  *,  l'analyse  microgra- 
yhique,  faite  par  M.  Michel-Lé vy,  des  schistes  lustrés  de  Ghàteau- 
^ueyras.  Dans  cette  localité,  en  effet,  des  bancs  de  qnartzites 
^ont  intercalés  dans  ces  schistes  lustrés.  M.  Termier  y  a  reconnu 

eaucoup  de  sidérose  et  de  nombreuses  aiguilles  de  sérieite  sans 
rientation  dominante. 

11.  Calcaire    intercalé  dans  les    schistes    lustrés.    Château- 

^ue^^as  {préparation  iV°  Sg/f),  —  Calcaire  cristallin  à  grains 

:ttns,  noirâtre.  Au  microscope  :  mosaïque  de  calcite  et  de  quaii;z. 

Type  ordinaire  des  calcaires  intercalés  dans  les  schistes  lustrés  : 

ucoup  de  calcite  avec  un  peu  de  quartz  et  de  pyrite.  Ce  type 
très  fréquent,  d'après  M.  Termier,  dans  les  schistes  lustrés  de 
voie. 

IQ.  Calcaire  cristallin  en  bancs   dans  les  schistes  lustrés  de 

Château- Quej^ras   (échantillon    N"  5 2 y),  —    Teinte   d'un   gris 

:s[ioirâtre  avec  zones  colorées  en  brun  par  la  limonite.  Ce  calcaire 

"^st  légèrement  schisteux  :  il  fait  effervescence  avec  l'acide  chlorhy- 

^rique. 

i3.  Schiste  lustré  du  col  de  M alrif  (échantillon  D.  5yoi).  — 
Schiste  gris,  luisant  et  satiné  ;  fait  effervescence  avec  les  acides. 

14.  Schistes  lustrés  pris  sur  la  route  contournant  le  fort  Quej^- 
jras,  sur  la  rive  gauche  du  Guil.  —  Cette  roche  est  beaucoup  moins 
satinée  et  beaucoup  plus  calcaire.  C'est  un  calcaire  schisteux  noi- 
râtre faisant  vive  effervescence  avec  l'acide  chlorhydrique. 

i5.  Schistes  lustrés  de  la  Combe  de  Soulier  {Queyras).  —  Fait 
effervescence  avec  l'acide  chlorhydrique.  Certains  bancs  sont 
plutôt  des  marbres  schisteux  formés  de  fines  strates  de  calcite 

I.  B,  !$.  G,  F  ,  (3),  XXm,  p   407. 


4l3  W.    KILIAN    ET   P.    TERMIER  3  Juin 

cristalline,  séparées  par  des  lits  de  séricite  qui  donnent  à  la  tranche 
de  cette  roche  un  faux  aspect  gneissique.  La  couleur  est  d'un 
gris  noirâtre  avec  bandes  plus  claires  sur  la  tranche,  correspon- 
dant aux  lits  de  calcite.  Les  lames  de  séricite  sont  bien  visibles 
sur  les  surfaces  de  stratification  qui  ont  un  aspect  satiné.  La  roche 
se  débite  en  dalles,  et  ne  rappelle  en  rien  les  schistes  du  Goudron, 

i6.  Aux  environs  de  Château-Queyras ,  près  du  hameau  de 
Paquier,  ainsi  qu  à  Yillargaudin,  ailleurent  également  des  schistes 
lustrés  d'un  type  spécial,  différant  des  schistes  lustrés  typiques  de 
Soulier  et  de  Château-Queyras,  et  que  nous  considérons  comme 
formant  un  groupe  de  schistes  lustrés  supérieurs  (v.  plus  haut), 
plus  récents  que  les  précédents. 

Nous  croyons  intéressant  de  reproduire  ici,  à  titre  de  compa- 
raison, le  résultat  de  Texamen  qu*a  bien  voulu  faire  M.  le  Profes- 
seur Duparc  d'échantillons  de  schistes  lustrés  recueillis  par  Tun 
de  nous  à  Maurin  (Basses-Alpes). 

17.  Schistes  lustrés  de  Maurin  (Ubaj-e)  {préparation  N""  5 y 5). 
—  Cette  roche  est  essentiellement  formée  de  calcite  et  de  quartz. 
On  y  trouve  cependant  un  peu  d'orthose  et  d*oligoclase,  puis  des 
aiguilles  de  rutile.  Le  quartz  est  en  grains  détritiques  ainsi  que 
Vorihose,  L'oligoclase  est  très  rai'e. 

La  calcite,  élément  principal,  forme  de  gros  grains  à  clivages 
/>  (loîi)  nets,  quelquefois  niâclés  selon  6*,  qui  semblent  mouler  les 
autres  éléments.  —  (Diagnose  de  M.  Duparc). 

i8.  D'autres  préparations  de  ces  schistes  de  Maurin,  examinées 
par  M.  ïermier,  montrent  toujours  du  quartz  et  de  la  calcite  en 
agrégat  très-cristallin,  avec  orthose  ou  albite  et  un  feldspath 
triclinique  très-probablement  développé  sur  place.  Le  ciment  est 
calcaire  :  on  remarque  des  matières  charbonneuses  ou  ferrugi- 
neuses noires.  La  roche  fait  penser  à  une  arkose  ou  à  un  schiste 
g^anulitisé. 

19.  Calcaire  triasique  schisteux  de  Combe-Brémond,  vallée  de 
VUbqy^e  (échantillon  i\'^  610),  —  Ce  calcaire,  ti'ès  gaufré  et 
«  plissoté  »,  appartient  au  complexe  des  schistes  lustrés  ;  il  est  fin, 
subcristallin,  d'un  gris  bleuâtre,  à  cassure  esquilleuse.  La  surface 
altérée  présente  des  lits  en  relief  qui  dessinent  nettement  des 
petits  plis  de  détail.  —  (Diagnose  de  M.  Termier). 

20.  Schistes  lustrés  de  Saint- Véran  (Hautes- Alpes)  recueillis 
dans   le  voisinage  de  la  serpentine  {préparation  N"*  2^3).  — 


^OI  GÉOLOGIE   DES  ALPES   FRANÇAISES  ^l3 


.  Michel-Léyy  a  examiné  des  préparations  de  cette  roche.  Voici 

diagDose  qn'il  nous  en  a  donnée  : 

Beaux  micaschistes  ou  schistes  micacés,  à  quartz  très  grenu, 
11  mosaïque,  à  phyliites  bien  formées  en  gi*osses  fibres  (mica 
oir,  mica  blanc)  ;  les  zones  quartzeuses  avec  un  peu  de  chlorite. 
ype  X  de  la  carte  géologique  de  France. 

ai.   Schiste  lustré  {liasiqué)  de  Bourg-Saint-Maurice  (Le  Cha- 

lard),  recueilli  par  M.  Kilian.  — Roche  consistant  en  un  calcaire 

ris  noir  très  cristallin,  en  lamelles  cristallisées,  laminé,  un  peu 

stré,   pas  de  séricite  visible  ;  effervescence    vive   avec  l'acide 

Jilorhydrique. 

aa.  Echantillon  de  la  collection  Ch,  Lorj^{i886).  Bourg  Saint- 
aurice  (Le  Chatelard).  —  Schistes  calcaréo-micacés  du  Trias 
^«ipérieur  ou  liasiqué.  —  Même  composition  que  le  précédent. 

b.  —  Marbres  et  calcaires  subordonnés 

AUX    SCHISTES    LUSTRES    INFERIEURS 

23 .  Calcaire  iriasique  et  serpentine ^  col  de  Bousson^près  Brian- 
^n  (préparation  N""  8),  —  Très  curieux  échantillon  :  calcaire 
«^iniiné  et  recristallisé,  avec  veinules  contournées,  fragmentées, 
tirées,  remplies  soit  par  de  la  chlorite  pennine  magnifique,  soit 
ar  un  mica  jaune  polychroïque  et  très  biréfringent.  Pas  de  serpen- 
e.  Le  mica  et  la  chlorite  renferment  des  grains  de  sphène.  En 
^^omme,  c'est  un  calcaire  phylliteux  froissé  après  le  développement 
^ies  phyliites  ;  à  noter  Tabsence  de  quartz. 

•24.  M  arbre  y  col  Tronchet,  près  Arçieux  (préparation  N°  y  2),  — 
^^Marbre  rappelant  les  marbres  phylliteux  du  Trias  de  la  Vanoise. 
^^3eancoup  de  quartz  en  grains  irréguliers,  nuageux,  sans  forme  et 
^^^ns  lois  de  répartition.  Assez  nombreuses  paillettes  de  mica  blanc 
^lisposées  sans  ordre.  Pas  d'apparence  de  laminage.  Pas  de  miné- 
x^^aux  de  métamorphisme. 

a5.  Marbre  gris -jaunâtre  du  Mont-  Genèvre  {échantillon 
-D.  64^S).  —  Finement  cristallin,  en  plaquettes;  fait  effervescence 
avec  Tacide  chlorhydrique. 

a6.  Marbre  calcaire  de  Mhurin.  —  Finement  cristallin,  en  pla- 
<]uettes  ;  fait  effervescence  avec  l'acide  chlorhydrique  ;  d'un  gris 
jaunâtre. 

27.  Calcaire  phylliteux  du  pied  nord-ouest  du  Alont-Pehas  (pré- 
paration A^  a8o),  —  Au  microscope  :  marbre  phylliteux,  type 


4l4  ^'-    KILIAX    ET    P.    TERMIER  3  JoÛl 

banal  :  peu  de  séricite,  peu  de  quartz  ;  pas  de  feldspath.  A  Tceil  nu^ 
la  roche  présente  une  couleur  blanc-jaunâtre  et  une  structure  un 
peu  fibreuse,  quoique  nettement  mari^reuse.  On  remarque  des 
paillettes  de  phyllites  éparses. 

!i8.  Marbre  de  la  Chalp  ou  VEchalp  (Haut-Queyra^)  (prépa- 
ration N^  ^57).  —  Calcaire  cHstallin  d'un  blanc  verdâtre,  bleuâtre 
et  grisâti*e,  taches  vertes  avec  tendance  à  la  schistosité  et  paillettes 
phylliteuses  éparses  sur  les  surfaces.  Au  microscope  :  marbre, 
avec  paquets  de  petits  i-utiles  à  Imtérieur  des  phyllites.  Celles-ci 
sont  chlorite  et  séricite. 

29.  Marbre  de  la  Chalp  (préparation  N^  loy).  —  Marbre  à 
grain  fin,  fortement  laminé  postérieurement  à  la  cristallisation  de 
la  majeure  partie  des  individus  de  calcite.  Lits  et  joints  garnis  de 
minces  lamelles  de  muscovite.  Très  nombreux  grains  de  quartz 
à  contours  nuageux  :  la  plupart  de  ces  grains  semblent  être  posté- 
rieurs au  laminage.  Pas  de  feldspath  ni  d'autres  minéraux.  L'as- 
pect est  celui  de  beaucoup  de  marbres  triasiques.  Aucune  trace 
d'organismes.  A  l'œil  nu,  c'est  un  calcaire  gris  bleuâtre  cristallin  ; 
traces  de  schistosité  et  paillettes  de  séricite. 

30.  Marbre  de  la  Chalp  (préparation  N"*  4^7)'  ~  Môme  struc- 
ture et  mêmes  caractères. 

3i.  Marbre  du  col  Tronchet  (préparations  N*^  y  a  et  y  3),  — 
En  contact  avec  les  roches  vertes  laminées.  Mosaïque  de  calcite 
cristalline,  fine  dans  l'échantillon  N**  72,  plus  grosse  danâ  le  N*»  78. 

D.  Sur  quelques  schistes  cristallins  de  la  zone  du  Piémont 

Les  couches  les  plus  anciennes  du  Haut-Queyras  sont  celles  qui 
suppoi*tent  les  schistes  lustrés  ;  eUes  afileurent  sur  territoire 
français  au  sud  de  la  contrée  qui  fait  l'objet  de  la  présente  étude, 
près  du  col  du  Longet,  mais  leur  plus  grand  développement  est 
atteint  sur  le  versant  italien  des  Alpes  cottiennes. 

En  étendant  ses  recherches  aux  parties  voisines  des  Alpes  pié- 
montaises  *  et,  en  particulier,  à  la  vallée  du  Pellice,  l'un  de  nous 
a  pu  s'assurer  en  eflet  que  les  schistes  lustrés  du  Haut-Queyras 
vont  s'appuyer  vers  l'est,  par  l'intertnédiaire  de  schistes  serpenti- 
neux  et  d'intei^calations  éruptives  de  roches  basiques  (Villanova), 
ou  de  schistes  à  zoïsite,  sur  un  ensemble  de  schistes  plus  ou  moins 

I.  W.  KiLiAN.  Feuille  d'Aiguilles,  in  C.  R.  CoUab.  1892,  Bnll.  Serv.  Carte 
géol.  de  France,  N*  fi3,  t.  X,  1898,  p.  i35. 


^901  GÉOLOGIE    DES   ALPES    FRANÇAISES  4^^ 

«cristallins,  rapportés  par  la  plupart  des  géologues  italiens  au  Ter- 
vain  Primitif  (Prépaléozoïque)  et  dont  certaines  assises  ont  été 
décrites  comme  de  véritables  gneiss  *.  Ces  couches  ont  toutes  un 
^pendage  régulier  vers  l'ouest  comme,  du  reste  aussi,  les  schistes  lus- 
'Srés  de  la  région  française.  En  examinant  de  près  ces  «  schistes 
^cristallins  »  et  ces  «  gneiss  »  de  la  vallée  du  Pellice,  notamment  aux 
environs  de  Bobbio,  de  Torre-Pellice  et  de  Luserna,  nous  avons 
:a-econna  qu'ils  s'éloignent  beaucoup,  comme  aspect  macroscopique, 
^es  schistes  et  gneiss  précarbonifères  de  nos  Alpes  françaises 
^Belledonne,  Pelvoux,  Mont-Blanc,  etc.),  du  Plateau  central  et  des 
:srégions  classiques.  Ce  sont  des  schistes  sériciteux,  des  quartzites 
hylliteux  et  feldspathiques,  des  micaschistes  à  épidote  (Bobbio, 
rès  du  pont),  fort  analogues  aux  assises  métamorphiques,  d'ori- 
ine  incontestablement  sédimentaire,  de  certains  de  nos  massifs 
Ipins,  comme,  par  exemple,  de  la  Vanoise.  Il  est  à  remarquer 
gaiement  que  des  anthracites  ont  été  signalés  dans  ces  couches 
ar  M.  Maggiore  et  que  plusieurs  de  nos  confrères  italiens  y  ont 
^mentionné  la  présence  de  graphite. 

Ces  conclusions  n'excluent  pas  l'existence  de  roches  granitoïdes 
^wéritables  dans  d'autres  points  du  bassin  du  Pellice,  l'un  de  nous 
^n  ayant  rencontré  dans  les  alluvions  du  bas  de  la  vallée  ;  mais  il 
intéressant  de  constater  qu'en  suivant  la  coupe  naturelle  que 
onne  la  vallée  principale,  du  col  Lacroix  à  la  plaine,  on  ne 
^encontre  ni  granité,  ni  aucun  représentant  incontestable  de  la 
-^érie  prépaléozoïque. 

On  peut  dire,  d'après  ce  qui  précède,  que  sur  le  versant  italien, 

M.Q  système  des  schistes  lustrés  et  des  roches  vertes  s'appuie  sur 

^^ine  puissante  série  de  micaschistes  et  de  roches  gneissiformes 

^souvent    graphiteuses    (quartzites    feldspathiques  à   microcline, 

<^Drthose  et  surtout  albite,  à  mica  blanc,  avec  chlorite  et  sphène, 

:^nicaôchistes  quartzeux  à  albite,  avec  pyrite,  sphène,  zoisite,  rutile, 

laïcité  et  feldspaths  divers).  Certaines  de  ces  assises  rappellent 

"vivement  les  quartzites  werféniens,  ainsi  que  les  grès  permiens 

^t  houillers  dynamométamorphisés  de  certaines  parties  des  Alpes 

^e  Savoie,  et  doivent  être  considérées  comme  des  sédiments  anté- 

^%riasiques  puissamment  modifiés.  —  On  a  désigné,  sur  la  feuille 

I.  Nos  confrères  italiens  ont  publié  un  grand  nombre  de  notices  sur  les 

C^eiss  du  Piémont;  nous  ne  pouvons  songer  à  les  citer  toutes  ici  et  nous 

x>appellerons   simplement  les  noms  de  MM.  Zaccagna,  Novarese,  Virgiiio, 

«iinsi  qu'une    étude   en  langue   anglaise  due   à  M.  Gregory  (Grkgoky.  The 

>Arealdensian  Gneisses.  Quart,  Journ,  Oeol.  Soc),  nous  réservant  de  résumer 

dans  une  autre  occasion  les  conclusions  de  ces  nombreux  mémoires. 


4l6  W.    KILIAN   ET   P.    TERMIER  3  Juin 

Aiguilles  de  la  carie  géologique  de  France,  par  une  teinte  spéciale 
(rx),  cet  ensemble  de  schistes  cristallins  sans  y  établir  les  subdi- 
visions de  détail  qui  pourraient  y  être  distinguées. 

Ces  roches,  qui  ont  été  examinées  au  microscope  par  M.  Ter- 
mier  et  dont  on  trouve  Tanalogue  dans  tous  les  terrains  métamor- 
phiques, sont  a6so2um^7i/ différentes  des  roches  cristallophylliennes 
anciennes  du  Plateau  central,  du  Pelvoux  ou  du  Mont-Blanc. 

Telle  paraît  aussi  (^tre  Topinion  de  certains  de  nos  confircres 
italiens  ;  M.  Franchi  par  exemple  écrivait  en  1898  :  «  quoique  nous 
soyons  disposés  à  rajeunir  de  beaucoup  les  gneiss,  nos  idées  sur 
leur  orig^e  et  sur  leur  âge  n'ont  pas  encore  pris  une  forme  défini- 
tive; cependant  il  est  bien  acquis,  pour  nous  aussi,  que  les 
micaschistes,  les  schistes  graphiteux  associés  avec  eux,  sont  des 
schistes  métamorphiques  ».  —  Le  même  auteur(Zoc.ciï.,  p.  238)  croit 
qu'il  convient  d'attribuer  au  Permo-carbonifère  à  faciès  cristallin, 
les  roches  graphitiques  de  la  vallée  du  Pellice  et  une  partie  du 
d  gneiss  central  »  des  géologues  italiens. 

Les  schistes  cristallins  micacés  qui,  plus  au  sud,  au  col  du 
Longet,  vers  la  Haute-Ubaye,  servent  de  substratum  à  la  série  des 
schistes  lustrés  mésozoîques,  appartiennent  très  probablement 
comme  nous  Tavons  dit  plus  haut  à  ce  même  ensemble. 

Ils  ont  été  signalés  par  Ch.  Lory  *  comme  des  micaschistes  et 
des  gneiss  anciens  h  mica  blanc,  faisant  i>artie  de  la  bordure  qui 
fermait  au  midi  le  grand  bassin  houiller  des  Alpes.  Sur  la  carte 
du  Briançonnais,  cet  auteur  les  a  figurés  coinme  appartenant  au 
Ten^ain  Primitif.  M.  Zaccagna  -  les  a  également  considérés  comme 
anciens  ;  ils  sont  confondus  sur  sa  carte  avec  les  schistes  lustrés 
(calcschistes)  que  cet  auteur  attribue  au  Prépaléozoîque,  en  une 
«  zone  des  micaschistes  »  distincte  de  celle  du  «  gneiss  central  ». 
En  189a  ^,  Tun  de  nous  (M.  Kilian)  eut  Foccasion  de  les  men- 
tionner et  de  donner,  d'après  une  obligeante  communication  de 
M.  Michel-Lévy,  leur  composition  microscopique  (quartzites  à 
mica  blanc,  chiorite  et  glaucophane)  ;  il  les  considérait  alors 
comme  très  anciens  et  certainement  antéhouillers. 

Plus  tard,  M.  Marcel  Bertrand  *  dit,  en  parlant  de  ces  roches, 
qu'elles  lui  ont  rappelé  celles  du  Permo- Houiller  et  même  du 
Permo-Houiller  très  supérieur;  il  les  rapproche  de  celles  de  la 

1.  Descr.  géol.  du  Dauphiné,  p.  282,  aSS  et  290. 

2.  Zaccagna.  Sulla  geologia  délie  Alpi  occidentali.  tioll.  R.  Comit.  GeoL, 
1887. 

3.  B.  S.  G.  /♦.,  (3),  XIX,  p.  58i,  584. 

4.  B.  S.  G.  F.,  (3),  xxn,  p.  i:4, 1894. 


igOI  GEOLOGIE   DBS   AL^ES   FRANÇAISES  ^I*) 

crête  du  glacier  d'Etache  dans  le  massif  d'Ambin,  c'estrà-dire  de 
véritables  quartzites  feuilletés  dans  lesquels  le  rôle  des  lits  phylli- 
teux  intercalés  reste  tout  à  fait  subordonné.  L'altération  par  les 
agents  atmosphériques  fait,  d'après  lui,  ressortir  leur  analogie 
avec  d'autres  types  détritiques  des  Alpes.  Enfin  M.  Franchi  *  les 
a  attribués  récemment  au  Permo-Carbonifère. 

Depuis  lors  la  connaissance  approfondie  de  nos  Alpes  résultant 
de  douze  années  d'explorations  a  conduit  M.  Kilian  à  la  conviction 
que  les  gneiss  et  micaschistes  du  col  du  Longe t  sont  moins  anciens 
qu'il  ne  le  croyait  en  1892,  et  qu'ils  représentent  un  type  métamor- 
phique du  Permo-Carbonifère  comprenant  encore,  peut-être,  les 
quartzites  du  Trias  inférieur. 

L'étude  microscopique,  faite  par  M.  Termier,  des  schistes  cris- 
tallins dont  il  vient  d'être  question,  a  donné  les  résultats  suivants: 

1.  <r  Gneiss  d  de  Luserna  (Piémont)  (préparation  N""  s ^5),  — 
^4  Vœil  nUy  cette  roche,  exploitée  pour  dalles  et  carrelages,  a  une 
apparence  gris-clair  ou  jaunâtre  et  une  cassure  esquilleuse  et  sub- 
cristalline, semblable  à  celle  des  quartzites  triasiques.  Les  surfaces 
parallèles  à  la  schistosité  sont  moirées  de  paillettes  de  muscovite. 

Au  microscope  y  c'est  un  quartzite  àfeldspaths  (sorte  de  lepty- 
nite)avec  très  peu  de  mica  blanc.  Les  feldspaths  sont  :  microcline, 
orthose,  albite,  un  peu  zones. 

2.  Schiste  cristallin  pris  au  nord  du  bourg  de  Torre-Pellice 
(Piémont)  (préparation  N°  26g).  —  A  Vœil  nu  :  cette  roche  a 
l'aspect  d'un  micaschiste  à  muscovite  coupé  de  petits  bancs  à  allures 
de  quartzites. 

Au  microscope  :  micaschiste  à  mica  blanc.   Type  banal,  très 
cristallin.  Beaucoup  de  feldspath  développé  in  situ. 
Ce  feldspath  est  :  orthose,  microcline  et  albite. 

3.  Schiste  cristallin  de  Bobbio  {Piémont)  (préparation  iV°  2 y 8). 
—  Roche  d'un  gris  verdâtre,  grenue  ;  quelques  taches  d'épidote, 
rappelant  beaucoup  par  son  aspect  certains  grès  houillers  très 
métamorphiques  ;  un  peu  schisteuse,  avec  paillettes  de  séricite  sur 
les  surfaces  de  schistosité. 

Au  microscope j  c'est  un  micaschiste  d'un  type  intéressant,  avec 
épidote  et  zoïsite,  sphène,  chlorite,  séricite,  orthose  et  quartz.  Le 
quartz  et  le  feldspath  sont  allotriomorphes.  Le  quartz  domine. 
L'un  et  l'autre,  mais  surtout  le  feldspath,  sont  criblés  d'inclusions 
de  chlorite. 

I.  Boll.  R.  Com.  geol.  d'Italia,  série  m,  t.  IX,  p.  a43,  1898. 
i5  Octobre  1901.  —  T.  i^^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  27 


4x8  W.    KILIAN   ET   P.    TERMIER  3  Juin 

G*est  probablement  un  produit  de  recristallisation  d*une  roche 
éruptive. 

4.  Roche  schisteuse,  blanche,  à  feuillets  nacrés,  recueillie  à 
Torre-Pellice  (Piémont)  au  nord  du  bourg  (préparation  iV*>  a^i). 

Au  microscope  :  micaschiste  quartzeux  à  albite,  avec  un  peu 
de  pyrite,  sphène,  zoïsite,  rutile,  calcite. 
Type  banal,  mais  très  haute  cristallinité. 

5.  Schiste  cristallin  de  Bobbio  (Piémont)  (préparation  N^  ^^6). 
—  Roche  gneissilbrme  d'un  gris  verdâtre,  avec  taches  d'oxyde  de 
fer.  On  distingue  à  Fœil  nu  un  fond  blanchâtre  avec  lits  de  phyl- 
lites  verdâtres  assez  espacés. 

Au  microscope^  c'est  un  quartzite  à  feldspaths,  assez  analogue  à 
ceux  de  Lusema,  mais  il  y  a  des  lits  plus  continus  de  mica  blanc, 
avec  un  peu  de  chlorite  et  de  sphène.  Feldspaths  parfois  très  gros, 
surtout  albite j  en  agrégats  allotriomorphes  avec  le  quartz.  Il  y  a 
des  lits  purement  quartzeux. 

6.  Echantillon  de  schiste  cristallin  recueilli  en  amont  de  Bobbio 
(préparation  N""  262),  —  Au  microscope  :  quartzite  à  mica 
blanc,  avec  un  peu  de  feldspath  développé  in  situ.  Type  très 
métamorphique,  mais  banal. 

A  Vœïl  nu  :  apparence  d'un  quartzite  schisteux,  avec  séricite  sur 
les  surfaces  de  schistosité  ;  teinte  gris  verdâtre. 

'],  Schiste  cristallin  pris  en  amont  de  Bobbio  (préparation 
iV**  265),  —  Môme  nature  que  le  N°  aôa.  Type  banal  que  Ton 
retrouve  dans  tous  les  terrains  cristallins. 

A  Vœil  nUy  la  roche  est  de  teinte  un  peu  plus  claire  que  la 
précédente. 

Ces  types  sont  peu  caractéristiques  ;  Ton  peut  trouver  leur  ana- 
logue dans  tous  les  terrains  métamorphiques  ;  il  y  a  dans  la  Vanoise 
des  roches  bien  comparables.  Les  gneiss  de  la  Levanna  ont  un 
type  tout  autre  que  celui  des  roches  de  Bobbio,  à  cause  de  Tabon- 
dance  des  gros  feldspaths.  mais  cette  différence  n*est  pas  essentielle. 
En  tout  cas  les  roches  en  question  sont  dans  leur  ensemble,  abso- 
lument différentes  des  roches  cristallophylliennes  du  Plateau 
Central,  du  Pelvoux  ou  du  Mont-Blanc. 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  ces  roches  des  «  gneiss  »  du 
col  du  Longet  qui  occupent  la  même  position  stratigraphique. 
M.  Michel-Lévy  a  bien  voulu  examiner  des  préparations  de  ces 


igOl  GÉOLOGIE   DBS    ALPBS   FRANÇAISES  4^9 

schistes  cristallins,  recueillis  par  nous  en  1891  au  col  du  Longet 
^altitude  267a  mètres)  où  ils  forment  également  le  substratum  des 
schistes  lustrés. 

Voici  le  résultat  de  son  étude  : 

1 .  Schiste  ou  mieux  quartzite,  à  mica  blanc  et  glaucophane. 
Composition  sommaire  :  quartz,  mica  blanc  en  partie  sériciteux, 

n  partie  lameileux  (c'est-à-dire  en  grandes  lamelles).  Ghlorite 
boudante.  EnOn,  dans  certaines  traînées,  calcite  et  prismes  de 
laucophane  peu  coloré,  mais  bien  caractérisé  avec  son  poly- 
hroîsme  :  suivant  ng  —  bleu  azur  pâle. 

—  nm  —  violet  pâle. 

—  np  —  jaune  très  pâle. 
L'aspect  général  rappelle  un  schiste  du  C  ou  du  X  (partie  supé- 

ieure  des  schistes  cristallins  de  la  légende  de  la  carte  géologique 
étaillée  de  la  France). 

M.  Duparc  a  reconnu  dans  des  préparations  de  même  prove- 
ance  de  la  muscovite,  du  sphène,  de  la  magnétite,  du  rutile 
t  du  zircon. 

2.  Schiste  très  feldspathisé,  probablement  granuUtisé, 

3.  Schiste  très  cristallin,  avec  microcline  déçeloppé  en  place, 
^jlandules  d'oligoclase.  Présenterait,  d'après  M.  Michel-Lévy,  un 
'^^ype  plus  ancien  que  le  Permien. 

4.  Micaschiste  voisin  de  C*  de  la  carte,  très  cristallin.  Un  peu  de 
^f^eldspath;  beaucoup  de  quartz  non  détritique,  formé  sur  place. 
d^randes  lamelles  de  muscovite.  Le  mica  blanc  est  froissé  par  le 
<3.ynamométamorphisme  ;  ses  axes  sont  rapprochés. 

D'autres  échantillons,  recueillis  dans  le  même  ensemble,  égale- 
^x^Eient  au  col  du  Longet,  ont  fourni  à  M.  Termier  les  diagnoses 
Suivantes  : 

a)  Quartzite  phylliteux  du  col  du  Longet  {préparation  iV°  588), 

Quartz  et  mica  blanc,  chlorite  rare.  Pas  de  feldspath,  si  ce  n'est 

dans  des  filonnets  transversaux  (albite). 

Roche  détritique.   La  plus  grande  partie  du  mica  paraît  sédi- 
mentaire.  Quartz  entièremeut  recristallisé. 
Archéen,  Rouiller  ou  Permien. 

b)  Sous  les  schistes  lustrés,  col  du  Longet  (préparation  N"  52g), 
—  Schiste  quartzeux  avec  apatite,  ilménite  et  très  fins  rutiles. 
Séricite  et  chlorite.  Feldspaths  (orthose)  développés  in  situ. 
Aspect  des  schistes  per miens  de  la  Vanoise, 


4^0      KIL1AN  ET  TERMIER.  —  GEOLOGIE  DES  ALPES  FRANÇAISES      3  Juin 

c)  (préparation  iV"  538),  —  Même  diagnose.  Pas  ou  très  peu  de 
feldspath. 

d)  (préparation  N*"  544)*  —  Môme  diagnose.  Pas  ou  très  peu 
de  feldspath. 

é)  (préparation  N""  544^^)'  —  Même  gisement.  Même  diagnose. 
Zircon  en  plus. 

En  outre  :  mica  noir  froissé  et  décoloré  :  gros  noyaux  d'orthose 
et  de  microcline  cassés  et  froLssés.  Il  ne  serait  pas  impossible  que 
ces  noyaux  fussent  d'anciens  galets  ;  mais  ils  sont  recristallisés 
sur  les  bords.  En  tout  cas  beaucoup  de  petits  feldspaths  (orthose, 
microcline)  développés  in  situ. 

En  somme  :  grande  analogie  avec  certains  schistes  permiens  de 
la  Yanoise. 


M.  Haug  fait  remarquer  que  la  base  des  schistes  lustrés  du 
Briançonnais  et  du  Piémont  ne  peut  plus  guère  être  envisagée 
comme  triasique  depuis  que  M.  Franchi  a  trouvé,  dans  des  cal- 
caires qui  forment  dans  leur  masse  des  pointements  anticlinaux  et 
cela  en  plusieurs  localités,  un  fossile  essentiellement  caractéris- 
tique du  Trias  le  plus  élevé,  Pleurotomaria  solitaria,  qui  occupe 
ce  niveau  depuis  les  Alpes  orientales  jusqu'en  Calabi*e.  La  partie 
inférieui*e  des  schistes  lustrés  est  incontestablement  liasique,  leur 
partie  supérieure  peut  très  bien  être  attribuée  à  TEocène  ou  à 
rOligocène,  comme  dans  les  Grisons. 


Séance  du   17   Juin   t90t 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.    GAREZ,   PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
<lernière  séance.  La  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Louis  Rambaudy    Docteur   en    médecine,    présenté  par 
!^M.  Stanislas  Meunier  et  G.  Ramond. 

Il  annonce  une  présentation. 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  de  M.  Bleicher, 
KLSsassiné  dans  son  laboratoire  de  TEcolc  de  Pharmacie  de  Nancy. 
SI  rappelle  que  M .  Bleicher  est  venu  encore  tout  récemment  faire 
ne  intéressante  communication  à  la  Société  géologique  et  exprime 
ous  les  regrets  que  cause  aux  géologues  la  perte  si  imprévue  d'un 
onfrère  aimé  et  estimé  de  tous. 


M.  6.  Dollfus  présente  à  la  Société  le  moulage  d*un  fossile  très 
^^remarquable  qui  vient  de  lui  être  envoyé  par  notre  confrère 
^!.  Davy  et  provenant  de  la  carrière  des  fours  à  chaux  de  la 
^iarrette,  près  Noyal-sur-Bruz  (Loire-Inf.).  C'est  un  Pélécypode  qui 
•^1  été  désigné  par  Millet  sous  le  nom  de  Venus  faUax.  Cette  forme 
•^ippartient  au  même  groupe  que  Venus  aglaurœ  Hoernes  (non 
IBrongniart)  et  Venus  excentrica  Agassiz,  qui  sont  répandues  dans 
le  Miocène  du  Midi.  Le  Venus  fallax  paraît  caractériser  le  Miocène 
supérieur  de  Touest  et  a  été  rencontré  déjà  à  Sceaux,  à  Thorigné, 
Saint-Clément-de-la-Place  et  par  fragments  à  Beaulieu.  Cette  forme 
:Ki'est  pas  connue  dans  les  faluns  de  la  Touraine. 

Commandant  0.  Barré.  —  Sur  la  morphogénie  de  la  région  de 
J'ontainebleau, 

L'étude  que  j'ai  entreprise  de  la  morphogénie  de  la  région  de 
ï'ontainebleau  m'a  conduit  à  établir  une  carte  géologique  au 
x/Qo.ooadu  territoire  de  la  forêt.  J'ai  ainsi  en  l'occasion  de  relever 
plusieurs  faits  qui  présentent  un  certain  intérêt. 

10  Tout  d'abord  j'ai  constaté  que  la  classification  des  bandes 
gréseuses  et  interbandes  sableuses  indiquée  par  M.  Douvillé  devait 
être  modifiée  dans  une  certaine  mesure,  et  qu'il  fallait  compter, 
depuis  Melun  jusqu'à  Bourron,  sept  bandes  gréseuses  et  six  inter- 


4123  SEANCE   DU    I7   JUIN    I9OI 

bandes  sableuses,  indépendamment  des  filets  sableux  qui  s'inter- 
calent dans  les  bandes  gréseuses,  et  d'une  bande  gréseuse  annexe 
de  la  bande  d'Apremont  et  qui  n'est  point  signalée  sur  la  feuille 
de  Melun  de  la  carte  géologique  à  1/80.000. 

2°  J'ai  ensuite  remarqué  que  les  tables  gréseuses  étaient  divisées 
en  éléments  longitudinaux  parallèles  par  des  déïiiveliations  qui  se 
poursuivent  i^égulièrement  d'un  bout  à  l'autre  de  la  forêt  et  qui  ont 
eu  une  grande  importance  au  point  de  vue  de  la  sculpture  du  sol . 
Des  mesures  de  grande  précision,  effectuées  à  ma  demande  par 
MM.  les  capitaines  Soulié  et  Vigniane,  professeur  et  professeur- 
adjoint  de  topograpliie  à  l'Ficole  d'application,  m'ont  permis 
d'obtenir  plusieui*s  coupes  transversales  d'une  môme  bande  gré- 
seuse, et  ces  coupes  montrent  que  les  dénivellations  ont  une  allure 
aussi  régulière  que  4a  bande  dont  elles  font  partie.  J'incline  à 
penser  que  ces  différences  de  niveau  ont  été  produites  par  de 
petites  cassures  contemporaines  des  grandes  ondulations  tertiaire.s 
de  la  région  parisienne  dont  elles  ne  seraient  qu'une  conséquence. 

La  disposition  des  longs  promontoires  qui  se  détachent  symétri- 
quement du  plateau  axial  de  la  forêt  dans  les  bandes  sableuses 
ainsi  que  celle  des  monts  isolés,  me  font  penser  que  des  dénivella- 
tions analogues  existent  dans  Tétendue  de  ces  bandes,  mais  je  n.'ai 
pu  les  constater  matériellement,  par  suite  de  la  diiliculté  qu'on  a 
de  rencontrer  des  couches  de  repère  bien  en  place  dans  les  affleure- 
ments du  calcaire  de  Beauce  sur  les  pentes. 

30  J'ai  enfin  trouvé,  dans  le  canton  de  la  Petite-Haie,  un  gise- 
ment de  véritables  graviers  alternant  avec  des  lits  de  sable  qui  a 
tous  les  caractères  d'un  dépôt  fluviatile.  Cette  découverte,  en  con- 
tradiction avec  ce  que  l'on  croyait  établi,  montre  qu'il  y  a  eu  à  un 
certain  moment  de  véritables  cours  d'eau  dans  la  région.  La  nature 
des  graviers  qui  semblent  provenir  tous  du  calcaii^  de  Beauce, 
indique  que  les  courants  d'érosion  étaient  absolument  locaux. 
L'altitude  du  gisement  qui  est  notablement  inférieure  à  celle  des 
cailloux  roulés  du  plateau  de  Bois-le-Uoi,  montre  que  le  dépôt 
fluviatile  observé  est  postérieur  au  dépôt  de  ces  cailloux,  c'est-à- 
dire  franchement  pléistocène.  Il  y  aurait  donc  eu  dans  la  sculpture 
du  sol  de  la  région  deux  phases  ;  ï une ^  pléistocène,  pendant  laquelle 
les  précipitations  atmosphériques  auraient  dépassé  les  facultés 
d'absorption  des  sables  de  Fontainebleau  et  du  calcaire  de  Brie 
sous-jaceiit  et  qui  aurait  vu  des  eaux  courantes  dans  le  territoire  de 
la  forêt  ;  l'autre,  post-pléistocène,  pendant  laquelle  se  serait  établi 
le  régime  des  vallées  sèches  et  se  serait  déposé  presque  sur  place  le 
manteau  de  débris  non  roulés  qui  avait  été  seul  remarqué  jusqu'ici. 


SUR  LE  DÉVONIEN  DE  TAILLEFER 
ET  LE  CARBONIFÈRE  DE  VISÉ  (BELGIQUE) 

par  M.  BOURGEAT 

Après  avoir  visité  plusieurs  fois  dans  mes  excursions  les  forma- 
tions dévoniennes  de  Taillefer  au  sud  de  Namur  et  les  formations 
carbonifères  de  Visé  au  nord  de  Liège,  j'ai  cru  que,  tout  en  ren- 
dant hommage  aux  remarquables  travaux  dont  elles  ont  été 
l'objet,  je  pourrais  très  modestement  rapporter  ici  quelques-unes 
des  observations  que  j'y  ai  faites. 

I.  —  DÉVONIEN  DE  Taillefer 

Le  Dévonien  de  Taillefer  est  celui  qu'on  observe  près  dç  la  gare 
de  ce  nom.  Il  commence  du  côté  du  nord  par  les  poudingues  rou- 
ges amarantes  dits  de  Burnot  qui  reposent  eux-mêmes  en  concor- 
dance sur  les  formations  plus  anciennes  des  grès  de  Vireux. 

Au-dessus  des  poudingues,  mais  sans  qu'on  puisse  établir  une 
ligne  de  séparation  tranchée,  se  montre  la  grauwacke  également 
rouge  amarantp,  dite  grauwacke  de  Hierges, 

Cette  grauwacke  est  bien  visible  au  sortir  de  la  gare  et  un  peu 
vers  le  sud  où  elle  est  entaillée  par  un  ruisseau  débouchant  sur 
la  rive  droite  de  la  Meuse.  M.  Gosselet  Ty  a  signalé  depuis 
longtemps  avec  ses  caractèi'es  propres  au  faciès  nord  du  bassin 
de  Dinant  *.  Il  a  fait  connaître  aussi  dans  une  coupe  sommaire 
la  série  des  calcaires  qui  viennent  au-dessus  et  qu'il  rapporte 
partie  à  sonGivétien,  partie  à  son  Frasnien. 

La  question  de  savoir  où  finit  dans  ces  calcaires  l'étage  de 
Givet  pour  faire  place  à  celui  de  Frasne  ne  m'a  guère  préoccupé. 
Mais  ce  qui  m'a  frappé  ce  sont  les  intei*calations  de  la  grauwacke 
aux  premières  assises  calcaires,  intercala tions  qui  se  répètent  plu- 
sieurs fois,  comme  l'indique  la  coupe  ci-jointe  (flg.  i).  On  constate 
même,  comme  je  l'ai  noté  dans  l'assise  n"  3,  des  grauwackes 
vertes  enclavées  dans  le  calcaire  et  portant  à  leur  surface  des 
trous  qui  proviennent  de  la  destruction  par  les  agents  atmosphé- 
riques des  tiges  d'Encrines  dont  elles  sont  pétnes.  Ce  n'est  que 

I.  Annale»  de  la  Société  géologique  du  Nordy  tome  III,  p.  69  et  60. 


4^4  BOURGEAT.   —  SUR  LE   DEVONIEX   DB  TAILLEFBR  I7  Juin 

peu  à  peu  que  le  calcaire  se  dégage  de  la  grauwacke  pour 
former  des  saillies  riches  en  Polypiers,  et  chez  la  plupart  desquelles 
les  traces  de  stratification  ont  disparu. 

Un  tel  enchevêtrement  de  la  grauwacke  aux  calcaires  indique 
entre  ces  deux  dépôts  une  liaison  intime.  Elle  ne  peut  guère 
à  mon  avis  se  concilier  avec  l'idée  que  si  les  schistes  à  Calcéoles 
manquent  là,  entre  le  calcaire  et  la  grauwacke,  c'est  par  le  fait 
d'une  transgressivité  de  la  mer  givétienne  qui  aurait  débordé 
celle  des  schistes  à  Calcéoles.  Ou  ces  schistes  à  Calcéoles  se  trou- 
veront à  Taillefer  avec  leur  faune  propre  dans  l'une  ou  l'autre 
des  intercalations  supérieures  de  la  grauwacke,  ou,  s'ils  ne  s'y 
trouvent  pas,  il  faudra,  ce  me  semble,  admettre  qu'ils  ne  sont 
pas  déposés  là. 

Jflillefer 


Fig.  I .  —  Contact  du  Givétien  et  de  la  grauwacke  à  Taillefer. 
Echelle  des  longueurs  i/i.aoo*  ;  hauteurs  quadruplées. 

I.  Alternance  de  calcaire  et  de  grauwacke;  a.  Calcaire  noir  en  lits  régu- 
liers: 3.  Alternance  de  cale,  et  de  grauwacke  (Polypiers).  CyaiophyUam 
qaadrigeminum.  Couches  vertes  à  Encrines;  4*  Cale,  massif  à  Acer'vularia 
David8oni\  5.  Schiste  argileux  couvert  par  la  végétation;  6.  Cale,  noir 
à  Cxatophylluni  cœspitosum^  Stringocephalus  Burtini;  7.  Cale,  à  Stroma- 
topores,  Favosites  cervicornis  ;  8.  Cale,  compact  bien  lité,  Spirifer  Ver- 
neaili;  9.  Cale,  à  Stromatopores  (marbre  florence);  10.  Alternance  de 
schiste  et  de  cale,  à  Spirifer  VerneaiU. 

Je  me  permets  jusqu'à  preuve  du  contraire  de  me  ranger  à  cette 
dernière  solution,  je  la  crois  fondée  sur  ce  fait  que  déjà  dans  la 
partie  sud  du  bassin  de  Dinant  les  schistes  à  Calcéoles  ont  des 
épaisseurs  très  variables,  qu'ils  se  coupent  souvent  de  lentilles 
calcaires  et  que  leur  faune  typique  subit  des  modiOcations  corres- 
pondantes, les  Calcéoles  étant  tantôt  très  nombreuses,  tantôt  au 
contraire   extrêmement  rares. 

Je  croirais  donc  que  sur  une  partie  du  Condroz,  pendant  que 
les  schistes  à  Calcéoles  se  formaient  plus  au  sud,  les  conditions 
troublées  de  la  sédimentation  ne  permettaient  que  la  formation 
de  poudingues  et  de  grauw^acke  et  constituaient  des  milieux  où 
les  fossiles  habituels  des  schistes  ne  pouvaient  vivre.  Cela  expli- 
querait comment  les  schistes  à  Calcéoles  sont  si  rares  au  noi*d  du 
bassin  de  Dinant. 


ET   LE   CARBONIFÈRE   DE   VISÉ 


4a5 


n.   —   Carbonifère   de   Visé 


s 
le 


X-.e  Carbonifère  de  Visé,  étudié  successivement  par  MM.  Horion, 
sselet  et  Dewalque  *,  peut  être  observé  soit  le  long  du  cours 
la  Meuse  en  des  carrières  dont  le  front  est  parallèle  au  fleuve, 
plus  à  Test  le  long  de  la  Bervine,  où  ses  aflïeurements  ont  été 
oités  pour  la  fabrication  de  la  chaux.  Il  est  en  plusieurs 
ts  recouvert  par  des  dépôts  crétacés  du  Danien,  qui  ont  été 
its  par  M.  Horion,  et  qui  ne  m'occuperont  pas  ici. 
me  contenterai  méine  pour  ne  pas  compliquer  cette  note  de 
pporter  en  quelques  détails  que  la  coupe  que  j'en  ai  prise 
genteau  à  Visé.  Cette  coupe  n'est  pas  absolument  complète, 
a  côté  d'Argenteau  la  végétation  cache  une  partie  des  assises, 
oici  ce  qu'on  observe  au  sortir  d'Argenteau  : 
—  Vis-à-vis  le  pont  et  sous  le  château  même  d' Argenteau  appa- 
^ans  les  pentes  boisées  un  calcaire  B  sans  stratification  nette 
la  couleur  est  d'un  blanc  tacheté  de  gris  et  qui  est  par  places 
ert  de  tiges  d'Encrines.  Quelques  fissures  discontinues  a,  qui 
^^^:*^ncontrent  semblent  accuser  un  pendage  assez  marqué  vers 
d.  Sa  surface  supérieure  est  percée  de  poches  remplies  d'une 
le  blanchâtre  avec  lits  de  phtanites  noirs  à  surface  ferru- 
xise.  Ces  phtanites  sont  remplis  de  moules  d'Encrines  et 
iennent  un  certain  nombre  d'espèces  fossiles. 


Cnrrirrp  /In  (in  en 


Four  lie  BichcUc  Ch"y  ci:^rg(fntpnu       S 

Richclle  \P*d'Anjmtcim 


ï^5 


L  CL  Meuse 


•    a    —  Coupe  du  Carbonifère  entre  Argenteau  et  Visé  suivant  le  cours 
cle  la  Meuse.  —  Echelle  des  longueurs  i/ao.ooo*;  hauteurs  décuplées. 

,  Phtanites  à  Encrines;  B,  Calcaire  massif  avec  lignes  a  marquant 
vaguement  la  stratification  ;  C,  Dolomie  massive. 


2.  Un  peu  plus  au  nord  en  regard  du  four  à  chaux  de  Richelle, 
^l^rès  une  interruption  due  aux  broussailles  et  aux  bois,  on  observe 
*^^s  mêmes  calcaires  mais  à  un  niveau  plus  élevé.  Au-dessous  d'eux. 


I.  UoRiON.  Sur  les  terrains  primaires  des  environs  de  Visé.  B,  S.  G.  F.,  (2), 
-^X,  p.  76C.  —  Horion  et  Gossblet.  Le  calcaire  de  Visé.  Annales  de  la 
Société  géologique  du  Xord^  tome  XX,  p.  194.  —  Gossbi^t.  Sur  les  relations 
^U  terrain  dévonien  et  du  terrain  carbonifère  à  Visé.  C.  /?.,  1892,  p.  1242.  — • 
^BWALQus.  Annales  Société  géologique  de  Belgique^  tome  X,  p.  i^. 


4a6  BOURGEAT.    —   SUR   LE   DÉVONIEN  DE   TAILLEFBR  1 7  Juin 

et  se  liant  intimement  à   eux  se  remarquent  des  calcaires  plus 
clairs,  puis  enfin  des  dolomies  C. 

3.  Les  dolomies  font  saillie  d'une  façon  très  irrégulière  au 
milieu  du  calcaire  et  se  lient  aussi  à  lui  d'une  façon  très  intime, 
comme  Ta  si  justement  fait  remarquer  M.  Gosselet.  Les  mêmes 
fissures  irrégulières  a  semblent  indiquer  que  la  stratification 
devient  horizontale  puis  subit   un   pendage  vers  le  nord. 

4.  Plus  loin  en  se  rapprochant  de  Visé  on  retrouve  les  calcaires 
g^is  dont  la  surface  de  contact  avec  les  lits  de  phtanites  s'abaisse 
au  point  d'atteindre  le  niveau  de  la  route  à  l'entrée  de  Visé.  Toute 
la  surface  supéneure  du  calcaire  est  sillonnée  de  nombreuses  poches 
analogues  à  celle  d'Argenteau. 

5.  Les  plissements  des  assises  d'aigle  et  des  lits  à  phtanites 
dans  les  poches  prouvent  que  celles-ci  se  sont  creusées  après  le 
dépôt  des  phtanites.  Elles  se  présentent  comme  un  résultat  de 
l'action  de  Teau  le  long  de  certaines  fissures  presque  verticales 
dont  on  peut  voir  le  prolongement  en  dessous  dans  les  calcaires. 
Par  Teffet  de  cette  action,  le  calcaire  aurait  été  dissous  et  l'argile, 
qui  en  forme  le  résidu,  se  serait  plissée  en  même  temps  que  les 
lits  de  phtanites  pour  remplir  les  poches. 

6.  Les  fossiles  que  l'on  trouve  soit  dans  les  argiles  blanches 
soit  dans  les  phtanites  sont  la  continuation  avec  des  changements 
graduels  de  la  faune  des  calcaires.  Il  y  a  donc  entre  les  calcaires 
d'en  haut  et  les  phtanites  une  continuité  paléontologique  analogue 
a  la  continuité  stratigraphique  signalée  entre  les  dolomies  et  les 
calcaires  d'en  bas. 

7.  Les  phtanites,  en  assises  bien  nettes  affectent  dans  leur 
ensemble,  c'est-à-dire  abstraction  faite  de  leurs  infléchissements 
dans  les  poches,  un  pendage  parallèle  à  celui  que  les  lignes  de 
fissures  faisaient  su[)poser  au  calcaire. 

8.  Dans  la  masse  du  calcaire  on  observe  beaucoup  de  Polypiers 
du  groupe  des  Stromatapores^  et  beaucoup  de  traces  oi^aniques 
qui  ressemblent  aux  restes  de  Lithothamnium  du  mont  Aimé. 
Ce  calcaire  se  présente  donc  comme  un  calcaire  construit.  Il  offre 
du  reste  beaucoup  d'analogie  dans  sa  [)hysionomie  avec  le  calcaire 
zoogène  de  Waulsort. 

9.  Son  épaisseur  peut  être  de  55  à  60  mètres.  Dans  les  parties 
tout-{i-fait  inférieures,  c'est-à-dire  au  voisinage  de  la  dolonde  de 
Richelle,  j'ai  pu  recueillir  des  traces  de  minerai  de  cuivre,  soit 
à  l'état  de  chalcopyrite,  soit  à  l'état  de  malachite. 

10.  La  faune  à  partir  des  dolomies  parait  être  la  suivante  : 
Dans    les    doloniies    Rh)^nchonell(i  çuboïde^  avec   Productus 


igOI  KT   LE   CARBONIFÈRE   DE   VISE  ^^'J 

^nblύis,  P.  semireticulatus  qui  sont  surtout  abondants  dans  le 
passage  de  la  dolomie  au  calcaire. 

Au-dessus  de  ces  dolomies  et  en  montant  vers  les  phtanites  : 

Productus  semireticulatus,  fimbriatus,  punctatus,    Eçomphalus 

^JragiUsy  puis  peu  à  peu  Productus  giganteus  et  Cora  avec  Spirifer 

conçolutus,  Spirifer  trigonalis  et  glaber,  A  la  base  des  phtanites 

et  dans  les  ai^iles  blanches,  Productus  semireticulatus^  Spirifer 

^laber,  Bellerophon  tangentialis. 

Au  milieu  et  au  sommet  des  phtanites  Spirifer  glaber,  Pro- 
ductus punctatus  et  d'autres  Productus  de  petite  taille. 

A  ne  voir  que  la  faune,  sans  les  liaisons  intimes  des  assises 
d'en  bas,  on  serait  tenté  d'admettre  une  lacune  entre  les  calcaires 
et  les  dolomies.  Rhynchonella  cuboïdes  des  dolomies  est  en 
«ffet  regardée  comme  caractéristique  du  Frasnien.  En  admettant 
<[u'elle  soit  restée  exclusivement  parquée  à  ce  niveau,  il  faudrait 
conclure  que  tout  le  Famennien  manque  à  Visé.  Il  faudrait  admet- 
^tre  aussi,  si  Ton  s'en  tient  strictement  aux  indications  de  la  faune, 
<pi'il  y  a  encore  au-dessous  du  carbonifère  de  Visé  absence  du 
Toumaisien  si  riche  en  Spirifer  tornacensis, 

La  chose  estrclle  possible  et  n'est-ce  pas  exagérer  l'importance 
^e  la  faune  que  de  placer  une  lacune  immense  où  tous  les  carac- 
'tères  stratigraphiques  semblent  indiquer  qu'il  n'y  en  a  pas  eu  ? 

Ne  vaudrait-il  pas  mieux  songer  qu'on  se  trouve  là  en  présence 
^e  formations  zoogènes  qui  ont  une  faune  à  part?  Si  l'on  se 
T*appelle  que  Rhynchonella  cuboïdes  se  rencontre  souvent  dans 
les  massifs  construits  de  calcaire  qui  émergent  des  schistes 
irasniens  et  même  famenniens  des  environs  de  Givet,  serait-il 
"téméraire  de  croire  qu'à  Visé  elle  s'est  prolongée  dans  un  massif 
construit  qui  s'est  formé  durant  tout  le  Frasnien  et  le  Famennien  ? 

Quant  à  l'absence  du  Spirifer  tornacensis  elle  s'expliquerait 
<ie  la  même  façon.  Ce  Spirifer  serait  abondant  à  Tournai  où 
existaient  des  fonds  vaseux  favorables  à  son  développement, 
<ïomme  l'indiquent  les  calcschistes  noirs  de  cette  localité.  Mais 
il  n'aurait  pu  vivre  à  Visé  au  voisinage  des  récifs  où  se  rencon- 
trent du  reste  les  Productus  sublœvis  et  semireliculatus  qu'on 
retrouve  à  Tournai. 

Mon  avis  serait  donc  que  les  formations  de  Visé  représentent 
tout  le  calcaire  carbonifère  et  n'en  sont  qu'un  faciès  spécial. 


L'APTIEN   DES   ENVIRONS   D'UZÈS   (GARD) 
par  M.  Edm.  PELIiAT. 

Sur  la  feuille  aaa  de  la  carte  géologique  détaillée  (feuille  d'Avi- 
gnon) M.  Garez  a  divisé  TAptien  de  cette  région  en  trois  assises 
qui  sont  de  haut  en  bas  : 

Calcaires  à  Discoïdes  decoratus  (4o  m.). 
Marnes  à  Belernnites  semicanaliculatus  (loo  m.). 
Marnes  et  calcaires  à  grands  Céphalopodes  (ao  m.). 

Ces  trois  assises  peuvent  être  étudiées  dans  de  bonnes  conditions 
au  nord-ouest  et  au  sud  d'Uzès. 

La  berge  de  la  rive  droite  de  la  petite  rivière  de  la  Seynes  et  un 
ravin  perpendiculaire  à  la  rivière,  au  sud-est  et  très  près  de 
Serviers,  montrent  un  très  bel  affleurement  de  TAptien  inférieur 
(Bédoulien),  affleurement  qui  a  été  soigneusement  exploré  par  le 
frère  Sallustien,  directeur  des  écoles  libres  d'Uzès,  et  par  M.  Allard, 
géologue  à  Tarascon.  Je  viens  d'y  recueillir  de  nombreux  fossiles. 

Sur  la  retombée  nord-est  d'un  dôme  arasé,  formé  de  calcaires 
barrémiens  à  Requiénies,  on  voit,  au  contact  avec  ces  calcaires, 
dans  le  ravin,  des  marno-calcaires  jaunâtres  à  Ostrea  aquila^  Corbis 
corrugata,  surmontés  d'argiles  sableuses  noirâtres  à  Plicatula 
placunea,  Terebraiula  sella^  Toxaster  Collegnoi,  etc.,  que  recou- 
vrent des  marnes  et  des  calcaires  noirâtres  remplis  de  Céphalo- 
podes de  grande  taille  {Ancj'loceras,  Acanthoceras  Stobiescki, 
Hoplites  Deshqyesin  etc.),  associés  à  de  nombreuses  Ostrea  aquila 
et  à   d'autres  Bivalves  :  c'est  l'Aptien  inférieur. 

Les  cultures  empêchent  de  voir,  quand  on  se  dirige  vers  Ser- 
viers, les  marnes  à  Belernnites  semicanaliculatus  (Aptien  supé- 
rieur =  Gargasien),  mais  la  retombée  sud-ouest  du  même  anti- 
clinal montre  dans  des  ravins,  lorsque  Ton  se  dirige  vers  Arpail- 
largues,  un  beau  développement  de  ces  marnes.  Je  n'ai  pas  recueilli 
d'Ammonites  sur  ce  point,  mais  les  mêmes  couches  renferment, 
au  nord-est  d'Uzès,  près  de  Saint-Quentin,  Oppelia  nisuSy  Hoplites 
gargasensiSy  Macroscaphites  striatosulcatus, 

M.  Carez  attribue  aussi  à  l'Aptien  supérieur  les  marno-calcaires 
glauconieux  noirâti^es  à  Discoides  decoratus  dont  la  retombée 
nord-est  d'un  autre  anticlinal,  presque  parallèle  à  celui  de  Ser- 
viers, montre,  à  Malaigue,  un  très  intéressant  aflleurement  et  qui 
constituent    l'escarpement    situé    entre    Montaren    et    Serviers, 


L*APTIEN   DKS  ENVIRONS   DVZks  4^9 

escarpement  longé  par  la  route  et  la  voie  ferrée.  Ces  marno- 
calcaires  à  Discoïdes  et  Orbitolines  plongent  dans  cette  colline 
fortement  au  nord  et  sont  recouverts  par  des  couches,  insuffisam- 
ment étudiées  encore,  appartenant  au  Cénomanien  et  uu  Turonien. 
Au  sud  du  hameau  de  Malaigue  un  dôme  que  longe  la  route  de 
Nîmes,  est  formé  de  calcaire  barrémien,  à  Requienies.  La  retombée 
nord-ouest  est  creusée  dans  les  marno-calcaires  aptiens.  Tout  con- 
tre le  hameau  de  Malaigue  on  a,  dans  un  chemin  creux,  la  coupe 
suivante  : 

4*  Grès  calcarifères  jaunâtres  en  plaquettes,  avec  rares  Orbitolines  et 
débris  de  fossiles  indéterminables  ; 

3*  Marnes  sableuses  jaunâtres  et  verdàtres,  glauconieuses  (rares  Holoêter 
iatissimus  S  quelques  Orbitolines)  ; 

a*  Marno-calcaires  noirâtres,  verdàtres,  vers  le  haut,  très  glauconieuz, 
remplis  de  Discoïdes  decoratus.  On  y  trouve  d'autres  Oursins  que 
M.  Lambert  a  bien  voulu  étudier  (Phjrllobrissas  Kiliani  Lamb., 
espèce  qui  n'était  connue  que  dans  TAptien  de  Barcelone,  HenU- 
diadema  rugoëvmi  Ag.,  Toxasier  cf.  Collef^noi  Sism.),  Zerebratella 
cf.  Astieriana,  d'assez  rares  Belemnites  semicanaliculatus  et  quel- 
ques Orbitolines  ; 

I*  Mamo-caicaires  noirâtres  à  Belemnites  semicanaliculatus ,  Ostrea 
aquila, 

D  après  M.  Garez,  les  couches  n,  3  et  4  sont  aptiennes  ;  le  Gault 
manquerait  dans  cette  région.  D'autres  auteurs  classent  ces  cou- 
ches dans  le  Gault.  Je  ferai  connaître  les  motifs  qui  militent  en 
faveur  de  ces  deux  opinions. 

I.  Ilolaster  latissimus  est  cité  de  TAptien  supérieur,  mais  est  surtout  abon- 
dant dans  le  Gault  (à  Clar)  et  dans  le  Cénomanien  (au  Havre). 


CONTRIBUTION   A  LA  GÉOLOGIE  DES  CORBIÉRES 

par  M.  A.   de  QBOSSOUVBE. 

Je  me  propose  seulement  de  signaler  ici  diverses  observations 
qui  peuvent  avoir  quelque  intérêt  pour  la  géologie  de  ce  pays  et 
être  susceptibles  de  servir  de  point  de  départ  pour  de  nouvelles 
recherches. 

I.  —  Coupe  de  l'eau  salée  au  col  du  Linas. 

On  a  donné  à  diverses  reprises  des  coupes  plus  ou  moins  diffé- 
rentes des  terrains  qui,  des  marnes  rouges  à  gypse  et  à  quartz 
bipyramidé  d'où  émergent  les  eaux  de  la  Sais,  s*étendent  jus- 
qu'aux calcaires  à  Hippurites  turoniens  affleurant  sur  le  revers 
méridional  de  la  croupe,  vers  la  métairie  du  Linas,  où  ils  plongent 
sous  les  couches  sénoniennes. 

En  montant  au  coi,  des  calcaires  gréseux  m'ont  fourni  des  Orbi- 
tolines  que  M.  Dou ville,  qui  a  bien  voulu  les  examiner,  rapporte 
à  Orbitolina  lenticularis,  espèce  de  l'Aptien. 

A  un  niveau  plus  élevé  j'ai  recueilli  une  autre  série  d'Orbito- 
lines,  Orbitolina  plana ^  var.  mamillata^  du  niveau  de  Fouras. 

On  voit  donc  que  la  série  des  terrains  doit  être  plus  complète 
qu'on  ne  l'a  indiqué  d'ordinaire. 

IL  —  Couches  renversées  de  la  chaIne  de  Saint-Antoine 
DE  Galamus. 

Dans  les  calcaires  subordonnés  aux  marnes  à  Ichthyosarcolithes 
et  à  Orbitolines  de  la  série  renversée  de  Cubières,  j'ai  rencontré 
un  Rudiste  que  M.  Douvillé,  d'après  l'étude  de  son  test,  rapporte 
au  genre  Schiosia.  Il  est  intéressant  de  constater  que  la  faune  de 
Rudistes  de  la  Province  orientale  pénètre  dans  la  région  pyré- 
néenne et  y  prend  contact  avec  la  faune  à  Ichthyosarcolithes, 
Caprines  et  Caprinules  de  la  Province  occidentale. 

Sous  la  masse  calcaire  (jurassique  et  infiracrétacée)  du  Pic  de 
Bugarach  et  au-dessus  des  marnes  sénoniennes  à  Micraster  se 
trouve  un  horizon  marneux  avec  Orbitolines  qui,  d'après  M.  Dou- 
villé, se  rapportent  à  l'espèce  de  Vinport,  près  Tercis,  et  indiquent 
un  niveau  albien. 

A  Gabachou  (Ariège),  près  de  Freychenet,  les  calcaires  à  Capri- 
nes, supérieurs  aux  couches  sénoniennes  et  recouverts  par  Tlnfra- 
crétacé,  renferment  au  contraire  l'espèce  de  Fouras,  OrbUoUna 
plana ^  var.  mamillata. 


SUR  LE  TERRAIN  A  SILEX  DU  SUD-OUEST  DU  BASSIN  DE  PARIS       4^1 

III.  —  Sénonien  des  environs  DE  Rennes-les-Bains. 

La  collection  de  l'Ecole  des  Mines  renferme  un  échantillon  de 
Mitrocaprina  BayanU  espèce  des  couches  à  Hippurites  de  Benaïx 
et  Leychert  (Ariège),  rapporté  par  Bayan  et  étiqueté  comme  prove- 
nant des  environs  de  Rennes-les-Bains.  Sur  la  demande  de  M.  Dou- 
villé,  j'ai  vérifié  dans  mes  récoltes  des  Corhières  si  je  n'y  retrouvais 
pas  cette  espèce  et  j'ai  pu  constater  que  je  l'avais  recueillie  dans 
les  couches  à  Hippurites  du  Santonien  supérieur  qui  affleurent  à 
La  Forêt,  à  l'ouest  des  Croûte ts.  La  présence  de  ce  fossile  dans  les 
Corbières  est  ainsi  confirmée  en  même  temps  que  le  niveau  qu'il  y 
occupe  se  trouve  précisé. 

Dans  les  marnes  à  Micraster  des  environs  de  Rennes,  c'est-à- 
dire  dans  la  zone  à  Mortoniceras  texanuni,  j'ai  recu.eilli  un  fragment 
d'Ammonite  absolument  identique  au  Phylloceras  glaneggense 
Redtenbacher,  sp.,  des  couches  de  Gosau  des  environs  de  Salz- 
bourg.  A  cette  espèce  se  rapporte  peut-être  Ammonites  Traski 
Gabb  des  couches  à  Poissons  de  Sahel-Alma  (Liban). 

Enfin  je  signalerai  la  présence  dans  le  Santonien  des  Corbières 
<i'une  Ammonite  qui  me  parait  devoir  être  identifiée  à  cette  forme 
si  particulière  de  Desmoceras  caractérisée  par  une  quille  ventrale, 
JDesmoceras  sugata  Forbes,  de  THindoustan. 

Ainsi  s'aflirme  encore  une  fois  la  liaison  des  faunes  de  cette  der- 
:3iière  région  avec  celles  de  l'Eurasie  occidentale,  liaison  sur  laquelle 
j'ai  déjà  appelé  l'attention  en  1896  {B.  S.  G.  F..  (3),  XXIV,  p.  86) 
«t  que  sont  venues  confirmer  toute  une  série  d'observations  ulté- 
rieures, en  particulier  la  découverte  en  Tunisie  de  la  faune  campa- 
xiienne  à  petites  Ammonites  ferrugineuses  de  Sidi-Abd-el-Kerim 
^ue  à  M.  Pervinquière. 


NOUVELLES  OBSERVATIONS 
SUR  LE  TERRAIN  A  SILEX  DU  SUD-OUEST  DU  BASSIN  DE  PARIS 

par    M.    A.    de    OROSSOUVRE. 

•J'ai,  dans  une  communication  précédente,  cherché  à  démontrer 
<pie  le  terrain  du  sud-ouest  du  Bassin  de  Paris  désigné  sous  le  nom 
d'argile  à  silex  ne  peut  être  assimilé  à  Vargile  à  silex  qui  est 
un  résidu  de  décalcification  par  les  agents  météoriques.  Depuis 
lors,  j'ai  envoyé  un  échantillon  de  la  roche  de  Vierzon  à  notre 


43a  ;        TERRAIN  A  SILEX  DU  SUD-OUEST  DU  BASSIN  DE  PARIS  I7  Juin 

vice-président,  M.  E.  Van  den  Broeck,  dont  la  compétence  sur  ce 
sujet  est  incontestée  et  qui  a  publié  un  mémoire  classique  sur  les 
phénomènes  d'altération  des  dépôts  superficiels  sous  Tinfluence 
des  eaux  météoriques.  Notre  confrère  a  eu  lamabilité  d^étudier 
cette  roche  et  voici  ce  qu'il  m'écrit  : 

«  Après  avoir  examiné  avec  soin  l'échantillon  de  silice  hydratée 
soluble,  sorte  d'opale  non  organique,  que  vous  avez  bien  voulu 
m'envoyer,  je  l'ai  passé  à  notre  collègue,  chimiste  au  Musée. 

«  Nous  sommes  d'accord  tous  deux  pour  reconnaître  que  ce  dépôt 
na  rien  à  çoir  avec  V argile  à  silex  type  normal  et  bien  connu  qui 
n'est  sûrement  qu'un  produit  d'altération. 

«  Ceci  n'est  certes  pas  de  même  origine  que  l'argile  à  silex...  » 

Je  suis  heureux  de  voir  confirmée  par  les  études  personnelles 
de  notre  confrère  la  thèse  que  j'ai  soutenue  et  j'espère  que  le 
secours  de  son  autorité  finira  par  convaincre  ceux  que  mes 
arguments  n'avaient  pu  ébranler. 

Je  crois  donc  qu'aujourd'hui  la  question  peut,  par  tous  ceux  qui' 
voudront  bien  l'étudier  sans  parti  pris,  être  considérée  comme 
tranchée  et  que  l'on  devra  reconnaître  que  Ton  a  confondu  sous 
le  nom  d'argile  à  silex  des  terrains  fort  difi'érents.  Il  conviendrait 
de  désigner  chacun  d'eux  par  un  nom  spécial.  Une  question  de 
nomenclature  se  pose  d'abord  :  à  quel  terrain  doit-on  réserver. le 
terme  d'argile  à  silex  ?  11  faudrait  savoir  dans  quel  sens  cette 
expression  a  été  employée  en  premier  lieu,  mais  je  n'ai  pas  sous 
la  main  les  moyens  de  faire  cette  recherche.  Je  rappellerai 
seulement  qu'autrefois  l'argile  à  silex,  produit  d'altération,  a 
souvent  été  nommée  Bief  à  silex. 

Si  le  nom  d'argile  à  silex  ne  peut  être  donné  au  terrain  à  silex 
du  sud-ouest  de  Paris,  on  pouri'ait  peut-être  conserver  à  la  terre 
siliceuse  celui  de  Vierzonite  qui  lui  a  été  autrefois,  je  crois, 
attribué  dans  le  commerce  lorsqu'elle  était  utilisée  comme  matière 
absorbante  de  la  nitroglycérine  dans  la  fabrication  de  la  dynamite  : 
le  terrain  lui-même  s'appellerait  alors  Vierzonite  à  silex. 

Il  resterait  à  étudier  la  genèse  de  cette  curieuse  roche. 


SUR  L'EXTENSION  DE  LA  MER  AQUITANIENNE 
DANS  L'ENTRE-DEUX-MERS  (GIRONDE) 

par  M.  E.  FALLÛT 


J'ai  insisté  à  diverses  reprises  sur  les  dépôts  aquitaniens  de 
cette  région  naturelle  de  la  Gironde,  qui  est  comprise  entre  la 
Garonne  et  la  Dordogne.  Dans  la  Notice  relatii^e  à  une  carte 
géologique  des  environs  de  Bordeaux  que  j'ai  publiée  en  1895  *, 
j'ai  donné  une  description  stratigraphique  de  ces  formations  et, 
dans  un  travail  subséquent  -,  j'ai  montré  l'intérêt  que  présentent 
ces  dépôts,  au  point  de  vue  de  la  formation  géographique  de  la 
région  précitée. 

Il  résultait  de  ces  recherches  :  i©  que  Ton  pouvait  rencontrer  un 
peu  partout  dans  rEiitre-Deux-Mers,  sur  le  calcaire  à  Astéries  et 
aussi  sur  son  faciès  latéral  oriental  (la  mollasse  inférieure  de 
FAgenais),  des  lambeaux  d'argiles  ou  de  calcaires  lacustres  appar- 
tenant à  r Aquitanien  inférieur  ;  2®  que  dans  certains  points  parti- 
culièrement élevés  et  particulièrement  respectés  par  les  érosions 
postérieures,  il  existait  des  témoins  de  TAquitanien  moyen  marin 
sous  deux  formes  :  une  argile  grise  à  Ostrea  aginensis  Tourn.  et 
une  soi^e  de  mollasse  jaune  à  Scutelles  et  Amphiopes,  placée  au- 
dessus. 

J'indiquais  ces  formations  marines  dans  les  communes  de  Mou- 
rens,  Saint- Martial,  Castelvieil  et  Gornac  et  je  montrais  l'analogie 
que  les  couches  mollassiques  présentaient  avec  celles  de  Sainte- 
•  Croix-du-Mont;  je  dois  ajouter  avec  la  partie  inférieure  de  celles-ci, 
car  nulle  part  au  nord  de  cette  dernière  localité,  je  n'ai  rencontré 
—  au  moins  jusqu'ici  —  les  bancs  à' Ostrea  undata  Lk.,  qui  y 
forment,  d'une  manière  si  remarquable,  toute  la  partie  supérieure 
de  r  Aquitanien  moyen. 

J'ai  depuis  cette  époque  continué  mes  recherches,  et  j'ai  pu 
constater  que  la  mer  aquitanienne  avait  pénétré  plus  loin  encore 
que  je  ne  l'avais  indiqué  alors.  En  explorant  les  buttes  qui  sont 
situées  entre  Soussac  et  Cazaugitat,  j'ai  pu  constater  la  présence 
dans  ces  points   de    l' Aquitanien    inférieur  lacustre   et  j'ai   pu 

I.  Mém.  Soc,  Se.  phys.  et  nat.  de  Bordeaux,  1895. 

a.  Bull.  Soc.  géogr.  commerciale  de  Bordeaux,  19'  anacc,  p.  f\i\i,  1896. 

a  Janvier  1902.  —  T.  i«'.  BulL  Soc  Géol.  Fr,  —  a8 


434  E.    FALLÛT.   —  SUR   l'kXTENSION  l'J  Juill 

ramasser  aa-dessus,  à  1  altitude  de  i38  mètres,  au  Moulin  Launay 
(à  Test  de  la  ruine),  des  morceaux  assez  nombreux  de  VO.  aginen- 
sis.  Cela  indique  bien  Tinvasion  de  la  mer  aquitanienne  dans  la 
partie  nord  de  TEntre-Deux-Mers  ;  ici  l'argile  a  été  délayée  et 
enlevée  par  des  courants  torrentiels  postérieurs  et  il  n'est  resté 
sur  le  calcaire  lacustre  (sans  fossiles  du  reste)  d'un  blanc  éclatant 
qui  forme  la  butte  la  plus  élevée  de  l'Entre-Deux-Mers,  que  des 
débris  de  THuitre  si  caractéristique  du  Bazadais  et  d'un  grand 
nombre  de  localités  du  Lot-et-Garonne. 

La  mer  aquitanienne  me  paraît  donc  avoir  formé  une  sorte  de 
golfe  dont  les  bords  et  les  extrémités  étaient  jalonnés  par  des 
couches  à  O.  aginensis  et  qui  s'étalait  dans  une  sorte  de  synclinal 
dont  la  concavité  se  fait  particulièrement  remarquer  entre  Cadillac 
et  Saint-Macaire  (^^*.  i)  sous  les  coteaux  de  Sainte-Croix-du- 

M.O.  noll^i  S^Croûr-i/*t-Mont  *-t- 


E^lj. 


tse 


Fig.  I.  —  L*Aquitanien  dans  les  coteaux  de  Salnte-Groix-du-Mont. 

Mont  *.  Ce  golfe  s'étendait  vers  le  nord  et  atteignait  les  environs 
de  Soussac  (fig.  a).  Allait-il  plus  loin,  c'est  ce  que  j'ignore;  mais  je 
ne  le  crois  pas.  Au-delà  de  Soussac  les  couches  se  relèvent  rapide- 
ment vers  le  nord  et,  on  trouve  successivement  le  calcaire  à 
Astéries,  très  typique  entre  cette  conmiune  et  la  vallée  de  la 
Durège,  puis  au-dessous  le  calcaire  lacustre  à  silex  dit  de  Castillon, 
qui  forme  le  haut  des  buttes  qui  entourent  Gensac  et  Pessac-sur- 

I.  Je  rappelle  que  TAquitanien  inférieur  est  formé  généralement  sous 
Sainte-Croix  du  Mont  par  des  marnes  et  des  calcaires  d*eau  douce,  que 
TAquitanien  moyen,  constitué  en  bas  par  une  sorte  de  mollasse  calcaire 
jaune  à  Scu telles,  O.  producta  R.  et  D.  etc.,  est  formé  dans  sa  partie  supé- 
rieure par  des  bancs  à  Ostrea  undata  Lk.  et  que  ceux-ci  sont  surmontés 
dans  deux  ou  trois  points  par  des  lambeaux  —  trop  restreints  pour  être 
indiqués  sur  la  coupe  —  de  calcaire  d'eau  douce,  représentant  probablement 
des  vestiges  de  TAquitanien  supérieur;  Tournouër  en  a  signalé  un  à  Violle, 
M.  Linder  en  cite  également  et  Ton  peut  en  voir  un,  consistant  en  plaquettes 
à  Dreisaensia  et  Poiamides,  dans  la  propriété  de  M.  Minvielle. 


igoi         DE   LA    MER   AQUITANtENNK   DANS    L  ENTRB-DBUX-U 


435 


Dordo^e;  et  enfin  on  arrive  au  burd  de  cette  rivière  sur  la 
mollasse  du  Fronsadais,  c'est-à-dire  que  l'on  rencontre  les  assises 
du  Stampien,  puis  du  Sannolsien. 

A  l'ouest  d'une  ligue  passant  à  peu  près  par  Cadillac-Saint-Brice, 
je  n'ai  pas  trouvé  un  seul  lambeau  d'Aquitanien  marin;  je  n'en  ai 
pas  TU  non  plus  b  l'est  d'une  ligne  passant  par  Verdelais-Sauve- 
'terre-Cazaugitat,  sauf  dans  les  envinins  de  La  Réole.  Quand  on 
«'élève  au  nord-est  de  cette  ville,  qui  est  bâtie  sur  le  calcaire  à 
.Astéries,  on  aperçoit  des  moulins  à  vent  placés  sur  des  buttes  qui 
dominent  d'une  façon  très  pittoresque  la  vallée  de  la  Garonne  '. 


,        ilBOKDE 


r  b3  E  a      (  ^      SwMiBi»,         ,  _f       '"' 

l.ofir.^  ^  SB      .-  .C«»U^UA 


Plg.  3,  —  Carte  indiquant  la  disposition  probable  de  la  mer  aquitanicnne 
dans  la  Gironde,  —  Échelle  i/jSo.oorf. 

Sous  les  moulins  supérieurs  dits  du  Mirait,  .à  l'altitude  de  110  à 
lao  mètres,  on  rencontre  le  calcaire  lacustre  blanc  de  l'Aquitanien 
inférieur,  et  au  nord  du  hameau  qui  porte  le  même  nom,  on  trouve 
par  dessus,  en  grande  abondance,  \0.  aginensis,  souvent  d'assez 


T.  Voy,  TooBNouÉR.  B.  S.  G,  F.,  (n),  XXVI,  p.  1000;  Baulin.  Note  s 
no  aperçu  de  la  carte  géol.  de  la  Gironde,  i6j5  (_BuU.  Soc.  géogr.  conti 
Bordeaux).  —  Voyei  aussi  Bbhoist.  Aetea  Soc.  Linn.,  l.  XXXV,  p.  xxiui 


436  B.    FALLOT.    —   SUK   L*EXTENSlON  IJ  Juin 

grande  taille  et  valvée.  Les  mêmes  fossiles  se  voient  aussi  à  Test 
de  rhabitation  désignée  sous  le  nom  de  Duprat  dans  la  cai*te  au 
1/40.000  de  la  Gironde. 

En  suivant  le  chemin  qui  du  Mirail  va  rejoindre  la  grand' route 
de  La  Réole  à  Monségur,  on  remarque,  dans  les  talus  de  la  route 
côté  est,  un  calcaire  jaune  marin  à  débiis  de  fossiles,  dans  lesquels 
j'ai  cru  reconnaître  O,  producta  R.  et  D.  et  qui  ne  serait  autre 
chose  qu'un  petit  lambeau  d'Aquitanien  mann  occupant  pi*obable- 
ment  la  2)lace  des  mollasses  décrites  plus  haut,  mais  d'un  faciès  un 
peu  différent  *. 

Sur  la  route  de  La  Réole  à  Monségur  et  sur  celle  de  La  Réole  à 
Rolet,  on  retrouve  le  calcaire  lacustre  de^  TAquitanien  inférieur, 
surtout  autour  des  localités  désignées  sous  le  nom  de  Gravillouse 
(Gra  veilleuse). 

J'ai  vainement  recherché  jusqu'ici  des  lambeaux  aquitanien^  au 
nord  et  à  Test  de  ce  point.  Je  ne  l'ai  pas  trouvé  aux  environs  de 
Monségur,  ni  entre  Monségur  et  les  buttes  de  Cazaugitat.  La  butte 
du  moulin  de  Rocliet  qui  occupe  l'altitude  108  mètres,  un  peu  au 
nord-ouest  de  Saint-Ferme,  et  qui  pomTait  se  trouver  dans  les 
conditions  géographiques  requises  pour  cela,  ne  m'en  a  oflert 
aucun  vestige. 

Il  paraîtrait  donc  naturel  de  penser  que  le  lambeau  des  en\'i- 
rons  de  La  Réole  dépendait  de  quelque  petit  golfe  secondaire 
communiquant  avec  la  mer  aquitanienne  qui  recouvrait  le  Baza- 
dais  et  qui  s'étendait  de  là  vers  l'ouest  et  le  sud-ouest,  en  envoyant 
une  baie  plus  importante  découper  la  partie  centrale  de  l'Enti^e- 
Deux-Mers  que  j'ai  décrite  auparavant  et  que  l'on  pouiTait  appeler 
le  golfe  de  Gornac.  Je  donne  ces  conclusions  au  point  de  vue  de 
la  disposition  de  la  mer  aquitanienne  sous  les  plus  expresses 
réserves.  Il  en  est  de  même  pour  les  contours  de  cette  mer  plus 
au  sud,  notamment  aux  environs  de  Landii'as  et  de  Villagrains. 
n  est  possible  que  le  rivage  n'ait  pas  été  continu  entre  ces  deux 
localités  placées  sm*  un  bombement  crétacé  tant  de  fois  décrit  ; 
il  se  pourrait  qu'un  bi*as  de  mer  eût  pénétré  entre  les  deux  et  que 
le  lambeau  crétacé  de  Villagrains  ait  formé  à  cette  époque  une  île 
complètement  isolée  ;  je  n'ai  jusqu'ici  aucun  renseignement  à  ce 
sujet.  Quant  au  rivage  de  la  mer  aquitanienne  plus  au  nord 
dans  le  Bordelais,  il  est  très  nettement  accusé  par  les  dépôts 
saumùtres  à  Cerites  et  Neritina  Fcrussaci  Recluz,  de  FAquitanien 
inférieur  qui  pourraient  être  considérés  comme  les  témoins  d'au- 

I.  Quaiit  aux  vestiges  d'Aquitanien  supérieur  qui  pourraient  exister  dans 
ce  point,  leur  attribution  stratigraphique  nie  parait  encore  douteuse. 


igOI         DE   LA  MER   AQUITANIENNE   DANS   l'eNTRE-DEUX-MERS  4^7 

tant  dVstoaires  dans   lesquels   aboutissaient  les   déversoirs   du 
grand  lac  de  FEntre-Deux-Mers. 

Tels  sont  les  résultats  que  j'ai  pu  retirer  de  mes  observations. 
J'ajoute  que  la  mer  aquitanienne  a  laissé  des  dépôts  bien  plus  à 
l'est  dans  le  Lot-et-Garonne.  Sous  ce  rapport  les  environs  d'Aiguil- 
lon, de  Nérac,  de  Casteljaloux  sont  fort  intéressants,  mais  toutes 
ces  localités  sont  placées  sous  une  latitude  plus  méridionale. 

Quant  à  la  faune  des  lambeaux  aquitaniens  marins  de  l'Entre- 
Deux-Mers,  elle  est  peu  abondante  ;  les  Amphiopes  et  les  Scutelles 
qui  en  constituent  la  partie  véritablement  digne  d'intérêt  sont  très 
rarement  entières  et  d'une  étude  diflîcile  à  cause  de  leur  encroû- 
tement. Je  crois  ces  demièi'es  différentes  d'une  Scutelle  à  ambu- 
lacres  très  larges,  que  Tournouër  a  signalée  aux  environs  de 
Pindères  (Lot-et-Garonne)  (et  qu'il  a  désignée  sous  le  nom  de 
Scutella  Bonali  n.  sp.).  Les  études  que  j'ai  faites  autour  de  la 
localité  indiquée  par  notre  regretté  confrère,  me  portent  à  croire 
que  cette  espèce  occupe  un  niveau  un  peu  supérieur.  Malgré  toutes 
mes  recherches,  je  ne  l'ai  guère  trouvée  qu'en  morceaux,  et  cela 
au-dessus  d'un  calcaire  rempli  de  Planorbes,  qui  par  son  aspect 
général  se  rapporte  au  calcaire  gris  de  TAgenais  (Aquitanien 
supérieur).  Je  me  propose,  du  reste,  de  revenir  sur  cette  question 
et  de  publier  les  Echinides  intéressants  de  la  mollasse  aquita- 
nienne de  TEntre-Deux-Mers. 

Mes  explorations  dans  cette  région  m'ont  artené  à  faire  une 
autre  observation.  Je  suis  enclin  à  penser  qu'il  existe  pour  ainsi 
dire  partout  sur  le  calcaire  à  Astéries  un  dépôt  argileux  grisâtre 
avec  concrétions  calcaires  qui  passe  insensiblement  au  calcaire 
lacustre  de  l'Aquitanieii  inférieur.  Tournouér  n'avait  pas  été  sans 
remarquer  cette  formation  qu'il  avait  étudiée  de  l'autre  côté  de  la 
Garonne  (rive  gauche)  et  qu'il  avait  rattachée  au  Tongrien.  Mes 
recherches  dans  l'Entre-Deux-Mers  m'engagent  au  contraire  à  la 
rattacher  plutôt  à  l'Aquitanien  inférieur  et  à  en  faire  le  premier 
témoin  de  la  période  de  régression  de  la  mer  qui  a  suivi  si  géné- 
ralement dans  le  Sud-Ouest  de  la  France  la  période  tongrienne. 

L'observation  que  je  consigne  ici  et  que  j'avais  faite  déjà  ailleurs 
me  paraît  concorder  avec  les  constatations  foimulées  par  Pigeon 
dans  sa  remarquable  Carte  géologique  de  la  Gironde,  achevée  en 
1861.  J'ai  pu,  depuis  la  publication  de  ma  carte  des  environs  de 
Bordeaux,  me  procurer  un  exemplaire  de  ce  travail  qui  n'a  jamais 
été  mis  en  vente,  et  j'ai  observé  que  Pigeon  indiquait  tout  autour 
des  parties  saillantes  du  calcaire  à  Astéries  de  l'Entre-Deux- 
Mers  qu'il  appelle  grande  formation  marine^  une  bande  de  ce 


438      FALLOT.  MER  AQUITANIENNE  DANS  L*BNTRB-DBUX-MBR8      1 7  Juin 

qu'il  nomme  Isi  formation  lacustre  moyenne  ;  ce  n'est  autre  chose 
évidenmient  que  les  argiles  à  concrétions  calcaires,  passant  dans 
certains  points  au  calcaire  lacustre  de  l'Aquitanien  inférieur. 
J'ajoute  que  ce  fidèle  observateur  a  parfaitement  indiqué  aux 
environs  de  Mourens,  de  Gomac,  de  Castelvieil,  de  petits  lam- 
beaux de  ce  qu'il  appelle  la  formation  marine  moyenne,  et  qui 
n'est  autre  chose  que  de  l'Aquitanien  moyen  *. 

Malheureusement  la  carte  est  sans  texte,  et  il  est  difficile,  en 
l'absence  de  celui-ci,  de  comparer  les  désignations  de  Pigeon  avec 
celles  de  la  nomenclature  actuelle.  J'ai  été  néanmoins  très  heureux, 
par  l'interprétation  des  faits,  de  me  trouver  d'accord  avec  un 
observateur  dont  je  n'avais  jamais  pu  me  procurer  le  travail  et 
qui  —  pour  l'époque  —  a  établi  de  la  façon  la  plus  sagace  et  la 
plus  remarquable,  une  carte  géologique  de  la  Gironde  à  petite 
échelle. 


M.  Fallot  fait  connaître  les  résultats  d'un  nouçeau  sondage  arté- 
sien à  Bordeaux  (La  Bastide).  Les  sables  quartzeux  à  Nummulites 
du  Lutétien  auraient  été  atteints  vers  aa6  mètres  de  profondeur 
et,  à  Î144  mètres,  d'après  les  renseignements  du  chef-sondeur,  le 
débit  de  l'eau  jaillissante  aurait  été  de  a. 700  litres  à  la  minute.  Le 
puits  a  été  continué  jusqu'à  3i4  mètres,  toujours  dans  les  couches 
à  Nummulites  ;  le  plus  souvent  sous  la  forme  de  sables,  elles  pré- 
sentent de  temps  en  temps  des  grès  en  plaquettes  très  durs  et  des 
veines  d'argile.  Les  Nummulites,  très  abondantes,  sont  générale- 
ment usées  et  difficiles  à  déterminer.  Les  formes  les  plus  nettes 
(vers  376  m.)  semblent  se  rapporter  à  N.  lucasana,  mais  il  y  en  a 
d'autres  plus  grandes.  Le  débit  à  3i4  mètres,  tel  qu'il  a  été  calculé 
le  22  mars  dernier,  était  d'environ  a .  q3o  litres  à  la  minute  ;  il 
aurait  donc  sensiblement  diminué.  Au  point  de  vue  géologique,  ce 
sondage  est  particulièrement  intéressant,  en  ce  qu'il  nous  montre 
une  fois  de  plus,  sous  Bordeaux,  la  constance  des  sables  à  Nummu- 
lites, inférieurs  au  calcaire  grossier  de  Blaye,  et  leur  importance 
capitale  comme  niveau  d'eau. 

I.  Pigeon  avait  du  reste  suivi  les  indications  de  Drouot  (Voy.  Actes  Acad. 
Bordeaux,  1889,  p.  649)  qui  appelle  a*  terrain  d*eau  douce  la  «  formation 
lacustre  roo^'enne  »  et  mollasse  coquillière  la  «  formation  marine  moyenne  ». 
Ce  dernier  auteur  a  remarquablement  décrit  sous  ces  noms  anciens  TAqui- 
tanien  inférieur  et  l'Aquitanien  moyen. 


Séance   du   ^   Xovembre   f  90f 

PRÉSroENCE   DE   M.   L.   CAREZ,   PRÉSmENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  trois  présentations. 

M.  Albert  Gaudry  fait  hommage  à  la  Société,  au  nom  de  M.  le 
professeur  Capellini,  d'un  mémoire  intitulé  :  Balenottera  mioce- 
nica  del  Monte  Titano,  republica  di  San  Marino  ;  in-folio,  avec 
Q  planches,  Bologne,  1901. 

Des  ouvriers,  exploitant  le  calcaire  miocène  du  Monte  Titano, 
pour  fournir  des  pierres  au  nouveau  palais  de  la  Régence  de 
San  Marino,  ont  mis  à  découvert  un  animal  de  la  famille  des 
Baleines.  C'est  un  travail  énorme  que  l'extraction  d'un  si  grand 
Cétacé.  Notre  savant  confrère  de  Bologne,  dont  tous  les  géologues 
connaissent  le  dévouement  à  la  science,  n'a  pas  reculé  devant 
cette  lourde  tâche.  Il  a  été  aidé  par  le  gouvernement  italien.  La 
tête  a  été  d'abord  en  partie  dégagée,  et  on  en  a  fait  un  moulage 
grossier  qui  a  été  envoyé  à  l'exposition  internationale  de  Paris, 
puis  donné  au  Muséum.  Plus  récemment,  elle  a  été  dégagée 
complètement  avec  les  os  du  squelette  qui  l'accompagnaient,  et 
aujourd'hui  M.  Capellini  nous  annonce  que  c'est  une  des  merveilles 
du  Musée  géologique  de  Bologne.  Le  Cétacé  de  San  Marino  est 
insent  sous  le  nom  à'Aulocetus  sammarinensis, 

M.  Albert  Gaudry  présente  ensuite  une  note  intitulée  :  Sur'  la 
similitude  des  dents  de  V Homme  et  de  quelques  animaux.  Cette 
note  a  été  faite  à  propos  du  Congrès  inteimational  d'anthropo- 
logie et  publiée  dans  la  Revue  que  dirigent  MM.  Boule  et  Verneau 
(L'Anthropologie,  XII,  1901,  p.  98,  14  fig.  dans  le  texte).  C'est  une 
addition  aux  ingénieuses  recherches  de  Cope,  d'Osborn  et  des 
auti'es  savants  qui  ont  mis  en  lumière  la  ressemblance  des 
molaires  su[)érieures  des  animaux  du  Torréjon  et  de  celles  de 
l'Homme. 

11  n'est  pas  toujoui's  facile  de  déterminer  avec  des  pièces  isolées 
si  on  est  en  présence  de  restes  d'Homme  ou  de  Singe.  On  peut 
cependant  faire  les  remarques  suivantes  :  La  face  de  l'Homme  est 


44o  SEANCE   DU   4  NOVEMBRE   igOI 

• 

droite  ;  la  face  droite  est  en  rapport  avec  le  raccourcissement  des 
mâchoires  ;  ce  raccourcissement  entraine  celui  des  dents.  Le 
raccourcissement  des  dents  molaires  porte  sur  la  diminution  d*un 
de  leurs  denticules.  A  la  mâchoire  supérieure,  il  se  produit  sur  le 
deuxième  denticule  interne.  La  note  présentée  à  la  Société  ren- 
ferme des  figures  d'un  Oreopithecus  y  d'un  Dryopithecus ,' à!\m 
Orang-outan,  d'un  Gorille,  d'un  Gibbon,  d'un  Chimpanzé,  d'un 
Homme  prognathe  (Australien),  d'un  Homme  orthognathe  (Fran- 
çais); on  peut  suivre,  sur  ces  figures,  l'amoindrissement  du 
deuxième  denticule  interne. 

La  même  note  montre  une  figure  des  molaires  supérieures  de 
VArctocj'on  de  Cernay,  où  l'état  du  deuxième  denticule  interne, 
comme  chez  quelques  fossiles  du  Torréjon,  est  le  même  que  chez 
les  Hommes  de  race  élevée. 

Tandis  que  les  dents  se  sont  agrandies  et  compliquées,  pendant 
les  temps  géologiques,  chez  les  animaux  dont  la  nutrition  est  la 
principale  fonction,  elles  se  sont  simplifiées  chez  les  êtres  qui 
pensent  et  où  le  développement  des  os  a  pour  but  essentiel 
d'envelopper  un  vaste  cerveau. 

M.  Cossmann  dépose  sur  le  Bureau,  pour  la  Bibliothèque  de  la 
Société,  un  exemplaire  d'une  petite  brochure,  intitulée  :  Additions 
à  la  faune  nummulitique  de  V Egypte,  et  publiée  il  y  a  quelques 
mois,  par  le  Bulletin  de  l'Institut  égyptien. 

La  communication  en  a  été  faite  dans  l'une  des  dernières  séances 
de  1900  ;  elle  comporte  3o  p.  de  texte  et  3  pi.  en  phototypie. 

La  faune  éocénique  de  l'Egypte  a  été  déjà  étudiée  parle  pi*ofesseur 
Mayer-Eymar,  qui  a  recueilli  beaucoup  de  fossiles  dans  divers 
gisements  du  territoire  égyptien.  Il  a  identifié  plusieurs  de  ces 
espèces  avec  celles  du  Bassin  de  P^aris  ;  mais  d'après  l'examen  que 
j'ai  fait  de  nouveaux  matériaux  recueillis  par  notre  confrère 
M.  Fourtau,  et  assez  bien  conservés  avec  leur  test,  on  peut  être  à 
peu  près  certain  qu'il  n'y  a,  pour  ainsi  dire,  aucune  espèce  iden- 
tique à  celles  des  environs  de  Paris,  quoique  l'aspect  général  de 
cette  faune  soit,  génériquement,  tout-à-fait  semblable. 

M.  Cossmann  ofire  également  à  la  Bibliothèque  de  la  Société, 
la  quatrième  livraison  de  ses  Essais  de  Paléoconchologie  com- 
parée^ parue  au  mois  d'octobre  dernier.  Cette  livraison,  qui 
comprend  environ  Soo  pages  de  texte  et  10  planches  phototypées, 
traite  des  familles  :  Fasidœ,  Turbinellidœ,  Chrysodomidœ,  Pyra- 
mimitridWy  Strepturidœ,  Buccinidœ,  Nassidœ,  Collumbellidw, 
formant  un  ensemble  assez  homogène  parmi  les  Gastropodes,  et 


SÉANCE   DU   4  NOVEMBRE    I90I  44^ 

chez  lesquelles  le  canal  siphonal,  d'abord  tpès  long  et  rectiligne,  se 
modifie  successivement  pour  se  réduire  finalement  à  une  profonde 
échancrure  basale. 

Le  classement  des  fossiles  appartenant  à  tous  ces  différents 
groupes  ne  laisse  pas  que  de  présenter  de  très  sérieuses  difficultés, 
attendu  que  le  paléontologiste  est  obligé  de  se  guider  souvent 
d'après  des  caractères  peu  apparents,  pour  placer  des  coquilles, 
d'un  aspect  à  peu  près  semblables,  dans  des  genreé  qui  peuvent 
même  ne  pas  appartenir  à  la  môme  famille. 

Trois  des  familles  précitées  sont  nouvelles  ;  le  nombre  des 
genres  nouveaux  n'est  pas  considérable,  mais  leur  groupement  a 
donné  lieu  à  quelques  rectifications  importantes. 

Au  point  de  vue  phylogénétique,  une  constatation  ressort  immé- 
diatement :  c'est  l'origine  relativement  récente  des  Fusidœ  et 
Buccinidœ,  dont  l'ancienneté  ne  remonte  guère  au-delà  des 
couches  crétaciques  tout  à  fait  supérieures  ;  les  formes  néoco- 
miennes,  —  et  à  fortiori  jurassiques,  —  qu'on  attribuait  à  ces 
familles  sont  des  échantillons  mal  conservés  d'Alaria  ou  de 
Purpurina. 

Cette  quatrième  livraison  se  termine  par  une  table  alphabétique, 
générale,  de  toutes  les  espèces  citées  dans  les  quatre  premières 
livraisons,  de  manière  que  le  lecteur  puisse  immédiatement  savoir 
dans  quels  genres  elles  ont  été  transportées  ou  conservées. 

M.  A.  de  Lapparent  présente,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  F. 
Kerforne,  Y  étude  de  la  région  silurique  occidentale  de  la  pres- 
qa*tle  de  Crozon  (Finistère).  Il  fait  ressortir  les  mérités  de  ce 
travail,  qui  imprime  à  nos  connaissances  sur  cette  région  de 
l'Armorique  une  précision  toute  particulière. 

M.  Munier-Chalmas  ajoute  que  le  travail  de  M.  Kerforne, 
présenté  comme  sujet  de  thèse  de  doctorat  en  Sorbonne,  mérite 
d'attirer  l'attention  des  géologues  ;  c'est  une  contribution  impor- 
tante à  la  géologie  si  intéressante  de  la  Bretagne. 

M.  Douvillé  présente  à  la  Société  des  échantillons  de  Rudistes 
provenant  de  localités  nouvelles  et  intéressantes  : 

V  Une  série  d'Hippurites  envoyées  par  un  ancien  élève  de 
l'Ecole  des  Mines,  M.  l'ingénieur  Agababolf,  de  Bakou.  Ils 
proviennent  du  Petit-Caucase  au  N.  de  la  pointe  du  lac  Goktscha 
et  dans  le  voisinage  du  point  où  se  rencontrent  les  limites  des  trois 
gouvernements  d'Elisabethpol,  d'Erivan  et  de  Tiflis  (sommet  de 


44^  SÉANCE    DU   4    NOVEMBRE    I9OI 

la  chaîne  de  montagne.au  nord-ouest  du  village  de  Dilijan,  à  5  ou  6 
kilomètres  du  monastère  arménien  Hagharzine,  gouvernement 
d'Ëlisabethpol).  Ces  échantillons  sont  assez  bien  conservés  mais 
ce  ne  sont  que  des  tronçons,  la  valve  supérieure  manque  et  il  n'a 
pas  encore  été  possible  d'avoir  une  bonne  coupe  de  Tappareil 
cardinal.  Ils  appartiennent  tous  à  la  même  espèce  ;  Tarête  cardi- 
nale est  tronquée,  les  deux  piliers  sont  pinces  à  la  base  et  la  dispo- 
sition générale  rappelle  celles  des  H,  presulcaius  et  ChaUnasi. 
^0  Un  groupe  de  deux  Radiolites,  rappelant  le  R.  angeiodes^  pro- 
venant de  la  rive  droite  de  TEuphrate,  près  de  Keban.  Ce  qui  donne 
un  intérêt  particulier  à  cette  localité  c'est  qu'elle  se  trouve  dans  le 
voisinage  immédiat  de  Hakim  Khan,  d'où  l'on  suppose  pi*ovenir 
les  Hippurites  l'apportés  autrefois  par  Loftus.  Cet  échantillon 
fait  partie  de  l'ancienne  collection  de  l'École  des  Mines. 

M.  H.  Dallemagne.  —  Le  creusement  de  la  çallée  de  la 
Bidassoa . 

La  vallée  de  la  Bidassoa  présente  un  exemple  frappant  de  creu- 
sement rapide  par  les  eaux  de  fonte  des  glaciers  quaternaires  des 
Pyrénées  comme  il  est  facile  de  le  constater  en  suivant  la  rivière, 
depuis  la  Venta-de-Yanci  jusqu'à  Fontarrabie. 

On  remarque  de  place  en  place,  à  une  hauteur  de  i5  à  qo  mètres 
environ  au-dessus  du  niveau  actuel  des  eaux  du  fleuve,  des  dépôts 
alluvionnaires  composés  de  cailloux  roulés,  d'argiles  ocreuses  et 
de  sables  renfermant  toutes  les  variétés  de  roches  de  la  vallée.  Les 
galets  ont  parfois  des  dimensions  atteignant  un  demi-mètre  cube. 
Ace  même  niveau  les  calcaires  de  Vera  sont  fortement  rongés. 

Les  dépôts  les  plus  importants  occupent  la  rive  droite.  Cependant 
il  existe  sur  la  rive  gauche  un  important  dépôt  à  Lastaola,  en 
face  de  Bimatou,  et  un  autre  à  Fontarrabie.  Ce  dernier  repose  à 
ao  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  en  discordance  sur  les 
schistes  turoniens  qui  constituent  la  partie  ouest  de  la  plage  de 
Fontarrabie,  en  face  la  Villa  Polita.  L'importance  de  ce  dépôt  avait 
fait  penser  que  l'Oarso-Ibai  qui  se  jette  actuellement  dans  le  port 
de  Pasajes,  devait  déverser  ses  eaux  à  Fontarrabie.  Cette  version  me 
semble  devoir  être  abandonnée  car  j'ai  trouvé  dans  ces  alluvions 
des  galets  d'ophite  qui  ne  peuvent  provenir  que  de  la  Bidassoa,  la 
vallée  de  l'Oarso  ne  renfermant  aucune  trace  de  cette  roche. 

La  rapidité  du  creusement  du  lit  de  la  Bidassoa  semble  indéniable 
si  l'on  remarque  qu'il  n'existe  aucun  autre  dépôt  entre  la  ligne 
relativement  continue  des  alluvions  que  je  viens  de  signaler  et 
celles  qui  se  déposent  actuellement  dans  le  lit  du  fleuve. 


SÉANCE   DU   4   NOVEMBRE    IQOI  44^ 

Sayn  et  Roman.  —  Composition  du  Barrêmien  sur  la  rive 
droite  du  Rhône  dans  la  région  de  Viviers, 

En  suivant  les  berges  de  la  rivière  de  TEscoutaye,  à  partir  du 
village  deSaintrThomé  et  en  se  dirigeant  vers  Touest,  on  peut  obser- 
ver une  succession  très  nette  de  la  partie  inférieure  de  cet  étage. 

La  série  barrémienne  vient  butter  par  faille  un  peu  à  Test  de 
Saint-Thomé  contre  des  calcaires  gris-bleu  compacts  que  Ton  peut 
classer  dans  TAptien  inférieur  (Bedoulien)  par  leur  analogie  avec 
les  calcaires  exploités  au  hameau  de  Saint- Alban,  et  fossilifères  en 
ce  point. 

Le  village  de  Saint-Thomé  est  construit  sur  un  escarpement  bar- 
rêmien dont  la  composition  est  la  suivante  : 

1 .  Au  pied  de  la  falaise,  sur  le  bord  de  la  rivière,  la  série  débute 
par  des  calcaires  marneux  avec  Crioceras  du  groupe  de  Kœchlini 
Astier  de  grande  taille,  accompagnés  de  grands  Desmoceras  ordi- 
nairement écrasés. 

2.  Au  niveau  de  la  route,  s'observe  un  banc  de  calcaire  marneux 
intercalé  entre  les  marnes  avec  nombreux  Holcodiscus  fallax 
Matheron  accompagnés  de  quelques  formes  du  même  genre  et  de 
PulchelUa, 

Un  peu  au  delà  du  village  de  Saint-Thomé  les  escarpements  de 
la  rive  gauche  puis  ceux  de  la  rive  droite  de  la  rivière  viennent 
compléter  la  coupe  du  Barrêmien. 

La  sérîe  débute  par  des  calcaires  marneux  à  Crioceras  Kœchlini 
et  Ancyloceras  Tabarelli  Astier. 

Au  dessus  viennent  des  bancs  marneux  avec  nombreux  Hamu- 
lina  de  petite  taille  accompagnés  à' Holcodiscus  et  de  quelques 
PulchelUa, 

La  coupe  interrompue  par  les  alluvions  se  continue  sur  la  rive 
droite,  par  des  bancs  de  calcaire  plus  compacts  avec  Desmoceras 
du  gr.  difficile  et  Desmoceras  Fabrei  Torcapel,  bien  typique. 

L'ensemble  est  surmonté  par  des  bancs  calcaires  bien  visibles 
au  niveau  de  la  rivière  où  abondent  PulchelUa  compressissima  et 
PulchelUa  pulchella. 

Le  Barrêmien  inférieur  parait  se  terminer  par  des  assises  mar- 
neuses intercalées  entre  des  bancs  de  calcaire  et  renfermant  quel- 
ques fossiles  pyriteux,  Leptoceras  et  PulchelUa  alf.  provincialis 
dOrb. 

Le  Barrêmien  supérieur  est  formé  de  calcaires  blancs  en  bancs 
épais,  peu  fossilifères  ;  nous  avons  pu  cependant  observer  quelques 
débris  d' Heteroceras  Giraudi  Kil.  qui  ne  semblent  laisser  aucun 
doute  sur  leur  âge. 


SUR  LE  GRAPHISME 
DE  LA  CARTE  DU  SUD-OUEST  DES  ALPES-MARITIMES 

par  M.    A.    GUÉBHARD '. 

« 

L'auteur  est  heureux  de  faire  hommage  à  la  Société,  en  même 
temps  que  de  deux  mémoires  parus  dans  les  Comptes  rendus  de 
V Association  française  pour  V avancement  des  Sciences  -,  de  la 
première  épreuve  définitive,  excellemment  gravée  parM.  Wuhrer, 
de  sa  Carte  géologique  au  i/So.ooo  du  5.-0.  des  Alpes-Mari- 
times, appelée  à  paraître  prochainement  dans  le  volume  du  Con- 
grès géologique  international  de  igoOy  et  qui  comprend  toute 
la  partie  principale,  un  peu  rognée  au  nord  et  au  sud,  mais  étendue 
à  Test  jusqu'au  Var,  de  la  carte  manuscrite,  limitée,  à  l'ouest,  à  la 
Siagne,  présentée  à  la  Société  dans  la  séance  du  a  avril  1900  ^ 
comme  première  amorce  d'un  ensemble  cartographique  qui,  dans 
le  plan  primitif  de  l'auteur,  était  destiné  à  montrer  synoptiquement 
le  raccord  des  plis  du  Var  avec  ceux  de  la  Durance. 

Appelé,  dans  des  conditions  trop  honorables  pour  qu'il  s'y  pût 
soustraire,  à  anticiper  sa  publication,  M.  Guébhard  n'insistera  pas 
sur  les  faits  de  recoupements  et  étoilements  de  plis  que  fait  ressortir, 
malgré  l'absence  de  la  planche  de  coupes  qui  en  constituera  le 
complément  nécessaire,  la  seule  vue  de  cette  carte,  mieux  que  les 
explications  du  mémoire  auquel  elle  sert  d'illustration.  Mais,  à  la 
suite  d'observations  diverses,  dont  l'autorité  ne  le  disputait  qu'à 
la  bienveillance,  sur  l'originalité  du  graphisme  de  ce  travail  de 
simple  géologue  amateur,  il  semble  indispensable  de  revenir,  par 
quelques  explications  détaillées,  sur  l'assurance,  antérieurement 
donnée,  que,  si  réellement  quelques  particularités  apparaissent, 
elles  ne  sont  nullement  dues  à  un  parti-pris  de  systématisation 
personnelle,  mais  se  sont  peu  à  peu  impérieusement  imposées 
comme  une  émanation  invincible  de  l'observation  des  faits,  au  fur 

1.  Note  parvenue  au  secrétariat  le  i"  juillet  1901  et  présentée  à  la  Séanee 
de  la  Réunion  extraordinaire  du  3  septembre  1901  à  Lausanne. 

2.  Les  problèmes  tectoniques  de  la  commune  d'Escragnollea  {A,-M.)  avec 
3  figures,  i  carte  en  couleurs  cl  planche  de  coupes  superposables  (A,  F.  A,  S., 
XXIX,  58o).  —  Sur  quelques  gisements  nouveaux  de  plantes  tertiaires  dans 
le  sud-est  de  la  Provence^  en  collaboralion  avec  M.  L.  Laurent  (A,  F,  A.  5., 
XXIX,  555). 

3.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVIU,  268. 


SUR   LE   GRAPHISME   DE   LA  CARTE   DES  ALPES-MARITIMES       44^ 

et  à  mesure  qu  étaient  serrés  de  plus  en  plus  près  sur  le  terrain  les 
contours  des  premières  cartes,  au  i/5o.ooo,  de  Saint-Vallier-de- 
Thiey  (A.-M.)  *  et  de  Mons  (Var)  -  :  premiers  essais  d'apprenti 
géologue  absolument  dénués  d'artifice,  où  il  n'est  pourtant  pas 
difficile  de  retrouver  tous  les  éléments  de  ces  formes  particulières 
de  courbes  qui,  par  leur  répétition,  devaient  fatalement,  à  la  longue, 
Caire  sauter  aux   yeux  l'existence  d'une  loi  générale  des  tracés, 
laquelle,  une  fois  formulée,  devait  à  son  tour  très  légitimement 
^tre  prise  pour  guide  dans  les  cas  exceptionnels  où  l'observation 
'^opographique,  par  suite  de  difiicultés  matérielles,  aurait  laissé 
lace  à  quelque  incertitude  non  résolue  sur  le  terrain. 
Comment  se  ferait-il  que,  par  leur  simple  réduction  au  1/80.000, 
es  contours,  de  plus  en  plus  précisés  par  d'incessantes  campagnes 
révision,  eussent  vu  leur  «  air  de  vérité  »  se  transformer  en  un 
suspect?  Serait-ce  uniquement  que  la  concentration  forcée,  à  si 
etite  échelle,  sans  en  rien  laisser  perdre,  d'une  masse  inaccoutumée 
e  minuscules  détails  ;  ou  encore  la  subdivision  rigoureusement 
fTectuée,  grâce  à  une  lente  éducation  de  l'œil  et  une  patiente 
cherche  de  fossiles,  obligeamment  déterminés  par  M.W.  Kilian, 
^u  Jurassique  en  neuf  bandes,  de  l'Infralias  en  deux  et  du  Trias 
supérieur  lui-même  (mais  ceci  un  peu  plus  artificiellement),  en 
'Erois  ;  serait-ce  que  tout  cela,  multipliant  et  resserrant  les  contours 
>5iu  point  de  dépasser  presque  les  ressourses  chromatiques  de  la 
lithographie,  aurait  suffi  à  donner  à  l'ensemble,  par  condensation, 
'•m  aspect  réellement  différent  de  celui  des  cartes,  longtemps  dites 
^  détaillées  »,  déjà  publiées  officiellement  à  même  échelle,  mais  où 
xl  est  impossible  que  chaque  centimètre  carré  de  surface  figurée 
représente  la  même  somme  d'observations,  la  même  dépense  de 
forces  physiques  et  mentales  que  dans  l'œuvre  indépendante  et 
bénévole  du  modeste   villageois  qui,    détaché  de  toutes   choses, 
attaché  à  celle-là  seule,  jamais  retenu  par  sa  grandeur  à  aucun 
rivage,   distrait  de  son  but  par  aucune  fonction,    gêné  dans  le 
présent  par  aucun  lien,  poussé  vers  l'avenir  par  aucune  ambition, 
matériellement  libre,  enfin,  dans  toute  l'acception  du  mot,  libre  de 
s'asservir  librement  à  un  travail  librement  choisi,  et  de  consacrer 
uniquement  toutes  ses  ressources  au  culte  de  la  Science  pour  elle- 
même,  a  pu  multiplier  presque  à  l'infini  par  le  facteur  Temps  ses 
eiforts  continûment  concentrés  sur  une  tâche  unique,  et  ainsi,  d'infi- 
nitésimaux qu'ils  pouvaient  paraître,  les  transformer  en  une  sonmie 
intégrale,  de  physionomie  peut-être  inattendue,  mais  finalement 

1.  A.  F.  A.  5.,  XXin,  489,  pi.  VU  et  VIU. 

2.  Bull,  de  la  Soc,  (Véludes  scientifiques  de  Draguignan,  XX,  2Jo-3ao,  1897. 


446  A.    GUÉBHARD,  —   SUR   LE   GRAPHISME  4  NoY. 

aussi  acceptable  que  celle  que  peuvent  donner  des  efforts  plus 
importants  comme  valeur  et  plus  autorisés  comme  marque,  mais 
aussi  plus  éparpillés  dans  Tespaee,  et  clairsemés  dans  le  temps  ? 

Force  fut  poui*tant  à  Fauteur,  regardant  son  œuvre  moins  immo- 
destement,  de  reconnaître  qu'il  devait  y  avoir  encore  autre  chose,  et 
qu  à  côté  de  F  originalité  certaine  de  la  méthode  d'observation,  peut- 
êti*c  fallait-il  s'en  prendre  à  celle  des  lieux  observés,  ou  de  la  part 
interprétative  de  l'observateur.  A  voir,  dans  la  variété  régionale 
des  diverses  parties  de  la  carte,  l'espèce  de  monotonie  harmonique 
des  contours,  avec  répétition  fréquente  de  certaines  formes  fonda- 
mentales peu  nombreuses,  on  est  tenté  de  se  demander  si  ce  n  est 
point  par  un  effet  de  l'art  plutôt  que  de  la  nature  que  se  résout  à 
un  graphique  si  simple  en  sa  complexité  Tapparent  chaos  de 
régions  particulièrement  tourmentées,  représenté,  en  définitive, 
par  un  réseau  qui,  à  force  de  braver  paradoxalement  le  réseau 
orographique,  finit  par  lui  emprunter  cette  propriété  fondamentale 
de  faire  sauter  aux  yeux,  quoique  non  figurées,  les  lignes  de 
maximum  de  courbure  des  surfaces  représentées, — axes  tectoniques 
de  plissement,  dans  un  cas,  lignes  de  plus  grande  pente  dans  l'autre. 

Mais,  d'abord,  pourquoi  ne  voudrait-on  pas  que  le  système  des 
lignes  de  niveau  géologiques  eût  de  commun  avec  celui  des  lignes 
de  niveau  topographiques  un  certain  parallélisme  ondulatoire  des 
courbes,  si  celles-ci  toujours  représentent  l'intersection  de  la 
surface  érodée  du  globe  avec  un  système  d'autres  surfaces,  paral- 
lèles elles-mêmes  entre  elles  et  à  peu  près  équidistantes,  simple- 
ment planes  et  horizontales,  dans  un  cas,  courbes  et  plus  ou  moins 
cylindriques,  dans  l'autre  ? 

Or,  une  constatation  facile  à  faire  relativement  au  Jurassique, 
ossature  de  la  région,  est  que  ses  3oo  à  4oo  mètres  d'épaisseur  sont 
très  nettement  formés  d'assises  parallèle^,  et  d'étages  très  sensible- 
ment égaux  en  puissance.  Ne  le  fussent-ils  pas,  comme  souvent 
rOxfordien,  épaissi  au  détriment  de  son  substratum,  que  cela 
n'empêcherait  pas  cette  conclusion  forcée,  que  toute  cette  masse, 
régulièrement  feuilletée,  ayant  toujours  subi  en  bloc  toutes  les 
déformations,  pUssures,  ruptures,  etc.,  et  finalement  toutes  les 
érosions  qui  en  mettent  actuellement  à  jour  les  tranches,  celles-ci 
doivent,  dans  leur  ensemble,  conserver  toujours  l'aspect  jaspé  que 
donnerait,  de  quelque  manière  qu'on  le  déchiqueté,  un  cahier  de 
feuilles  de  papier,  plié,  chiffonné,  déchiré,  découpé,  où  l'indivi- 
dualité de  chaque  pli,  si  on  la  recherche,  se  retrouve  dans  Torien- 
tation  suivant  un  axe  commun  des  sommets  de  courbes  fermées 
analogues  à  celles  d'un  bois  veiné. 


IgOI  DE   LA   CARTE    DU    SUD-OUKST    DES   ALPES-MARITIMES  (fyj 

Ce  sont  ces  formes  de  courbes  qui  devaient  ressortir  fatalement 
de  la  carte  d'une  telle  région,  pour  peu  que  cette  carte  fût  exacte, 
et  c'est  ce  qui  ne  manqua  pas  de  me  frapper  dès  mes  premières, 
publications,  faites  assurément  —  et  pom*  cause  —  en  dehors  de 
tout  parti-pris  théorique.  Mais  constater  un  fait  n'est  rien  si  Ton 
n  en  sait  chercher  la  raison  et  tirer  les  conséquences.  Observer 
n'est  que  le  commencement  de  la  science  :  réfléchir,  en  doit  être 
Tindispensable  suite,  et  conclure  le  profitable  but.  Ainsi  fus-je 
amené  à  formuler  d'abord,  (en  la  restreignant,  d'ailleurs,  stricte- 
ment au  champ  de  mes  observations  personnelles),  celte  loi  de 
Torientation  générale  des  sommets  (ou  points  de  maximum  de  cour- 
bure des  contours  géologiques)  sur  certaines  lignes  qui  sont  les 
traces  terrestres  des  surfaces  axiales  de  plissement  ;  puis  à  constater 
que  cela  ne  pouvait  être  dû  qu'à  la  structure  régulièrement  feuil- 
letée de  l'ossature  jurassique  de  la  région  étudiée  et  au  parallélisme 
ordinaire  des  strates,  peu  ou  point  transgressives.  Aussi  est-il 
curieux  de  rapprocher  a  posteriori,  de  ce  fait  de  simple  observation, 
la  formule  théorique  à  laquelle  aboutissait  par  le  calcul,  en  1881, 
M.  G.  Coutagne,  dans  une  remarquable  étude  mathématique,  qu'il 
a  bien  voulu  me  communiquer,  sur  L'emploi  de  cartes  géologiques 
spéciales  pour  V étude  des  ploiements,  contournements  et  ruptures 
que  présentent  les  terrains  stratifiés  ^. 

«  Il  est  à  remarquer,  dit  M.  Coutagne,  que  les  formes  géomé- 
triques élémentaires  auxquelles  le  géologue  sera  ramené  sont  en 
beaucoup  plus  petit  nombre  que  celles  que  le  topographe  a 
Toccasion  de  figurer  ;  car,  tandis  que  la  surface  du  sol  peut  pré- 
senter les  ondulations  et  les  accidents  les  plus  divers,  les  surfaces 
de  séparation  des  strates,  primitivement  planes,  puis  ployées  et 
tordues,  sont  devenues  développables  ;  d'un  autre  côté,  la  résis- 
tance à  Técrasement  dans  le  sens  de  la  normale  aux  strates,  est 
une  seconde  cause  qui  est  venue  limiter  le  nombre  des  dispositions 
possibles,  en  assujettissant  en  quelque  sorte  les  surfaces  de  lit  à 
constituer  un  ensemble  de  nappes  parallèles.  En  fait,  ces  surfaces 
de  lit  peuvent  être  assimilées,  le  plus  souvent,  à  des  surlaces 
cylindriques  à  directrices  sinusoïdales,  et  beaucoup  plus  rarement 
à  des  surfaces  coniques  ou  gauches.  » 

En  vérité  cette  dernière  assimilation  n'est  qu'assez  exceptionnel- 
lement réalisée  dans  nos  régions  à  plissements  entrecroisés,  où  le 
sarplissement  de  chaque  pli,  qu'il  s'agisse  de  l'anticlinal  ou  du 
synclinal,  a  ondulé  sinusoïdalement  les  génératrices  elles-mêmes 

3.  BaUetin  de  la  Soc.  linnéenne  de  Lyon,  7  nov.  1881. 


448  A.    GUÉBHARD.   —   SUR  LE   GRAPHISME  4  NoY. 

du  cylindre  primitif  et  égrené  celui-ci,  le  long  de  son  axe,  en  alter- 
natives de  renflements  et  rétrécissements,  en  chapelets  de  dômes 
ou  de  cuvettes  plus  ou  moins  ellipsoïdaux,  raccordés  par  des  cols 
ou  gorgés  plus  ou  moins  hyperboloïdaux. 

Mais  n'est-il  pas  remai*quable  que  Thumble  géologue,  simple- 
ment astreint  à  l'observation  méticuleuse  et  au  rendu  consciencieux 
du  terrain,  soit  arrivé,  d'une  manière  toutrà-fait  indépendante,  et  par 
l'emploi,  très  terre  à  terre  et  sans  préjugé,  des  simples  moyens  de 
tout  le  monde  *,  à  des  formules  qui  rappellent  presque  littérale- 
ment celles  du  distingué  théoricien  et  à  des  constatations  qui  per- 
mettraient d'appliquer  au  vulgaire  contour  géologique,  ou  ligne 
d'intersection  des  surfaces  de  lit  elles-mêmes  avec  la  surface  du 
sol,  certaines  des  propriétés  attribuées  par  le  calcul  à  la  «  surface 
stratigraphique  »,  jmre  entité  géométrique,  de  M.  Coutagne?  Et 
n'est-il  pas  vraiment  curieux  encore  que  celui-ci  ait  été  conduit  de 
son  côté  à  noter  des  cas  bien  déterminés  où  sa  figuration  devient 
quasiment  indépendante  des  accidents  topographiques  de  la  surface 
du  sol  ?  2 

Laissant  aux  calculateurs  moins  déshabitués  que  moi-même  de 
l'usage  des  hautes  mathématiques,  le  soin  de  dii*e  le  pourquoi  de 
ces  singulières  coïncidences,  je  me  borne  à  les  signaler  sans  y  chei'- 
cher  superflAment  un  argument  de  plus  à  l'appui  de  constatations 
directement  émanées  des  faits  et  indépendantes  de  toute  théoi*ie. 
Mais  si,  après  avoir  vu  celles-ci  se  vérifier  constamment  et  ne 
jamais  se  démentir,  à  l'épreuve  quotidienne  d'observations  indé- 
finiment répétées,  j'ai  fini  par  les  ériger  en  règles  et  les  prendre 
pour  guides,  à  leur  tour,  dans  la  i*echerche  de  faits  nouveaux  ou 
l'interprétation  de  faits  douteux,  n'était-ce  pas  là  procéder  suivant 
la  plus  stricte  méthode  scientifique,  qui  veut  qu'on  se  serve  du 
connu  pour  aller  à  l'inconnu,  et  de  celui-ci  pour  constamment 
vérifier  l'autre? 

Certes,  je  ne  saurais  prétendre,  avec  l'extension  de  plus  en  plus 

I.  Toutes  les  dési^^a lions  littérales  des  teirains,  dans  ma  carte,  ont  été 
empruntées  sans  discussion  au  panneau  des  Alpes  du  Service  des  Mines  à 
TExposition. 

a.  Il  est  vrai  que  cette  indépendance,  dans  mes  tracés,  n*est  presque  jamais 
qu'apparente  et  limitée  aux  petits  accidents,  tandis  qu'il  est  facile,  au  con- 
traire, de  constater  partout  la  très  étroite  dépendance  du  relief  orogt  aphique 
et  du  ligure  géologique,  mais,  cela,  dans  les  grandes  lignes  et  nullement  sui- 
vant Fantique  tradition  qui  faisait  suivre  servilement  au  contour  géologique 
dans  nos  pays  à  stratilication  presque  toujours  redressée,  tout  comme  aux 
environs  de  Paris,  les  plus  petites  et  souvent  les  plus  imprécises  sinuosités 
de   la  vulgaire  courbe  de  niveau. 


igOI  DE   LA  CARTE   DU   SUD-OUEST   DES   ALPES-MARITIBfSS  449 

grande  de  mes  recherches,  avoir,  comme  au  temps  de  mes  pre- 
mières monographies,  suivi  pas  à  pas  des  contours  complets  avant 
de  les  arrêter  sur  le  papier.  Mais  si,  après  m'être  transporté  succes- 
sivement dans  chaque  centre  à  peu  près  habitable  de  ma  région, 
tout  le  temps  nécessaire  pour  parcourir  autant  de  fois  qu  il  fallait 
chacun  des  sentiers  du  cadastre,  et  tous  les  points  douteux  en 
dehors  ;  après  avoir  repéré  à  quelques  mètres  près,  sur  les  plans 
d'assemblage  de  chaque  commune,  complétés  eux-mêmes,  au 
besoin,  de  toutes  les  indications  utiles  des  plans  parcellaires  au 
i/â.5oo  ou  i/i.a5o,  chaque  affleurement,  chaque  pendage,  chaque 
accident,  fixé  par  Técrit,  le  dessin,  la  photographie,  les  moindres 
particularités  ;  lorsque  je  m'essaie,  presque  toujours  en  face  du 
terrain  lui-même,  à  relier  en  contours  définitifs  tous  les  points  de 
recoupement  notés  sur  la  trame  serrée  du  réseau  des  chemins 
cadastraux,  autrement  exacte  que  celle  des  routes  de  TEtat-major  ; 
si,  alors,  il  reste,  par  extraordinaire,  un  tant  soit  peu  deJeUy  n'est^îe 
pas  à  bon  droit  que  je  prends  pour  guide  sur  le  papier,  où  il  a  été 
toujours,  le  premier,  fixé  avec  certitude,  cet  axe  synclinal  qui 
ma  servi  de  guide  sur  le  terraii\,  où  il  a  été  toujours,  le  premier, 
l'objet  de  mes  recherches  ? 

Et  s'il  m'est  arrivé  parfois,  après  avoir  rigoureusement  tracé  les 
parties  connues  de  cet  axe,  de  me  servir  d'une  hypothétique  prolon- 
gation de  ce  vrai  fil  d'Ariane  pour  prévoir,  d'un  simple  petit  coup 
de  crayon,  des  faits  qu'ensuite,  à  travers  les  plus  grands  obstacles 
matériels,  je  trouvais  sans  cesse  et  conmie  mathématiquement 
conformes  à  la  prévision  établie,  devinant  presque  à  coup  sûr,  de 
très  loin,  l'existence  et  jusqu'à  la  position  de  certains  lambeaux  de 
terrains  récents  posés  comme  jalons  synclinaux  au  milieu  des  plus 
anciens,  sans  qu'aucun  gros  accident  orographique  n'attirât  l'œil 
sur  eux,  ne  suis-je  pas  en  droit  de  voir  là  la  consécration  la  meil- 
leure d'une  méthode  de  travail  qui,  sortie  directement  de  l'obser- 
vation des  faits,  arrive  à  en  prévoir  d'autres,  par  un  contrôle 
perpétuel  et  presque  infaillible  d'elle-même  ? 

Et  si,  après  avoir  constaté  cent  fois,  dans  les  ravins  les  plus 
profonds,  sur  les  sommets  les  plus  ardus,  comment  toujours  et 
partout  l'accident  orographique,  sous  la  dépendance  immédiate  de 
l'accident  géologique,  n'a  sur  la  figuration  de  celui-ci  en  plan  qu'une 
influence  ou  presque  nulle  ou  franchement  exagérante,  suivant 
qu'il  est  ou  perpendiculaire,  ou  longitudinal,  j'ai  laissé  à  certaines 
de  mes  courbes  cette  sorte  de  rigidité  qui  traverse  imperturbable 
les  ondulations  des  courbes  de  niveau  ordinaires,  me  reprochera- 
t-on  d'avoir  peut-être  exagéré  par  places  un  fait  réellement  observé 

9  Janvier  190a.  —  T.  i»»'.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  119 


45<>  A.    GUÊBHARl).    —   SUR   LE   GRAPHISME  4  Nov/ 

en  maintes  autres,  et  de  ne  m'étre  point  livré  à  cette  facile  simu- 
lation (Inexactitude  qui,  venue  des  pays  à  stratification  presque 
horizontale,  se  contente  de  modeler  simplement  sur  les  lignes 
d* altitude  les  bandes  d*afOeurements  ? 

Et  si,  enfin,  depuis  l'époque  où,  partant  de  la  «  table  rase  »  de 
Descartes,  je  m'exerçais  timidement  à  épeler  Talphabet  de  la 
géologie  locale,  j'ai  vu  toujours  revenir  sous  mes  yeux,  comme  des 
car&ctères  élémentaires,  certaines  formes  spéciales  de  contours, 
correspondant  à  certaines  formes  déterminées  d'accidents,  me 
tiendra-t-on  rigueur  de  les  avoir  exceptionnellement  appliquées, 
plutôt  que  la  fantaisie  pure,  à  tel  cas  demeuré  douteux  ?  N'est-ce 
pas  ainsi  que  sont  obligés  de  faire  les  déchiffreurs  de  langues 
inconnues,  lorsqu'après  s'être  rendus  maîtres  de  quelques  lettres 
radicales  du  mot,  s'ils  ne  peuvent  deviner  les  autres,  ils  les 
interpolent  d'après  les  connaissances  préalablement  acquises  ? 

En  vérité  le  cas  n'a  pas  été  fréquent,  et  ce  n'est  point  me  vanter, 
après  le  temps  que  j'y  ai  mis,  que  de  dire  qu'en  possession  enfin  à 
peu  près  complète  de  mon  alphabet  tout  entier,  je  n'ai  rien  écrit  que 
je  n'eusse  lu  au  grand  livre  de  Nfiture,  rien  traduit  que  je  n'eusse 
compris.  Certes  je  n'ai  jamais  su  séparer  l'observation  du  raison- 
nement, mais  pas  davantage  celui-ci  de  celle-là.  Des  yeux  pour 
voir,  un  cerveau  pour  comprendre  et  puis  pour  g^der  :  voilà 
définie  la  part  de  «  coefficient  pei^onnel  »  qui  a  pu  entrer  dans 
des  tracés,  dont  beaucoup  sont,  chacun  pourra  s'en  convaincre  sur 
le  terrain,  comme  de  strictes  photographies  de  la  réalité  vue  en 
afileurements  dénudés  sur  le  fianc  aride  de  nos  monts. 

C'est  avant  tout  une  œuvre  de  sincérité  que  j'ai  voulu  faire  :  de 
sincérité  réfléchie,  évidemment,  mais  aucunement  systématique,  et 
toujours  obéissant  aux  faits,  sans  chercher  à  leur  commander.  Et 
je  ne  crains  pas  d'affirmer,  si  large  part  que  j'aime  à  faire  à  Yerrare 
humanwn  est,  que  partout  où  semblei'a  inexact  un  recoupement 
de  contour  et  de  chemin,  ce  sera  presque  toujours  celui-ci  et  non 
celui-là  qui  aura  été  fautivement  tracé  *. 

Si,  après  cela,  je  suis  arrivé  à  réaliser  ce  desideratum  élémentaire, 
si  rarement  rempli  par  les  meilleures  cartes  topographiques,  de 
montrer  en  chaque  point  ce  qui  est,  et  rien  autre,  c'est-à-dire  de  pou- 
voir servir  de  guide  sûr  à  l'excursionniste  ;  si  j'ai  satisfait  l'ambition 

I.  J'ai  eu  la  bonne  fortune  d'avoir  la  primeur,  pour  ma  curie,  du  fond 
topographique  révisé  de  TEtat-Major.  (Iràce  à  cela,  ont  disparu  beaucoup 
de  discordances  :  mais  pas  toutes,  car  certains  tracés  de  routes  sont  encore 
incorrects  (par  exemple  à  Fouest  de  la  célèbre  Colîi  tte  de  Ciors),  et  je  n'ai 
jamais  voulu  fausser  pour  eux  mes  contours  géologiques. 


igOI  DE   LA   CARTE   DU    SUD-OUEST  DES    ALPES-MARITIMES  4^1 

de  fournir  au  penseur,  fftt-ce  sous  une  forme  inclassique,  quelques 
suggestions  de  structure  et  au  géologue  une  image  facilement 
saisissable.  non  pas  de  mes  conceptions  a  priori  transportées  sur 
le  terrain,  mais  de  la  constitution  réelle,  si  pénible  à  déchiilrer, 
d'un  coin  de  la  terre  de  Provence  ;  si  surtout  viennent  hientM,  de 
la  part  des  hautes  compétences,  les  vérifications  appelées  de  tous 
mes  vœux  ;  que  m'importera,  novateur  sans  le  savoir  et  sans  le 
vouloir,  que  le  «  trop- vrai  »  ait  pu,  de  prime  abord,  paraître 
invraisemblable,  et  le  «  pas-encore-Vu  »,  en  attendant  Taccoutu- 
mance,  intriguer  ou  même  choquer  l'œil  ? 


NOTE  SUR  LA  LIMITE  MÉRIDIONALE  DU  NÉOCOMIEN 

DANS    LES   ALPES-MARITIMES 

par  M.  A.  GUËBHARD. 

Lorsque  M.  Collot,  comme  conclusion  de  son  importante 
«  Description  des  terrains  crétacés  dans  une  partie  de  la  Basse  Pro- 
vence »,  résuma  dans  un  graphique  très  intéressant  «  l'extension 
approximative  des  élnges  crétacés  dans  la  Basse  Provence  *  »,  je  fus 
frappé,  pour  ce  qui  concerne  la  limite  du  Néocomien  dans  les 
Alpes-Maritimes,  d'une  singulière  discordance  entre  le  texte  et  la 
planche.  Tandis  que  le  texte  disait  très  justement  que  «  la  limite 
de  la  mer  néocomienne  s'avançait  par. . .  Brovès,  SaintrVallier, 
Caussols,  Vence,  Nice,»  le  dessin  faisait,  à  partir  de  Brovès,  remonter 
le  rivage  néocomien  bien  au  nord  de  la  rive  cénomanienne,  laissant 
fort  au  sud  et  Saint- Vaille r  et  môme  Caussols.  Or,  si  le  Néocomien, 
qui  se  montre  à  Caussols  presque  aussi  puissant  qu'à  Escraguolles, 
quoique  toujours  dépourvu  de  sa  base  valanginienne,  n'est  plus, 
à  Saint- Vallier,  qu'à  l'état  de  lambeaux  de  bordure  très  réduits 
d'épaisseur,  il  n'est  pas  moins  certain  que  l'un  de  ces  lambeaux  se 
montre  au  sud  comme  le  dernier  représentant  du  Crétacé,  vertica- 
lement pincé  entre  le  Jurassique  et  le  poudingue  infra-nummuli- 
tique,  au  quartier  d'Arboin. 

C'est  donc  le  texte  de  M.  Collot  qui  avait  raison  et  je  crois 
répondre  au  très  honorable  scioipule  qu'a  toujom'S  mis  cet  auteur 
à  rectifier  lui-même  ses  tracés  au  fur  et  à  mesure  des  documenlii- 
tions  nouvelles,  en  apportant  ici  la  contribution  de  mes  observa- 
tions personnelles  dans  la  région. 

I.  B.  S.  G.  I .,  (3),  XVm,  p.  49,  1889,  et  (3),  XIX,  p.  39.  1890. 


45a  A.    OUEBHARD.    —  SUR  LA   LIMITE  MÉRIDIONALB         4  NoT. 

Si  Ton  s'avance  à  Test,  il  est  parfaitement  certain,  comme  le 
faisait  remarquer  M.  Potier  à  Texcursion  de  Yence  de  la  Réunion 
extraordinaire  de  1877  *  qu'on  peut  voir,  à  Vence,  sur  de  grandes 
étendues,  le  Cénomanien  directement  superposé  aux  calcaires 
blancs  du  Jurassique  supérieur.  Sans  aller  si  loin,  la  même  chose  est 
constatable  à  Test  du  village  de  Tourrettes-sur-Loup  (qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  le  Tourrette-Levens  de  l'autre  côté  du  Var,  au 
nord  de  Nice).  Mais,  à  quelque  cinq  cent  mètres  au-delà,  au 
bord  même  de  la  grande  route,  avant  d'arriver  aux  sablières 
de  roche  éruptive  que  recouvre  nettement  le  poudingue  de  base 
de  la  Mollasse  -,  on  peut  voir  la  coupe  d'une  petite  voûte  néoco- 
mienne  parfaitement  caractérisée,  avec  son  double  faciès  barré- 
mien  glauGonieux  et  hauterivien  oolithique  ferrugineux. 

De  même,  sur  l'autre  bordure  crétacée  du  synclinal  nummulitiqae 
nord-sud  qui  descend  à  l'est  de  Vence,  j'ai  récolté,  au  fond  du  Val 
Estrèche,  à  la  limite  des  communes  de  SaintrJeannet  et  La  Gaude, 
dans  un  lambeau  mis  à  jour  par  l'érosion  du  vallon  et  ancien- 
nement sigpaalé  par  M.  H.  Ambayrac,  de  nombreux  fossiles 
barrèmiens  et  hauteri viens,  que  M.  W.  Kilian,  avec  son  obli- 
geance accoutumée,  a  bien  voulu  déterminer,  et  trouvés  des  plus 
intéressants  par  leur  ressemblance  avec  la  faune  d'Eze,  —  et,  ajou- 
terai-je,  avec  celle  de  Gairaut,  près  Nice.  Encore  plus  au  sud,  un 
autre  lambeau  situé  sur  le  vieux  chemin  de  Vence  à  La  Gaude,  juste 
à  la  limite  des  deux  communes,  m'a  donné  encore  des  fossiles 
barrèmiens  bien  caractérisés. 

n  est  vrai  que  pour  les  multiples  lambeaux  crétacés,  les 
derniers  au  sud,  qui  garnissent  les  estuaires  synclinaux  du 
bassin  pliocène  de  La  Colle,  mes  notes  ne  mentionnent  que  le 
Cénomanien  seul,  de  sorte  que  j'ai  eu  peut-être  tort,  trompé  par 
mes  souvenirs,  qui,  presque  partout,  comme  dans  le  percement 
du  grand  tunnel  de  Saint- Jeanne t,  me  montraient  le  Gault  et 
le  Néocomien  présents  sinon  visibles  sous  le  Cénomanien,  de 
marquer  ces  lambeaux,  sur  ma  carte,  c,^.,  au  lieu  de  c*"*.  Mais  il  ne 
résulte  pas  moins  de  toutes  ces  constatations  que,  d'une  manière 
générale,  depuis  Brovès,  où  se  rencontrent,  d'après  M.  Collot,  les 
deux  lignes  de  rivage  du  Néocomien  et  du  Cénomanien,  jusqu'aux 
environs  de  Nice,  où  M.  de  Riaz  a  fait  dernièrement,  d'une  manière 

I.  B.  S.  G,  F.,  (3),  V.  p.  735. 

a.  S'agit-il  d'une  autre  roche  que  celle  des  lubradorites  de  Biot  ?  Je  ne  sais 
encore.  Mais,  en  tout  cas,  ce  ne  peut  être  qu'une  autre  éruption,  puisque 
les  déterminations  de  fossiles  dues  à  M.  Depéret,  ont  établi  Tâge  au  plus 
pontien  de  l'immense  nappe  de  biot. 


igOl  DU  NâoCOMIEN   DANS   LES   ALPES-MARITIMES  4^3 

très  détaillée,  le  relevé  de  tous  les  affleurements  connus  *,  ces 
deux  lignes  ont  dû  toujours  sensiblement  se  confondre,  et  que 
c'est  précisément  à  la  persistance  de  ce  rivage,  et  aux  érosions 
consécutives,  bien  plutôt  qu'à  une  transgression,  qu'a  été  due  la 
disparition  locale  des  roches. côtières  néocomiennes,  simplement 
rejetées  ailleurs,  avec  le  Gault,  à  cause  de  leur  nature  argileuse  et 
lubréfiante,  au  fond  des  grands  plis  ultérieurs. 

Tout  au  plus,  faudrait-il,  peut-être,  faire  faire  à  la  ligne  de 
M.  Gollot  une  légère  pointe  au  nord,  en  forme  d'accolade,  vers  le 
centre,  tectoniquement  si  remarquable,  du  Saut-du-Loup,  où  le' 
Néocomien,  qui,  pourtant,  jalonne  de  petits  lambeaux  synclinaux 
tout  le  haut  plateau  de  Sainl^Barnabé,  au  sud  de  Coursegoules,  n'est 
pas  très  sûrement  constatable  auprès  de  Gourdon,  et  plus  du  tout  en 
dessous  de  Gourmes,  où  se  voient  bien  le  Gault  et  le  Génoraa- 
nien.  Mais  cela  ne  serait  point  fait  pour  modifier  un  tracé  au 
i/âoo.ooOy  qui  reste,  somme  tonte,  parfaitement  exact  ^. 


SUR  l'existence  du 

HJTÉTIEN   SUPÉUIEUR  (CALCAIRE  GROSSIER   SUPÉRIEUR) 
DANS    LA    VALLÉE    DE    LA    SEINE 

ENTRE  VILLBNAUXE  ET  MONTERRAU 
ET   A   VILLIERS-SAINT-GEORGES,    AU   NORD   DE    PROVINS 

par  M.  H.  THOMAS 

J'ai  signalé  l'an  dernier  (5.  S.  G.  F.,  [3],  XXVIII,  p.  76)  l'existence 
du  Lu  té  tien  supérieur  en  divers  points  de  la  feuille  de  Provins  où 
il  n'avait  pas  encore  été  cité,  notamment  à  Gormeaux  et  à  Nesles- 
la-Reposte. 

A  cette  époque,  je  n'avais  pas  étudié  complètement  les  environs 
de  Villiers-Saint-Georges  ;  depuis  lors  j'ai  rapporté  du  fond  de  la 

1.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVn,  411^  1899  et  XXVIII,  764,  1900. 

2.  Preuve,  avec  bien  d'autres,  de  la  justesse  de  Tobservation  de  M.  CoUot, 
sur  «  l'unité  du  golfe  crétacé  de  la  Basse-Provence  »,  qui,  jusqu'à  la  (in  du 
Cénonianien,  aurait  continué,  à  travers  les  changements  de  nature  des  eaux 
et  de  leurs  habitants,  à  déposer  ses  sédiments  parallèlement  les  uns  aux 
autres  et  à  étendre  ainsi,  au  delà  même  du  Jurassique,  cette  structure  feuil- 
letée que  mettent  en  relief  les  formes  particulières  des  contours  de  ma  carte 
du  S.-O.  des  Alpes-Maritimes. 


454        LUTÉTIEN    SUPÉRIEUR   DANS    LA   VALLKE   DR    LA   SEINE       4  ^O^- 

tranchée,  qui  précède  au  sud  la  vallée  de  TAubetin,  sur  la  ligne 
ferrée  en  construction,  des  calcaires  très  durs  contenant  empâtés 
dans  la  roche ^  des  fossiles  que  M.  Munier-Chalmas  a  bien  voulu 
examiner  et  dans  lesquels  il  a  reconnu  :  Planorbis  Chertieri  Desh. 
et  une  Paludine  voisine  de  celle  du  calcaire  de  Longpont. 

Récemment,  je  suis  retourné  à  Villiers-Saint-Georges,  dans  la 
même  tranchée  et  j'y  ai  recueilli  des  échantillons  contenant  avec 
Planorbis  Chertieri,  Limnea  Berçillei  Desh.  et  Paludina  inter- 
média  Desh.,  appartenant  tous  trois  au  niveau  du  Calcaii*e  grossier 
supérieur. 

Dans  la  même  note,  j'indiquais  également  que,  sur  la  pente  de 
la  gi'ande  falaise  qui  borde  In  vallée  de  la  Seine  en  aval  de 
Villenauxe,  il  existait  à  Blunay  et  à  Salins,  au  dessus  de  TargiJe 
sparnacienne,  des  calcaires  tantôt  marneux,  tantôt  gi^enus,  tantôt 
à  grain  fin  et  d'aspect  lithographi(|ue,  que  leur  allure  me  faisait 
rattacher  au  Lutétien,  bien  que  je  n'y  eusse  encore  trouvé  aucun 
fossile. 

Les  explorations  que  j'ai  faites  cette  année,  tant  pour  achever 
la  carte  de  Provins  que  pour  commencer  celle  de  Sens,  m'ont 
fourni  la  preuve  (juc  cette  assimilation  était  exacte. 

En  effet,  à  Courbeton,  près  de  Montereau,  j'ai  recueilli  dans  ces 
calcaires  des  échantillons  contenant,  très  reconnaissables  dans  les 
empreintes  ou  dans  des  moulages,  de  nombreux  échantillons  de 
Potamides  tristriatus  Lmk.,  appartenant  au  Lutétien.  Plus  loin,  en 
aval,  près  de  la  station  de  la  Grande-Paroisse,  M.  Lioret,  de  Monte- 
reau, m'a  signalé  dans  une  carrière  abandonnée,  des  calcaires  repo- 
sant directement  sur  l'argile  rose  du  Sparnacièn  et  qui  contiennent 
Limnea  Berçillei  Desh.  et  Planorbis  pseudo-ammonius  Schloth., 
que  j'avais  déjà  signalés  à  Saint-Brice  dans  le  Lutétien  supérieur 
de  la  vallée  de  la  Voulzic  (Bull,  carte  géol.,  n*»  80,  p.  17). 

Les  fossiles  de  Courbeton  et  ceux  de  la  Grande-Paroisse  confir- 
ment ainsi  nettement  l'existence  du  Lutétien  supérieur  dans  la 
vallée  de  TAubetin  et  dans  la  vallée  de  la  haute  Seine. 

GrAce  au  concours  empressé  de  M.  Laville,  j'ai  pu  déterminer 
mes  fossiles  en  les  comparant  à  ceux  de  la  collection  du  regretté 
D**  Bezançon,  mise  très  obligeamment  à  ma  disposition  par 
M.  Douvillé. 


UN  CRANE  DE  BŒUF  MUSQUÉ,  DES  EYZIES  (DORDOGNE) 
par  M.  Edouard  HARLË. 


En   examinant   dernièrement  un   grand    nombre  d'ossements 
recueillis  par  M.  Galou,  dans  diverses  grottes  de  la  Gorge  d'Ëni'er, 


[  Eyzies  (Dordogne),  j'y  ai  reconnu 
Bœuf  musqué  Les 
restes  de  Bœuf 
musqué  sont  par 
tout  considéré': 
comme  raies  et 
en  France  comme 
extrémemeat  ra 
res.  Il  ma  donc 
paru  inteiessant 
de  signalci  cette 
nouvelle  pièce 
qui  fait  mainte 
naDt  partie  dt  m-\ 
collection  * 

Cette  portion 
de  crâne  com 
prend  une  partie 
des  frontaux  avec 
l'amorce  de  lun 
des  orbites  une 
partie  des  cornes; 
les  pariétaux  inti- 
mement soudés 
ensemble  ;  l'occi- 
pital, y  compris 
le  basi -occipital  ; 
une  grande  partie  ^'"^  P"^*^  ''•'  '  " 
des  temporaux, 
avec  la  portion  mastoïdienne  et  le 


i  portion  de  crAne  de 


CrAne  du  Ureuf  musqué    di».  Kyiirs  (Uordogne). 
ue  prise  dr  t  arritn  sutMinl  uni^  dirertiiin  à  15*avrc 
le  dessus  du  LrAuL  et  n^ec  1  occipiil.  —  Echelle  1/3. 

her   une  partie  du  sphénoïde. 


I.  J'avais,  pour  l'Otudier,  les  dessins  descriptions  on  cotes  d'u 
de  crAses  de  Bcruf  iniisiiué,  actuels  ou  Tossilts  En  outre,  j'ai  examiné  de 
près,  ces  jonrs-ci.  cioq  erânes  de  Bttal  musqué  tons  actuels,  dont  deux  à 
Munich,  Krâie  â  M,  5i.-liluBSur,  et  trois  a  Bule   grâce  u  M.  Stelilin 


456  É.    HARLK  4  NOY. 

Lorsqu'elle  a  été  découverte,  les  cornes  étaient  bien  plus  complètes. 
Mais  M.  Galou  ayant  voulu  procéder  à  un  nettoyage  parfait,  a 
employé,  sans  précaution,  une  brosse  dure  et  a  enlevé  ainsi,  avec 
l'argile,  la  plus  grande  partie  des  cornes,  bien  moins  solides  que 
le  reste. 

Ce  qui  subsiste  encore  des  cornes  est  formé  de  tissu  spongieux,  sauf 
une  grande  cavité  à  la  base  de  chacune.  Les  comcs  sont  implantées 
non  seulement  sur  les  frontaux,  mais  aussi  sur  les  pariétaux,  caractère 
qui,  d'après  Boyd  Dawkins  ^  n'existe  chez  d'autres  ruminants  cavi- 
cornes que  la  Girafe,  le  Gnu  mâle  et  le  Bœuf  musqué  m&le  adulte. 

Le  dessus  du  crâne  est  ))lat,  sauf,  dans  l'axe,  un  creux  dans  Tos 
unique  résultant  de  la  soudure  des  pariétaux,  tout  près  de  la  suture  de 
cet  os  avec  l'occipital.  Son  épaisseur  est  considérable.  Les  bases  des 
cornes  étaient  séparées  par  un  intervalle  étroit  et  long,  que  Ton  recon- 
naît bien  malgré  les  avaries  causées  par  le  brossage  énergique  de 
M.  Galou.  Les  orbites  étaient  en  saillie  forte  et  brusque. 

L'occiput,  à  angle  droit  avec  le  dessus  du  crâne,  est  très  haut  et 
presque  carré.  L'occipital  déborde  légèrement  et  uniformément  sur  le 
dessus  du  crâne  et  sa  partie  supérieure  présente,  vers  l'arrière,  un  fort 
renflement  qui  descend  en  angle  suivant  l'axe.  Les  condyles  occipitaux 
sont  presque  dans  le  plan  de  l'occiput,  et,  au  total,  Tocciput  est  plat. 

Le  basi-occipital  a  ses  côtés  parallèles,  et  répond  en  cela  et  pour  le 
reste  à  la  description  donnée  par  Boyd  Dawkins  -. 

Voici,  en  centimètres,  quelques-unes  des  dimensions  de  ce  crâne  : 

Largeur  du  front  à  l'origine  de  la  saillie  des  orbites,  ou  plu- 
tôt :  double  de  sa  moitié  de  gauche,  seule  bien  conservée  .  ia,5 

Distance  de  cette  ligne  au  plan  de  l'occiput ia,5 

Plus  faible  épaisseur  du  crâne  dans  l'intervalle  de  la  base 

des  cornes 2,5 

Moindre  largeur  de  l'intervalle  entre  la  base  des  cornes.  .   .  a 

Longueur  occupée  par  une  corne  sur  le  bord  du  crâne  .   .   .  9,5 
Largeur  de  l'pcciput  (occipital  et  temporal)  ou  plutôt  :  le 

double  de  sa  moitié  de  gauche,  seule  en  parfait  état.  ...  i5 

Hauteur  de  l'occiput  mesurée  depuis  le  haut  du  trou  occipital .  8,5 

—                —                  —             le  dessous  des  condyles .  11, 5 

L'angle  du  plan  de  l'occiput  avec  celui  du  dessus  du  crâne  est  de 
io5  degrés. 

Les  sutures  sont  généralement  très  marquées,  ce  qui  montre  que 
l'âge  du  sujet  n'était  pas  avancé. 

La  comparaison  des  dimensions  de  ce  crâne  avec  celles,  très 
variables,  d'autres  crânes  de  Bœuf  musqué,  montre  que  Tindividu 

1.  Boyd  Dawkins.  The  British  pleistoccne  Mammalia,  Part  V,  Ovibos 
moschatus,  1872,  p.  6. 

2.  Boyd  Dawkins.  L.  c,  p.  5. 


UN   CRANE   DE   BŒUF   MUSQUÉ   DES  ETZIBS  4^7 

dont  il  provient  était  de  taille  moyenne,  plutôt  même  petite  ;  mais 
il  n*avait  pas  encore  atteint  son  complet  développement. 

J'ai  acquis  aussi  de  M.  Galou,  Textrémité  iilférieure  d'un  méta- 
carpien et  celle  d'un  métatarsien,  ayant  respectivement  67  et  63 
millimètres  de  largeur.  Les  dimensions  de  ces  os,  leur  ressem- 
blance avec  ceux  de  Mouton  et  leurs  autres  caractères,  m'ont 
convaincu  qu'ils  sont  aussi  de  Bœuf  musqué  K 

M.  Gaiou  m'a  dit  avoir  trouvé  ce  crâne  et  ces  os  dans  une  petite 
grotte  qui  est  située  à  55  m.  en  aval  de  Taxe  de  la  grande  grotte  de 
la  Gorge  d'Enfer,  sous  le  chemin,  et  à  95  m.  du  débouché  du 
wallon.  En  examinant  des  terres  que  M.  Galou  m'a  dit  avoir 
extraites  de  cette  petite  grotte,  j'y  ai  trouvé,  en  abondance,  des 
vestes  de  Renne  et  des  silex  dont  la  plupart  sont  de  type  magda- 
lénien, mais  dont  quelques-uns  se  rapprochent  des  racloirs 
:xnoustériens. 

L#es  seules  pièces  de  Bœuf  musqué   que  l'on    avait  trouvées 
jusqu'ici,  dans  le  sud-ouest  de  la  France,  sont   quelques  os  des 
^yattes  signalés  par  I^artet  et  qui  provenaient  de  l'une  des  petites 
rottes  du  même  vallon,  avec  des  restes  de  Ursus  spelœus,  Felis 
'pelwa,   Canis  lupus,  Canis  vulpes,  Cerpus  taranduSy  Bos  sp., 
^apra  ibex  et  des  silex  de  type  magdalénien  et  peut-être  aussi  de 
ype  moustérien  -.  Je  ne  sais  si  cette  petite  grotte  est  la  même  «jue 
elle  explorée  par  M.  Galou. 
On  n'a  pas  trouvé,  dans  le  sud-ouest  de   la  France,  d'autres 
^Dssements  de  Bœuf  musqué.  Il  est  vrai  qu'on  a  cru  reconnaître  ce 
^Kniminant  dans    deux    gravures    préhistoriques    magdaléniennes 
^K^ecueillics  dans  des  grottes  de  cette  même  région  :  Tune  de  ces 
gravures 'provient  de  la  grotte  de  Marsoulas  (Haute-Garonne)  et 
^  été  publiée   dans  Matériaux,  i885,  ]).  348,  fig.  loi  ;   l'autre  a 
^té  découverte  dans   la    grotte   de  Raymonden   (Dordogne)  par 
^.  Hardy,  qui  l'a  figurée  dans  sa  brochure  La    station  quater- 
naire de  Raymonderij  1891,  pi.  III.  Mais  les  cornes  de  l'animal 
i^présenté  par  ces  gravures  sont  étroites  à  la   hase,  elles  sont 
implantées  bien  en  dedans  de  la  limite  du  profil  de  la  tète,  elles 
se  dirigent  entièrement  de  bas    en   haut.   Au  contraire,  chez  le 

I.  Lps  caractères  du  métacarpien  et  du  métatarsien  de  Bœuf  musqué  sont 
donnés  par  Boyd  Dawkins  (l,  c,  p.  8  et  9)  et  par  Tsghf.hski  (  Wisscnschaft- 
liche  Reaultatc  Janalandea  Expédition,  IV,  i8()ii,  p.  164.  179  et  i83,  et  pi.  IV, 
dans  Mém,  Acad.  St-Pétershoiirg,  t.  XL).  Je  possède  aussi  des  dessins  de  ces 
os  que  j'ai  fait  faire,  il  y  a  longtemps.  [)our  me  documenter,  d'après  un  sujet 
actuel  appartenant  à  la  K.  Landwirlhscliaflliche  Hochschule  de  Berlin. 

a.  Lartbt.  B,  s  g.  F.,  3  avril  i865  ;  domptes  Hendus  Acad.  des  5c., 
ai  août  i865;  ReUgnite  aqui^anicœy  p.  i8a  et  a8i. 


458       É.  HARLé.  —  UN  CRANE  DE  BŒUF  MUSQUÉ  DES  EYZIBS       4  NoV. 

Bœuf  musqué,  les  cornes  sont  très  larges  à  la  base,  elles  sont 
implantées  à  la  limite  même  du  profil  de  la  tête  et  se  dirigent  de 
haut  en  bas,  sauf  la'  pointe  extrême.  Ces  gravures  font  ressortir 
encore  d*autres  différences  avec  le  Bœuf  musqué.  Je  suis  persuadé 
que  leurs  auteurs  n'avaient  nullement  Fintention  de  figurer  le 
Bœuf  musqué,  mais  le  Bison,  animal  alors  très  commun  dans  le 
sud-ouest  de  la  France. 

M.  Nehring  a  prouvé,  il  y  a  déjà  longtemps,  pour  TAllemagne 
et  les  régions  voisines,  ([ue  Textrême  fin  du  Quaternaire  a  été 
marquée  par  la  prédominance  d'une  faune  de  forêts,  que  cette  faune 
a  été  précédée  par  celle  qui  vit  actuellement  dans  les  steppes  de 
la  Russie  d'Europe  et  d'Asie,  enfin  que  la  faune  de  steppes  a  été 
précédée  elle-même  par  celle  qui  vit  maintenant  dans  les  régions 
très  froides  de  l'extrême  nord  de  l'Asie  et  de  l'Amérique.  JTai 
signalé,  bien  des  fois,  dans  le  sud-ouest  de  la  Finance,  la  faune  de 
forêts  et  la  faune  de  steppes.  Mais  la  faune  des  régions  très  froides 
s'y  trouve-t-elle  aussi  ?  M.  Nehring  a  détaillé  la  faune  actuelle  des 
régions  très  froides  et  celle  des  steppes  *.  Leur  comparaison 
montre  que  les  Mammifères  qui  vivent  dans  ces  régions  très  froides 
et  non  dans  les  steppes,  sont  les  suivants  :  i*>  et  a*»  deux  espèces  de 
Lemniings  ;  3"  le  Renard  polaire;  4°  le  Bœuf  musqué.  Or,  dans  le 
sud-ouest  de  la  France,  aucun  reste  de  Lemming  n'a  jamais  été 
découvert;  des  rc-^tes  de  Renard  polaire  n'ont  été  signalés,  en  très 
petit  nombre  d'ailleurs,  cpie  dans  deux  gisements  -;  des  restes  de 
Bœuf  musqué,  fort  rares,  dans  un  ou  deux  seulement.  Il  est  donc 
probable  que  le  sud-ouest  de  la  France  n'a  pas  subi  le  climat  de 
froid  extrême  et  qu'il  a  seulement  reçu,  d'une  manière  exception- 
nelle, la  visite  de  quelques-uns  de  ses  repi'ésentants.  Si  d'ailleurs, 
comme  on  l'admet,  le  Renne  n'a  pas  été  au  sud  des  Pyrénées,  il  est 
naturel  que  les  Lemmîngs.  le  Renard  polaire  et  le  Bœuf  musqué 
se  soient  tenus,  en  général,  assez  loin  en  deçà. 

I.  Nkhbing.  Tundron  vr^i  Ste/tpen,  1890,  p.  20-Ji  el  p.  67-69 
a.    Dans  la  grotte  de   Raymondcn  (Dordogno)  :  Gaudry.  C.  R    Ar    Sr., 
95   août  189'j.  (Pièces  découvertes  par  MM.  Haidycl   Kéaiix).  Et  dans  une 
crevasse,  aux  Champs-Gaillards,  près  Châteauneursur-Cliarenle  (Cliarenle): 
BouLK  et  CîiAUVKT    C .  R.  Ac  Se  8  mai  1899 


PREMIÈRE  NOTE  SUR  LES  ORBITOIDES 

par  M.  Ch.  SCHLUMBERGER 

(Plangubs  VU-IX) 

Dans  son  intéressant  travail  sur  «  TAjçe  des  couches  traversées 
par  le  canal  de  Panama  »  *  notre  confrère  M.  Dou ville  a  eu  l'occa- 
sion de  s'occuper  des  Orbiloïdes  qui  se  rencontrent  en  grande  abon- 
dance dans  certaines  tranchées  du  canal.  A  ce  propos  il  a  consacré 
on  chapitre  k  Thistorique  de  ce  genre  et  à  la  distribution  des 
espèces  dans  les  dillereuts  terrains.  Adoptant  les  noms  proposés 
antérieurement  par  Gûmbcl  et  par  M.  Mnnier-Chalmas  Fauteur  con- 
clut que  les  Orbitoïdes  vrais  caractérisent  le  terrain  crétacé,  les 
Orthophragmina  M.-Ch.,  à  loges  rectangulaires  TEocène  et  les 
Lepîdocyclina  Gûmb.,  à  loges  médianes  arrondies  ou  hexagonales 
l'Oligocène.  Du  reste  le  savant  géologue  hollandais  Yerbeek  en 
étudiant  les  nombreux  Orbitoïdes  qu'il  a  découverts  à  Java  était 
déjà  arrivé  antérieurement  à  des  conchisions  analogues.  Dans  scm 
ti*avaii  de  1891  -  et  dans  son  grand  ouvrage  sur  Java^  il  indiquait 
que  les  Diacocyclina  (Orthophragmina)  caractérisent  le  Tertiaire 
ancien  (qu'il  divise  provisoirement  en  Éocènc  et  Oligocène)  et  que 
les  Lepidocyclina  appartiennent  au  Miocène. 

Ces  constatations,  si  elles  se  confirment,  comme  il  semble,  dans 
différentes  régions,  ont  une  grande  inipoilancc  stratigraphique 
mais  elles  dépendent  d'une  question  importante  :  la  connaissance 
exacte  des  espèces  chez  les  Orbitoïdes  que  l'on  rencontre.  Or  il 
est  incontestable  qu'à  ce  point  de  vue  il  règne  encore  une  certaine 
incertitude  et  que  l'on  trouve  dans  les  ouvrages  classiques,  comme 
celui  de  Gûmbel,  des  erreurs  regrettables. 

Les  anciens  auteurs  n'ont,  en  général,  laissé  que  de  trop  courtes 
descriptions  des  espèces  et  ceux  qui  les  ont  accompagnées  de 
figures  n'avaient  pas  à  leur  disposition  les  moyens  précis  que  nous 
procurent  actuellement  la  photographie  et  la  phototypie. 

Je  crois  donc  qu'il  est  utile  d'entreprendre  une  révision  de  nos 
Orbitoïdes  et  c'est  dans  ce  but  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la 
Société  une  première  note  sur  les  Orbitoïdes  de  la  Craie. 

I.  B.  S.  G.  F.,  (3).  XXVI,  1898. 

a.  yatunv.  Tjrdachri/l  9.  Nederland  Indie,  1891.  p.  101-108. 

3.  Uescri^t.  geolog,  de  Java  et  Madura,  par  Verbeek-Fennema,  1890 


46o  CH.    SGHLUMBERGEK  4  NoV. 

Mais  avant  d'aborder  mon  sujet  je  tiens  à  exprimer  mes  remercie- 
ments à  mon  ami,  M.  Douvillé,  qui  a  mis  à  ma  disposition  les  collec- 
tions de  rÉcole  des  Mines  et  les  recherches  bibliographiques  qu*i- 
avait  rassemblées;  à  notre  confrère  M.  Bigot,  professeur  de  géologie 
à  rUniversité  de  Gaen,  qui  m'a  communiqué  les  Orbitoîdes  de 
la  collection  Defrance  déposée  au  Musée  de  Gaen  ;  à  M.  le  D*"  A. 
Koch,  professeur  à  l'Université  de  Budapest,  qui,  sur  la  recom- 
mandation de  M.  Zittel,  m'a  gracieusement  envoyé  une  nombreuse 
série  de  Foraminifères  du  terrain  éocène  supérieur  de  Klausenburg 
en  Transylvanie. 

Defrance  a  consacré  en  i8a3  un  article  du  «  Dictionnaire  des 
Sciences  naturelles  »  au  genre  «Licophre  ».  Il  a  emprunté  ce  genre 
à  Denis  de  Mon^fort  *  tout  en  constatant  que  figure  et  description 
de  cet  auteur  sont  à  peu  près  méconnaissables.  Néanmoins  de 
Montfort  ayant  pris  pour  type  de  son  genre  la  figure  publiée  par 
Fichtel  et  MoU  -  sous  le  nom  de  Nautilus  lenticularis,  Defrance 
croit  reconnaître  dans  cette  figure  des  coquilles  crétacées  que  l'on 
trouve  à  Maestricht,  à  Mirambeau  (Charente-lnf.)  et  à  Mérignac,  et 
Tespcce  de  Mérignac  lui  parait  identique  à  celle  de  Fichtel  et  Moll. 
Quant  à  celle  que  l'on  renconti'e  à  Maestricht  et  que  Fortis  ^  a 
nommé  «  Discolithe  lentiforme  »  elle  diffère  de  la  précédente  et  de 
celle  de  Transylvanie  par  des  tubercules  de  la  surface  beaucoup 
plus  petits.  EnGn,  Defrance  donne  le  nom  de  Licophris  Faujasi 
à  l'espèce  trouvée  à  Mirambeau. 

Tel  est  le  résumé  de  l'arlicle  du  Dictionnaire  des  Sciences  natu- 
relles qui  n'est  accompagné  d'aucune  figure,  mais  qui  soulève 
deux  questions  importantes  à  élucider  :  quels  sont  les  Orbitoîdes 
de  Klausenburg  (Koloswar  en  Transylvanie)  qui  ont  servi  aux 
descriptions  et  aux  figures  de  Fichtel  et  Moll,  et  quels  sont  les 
Orbitoîdes  que. Defrance  avait  à  sa  disposition. 

La  réponse àla  première  question  m'a  été  fournie  par  M.  A.  Koch, 
qui  a  résidé  de  longues  années  à  Klausenburg  et  qui  en  connaît 
admirablement  les  terrains.  Dans  l'abondante  provision  de  sables 
lavés  de  l'Eocène  supérieur  qu'il  m'a  envoyée,  il  n'y  avait  pas  trace 
d'Orbitoïdes  mais  une  quantité  considérable  de  Nummulites  plus  ou 
moins  bien  conservées.  Dans  la  lettre  accompagnant  son  envoi, 
M.  Koch  énumère  sept  espèces  de  Nummulites  des  marnes  à  Bryol 
zouires.   et  ajoute  qu'il  a  trouvé  de  rares  Orbitoîdes  (O.  tenella 

I    Dknis  dk  Montfout.  Conchjrl.  systématique,  1802. 
•2    FicHTix  i:t  Moll.  Testacea  microscnpîvaf  pi  VII    lijç.  a,  b. 
3.  Fortis.  Mé/n.  p.  servir  à  VUist.  nat,  et  principalement  à  Vorycto graphie 
de  V Italie^  t.  II.  Paris,  i8oa. 


igOI  PREMIÈRE   NOTE   SUR   LES   ORBITOÎDES  4^1 

Gûmbel,  O.  raricostata  Gûmbel)  dans  ces  mêmes  marnes,  mais  loin 
de  Klausenburg.  Il  est  donc  à  peu  près  certain  que  Fichtel  et  Moll 
dans  leur  travail  si  remarquable  pour  ime  époque  où  Ton  ignorait 
ce  que  c'est  qu'un  Foraminifère,  ont  figuré  à  la  planche  7  sous  le 
nom  de  Nautilas  lenticularis  des  Nummulites  et  ils  ont  soin  de 
dire  p.  56  qu'elles  sont  très  abondantes  à  Klausenburg.  La  simili- 
tude que  les  auteurs  ont  cru  constater  entre  ces  figures  et  certains 
Orbitoïdes  tombe  à  néant. 

Quant  à  la  seconde  question  il  a  sufli  pour  la  résoudre  de 
s'adresser  à  l'obligeance  de  M.  Bigot.  Il  m'a  communiqué  tous  les 
Orbitoïdes  de  la  collection  Defrance. 

Cette  petite  série  se  compose  de  cinq  tubes  de  verre  avec  les  échan- 
tillons collés  sur  papier  bleu  et  étiquetés  par  Defrance  lui-même. 

L'un  de  ces  tubes  contient  cinq  individus  assez  petits  avec  la 
mention  «  Licophre  lentille,  Licophris  lenticularis  (Montfort)  de 
Mérignac  ».  C'est  incontestablement  *  l'espèce  décrite  par  Gûmbel  ^ 
sous  le  nom  d'O.  burdigalensis  et  que  j'ai  reporté  après  examen 
dans  le  genre  Mjyogj'psina  ^, 

Trois  autres  tubes  renferment  vingt  *  échantillons  d'une  seule 
et  même  espèce  étiquetés  :  «  Licophre  de  Faujas  (Defr.)  Licophris 
Paujasi  Mirambeau  ».  Cette  espèce  n'est  autre  que  celle  que  l'on 
recueille  si  abondamment  dans  la  Craie  blanche  à  Royan,  ainsi 
que  je  le  montrerai  plus  loin  et  connue  sous  le  nom  de  Orbitoïdes 
média.  Defrance  n'ayant  pas  joint  de  figure  à  sa  détermination 
spécifique,  d'après  les  règles  de  la  nomenclature,  l'espèce  Orbi- 
toïdes Faujasi  tombe  en  désuétude  devant  l'espèce  créée  par 
d'Archiac  et  figurée  par  d'Orbigny. 

Le  cinquième  tube  plus  volumineux  que  les  autres  présente 
deux  lignes  d'individus.  La  supérieure  avec  dix  exemplaires  est 
étiquetée  «  Discolithes  lentiforme  Fortis,  pi.  2,  fig.  n.  o.,  Faujas 
pi.  34,  fîg.  1-4  »  ;  la  seconde  avec  neuf  exemplaires  est  étiquetée  : 
«  Licophre  lentille.  Z.  lenticularis  var.  B  (Defr.)  Maestricht.  »  Les 
dix-neuf  échantillons  de  ce  tube  sont  à  l'exception  d'un  seul,  de  la 
même  espèce.  Dans  son  article  précité,  Defrance  renvoie  le  lecteur 
aux  travaux  de  Fortis  ^  et  de  Faujas  de  Saint-Fond  ^  qui  tous  deux 
ont  donné  des  figures  des  Orbitoïdes  de  Maestricht. 

I.  DouviLLé.  Op.  cit, 

a.  GDmbbl  Beiiràge  zur  Foramini/erenf,  der  Nordalpinen  Eocàngebirge. 
Muoich,  1868.  • 

3.  B    S.  G.  F.,  (3),  XXVni,  p.  327,  lyoo. 

4.  Cinq  (le  ces  individus  déjà  en  partie  usés  m'ont  servi,  avec  l'autorisation 
de  M.  Bigot  à  faire  des  sections  minces,  un  sixième  a  été  photographié. 

5.  P0RTI8.  Mémoire  sur  les  Discolithes,  t.  II,  180a.  Journal  de  Physique  ? 

6.  Faujas  de  Saint-Fond.  Histoire  naturelle  de  la  Montagne  St-Pierre,  1799. 


46a  CH.    SCHLUMBBRGER  4  ^0\. 

Faujas  de  SaintrFond,  professeur  au  Muséum,  a  publié  en  1799 
son  «  Histoire  de  la  Montagne  Saint-Pieri'e  de  Maestincht  »  et  il 
cite  d  après  une  lettre  du  Journal  de  Physique  les  recherches  de 
Fortis  sur  les  Discolithes.  Cette  lettre  dont  je  n*ai  pas  retrouvé  la 
date,  est  naturellement  antérieure  au  «  Mémoire  de  Fortis  (datant 
de  1803)  pour  servir  à  Tliistoirc  naturelle  et  principalement  à 
roryctogi*aphie  de  Fltalie  et  pays  adjacents  ».  Dans  son  Tome  II, 
page  97,  se  trouve  le  «  Mémoire  sur  les  Discolithes  »  avec  figures. 

Fortis  donne  les  diagnoses  très  succinctes  ^  des  deux  espèces 
d'Orbitoïdes  (Discolithes)  que  Ton  rencontre  à  Maestricht.  Uune, 
la  plus  gi*ande  et  la  moins  abondante,  est  cai*actérisée  par  un 
mamelon  central  sur  une  des  faces  alors  que  Tautre  face  en  est 
dépourvue  (fig.  N.  O.)  ;  Tauti'e,  plus  petite  et  plus  abondante,  est 
couverte  extérieurement  de  nombreuses  pix>tubéi*ances  (fig.  n.  o.). 

Faujas  confiime  hi  présence  de  ces  deux  espèces  à  Maestrichjt 
mais  tous  deux  em[)loient  les  termes  lenticulaire  et  lentiforme^ 
simplement  comme  qualificatifs  de  la  forme  extérieure  et  non 
comme  désignation  spécifique,  et  on  a  vu  plus  haut  que  Defrance 
en  étiquetant  sa  collection  a  employé  les  deux  termes  pour  une 
seule  et  même  espèce. 

Il  y  a  donc  lieu  de  les  désigner  d'une  manière  plus  précise  et  je 
proposerai  de  donner  à  la  plus  grande  qui  sur  Tune  des  faces 
présente  un  mamehm  central,  le  nom  de  Orbito'ides  apiculata  n.  sp., 
et  à  la  plus  petite  celui  de  Orbito'ides  minor  n.  sp. 

Des  Orbitoldes  en  général. 

Orbitoîdbs  d'Orbigny,   1847  *• 

Le  geni'e  Orbitoïdes  créé  par  d'Orbigny  est  un  genre  de  Bora- 
minifères  éteint  qui  parait  cantonné  dans  le  Crétacé  et  le  Tertiaire. 

La  forme  générale  de  leur  plasmostracum  est  celle  d*un  disque 
lenticulaire  plus  ou  moins  surélevé  au  centre  et  aminci  sur  le 
boi*d  de  la  circonférence.  Dans  ceitaines  espèces  le  contour  du 
disque  devient  polygonal  et  souvent  les  angles  du  polygone  se 
prolongent  en  épines  plus  ou  moins  nombreuses  qui  produisent 
un  ensemble  étoile. 

Quelle  que  soit  leur  forme  extérieure  les  Orbitoïdes  sont  cons- 

1.  Discolithes  adniussus  lenticularis,  vix  convexus  laevis  sine  marulis  pi. 
I,  tig  11.0.  — Discolilhes  lenliformis  una  tantuiu  superiicia  in  verrucum 
prominulii,  altéra  plana,  pi.  II.  lig.  N   O. 

2.  Prodrome  de  Palèontolotfiet  i85o. 


igOI  PREMIÈRE    NOTE    SUR    LES   ORBITOIdES  4^3 

traits  intérieurement  de  la  même  manièi^e.  Dans  le  plan  qui  passe 
par  le  bord  externe  on  trouve  au  centre  une  Ipge  sphérique  on 
un  amas  plus  ou  moins  diffus  de  loges  embryonnaires  enveloppées 
par  une  épaisse  paroi»  Autour  de  cet  embryon  sont  disposées 
circulairement  des  loges  à  contour  tantôt  quadrangulaire  tantôt 
ogival;  ces  cycles  de  loges  se  continuent  en  grand  nombre 
jusqu'au  bord  du  disque  et  jusqu'à  l'extrémité  des  pointes  lorsque 
le  bord  est  étoile.  C'est  le  plan  des  loges  équatoriafes,  mais  ce  plan 
est  souvent  convexe,  ondulé  ou  parfois  replié  comme  une  selle. 

Au-dessus  et  au-dessous  des  loges  équatoriales  viennent  s'em- 
piler plus  ou  moins  régulièrement  des  séries  de  loges  déprimées 
généralement  plus  abondantes  au  centre,  ce  sont  les  loges  laté- 
rales, ïjeuv  ensemble  est  traversé  par  des  piliers  coniques  de 
calcaire  fibreux,  perpemliculaires  au  plan  médian  qui  vont  s'élar- 
gissant  vers  la  surface  et  y  constituent  des  saillies  de  forme  variée. 
Tontes  les  loges  équatoriales  et  latérales  ont  des  parois  perforées 
et  c'est  par  les  perforations  des  dernières  loges  latérales  situées 
à  la  surface  entre  les  piliers  que  le  protoplasme  communiquait 
avec  l'extérieur. 

La  plupart  des  Orbitoïdes  que  j'ai  examiné  sont  dimorphes.  La 
forme  A  (mégasphérique)  présente  une  gi*ande  loge  initiale  ou  un 
embryon  multiloculaire  tandis  que  la  forme  B  (microsphérique) 
de  la  même  espèce  commence  par  une  minuscule  loge  sphérique 
entourée  de  cycles  de  loges  équatoriales  beaucoup  plus  petites  que 
les  correspondantes  de  la  forme  A. 

En  pi*ésence  du  grand  nombre  d'espèces  on  a  dû  songer  à  établir 
pour  les  Orbitoïdes  des  sous-genres.  En  effet,  Gûmbel  ^  en  1868  a 
proposé  les  cinq  sous-genres  suivants  :  Discocyclina^  Rhipido- 
cyclina,  AktinocycUna,  Asterocyclina  et  Lepidocyclina.  Cette 
subdivision  était  surtout  basée  sur  la  forme  extérieure  des  Orbi- 
toïdes et  en  partie  seulement  sur  les  caractères  internes.  Ainsi 
les  quatre  premiei*s  sous-genres  étaient  supposés  avoir  des  loges 
équatoriales  rectangulaires.  Or,  Gûmbel  ne  pouvait  pas  prévoir  que 
Ton  trouverait  des  Asterocyclina  à  loges  équatoriales  arrondies. 

11  parait  plus  rationnel  de  s'en  tenir  aux  caractères  de  construc- 
tion interne  et  de  réduire  les  groupes  aux  quatre  suivants  : 

1°  Genre  OrJbitpïdeSy  à  loges  équatoriales  rhombiques  augmen- 
tant assez  sensiblement  en  hauteur  vers  la  circonférence  où  elles 
sont  fréquemment  subdivisées  ;  perforations  des  cloisons  assez 
fortes.  Type  :   Orbitoïdes  média. 

i.  GOmbbl.  Op.  cit. 


464  CH*    SGHLUMBEROER  4  ^<>V* 

a*»  Genre  OrthophragTnina  *,  à  loges  équatoriales  parallélipé- 
diques.  Type  :  Qnbitoïdes  Praitii. 

3""  Genre  L€fddûcyclina ,  à  loges  équatoriales  arrondies  ou  hexa- 
gonales, cloisons  à  perforations  fines.  Type  :  Orbitoldes  ManteUi  -. 

A  ces  tix)is  groupes  il  convient  d'en  ajouter  un  quatrième. 

4**  Genre  Mx^Qgï!£sinq  3,  créé  par  M.  Sacco/à  embryon  spirale 
plus  ou  moins  excentrique,  loges  équatoriales  lancéolées.  Type  : 
M,  irregularis. 

Description  des  espèces 

Orbitoïdes  MEDIA  d'Archiac 

(PI.  VII,  lig.  1-7). 

Licophris  Faujasi  Defrance,  iSaS. 
Orbitolites  média  d'Archiac,  i835. 
Orbitoldes  média  d'Orbigny,  i8ôa. 

D'Archiac  *  a  décrit  sommairement  en  i835  VOrbiioldes  média 
de  Royan  (sous  le  nom  d' Orbitolites)  en  faisant  bien  ressortir  les 
caractères  externes,  et  il  est  d'autant  plus  singulier  qu'il  le  confonde 
avec  la  figure  que  Faujas  de  Saint-Fond  a  publiée  pour  un  Orbi- 
toîde  de  Maestricht. 

L'espèce  média  tomberait  donc  en  désuétude  si  d'Orbigny  ^  ne 
l'avait  pas  reprise  en  i85a  en  donnant  une  courte  description  et 
une  figure  très  exacte  pour  l'extérieur,  mais  une  coupe  un  peu 
fantaisiste . 

L' Orbitoïdes  média  a  un  plasmostracum  discoïdal,  lentiforme, 
dont  l'épaisseur  au  centre  est  environ  du  tiera  du  diamètre.  Du 
sommet  partent  en  étoile  de  nombreuses  petites  côtes  qui  se  bifur- 
quent plus  ou  moins  et  sont  suivies  de  côtes  onduleuses  ou  de 
boutons  saillants  jusqu'au  bord  (PI.  VII,  fig.  i-3). 

Dans  une  section  de  la  forme  A  (mégasphérique),  dans  le  plan  des 
loges  équatoriales  *  (PL  Vil,  fig,  6  et  7),  on  observe  au  centre  une 

I.  Munibk-Chalmas.  Etude  du  Tithonique,  du  Crétacé  et  du  Tertiaire  du 
Vicentin,  1891.  Thèse  de  doctorat,  p.  18. 
a.  Voir  Douvillé.  Op,  cit. 

3.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVin,  p.  35:,  1900. 

4.  Mém.  de  la  Soc.  ffvolof(,de  France  y  (i),  II,  i835. 

5.  Cours  élémentaire  de  Paléontologie^  p.  852,  fig.  557. 

6.  Il  faut  remarquer  que  les  loges  équatoriales  sont  rarement  dans  un  plan 
rigoureusement  plan,  de  sorte  qu'il  est  ditlicile  de  faire  figurer  dans  une  sec- 
tion l'ensemble  des  loges. 


•    igOI  PREMIERE   NOTE    SUR    LES   ORBITOÏDES  4^5 

fonnation  embryonnaire  composée  d'mie  assez  grande  loge  ovalaire 
à  paroi  épaisse  subdivisée  en  quatre  parties  par  trois  cloisons 
minces,  dont  deux  parallèles  et  une  transversale  *.  C'est  autour  de 
cet  embryon  que  se  groupent  en  cycles  successifs  les  loges  équa- 
toriales  à  contour  demi-circulaire.  La  nouvelle  loge  d'un  cycle  se 
place  exactement  au-dessus  de  l'espace  de  deux  loges  du  cycle 
précédent  :  il  en  résulte  que  les  parois  latérales  des  loges  parais- 
sent se  continuer  sur  deux  systèmes  de  courbes  qui  se  croisent  et 
produisent  sur  la  coupe  un  effet  de  moirage.  Vers  la  circonférence 
les  loges  équatoriales  augmentent  en  dimension  (PI.  VII,  fîg.    7). 
Dans  la  section  transversale  de  la  forme  A  (PI.  VII,  fig.  5)  on 
retrouve  les  mêmes  caractères  embryonnaires  et  on  constate  que 
les  loges  équatoriales  extrêmes  se  subdivisent  dans  la  hauteur.  Les 
loges  latérales  très  surbaissées  ont  une  ouverture  moindre  que 
l'épaisseur  de  leur  cloison,  les  piliers  qui  les  traversent  s'amassent 
vers  le  centre  et  font  à  peu  près  disparaître  les  loges  latérales. 

La  fig.  4  d®  1*^  pl«  VII  reproduit  la  forme  B  (microsphérique), 
avec  une  très  petite  loge  initiale. 

D'Archiac  signale  des  individus  de  5o  millim.,  mais  parmi  les 
nombreux  Orbitoïdes  que  j'ai  examinés  dans  les  collections,  les 
plus  grands  dépassaient  à  peine  10  millimètres. 

Habitat.  —  Dordonien  à  Royan  et  les  environs,  Saint-Georçes, 
Sozac;  à  Mirambeau  (Defrance),  Maurens  (Isère),  Beaumont  de 
rérigord. 

Observation.  —  La  figure  i  de  la  pi.  VII,  représente  un  des  indi- 
vidus de  la  collection  Defrance  étiquetés  L,  Faujasiy  les  fig.  4  et  7 
^Pl.  VII)  sont  des  coupes  de  deux  individus  de  la  même  collection. 

Orbitoïdes   apiculata  n.    sp. 

(PI.  Vm,  fig.  I,  4,  6  ;  PI.  IX,  fig.  I  et  4). 

Plasmostracum  discoïdal  lenticulaire.  Sur  l'une  des  faces  on  aper- 
çoit une  pointe  saillante  centrale  qui  n'existe  pas  de  l'autre  côté. 
Sur  tout  le  reste  des  surfaces  externes  sont  disséminées  assez 
irrégulièrement  de  nombreuses  protubérances  (PI.  VIII,  fig.  i). 

Les  sections  équatoriales  des  formes  A  et  B  de  cette  espèce  sont 
reproduites  par  les  figures  i  et  4  de  la  pi.  IX  ;  dans  la  première  on 
trouve  au  centre  une  grande  loge  initiale  à  cloison  épaisse  subdivi- 

1.  Cette  cloison  transversale  disparnit  souvent  dans  les  préparations,  elle 
parait  appartenir  à  une  première  loge  initiale  sphéricfue  située  en  dehors  du 
plan  des  aatres  loges  embryonnaires. 

19  Janvier  190a.  —  T.  ler.  Bull.  Soc.'Géol.  Fr.  —  3o 


466  CH.    SC&LUMBERGER  4  ^^"^ 

sée  en  quatre  par  trois  cloisons  minces  en  triangle  ;  dans  la  seconde, 
la  loge  embryonnaire  est  extrêmement  petite  et  à  peine  visible  sur 
la  photographie.  Les  loges  équatoriales  ont  im  contour  circulaire 
et  prennent  parfois  suivant  la  hauteur  à  laquelle  elles  sont  sec- 
tionnées un  aspect  ovalaire. 

Dans  la  section  médiane  perpendiculaire  au  disque  de  la  forme  A, 
pi.  Ylll,  fig.  6,  la  grande  loge  initiale  n'est  divisée  qu'en  trois  par 
deux  cloisons  minces.  On  constate  que  les  loges  équatoriales 
augmentent  rapidement  en  hauteur,  sont  subdivisées  vers  la  cir- 
conférence et  que  les  loges  latérales  très  nombreuses  et  très  surbais- 
sées, sont  traversées  par  de  nombreux  piliers  qui,  au  centre,  for- 
ment un  tout  compact. 

La  différence  des  deux  faces  est  bien  marquée  dans  cette  figure, 
dans  la  fig.  4»  pl-  VLII,  qui  donne  la  forme  B  de  Tespèce,  la  pointe 
que  Ton  devrait  voir  à  gauche  de  la  figure  a  disparu  pendant  la  pré- 
paration. 

Les  plus  grands  échantillons  trouvés  atteignent  lo  millim.  de 
diamètre. 

Habitat,  —  Dordonien.  Maestricht,  Maurens  (Dordogne). 

Observation,  —  Un  individu  de  cette  espèce  figure  dans  la 
collection  Defrance. 

Orbitoîdes  minor  n.   sp. 
(PI.  Vin.  ag.  2,  3,  5,  ;  PI.  JX,  fig.  a  et  3). 

Cet  Orbitoïde,  très  abondant  à  Maestricht,  a  un  plasmostt*acum 
discoïdal  peu  renflé  au  centre,  dont  les  deux  faces  sont  sembla- 
bles et  recouvertes  de  nombreuses  nodosités  régulièrement  distri- 
buées sur  toute  la  surface.  Les  figures  a  et  3  de  la  pi.  VIII  repré- 
sentent deux  individus  bien  conservés,  la  figure  a  de  la  pi.  IX,  un 
exemplaire  un  peu  usé. 

En  examinant  les  sections  équatoriales  et  transversales  (PL  IX, 
ïig.  3  et  PI.  VIII,  fig.  5),  on  reconnaît  de  suite  le  caractère  interne 
qui  différencie  cette  espèce  de  la  précédente  ;  en  effet  on  trouve  au 
centre  une  petite  loge  sphérique  suivie  d'une  loge  circulaire  plus 
grande,  enveloppées  toutes  deux  d'une  cloison  épaisse.  Les  loges 
équatoriales  sont  plus  petites  que  dans  O.  apiculata  et  augmentent 
relativement  moins  en  hauteur. 

Les  loges  latérales  très  surbaissées  sont  parcourues  par  de 
nombreux  piliers  sur  toute  Tétendue  du  diamètre  ;  ils  vont  abou- 
tir à  la  surface  pour  y  former  les  nodosités  que  j'ai  signalées. 

Leur  diamètre  n'atteint  guère  que  5  à  6  millimètres. 

Habitat,  —  Dordonien.  Craie  de  Maestricht,  très  commun. 


tgOl  PREMIERE   Note   SCR    les   OtlBITOÎDES  4^5 

t 

EXPLICATION    DES    PLANCHES 
Planche  VU 

Fig.  I.  —  Orbitoïdes  rQsdÛi  d*Apchiac  (L.  Faujasi    de    la   coll.   Defrance). 

Mirambeau.  Gr.  5/i. 
Pig.a^. —  —  —       d*Archiac.  Royan.  Gr.  5/i. 

Fig.  4-  —  —  —       d'Archiac.  Section  transversale.  Forme  B  (de  la 

collection  Defrance).  Gr.  i3/i. 
Fig.  5.  —  —  —       d'Archiac.    Section    transversale.    Forme    A, 

Royan.  Gr.  i3/i. 
Fig.  6-7. —  —  —      d'Archiac.  Sections    équatoriales .    Formes   A; 

fig.  6,  de  Royan  ;  fig.  7,  Mirambeau.  Gr.  12/1. 

Planchb  vm 

Fig.  I.  —  Orbitoïdes  apiculata  Schlumb.  de  Maestricht.  Gr.  5/i. 

Fig.  »3.  —         —         minor  Schlumb.  de  Maestricht.  Gr.  9/1. 

Fig.  4-  —         —         apîcttfate  Schlumb.  Section  transversale.  Forme  B,  de 

Maurcns.  Gr.  i3/i. 
Fig.  5    —         —         minor  Schlumb.  Section  transversale.    Forme    A,   de 

Maestricht.  Gr.  i3/i. 
Fig.  6.  —         —         apiculata  Schlumb.  Section  transversale.  Forme  A,  de 

Maestricht.  Gr.  ao/i. 

Planchb  IX 

Pig.  I.  —  Orbitoïdes  apicalata  Schlumb.  Section  équatoriale.  Forme  A,  de 

Maestricht.  Gr.  i3/i. 
Pig.  a.  —         —  minor  Schlumb.  Individu  usé,  de  Maestricht.  Gr.  9/1. 

Fig.  3.  —         —  —      Schlumb.  Section    équatoriale.    Forme   A,   de 

Maestricht.  Gr.  14/1 . 
Fig.  4-  —         ~  apiculata  Schlumb.  Section  équatoriale.  Forme  B,  de 

Maurens.  Gr.  i3/i. 


M.  Douvillé  insiste  sur  l'importance  que  présente  le  groupe  des 
orbitoïdes  au  point  de  vue  de  leur  répartition  dans  la  série  des   \ 
touches  ;  on  sait  que  les  Orbitoïdes  proprement  dits  caractérisent  la 
Craie  la  plus  supérieure  (d'après  M.  Arnaud,  elles  apparaissent  à 
la  partie  supérieure  du  Campanien),  les  Orthophragmina  sont  spé- 
ciales à  TEocène,  les  Lepidocyclina  ne  se  rencontrent,  tout  au 
moins  en  Europe  et  en  Amérique,  que  dans  l'Oligocène  ;  enfin  les 
uMiogj^psina  apparaissent  dès  la  base  du  Miocène.  Dans  ces  con- 
ditions une  étude  détaillée  des  espèces  présenterait  un  très  grand 
intérêt  et  permettrait  très  vraisemblablement  d'établir  d'une  ma- 
nière précise  le  synchronisme  souvent  douteux  des  couches  dans 
lesquelles  on  les  rencontre  ;  il  est  donc  vivement  à  souliaiter  que 
notice  confrère  nous  donne  rapidement  la  suite  de  ce  preniier  travail. 


Séance  du   18  IVovembpe   lOOl 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.   GAREZ,   PRÉSIDENT 

M.  L.  Gentil,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
dernière  séance.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  René  de  Lamothe,  présenté  par  MM.  Léon  de  Lamothe 

et  Munier-Chalmas  ; 
Jean-Marc  Bel,  Ingénieur  civil  des  Mines,  présenté  par 

MM.  Carnot  et  Termier  ; 
Le  commandant  Azéma,  présenté  par  MM.  A.  Gaudry  et 

M.  Boule. 

Il  annonce  quatre  présentations. 

Le  Président  annonce  que  le  4*0®  Congrès  des  Sociétés  sapantes 
s'ouvrira  à  la  Sorbonne,  le  i^^açril  igo2, 

11  présente  trois Jiches  d'essai  établies  par  la  Commission  chargée 
par  le  VIII*  Congrès  géologique  international  d'étudier  le  projet 
de  réédition  des  types  d'espèces  fossiles.  Le  Président  de  cette 
Commission,  M.  le  D*"  Karl  A.  Von  2iittel,  et  le  secrétaire,  M.  D.-P. 
(Ehlert*  demandent  aux  paléontologues  de  bien  vouloir  leur 
transmettre  les  observations  que  leur  suggéreront  Fexamen  de  ces 
Jiches  d'essai,  dont  la  disposition  pourra  être  modifiée  suivant  les 
désirs  exprimés  par  la  majorité  des  paléontologues  consultés. 

Les  types  choisis  sont  :  Ogygia  Guettardi  Brongniart  i8aa  ; 
Ammonites  M asseanus  d'Orbigny  i843  ;  Maretia  Nicklesi  Gotteau 
1889. 

La  Sous-Commission  française  a  pu,  grâce  à  une  subvention  qui 
lui  a  été  généreusement  accordée,  subvenir  aux  premiers  Irais  de 
cette  publication .  Elle  pense  pouvoir  envoyer  aux  paléontologues 
une  première  livraison  d'une  dizaine  de  fiches,  dont  la  distribution 
gratuite  servirait  à  faire  connaître  l'œuvre. 

Les  observations  rehitives  à  ces  fiches  d'essai,  devront  être  trans- 
mises avant  le  i*^»*  janvier  11^2.  A  partir  de  cette  date,  Fabsence  de 
réponse  sera  considcrce  comme  équivalente  à  une  approbation. 


SÉANCE    DU    l8   NOVEMBRE    I9OI  4^ 

M.  Douzami  présente  une  note  intitulée  :  Etude  sur  la  çallée 
du  Rhône  aux  environs  de  Bellegarde,  qu'il  vient  de  publier  dans 
le  Bulletin  des  Services  de  la  Carte  Géologique  de  France. 

M.  Douvillé  présente  à  la  Société  plusieurs  notes  de  M.  Laville, 
préparateur  au  laboratoire  de  Paléontologie  de  l'Ecole  des  Mines, 
qui  ont  paru  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'Anthropologie 
{Couches  infra-néolithiques  et  néolithiques  stratifiées  dans  la 
çallée  de  la  Seine;  Coupe  de  la  carrière  de  Saint-Prest,  Silex 
taillés,  etc.).  Elles  renferment  une  série  de  coupes  intéressantes 
relevées  dans  les  dépôts  meubles  de  la  vallée  de  la  Seine,  ainsi 
qu'une  coupe  détaillée  de  la  sablière  de  Saint-Prest,  où  les  couches 
inférieures  à  Elephas  meridionalis  sont  ravinées  par  des  dépôts 
plus  récents  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  silex  taillés  de  forme 
acheuléenne. 

M.  G.-F.  DÔUfus  présente,  au  nom  de  M.  F.-W.  Harmer,  une 
brochure  extraite  du  Journal  de  la  Société  géologique  de  Londres  : 
Sur  l'influence  des  vents  sur  le  climat  pendant  V époque  plAsto- 
cène,  —  Une  application  paléométéorologique  de  quelques  pro- 
blèmes géologiques.  Les  vents  forment  actuellement  des  cordons 
littoraux  coquilliers  du  côté  droit  du  régime  des  trajectoires  cyclo- 
niques périodiques  dans  l'hémisphère  nord.  Il  ne  se  forme  plus  de 
dépôts  coquilliers  sur  la  côte  orientale  de  l'Angleterre.  L'auteur 
cherche  à  reconstituer  les  conditions  météorologiques  générales 
qui  ont  existé  au  moment  du  dépôt  des  Crags.  Il  en  déduit  un  dépla- 
cement progressif  de  deux  centres  cycloniques  de  froid  et  de  hautes 
pressions  autour  du  globe  à  la  hauteur  du  6o"  parallèle,  ramenant 
périodiquement  des  périodes  glaciaires.  ^ 

M.  G.-F.  DoUfus  offre  à  la  Société  deux  notes  dont  il  est  l'auteur  : 

1°  Des  derniers  mouvements  du  sol  dans  les  bassins  de  la  Seine  et 

de  la  Loire  (Ex.  du  C.-R.  du  VIII«  Congrès  géol.  international 

1900)  ;  a"  Structure  du  bassin  de  Paris  (Ex.  du  C.-R.  de  l'A.  F. 

A.  S.,  4  août  1900). 

M.  Douvillé  a  recueilli  pendant  la  course  du  Chablais,  au- 
dessus  du  hameau  duLens  d'Aulph,  des  échantillons  d'un  calcaire 
siliceux  en  plaquettes,  provenant  du  système  de  la  Brèche  supé- 
rieure (partie  moyenne  de  la  Brèche  supérieure,  d'après  une 
communication  toute  récente  de  M.  Lugeon).  Ce  calcaire  présen- 
tait sur  les  surfaces  exposées  à  l'air  de  petites  concrétions  arron- 
dies jle  on  millimètre  environ  de  diamètre  et  des  points  ferrugi- 


4^0  SÉANCE   DU    l8   NOVEMBRE    I9OI 

neux  beaucoup  plus  petits  ;  Texamen  de  la  roche  taillée  en  plaques 
minces,  a  montré  que  ces  points  ferrugineux  étaient  constitués  par 
des  Radiolaires  assez  bien  conservés,  paraissant  appartenir  aux 
genres  Cœnosphera,  Sethocapsa,  Lithocampe  et  Stichocapsa  ;  le 
second  de  ces  genres  n'a  encore  été  signalé  à  F  état  fossile  que  dans 
les  schistes  à  Aptychus  des  Alpes  bavaroises  et  dans  les  jaspes 
du  Nagelfluh  de  Suisse,  auxquels  on  attribue  un  âge  tithoniqiie  ; 
les  deux  derniers  genres  sont  aussi  principalement  abondants 
dans  ces  mêmes  gisements.  La  présence  des  Radiolaires  dans  les 
couches  les  plus  élevées  du  Jurassique  supérieur,  parait  d'ailleurs 
avoir  un  grand  caractère  de  généralité  dans  la  région  alpine  et 
dans  ses  envii*ons  immédiats  :  M.  Cayeux  les  a  signalés  dans  le 
Tithonique  de  TArdèche,  et  M.  Rust  en  a  décrit  une  faune  très 
riche  recueillie  dans  le  Jurassique  supérieur  de  l'Italie. 

La  faune  de  Radiolaires  du  Lens  d'Aulph,  quoique  moins  riche, 
présente  cependant  des  affinités  très  marquées  avec  celles  qui  ont 
été  décrites  de  ce  niveau  et  son  attribution  au  Jurassique  supérieur 
ne  paraît  pas  douteuse.  C'est  la  confirmation  de  Tâge  que  M.  Lugeon 
avait  attribué  précédemment  à  la  Brèche  du  Ghablais. 


AU  SUJET  DUNE  ROCHE  DE  LA  PUISAYE  (YONNE) 

par  M.  PEBON 

J'ai  l'honneur  d'of&ir  à  la  Société  une  petite  note  que  j'ai  publiée 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  l'Yonne,  au  sujet 
d'une  roche  dont  l'exploitation  est  en  essai  dans  le  sud  de  ce 
département.  A  cette  note  d'un  intérêt  purement  local,  je  voudrais 
ajouter  ici  quelques  observations  plus  spécialement  géologiques 
qui  m'ont  été  suggérées  par  la  lecture  des  notes  récentes  de 
M.  de  Grossouvre,  sur  l'Argile  à  silex  du  département  du  Cher.  A 
propos  de  la  diversité  de  ce  dépôt,  notre  confrère  a  soulevé  un 
problème  intéressant  pour  la  solution  duquel  ma  note  semble 
apporter  quelques  données  utiles. 

La  roche  qui  fait  l'objet  de  cette  note  est  une  terre  que,  sur 
divers  points  de  la  Puisaye,  on  désigne  sous  le  nom  impropre  de 
Kaolin  et  qu'on  cherche  à  utiliser  pour  la  fabrication  des  pâtes 
céramiques.  C'est  une  terre  ou  pierre  blanche,  farineuse,  très 
légère,  composée  principalement  de  silice  pulvérulente  avec  une 


AU   SUJET   d'une   roche   DE   LA   PUISAYB  4?^ 

proportion  variable  et  parfois  très  faible  d'alumine  et  quelques 
traces  de  chaux  et  de  magnésie. 

D'après  une  analyse  que  j'ai  récemment  obtenue  de  TEcole  des 
Mines,  un  échantillon  comprenait  4i  %  de  silice  soluble  dans  une 
solution  de  potasse  caustique  et  52  %  de  silice  insoluble. 

Tous  ces  caractères  sont  exactement  ceux  de  cette  roche  du 
département  du  Cher  dont  M.  de  Grossouvre  nous  a  entretenus  et 
qu  il  a  désignée  sous  le  nom  de  Vierzonite, 

Cette  terre  blanche  de  Vierzon,  qui  est  exploitée  dans  plusieurs 
localités  pour  la  fabrication  des  cazettes  de  porcelaineries,  appar- 
tient à  cette  formation  superficielle  que,  dans  le  Cher  et  autres 
régions  voisines,  on  a  rattachée  h  la  grande  formation  de  l'Argile 
à  silex  du  bassin  de  Paris.  M.  de  Grossouvre,  cependant,  a  fait 
observer  qu'en  raison  de  ses  éléments,  en  grande  partie  solubles, 
en  raison  de  l'absence  complète  de  fer,  etc.,  la  terre  de  Vierzon 
différait  essentiellement  de  l'Argile  à  silex  proprement  dite  qui 
n'est,  conune  on  l'admet  généralement,  qu'un  produit  d'altération 
et  de  décalcification  des  roches  locales. 

En  conséquence,  notre  confrère  a  séparé  les  deux  formations  et 
a  proposé  de  désigner  sous  le  nom  spécial  de  «  Vierzonite  à  silex  », 
le  terrain  qui  renferme  la  terre  blanche  siliceuse  de  Vierzon. 

Notre  terre  blanche  siliceuse  de  la  Puisaye,  malgré  ses  analogies 
de  composition  et  même  de  gisement  avec  celle  du  Cher,  ne  sau- 
rait être  attribuée  à  ce  terrain  superficiel  ainsi  dénommé  par  M.  de 
Grossouvre.  Elle  est  bien  plus  ancienne. 

On  peut,  à  la  vérité,  en  douter  parfois,  car  elle  est,  sur  divers 
points,  extraite  à  l'aide  de  puits  creusés  à  travers  l'Argile  à  silex, 
et,  comme  notre  roche  elle-même  renferme  beaucoup  de  silex  qui 
se  mêlent  à  ceux  du  terrain  superposé,  on  peut  être  induit  en 
erreur.  La  distinction  cependant  est  facile.  La  roche  est  toujours 
très  différente  et  ses  silex,  très  gros,  blancs,  branchus,  cornus, 
non  usés,  sont  faciles  à  reconnaître. 

J'ai  d'ailleurs  signalé,  dans  ma  note,  des  gisements  où  la  situa- 
tion stratigraphique  de  la  roche  blanche  est  parfaitement  obser- 
vable et  où,  en  outre,  cette  roche  est  fossilifère. 

Il  est  ainsi  facile  de  constater  qu'elle  appartient  à  une  assise  bien 
déterminée  de  la  base  de  l'étage  cénomanien.  Elle  est  bien  stratifiée 
au-dessus  des  argiles  à  ocre  exploitées  dans  cette  région  et  n'est,  en 
réalité,  qu'une  forme  particulière  de  l'assise  et  de  la  roche  si  con- 
nues sous  le  nom  de  Gaize. 

J'ai  eu  l'occasion  de  causer  de  cette  question  avec  mon  ami, 
M.  de  Grossouvre,  et  je  lui  ai  envoyé  quelques  échantillons  de  la 


47^^        PERON.   —  AU   SUJET   d'uNE   ROCHE   DE   LA   PUISAYE      l8  Nov. 

pierre  de  la  Puisaye.  Notre  confrère  y  a  observé  à  la  loupe  quelques 
éléments  qui  font  défaut  dans  la  Yierzonite,  comme  du  mica,  des 
grains  de  sable  très  fins,  etc.  11  Ta,  au  contraire,  trouvée  semblable 
à  d'autres  terres  exploitées,  notamment  dans  Tlndre,  qu'il  a  lui- 
même  placées  dans  le  Cénomanien. 

Il  convient  d'autre  part  de  rappeler  que  M.  de  Grossouvre, 
indiquant  dans  son  important  mémoire  sur  le  terrain  crétacé  du 
sud-ouest  du  bassin  de  Paris  *,  la  composition  de  ce  terrain  dans 
la  vallée  du  Cher,  nous  a  donné  une  succession  déjà  signalée  par 
M.  Douvillé  dans  la  légende  de  la  carte  géologique  (feuille  de 
Bourges)  qui  rappelle  exactement  celle  connue  dans  la  Puisaye, 
c'est-à-dire,  au-dessus  des  graviers  phosphatés  du  Gault  supérieur, 
une  assise  de  Gaize  glauconieuse  dont  la  partie  supérieure,  au 
contact  des  sables  de  Yierzon,  montre  sur  certains  points  des  sables 
kaolineux  assez  purs  pour  être  employés  dans  les  porcelaineries  et 
parfois,  au  même  niveau,  des  ocres  qui  jadis  ont  été  exploitées. 

11  y  a  dans  tous  ces  faits  des  coïncidences  qui  appellent  l'atten- 
tion. 11  est  d'autant  plus  utile  de  les  étudier  que  les  divers  gise- 
ments de  Vierzonite  signalés  par  notre  confrère  sont  tous  situés 
sur  la  zone  d'affleurement  de  l'étage  cénomanien.  L'un  d'eux,  celui 
de  Saint-Fargeau  (Yonne),  m'est  très  particulièrement  connu,  et  il 
y  a  37  ans  que  j'y  ai  signalé  l'existence  de  la  Gaize  cénomanienne. 

Gomme  l'a  dit  M.  de  Grossouvre,  le  problème  de  la  genèse  de 
la  Vierzonite  reste  à  étudier.  Ne  semble-t-il  pas  possible,  d'après 
les  faits  que  je  viens  d'énoncer  et  malgré  les  quelques  différences 
de  structure  constatées  par  M.  de  Grossouvre,  qu'il  y  ait  une 
certaine  communauté  d'origine  entre  cette  vierzonite  et  noti^  gaize 
blanche  de  la  Puisaye  ? 

La  Vierzonite,  comme  l'a  parfaitement  démontré  notre  confrère, 
ne  peut  être  considérée  comme  un  produit  de  décalcification.  Elle 
est  donc  indépendante  de  l'Argile  à  silex.  Mais  ne  pourrait-elle  être 
le  résultat  d'un  simple  remaniement  local  de  la  Gaize,  antérieur  à  la 
formation  de  l'Argile  à  silex  ? 

M.  Douvillé  rappelle  qu'il  a  en  eflet  signalé  il  y  a  quelque  vingt- 
cinq  ans,  la  présence  de  couches  de  Gaize  dans  le  Cénomanien  au 
nord  de  Bombes. 

I.  B.S.G   F.,  (3),  XVn,  p.  490. 


SUR  LA  FAUNE   ET  L'AGE 
DES   CALCAIRES   A  RUDISTES   DE   LA   DOBROGEA 

par  M.  V.  PAQUIER. 

Grâce  à  la  complaisance  de  M.  Douvillé,  Fauteur  a  pu 
examiner  la  série  de  moules  internes  de  Rudistes  de  cette  prove- 
nance offerte  à  TEcole  des  Mines  par  M.  Anastasiu.  Ces  fossiles 
ont  tous  été  recueillis  dans  les  falaises  du  Danube  à  Cernavoda  et 
proviennent  donc  d'un  seul  et  même  niveau.  A  Taide  de  contre- 
moulages  en  gélatine  il  a  été  aisé  d'obtenir  des  reconstitutions  très 
fidèles  d'appareils  myo-cardinaux  et  c'est  sur  l'examen  de  sem- 
blables documents  dont  l'authenticité  est  indéniable  que  sont 
fondées  les  déterminations  suivantes. 

Diceras  <  sp.  Forme  de  taille  moyenne  bien  r^connaissable  à  ses 
lames  myophores,  rappelle  assez  D,  Beyrichi  var.  communia  Boehm, 
de  Stramberg. 

Heterodiceras  sp.  nov.  Forme  de  taille  moyenne;  à  la  valve  gauche 
très  vraisemblablement  fixée,  l'impression  myophore  postérieure  est 
portée  sur  une  lame  saillante  comme  chez  Valletia,  la  dent  latérale 
postérieure  PII  est  parfaitement  reconnaissable,  par  contre  l'anté- 
rieure AU  faible  et  conique  comme  chez  les  formes  inverses  n'off*re 
plus  que  les  traces  de  la  fossette  antérieure.  La  fosse  cardinale  posté- 
rieure 3ab'  est  moins  spacieuse  que  chez  H.  Luci. 

A  la  valve  droite,  l'impression  myophore  postérieure  est  également 
portée  sur  une  lame  saillante,  la  dent  postérieure  3  ab,  beaucoup  moins 
robuste  que  chez  l'espèce  citée  plus  haut,  n'est  presque  pas  déversée, 
l'antérieur  AI  est  fort  réduite. 

L'ensemble  des  caractères  de  cet  appareil  cardinal  en  voie  de  réduc- 
tion et  de  transformation  annonce  ainsi  celui  de  Valletia. 

Matheronia  sp.  gr.  de  M.  gryphoides  Math.  Forme  d'assez  grande 
taille  rappelant  certains  types  de  i'Urgonien  de  Bulgarie. 

Valletia  sp.  afî.  Tombecki  Mun.-Chalm.  Forme  de  taille  moyenne, 
équivalve,  bien  caractérisée  par  la  disposition  de  ses  impressions 
myophores . 

Monopleura  sp.  Forme  droite,  allongée,  de  grande  taille  rappelant 
M.  imbricata  Math. 

Id,  Forme  enroulée,  à  charnière  robuste,  analogue  à  certains  types 
bulgares. 

Comme  on  le  voit,  la  faune  de  Rudistes  de  la  Dobrogea  offre  un 
intérêt   considérable  à  cause  de   Vassociation  Jusqu'à   ce  Jour 

I.  La  présence  de  Diceras  dans  ces  assises,  déjà  entrevue  par  Peters, 
m'avait  été  en  outre  indiquée  verbalement  par  M.  Douvillé. 


4^4  GROUPE  INVERSE  ET  NORMAL  CHEZ  LES  CHAMAGEBS         18N0V. 

inconnue  de  types  caractéristiques  du  Jurassique,  Diceras  et 
HeterodiceraSj  avec  ceux  du  Crétacé,  Valletia,  Monopleura.  Dans 
ces  conditions  Fattribution  d'un  semblable  niveau  à  FUrgonien 
devient  insoutenable.  Sa  position  stratigraphique  exacte  est  sans 
doute  délicate  à  préciser,  néanmoins  comme  à  considérer  la  fré- 
quence relative  des  types,  il  s'agit  d'une  faune  de  Monopleura,  de 
Valletia  et  de  Matheronia  rappelant  assez  celle  du  Valanginien 
supérieur  mais  vieillie  par  la  persistance  de  Diceras  et  d'Heterodi- 
ceras,  on  pourrait  au  moins  provisoirement  rappoi'ter  les  calcaires 
à  Hudifttes  de  Cernavoda  à  la  base  du  Crétacé  (Berriasien  ou 
Valanginien  inférieur). 

M.  Douvillé  insiste  sur  la  grande  importance  que  présente 
Tassociation  des  genres  de  Hudistes  signalés  à  Cernavoda  par 
M.  Paquier.  Il  croit  se  rappeler  toutefois  que  les  échantillons 
recueillis  par  M.  Ana^tasiu  provenaient  des  deux  rives  du  Danube 
et  il  serait  prudent  de  s'assurer  que  la  faune  est  bien  la  même  des 
deux  côtés. 


SUR  LES  RELATIONS 
DU  GROUPE  INVERSE  AVEC  LE  GROUPE  NORMAL 

CHEZ  LES  CHAMACÉES 

par  M.   V.   PAQUIER. 

MM  Douvillé  et  F.  Bernard  ont  fait  remarquer  qu'à  cause  de  la 
présence,  à  la  valve  gauche  de  certains  Diceras,  d'un  rudiment  de 
dent  postérieure  PII,  et  de  la  tendance  à  Tatrophie  de  la  dent 
antérieure  AI  à  la  valve  droite  d* Heterodiceras  et  surtout  de 
Matheronia,  disposition  rappelant  alors  celle  de  la  valve  homo* 
logue  de  Valletia,  les  formes  inverses  paraissent  dériver  des 
normales  par  le  développement  progressif  de  PII  et  l'atrophie 
de  Al.  A  la  suite  de  l'examen  d'une  nombreuse  série  de  prépa- 
rations d! Heterodiceras  Luci  Defr.  sp.,  de  V Heterodiceras  de  la 
Dobrogca  et  de  Valletia  Tombecki  Mun.-Chalm.,  M.  Paquier  croit 
pouvoir  formuler  les  remarques  suivantes  : 

La  dent  postérieure  P II  existe  toujours  à  la  valve  gauche 
d^ Heterodiceras  Luci.  aussi  bien  sur  les  exemplaires  de  TEchaillon 
et  du  Bois  de  Mounier  (Gaixi)  que  sur  ceux  même  de  Stramberg 


igOI  SUR   L*ORIGINE   DES   KLIPPES   DES   CARPATHES  47^ 

• 

(à  en  juger  par  certaines  figures  données  par  M.  Boehm)  et  s^y  place 
à  la  suite  d*une  longue  nymphe  ligamentaire.  Chez  V Heterodiceras 
de  la  Dobrogea  cette  nymphe  se  raccourcit  et  la  dent  postérieure 
qui  la  suit  $*éloigne  du  bord  ventral.  En  même  temps  les  impres- 
sions musculaires  postérieures  sont  alors  portées  sur  les  lames  et 
comme  on  Ta  vu  plus  haut,  Tensemble  des  caractères  de  l'appareil 
cardinal  en  voie  d'atténuation  et  de  transformation  annonce  nette- 
ment Valletia.  Dans  ce  dernier  genre,  chez  F.  Tombecki  Mun.- 
Chalm.,  à  la  valve  gauche,  la  nymphe  ligamentaire  s'est  encore 
raccourcie  et  recouvre  partiellement  la  dent  PII  qui  a  encore  pro- 
gressé vers  le  bord  dorsal,  tout  en  restant  généralement  rudimen- 
taire,  toutefois,  chez  certains  exemplaires  la  saillie  de  cet  organe 
s'accentue,  le  ligament  vient  se  loger  dans  une  dépression  creusée 
à  sa  base  et  c'est  alors  la  disposition  connue  chez  Monopleura  et 
un  grand  nombre  de  formes  inverses.  Ainsi  donc,  Heterodiceras 
Luci,  V Heterodiceras  de  la  Dobrogea  et  Valletia  constituent  une 
série  qui  montre  la  dérivation  des  formes  inverses  ou  Rudistes 
proprement  dits  aux  dépens  des  Dicératinés  par  un  processus  déjà 
clairement  pressenti  par  M.  Douvillé  et  qui  consiste  essentielle- 
ment dans  le  développement  progressif  de  la  dent  postérieure  PII 
à  la  çalve  gauche  et  V atrophie ^  puis  la  disparition  totale,  à  la  vahe 
droite^  de  la  dent  antérieure  A I, 


SUR  L'ORIGINE  DES  KLIPPES  DES  CARPATHES 
par  M.  Romulus  SEVASTOS. 

Deux  théories  ont  été  émises  par  les  géologues  autrichiens  sur 
l'origine  des  klippes.  M.  Neumayr  attribue  aux  klippes  une 
origine  profonde  ;  il  explique  leur  arrivée  à  la  surface  par  des 
mouvements  tectoniques  et  par  la  difTérence  d'élasticité  et  de 
dureté  des  calcaires  et  des  grès.  Pendant  le  plissement  le  calcaire 
moins  élastique  a  éclaté  en  lambeaux  ;  la  poussée  continuant  à  se 
faire  sentir  a  contraint  ces  lambeaux  à  s'enfoncer  comme  des 
coins,  dans  les  grès  supei'posés  plus  tendres.  Postérieurement  les 
agents  atmosphériques  en  démantelant  les  grès  ont  isolé  les 
klippes  calcaires. 

M.  V.  Uhlig  attribue  une  extension  plus  grande  aux  klippes  et 
il  les  considère  comme  formés,   non   seulement  par  des  roches 


4^6      SEVASTOS.  SUR  l'oRIGINE  DES  KLIPPES  DES  CARPATHES      18N0Y. 

jurassiques,  mais  encore  par  des  massifs  identiques  en  apparence, 
de  plus  en  plus  anciens  jusqu'aux  schistes  cristallins.  Il  admet  que 
les  klippcs  ne  sont  autre  chose  que  des  lies,  contemporaines  des 
dépôts  qui  les  entourent.  Entre  autres  ai^^uments,  il  cite  ce  fait  que 
les  couches  4^  grès  dans  le  voisinage  de  la  klippe  sont  presque 
toujours  inclinées. 

Parcourant  dépuis  plusieurs  années  les  Carpathes  moldaves  (dis- 
trict de  Neamtz  et  Suceava),  j'ai  pu  observer  de  nombreux  klippes. 

En  suivant  la  vallée  d'un  aflluent  du  Bistritza,  le  ruisseau  Farcaça, 
j'ai  rencontra  une  coupe  naturelle  qui  me  paraît  démontrer  nette- 
ment, dans  le  sens  de  Neumayr,  Torigine  profonde  des  klippes. 

Aux  pieds  de  la  falaise  les  couches  se  trouvent  à  découvert,  sur 
une  hauteur  d'une  dizaine  de  mètres.  Un  petit  rocher  de  calcaire 
jurassique,  compact,  gris,  est  dressé  verticalement  en  face  de  la 
corniche  de  grès  massif;  sur  la  gauche,  les  bancs  de  grès  massif 
sont  couchés  vers  Test. 

Les  plus  inférieurs  sont  constitués  par  un  grès  grossier,  dont 
les  éléments  atteignent  jusqu'à  8  millim.  et  diminuent  au  fur  et  à 
mesure  qu'on  monte  dans  la  série.  Les  couches  s'arrêtent  brus- 
quement à  droite  contre  un  banc  vertical  de  grès,  avec  les  mêmes 
éléments,  mais  beaucoup  plus  gros  ;  ce  grès  indique  que  le  banc 
appartient  à  une  couche  inférieure  à  celles  qu'on  peut  voir  à  la 
surface. 

Un  peu  plus  à  droite,  en  face  de  la  klippe,  les  blocs  de  grès 
sont  accumulés  sans  ordre,  mais  vers  l'ouest  la  stratification  devient 
de  nouveau  régulière  et  les  couches  s'inclinent  dans  cette  direction. 

Cette  disposition  des  couches  démontre  donc  les  faits  suivants  : 
1°  Le  banc  vertical  a  été  relevé  et  poussé  de  la  profondeur 
jusqu'à  la  position  actuelle  ;  2°  le  morcellement  des  bancs  de  grès 
est  dû  à  une  poussée  de  bas  en  haut,  et,  les  couches  étant  brisées 
justement  au  dessus  de  la  klippe,  elle  seule  a  pu  en  être  cause  ; 
3**  le  plissement  des  couches  a  été  concomitant  avec  la  force  qui  a 
soulevé  la  klippe  ;  4*  1»  klippe  est  arrivée  de  la  profondeur. 

Les  agents  atmosphériques  en  enlevant  le  Flysch  ainsi  disloqué 
et  préparé  pour  l'érosion  isoleront  le  bloc  calcaire  loin  de  la  falaise, 
le  transformant  en  klippe  typique  de  petite  dimension. 


SUR  LES 

POISSONS  DE  L'ÉOCÈNE   INFÉRIEUR 

DES   ENVIRONS    DE   REIMS 
par   M.    F.   PRIEM. 

(Planches  X  kt  XI). 

SOMMAIRE 

Niveaux  divers  de  PEocène  inférieur  des  environs  de  Reims.  — Elasmo- 
branches.  Acanthias  orpiensU  Winkler  sp.,  Sqiiatina  Gaudryi  n.  sp., 
Odontaapia  Ruloti  Winkler  sp.,  Odontaspis  elegans  Agassiz  sp.,  Lamna 
striata  W'inkler  sp.  —  Holocéphales.  —  Téléostomes.  Amia  robasta  n.  sp., 
Amia  {Pappichihjra)  Barroiai  Leriche  sp.,  Lepidosteua  auessionensis  P. 
Gervais,  Arins?  Lemoinei  n.  sp.,  Phyllodua  Gaudryi  n.  sp.,  Egertonia 
isodonta  Cocchi,  Nummopalatua  Vaillanti  n.  sp.,  Nummopalatuapaucidena 
n.  sp.,  Labridœ  indéterminés,  Embiotocidœ  ?  indéterminés,  Sparidœ,  — 
Résumé. 

Niveaux  divers  de  TEocène  inférieur  des  environs  de  Reims 

M.  le  docteur  Lemoine  a  signalé  a  plusieurs  reprises  la  présence 
de  Poissons  dans  TEocène  le  plus  inférieur  des  environs  de 
Reims  ^  où  il  a  distingué  à  la  base  le  CerncLysien  (de  la  localité 
de  Cernay),  et  plus  haut  VAgéien  (de  la  localité  d'Ay). 

Il  y  a  peu  d'années,  le  docteur  Lemoine  -  a  étudié  les  divers 
niveaux  de  \di  faune  cernay  sienne.  Ces  niveaux  sont  de  bas  en  haut  : 

1.  Lbmoinb.  Recherciies  sur  les  ossements  fossiles  des  terrains  tertiaires 
des  environs  de  Reims.  Ann,  Se,  nai,  sooL,  6*  sér.,  t.  VUI,  n*  i,  1878,  p.  3.  — 
lo.  Recherches  sur  les  Oiseaux  fossiles  des  terrains  tertiaires  inférieurs  des 
environs  de  Reims,  i"  partie.  Reims,  1878,  p.  56  et  65  ;  a«  partie.  Reims,  1881, 
p.  76,  77,  79.  —  Id.  Communication  sur  les  ossements  fossiles  des  terrains 
tertiaires  inférieurs  des  environs  de  Reims.  Ass,  franc.  Av.  Se.  Congrès  de 
MontpelUer,  1879,  p.  585-599.  —  Lemoine  et  Aumônier.  Communication  sur  les 
terrains  tertiaires  des  environs  de  Reims.  Ass.  franc.  Av.  Se.  Congrès  de 
Reims,  1880,  p.  6o5-6ao.  —  Lbmoine.  Sur  l'ensemble  des  recherches  paléonto- 
logiques  faites  dans  les  terrains  tertiaires  inférieurs  des  environs  de  Reims. 
C.  R.  Ac,  5c.,  CIV,  p.  4o3.  Paris,  14  février  1887. 

2.  Lbmoinb.  Etude  sur  les  couches  de  TEocène  inférieur  rémois  qui  contien- 
nent la  faune  cernaysienne  et  sur  deux  types  nouveaux  de  cette  faune.  B.  S. 
G.  F.,  (3),  XXIV.  1896,  p.  333-334,  Pl-  XIV. 


47^  *■•  PRiKM  i8  Nov. 

10  Les  sables  de  Châlons-sur-VesIe  ; 
a®  Les  marnes  et  calcaire  de  Rilly  ; 
3*  Le  conglomérat  de  Cemay. 

Les  couches  qai  surmontent  immédiatement  le  Cemaysien, 
comprennent,  d'après  le  docteur  Lemoine,  de  bas  en  haut  : 

1°  Les  marnes  lacustres  supérieures  de  Chenay,  Rilly,  Berru,  etc  ; 

2*»  Les  argiles  à  Lignites  (Bemi,  Rilly,  Trépail,  etc.); 

3*»  Les  sables  à  Unio  et  Teredina  d'Ay,  Chavot,  Cois,  Avenay, 
Mont  Bemon.  Ces  sables  contiennent  la  faune  que  M.  Lemoine 
appelle  agéienne. 

Les  diverses  assises  du  Cemaysien  du  docteur  Lemoine,  y 
compris  le  conglomérat  de  Cemay,  se  rangent  à  la  base  de  TEocène 
inférieur,  avec  les  sables  de  Bracheux  dans  Fétage  thanétien  * . 

Avec  les  lignites  du  Soissonnais,  Targile  plastique  et  les  fausses 
glaises,  les  marnes  supérieures  de  Chenay  et  les  sables  d'Ay 
(Agéien)  se  rangent  dans  Tétage  sparnacien  ;  au-dessus  se  trouvent 
les  sables  de  Cuise-la-Motte  (étage  j^présien). 

Le  docteur  Lemoine  cite  des  Poissons,  pour  îb  Cemaysien,  dans 
les  sables  de  Châlons-sur-Vesle  et  dans  le  conglomérat  de  Cemay. 

Les  sables  de  Châlons-sui^Vesie  contiennent  d* après  lui  des  pièces 
maxillaires  assez  intactes  de  Chimères  (Les  ChaufTours),  des  vertè- 
bres et  dents  de  Squales,  des  plaques  dentaires  de  MyliobatiSn  des 
boucles  de  Raies  (Les  ChaufTours).  Pour  le  conglomérat  de  Cemay, 
la  nomenclature  est  plus  longue.  On  y  trouverait  : 

TÉLéosTBENs  Acanthoptérygiens  ;  Sparidés,  plaques  dentaires 

(Cemay)  ; 
»  PuYsosTOMEs  :  Stratodoutidés  :  Enchodas  (Cemay); 

Ganoïdes  :  Amiadés  :  Pappichthys  (Cemay)  ; 
HoLocÉPHALES  :  Chiméridés  :  Edaphodon  (Les  Chauffours)  ; 
Plagiostomes  :  Myliobatidés  :  Myliobatis  (Chenay,  Cemay  et 

autres  localités)  ; 
»  Lamnidés  :  Odontaspis  (Cernay  et  autres  loca- 

lités) ;  Lamna  (nombreuses  localités)  ;  Otodus 
(nombreuses  localités). 

Quant  aux  sables  à  Unio  et  Teredina  de  FAgéien,  Fauteur  -  dit 
que  les  Poissons  sont  des  Amiadés  (Pappichthys)  ;  des  Lépidostées 

I.  A.  de  Lapparent.  Traité  de  Géoloj^ie,  4'  édition,  1900,  p.  i4ao. 
a.  Lemoine.  Recherches  sur  les  Oiseaux  fossiles  des  environs  de  Reims, 
i"  partie.  Reims,  1878,  p.  65  ;  a»  partie.  Reims,  1881,  p.  79. 


I9OI      POISSONS  DE  l'ÉOCÈNE  INFÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  REIMS      4^9 

(Clastes),  des  Sparoïdes,  des  Pkyllodus  ;  les  restes  de  Myliobates 
sont  encore  assez  nombreux,  les  dents  de  Squales  sont  rares. 

Tout  récemment  M.  Leriche  *  a  publié  un  intéressant  travail  sur 
les  Poissons  des  sables  à  Unioei  Teredina  des  environs  d'Epemay 
(Marne),  d'après  les  matériaux  recueillis  par  MM.  Dutemple  et 
Diart  et  conservés  à  TUniversité  de  Lille.  Les  pièces  proviennent 
de  Cuis,  Chavot,  Avize,  Monthelon  ;  M.  Leriche  y  distingue  les 
espèces  suivantes  : 

Formes  marines  Formes  d*eau  douce 

Egertonia  Gosseleti  Leriche.  Silurus  ?  Gaudryi  Leriche  -. 

Nummopalatus  Sauvagei  hmche.        Arias  Dutemplei  Leriche. 

»  trapezoidalis  Leriche.      Amia  Lemoinei  Leriche. 

Odontaspis  elegans  Agassiz  sp.  Pappichthys  Barroisi  Leriche. 

»  contortidens  Agassiz.        Lepidosteus  suessionensis  P.  Ger- 

9  cuspidata  Agassiz  sp.  vais. 

»  verticalis  Agassiz. 

Lamna  ?  obliqua  Agassiz  sp. 
9        striata  Winkler  sp. 
Mjrliobatis  sp. 

Le  docteur  Lemoine  a  légué  à  la  collection  de  Paléontologie  du 
Muséum  les  fossiles  qu'il  avait  recueillis  avçc  tant  de  soin  et  de 
persévérance.  J^ai  pu  étudier,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Gaudry, 
les  restes  de  Poissons  de  la  collection  Lemoine.  Notre  regi*etté 
<îonfrère  avait  certainement  Tintention  d'étudier  ces  Poissons.  Dans 
ime  note  présentée  à  l'Académie  des  Sciences  (C  iî.,  i4  février 
1889)  et  ayant  pour  titre  :  Sur  Vensemble  des  recherches  paléonto- 
Àogiques  faites  dans  les  terrains  tertiaires  inférieurs  des  environs 
4le  Reims,  il  dit  :  «  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les 
dessins  relatifs  à  a5  espèces  de  Poissons,  se  subdivisant  en  Poissons 
Téléostéens  (6  espèces).  Cartilagineux  (lo  espèces),  et  Poissons 
<janoïdes  (6  espèces).  Ces  derniers  offrent  cet  intérêt  spécial,  qu'ils 
appartiennent  aux  familles  des  Lqpidostés  et  des  Amiadés  que 
l'on  rencontre  encore  dans  les  grands  fleuves  d'Amérique  ». 

Mme  ye  Lemoine  et  le  fils  de  notre  confrère,  M.  Léon  Lemoine, 
<iocteur  en  droit,  ont  bien  voulu  rechercher  sur  ma  demande  les 

I.  Lbrichb.  Faune   ichthyologique   des  sables  à  Unios  et  Térédines  des 

environs  d'Epernay  (Marne).  Annales  de  la  Société  géologique  du  Aord.  Lille, 

t.  XXIX,  1900  (séance  du  11  juillet),  p.  17^-196,  pi.  I  et  U  et  5  lig.  dans  le  texte. 

a.  M.  Leriche  a  été  amené  depuis  à  rapprocher  les  épines  de  Siluridés  en 

question   du  genre  Pimelodus.  Silurus  ?  Gaudryi  devient  ainsi  Pimelodus 

Gaudryi  Leriche  (Contribution  à  l'étude  des  Siluridés  fossiles.  Annales  de 

la  Société  géologique  du  Nord,  Lille,  t.  XXX,  1901,  p.  i65-i66). 


48o 


F.    PRIEM 


i8  Nov. 


dessins  exécutés  par  le  docteur  Lemoine  et  me  les  montrer.  Il  avait 
figuré,  sans  indication  d*espèces,  des  dents  de  Squales,  des  chevrons 
et  piquants  de  Myliobatidés,  des  restes  de  Chiméroîdes,  des  frag- 
ments d*Amiadés  (vertèbres,  mâchoires,  parasphénoîdes),  sous  le 
titre  commun  d^Amiadés  du  conglomérat  de  Cemay,  et  d*antres, 
sous  le  titre  d*Amiadés  des  sables  supérieurs  (Agéien),  des  restes 
de  Lépidostées  des  mômes  sables  (écailles,  plaques  osseuses»  ver- 
tèbres, fragments  de  mâchoires),  des  dents  de  Sparidés  et  une 
plaque  de  Phyllodus  dont  je  parlerai  plus  loin.  Il  y  a  aussi  sous  le 
nom  de  Af^ledaphus  des  croquis  dont  je  dirai  quelques  mots  à 
propos  des  Sparidés. 

Dans  la  collection  aujourd'hui  au  Muséum,  le  docteur  Lemoine 
avait  généralement  rangé  à  part  les  Poissons  du  Gemaysien  et 
de  TAgéien;  mais  il  est  rare  que  les  localités  d'origine  soient 
parfaitement  indiquées. 

Nous  étudierons  ici  ces  Poissons  dans  leur  ordre  zoologique. 

!•  Ëlasmobranches 


Les  Ëlasmobranches  de  la  collection  Lemoine  appartiennent 
aux  espèces  suivantes  : 


Acanthias  orpisnsis  Winkler  sp. 

Squatina  Gaudryi  n.  sp. 

Myliobatis  Dixoni  Ag.    (plaques 
dentaires  et  chevrons  isolés). 

Myliobaiis  acutus  Ag.  (aiguillon). 
»  sp.  (aiguillon). 

Aetobatis  irregularis  Ag.   (frag- 
ment de  chevron). 

Odontaspis  Rutoti  Winkler  sp. 
»  cuspidata  Agassiz  sp. 


» 
» 


Odontaspis  elegans  Agassiz  sp. 
Lamna  macrota  Agassiz  sp. 

striata  Winkler  sp. 

vèrticalis  Agassiz. 

Vincenti  Winkler  sp. 
Otodus  obliquas  Agassiz. 
Oxyrhina  Desori  Agassiz. 
Carcharodon  auriculatus  Blv.  sp, 
Galeocerdo  latidens  Agassiz. 
Vertèbres  de  Squales  *. 


Pour  certains  de  ces  restes  la  provenance  est  «indiquée  :  il  s'agit 
des  sables  de  Châlons-sur-Vesle,  de  ceux  du  niveau  de  Bracheux 
et  du  conglomérat  de  Cernay.  Pour  les  autres  la  provenance  de  ces 
dents  et  autres  débris  n'est  pas  donnée  ;  ils  peuvent  provenir  aussi 
bien  de  l'Agéien  que  du  Cernaysien.  Toutefois,  le  docteur  Lemoine 
a  remarqué  lui-même  que  les  dents  de  Squales  sont  rares  dans 
TAgéien   et  il   dit   qu'elles  sont  communes    dans  les  sables  de 

I.  Il  faut  citer  aussi  deux  dents  d'Hybodonte  de  provenance  douteuse 
ressemblant  beaucoup  à  celles  du  genre  crétacé  Sjrnechodua  ;  elles  provien- 
nent peut-être  du  Cernaysien. 


IQOI      POISSONS  DE  L^ÉOCÊNE  INFÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  REIMS      4^1 

Châlons-sur-VesIe  et  dans  le  conglomérat  de  Gernay.  La  plupart 
des  débris  cités  plus  haut  ont  probablement  été  trouvés  dans  le 
Cerna ysien.  Dans  la  collection  Lemoine,  il  n'y  a  que  deux  petits 
chevrons  de  Myliobatis  et  quelques  petites  vertèbres  de  Squales 
qui  proviennent  sûrement  de  TAgéien.  Cependant,  M.  Leriche  a 
•  signalé  dans  TAgéien,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  un  bon  nombre 
des  espèces  d'Elasmobranches  que  nous  avons  déterminées. 

Ces  espèces  se  trouvent  pour  la  plupart  aux  différents  niveaux  de 
rEocène  et  M.  A.  Smith  Woodward  leur  a  consacré  récemment  un 
important  travail  ^  Nous  n'en  examinerons  que  quelques-unes, 
qui  nous  paraissent  donner  lieu  à  des  remarques  intéressantes. 

AcANTHiAs  ORPiENSis  Wiiiklcr  sp. 

(PI.    XI,    fig.    21-22). 

Il  y  a  dans  la  collection  Lemoine  des  petites  dents,  provenant 
probablement  du  Cernaysien,  à  racine  large  et  basse,  avec  un 
cône  principal  précédé  d'un  bord  tranchant  finement  crénelé  et 
légèrement  arqué  :  en  arrière  du  cône  principal,  après  une  encoche, 
se  trouvent  quelques  denticules.  Le  cône  principal  pousse  sur  la 
racine,  à  la  face  externe,  un  prolongement  descendant,  et  à  la  face 
interne  un  autre  prolongement  presque  horizontal.  Il  y  a  quelques 
petits  plis  à  la  base  du  bord  antérieur  de  la  couronne  sur  la  face 
interne.  Une  de  ces  dents  présente  une  petite  encoche  sur  le  bord 
antérieur. 

Ces  dents  présentent  les  plus  grandes  analogies  avec  des  dents 
du  Heersien  d'Orp-le-Grand  en  Belgique  (étage  thanétien)  décrite 
par  Winkler  sous  le  nom  de  Notidanus  orpiensis  -  et  rapportées 
maintenant  au  genre  Acanthias.  M.  A.  Smith  Woodward  ^  en  a  cité 
de  semblables  dans  l'Eocène  inférieur  de  Chislehurst  en  Angle- 
terre (couches  de  Woolwich  et  de  Reading,  étage  spamacien  le  plus 
inférieur,  à  la  limite  du  Thanétien).  Le  professeur  F.  Bassani  a 
signalé  récemment  cette  espèce  dans  le  calcaire  éocène  de  Gassino 
(Piémont)  *. 

I.  A.  Smith  Woodward.  Notes  on  thc  teelh  of  Sliarks  and  Skates  from 
english  eocene  formations.  Proc.  Geol.  Ass.^  t.  XVI,  1899,  p.  1-14,  pi.  I. 

a.  WiNKLBR.  Mémoire  sur  quel(|ues  restes  de  Poissons  du  système  heersien. 
Arch.  Musée  Teyler,  t.  FV,  1876,  p.  i2-i3,  pi.  I,  (ig.  13-17. 

3.  A.  Smith  Wooj)ward.  Loc,  cit.f  p.  2,  pi.  I,  lig.  i-a. 

4.  F.  Bassani.  Ittiofauoa  del  calcarc  eocenico  di  Gassino  in  Piemonte. 
AtU  R.  Acad,  Napoliy  2'  série,  t.  IX,  n»  i3,  1899,  p.  27-28,  pi.  H,  fig.  18-20. 

19  Janvier  190Q.  —  T.  I^•^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  3i 


48a  F.  t»RiEM  i8  Nov. 

Squatina  Gaudryi  n.  sp. 

(PI.    XI,   fig.   33-24). 

La  collection  Lemoine  renfeime  une  vingtaine  de  dents  de 
Squatina;  une  provient  de  Prouilly  (Marne),  et  a  été  trouvée 
dans  les  sables  du  niveau  de  Bracheux,  une  autre  de  Chenay 
(niveau  des  sables  de  Chàlons-sur-Vesle),  deux  de  Montbré  (Marne); 
pour  les  autres  la  localité  n'est  pas  indiquée.  Toutes  ces  dents  sont 
semblables.  Elles  sont  petites,  à  ]*acine  large  et  plate,  portant  en- 
dessous  une  dépression  ;  la  couronne,  dépourvue  de  denticules 
latéraux,  pousse  un  prolongement  descendant  sur  la  racine  à  la 
face  externe  et  un  prolongement  presque  horizontal  à  la  face 
interne.  Certaines  de  ces  dents  sont  plus  larges  et  plus  basses  que 
les  autres  et  appartiennent  aux  côtés  des  mâchoires. 

Ces  dents  appartiennent  à  une  même  espèce  du  genre  Squatina. 
Déjà  une  espèce  de  Squatina  avait  été  signalée  par  Graves  ^  dans 
les  sables  de  Cuise-la-Motte  (étage  yprésien)  ;  elle  avait  été  appelée 
par  Pomel  Squatina  Gravesi,  mais  ni  décrite,  ni  figurée  ;  nous  n'en 
avons  rindication  que  par  Graves,  indication  reproduite  par 
Gervais. 

Winkler  -  a  décrit  et  figuré  des  dents  de  Squatina  du  Heer- 
sien  d'Orp-le-Grand  sous  le  nom  de  Trigonodus  primas  (Squatina 
prima  Winkler  sp.)  ^.  Les  dents  de  Squatina  de  la  collection 
Lemoine  ont  une  racine  moins  trapue  et  une  couronne  moins 
recourbée  que  celles  de  S.  prima  ;  leur  couronne  est  droite  ou  très 
faiblement  courbée  ;  d'autre  part,  nous  ne  pouvons  les  identifier 
avec  certitude  à  Squatina  Gravesi  Pomel.  Nous  en  ferons  une 
espèce  à  part  sous  le  nom  de  Squatina  Gaudryi. 

Une  dent  analogue  conservée  au  Muséum  (Collection  Deshayes 
1878)  provient  d'Hermon ville,  près  Reims  (niveau  non  indiqué  :  il 
y  a  à  Hermonville  le  Calcaire  grossier  et  la  Glauconie  qui  sépare 
ce  calcaire  des  sables  de  Cuise). 

M.  A.  Smith  Woodward  ^  a  figuré  des  dents  de  Squatina  des 
couches  de  Woolwich  et  de  Reading  (étage  sparnacien  inférieur)  et 

1.  Graves.  Essai  sur  la  topographie  géognostique  du  département  de  FOise. 
Beauvais,  1847,  p.  590.  —  Gervais.  Zoologie  et  Paléontologie  françaises,  1"  édi- 
tion, i848-5a.  Explication  des  planches  LXVII  à  LXXX.  Poiss.  foss.,  p.  3  ; 
a*  édition,  1809,  p.  517. 

a.  Winkler.  Loc.  cit.,  p.  i3-i4,  pi.  I,  iig.  i8-ai. 

3.  NoBTLiNG.  Sitzungsb,  nattirf.  Freund.  Gesellsch,  Berlin,  1886,  p.  16. 

4.  A.  Smith  Woodward.  Loc,  cit.,  p.  a,  pi.  I,  ûg.  3-5. 


DE  L'éocÈNE  INFERIEUR  DES  ENVIRONS  DE  REIMS      4^^ 

do  London-Glay  (étage  yprésien  oa  sparoacien  supériear),  mais  ne 
leur  a  pas  donné  de  nom  spécifique.  Elles  me  paraissent  être 
identiques  à  celles  de  TËocène  de  Reims. 

Odontaspis  Rutoti  Winkler  sp. 
(PI.  XI,  fig.  aSaÔ). 

Cette  espèce  est  caractérisée  par  ses  dents  à  face  interne  lisse  ;  il 
y  a  deux  paires  de  denticules  latéraux  pointus  dont  Texterne  est  le 
plus  petit;  il  peut  y  avoir  d'ailleurs  une  autre  paire  de  denti- 
cules encore  plus  externes  et  plus  insignifiants.  A  la  face  externe, 
la  ligne  de  base  de  la  couronne  forme  un  angle  rentrant  et  porte 
de  petits  plis  longitudinaux  très  serrés. 

Dans  la  collection  Lemoine  cette  espèce  est  représentée  par  de 

nombreux  exemplaires  de  dents  antérieures  et  de  dents  latérales 

^e  différentes  tailles.  La  plupart  de  ces  dents  n'ont  pas  de  lieu  de 

provenance  certaine  ;  cependant  une  a  été  trouvée  à  Montbré,  une 

siutre  à  Sézanne, 

0.  Rutoti  est  commun  dans  les  couches  éocènes  inférieures  de 
^Belgique  (Heersien,  Landénien,  Yprésien)  ;  c'est  là  que  Winkler 
■  'avait  trouvé,   il    l'a    décrit    sous    le    nom    d'Otodus    Rutoti^, 

.  A.  Woodward  l'a  signalé  dans  les  sables  de  Reculvers,  Kent 
étage  tbanétien)  ^.   La  collection  de  Paléontologie   du  Muséum 
m^enferme  des  dents  d*  Odontaspis  Rutoti  mêlées  à  des  dents  de 
amna  Vincenti  Winkler  sp.  provenant  de  Guise-la-Motte  et  que 
ai  eu  l'occasion  de   déterminer,  ainsi  que  ces  dents  de  Lanina 
^Wincenti,  On  voit  que  Odontaspis  Rutoti  commun  dans  l'Eocène 
L:«iférieur  de   Belgique  et  d'Angleterre  se  trouve  aussi  dans  les 
iveaux  inférieurs  de  TEocène  du  bassin  de  Paris. 

Odontaspis  elegans  Agassiz  sp. 
(PI.  XI.  lig.  27-28). 

On  doit  réserver  le  nom  d'O.  elegans  k  des  dents  dont  le  type 
^  été  figuré  par  Agassiz  comme  provenant  de  Sheppey  ^.  Les  dents 

1.  Winkler.  Loc.  cit.,  p.  4-7,  pi.  I,  iig.  3-'i»  et  A.  Smith  Woodward.  Cala- 
l-ogue  of  the  fossil  Pishes  in  the  British  Muséum,  part  1.  1889,  p.  36i. 

2.  A.  Smith  Woodward.  Proc.  GeoL  Ass  ,  1899,  p.  7,  pi.  I,  lig.  10-11. 

3.  Agassiz.  Rech.  Poiss.  fos.s.,  l.  IH,  i8^3,  p.  3(i<),  pi.  /îoft,  tig.  24.  —  O.  Jaekfl. 
Untcp-  tertiàre  Selachier  aus  Sûdrussiand.  Mém.  Comité  géolof^ique.  Saint- 
Pélcrebourg,  t.  IX,  n*  4,  1895,  p.  29-30,  pi.  I,  lig.  8-17.  —  A.  Smith  Woodward. 
Proc.  Geol.  Ms.,  1899,  p.  8-9,  pi.  I,  Ug.  i5-i8. 


484  ^.    PRIfiM  l8  NOT. 

plas  larges  et  à  striation  moins  nette  attribuées  généralement  à 
O.  elegans  ne  sont  autres  que  les  dents  antérieures  de  Lamna 
macro  ta  Agassiz  sp.  (espèce  également,  attribuée  au  genre  Odon- 
taspis  par  le  docteur  Jaekel). 

Les  dents  antérieures  d'O.  elegans  typique  sont  étroites,  hautes, 
à  courbure  peu  prononcée,  fortement  striées  sur  la  face  interne  et 
avec  de  petits  denticules  latéraux  pointus.  Les  dents  latérales  sont 
également  minces,  striées,  mais  moins  élevées  et  avec  des  denti- 
cules latéraux  pointus  i*eiativement  plus  grands. 

Beaucoup  de  ces  dents  se  trouvent  dans  la  collection  Lemoine. 
Certaines  proviennent  de  Chenay  (niveau  des  sables  de  Ghâlons- 
sur-Vesle)  ;  d'autres  des  Chaufiburs  (conglomérat  de  Cernay)  ;  elles 
sont  accompagnées  de  dents  à' Odontaspis  cuspidata  Agassiz  sp. 

L'espèce,  qu  on  trouve  abondamment  aux  divei's  niveaux  de 
TEocène,  date  donc  de  l'Eocène  le  plus  inférieur. 

Je  pense  qu'il  faut  rapporter  à  O.  elegans  les  dents  que  M.  Leri- 
che  *  signale  dans  TAgéien  de  Cuis  et  qu'il  appelle  O.  contorUdens. 
Cette  dernière  espèce  ne  parait  se  montrer  qu'à  partir  de  l'Oligo- 
cène ou  de  TEocène  le  plus  supérieur. 

Lamna  striata  Winkler  sp. 
(PI.  XI,  fig.  a9-3o). 

• 

Il  y  a  dans  la  collection  Lemoine  de  petites  dents  assez  nom- 
breuses ayant  tout  au  plus  o  m.  oi  de  longueur  totale  et  le  plus 
souvent  de  6  à  8  millimètres  seulement.  Sur  la  face  interne  de  la 
coui'onne,  il  y  a  des  stries  peu  prononcées  et  qui  ne  s'étendent 
généralement  pas  loin  de  la  base.  Les  denticules  latéraux  sont 
pointus.  Les  dents  sont  remarquables  par  leur  racine  basse  et 
s'étendant  en  largeur,  de  sorte  que  l'angle  des  deux  branches  de 
racine  est  très  ouvert.  Je  rapporte  ces  dents  à  Lamna  striata 
Winkler  sp.  Winkler  avait  donné  le  nom  d'Otodus  striatus  à  de 
petites  dents  semblables  provenant  du  Heersien  de  Belgique  -.  Les 
dents  de  la  collection  se  trouvaient  avec  des  dents  d'Odontaspis 
cuspidata  et  de  O.  elegans  de  Châlons-sur-Vesle  et  proviennent 
probablement  de  cette  localité.  M.  Leriche  ^  signale  cette  espèce 
dans  TAgéien  de  Cuis. 

I.  Lbricub.  Ann.  Soc.  géol.  Nord^  t.  XXIX,  1900,  p.  192. 
a.  WiNKLKR.  Loc,  cit ,  p.  8-9,  pi.  I,  lig.  7-9.  —  A.  Smith  Woodward.  Cata- 
logue, part  I,  1889,  p.  4û9- 
3.  Lkiucuk.  Ann.  Soc,  géol.  Nord,  t.  XXIX,  1900,  p.  193. 


igOI      POISSONS  DE  L*éOGBNE  INFÉRIEUR  DES  ENVIRONS  DE  REIMS      4^5 

La  collection  Lemoine  renferme  des  vertèbres  de  Squales  assez 
nombreuses,  provenant  du  Cernaysien  des  Cbaufiburs  et  appar- 
tiennent probablement  à  des  Odontaspis  ou  à  des  Lamna,  II  y  a 
aussi  de  plus  petites  vertèbres  de  Squales  dont  quelques-unes 
proviennent  de  l'Agéien. 

2*  Holocéphales 

Edaphodon  Bucklandi  Agassiz. 

La  collection  Lemoine  renferme  des  restes  d'un  Chiméroïde  qui 
est  Edaphodon  Bucklandi  Agassiz.  11  est  représenté  par  des  dents 
mandibiilaires  assez  bien  conservées  provenant  des  ChaufToura, 
(sables  de  Châlons-sur-Vesle  et  conglomérat  de  Cernay).  Quelques 
débris  de  Chiméroïde  trouvés  à  Prouilly  (sables  de  Bracheux) 
appartiennent  probablement  à  la  même  espèce. 

Cette  espèce  a  été  signalée  dans  le*  London-Clay  dans  les  cou- 
ches de  Bagshot  et  de  Bracklesham  en  Angleterre,  dans  le 
Bruxellien  de  Belgique,  et  par  suite  à  des  niveaux  assez  élevés 
de  l'Eocène.  Sa  présence  dans  le  Cernaysien  montre  qu'elle  date 
de  l'Eocène  le  plus  inférieur. 

Signalons  enfin  dans  l'Agéien  des  fragments  indéterminables 
d'Ichthyodorulites. 

3»  Téléostomes 

Ordre  des  Actinoplerygii 
Sous-ordre  des  Prolospondylî  —  Famille  des  Amiadœ 

Ami  A  ROBUSTA  n.  sp. 

(PI.  X,  lig.  i-i3,  et  iig.  1-3  du  texte). 

M.  Lemoine  a  recueilli  à  Cernay,  dans  le  conglomérat,  de  nom- 
breux débris  d'un  Amiadé  qui  pouvait  atteindre  une  taille  consi- 
dérable. 

Il  y  a  de  nombreuses  vertèbres  aplaties,  biconcaves,  avec  un  petit 
trou  pour  la  notocorde,  placé  un  j)eu  plus  haut  que  le  milieu  de 
la  vertèbre.  Elles  présentent  comme  celles  d'Amia  de  doubles 
facettes  articulaires  pour  les  épines  neurales.  qui  s'attachaient  à 
deux  vertèbres  successives  (figure  i  du  texte).  Quelques  vertèbres 
ont  encore  les  restes  de  prolongements  transverses  (parapophy ses). 
Celles-ci  peuvent  être  placées  à  un  niveau  élevé  sur  le  centre 


486 


F.    PRIEM 


i8  Nov. 


vertébral  ou  à  un  niveau  assez  bas.  Dans  le  premier  cas,  il  s'agit 
de  vertèbres  antérieures  et  dans  le  second  de  vertèbres  posté- 
rieures. A  la  face  inférieure  il  y  a 
deux  fossettes  longitudinales  étroi- 
tes (fîg.  a  du  texte). 

Les  plus  grandes  vertèbres  qui 
sont  les  vertèbres  antérieures  ont 
une  longueur  (épaisseur)  petite  par 
rapport  aux  deux  autres  dimen- 
sions. Leur  diamètre  transverse 
(largeur)  est  considérable  par  rap- 
port à  la  hauteur  ;  la  plus  grande 
largeur  est  vers  le  haut  au  niveau 
du  trou  de  la  notocorde  ;  elle  dimi- 
nue vers  le  bas,  de  sorte  que  les 
vertèbres  tendent  à  se  terminer  en 
pointe.  Dans  les  vertèbres  posté- 
rieures ou  caudales,  la  longueur  (épaisseur)  est  relativement  plus 
grande,  la  hauteur  difiere  moins  de  la  largeur,  de  sorte  que  la 
vertèbre  tend  à  devenir  circulaire.  Voici  les  dimensions  expri- 
mées en  millimètres  pour  sept  vertèbres,  dont  les  trois  dernières 
appartiennent  à  la  région  postérieure  : 


Fig.  i-Q.  —  Amia  robusta  n.  sp. 
Conglomérat  de  Cernay.—  Ver- 
tèbre n*  I  de  la  première  série, 
vue  (iig.  i)  de  dessus  et  vue 
(fig.  2)  de  dessous.  Grandeur 
naturelle. 


Longueur  (épaisseur) 

Hauteur 

Largeur 


l 

12 
32,5 

44 


II 

12 

3i,5 
40 


m 
10,5 

38 


IV 

i3,5 

33 

35 


V 

11,5 
22,5 

27 


VI     VU 


12 
21 
25 


12 
20 
24 


11  y  a  d'autres  débris  ayant  appartenu  au  même  Amiadé  de  grande 
taille.  Tels  sont  des  os  dentaires  à  face  externe  rugueuse  et 
sculptée,  et  présentant  à  la  face  interne  un  sillon  profond,  s'éten- 
dant  d'une  extrémité  à  l'autre  et  s'ouvrant  en  avant  ;  et  un  fragment 
de  maxillaire  avec  un  morceau  de  la  partie  sus-alvéolaire.  Sur  ces 
fragments  de  mâchoires  on  voit  les  dépressions  où  s*attachaient 
les  dents  ;  elles  sont  basses,  presque  carrées  ou  rectangulaires  avec 
la  grande  dimension  transverse  par  rapport  à  Tos,  et  avec  les 
angles  grossièrement  arrondis. 

D'autres  restes  sont  :  un  grand  basioccipital,  un  parasphénoîde 
de  fortes  dimensions  avec  Taire  dentaire  couverte  de  petits  denti- 
cules,  et  un  morceau  de  plaque  osseuse  de  la  tête  semé  de  nom- 
breuses rugosités. 

Cette  espèce  devait  présenter  de  grandes  variations  de  taille. 


igOI      POISSONS  DE  L  EOGÈNE  INFERIEUR  DES  ENVIRONS  DE  REIMS      4^ 

Voici  une  seconde  série  de  vertèbres  dont  les  dimensions  sont 
exprimées  en  millimètres  : 

I  II  III  IV       V  VI  VII 

Longueur  (épaisseur) .      9,5  6,5       7  8       5,5  6,5  6,5 

Hauteur i6,5  16  i5.5  i3  i3,5  io,5  9,5 

Largeur ai, 5  19,5  ï8,5  17  i5  11, 5  io,5 

Il  y  a  aussi  de  nombreuses  vertèbres  plus  petites,  formant  un 
troisième  groupe,  dont  voici  les  dimensions  pour  trois  échantillons  : 

I  II  m 

Longueur  (épaisseur) 3,5  3,5  4«5 

Hauteur 7  ^^^  ^ 

Largeur io,5  9  9 

Mais  ces  diverses  vertèbres  ont  la  même  forme  que  les  grandes, 
et  on  peut  leur  faire  correspondre  pour  les  dimensions  des  basiocci- 
pitaux  des  fragments  de  maxillaires,  de  dentaires  (fig.  3  du  texte), 
et  des  fragments  de  parasphénoïdes  qui 
ne  diffèrent  que  par  la  taille  de  ceux  qui       ^^___r 
correspondent    aux   grandes    vertèbres.        ^^otJT?' 
Sur  tous  les  os  des  mâchoires  on  voit  A^^^i^jjgmjg^ 

des  alvéoles  bas  à  angles  grossièrement 
arrondis,   presque  carrés  ou  rectangu-      Fig.  3.  —  Amia  robusta  n. 

laires  avec   la  plus   grande   dimension  ^P-  Conglomérat  de  Cer- 

^  _j.   X    1»         /^  X  nay.  Vue  du  bord  alvéo- 

transverse  par   rapport  à  1  os.  On  est  1  •     j,      r  »  j. 

'^  ^'^  laire  d  un  fragment  d  os 

<ibligé  de   rapporter  ces  fragments  de  dentaire.  Grandeur  na- 

j^randeur  variée  à  la  même  espèce.  turelle. 

Parmi  les  débris  les  plus  complets  des 
ûdividus  de  petite  taille  il  faut  signaler  des  maxillaires.  La  partie 
intérieure  qui  chez  le  vivant  était  cachée  par  le  prémaxillaire  est 
«•élevée,  dépourvue  de  dents;  à  la  suite  vient  une  partie  plus 
mince,  plus  comprimée,  pourvue  d'alvéoles;  à  la  surface,  il  y  a  des 
:i*ugosités  formant  des  lignes  longitudinales.  On  croit  noter  aussi 
<les  dents  isolées  et  un  fragment  d*os  de  la  région  palatine  (palatin 
ou  ptérygoïde)  couvert  de  petits  denticules. 

En  résumé,  les  débris  d'Amiadé  trouvés  à  Gemay  doivent  appar- 
tenir à  une  même  espèce  présentant  de  grandes  variations  de  taille 
mais  pouvant  devenir  très  forte.  Ainsi  chez  Y  Amia  calva  actuel, 
long  d'environ  o  m.  66,  les  vertèbres  ont  une  hauteur  et  une  longueur 
qui  atteignent  à  peine  le  tiers  de  celles  des  plus  grands  individus  de 
Cemay.  Ceux-ci  devaient  par  suite  avoir  environ  2  mètres  de  long, 
tandis  que  les  plus  petits  individus  avait  la  taille  de  VArrUa  eaha. 


488  F.    PRIEM  ISNOT. 

M.  Lemoine  rapportait  les  restes  d'Amiadé  de  Cernay  au  genre 
Pappichthys  créé  par  Cope  *,  et  en  ellet  les  pièces  de  Cernay 
ressemblent  beaucoup  à  celles  fig^ées  par  Cope  et  provenant  de 
TEocène  du  Wyoming.  Suivant  Cope  Pappichth}'s  dilFère  d'^/ma, 
en  ce  que  les  os  des  mâchoires  ne  portent  qu'une  seule  série  de 
dents  au  lieu  de  plusieurs,  et  en  ce  que  les  vertèbres  antérieures 
sont  plus  aplaties  et  ont  un  diamètre  plus  grand.  Mais  l'auteur 
lui-même  ne  paraît  pas  accorder  à  ces  caractères  une  valeur 
définitive.  D'ailleurs  M.  E.  T.  Newton  -fait  i*emarquer  que,  chei 
YAmia  actuel,  il  n'y  a  de  rangées  de  dents  supplémentaires  que 
sur  Tos  splénial  ;  les  dentaires,  maxillaires  et  prémaxillaires  ne 
portent  réellement  qu'une  seule  rangée  de  dents.  Je  signalerai  à  ce 
propos  un  fragment  de  maxillaire  de  TAmiadé  de  Cernay  où,  entre 
les  grands  alvéoles  internes,  il  y  a  quelques  alvéoles  externes 
plus  petits,  paraissant  indiquer  des  dents  supplémentaires  vers  le 
dehors,  ce  qui  irait  encore  à  rencontre  de  la  diagnose  du  genre 
Pappichih}'s,  En  somme,  le  genre  Pappichthys  de  Cope,  ne  parait 
pas  devoir  être  distingué  du  genre  Amia  de  Linné.  C'est  à  ce 
dernier  genre  que  nous  rapporterons  le  Poisson  de  Cernay  sous  le 
nom  d'Amiarobusta  n.  sp. 

Amia  (Pappichthys)  Barroisi  Leriche 
(PI.  X,  lig.  14-16). 

Une  petite  espèce  d'Amiadé  a  été  trouvée  dans  l'Agéien  à  Cuis 
et  Monthelon  par  M.  Leriche  '.  Il  Ta  appelée  Pappichihjrs  Barroisi. 
On  doit  rapporter  à  cette  espèce  d'assez  nombreux  fragments 
d'Amiadé  de  la  collection  Lemoine,  provenant  de  l'Agéien. 

Les  vertèbres  ont  tous  les  caractères  de  celles  des  Poissons  du 
genre  Amia,  Elles  sont  de  petite  taille  et  rappellent  par  leurs 
dimensions  les  plus  petites  vertèbres  dCAmia  robusta.  Leur 
longueur  (épaisseur)  est  en  moyenne  de  3  millim.  5,  leur  hauteur  de 
7  à  8,  leur  largeur  de  9  millim.  Il  y  en  a  même  de  plus  petites  dont 

1.  Cope.  Ann.  Report  U.  S.  Geol.  Surv.  Territories,  1872  (1873),  p.  634,  «t 
Report  U.  S.  Geol.  Surv.  Terr.,  t.  lU,  i883  (i884)  :  The  VertebraU  of  the  ter- 
tiary  formations  of  the  West,  p.  56-6i,  pi.  H,  llg.  5a-59,  pi.  El  et  IV.  —  Cope 
réunissait  à  son  genre  Pappichthys  le  genre  Hjrpamia  et  le  BOUs-genre  Pro- 
tamia  de  Leidy  (Proc,  Acad.  NaL  Se.  Philadelphia,  1873,  p.  98). 

2.  E.-T.  Newton.  On  Ihc  reniains  of  Amia  from  Oligocène  strata  in  the 
isle  of  Wight   Quart.  Journ.  Geol.  Soc.  LondoUy  t.  LV,  18^,  p.  2. 

3.  Lerichb.  Ann,  Soc.  géoL  Nord,  t.  XXIX,  1900,  p.  185-187,  pi.  H,  fig.  i,  3-i6 
et  lig.  3  dans  le  texte. 


igOI      POISSONS  DE  l'ÉOCÈNE  inférieur  des  environs  de  REIMS      4^ 

les  dimensions  ne  dépassent  pas  pour  la  longueur  a  millim.  5,  pour 
la  hauteur  3  et  pour  la  largeur  4,5. 

Ces  vertèbres  sont  accompagnées  de  fragments  de  maxillaires 
et  de  dentaires.  Les  maxillaires  ont  la  surface  externe  couverte  de 
lignes  longitudinales  ;  les  dentaires  ont  la  surface  externe  rugueuse 
eit  présentent  sur  la  face  interne  une  foiie  rainure.  Les  alvéoles 
diffèrent  de  ceux  de  ïAmia  robusta  ;  leurs  bords  sont  plus  élevés, 
ils  sont  bien  arrondis,  circulaires  ou  ovales. 

Il  parait  donc  y  avoir  dans  TAgcien  une  espèce  à'Amia  distincte 
de  YAmia  robusta^  plus  petite,  atteignant  la  taille  de  VAmiacalva 
actuel.  Cette  espèce  nommée  par  M.  Leriche  Pappichthys  Barroisi 
doit  être  rangée  comme  les  autres  espèces  du  genre  Pappichthjys 
dans  le  genre  Amia.  Nous  rapporterons  à  la  même  espèce  des 
plaques  osseuses  de  la  tête  couvertes  de  rugosités  et  qui  ressem- 
blent à  celles  que  M.  Leriche  a  rapportées  à  Pappichthys  Barroisi. 

La  collection  Lemoine  de  l'Agéien  renferme  aussi  deux  vertèbres 
^Amia  plus  grandes,  ayant  comme  dimensions  : 

I  II 

Longueur  (épaisseur) 6  ^fi 

Hauteur I2,5  ii 

Largeur i6  i5,5 

Elles  ne  diflèrent  de  celles  de  VAmia  Barroisi  que  par  la  taille 
^t  appartiennent  probablement  à  la  môme  espèce. 

D'après  ce  qui  précède,  il  y  a  dans  le  conglomérat  de  Cemay 
"mzme  espèce  A' Amia,  YAmia  robusta,  présentant  de  grandes 
^%^ariations  de  taille,  mais. pouvant  atteindre  au  moins  le  triple  de 
la  taille  de  YAmia  calva  actuel,  et  dans  TAgéien  une  espèce, 
^'*Amia  Barroisi,  rappelant  davantage  l'espèce  vivante. 

M.  Leriche  *  a  établi  pour  une  vertèbre  caudale  trouvée  dans 
l'Agéien  de  Guis  une  autre  espèce  sous  le  nom  à' Amia  Lemoinei, 

Sous-ordre  des  Actbeospondyli.  ~  Famille  des  Lepidosleidio 
Lepidosteus  suessionensis  p.  Gervais 

(Pi.  XI,  fig.  1-8). 

Le  genre  Lepidosteus  est  représenté  dans  la  collection  de  T  Agéien 
du  docteur  Lemoine  par  de  nombreux  débris,  malheureusement 
très  fragmentaires. 

I.  Lbrighb.  Ann,  Soc.  géol.  Nord,  XXIX,  igoo,  p.  i83-i85,  fig.  a  du  texte. 


490  F.    PRIBM  l8  NOV. 

Il  y  a  d* abord  des  yertèbres  opisthocœliques  bien  caractéris- 
tiques, peu  allongées,  avec  les  arcs  neuraux  et  les  bases  des  apo- 
physes Iransverses,  la  partie  postérieure  d'un  parasphénoîde,  de 
nombreux  fragments  de  plaques  osseuses  de  la  tête  avec  des 
rugosités  de  ganoine  disposées  en  lignes  ramifiées  et  irrégulière- 
ment confluentes. 

On  trouve  aussi  un  fragment  d*os  à  apophyse  montante  qui 
paraît  être  un  prémaxillaire  ;  il  y  a  en  place  deux  grosses  dents 
sillonnées  et  sur  le  bord  externe  de  petits  trous  répondant  à  de 
petites  dents  qui  ont  disparu;  deux  autres  ini^ments  qui  ont 
probablement  appartenu  à  la  mâchoire  supérieure  présentent  une 
seule  série  de  dents  sillonnées  à  la  base,  dont  quelques-unes  seule- 
ment sont  conservées.  On  doit  noter  aussi  un  fragment  de  mandi- 
bule à  surface  rugueuse,  présentant  les  alvéoles  de  deux  fortes 
dents  :  le  bord  de  ces  alvéoles  porte  des  stries  qui  se  dirigent  vers 
Tintérieur.  Sur  le  bord  externe  on  voit  les  alvéoles  de  dents  plus 
petites.  Il  y  a  aussi  des  dents  détachées,  pointues  et  sillonnées,  qui 
ap[)artiennent  sûrement  à  un  Lepidosteus. 

La  collection  Lemoine  i*enferme  toute  une  série  d'écaillés,  mon- 
trant les  diverses  formes  des  écailles  de  Lepidosteus  :  rhombiques 
régulières  de  la  région  des  flancs,  allongées  et  irrégulières  comme 
celles  de  la  région  centi*ale,  canaliculées  comme  celles  de  la  r^;ion 
latérale  *.  Ces  écailles  sont  pour  la  plupart  assez  petites  et  lisses. 
Il  y  en  aussi  de  beaucoup  plus  grandes,  généralement  lisses,  mais 
dont  quelques-unes  présentent  des  rugosités. 

Agassiz  avait  décrit  sous  le  non  de  Lepidotus  Maximiliani  des 
écailles  lisses  provenant  du  Calcaire  grossier  de  Paris  -.  Il  s'agit  là 
d'un  véritable  Lepidosteus.  C'est  à  la  même  espèce  L.  MaxinUliarU, 
que  M.  Vasseur  rapporte  les  pièces  :  vertèbres,  écailles,  plaques 
céphaliques,  poi*tîons  de  mâchoires,  etc.,  trouvées  à  Neauflesdans 
les  fausses  glaises  (étage  sparnacien).  P.  Gervais  ^  avait  rapporté 
des  pièces  des  mâchoires  trouvées  dans  les  lignites  du  Soissonnais 
(étage  sparnacien),  à  une  espèce  qu*il  désignait  sous  le  nom  de 
Lepidosteus  suessionensis,  M.  Vasseur  reganie  L,  suessionensiSy 

I.  AoAssiz.  Rech.  sur  les  Poiss.  foss.,  t.  Il,  a*  partie  (i839-44)t  P*  !>9-3a»  pi.  B. 
G.  Vasseur.  Sur  la  couche  à  Lépidostées  de  Targile  de  Neaufles-Saint-Martin, 
près  Gisors.  B,  S.  G.  F.,  (3),  t.  IV,  1876,  p.  295-3o4,  pi.  VI. 

a.  AoAssiz.  Rech.  sur  les  Poiss.  foss.,  t.  H,  i"  partie,  p.  9  et  a68,  pi.  agc, 
fig.  8-1 1. 

3.  Gervais.  ZooI.  et  Paléont.  franc.,  i'*  édition,  i848-5a.  Bxpl.  des  planches 
LU  à  LXVI,  p.  4,  pi.  LVm,  fig.  3-5  ;  a"  édition,  1869,  p.  617,  pi.  58,  fig.  3-5.  — 
Comptes-rendus  Académie  des  Sciences,  t.  LXXIX,  1874,  p.  846. 


igOI      POISSONS  DB  L^ÉOGÂNE  INFERIEUR  DBS  ENVIRONS  DE  REIMS      49^ 

comme  identique  à  L.  MaximiUani.  Gervais  a  cité  L.  Maximiliard 
à  Cuise-la-Motte  ^  ;  il  y  est  représenté  par  des  écailles. 

M.  Leriche  -  a  récemment  étudié  les  restes  de  Lepidosteus  de 
TAgéien  (Cuis,  Monthelon,  Chavot,  Avize).  Il  remarque  que 
L.  Maximiliani  Agassiz  a  été  établi  sur  quelques  écailles  lisses, 
et  que  celles-ci  se  présentent  chez  tous  les  Lépidosteés,  dans  des 
proportions  variant  suivant  les  espèces.  Rien  n'autorise  d*après  lui 
à  rapporterions  les  Lépidosteés  du  bassin  de  Paris  à  L,  Maximi- 
liani du  Lutétien  et  il  vaut  mieux  conserver  pour  les  Lépidosteés 
du  Spamacien  le  nom  de  Lepidosteus  suessionensis,  en  plaçant 
aussi  dans  cette  espèce  le  Lépidosteé  de  Neaufles.  Nous  adoptons 
cette  opinion.  Nous  rangerons  dans  la  même  espèce  des  écailles 
de  Lépidosteés  provenant  du  calcaire  à  lignites  (argile  plastique)  de 
Goulommes  (Marne)  ;  elles  font  partie  de  la  collection  de  Saint- 
Marceau  conservée  au  Muséum  (n^  i4i,  catalogue  1872)  :  ces 
écailles  sont  grandes  et  présentent  des  rugosités  ;  elles  proviennent 
de  la  partie  antérieure  du  corps. 

Le  Muséum  possède  quelques  écailles  de  Lepidosteus  provenant 
de  l'Yprésien  de  Cuise-la-Motte  et  un  fragment  de  maxillaire  de 
même  provenance  portant  encore  une  dent  striée  a  la  base  (collec- 
tion d*Archiac,  cat.  5o).  On  ne  peut  pas  les  rapporter  avec  certi- 
tudes à  Lepidosteus  suessionensis  ou  à  L,  Maximiliani, 

Cope  ^  avait  créé  un  genre  Clastes  pour  les  fragments  de 
Lepidostéidés  trouvés  dans  TEocène  du  Wyoming  et,  avec  le 
docteur  Lemoine,  il  regardait  comme  appartenant  au  même  genre 
les  débris  de  Lepidostéidés  trouvés  dans  TEocène  inférieur  des 
environs  de  Reims.  Mais  le  genre  Clastes  de  Cope  est  imparfaite- 
ment caractérisé  et  se  confond  très  probablement  avec  le  genre 
Lepidosteus  de  Lacépède  ^. 

I.  Gbrvais.  Zool.  et  Paléont.  franc.,  1'*  édition.  Expl.  des  planches  LXVU 
à  LXXX.  Poissons,  p.  2,  pi.  LXVH,  fijç.  9-13  ;  2'  édil.,  1869,  p.  5i6,  pi.  67,  fig.  9-13. 

9.  Lbrichb.  Ann,  Soc.  géoL  du  Nord^  t.  XXIX,  1900,  p.  187-191,  pi.  U,  lig.  17- 
4i  et  iig.  4  dans  le  texte. 

3.  CoPB.  Ann.  Rep.  U.  S.  Geol.  Surv.  Terr.,  1872  (1873),  p.  633.  —  Rep.  U.  S. 
Geol.  Supv.  Terr.,  t.  Hl  :  The  Veriebrala  of  Ihe  tertiary  formations  of  Ihe 
West,  i883  (i884),  p.  29-31  et  p.  52-56,  pi.  I,  ûg.  6  ;  pi,  U,  fig.  25-45  et  5o-52. 

4.  A.  Smith  Woodwahd  Cat.  foss.  Fishes  Brit  Mus.,  t.  111,  189,"),  p.  4^»2-4'»5. 
—  C.-R.  Eastman.  Fossils  Lepidosteids  froni  tlie  Green  River  shales  of  Wyo- 
ming. Bail.  Mu8.  Comp.  Zool.  at  Harvard  Collège,  t.  XXXVI,  n-  3,  p.  68. 
Cambridge,  Mass.,  1900. 


49!^  F*    PRIEM  l8  NOY. 


Soiis-ordi*e  des  Nomatoqnathi.  —  Famille  des  Siluridse 

Jl  y  a  dans  la  collection  de  TAgéien  du  docteur  Liemoine  de 
nombreux  fragments  de  piquants  de  nageoires  qui  appartienent 
sans  aucun  doute  à  des  Siluridés. 

M.  Leriche  ^  a  récemment  décrit  sous  le  nom  de  Pimelodus 
Gaudryi  (PL  XI,  fig.  i3)  des  piquants  dorsaux  et  un  fragment  de 
piquant  pectoral  de  Siluridé  trouvés  dans  TAgéien  de  Cuis  et  de 
Monthelon.  Il  a  en  outre  rapporté  *  à  une  autre  espèce  nouvelle  : 
Arias  Dutemplei  (PI.  XI,  fig.  lo)  des  piquants  dorsaux  et  pectoraux 
de  l'Agéien  de  Guis  et  de  Chavot. 

Dans  la  collection  de  TAgéien  du  docteur  Lemoine,  il  y  a  des 
piquants  dorsaux  de  Pimelodus  Gaudryi  et  un  fragment  qui  doit 
être  considéré  comme  un  morceau  de  piquant  dorsal  d'Arias 
Dutemplei,  Mais  en  outre,  on  y  trouve  des  fragments  de  piquants 
de  Siluridé  indiquant  au  moins  une  espèce  nouvelle. 

Arius  ?  Lemoinei  n.  sp. 

(PI.  XI,  fig.  9-11). 

Un  fragment  assez  complet,  fort  et  massif,  présente  une  partie 
de  l'extrémité  basilaire.  Celle-ci  est  nettement  dissymétrique  et 
indique  qu'il  s'agit  d'un  piquant  de  nageoiiH3  pectorale  droite.  La 
face  antérieure  forme  une  carène  dépourvue  de  tubercules  ;  la  face 
postérieure  est  creusée  d'un  sillon  large  à  la  base.  Les  faces 
latérales  sont  ornées  de  côtes  longitudinales  irrégulières,  noueuses, 
entre  lesquelles  on  voit  de  petites  dépressions  arrondies.  A  la  base 
y  a  de  petits  tubercules  et  on  remarque  aussi  vers  la  base  des 
traces  de  petits  tubercules  formant  une  rangée  près  du  bord  du 
sillon  postérieur. 

Ce  fragment  (PI.  XI,  fig.  9-10),  composé  de  deux  morceaux  qui 
s'ajustent  très  bien,  a  une  longueur  totale  de  o  m.  067  ;  la  plus  grande 
largeur  à  la  base  est  de  o  m.  on  et  l'épaisseur  à  la  base  o  m.  oi5. 

Un  autre  débris  plus  étroit,  avec  le  même  mode  d'ornementation, 
mais  où  les  côtes  longitudinales  sont  plus  marquées,  paraît  avoir 
appartenu  à  Textrémité  distale  du  même  piquant. 

M.  Vaillant,  professeur  au  Muséum,  a  bien  voulu  examiner  ces 

1.  Lkrichb.  Ann.  Soc.  géol.  Nord,  t.  XXIX,  1900,  p.  180-181,  pi.  I,  fig.  7-12' 
t.  XXX,  1901,  p.  i65-i66 

2.  Lkrichb.  Ann.  Soc.  géol.  Nord,  t.  XXIX,  p.  i8i-i83,  pi.  I,  fig.  i3-i5. 


igOI      POISSONS  DB  L^éocÈNE  INFERIEUR  DES  ENVIROxNS  DE  REIMS      49^ 

fragments.  Ils  appartiennent  certainement  à  un  Siluridé  voisin  des 
Arius  ou  des  Bagrus  ;  mais  le  geni'c  n'est  pas  susceptible  d'une 
détermination  précise.  Nous  les  attribuerons  provisoirement  au 
genre  Arius  et  les  rapporterons  à  une  espèce  nouvelle  :  Arius  ? 
Lemoinei, 

Un  autre  fragment  (PI.  XI,  fîg.  1 1)  sans  la  partie  basilaire  est  plus 
comprimé  que  les  précédents  ;  l'ornementation  est  très  analogue  à 
celle  des  fragments  précédents  ;  elle  consiste  sur  les  faces  latérales 
en  quelques  fortes  côtes  longitudinales  régulières  entre  lesquelles 
il  y  a  de  nombreuses  dépressions  arrondies;  la  face  antérieure 
forme  une  carène  dépourvue  de  tubercules,  les  bords  du  sillon 
postérieur  sont  lisses.  La  longueur  de  ce  fragment  est  de  o  m.  oSn, 
sa  largeur  est  de  o  m.  009,  son  épaisseur  de  o  m.  oo5.  Je  pense 
qu'il  faut  le  regarder  comme  un  morceau  de  piquant  dorsal  qui 
pourrait  appartenir  à  la  même  espèce.  Parmi  les  nombreux  frag- 
ments des  plaques  crâniennes  de  TAgéien,  il  y  en  a  peut-être  qui 
ont  appartenu  à  Tarmure  céphalique  de  ces  divers  Siluridés. 

Les  Siluridés  sont  rares  dans  le  Tertiaire  d'Europe,  mais  cepen- 
dant y  sont  représentés  dès  TEocène  ;  dans  le  London-Clay  de 
Sheppey  on  trouve  Bucklandium  diluvii  Kônig  *  ;  dans  les  couches 
de  Brancklesham  et  de  Barton,  il  y  a  :  Arius  Egertoni  Dixon  sp., 
Arius  ?  bartonensis  A.  S.  Woodward,  Arius  crassus  Koken  -.  11 
parait  y  #voir  aussi  des  Siluridés  dans  l'Eocènede  Belgique  ^. 

Cope  *  a  décrit  des  Siluridés  de  TEocène  d'Amérique  (couches 
de  Bridger).  Il  en  a  fait  le  genre  Rhineasies,  qui  se  trouve  aussi 
dans  les  Amyzonbeds  que  Cope  place  entre  TEocène  et  le  Miocène. 
Les  Siluridés  de  l'Eocène  d'Amérique  paraissent  différents  de 
ceux  de  l'Eocène  des  environs  de  Reims. 


I.  A.  Smith  Woodward.  Note  on  Bucklandium  diluoU  Kônig,  a  Siluroïd 
Fish  from  Ihe  London-Clay  of  Sheppey.  Froc.  Zool.  Soc,  London,  1889,  p.  208- 
aïo,  pi.  XXU. 

a.  A.  Smith  \Voodward.  On  some  remains  of  Siluroïd  Fishes  from  British 
Eocene  formations.  Geol.  Mag,,  dec.  III,  vol.  IV,  1887.  p.  3o3-3o7,  3  fig.  —  E.-T. 
Newton.  A  contribution  to  the  history  of  Eocene  Siluroid  Fishes.  Proc.  Zool 
Soc.  London,  1889,  p.  îïoi-207,  pi.  XXI. 

3.  Le  HoN.  Préliminaires  d'un  mémoire  sur  les  Poissons  tertiaires  de  Bel- 
gique, 1871,  p.  i5. 

4.  CoPB.  The  Verte bra ta  of  the  tertiary  formations  of  the  West,  i883  (i884), 
p.  6a-67  et  p.  747*748,  pL  V,  lig.  1-17. 


494  ^-  PRIKM  iSMoT^ 


SoiuMirdre  des  Pharyngognathi.  —  Famille  des  Labridœ 

Cocchi  *  décrit  sous  le  nom  de  Pharyngodopilidœ  des  dentitions 
pharyngiennes  de  Poissons  labroîdes  des  terrains  tertiaires.  Les 
dents  globuleuses  ou  lamelliformes  sont  serrées  les  unes  contre  les 
autres  et,  sous  les  dents  fonctionnelles,  les  dents  de  remplacement 
sont  en  piles.  Il  y  a  une  ou  deux  plaques  pharyngiennes  supé- 
rieures dont  la  face  masticatrice  est  plus  ou  moins  convexe  et  une 
plaque  pharyngienne  inférieure,  dont  la  face  masticatrice  est  de 
forme  plus  ou  moins  concave.  On  en  distingue  quatre  genres  : 
Phyllodus  Agassiz,  Egertonia  Cocchi  et  Taurinichthys  Cocchi, 
possédant  une  seule  plaque  pharyngienne  supérieure,  et  NummO' 
palatus  Ronsiuli  (Labrodon  P.  Gervais,  Pharyngodopilus  Cocchi) 
où  il  y  en  a  deux. 

Phyllodus  Gaudryi  n.  sp. 
(PI.  XI,  fig.  i4,  et  iig.  4  du  texte). 

Dans  la  collection  de  TAgéien  du  docteur  Lemoine,  se  trouve 
une  plaque  pharyngienne  de  Phyllodus.  La  face  triturante  est 
(PI.  XI,  fig.  i4)  concave  à  la  partie  antérieure  et  se  relève  en 
arrière;  la  face  opposée  est  convexe.  Il  s*agit  donc,  d*après  les 
descriptions  de  Cocchi,  d'une  plaque  pharyngienne  inférieure.  La 
partie  antérieure  n'est  pas  tout-à-fait  entière  et  la  partie  posté- 
rieure manque  aussi  en  partie.  Il  y  a  une  rangée  médiane  de 
grandes  dents  principales,  allongées  dans  le  sens  transversal.  Les 
dents  secondaires  placées  obliquement  dans  les  intervalles  des 
dents  principales  sont  bien  conservées  sur  le  côté  droit  ;  enfin  les 
dents  du  pourtour  ou  accessoires,  de  forme  globuleuse,  ne  sont 
bien  conservées  que  sur  la  partie  antérieure  du  côté  droit.  En 
avant  les  séries  verticales  présentent  quatre  étages  de  dents  super- 
posées, et  en  arrière  sept  et  même  huit  étages. 

La  dent  principale  postérieure,  visible  sur  la  face  triturante,  a 
son  bord  postérieur  convexe,  son  bord  antérieur  légèrement 
concave  ;  devant  se  trouve  la  plus  grande  dent  dont  les  bords 
antérieurs  et  postérieurs  sont  presque  droits.  Viennent  enfin  trois 
dents  principales  de  grandeur  décroissante,  la  plus  antérieure  est 
la  plus  petite  ;  le  bord  postérieur  de  ces  dents  est  concave  et  le 

I.  Cocchi.  Monographia  dei  Pharyngodopilidae,  nuova  famigUa  di  Piesc 
Labroidi.  Firenze,  1864. 


!  dents  sont  concaves  et 


igot    POiHONs  DE  l'£ogènb  inférieur  des  environs  de  reiUs    49^ 

bord  antérieur  convexe.  Les  dents  secondaires  placées  oblique- 
ment par  rapport  aux  dents  principales  sont  assez  régulièrement 
ovales,  et  les  dents  accessoires  sont,  comme  nous  l'avons  vu, 
globnienses. 

Sur  la  face  inférieure  (6g.4du  texte),  les  dents  sont  concaves  et 
plos  grandes  que  les  dents  correspon- 
dantes de  la  face  masticatrice. 

Cette  plaque  a  des  rapports  avec  Phyl- 
lodas  margmaUa  Agassiz  du  London- 
Clay;  mais  en  diUcre  par  ses  dents  prin- 
cipales antéiieures  plus  arquées  et  pluR 
étroites  dans  le  sens  longitudinal.  Cetic 
plaque  agéienne  doit  être  considérée 
comme  une  espèce  nouvelle  pour  laquelle 

nous  proposons  le  nom  de  Phyllodus  pj^  ^  _  phylloda»  Gau- 
Gaudryi.  dryl  n.  sp.  Aiçéien.  Pla- 

Le  genre  Phyllodaa  a  été  signalé  par  qne  pharyngienne  înfé- 

Reuss  dans  le  Crétacé  de  Bohôme <P.  cre-  "^"^"^  "»*  ^^  dessous. 

.  n         \  li     ji»        ■      »■  Grandeur  naturelle. 

taceus  neusa);  mais  cette  détermination 

est  discutable.  11  est  trf-s  répandu  dans  l'Ëocène  inférieur,  surtout 
dans  le  London-Clay  de  Sheppey,  où  treize  espèces  ou  variétés  ont 
été  décrites.  Poiuel  '  a  nommé  plusieurs  espèces  des  sables  de  Cuise- 
la-Motte  (étage  yprésien)  :  P.  Davali,  P.  inconstans.  P.  Levesqui, 
P.  latidens,  mais  ne  les  a  ni  décrites  ni  iigurées.  Gervais  -  a  figura 
des  Phyllodas  de  l'Eoccne  du  bassin  de  Paris.  Celui  de  Cuise-la- 
Motte  figuré  sous  le  nom  de  P.  marginalis?  (PI.  LXVII,  fig.  5-5  a) 
rappelle  surtout  d'api-ès  Cocclii  '  P.  speciosus  Coccbi  du  Ijondon- 
Clay.  Suivant  lui,  le  Phyllodua  de  la  pi.  LXVIll.  fig.  3o-3oa 
provenant  des  sables  de  Rétheuil,  Aisne  (étage  yprésien)  serait 
très  voisin  de  P.  médius  .\gassiz  du  London-Clay;  il  l'appelle 
provisoirement  P.  Gervaisi  parce  que  Gervais  reganle  comme 
analogue  de  cette  plaque  celle  qu'il  figure  pi.  LXVllI,  fig.  Zi-Zia 
et  qui  provient  de  Cuise-la-Motte.  Mais  d'après  M,  Sauvage  *,  celte 
demièi-e  doit  être  rappoi-té  au  genre  Nammopalatus. 

La  collection  du  iMuséum  l'cnfeiine  une  pile  isolée  de  dents  de 

I.  Graves.  Topographie  géognoslique  du  département  de  l'Oise,  p.  5âS. 

a.  P.  Gravais.  Zoologie  et  Paléontologie  fran^aisee,  i"  édition,  iS',S-a3. 
Expl.  des  planches  LXVU  à  LXXX.  Poiss.  foss.,  p.  a-3,  pi.  LXVU,  Ug.  S-fl; 
pi.  LXVm,  Cg.  3o-3i.  — a'édilion,  i859,  p.  5i(>.  pi.  Cj,  Ug.  5-6;  pi.  68,ilg.  3o-îi. 

3.  Coccui.  Loc.  cit.,  p.  53,  pi.  Il,  Ug,  lo-ia,  et  p.  56-5;. 

4.  Sauvaob.  Note  sur  le  genre  yummopalatas  et  sur  les  espèces  de  ce  genre 
trouvées  liane  les  terrains  tertiaires  de  la  Krance.  £..S.C/''.,(3),lll,iX75,p.6i7. 


496  F.    PRIEM  18  NoTi 

Phyllodus  provenant  des  sables  inférieurs  de  Pieirefonds  (Ypré- 
sien)  et  faisant  partie  de  la  collection  Watelet  (1873).  Les  dents  ont 
Tun  des  bords  latéraux  tronqué,  tandis  que  l'autre  est  plus  étroit  et 
arrondi.  Il  s'agit  probablement  d'une  espèce  distincte  à  la  fois  de 
P.  marginalis  et  de  P.  Gaudryi. 

ËGERTONIA   ISODONTA    Cocchl. 
(PI.  XI,  iig.  i5). 

Dans  le  genre  Egertonia  tes  plaques  pharyngiennes  sont  cou- 
vertes de  dents  circulaires  disposées  en  piles  et  serrées  les  unes 
contre  les  autres.  Cocchi  *  en  a  décrit  une  espèce  unique  de 
Sheppey,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  ô^E,  isodonta  à  cause  de 
Tégalité  de  toutes  les  dents.  La  collection  de  TAgéien  du  docteur 
Lemoine  renferme  des  fragments  de  plaque  d' Egertonia  ;  les  dents 
du  centre  sont  un  peu  plus  grandes  que  celles  du  pourtour  aux- 
quelles elles  passent  d'ailleurs  insensiblement.  Nous  ne  pensons 
pas  qu'il  y  ait  là  une  différence  spéciûque  avec  E.  isodonta  et  c'est 
à  cette  espèce  de  Cocchi  que  nous  rapportons  les  fragments  en 
question  ainsi  que  d'autres  fragments  à^ Egertonia  couverts  de 
dents  plus  petites  que  celles  à!E,  isodonta,  mais  presque  égales 
entre  elles. 

M.  Leriche  -  a  trouvé  dans  l'Agéien  de  Cuis  une  plaque  pharyn- 
gienne supérieure  à! Egertonia,  qu'il  a  rapporté  à  une  espèce 
nouvelle  sous  le  nom  à!E.  Gosseleti  parce  qu'il  y  a  une  légère 
inégalité  entre  les  dents  du  centre  et  celles  du  pourtour,  mais  il  dit 
qu'elles  passent  graduellement  des  unes  aux  autres.  Nous  pensons 
que  cette  espèce  Egertonia  Gosseleti  doit  être  confondue  avec 
E.  isodonta. 

Nous  rappelons  que  Cormiel  ^  a  rapporté  au  genre  Egertonia^ 
sous  le  nom  de  E,  gaultina  une  plaque  pharyngienne  du  Gault  de 
Moutier-en-der  (Haute-Marne). 

1.  Cocchi.  Loc,  cit.,  p.  07-59,  pi.  IV,  Iig.  1-2. 

2.  Lbricub.  Ann,  Soc.  géol.  Nord,  t.  XXIX,  igoo,  p.  175-176,  flg.  i  du  texte, 
et  pi.  I,  fig.  I  et  I  a.    • 

3.  GoRNUEL.  Description  de  débris  de  Poissons  fossiles,  provenant  princi- 
palement du  calcaire  néocomien  du  département  de  la  Haute-Marne.  B.  S. 
G,  F.,  (3),  V,  1877,  p.  620,  pi.  XI,  ûg.  31-32. 


igOI      POISSONS  DE  L'ioGKNE  INF^EUR  DBS  ENVIRONS  DE  ftSIMS     497 


Genre  Nummojpalattjs 

Le  genre  Nummopalatus  très  commun  dans  le  Miocène,  et 
représenté,  comme  on  l'a  vu,  dans  les  sables  de  Guise,  a  laissé  dans 
TAgéien  les  restes  de  plusieurs  espèces. 

M.  Leriche  ^  a  trouvé  dans  l'Agéien  de  Guis  des  plaques  pharyn- 
giennes supérieures  de  Nummopalatus  couvertes  de  dents  planes, 
contiguês,  à  contonr  polygonal  ou  arrondi,  dont  les  plus  grandes 
se  trouvent  au  centre.  Il  en  a  fait  deux  espèces  différant  surtout 
par  la  forme  des  plaques  :  N.  Sauçagei  et  N,  trapezoldalis. 

Ces  deux  espèces  sont  représentées  dans  la  collection  de  TAgéien 
du  docteur  Lemoine,  mais  cette  collection  parait  renfermer  deux 
antres  espèces  nouvelles  de  Nummopalatus, 

Nummopalatus  Vaillanti  n.  sp.* 
(PL  XI,  fig.  16-17). 

Il  y  a  des  fragments  de  plaques  de  Nummopalatus  couverts  de 
dents  planes  et  circulaires.  Deux  fragments  plus  complets  appar- 
tiennent à  des  plaques  pharyngienne». supérieures.  Les  dents  les 
plus  grandes  de  la  face  triturante  sont  à  la  partie  postérieure  ;  puis 
viennent  des  dents  plus  petites,  et  sur  le  bord  antérieur  il  y  a  une 
double  série  de  dents  dont  la  forme  est  triangulaire.  Nous  figurons 
un  fragment  de  plaque  pharyngienne  supérieure  droite  où  cette 
disposition  se  voit  bien.  Il  y  a  une  trentaine  de  dents.  Sur  la  face 
supérieure  les  dents  sont  moins  nombreuses  que  sur  la  face  tritu- 
rante; elles  sont  circulaires  et  concaves.  Sur  le  bord  postérieur 
les  dents  sont  disposées  en  quatre  étages.  Ces  fragments  indiquent 
une  espèce  nouvelle,  que  nous  dédions  à  M.  Léon  Vaillant,  profes- 
seur au  Muséum. 

Nummopalatus  paucidens  n.  sp. 

<P1.  XI,  (ig.  18). 

Une  petite  plaque  pharyngienne  supérieure  gauche,  de  TAgéien^ 
constitue  une  autre  espèce  nouvelle.  Elle  ne  présente  qu*une 
vingtaine  de  dents  sur  la  face  masticatrice.  Gelles  du  centre  de  la 
plaque  sont  circulaires  et  aplaties  ;  celles  des  bords  sont  en  forme 

I.  Lbrichb.  Loc,  cit,  p.  177-179,  pi.  I,  fig.  a-aa,  ûg.  3-5  et  3a^a. 
a3  Janvier  1903.  —  T.  f '.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  3a 


49» 


p.   PRtEM 


18  Nov, 


de  croissant  et  disposées  suivant  trois  rangées  superposées.  Le 
bord  antérieur  est  légèrement  courbe,  le  bord  postérieur  est  recti- 
ligne,  de  même  les  bords  externe  et  interne  qui  se  raccordent  avec 
le  bord  antérieur  par  un  angle  arrondi  ;  ils  sont  parallèles  entre 
eux,  de  sorte  que  la  plaque  a  à  peu  près  la  forme  d'un  trapèze  dont 
les  deux  bases  sont  les  côtés  externe  et  interne.  Sur  la  face  supé- 
rieure les  dents  sont  très  légèrement  concaves,  un  peu  plus  grandes 
et  moins  nombreuses  que  celles  de  la  face  triturante. 

La  longueur  niaxima  de  la  plaque  près  du  bord  interne  est  de 
8  millim.,  sa  largeur  de  gmilUm.  5,  et  l'épaisseur  de  3  millim.  5. 

A  cause  du  petit  nombre  des  dents,  nous  donnei*ons  à  cette 
espèce  le  nom  de  Nummopajatus  paucidens. 

LABRIDiS    INDÉTERMINÉS 
(PI.  XI,  fig.  19-ao  et  lig.  5-6  du  texte). 

La  collection  du  conglomérat  de  Cernay  contient  un  certain 
nombre  de  fragments  de  plaques  portant  des  dents  triturantes 
remarquables.  Elles  sont  creuses,  tout  d'une  venue,  cylindriques 
avec  un  sommet  arrondi  et  lisses.  Il  y  a  en  particulier  une  plaque 
assez  complète,  allongée  (PI.  XI,  fig.  19)  portant  de  ces  dents  hautes, 
irrégulièrement  placées  et. qui,   en  disparaissant,  ont  laissé  en 

certains  points  des  dépressions  assez  profondes 
sur  l'os  ;  à  la  partie  postérieure,  il  y  a  des 
dents  plus  petites  et  arrondies.  M.  Léon  Vail- 
lant a  eu  l'obligeance  de  me  montrer  des  den- 
titions pharyngiennes  de  Labridœ  des  genres 
Tautoga  (côte  atlantique  des  Etats-Unis)  et 
Cheilinus  (Océcm  Pacifique),  qui  ont  de 
grandes  analogies  avec  ces  plaques  du  Cer- 
nay sien.  La  plaque  dont  nous  venons  de  parler 
est  probablement  un  pharyngien  supérieur 
d'un  Labridé  voisin  du  genre  Tautoga  actuel. 
On  doit  en  rapprocher  des  dents  isolées  et 
aussi  des  plaques  portant  des  dents  allongées, 
à  sommet  plat  ou  arrondi,  mais  plus  effilées 
que  celles  dont  nous  venons  de  parler  et  quel- 
quefois légèinent  coniques.  Elles  proviennent 
les  unes  du  Gemaysien,  les  autres  de  l'Agéien 
(fig.  5  et  6  du  texte).  Un  fragment  de  plaque 
tout  pareil  accompagne  dans  la  collection  du  Muséum  (collection 
d'Archiac,  cat.  5o)  un  morceau  de  maxillaire  de  Lepidosteus  et 
provient  de  Cuise-la-Motte. 


6 


Fig.  5-6.  —  Labridé 
indéterminé  de 
l'Agéien.  Frag- 
ment de  plaque 
pharyngienne  vu 
de  la  face  tritu- 
rante (iig.  5)  et  de 
proûl  (tig.  6).  Au 
double  de  gran- 
deur. 


igoi     POISSONS  DE  l'éocêne  Inférieur  des  environs  de  hsihs    499 

En  résumé,  il  y  a  dans  le  Cernaysieri  et  l'Agéien  des  Labridm 
indétenniDés  se  rapprochant  des  genres  Tautoga  et  CheiUnus 
actuels. 

M.  Leriche  a  signalé  dans  les  couches  à  Unies  et  Térédines  de 
Cuis  un  fragment  de  pharyngiea 
d'un  Labridé  intétermioé  <. 


EUBIOTOCIDA  ?  INDÉTERMINÉS 

(Fig.  ;-io  du  textt). 

Dans  la  collection  du  conglomé- 
rat de  Cemay  du  docteur  Leinoine, 
on  tronve  des  fragments  de  pla- 
ques pharyngiennes  portant  de 
nombreuses  dents  arrondies,  extrê- 
mement serrées  et  constituant  un 
véritable  pavage.  Au-dessous  il  y  a 
des  dents  de  remplacement.  I^es 
dents  sont  généralement  usées  ;  les 
dents  intactes,  à  sommet  bombé, 
montrent  à  la  loupe  de  fines  stries 
qui  partent  du  bombement  supé- 
rieur et  se  dirigent  vers  la  base  ; 
celle-ci  présente  un  léger  étran- 
glement. La  collection  contient 
aussi  des  dents  isolées,  plus  gran- 
des, où  ces  caractères  sont  bien 
visibles. 

Ces  plaques,  couvertes  d'un 
pavage  de  dents,  doivent  avoir 
appartenu  à  des  Poissons  broyeurs 
voisins  des  Labridœ.  Elles  rappel- 
lent beaucoup  la  dentition  pharyn- 
gienne de  l'espèce  actuelle  Dama- 
lichtkys  arg-yrosomus  Girard  sp-, 
de  la  Côte  pacifique  de  l'Amérique 
du  Nord,  que  M.  Léon  Vaillant,  à 
qui  j'ai  soumis  les  fragments  du 
Cemaysien,  a  bien  voulu  m'indiquer  et  me  permettre  d'examiner. 


FiK.  7- 


—  Embiotocidi:?  indiHer- 
du  conglomérat  de  Cer- 
nay.  Plaques  pi  laryngien  nés. 
Fragment  vu  de  dessus  (tig.  7) 
et  de  prolil  (l\if.  ti)  ;  autre  Ira^- 
menl  vu  de  dessus  (ûg.  9)  e 
protil  (li|j.  lo).  —  Toutes 
figures  au  double  de  grandi 


I.  Lbbicbb.  Ann.  Soc.  géol.  Nord,  U  XXIX,  190a,  p.  179,  pi.  1,  fig.  6. 


5oo  F.  PRiEM  i8  Nov. 

Le  geni*e  Damalichthys  appartient  à  la  famille  des  Embiotocidœ^ 
Poissons  vivipares  qu'on  rattache  généralement  aux  Pharyngogna- 
thes  et  qui  ont  également  les  pharyngiens  inférieurs  unis  *.  Ces 
Poissons  habitent  la  côte  pacifique  de  l'Amérique  du  Nord  et  celle 
du  Japon.  Une  espèce  :  Hysterocarpus  Traski  Gibbons,  vit  dans 
les  rivières  de  la  Californie  centrale. 

Avec  quelque  doute,  j'attribue  à  cette  famille  des  Enibiotocidœ 
les  débris  dont  il  vient  d'être  question. 

Sous-ordre  des  Percomorphi.  —  Famille  des  Sparidse 

Le  docteur  Lemoine  avait  signalé  dans  le  niveau  le  plus  inférieur 
du  Cernaysien  (sables  de  Chàlons-sur-Vesle)  des  dents  du  g^nre 
américain  Alyledaphus  Cope  qui,  suivant  lui,  devait  être  rapproché 
des  Sparoïdes  -.  Ce  genre  se  trouve  dans  le  groupe  de  Lai*amie  en 
Amérique.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Charles  R.  Eastman  de  Har- 
vard Collège,  Cambridge  (Massachusetts),  j'ai  pu  trouver  la  diagnose 
du  genre  Mjyledaphus  "K  Dans  ce  genre  les  dents  forment  un  pavage 
hexagonal  ;  elles  sont  plus  larges  que  longues  ;  la  couronne  est 
divisée  en  deux  parties  égaies  par  une  ligne  dirigée  dans  le  sens  de 
la  longueur.  D'un  côté  de  la  ligne  il  y  a  des  stries  transversales 
qui  n'existent  pas  de  l'autre  côté.  La  racine  est  courte,  droite  et 
divisée  en  deux  suivant  le  petit  diamètre  de  la  dent.  L*auteur  ne 
distingue  qu'une  espèce,  M,  biparti  tus.  Suivant  Cope  les  affinités 
du  genre  ne  peuvent  être  établies.  La  forme  de  la  couronne  rappelle 
ceilaines  Raies  et  celle  de  la  racine  rappelle  aussi  les  Elasmo- 
branches. 

Je  n'ai  pu  trouver  dans  la  collection  Lemoine  aucune  pièce 
répondant  à  la  diagnose  de  Cope.  Parmi  les  dessins  que  m'a  mon- 
trés M.  Léon  Lemoine,  j'ai  vu  des  ci*oquis  portant  comme  titre  : 
Myledaphus  ;  mais  je  ne  leur  trouve  aucun  rapport  avec  le  Myle- 

I.  Jordan  et  E^'ermann  les  placent  dans  un  sous-ordrt;  à  part,  celui  des 
Holconoti  (The  Fishcs  of  North  and  Middle  America.  Bull,  U.  S.  Nat,  Muséum, 
n*  47'  Washington,  1898,  part  H,  p.  i493). 

a.  Lemoine.  Recherches  sur  les  Oiseaux  fossiles  des  terrains  tertiaires  infé- 
rieurs des  environs  de  Reims,  i""  partie,  1878,  p.  56.  —  Communication  sur 
les  ossements  fossiles  des  terrains  tertiaires  inférieurs  des  environs  de  Reims. 
A88.  franc.  Av.  Se.  Congrès  de  Montpellier,  1879,  P*  585-594.  —  Lbmoinb  et 
Aumônier.  Communication  sur  les  terrains  tertiaires  des  environs  de  Reims. 
A88.  franc.  Av.  Se.  Congrès  de  Reims,  1880,  p.  6o5-6ao. 

3.  Cope.  Description  of  some  Vertebrata  remains  (rbm  the  Fort-Union  beds 
of  Montana.  Froc.  Acad.  Nat.  Se.  Philadelphia,  t.  XXVUI,  1876,  p.  !i6o-a6i. 


igOI      POISSONS  DE  L'BOGJENB  inférieur  DBS  ENVIRONS  DE  REIMS      5oi 

dapkas  de  Cope,  et  elles  rappellent  plutôt  les  plaqaes  que  je 
rapporte  à  un  Embiotocidé  indéterminé. 

n  n*y  a  pas  d'autres  restes  de  Sparoîdes  dans  la  collection 
Lemoine  que  des  dents  détachées,  rondes,  plates,  provenant  du 
Gemaysien,  et  qui  paraissait  appartenir  au  genre  Chiysophrjrs.  Go 
genre  est  représenté  dans  les  sables  de  Cuise-la-Motte  ^ 

Citons  enfin  dans  la  collection  Lemoine  des  vertèbres  de  Poissons 
osseux  de  genres  indéterminés.  Il  y  en  a  de  diverses  tailles.  Elles 
proviennent  en  partie  de  TAgéien  ;  d'autres  sont  de  provenance 
inconnue  (Gemaysien  ou  Agéien  ?). 

Résumé 

L'Éocène  inférieur  des  environs  de  Reims  renferme Jun  grand 
nombre  d*Elasmobranches  provenant  soit  du  Gemaysien  (Tha- 
nétien),  soit  de  l'Agéien  (Sparnacien  supérieur).  Geux  de  la  collec- 
tion Lemoine  proviennent  surtout  des  sables  de  Ghftlons-sur-Vesle 
et  du  conglomérat  de  Gemay.  La  plupart  des  espèces  dont  nous 
avons  donné  plus  haut  la  liste  se  retrouvent,  comme  nous  Favons 
déjà  dit,  à  des  niveaux  plus  élevés  de  TÉocène.  Il  est  intéressant 
de  signaler  Squatina  Gaudryi  n.  sp.  et  des  espèces  trouvées 
d'abord  dans  les  couches  éocènes  les  plus  inférieures  de  Belgique  : 
Acanthias  orpiensis  Winkler  sp.,  Odontaspis  Ratoti  Winkler  sp., 
Lamna  striata  Winkler  sp. 

Les  Holocéphales  sont  représentés  dans  le  Gemaysien  par  Eda- 
phodon  Bucklandi  Agassiz,  qui  se  trouve  également  à  des  niveaux 
plus  élevés  de  TÉocène.  Il  y  a  aussi  des  fragments  indéterminables 
d'Ichthy  odoruli  tes . 

La  faune  de  Téléostomes  du  conglomérat  de  Gemay  est  carac- 
térisée par  la  présence  d'un  Amia,  Amia  robusta  n.  sp.,  avec  de 
grandes  variations  de  taille,  mais  pouvant  atteindre  trois  fois  au 
moins  la  taille  à' Amia  calva  actuel.  Il  y  a  en  outre  des  Labridœ 
indéterminés,  voisins  des  genres  Tautoga  (côte  atlantique  des 
États-Unis)  et  Cheilinus  (Océan  Pacifique  et  Océan  Indien  actuels), 
des  Embiotocidœ  indéterminés,  voisins  de  Damalichthys  actuel 
de  la  côte  pacifique  de  l'Amérique  du  Nord  et  des  dents  détachées 
de  Sparidœ  (Chrysophrys). 

Les  Téléostomes  de  l'Agéien  sont  d'abord  des  Amiadœ  :  Amia 
{Pappichthys)  Barroisi  Leriche,  A,  Lem^inei  Leriche  et  des  Lepi- 

I.  Gbrvais.  Zoologie  et  Paléontologie  françaises,  i'*  édition,  1S48-09.  Explic. 
des  planches  LXVH  à  LXXX.  Poiss.  foss.,  p.  3,  et  a*  édition,  1S69,  p.  517. 


502  F.    PRIEM  l8  NOV. 

dosteidœ  :  Lepidostens  suessionensis  P.  Gervais,  D'autres  Poissons 
remarquables  sont  des  Siluridse  :  Pimelodus  Gaudr^H  Leriche, 
Arius  Dutemplei  Leriche,  Arius  ?  Lemoinei  n.  sp.  Il  y  aussi  de 
nombreux  Labridœ  des  genres  Pfvyllodus,  Egertonia  et  Nummo- 
palatus,  Phyllodus  Gaudryi  n.  sp.,  Egertonia  isodonta  Cocchi, 
Nummopalatus  Sauçagei  Leriche,  N.  trapezoidalis  Leriche,  N. 
paucidens  n.  sp.,  N.  Vaïllanti  n.  sp.  ;  en  outre  il  y  a  des  Labridœ 
indéterminés,  voisins  des  genres  Tautoga  et  Cheilinus. 

Le  mélange  de  formes  d'eau  douce  comme  les  Andadœ,  les  Lepi- 
dosteidœ  et  les  Siluridœ  *  et  de  formes  marines  comme  les  Ëlas- 
mobranches,  les  Holocéphales,  les  Labridœ  et  les  Sparidœ  montre 
que  les  couches  cernaysiennes  et  agéiennes  se  sont  déposées  dans 
un  estuaire  où  se  déversaient  des  cours  d'eau.  On  peut  noter 
l'abondance  dans  ces  couches  de  Poissons  littoraux  à  dents  tritu- 
rantes, propres  à  broyer  les  coquilles  des  Mollusques. 

Ainsi  que  le  remarque  M.  Leriche  -,  les  sables  agéiens,  qui  ren- 
ferment à  la  fois  les  genres  Amia,  Lepidosteus  et  des  Siluridœ, 
présentent  un  ensemble  de  formes  d'eau  do\ice  rappelant  celui  des 
couches  àfi  Bridger  en  Amérique. 

Le  geni'e  Amia  paraît  s'être  montré  plus  tôt  en  Europe  qu'en 
Amérique.  Il  est  abondamment  répandu  dans  le  conglomérat  de 
Cernay  qui  appartient  à  l'Éocène  le  plus  inférieur  (Thanétien), 
tandis  qu'en  Amérique  le  genre  Amia  {Pappichthys)  n'est  bien 
représenté  que  dans  les  couches  de  Bridger  (Wyoming)  qui, 
d'après  leur  faune  de  Mammifères,  doivent  être  rapprochées  du 
Lutétien  (Éocène  moyen).  Il  y  a  cependant,  d'après  Cope,  des 
restes  diAmia  {Pappichthys)  mêlés  à  des  Mammifères  du  groupe 
de  Wasatch  dans  les  couches  de  Wind  River  ^  ;  le  groupe  de 
Wasatch  est  rapporté  à  l'Éocène  inférieur,  mais  à  l'étage  spàma- 
cien  ;  il  est  donc  plus  récent  que  le  Thanétien.  La  faune  de  Mam- 
mifères du  conglomérat  de  Cernay  rapproche  ce  dernier  du  groupe 
de  Puerco,  où  jusqu'ici  on  n'a  pas  signalé  de  Poissons. 

Le  genre  Lepidosteus  (Clastes)  paraît  avoir  débuté  en  Amérique, 
dans  les  couches  de  Bridger  (Lutétien),  tandis  qu'en  Europe  on  le 
trouve  en  France,  dans  l'Agéien  (Spamacien)  *,  et  en  Angleterre 
dans  les  couches  de  Woolwich  et  de  Reading,  qui  sont  rattachées 
aussi  au  Sparnacien  ^. 

I.  Certaines  espèces  du  genre  Arius  vivent  dans  la  mer,  au  voisinage  des 
côtes, 
a.  LBRicnB.  Ann.  Soc.  géoL  Nord^  t.  XXIX,  1900,  p.  195. 

3.  Cope.  The  lertiary  formations  of  the  Wesl,  p.  67. 

4.  A.  Smith  Woodward.  Catalogue,  t.  III,  p.  445. 

5.  A.  de  LAPPitRBNT.  Traité  de  Géologie,  4*  édition,  1900,  p.  i4a5. 


igOI      POISSONS  DB  l'ÉOGÂNE  inférieur  des  environs  de  REIMS      5o3 

Ainsi  les  genres  Arma  et  Lepidosteus  semblent  avoir  paru  plus 
tôt  en  Europe  qu'en  Amérique;  mais  ils  s'y  sont  éteints  avec  TOli- 
gocène  supérieur  ou  le  Miocène  inférieur  (couches  de  Mcssel  près 
Darmstadt  ;  Lepidosteus  Strausi Kinkéiin,  AmiaKehreri  Andreae)  * 
tandis  qu'en  Amérique  ils  existent  encore. 

I.  Andrbab.  Beitrage  zur  Kenntniss  der  fossilen  Fische  des  Mainzer  Bec- 
kens.  Abh.  der  Senckenberg  naturf.  Gesells.y  t.  XVIH,  1894,  p.  35i-365. 


EXPLICATION  DES   PLANCHES 
(Les  échantillons  sont  représentes  grandeur  naturelle  et  sans  retouches). 

Flanchb  X 

Fig     I.  —  Amia  robusta  n.  sp.  Conglomérat  de  Cernay.  Vertèbre  n»  I  de  la 
i"  série,  vue  de  la  face  antérieure. 

-  Id.  Vertèbrfc  n®  HI  de  la  i"'  série,  vue  antérieure. 

-  Id.  Vertèbre  n»  IV  de  la  i**  série,  vue  antérieure. 

-  Td.  Vertèbre  n"  VII  (caudale)  de  la  i"  série,  vue  antérieure. 

-  Id.  Vertèbre  n«  lïl  de  la  2'  série,  vue  antérieure. 

-  Id.  Vertèbre  n«  V  (caudale)  de  la  2'  série,  vue  antérieure. 

-  Id,  Basioccipital  d'un  individu  de  moyenne  taille,  vue  de  dessus. 

-  Id.  Parasphénoïde  d*un  individu  de  grande  taille,  vue  inférieure. 

-  Id.  Fragment  d'os  dentaire,  vue  externe. 

-  Id.  Même  fragment,  vue  interne. 

-  Id.  Maxillaire  d'un  individu  de  petite  taille,  vue  inférieure. 

-  Id,  Fragment  de  maxillaire  avec  alvéoles  externes  et  internes. 

-  Id.  'Même  fragment,  vu  sur  la  face  latérale  interne. 

-  Amia  {Pappichthys)  Barroisi  Leriche  sp.  Agéien.  Vertèbre  abdo- 
minale, vue  antérieure. 

-  Id.  Vertèbre  caudale,  vue  antérieure. 

-  Id.  Fragment  d'os  dentaire,  vu  de  dessus. 

Planche  XI 

^ig.     I.  —  Lepidosteus  suessionensis  P.  Gervais.  Agéien.  Vertèbre,  vue  par  la 
face  postérieure. 

-  Id.  Vertèbre  vue  par  la  face  antérieure. 

•  Id.  Fragment  de  plaque  osseuse  de  la  tête. 
■  Id.  Ecaille  de  la  région  des  flancs,  face  externe. 

-  Id.  Ecaille  de  la  ligne  latérale,  face  interne. 

-  Id.  Fragment  d'os  dentaire,  vue  supérieure. 

-  Id,  Fragment  de  maxillaire,  vue  externe. 
Id.  Fragment  de  prémaxillaire,  vue  externe. 

•  Arius  ?  Lemoinei  n.  sp.    Agéien.  Piquant  de  nageoire  pectorale 
droite,  vue  latérale. 

•  Id.  Vue  postérieure. 

•  Même  espèce.  Fragment  de  piquant  dorsal,  vue  latérale. 

•  Arias  Datemplei  Leriche.  Auéien.  Piquant  dorsal,  vue  latérale. 

•  Pimelodas  Gaudryi  Leriche.  Agéien.  Piquant  dorsal,  vue  latérale. 

•  Phjrllodus  Gaudryi  n.  sp.  Agéien.  Plaque  pharyngienne  inférieure. 


Fig. 

3. 

FiR. 

3 

Fig. 

4. 

Fig. 

5. 

Fig. 

6. 

Fig. 

7. 

Fig. 

8. 

Pig. 

9- 

Pig. 

10. 

Fig. 

II. 

Fig. 

12, 

Fig. 

i3. 

Fig. 

i^. 

Fig. 

i5. 

Fig. 

16. 

»g. 

3. 

'Vig. 

3. 

*iK. 

4. 

*iK 

0. 

»ig. 

6. 

*ig. 

7. 

*ig. 

8. 

*ig. 

9 

Wr. 

10. 

*•«• 

II. 

I^iK. 

12. 

Fig. 

i3. 

Fig. 

14. 

5o4  F.  PRIEM.  —  POISSONS  DES  ENVIRONS  DE  REIMS  l8  NoV. 

• 

Pig.  i5.  —  Bgertonia  isodonta  Cocchi.  Agéien.  Flaque  pharyngienne  supé- 
rieure, vue  par  la  face  triturante. 

Fig.  i6.  —  Nummopalatus  Vaillanti  n.  sp.  Agéien.  Fragment  de  plaque  pha- 
ryngienne supérieure,  vue  par  la  face  triturante. 

Fig.  17.  —  Id.  Vue  de  profil. 

Fig.  18.  —  Nummopalatus  paucidens  n.  sp.  Plaque  pharyngienne  supérieure, 
vue  par  la  face  triturante. 

Pig.  19.  —  Labridé  indct.,  voisin  de  Tautoga  actuel.  Conglomérat  de  Cemay. 
Plaque  pharyngienne  supérieure,  vue  par  la  face  triturante. 

Pig.  ao.  —  Id.  Fragment  vu  de  proûl. 

Fig.  ai-aa.  —  Acanthiaa  orpienais  Winkler  sp.  Cernaysien.  Fig.  ai,  dent  vue 
de  la  face  interne  ;  fig.  aa,  dent  \'ue  par  la  face  externe. 

Pig.  a3-ii4.  —  Squatina  Gaudryi  n.  sp.  Cernaysien.  Fig.  23,  dent  antérieure, 
face  externe  ;  fig.  a4,  dent  latérale,  face  interne. 

Fig.  a5-a6.  —  Odoniaapia  Rutoti  Winkler  sp.  Cernaysien  ?  Fig.  a5,  dent  anté- 
rieure, face  externe  ;  fig.  26,  dent  latérale,  face  interne. 

Fig.  a7-28.  —  Odontospis  elegans  Agassiz  sp.  Cernaysien.  Fig.  27,  dent  anté- 
rieure, face  interne  ;  flg.  28,  dent  antéro-latérale,  face  externe. 

Fig.  29-30.  —  Lamna  striata  Winkler  sp.  Cernaysien  (sables  de  Châlons-sur- 
Vesle).  Fig.  29,  dent  antérieure,  face  externe  ;  fig.  3o,  dent  laté- 
rale, face  interne. 


Après  la  communication  de  M.  Priem,  M.  Albert  Gaudry 
s'exprime  ainsi  : 

Je  dois  adresser  des  remerciements  à  M.  Priem,  qui  nous  donne 
Tappui  de  son  talent  pour  la  détermination,  souvent  difficile,  des 
Poissons  de  notre  galerie  de  Paléontologie .  L'étude  qu'il  vient  de 
faire  des  Poissons  de  la  collection  du  D''  Lemoine  est  particu- 
lièrement utile,  car  le  gisement  de  Cernay  est  notre  plus  ancien 
gisement  de  vertébrés  tertiaires  et,  à  ce  titre,  il  offre  un  grand 
intérêt  pour  les  questions  d'origine.  On  ne  peut  manquer  d'être 
frappé  des  rapports  qui  existent  entre  YArctocyon  de  Cernay  et  le 
Clœnodon  du  Torréjon,  entre  le  Plesiadapis  de  Ceruay,  VHaplo- 
conus  et  d'autres  fossiles  du  Torréjon,  entre  le  Plesidissacus  de 
Cemay  et  le  Dissacus  du  Torréjon,  entre  le  Neoplagiaulax  de 
Cemay,  le  Neoplagiaulax  et  le  Ptilodus  du  Torréjon,  entre  le 
reptile  de  Cernay  appelé  Simasdosaurus  par  Gervaiset  Lemoine,  et 
le  Champsosaurus  du  Nouveau-Mexique.  M.  Priem,  par  son  examen 
attentif  des  Amia  et  des  Labroïdes  de  Cernay,  nous  montre  que  les 
Poissons,  aussi  bien  que  les  Mammifères  et  les  Reptiles,  révèlent 
un  lien  entre  l'Ancien  et  le  Nouveau  Continent  dans  les  premiers 
temps  de  l'ère  tertiaire.  Les  Poissons  de  l' Agéien  de  Lemoine, 
d'après  M.  Leriche  et  M.  Priem,  contribuent  à  faire  supposer  que 
ces  liens  ont  persisté  pendant  l'époque  du  Wasatch  et  peut-être 
même  plus  tard. 


LES  ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPÉRIEURS 

DES  ALPES-MARITIMES 
par  M.  A.  PERON. 

Au-dessus  du  Cénomanien  dont  l'étude  est  facilitée  par  de  nom- 
'breux  restes  organisés  les  autres  assises  du  Crétacique  supérieur 
des  Alpes-Maritimes  sont  mal  connues. 

L* épaisseur  considérable  de  ces  assises,  leur  uniformité  pétro- 
graphique,  les  fréquents  accidents  qui  les  ont  disloquées  et  enfin  la 
grande  rareté  des  fossiles  déterminables  et  caractéristiques  sont 
autant  d'obstacles  qui  en  rendent  l'étude  ingrate  et  dilGcile  et  n'ont 
pas  permis  encore  d'y  bien  reconnaître  les  divers  horizons  connus 
dans  les  autres  régions,  ni  même  d'y  délimiter  les  étages  principaux. 

En  1877»  lors  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  Société  géolo- 
gique de  France  à  Nice,  Hébert,  expliquant  aux  assistants  la 
succession  des  assises  au  col  de  Braus,  entre  l'Ëscarène  et  Sospel, 
signalait  un  étage  cénomanien  bien  caractérisé  ;  mais,  au-dessus,  il 
ne  pouvait  plus  que  mentionner  une  épaisse  série  de  i5o  mètres 
de  craie  marneuse  en  disant  simplement  :  «  Nous  n'avons  pu 
reconnaître  l'âge  de  cette  assise  ». 

Quelques  années  après,  grâce  aux  recherches  de  M.  Fallot  *,  nous 
sortons  de  l'ignorance  dans  laquelle  nous  étions  sur  ce  terrain 
crétacique  du  sud-est.    • 

Quelques  coupes  habilement  relevées  sur  divers  points  des 
Alpes-Maritimes  font  faire  un  progrès  notable  à  nos  connaissances 
et,  si  les  détails  font  encore  défaut,  si  les  subdivisions  ne  sont  pas 
encore  distinguées,  du  moins  avons-nous  une  notion  plus  nette 
sur  l'ensemble  de  la  foimation  et  sur'  la  succession  des  assises. 

Dans  la  même  année,  c'est-à-dire  en  i88q,  M.  Toucas  -  nous  a 
signalé  l'existence  aux  environs  de  Nice  de  divers  fossiles  impor- 
tants, dont  nous  parlerons  ci- après,  qui  se  trouvent  également  dans 
la  craie  à  Rudistes  de  la  Provence  et  des  Corbières. 

Plus  tard,  en  1892  M.  Ambayrac,  en  iSgS  M.  Baron  et,  en  1896 
M.  Léon  Bertrand,  nous  ont  donné  quelques  renseignements, 
notamment  sur  les  environs  de  Puget-Théniers.  sur  Menton,  sur  la 
vallée  supérieure  du  Var,  autour  du  Dôme  de  Barrot,  etc. 

I.  Recherches  sur  le  terrain  crét.  du  sud-est  de  la  France.  Paris,  i88a, 
a.  B.  S.  G.  F.  (3),  X,  p.  198. 


5o6  A.   PERON  i8  Nov. 

Ënfîn,  plus  récemment  encore,  M.  de  Riaz  a  communiqué  à  la 
Société  géologique  les  importants  résultats  de  ses  recherches  qui 
embrassent  toute  la  série  crétacée  des  Alpes-Maritimes  et  nous  a 
fait  connalti^  de  nombreux  détails  locaux. 

Malgré  tous  ces  travaux  nous  sommes  encore  loin  d'avoir  une 
connaissance  suffisante  de  ces  terrains  et,  au  moins  en  ce  qui 
concerne  les  étages  supérieurs,  les  renseignements  publiés 
jusqu'ici  sont  bien  sommaires,  souvent  contradictoires  et  parfois 
même  erronés. 

En  ce  qui  concerne  Timportante  question  de  la  classification  des 
assises,  j'ai  le  regret  de  ne  pouvoir  partager  la  manière  de  voir  de 
plusieurs  de  mes  devanciers  et  je  crois  utile  d'en  faire  connaître 
ici  les  motifs. 

Ce  n'est  pas  pour  la  première  fois,  d'ailleurs,  que  je  m'essaye  à 
une  classification  des  couches  du  Crétacique  supérieur  des  environs 
de  Nice.  Un  séjour  assez  prolongé  que  j'ai  fait  jadis  dans  ce  pays 
m'en  avait  déjà  donné  une  certaine  connaissance  et,  en  1877,  alors 
que  je  discutais  la  question  de  l'âge  des  couches  à  Hippurites  et  à 
Ech inides  de  la  Provence,  j'ai  signalé  les  environs  de  Nice  comme 
particulièrement  instructifs  à  ce  sujet.  En  concluant,  j'affirmais  que 
la  série  crétacée  de  la  Palarea  était  l'équivalent  de  la  série  des 
couches  à  Micraster  du  Bcausset  et  des  calcaires  à  Echinides  des 
Corbières. 

J'ai  quelque  plaisir,  je  l'avoue,  à  rappeler  ici  cette  affirmation; 
car  les  recherches  que  j 'ai  poursuivies  dans  ces  dernières  années 
ont  pleinement  confirmé  mes  prévisions.  Elles  me  permettent 
maintenant  de  préciser  et  d'établir  un  parallélisme  rigoureux  entre 
les  horizons  du  Crétacique  supérieur  des  environs  de  Nice  et  ceux 
des  autres  régions. 

Ce  n'est  guère  que  dans  quelques  localités  voisines  de  Puget- 
ïhéniers,  ou  dans  les  vallées  des  Paillons,  au  nord  de  Nice,  ou 
encore  dans  les  environs  de  Menton  que  Ton  peut  étudier  la  série 
complète  du  Crétacique  supérieui*.  Toutes  les  localités,  en  eflet,*  ne 
sont  pas  également  favorables  pour  suivre  le  développement  des 
assises  et  pour  en  i*ecueillir  les  fossiles  caractéristiques.  Les 
plissements  et  les  fractures  des  couches  en  interrompent  fréquem- 
ment la  succession  normale  et,  souvent  aussi,  l'écrasement  qu'elles 
ont  subi  en  ont  déformé  les  fossiles  en  les  rendant  méconnaissables. 
Avec  un  peu  d'habitude  et  d'exercice,  cependant,  on  parvient  à  s'y 
reconnaître  au  milieu  de  ces  masses  assez  uniformes  et  on  peut 
distinguer  les  horizons. 


igOI       ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES       5o7 

En  résumé,  à  partir  des  dernières  assises  où  Ton  rencontre  des 
fossiles  nettement  cénomaniens,  e*est-à-dire  à  partir  des  marnes 
à  Holaster  subglobosus,  le  Grétacique  supérieur  comprend  : 

I*  Une  masse  de  bancs  calcaires  durs,  serrés,  bien  lités,  gris  ou 
blanchâtres,  parfois  gréseux  et  parfois  glauconieux,  vers  la  base 
desquels  se  place,  à  un  point  qui  reste  à  déterminer,  la  séparation 
du  Cénomanien  et  du  Turonien. 

Dans  cette  masse,  de  cent  mètres  environ  d'épaisseur,  presque 
partout  dépourvue  de  restes  organisés,  on  rencontre  cependant  un 
niveau  fossilifère  qui  appartient  nettement  à  Tétage  turonien  ; 

2®  Une  succession,  d'égale  puissance  à  peu  près,  dans  laquelle  les 
bancs  calcaires  de  la  série  précédente  s'espacent  de  plus  en  plus, 
deviennent  eux-mêmes  plus  marneux  et  sont  séparés  par  des  inters- 
tices marneux  de  plus  en  plus  épais.  Cette  grande  assise  de  marnes 
fissiles,  très  délitées  et  friables  à  la  surface,  est  d'une  grande 
monotonie  et  d'un  gris  plus  ou  moins  foncé. 

Les  fossiles  rares  et  le  plus  souvent  mal  conservés  consistent 
surtout  en  Inocérames,  Ëchinides  et  Spongiaires. 

3*»  Une  dernière  série  dans  laquelle  les  bancs  calcaires 
redeviennent  plus  serrés,  plus  épais,  plus  compacts  et  les  interca- 
lations  marneuses  moins  dominantes.  Cette  dernière  série  de 
couches,  moins  puissante  que  les  précédentes,  s'y  relie  intime- 
onent.  Elle  a  la  même  couleur  noirâtre,  la  même  monotonie  et 
Je  même  faciès  que  l'assise  médiane.  Ses  fossiles  sont  analogues 
mais  les  espèces  y  sont  distinctes. 

Cette  dernière  série  se  rencontre  bien  plus  rarement  que  les 
précédentes.  Les  calcaires  qui  la  composent  sont  exploités  comme 
j)ierre  à  ciment  à  Contes  et  à  Font-de-Jarrier. 

Ces  trois  divisions,  établies  seulement  sur  l'aspect  lithologique 
^es  assises,  paraissent  pouvoir  cori*espondre  sensiblement  aux 
^trois  étages  turonien,  emschérien  et  aturien  de  la  nomenclature 
«actuellement  en  usage. 

Nous  allons  examiner  successivement  la  composition  et  les 
^^ractères  de  chacun  d'eux. 

Étage  turonien 

Les  assises,  qui  constituent  cet  étage  dans  les  Alpes-Maritimes, 
sont  les  plus  ingrates  et  les  plus  dilïiciles  à  déterminer.  Tous  les 
auteurs  qui  ont  étudié  la  région,  n'ont  mentionné  Texistence  du 
Turonien  qu  avec  réserve  et  incertitude. 

M|  Fallot,  qui  a  donné  sur  ces  terrains  les  détails  de  beaucoup 


5o8  A.  PERox  i8  Nov. 

les  plus  complets,  n'a  pu  attribuer  qu  avec  un  point  de  doute  à 
Tétage  turonien,  dans  sa  coupe  de  Saint-Laurent,  une  masse  calcaire 
d'une  centaine  de  mètres  d'épaisseur,  dans  laquelle  il  a  recueilli  un 
InoceramuSy  déterminé  /.  problematicus  Schloth.  Les  Inocerames 
semblent,  en  effet,  les  fossiles  les  plus  répandus  dans  ces  assises 
crétacées  et  c'est  avec  raison  que  M.  Fallot  a  dit  que  leur  déter^ 
mination  serait  indispensable  pour  établir  des  divisions  dans  ces 
couches  si  indéchiffrables  de  la  craie  des  Basses-Alpes  et  des 
Alpes-Maritimes  *.  Malheureusement,  cette  détermination  est 
généralement  malaisée.  Les  Inocerames  ne  se  trouvent,  le  plus 
souvent,  que  bien  incomplets  et  à  l'état  de  moule  interne,  et  ce 
sont  des  fossiles  d'autant  plus  difficiles  à  déterminer  exactement 
que,  pour  beaucoup  d'espèces,  les  types  sont  mal  déBnis  et  fort 
incertains. 

Il  existe  cependant,  dans  cette  masse  de  calcaires,  certains  bancs 
un  peu  fossilifères  qui,  en  raison  de  la  faune  qu'ils  renferment, 
peuvent  être,  en  toute  sécurité,  attribués  au  Turonien  et  même 
au  Turonien  supérieur. 

Nous  devons  signaler  tout  d'abord  ces  calcaires,  qui  ont  été 
exploités  au  Cap  Martin  sur  la  route,  entre  Menton  et  Roquebnine, 
dans  une  petite  carrière  que  M.  de  Riaz  a  mentionnée  derrière  la 
caserne  des  chasseurs-alpins. 

Ce  petit  niveau  fossilifère  est*  situé  au-dessus  d'une  épaisse  série 
de  calcaires,  qu'on  voit  se  développer  en  suivant  la  route  de 
Roquebrune  et  qui  se  composent  de  bancs  serrés,  parfois  épais,  • 
très  résistants,  jaunâtres  et  gris,  quelquefois  gréseux,  quelquefois 
sublithographiques  et  paraissant  sans  fossiles,  autant  du  moins 
qu'on  en  peut  juger;  car  ces  bancs,  visibles  seulement  par  leur 
tranche,  se  présentent  dans  de  très  mauvaises  conditions  pour 
la  recherche  des  fossiles. 

Les  seules  couches  fossilifères  que  nous  ayons  observées  sont 
visibles,  comme  nous  venons  de  le  dire,  dans  une  petite  exploitation, 
aujourd'hui  abandonnée.  Elles  s'y  trouvent,  d'ailleurs,  comme  les 
autres,  dans  de  mauvaises  conditions  pour  l'étude  et  le  gisement  a 
été  rapidement  épuisé.  Ce  sont  quelques  assises,  grises,  blanchâtres 
par  places  et  subgréscuses,  fortement  inclinées  au  nord-ouest.  J'y 
ai  recueilli  : 

Terebratiila  semiglobosa  Sowerby,  plusieurs  exemplaires  ; 
Micr aster  Leskei  Des  Moulins  (=  M,  breviporus  auctorum), 
plusieurs  exemplaires  médiocres  mais  bien  reconnaissables  et  bien 

I.  Loc,  cit.,  p.  si3. 


igOI        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        SOQ 

typiques;  Hemiaster  sp.;  Cidaris  cf.  subvesiculosa  d'Orb.,  pla- 
ques et  radioles  ;  Tylocidaris  clavigera  Kœnig,  un  seul  radiole  de 
petite  taille  mais  bien  conservé  ;  Pentagonaster  sp.,  articles  isolés. 
Cette  petite  faune,  quoique  une  partie  de  ses  espèces  se  retrou- 
vent encore  dans  Tétage  sénonien,  est  bien  caractéristique  de  la 
craie  turonienne  supérieure  du  Bassin  de  Paris  et  notamment  de 
celle  des  environs  de  Joigny.  Nous  ne  pouvons  hésiter  à  mettre  sur 
ce  niveau  le  gisement  qui  la  renferme. 

C'est,  évidemment,  encore  à  ce  môme  niveau  qu'il  faut  attribuer 
cet  autre  petit  gisement  signale  par  M.  Baron  dans  le  lit  du 
Gorbio,  à  la  limite  de  Toctroi  de  Menton,  et  dans  lequel  il  a 
indiqué  des  baguettes  de  Cidaris^  un  petit  Micraster,  non  dénommé, 
un  Echinocorys ,  Terebratula  semiglohosa  et  Rkynchonella. 
M.  Baron  a  considéré  ces  couches  comme  l'équivalent  des  calcaires 
à  ciment  de  Contes-les-Pins  et  les  attribue  au  Sénonien  supérieur. 
C'est  là  une  conclusion  qui  ne  peut  être  acceptée. 

Au  nord  de  Nice,  dans  la  vallée  du  Paillon,  le  même  Turonien 
jme  parait  représenté,  un  peu  en  amont  de  la  Trinité- Victor  par  des 
<!alcaires  compacts  dans  lesquels  j'ai  recueilli  Micr aster  Leskei 
]Des  Moulins,  en  médiocre  état. 

Ces  mômes  calcaires  se  représentent,  plus  au  nord,  à  Pont-de- 
X^eille  et  autres  localités. 

Dans  l'ouest  des  Alpes-Maritimes  nous  pouvons,  en  étudiant  les 
travaux  de  MM.  Fallot,  Ambayrac  et  Léon  Bertrand,  reconnaître 
^^sez  facilement  l'existence,  sur  plusieurs  points,  du  même  niveau 
turonien  dont  nous  venons  de  parler. 

Si,  par  exemple,  nous  examinons  la  coupe  des  Granges  de  Villars, 
^ur  la  route  de  Nice  à  Roquesteron,  donnée  par  M.  Fallot  \  nous 
^i^onstatons  que  ce  savant  mentionne  :  au-dessus  de  grès  siliceux  et 
^lauconieux  à  fossiles  cénomaniens,  une  assise,  n"^  112,  composée  de 
:Kiiames  gris-blanchâtre  avec  bancs  calcaréo-gréseux  intercalés  qui 
«renferment  Terebratula  semiglobosa  Sow.  et  «  de  petits  Micr  aster 
<}ui  semblent  être  de  jeunes  individus  du  Micr  aster  Normanniœ 
Sucaille  ». 

Or  le  M.  Normanniœ   Bucaille,  ayant  été  institué  pour  des 

exemplaires  de  grande  taille  que  tout  le  monde,  et  notamment 

Cotteau  et  M.  LambeH,  réunissaient  au  71/.  Leskei  (M,  breviporus), 

il  est  facile  de  reconnaître  que  les  petits  oursins  recueillis  par 

M.  Fallot  doivent  être  de  vrais  M,  Leskei, 

La  situation   stratigraphique  de  cette    espèce,  dans  la  coupe 

I.  Loc.  cit,  p.  i3o. 


5lO  A.  PERON  i8  Nov. 

donnée  par  M.  Fallot,  est  d*ailleurs  parfaitement  normale  car, 
outre  qu'elle  se  trouve  au-dessus  de  Tétage  cénomanien,  elle  se 
trouve  aussi  au-dessous  de  couches  où  l'auteur  mentionne  une 
faune  que  nous  verrons  être  propre  à  Tétage  sénonien  inférieur. 

Sans  aucun  doute  encore,  c'est  au  Turonien  qu'il  faut  attribuer 
l'assise  qui,  sous  le  n^  8,  figure  dans  la  coupe  relevée  par 
M.  Fallot  ^  sur  la  rive  gauche  de  l'Estéron,  parallèlement  à  la 
route  de  Nice. 

Cette  assise  est  située  au-dessus  de  bancs  où  se  trouve  VOstrea 
columba  Deshayes  de  grande  taille  et  au-dessous  de  marnes  à  fos- 
siles sénoniens  et,  elle-même,  renferme  Terebralula  semigiobosa^ 
Holaster  placenta  Agassiz  et  Spongiaires  nombreux. 

On  voit,  en  résumé,  d'après  ces  exemples,  qu'il  existe  certai- 
nement de  nombreuses  localités  où  la  présence  de  l'étage  toronien 
peut  être  ailirmée.  Il  semble  qu'à  l'aide  de  ces  repères  on  pourra 
parvenir  à  établir  la  continuité  de  l'étage  et  à  opérer  la  distinction, 
non  réalisée  jusqu'ici,  du  Turonien  et  du  Sénonien. 

Étage  emschérien 

Conformément  à  la  nomenclature  proposée  par  MM.  Munier- 
Chalmas  et  de  Lapparent,  nous  désignons  sous  ce  nom  la  partie 
inférieure  de  l'étage  sénonien  d'Alcide  d'Orbigny.  comprenant  les 
sous-étages  coniacien  et  santonien  de  Coquand.  C'est  la  portion  du 
Crétacique  supérieur  la  plus  largement  représentée  dans  les  Alpes- 
Maritimes.  Quoique  les  fossiles  y  soient  peu  variés  et,  en  général, 
médiocrement  conservés,  l'étage  est  très  suffisamment  caractérisé, 
par  sa  faune,  pour  qu'il  n'y  ait  aucun  doute  sur  l'âge  delà  formation. 
Nous  n'avons  pu,  jusqu'ici,  y  distinguer  les  deux  horizons,  inférieur 
et  supérieur,  c'est-à-dire  le  Coniacien  et  le  Santonien. 

Il  convient,  à  mon  avis,  de  faire  débuter  TEmschérien  un  peu 
au-dessus  des  calcaires  turoniens.  vers  le  point  où  des  assises 
marneuses  viennent,  en  égale  épaisseur,  alterner  avec  les  bancs 
calcaires. 

Ces  premières  assises  ne  m'ont  pas  fourni  de  fossiles.  C'est,  par 
conséquent,  arbitrairement  que  nous  plaçons  à  ce  point  la  limite 
des  deux  étages  mais,  peu  au-dessus  de  ce  point,  commencent  à 
apparaître  d'assez  nombreux  fossiles,  Inoceramus,  Echinocorys, 
Micraster  et  Spongiaires  et  quelques  espèces  plus  rares  mais  très 
caractéristiques,  que  nous  allons  indiquer. 

I.  Loc.  cit.  p.  i!i4. 


igOI        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPÉRIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5ll 

Ces  fossiles  sont  généralement  déformés,  écrasés,  encroûtés  de 
calcaire  tenace  et  le  plus  souvent  d'une  détermination  difficile.  On 
en  trouve  dans  de  nombreuses  couches  successives,  mais  un  niveau 
se  fait  remarquer  plus  particulièrement  par  l'abondance  des 
Micraster  et  un  autre  par  Tabondance  des  Spongiaires.  J'ai 
retrouvé  ces  niveaux  spéciaux  dans  de  nombreuses  localités  et  ils 
existent  non  seulement  dans  TEmschérien  du  nord  de  Nice,  mais 
à  Puget-Théniers  et  auprès  de  Menton. 

Dans  ces  assises  supérieures,  TEmschénen  devient  de  plus  en 
plus  marneux.  Les  marnes,  d'un  gris  assez  uniforme  et  seulement 
parfois  plus  foncé,  sont  extrêmement  fissiles  et  friables.  Toutes  les 
parties  exposées  à  l'action  des  agents  atmosphériques  sont  délitées 
en  menus  fragments  anguleux.  Il  en  résulte  que,  dans  cette  partie 
de  l'étage,  il  est  fort  difficile  de  recueillir  des  fossiles  entiers  et  en 
bon  état.  Il  n'y  a  guère  que  quelques  Spongiaires,  à  squelette 
siliceux,  que  l'on  peut  retrouver  intacts. 

Je  signale  les  ravins  de  Gando,  le  grand  talus  de  la  rive  gauche 
du  Paillon,  en  face  la  villa  Gauvini,  la  montée  de  Pointe-de-Contes 
à  la  Palarea  comme  donnant  une  belle  vue  et  une  bonne  coupe  de 
celte  puissante  série  marneuse  de  l'Emschérien  dont  les  lits,  bien 
stratifiés  et  plongeant  au  nord-est,  forment  une  masse  rubannée 
d'un  effet  remarquable. 

Parfois,  dans  cette  masse,  on  distingue  avec  une  netteté  frappante 
<[uelques  accidents  locaux  fort  curieux  comme  des  plis  sinueux, 
^es  cassures  avec  chutes  brusques,  etc.,  qui  donnent,  pour  ainsi 
^ire  en  miniature,  une  reproduction  de  grands  accidents  de  la 
"tectonique  alpine. 

D'autres  fois,  notamment  dans  la  haute  vallée  du  Var,  ces  mêmes 
assises  perdent  leur  allure  régulière  et  deviennent  extrêmement 
"tourmentées,  contournées  et  repliées,  à  ce  point  qu'on  ne  peut  plus 
^n  discerner  la  stratification. 

Dans  la  vallée  du  Paillon,  où  ces  strates  restent  régulières  et 
]>eu  disloquées,  on  voit  très  nettement  qu'elles  sont  surmontées  en 
parfaite  concordance  par  les  calcaires  marneux  qui,  comme  nous 
le  verrons,  constituent  le  Sénonien  supérieur  ou  Aturien. 

Des  recherches  poursuivies  avec  persévérance,  tant  par  moi- 
même  que  par  le  Commandant  Caziot,  nous  ont  mis  en  possession 
cl'un  grand  nombre  de  fossiles  parmi  lesquels  nous  avons  reconnu 
cjuelques  espèces  intéressantes  et  très  précieuses  pour  la  délerniina- 
"tion  de  Tàge  de  ces  terrains.  Nous  ne  pouvons  nous  borner  à  une 
ënumération  et  il  paraît  utile  d'entrer  dans  quelques  détails  au 
sujet  de  ces  fossiles. 


5l2  A.    PEBON  l8  NOV. 

MoRTONiCERAs  TKXANUM  Rœmer 

Cette  ammonite,  très  caractéristique  de  rEmschérien  supérieur, 
aussi  bien  dans  le  nord  de  TEurope  que  dans  la  Provence,  dans 
les  Corbières,  dans  le  nord  de  l'Afrique,  en  Palestine,  en  Amérique, 
etc.,  parait  avoir  été  rencontrée  assez  fréquemment  dans  les  Alpes- 
Maritimes.  M.  Fallot,  en  effet,  Ta  mentionnée  dans  les  couches  de 
la  montée  de  Saint-Laurent,  M.  de  Grossouvre,  près  de  TEscarène, 
M.  Franchi,  près  de  Sospel  et  M.  Toucas,  aux  environs  de  Nice,  en 
compagnie  à! Ammonites  pailletteanus  d'Orb.  Au  musée  de  Menton 
il  en  existe  un  gros  exemplaire,  que,  malgré  son  mauvais  état, 
M.  de  Riaz  a  reconnu  comme  Mortoniceras  texanum. 

Cependant,  le  gisement  de  ce  fossile  n'avait  pu  être  précisé,  non 
plus  que  son  niveau  stratigraphiquc.  J'ai  eu,  l'hiver  dernier,  la 
bonne  fortune  d'en  rencontrer  plusieurs  exemplaires  bien  caracté- 
risés dans  des  bancs  de  calcaire  marneux,  gris,  micacé,  teinté 
parfois  de  rouille,  que  l'on  rencontre  à  un  point  assez  élevé  sur  la 
route  de  Contes-les-Pins  à  Châteauneuf-ville- vieille  ou  Madone-de- 
Contes.  Ces  bancs  sont  assez  fossilifères  et  ils  renferment  notam- 
ment, de  nombreux  Micraster.  C'est  de  ce  gisement  que  provien- 
nent, comme  nous  le  dirons  ci-après,  Micraster  arenatus  Sismonda, 
Holaster  integer  Desor,  etc. 

Bagulites  incurvatus  Dujardin 

Les  fossiles  que  j'attribue  à  cette  espèce  consistent  seulement  en 
fragments  assez  courts  sur  lesquels  je  ne  puis  distinguer  aucune 
trace  de  cloisons. 

Cependant,  par  leur  taille,  par  la  forme  elliptique  de  leur  section, 
par  l'absence  de  sillons  transversaux  et  surtout  par  l'existence  de 
tubercules  espacés  qui  ornent  le  bord  externe,  ils  paraissent  pouvoir 
être  assimilés  avec  sécurité  à  l'espèce,  connue  dans  la  craie  santo- 
nienne  de  la  Touraine,  à  laquelle  Dujardin  a  donné  le  nom  de 
Baculites  incuri>atus. 

C'est  à  la  Trinité  que  j'ai  recueilli  ces  fossiles. 

Pleurotomaria  cf.  ROYANA  d'Orbiguy 

Exemplaire  unique,  à  l'état  de  moule  interne,  de  très  grande 
taille,  en  cône  bas,  à  tours  convexes,  montrant  très  nettement  sur 
le  milieu  du  tour  la  trace  du  sinus.  Ce  moule  ressemble  absolument 


I9OI        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5l3 

à  certains  moules  que  j'ai  recueillis  dans  la  craie  supérieure  de  la 
Dordogne  et  qui  m'ont  paru  être  des  individus  de  grande  taille 
du  Pleurotomaria  rojyana  d'Orbigny. 

Ce  moule  a  été  recueilli  à  la  Trinité-Victor,  dans  les  calcaires 
durs,  redressés  presque  verticalement,  que  Ton  rencontre  à  droite, 
en  pénétrant  dans  le  petit  vallon  étroit,  entre  les  deux  moulins, 
sur  la  rive  droite  du  Paillon. 

Inoceramus  digitatus  Sowerby 

C'est  là  une  des  espèces  les  plus  importantes  que  nous  ayons 
rencontrées.  Elle  est  assez  fréquente  dans  le  Crétacique  supérieur 
des  Alpes-Maritimes  où,  cependant,  M.  Toucas  seul  Ta  citée 
jusqu'ici.  C'est  un  des  compagnons  habituels  de  Mortoniceras 
texanum  et,  comme  ce  dernier,  on  le  rencontre  aussi  bien  dans  le 
Crétacique  supérieur  du  nord  de  l'Europe  que  dans  celui  du  Midi. 
C'est  toujours  dans  l'Emschérien  supérieur  ou  Santonien  qu'on  le 
rencontre  et  on  peut  considérer  Inoceramus  digitatus  comme  l'un 
des  fossiles  les  plus  caractéristiques  de  ce  niveau. 

J'en  ai  rencontré  un  important  gisement,  en  compagnie  du 
Commandant  Caziot,  sur  la  montée  de  Contes-les-Pins.à  la  Madone, 
dans  un  sentier  de  traverse  de  la  route.  Les  individus,  de  très 
grande  taille,  y  sont  nombreux  mais  enchevêtrés  et  d'autant  plus 
difBciles  à  obtenir  intacts  que  la  roche  est  très  tenace.  Plus  haut, 
dans  la  direction  de  la  Madone,  j'en  ai  encore  trouvé  de  belles 
empreintes  dans  une  couche,  très  inclinée  au  nord,  qui  appartient 
sans  doute  au  même  niveau  stratigraphique  que  le  gisement 
rencontré  au  dessous.  C'est  dans  une  couche  un  peu  plus  marneuse, 
très  voisine  de  celle-ci,  que  j'ai  recueilli  Mortoniceras  texanum 
Rœmer,  Micraster  arenatus  Sismonda,  etc . 

Indépendamment  de  ces  gisements  nous  en  connaissons  mainte- 
nant d'assez  nombreux. 

Le  Commandant  Caziot  a,  en  effet,  retrouvé  notre  espèce  à  la 
Trinité- Victor,  puis  au  moulin  Gaetti,  sur  la  route  de  Peille,  et, 
enûn,  entre  Pointe-de-Contes  et  Contes-les-Pins. 

Ënûn,  c'est  évidemment  à  V Inoceramus  digitatus  qu'il  faut 
attribuer  ces  empreintes  de  grands  bivalves  (labelliformes,  dont 
MM.  Ambayrac  et  de  Riaz  ont  parlé  et  qu'ils  ont  rapportés  au 
genre  Trichites  dont  ils  ont,  en  edet,  si  singulièrement  l'aspect. 
M.  Ambayrac  a  signalé  ce  fossile  au  Valcros  et  M.  de  Riaz,  près 
de  Menton. 

Il  est  à  remarquer  qu'il  existe  au  musée  de  Nice  un  bon  exem- 

23  Janvier  190a.  —  T.  i«-.  Bull.  Soc.  Géol.  Fp.  —  33 


5l4  A.    PERON  l8  NOV. 

plaire  àHnoceramus  digitatus.  Je  l'y  avais  remarqué,  il  a  quelques 
années,  mais,  en  Tabsence  totale  d'indication  et  en  raison  de  l'exis- 
tence dans  la  même  vitrine,  de  nombreux  fossiles,  Hippurites  et 
autres,  de  la  Provence,  j'avais  pensé  qu'il  pouvait  provenir  des 
environs  du  Beausset.  Il  me  parait  maintenant  certain  qu'il  provient 
de  la  vallée  du  Paillon. 

Comme  on  le  voit,  Inoceramus  digitatus  est  un  fossile  assez 
répandu  dans  les  Alpes-Maritimes  et,  comme  iJ  est,  en  même  temps, 
très  reconnaissable  et  très  caractéristique,  il  peut  être  d'un  très 
grand  secoui^s  pour  déterminer  sur  la  carte  détaillée  de  la  r^on 
l'extension  de  l'étage  emscbérien. 

Inoceramus  sp.  nov. 

Parmi  les  Inoceramus  fort  nombreux  des  couches  emschériennes 
l'espèce  la  plus  répandue  est  une  petite  coquille  qui  ne  me  parait 
pouvoir  être  assimilée  sûrement  à  aucune  des  espèces  connues. 

C'est  un  Inoceramus  de  taille  toujours  assez  petite,  inéquivalve, 
peu  renflé,  à  crochets  contigus,  celui  de  la  grande  valve  assez 
recourbé.  La  surface  est  garnie,  comme  dans  la  plupart  des 
espèces,  de  plis  concentriques  assez  serrés;  mais  il  existe,  en  outre, 
des  costules  concentrîques  fines  et  nombreuses  qui  garnissent  aussi 
bien  les  plis  que  leurs  intervalles  et  qui  ne  ressemblent  nullement 
aux  stries. ou  aux  lamelles  d'accroissement  que  l'on  observe  dans 
beaucoup  d'espèces  connues. 

Je  ne  possède  jencore  que  des  exemplaires  un  peu  insuflisants 
pour  faire  figurer  l'espèce.  Je  l'ai  renconti'ée  à  la  Trinité,  à  Gando, 
à  Pointe-de-Contes,  à  Menton,  etc. 

Je  dois  mentionner  encore  ici  une  autre  espèce  dont  je  ne  puis 
malheureusement  préciser  suffisamment  les  caractères.  Elle  est  de 
grande  taille,  très  déprimée,  ornée  de  plis,  gros  et  espacés,  mais 
cependant  moins  gros  et  plus  serrés  que  ceux  à* Inoceramus  Cripsii. 
En  outre  ils  n'ont  pas  la  forme  transverse  et  un  peu  renflée  de  ce 
dernier. 

J'ai  bien  vu,  en  place,  quelques  exemplaires  assez  bons  de  cette 
nouvelle  forme  d'inocerame,  mais  je  n'ai  jamais  pu  en  recueillir 
que  des  fragments  très  insuffisants.  Je  ne  puis  donc  mentionner 
l'espèce  que  pour  mémoire. 

OsTREA  hippopodium  Nills. 

J'ai  démontré  dans  un  autre  mémoire,  que  les  Huîtres,  générale- 
n^ent  désignées  sous  ce  nom,  n'étaient  que  des  variétés  jeunes  et 


igOI       ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5l5 

largement  fixées  d* espèces  diverses  du  groupe  des  Pycnodontes, 
comme  Oslrea  çesiculosa  Guéranger,  O.  proboscidea  d'Aixîhiac, 
O.  Costei  Coquand  et  surtout  O.  vesicularis  Lamarck.  C'est  donc 
contre  ma  manière  de  voir  et  parce  que  je  ne  trouve  pas  de  nom 
certain  à  leur  appliquer,  que  je  désigne  ici  sous  le  nom  d*0.  hippo- 
podium,  de  nombreux  petits  Ostrea  que  Ton  rencontre,  très 
fréquemment,  fixés  sur  d'autres  fossiles,  principalement  sur  les 
Micraster  et  sur  les  Spongiaires. 

Ces  Ostrea,  de  petite  taille,  représentés  toujours  exclusivement 
par  des  valves  inférieures  largement  attachées,  sont,  comme  forme, 
comme  taille  et  comme  mode  de  fixation,  parfaitement  identiques 
à  ceux  que  nous  trouvons  si  fréquemment  sur  nos  Oursins  de  la 
craie  du  Bassin  de  Paris  et  à  ceux  qu'ont  représentés,  sous  le  nom 
ai  Ostrea  hippopodium,  plusieurs  auteurs  et  particulièrement 
Reuss  *. 

Ces  jeunes  Ostrea  n  ont  pas  d'importance  au  point  de  vue  strati- 
graphique,  car  on  en  trouve  de  semblables  à  tous  les  niveaux  du 
Crétacique  supérieur.  Il  est  néanmoins  utile  de  les  mentionner, 
car  ils  impriment  encore  un  certain  cachet  de  ressemblance  entre 
notre  faune  du  Crétacique  niçois  et  celle  de  la  Craie  du  nord. 

Spongiaires 

Les  Eponges  fossiles  sont  très  abondantes  dans  le  Crétacique 
des  Alpes-Maritimes. 

M.  Léon  Bertrand,  parlant  de  la  rareté  des  fossiles  détermi- 
nables  qu'on  rencontre  dans  ce  terrain,  cite  avec,  les  Micraster 
écrasés  et  les  Inocerames,  qu'on  ne  peut  avoir  qu'en  fragments, 
des  Spongiaires  calcaires,  encroûtés  de  calcaire  marneux,  qu'on 
ne  peut  même  pas  étudier  par  décalcification. 

M.  de  Riaz  cite,  en  plusieurs  localités,  des  Spongiaires  siliceux 
abondants,  dont  de  grands  exemplaires  cupuliformes.  Des  citations 
semblables' ont  été  faites  par  MM.  Fallot,  Ambayrac,  etc.,  mais  je 
ne  vois  pas  qu'aucune  tentative  ait  été  faite  pour  la  détermination 
de  ces  nombreux  Spongiaires. 

Cependant  des  recherches  un  peu  attentives  permettent  d'en 
recueillir  des  exemplaires  en  bon  état  et  sufiisaninient  dégagés  de  la 
langue  pour  qu'on  en  puisse  observer,  au  moins,  tous  les  princi- 
paux caractères  externes.  C'est  ainsi  que  j'ai  pu  en  réunir  une 
nombreuse  série  et  y  reconnaître  plusieurs  formes  bien  connues  par 
leurs  caractères  morphologiques  et  parles  détails  de  leur  structure. 

I.  Die  Versteinerungen  des  Bùmischien  Kreideformation,  pi.  XXIX. 


5i6  A.  PERON  i8  Nov. 

Pour  d'autres  échantillons,  la  df^termination  est  incertaine  et  je  me 
borne  à  signaler  leurs  aflinités  apparentes. 

Tous  ces  Spongiaires  proviennent  principalement  de  la  Trinité, 
de  Pointe-de-Contes  et  de  la  route  de  Contes  à  la  Madone. 

Siphonia    Kœnigi    Manleli    {8uh  Verrucospongia  cfr.  darmecornis 

Choanitea),  Rœmer. 

Siphonia  radiciformis  Phill.  (suh  Cupulospongia  cfr.  aur if ormisRœ- 

Spongia).  mer. 

lerea  cfr.  elongata  Michelin.  »            cfr.   contorta   (8ub 

Chenendopora  marginata  Michelin  Achilleum). 

»            aurita  Rœmer.  »             sp. 

»            tenais  Rœmer.  Tubulospongia  ctr.  nullipor^lla. 

Amorphoapongia  ramosa  Manteli.  Porosphœra  globosa  Von  Hagae- 

now. 

Toutes  les  espèces  citées  ci-dessus  existent  dans  la  Craie  du  bas- 
sin anglo-parisien  et,  en  particulier,  dans  l'étage  sénonien,  mais 
plusieurs  d'entre  elles  ont  été  signalées  dans  la  craie  à  Belemnitella 
quadrata,  c'est-à-dire  dans  l'Aturien,  en  même  temps  que  dans 
FËmschérien. 

ËGHINIDES 

Les  Echinides  sont  les  fossiles  les  plus  eonpus  parmi  ceux  du 
Crétacique  supérieur  de  Nice  et  les  seuls  qui  aient  été  mis  en  œuvre 
jusqu'ici  pour  la  connaissance  de  ce  terrain.  Dès  i843,  Sismonda, 
dans  un  mémoire  spécial  sur  les  Echinides  fossiles  du  comté  de 
Nice,  en  faisait  connaître  de  nombreuses  espèces  parmi  lesquels 
cinq  Micraster,  des  Holaster,  Echinocorys  et  quelques  Oursins 
réguliers  qui  ne  paraissent  pas  avoir  été  retrouvés  depuis. 

Tout  récemment,  M.  Lambert  qui  a  eu  en  communication  de 
nombreux  matériaux  recueillis  par  M.  de  Riaz  et  aussi  par 
MM.  Gauthier,  Michalet,  etc.,  a  procédé  à  une  révision  des 
Micraster  niçois  et  étudié  diverses  questions  de  nomenclature, 
d'identité  des  formes  et  de  dénominations. 

Il  reste  cependant  encore  à  dire  sur  ces  Oursins,  moins  sur  leur 
détermination  propre  que  sur  le  niveau  stratigraphique  qu'ils 
occupent  et  qui  ne  me  paraît  pas  avoir  été  toujours  correctement 
interprété.  Je  discuterai  ces  questions  en  traitant  de  chacune  des 
espèces,  non  seulement  de  rKuischérien  mais  de  l'Aturien,  mais  je 
ne  mentionnerai  ici  que  les  espèces  que  j'ai  recueillies  et  que  j'ai 
pu  étudier,  m'abslenant  de  parler  de  plusieurs  formes  citées  à  Nice 
par  divers  auteurs  et  que  je  n'y  ai  pas  rencontrées. 


MiGRASTBR  DEGiPiENs  Bayle 
:=  M.  cor-testudinarium  auctor.  (non  Goldfuss). 

J*ai  recueilli  au  moins  quatre  exemplaires  en  bon  état  qui  parais- 
sent pouvoir  être  assimilés  avec  sécurité  à  resj)èce  si  répandue 
dans  TErnschérien  du  Bassin  de  Paris. 

Deux  d'entre  ces  exemplaires  sont  bien  typiques.  Les  deux  autres, 
plus  grands  et  un  peu  plus  arrondis,  constituent  une  variété.  Je 
les  ai  soumis  à  Texamen  de  M.  Gauthier  et  ce  savant  estime  qu*en 
raison  de  la  disposition  de  Tambulacre  antérieur  on  peut  y  voir 
cette  forme  du  Micraster  cor  -  testudinarium  que  M.  Lambert 
a  nommée  Micraster  icaunensis. 

Mes  exemplaires  ont  été  recueillis  à  Menton,  à  Gando,  à  Canta- 
ron  et  à  la  Trinité. 

Micraster  cor-anguinum  Klein 

Un  seul  de  mes  exemplaires  peut  être  sûrement  rapporté  à  cette 
espèce.  Il  a  été  recueilli  par  un  ouvrier  de  la  fabrique  de  ciment  de 
Font-de-JaiTier,  mais  ne  provient  pas,  au  dire  de  cet  ouvrier,  des 
calcaires  exploités  dans  cette  usine.  Il  est  en  eflet  un  peu  usé  an 
pourtour  et  parait  avoir  été  ramassé  dans  quelque  sentier  des  envi- 
rons. Quoi  qu'il  en  soit,  c*est  un  Oursin  qui,  par  sa  taille,  sa  partie 
postérieure  rétrécie,  sa  forme  un  peu  renflée  et  arrondie,  son 
apex  un  peu  en  arrière,  la  structure  de  ses  ambulacres  et  enfîn  la 
position  de  son  périprocte  et  la  forme  de  sa  lèvre  paraît  se  rap- 
porter exactement  au  Micraster  cor-anguinum  typique.  Nous 
l'avons,  chez  M.  Gauthier,  comparé  à  de  bons  exemplaires  de 
cette  espèce  provenant  de  la  craie  de  Gravesend  et  notre  confrère 
l'a  reconnu  bien  conforme. 

Micraster  girrus  Lamarck 

M.  I^mbert  a  consacré  à  cette  espèce  une  longue  et  savante 
discussion  et  est  parvenu  à  en  débrouiller  T historique  assez 
confus.  D'après  notre  très  érudit  confrère  et  ami,  on  doit  prendre 
pour  type  de  cette  espèce  exclusivement  Tindividu  décrit  par 
Lamarck  en  1816  et  figuré  dans  l'Encyclopédie  et  on  doit  admettre 
que  cette  forme  de  M,  gibbus  est  celle  de  Nice.  Le  type  de 
Lamarck,  cependant,  a  été  décrit  sans  indication  de  provenance 
et  il  sepible  improbable  qu'il  ait  été  cherché  aussi  loin  alors  que 
des  formes  similaires  existent  abondamment  dans  la  Craie  du 
Bassin  de  Paris. 


5l8  A.   PERON  i8  Nov. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  pense  que  ces  Oursins  des  environs  de 
Nice  qu*on  a,  de  divers  côtés,  appelés  Micraster  gibbus,  ne  sont 
pas  encore  suflisamment  connus  et  qu'il  s'est  produit  là  quelque 
confusion  analo^e  à  celle  qui  s'est  produite  dans  la  Craie  du 
Bassin  de  Paris  pour  les  formes  gibbeuses  qu'on  y  rencontre  dans 
plusieurs  niveaux  successifs  et  qui  ont  été  distinguées  sous  les 
noms  de  Micraster  senonensis  Lambert  pour  l'espèce  du  Sénonien 
inférieur  et  de  M,  fastigatus  Gauthier  pour  celle  de  la  craie  à 
Belemnitella  quadrata. 

Il  est  à  remarquer  d'ailleurs  que  M.  Gauthier  attribuait  au  vrai 
M,  gibhus  les  individus  dont  M.  Lambert  a  fait  M.  senonensis 
et  que,  vice-versa^  M.  Lambert  considère  comme  M.  gibbus, 
l'Oursin  que  M.  Gauthier  a  nommé  M ,  fdstigatus  *. 

M.  Lambert  a^fait  figurer,  comme  néotypes  de3f.  gibbus,  deux 
exemplaires  des  environs  de  Nice,  dont  l'un,  représenté  de  profil, 
est  de  la  collection  Michalet,  et  l'autre,  figuré  sur  la  face  supérieure 
(pi.  XII,  fig.  4)  et  de  profil  (fig.  5),  est  de  la  collection  Gauthier  -. 
J'ai  pu  examiner  les  originaux  de  ces  deux  Oursins.  Ils  ne  me 
paraissent  pas  identiques.  Le  premier,  dont  je  parlerai  plus  loin, 
est  celui  de  la  craie  supérieure  à  B,  quadrata,  c'est  à  dire  M.  fas- 
tigatus. Quant  au  deuxième,  après  l'avoir  comparé  aux  nombreux 
individus  que  j'ai  recueillis  dans  l'Emschérien,  je  crois  pouvoir 
conclure  qu'il  provient  de  ce  dernier  étage.  Je  n'en  possède  pas 
d'aussi  élevé,  car  la  presque  totalité  des  Oursins  de  ce  niveau  sont 
déformés,  mais  par  sa  taille  plus  grande,  par  sa  forme  plus  allon- 
gée, par  ses  ambulacres  plus  longs  et  plus  profonds,  ce  Micraster 
est  bien  conforme  à  mes  exemplaires  et  je  suis  convaincu  de  leur 
identité  spécifique. 

Mais  ce  Micraster  que,  à  l'exemple  de  M.  Lambert,  nous  appel- 
lerons M.  gibbus,  ne  me  parait  pas  identique  aux  autres  individus 
également  gibbeux  et  subconiques,  mais  plus  petits,  plus  cordifor- 
mes,  à  ambulacres  plus  courts  et  plus  étroits,  que  nous  avons 
recueillis  à  Foninle-Jarrier  dans  un  niveau  plus  élevé. 

Ces  Micraster  aturiens,  dont  nous  parlerons  ci-après,  nous  parais- 
sent bien  identiques  au  M.  fastigatus  Gauthier  de  la  craie  à  B, 
quadrata  de  Reims  et  nous  avons  adopté  cette  détermination  avec 
d'autant  plus  de  confiance  que  ces  M,  fastigatus  sont  accompagnés, 
à  Font-de-Jarrier,  d'une  autre  espèce  M,  pseudoglyphus  de  Gros- 
souvre  qui  se  retrouve  également  à  Reims  associée  à  M. fastigatus, 

1.  Monog.  gen.  Micraster ,  p.  228. 

2.  U,  S.  G.  F.  (3),  XXIV,  j)  3i3.  (Il  existe  entre  les  planches  et  leur  expli- 
cation un  désaccord  que  nous  corrigeons  ici). 


igOI        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPÉRIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        SlQ 

Nous  pensons  donc  qu'il  y  a  lieu  de  distin^i^er  dans  le  Crétacé 
supérieur  niçois  deux  espèces  de  ces  Micr aster  gibbeux,  à  ambu- 
lacre  impair  semblable  aux  autres,  dont  M.  Gauthier  a  proposé  de 
faire  le  genre  Gibbaster.  Il  est  mémo  encore  une  autre  espèce, 
Micraster  arenatus,  dont  nous  allons  parler,  qui  doit  rentrer  dans 
ce  genre  Gibbaster. 

Micraster  arenatus  Sismonda 

Le  type  de  cette  espèce  de  Sismonda  provient  des  calcaires 
crétacés,  riches  en  Micraster^  que  Ton  rencontre  sur  la  route  de 
Contes-les-Pins,  à  la  Madone  de  Contes  (Châteauneuf).  L'espèce  a 
été  rencontrée  au  même  endroit,  il  y  a  quelques  années,  par  M. 
de  Riaz  et  reconnue  par  M.  Lambert,  auquel  les  individus  ont 
été  communiqués. 

C'est  une  forme  assez  mal  connue,  en  résumé,  car  Sismonda 
n'en  a  représenté  que  la  face  supérieure  d'un  individu,  peut-être 
un  peu  exceptionnel.  Le  profd,  la  face  inférieure,  la  forme  et  la 
position  du  périprocte  restent  inconnus.  Dans  ces  conditions,  il 
n'est  pas  très  étonnant  que  Fespèce  soit  restée  ignorée  et  n'ait  pas 
été  citée  par  les  auteurs. 

Il  est  d'ailleurs  évident  qu'elle  est,  au  moins,  fort  voisine  de 
Micraster  Matheroni  Desor  et  c'est  sous  ce  dernier  nom  que 
figurent,  tant  à  l'Ecole  des  Mines,  à  Paris,  qu'au  Musée  de  Nice,  les 
grands  Micraster  arrondis,  qui  sans  doute  représentent  Tespèce 
de  Sismonda. 

J'en  ai  moi-même  recueilli  deux  exemplaires  dont  Tun  provient 
du  gisement  même  de  Sismonda,  c'est-à-dire,  de  la  route  de  la 
Madone  et  l'autre  des  environs  de  Pont-de-Peillc.  Ils  sont,  comme 
le  type,  grands,  larges  et  arrondis  et  leurs  ambulacres,  longs  et 
peu  profonds,  sont  tous  à  peu  près  semblables,  ce  qui  doit  les  faire 
classer  dans  le  groupe  Gibbaster  de  M.  Gauthier.  Malheureu- 
sement ils  sont  un  peu  déformés  et  je  ne  puis  en  donner  le  profil 
exact. 

J'ai  pu  comparer  ces  exemplaires  à  de  bons  Micraster  Matheroni 
que  je  possède,  tant  du  Beausset  que  de  Rennes-les-Bains,  et, 
malgré  l'avis  de  M.  Lambert,  je  crois  que  ces  espèces  pourraient 
être  réunies . 

Il  y  a  lieu,  d'ailleurs,  de  faire  observer  ici  que,  contrairement 
à  ce  qu'a  pensé  M.  de  Riaz,  Micraster  arenatus  n'est  pas  une 
espèce  du  Sénonien  supérieur,  mais  bien  une  espèce  purement 
santonienne.  On  le  trouve,  à  la  Madone  de  Contes,  en  compagnie 


520  A.    PERON  l8  NOV. 

de  Morioniceras  texanum  Rœm.,  Inoceramus  digitatus  Sow., 
Hoïasier  integer  Desor,  etc.  ;  c'estrà-dire  avec  les  fossiles,  qui,  au 
Beausset  et  dans  les  Gorbières,  sont  les  compagnons  fidèles  de 
Micraster  Matheroni  d'Orb.  et  M,  corbaricus  Lambeit(=  M. 
breçis  auctorum). 

EcHiNocoRYS  vuLGARis  Brcyn. 

J'ai  recueilli  de  nombreux  exemplaires  à! Echinocorys  dans 
divers  horizons  du  Crétacé  supérieur  niçois  et,  quoique  la  plupart 
fussent  en  très  mauvais  état,  il  m'a  été  possible  d'y  reconnaître 
différentes  formes  représentant,  vraisemblablement,  plusieurs  des 
variétés  connues  dans  la  Craie  du  bassin  parisien. 

\J Echinocorys  çulgaris  que  j'ai  rencontré  dans  les  couches 
emschérienues  du  pays  niçois  est  toujours  déformé  ou  fragmenté 
et  ses  caractères  sont  malaisés  à  étudier.  Cependant  j'en  ai  trouvé 
de  passables  dans  le  nord-ouest  de  Menton  et,  à  l'aide  de  tous 
ces  matériaux,  j'ai  pu  reconnaître  que  l'espèce  est  toujours  de 
petite  taille,  à  pourtour  anguleux  et  non  rétréci,  à  carène  posté- 
rieure assez  prononcée.  Ce  sont  exactement  les  caractères  du  petit 
Echinocorys  que  l'on  trouve  abondamment  dans  les  Gorbières  en 
compagnie  des  Micraster  corbaricus  et  M.  Matheroni  et  c'est  là 
un  trait  de  ressemblance  de  plus  entre  le  Sénonien  niçois  et  celui 
de  la  Provence  et  des  Pyrénées. 

Ce  petit  Echinocorj^s  de  Rennes-les-Bains,  communiqué  par  moi 
à  divers  spécialistes,  avait  été  considéré,  notamment  par  Gotteau, 
comme  représentant  la  variété  E.  striatade  Lamarck  *.  Ce  rappro- 
chement me  paraît  douteux,  car  mes  individus  sont  bien  différents 
de  ceux  figurés  par  Goldfuss  sous  le  nom  d' Echinocorys  striata 
Lamk.,  mais,  quoiqu'il  en  soit,  comme  il  est  utile  de  distinguer  mes 
Echinocorys  emschériens  de  ceux  du  niveau  supérieur,  je  leur 
appliquerai  ce  nom  en  attendant  la  classification  si  nécessaire  de 
ces  divers  Oursins. 

HOLASTER   INTEGER   DcSOr 

Deux  exemplaires  recueillis,  l'un  par  moi-même  à  la  Madone  de 
Contes,  l'autre  par  M.  Gaziot,  dans  le  ravin  de  Gantaron,  me 
paraissent  pouvoir  être  correctement  désignés  sous  ce  nom. 

Ils  sont  tous  deux  assez  mal  conservés,  mais  on  y  retrouve  facile- 
ment tous  les  caractères  des  Holaster  integer  des  Gorbières,  c'est- 

I.  Pbron.  Calcaire  à  Echinides  de  Rennes-les-Bains.  B,  S,  G.  F.,  (a),  V, 
p.  5ai. 


igOI        BTAGES  GRBTACIQI'ES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5a  I 

^-dire  la  grande  taille,  la  forme  presque  orbiculaire,   le  sillon 
antérieur  élargi,  les  divers  détails  des  ambulacres,  etc. 

Holaster  integer  se  trouve  dans  les  Corbières  en  compagnie  de 
Mortoniceras  texanum,  Inoceramus  digitatus,  comme  se  trou- 
vent aussi  nos  HoUisier  de  TEmschérien  niçois. 

EcHiNocoNus    GiGAs  ?  Gotteau 

Je  mentionne,  pour  mémoire,  sous  ce  nom, un  grand  exemplaire 
d! Echinoconus  malheureusement  déformé  et  un  peu  incomplet  qui 
m'a  été  donné  par  un  médecin  de  Menton  comme  ayant  été  trouvé 
dans  les  environs  de  ce  pays. 

Il  a  bien  la  taille  et  la  plupart  des  caractères  des  Echinoconus 
gigas  des  petites  Pyrénées  de  la  Haute-Garonne.  On  distingue 
dans  la  gangue  de  ce  fossile  de  nombreux  Foraminifères,  Cristel- 
laria  et  autres. 

Empreinte   végétale. 

Je  veux  encore  mentionner  ici  une  empreinte  que  j'ai  rencontrée 
dans  les  calcaires  marneux  noirâtres  qui  occupent  à  peu  près  le 
centre  du  pli  synclinal  de  la  Tnnité-Victor  dont  nous  parlerons 
plus  loin. 

Ges  calcaires  foncés,  micacés,  parfois  charbonneux,  se  trouvent 
un  peu  en  aval  de  la  couche  à  Spongiaires  dont  nous  avons  parlé. 

Gette  empreinte  est  noirâtre,  charbonneuse,  rubannée  et  nette- 
ment divisée  en  deux  parties  égales  par  une  nervure  centrale  bien 
dessinée.  M.  Fliche,  le  distingué  spécialiste,  auquel  nous  avons 
soumis  notre  fossile,  nous  a  donné  à  son  sujet  les  renseignements 
suivants  :  «  c'est  sans  conteste  une  empreinte  végétale.  Il  me  semble 
également  hors  de  doute  qu'il  s'agit  d'un  grand  fragment  de 
végétal  terrestre.  Quelques  traces  de  nervm*es  secondaires,  la 
médiane  étant  bien  prononcée,  font  même  un  peu  songer  à  ce 
qu'on  voit  chez  certaines  Protéacées,  mais  ceci  est  trop  vague  et 
n'est  pas  une  donnée  dont  on  puisse  tirer  parti  » . 

Si  maintenant  nous  examinons  l'ensemble  de  la  faune  dont 
nous  venons  d'énumérer  les  espèces,  nous  voyons  que  toute  cette 
faune,  sans  exception,  se  retrouve  dans  TEmschérien  supérieur, 
c'est-à-dire  dans  l'étage  santonien  de  Goquand,  aussi  bien  dans  le 
nord  que  dans  le  midi  de  la  France. 

En  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  la  craie  du  Beausset  et 
des  Corbières,  quoique  le  Grétacique  supérieur  de  Nice  n'ait  encore 


522  A.    PERON  l8  NOV. 

donné  aucun  reste  d*Hippurites  ou  de  Radiolites,  la  correspondance 
n  en  est  pas  moins  très  bien  établie.  Les  Mortoniceras  texanum, 
Inoceramus  digitatus,  Holaster  integer,  Micraster  Matheroni, 
M.  corbaricuSy  Echinocorys  striata,  sont  des  formes  qui,  toutes 
très  caractéristiques,  se  retrouvent  dans  la  grande  assise  marneuse 
qui  sépare  les  niveaux  hippuritiques  inférieurs  et  que,  depuis 
longtemps,  tous  les  géologues  ont,  comme  nous  Tavions  proposé, 
classée  dans  T étage  santonien  malgré  la  vive  opposition  des  géo- 
logues les  plus  autorisés  de  cette  époque. 

Ce  terrain  des  Alpes-Maritimes,  quoique  si  voisin  de  celui  de 
la  Provence,  ne  revêt  cependant  pas,  comme  ce  dernier,  le  faciès 
hippuritique  et  récital,  mais  se  rattache  au  contraire,  au  point  de  vue 
du  faciès,  au  Crétacique  supérieur  du  nord  de  la  Finance.  Il  cons- 
titue donc  par  sa  faune  une  sorte  de  trait  d'union  entre  ces  formations 
contemporaines  et  cependant  si  disparates  du  nord  et  du  midi. 

Comment  se  fait-il  que  ce  Crétacique  des  Alpes-Maritimes,  si 
rapproché  de  celui  de  la  Provence,  n'en  ait  pas  le  faciès  et  soit  au 
contraire  semblable  à  celui  des  régions  relativement  très  éloignées 
du  nord  de  la  France  ?  Quelques  géologues  ont  déjà  abordé  ce 
problème,  mais  les  explications  tirées  soit  de  l'existence  de  deux 
mers  distinctes,  soit  des  conditions  bathymétriques  différentes  des 
sédiments  crétacés  des  deux  gisements  voisins,  ne  reposent  encore 
que  sur  des  données  un  peu  insuffisantes.  Un  élément  d'apprécia- 
tion fait  encore  défaut,  c'est  une  connaissance  plus  complète  de  la 
formation  crétacée  dans  la  partie  septentrionale  de  la  région  alpine. 

Étage  aturien 

Cet  étage  du  Crétacique  supériem*  ne  parait  être  représenté 
jusqu'ici,  dans  les  Alpes-Maritimes,  que  par  sa  subdivision  infé- 
rieure, c'est-à-dire  par  Tétage  campanien  de  Coquand.  Nous  ne 
connaissons  encore,  en  effet,  aucune  assise  qui  puisse  être  placée 
sur  le  niveau  du  Maëstrichtien  ou  du  Dordonien.  L'Aturien  infé- 
rieur, lui-même,  ne  semble  pas  être  complet.  Il  est  d'ailleurs  très 
peu  répandu  dans  la  région  et  ce  n'est  guère  qu'au  nord  de  Nice, 
au  pourtour  du  massif  éocène  de  Contes-l'Escarène,  que  nous  le 
voyons  bien  nettement  rei)résenté. 

M.  de  Riaz  a  bien  classé  sur  l'horizon  de  la  craie  de  Meudon, 
diverses  couches  de  la  presqu'île  de  Saint-Hospice,  près  Baulieu  *, 
et  celles  de  la  Madone  de  Contes,  qui  renferment  Micraster  are- 

I.  B.  S.  G,  F.,  XXVII,  (3),  p.  425. 


igm     srA0B8  crétagiques  supérieurs  des  alpes-maritibies     5^3 


natus,  mais,  comme  nous  l'avons  démontré  ci-dessus,  Tàge  de  cet 
Oursin  n'a  pas  été  correctement  interprété  et,  d'autre  part,  les  autres 
fossiles,  assez  nombreux,  recueillis  par  M.  de  Riaz  à  Saint-Hospice, 
ne  sont  pas  de  nature  à  établir  Y  âge  campanien  de  ce  gisement. 

De  même  encore,  contrairement  à  Tavis  exprimé  par  M.  Baron 
et,  partiellement,  par  M,  de  Riaz,  je  pense  que  les  couches  du  Gré- 
tacique  supérieur  qui  affleurent  autour  de  Menton  ne  représentent 
que  les  étages  turonien  et  emschérien.  Je  ne  connais  jusqu'ici 
aucun  fossile  qui  permette  d'admettre  dans  cette  région  la  présence 
de  l'Aturien  et  encore  moins  celle  du  Danien  que  quelques  explo- 
rateurs y  ont  signalé. 

Il  y  a  lieu  même  d'aller  plus  loin  et  je  crois  pouvoir  conclure  que 
les  seules  couches  connues  que  l'on  attribue  généralement,  dans 
les  environs  de  Nice,  à  la  Craie  supérieure,  ne  représentent  que  la 
zone  inf&rieure  de  l'étage  campanien,  c'est-à-dire  la  craie  de  Reims 
à  Belemnitella  quadrata,  à  l'exclusion  de  la  cfaie  de  Meudon  à 
Magas  pumilus  et  Belemnitella  mucronata  (sans  B.  quadratd). 
Nous  développerons  ci-après  les  motifs  qui  ont  déterminé  cette 
manière  de  voir. 

Les  assises  qui,  au  nord  de  Nice,  nous  paraissent  constituer 
l'Aturien,  ressemblent  beaucoup  à  celles  de  l'Emschérien.  Il 
semble  impossible,  en  Tétat  de  nos  connaissances,  d'indiquer  un 
point  précis  où  il  convient  de  placer  la  séparation  des  deux  étages. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  TAturien  devait  être  considéré 
comme  débutant  vers  le  point  où  les  marnes  de  l'Enischérien  supé- 
rieur font  place  à  des  bancs  calcaires  de  plus  en  plus  serrés  et 
épais,  mais  la  transition  entre  les  deux  séries  est  très  ménagée  et 
les  calcaires  de  l'Aturien  conservent  encore  des  lits  marneux 
interstratifiés  semblables  à  ceux  de  l'étage  précédent,  quoique  moins 
épais.  Ces  marnes  et  calcaires  sont  également  gris,  parfois  noirâ- 
tres, teintés  de  rouille  par  places,  micacés,  à  grain  fin,  parfois 
sublithographiques.  Leur  stratification  demeure  aussi  nette  et 
aussi  régulière  que  dans  rEiiischérien.  Il  semble  seulement  qu'en 
raison  sans  doute  de  la  rigidité  et  de  la  résist^ince  des  gros 
bancs  calcaires,  ces. assises  supérieures  ont  été  moins  écrasées  par 
les  pressions  latérales  et  les  .fossiles  y  sont  moins  déformés  et  en 
meilleur  état. 

Ces  bancs  de  calcaire  marneux  sont  largement  exploités  pour  la 
fabrication  du  ciment  et  de  la  chaux  hydraulique,  tant  à  l'usine  de 
Contes-les-Pins  qu'à  celle  de  Font-de-Jarrier,  où  naguère  on 
n'exploitait  que  le  calcaire  nummuli tique.  Grâce  à  cette  circons- 
tance on  a  pu  obtenir,  provenant  de  ces  couches,  plusieurs  bons 


5îi4  A.    PBRON  l8  NOV. 

fossiles  en  meilleur  état  de  conservation  que  ceux  que  les  explora- 
teurs peuvent  habituellement  recueillir  eux  mêmes  à  la  surface 
du  sol. 

CSes  fossiles,  qui  ne  sont  pas  complètement  les  mêmes  dans  les 
deux  usines,  sont  surtout,  à  Gontes-les-Pins,  des  Ammonites  et,  à 
Font-de- Jarrier,  des  Echinides.  I-.es  uns  et  les  autres  sont  également 
précieux  pour  la  détermination  de  l'âge  des  gisements,  car  les 
mêmes  espèces  sont  connues  dans  plusieurs  autres  régions  et, 
toujours,  c'est  l'étage  aturien  inférieur  qu'elles  habitent.  Nous 
allons  les  examiner  ci-après. 

Un  croquis  du  front  de  taille  des  carrières  de  Contes-les-Pins  a 
été  donné  par  M.  Fallot  •  d'après  un  dessin  de  M.  Baron. 

Il  ne  m'a  pas  paru  que  les  couches  présentassent,  dans  cette 
carrière,  les  allures  irrégulières  et  les  inégalités  d'épaisseur  que 
montre  le  croquis  en  question.  Elles  sont,  au  contraire,  bien  litées 
et  d'une  inclinaison  uniforme. 

La  couleur  des  calcaires  et  des  marnes  est  parfois  très  foncée, 
presque  noire  et  on  y  trouve  même,  intercalées,  quelques  veinules 
charbonneuses.  On  y  rencontre  aussi  quelques  rognons  de  pjrrite. 
Les  fossiles  n'y  sont  pas  très  abondants  et,  seuls,  les  Inocerames 
paraissent  un  peu  fréquents.  J'y  ai  recueilli  des  exemplaires  bien 
typiques  d'Inoceramus  Cripsii  Mantell. 

D'après  les  indications  de  M.  Baron,  les  Ammonites  existeraient 
dans  tous  les  bancs  supérieurs  de  la  carrière  et  les  Micraster  dans 
les  bancs  inférieurs.  Je  ne  suis  pas  en  mesure  de  donner  des 
renseignements  à  ce  sujet. 

Il  est  rare  qu'un  visiteur  ait  l'occasion  de  recueillir  lui-même  les 
Ammonites.  Je  n'en  ai  trouvé  moi-même  qu'un  fragment  et  encore 
se  trouvait-il  dans  des  déblais  et  débris  non  en  place.  Quant  à 
celles  que  les  ouvriers  m'ont  données,  je  n'ai  pu  avoir  sur  la  couche 
d'où  elles  provenaient,  que  des  renseignements  incertains. 

En  ce  qui  concerne  les  Micraster  je  n'en  ai  pas  trouvé  dans  la 
carrière  même.  C'est  seulement  à  une  certaine  distance  et,  dans 
des  couches  un  peu  inférieures,  en  effet,  aux  calcaires  exploités  que 
j'en  ai  rencontré  un  mauvais  spécimen. 

M.  Fallot  a  cité  dans  la  carrière  de  Contes-les-Pins  plusieurs 
espèces  d'Ammonites  connues,  l'une  dans  la  Craie  du  sud-ouest, 
les  autres  dans  le  Crétacé  des  Indes  orientales.  Je  n'ai  pas  retrouvé 
ces  espèces.  La  seule  que  j'y  ai  recueillie  est  Pachydiscus  Lepyi 
de  Grossouvre.  Ce  doit  être  là  la  forme  la  plus  fréquente,  car  j'en  ai 

I.  Loc.  cit.  p.  187. 


igOI        RTAGES  CRÉTACIQUKS  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        525 

rapporté  quatre  individus  en  bon  état  dont  deux  de  grande  taille. 
lime  parait  probable,  d'ailleurs,  que  c'est  à  cette  même  espèce  qu'il 
faut  attribuer  l'Ammonite  que  M.  Fallot  a  désignée  sous  le  nom 
A* Al  ootacodensis  Stoliczka,  cette  espèce  de  Tlnde  ayant,  en  effet, 
sensiblement  Tomementation  et  la  forme  de  Pachydiscus  Leiiyi, 

Le  P.  Levj'i  n'est  pas  absolument  spécial  au  gisement  de  Contes- 
les-Pins.  Il  existe  aussi  dans  la  Charente  et  M.  de  Grossouvre  le 
signale  aux  environs  de  Mon tmoreau,  dans  l'assise  P*  deM.  Arnaud, 
c'estrà-dire  dans  le  Campanien  inférieur. 

Une  autre  espèce  de  Contes-les-Pins,  que  je  n'ai  pas  retrouvée, 
mais  que  M.  de  Grossouvre  a  étudiée  dans  la  collection  de  la 
Sorbonne,  le  Mortoniceras  campaniense  de  Gross.,  a  exactement 
la  même  signification  stratigraphique.  On  la  retrouve  à  Mont- 
moreau  et  dans  plusieurs  autres  localités  au  même  niveau  du 
Campanien  inférieur.  Nous  verrons  que  les  Oursins  confirment 
parfaitement  ce  classement. 

Un  des  faits  intéressants  qu'on  observe  dans  les  carrières  de 
Contes,  c'est  que,  comme  nous  le  montre  très  bien  le  croquis  de 
M.  Baron,  les  calcaires  crétacés  y  sont  surmontés  par  le  terrain 
nummulitique  dont  un  banc  puissant  forme  le  couronnement  du 
front  de  taille.  J'ai  suivi  avec  attention  sur  un  certain  parcours  la 
ligne  de  contact  de  ce  banc,  mais  je  n'ai  pu  y  reconnaître  aucune 
trace  nette  de  discordance  entre  les  assises  ou  d'interruption  sédi- 
mentaire. 

Il  m'a  semblé  qu'à  Font-de-Jarrier,  où  la  situation  est  encore 
semblable,  il  en  était  de  même.  Dans  cette  localité  les  gros  bancs 
gréseux  remplis  de  Nummulites  par  lesquels  débute  TEocène 
sont  faciles  à  suivre  et  à  distinguer  même  de  loin,  et  ils  m'ont  paru 
se  modeler  très  régulièrement  et  en  parfaite  concordance  sur  les 
derniers  bancs  du  Crétacé. 

Cependant,  d'après  la  coupe  de  ce  gisement  donnée  par  Hébert  *, 
en  1877,  les  dernières  assises  du  Crétacé,  qui  contiennent,  disait-il, 
les  mêmes  espèces  que  la  craie  de  Bidart,  présenteraient  au  contact 
du  Nummulitique  une  surface  ravinée,  corrodée  et  percée  par  les 
Lithophages. 

D'autre  part,  non  loin  de  Font-de-Jarrier,  sur  les  hauteurs 
mêmes  de  la  Palarea,  notre  confrère  M.  Caziot  a  observé  une 
discordance  de  stratification  très  marquée  entre  le  Crétacé  et  le 
Nummulitique  et  il  considère  ce  dernier  terrain  conmie  enclavé 
dans  le  premier,  contre  lequel  il  vient  buter. 

I.  B,  S.  G.  F.  (3)  V,  p.  809. 


526  A.   PERON  i8  Nov. 

II  semble  possible  qu'il  en  soit,  eu  eUel,  atfisr.  M.  Lëon  Fertrand 
a  montré  que  àsns  le  nord  des  Alpes-Maritimes  le  terrain  numma- 
lîtîque  est  très  souvent  en  discordance  angulaire  sur  son  substra- 
tum  et  qu'il  repose  indiflféremment  sur  les  différents  termes  du 
terrain  crétacé  et  même  sur  le  Jurassique  *.  Ce  ne  serait,  d'après 
notre  confrère,  que  dans  le  centre  des  synclinaux,  comme  par 
exemple  à  Puget-Théniers,  qu'il  y  a  concordance  absolue  entre  le 
Crétacé  supérieur  et  le  Nummulitique. 

Ces  faits  s'expliquent  aisément  et  sont  tout  à  fait  normaux.  Ils 
concordent  avec  nos  observations,  desquelles  il  résulte  que  la  série 
crétacée  supérieure  est  très  incomplète  dans  les  affleurements 
visibles  de  la  région  niçoise  et  qu'il  y  manque  non  seulement  l'étage 
danien,  mais  encore  le  Macstrichtien  et  même  le  Campanien 
supérieur.  Le  terme  le  plus  élevé  que  nous  connaissions  du  Crétacé 
niçois,  c'est-à-dire  TAturien  inférieur,  ne  paraît  visible  que  sur  le 
bord  de  la  grande  cuvette  où  s'est  déposé  le  Nummulitique  de 
TËscarène.  Partout  ailleurs,  même  au  col  de  Braus,  où  cependant 
la  succession  semble  régulière  et  continue,  nous  ne  connaissons 
pas  FAturien  bien  caractérisé.  Il  semble  donc  possible  que  les 
termes  supérieurs  du  Crétacé  soient  plus  ou  moins  masqués  par  le 
terrain  tertiaire . 

Dans  diverses  localités  de  l'ouest  niçois,  notamment  aux  environs 
de  Puget-Théniers,  on  remarque,  entre  les  marnes  crétacées  et  le 
Nummulitique,  une  intercalation  parfois  épaisse  de  poudingues  et 
de  cailloux  roulés  qui  témoignent  d'un  changement  considérable 
dans  les  conditions  scdimentaires  et  dans  la  distribution  des 
rivages. 

Cette  lacune  que  nous  constatons  dans  la  série  crétacée  supé- 
rieure résulte-t-elle  d'une  émersion  de  la  contrée  avant  le  dépôt 
du  Macstrichtien  et  d'une  interruption  sédimentaire  qui  expli- 
querait les  traces  signalées  par  M.  Hébert  à  Font^e-Jarrier  ou  bien 
résulte-t-elle  d'une  ablation  de  ces  couches  crétacées  supérieures 
postérieurement  à  leur  dépôt  ?  Il  semble  difficile  de  répondre  d'une 
manière  certaine  à  cette  question,  mais  nous  adoptons  plus  volon- 
tiers la  deuxième  version  qui  explique  mieux  l'inconstance,  l'irré- 
gularité et  la  situation  des  lambeaux  de  couches  aturiennes  qui 
ont  survécu  et  que  nous  connaissons  aujourd'hui. 

La  constatation  de  l'existence  de  l'Aturien  exclusivement  sur  le 
bord  de  la  cuvette  nummulitique  de  l'Escarène,  c'est-à-dire  sur  le 
versant   uord   du  grand  anticlinal   dont  on  voit  Taxe  près   du 

I.  Loc,  ciUy  p.  64. 


1901        ÉTAGBS  CRÂTACIQUES  SUPÉRIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5a^ 

Pont-de-Peille,  est  de  nature  à  appeler  ratt«ntion  et  je  me  suis 
demandé  pourquoi,  sur  le  versant  sud  de  cet  anticlinal,  on  ne 
retrouvait  pas  l'aflleui'emeut  de  l'étage  en  question. 

M.  Pallot  <  a  donné,  dans  l'ouvrage  que  nous  avons  déjà  fré- 
quemment cité,  une  coupe  de  la  retombée  sud  de  cet  anticlinal 
relevée  sur  la  rive  droite  du  Paillon,  entre  le  Pont  de-Peille  et  la 
Trinité- Victor.  Nous  y  voyons  la  série  continue  des  couches  du 
Cénomanien,  du  Turonien  et  de  l'Einschérien,  mais,  malheureuse- 
ment, cette  coupe  est  arrêtée  au  point  même  où  elle  serait  le  plus 
intéressante,  c'est-k-dire  au  point,  à  peu  près,  où  devrait  apparaître 
l'Aturien. 

Je  crois  que,  si  M.  Fallot  a  arrêté  sa  eoupe  à  ce  point,  c'est  parce 
qu'il  existe  là  un  nouvel  accident  tectonique,  qui  est  venu  inter- 
rompre la  succession  régulière  et  la  continuité  des  assises. 

Notre  confi'ère,  M.  de  Rîaz,  a  donné  dans  sa  note  déjà  citée,  une 
esquisse  schématique  de  cet  accident,  mais  ses  recherches  ti-op 
rapides  ne  lui  ont  pas  permis  de  l'interpréter  complètement.  11 
me  paraît  utile  de  reprendre  cette  question  dont  j'ai  poursuivi  la 
solution  dans  plusieurs  excursions,  que  M.  Caziot  a  complétées 
depuis,  de  manière  à  ne  laisser  inexploi-éc  aucune  portion  des 
couches. 

Pour  plus  de  clarté,  je  reprendrai  la  question  au  point  où  l'a 
laissée  M.  deRiaz  et  je  repi-oduirai  ei-dessous  son  petit  croquis, 
lequel  fait  suite  à  la  coupe  don- 
née par  M.  Fallot  de  la  succes- 
sion des  assises  crétacées  sur 
la  rive  droite  du  Paillon  entre 
le  Pont-de-Peille  et  la  Trinité- 
Victor. 

Le     petit     schéma     ci  contre 


(fig.  i)  représente  un  groupo  de  Fig.  i. 

couches  ti'ès  redressées  et  dispo- 
sées en  éventail  que  l'on  observe  à  hauteur  de  lu  Trinité,  entre  les 
deux  moulins  situés  sur  la  rive  droite. 

D'après  la  légende  de  la  figure,  les  assises  i,  a,  3,  4  sent  des 
bancs  sans  fossiles,  l'assise  5  est  dénommée  couche  à  Inocerames 
et  le  n"  6,  couche  à  Micraster.  M.  de  Riuz  déclai-e,  d'ailleurs, 
qu'il  lui  est  impossible  de  dire  si  la  couche  à  Inocerames  est  au- 
dessus  ou  au-dessous  des  Micraster. 

Je  pense  tout  d'abord  qu'il  n'y  a  pus  lieu  de  faire  cette  distinction 
de  couches  à  Inocerames  el  de  couches  à  Micrasler.  Elle  est  plutôt 

t.  Loe.  cit.,  p.  i38. 


5a8  A.  PERON  i8  Nov. 

de  nature  à  induire  en  erreur.  Il  y  a  des  Inocerames  dans  toutes  ces 
couches  et,  à  peu  près,  en  égale  abondance.  Quant  aux  Micraster^ 
s'ils  sont,  en  réalité,  un  peu  plus  fréquents  dans  un  des  bancs,  à  la 
base  de  la  coupe,  il  n'en  est  pas  moins  certain  que  j'en  ai  trouyé 
dans  sept  ou  huit  niveaux  successifs  et  sur  plus  de  60  mètres  d'épais^ 
seur  de  couches. 

Mais  ce  n*est  là  qu'un  petit  côté  de  la  question  et  l'important  est 
de  rétablir  la  succession  normale  des  couches  et  de  montrer  leur 
situation  respective  qui  est  beaucoup  plus  compliquée  que  ne  le 
montre  le  croquis  ci-dessus. 

Les  couches  5  et  6  de  M.  de  Riaz  sont  sensiblement  les  dernières 
de  la  coupe  de  M.  Fallot  dont  toutes  les  assises,  depuis  le  Céno- 
manien  jusqu'au  Sénonien,  sont  régulièrement  superposées  et 
fortement  inclinées  au  sud,  sous  un  angle  qui  atteint  parfois  8o<>. 

Ces  couches  5  et  6  du  croquis  ci-dessus,  qui  suivent  exactement 
le  mouvement  des  précédentes,  sont  donc  en  situation  normale. 

On  peut  les  considérer  comme  appartenant  à  la  base  du 
Sénonien-Emschérien,  car,  peu  au-dessous,  j'ai  recueilli  un  petit 
Micraster  qui  parait  pouvoir  être  rapporté  au  M.  Leskei  du  Turo- 
nien  supérieur. 

Ces  premières  assises  du  Sénonien  sont  peu  fossilifères  ou,  du 
moins,  elles  se  présentent  dans  des  conditions  défavorables  pour  la 
collecte  des  fossiles.  De  même  que  beaucoup  d'autres  qu'on  voit  le 
long  du  sentier,  elles  ne  présentent  guère  à  l'observateur  qu'une 
tranche  redressée  dont  on  ne  peut  voir  que  le  bas  et  qui,  d'ailleurs, 
a  été  déjà  épuisée  par  les  précédents  visiteui's.  Mais  si  l'on  peut 
gravir  un  peu  sur  le  flanc  de  la  montagne  et,  si,  surtout,  on  veut 
bien  pénétrer  dans  un  petit  vallon  ou  ravin  très  caillouteux  qui 
entaille  le  milieu  des  assises  5  et  4^  on  rencontre  de  grands  bancs, 
en  plans  fortement  inclinés  et  pas  toujours  accessibles  mais  présen- 
tant de  larges  surfaces  dénudées  sur  lesquelles  les  fossiles,  assez 
rares  d'ailleurs,  sont  parfaitement  visibles. 

Une  couche  fossilifère  qui  semble  avoir  échappé  aux  recherches 
de  M.  de  Riaz,  se  voit  à  l'entrée  même  du  petit  vallon  dont  nous 
parlons,  sur  le  versant  sud.  et  se  continue  même  jusqu'au  sentier 
qui  suit  le  canal  de  dérivation  du  moulin.  C'est  une  couche  de 
calcaire  marneux  gris,  remplie  de  Spongiaires  et  surtout  de  Tubu- 
lospongia  nuUiporella  Rœm.,  Chenendopora  aurita  Rœm.,  Cupu- 
lospongia,  etc.  Elle  est  encore,  comme  les  couches  situées  en 
amont,  fortement  inclinée  vers  le  sud  et  leur  est  visiblement  super- 
posée. C'est  un  très  bon  point  de  repère,  car  l'abondance  des 
Eponges  permet  de  la  retrouver  facilement. 


igOI        ETAGES  CRETACIQUES  SUPJÉrIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        5!19 

Tout  cet  ensemble  appartient  encore,  incontestablement,  à 
rEmschérien,  car,  presque  immédiatement  au-dessous  de  la  couche 
à  Eponges,  j'ai  rencontré  un  Micraster  assez  bien  conservé,  excep- 
tionnellement, qui  peut  être  silrement  déterminé  M.  decipiens  Bayle. 

En  aval  de  la  couche  à  Spongiaires,  en  suivant  le  canal  de  déri- 
vation, on  rencontre  encore  des  assises  marneuses  inclinées  vers 
le  sud,  puis,  on  arrive  à  une  partie  très  troublée,  parfois  cachée 
par  les  cultures,  parfois  montrant  des  strates  verticales  où  les 
couches  sont  comme  schistoîdes,  écrasées,  laminées  par  une  pres- 
sion énergique,  très  tourmentées  dans  leur  allure  et  remplies  de 
veinules  irrégulières,  cristallines.  Dans  cette  portion  de  couches 
nous  n'avons  aperçu  aucun  fossile,  ce  qui  se  comprend  aisément. 

C'est  au  delà  de  cette  partie  tourmentée  que  les  strates  chan- 
gent d'inclinaison  et  commencent  à  plonger  au  nord  sous  un  angle 
d'abord  voisin  de  80**  et  qui  diminue  un  peu  plus  au  sud. 

Cette  série  inverse,  si  l'on  se  borne  à  l'examiner  le  long  du 
sentier,  n'apparaît  que  très  incomplète  et  à  peu  près  sans  fossiles. 
Certains  bancs,  écrasés  dans  le  bas  par  la  compression,  semblent 
avoir  été  refoulés  dans  la  hauteur  et  c'est  seulement  à  un  certain 
niveau  au-dessus  de  la  vallée  qu'on  les  voit  s'intercaler  entre  les 
assises  marneuses  schistoîdes  et  écrasées. 

En  réalité,  cette  série  qui,  dans  le  bas,  semble  un  peu  différente 
de  la  première  se  compose,  comme  celle-ci,  de  marnes  et  de 
calcaires  durs  alternants,  très  puissants,  et  elle  nous  a  fourni 
exactement  les  mêmes  fossiles.  Spongiaires,  Inoceramus,  Micraster 
et  Echinocorys,  semblablement  distribués  et  en  aussi  mauvais  état. 

En  résumé,  après  comparaison  de  toutes  ces  couches,  il  m'a 
paru  que  la  série  inverse  n'était  que  le  pendage  de  la  série  normale 
et  que  nous  nous  trouvions,  à  la  Trinité,  en  présence  d'un  pli 
synclinal  très  aigu  dans  l'intérieur  duquel  les  couches  ont  été 
broyées,  repoussées  en  hauteur  et  repliées  les  unes  sur  les  autres. 

On  peut  voir  même,  sur  le  versant  droit  du  ravin  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus,  un  endroit  où  les  bancs,  presque  verticaux, 
ont  leur  tranche  supérieure  recouverte  par  des  calcaires  horizon- 
taux comme  si  une  cassure  étiiit  survenue  qui  a  couché  ces  derniers 
sur  les  bancs  redressés. 

Ce  grand  pli  synclinal  de  la  Trinité  semble  n'avoir  affecté  que 
les  assises  emschériennes.  Nulle  part,  dans  cette  série,  je  n'ai  rien 
vu  qui  puisse  représenter  l'Aturien. 

Nous  représentons  dans  le  schéma  ci-contre  la  disposition  des 
assises  dans  cette  portion  de  la  vallée  du  Paillon,  comprise  entre 
le  moulin  de  la  Trinité- Victor  et  l'usine  de  Font-de-Jarrier. 

a3  Janvier  190a.  —  T.  ler.  BuU.  Soc.  Géol.  Fp.  —  34 


53o 


A.    PfiklON 


i8  Nov. 


En  suivant  la  série,  du  côté  sud  du  synclinal,  on  la  voit 
interrompue  près  du  moulin,  par  un  vallon  assez  profond,  creusé 
dans  une  partie  marneuse  et  les  cultures  ne  permettent  plus  de 
discerner  la  succession  des  couches.  On  ne  les  revoit  avec  (pielque 
netteté  que  dans  le  massif  qui  sépare  la  route  de  Saint- André  de 
la  vallée  du  Paillon.  Là,  nous  retrouvons  des  bancs  assez  tour- 
mentés qui  n*ont  pas  fourni  de  fossiles  et  qui  paraissent  appartenir 
au  Turonien  ou  au  Génomanien.  Ils  forment  sans  doute  le  pendage 
des  calcaires  de  Drap  et  s'étendent  jusqu'au  massif  des  grands 
calcaires  rigides  du  terrain  jurassique  qui  semblent  avoir  été  le 
butoir  contre  lequel  les  assises  crétacées  ont  été  poussées  et  écrasées. 


PontdePedle 


Fig.  a.  —  Profil  schématique  des  assises  da  Grétacique  supérieur 

entre  La  Trinité  et  Pont-de-Jarrier. 
Echelle  des  longueurs  1/40.000  environ  ;  hauteurs  très  exagérées. 

A,  Marnes  cénomaniennes ;  B,  Turonien;  G,  Emschérien;  D,  Aturien  infé> 

rieur  ;  E,  Calcaires  nummuli tiques. 

Nous  avons  ainsi,  dans  la  vallée  du  Paillon,  un  aperçu  de  ces 
grands  accidents  tectoniques  qui  au  nord-ouest  de  la  région  niçoise, 
sur  les  rives  du  Yar  et  d«ns  les  montagnes  de  Levens  et  de  Coaraze, 
ont  si  singulièrement  bouleversé  et  tourmenté  les  couches  crétacées. 

Les  géologues  que  passionne,  à  si  juste  titre,  Tétude  de  ces  gran- 
dioses manifestations  des  forces  mécaniques  qui  ont  donné  à  nos 
montagnes  leur  structure  parfois  si  compliquée,  en  trouveront 
danâ  ces  régions  de  curieux  effets.  Les  coupes  nombreuses  qui 
illustrent  la  très  intéressante  notice  de  M.  Ambayrac  sur  les  lignes 
de  Nice  à  Grasse  et  à  Puget-Théniers,  nous  montrent  quelques-uns 
de  ces  singuliers  effets.  On  y  trouve  de  curieuses  représentations 
des  allures  torturées  et  des  plissements  compliqués  et  bizarres  que 
les  compressions  latérales  contre  les  massifs  jurassiques  ont  impri- 
més aux  assises,  relativement  malléables,  du  Grétacique  supérieur. 

Nous  avons  déjà  donné  ci-dessus  un  aperçu  des  motifs  qui  nous 
portent  à  classer  dans  TAturien  inférieur  et  même,  exclusivement. 


I9OI        iTAOBS  CidtrACIQUES  SUPÉRIEURS  DES  ALPES-MARITIMES       53l 

dans  la  zone  la  plus  ancienne  de  cet  étage,  les  calcaires  à  ciment  de 
CSontes-les-Pins  et  de  toute  la  bordare  sud  de  la  cuvette  nummuli- 
tique  de  TEscarène. 

Il  est  nécessaire  maintenant  d'entrer  dans  quelques  détails  à  ce 
sujet  et  notamment  d'examiner  la  faune  que  renferment  ces  calcai- 
res et  qui  me  parait  justifier  la  classification  que  j'ai  adoptée. 

Nous  donnerons  donc  ci-après  la  liste  des  espèces  recueillies,  en 
raccompagnant  des  commentaires  utiles  à  la  cause. 

Pach\disgus  Levyi  de  Grossouvre 

C'est,  comme  nous  Tavons  dit,  l'Ammonite  la  plus  fréquente  dans 
la  carrière  de  Contes-les-Pins.  Nous  en  avons  rapporté  quatre 
individus  dont  l'un  mesure  3i  centimètres  de  diamètre  et  montre 
l'ornementation  très  bien  conservée. 

P* après  M.  de  Grossouvre,  cette  espèce  se  retrouve,  dans 
la  Charente,  dans  la  couche  P^  de  M.  Arnaud,  c'est-à-dire  dans  le 
Campanien  inférieur. 

Il  en  est  de  même  d'une  autre  espèce,  Mortoniceras  campai 
niense,  provenant  aussi  des  carrières  de  Contes,  que  M.  de  Gros- 
souvre a  examiné  dans  la  collection  de  la  Sorbonne.  Je  n'ai  pas 
retrouvé  cette  Ammonite,  non  plus  que  quelques  autres  signalées 
par  M.  Fallot.  Il  me  parait  que  celle  que  ce  savant  a  mentionnée 
sous  le  nomd'^.  ootacodensis  Stoliczka  doit  être  la  même  que 
Pachydiscus  Leoyi, 

Aptychus  leptophyllus  Sharpe 

A.  leptophyllus  Sharpe.    Descrip.  of  Ihe  fossil  remains  of  the 

mollusca  found  in  the  chalk  of  England,  p.  55,  pi.  XXIV,  Û^,  i. 

A.  leptophyllus  Stolley.  Die  Kreide  Schleswig'Holsteins,  p.  229, 

pi.  vm,  Ûg.  a-4. 

Exemplaire  unique  mais  en  bon  état,  recueilli  dans  les  couches 
qui  forment  la  base  de  la  barre  calcaire  de  Fontde-Jarrier  Cet 
exemplaire  a  bien  la  taille,  la  forme  et  tous  les  caractères  des 
Aptychus  leptophydlus  de  la  craie  à  Belemnitella  quadrata  de 
Lagerdorf  et  de  la  craie  supérieure  de  Brighton. 

Inogeramus  Gripsii  Mantell 

J'ai  recueilli  plusieurs  exemplaires  d'/.  Cripsii.  Deux  sont  en 
très  bon  état  et  tout  à  fait  typiques.  Ils  proviennent,  l'un  des 
carrières  de  Contes,  l'autre  de  la  montée  de  la  Palarea. 


532  A.  PERON  i8  NoV. 

En  outre  j*ai  rencontré  au-dessous  des  calcaires  de  Font-de- 
Jarrier  un  exemplaire  plus  petit,  de  forme  très  oblique,  qui  me 
paraît  être  celui  que  M.  Fallot  a  nommé*  Inoceramus  Cripsii  var. 
giarielensis. 

M.  Amba3rrac  a  signalé  Fespèce  au  nord  du  cimetière  de  Puget- 
Théniers. 

Inoceramus  Cripsii  est  un  fossile  commun  dans  la  craie  à 
Belemnitella  quadrata  de  Reims  où  il  se  trouve  avec  les  Echinides 
que  nous  allons  mentionner. 

OSTREA  HIPPOPODIUM   Nills. 

Je  mentionne  encore  ici  cette  espèce  dont  j'ai  déjà  parlé  à  propos 
des  fossiles  cmschériens.  Elle  est  beaucoup  plus  rare  dans  l'étage 
aturien  et  ne  s'y  rencontre  que  fixée  sur  quelques  Oursins. 

MiCRASTER  FASTiGATUS  Gauthicr 

Malgré  l'avis  de  M.  Lambert  *  qui  pense  que  cette  espèce  pourrait 
être  réunie  au  vrai  Micraster  gibbus,  c'est  sous  le  nom  de  M,/as- 
tigatus  que  je  crois  devoir  mentionner  les  Oursins  gibbeux  qu'on 
rencontre  dans  les  calcaires  de  Font-dç-Jarrier.  J'ai  dit  plus  haut, 
en  parlant  des  Micraster  gibbus  de  l'Emschérien,  que,  sur  les  deux 
exemplaires  néotypes  de  cette  espèce  figurés  par  M.  Lambert  ^, 
l'un,  celui  de  M.  Michalet,  me  paraissait  êti*e  Micr aster fastigatus, 
tandis  que  l'autre,  de  la  collection  Gauthier,  plus  grand,  plus 
allongé,  plus  convexe  et  relativement  moins  conique  à  la  face  supé- 
rieure, me  paraissait  semblable  aux  exemplaires  qu'on  rencontre 
dans  l'Emschérien.  Tous  deux  sont  bien  indiqués  comme  provenant 
de  la  Palarea,  mais  cette  indication,  impropre  d'ailleurs,  comprend 
tout  aussi  bien  les  calcaires  et  marnes  emschériens  de  la  montée 
de  la  Palarea  que  les  calcaires  aturiens  de  Font-de-Jarrier  et 
jusqu'ici  aucune  distinction  n'a  été  faite  entre  ces  deux  horizons. 
C'est  là  une  cause  de  confusion,  car  chacun  d'eux  contient  des 
Gibbaster  {Micraster  gibbeux  à  ambulacre  impair  à  peu  près  sem- 
blable aux  autres)  et  ceux  du  niveau  inférieur  paraissent  toujours 
beaucoup  plus  grands,  plus  longs,  moins  coniques  que  ceux  du 
niveau  supérieur. 

Vraisemblablement,  c'est  aux  exemplaires  de  ce  dernier  niveau, 

I.  Monog.  genre  Micraster,  p.  228. 
a.  B.  S.  G,  b\  (3),  XXIV,  XII. 


igOI        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES        533 

généralement  mieux  conservés  et  mieux  connus,  que  les  auteurs 
ont  dû  appliquer  le  nom  de  Micraster  gibbus.  Il  résulterait  même 
de  l'explication  des  figures  de  AI,  gibbus  données  par  M.  Lambert 
que  notre  confrère  et  ami  considère  son  échantillon,  figuré  sous  le 
n«  3,  c'est-à-dire  celui  de  M.  Michalet,  comme  la  forme  tyi)ique, 
l'autre,  celui  de  M.  Gauthier,  n'en  étant  qu'une  variété  grande, 
plus  allongée  que  le  type. 

Mais,  malgré  la  savante  discussion  destinée  à  débrouiller  son 
identité  et  la  synonymie  que  M.  Lambert  a  consacrée  à  Micr aster 
gibbus,  il  ne  semble  pas  prouvé  que  le  type  original,  auquel 
Lamarck  a  pour  la  première  fois  appliqué  ce  nom,  soit  réellement 
celui  de  l'Aturien  de  Font-de-Jarrier.  11  paraît  donc  préférable, 
sans  rien  préjuger  d'ailleurs  de  cette  question  que  nous  réservons 
à  la  grande  compétence  de  notre  ami,  de  désigner  ici  l'Oursin  qui 
nous  occupe  sous  le  nom  de  Micrasterfastigatus,  le  point  essentiel 
pour  nous  étant,  non  pas  d'élucider  la  question  de  synonymie, 
mais  de  déclarer  simplement  que  nos  exemplaires  de  Font-de- 
Jarrier  nous  paraissent,  de  tous  points,  identiques  aux  Oursins  de 
la  craie  de  Reims,  auxquels  M.  Gauthier  a  donné  ce  nom. 

Nous  avons  sous  les  yeux,  en  y  comprenant  l'Oursin  de  M. 
Michalet,  quatre  exemplaires  de  ce  Micr  aster  fastigatus.  Us  sont 
tons  bien  semblables,  de  taille  assez  petite,  larges  vers  le  milieu, 
cordiformes,  à  face  inférieure  plane,  à  face  supérieure  très  élevée 
et  subconique,  à  ambulacres  courts,  très  peu  profonds,  tous  com- 
posés de  pores  allongés  et  conjugués.  Le  sillon  antérieur  est 
profond  à  l'ambitus,  mais  moins  que  dans  l'espèce  suivante  et  le 
péristome  reste  un  peu  éloigné  du  bord  antérieur. 

Les  différences  qui  permettent  de  distinguer  ces  exemplaires  des 
Micraster  gibbus  de  l'Emschérien  consistent  surtout,  comme  je 
viens  le  dire,  dans  leur  taille  bien  moindre,  dans  leur  forme  plus 
courte,  plus  cordiforme,  etc.,  mais  en  outre  dans  leurs  ambulacres 
plus  courts  et  moins  profonds. 

Micraster  Gottschei  Stolley 

Die  Kreide  Schleswig-Holsteins,  p.  257,  pi.  8,  fig.  4  (189a). 

=-.  M,  glyphus  Gauthier  in  Peron.  Notes  hist.  ter.  de  Craie,  p.  233, 
pi.  VI,  fig.  6,  7,  1887  (Non  Schlûter  1869).  =  Ai.  pseudogly- 
phus  de  Grossouvre.  =  M.  Schrôderi  Stolley.  Loc.  cit.,  p.  258, 
pi.  VIII,  fig.  5,  et  pi.  IX,  fig.  1. 

Avec  l'espèce  précédente  on  trouve  assez  fréquemment  à  Font- 
de-Jarrier  un   autre  Micraster  plus  grand,    plus   allongé,   plus 


534  ^-  PKRON  i8  Nov, 

longuement  acuminé  à  la  partie  postérieure,  moins  gibbeux  au 
dessus,  à  péristome  très  en  avant,  avec  lèvre  sternale  visible  dans 
le  sillon  ambulacraire. 

Je  possède  cinq  individus  de  ce  Micros  ter  dont  trois  en  très  bon 
état.  Le  plus  grand  atteint  70  millimètres  de  longueur  et  60  milli> 
mètres  de  largeur,  en  avant  de  l'apex. 

C'est  très  probablement  à  la  même  forme  qu'appartient  le 
Micraster  recueilli  dans  le  même  gisement  par  M.  Fallot  et  que  ce 
savant  signale  comme  très  acuminé.  Il  se  rapporte  peut-être,  dit-il, 
au  Micraster  cordatus  Agassiz  et  est  identique  à  des  Micraster 
recueillis  par  M.  Hébert  dans  la  craie  à  Belemnitelles  de  Pologne. 

M.  Lambert  *,  qui  a  étudié  les  Oursins  de  Font-de-Jarrier 
recueillis  par  M.  de  Riaz,  a  rapporté  ceux  qui  nous  occupent  au 
Micraster  Brongniarti  Hébert,  de  Meudon,  mais  en  en  faisant  une 
variété  distincte  sous  le  nom  de  var.  Sismondse.  Notre  savant  ami 
ajoute  d'ailleurs,  d'autre  part,  qu'on  arrivera  probablement  un 
jour  à  séparer  cette  variété  Sismondse  des  M.  Brongniarti  types 
du  Bassin  de  Paris. 

J'ai  comparé  minutieusement  mes  Micraster  de  Font-de-Jarrier 
à  la  nombreuse  série  que  je  possède  des  Micraster  pseudoglyphus 
de  la  craie  de  Reims  (M.  glyphus  Gauthier)  et  je  trouve  parmi  ces 
deniiers  des  individus  bien  identiques  aux  premiers. 

D'autre  part  M.  Lambert  a  reconnu  que  le  Micraster  pseudo- 
glyphus  était  identique  à  ceux  de  la  craie  à  B,  quadrata  du 
Schleswig  appelés  par  M.  Stolley  M,  Schrôderi  et  M.  Gottschei 
et  que  ces  derniers  noms  étant  plus  anciens,  celui  de  pseudogly- 
phus  devait  être  abandonné.  Nous  admettons  cette  manière  de  voir 
d'autant  plus  volontiers  que,  depuis  longtemps,  nous  avons 
reconnu  l'identité  de  nos  Oursins  de  Reims  avec  ceux  de  la  craie  à 
B.  quadrata  du  nord  de  l'Europe  *. 

L'examen  des  descriptions  et  des  figures  données  par  M.  Stolley 
nous  a  confirmé  dans  cette  opinion  en  ce  qui  concerne  les  Oursins 
de  Lagerdorf  mais,  ici,  une  petite  difficulté  se  présente  pour  l'adop- 
tion d'un  nom.  M.  Stolley  a  décrit  deux  espèces,  M.  Gottschei  et 
M,  Schrôderi,  que  M.  Lambert  considère  comme  devant  être 
réunies.  Notre  confrère  a  adopté  le  second  de  ces  noms  pour  les 
deux  formes  et  n'a  pas  fait  connaître  la  raison  de  ce  choix. 
Cependant  M,  Gottschei  vient  le  premier  dans  l'énumération  et  la 
description  des  espèces  et,  à  défaut  d'autre  indication,  ce  nom 
pourrait  être  considéré  comme  étant  le  plus  ancien  et  devant,  par 

I.  In  de  RiAz.  B.  S.  G.  F,  XXVII,  p.  4i7i  et  Monog.  genre  Micraster,  p.  aoo. 
a.  Hist.  terr.  de  craie,  p.  76-77. 


igoi        ÉTAGES  CRÉTACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES       535 

conséquent,  être  appliqaé  à  l'espèce.  D'autre  part,  je  dois  recon- 
naître que  par  sa  grande  taille  et  par  sa  forme  plus  progressive- 
ment amincie  à  l'arrière,  l'individu  figuré  (pi.  VIII,  fig.  4)  P*^r 
M.  Stolley,  sous  le  nom  de  M.  Gottschei  est  encore  plus  semblable 
aux  miens  que  celui  représenté  par  la  fig.  5  de  la  même  planche 
comme  type  de  M,  Schrôderi, 

Il  y  a  donc  là  quelques  raisons  qui  me  paraissent  militer  pour 
l'adoption  du  premier  de  ces  noms. 

Devons-nous,  maintenant,  à  Texeinple  de  M.  Lambert,  consi- 
dérer nos  Oursins  comme  une  simple  variété  de  Micraster  Bron- 
gniarti  ?  c'est  là  une  question  que  je  considérerais  comme  oiseuse 
s'il  ne  s'y  mêlait  un  petit  intérêt  stratigraphique .  Le  M,  Gottschei 
ou  M,  pseudoglyphus,  se  montre  bien  dans  la  craie  de  Meudon 
en  même  temps  que  dans  la  craie  à  Belemnitella  quadrata,  mais 
je  ne  crois  pas  que  le  vrai  Micraster  Brongniarti  de  Meudon  ait 
été  jusqu'ici  trouvé  dans  la  craie  à  B,  quadrata.Gest  donc  une 
forme  un  peu  plus  récente  que  la  première  et  dont  le  type  doit 
rester  exclusivement  l'Oursin  à  pourtour  un  peu  rhomboïdal,  à 
partie  postérieure  peu  acuminée  et  peu  obliquement  tronquée, 
<jue  M.  Hébert  a  figuré  sous  ce  nom  *.  Sans  doute,  on  peut  trouver, 
il  Meudon  même,  des  individus  à  caractères  mixtes  qui  établissent 
la  transition  entre  les  deux  formes,  mais,  je  le  répète,  dans  la  craie 
^  B.  quadrata  la  forme  pseudoglyphns  seule  se  montre.  C'est 
^onc  cette  dernière  qui  est  la  plus  ancienne,  (j'est  l'espèce  mère 
^ont  M,  Brongniarti  n  est  qu'un  descendant  et  une  variation.  Il 
semble  plus  logique  d'envisager  ainsi  la  question  que  de  faire  de 
Xancêtre  une  variété  de  ses  enfants. 

EcHiNOGORYs  vuLGARis  Klciu.  var.  gibba 

Je  n'ai  recueilli  moi-même  dans  les  calcaires  aturiens  qu'un 
:Kiauvais  ft*agment  d'Ëchinocorys. 

Mais  il  m'en  a  été  donné,  comme  provenant  de  Font-de-Jarrier, 
^eux  exemplaires  qui,  quoique  un  peu  déformés,    sont  détermi- 
:KiaJbles.    Ils  sont  de  taille  beaucoup  plus  grande   que   tous   les 
^chinocorys  rencontrés  dans  TErnschérien.  Leur  forme  élevée  et 
:M?éguliè rement  convexe  sur  la  face  supérieure,  leur  pourtour  un 
^eu  caréné  et  leur  base  non  rétrécie  les  rapprochent  incontestable- 
ment des  Echinocorys  que  l'on  rencontre  si  fréquemment  dans  la 
oraie  de  Reims  à  Belemnitella  quadrata  et  que  nous  avions,  sans 
certitude  d'ailleurs,  désignés  sous  le  nom  de  var.  striatn  -. 

I.  Mém,  S.  G.  F.,  a*  sér.,  t.  V,  2'  partie,  pi.  XXIX,  fig.  14. 
a.  Hist.  terr.  de  craie,  p.  75. 


536    ÉTAGES  CRérACIQUES  SUPERIEURS  DES  ALPES-MARITIMES     l8  NoY. 


Résumé 

Pour  nous  en  tenir  exclusivement  aux  fossiles  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  nous  devons  établir  ainsi  qu^il  suit  la  petite  faune 
qui  nous  estconnue  de  l'étage  aturien  des  environs  de  Nice. 

Pachjrdiscus  Levyi  de  Grossouvre.      Micraster  fastigtitus  Gauthier. 
Aptychiis  leptophyllus  Sharpe.  »         Gottschei  StoUey. 

Inoceramus  Cripsii  Mantell.  Echinocorys  vulgaris  Klein. 

Ostrea  hippopodium  Nills.  Porosphœra  globosa  Von  Hag. 

Et  quelques  Spongiaires  indéter- 
minés. 

Toutes  ces  espèces  sont  propres  à  la  craie  à  Belemnitella 
quadrata  du  nord  de  la  France  et  me  paraissent  justifier  le 
classement  des  couches  qui  les  renferment  à  la  base  de  Tétage 
aturien,  c'est  à-dire  dans  le  sous^étage  campanien  inférieur. 


A  propos  de  la  communication  de  M.  Peron,  M.  Toucas  fait 
connaître  qu'en  1877,  lors  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  Société 
dans  les  Alpes-Maritimes,  il  a  recueilli  lui-même  dans  la  coupe  de 
l'Escarène,  au  col  de  Braus,  au-dessus  des  couches  glauconieuses 
à  Ammonites  mamillaris  Brug.  du  Gault,  de  nombreux*  fossiles 
cénomaniens,  parmi  lesquels,  Am,  Mantelli  Sow.,  Turrilites  cas- 
talus  Lam.,  Holaster  subglobosus  Leske,  Discoïdea  çylindrica 
Ag.  Le  Turonien  lui  a  paru  être  représenté  par  une  couche  mar- 
neuse renfermant  un  Inocérame  de  forme  allongée,  voisin  de 
Inoceramus  labiatus,  et  de  grandes  Ostrea  columba.  Les  calcaires 
supérieurs,  qui  appartiennent  à  l'Emschérien,  lui  ont  fourni  un  bel 
échantillon  d'Inoc.  digitatus  et  quelques  Micra^ter,  M.  Potier  a 
recueilli  dans  ces  calcaires  Mortoniceras  texanum.  Plus  haut,  dans 
des  calcaires  probablement  aturiens,  M.  Toucas  a  rencontré  de 
nombreux  Inoc.  Cripsii  et  d'autres  Micraster,  qui,  dans  sa  note 
du  16  janvier  1882,  avaient  été  désignés  sous  le  nom  de  M.  cor- 
anguinum  et  que  M.  VeTon  dllTihue  b\x  M.  fastigatus. 


Séance  du   Z   Décembre   i90i 

PRÉSIDENCE   DE   M.   L.   GAREZ,   PRÉSmENT 

M.  L.  Mémin,  Vice-Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Tabbé  Delépiney  Licencié  ès-sciences,  présenté  par  MM.  de 

Lapparent  et  Tabbé  Boui^eat  ; 
Gilbert  Garde,  Préparateur  de  géolog^ie  et  de  minéralogie 

à  rUniversilé  de  Glermont-Ferrand,  présenté  par  MM. 

Julien  et  Ph.  Glangeaud  ; 
Robert  Douvilléy  présenté  par  MM.  Marcel  Bertrand  et 

Munier  Cbalmas  ; 
Michel-Lévy,  Garde  général  des  eaux  et  forêts,  présenté 

par  MM.  de  Lapparent  et  Munier-Chalmas. 

Il  annonce  deux  présentations. 

Le  Président  présente  le  diplôme  de  médaille  d*or  décerné  à  la 
Société  géologique  de  France,  pour  sa  coopération  à  l'Exposition 
universelle  de  1900. 

Il  communique  à  la  Société,  la  lettre  suivante  que  lui  adresse 

M.  Ficheur  : 

«  J  ai  le  profond  regret  de  vous  annoncer  la  mort  de 
M.  Pouyanne,  décédé  le  î23  novembre,  à  Tàge  de  66  ans. 

«  M.  Pouyanne,  lnsi)ecteur  général  des  Mines  en  retraite, 
Directeur  du  Service  de  la  Carte  géologique  de  TAlgérie  pendant 
près  de  20  ans,  laisse  son  nom  associé  à  celui  de  Pomel  dans 
rhistoire  des  progrès  les  plus  considérables  de  la  Géologie 
algérienne. 

«  Toute  sa  carrière,  entièrement  passée  en  Algérie  depuis  1859, 
d'abord  comme  Ingénieur  des  Mines  à  Tlemcen,  puis?à  Alger,  où 
il  devint  Ingénieur  en  clief,  puis  rnsi)ecteur  général,  Tavait  pro- 
fondément attaché  à  ce  pays  dont  il  avait  fait  sa  pat^'ie  d'adoption. 
Son  association  à  la  direction  de  la  Carte  Géologique  avec  le 
regretté  Pomel,  avec  lequel  il  fut  toujours  en  parfaite  communauté 
d'idées,  fut  des  plus  fécondes  en  heureux  résultats. 

<x  M.  Pouyanne  sut  donner,  en  1882,   aux  travaux  de  la  Carte 


538  SÉANCE   DU    2   DECEMBRE    I9OI 

Géologique  une  impulsion  nouvelle,  s' entourant  de  colUboratears 
sur  lesquels  il  conserva  la  plus  grande  influence  par  sa  haute 
valeur,  par  ses  conseils  toujours  empreints  de  la  plus  grande 
bienveillance,  et  par  les  précieux  encouragements  qn*il  ne  cessait 
de  leur  distribuer.  Tous  ceux  qui  l'ont  approché  ont  conservé  nne 
impression  inoubliable  du  charme  de  sa  conversation^  de  sen 
esprit  finement  critique  en  matière  scientifique  et  de  la  variété  de 
ses  connaissances  dans  toutes  les  branches  des  sciences. 

«  M.  Pouyanne  a  consacre  la  première  partie  de  sa  carrière  à 
Texploration  détaillée  de  la  subdivision  de  Tlemcen,  dont  il  a 
donné  la  description,  avec  une  Carte  géologique  à  1/400.000,  dans 
un  mémoire  d*une  rigoureuse  précision,  conçu  avec  une  extrême 
réserve  pour  les  questions  non  élucidées.  En  1879,  il  fut  chargé, 
par  le  Ministère  des  Travaux  Public^,  d'mie  mission  d'études  dans 
le  Sud-Oranais  et  la  région  saharienne,  relative  aux  tracés  piH>jetés 
du  Transsaharien.  M.  Pouyanne  en  rapporta  des  documents  nou- 
veaux sur  la  géologie  de  la  chaîne  des  Ksour  et  des  indications 
précieuses  sur  la  géographie  du  Sahara,  qui  furent  publiés  en  1886. 

«  Si  M.  Pouyanne  a  été  trop  réservé  dans  la  publication  des 
nombreuses  observations  géologiques  qu'il  avait  recueillies  tant 
dans  ses  explorations  que  dans  les  tournées  de  son  important 
service,  c*est  qu'il  n'avait  d'autre  pensée  que  d'en  faire  profiter  les 
recherches  ultérieures,  distribuant  à  ses  collaborateurs,  avec  le 
plus  entier  désintéressement,  les  précieuses  indications  dont  il  eut 
pu  se  faire  un  mérite  personnel.  Le  concours  empressé  qu'il  voulut 
bien  apporter,  facilita  dans  une  large  mesure  l'organisation  de  la 
Réunion  de  la  Société  géologique  en  Algérie,  en  1896,  où  il  lut 
acclamé  Président  d'honneur. 

«  La  Société  Géologique  de  France  ne  peut  oublier  que  c'est  sous 
la  direction  de  Pouyanne  et  Pomel  que  parurent  successivement 
les  trois  éditions  de  la  Carte  Géologique  générale  de  l'Algérie, 
témoignant  dans  chacune  d'elles  des  progrès  réalisés. 

«  M  Pouyanne  laisse,  par  sa  bonté  et  sa  bienveillance  inalté- 
rables, aussi  bien  que  par  le  mérite  de  sa  haute  valeur,  un 
souvenir  immuable  dans  la  mémoii'e  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu 
et  apprécié  ». 

Le  Président  annonce  que  M.  de  Lapparent,  ne  pouvant  assister 
à  la  séance,  l'a  chargé  d'offrir  à  la  Société,  de  la  part  de  l'auteur, 
M.  Ph.  Négris,  un  ouvrage  intitulé  :  Plissements  et  dislocations 
de  Vécorce  terrestre  en  Grèce;  leurs  rapports  avec  les  phénomènes 
glaciaires  et  les  effondrements  dans  V Océan  Atlantique. 


SÉANCE  DU  a  DÉCEMBRE  igOI  539 

M.  Nicklès  dépose  sur  le  bureau,  au  nom  de  Fauteur, 
M.  Authelin,  des  Notes  stratigraphiques  sur  l'est  du  Bassin 
de  Paris  comprenant  :  lo  Sur  le  Toarcien  et  la  région  comprime 
entre  Sien  (M.-et-M.)  et  Bourmont  {Haute-Marne)  ;  a^  Note 
préliminaire  sur  la  zone  à  Harpoceras  concavum  dans  le  nord  de 
la  Lorraine,  Il  offre  à  la  Société  un  tirage  à  part  de  sa  note  : 
Contributions  à  Vétude  des  terrains  secondaires  au  Éud  des 
Cévennes  ;  Trias  et  Jurassique  de  la  Montagne  Noire  (Ex.  B.  S. 
G.  F.,  [3],  XXVI,  1899). 

M.  Léon  Janet  fait  une  conférence  de  géologie  apjiliquée  sur 
V alimentation  des  cilles  en  eau  potable  par  la  méthode  des  sources 
artificielles. 

M.  A.  Guébhard  signale  la  trouvaille  qu'il  a  faite  de  deux 
lambeaux  de  Miocène  lacustre  sur  la  rive  gauche  de  la  Siagne, 
au  confin  septentrional  de  la  commune  de  Saint^Cézaire  (A. -M.) 
avec  celle  de  Saint-Vallier-de-Thiey. 

L'un  de  ces  lambeaux,  situé  à  quelques  mètres  au-dessus  de  la 
borne  du  kilomètre  i6  de  la  route  de  grande  communication  n**  5, 
de  Saint^Cézaire  à  Saint-Vallier,  au  nord  de  la  bastide  de  Mauvans, 
se  présente  sous  la  forme  de  blocs  ensablés  d'un  calcaire  marneux 
compact  où  des  sections  de  Limnées  et  de  Planorbes  se  distinguent,  à 
la  cassui'e,  au  milieu  des  marbrures  irrégulièrement  réticulées  d'un 
lacis  brunâtre  sur  fond  plus  clair.  A  la  surface,  la  lente  corrosion 
des  eaux  a  fait  saillir  en  une  sorte  de  cloisonnement  spongieux  les 
parties  brunes  et  détaché  quelques  Planorbes  de  moyenne  taille, 
cf.  Mantelli  Dunker  ou  prœcorneus  Fisch.  et  Tourn.,  qui  ne  sont 
pas  suffisants  pour  une  détermination  précise. 

Mais  suivons  vers  l'ouest  le  synclinal  de  poudingue  supérieur 
en  bordure  duquel  le  calcaire  précité  se  montre  écrasé  par  pli- 
faille  contre  le  Bathonien  inférieur,  jusque  en  vue  de  la  Siagne, 
un  peu  avant  la  petite  gorge  par  laquelle  le  synclinal,  insensible- 
ment élevé  de  660  à  770  m.,  va  se  précipiter  à  33o  m.  pour  passer 
à  la  localité  célèbre  de  Casteou  d'infer  :  nous  pourrons  voir,  à 
une  centiiine  de  mètres  à  l'ouest  de  la  bastide  de  Campiong  (les 
champs  longs,  à  cause  de  l'étroitesse  de  la  bande  synclinale  culti- 
vée), des  bancs  d'un  calcaire  marneux  qui,  par  places,  se  débite 
assez  facilement  au  marteau  en  laissant  échapper  des  fossiles 
reconnaissables.  h' Hélix  sjdvana  Klein  s'est  montrée  à  M.  Depéiet 
parfaitement  typique,  en  compagnie  d'une  autre  de  plus  petite 
espèce,  et  du  Planorbis  Mantelli  Dunker  non  douteux,  ce  qui  suffit 


54o  SÉANCE  DU  2  DÉCEMBRE  I9OI 

à  caractériser  un  horizon  nettement  intermédiaire  entre  le  Torto- 
nien  et  le  Pontien  et  à  justifier  une  fois  de  plus  Tidentification  à 
laquelle  j'ai  été  amené  déjà  par  deux  autres  voies  *  du  Poudingue 
de  Saint-Vallier-de-Thiey  avec  celui  de  la  Durance. 

D'autre  part,  et  quoique,  sous  une  autre  forme,  Texistence  de 
lignites  d'eau  douce  à  Saint-Vallier-de-Thiey  et  l'observation 
récente  que  j'ai  faite,  à  Casteou  d'infer  même,  d'un  banc  de  cal- 
caire saumàtre  en  dessous  des  célèbres  marnes  à  Cerithium  diaboli, 
eussent  pu  faire  prévoir  ces  faits  nouveaux,  il  est  intéressant  de 
noter  cette  prolongation,  vers  l'est,  des  dépôts  d'eau  douce  que  la 
feuille  de  Castellane  arrêtait  beaucoup  plus  à  l'ouest  et  qui,  après 
avoir  été  déjà  notés  à  l'état  oligocène  ou  éocène  en  bordure  du 
bassin  de  La  Roque-Esclapon,  viennent  à  présent,  sur  la  feuille  de 
Nice,  à  l'ouest  de  la  limite  du  Nummulitique  marin  -,  donner  un 
pendant  aux  dépôts  connus  de  la  ceinture  orientale  (calcaires 
siliceux  et  marnes  vertes  de  la  descente  sur  la  Gagne  de  l'ancien 
chemin  de  Vence  à  Saint-Jeannet),  ainsi  qu'à  un  curieux  lambeau 
de  calcaire  à  Cérithes  que  j'ai  eu  Toccasion  de  trouver  au  sud  de 
La  Colle-sur- Loup,  au  lieu  dit  La  Tour,  avec  fossiles  saumâtres, 
encore  à  déterminer. 

M.  A.  Guébhard  mentionne  l'existence  qu'il  a  notée,  dans  le 
nord-est  du  département  du  Var,  d'un  horizon  supérieur  du  Cré- 
tacé, caractérisé  par  le  mélange  de  restes  de  Crustacés  à  d'innom- 
brables moulages  parfois  très  bien  conservés  d'un  Gastropode  qui 
reste  à  déterminer.  Remarqué  pour  la  première  fois  au  haut  de  la 
descente  de  la  Colle  des  Bonis  sur  le  village  de  Bargême  (Yar), 
grâce  à  cette  particularité  locale  que  les  restes  assez  abondants  de 
CaUianassa  s'y  i)résentent  avec  une  couleur  rouge  très  vive,  sur- 
tout sous  la  pluie,  cet  horizon  s'étend  certainement  bien  au-delà, 
avec  son  faciès  gréseux  en  plaquettes  jaune  foncé  ou  vert  clair. 

L'élude  des  fossiles  qu'a  Tobligeance  de  faire  en  ce  moment,  à 
Marseille,  M.  Repelin,  permettra  sans  doute  de  préciser  Tâge  de  ce 
curieux  dépôt,  presque  certainement  postérieur  au  Génomanien. 

M.  A.  Guébhard  ayant  observé  au  sud-est  de  Saint-Jeannet 
{\.-M ,)  un  faciès  inférieur  du  Miocène,  souvent  bréchoîde  ou  en 

1.  B.  s.  G.  I\,  (3).  XXVm,  p.  326  et  914  (1900). 

2.  Sur  la  prolongation  même  du  synclinal  de  Casteou  dlnfer-CampIong- 
Mauvans,  en  cherclianl  d'autres  Iraces  de  calcaires  lacustres,  j'ai  trouvé,  au 
sud  de  Sainl-Vallier,  au  lieu  dit  le  Jas-Neuf,  un  lambeau  priabonien  de  grès 
tendre  riche  en  Ecli inides,  en  bordure  du  petit  contour  de  m*  qui  figure  sur 
ma  carte  du  S.-O.  des  Alpes-Maritimes,  au-dessus  de  Tinscription  le  Pré  de 
Merle, 


SEANCE   DU    2    DECEMBRE    I90I  54 1 

poudingue  aggloméré,  mais  parfois  aussi  argilo-sableux,  qui  sem- 
blait devoir  être  séparé  de  Tétage  bien  caractérisé  de  la  mollasse 
burdigalienne,  en  a  soumis  les  fossiles  à  M.  Depéret,  qui  y  a  reconnu 
Pecten  TournaliM.  de  Serres,  Terebraiula  cf. persinuosa d'Algérie, 
Ostrea  cf.  squamosa  ou  Velaini. 

C'est  donc  encore  du  Burdigalien  inférieur,  et  il  n'y  avait  pas 
lieu  à  désignation  spéciale  sur  la  carte  où  cela  n'aurait  dessiné, 
d'ailleurs,  qu'une  simple  bande  de  bordure,  au  lieu  dit  la  Prée,  au 
sud  du  grand  tunnel  de  Saint-Jeanne  t. 


A  propos  de  l'identité  des  niveaux  à  Rudistes,  dans  les  falaises 
nord  et  sud  du  Danube  à  Cerna voda  (Dobrogea),  M.  V.  Paquier 
fait  remarquer  que  les  moules  de  Rudistes  examinés  par  lui  prove- 
naient tous  de  la  falaise  méridionale,  à  trois  exemplaires  près, 
recueillis  dans  la  berge  nord  et  qui  se  trouvent  rapportés  dans  la 
liste  à  Diceras  sp.,  et  à  Monopleurasp.,  forme  enroulée.  Dans 
ces  conditions,  bien  que  les  coupes  publiées  par  M.  Anastasiu  * 
paraissent  établir  clairement  la  continuité  de  la  couche  à  Rudistes 
de  part  et  d'autre  du  Danube  et  que  l'aspect  des  fossiles  des  deux 
provenances  soit  rigoureusement  le  même,  la  coexistence  de 
Diceras  avec  Monopleura  dans  les  calcaires  de  la  rive  nord  et 
celle  à' Heterodiceras  avec  Valletia,  Monopleura  et  Matheronia 
dans  le  niveau  de  la  rive  sud,  association  de  formes  jurassiques  et 
crétacées  dans  les  deux  gisements,  n'en  persiste  pas  moins. 

Au  sujet  de  la  communication  de  MM.  Sayn  et  Roman  {Compo- 
sition du  Barrémien  sur  la  rive  droite  du  Rhône ^  dans  la  région 
de  Viviers)^  M.  Paquier  fait  observer  que  la  succession  des 
assises  de  l'escarpement  que  surmonte  Saint-Thonié,  ne  permet  pas 
d'observer  l'extrême  base  du  Barrémien  qui  se  trouve  marquée 
par  le  banc  giauconieux  à  Pulchellia,  Ilolcodiscus,  que  M.  Sayn 
a  précisément  fait  connaître  le  preiuier,  à  Cobonne. 

Ce  niveau,  bien  développé  sur  la  route  de  Saint-Thomé  à 
Valvignières  (Ardèche),  se  retrouve  d'ailleurs  avec  tous  ses  carac- 
tères dans  l'aflleurement  néocomien  de  la  rive  gauche  du  Rhône 
entre  Loriol,  Marsanne  et  C^ondiliac  (Drôme). 

I.  Contribution  à  Vétude  géologique  de  la  Dobrogea  fHounianieJ.  Terrains 
êecondaireSy  p.  loa.  Paris,  1898. 


LES   PYCNODONTES 
DU  JURASSIQUE  SUPÉRIEUR  DU  BOULONNAIS 

par  M.   H.-E.  SAUVAGE. 

(Planche  XII). 

Depais  que  nous  avons  fait  connaiti*c  en  1867  *  et  en  1880  ^  les 
Pycnodontes  trouvés  dans  le  Jurassique  supérieur  du  Boulonnais, 
Tétat  de  nos  connaissances  sur  ces  Poissons  s*est  augmenté. 
M.  Beaugrand  a  donné  au  Musée  de  Boulogne  sa  belle  collection 
locale  ;  M.  G.  Lennier  a  bien  voulu  nous  communiquer  les  Poissons 
faisant  partie  de  la  collection  Bouchard-Cbantereaux  conservée  au 
Musée  d'histoire  naturelle  du  Havre  dont  il  a  la  direction.  C'est 
Fétude  de  ces  nouveaux  matériaux  qui  fait  Tobjet  de  la  présente 
notice. 

I.  Gyrodus  Cuvierc  Agassiz 

(PI.  xn,  fig.  1, 2,  3). 

1833-44 •  Oyrodua  Cuvieri  Agassiz.  Poissons  fossiles^  t.  II,  ofi  partie, 
p  aSo,  pi.  IXlXa,  ûg.  21-23. 

1867.  Gyrodus  Cuvieri  U.-E.  Sauvage.  Cat.  Poiss.  form.  second.  Bou- 
lonnais. Mém,  Soc,  Acad.  Boulogne^uT'Mer^  t.  II,  p.  43,  pi.  II, 
«g.  i3. 

1895.  Gyrodus  Cuvieri  Smith  Woodward.  Cat,  Joss,  fishe  British 
Muséum,  t.  III,  p.  240. 

1867.  Pycnodus  Larteti  H.-E.  Sauvage.  Loc.  cit ,  p.  33,  pi.  II,  fig.  1. 

1901 .  Gyrodus  Larteti  Leriche.  Ann.  Soc.  géoL  du  Nord,  t.  XXX,  p.  i63, 
pi.  V,  «g.  17. 

Cette  espèce,  du  Kimméridgien  supérieur  du  Dorsetshire,  du 
Willshire,  du  Cambridshire,  a  été  trouvée  au  même  niveau  à 
Fumel  (Lot-et-Garonne)  et  dans  le  Boulonnais. 

Agassiz  signale  que  les  plus  beaux  exemplaires  se  trouvent  à 
Boulogne,  dans  la  collection  Bouchard-Ghantereaux. 

I.  Catalogue  des  Poissons  des  formations  secondaires  du  Boulonnais. 
Mém.  Soc.  Académique  de  Boulogne-aur-Mer^  t.  H. 

n.  Synopsis  des  Poissons  et  des  Reptiles  des  terrains  jurassiques  de  Bou- 
logne-su r-Mer.  B.  S,  G.  F.,  [3],  VIII,  p.  ôa4. 


LES  PYCNODONTES  DU  JURASSIQUE  SUPERIEUR  DU  BOULONNAIS      543 

Le  Musée  du  Havre  possède,  en  effet,  deux  spléniaux  eu  con- 
nexion provenant  de  cette  collection. 

Les  dents  de  la  série  principale,  au  nombre  de  1 1 ,  sont  un  peu 
plus  laides  que  longues  et  décroissent  régulièrement  de  grandeur. 
Dents  de  la  série  interne  arrondies,  de  même  grandeur  que  les 
dents  de  la  rangée  interne  de  la  série  externe  ;  dents  externes  de 
cette  série  grandes,  bien  plus  larges  que  longues,  de  forme  ovalaire, 
diminuant  régulièrement  de  grandeur.  Ornementation  des  dents 
s* effaçant  par  Tusure.  Dents  de  la  série  principale  portant  un  gros 
mamelon  très  rugueux,  avec  un  enfoncement  et  un  tubercule  à  la 
partie  centrale,  entouré  de  fortes  rugosités.  Dents  de  la  série  interne 
avec  un  petit  mamelon  au  centre  d'une  dépression  et  de  fortes 
rugosités.  Même  ornementation  aux  dents  internes  de  la  série 
externe.  Dents  externes  de  cette  dernière  série  renflées  avec  une 
partie  déprimée  au  centre,  très  rugueuses  au  bord  antérieur. 

Le  Musée  de  Boulogne  (collection  Dutertre-Delporte)  possède 
deux  vomers  provenant  du  poudingue  de  Chatillon  (Portlandien 
inférieur,  zone  à  Perisphinctes  Bleicheri  de  Loriol). 

Longueur  du  vomer,  80  mill.,  largeur  à  la  partie  postérieure,  3^. 
Dents  de  la  rangée  médiane  contiguës,  arrondies,  diminuant  régu- 
lièrement de  grandeur,  granuleuses,  sur  un  plan  peu  élevé  au-dessus 
des  dents  externes  ;  largeur  de  la  rangée  principale  sensiblement 
égale  à  la  largeur  des  deux  rangées  latérales.  Dents  externes 
grandes,  de  forme  triangulaire,  relevées  en  un  sommet  très  granu- 
leux. Dents  de  la  rangée  intermédiaire  plus  petites,  arrondies, 
avec  une  dépression  centrale  portant  un  bourrelet  granuleux  ;  ime 
couronne  de  gros  tubercules  à  la  base  de  la  dent.  Ornementation 
des  dents  s'effaçant  rapidement  par  l'usure. 

Nous  avons  désigné  en  1867,  sous  le  nom  de  Pycnodus  Larteti, 
n.  sp.,  un  splénial  de  petite  taille  provenant  du  Portlandien  infé- 
rieur des  falaises  de  Boulogne,  splénial  qui  a  été  rapporté  au  genre 
Gyrodus  par  A.  Smith  Woodward,  en  1896  ;  c'est  au  Gyrodus 
Larteti  que  Leriche,  en  1901,  a  rapporté  un  splénial  provenant  du 
même  niveau  que  le  type  de  T espèce. 

Des  spléniaux  récemment  recueillis  dans  le  Kiinmeridgien,  zone 
à  Pholadomya  hortulana  et  dans  le  Portlandien  inférieur,  zone  à 
Stephanoceras  portlandicum  du  Boulonnais,  montrent  que  G,  Lar- 
teti est  le  jeune  âge  de  G,  Cuvieri,  l'exemplaire  figuré  par  Leriche 
en  étant  l'âge  moyen.  Ces  spléniaux  présentent  quelques  différences 
avec  le  type  de  l'espèce,  mais,  ainsi  que  le  note  Smith  Woodward, 
la  forme,  le  degré  d'usure  et  rornementation  des  dents  principales 
varient  beaucoup  chez  Gyrodus  Cuvieri. 


544  H.-E.   SAUVAGE  3  Déc. 


2.  Gyrodus  umbilicus  Agassiz 
(PI.  XII,  fig.  4,  5). 

i833-44-  Gyrodus  umbilicus  Agassiz.  Loc.  cit.,  p.  227,  pi.  IXlXa,  Ûg.  a^-aS. 
1867.  »  »         H.-E.  Sauvage.  Loc.  cit.^  p.  4i>  pi-  H,  ûg-  i2* 

i8()5.  »  »         Smith  Woodward.  Loc.  cit.,  p.  2^9. 

Yomer  grand,  85  mill.  Dents  de  la  rangée  principale  arrondies, 
contigaês,  sur  un  plan  plus  élevé  que  les  dents  des  rangées  laté- 
rales, aussi  larges  que  ces  deux  rangées,  relevées  en  un  faible 
bourrelet  portant  une  dépression  centrale,  un  peu  excavée  en 
arrière  de  ce  bourrelet.  Dents  de  la  rangée  intermédiaire  un  peu 
plus  petites  que  celles  de  la  rangée  externe,  irrégulièrement 
allongées  d'arrièi'c  en  avant,  relevées  à  leur  partie  centrale,  qui 
porte  une  dépression.  Dents  de  la  rangée  externe  tronquées  au 
bord  externe,  relevées  en  cône  comme  chez  G.  Cupieri^  dont 
G.  umbilicus  diflëre  par  rornementation  des  dents. 

Ainsi  que  l'indique  Smith  Woodward,  il  est  probable  cpie  Ton 
doit  réunir  G.  umbilicus  à  G.jurassicus,  En  tout  cas  le  vomer  que 
possède  le  Musée  de  Boulogne  et  qui  provient  de  la  partie  supé- 
rieure du  Kimméridgien,  ne  peut  être  séparé  de  G.  umbilicus 
Agassiz. 

3.  Gyrodus  Dutertrei  Sauvage 

1867.   Pycnodus  Dutertrei  H.-E.  Sauvage.  Loc.  cit ,  p.  38,  pi.  II,  fig.  8. 
?  1869.   Gyrodus  coccoderma  Egcrton.  Quart,  Journ.  Geol.  Soc.^  t.  XXV, 

p.  363. 
71895.  »  »  Smilh  Woodward.  Loc,  cit.^  p.  243. 

Vomer  long  de  55  mill.  Dents  de  la  rangée  principale  arrondies, 
contiguês,  sur  un  plan  plus  élevé  que  les  dents  des  rangées  latérales, 
sensiblement  aussi  laides  que  ces  deux  rangées.  Dents  de  la  rangée 
intermédiaire  aussi  grandes  que  celles  de  la  rangée  externe, 
arrondies,  portant  une  dépression  centrale  entourée  d'un  faible 
bourrelet.  Dents  de  la  rangée  externe  obtusément  coniques. 

Portlandien  inférieur  (Portlandien  français).  —  Kimméridgien 
supérieur,  zone  à  Reineikia pseudomutabilis  de  Loriol,  et  Aspido- 
ceras  longispinum  Sow. 

Espèce  voisine  de  G.  Cuvieri  et  G.  umbilicus  ;  en  diffère  par  les 
dents  beaucoup  plus  lisses. 

Smith  Woodw  ard  met,  avec  doute,  en  synonymie  G.  subconti- 


igot      PYCNODONTES  DU  JURASSIQUE  SUPERIEUR  DU  BOULONNAIS      S4S 

guidens  Sauvage,    et    G.  coccoderma  Ëgerton,    cette  dernière 

espèce  du  Kimméridgien  du  Dorsetshire  et  du  Cambridgeshire  ; 

c'est  avec  G.  Dutertrei  qu'il  faut  comparer  l'espèce  d'Angleterre  ; 

nous  ne  trouvons  que  de  faibles  différences  entre  les  deux  espèces. 

Nous  avons,  en  1867,  figuré  comme  pharyngien  de  Pj-cnodus 

Dutertrei  une  pièce  dentaire  que  Smith  Woodward  {Op.  cit. y 

p.  loa)  considère  comme  les  spléniaux  d'un  Lepidotus,  sans  doute 

L.  affinis  Fricke,  du  Corallien  supérieur  et  du  Kimméridgien  du 

Hanovre  ;  nous  nous  rangeons  à  cette  manière  de  voir  ;  nous 

pensons  toutefois  que  ce  n'est  pas  à  l'espèce  du  Hanovre,  mais  à 

une  espèce  non  encore  déterminée,  que  doit  être  rapportée  la  pièce 

trouvée  à  Boulogne. 

m 

4.   Gyrodus  subcontiguidens   Sauvage 

X867.   Pjrcnodus  subcontiguidens  H.-E.  Sï^uvage.  Loc.  cit.,  p.  36,  pi.  U, 
fig.  10,  II. 

Vomer  long  de  45  mill.  Dents  de  la  partie  principale  arrondies  à 
la  partie  postérieure  du  vomer,  un  peu  allongées  dans  la  partie 
«intérieure,  sur  un  plan  beaucoup  plus  élevé  que  les  dents  des 
Y*angées  latérales,  aussi  grandes  que  ces  deux  rangées.  Dents  de  la 
x*angée  intermédiaire  un  peu  séparées,  de  même  grandeur  que 
oeUes  de  la  rangée  externe,  arrondies  ou  longitudinalement  allon- 
S'ëes.  Dents  de  la  rangée  externe  obtusément  coniques,  peu  relevées. 
Toutes  les  dents  lisses. 

Kimméridgien  supérieur. 

Espèce  très  voisine  de  G.  Dutertrei  ;  en  diffère  toutefois  par  les 
dents  de  la  rangée  principale  moins  régulièrement  arrondies, 
situées  sur  un  plan  plus  élevé,  les  dents  intermédiaires  un  peu 
allongées. 

6.  Mesodon  affinis  Nicolet 
.  (PI.  XU,  fig.  6). 

1860.    Pjrcnodus  affinis  Nicolet  in  Pictet.  Rept.  et  Poiss.  Jura  neuchâ- 

telois,  p.  5o,  pi.  Xll,  XXI  6w,  XIX,  ù^.  i. 
1895.  Mesodon  affinis  Smith  Woodward.  Cat,foss.Jîshe  British  Mus., 

t.  II,  p.  211. 

Cette  espèce,  du  Kimméridgien  supérieur  de  Suisse,  a  été  trouvée 
aa  même  niveau  à  Fumel  (Lot-et-Garonne)  et  à  Boulogne. 

Un  splénial  provenant  de  cette  dernière  localité  et  conservé 
dans  la  collection   Bouchard-Chantereaux  au  Musée  du  lïavre^ 

iS  Février  19011.  —  T.  K^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  C 


546  a.-E.  SAUVAGE  a  Dec. 

indique  une  espèce  de  grande  taille.  Les  dents  de  la  série  principale 
sont  un  peu  plus  de  deux  fois  aussi  larges  que  longues,  arrondies 
aux  extrémités,  non  contiguës,  de  forme  ovalaire.  Dents  de  la  série 
interne  petites,  irrégulièrement  arrondies.  Dents  de  la  série  externe 
disposées  irrégulièi'ement  suivant  quatre  rangées  ;  deux  dents 
hors  série  près  de  la  rangée  principale.  Les  dents  bien  conservées 
de  la  série^  externe  ont  Tornementation  des  dents  de  Gjyrodus  :  un 
bourrelet  central  dans  une  dépression  d'où  rayonnent  de  fortes 
rugosités  ;  Tomementation  disparait  rapidement  par  l'usure. 

Dans  la  restauration  de  Pycnodus  (Mesodon)  affinis,  Pictet 
figui*e  trois  rangées  de  dents  à  la  série  interne  ;  ces  rangées  sont, 
au  plus,'  du  môuie  nombre  de  dents. 

L'exemplaire  que  nous  figurons  fait  partie  de  la  collection  Bou- 
chard-Cliantereaux  au  Musée  du  Havre. 

7.  Mbsodon  Lennieri  n.  sp. 
(PI.  xn,  lig.  9). 

Espèce  établie  sur  un  fragment  de  splénial  de  53  mill.  de  lai^e 
à  la  partie  postérieure. 

A  la  série  principale  les  trois  dents  postérieures  sont  allongées 
transversalement,  près  de  trois  fois  aussi  larges  que  longues,  à 
extrémité  externe  arrondie,  à  extrémité  interne  moins  lai^e, 
recourbée  en  avant  comme  chez  Anomœdus  subclavatus  Agassiz, 
du  Crétacique  supérieur  ;  les  dents  plus  antérieures  sont  beaucoup 
plus  petites,  irrégulièrement  arrondies.  Série  interne  avec  une 
seule  rangée  de  dents  petites,  arrondies.  Dents  de  la  série  externe 
petites,  irrégulières,  disposées  probablement  suivant  trois  rangées. 

Diflere  de  tous  les  autres  Mesodon  du  Jurassique  supérieur  par 
la  forme  des  dents  de  la  partie  postérieure  de  la  série  principale 
(collection  Bouchard-Chantereaux  au  Musée  du  Havre). 

8.  Mesodon  Bouchardi  n.  sp. 
(PI.  xn,  ûg.  7,  8). 

Espèce  établie  sur  un  fragment  de  splénial  de  53  mill.  de  large 
à  la  partie  postérieure. 

Dents  de  la  partie  principale  de  grandeur  très  inégale  ;  la  dent 
postérieure  est  ovalaire,  deux  fois  aussi  large  que  longue  ;  les 
suivantes  diminuent  brusquement  de  grandeur.  Espace  séparant 
les  dents  de  la  série  principale  de  la  symphyse  large,  avec  deux 
rangées  de  dents  petites,  irrégulières,  irrégulièrement  disposées. 


igOI      PYCNODONTES  DU  JURASSIQUE  SUPERIEUR  DU  BOULONNAIS      54^ 

Série  externe  composée  d'au  moins  trois  rangées  de  dents  petites, 
irrégolières,  irrégulièrement  disposées. 

Voisin  de  Mesodon  granulatus  Munster,  du  Corallien  et  du 
Kimméridgien  du  Hanovre,  du  Wurtemberg  et  du  sud  de  l'Angle- 
terre, en  diffère  par  la  largeur  de  l'espace  symphysaire,  les  dents 
de  la  série  principale  décroissant  beaucoup  plus  rapidement. 

Nous  rapportons  à  Mesodon  Bouchardi  un  vomer  de  70  mill.  de 
long  sur  ^1  de  large  à  la  partie  postérieure,  bombé  comme  celui 
des  Cœlodus,  sans  doute  par  suite  d'usure.  Dents  de  la  rangée 
principale  largement  espacées,  ovalaires,  la  dent  postérieure  une 
fois  et  demie  aussi  large  que  longue  ;  dents  antérieures  arrondies. 
Dents  de  la  rangée  interne  de  la  série  externe  grandes,  irréguliè- 
rement arrondies,  plus  grandes  que  les  dents  de  la  série  plus 
externe  ;  une  rangée  de  dents  plus  petites  et  irrégulières  sur  le 
côté  externe  du  vomer  ;  quelques  petites  dents  hors  série  entre  la 
première  et  la  seconde  rangée  de  dents. 

Nou$  avons  désigné  en  1879  •,  sous  le  nom  à' Uranoplosus 
Colteauiy  n.  sp.,  un  vomer  trouvé  dans  le  Corallien  supérieur  du 
département  de  TYonne.  Ce  vomer  difVère  de  celui  des  Mesodon 
types  par  une  rangée  sui)plémentaire  et  externe  de  dents  latérales, 
les  dents  étant  ainsi  disposées  sur  7  rangées,  au  lieu  de  5  ;  de  plus, 
on  voit  des  dents  intercalaires. 

Cope  -  a  accepté  le  genre  Uranoplosus  et  y  a  rapporté  deux 
espèces  du  Crétacique  inférieur  d'Oklahoma  (Etats-Unis)  :  U.  arc- 
tatus  Cope  ;  U ,  Jlectidens  Cope. 

Le  Mesodon  Bouchardi^  par  la  rangée  externe  et  supplémentaire 
de  dents  au  vomer,  rentre  dans  le  genre  Uranoplosus  ;  Smith 
Woodward  •*  indiquant  que  dans  le  genre  Mesodon  les  rangées 
latérales  de  dents  au  vomer  peuvent  être  irrégulières,  d'un  autre 
côté  le  splénial  A  Uranoplosus  (U.  Bouchardi)  ne  pouvant  être 
séparé  de  celui  des  Mesodon,  nous  considérons  provisoirement 
Uranoplosus  comme  un  sous-genre  de  Mesodon. 

9.    Mesodon    sp. 
(PI.  XII,  lig.  12). 

Vomer  de  forme  triangulaire.  Dents  de  la  rangée  principale 
espacées,  irrégulièrement  ovalaires,  plus  grandes   que  les  deux 

I.  Klutl»'  sur  les  Poissons  cl  les  Reptiles  des  terrains  crétacés  et  jurassiques 
supérieurs  de  l' Yonne.  BaU.  Soc.  Se.  hist.  vt  nat.  de  C  Yonne,  3'  sér.,  t.  I. 
a.  Journ.  Acad.  nat.  Se.  Philad.,  t.  IX,  iSij^- 
3.  Cal.  J'ossil  fisfies  Britisk  Museunif  t.  III,  p.  199,  1895. 


548  H.«.  SAUVAGE  a  Dec. 

rangées  latérales.  Dents  de  ces  rangées  irrégulières,  sensiblement 
de  même  grandeur.  , 

Grès  de  Questrecque,  Astartien,  zone  à  Pj-gnrusjurensis  Roëm. 

lo.  Mesodon  afr.  GRANULATUs  Mûnster 

1880.  Mesodon  lœvior  H.-E.  Sauvage.  B,  S.  G.  F.,  (3),  VIII,  p.  529, 
pi.  XIX,  flg.  4i  4^  (non  Fricke). 

Le  fragment  de  vomer  que  nous  avons  figuré  sous  le  nom  de 
M.  lœçior  Fricke,  ne  doit  pas,  suivant  Smith  Woodward  (lo<'^-  <^î^m 
p.  207),  être  rapporté  à  l'espèce  du  Kimméridgien  de  Hanovre  ; 
par  Técartement  des  dents  de  la  rangée  principale,  ce  vomer  parait 
devoir  plutôt  être  comparé  à  Mesodon  granulatus  Mûnster. 

Dents  de  la  rangée  principale  séparées,  ovalaires,  une  fois  et 
demie  aussi  larges  que  longues  :  dents  de  la  rangée  intermédiaire 
irrégulièrement  arrondies,  un  peu  plus  grandes  que  celles  de  la 
rangée  extenie. 

Kimméridgien  supérieur. 

II.  Mesodon  Rigauxi  n.  sp. 

1880.  Mesodon  granulatus  H.-E.  jSauvage.  B.  S.  G.  F.,  (3),  VllI,  p.  5a8, 
pi.  XIX,  fig.  3  (non  Mûnster  nec  Fricke). 

Nous  avons  rapporté  à  M.  granulatus  Mûnster,  du  Corallien 
et  du  Kimméridgien  du  Hanovre,  du  Wurtemberg  et  du  Kimmé- 
ridgien de  \Veymouth,  un  splénial  provenant  du  Kimméridgien 
supérieur  de  Boulogne.  Nous  pensons  que  ce  splénial  indique  une 
espèce  distincte,  caractérisée  par  quatre  rangée^  de  dents  à  la 
série  externe. 

Dents  de  la  rangée  principale  ovalaires,  deux  fois  aussi  larges 
que  longues,  eontiguës,  aussi  lai*ges  que  la  série  externe,  décrois- 
saut  régulièrement  de  grandeur.  Dents  de  la  série  interne  petites, 
sur  une  rangé(».  Dents  de  la  série  externe  sm*  quatre  rangées, 
arrondies,  sensiblement  de  même  grandeur,  à  part  la  seconde 
rangée  où  les  dents  sont  plus  petites.  Toutes  les  dents  lisses. 

Esjièce  représentée  au  Musée  de  Boulogne,  par  trois  spléniaux 
prov(Miant  du  Kimméridgien  supérieur.  Deux  spléniaux  du  Port- 
landien  moyen  et  du  Portlandien  supérieur. 


igOI      PYCNODONTES  DU  JURASSIQUE  SUPERIEUR  DU  BOULONNAIS      549 

iQ.  Mesodon  morinigus  Sauvage 

(PI.  xn,  fig.  lo). 

1880.  Mesodon  morinicus  H.-E.  Sauvage.  B.S.  G,  F,,  (3),  VIII,  p.  628, 
pi.  XIX,  fig.  a. 

Nous  avons  désigné  sous  ce  nom  une  portion  de  splénial  parais- 
sant provenir  des  couches  inférieures  du  Portiandien  de  nos 
falaises  et  faisant  partie  de  la  collection  de  FEcole  des  Mines.  Les 
caractères  de  l'exemplaire  type  sont  : 

Dents  antérieures  de  la  rangée  principale  arrondies,  dents  posté- 
rieures ovalaires,  un  peu  plus  larges  que  longues.  Petites  dents  à 
la  série  interne.  Dents  de  la  série  externe  de  forme  irrégulière,  les 
dents  de  la  rangée  interne  étant  les  plus  grandes.  Les  dents  bien 
conservées  sont  granuleuses,  des  plis  irréguliers  rayonnant  du 
centre,  qui  est  déprimé  avec  un  bourrelet  granuleux. 

Le  Musée  du  Havre  (collection  Bouchard-Ghantereaux)  possède 
deux  spléniaux  que  Ton  doit  rapi)orter  à  M.  morinicus.  Les  dents 
de  la  série  interne  sont  disposées  suivant  deux  ou  trois  rangées  ; 
la  série  externe  se  compose  de  cin([  ou  six  rangées  de  dents  irrégu- 
lièrement distribuées. 

Deux  fragments  de  spléniaux  conservés  au  Musée  de  Boulogne 
proviennent  de  la  partie  inférieure  du  Portiandien  français. 

i3.  Mesodon  simulans   n.  sp. 
(PI.  xn,  flg.  II). 

Splénial  de  forme  triangulaire.  Dents  de  la  rangée  principale  un 
peu  séparées,  une  fois  et  demie  aussi  lai'ges  que  longues,  avec 
l'extrémité  interne  un  peu  moins  large.  Dents  de  la  rangée  interne 
petites.  Trois  rangées  de  dents  à  la  série  externe,  les  dents  de  la 
rangée  interne  étant  les  plus  grandes  ;  les  dents  des  deux  autres 
rangées  sensiblement  de  même  grandeur,  espacées,  irrégulières. 

Portiandien  inférieur. 

A  part  trois  rangées  de  dents  au  lieu  de  deux  à  la  série  externe, 
cette  espèce  ressemble  à  Pj^cnodus  (Microdon)  vicinits  Cornuei,  de 
YOolithe  vacuolaire  de  la  Haute-Marne. 

14.   Athrodon  DouviLLEi  Sauvage 
Portiandien  inférieur. 

i5.  Athrodon  boloniensis  Sauvage 
Kimméridgien  inférieur,  zone  à  Pholadonvya  horiulana. 


55o    PYGNODONTES  DU  JURASSIQUE  SUPERIEUR  DU  BOULONNAIS     3  Déc. 

i6.  Cœlodus  suprajurensis  sp. 

(PI.  xn,  fig.  i3). 

Vomer  de  petite  taille.  Dents  de  la  rangée  principale  espacées, 
ovalaires,  arrondies  aux  extrémités,  aussi  larges  que  les  deux 
autres  rangées.  Dents  des  deux  rangées  latérales  sensiblement  de 
même  grandeur,  irrégulières.  Toutes  les  dents  lisses. 

Diflère  de  C.  Mantelli  Ag. ,  par  la  forme  des  dents  de  la  rangée 
principale.  Voisin  de  la  forme  désignée  par  J.  Comuel  sous  le  nom 
de  ?  Pycnodus  Mantelli  Ag. 

Deux  vomers  au  Musée  de  Boulogne,  Portlandien-Purbeckien 
de  la  carrière  du  Mont  Rouge,  près  Wimille. 

15.  Cœlodus  sp. 
(PL  xn,  fig.  i4). 

On  doit,  peut-être,  regarder  comme  une  anomalie  de  Cœlodus 
suprajurensis  un  vomer  provenant  des  mêmes  couches.  Les  dents 
sont  disposées  irrégulièrement,  irrégulières,  de  grandeur  inégale, 
celles  de  la  rangée  principale  étant,  les  unes  ovalaires,  les  autres 
arrondies. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  XU 

Fig.  I.  —  Gyrodus  Cnvieri  Agassiz.  Spleniaux.  Musée  du  Havre  (collection 
Bouchard-Chantereaux).  Kiniméridgien  supérieur . 

Fig.  2.  —  Même  espèce.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Kimméridgien  supé- 
rieur . 

Fig.  3.  —  Même  espèce  (Gjrrodus  Larteti  Sauvage).  Splénial.  Musée  de 
Boulogne.  Kimméridgien.  Zone  à  Pholadomjra  hortulana, 

Fig.  4>  —  Gx'^odua  umbilicns  Agassiz.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Portlan- 
dien  inférieur. 

Fig.  5.  —  Même  espèce.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Portlandien  supérieur. 

Fig.  6.  —  Mesodon  affinis  Nicolel.  Splénial.  Musée  du  Havre. 

^^^-  7-  —  Mesodon  Bouchardi  n.  sp.  Splénial.  Musée  du  Havre. 

Fig.  8.  —  Même  espèce.  Vomer.  Musée  du  Havre. 

Fig.  9.  —  Mesodon  Lennieri  n.  sp.  Splénial.  Musée  du  Havre. 

Fig.  10.  —  Mesodon  morinicus  Sauvage.  Splénial.  Musée  du  Havre. 

Fig.  II.  —  Mesodon  sirnulans  n.  sp.  Splénial.  Musée  de  Boulogne.  Portlan- 
dien inférieur. 

Fig.  12.  —  Mesodon  sp.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Astartien.  Zone  à 
Pj-g-nrns  jurensis . 

Fig.  i3.  —  Cœlodus  suprajurensis  n.  sp.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Port- 
landien-Purbeckien . 

Fig.  14.  —  (Jœlodus  sp.  Même  collection,  même  niveau. 

Toutes  les  ligures  sont  de  grandeur  naturelle. 


REVISION 

DES  , 

ESPÈCES  EUROPÉENNES  DE  MACHAIRODUS 

par  M.  Marcellln  BOULE 

La  nomenclature  et  la  synonymie  des  espèces  européennes  de 
Machairodus  sont  fort  embrouillées.  J'avais  pu  m'en  rendre 
compte,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  en  étudiant  des  débris  de  ce 
genre  provenant  des  terrains  pliocènes  du  Veiay.  Tout  récemment 
i  ai  reçu  une  canine  de  Machairodus  de  la  région  pyrénéenne  et, 
quand  j'ai  voulu  la  déterminer,  j'ai  éprouvé  quelques  difHcultés  à 
me  reconnaître  au  milieu  des  travaux  contradictoires  qu'on  a 
publiés  sur  les  espèces  de  Machairodus  du  Miocène  supérieur,  du 
Pliocène  et  du  Quaternaire. 

Je  ne  veux  pas  refaire  l'histoire  du  genre  Machairodus  que 
diviers  paléontologistes  ont  parfaitement  écrite  *.  Je  me  propose 
simplement  d'exposer,  d'une  façon  aussi  brève  et  aussi  claire  que 
possible,  les  caractères  des  diverses  espèces  de  Machairodus  des 
terrains  tertiaires  et  quaternaires  d'Europe,  en  attribuant  à  chacune 
de  ces  espèces  le  nom  qu'elle  doit  porter  d'après  les  règles  établies 
pour  la  nomenclature. 

J'aurai  à  m'occuper  surtout  de  la  canine  supérieure,  d'abord 
parce  que  cette  dent,  étant  très  spécialisée  dans  le  genre  Machai- 
rodus^ doit  a  priori  fournir  de  bons  caractères  pour  la  spécifi- 
cation, ensuite  et  surtout  parce  que  c'est  la  seule  partie  que  nous 
connaissions  chez  presque  toutes  les  espèces  décrites  ou  signalées 
jusqu'à  ce  jour. 

Nous  avons  l'avantage  d'avoir,  dans  les  collections  du  Muséum, 
soit  en  nature,  soit  en  moulages,  la  plupart  des  documents  qui  ont 
servi  à  établir  ces  espèces.  Beaucoup  d'auteurs  ont  fait  des  confu- 
sions parce  qu'ils  n'avaient  pas  de  tels  matériaux  à  leur  disposition, 
ou  bien  parce  qu'ils  se  sont  contentés  de  reproduire  les  indications 
erronées  fournies  par  leurs  prédécesseurs. 

Je  dois  dire  toutefois  que  la  liste  des  espèces  donnée  par  Zittel 

I.  Voir  notamment  :  Albert  Gaudry,  Animaux  fossiles  et  géologie  de 
FAttîque,  p.  io6.  —  Fabuini,  Machairodus  del  Valdarno  superiore.  Boll, 
del  R.  Comitato  geologico  d'Italia^  XXI,  p.  122.  , 


55ut  M.  BOULE  a  Dec. 

dans  son  Traité  de  Paléontologie  (IV,  p.  679)  est  très  corpecte  ;  le 
travail  que  je  publie  arrive  aux  mêmes  conclusions.  Je  crois  cepen- 
dant qu'il  sera  de  quelque  ulilité,  d'abord  parce  qu'il  expose  les 
raisons  sur  lesquelles  s*appuie  cette  terminologie,  ce  que  n'a  pu 
faire  Zittel  dans  son  Traité,  ensuite  parce  qu'on  y  trouvera  grou- 
X)ées  les  reproductions  de  beaucoup  de  documents  épars  dans 
diverses  publications  et  dont  le  rapprochement  éclaire  les  questions 
de  nomenclature  ;  enfin,  il  permettra  au  lecteur  de  déterminer  faci- 
lement les  dents  de  Machairodus  des  gisements  européens. 

La  principale  confusion  résulte  de  ce  qu*on  donne  le  nom  de 
Machairodus  cultridens,  correspondant  à  l'espèce  la  plus  ancienne- 
ment connue  et  dénommée,  à  des  formes  bien  différentes  les  unes  des 
autres.  Il  faut  d'abord  établir  ce  qu*est  le  Machairodus  cultridens, 

Machairodus  cultridens,  Cuvier. 

On  sait  que  le  mot  cultridens  a  été  imaginé  par  Cuvier  pour 
désigner  un  animal  qu'il  croyait  appartenir  au  genre  Ursus,  mais 
qui  avait  des  canines  aplaties,  en  forme  de  lame  de  poignard  *. 

Cuvier  n'a  eu  à  sa  disposition  et  même  n'a  connu  que  trois  docu- 
ments :  i*"  un  morceau  de  canine  ;  a""  le  moulage  d'une  canine 
complète  du  Val  d'Amo;  3**  un  dessin  de  canine  provenant  du 
Cabinet  de  Darmstadt.  Voici  comment  il  s'exprime  :  - 

«  Les  Ours  des  couches  meubles  du  Val  d'Amo  diffèrent,  comme 
je  l'ai  dit,  de  ceux  des  cavernes  d'Allemagne  par  les  trois  petites 
molaires  qu'ils  ont  distinctes  ;  mais  on  vient  de  leur  trouver  un 
caractère  encore  plus  marqué  dans  leurs  canines  comprimées  au 
point  qu'un  de  leurs  diamètres  ne  fait  pas  le  tiers  de  l'autre.  En 
outre,  le  bord  concave  de  ces  canines  est  tranchant.  Notre  Muséum 
possède  une  portion  d'une  de  ces  dents  et  le  modèle  peint  d'une 
entière  qui  est  au  cabinet  de  Florence.  Il  doit  l'une  et  l'autre  à  la 
générosité  du  feu  grand-duc. 

I .  Ceci  se  passait  en  iSa4.  Cest  seulement  quatre  ans  plus  tard,  en  i8a8, 
que  Bravard  rapporta  cette  forme  de  canines  à  un  animal  voisin  des 
Felis  et  ce  n'est  qu'en  i83a  que  Kaup  créa  le  genre  Machairodus,  Cette 
histoire  du  genre  n'a  rien  à  voir  dans  la  question  qui  nous  occupe  en  ce 
moment.  J*ajoutcrai  cependant  qu'au  point  de  vue  historique,  le  terme 
Megantfiereoriy  créé  en  1828  comme  nom  de  genre  par  Croizet  et  Jobert, 
devrait  être  préféré  à  celui  de  Machairodus  ;  mais  ce  dernier  est  mainte* 
nant  employé  par  tout  le  monde  :  il  serait  puéril  de  vouloir  encore  changer. 

a.  CuviRR,  Ossements  fossiles,  a*  édition,  partie  II  du  vol.  V,  p.  5i6  ;  ou 
bien  4'  édition,  t.  VU,  p.  3oy. 


¥ig,  I  et  3.  —  Canines  supérieures  des  deux  espèces  de  Machairodiië  de 
Penier,  en  grandeur  naturelle.  Fac-similé  des  figures  de  l'ouvrage  de 
Deviie  de  Chabrol  et  BouiUet. 


554  M-  BOULE  a  Dec. 

«  Je  trouve  parmi  les  dessins  fossiles  du  cabinet  de  Darmstadt 
qui  m'ont  été  envoyés  par 
M.  S cfaleyer mâcher,  celui 
d'nne  canine  comprimée 
qui  me  paraît  ressembler 
de  tous  points  à  celles  de 
Toscane  ;  c'est  ce  qui  jne 
détermine  à  changer  le 
nom  d'etruscus  que  j'avais 
donné  à  cet  Ours,  en  celui 
^^^^  de  caltridens.  » 

^HM^^a  Ainsi   Cuvier  a  réuni. 

^K^^^^H  sous  un  mdme  nom  spéci- 
^^^^^^^m  fiqoe,  deux  animaux  d'â^s 
^^^^^^H  et  de  gisements  très  difîé- 
^^^^^^H      -  renls  :  auquel   ont 

^^^^^^B  a|ipartenu  canines 

^^^^^H         aplaties  du    Pliocène   du 
^^^^^^1         Val  d'Arno  et  celui  auquel 
^^^^^1         a     appartenu     la    canine 
^^^^^H         aplatie  dont  il  avait  vu  un 
^^^^^1        dessin  et  qui  provenait  du 
^^^^1        Miocène  sapérieur  d'Ep- 
^^^^1       jjclsheim.  Mais  il  est  clair 
^^^^       que  son  jugement   a   été 
Q^^l       porté  sur  les  pièces  du  Val 
^y       d'Arno  et  non  sur  le  dessin 
du  cabinet  de  Darmstadt, 
celui-ci  ne  lui  ayant  servi 
que  pour  faire  une  assimi- 
lation d'ailleurs  erronée. 

La  question  serait  donc 
très  simple  s'il  n'y  avait 
qu'une  espèce  de  Machai- 
rodus    au    Val    d'Arno. 
Mais,  en  Italie  comme  en 
Kg.  3  et  4.  —  Photographies  des  pièces  étu-     Auvergne ,     les     terrains 
dilues  par  Cuvier;  (tr.  nul.   A,  nioulage       pliocènesrenfermentdeux 
d'une  ciiniiie  eniiérc  du  Va]  d'Arno  ;  B,      portes  bien  différentes  de 
frnffiiieiit  d'une  ciminr  du  \al  d'Arno.  ,   .  , 

,,,,,„,.     .  ,     .    ,    „     ,  canmes     supérieures     de 

Coll.  df  Piilt'ontoloeic  [lu  Muséum.  .  ^^ 

Machairodus  et  ces  deux 
formes  ont  été  connues  à  peu  près  simultanément,  puisqu'elles 


I9OI        REVISION  DES  ESPÈCES  EUROPEENNES  DE  MAGIIAIRODUS  555 

figurent  côte  à  côte  sur  la  même  planche,  dans  le  mémoire  de 
Devèze  de  Chabrol  et  Bouillet  S  le  premier  à  ma  connaissance  où 
des  dents  de  Machairodus  aient  été  représentées  (fig.  i  et  2).  Dans 
l'ouvrage  de  Groizet  et  Jobert  -,  publié  un  an  plus  tard,  nous 
voyons  les  deux  types  dessinés,  Tun  sous  le  nom  de  Cultridens 
Issiodorensis,  l'autre  sous  celui  de  Cultridens  Eiueriarwn,  Enfin 
Bravard  ^  a  également  fait  connaître  les  deux  formes. 

Il  est  très  facile  de  distinguer  ces  deux  sortes  de  canines.  Elles 
sont  de  grandeur  inégale.  La  petite  est  en  même  temps  plus  fine, 
plus  étroite,  on  pourrait  dii'e  plus  élégante  ;  elle  est  dépourvue  de 
crénelures  sur  ses  bords  tranchants  (fig.  2  à  5)  ;  la  seconde,  plus 
grande,  est  relativement  plus  large  ;  ses  bords  tranchants  sont 
finements  crénelés,  comme  les  dents  de  Mosasaures  (fig.  i  et  10).  Il 
s'agit  de  savoir  à  quelle  sorte  de  dents  appartiennent  celles  que 
Cuvier  a  pu  étudier. 

J'ai  retrouvé  facilement,  dans  les  collections  du  Muséum,  les 
pièces  auxquelles  l'illustre  savant  fait  allusion  (N^*  618-620  du 
catalogue  A.  C).  J'en  donne  ici  des  figures  (3  et  4)  qni  permettront 
de  lever  tous  les  doutes  sur  ce  qu'on  doit  appeler  Machairodus 
cultridens,  si  Ton  veut,  à  l'exemple  de  tous  les  paléontologistes 
ayant  écrit  sur  cette  question,  .conserver  la  dénomination  de 
Cuvier.  Celle-ci  doit  s'appliquer  aux  canines  de  dimensions  plus 
petites,  plus  étroites,  aux  bords  tranchants  dépfourvus  de  créne- 
lures. On  remarquera  que  Cuvier  n'a  pas  parlé  de  ces  crénelures, 
ce  qui  sufilrait  à  prouver,  luéuie  dans  le  cas  où  nous  ne  les  connaî- 
trions pas,  que  les  pièces  examinées  par  lui  en  étaient  dépourvues. 

C'est  malheureusement  ce  que  n'a  pas  compris  Bravard  *.  Ayant 
découvert  à  Perricr  une  belle  portion  de  tcHe  d'un  Felis  muni  de 
canines  cultriformes  du  pi*emier  tyi)e,  il  a  pu  démontrer  :  i"  que 
ces  canines  n'étaient  pas  des  canines  d'Ours,  comme  l'avait  cru 
Cuvier  et  comme  l'avaient  admis  Croizet  et  Jobert  ;  2°  que  la 
mâchoire  supérieure,  qu'il  venait  de  découvrir,  appartenait  à 
l'animal  que  Croizet  et  Jobert,  décrivant  sa  mâchoire  inférieure, 
avaient  appelé  Felis  meganthereon  ou  plus  simplement  Megan- 

1.  Devkzr  dk  Chabrol  el  Bouillkt,  Essai  géologique  sur  les  environs 
dlssoire,  in-r,  1827,  p.  çfi  et  pi.  XXVI,  (ig.  i  à  5. 

a.  Croizet  et  Jobert,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles  du  Puy-de- 
Dôme,  8»  livr.,  pi.  I  des  Ours,  lig.  i  et  6  et  pi.  VII,  lig.  4-6.  Explication  des 
planches  sur  la  couverture  en  papier  jaune  de  la  8«  li\Taison. 

3.  Bravard,  Monographie  de  la  montagne  de  Perrier,  1828.  pi.  III,  lig.  5-6 
et  xo-ii. 

4.  Loc,  cit.,  p.  141. et  suiv. 


556 


M.    nOULK 


a  Dec. 


tkereon.  Mais,  comme  Bravai-d  connaissait  aassï  les  dents  crénelées 
et  plus  grandes,  il  appela  celles-ci 
Félin  cullridens. 

A  partir  de  ce  moment,  la  confu- 
sion créée  par  Bravard  se  retronve 
dans  les  travaux  de  la  plupart  des 
paléontologistes  :  Kaup,  Blaïnville, 
Suess.  MM.  Albert  Gaudry.  Lydek- 
ker,  etc. 

Pictet  '  et  Gervais  ■  ont  employé  le 
nom  de  cullridens  pour  désigner  à  la 
fois  la  (grande  et  la  petite  forme  de 
Perricr,  qu'ils  ont  considérées  comme 
deux  simples  races  d'une  même 
espèce. 

Il  est  aujoai-d'hui  impossible  de 
partager  culte  dernière  opinion.  Les 
deux  formes  de  Maehairodus,  distin- 
guées, dt-9  l'origine,  par  les  paléon- 
toi  triste  s  auvei^nats,  doivent  être 
désignées  par  deux  noms  ditTérents. 
D'après  l'exposé  qui  précède,  il  est 
clair  que  le  nom  spécifique  de  cultri- 
dens  doit  être  réservé  au  Mâchai- 
rodas  pliocène  du  Val  d'Amo  ou  de 
l'Auvei'gne,  dont  la  taille  était  à  peu 
près  celle  d'une  Panthère,  qui  avait 
des  canines  supérieures  relativement 
étroites  et  dépourvues  de  crénelures. 
Le  nom  de  Meganthereon,  employé 
dans  uii  sens  spécifique,  doit  tomber 
en  synonymie  comme  étant  plus 
récent. 

Nous  allons  maintenant  passer  en 
i-evue  les  formes  de  Maehairodus 
trouvées  dans  les  gisements  européens 
de  diverses  époques  et  nous  serons 
ainsi  amenés  à  déterminer  le  nom  que 
doivent  porter  les  grandes  canines  crénelées  de  l'Auvei^e  ou 
du  Val  d'Arno, 

I.  Traiti-  de  paléontologie,  p,  a^o, 

3.  Zoologie  et  paléontologie  rran^aiscs,  a'  édit.,  p,  aSi. 


Flg.  5.  —  Canine  supérieure  de 
Machalrodua  callridenâ  ; 
gr.  uat.  Coll.  Croizel,  gale- 
rie de  Patéontulogie  du  Mu- 


I9OI        REVISION  DES  ESPACES  EUROPEENNES  DE  MACHAIRODU8  667 

Machairodus  aphanistus,  Kaup 

{Machairodas  d*Eppelsheim  et  de  Pikermi) 

Nous  savons  que  Cuvier  a  vu  le  dessin  d'une  canine  d'Eppels- 
heim.  Cette  canine  a  été  représentée  par  Kaup  ^  Elle  ressemble 
beaucoup  (fig.  6)  aux  grandes  canines  du  Pliocène  du  Val  d*Amo 
et  de  l'Auvergne  ;  elle  porte  des  crénelures  comme  celles-ci.  Aussi 
Kaup  lui  a-t-il  donné  le  nom  de  Machairodus  cultridens  et  son 
exemple  a  été  suivi  par  la  plupart  des  paléontologistes.  En  même 
temps,  Kaup  désignait  sous  les  noms  de  Felis  aphanista  et  à'Agno- 
terium  antiquum,  diverses  dents  d'un  grand  Chat  trouvées  dans  le 
même  gisement.  Certaines  éUûent  crénelées  comme  la  canine,  mais 
Kaup  ne  sut  d'abord  pas  établir  de  rapprochements  entre  les  deux 
catégories  de  dents.  Ce  n'est  que  beaucoup  plus  tard,  en  1869.  V^^^ 
rapporta  tous  ces  débris  au  Machairodus  cultridens  -.  Entre  temps, 
Wagner  ^  puis  Roth  et  Wagner  *  décrivirent  quelques  pièces  de 
Pikermi,  notamment  une  belle  portion  de  tète  munie  de  sa  mâchoire 
inférieure,  sous  les  noms  de  Felis  gigantea  et  de  Machairodus 
leoninus.  Je  reproduis  ici  (fig.  7)  le  dessin  d'une  canine  par  Roth 
et  Wagner.  Enfin  M.  Albert  Gaudry.  considérant  comme  établie 
l'identité  des  deux  animaux  de  Pikermi  et  d'Eppelsheim,  les  étudia 
sous  le  nom  de  Machairodus  cultridens  •">. 

Nous  connaissons  maintenant  la  véritable  nature  du  Machai- 
rodus cultridens  et  nous  savons  qu'il  ne  faut  plus  employer  ce  nom 
pour  désigner  la  grande  forme  de  Machairodus  à  canines  crénelées 
d'Eppelslieim  ;  il  nous  faut  revenir,  non  [)as  comme  l'a  l'ait 
M.  Schlosser  ^  à  l'expression  de  leoninus  qui  est  beaucoup  plus 
récente,  mais  à  celle  d'aphanistus  créée  par  Kaup,  pour  des  débris 
bien  caractérisés  et  bien  figurés. 

he  Machairodus  aphanistus,  Kaup,  du  Miocène  supérieur  d'Ep- 
pelslieim. de  Pikermi,  de  Samos,  de  Baltiivar.  du  mont  Lt^beron, 
de  Maragha,  est  donc  la  seconde  esi)èce  du  genre  au  point  de  vue 
historicjue;  elle  diirère  de  la  preniicre,  ou  Machairodus  mit  ride  ns, 
par  sa  taille  [)lus  forte,  comparable  à  celh'  d'un  grand  Lion,  par 

I     Kaup,  Dt'scripiion  (rossom(*iils  fossiles  de  Maiiiinifères. . .,  iî<3i»,  p.  i»4, 
Carnivores,  pi.  I,  (ijç.  5. 
a.  y  eues  Jahrhuch  i'on  Leonhard  und  Bronn^  ^  270. 
3.  Abhand.  der  Bayer.  Ahad.  der  Wissens,  vol.  5,  pi.  Il,  iig.  0.  i8|S. 
-J.  /d.,  vol.  VU,  pi.  IX,  Iig.  1-5,  i85'4. 

5.  Albert  Gaudry,  Animaux  fossiles  et  géologie  de  FAttique,  p.  io5. 
<>.  Sgiii.ossrr,  Die  AfTen...  p.  436. 


Fig.  ().  —  Canine  supérieure  du 
Machaivodus  d'Ex)pelsheim  ;  gr. 
nat.  Calque  de  la  ligure  donnée 
par  Kaup. 


^*8»*  7-  —  Canine  supérieure  du 
Machairodus  de  Pikcrmi  •  gr. 
nat.  Calque  de  la  ^gurc  donnée 
par  Roth  et  Wagner. 


igOI        REVISION  DES  ESPECES  EUROPEENNES  DE  MAGHAIRODUS  SSq 

« 

sa  canine  supérieure,  grande,  large,  crénelée,  par  le  développement 
relativement  plus  considérable  de  sa  troisième  prémolaire  infé- 
rieure, par  la  forme  différente  de  la  carnassière  supérieure  ;  je 
reviendrai  plus  loin  sur  ce  dernier  caractère. 

Maghairodus  latidens,  Owen 

La  troisième  espèce,  dans  Tordre  chronologique,  est  le  MachaU 
rodus  latidens,  du  Pléistocène  d'Angleterre.  Boyd-Dawkins  *  a 
raconté  l'histoire  de  la  découverte,  dans  la  caverne  de  Kent's 
Hole,  par  Mac  Enery,  des  quelques  dents  signalées  ou  décrites 
par  Owen  -  sous  le  nom  de  Machairodus  latidens.  Le  Muséum 
possède  des  moulages  de  trois  de  ces  dents,*  deux  canines  et  une 
incisive  supérieures  ;  ils  ont  été  donnés  à  Blainville  par  Mac  Enery 
et  les  originaux  correspon4ants  sont  ceux  qui  ont  été  figurés  par 
Boyd-Dawkins.  Nous  pouvons  donc  les  comparer  facilement  aux 
débris  que  nous  avons  des  espèces  précédentes. 

Les  canines  de  Kent's  Hole  (fig.  8  et  9),  très  différentes  des 
canines  du  Machairodus  cultridens,  sont  à  la  fois  moins  allongées 
et  plus  élargies  ;  leurs  bords  tranchants  présentent  de  fortes 
crénelures. 

On  peut  aussi  les  distinguer  de  celles  du  M.  aphanistus,  dont 
la  longueur  est  beaucoup  plus  considérable,  mais  qui  sont  pro- 
portionnellement plus  étroites.  De  plus,  dans  le  M.  latidens,  les 
bords  tranchants  sont  plus  amincis,  les  crénelures  paraissent 
plus  fortes. 

Les  Machairodus  quaternaires  sont  très  rares.  Gervais  -^  a 
décrit  deux  dents  provenant  de  la  caverne  de  la  Baume,  dans  le 
Jura  :  ime  canine  inférieure  et  une  moitié  de  carnassière  infé- 
rieure; il  les  a  rapportées  au  M.  latidens.  M.  D'Aultdu  Mesnil  *  a 
figuré  un  morceau  de  canine  supérieure  trouvé  dans  les  graviers 
quaternaires  les  plus  infériem's  des  environs  d'Abbe ville.  Il  est 
difficile  d'afïirmer,  d'après  ce  dessin,  qu'il  s'agit  de  la  môme  espèce  ; 
mais  cela  est  probable. 

J'ai  reçu  moi-même,  d'une  grotte  fouillée  à  Montmaurin  (Haute- 
Garonne)  par  mon  ami  M.  Gartailhac,  une  canine  supérieure  dont 
la  forme  générale  est  identique  à  celle  des  canines  d'Angleterre. 

1.  Pleistocene  Mammalia,  part  IV,  p.  i85. 

2.  British  Fossil  Mammals,  1846,  p.  176. 

3.  Zool.  et  Paléont.  générales,  1,  1867,  p.  78,  pi.  XVIII,  i\^.  3  et  4. 

4.  In  La  Société,  l'école   et  le  laboratoire   d'anthropologie  de   Paris   a 
TExposition  universelle  de  1889,  p.  i5i,  ûg.  34. 


Zittel  a  signalé  la  découverte  du  .V.  latidens  en  Ligurie  ;  sî  cette 
indication  se  rappoi'te,  comme  je  le  suppose,  à  la  grotte  des  Fées, 


Fig.  S  et  g.  —  Canines  supérieures  du  Mai-hairadus  lalideiu  de  Kent's  Uole. 
A,  canine  gaucbe  vue  sur  sa  face  externe  ;  B,  canine  droite  vue  sar  sa 
face  interne  ;  gr.  nat.  Calques  des  libres  données  par  Boyd-Dawkins. 

décrite  par  MM.  Issel  et  Amerano  ',  elle  est  erronée  :  j'ai  pu 
m'assurer  de  pisu  que  la  dent  trouvée  dans  cette  grotte  et  attribuée 
d'abord  à  un  Machairodas,  a  appartenu  à  un  Cétacé. 


.  Cf.  V.ïnthropotogie, 


igOI        REVISION  DES  ESPECES  EUROPEENNES  DE  MACHAIRODUS  56l 

Machairodus  crenatidens,  Fabrini. 

Nous  devons  maintenant  nous  demander  ce  que  devient  Tespèce 
du  Pliocène  d'Auvergne  et 
d'Italie  à  grandes  canines  cré- 
nelées. Nous  avons  vu  que  la 
plupart  des  auteurs  la  dési- 
gnent sous  le  nom  de  cuit  ri- 
dens  et  appellent  meganthe- 
reon  la  petite  forme  à  dents 
lisses.  Pour  ces  paléontolo- 
gistes, le  gi*and  Machairodus 
pliocène  du  Val  d'Amo  et  de 
Perrier  appartient  à  la  même 
espèce  que  le  Machairodus 
du  Miocène  supérieur  d'Ep- 
pelsheim  et  de  Pikermi. 

D  autres  noms  lui  ont  été 
donnés  en  France  et  en  Italie. 

On  a  trouvé,  aux  environs 
du  Puy,  à  Sainzellcs,  plu- 
sieurs dents  de  Machairodus, 
Aymard  les  a  désignées  sous 
le  nom  de  M.  Sainzclli.  Ger- 
vais  *  a  figuré  une  incisive. 
Une  canine  supérieure,  trou- 
vée à  Ceyssaguet,  près  du 
Puy  (flg.  iq),  ressemble  tout 
à  fait  aux  grandes  canines  de 
Perrier  ou  du  Val  d'Anio.  Il 
semble  donc  qu'on  pourrait 
appeler  le  grand  Machairo- 
dus des  divers  gisements 
pliocènes  M,  Sainzelli,  Mais 
il  faut  convenir  que  les  indi- 
cations données  par  Aymard 
et  Gervais  pourraient  paraî- 
tre insufilsantes. 

En   1890,    M.   Fabrini  -   a 


Fig.  10.  —  Cai 
supérieure  gauch 
de  Machairodus  crc- 
naiidens,  vue  sur  la 
face  externe  ;  gr.  nat. 
Calque-  de  la  ligure 
donnée  par  M.  Fabrini. 


I.  Zoologie  et  paléontologie  françaises,  12*  édit.,  p.  u3i. 
a.  I  A/ac/iairodiw  del  Valdarno  superiope.  BoW.  delH.  Comiiato  geologico 
d'ItaUa,  XXI,  p.  lai  et  p.  161,  avec  3  pi. 


18  Février  190a.  —  T.  1". 


Bull.  Soc    Gcol.   Vv    -  36 


56a  M.  BOULE  !i  Dec. 

repris  Fétude  détaillée  des  restes  de  Machairodus  qui  se  trouvent 
au  Musée  de  Florence.  Il  a  eu  le  mérite  de  dissiper  TéquiToque 
qui  avait  régné  dans  la  science  depuis  Guvier  et  de  désigner,  sous 
son  vrai  nom  de  cultridens,'  la  forme  à  canines  étroites  et  sans 
crénelures. 

Il  a  ensuite  étudié  les  formes  à  grandes  canines  crénelées  sur 
les  deux  bords  tranchants  et  il  leur  a  donné  le  nom  de  Machai- 
rodus crenatidens.  Il  a  montré  comment  la  canine  supérieure  de 
cette  espèce  (fig.  lo),  peut  se  distinguer  de  la  dent  cultriforme  du 
M,  apAa/zis/as. Celle-ci  est  plus  droite,  moins  incurvée  ;  la  couronne 
est  beaucoup  plus  développée  que  la  racine,  ce  qui  est  le  contraire 
chez  M.  crenatidens. 

n  est  facile  de  trouver  d*autres  différences  en  comparant  les 
figures  de  Roth  et  Wagner,  ou  mieux  les  moulages  des  pièces  de 
Pikermi  que  nous  avons  au  Muséum,  avec  les  figures  de  M.  Fabrini. 
C'est  ainsi  que  la  carnassière  supérieure  du  M.  aphanistus  a  son 
lobe  antérieur,  de  forme  bifide,  relativement  très  développé,  puis- 
qu'il représente  presque  le  tiers  de  la  longueur  totale  de  la  dent, 
tandis  que  chez  M.  crenatidens^  comme  chez  les  Felis,  ce  premier 
lobe,  très  réduit,  ne  représente  environ  que  le  i/4  ou  même  le  i/5 
de  la  longueur. 

Je  donne  ici  (fig.  ii)  les  contours  au  trait  des  carnassières 
supérieures  gauches  de  divers  Machairodus,  pour  montrer  les  difle- 
rences  que  ces  dents  présentent  dans  la  forme  de  leur  premier  lobe. 
J*y  ai  joint  deux  figures  de  carnassières  de  Lion  des  cavernes,  une 
carnassière  de  lait  et  une  carnassière  d'adulte.  On  verra  que  la 
dent  de  lait  du  Lion  présente  aussi  un  lobe  bifide.  C'est  un  souvenir 
ancestral  de  l'état  par  lequel  ont  passé  un  certain  nombre  de 
Félins  primitifs  et  quelques  espèces  de  Machairodus^  moins 
évoluées  que  les  autres  à  cet  égard. 

On  peut  aussi  distinguer  le  M.  crenatidens  du  M,  latidens  ;  les 
canines  de  l'espèce  quaternaire  sont  plus  petites  et  ont  une  forme 
générale  un  peu  difiérente.  (Comparer  la  fig.  lo  avec  les  fig.  8  et  9). 

Ainsi  la  dénomination  de  crenatidens ,  bien  que  relativement  trî^s 
récente  et  s'appliquant  à  l'une  des  formes  les  plus  anciennement 
connues,  doit  être  retenue  pour  désigner  la  grande  espèce  de 
Machairodus  à  canines  crénelées  du  Val  d'Arno  en  Italie  et  de 
Perrier  en  Auvergne. 

Les  Machairodus  provenant  de   deux  localités  pliocènes  des 

environs  du  Puy,  Sainzelles  et  Ceyssaguet  *,  me  paraissent  devoir 

« 
I.  M.  BouLR.  Description  géolo^^quc  du  Velay,  p.  188  et  p.  !io5.    Bull,    du 
Serçice  de  la  Carie  géologique  de  France,  N»  a8. 


igOI        RKYISION  DES  ESPACES  EUROPEENNES  DE  MACHAIRODUS  S63 


Machairodus  palmidens.  Sansan.  Galerie 
de  Paléontologie  du  Muséum. 


Machairodus  JovurdanL  La  Grive-Saint- 
Alban.  D'après  une  ligure  de  M. 
Depéret. 


Machairodus  apkanistas  de  Pikermi, 
d'après  un  moulage  d'une  pièce  du 
Musée  de  Munich.  Galerie  de  Paléon- 
tologie du  Muséum. 


Machairodus  cultridens  de  Pcrrier.  Coll. 
Croizet  au  Muséum. 


Machairodus  crenatidens  du  Val  d'Arno. 
D'après  une  ligure  de  M.  Fabrini. 


Felis  leo  var.  spebea.  Carnassière  de 
lait.  Quaternaire  de  Châteauneuf- 
sur-Cliarente.  Coll.  Chauvet  au  Mu- 


séum. 


Felis  Leo  var.  spelœa.  Carnassière  d'a- 
dulte. Quaternaire  de  Vence.  Coll. 
Bourguignat,  au  Muséum. 


Vig.  II.  —  Profils  des  carnassières  supérieures  gauches  de  divers  Félins 
fossiles,  vues  sur  la  face  externe,  sauf  celle  du  M.  Jourdani  qui  est  vue 
sur  la  face  interne.  Grandeur  naturelle. 


FiR.  13.  —  Denis  df  Macltairodiu  crenatidena,  de  Ceyssagnet  (Haute -Loire). 
Tii-andcur  naturelle.  A,  canine  supérieure  limite  vue  par  su  fnce  interne  ; 
It,  la  mi'iiie  vue  pur  sou  lioril  postérieur  ;  C,  les  crênelures  f 
U,  'i'  prêmolnint  gauelie,  vue  [>ar  sa  fuee  externe;  E,  la  mèn 
faee  interne.  Coll.  Vinay  à  Corsae,  près  I.e  Puy. 


IgOI        REVISION  DES  BSPÈCES  EUROPÉENNES  DE 


565 


rentrer  dans  la  mâme  espace.  Cela  est  certain  pour  le  Maehai- 
rodas  de  Ceyssaguet,  dont  on  trouvera  ici  les  débris  fibres  pour 
la  première  fois.  Ces  restes  font  partie  de  la  belle  collection  de 
fossiles  recueillie  auti'efois  par  Vinay,  et  que  In  famille  de  ce 
regretté  savant  voulut  bien  mettre  à  ma  disposition  au  moment  où 
je  faisais  mes  études  sur  la  géologie  du  Velay.  Ils  consistent  en 
une  canine  supérieure  cassée  aux  deux  extrémités  et  en  une  troi- 
sième prémolaire  gauche  (Hg.  la).  La  forme  et  les  dimensions  de 
ces  dents  n'otirent  pas  de  diiTércnccs  sensibles  avec  les  dents 
analogues  du  M,  crenaiidens  d'Italie. 

En  lB8â.  M.  Aymard  m'autorisa  à  dessiner  les  dents  du  Mâchai- 
rodus  de  Sainzelles  qui  se  trouvent  aotnellement  au  musée  du  Puy. 
Je  reproduis  ici  (lig.  i3  et  i4),  la  photographie  de  ces  dessins 
exécutés  fidèlement  à  la  chambre   claire.  Us    représentent   des 


Fig.  t3.  Dents  iafÉriFuruH  de  Machairodaa  i-renalidens  de  Sainzc11i;s  (Haule- 
Loire)  ;  grandeur  naturelle.  A,  A",  i"  ou  a»  incisive  gauchi;  ;  H,  B',  3'  inci- 
■ivc  droite  ;  C,  canine.  Coll.  Aymard,  au  Musée  du  Puy. 


incisives,  une  canine  inférieure,  une  dernière  prémolaire  et  une 
carnassière  inférieures.  Toutes  ces  dents,  sauf  la  carnassière,  sont 
plus  ou  moins  ornées  de  crénelures  sur  leurs  boi'ds  trancliants. 
Elles  accusent  un  animal  notablement  plus  grand  que  le  M.  erena- 
tidens  du  Val  d'Arno  et  atteignant  presque  la  taille  du  Smilodon 
d'Amérique. 

La  carnassière  est  remarquable.  Si.  d'un  cAté,  les  circonstances 
de  sa  découverte,  l'aspect  comprimé  et  tranchant  de  sa  couronne 
doivent  la  faire  attribuer  à  un  Mackairodus  plutôt  qu'à  un  grand 
Felis,  d'un  autre  côté,  son  développement  en  longueur  est  vrai- 
ment extraoï-dinaire.  Cette  dent  mesui'c  en  effet  3^  millim.  tandis 


566 


M.    BOULE 


a  Dec. 


que  chez  le   M.   crenatidens  du  Val  d'Arno  elle  ne  parait  pas 
dépasser    3t  millim.    et  que   sur  le  magniiique  exemplaire  du 
Smilodon    du    Mu- 
A      -^  .^I^B^      ^     .^  séum,    pourtant   de 

taille  1res  considé- 
rable, elle  n'atteint 
que  39  millim. 

Les  proportions 
relatives  de  cette 
carnassière  et  de  la 
dernière  prémolaire 
qui  la  précède  sont 
d'ailleurs  sensible- 
ment les  mêmes  que 
chez  le  M.  crenati- 
dens représenté  par 
la  fi^re  5,  pi.  IV,  dn 
mémoire  de  M.  Fa- 
brini.  Il  est  donc 
probable  que  le  Ma- 
chairodua  de  Sain- 
zelles  n'est  simple- 
ment qu'un  individu 
ou  qu'une  variété 
particulièrement  ro- 
buste du  M.  crenaH- 
dens.  Il  est  curieux 
d'observer  que  le 
même  gisement  a 
fourni  la  tête  d'une 
Hyène  se  rappro- 
chant beaucoup,  par 
tous  ses  caractères 
anatomiques ,  de 
YHrœna  Perrieri , 
également  de  Per- 
rier  et  duVald'Amo, 
mais  en  dilTérant  par  ses  dimensions  relativement  énormes  *. 
On  a  signalé  plusieurs  fois  des  débris  de  Machairodas  dans  le 

I.  M.  BouLB,  Description*  de  X'Hyiena  brevirostrlt  du  Pliocène  de  Saiu- 
lelles,  près  Le  Puy  (Haute-Loire).  Ann.  des  Seienee»  nalurelle».  Zoologie, 
l.  XV,  p.  8j,  pi.  1. 


Fi^.  14.  —  Molaires  inférieures  [de  Maehairodu* 
crenalideni,  de  Sainielles  (Haule-Luire).  Gran- 
deur naturelle.  A,  A',  A",  4'  prémolaire  gauche, 
vue  par  sa  face  externe,  en  dessus  et  par  sa  face 
internr  ;  B,  B',  B",  carnassière  gauehe,  vue  par 
sa  race  externe,  en  dessus  et  par  sa  face  interne. 
Coll.  Ayinard,  au  Musée  du  Puy. 


IQOI        REVISION  DES  ESPÈCES  EUROPÉENNES  DE  MACHAIRODU8  56^ 

Forest-bed  d'Angleterre.  G*est  d'abord  un  fragment  de  canine  supé- 
rieure décrite  par  Ray-Lankester  *,  mais  non  déterminée  spécifi- 
quement. C'est,  plus  tard,  une  mandibule  décrite  par  MM.  Back- 
house  et  Lydekker  -.  Les.  savants  anglais,  égarés  par  la  synonymie 
trompeuse  qui  avait  alors  cours  dans  la  science  et  privés  de  termes 
de  comparaison,  ne  purent  arriver  à  une  détermination  précise. 
C'est  avec  raison,  selon  moi,  que  M.  Fabrini  considère  les  pièces 
troavées  dans  le  Forest-bed  comme  se  rapportant  au  M,  crenatidens. 

Machairodus  Nestianus,  Fabrini. 

Parmi  les  restes  de  Machairodus  qu'il  a  eus  à  sa  disposition, 
M.  Fabrini  a  distingué  une  mâchoire  supérieure  et  une  mâchoire 
inférieure,  d'ailleurs  assez  mal  conservées,  sous  le  nom  de  M,  Nes- 
tianus.  Ces  pièces  indiqueraient  un  animal  voisin,  comme  taille,  du 
M.  crenatidens,  mais  qui  aurait  eu  la  face  plus  allongée.  La  canine 
supérieure  ressemble  à  celle  du  M,  crenatidens,  quoiqu'elle  soit  un 
peu  moins  robuste  ;  mais  elle  en  diffère  surtout  parce  qu'elle  n'est 
crénelée  que  sur  son  bord  concave  ou  postérieur.  En  outre,  la 
mandibule  présente  un  espace  libre,  ou  diastème,  enti^e  la  troisième 
et  la  quatrième  prémolaires.  11  est  possible  que  ces  différences  soient 
accidentelles  et  n'aient  pas  une  grande  valeur.  Peut-être  avons- 
nous  à  faii*e  simplement  à  une  variation  individuelle,  un  peu 
aberrante,  du  3/.  crenatidens  ou  même,  en  ce  qui  concerne  la 
canine,  à  de  simples  différences  sexuelles. 

Il  est  bon,  à  ce  point  de  vue,  de  faire  remarquer  que  les  gise- 
ments pliocènes  de  l'Auvergne  ont  aussi  fourni  des  canines  de  la 
forme  crenatidens  y  mais  dépourvue,  comme  le  M.  Nestianus,  du 
Val  d'Amo,  de  crénelures  au  bord  antérieur  ^. 

Autres  espèces  européennes  de  Machairodus 

Afin  de  rendre  ce  travail  plus  utile  au  point  de  vue  pratique  des 
déterminations,  je  vais  compléter  l'énumération  critique  des 
diverses  espèces  de  Machairodus  rencontrées  dans  les  gisements 
européens. 

Le  plus  ancien  représentant  du  genre  a  été  signalé  dans  les 
phosphorites  du  Quercy  par  M.  H.  Filhol,  d'après  des  morceaux 

I.  Geological  Magazine,  VI,  1869,  p.  44».  P*»  XVI. 

a.  Quat.  Journ,  geolog.  Society,  \LVL,  1886,  p.  309,  pi.  X. 

3.  Bravard.  Loc,  cit.,  Ûg.  10  de  la  pi.  m. 


5$8 


M.    BOULE 


2  Dec. 


de  canines  dentelées,  qui  n'ont  pas  été  figurés.  Ces  débris  dénote- 
raient une  espèce  de  grande  taille  à  laquelle  M.  Filhol  a  donné  le 
nom  de  M,  insignis.  Nous  savons  d*aillenrs  que  les  phosphorites 
ont  livré,  non-seulement  des  Félidés  qu'on  peut  considérer  comme 

évoluant  vers  le  type  Machairodus  (^tu- 
:\  riciis,  j^lurogale)^  mais  encore  des  formes 

plus  spécialisées,  à  certains  égards  (Eusmi- 
lu8)f  que  les  Machairodus  eux-mêmes. 

A  Sansan,  on  a  découvert,  depuis  long- 
temps, un  véritable  Machairodus,  le  M. 
palmidens,  dont  un  beau  crâne  se  trouve 
dans  les  galeries  de  Paléontologie  du  Mu- 
séum. Cette  espèce,  de  la  taille  du  Guépard, 
plus  petite  par  conséquent  que  le  M.  cuU 
tridens,  a  ses  canines  supérieures  créne- 
lées, mais  relativement  peu  développées 
(fig.  i5)  ;  sa  carnassière  supérieui*e  paraît 
avoir  le  premier  lobe  bifide,  du  moins 
autant  qu'on  puisse  en  juger  dans  Tétat 
d*  usure  où  se  trouvent  les  dents  que  nous 
possédons  (Voy.  ûg.  ii). 

A  La  Grive-Saint-Alban,  M.  Filhol  *  a 
fait  connaître  quelques  dents  (une  canine 
supérieure,  une  quatrième  prémolaire  et 
une  carnassière  inférieures)  d'une  espèce 
intermédiaire,  comme  grandeur,  entre  le 
M.  cultridens  et  le  M.  aphanistus  et  qu'il 
a  appelée  Machairodus  Jourdani,  Bien 
qu'elle  soit  mutilée  à  ses  deux  extrémités» 
la  canine  accuse  une  forme  assez  particu- 
lière (fig.  i6)  :  la  couronne  est  moins  développée  et  moins  large 
que  la  racine  ;  celle-ci  est  moins  effilée,  plus  obtuse  que  dans  les 
autres  espèces  -.  M.  Filhol  a  appelé  Tattention  sur  un  caractère 
intéressant  de  la  dernière  prémolaire,  dont  le  lobe  antérieur,  \e 

I.  Archives  da  Muséum  de  Lyorif  IH,  1881,  p.  56,  pi.  IV,  fig.  3  à  5. 

a,  La  fi^re  de  cette  dent,  donnée  par  M.  Filhol,  ne  montre  pas  de  créne- 
lures.  M.  Chantre  a  eu  la  bonté  d'examiner  pour  moi  la  pièce  originale.  Il 
m'a  écrit  qu'elle  a  des  crcnêlures  sur  le  bord  antérieur  ou  convexe  ;  ces 
crénelurcs,  étnnt  très  fines,  étaient  passées  inaperçues.  Pourtant,  quand  on 
est  prévenu,  on  peut  les  reconnaître  même  sur  le  moulage  de  cette  pièce 
que  nous  avons  au  Muséum. 


Fig.  16,  —  Canine  supé- 
rieure de  Machniro- 
dus  palmidens;  San- 
san.  Gr.  nat.  D'après 
deux  échantillons  de 
la  galerie  de  Paléon- 
tologie du  Muséum. 


19»!        REVISION  DES  ESPÈCES  EUROPÉENNES  DE  M.\CIIAIRODUS  669 

lobe  postérieur  et  le  talon  sont  à  peu  près  également  développtïs  ; 
cette  disposition  donne  à  la  dent 
une  forme  assez  particulière,  qui 
se  trouve  également  dans  le  Ma- 
chairodus  de  Sansan  ( Voy.  iîg.  1 7). 
Le  Hyseniclis  germanica  de 
Steinheîm,  décrit  par  Fraas  ', 
paraît  devoir  se  rapporter  à  la 
même  espèce. 

Le  Miocène  supérieur  d'Eppcls- 
heim,  de  Pikermi,  de  Maraglia 
renferme  beaucoup  de  restes  de 
Felis  qui  ont  fait  l'objet  de  descrip- 
tions assez  diffuses.' 

Kaup  '  avait  décrit  sous  le  nom 
de  Felia  ogj-gia,  un  iporceau  de 
mandibule  remarquable  par  le 
développement  relativement  consi- 
dérable du  diastt'me  séparant  la 
canine  de  la  troisième  prémolaire 
et  destiné  à  livrer  passage  à  la 
canine  supérieure.  Kittl  ^  a  trouvé 
à  Maragha  une  forme  voisine  qu'il 
a  appelée  Machairodas  orientalh 
et  "Weithofer  *  a  donné  le  nom  de 
Machairodas  Schlosseri  à  des 
pièces  de  taille  un  peu  plus  forte 
provenant  de  Pikermi.  /ittel  ' 
admet  que  toutes  ces  espèces  n'en 
forment  qu'une,  qu'il  appelle  Ma- 
chairodas ogj-gias,  et  M,  Schlos- 
ser  '  ne  paraît  pas  éloigné  de  pai-- 
tager  la  même  opinion. 

Pour  ma  part,  je  serais  tenté 
d'aller  plus  loin.  Les  raisons  qui 
ont  poussé  MM.  Weithofer  et 
Schlosser  H  rapporter  ces  divei-s  nior 

I.   Wart.  Jahreab.,  i885.  p.  :ii.),  pi.  [V. 

a.  Loc.  cil. 

3,  Ann.  Ho/mas.   Wim,  1887,  p.  Sag,  pi.  XIV  et  XV. 

V  Beitr.  Pal.  Oeêt.-Ung,.  i«8«,  p,  aîî,  pi.  XI.  lijr.  1  i 

&.  Traité  de  pàléoDtologie,  p.  67g. 

S.  Die  Affen...,  p.  44a. 


Macliairodai  Jountani 
(■rue  Saint  Vlbnii  GrHiid 
iiQlur  DaprcK  In  li^  dnnnir 
pnr  M  Filtiol  it  1111  imml  igt 
du  Muse.   .1.  l\mi 

■aux  au  genre  Machairodas 


5'jo 


M.    BOULE 


a  Dec. 


ne  me  paraissent  pas  convaincantes.  Le  diastème  est  loin  d'être 
aussi  étendu  que  chez  les  véritables  Machairodas  ;  la  canine  infé- 
rieure est  aussi  développée  que  chez  beaucoup  de  Felis  actuels  de 
même  taille  ;  les  molaires  n'ont  pas  Taspect  comprimé  et  tranchant 


Machairodas  palmidertSf  de  San- 
San.  Galerie  de  Paléontologie 
du  Muséum. 


MachairoduB  Jourdaniy  de  La 
Grive-Saint-Alban.  D'après  un 
moulage  d*une  pièce  du  Musée 
de  Lyon..Coll.  de  Paléontologie 
du  Muséum. 


Machairodttê  aphaniêtu8,de  Piker- 
mi.  D*après  un  moulage  d'une 
pièce  du  Musée  de  Munich. 
Coll.  de  Paléontologie  du  Mu- 


séum. 


Machairodas  cuUridens^  de  Per- 
rier.  Coll.  Croizet  à  la  galerie 
de  Paléontologie  du  Muséum. 


Machairodas  crenatidens,  du  Val 
(PArno.  D'après  une  figure  de 
M.  Fabrini. 


Fig.  17.  —  Dernière  prémolaire  et  carnassière  inférieures  gauches  de  diverses 

espèces  de  Machairodas.  Grandeur  naturelle. 


des  molaires  de  Machairodas,  elles  sont  épaisses  comme  dans  les 
Felis.,  Enfin,  la  mandibule  a  son  bord  inférieur  droit  et  ne  présente 
aucune  trace  de  l'expansion  ou  saillie  verticale  si  caractéristique 
des  Machairodas, 


.^.n  liKS  ESPACES  EUROPEENNES  DE  MACHAIRODUS         5^1 

Les  FeUs  oa  Maehairoduspriscus^  Kaap,  antedilmnanus,  Kaap, 
leiodont  Weith.,  d'Eppelsheim  ou  de  Pikermi,  reposent  sur  des 
documents  trop  incomplets  pour  qu'on  puisse  les  prendre  en  consi- 
dération. 

Le  Machairodas  maritimus  de  Christol  ^  n'a  jamais  été  décrit 
ni  figuré  ;  il  n*y  a  pas  lieu  d*en  tenir  compte,  an  moins  pour  le 
moment 

RÉSUMÉ  ET  TABLEAU   SYNOPTIQUE 

n  ne  me  reste  plus  qu*à  résumer  les  détails  qui  précèdent  en  un 
tableau  synoptique  présentant  les  caractères  différentiels  des 
espèces  de  Machairodus  qui  sont  bien  établies.  Ce  tableau  per- 
mettra d'arriver  à  leur  détermination  avec  la  plus  grande  facilité. 


MACHAraoDUs  : 

Félidés  caracté- 
risés parleurs 
canines  supé- 
rieures culuri- 
formeSyla  réduc- 
tion^en  nombre 
et  en  grandeur, 
de  leurs  prémo-  \ 
laires,  raspect 
aminci,  tran- 
chantyde  toutes 
leurs  dents, 
dont  les  bords 
coupants  sont 
ornes  ou  non 
de  crénelures. 


A.     Ajii- 

maux 

d'une 

taille 

voisine 

de  celle 

de   la 
Panthère. 


Canines  sans  crénelures  ;  lobe  anté- 
rieur de  la  carnassière  supérieure 
à  une  seule  pointe:  4*  prémolaire 
inférieure  à  trois  lobes M.  cultaidbns. 

Janines  créne- 1  Canines  relative- 

lées;  carnassiè-\  ™^"**  petites.  .  M.rxLMiDBNS. 

.lobessub?gaux.     !l^PPt!f'*^''''' 
®  couronne    .   .   . 


B.     Ani- 
maux 
de  la 

taille  du 
Lion. 


/ 


Canines  créne- 
lées sur  les  deux 
bords  tran- 
chants. 


M.  JOURDANI. 


A  couronne  plus 
développée  que 
la  racine;  lobe 
antérieur  de  la 
carnassière  bi- 
fide      M.  APHANISTUS. 

A  couronne  plus 
recourbée  que 
dans  la  forme 
précédente,  lobe 
antérieur  de  la 
carnassière  su- 
périeure à  une 
seule  pointe.   .  M.  grbnatidkns. 

Canines    plus 

courtes  que  les 

précédentes  ; 

crénelures  plus 

«  accentuées.   .   .  M.  latidbns. 


Canines  crénelées  sur  le  bord  pos- 
térieur seulement ..M.  Nestianus. 


I.  B.  S.  G.  F,,  1849,  p.  170. 


572  M.    BOULE  2  Dec. 

Au  point  de  vue  stratigraphique,  les  espèces  dont  j*ai  parlé  se 
répartissent  ainsi  : 

Quaternaire  :  M.  latideris. 

Pliocène  :  AI,  cultridens,  M,  crenaiidens.  M,  Nestianus, 
Miocène  supérieur  :  M,  aphanistus^  et  (?)  AI.  ogygius. 
Miocène  moyen  :  Al,  palmidens,  AI.  Jourdani, 
Oligocène  :  Af,  insignis  (?). 

J'aurais  voulu  dresser,  pour  le  genre  Afachairodus,  un  tableau 
montrant  les  affinités  des  diverses  espèces  dans  l'espace  et  dans 
le  temps,  c'est-à-dire  un  tableau  analogue  à  celui  que  M.  Albert 
Gaudry  et  moi  avons  donné  pour  les  Ours  et  les  Hyènes  *,  mai» 
les  essais  auxquels  je  me  suis  livré  sont  trop  peu  satisfaisants  pour 
que  je  les  reproduise  ici. 

Pourtant  ils  m'ont  permis  de  faire  quelques  remarques  inté- 
ressantes. 

Les  premiers  Machairodus  sont  moins  spécialisés  que  les 
deraiers,  ce  qui  est  conforme  aux  lois  de  l'évolution.  Les 
Alachairodus  du  Miocène  moyen  ont  leurs  canines  relativement 
petites,  leurs  carnassières  supérieures  présentent  un  premier  lobe 
bifide  ;  leurs  dernières  prémolaires  inférieures  ont  un  aspect 
particulier  dû  au  développement  du  talon,  qui  acquiert  presque 
la  valeur  d'un  quatrième  denticule. 

Dans  le  AI,  aphanistus,  du  Miocène  supérieur,  la  canine  a  pris 
un  développement  considérable  ;  la  dernière  prémolaire  inférieure 
a  réduit  son  quatrième  lobe  à  Tétat  de  talon  pour  prendre  l'aspect 
d'une  dent  de  Felis  actuel,  mais  la  carnassière  supérieure  a  con- 
servé son  premier  lobe  bifide. 

Le  M.  neogœuSy  ou  Smilodon,  d'Amérique,  a  gardé  un  souvenir 
de  cet  état  de  choses,  car  sa  carnassière  supérieure  ressemble 
beaucoup  à  celle  du  Af.  aphanistus  et  peut-être  la  forme  améri- 
caine descend-elle,  plus  ou  moins  directement,  de  la  forme  du 
Miocène  supérieur  européen.  Le  Smilodon  est  d'ailleurs,  à  d'autres 
égards,  le  type  le  plus  spécialisé,  le  plus  achevé,  du  genre  Alachat- 
7'odus, 

Au  Pliocène,  les  Alachairodus  de  nos  pays  ont  perdu  les  traits 
particuliers  qui  distinguaient  la  carnassière  supérieure  et  la 
dernière  prémolaire  inférieure  de  leurs  prédécesseurs.  Ces  dents 
sont  maintenant  établies  tout  à  fait  sur  le  plan  de  celles  des  Felis 
actuels  ;  mais  il  n'est  pas  douteux  que  ces  espèces  ont  passé  par 

1.  Matériaux  pour  Vhlstoire  des  temps  quaternaires,  fascic.  4»  18^. 


igOI        REVISION  DES  ESPÈCES  EUROPÉENNES  DE  MACHAIRODUS  5^3 

Fétat  antérieur*  puisque,  aussi  bien  chez  les  Machairodus  que  chez 
les  FeUs  actuels,  la  dentition  de  lait  rappelle  et  reproduit  cet  état 
antérieur. 

Le  M,  cultridens  du  Pliocène  est  une  forme  remarquable  par 
Fabsence  de  crénelures  ;  nous  ne  lui  connaissons  ni  ascendants,  ni 
descendants  directs. 

Le  M,  crenatidens  et  le  M.  latidens  paraissent  être  bien  voisins  ; 
le  second  pourrait  bien  n'être  qu'un  descendant  diminué  du  premier. 
Les  canines  se  ressemblent  beaucoup  dans  les  deux  espèces,  mais 
nous  ne  connaissons  le  M,  latidens  que  très  imparfaitement  ;  il 
serait  imprudent,  en  ce  moment,  d'aller  plus  loin  dans  cette  voie 
des  rapprochements. 


LE    CÉJNOMANIEN 
DES    ENVIRONS    DE    TOULON 

ET  SES  ÉCHINIDES 
par  M.    A.    MICHALET. 


Les  couches  cénomaniennes  que  Ton  rencontre  sur  divers  points 
des  environs  de  Toulon  font  toutes  partie  du  grand  bassin  crétacé 
au  centre  duquel  se  trouve  le  Sénonien  du  Beausset,  de  la  Cadière 
et  du  Castellet,  que  i*ecouvrent,  par  places,  le  Danien  saumâtre  à 
Melanopsis  et  Cy rênes  et  des  couches  de  Trias  dont  Tapparition, 
au  sein  de  ce  Crétacé  supérieur,  donne  lieu  à  des  discussions  aussi 
ardues  que  savantes. 

Le  bassin  crétacé  du  Beausset  est  formé  de  vastes  demi-cercles 
à  peu  près  concentriques.  Ceux  qui  décrivent  la  plus  grande 
courbe,  et  représentent  la  craie  la  plus  inférieure,  se  dégagent,  au 
nord  de  Cassis,  des  masses  crétacées  de  même  niveau  qui  occu- 
pent tant  de  place  au  sud-est  du  département  des  Bouches- du- 
Rhône.  Ils  viennent,  par  Cuges,  le  sud  de  Signes  et  le  nord  du 
Revest,  former,  à  l'est  de  Toulon,  le  sommet  de  Coudon,  repren- 
nent la  courbe  par  les  hauteurs  du  Faron,  de  Beaumont,  du  cap 
Gros,  la  terminent  par  celles  du  Grand  et  du  Petit  Cerveau  et 
disparaissent  vers  le  nord  de  Bandol. 

Presque  tous  les  autres  étages  crétacés,  moyens  et  supérieurs, 
forment  en  dedans  de  cette  première  courbe,  d'autres  demi-cercles 
analogues. 

Le  bassin  crétacé  du  Beausset  est  bien  connu  des  géologues.  Il  a 
été  Tobjet  de  travaux  importants,  et,  surtout,  d'une  description 
détaillée,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  géologique  de  France, 
par  M.  A.  Toucas. 

Seulement,  tous  les  points  d*un  aussi  vaste  ensemble,  n  ont  pu 
être  observés,  chacun,  avec  la  même  précision. 

L'intérêt  des  recherches  s'est  concentré  sur  quelques-uns  d'entre 
eux,  d'un  accès  plus  facile,  ou  bien  où  les  investigations  et  les 
discussions  scientifiques  pouvaient  aboutir  à  des  conclusions  de 
plus  grande  portée. 

En  tête  de  ces  derniers,  il  faut  placer  le  Crétacé  supérieur  qui. 


LE  CENOMANIEN  DES  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ECUINIDES      5^5 

avec  ses  successions  de  niveaux  à  Hippurites  et,  plus  encore,  ses 
superpositions  de  Trias,  a  attiré  depuis  longtemps  les  préférences 
des  géologues.  La  Société  géologique  de  France  a  tenu,  en  1891, 
une  de  ses  sessions  extraordinaires  en  Provence,  au  cours  de 
laquelle  M.  Marcel  Bertrand  a  cherché  à  faire  accepter  par  tous, 
sur  place  et  en  présence  même  des  faits  géologiques  à  expliquer, 
ses  théories  sur  le  recouvrement  par  le  Trias  des  couches  crétîicées 
du  Beausset. 

Je  ne  viens  pas  me  mêler  aux  débats  qu  ont  soulevés  ces  théories. 
L'objet  de  ce  travail  est  plus  modeste.  Tout  en  continuant  à  m'oc- 
cuper  de  la  faune  échini tique  des  environs  de  Toulon,  dont  j'ai 
étudié  les  espèces  bathoniennes  dans  ime  premièi'C  note  *,  je  viens, 
à  propos  des  espèces  cénomaniennes  de  cette  même  région,  parler 
de  quelques  points  des  couches  cénomaniennes  du  bassin  crétacé  du 
Beausset,  jusqu'ici  un  peu  délaissées  par  les  travaux  précédents. 

La  première  partie  de  ce  travail,  de  beaucoup  la  principale,  a 
trait  surtout  à  un  ou  deux  petits  lambeaux  cénomaniens,  égarés  et 
comme  perdus  au  milieu  de  TUrgonien,  et  qui  m'ont  offert  cepen- 
dant, bien  des  espèces  non  encore  signalées  dans  les  couches  du 
bassin,  en  premier  lieu  plusieurs  espèces  spéciales  jusqu'à  présent 
à  la  faune  de  l'Algérie . 

Les  couches  cénomaniennes  des  alentours  du  Revest  sont  presque 
tout  l'objet  de  cette  étude.  Je  dirai  aussi  quelques  mots  des  couches 
de  même  horizon  du  Val  d'Aren. 

I.  —  Couches  cénomaniennes  du  Revest 

Dans  son  mémoire  sur  les  terrains  crétacés  des  environs  du 
Beausset  -,  M.  A.  Toucas  a  décrit  avec  beaucoup  de  détails,  les 
couches  cénomaniennes  du  bassin  crétacé,  d'abord  à  leur  première 
apparition  à  l'ouest  du  bassin,  à  Cassis,  où  elles  constituent  le  banc 
dit  des  Lombards,  puis  un  peu  plus  loin,  toujours  à  l'ouest,  dans 
les  environs  de  la.Bedoule,  enfin  au  nord  et  au  nord-est  de  leur 
pourtour,  dans  les  localités  de  la  Dalmasse,  de  la  Barralière  et  de 
Turben. 

Il  y  a  distingué  trois  niveaux,  les  deux  premiers,  en  allant  de 
bas  en  haut,  répartis  chacun  en  trois  assises,  le  dernier  n'en 
formant  qu'une  seule. 

Le  niveau  le  plus  inférieur  de  M.  A.  Toucas  représente  la  Craie 

I.  B.  S,  G.  F.,  (3),  XXIU,  p.  5o. 

a.  Mémoires  de  la  Société  Géologique  de  France,  2*  partie,  t.  IX. 


576 


A.    MICHALET 


a  Dec. 


inférieure  de  Rouen,  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  le  Rhoto- 
magien. 

La  faune  échinitique  qu'il  y  catalogue  se  compose  dans  l'assise 
la  plus  profonde,  celle  du  banc  des  Lombards,  seulement  de 
quatre  espèces  : 


Holaster  subglohosus  Agassiz. 
Hemiasier  bufo  Desor. 


Diacoldea  cylindrica  Agassiz. 
—      subucuius  Klein. 


dans  l'assise  intermédiaire,  très  riche  en  Echinides,  de  : 


Holaster  suborbicularis  Agassiz. 

—  bicarinatus  Agassiz. 

—  carinatus  Agassiz. 
Hemiasier  bufo  Desor. 

—  sp.  nov. 

Pygaulus  Toucasi  d'Orbigny  (celte 

espèce  avec  doute). 
Caratomus  trigonopygùs  Desor. 
Caiopygus  carinatus  Agassiz. 
Oolopygus  Bargesi  d'Orbigny. 


Pyrina. 

Echinoconus  Rhotomagensis  d'Orb. 

—  Bargesi  d'Orbigny. 

Discoldea  subucuius  Klein. 

—        ForgemoUi  Coquand. 
Holectypus  crassus  Cotteau. 
Cidaris  gibberula  Agassiz. 

—  Sorigneti  Desor. 

—  çesiculosa  Goldtuss. 
Glyphocyphus  radiatus  Desor. 


enfin  dans  la  plus  haute  assise  de  : 

Hemiaster  sp.  noy.  .  Pj^gastertruncatus  Agassiz. 

Pyrina,  Orthopsis  granularis  Cotteaa(cette 

Codiopsis  doma  AgBLSsiz,  espèce  avec  doute). 

A northopygus  orbicularis  Cotteau.  Goniopjrgus  Menardi  Agassiz. 

Le  Cénomanien  moyen  et  le  Génomanien  supérieur  de  M.  A. 
Toucas,  correspondent  au  CSarentonien. 

La  liste  des  Echinides  n'y  comprend,  pour  le  Cénomanien  moyen, 
qu'un  Hemiaster  indéterminé  comme  espèce,  et  Pygaulus  sub- 
œqualis  Agassiz,  et  pour  le  Cénomanien  supérieur  que  : 

Hederodiadema  Z^fticum  Cotteau.      Hemiaster  Toucasi  d'Orbigny. 
Hemiaster  Orbignyi  Desor.  Pseudodiadema  variolare,  variété 

Roissyi  Cotteau. 

Cette  faune  échinitique,  déjà  fort  belle,  a  été  enrichie  encore, 
pour  les  couches  de  Cassis  et  de  la  Bedoule,  par  les  recherches  de 
M.  V.  Gauthier  qui,  dans  une  courte  mais  précieuse  note  sur  les 
Echinides  du  département  des  Bouches-du-Rhône^  publiée  en 
1880  (A.  F.  A.  S.  Congrès  de  Reims),  mentionne,  comme  recueil- 
lies dans  ces  localités,  les  esi)èces  suivantes  que  j  ai  moi-même 
récoltées  presque  toutes  aux  gisements  indiqués  : 


HjOl       CÉNOMANIEX  DES  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ÉCIIINIDES       677 


Ciduris  Dixoni  Cotteau.  —  la  Bc- 

doolc. 
Peltastes  acanthoides  Agassiz.  — 

la  Bedoule,  Cassis. 
Glxphocj'pluis  intermedlus  CoUeau 

—  la  Bedoule. 
Orthopsis  miliaris  CoUeau.  —  la 

Bedoule. 
Goniopygus  major  Agassiz.  —  la 

Bedoule. 
Cotialdia  Benettiœ  CoUeau.  —  la 

Bedoule. 
Echinoconus  castanea  d'Orhigny. 

—  la  Bedoule. 
—        sp.  nov.  —  la  Bedoule. 
Pj'Hna  alacina    Cotteau.   —    la 
Bedoule. 

—       sp.  nov.  —  la  Bedoule. 


Pyrina  Bargesana  d'Orbigoy.  — 

la  Bedoule. 
CatopjgUH  columbarius  d'Archiac. 

—  la  Bedoule. 
Pygaulus  macropj'giis  Desor. —  la 

Bedoule,  Cassis. 
Epiaster  distinctus  d'Orbigny.  — 
la  Bedoule,  Cassis. 

—  crassissimus  d'Orbigny. 

—  Cassis. 

—  Fi7/e?«Coquand.— Cassis. 
Uerîiiaster  similis   d'Orbigny.  — 

Roquefort,  près  la  Bedoule. 
Holasler    Toucasi    Coquand.     — 
Cassis. 
—        sp.  nov.  —  Cassis. 
Cardiaster  sp.  nov.  —  Cassis. 


A  très  peu  d'exceptions  près,  provenant  sans  doute  surtout  de 

différences  d'appréciation  des  caractères  spéciliques  à  retrouver 

sur  des  échantillons  de  plus  ou  moins  bonne  conservation,  M.  V. 

Gauthier  cite,  aussi,  dans  sa  liste  des  Kchinides  cénomaniens  des 

Bouches-du-Uhône,  les  espèces  énuniérées  déjà  par  M.  A.  Toucas. 

Mais  ni  M.  V.  Gauthier  ni  moi,  n'avons  pas  toujours  récolté  ces 

<iemières  dans  la  même  assise  ou  les  a  rencontrées  M.  A.  Toucas, 

bien  que  toujours  au  même  niveau  Rhotomagien  ou  Carentonien. 

Je  renvoie  au  mémoire  de  M.  A.  Toucas  pour  toutes  les  autres 

espèces  qui,   en  dehors  des  Echinides,  composent  la  faune  des 

couches  cénomaniennes  depuis  Cassis  jusqu'à  Turben. 

J'ajouterai  seulement  aux  listes  de  M.  A.  Toucas  trois  espèces 
cjue  j'ai  recueillies  et  qui  n'y  figurent  pas  :  * 

Mitra  cancellata  «rOrbigny,  dont  j'ai  Irouvé  trois  bons  échantillons  au 
banc  des  LonibardS;  La  présence,  déjà  à  ce  niveau,  de  celte 
espèce  est  intéressante  parce  qu'on  la  retrouve  dans  le  Morna- 
sicn  de  Saint-C^yr-de-lVovcnce,  non  loin  de  là. 

Lithodomus  carentonensis  d'Orbigny.  —  La  Bedoule,  seconde  assise 
du  Cénomanien  intérieur  de  M.  Toucas. 

Janira  cometa  d'Orbigny.  —  Un  seul  mais  très  bon  et  incontestable 
exemplaire  d'une  espèce  non  encore  signalée,  non  seulement 
dans  le  Cénomanien  du  bassin  du  Beaussct,  mais,  je  crois,  en 
Provence.  Il  provient  du  Carentonien  de  la  Bedoule. 

I.  Les  exemplaires  de  ces  trois  espèces,  coinuie  ceux  de  toutes  les  autres 
que  je  citerai  du  Revest  ou  du  VaJ  d'Areu,  ont  été  examinés  par  M.  Peron.  Je 


xà  Février  1903.  —  T.  i*"". 


Bull.  Soc.  Géol.  Fr/  —  3; 


5^8  A.  MicHALET  a  Déc. 

A  partir  de  la  description  du  gisement  de  Turben  jusqu'au  Val 
d'Aren,  le  mémoire  de  M.  A.  Toucas  s*en  tient  à  des  généralités 
quand  il  parle  du  Cénomanien  du  bassin  crétacé  du  Beausset. 

Elles  se  résument  à  dire  que  les  couches  cénomaniennes  tournent 
de  Turben  au  Val  d*Aren  par  les  Pigeourets,  Orvès,  le  Revest, 
Cimaï  et  Sainte-Anne  d'Ëvenos,  —  que  des  grès  très  friables  et 
sans  fossiles,  doivent  à  Orvès,  comme  plus  au  nord  dans  le  pour- 
tour, représenter  le  Cénomanien  inférieur  et  qu*ils  sont  surmontés 
par  un  calcaire  gris  compact,  avec  traces  de  Requienia,  qui  consti- 
tuerait rassise  inférieuie  du  Cénomanien  moyen,  de  M.  A.  Toucas, 
—  qu'on  retrouve  au  Revest,  le  gisement  des  Ostrea  biauriculata, 
Jlabellata,  columba^  et,  très  probablement  aussi,  le  Cénomanien 
supérieur. 

Il  est  vrai,  qu^un  an  après  la  publication  de  son  mémoii^e,  c*est- 
à-dire  en  1874»  M.  A.  Toucas  a  donné  une  coupe  de  la  Caoume,  où 
il  analyse  de  cette  façon  le  Cénomanien  du  Revest,  en  allant  de 
bas  en  haut  : 

Deux  bancs  de  calcaii*e  marneux  contenant,  Tinférieur  :  Ostrea 
flabellaia  et,  le  supérieur  :  Ostrea  columba  et  Heniiaster  ToucasL 

Au-dessus,  deux  auti*es  bancs  de  calcaii*e  compact,  Tinférieur  à 
Caprina  adversa  d*Orb.,  le  supérieur  à  SphœruUtes^  ces  quatre 
bancs  formant  une  épaissem*  de  65  mèti'cs. 

En  1876,  dans  une  note  insérée  au  Bulletin  de  la  Société  géolo- 
gique ^  M.  A.  Toucas  a  apporté  un  changement  important  aux 
divisions  des  couches  cénomaniennes  de  son  mémoire.  Il  a  réuni 
les  couches  à  Ostracces,  aux  couches  à  Jleterodiadema  lib^cum^ 
n'admettant  plus,  dans  le  Cénomanien,  que  les  deux  grandes 
divisions  de  Cénomanien  supérieur  et  Cénomanien  inférieur.  Il  a, 
ensuite,  entre  autres  modifications  secondaii*es,  sacrifié,  à  Turben, 
son  Cénomanien  inférieur,  et  reconnu  que  les  couches  à  Ostracées 
y  reposaient  directement  sur  l'Uigonien,  teinté  sur  la  carte  jointe 
à  son  mémoire  en  Gault  problématique  et  en  Cénomanien  infé- 
rieur. £n  ce  qui  regarde  notre  étude  spéciale  des  Echinides,  M.  A. 
Toucas  a  remplacé  aussi,  à  ce  moment,  dans  son  Cénomanien 
supérieur,  composé  des  deux  couches  à  Ostracées  et  à  Heterodia- 
dema  libycum^  l'espèce  de  son  mémoii*e  :  Pseudodiadema  çario- 
lare,  variété  Roissyi,  par  deux  autres  espèces  :  Pseadodiadema 
Roissyi  Cotteau,  P.  Marticense  Cotteau. 

tiens  à  le  déclarer  pour  donner  à  mes  déterminations  rautorité  de  ce  savant 
paléontologiste,  et  aussi  pour  lui  offrir  publiquement  Texpression  de  ma 
vive  gratitude. 

I.  B.  S.  G.  F.,  (3),  IV,  p.  309  (6  mars  1876). 


I^t  ..   GÉNOMAN1EN  DES  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ÉCHINIDBS       5jg 

Enfin,  €91  i8giy  justifiant  sa  coupe  de  Caoume,  publiée  en  i874« 
et  que  M.  M.  Bei*trand  trouvait  incomplète,  il  redonne  les  mêmes 
divisions  de  sa  coupe,  en  ce  qui  concerne  le  Cénomanien,  mais 
en  ajoutant  ïHemiaster  Orbignyi  aux  espèces  du  plus  haut  banc 
marneux,  et  en  remplaçant,  dans  le  plus  liaut  calcaii*e  compact 
supérieur,  le  genre  JSphœrulites,  indiqué  en  1874  s^i^  espèce,  par 
le  RadioUies  Sharpei  Bayle. 

Cette  même  année,  et  au  moment  de  la  réunion  de  la  Société 
Géologique  en  Provence,  dans  le  compte-rendu  de  la  course  à 
Turben,  M.  M.  Bertrand,  après  avoir,  je  crois  à  tort,  mentionné, 
dans  le  Çénomanien  de  la  Barralière,  YOsirea  Tisnei  Coq.,  espèce 
sénonienne  qu'on  trouve  avec  les  Hippurites  mais  à  laquelle 
peuvent  ressembler  cei'tains  exemplaii^es  iïOstrea  flabellata, 
remarquait  qu'on  y  a  rencontré  aussi  plusieurs  fragments  de  Cera- 
tUes  Vibrayei  et  VUemiaster  Orbignyi.  Parlant  ensuite  de  l'allure 
et  de  la  physionomie  générales  des  couches  cénomaniennes  dans 
le  bassin  du  Beausset,  il  ajoutait  que  sur  le,  boi*d  septentrional  du 
bassin,  au  Revest,  TUi^onien  n'était  séparé  du  Turonien  que  par 
un  Çénomanien  à  faciès  littoral  (Ostracées  et  couches  sauûiâtres), 
avec  un  mince  lit  de  bauxile  à  sa  base,  tandis  que  le  bord  méri- 
dional ofire  encore  la  série  complète  de  TAptien  mai*neux  et  du 
Çénomanien  à  silex. 

Voilà,  à  ma  connaissance,  tout  ce  quia  été  dit  sur  le  Çénomanien 
du  llevest. 

Il  me  i*este  à  indiquer  la  rencontre  faite,  à  mes  côtés,  par  notre 
confrère,  M.  Curet,  dans  les  bancs  à  Osti*acées  de  Turben,  c*est-à- 
dire  dans  le  Çénomanien  supérieur,  de  deux  espèces  d'Echinides 
spéciales,  jusqu'à  cette  partie  du  pourtour  du  bassin,  au  Çéno- 
manien inierieur  :  Hemiasier  bujo  et  PeUasies  acanihoïdes. 

Jusqu'à  l'endroit  appelé  «  Lei  Mouar  »,  les  Morts,  c'est-à-dire  le 
point  culminant  qu'atteint  le  chemin  d'Orvés  au  Revest,  et  où  se 
tniuve  la  séparation  des  deux  régions  d'Orvés  et  du  Revest,  je  n'ai 
pour  ainsi  dire  pas  à  modiiier  ce  que  je  viens  de  rappeler.  Il  y  a 
seulement  à  observer  que  l'ensemble  des  couches  cénomaniennes 
qui,  derrière  les  deux  bergeries  d'Orvés,  situées  au  nord  de  la 
terme  du  même  nom,  présente  à  peu  de  chose  près,  je  ne  dirai  pas 
la  richesse  de  faune  de  Turben,  mais  la  physionomie  générale  du 
célèbre  gisement,  va  en  se  rétrécissant  et  en  s'abaissant  sensible- 
ment jusqu'au  dessous  du  point  «  les  Morts  »  situé  dans  le  Ligérien. 

On  vient  de  faire  dans  la  région  d'Orvés,  comme  dans  celle  du 
Revest,  des  sondages  de  bauxite,  à  la  renconti*e  de  l'Urgonien  et 
du  Çénomanien.  Celui  qu'on  a  pratiqué  le  plus  près  de  Turben  se 


58o  A.    MIGHALET  a  DéC. 

trouve  précisément  derrière  les  bei'geries  d'Orvés  dont  je  viens  de 
parler.  Or  c'est  comme  d'un  sommet  qu'on  voit  de  là  on  autre 
sondage,  où  la  bauxite  a  été  un  peu  plus  abondante  et  qu'on  a 
creusé  au  Jas  de  Glotet,  en  face  la  Font-^e-Martin  située  an  sud,  au 
commencement  des  liauteurs  ligériennes. 

Le  Gardonien  paraît  être  plus  épais  qu'à  Turben,  à  partir  des 
environs  du  premier  sondage,  et  au  second,  au  Jas  de  Clotet,  on  a 
trouvé  dans  le  Gardonnien,  du  lignite  de  l'épaisseur  d'un  mètre. 

Au-dessus  de  la  couche  à  Ostrea  qui  surmonte  le  premier 
sondage,  une  assise  à  Gapnnes  d'une  grande  épaisseur,  s'étend 
jusqu'au  Ligérien,  mais  elle  s'amincit  beaucoup  et  s'abaisse  comme 
les  auti*es  en  se  dirigeant  vei's  les  Morts. 

Là,  et  près  de  roclies  urgoniennes,  toutes  rougies  parla  bauxite, 
au  pied  desquelles  on  n'a  cependant  pas  fait  de  fouilles,  une  grande 
faille  soulève  le  Génomanien  et  fait  déborder  le  Ligérien,  étranglé 
lui  aussi  aux  Mofts,  jusque  sur  l'Urgonien. 

Le  Ligérien  possède  presque  à  l'endroit  précis  où  il  couvre  l'Urgo- 
nien un  beau  gisement  d'Oursins,  de  Gastropodes,  d'Arches,  etc. 

Au  point  culminant  des  Morts,  le  Ligérien  occupe  donc  seul  le 
sommet  avec  TUrgonien.  11  tourne  rapidement  de  là  vers  le  sud- 
ouest  et  laisse  la  place  à  l'Urgonien  qui,  excepté  dans  ce  dernier 
sens,  étale,  à  partir  des  Morts,  des  masses  considérables.  Elles 
profilent,  au  nord-est,  Jes  arètes  de  Fieraquet,  de  Carène  et  mille 
autres  au-dessous  desquelles  elles  s'étendent  en  coteaux  innom- 
'  'brables,  en  face  des  01ivièi*es  et  de  Tourris,  et  remontent  ensuite 
plus  à  l'est  encore,  pour  former  la  hauteur  du  Coudon. 

De  la  crôte  ou  baiTC  de  Fieraquet,  conmne  on  l'appelle  dans  le 
pays,  l'Urgonien  descend  au  sud  jusqu'à  la  source  de  Dardennes. 
Au  milieu  de  ce  trajet,  il  a  un  ressaut  très  marqué,  puis  deux  autres 
plis  ou  failles  moins  im]>oi'tants  l'amènent  assez  près  des  carrières 
ouvertes  au  pied  des  sables  blancs  ligériens  qui  s'élèvent  presque 
perpendiculairement  au  nord-ouest  du  Revest  et  près  du  village. 

.Une  notable  partie  de  cette  vaste  surface  urgonienne  est  teintée 
en  Génomanien  dans  la  carte  de  M.  A.  Toucas.  Mais  la  carte  géo- 
logique de  Toulon,  de  M.  M.  Bertrand,  lui  a  fait  subir  presque 
toutes  les  modiCcations  nécessaii*es  pour  la  région  que  nous 
étudions. 

Dans  plusieurs  endi*oits  de  l'espace  qu'il  couvre  du  haut  de  la 
barre  de  Fieraquet  à  la  source  de  Dardennes,  l'Urgonien  supporte 
des  sortes  d'Ilots  cénomaniens,  quelquefois  surmontés  eux-mêmes 
de  Ligérien. 

Le  plus  remarquable  de  tous,  se  trouve  tout^-fait  au-dessous  du 


Ig&I       CÉNOMANIEN  DES  ENVIRON»  DE  TOULON  ET  SES  ÉCIIINIDES       58l 

pcMnt  OÙ  la  barre  de  Fieraquet,  s'abaissant  légèrement  depais  les 
Morts,  se  perd,  du  côté  de  l'est,  dans  celle  de  Carène.  Le  Cénolna- 
nien  et  le  Ligérien  qui  le  recouvre  y  sont  complètement  isolés  au 
milieu  de  TUrgonien.  A  Touest  un  grand  sondage  de  bauxite  et, 
au  sod,  des  traces  évidentes  de  ce  minéral,  des  roches  rougies,  des 
quantités  de  fragments  en  place,  ne  laisseraient  aucun  doute,  si  Ton 
pouvait  se  méprendre,  dans  la  région,  sur  la  nature  de  la  roche 
urgonienne. 

Cet  Ilot  est  situé  dans  la  propriété  M.  Isnard  (ancienne  propriété 
A.  Arène)  qui  borde,  au  nord,  la  route  projetée  de  Signes,  et  dans 
la  propriété  P.  Ortigucs  qui  confine,  à  Touest,  à  la  première.  Mais 
la  partie  la  plus  intéressante  des  couches  cénomanicnnes  est  culti- 
vée, au  moins  d'une  culture  sommaire,  dans  la  propriété  M.  Isnard, 
et  elle  ne  Test  pas  dans  Tautre. 

A  sept  ou  huit  cents  mètres  environ  des  Moils,  et  à  une  centaine 
de  mètres  du  pied  de  la  barre  urgonienne  que  recouvre  un  poudin- 
gue d'abord  compact,  puis  désagrégé,  on  voit  ce  poudingue  céder 
la  place  à  des  bancs  ligériens  de  calcaire  jaunâtre  peu  marneux  et 
sans  fossiles,  d'une  épaisseur  de  i5  à  20  mètres»  au-dessous  des- 
quels on  rencontre  d'abord  un  banc  ligérien  très  marneux  et  fossî- 
lifei'e,  puis  les  bancs  cénomaniens. 

L'Ilot  ligérien-cénomanien  est  incliné,  comme  la  barre  urgo- 
nienne, du  nord-est  au  sud-ouest,  et  malheureusement  les  bancs 
fossilifères  ne  peuvent  être  explorés  comme  ils  le  mériteraient.  Us 
émergent  à  peine  en  effet,  et  n'occupent  qu'une  très  petite  partie 
<ie  la  place  prise  par  la  culture  au  haut  de  la  propriété  Isnard 
f>redqne  tout  entière  située  sur  le  poudingue  urgonien  désagrégré. 
Le  banc  ligérien  fossilifère  n'a  qu'une  très  petite  épaisseur  difli- 
oilement  appréciable,  puisque  ses  fossiles  sont  mêlés  aux  fossiles 
oénomaniens.  Au-dessous  de  lui  et  plus  marneux  encore,  complè- 
tement délités,  les  premiers  bancs  cénomaniens,  d'un  calcaire 
blanchâtre,  excessivement  fossilifère,  ont  une  épaisseur  de  8  à  10 
mètres.  Après  eux  apparaissent  d'autres  bancs  cénomaniens  jaunâ- 
tres, d'épaisseur  à  peu  près  égale  mais  de  famie  beaucoup  moins 
riche.  Plus  bas  se  montre  un  mince  Gardonien  et  quelques  Poly- 
piers. Le  tout,  après  avoir  traversé,  en  biaisant,  du  nord-est  au 
sud-ouest,  les  deux  propriétés,  disparaît  à  la  fin  de  la  seconde, 
à  l'endroit  où  celle-ci  est  côtoyée  par  le  chemin  de  la  bergerie 
Prosper  Barthélémy.   Le  poudingue  urgonien  ou  la  roche  urgo- 
nienne teintée  de  bauxite  l'entourent  de  toute  part. 

Le  Ligérien  marneux  renferme  eu  abondance  Linthia  Verneuili 
Desor  sp.,  dont  beaucoup  d'exemplaires  de  bonne  conservation. 


SSa 


A.   MIGHALET 


9  Dec. 


mais  il  contient  aussi  quelques  Epiaster  meridanensis  Cotteau, 
quelques  Hemiaster  Gauthieri  Peron. 

Le  premier  niveau  cénomanien  qpi  lui  succède  m'a  offert  une 
faune  tellement  riche  et,  surtout,  composée  de  tant  d'espèces 
encore  inconnues  dans  les  couches  cénomanienncs  du  bassin  crétacé 
du  Beausset,  que  la  première  inspiration  de  ce  travail  est  venue 
de  cette  récolte  inespérée. 

Voici  la  liste  des  espèces  recueillies,  et  elle  impose  tout  d'abord 
cette  remarque  importante  qu'en  raison  de  l'incontestable  mélange 
qu'on  y  rencontre  des  faunes  rhotomagienne  et  carentonienne.  de 
l'absence  marquée  de  Rudistes  et  de  la  présence,  au  contraire,  de 
plusieurs  des  espèces  de  l'Algérie,  on  aurait  quelque  droit  de  se 
croire  en  face  d'un  de  ces  gisements  cénomaniens  de  l'Algérie 
auxquels  M.  Peron  a  démontré,  avec  tant  de  preuves  à  l'appui, 
qu'on  ne  pouvait  appliquer  les  divisions  du  Cénomanien  d'Europe  : 


Neolobites  (Ceratites)  Vihrayei 
d'Orbigny,  rares  mais  beaux 
exemplaires. 

Natica  suhexcavata  Thomas  et  Pe- 
ron ,  détermination  probable , 
rare. 

Nerineamonilifera  d'Orbigny,  dé- 
termination probable,  rare. 

Olobiconcha  ponderosa  Coquand, 
assez  rare* 

Pterodonta  inflata  d'Orbigny , assez 
rare. 

Fusus  sp.  ?  assez  rare. 

Oêtrea  columba  Lamark,  'rès  com- 
mun. 
^      suborbiculata  Lamark,  va- 
riété striée,  assez  rare. 

—  flabellata  Goldfuss,  moins 

commun  que  O,  columba. 

—  biauriculata  Lamark,  assez 

commun. 

—  olisoponensis   Coq.,   assez 

rare  mais  beaux  exempl. 

—  af ricana  Coquand.  une  dou- 

zaine d  exemplaires,  pres- 
que tous  de  bonne  con- 
servation. 
Plicatula  Reynefi  Coquand,  d*une 
très  grande  abondance.  J'en  ai 


soumis  à  l'examen  de  M.  Peron 
une  série  d'environ  5o  très  bons 
exemplaires  et  ce  paléontologiste 
éminent,  qui  connaît  si  bien  la 
faune  d'Algérie,  a  trouvé  que 
cette  série  montrpit  des  passa- 
ges tellement  évidents  de  Plica- 
tula Reynesi  Coquand  à  Plica- 
tula batnensis  Coqnand,  qu'il  en 
était  amené  à  penser  que  les  deux 
espèces  n'en  faisaient  qu'une; 
Tespèce  devant  garder  le  nom 
de  PL  Reynesit  le  plus  ancien. 

Lima  cenomanensis  d'Orbigny,  dé- 
termination probable,  rare. 

Pecten  çirg'atus  Nilsson,  pas  trop 
rare. 

—  evanegcenê  Coquand,  pas 

trop  rare. 

—  subacutus  Lamk.,  pas  trop 

rare. 

—  elonfyUus  d'Orbigny,  pas 

trop  rare. 
Janira  Dutrugei  Coquand,  com- 
mun. 

—  Dutemplei   d'Orb.,   exem- 

plaires jeunes,déterraiQa- 
tion  probable  :  pas  trop 
rare. 


^«..iiifiN  DRS  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ÉCHINIDES       583 


Janira  phaseola  d'Orbi^y,  rare. 

Pinna  quadrangalaris  Goldfuss, 
déterminatioii  très  probable  : 
rare. 

Arca  Trifceri  Coqnand,  détermi- 
nation probable  :  rare. 

Cardiia  sp.?  rare. 

Cardium^  voisin  de  C.  Vidali  Coq., 
détermination  probable  :  rare. 

BadioUtes^ deux  exemplaires 

malhenrensemcnt  indétermina- 
bles comme  espèce. 

Uocardia  aquilina  Coqnand,  va- 
riété pins  épaisse,  moins  élargie 
que  le  type  de  Batna,  à  crochets 
plus  gros  et  moins  rapprochés. 
On  ne  peut  rapporter  qu'à  cette 
espèce  les  échantillons  récoltés: 
rare. 

Areopagia  numismalis  d'Orbigny, 
assez  commun. 

JJosinia  Forgemolli  Coq.,  assez 
commun. 

Panopea  siriaia  d'Orbigny,  assez 
rare. 

TerehrtUulaphaseolina  Lamk.  ,très 
abondant. 

Terebraiella  Menardi  d'Orbîgny, 

très  rare. 

—  Santonensis  d*Orb., 

très  rare. 

Jfolaêter  saborbicuUiris  Ag.j  abon- 
dant, et  les  exemplaires,  en  gé- 
néral, de  bonne  conservation. 


Hemiaster  batnensis  Coq.,  un  seul 
exemplaire  à  ce  gise- 
ment. M.  V.  Gauthier 
avait  déjà  rencontré 
cette  espèce  dans  le 
Cénomanien  de  Gueule 
d'Enfer,  près  les  Mar- 
ti g^es. 

—  Orhifcnyi  Des . ,  6  exem- 

plaires de  bonne con- 
servation. 

—  hufo  Desor,  une  dizaine 

de  bons  exemplaires. 

—  pseiido-Fourneti  Peron 

et  Gauthier,  i  exem- 
plaire incontestable, 
6  douteux. 

—  Desvauxi  Coq . ,  i  exem- 

plaire,mais  où  la  bou- 
che est  invisible.  On 
affirmerait  sans  cela. 

Archiacia  scandalina  Agassiz,  4 
exemplaires  dont  Tun  très  beau. 

Echinobrissus indéterminable 

spécifiquement. 

Cottaldia  Benettias  Cotteau,  a  exem- 
plaires bien  conservés. 

Ileterodiadema  libycum  Cotteau, 
rare,  q  seuls  exemplaires. 

Diplopodia  variolaris  Brong.  sp., 
commun,  presque  aussi  abon- 
dant qu*  Holastersuborbicularis. 

Pseudodiadema  Guerang-eri  Cot- 
teau ou  P,  tenue  Peron,  i  seul 
exemplaire. 


M.  Jacquinet  a  récolté  aussi  à  Fieraquet,  presque  toutes  ces 
espèces. 

L'abondance  de  Plicatula  Reynesi,  espèce  spéciale  jusqu'ici  à 
la  faune  d'Algérie,  et  qui  n'avait  jamais  été  rencontrée  dans  les 
couches  cénomaniennes  du  bassin  crétacé  du  Beausset,  rend  plus 
significative  la  présence  des  autres  espèces  d'Algérie  recueillies 
seulement  en  petit  nombre,  et  semble  rendre  aussi  plus  certaine  la 
détermination  de  celles  que  leur  état  de  conservation  n'a  permis  de 
spécifier   que  d'une    façon    probable.    Elle    accentue    encore    le 


584  ^-  MICHALET  a  Dec. 

mélange  des  espèces  du  Cénomanien  inférieur  et  du  Cénomanien 
supérieur  qui  rend  ce  gisement  de  Fieraquet  plus  semblable  à  ceux 
d'Algérie  qu'à  ceux  rencontrés  jusqu'à  ce  jour  en  Provence. 

Au-dessous  de  ce  premier  niveau  se  trouvent  d'autres  bancs 
ccnomaniens  jaunâtres,  presque  aussi  marneux  et  aussi  épais,  assez 
développés  dans  la  propriété  P.  Ortigues,  mais  qui  ne  contiennent 
que  des  Ostrea  coliimba,  flabellata,  biauriculata,  la  ])remièrc 
espèce  surtout.  Malgré  de  longues  recherches,  je  n'y  ai  jamais  pu 
recueillir  d'autres  espèces.  Le  petit  lit  gardonien,  qui  leur  succède, 
n'a  que  des  fossiles  de  petite  taille  et  de  mauvaise  conservation, 
j'ai  récolté  au-dessous  quelques  Cyclolites  spinosa  de  Fromentel 
et  Cycloseris  provincialis  Edwards  et  Haime. 

Quand  on  quitte  les  propriétés  M.  Isnard  et  P.  Orligucs,  on 
rencontre  immédiatement  à  la  lisière  de  cette  dernière,  du  côté 
de  l'ouest,  un  chemin  charretier  qui  descend  vers  la  nouvelle 
route  projetée  de  Signes.  C'est  le  même  qui  conduit  à  la  ber- 
gerie Prosper  Barthélémy  et  au  sondage  de.  bauxite  le  plus  haut 
du  côté  des  Morts,  dans  la  région  du  Revest.  On  marche  quelque 
temps  sur  l'Urgonien,  mais  au  moment  où  on  va  rejoindre  la  route, 
on  retrouve  la  bauxite,  le  Gardonien  et,  dans  une  tranchée  do  la 
route,  à  une  trentaine  de  mètres  du  point  où  l'on  s'y  engage,  les 
deux  niveaux  cénomanîens,  et  le  Ligérien.  Là  un  parapet  longe  le 
côté  sud  de  la  route  à  l'endroit  appelé  Ragadu.  C'est  une  repro- 
duction, en  petit,  du  gisement  de  Fieraquet.  J'y  ai  récollé  de 
bons  échantillons  de  Diplopodia  variolaris  et  de  Holaster  sub- 
orbicularis,  dans  le  calcaire  marneux  blanc  supérieur,  des  Pecten 
virgatus,  subacutus,  beaucoup  de  Plicatules  et  d^Ostrea,  Le  gise- 
ment de  Ragadu  m'a  offert,  seul,  trois  exemplaires,  dont  l'un  très 
beau,  d'une  espèce  que  Fieraquet  n'a  pas  donnée  :  Cidaris  rhoio- 
magensis  Cotteau,  test. 

Le  Ligérien  y  contient,  comme  à  Fieraquet,  surtout  des  Linthia 
Verneuili. 

Le  gisement  de  Ragadu  est  aussi  isolé  au  milieu  de  l'Urgonien, 
que  l'on  retrouve  tout  autour,  sauf  au  nord.  De  ce  côté  les  couches 
ligériennes  et  cénomanienncs,  qui  ne  font  qu'affleurer  à  Ragadu, 
remontent,  les  dernières  disparaissant  rapidement  sou«  le  Ligérien, 
rejoindre,  vers  les  Morts,  la  masse  ligérienne  qui,  de  ce  point, 
tourne  vers  le  sud-ouest. 

Si,  au  lieu  de  parcourir  la  nouvelle  route  de  Signes  qui,  de 
Ragadu,  conduit  au  village  du  Revest  par  de  nombreux  tournants 
et  qui  entame  longtemps  l'Urgonien,  on  suit,  vers  le  nord,  la 
direction  des  bancs   cénomaniens  et  ligériens  qui  émergent  à 


igOI  .    GBNOMANIEN  DBS  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ÉCHINIDBS       58S 

Ragadu,  mais  sont  bientôt  couverts  par  les  pins  et  les  broussailles, 
on  parvient,  à  moins  de  loo  mètres  plus  haut,  à  un  sentier  qui  va 
rejoindre  à  l'ouest  le  chemin  qui,  des  Morts,  descend  au  village  du 
Revest.  A  la  rencontre  précise  de  ce  chemin,  TUrgonien  réapparaît 
au  delà  du  Ligérien  qui  vient  de  Ragndu  mais  bien  au  dessus  de 
lui  par  le  grand  ressaut  pli  ou  faille,  dont  j*ai  parlé,  formant  une 
sorte  d'arête  horizontale  dont  les  flancs  sont  creusés  de  nombreuses 
carrières  d'exploitation  de  la  roche  urgoniennc  et  que  coupe, 
beaucoup  plus  bas,  la  route  de  Signes.  De  cette  même  jonction  de 
chemins  et  de  sentiers,  on  aperçoit  alors  très  bien  la  pente  de 
Fieraquet  et  son  gisement  entouré  d'Urgonicn.  Si  Ton  se  retourne 
du  côté  du  village,  au  sud-ouest,  on  a,  à  sa  gauche,  la  suite  du  chemin 
qui  vient  des  Morts,  chemin  tracé  jusque  là  dans  le  Ligérien, 
mais  où  à  partir  d'ici,  émergent  les  têtes  de  roches  urgoniennes, 
à  sa  droite  la  masse  ligérienne  qui  vient  toucher  l'Urgonien  à 
quelques  pas,  et  devant  soi,  un  nouveau  sondage  de  bauxite  pratiqué 
tout  à  côté  du  carrefour.  Ce  sondage  a  été  fait  à  la  plus  haute  de 
quelques  restanques  d'oliviers  appartenant  à  M.  L;  Pomet,  et  n'a 
donné  qu'une  petite  quantité  de  minerai,  abondonné  sur  place.  Si, 
en  se  tenant  à  la  lisière  de  l'Urgonien,  on  descend  les  restanques 
d'oliviers  qui  vont  en  s'élargissant,  on  trouve  plus  bas  dans  la 
première  restanque  plantée  de  vignes  (propi*iété  H.  Castellan),  un 
autre  sondage  plus  important  de  bauxite. 

Après  la  bauxite  du  haut  comme  après  celle  du  bas,  si  Ton 
recoupe  les  couches,  on  retrouve  la  faune  saumâtre,  surtout  dans 
les  déblais  des  sondages,  puis  des  bancs  de  calcaire  grumeleux, 
jaunâtres  et  bleuâtres  sans  fossiles  et  enfin  des  bancs  semblables  à 
Ostrea  surtout  flabellata.  Si  l'on  s'avance  toujours  à  travers  les 
couches,  on  voit  bientôt  réapparaître,  immédiatement  après  ces 
bancs  à  Ostrea^  et  à  moins  de  200  mètres  de  celui  qu'on  a  laissé 
derrière  soi,  un  nouvel  Urgonien  plus  haut  de  quelques  mètres 
que  les  bancs  à  Ostrea  auxquels  il  succède. 

Il  n'a  pas  dans  ce  dernier  pli,  plus  de  5o  mètres  d'épaisseur,  et, 
de  nouveau  après  lui,  dans  la  propriété  Teisseire,  on  voit  les 
roches  teintées  de  rouge  éclatant,  de  nombreux  fragments  de 
bauxite  en  place  ou  épars,  puis,  faisant  suite  à  une  couche  très 
peu  épaisse  à  Polypiers,  un  nouveau  Gardonien,  qui  mérite  une 
mention  spéciale. 

Il  a  une  épaisseur  de  10  à  12  mètres  et  constitue,  avec  le  gise- 
ment de  Tourris,  les  deux  plus  importants  g'sements  que  Ton 
connaisse  de  la  faune  gardonienne  de  la  région. 

Les  espèces  déterminables  qu'on  y  renconti*e  sont  : 


586  A.  MicHALET  a  Déc. 

Melania  subcorrugata  Cossmann,  abondant. 

Plusieurs  espèces  de  CyclaSy  des  Unio^  des  Cyrena  de  plosieors 
espèces  également,  mais  de  détermination  spécifique  difficile. 

Enfin  une  espèce  nouvelle  et  très  remarquable  de  MeUmopsis  dont 
j*ai  recueilli  plusieurs  beaux  exemplaires. 

Au  Gardonien  succèdent  des  bancs  de  calcaire  gris  jaunâtre, 
grumeleux  et  marneux  d'abord,  puis  de  plus  en  plus  compacts,  de 
8  à  9  mètres  d'épaisseur,  à  Ostrea  flabéllata  très  abondant,  puis 
un  banc  de  calcaire  blanchâtre,  d'un  mètre  au  plus,  pétri  à* Ostrea 
columba,  dans  lequel  j'ai  recueilli  deux  exemplaires  de  très  grande 
taille  d'Hemiaster  batnensis,  quelques  Holaster  suborbicularis 
et  trois  ou  quatre  Plîcatules. 

Sept  à  huit  mètres  de  calcaire  blanc  très  compact,  où,  malgré 
de  nombreuses  recherches,  je  n'ai  pas  rencontré  les  traces  d'un 
seul  fossile,  mais  qui  ont  toute  la  physionomie  du  Cénomanien  à 
Caprines  d'Orvès,  recouvrent  le  banc  à  Ostrea  columba,  et  viennent 
butter,  semble-t-il  contre  le  Ligérien,  à  moins  qu'une  dénndation, 
qui  parait  avoir  été  considérable  sur  ce  point,  dans  les  bancs  de 
ce  dernier,  ne  puisse  expliquer  la  difliérence  actuelle  de  niveau. 

Tout  cet  ensemble  des  couches  cénomaniennes  de  la  propriété 
Teisseire  qui  traverse  au  sud,  à  l'exception  peut-être  du  Cénoma- 
nien supérieur,  la  route  de  Signes  venant  de  Ragadu  et  tracée 
jusque  là  dans  l'Urgonien,  remonte  au  nord,  vers  la  propriété  de 
M.  Vidal,  au  lieu  dît  Foncevierre,  qui  est  déjà  dans  le  Ligérien, 
les  couches  s'amoindrissant  et  disparaissant  i)eu  à  peu  les  unes 
sous  les  autres  à  la  rencontre  de  la  masse  ligérienne.  L'incli- 
naison des  couches  cénomaniennes ,  qui  s*élargit  lentement 
depuis  celles  des  propriétés  Pomet  et  Castellan,  arrive  à  être  à  la 
propriété  Teisseire,  celle  du  Ligérien  et  de  l'Angoumien  qui  sont  à 
la  base  de  Caoume. 

Un  petit  lambeau  cénomanien  se  montre  au-dessus  et  non  loin 
de  la  source  de  Dardennes,  du  côté  du  Revest,  entre  TUrgonien  et 
le  Ligérien.  On  y  trouve  la  bauxite,  un  petit  lit  gardonien  très 
pauvre  en  fossiles,  des  calcaires  grumeleux  sans  fossiles,  des 
marnes  et  des  calcaires  à  Ostrea  flabéllata^  où  j'ai  recueilli  aussi 
quelques  Janira  Dutemplei,  enfin  des  calcaires  très  compacts  avec, 
particularité  remarquable  pour  le  mélange  des  espèces  cénoma- 
niennes, des  Ostrea  carinata  incrustés  dans  la  roche  dure.  Je  n'ai 
jamais  trouvé  un  seul  Oursin  dans  ce  Cénomanien. 

Enfin  de  la  source  de  Dardcnnes,  mais  du  côté  opposé  au  village, 
on  peut,  avec  quelques  disparitions  sous  le  Ligérien,  suivre  le 
Cénomanien  jusqu'au  château  de  Tourris.  Il  y  est  encore  au-dessus 


I9OI       céNOMANIEN  DES  ENVIRONS  DE  TOULON  ET  SES  ÉCHINIDES       SSj 

de  rUi^onien,  de  la  bauxite  et  du  Gardonien.  Les  travaux  de  la 
Compagnie  des  Eaux  de  Toulon  ont  rencontré  et  extrait  ces  deux 
derniers  en  quantité. 

Le  Cénomanien  marin  de  Tourris  n*a  rien  de  remarquable,  mais 
les  bancs  gardoniens  y  sont  au  moins  aussi  développés  que  dans 
la  propriété  Teisseire,  au  Revest,  et  les  fossiles  assez  bien 
conservés  y  abondent. 

La  faune  est  la  même  qu'au  Revest.  Il  y  a,  en  outre,  une  esjïèce 
de  Glauconia,  dont  les  exemplaires  sont  difliciles  a  déterminer 
spécifiquement. 

Les  Cyclas  y  sont  plus  abondants  et  bien  mieux  conservés.  Une 
espèce  est  très  voisine  de  Cyclas  galloprovincialis  Matheron. 

Au  dessus,  dans  les  bancs  marins  et  jusquau  Ligéricn,  je  n'ai 
iTcueilli  que  des  Oslrea  flabellata,  quelques  O.  coluinba^  quelques 
Janira,  mais  jamais  non  plus  aucun  Echinido. 

II  —  Couches  du  Val  d'Aren 

Je  n'ai  que  quelques  mots  à  dire  du  Cénomanien  du  Val 
d'Aren,  relié  aux  couches  de  même  étage  du  Revest,  par  celles  des 
Garniers,  de  Cimaï  et  des  environs  de  Sainte-Anne  d'Evenos. 

I^  faune  y  est  très  pauvre  et  plutôt  encore  par  la  qualité,  que 
par  Tabsence  proprement  dite  des  fossiles.  Elle  est  toute  différente 
de  celle  du  Revest.  On  n'y  rencontre  que  des  espèces  rhotoma- 
giennes,  Echinides  ou  autres,  et  pas  un  seul  débris  à'Ostrea  de 
n'importe  quelle  espèce,  qui  puisse  indiquer  l'horizon  supérieur. 

Dans  son  mémoire,  M.  A.  Toucas  croit  v  avoir  reconnu  deux  au 
moins  des  assises  de  son  Cénomanien  inférieur  de  Cassis  et  de 
la  Bedoule,  les  plus  profondes.  Je  ne  suis  pas  complètement  de 
son  avis.  Je  crois  que  les  espèces  y  sont  réparties  d'une  façon  un 
peu  différente  qu'à  l'ouest  d'ii  bassin  crétacé,  et  qu'on  ne  peut 
établir  d'identité  absolue  entre  les  deux  extrémités  du  bassin,  bien 
qu'il  y  ait  une  incontestable  similitude. 

Dans  les  environs  de  la  propriété  La  Toulousane,  qui  est,  pour 
ainsi  dire,  à  l'entrée  du  Val  d'Aren,  du  côté  de  Sainte -Anne 
d'Evenos,  j'ai  récolté,  sur  le  bord  môme  du  chemin  qui  ti'avcrse  le 
Val  d'Aren,  en  allant  rejoindre  la  route  du  Beaussct  à  Ollioules, 
une  très  grande  quantité  de  radioles  de  Cidaris  Sorip^neti  Desor, 
dans  un  grès  jaune  très  friable  qui  n'a  aucun  correspondant  à 
Cassis  ou  à  la  Bedoule. 

Un  peu  avant  d'arriver  au  pied  même  du  Grand-Cerveau,  j'ai 
trouvé  dans  des   grès  gris   blanchâtres,   au    contact  même  des 


588  A.   MIGUALBT  3  Dée. 

sables  ligériens,  des  masses  d'Echinides  si  roulés  qu*oii  ne  peut 
plus  guère  appeler  de  tels  échantillons  que  des  moules  d'Echinides. 
On  peut  y  reconnaître  cependant  la  forme  de  là  plupart  des  espèces 
du  Rhotomagien  de  Cassis  et  de  la  Bedoule,  de  cette  dernière 
localité  surtout  : 

Holaster  subglohosus  Agassiz. 
d'aulres  Holaster,  sans  doute  suborbicularis, 
Oolopxgus  Bar  geai  d'Orbigny. 
des  Pyrina,  des  Echinoconus. 

Holectypus  crassus  Gotteau,  etc. 

Ces  grès  existent  tout  le  long  du  Val  d'Âren,  à  la  limite  même 
du  Ligérien,  mais  ils  sont  presque  partout  couverts  par  la  végé- 
tation. Cependant,  sept  ou  huit  cents  mètres  avant  d'arriver  sous 
la  caverne  de  THomme  sauvage,  <x  Thommè-fa  )),  ils  sont  à  peu  près 
nus  et  on  peut  y  faire  d  amples  moissons  de  ces  Echinides  roulés. 

Ces  grès,  je  Tai  dit,  confinent  aux  sables  ligériens,  ils  forment 
donc  là  le  plus  haut  niveau  cénomanien.  Âu-^essous  d'eux,  en 
montant  vers  TAptien,  j'ai  récolté,  dans  un  calcaire  gris  compact, 
vers  Textrémité  ouest  du  Val  d'Âren,  plusieurs  bons  exemplaires 
de  Codiopsis  doma  Agassiz,  plusieurs  DLscoldea  subuculus  Klein 
et  un  Pj'rina  afl*.  Bargesi  d*Orbigny. 

Enfin  tout-à-fait  près  de  la  route  du  Beausset  à  Bandol,  dans  les 
dernières  roches  cénomaniennes  qui  sont  en  face  de  la  ferme 
La  Corse,  avant  le  ruisseau,  j'ai  pu  recueillir  de  nombreuses 
espèces.  C'est  un  calcaire  gris  foncé  qui,  autant  qu'on  peut  en 
juger,  doit  être  là  le  dernier  terme  cénomanien.  A  sa  partie  supé- 
rieure i)lacée  le  plus  bas,  puisqu'au  Val  d'Arcn  les  couches  sont 
renversées,  il  est  déjà  d'une  grande  dureté,  mais  encore  abordable 
au  marteau.  Il  m'a  offert  beaucoup  d'exemplaires  d*une  grosse 
Térébratule,  souvent  très  bien  conservée,  qu'on  ne  peut  rappro- 
cher que  de  Terebratula  biplicata  Defrance,  dont  elle  para!!  être 
une  variété  de  taille  et  de  forme  assez  anormales.  Il  est  juste 
d'ajouter  que  Davidson  a  réuni  T.  bipUcata  à  T.  Dutemplei,  à 
laquelle  ressemble  beaucoup  aussi  cette  Térébratule. 

En  se  rapprochant  de  l'Aptien,  le  calcaire  devient  d'une  compa- 
cité très  grande,  à  laquelle  on  ne  peut  guère  comparer,  dans  la 
région,  que  celle  du  banc  ferrugineux  des  Lombards,  à  Cassis,  et 
malheureusement  c'est  là  que  se  trouvent  les  plus  nombreux 
fossiles,  qu'on  ne  peut  extraire  qu'en  les  brisant  comme  à  Cassis. 

J'ai  pu  cependant  obtenir  en  assez  bon  état  : 


tgn       ciwOiffANlEN  DBS  environs  DB  lt>ULON  BT  SES  JSGHINIDES       58q 


(Mrea   eaHnata   Lamark,    assez 

abondant. 
Fecten   asper   Lamark,   un    seul 

exemplaire. 
Terebratula   (Kingena)    Heherti 

d'Orbigny,  rare. 
Terebirosira  Ij-ra  d'Orb . ,  commun. 

J'ai  recueilli  aussi  cette  espèce  à 

laBedoule,  quoique  M.  A.  Tou- 

cas  ne  Ty  mentionne  pas  dans 

son  mémoire. 


Rhynchonella  Cuvieri  d^Orb. ,  abon- 
dant. 
—  Lamarki  d'Orbigny, 

moins  abondant. 
Discoidea  subuculus  Klein,  rare. 
Anorthopj-gus  orbicularia  Cotteau. 

un  seul  exemplaire. 

Peltastes  acanthoîdes  Agassiz,  un 

seul  exemplaire.  Détermination 

non  certaine  mais  très  probable. 

Cidaris  vesiculosa  Goidfuss,  rare. 

—      Sorigneii  Desor,  pas  trop 

rare. 


Les  grès  jaunes  des  environs  de  La  Toulousane,  qui  m'ont  paru 
confiner  en  ce  point  à  TAptien  sont  sans  doute  l'équivalent  de  ce 
niveau. 

Quelques  uns  des  fossiles  du  calcaire  compact  qui  avoisine  la 
route  de  Bandol  sont  ferrugineux,  et  leur  couleur,  comme  Textréme 
dureté  de  la  roche  donnent  à  ce  gisement  une  ressemblance  avec 
celui  de  (Cassis  quoique  sa  faune  ressemble  surtout  à  celle  de  la 
Bedouie. 


SUR  L'ALIMENTATION  DES  VILLES  EN  EAU  POTABLE 
PAR  LA  MÉTHODE  DES  SOURCES  ARTIFICIELLES 

Résumé  de  la  conférence  faite  a  la  Société  géologique  de  France 

par  M.  Léon  JANET. 


Les  sources  alimentées  par  des  nappes  dont  le  gisement  géolo- 
gique se  trouve  dans  des  terrains  fissurés,  spécialement  dans  des 
calcaires,  sont  exposées  à  de  nombreuses  causes  de  contamination. 
— On  peut  améliorer  la  qualité  de  ces  sources,  dites  vauclusiennes, 
par  de  bons  ouvrages  de  captage,  et  des  travaux  de  protection 
ayant  pour  but  d'empêcher  Tarrivée  directe,  à  la  nappe  souterraine, 
de  grosses  masses  d*eau  contaminée,  mais  il  est  très  diflicile 
d'obtenir  une  eau  présentant  toutes  les  garanties  désirables. 

Ce  sont  des  sources  alimentées  par  des  nappes  circulant  dans  des 
sables  fins  qui  peuvent  seules  être  mises  à  Tabri  de  toutes  les 
causes  de  contamination. 


590     L.  JAKET.  — -  ALIMENTATION  DES  TILLES  EN  EAU  POTABLE     a  Déc. 

Malheureusement,  il  n'y  a  pas  de  grosses  sources  sortant  des 
couches  de  S€d)les  tins;  ceux-ci,  en  raison  de  leur  nature  ébouieuse, 
ne  permettent  pas  la  formation  des  larges  cafiaux  souterrains,  qui 
seraient  nécessaii^es  à  un  grand  débit. 

Si  le  volume  d'eau  obtenu  par  un  mètre  de  galerie  captante 
pratiquée  dans  les  sables  fins  est  toujours  i*estreint,  cela  résulte  de 
ce  que  Talimeutation  de  la  nappe  par  les  précipitations  atmospliê- 
riques  est  faible  dans  nos  régions. 

Mais  si  Ton  vient  à  déverser  artificiellement,  dans  le  périmètre 
d'alimentation,  un  volume  d'eau  beaucoup  plus  grand  que  celui 
fourni  par  les  pluies,  on  recueillera  dans  la  galerie  un  volume 
d'eau  bien  supérieur  à  la  quantité  primitivement  fournie. 

11  est  prudent,  lorsqu'on  le  i)eut,  de  choisir  une  nappe  à  dévei*- 
sement  périphérique,  dans  une  butte  isolée,  constituée  à  la  partie 
supérieure  par  une  puissante  couche  de  sable,  reposant  sur  une 
couche  d'argile.  L'alfleurement  de  cette  couche  d'argile  forme  une 
courbe  fermée,  et  tout  le  long  de  cette  ligne  d'affleurement,  se 
trouve  un  cordon  de  petites  sources.  Si  l'on  vient  à  déverser  par 
{)etits  filets  ime  gi*ande  quantité  d'eau  au  sommet  de  la  colline  le 
débit  des  sources  naturelles  augmentera  et  de  nouvelles  sources 
apparaîtront  au  voisinage  de  la  ligne  d'afileui*ement. 

11  y  aura  donc  trois  éléments  essentiels  à  considérer:  i""  un 
appareil  distributeur  répartissant  Icau  en  petits  filets  sur  toute 
la  surface  de  la  butte  ;  u""  un  appareil  filtrant,  constitué  par  une 
couche  naturelle  de  sables  fins  assez  puissante  pour  présenter 
toute  garantie  pendant  une  longue  suite  de  siècles/  et  reposant  sur 
une  couche  argileuse  ;  3^  un  appareil  collecteur  comprenant  une 
galerie  de  captage  établie  à  la  base  de  la  couche  sableuse. 

L'eau  à  déverser  sera  simplement  empruntée  à  la  rivière  voisine 
et  élevée  au  sommet  de  la  butte  ;  on  la  disti*it)uera  au  moyen  d'un 
réseau  de  conduites  de  dimensions  décroissantes,  en  cherchant  à 
imiter  le  plus  possible  le  phénomène  de  la  pluie.  On  la  fera  ab^r- 
ber  par  le  sable  dans  de  petits  bassins  quand  celui-ci  affleurera 
ou  des  puisards  arrivant  jusqu'au  sable,  lorsqu'il  sera  recouvert 
par  une  couche  imperméable.  11  ne  devra  arriver  à  chaque  point 
d'absorption  qu'un  volume  d'eau  extrêmement  faible. 

Comme  couche  filtrante,  on  doit  choisir  un  sable  marin  très  fin, 
bien  constant  comme  grosseur  de  grain,  ne  contenant  pas  d'inter- 
calations  ai^ileuses.  On  ne  fera  passer  à  travers  le  sable  qu'une 
tranclie  annuelle  décuple  de  celle  que  donnent  les  précipitations 
atoiosphénques,  soit  7  à  8  mètres  par  an. 

La  couche  argileuse,  sur  laquelle  repose  ie  sable  devra  êtire 


igOI  PAR  LA  MBTHODB  DES  SOURCES  ARTIFICIELLES  59I 

rigooreusement  impennéable  ;  autrement  Feau  passerait  dans  des 
Cjouches  inférieures,  et  pourrait  ne  ressortir  que  très  loin  du  point 
d'absorption. 

Les  bassins  ou  puisards  se  colmateiH>nt  au  bout  d*un  certain 
temps  :  il  en  faudra  donc  un  double  jeu,  F  un  en  fonclionncment, 
Tautre  en  réparation. 

L'exécution  de  la  galerie  captante  dans  les  sables  boulants 
présentera  de  grosses  diiiicultés  techniques  ;  celles-ci  ne  paraissent 
cependant  pas  insurmontables,  puisque  certaines  villes  s'alimen- 
tent au  moyen  de  galeries  de  cette  nature.  La  galerie,  qui  se 
trouvera  au  voisinage  de  la  ligne  d'uilleurement  de  la  couche 
d'argile,  pourra  d'ailleurs  être  exécutée  avant  que  le  déversement 
d'eau  ait  été  commencé. 

L'eau  aura  à  la  soi'tie  une  température  voisine  de  celle  des 
eaux  de  sources,  poui'vu  que  Tépaisseui*  de  la  tranche  annuelle 
d*eau  absorbée,  soit  beaucoup  moindre  que  l'épaisseur  de  la  couche 
de  sable.  £lle  sera  donc  à  la  l'ois  fraîche  et  aseptique. 

La  méthode  n'a  rien  de  commim  avec  celle  des  bassins  iiltrants, 
où  Ton  peut  passer  à  travei^s  le  sable,  un  volume  de  700  à  800 
mèti'es  cubes  par  mètre  carré.  Les  bactéries  passent  en  assez  grand 
nombre,  et  Teau  i'oui*nie  a  la  température  des  eaux  de  rivières. 

La  ville  de  Paris  se  trouve  dans  des  conditions  très  favorables 
pour  Tapplication  de  la  méthode.  11  existe,  en  eilet,  au  nord  de  la 
capitale  une  série  de  buttes  formées  de  sables  de  Fontainebleau 
reposant  sur  les  marnes  à  Huîtres. 

En  choisissant  la  plus  grande  de  ces  buttes,  la  butte  de  Montmo- 
rency, on  obtiendrait  facilement  les  cinq  mètres  cubes  par  seconde, 
qui  sont  réclamés  comme  complément  d'alimentation. 

Les  sables  de  Fontainebleau,  d'une  épaisseur  de  5o  mètres,  sont 
surmontés  de  5  à  6  mèti^es  de  meulières  de  Beauce  et  reposent  sur 
les  marnes  à  Huîtres,  les  glaises  vertes  et  les  marnes  sux>ra- 
gypseuses,  formant  une  série  imperméable  d'une  vingtaine  de 
mètres  d'épaisseur. 

L'eau  à  déverser  sur  la  butte  peut  être  empruntée  à  la  rivière 
d'Oise,  qui  coule  à  une  faible  distance  de  là.  On  pouiTait  établir 
sur  le  sommet  des  puisards  d'absorption,  en  damier,  distants  de 
5o  mètres,  au  nombre  de  8000,  et  absorbant  chacun  un  volmne  de 
5/8  de  litre  pai*  seconde. 

L'eau,  après  liltration,  serait  encore  à  une  altitude  suflisante 
pour  être  distnbuée. 

n  serait  très  désirable  qu'une  municipalité  consentit  à  s'imposer 
les  saciifices  nécessaires  pour  faii*e  l'application  de  la  méthode. 


599  SEANCE  DU  2  DECEMBRE  I9OI 

M.  Imbeaox  rappelle  que  e*est  ringcnieur  allemand  Tfaiem 
qui  a  eu  le  premier  Tidée  de  créer  des  nappes  souterraines  artifi- 
cielles :  en  1888,  il  présentait  un  projet  de  ce  genre  pour  Stralsund 
qui  ne  Tadopta  pas,  mais  un  peu  après  il  put  réaliser  son  idée  à 
Essen,  sur  la  Ruhr.  En  Suède,  M.  Richert,  dans  une  brochure 
spéciale,  a  exposé  la  question  et  décrit  les  travaux  faits  k  Udde- 
valla  et  à  Gothenbourg  :  il  est  regrettable  que  tout  cela  soit  passé 
à  peu  près  inaperçu  à  l'Exposition  de  1900. 

M.  Imbeaux  a  exécuté  en  1899  un  renforcement  artificiel  de  la 
nappe  des  alluvions  de  la  vallée  de  la  Moselle,  captée  à  Messein 
par  une  galerie  filtrante  alimentant  Nancy  :  Teau  de  la  rivière  a 
été  amenée  à  25  ou  3o  mètres  au-delà  de  la  face  arrière  de  la 
galerie  et  déversée  dans  le  gravier  par  les  barbacanes  d'un  aqueduc 
débitant  parallèle  à  la  galerie  ;  de  plus,  pour  assui  er  une  meilleure 
iilti*ation  on  a  intercalé  une  tranche  de  sable  fm  de  22  mèti*es  à  3  m. 
d'épaisseur.  Le  colmatage  de  ce  sable  a  été  rapide  et  il  faut  songer 
à  le  remplacer,  mais  l'augmentation  de  débit  de  la  galerie  a  été 
très  notable  et  la  qualité  de  l'eau  a  été  au  moins  égale  à  ce  qu'elle 
était  précédemment.  La  ville  de  Chemnitz  avait  aussi  opéré  un 
renforcement  de  la  napx)e  alimentant  ses  puits  filtrants,  mais  elle 
a  aussi  constaté  un  colmatage  rapide.  Il  faut  en  conclure  qu'il  y 
aura  grand  intérêt  à  obtenir  la  clarification  préalable  des  eaux  à 
amener  dans  les  bassins  d'infiltration,  soit  en  les  laissant  se  dépo- 
ser dans  des  bassins  de  sédimentation,  soit  en  les  faisant  passer 
dans  des  filtres  dégrossisse ui*s. 

M.  H.  Boursault.  —  Quelle  que  soit  l'importance  de  la  surali- 
mentation de  la  nappe  contenue  dans  les  sables  de  Fontainebleau, 
je  crois  que  l'on  peut  compter  sur  l'imperméabilité  pratiquement 
absolue  des  marnes  et  argiles  sous-jacentes,  malgré  les  dislocations 
si  fréquentes  de  ces  couches.  J'ai  signalé  à  ce  point  de  vue,  dans 
mon  travail  sur  la  recherche  des  eaux,  la  grande  différence  qui 
existe  entre  les  roches  dures  et  les  marnes  ou  argiles  : 

Les  roches  dures  et  compactes  se  brisent  et  donnent  des  frac- 
tures d'autant  plus  nettes,  que  la  cohésion  et  la  dureté  sont  plus 
grandes  ;  les  canaux  ainsi  formés  restent  libi^es  et  éminemment 
propres  à  la  ciixîulation  de  l'eau.  Au  contraire,  avec  les  roches 
grasses,  peu  cohérentes  et  surtout  plastiques,  les  fragments  se 
resserrent  et  bouchent  les  fissures  au  fur  et  à  mesure  de  leui* 
formation.  Les  argiles  subissent  ainsi  des  plissements  et  des  frac- 
tures importantes  sans  donner  lieu  au  moindre  passage  d'eau  ;  elles 
sont  donc  presque  toujours  un  support  parfait  pour  les  nappes. 

Pour  la  suralimentation  des  nappes  d'eau  dans  les  sables,  je 


8BANGR  DU  3   DBC3BMBRB   igOI  SqS 

crainSy  comme  M.  Imbeaux,  qu'il  n'y  ait  de  graves  difficultés  pro- 
duites par  le  colmatage  ou  d'une  façon  plus  générale  par  diminu- 
tion de  la  perméabilité  primitive. 

Les  éléments  des  sables,  dans  les  parties  situées  hors  de  la 
nappe  peuvent  en  effet  être  enrobés  dans  des  parcelles  plus  ou 
moins  argileuses  qui,  une  fois  imbibées,  se  délayent,  se  déplacent 
et  bouchent  les  canaux.  Avec  les  sables  de  Fontainebleau,  ce 
danger  est  évidemment  très  faible,  mais  le  simple  transport  des 
fragments  cristallins  les  plus  fins  amènera  certainement  l'obstruc- 
tion lente,  mais  cependant  très  sensible  des  vides  primitifs. 

Il  peut  ainsi  se  produire  un  colmatage  assez  rapide  avec  les  eaux 
les  plus  limpides. 

• 

M.  G.  Dollfus  pense  que  la  principale  objection  au  projet  de 
M.  Janet  est  d'ordre  technique  ;  la  difficulté  de  construction  pour 
les  galeries  collectrices  des  eaux  filtrées  lui  parait  très  grande. 
Aucune  des  méthodes  employées  jusqu'ici  ne  lui  parait  applicable 
aux  nombreux  kilomètres  à  développer  au  flanc  des  collines 
sableuses  :  ni  les  fascines  des  Hollandais,  ni  les  lames  de  verre  de 
M.  Pntzeys,  ni  les  vases  poreux  de  M.  Lippmann,  ni  les  récents 
siphons,  ne  lui  paraissent  répondre  à  un  programme  pratique. 
C'est  supposer  résolue  la  question  des  «  sables  boulants»  à  l'étude 
chez  nos  confrères  belges,  et  qui  parait  si  diilicile.  Au  point  de 
vue  de  rinfUtration  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  également  de  la 
composition  très  différente  des  eaux  pluviales  et  des  eaux  de 
rivière.  Les  eaux  atmosphériques  sont  chaînées  d'oxygène  et 
d'acide  carbonique^  elles  ont  un  pouvoir  chimique  très  actif,  tandis 
que  les  eaux  de  l'Oise  sont  chargées  de  carbonate  de  chaux  et 
d'azote  et  se  présentent  comme  conservatrices.  Les  eaux  ne  parais- 
sent se  grouper  en  rivières  qu'après  avoir  épuisé  leur  pouvoir 
agressif  et  modificateur. 

M.  Babinet  dit  que  la  méthode  sera  très  chère  dans  son  appli- 
cation, et  que  l'exécution  de  la  galerie  captante  présentera  de 
sérieuses  difficultés.  Il  est  improbable  qu'aucune  municipalité 
puisse  faire  un  essai  de  ce  genre,  car  M.  Janet  n'ignore  pas  que  le 
moindre  serait  terriblement  coûteux.  Il  jugerait  beaucoup  plus 
économique,  et  au  moins  aussi  sûr,  de  filtrer  artificiellement  les 
eaux  des  sources  vauclusiennes,  si  l'on  veut  éviter  à  tout  prix  le 
risque  des  maladies  d'origine  hydrique.  Cette  opération  ne  dimi- 
nuerait guère  leur  fraîcheur. 

M.  Bigot  craint  que  dans  la  pratique  le  colmatage  dont  on  vient 
de  parler  ne  soit  un  sérieux  inconvénient  pour  ré[>iiration  des 

aa  Février  190a.  —  T.  i^»".  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  38 


$94  SÉANCE  DU  a  DÉCEMBRE  igOI 

eaux  qui  parviendront  aux  sources  artificielles.  Cette  épuration 
est  un  phénomène  chimique,  accompli  par  des  microorganismes 
fonctionnant  dans  des  conditions  d'existence  très  étroites  ;  il  est  à 
craindre  que  le  colmatage  ne  modifie  ces  conditions  d'une  manière 
défavorable. 

M.  Janet  répond  que  le  colmatage  des  points  d'absorption  ne  se 
produira  qu'après  un  temps  assez  long,  si  la  quantité  d'eau  à  absor- 
ber est  faible.  Quant  aux  difficultés  d'exécution  de  la  galerie  col- 
lective, et  de  captage  de  Teau,  elles  sont  sérieuses,  mais  peuvent 
être  surmontées. 

M.  Boursault  dit  qu'en  e (Tel  la  difficulté  du  captage  des  eaux 
dans  les  sables  est  classique  et  que  M.  Janet  a  raison  d'y  voir  non 
pas  un  obstacle  insurmontable,  mais  une  difficulté  pour  l'appli- 
cation de  la  méthode  des  sources  artificielles  qu'il  préconise. 

Dans  le  nord  de  la  France  et  en  Belgique,  les  accidents  et  les 
échecs  de  forages  exécutés  dans  les  sables  landéniens  sont  fréquents. 

Je  peux  également  citer  quelques  faits  typiques  aux  environs 
même  de  Paris,  vers  le  nord. 

Quand  on  examine,  dans  cette  région,  l'allure  de  la  nappe  puis- 
sante supportée  par  l'argile  plastique,  on  voit  que  son  niveau 
piézométricfue  recoupe  successivement  les  diverses  formations 
supérieures,  par  suite  du  plongement  général  vers  Paris. 

Or,  à  la  station  de  Survilliers,  l'eau  rencontrée  à  35  mètres  du 
sol  dans  les  sables  du  Soissonnais  ne  peut  être  extraite  que  lente- 
ment, à  raison  de  3  mètres  cubes  à  l'heure. 

A  la  gare  de  Villiers-le-Bel,  le  niveau  piézométrique  est  à  17  m. 
dans  les  sables  de  Beauchamp  ;  un  ancien  puits  fournissait  péni- 
blement 4  ui*  cubes  avec  entraînement  de  sable.  Dans  une  nou- 
velle installation,  à  quelques  mètres  de  la  première,  j'ai  fait  arrêter 
le  puits  à  grande  section  avant  le  niveau  de  l'eau  et  continuer 
ensuite  par  un  forage  étanche  dans  toute  la  traversée  des  sables, 
et  librement  ouvert  jusqu'au  calcaire  grossier  moyen  sur  lequel  on 
s'est  aiTôté.  Dans  ces  conditions,  le  résultat  a  été  excellent,  le 
débit,  en  eau  absolument  exempte  de  sable,  est  de  ao  m.  cubes  à 
l'heure  avec  une  dénivellation  de  moins  de  a  mètres. 

Le  Président  remercie  M.  Léon  Janet  de  la  conférence  si  inté- 
ressante qu'il  vient  de  faire.  La  connaissance  du  sol  de  la  France 
est  maintenant  assez  avancée  pour  qu'il  soit  possible  de  rechercher 
les  applications  pratiques  de  la  géologie.  On  doit  savoir  gré  à 
M.  Janet  d'être  entré,  l'un  des  premiers,  dans  une  voie  qui  promet 
de  mener  à  d'importants  résultats. 


Séance  jdu  f  O  Décembre  tOOt 

PRÉSTOENCE  DE  M.  L.  GAREZ,  PRÉSmENT 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la  séance  précé- 
dente. La  rédaction  de  ce  procès- verbal  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Max  Le  Couppey  de  la  Forest,  Ingénieur-agronome, 
Secrétaire  de  la  Commission  d'études  des  eaux,  présenté 
par  MM.  Van  den  Broeck  et  Léon  Janet  ; 
Maxime  Bourdon,  présenté  par  MM.  Van  den  Broeck  et 
Léon  Janet. 

Le  Président  communique  à  la  Société  une  circulaire  de 
V Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caen,  L'Académie 
met  au  concours,  pour  le  prix  Le  Sauvage  (2000  francs)  à  décerner 
en  1904,  le  sujet  suivant  :  «  Etudier,  au  point  de  vue  de  l'origine  et 
du  gisement  en  Normandie,  une  ou  plusieurs  substances  minéi*ales 
susceptibles  d^exploitation  ».  Les  mémoires,  rédigés  en  français, 
devront  être  envoyés  au  Secrétaire  au  plus  tard  le  3i  décembre 
1903.  Gbaque  mémoire,  non  signé,  portera  une  devise  qui  sera 
répétée  sur  un  pli  cacheté  contenant  le  nom  et  l'adresse  de  l'auteur. 

M.  Albert  Gaudry  met  sous  les  yeux  de  la  Société  des  repré- 
sentations de  l'Okapi,  communiquées  par  M.  Ray  Laukester.  Ce 
sont  des  photographies  de  deux  crânes  et  un  dessin  colorié  du 
curieux  animal  de  l'Ouganda,  remonté,  d'après  les  instructions  de 
réminent  directeur  du  British  Muséum,  avec  les  pièces  envoyées 
par  Sir  Hariy  Johnston.  M.  Albert  (iaiidry  présente  en  même 
temps  le  dessin  du  squelette  de  V Ilell adotheriiim  de  Pikermi  pour 
<ju'on  puisse  comparer  l'animal  miocène  avec  son  survivant  actuel, 
légère  ment  modi  fié . 

M.  Douvillé  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  G.  de 
Angelis  d'Ossat,  une  note  Sur  une  forme  singulière  d'une 
colonie  rf'Aspidiscus  cristatus  Kœnig,  sp.  (Extr.  Feuille  des  Jeunes 
Naturalistes). 

M.  de  Lapparent  annonce  que,  dans  sa  séance  de  ce  jour, 
rAcadémie  des  Sciences  a  décerné  le  prix  Delesse  à  M.  Gaston 
Vassexjr,  pour  l'ensemble  de  ses  beaux  travaux  sur  les  terrains 
tertiaires  de  l'Aquitaine  et  du  Languedoc. 


596  SÉANCE    DU    16   DÉCEMBRE    igOI 

M.  G.  Dollfus  présente  au  nom  de  M.  Ph.  Dautsenberg  et  en 
son  nom  une  brochure  intitulée  : 

Nouvelle  liste  des  Pélécypodes  et  des  Brachiopodes  fossiles  du 
Miocène  moyen  du  Nord-Ouest  de  la  France, 

C'est  une  simple  liste  extraite  du  Journal  de  Conchyliologie^ 
comme  dernier  appel  fait  à  leurs  confrères,  qui  voudraient  bien 
communiquer  aux  auteurs  les  documents  et  les  fossiles  qu!ils 
possèdent  du  Miocène  de  la  Touraine  et  de  FOuest,  avant  la  mise 
à  rimpression  d'un  mémoire  paléontologique,  plus  développé  sur 
le  même  sujet,  qui  est  actuellement  fort  avancé. 

M.  Haug  dépose  la  note  suivante  :  Sur  le  pli  couché  des 
Diablerets. 

Dans  un  remarquable  travail  intitulé  «  Recherches  sur  Torigine 
des  vallées  des  Alpes  occidentales  »,  que  les  «  Annales  de  Géogra- 
phie »  ont  récemment  publié,  M.  Maurice  Lugeon,  entre  autres 
questions  relatives  à  la  tectonique  des  Alpes  occidentales,  discute 
également  «  l'accident  géologique  qui  fait  que  le  pli  de  Morcles  est 
relayé  par  la  haute  masse  des  Diablerets  ».  L'explication  qu'en 
donne  mon  excellent  collaborateur  et  ami,  m'oblige  à  une  reven- 
dication de  prioi*ité  dont  je  me  serais  certainement  c^spensé  s'il  ne 
s'agissait  pas  d'un  accident  tectonique  dont  l'interprétation  — 
donnée  par  moi  dès  1894  —  modifie  du  tout  au  tout  la  notion, 
adoptée  précédemment  par  tous  les  auteurs,  de  la  continuité  des 
Hautes  Chaînes  calcaires  de  la  Savoie  avec  celles  de  la  Suisse. 

D'après  M.  Lugeon  ^  le  relaiement  des  plis  du  massif  de  Morcles 
par  ceux  du  massif  des  Diablerets  «  a  été  expliqué  par  deux 
hypothèses  :  disparition  des  plis  sous  un  nouveau  régime  de  plis 
perpendiculaii*cs,  provenant  de  l'intérieur  des  Alpes  (Haug,  C.-R. 
somm.  Soc,  géoL,  ^4  juin  1896)  ;  pli  transversal  accusé  jusqu'au 
pli-iaille  (Lugeon,  la  Région  de  la  Brèche  du  Chablais,  p.  aSa)  ». 

«  Je  crois  aujourd'hui  »,  continue  M.  Lugeon,  «  que  la  masse  des 
Diablerets  doit  élre  considérée  comme  un  vaste  pli  couché,  qui  vient  se 
superposer  à  celui  de  Morcles  au  point  où  ce  dernier  s'abaisse.  La 
direction  N.-S.  des  aflleurcments  dans  le  Val  de  Treiscœnrs  n'est  due 
qu'à  l'érosion  et  au  fait  que  la  nappe  du  pli  couché  des  Diablerets  plonge 
vers  le  N.-Ë.,  comme  celle  de  Morcles.  Dans  ces  conditions,  la  nappe 
des  Diablerets  a  dû  anciennement  recouvrir  une  bonne  partie  de  celle 
de  Morcles,  bien  au-delà,  vers  l'ouest,  de  ses  limites  actuelles,  détermi* 
nées  par  cette  grande  entaille  concentrique  qui  sépare  les  deux  massifs  ». 

I.  Ann.  de  Géogr.,  lo*  année,  p.  ^16. 


SEANCE   DU    l6   DECEMBRE    I9OI  697 

M.  Lugeon  abandonne  donc  maintenant  son  ancienne  interpré- 
tation du  «  pli  transversal  accusé  jusqu'au  pli-faille  ».  J*en  suis 
d*autant  plus  heureux  que  celle  à  laquelle  il  arrive  aujourd'hui 
est  en  réalité  identique  avec  ma  manière  de  voir.  Il  s'en  serait 
certainement  rendu  compte,  si,  au  lieu  de  citer  une  des  notes  préli- 
minaires dans  lesquelles  j*ai  exposé  très  sommairement  mon  idée 
du  relaiement  S  il  avait  lu  les  quelques  pages,  accompagnées  d*une 
carte  schématique,  que  j'ai  consacrées  à  la  question  dans  mes 
«  Études  sur  la  tectonique  des  Alpes  Suisses  »  -.  Il  y  aurait  trouvé 
notamment,  les  deux  passages  ^suivants,  qui  ne  laissent,  je  crois, 
planer  aucun  doute  sur  mon  interprétation  : 

«  Le  pli  (de  la  Lizeme  et  des  Diablereis)  étant  très  couché,  les 
bandes  de  terrains  qui  représentent  raflleurement  de  son  flanc  normal 
sont  presque  horizontales  :  celle  qui  correspond  au  Jurassique  supé- 
rieur peut  être  suivie  vers  Touest  jusqu'au  Véiard,  au-dessus 
d'Anzeindaz;  la  bande  de  Néocoraien  s'étend  jusqu'aux  Rochers  du 
Vent  ;  celle  de  ITJrgonien,  jusqu'au  sommet  principal  des  Diablerets 
(325i  m.).  A  Touest  de  ce  sommet  nous  nous  trouvons  dans  la  région 
de  la  charnière  anticlinale . . . 

L'anticlinal  des  Diablerets  est  donc  couché  sur  une  très  grande 
largeur  ;  il  s'étend  par  dessus  la  zone  du  Néoconiien  à  Céphalopodes, 
qui  s'introduit  comme  un  coin  entre  les  Diablerets  et  le  Muveran  ;  il 
s'étend  aussi  sur  la  zone  triasique  et  jurassique  de  Bex,  qu'il  recouvre 
au  sud  de  Taveyannaz  ». 

Ainsi  donc,  j'ai'  non  seulement  indiqué,  dès  1894,  le  relaiement 
des  plis  de  Morcles-Muveran  par  un  faisceau  de  plis  plus  interne, 
mais  j'ai  établi  également  que  le  plus  extérieur  de  ces  plis,  celui 
de  la  Lizeme  et  des  Diablerets,  se  déverse  vers  Touest,  par-dessus 
plusieurs  éléments  tectoniques  distincts.  Comme,  depuis  quelques 
années,  on  attache  une  importance  de  plus  eu  plus  grande  à 
l'empilement,  dans  les  zones  extérieures  des  Alpes,  de  plis 
couchés  dont  la  racine  est  située  plus  en  arrière,  j'ai  tenu  à  rappeler 
que,  en  ce  qui  concerne  les  Diablerets,  j'ai  été  le  premier  à  donner 
une  interprétation  que  M.  Lugeon  adopte  pleinement  aujourd'hui 
et  qui  entraine  la  conclusion  que  les  Hautes  Chaînes  calcaires 
Suisses  constituent  le  prolongement  tectonique  de  la  zone  du 
Briançonnais. 

I.  Ni  dans  la  note  citée  par  M.  Lugeon,  ni  dans  deux  notes  précédentes 
(C.-il.  somm.  Soc.  géol.y  19  mars  1894,  et  C.-R.  Ac.  Se.  du  même  jour)  je  n'ai 
parié  de  c  disparition  des  plis  sous  un  nouveuu  régime  de  plis  perpendicu- 
laires ». 

a.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXIV,  p.  558-564,  1896. 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 

La  Commission  a  vérifié  les  comptes  présentés  par  le  Trésorier 
pour  Tannée  1900,  ils  sont  reproduits  dans  le  tableau  A,  rappro- 
chés des  chiffres  correspondants  potir  1899  et  des  prévisions  pour 
1901  ;  un  second  tableau  B  résume  l'ensemble  des  opérations 
eflectuées  par  la  Société  pendant  Tannée  1900. 

Recettes 

Les  revenus  ordinaires  sont  en  augmentation  de  a83  fr.  ^5,  par 
suite  du  placement  de  fonds  résultant  du  legs  Prestwich  ;  cette 
augmentation  n*aura  tout  son  effet  qu*en  1901.  La  plus-value  des 
cotisations  arriérées  signalée  Tannée  dernière,  a  eu  pour  consé- 
quence une  diminution  notable  sur  le  chiffre  correspondant 
de  1900,  qui  retombe  au-dessous  de  celui  de  1898.  Les  cotisations 
courantes  sont  en  progrès  depuis  deux  ans,  il  en  est  de  même  des 
cotisations  anticipées  qui  ont  remonté  cette  année  de  890  francs  ; 
on  ne  peut  tirer  aucune  conclusion  bien  ferme  de  ces  oscillations, 
qui  en  fait  sont  très  irrégulières.  Si  Ton  fait  le  décompte  des 
cotisations  qui  se  rapportent  effectivement  à  Texercice  1900,  on 
voit  que  leur  nombre  est  inférieur  de  10  à  celui  de  Texercice 
précédent  :  la  diminution  du  nombre  des  membres  déjà  bien 
souvent  signalée  est  donc  loin  d'être  enrayée,  comme  on  avait  pu 
le  croire  un  moment. 

Les  droits  d'entrée  sont  retombés  au  chiffre  très  bas  de 
1260  francs. 

Les  recettes  provenant  de  la  vente  du  Bulletin,  sont  par  contre 
en  progression  assez  notable,  près  de  5oo  francs  ;  mais  la  vente  des 
Mémoires  de  Paléontologie  continue  à  faiblir. 

Au  total  les  recettes  ordinaires  sont  en  augmentation  de  461  f r.  35 
sur  celles  de  1899. 

Dépenses 

Abstraction  faite  du  loyer,  les  frais  généraux  ont  passé  de 
4.317  fr.  33  à  4.528  fr.  25  ;  ils  présentent  ainsi  une  légère  augmen- 
tation de  210  fr.  92.  La  dépense  de  loyer  s'est  abaissée  de  4.40^  fr-  80 
à  2.202  fr.  45  ;  mais  c'est  un  gain  tout  fortuit,  et  qui  résulte 
uniquement  du  jeu  des  loyers  d'avance,  résultant  de  l'expiration 
de  Tancien  bail.  11  n'en  est  pas  moins  arrivé  fort  à  propos  pour 


igOI  RAPPORT   DE   LA  COMMISSION   DE  COMPTABILITE  $99 

• 

compenser  une  partie  des  dépenses  de  la  nouvelle  installation. 

Par  contre  les  dépenses  d'impression  du  Bulletin  ont  atteint  un 
niveau  anormal  et  manifestement  exagéré.  Nous  disions  Tannée 
dernière  qu'il  était  prudent  de  ne  pas  dépasser  le  chirPre  de 
8.5oo  irancs  ;  or  les  frais  d'impression  du  Bulletin  seul  (t.  XXVIII) 
se  sont  élevés  à  10.509  fr.  35  (dont  4-094  f^-  ^^  pour  les  planches 
et  dessins  dans  le  texte),  et  dans  cette  somme  n'est  pas  comprise 
la  réunion  extraordinaire  du  tome  XXVII,  qui  doit  être  comptée 
dans  la  même  année.  Les  frais  correspondants  étaient  évalués  à 
i5oo  francs,  ce  qui  portera  la  dépense  totale  de  fixais  d'impression 
du  Bulletin  à  environ  12.000  francs,  soit  une  augmentation  de 
3.5oo  francs  sur  le  chiffre  de  1899.  Cette  augmentation  est  tout  à 
fait  hors  de  proportion  avec  les  ressources  réelles  de  la  Société,  et 
il*  est  nécessaire  d'appeler  tout  particulicrement  sur  ce  point 
l'attention  du  Bureau,  de  la  commission  du  Bulletin  et  du  Conseil. 

Nous  devons  signaler  également  le  retard  fâcheux  et  tout  à  fait 
anormal  apporté  à  l'impression  de  la  réunion  extraordinaire  ;  c'est 
la  première  fois  depuis  nombre  d'années,  qu'il  n'a  pas  été  possible 
de  faire  figurer  cette  dépense  dans  le  budget  correspondant.  Il  faut 
espérer  qu'il  ne  s'agit  que  d'un  fait  tout  exceptionnel  et  qui  ne  se 
reproduira  pas  à  l'avenir. 

Le  Compte-rendu  sommaire  avait  diminué  l'année  dernière  de 
2200  francs,  et  nous  avions  fait  honneur  de  cette  diminution  au  zèle 
de  nos  Secrétaires.  Cette  année  la  dépense  a  augmenté  de  876  francs, 
c'est4-dire  qu'elle  a  presque  doublé,  et  cependant  nous  avons 
tout  lieu  de  penser  que  le  zèle  de  nos  Secrétaires  n'a  aucunement 
faibli  ;  c'est  l'abondance  des  communications  faites  à  nos  séances 
qui  est  la  seule  cause  de  cette  augmentation. 

Le  chapitre  des  Mémoires  de  Paléontologie  est  cette  année 
complètement  vide.  Malgré  tous  les  ell'orts  du  Bureau  et  du  Conseil, 
cette  publication  n'arrive  pas  à  reprendre  sa  marche  normale  ;  les 
conséquences  fâcheuses  du  traité  Carré  et  Naud  s'exagèrent  de  plus 
en  plus  ;  nous  attendons  toujours  la  fin  du  tome  IX  et  les  insufîi- 
sances  de  recettes  à  la  charge  de  la  Société,  qui  étaient  de  1)00  francs 
environ  pour  le  tome  VIII  sont  prévues  de  plus  de  1.200  francs 
pour  le  tome  IX.  De  ce  fait,  une  double  charge  s'imposera  à 
l'exercice  1901,  qui  aura  à  faire  face  non  seulement  à  la  liquidation 
du  tome  IX,  mais  encore  à  l'impression  du  tome  X.  Du  reste  une 
partie  seulement  des  dépenses  afférentes  à  ce  deniici*  volume 
incombera  à  l'exercice  en  cours,  par  suite  des  retards  diificiles  à 
éviter  dans  l'organisation  du  nouveau  régime  de  publication 
directe,  adopté  par  la  Société. 


6oo 


RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DE  GOMPTABILITÊ 


i6Déc. 


Comptes  de  1900  et  pi 


RECETTES 


1"^  Ordinaires 

Revenus  nets 

Cotisations  arriérées 

D  conrantes 

»  anticipées 

Droits  d'entrée 

Divers  et  dons 

2<'  Vente  des  Publications 

Bulletin  et  tables ;   . 

Mémoires  de  Géologie 

»  de  Paléontologie 

Ouvrages  de  Fontannes 

Souscription  ministérielle 

Total  des  Recettes 

Frais  généraux  à  retrancher.  .   .   . 

Dotation  des  publications 

En    caisse    au    commencement    de 
l'exercice 

Aliénation  de  capital 

Actif  disponible 


1899 


PRÉVUES 

pour  1900 


4.860,15 

83o  » 
lo.ago  » 
750  » 
540  » 
106  » 


17.376,16 


a. 775,95 
145,10 
320  » 

i.ooo    h 


4.900  » 

600  11 

lo.aoo  » 

900  » 

5oo  » 
» 


1900 


PRJ 

poi 


17.100     » 


5.089,90 
390    11 

io.38o  11 

I  140  » 

a6o  11 

410 


5.. 
10.: 


17.669.90 


4.365.IO 


ai.74i,a5 
8.726,13 


a. 800  » 

3oo  » 

aoo  » 

100  » 

i.ooo  » 


4.400    » 


3.^79,85 

169,40 

11 

8345 
1.000  » 


17.: 


3.< 


4.539,70 


ai.5oo    »aa.aoa,6o 


9.800    » 


i3.oi5,  la 
1.599.79 


14.614,91 


11.700    » 
a. 300,76 


14.000,76 


6.730,70 


15.471,90 

a.  300,76 
3.000   11 


i.< 


ao  772,66 


igoi 


RAPPORT  DK  LA  COMMISSION  DR  COMPTABILITÉ 


(ÎOI 


e  budget  pour  1901 


DÉPENSES 


1*  Frais  généraux 


Peraoïmel:  Appointements 

—  Gratiûcations 

—  Indemnité  de  logement . 
Loyer  effectif,  assurances,  contribut, 

Chauffage  et  éclairage 

Mobilier 

Bibliothèque 

Frsis  de  bureau 

Port  de  lettres 

DÎTers. 


2*  Frais  des  Publications 


t,  exercice  courant  (1900).    . 

Compte-rendu  sommaire 

PMidu  Bulletin  et  du  Compte-rendu. 

Mémoires  de  Paléontologie 

Tid>lc  de  la  3"  série 


8*  Dépenses  extraordinaires 


»nx, 


Contribution  aux  pn 
Catalogue  de  la  biDliothèque .   . 

Déménagement 

Indemnité  au  personnel  .... 
Frais  de  réception  du  Congrès . 


Dépenses   totales   (autres   que    les 
frais  généraux) 

-f-En  caisse  )        n    ^» 

'•   ,  >   en  un  d  exercice  .    .   . 

—Manque     ) 

Total  égal  à  l'actif  disponible.  . 


1899 


PRÉVUES 

pour  1900 


1.800    »    1.800    » 
i5o    » 


4.408,80 
614, 85 
457, 10 

519» 95 

442,95 

271,88 

60,60 


l;K)     » 


8.726,13 


5.500 

)) 

2.202,45 

5oo 

)) 

495,55 

450 

» 

3i8,2o 

600 

)> 

949,35 

450 

M 

3oo 

» 

236.^ 

5o 

)) 

216,60 

9.800 


» 


8.5o5,25 
400, 85 
926, 35 

899    » 
» 


10.731,45 


o,  3o 

i. 582,40 
» 
» 
» 


1.582,70 


I2.3i4, i5 

-f2  300,76 


» 


14,614,91 


10.000  » 

5oo  » 

i.ooo  » 

I.OOO  » 

I.OOO  » 


i3  5oo    » 


» 

900 

10.000 

100 

5oo 


1 I . 5oo    » 


29  000      » 


» 

10.999,24 


14.000,76 


1900 


1.800    » 
i5o    » 


PREVUES 

pour  1901 


6.730,70 


10.^09,35 

776, 25 

1.246    » 

» 


» 


i2.53i,6o 


1.098,00 

5.462,40 

100     » 

846,20 


7.506, 65 


20.o38,25 

+  :34,4i 


» 


20.772,66 


1.800  » 

i5o  » 

5oo  » 

4  4^0  )) 

25o  » 

3oo  )) 

600  » 

400  » 

a5o  » 
100 


>> 


8.750  » 


8.000  » 

5oo  » 

I.OOO  » 

3.000  » 

I.OOO  » 


i!^.5oo  ») 


Ç)00   » 
I.OOO   ï) 

100  » 


2.000  » 


i5.5oo  » 


» 


)> 


J 


6oQ 


RAPPORT  DE  LA   COlfMISSION   DE  COMPTABILITÉ  l6  DéC. 


Résumé  des  comptef 


RECETTES 


lo  Ordinaires 

Revenus 

Cotisations,  droits  d'entrée  et  divers.   .    . 

2^  Vente  des  publications 

Bulletin  et  Mémoires  de  Géologie  .    .    .    . 

Mémoires  de  Paléontologie 

Ouvrages  de  Fon tannes 

Souscription  ministérielle 

So  Locatives 
Produit  des  sous-localions 

4*"  Compte  capital 

Cotisation  à  vie 

Legs  Prestwich  ...       

50  Fonds  spéciaux 

A.  Barotte 

B.  Fontannes 

c.  Viquesnel 

Total 

6«  Encaisse  au  !•'  Janvier  1900 

Budget  ordinaire 

Fonds  spéciaux 

Compte  capital 


5.089.90 
122.580     » 


3.449,  a5 
» 
83,45 

I.OOO      » 


1.658.35 


400    » 
9.719' 90 


507, 5o 
65o  » 
33a,  a5 


2.3oo,  76 

448, 5i 

a.577,65 


17-669' 9^ 


4,53a,  70 


1.658,35 


10.119,90 


1.489, 75 


35.470,60 


5.3a6,9a 
40.797, 5a 


I90X 


BAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DR  COMPTABILITE 


6o3 


;xercice  1900 


DÉPENSES 


lo  Ordinaires 

ind,  loyer,  chauflagc  et  éclairage.    . 

er  et  bibliothèque 

le  bureau,  ports  de  lettres  et  divers. 

\9  Frais  des  publications 

n  (1900) 

e-rendu  sommaire 

1  Bulletin  et  du  G.-R.  S 

but.  aux  Mémoires  de  Paléontologie. 

Dépenses  extraordinaires 

Fue  de  la  bibliothèque 

le  déménagement  et  indemnité  au 

>nnel 

le  réception  du  Congrès 

40  Compte  capital 
de  a85  francs  de  rente  3  "/o  .    .    .    . 

50  Fonds  spéciaux 

otte 

tannes 

lesnel 

Total .   .   . 

loaisse  au  SI  Décembre  1900 

ordinaire 

spéciaux 

i  capital 


6.3o6, 35 

i.'j()7,55 

8i5, i5 


10.509, 35 

776, a5 

1.246    » 

)) 


1.098.05 

5.562, 4^ 
846,  ao 


9.696, 45 

600  » 
)) 
665,55 

734,41  1 
672,  71 

1, 10 

8.389,  o5 


i2.53i,6o 


7.506, 65 


9.696, 45 


1.265,55 


39.389,30 


1.408,22 
40.797, 52 


r)04  RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DK  COMPTABILITÉ  l6  Déc. 

Les  dépenses  extraordinaires  ont  pris  cette  année  une  impor- 
tance parliculière.  Si  on  laisse  de  côté  la  confection  du  catalogue 
qui  touche  à  sa  fin,  le  gros  chiffre  de  ces  dépenses  résulte  du 
déménagement  de  la  Société  et  de  son  installation  dans  THôtel  des 
Sociétés  savantes.  Grâce  au  zèle  de  la  Commission  spéciale,  les 
dépenses  qui  avaient  été  prévues  pour  lo.ooo  francs,  ne  paraissent 
pas  devoir  s'élever  à  plus  de  6.5oo  francs,  dont  5.56!2  fr.  4o  seule- 
ment figurent  dans  Texercice  1900  (déménagement  7712  fr.  fx), 
agencement  de  la  Bibliothèque  ^,68q  fr.  80  ;  indemnité  à  Tagent 
100  francs).  Une  pai*tie  de  cette  dépense  a  été  couverte  par  le  gain 
réalisé  sur  les  loyers,  déjà  signalé  précédemment,  de  2.1206  fr.  35. 
On  s'explique  ainsi  qu'il  ait  sufli  de  prélever  sur  le  capital  une 
somme  de  S.ooo  francs. 

Signalons  enfin  les  dépenses  de  réception  du  Congrès  qui  se  sont 
élevées  à  846  fr.  ao. 

Résumé  et  conclusions 

La  situation  réelle  de  la  Société  est  en  somme  très  peu  satisfai- 
sante, et  Texercice  igoo  sera  fortement  en  déficit.  L'encaisse  sur  le 
budget  ordinaire  a  diminué  de  i.5oo  francs,  en  outre  une  somme 
à  peu  près  égale,  résultant  du  retard  apporté  à  l'impression  du 
Bulletin,  a  été  reportée  sur  Texercice  1901  ;  il  en  est  de  même  de 
l'insuiïîsance  des  recettes  du  tome  IX  des  Mémoires  de  Paléonto- 
logie, soit  une  troisième  somme  de  i.'joo  francs  environ.  Le  déficit 
du  budget  ordinaire  proprement  dit,  dépassera  donc  en  réalité 
4.000  francs. 

Ajoutons  que  l'exercice  1899  s'était  clos  par  un  excédent  de 
700  fr.  97  qui  doit  être  ramené  à  680  fr.  97,  si  Ton  tient  compte 
des  cotisations  arriérées,  et  des  cotisations  anticipées. 

La  Conmiission  vous  propose  d'appi*ouver  les  comptes  du 
Trésorier  et  de  lui  voter  des  remerciements. 

Présenté  au  nom  de  la  Commission  de  comptabilité, 

H.    DOUVILLK. 

Sur  la  proposition  du  Président,  l'assemblée  approuve  les  comptes 
du  Trésorier. 

Des  remerciements  sont  votés  au  rapporteur,  M.  Douvillé,  et  au 
Trésorier,  M.  Léon  Janet. 


SUR  LA  DECOUVERTE  .D'ARACHNIDES 
DANS    LE   TERRAIN    MOUILLER    DE   COMMENTRY 

par  M.  Armand  THEVENIN 

(Planche  Xlll). 

Le  gisement  houiiler  de  Commentry,  célèbi'e  parmi  les  paléon- 
tologistes par  le  grand  nombre  dlnsectes  fossiles  que  le  zèle 
infatigable  de  M.  Fayol  y  a  fait  découvrir,  a  fourni  récemment  les 
restes  de  deux  Arachnides  dont  M.  Fayol  a  bien  voulu  nie  confier 
l'étude  *. 

U  est  probable  que  cette  trouvaille  sera  bientôt  suivie  d'autres  et 
que  la  faune  d* Arachnides  paléozoïques  de  France  sera  aussi  impor- 
tante que  celle  des  Etats-Unis,  de  la  Bohème  ou  de  l'Angleterre  ^. 

On  sait  que  jusqu'ici  aucun  vestige  d'Arachnide,  sauf  des  Scor- 
pions, n  a  été  signalé  dans  les  terrains  antérieurs  au  Carbonifère  ^. 
Reuss  a,  le  premier,  signalé  une  Araignée  dans  le  Carbonifère 
en  1854.  Les  découvertes  depuis  lors  se  sont  multipliées  assez 
lentement  et  les  travaux  de  Beecher»  Fritsch,  Geinitz,  Haase, 
Harger,  Harvey,  Karsch,  Kûsta,  Rœmer,  Scudder,  Stur  et 
Woodward  ont  fait  connaître  jusqu'à  aujouixi'hui  une  trentaine 
d'espèces  réparties  en  une  vingtaine  de  genres  souvent  fondés  sur 
des  échantillons  d'une  conservation  très  imparfaite. 

I .  Je  tiens  à  adresser  ici  mes  sincères  remerciements  au  savant  directeur 
général  de  la  Compagnie  de  Commentry-Pourchambault-Decazevillc,  ainsi 
qu'à  M.  E. Simon,  dont  la  compétence  pour  Tétude  des  Arachnides  actuelles 
est  connue  de  tous  les  naturalistes,  qui  a  bien  voulu  me  donner  d'utiles 
indications. 

a.  M.  Zeilier  m'a  signalé  pendant  Timpression  de  cette  note  la  découverte, 
dans  le  Westphalien  des  environs  de  Valencienncs,  d'un  échantillon  de 
Kreischeria  auquel  Ch.  Brongniart  a  attribué  le  nom  de  Kreischeria  Geinitzi 
sans  jamais  l'avoir  publié.  Cet  échantillon  appartient  aux  collections  de 
l'Ecole  des  Mines;  la  description  en  sera  faite  prochainement. 

3.  M.  ScuDDBR  a  donné  (Bulletin  U,  S.  geological  Suri^ey^  N"»  69  et  71)  la 
bibliographie  complète  des  mémoires  relatifs  aux  Arachnides  paléozoïques 
et  l'index  des  espèces  décrites  jusqu'en  1890.  Nous  ne  croyons  pas  utile  de 
répéter  ici  cette  bibliographie.  On  trouvera  d'ailleurs  l'historique  dans  le 
travail  de  M.  Erich  Haasb  :  Beitrage  zur  Kenntniss  der  fossilen  Arachniden 
(ZeiUchr,  d.  d.  geoL  Gesellsch.,  XLU,  ihigo). 


6o6         A.  THEVENIN.  —  SUR  LA  DÉCOUVEBTE  d'aRAGBNIDES      i6  Déc. 

Dans  leur  ensemble,  ces  travaux  montrent  que  les  Arachnides 
sont  des  animaux  très  anciens  qui,  au  Carbonifère,  sont  déjà  très 
difl'érenciés ,  très  élevés  em  organisation,  et  comparables  aux 
animaux  actuels  du  même  groupe  zoologique. 

M.  Scudder  et  après  lui  MM.  Beecher,  Haase  et  Pritsch,  ont 
montré  qn*un  petit  nombre  de  ces  Arachnides  (Arthrol^^cosa, 
Geralycosa,  Eolycosay  Proiolycosa,  Palaranea,  Promygale) 
doivent  être  rappiH>chées  des  Araignées  vraies  (Araneides)  *.  Elles 
présentent  seulement  une  segmentation  plus  nette  de  Tabdomen, 
réalisée  partiellement  d'ailieui*s  dans  \n\  genre  actuel  Liphistius  -, 
survivant  eu  quelque  sorte  des  formes  fossiles,  qui  montre  une 
série  de  segments  abdominaux  chitineux  distincts  '^. 

La  plupaii;  des  autres  Ai*achnides  paléozoîques  ont  été  placées 
par  M.  Scudder  *  dans  un  groupe  spécial,  les  Anthracomartiy  qu'il 
considèi*e  comme  allié  aux  Phrynides,  aux  Phalangides  et  même 
aux  Pseudoscorpions  quoique  distinct  de  tous  ces  ordres  et  carac- 
téristique du  Carbonifère. 

M.  Haase,  après  avoir  fait  Tétude  critique  de  tous  les  genres 
connus  en  1890,  définit  d'une  façon  un  peu  diiférente  le  groupe  des 
Anthracomarti  et  en  fait  un  sous-ordre  d'Opiiionides  en  même 
temps  qu'il  place  RacoQnicia  pai^mi  les  Chemètes  et  rappelle  que 
Geralinura  et  les  formes  voisines  sont  de  vrais  Pedipalpes,  mon- 
trant ainsi  que  toutes  les  Arachnides  du  Carbonifère  peuvent  être 
placées  dans  la  classification  établie  pai*  les  zoologistes  pour  les 
Arachnides  actuelles,  bien  qu'elles  présentent  des  caractères  plus 
primitifs  et  spécialement  une  segmentation  très  nette  de  Tahdomen. 

Nous  en  avons  dit  brièvement  assez  sur  cet  historique  pour 
pouvoir  aboi*der  l'étude  des  deux  Araignées  découvertes  à  Com- 
mentry  par  M.  Fayol  et  voir  ensuite  quelles  sont  les  conclusions 
que  nous  fournira  cette  étude  pour  l'histoire  des  Arachnides 
paléozoîques. 

J'ai  pu  examiner  rempi*einte  et  la  contre-empreinte  de  ces  deux 
fossiles.  La  conservation  est  loin  d'être  aussi  parfaite  qu'un  premier 

I .  Ces  genres  présentaient  déjà  le  mode  de  respiration  de  la  majorité  des 
Araneides  vivantes.  M.  Fritsch  a  signalé  en  1899  sur  les  empreintes  de 
Proinygale  {tauna  der  Gaskohle  Bôhmens)  la  trace  de  quatre  sacs  phyllo- 
branchiaux  (poumons). 

a.  ScHiôuTK.  Oui  an  alvig-endc  Slaegt  of  Spindlernes  Omen  {Naturhiêt. 
Tidaskrift  U,  Copeniiaguc,  1846-49). 

3.  Nous  devons  rappeler  que  la  segmentation  de  Tabdomen  est  nettement 
visible  dans  l'embryon  des  formes  actuelles,  qui,  adultes,  sont  bologastres. 

4.  Traité  de  Paléontologie  de  Zittel.  —  Proced.  Ac,  of  Artê  and.  5c.,  [2], 
XX,  i885.  —  Mémoire  Boston  Society  $  t.  IV,  1S90. 


igOI  DANS  LE  TERRAIN  HOUILLEU   DE  GOMMENTRY  607 

coup  d*œil  peut  le  faire  croire,  mais  les  différents  échantillons  trou- 
yés  dans  les  pays  étrangers  qui  ont  été  décrits,  figurés  et  nommés 
étaient  rarement  meilleurs.  11  est  à  souhaiter  que  les  découvertes 
ultérieures  permettent  de  compléter  ou  de  rectifier  une  partie  des 
descriptions. 

r 

EOTROGULUS   FaYOLI   U.'sp. 
(PI.  XIII,  fig.  I). 

La  plus  grande  des  espèces  trouvées  par  M.  Fayol  montre,  au 
premier  coup  d'œil,  que  l'animal  avait  des  téguments  coriaces, 
quatre  paires  de  longues  pattes/ un  abdomen  ovale  allongé, 
segmenté,  un  céphalothorax  relativement  petit,  réuni  à  Tabdomen 
dans  toute  sa  largeur.  On  ne  peut  voir  ni  palpes  maxillaires,  ni 
chélicères. 

La  séparation  de  l'empreinte  et  de  la  contre-empreinte  s'est  faite 
de  telle  manière  qu'une  partie  du  revêtement  chitineux  dorsal 
adhère  à  la  plaque  de  schiste  qui  présente  la  face  ventrale  de  sorte 
que  les  empreintes  ne  présentent  pas  exactement  Tune  la  face 
dorsale,  l'autre  la  face  ventrale. 

Le  céphalothorax  est  mal  conservé,  on  peut  reconnaître  néan- 
moins qu'il  présente  quelque  analogie,  quant  à  sa  face  dorsale,  avec 
EophrynuSy  Woodward,  laissant  entrevoir  qu*il  est  primitivement 
formé  de  plasieui*s  plaques.  Malgré  la  mauvaise  conservation  on 
peut,  avec  un  éclairage  très  oblique,  pressentir,  en  avant  du 
céphalothorax,  l'existence  d'un  chaperon  et  d'un  camerostome 
comme  chez  les  Trogulides  actuels. 

On  compte  sur  la  face  dorsale  sept  segments  abdominaux 
dont  le  l'evêtement  chitineux  présente,  pour  chaque  segment,  une 
plaque  médiane  et  deux  plaques  pleurales,  caractère  d'Arachnide 
paléozoîque.  Sur  la  face  ventrale  on  peut  compter  huit  segments, 
c'est  le  nombre  typique  poui*  Tordre  des  Opiliones  *.  La  mauvaise 
conservation  des  deux  segments  abdominaux  postérieurs  au  sixième 
rend  impossible  la  distinction  de  Tanus  et  des  plaques  périanales 
s'il  y  en  a. 

Chaque  segment  présente  une  paire  de  tubercules  légumentaires 
saiUants  vers  l'intérieur  du  corps  qui  servaient  à  l'insertion  tendi- 
neuse des  muscles  de  l'abdomen.  On  trouve  fréquemment  ces  sortes 
d'aponévroses  disposées  par  paires  chez  les  Opiliones  actuels,  mais 
leur  disposition  métaménque,  en  relation  avec  une  métamérisation 

1.  Simon.  Arachnides  de  France,  t.  VU. 


()o8        A.  THKVKNIN.  —  SUR  LA  DECOUVERTE  d'arACHNIDES       i6  Déc. 

musculaire  aujourd'hui  eflacée,  est  particulièrement  remarquable 
chez  les  Arachnides  paléozoîques.  Ce  sont  ces  tubercules  que 
Woodward  a  décrits  comme  des  stigmates  dans  Eophjynus  Prest- 
çIqU,  On  les  voit  également  bien  dans  les  figures  de  Kreischeria 
données  par  Geinitz  et  Haase  et  dans  Graeophonus  carbonarius, 
Scudder,  que  cet  auteur  considère  comme  un  Pédipalpe.  Ils  sont, 
dans  l'espèce  qui  nous  occupe,  beaucoup  plus  rapprochés  de  la  ligne 
médiane  que  dans  aucune  autre  des  formes  figurées.  On  peut 
compter  nettement  cinq  paires  de  ces  tubercules,  il  est  probable 
qu'il  y  en  a  six. 

Malgré  l'écrasement  de  la  région  antérieure  du  corps  qui  rend  le 
fait  difficilement  visible,  il  est  vraisemblable  qu^il  existait  une 
avance  sternale  de  Tabdomen  (Simon)  (sternum  de  certains  auteurs) 
comme  chez  la  majorité  des  Phalangides. 

Toute  la  surface  des  téguments  est  finement  chagrinée,  il  n'y  a 
pas  trace  des  ornements  élégants  qui  se  trouvent  sur  la  ligne 
médiane  de  l'abdomen  des  deux  espèces  d' Eophrynus(E.  Prestvicii, 
Woodw.,  E.  Solmi,  Slur.). 

Les  pattes  sont  très  longues  et  rappellent  au  premier  coup  d*œil 
celles  des  Faucheure  actuels  * .  Celles  de  la  première  paii^  sont  de 
beaucoup  les  plus  courtes,  celles  de  la  seconde  et  de  la  quatrième 
paires  les  plus  longues  2,  Ces  pattes  sont  grêles  et  terminées  comme 
on  peut  le  voir  pour  la  quatrième  patte  droite,  par  un  tarse  très  fin, 
sétiformc  et  souple.  Les  divei*s  articles  qui  constituent  la  patte  ne 
sont  pas  très  nettement  visibles,  on  peut  distinguer  pourtant  sur 
Tnn  des  échantillons  l'article  intermédiaire  entre  la  cuisse  et  la 
jambe  (patella),  ce  qui  montre  que  les  pattes  d'Araignées  anciennes 
étaient  conformées  comme  celles  des  Araignées  actuelles.  Les 
articles  des  pattes  et  surtout  les  fémui*s  ont  un  aspect  rugueux 
chagriné  ;  ils  semblent  sur  le  fossile  finement  annelés,  il  est  possible 
que  cet  aspect  annelé  résulte  simplement  de  la  fossilisation,  de  la 
dessiccation  des  téguments,  mais  cela  est  peu  vraisemblable. 

Nous  avons  dit  qu'en  avant  du  céphalothorax  il  n'y  a  pas  trace 
de  chélicères  ou  de  palpes  ;  les  pattes  très  fines  et  très  longues 
ayant  subsisté  dans  la  région  même  où  devaient  se  trouver  ces 
appendices,  nous  pouvons  avec  vraisemblance  conclure  que  palpes 
et  chélicères  n'étaient  pas  très  développés  et  sont  cachés  sous  le 
céphalothorax. 

1.  Le  genre  Kustarachnef  Scudder,  présente  également  un  ahdoiuen  ovale 
allongé  et  de  très  longues  pattes. 

2.  Les  dimensions  sont  :  eorps,  12  millim.  ;  pattes  de  la  i'*  paire,  14  millim.  5; 
•j(  paire,  Î19  millim.  ;  3"  paire,  18  millim.  5;  4'  paire,  aa  millim.  5. 


RAPPOUT  DR  LA.  OOHHISSION  T>R  COMPTABILITÉ 


Igel  pour  1901 


DÉPENSES                               i8o(, 

PREVUES 

pour  igoo 

1900 

PRÊVUBS 

pour  1901 

'  Frais  généranx 

el  :  Appointements.  .   ,    . 

GratiScatioiis  .... 

Indemnilé  de  logement 
recUr, assurances,  contrihut 

1.800    .. 
i5o    » 

60.60 

i.Soo    » 
i5o    » 

5.500    » 
500    » 

600    » 

3oo    » 
50    » 

1.800    » 
i.5o    0 

"il 

a36.85 
ai6.6o 

1.800    « 
i5o    » 
500    « 

4400    » 

a5o    H 
3oo    » 
600    » 
400    » 
a5o    » 
100    >i 

èqoc.      .   . 

lellrea 

8.7ati.i3 

9.800    » 

6.730,70 

8.750    » 

^ais  des  PubUcatlons 

,  exercice  courant  (i(>oo).    , 

-rendu  sommaire 

BoUetinet  du  Compte-rendu. 

»de  Paléontologie 

e  la  3-  série  ....      .   . 

8.5D5.a5 
4oo,85 

I.OOO     II 
1.000      II 
1.000     » 

io.îio9,35 

8.000    .1 
Soo    " 

l.OOO      .1 
3.000     B 
l.OOO     » 

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i3  Soo    » 

ia.53t.tio 

i*.5oo    ■> 

wnses  extraordinaires 

o,3o 
t. .58a.  40 

900    » 
Soo    » 

5.46a,  40 

846,  ao 

900    .. 
io.>     B 

ne  de  la  bibliotlièt]ue.   . 

«emcDl 

lié  ux  personnel  .... 
■  réception  du  Congrès . 

i.583.;o 

ii.Suo    » 

7.506, 65 

a. 000    M 

M   totales   (autres    que    les 

généraux) 

J    en  fin  d'exercine  . 

la  314.1.5 
+2  3oo,;6 

35  000    » 
"«■99H.a4 

3o.o38,35 
+  :'i4.4i 

iS.Ôoo    » 

kl  égal  à  l'actif  disponible 

14.li14.91 

14.000,76 

ao.77a,66 

» 

6lO        A.  TIIEVENIN.  —  SUR  LA  DECOUVERTE  d'aRACHNIDES        i6  Déc. 

Son  abdomen  est  très  nettement  segmenté  et  montre,  comme 
celui  de  Tespèce  précédemment  décrite  et  conmie  celui  d^Eophrynus^ 
deux  rangées  de  petites  saillies  coniques  correspondant  à  des  tuber- 
cules aponévrotiqiies  du  tégument  chitineux  pour  Tinsertion  des 
muscles,  mais,  à  coup  sûr,  il  y  a  ici  plus  d*une  paire  de  tubercules 
par  segment. 

On  peut  constater  la  présence  d'une  avance  stemale  de  Tabdomen 
que  la  déformation  a  rejetée  de  côté. 

Cette  petite  espèce,  qui  est  incontestablement  un  Opilionide,  a, 
comme  l'espèce  précédente,  un  tégument  coriace  et  d'aspect 
chagriné.  Son  étude  définitive  ne  pourra  être  faite  qu'avec  un  plus 
g^nd  nombre  d'échantillons. 

Il  est  intéressant  de  connaître  le  mode  de  vie  des  genres  actuels 
les  plus  voisins  des  espèces  découvertes  à  Commentry  ;  car  on  sait 
que  les  mœurs  et  les  allures  des  Opilionides y  defî  Faucheurs,  sont 
extrêmement  diverses. 

Les  Trogulides  actuels  «  vivent  dans  les  endroits  humides,  sous 
les  pierres,  dans  les  mousses  des  bois  humides  et  certains  genres 
enfoncés  dans  la  boue  ;  leurs  téguments  sont  coriaces,  très  durs  » 
(Simon).  Les  Nemastoma  habitent  «  dans  les  mousses  et  les  détritus 
humides  des  forêts  »  (Simon).  Leui*s  téguments  sont  également  très 
résistants. 

Nous  voyons  que  les  genres  actuels  les  plus  voisins  par  leur 
morphologie  des  formes  rencontrées  à  Commentry  ont  un  mode 
d'existence,  qui  s'accorde  parfaitement  avec  les  conditions  que 
nous  croyons  avoir  été  réalisées  à  Commentry  pendant  l'époque 
houillère.  Il  serait  tout  à  fait  imprudent  de  tirer  d'autres  conclu- 
sions et  de  voir  là  une  filiation  directe  ;  c'est  seulement  une 
conséquence  de  l'adaptation  à  des  conditions  de  vie  analogues 
de  formes  carbonifères  et  actuelles  de  groupes  zoologiques  très 
voisins. 

Les  formes  fossiles  du  Carbonifère  présentent  des  caractères  plus 
primitifs  que  les  Opiliones  actuels.  Le  céphalothorax  est  formé  de 
pièces  [)lus  nettement  distinctes,  avec  pièces  épimériennes  visibles 
chez  l'adulte  comme  elles  le  sont  actuellement  dans  les  formes 
embryonnaires  *.  L'abdomen  est  toujours  segmenté  et  les  plèvres 
des  segments  abdominaux  sont  toujours  bien  séparées  de  la  partie 
médiane.  Ces  segments  abdominaux  libres  présentent  des  points 

I.  Balbiani.  Mémoire  sur  le  développement  des  Phalangides.  Annales  des 
Sciences  Naturelles,  Zoologie  f6],  XVI,  1872. 


I9OI  DANS   LE   TERRAIN  BOUILLER   DE   GOMMENTRY  61I 

d'insertions  musculaires  nets  indiquant  une  métamérisation  plus 
marquée  que  dans  les  Phalangides  actuels. 

Sans  rien  préjuger  sur  la  position  des  Anthracomarti  que 
M.  Haase  considère,  avec  vraisemblance,  comme  les  ancêtres  des 
Sironides  actuels,  tandis  que  M.  Scudder,  donnant  à  ce  groupe 
une  extension  plus  grande,  les  oppose  aux  Arachnides  plus 
récentes,  il  convient  d'en  séparer  Eophrynus,  et  les  formes  de 
Commentry  qui  sont  des  Opilionides  anciens  correspondant  aux 
groupes  actuels  Phalangium,  Trogalus  et  Nemastoma.  Nous 
chercherons  prochainement  à  établir  les  affinités  de  Kreischeria. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  XUl 


Fig.  I.  —  Eotrof(ulu8  Fayoii  sp.,  grossi  2  fois. 
Fig.  a.  —  Nemaatomoides  Elaveris  sp.,  grossi  3  fois. 


SUR  LA  THÉORIE  GÉNÉTIQUE 

DES  APPARITIONS  SINGUUÈRES  D  ACCIDENTS  RÉCENTS 

EN  PLEIN  JURASSIQUE  INFÉRIEUR 
DANS  LE  SUD-OUEST  DES  ALPES-MARITIMES 

par  M.  A.  GUÉBHARD. 


Je  demande  la  permission,  à  l'occasion  de  la  publication  récente 
de  certaines  coupes  de  M.  Fournier,  qui  m  apportent  un  argument 
inattendu,  de  revenir  avec  un  peu  plus  de  détails  que  je  n'ai  fait 
jusqu  ici  sur  le  mécanisme  probable  de  la  formation  des  appari- 
tions singulières  de  petits  lambeaux  de  terrains  récents  au  milieu 
de  terrains  plus  anciens  qui,  par  leurs  remarquables  alignements, 
jouent,  dans  la  tectonique  du  sud-ouest  de  la  feuille  de  Nice,  le 
rôle  important  de  Jalons  sj^nclinaux. 

A  maintes  reprises,  mais  toujours  d'une  manière  incidente  et 
toute  sommaire,  j'ai  formulé  antérieurement  *  la  seule  hypothèse 
qui  me  parût  admissible  pour  expliquer  ces-  accidents  si  intéres- 
sants, que  Texistence  presque  constante  d'une  ceinture  rudimen- 
taire  bien  reconnaissable  de  fragments  des  portions  du  Jurassique 
disparu,  interdisait  d'attribuer  à  un  dépôt  in  situ  sur  le  support 
inférieur  à  horizontalité  presque  indérangée,  ou  dérangée  indiffé- 
remment dans  le  sens  d'une  légèi^  dépression  ou  d'une  non  moins 
légère  surélévation. 

Force  étant  de  rejeter  la  possibilité  d'une  simple  lacune  strati- 
graphique  avec  discordance  dans  le  temps,  il  ne  restait  de  recours 
qu'à  ridée  d'une  discontinuité  d'ordre  tectonique,  après  tout  peu 
faite  pour  surprendre,  en  ces  régions  tourmentées^  où  il  est.de  règle 
de  voir  le  Tertiaire  ou  Crétacé  presque  horizontalement  étalé  au 
pied  de  barres  de  Jurassique  très  inférieur,  lui-même  a  peine 
incliné. 

Mais  s*il  était  très  facile  d'expliquer  le  vulgaire  accident  du 
pii-failie,  par  le  déversement  d'un  anticlinal  sur  le  synclinal  infé- 
rieur, avec  ruptui'e  du  front  et  disparition,  par  étirement,  du  flanc 

I.  Trcloniquc  d'un  coin  dillicile  des  Alpes-Maritimes.  A,  F,  A,  S.,  XXUl,  4^* 
(189^)  ;  Esquisse  g-éotectonique  de  la  commune  de  Mons  (Var),  in  Bull.  So€. 
et,  sricnlif.  dr  Drafruignan^  XX,  p.  1276  (1896);  etc. 


TBCTONIQUR   DU   SUD-OUEST   DES    ALPES-MARITIMES  6l3 

intermédiaire,  il  De  semblait  pas  possible  d'avoir  raison  de  l'acci- 
dent plus  spécial  dont  dous  nous  occupons,  sans  recourii'  à  une 
coupe  symétrique  dans  le  plan  perpendiculaire  k  l'axe  de  plissement, 
avec  double  étirement  de  denx  flancs  synclinaux,  et  double  dispa- 
rition de  deux  nappes,  représentant  toute  l'épaisseur  du  Jui-as- 
sique  enlevé. 

Certes  il  serait  loisible  de  garder  à  l'ensemble  de  la  coupe  ta 
forme  d'un  V  très  ouvert,  avec  localisation  des  étirements  vers  la 
pointe,  correspondant  à  une  déflexion  synolinale  assez  faible  entre 
des  bombements  anticlinaux  à  peu  près  normaux  et  peu  accentués 
(Gç.  I,  A).  Mais  la  raison 

mécanique     échapperait  t-,..,^  a  ^.-■^  Pn  ^/^ 

alors,  et  de  l'inteDsité  des  ^^~^!r\  >''i^v-<^3Xvi!l  l  '^ 

étirements  observés,  et  de         '  — —      ^         x  _}  i    Ir^ 

l'énormité  des  masses  de  —  ^  »   J 

croftte  disparues.   Si,   au         j  "T  -      ~  ""^m 

contraire,  on  accorde  assez  "~~     ~"        ~"~     ~~ 

de  puissance  à  la  poussée  P'B-  •■  —  Schéma  de  la  rnrmation  de»  lam- 
tangentielle     pour    avoir  '»*■'"'  paradoxaux, 

refermé  presque  complè-  i.  Portion  soulevée,  plissée  et  uitérieore- 
tement  les  branches  du  V,  ">«"'  disparue  du  Jurassique;  9,  Strates 

soit  à    pUt    l'une    contre  l«briÛontes  ayant    raciUlé    le   décolle- 

„  *,    ,  ' ,         I  ment  ;  3,  Substralum  solide  ayant  résisté 

I  antre,   a  la  manière   des  ^„  profondeur  à  la  poussée  tangentielle. 

feuillets  d'un  livre  (fig.  i, 

B),  soit  plutdt  par  la  butée  front  à  front,  au-dessus  d'une  petite 
poche  synclinale  inférieure,  de  deux  ourlets  anticlinaux  opposés, 
ayant  fourni  un  point  de  levier  aux  forces  d'étirement  et  de 
rupture  (fig.  a,  0),  ce  n'est  plus  seulement  le  schéma  graphique 
de  l'accident  qu'on  obtient,  mais  aussi  la  vision  très  claire  du  méca- 
nisme |iar  lequel  il  a  pu  être  produit. 

L'on  conçoit  en  efl'el  très  simplement  que  la  striction  teri^slre, 
agissant  avec  une  intensité  décroissante  en  profondeur,  ait  pu 
avoir,  pour  effet  (fig.  a),  là  où  il  lui  arrivait  d'agirentre  deux  points 
déterminés  en  sens  opposés,  de  décoller  d'abord,  en  lu  gondolant, 
nne  épaisseur  de  strates  superficielles  moins  i-ésistantcs  (fig.  a,  /  ). 
an-dessus  d'une  autre  immobile  (fig.  t.  3),  surtout  si.  entre  deux, 
un  enduit  lubriliant  (fig.  u,  2),  comme  un  lit  d'argile,  établissait 
ime  prédisposition  au  glissement.  Puis,  l'action  s' exagérant,  la 
flèche  des  arcs  soidevés  s' augmentant  de  plus  en  plus,  les  plus 
supérieurs  se  détachent  de  leurs  extrémités  tiraillées  (fig.  a.  A,  C), 
se  surbaissent  par  leur  milieu  surchai^é  et  non  soutenu  (tig.  a,  B,  C), 
se  déversent  uiai^nalement  du  cdté  de  l'espace  vide,  s'y  heurtent 


€i4 


A.    GVEBHABD 


i6Déc. 


en  bourrelets  opposés,  et  finalement,  si  ce  n'est  arrivé  pins  tôt,  se 
brisent  et  «'«^croulent,  prêts  pour  la  disparition.  L'érosion,  alors, 
complétant  le  jeu,  balaie  toutes  les  ruines  jusqu'au  plancher  intact 
où  se  retrouvent  encastrés  les  lambeaux  plastiques  du  revêtement 
superficiel  qui,  par  le  mode  mdme  de  la  formation  du  synclinal  en 
pocfie.  se  sont  trouvés  rejetés  au  fond  de  la  bouteille,  parfois 
renfoncé  lui-même  en  coin  d»ns  quelque  craquelure  du  substratum 
par  le  poids  de  ses  parois  verticales,  et  longtemps  protégé  par  la 
fermeture  du  goulot  contre  les  actions  destructrices  extérieures. 


ng.  3.  —  I,  3,  3,  Comme  dans  1h  figure  i  4  Espace  vide  en  dessoua  des 
couches  dêroHée^  et  soaloees  5  Résidus  des  strates  supérieures  rame- 
nées au  niveau  des  piuE 


Les  coupes  observées  par  M.  E.  Foumierdans  le  Jura  et  publiées 
tout  récemment  '  semblent  comme  une  illustration,  prise  sur  le  fait, 
d'un  stude  moyen  du  mécanisme  ci-dessus  décrit.  Si  l'on  ne  veut 
voir  dans  cette  vallée  à  fond  crétacé,  bordée  de  Jurassique  ren- 
versé, à  pcndages  littéralement  (inrï-clinaux,  c'est-à-dire  en  sens 
opposés  par  rapport  au  plan  médian,  un  simple  pli  inverse  du 
flanc  renversé  d'une  nappe  recouvrante,  ce  qui  bouleverserait 
toutes  les  notions  admises  sur  le  Jura,  l'on  est  bien  forcé  de  donner 
à  la  coupe  un  profil  en  panse  de  bouteille  écrasée  du  modèle  des 
Jiaschi  llorentins  (fig.  a,  B,  C),  au-dessous  ou  sur  les  flancs  de 
laquelle  il  est  difficile  de  ne  pas  admettre  de  notables  étirements 
horizontaux.  Qu'on  suppose  alors  l'éi'osion  descendue  jusqu'à  ce 
niveau,  et  l'on  reti-ouve  très  approximativement  l'image  de  l'acci- 
dent observé  dans  le  Midi  :  un  lambeau  de  terrain  récent,  posé  sur 
an  plus  ancien,  avec  traces  de  bordure  intermédiaire. 

A  la  vérité,  l'étroitesse  ordinaire  des  lambeaux  méridionaux, 
tendrait  à  faire  attribuer  à  la  bouteille  une  forme  plus  aiguë  par  le 
bas  (lig.  a,  A);  et  l'habituelle  disparition  du  liane  intermédiaire 
entre  anticlinal  et  synclinal,  à  l'aire  remonter  les  étirements  sur  les 
côtés,  à  la  place  même  où,  dans  la  coupe  du  Jura,  c'est  le  flanc 


[.  B.  S.  O.  F.,  (4).  I,  p.  iw,  flg.  3  à  5. 


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6i6 


A.    GUEBHARD 


iGDéc. 


inverse,  intégralement  conservé,  qui  montre  ses  tranches.  Mais 
une  différence  si  petite  est-elle  disproportionnée  à  la  différence  si 
grande  de  deux  régions  aussi  distantes  ? 

—  Mais  encore,  dira-t-on,  ce  sont  là  schémas  purement  théori- 
ques, et  la  plume  a,  sur  le  papier,  des  libertés  que  n'avait  certai- 
nement point  la  pierre  dure  au  tréfonds  de  la  terre  encroûtée. 

Évidemment  ;  à  cela  je  ne  saurais  contredire  ;  ni  dissimuler  que 
j'aie  chei*ché  toujours  à  profiter  de  la  liberté  du  trait  pour  rappro- 
cher celui-ci  le  plus  possible  des  formes  natui*elles  auxquelles  est 
familiarisé  Tœil  du  physicien  ou  du  géomètre.  Mais,  ce  faisant, 
je  tiens  à  spécifier  que,  même  en  mes  schémas  les  plus  abstraits, 
je  commence  toujours  par  me  subordonner  du  plus  près  possible 
aux  données  numériques  de  Tobservation.  Les  figures  i  et  n  sont 
tout  hypothétiques,  soit  ;  mais  les  proportions  n'en  ont  rien  d'abso- 
lument irréel,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  par  la  comparaison 


__  CàmpLono 


Les    Tircbsses 


AU  3ooT. 


Pig.  4-  —  Coupe  suivant  la  ligne  C  de  la  figure  3.  —  Echelle  i/a5.ooo. 


avec  les  figures  4*  5  et  6,  dessinées,  celles-là,  rigoureusement  à 
l'échelle,  tant  pour  les  altitudes  que  pour  les  longueurs  et  les 
épaisseurs  ou  pendages  observés. 

La  figure  4»  prise  suivant  la  ligne  C  du  plan  de  la  figure  3,  monti*e 
bien  comment  le  resserrement  des  plis  à  des  distances  à  peine 
supérieui^es  à  l'épaisseur  de  strates  disparue,  impose,  sans  autre 
ressource,  ces  formes  schématiques  qui,  isolées,  peuvent  sembler 
arbitraires  ou  forcées,  alors  qu'on  peut,  sans  chercher  bien  loin, 
surprendre  leur  mode  évolutoire  à  toutes  ses  phases  intermé- 
diaires. Qu'on  essaie,  par  exemple  (fig.  5),  de  faire  une  coupe 
suivant  la  ligne  B  de  la  figure  3,  à  la  naissance  de  la  branche 
nord-ouest  de  la  croix  bien  caractérisée  que  dessine  le  bassin 
crétacé,  au  lieu  dit  l'Aubarède,  au  nord  de  Mons  (Var),  où  l'on 
voit  la  goi'ge  à  fond  cénomanien  de  Font  Trucelle,  profondément 
dominée  sur  ses  deux  bords  par  des  barres  de  Jurassique  en  posi- 


I90I 


TECTONIQUE  SU   8UD-Ot'RflT  DES  ALPES-HAHITIHES 


c, 


Fi(f.  5.  —  Conpe  s< 


l  la  li^e  B  de  la  Ûg.  3. 


Echelle  i/:t5.<ioo. 


tion  normale  à  baynres  inférieures  d'Infralias,  tiserées  de  brèche 
tilhonique.  Vunloir  expliquer  cela  par  un  simple  elTond renient 
local  entre  failles  an^Iaires  en  Y  aigu,  tîerail  contraire  à  toutes 
les  apparences  de  continuité  dans  les  plissements  que  fait  ressorlir 
partout  l'étude  de  la  région  et  que  montre  la  prolongation  même 
du  pli  des  Auliarodes,  très  vite  atténue,  k  l'ouest,  jusqu'à  s'effacer 
totalement  dans  l'Oxfordien,  par  une  rapide  remontée  de  son  axe 
sur  le  plateau  de  Bliauge,  où  reparaît  ensuite  une  di°continaité 
alTaiblie  de  Néoco- 
mien,  au  pied  d'une 
petite  barre  kimé- 
ridgienne.  La  seule 
reconstitution  cou- 
forme  aux  observa- 
tions locales  comme 
à  l'allure  générale 
du  pays,.«iontre  une 
boucle  crétacée 
{flg.  5,  A)  recouverte 
symétriquement  par 
les  déversements 
opposés  de  deux  bourrelets  anticlinaux,  à  fronts  disparus  par 
rupture  et  flancs  inférieurs  par  étirement,  suivant  deux  plis-failles 
presque  verticaux  ou  même  de  pentes  contraires. 

En  somme,  la  coupe  A  n'est  que  la  duplication  symétrique  autour 
d'un  axe  vertical,  l'opposition  face  à  eile-méme,  de  la  coupe  toute 
classique  des  déversements  méridionaux,  dont  nous  voyons  un 
exemple  à  gauche  de  la  fig.  4,  sous  l'inscription  Cam^/on^'',  et  qui 
sont  plus  que  fréquents,  de  règle,  dans  le  pays.  Pourquoi  trouve- 
rait-on absurde,  tourné  vers  le  nord,  ce  qui  parait  tout  naturel 
tourné  vers  le  sud  ?  El  quelle  difficulté  Tondamentaic  y  aurait-il  à 
concevoir  qu'en  certaines  places,  comme  cela  se  voit  à  chaque 
instant  sur  l'étoffe  de  nos  vêtements,  les  deux  mouvements  aient 
pu  se  faire  vis-à-vis  ? 

Mieux  encore,  si  l'on  prolonge  au  sud  la  coupe  deFontTrucelle. 
on  arrive  à  entamer  la  bi-anche  inférieure  se  dirigeant  sur  Mons 
du  bassin  cruciforme  crétacé  :  et  le  recoupement  du  cap  anticlinal 
obliquement  traversé  donne  obligatoirement  (lig.  '1,  B)  un  pi-ofil 
en  champignon,  qui  se  trouve  être  l'exacte  reproduction,  sens 
dessus  dessous,  du  profil  eajiasco  (lig,  5,  A)  de  Font  Tnicelle.  Si 
le  premier  s'impose,  sans  rien  de  choquant,  poui-({uui  le  dernier 
semblerait-il  extraordinaire  ? 


6l8  A.    GUÉBHARD  l6  Dëc. 

Uexamen  de  la  carte  ne  niontre-t-il  pas  bien  la  double  poussée 
au  vide  qui  a  dû  produire  tout  cela,  en  se  localisant  surtout  aux 
pointes  anticlinales  opposées  de  dômes  polygonaux  brusquement 
limités  sur  leur  pourtour  par  des  synclinaux  i*ecoupants,  et  la 
pression  maximale  agissant  là  comme  aux  coins  d'un  coussin  trop 
tendu,  pour  faire  saillir  en  hernie,  par  une  écomure  d'angle,  le 
contenu  interne  ?  La  complication  du  réseau  de  plissements  de  plus 
en  plus  polygonal  qui  commence  à  se  manifester  sur  cette  bordure 
de  carte  et  s'augmentera  encore  sur  la  feuille  de  Castellane.  four- 
nira maints  exemples  d'un  phénomène  qu'on  retrouve,  plus  on 
moins  développé,  à  presque  tous  les  croisements  de  synclinaux. 

D'une  manière  générale,  la  seule  condition  nécessairement 
requise  pour  le  déversement  en  sens  opposés  de  rides  anticlinales, 
est  que  la  stnction  terrestre  qui,  par  son  essence  même,  devait 
tendre  partout  à  raccourcir  la  distance  séparative  de  deux  points 
de  Técorce,  n'ait  pas  trouvé  obstacle  à  sa  tendance  naturelle  à  se 
réduire  localement  à  deux  composantes  à  peu  près  égales  et  direc- 
tement opposées,  au  lieu  de  laisser  prédominer  activement  l'une 
d'elles  sur  l'autre  devenue  purement  passive. 

Supposons  un  morceau  de  l'écorce,  primitivement  ridé  ou  non, 
et  serré  soit  parallèlement,  soit  angulaii'ement,  par  ses  bords, 
comme  dans  une  pince  ;  c'est  ce  qu'a  pu  produire  sur  telle  ou  telle 
région  l'arrivée  lointaine  de  deux  ondes  en  sens  inverse  ou  d'une 
seule  contre  un  obstacle  ferme. 

Or,  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  ma  carte  d'ensemble,  au 
1/80.000,  du  sud-ouest  des  Alpes-Maritimes,  pour  remarquer  une 
localisation  très  évidente,  de  l'accident  des  petits  lambeaux  en 
dehors  de  la  zone  des  grands  déversements  vers  le  sud,  entre 
celle-ci  et  le  grand  massif  primitif  méridional  dont  la  résistance 
a  perturbé  et  compliqué  de  diverses  façons  la  régularité  d'aligne- 
ment, de  Test  à  l'ouest,  des  plis  septentrionaux.  Et  là  où  le  phéno- 
mène se  montre  le  plus  développé,  c'est  précisément  dans  l'angle 
sud-ouest  dont  j'ai  reproduit  les  contours  (fig.  3),  où  l'intervention 
d'une  poussée  venue  de  l'ouest  est  rendue  manifeste  par  la  brusque 
déflexion  à  angle  droit  des  axes  de  plis  de  la  région  de  Mons, 
tandis  que  la  suri*ection  d'un  massif  résistant  secondaire,  an  nord 
de  Saiut-Cézaire,  sous  forme  du  grand  dôme  allongé  qui  poile  sur 
la  carte  d' Etat-major  l'inscription  Pré  d'Embertrand,  et  dont  le 
nom  cadastral  est  le  Prignon,  a  fait  se  contourner  en  spirale,  pour 
venir  converger  au  pied  de  la  grande  ligne  de  discontinuité  de 
Mauvans,  tous  les  plis  du  vaste  plateau  que  coupe,  en  ravin  très 
profond,  la  rivièi*e  de  la  Siagne.  L'eflet  d'une  double  ou  même 


igOI  TECTONIQUE   DU   SUD-OUEST  DES   ALPES-MARITIMES  619 

multiple  contracture,  dans  tous  ces  parages,  est  attesté  matériel- 
lement par  l'existence,  au  nord  d'une  barre  de  Bathonien  inférieur, 
et  non  plus  au  sud,  comme  c'est  de  règle,  d'un  grand  lambeau 
marqué  m*  au-dessus  de  l'inscription  le  Pré  d'Embertrand^  lequel 
fournit  le  seul  et  tout-à-fait  unique  exemple  de  déversement  fran- 
chement septentrional  que  j'aie  jamais  observé  surtout  le  territoire 
de  mes  recherches.  Une  coupe  menée  par  ce  point  jusqu'au  pli  de 
Mauvans,  perpendiculairement  aux  axes,  c'est-à-dire  du  sud-ouest 
au  nord-est,  suivant 

la  ligne  A  du  plan  de  ^°         Le  l'nqnon  Roquehnron 

^      Jr     ^  ^  Lejtf allons     ,  .      -    '  -_-_-J_-  ,tt-î 

la  ng,  3,  ne  peut  pas  :  c      ^  \^,    ^      ;^ ,    ';,^i  'i~:  •; 

donner  autre  chose 
que  ceci  (fig.  6)  : 

Et  ne  Yoilà-t-il  pas, 
inévitable   et  -  typi- 


.Ak4j^ 


1    ^  r«,         Fiff.  6.  —  Coupe  suivant  la  li^e  A  de  la  fia,  3. 

que,  le  fameux  profil  Echelle  i/5o.o^.    ' 

en  blague  à  tabac, 

facile,  sans  doute,  ailleurs,  à  discuter,  mais  guère,  ici,  à  rem- 
placer ? 

Or  supprimons,  dans  cette  coupe,  le  faible  anticlinal  intermé- 
diaire qui  sépare  les  deux  déversements  opposés,  et  nous  retom- 
bons sur  la  coupe  de  l'Aubarède.  Dans  celle-ci.  arasons  les  deux 
bordures  anticlinales  jusqu'au  niveau  du  Crétacé  et  c'est  l'image 
même  des  lambeaux  singuliers. 

D'un  autre  côté,  retournons  la  figui*e  5  sens  dessus  dessous,  le 
haut  en  bas  ;  et  que  voyons-nous,  si  ce  n'est  le  presque  classique 
champignon  ou  le  bien  mal  dénommé  et  peut-être  encore  discuté, 
mais  pas  absolument  rejeté  «  éventail  »  ?  Soutiendra-t-on  qu'un 
processus  qu'on  admet  comme  ayant  pu  se  produire  en  l'air,  à 
rencontre  de  la  pesanteur,  ait  été  impossible  sous  terre,  la 
pesanteur  aidant,  au  sein  de  cet  élément  mou  qu'a  dil  être,  sous 
les  pressions  éperonnantes  du  Bajocien  siliceux,  Ténorme  masse 
grasse  de  Tlnfralias  argileux  et  du  Trias  délriti(|ue? 

Sans  doute  il  v  aurait  matière  à  étonnement  ou  incrédulité  si 
c'était  brusquement  et  sans  préparation  que  Ton  se  trouvait  en 
face  d'un  de  ces  schémas  d'insolite  appaiH»nce.  Mais  nous  avons 
déjà  vu  comment  le  dernier  peut  se  ramener,  par  sinqile  raison 
de  symétrie  verticale,  à  deux  autres  tout-à-fait  familiers. 

Et  enfm  il  y  a  ceci  encore  à  noter  que,  presque  partout,  grâce 
aux  rapides  variations  d'intensité  que  présentent  les  plis  le  long 
de  leur  axe,  sous  l'influence  soit  de  plis  recoupants,  soit  de  simples 


630  A.    GURRHARD  l6  Déc. 

pai*ticularités  locales  ',  on  peut  suivre  pas  à  pas  le  transformisme 
parfaitement  graduel,  depuis  la  coupe  la  plus  simple  du  monde  jus- 
qu'à la  coupe  singulière,  jusqu'au  paradoxe.  Ce  qui  étonne  sur  le 
papier  —  à  l'inverse  de  ce  qui  se  passe  trop  souvent  —  paraît 
naturel  sur  le  terrain,  par  la  gradation  des  changements  et  sans 
qu*ait  à  intervenir  Vultima  ratio  de  l'impossibilité  de  trouver  une 
autre  explication  satisfaisante.  Et  plus  on  cherche  à  vérifier  sur 
place  Fexplication  que  je  propose,  plus  celle-ci  semble  se  fortifier 
des  menus  détails  de  l'observation. 

Par  exemple,  j'avais  été  parfois  frappé  de  trouver,  an  voisinage 
de  mes  petits  lambeaux  paradoxaux,  comme  une  ébauche  avortée 
de  brachysynclinal  perpendiculaire  au  plissement  principal,  mais 
sans  apparence  de  tenants  et  aboutissants  lointains.  Ceci  s'explique 
très  simplement  si  l'on  considère  par  quel  mécanisme  se  forme, 
sur  un  pli  à  lèvres  accolées,  qu'on  essaie  de  raccourcir  dans  le 
sens  de  son  axe,  la  poche  locale  qui  résulte  de  cette  tentative. 
Il  suffit  de  serrer  entre  le  pouce  et  l'index  des  mains  opposées  un 
pli  d'étoH'e,  puis  de  rapprocher  les  mains,  pour  voir  se  former  loca- 
lement une  poche  à  section  de  losange  curviligne  concave  qui,  vers 
le  fond,  simulera  précisément  le  [)etit  bout  de  synclinal  perpendi- 
culaire observable  sur  le  terrain. 

Or  l'échelonnement  même  des  lambeaux  de  poudingue  en 
petites  taches  interrompues,  au  lieu  de  longues  traînées,  et  le 
double  système  d'alignements  qu'on  y  peut  observer  parfois 
suivant  deux  systèmes  orthogonaux  prouvent  bien  l'existence  de 
la  force  qui,  partout,  tendait  à  plisser  les  plis  sur  eux-mêmes  : 
c'est  celle-là  qui,  là  même  où  elle  n'a  pas  réussi  à  produire  de 
véritables  plis  recoupants,  en  a,  du  moins,  fait  naître  l'ébauche, 
aux  points  où  la  formation  d'une  simple  poche  locale,  lui  avait 
donné  satisfaction. 

Un  exemple  intéi*essant  se  trouve  an  nord  du  village  de  Cabris 
(A. -M.)  sur  le  flanc  de  la  montagne  des  Audides,  où,  dans  la 
prolongation  inférieure  du  faux  synclinal  ainsi  formé,  des 
recherches  d'eau,  faites  au  contact  de  l'Infralias,  sont  demeurées 
sans  grand  profit,  ce  qui  n'eût  pas  été  le  cas,  vraisemblablement, 
s'il  se  fût  agi  d'un  véritable  synclinal  venu  de  loin  au  nord. 

I.  Uq  exemple  remarquable  est  oirert  par  un  des  plis  partis  du  centre 
d^étoilcment  du  Saut-du-Loup,  près  de  Gourmes  (A.-M.),  qui,  grâce  à  la  puis- 
sante érosion  qui  a  mis  à  jour  les  charbonnages  triasiques  de  Vescagne, 
montre  sur  un  espace  de  quelques  kilomètres  toutes  les  phases  de  traiis- 
formation  de  la  faible  ride  du  plateau  de  Saint- Barnabe  en  pli-faille  très 
profond. 


igOI  TECTONIQUE   DU   SUD-OUEST  DES  ALPKS-MARITIMES  03 1 

G* est  aussi,  bien  certainement,  à  l'intervention  de  la  stricture 
orthogonale  qu'il  faut  attribuer  cette  autre  singularité  que,  parfois, 
an  lieu  de  correspondre  à  une  dépression,  si  faible  soit^lle,  du 
sabstratum  presque  horizontal,  la  présence  de  la  tache  récente 
peut  correspondre  à  une  véritable  saillie  locale  de  celui-ci,  formant 
comme  un  bouton  isolé.  Là  où  la  saillie  correspond  à  une  conser- 
vation partielle  du  Jurassique  intermédiaire,  comuie  à  la  colline 
de  Castel  Abram  au  sud  de  Saint- Val  lier,  cela  n  a  rien  que  de  très 
naturel.  Mais  si  Ton  voit,  non  loin  de  là,  à  Test,  une  éminence  bien 
plus  élevée,  celle  de  Lauteron,  presque  toute  formée  de  Batlioiiien, 
porter  sur  son  sommet  et  sur  ses  lianes  comme  une  résille  étoilée 
de  poudingue  pontien,  sans  altération  notable  de  son  bombement 
régulier,  un  certain  étonnement  ne  laisse  pas  que  de  se  faire  jour, 
surtout  après  qu'une  étude  minutieuse  de  la  répartition  des  traînées 
de  poudingue  a  lait  rejeter  après  coup  Thypothèse,  dont  je 
m'étais  payé  d'abord,  d'un  simple  empilement  serré  de  plis 
couchés  et  doublement  étirés.  Ce  fut,  je  l'avoue,  pendant  long- 
temps, dans  mon  plus  proche  voisinage,  un  problème  terriblement 
déconcertant  et  dont  ne  serait  peut-être  pas  venue  à  bout  mon 
obstination,  si  la  question  ne  s'était  trouvée  subitement  éclairée 
par  la  notion,  anciennement  entrevue  *,  mais  récemment  déve- 
loppée et  corroborée  d'exemples  frappants,  de  la  convergence 
stellaire  des  plis,  dont  la  commune  de  Gourmes  offre  un  type 
remarquable  de  régularité  -.  Si,  là,  grâce  à  une  coïncidence  exacte 
des  composantes  négatives  des  diverses  vagues  de  plissement,  la 
rencontre  a  eu  pour  résultat  la  formation  d'un  vaste  ombilic  syncli- 
nal déprimé^  rien  n'empêche  d'admettre  qu'ailleurs  la  sommation 
des  énei^ies  locales  ait  abouti  à  une  composante  positive  et  produit 
un  soulèvement  isolé  au  point  de  croisement  de  plusieurs  plis.  Tel 
parait  bien  être  le  cas  de  Lauteron,  sur  lequel  je  me  réserve 
d'ailleui*s  de  revenir  ultérieurement,  avec  plans  détaillés. 

Mais  en  d'autres  endroits  et  spécialement  sur  le  plateau  qui 
serait  compris  entre  la  portion  ouest  du  bord  inférieur  de  ma 
carte  au  1/80.000  et  le  village  de  Gallian(Var),  on  peut  voir  encore 
plusieui*s  fois  le  lambeau  discontinu  surélevé  sur  une  éminence, 
au  contact  de  Bajocien  ou  même  d'Infralias,  eux-mêmes  surélevés 
au-dessus  du  Bathonien.  L'intervention  4le  la  composante  ortho- 
gonale est  démontrée  par  la  direction  est-ouest  de  la  chaîne  ([ue 
forme  orographiquement  auprès  du  lieu  dit  Malestruc,  la  réunion 
de  quelques-unes  de  ces  surélévations.  Un  peu  plus  au  sud,  on  rn 

1.  A.  F,  A.  S.,  XXm,  493  (1890). 

2.  Congrès  géologique  interuatioiiul  de  1900. 


6îia      GUÉBHARD.. TECTONIQUE  DU  S.-O.  DES  ALPES-MARITIMES      l6  Déc. 

observe  d'autres  tout  à  fait  isolées,  mais  aussi  moindres.  Et  si  Ton 
veut  se  rendre  compte  par  un  schéma  graphique  du  mécanisme  de 
plissement  qui  a  pu  produire  ce  phénomène,  on  voit  qu'il  suiiit 
d'apporter  une  toute  petite  modification  dans  le  schéma  (fig.  a.  A) 
qui  figure  le  mode  de  plissement  en  poche  légèrement  renfoncée, 

pour  avoir  celui  de  la  poche 
légèrement  surélevée  (fig.  7). 
L'un  et  l'autre  rentrent  incon- 
testablement  dans  des  familles 
de  courbes  dont  la  physique  ou 

la  géométrie  offrent  des  exem- 

pies  et  l'on  ne  voit  pas  pourquoi 


[!iiiiili!.Wi;!ililii!iiiîtMrA!î^të^ 


PîK-  7-  —  Schéma  de  la  formation      paraîtrait  invraisemblable,  pour 
d'une   proéminence   de   couches      le  plissement  des  assises  terres- 

anciennes   sous   le  lambeau   dis-  .  ui     x      *       ^       1 

continu  de  couches  récentes.  ^^^  ««  V"  8«™*>l«  »««*  °«t^» 

pour  le  plissement,  dans  des 
conditions  déterminées,  d'un  faisceau  de  lames  susceptibles 
d'éti  rement. 

Dans  ces  mêmes  parages,  au  bord  du  profond  ravin  de  la 
Siagnole,  en  face  d'une  petite  tache  crétacée  et  pontienne  située 
sur  la  rive  gauche,  à  Camplong  (de  Mon»),  on  voit  subsister 
comme  un  témoin  parlant  une  ébauche  localement  avortée  du 
mouvement  qui,  un  peu  plus  au  sud,  a  remis  en  contact  le  même 
Pontien  avec  Tlnfralias,  et  qui,  ici,  à  une.  altitude  moindre,  a 
simplement  ramené  l'Oxfordien  au  ras  du  plateau  de  Bathonien 
inférieur,  avec  de  simples  traces  réduites  deCallovien  et  de  Batho- 
nien dolomi tique  intermédiaires. 

Enfin  l'existence  même  de  la  surface  lubrifiante  que  nous  avons 
présupposée  pour  faciliter  le  pi*emier  décollement  de  la  croûte 
superficielle  est  souvent  tangible  dans  la  réalité.  Cest  toujours  de 
préférence  à  la  hauteur  d'un  des  lits  argileux  de  Téchelle  juras- 
sique que  ion  voit  siéger  l'accident,  dès  qu'il  est  un  peu  accentué: 
quelquefois  dans  le  Kiméridgien  ou  l'Oxfordien,  le  plus  souvent 
dans  le  Bathonien  ou  surtout  l'infralias,  bien  fait  pour  donner 
libre  carrière  inférieurement  aux  évolutions  les  plus  bizarres  de 
la  mince  écorce  superposée. 

En  résumé,  il  semble  que  tout  concorde  à  réunir  en  un  faisceau 
aussi  serré  que  possible  l'hypothèse  tectonique  avec  les  vraisem- 
blances physiques.  Et  si  quelque  doute,  après  cela,  pouvait 
subsister,  il  ne  nous  resterait  plus  qu'à  poser  la  fatale  demande  : 
quelle  autre  explication,  alors,  proposer? 


igOI  .    ÉTUDE   DES   ECHIMDES   FOSSILES   D*ÉOYPTE  6^3 

M.  de  Lapparent  doute  que  Tallure  en  fond  de  bouteille, 
signalée  par  M.  Guébhard,  puisse  recevoir  une  explication  méca- 
nique satisfaisante.  Il  {^ensc  qu'il  y  a  quelque  danger  à  faire 
revivre  à  ce  propos  la  thèse  du  double  pli  de  Claris,  au  moment 
où  presque  tout  le  monde  s'accorde  à  l'abandonner  en  ce  qui 
concerne  les  Alpes  glaronnaises. 

M.  Haug  pense  que,  quelle  que  soit  la  solution  que  l'on  adopte 
pour  le  double  pli  de  Glaris,  on  ne  peut  nier  l'existence,  fréquente 
dans  les  Alpes,  de  plis  dont  les  charnières  se  font  face.  Il  rap- 
pelle l'exemple,  signalé  récemment  par  M.  Kilian,  de  plis  du 
massif  du  Vercors  déversés  vers  l'intérieur  des  Alpes,  en  regard 
de  plis  plus  internes  déversés  vers  l'extérieur. 


NOTES    POUR    SERVIR 
A  L'ÉTUDE  DES  ÉCHINIDES  FOSSILES  D'EGYPTE 

par  M.  R.  FOURTAU 

I.  —  Sur  le  groupe  de  V Echinolampas  africanus  de  Loriol. 

L'étude  de  nombreuses  séries  d'Echinides  provenant  d'une  même 
localité,  amène  nécessairement  à  trouver  un  grand  nombre  d'indi- 
vidus s'écartant  de  la  diagnose  originale  et  formant  des  passages 
à  plusieurs  espèces  établies  sur  des  individus  extrêmes.  L'espèce 
varie  tellement  sous  nos  yeux  qu'il  est  vraiment  imprudent  de 
vouloir  la  limiter  dans  une  formule. 

J'ai  déjà  eu  l'occasion  d'étudier  les  variations  du  Conoclypeus 
Delanouei  de  Lor.,  de  VEuspatangus  formosus  de  Lor.^ainsi  que 
du  groupe  du  Schizaster  Zitteli  de  Lor.  et  de  Linthia  cavernosa  de 
Lor.,  dans  diverses  études  publiées  précédemment.  J'ai  sur  mon 
savant  confrère  M.  de  Loriol  l'avantage  d'avoir  pu  recueillir  moi- 
même  en  place  de  nombreux  exemplaires  ;  c'est  d'ailleurs  le  seul. 
Aussi  ai-je  pu  constater  dans  mes  récoltes  l'existence  de  formes 
de  passage  qui  lui  ont  fait  défaut  lors  de  l'établissement  des  espèces 


0^4  R.    FOUliTAV.   —  NOTKS   POUR    SERVIR  l6  Déc. 

qu  il    a    décrites    dans    sa    Monographie  des  Echinides   fossiles 
de  FEgypte. 

Dans  cet  ouvrage,  M.  de  Loriol  décrit  trois  grandes  espèces 
à' Echinolampas  :  E,  africanus,  E.  Fraasi  et  E.  Osiris  Desor,  dont 
les  différences  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Echinolampas  africanus  de  Lor.  —  Appareil  apical  d'appa- 
rence stellifornie,  ambulacres  larges,  lace  inférieure  plane  ou  nn 
peu  déprimée  autour  du  pcristome,  hauteur  moyenne  o,5o  de 
la  longueur.  Pourtour  arrondi  mais  non  renflé.  Péristome  relative- 
ment petit. 

Echinolampas  Fraasi  de  Lor.  —  Se  distingue  du  précédent  par 
sa  forme  plus  haute,  plus  bombée,  ses  ambulacres  et  ses  zones 
porifères  sont  plus  étroits,  son  sommet  est  moins  excentrique»  sa 
face  inférieure  déprimée  et  convexe  vers  le  bord,  son  péristome 
est  l'elativement  plus  petit. 

Echinolampas  Osiris  Desor.  —  Se  distingue  d'E,  africanus  par 
ses  ambulacres  moins  lai*ges,  son  bord  très  arrondi  et  sa  face  infé- 
rieure convexe. 

Pour  les  deux  premières  espèces  M.  de  Loriol  reconnaît  parmi 
les  quelques  exemplaires  qu'il  a  sous  les  yeux  des  individus  qui 
s*écartcnt  du  type,  quant  à  la  troisième  il  n*a  eu  sous  les  yeux  que 
deux  excMiiplaires  dont  l'un  est  le  type  de  Desor. 

Ces  gros  Echinolampas  ne  sont  certes  pas  très  commodes  à 
transporter  pour  le  touriste  ou  l'explorateur,  et  certes  si  je  n'avais 
pas  été  en  résidence  en  Egypte  j  aurais  souvent  hésité  à  charger 
mon  sac  de  ces  Echinides  qui  foisonnent  à  la  base  de  TEocène 
moyen  du  Mokattam. 

J'ai  pu  grâce  à  de  nombreuses  courses  au  Mokattam  et  princi- 
I>alement  au  Khor  el  Douerah.  derrière  la  Mosquée  de  Kaitbaî, 
recueillir  une  centaine  d' Echinolampas  de  toute  taille,  qui  m'ont 
permis  de  faire  les  observations  suivantes. 

L'aspect  stelliforme  que  figure  M.  de  Loriol  (loc.  citato^  pL  IV, 
fig.  5  a)  S  pour  l'appareil  apical  de  V Echinolampas  africanus  ne 
s'est  retrouvé  que  sur  un  exemplaire,  chez  les  autres  il  est  impos- 
sible de  distinguer  cet  appareil  de  celui  des  deux  espèces  voisines, 
la  largeur  des  ambulacres  et  des  zones  porifères  varie  suivant  les 
spécimens  et  diminue  généralement  en  raison  du  bombement  de 
leur  face  supérieure  de  sorte  que  l'on  ne  peut  plus  fixer  une  limite 

1.  L'exemplaire  ligiiré  pi.  111,  iig.  i,  est  dépourv'u  d'appareil  apical. 


I9OI  A   l'étude  DBS  ÉCHINIDBS   FOSSILES   D^BGYPTE  6a5 

précise  ni  même  an  rapport  approximatif;  quanta  Texcentricité  du 
sonmiet  elle  n*est  jamais  la  même.  Les  faces  inférieures  sont  plus 
ou  moins  déprimées  d'après  l'individu .  Il  ne  resterait  donc  que  le 
renflement  du  bord  et  encore  ici  on  ne  peut  pas  fixer  une  limite 
très  exacte. 

Comme  ces  trois  espèces  d'Echinides  se  rencontrent  dans  une 
même  couche  qui  est  bien  fixée  entre  le  niveau  du  Lobocarcinus 
PauUno  Wurtembergicus  v.  Mayer,  et  une  couche  absolument 
formée  de  grandes  Nummulites  gizehensis  Ehr.  nous  ne  pouvons 
y  voir  qu'une  seule  et  même  espèce  qui  devrait  porter  le  nom 
à* Echinolampas  af ricanas  puisque  la  plupart  des  individus  se 
rapprochent  de  la  diagnose  de  cette;  espèce  par  M.  de  Loriol  et  qui 
aurait  deux  variétés  extrêmes,  l'u^e  E,  africanus  var.  Fraasi 
exagérément  bombée  et  pouvant  même  devenir  circulaire  à  la  face 
inférieure,  l'autre^,  africanus  var.  Osiris  Des.  à  bord  très  arrondi, 
cette  dernière  infiniment  plus  rare  que  la  première. 

Ces  variétés  s'observent,  non  seulement  au  Mokattam  mais 
encore  sur  le  plateau  du  Galala  el  Baharîeh  entre  l'Ouady  Sannour 
et  rOuady  Ramlieh,  ainsi  que  dans  le  Nummulitique  de  l'Ouady 
Feiran  au  Sinaî . 


II.  —  Sur  le  Sismondia  Sœmanni  de  Loriol. 

M.  de  Loriol  a  décrit  cette  espèce  de  Sismondia  comme  prove- 
nant du  Nummulitique  d'Egypte,  d'après  les  échantillons  que  lui 
avait  rapportés  dans  le  temps  M.  Sœmann  sans  indication  précise 
de  localité. 

J'ai  recueilli  au  Mokattam  et  au  Gebel  Kibli  el  Ahram,  soit  des 
deux  côtés  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  du  Caire  des  échan- 
tillons se  rapportant  à  cette  espèce.  A  la  base  de  l'Eocène  moyen 
du  Mokattam,  près  des  fours  à  chaux  situés  dernère  la  nécropole 
de  l'iman  Afifi,  j'ai  récolté  de  noinbrxîux  spécimens  tous  de  petite 
faille,  mais  se  rapportant  bien  à  la  description  de  M.  de  LoHol,  le 
plus  grand  ayant  à  peine  6  millimètres  de  longueur  alors  que  la 
description  indique  11  à  i3  millimètres. 

Au  Gebel  Kibli  el  Ahram,  presque  au  sommet  de  l'Eocène  moyen, 
j'ai  trouvé  de  nombreux  individus  se  rapportant  en  tous  points  aux 
figures  et  à  la  description  de  M.  de  Loriol  «  dessus  et  dessous  plats, 
bords  assez  épais.  »  A  côte  de  ceux-là  d'autres  un  peu  moins  allon- 
gés s'écartent  du  tj'pe  figuré.  Il  est  donc  très  probable  que  c'est  de 
là  que  proviennent  les  exemplaires  que  M.  Sœmann  a  donnés  à 

j  Mars  190a.  —  T.  x«r.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  40 


626  FOURTAU.  —  ÉCIIINIDES  FOSSILES  d'ÉGTPTB  i6  l)éc. 

M.  de  Loriol.  Comme  la  difTérence  de  niveau  entre  les  exemplaires 
du  Mokattam  et  ceux  du  Gebel  Kibli  el  Ahram  est  fort  grande,  je 
proposerai  d'établir  pour  les  premiers  une  variété  minor  cfui  ne  se 
distingue  du  type  de  M.  de  Loriol  que  par  la  constance  de  sa  [petite 
taille  qui  arrive  à  peine  à  la  moitié  de  celle  du  type  décrit. 


III.  —  Rectification  an  sujet  d'Amphiope  iruncata  Fachs. 

Eu  1882,  M.  Tli.  Fuchs  a  décrit  et  figuré  *  une  Scutellidée  pi«ove- 
nant  du  Miocène  des  environs  de  Syouah  sous  le  nom  Amphiope 
iruncatay  nov.  sp.  Or,  dans  sa  monographie  des  Scutelles  (p.  66, 
pi.  II,  fig.  11-16),  Agassiz  a  décrit  et  figuré  sous  le  nom  de  Lobo- 
phora  truncata  nov.  sp.  un  individu  de  provenance  inconnue  mais 
absolument  différent  de  celui  qu'a  décrit  Fuchs.  Depuis  Agassiz  on 
a  réuni  en  un  même  groupe  les  Amphiope  et  les  Lobophora,  il 
s'ensuit  donc  que  Lob.  truncata  est  devenu  Amph,  truncata  et  que 
Tespèce  décrite  par  Fuchs  doit  changer  de  nom  puisqu'il  est 
préoccupé.  Je  propose  donc  pour  l'espèce  égyptienne  le  nom 
d! Amphiope  Fuchsi,  nobis. 

I.  Cf.  Th.  Fucus.  Beitraege  zur  Kentniss  der  Miocaenfauna  Aegyptens  iind 
der  libyschen  Wâstc,  p.  49»  pl-  XV,  tig.  1-4 >  Paleontographica.  Cassel,  188:1. 


EOCENE    DE    ROYAN 


par  M.  H.  DOUVILLÉ  « 


Nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  cette  année  on  assez  grand 
nombre  d'excursions  aux  environs  de  Royan  et  nous  avons  pu 
ainsi  reconnaître  que  le  terrain  éocène  avait  eu  dans  cette  région 
une  extension  beaucoup  plus  grande  qu'on  ne  Ta  indiqué  jusqu'à 
présent. 

On  ne  signale  babituellement  que  le  lambeau  de  Saint-Palais 
qui  commence  au  sud-est  du  signal  de  Terre-Nègre,  affleure  des 
deux  côtés  de  Tanse  de  Puyraveau  et  constitue  le  cap  du  Bureau 
Saint-Palais;  Tensemble  de  ces  couches  s'étend  le  long  de  la  côte 
sur  une  longueur  de  laoo  mètres  environ.  D'après  les  études  les 
plus  récentes  2  ces  couches  présenteraient  de  haut  en  bas  la 
composition  suivante,  au-dessous  du  sable  des  dunes  ^  : 

A.  Marnes  sableuses  zonées,  grises  ou  blanches,  remplies 

de  débris  de  coquilles  brisées  (  Ostrea ,  Pecten , 
Échinides,  etc.) i  m. 

B.  Sable  ferrugineux  brunâtre  sans  fossiles 3  m. 

G.  Grès  grossier  calcarifèrc,  présentant  à  la  base  un  lit 

de  sable  argileux  verdâtre  de  0,10  avec  Ostrea 
fUUfellula  ci  débris  de  Pecten 2  m. 

D.  Calcaire   grenu    blanchâtre    à    Echinides    présentant 

surtout  à  la  partie  supérieure  de  nombreux  Forami- 
nifères  (Orbitolites  complanataj  Aheolina,  Lituola 
n.  sp.,  nombreuses  Miliolidés),  et  quelques  rares 
grains  de  quartz  assez  gros 3  à  4  m. 

E.  A   la   base^  ce   même   calcaire  renferme    des    débris 

d'ossements  et  des  fragments  paraissant  peu  roulés 
d*un  calcaire  gréseux  verdâtre  avec  grains  de  quartz 
très  petits  (grosseur  moyenne  o  mm.  07),  NummuUtes 
planulata  et  Aheolina  oblonga,  sur  une  épaisseur 
d'environ i  m. 

I.  En  collaboration  avec  M.  Robert  Douvillé. 

a.  Vasseur.  Sut  le  dépôt  tertiaire  de  Saint-Palais,  Ann,  Se,  géoL,t.  XVI,  1884. 

3.  A  la  base  de  ces  sables  les  auteurs  signalent  de  nombreux  fragments 
roulés  de  silex  bruns  considérés  tautôt  comme  des  grès  siliceux,  tantôt 
comme  des  meulières  d'origine  lacustre  ;  Tcxamen  microscopique  de  ces 
roches  nous  a  montré  seulement  des  silex  crétacés  fréquemment  vacuolaires. 


6a8  M.  DoiwiLLÉ  i6  Dec. 

Cette  couche  E  ne  s'observe  qu'à  Textréniité  sud-est  du  lam- 
beau, dans  la  partie  la  plus  rapprochée  du  Bureau  ;  on  n'en  voit 
aucune  trace  sous  le  signal  de  Terre-Nègre.  En  ce  dernier  point 
la  surface  de  contact  avec  le  terrain  crétacé  a  été  mise  à  décou- 
vert par  les  érosions  des  vagues,  sur  une  assez  grande  étendue  : 
elle  est  remarquablement  plane  ;  on  voit  qu  elle  a  été  complète- 
ment arasée  avant  le  dépôt  des  terrains  tertiaires  K 

Si  on  suit  la  bande  littorale  vers  le  sud-est,  en  se  dirigeant  vers 
Royan,  on  ne  trouve  plus  aucun  affleurement  des  calcaires  de 
Saint-Palais,  mais  immédiatement  après  la  conche  de  ce  nom,  le 
sol  est  recouvert  d'un  dépôt  superficiel  argilo-sableux  plus  ou  moins 
grossier,  dans  lequel  on  rencontre  de  nombreux  silex  peu  roulés 
et  présentant  des  fossiles  marins  nombreux^  surtout  des  Foramini- 
fères.  Ces  mêmes  silex  se  rencontrent  à  peu  près  partout  dans  le 
voisinage  de  la  mer,  mais  en  quantité  variable.  Ils  sont  très  abon- 
dants au  nord  de  Pontaillac,  on  les  retrouve  à  Royan  même,  dans 
les  environs  du  Fort,  et  sur  le  boulevard  de  la  Falaise.  Le  même 
dépôt  présente  un  développement  remarquable  entre  les  roches 
de  Vallières  et  le  phare  de  Saint-Georges  de  Didonne  :  nous 
reviendrons  un  peu  plus  loin  sur  les  circonstances  intéressantes 
de  ce  gisement.  Ces  silex  sont  aussi  très  abondants  dans  la  région 
du  fort  de  Suzac,  et  vers  la  ferme  de  Compin  ;  nous  les  avons 
encore  retrouvés  plus  au  sud  jusqu'à  Meschers. 

Si  Ton  réunit,  comme  nous  l'avons  fait,  un  grand  nombre 
d'échantillons  de  ces  silex,  on  voit  qu'ils  présentent  une  composi- 
tion minéralogique  assez  variable  :  les  uns  sont  de  vrais  silex  et 
sont  composés  à  peu  près  entièi'ement  de  silice  calcédonieuse, 
tandis  que  les  autres  renferment  de  nombreux  grains  de  quartz 
réunis  par  un  ciment  calcédonieux,  et  doivent  être  considérés 
comme  des  grès  à  ciment  siliceux  ;  parmi  les  premiers  les  uns 
renferment  des  grains  de  quartz  plus  ou  moins  nombreux  et  de 
dimensions  très  petite  (o  millim.  07  environ),  tandis  que  les  autres 
présentent  seulement  quelques  gi*ains  de  quartz  assez  gros  et  iixé- 
gulièrement  disséminés. 

Ces  diverses  variétés  de  roches  siliceuses  se  distinguent  égale- 
ment par  les  débris  oi*ganiques  qu'elles  renferment  :  ce  sont  prin- 
cipalement des  Foraminifères,  comme  nous  l'avons  dit,  et  ils  sont 
quelquefois  assez  abondants  pour  constituer  à  peu  près  toute  la 
roche  ;  tantôt  leur  test  est  resté  calcaire  et  il  arrive  aloi*s  assez 

I.  On  observe  une  disposition  analogue  dans  le  Boaloonais  au  nord  de 
Marquise,  à  la  surface  du  calcaire  carbonifère,  au  contact  du  Bathonien. 


igOI  ÉOCÈNE   DE   ROYAN  629 

souvent  qu*il  a  entièrement  disparu  par  dissolution,  la  présence 
des  fossiles  n'est  plus  indiquée  que  par  leur  empreinte  et  le  vide 
qu'ils  ont  laissé  dans  la  roche  ;  mais  le  plus  ordinairement  ils  ont 
été  entièrement  siliciQés  et  tous  les  détails  de  leur  organisation 
peuvent  être  observés  sur  les  plaques  minces  de  la  roche  siliceuse. 

Sous  ces  différents  points  de  vue  on  peut  ainsi  distinguer  les 
roches  suivantes  : 

!•  Grès  siliceux  grossier  sans  fossiles  (Suzac). 

Q**  Grès  grossiers  siliceux  avec  débris  de  coquilles  (Saint- 
Sordolin,  Pontaillac,  pointe  de  Vallières)  ;  les  grains  de  quartz  ont 
habituellement  o  millim.  6  à  o  millim.  8,  mais  ils  cimentent  quel- 
quefois de  gi*os  galets,  et  la  roche  passe  alors  au  poudingue 
(Vallières,  Meschcrs).  Le  fossile  le  plus  commun  est  une  Ostrea 
du  groupe  de  la  flabellula,  d^autres  fossiles  sont  trop  empâtés 
pour  pouvoir  être  déterminés  avec  précision  :  Turritella,  Cythe- 
rea  (?),  Cardium,  etc.  Mais  le  fossile  le  plus  intéressant  est  une 
Nummulite,  certainement  différente  de  la  N.  planulata  de  Saint- 
Palais  et  qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  petite  forme  de  N.  biar- 
ritsana  que  Ton  désigne  habituellement  sous  le  nom  de  Ramondi  ; 
les  plus  gros  échantillons  (forme  B.  à.  microsphère)  atteignent  une 
dimension  de  5  millimètres.  Ajoutons  encore  que  nous  avons  ren- 
contré dans  cette  roche  à  Nummulites  de  rares  fragments 
d" Orbitolites  complanata.  Des  recherches  persévérantes  dans  ces 
grès  des  Vallières  arriveraient  vraisemblablement  à  reconstituer 
une  petite  faunule  très  intéressante. 

3**  Silex  présentant  quelques  rares  grains  de  quartz  assez  gros 
(i  à  a  millim.)  et  habituellement  très  riches  en  Foraminifères 
variés,  principalement  des  Miliolidés  (Pontaillac,  Foncillon,  Saint- 
Georges,  Suzac)  :  on  peut  signaler  une  espèce  nouvelle  de  Lituola 
(découverte  par  M.  R.  Douvillé  à  la  partie  supérieure  des  calcaires 
à  Oursins  de  Saint-Palais),  V Orbitolites  complanata  qui  se  ren- 
contre également  dans  ces  mêmes  couches  de  Saint-Palais  et  des 
Aheolina. 

4"  Silex  présentant  de  nombreux  grains  de  quartz  très  petits 
(o  millim.  07);  ils  renferment  en  abondance  les  N,  planulata  et 
VAheoUna  cf.  oblonga  identiques  aux  formes  que  Ton  rencontre 
dans  les  calcaires  remaniés  de  la  base  des  calcaires  de  Saint- 
Palais.  On  rencontre  ce  type  de  silex  à  peu  près  partout  :  à  Saint- 
Palais  même,  mais  seulement  au  sud-est  de  la  conche  du  Bureau, 
sur  les  bords  de  la  baie  de  Conseil  et  de  la  baie  de  Saint-Sordolin, 


63o  H.  DouviLUB  i6  Dec. 

à  Pontaillac,  à  Foncillon,  à  Suzac  et  au  sud  de  la  ferme  de  Compin, 
près  Meschei's.  Sur  ce  dernier  point  les  Nummulites  et  les  Alvéolines 
sont  encore  calcaires. 

Si  Ton  compare  ces  diverses  roches  avec  la  coupe  que  nous 
avons  donnée  plus  haut  du  Tertiaire  de  Saint-Palais,  on  voit  que 
les  deux  séries  peuvent  être  rigoureusement  parallélisées  ;  les  grès 
siliceux  i  et  2  et  les  silex  3  et  4  correspondent  exactement  aux 
sables  B,  aux  grès  C  et  aux  calcaires'  D  et  E.  La  seule  différence 
c'est  que  l'élément  calcaire  est  remplacé  plus  ou  moins  complète- 
ment par  la  silice.  Les  silex  que  nous  venons  d'étudier  repré- 
sentent donc  des  débris  silicifiés  et  décalcifiés  des  diverses  assises 
d'un  terrain  qui  avait  exactement  la  même  composition  que  le 
Tertiaire  de  Saint-Palais. 

Or  ces  silex  ne  sont  pas  roulés,  ils  se  présentent  souvent  en  blocs 
considérables  et  tout  concourt  à  démontrer  qu'ils  n'ont  pas  été 
transportés;  ils  n'ont  guère  subi  qu'un  déplacement  vertical  à  la  suite 
des  actions  de  décalcification  qui  les  ont  isolés,  et  sur  lesquelles 
nous  reviendrons  dans  un  instant.  Mais  dès  maintenant,  on  peut 
considérer  comme  acquis  que,  à  l'origine,  les  couches  éocènes  de 
Saint-Palais  avaient  une  extension  bien  plus  considérable  que  celle 
qu'elles  présentent  actuellement  et  qu'elles  ont  dû  s'avancer  au 
sud-est  jusqu'à  Meschers,  recouvrant  ainsi  la  plus  grande  partie  de 
la  craie  supérieure  à  Orbitoides  média.  Le  petit  lambeau  de 
i.QOO  m.  de  longueur  qui  subsiste  seul  aujourd'hui  à  Saint-Palais, 
n'est  donc  en  réalité  qu'un  témoin  d'une  formation  beaucoup  plus 
étendue  et  qui  occupait  environ  i5  kilomètres  sur  la  rive  droite  de 
la  Gironde. 

Il  est  peu  probable  que  cette  formation  se  soit  étendue  beaucoup 
plus  loin  de  ce  côté.  Nous  venons  de  voir  en  effet,  qu'aux  environs 
de  Royan,  elle  est  toujours  en  recouvrement  de  la  craie  à  Orbi- 
toides, il  en  est  de  même  plus  au  sud  dans  la  région  de  Blaye.  Il 
existe  donc  une  relation  au  moins  de  position  entre  TEocène  et  la 
craie  supérieure.  Or,  ces  couches  à  Orbitoides  sont  interrompues 
sur  la  rive  droite  entre  Talmont  et  Saint-Thomas  de  Conac,  par  le 
prolongement  de  l'anticlinal  du  Pertuis  d'Antioche  qui  fait  arriver 
le  Cénomanien  jusqu'à  Saint-Genis,  à  une  douzaine  de  kilomètres 
au  nord-est  ;  il  est  donc  probable  que  les  couches  éocènes  de  Royan 
et  de  Blaye  constituaient  deux  golfes  distincts  qui  se  rejoignaient 
seulement  plus  au  sud.  On  sait  du  reste  depuis  longtemps  que  les 
couches  de  Saint-Palais  se  prolongent  jusqu'aux  écueils  du  phare 
de  Cordouaii  et  jusqu*à  la  pointe  de  Grave.  Vers  le  sud-est  les 


I9OI  ÉOCiNE    DB   ROY  AN  63l 

sondages  ont  indiqué,  principalement  à  la  base  des  terrains 
tertiaires,  des  sables  à  Nummulites  et,  à  ce  point  de  vue,  la  décou- 
verte d'un  niveau  à  Nummulites  dans  les  grès  de  la  pointe  des 
Vallières,  au-dessus  des  calcaires  à  Echinides  de  Saint- Palais, 
permettra  probablement  de  préciser  les  relations  d'équivalence  de 
ces  diverses  couches. 

Les  observations  que  nous  avons  faites  dans  la  région  de  Royan 
nous  permettent  de  compléter  encore  la  coupe  de  la  partie  infé- 
rieure du  terrain  éocène.  Nous  avons  vu  que  Texistence  d'une  assise 
à  Nummulites  planulata  et  Aloeolina  oblonga  est  simplement 
indiquée  à  la  partie  inférieure  des  couches  de  Saint-Palais,  par  la 
présence  de  fragments  de  calcaires  remaniés  dans  le  conglomérat 
de* base  et  caractérisés  par  la  présence  de  grains  de  quartz 
très  fins.  Cette  couche  manque  dans  la  partie  ouest  du  dépôt  et 
se  montre  seulement  à  son  extrémité  vers  le  sud-est.  Or,  immé- 
diatement au-delà  et  dans  cette  même  direction,  on  rencontre  en 
abondance  les  silex  E  caractérisés  par  les  mêmes  fossiles  N.  pla- 
nulata et  Aheolina  oblonga,  et  aussi  par  les  mômes  grains  de 
quartz  très  fins.  On  doit  en  conclure  que  dans  toute  la  région  de 
Royan  il  devait  exister  une  couche  de  calcaire  présentant  les 
caractères  correspondants  ;  c'est  cette  couche  qui  a  dû  fournir  les 
fragments  i^emaniés  à  la  base  des  calcaires  de  Saint-Palais,  elle 
était  donc  en  réalité  un  peu  inférieure  aux  couches  qui  aflleurent 
aujourd'hui  dans  cette  dernière  localité. 

Mais  nous  pouvons  encore  ajouter  à  cette  coupe  un  terme  plus 
ancien  :  à  Royan  même,  dans  les  travaux  du  Fort  et  plus  au  sud, 
nous  avons  retrouvé  principalement  sur  les  parois  des  poches  de 
décalcification,  des  lambeaux  de  sables  jaunâtres  très  fins  (o  milli- 
mètre 01  à  0,02)  et  très  réguliers,  qui  habituellement  sont  entière- 
ment dépourvus  de  fossiles.  Ces  sables  sont  particulièrement  bien 
visibles  sur  les  parois  de  la  tranchée  de  la  route  qui  conduit  au 
cimetière  de  M eschers  à  la  conche  des  Nonnes  :  sur  le  cùté  sud  de 
cette  route,  ces  sables  sont  légèrement  argileux  et  grâce  à  cette 
moindre  impennéabilité,  nous  avons  pu  y  trouver  sur  un  point 
d'assez  nombreuses  Nummulites  eleifans  encore  conservées.  Tout 
semble  indiquer  (jue  nous  avons  bien  ici  la  couche  de  base  de 
l'Éocène,  au  moins  pour  le  bassin  de  Royan.  Il  est  intéressant 
de  signaler  Tanalogie  de  ces  couches  inférieures  nouvelles  avec 
celles  qui  ont  été  signalées  dans  la  Chalosse  par  MM.  Jacquot  et 
Munier-Chalmas  *. 

I.  C'R.  Ac,  Se,  3i  mai   1886. 


63a 


H.   DOU VILLE 


i6Déc. 


Le  tableau  suivant  indique  Fensemble  de  nos  connaissances 
actuelles  sur  le  terrain  tertiaire  des  environs  de  Royan,  tel  qu*il 
résulte  de  la  coupe  bien  connue  du  calcaire  de  Saint-Palais  et  de 
Fétude  complémentaire  dont  nous  venons  de  résumer  les  points 
les  plus  importants  : 


Coupe  de  Saint-Palais 

Marnes  teuilletées  sableuses  gri- 
sâtres. 

Sables  ferrugineux  grossiers. 

Grès  grossier  calcarifère  ;  à  la  base 
une  couche  de  sable  argileux 
avec  Ostrea  flabellula. 


Calcaire  à  Echinides  avec  Milioles 
et  Alvéolines  :  au  sommet  Orbi- 
tolites  complanata  ;  quelques 
gros  grains  de  quartz  ;  —  à  la 
base  couche  de  conglomérat 
avec  fragments  de  calcaire  gré- 
seux verdâlre  avec  Nummulites 
planulata  et  AheoUna  oblonga  ; 
nombreux  grains  de  quartz  très 
fins. 


Sn.Bx  ENTRE  Saint-Palais 
ET  Mbschbrs 


Grès  quartzeux  grossiers. 

Grès  quartzeux  grossier,  passant 
par  places  au  poudhig^e  avec 
Ostrea  cf.  flabellula,  Cardium^ 
Turritellay  yunurudites  Ramon- 
di  (auct.)  1,  OrbitoUtes  compla- 
ruUa. 

Silex  à  Milioles  et  OrbitolUes  com- 
planata f  présentant  quelques 
gros  grains  de  quartz. 


Silex  avec  nombreux  petits  grains 
de  quartz,  Nummulites  planu- 
lata, Als^eolina  oblonga. 

Sables  fins  jaunâtrea  à  N.  elegans. 


Mode  de  gisement 

Le  mode  de  gisement  des  silex  tertiaires  des  environs  de  Royan 
mérite  de  nous  arrêter  un  instant.  Habituellement  ces  silex  se 
rencontrent  à  la  surface  du  .sol;  ils  sont  souvent  assez  gros  pour 

I.  Malgré  les  derniers  travaux  dont  les  Nammulites  ont  été  l'objet,  la 
terminologie  des  Nummulites  de  l'Aquitaine  manque  encore  beaucoup  de 
précision  :  d'Arrliiac  a  distingué  sous  le  nom  de  Ramondi  Defr.  des  Nammu- 
lites à  bords  tranchants  dont  le  diamètre  atteint  6  millim.  et  qui  ont  beau- 
coup d'analogies  avec  les  exemplaires  que  nous  avons  recueillis  dans  les  grès 
de  Vallières  ;  mais  de  la  Harpe  considère  la  N.  Ramondi  simplement  comme 
une  petite  variété  de  .Y.  biarritsana  ;  et  en  tout  cas  la  vraiie  N.  Ramondi  de 
Defranoe  est  prubableniont  difTérente  :  elle  provient  du  mont  Perdu  où  elle 
est  indiquée  comme  très  abondante,  et  elle  n*a  pas  beaucoup  plus  d'une 
ligne  de  diamètre  ;  elle  se  rapprocherait  ainsi  en  réalité  de  N,  çariolaria.  * 


igOl  .  ÉOCÈNE   DE   ROYAN  633 

être  utilisés  dans  les  constructions  et  dans  ce  cas  ils  tranchent  par 
leur  couleur  brune  avec  les  moellons  de  calcaire  crélacé  blancs  ou 
jaunâtres,  généralement  employés. 

Lorsque  le  sol  est  entamé  par  une  tranchée  assez  profonde  pour 
atteindre  le  terrain  crétacé,  on  voit  ces  silex  distribués  sans  ordre 
à  la  base  des  terrains  superficiels.  Mais  très  fréquemment  la  surface 
de  la  craie  est  profondément  ravinée  et  présente  des  poches  plus 
ou  moins  profondes  à  contours  extrêmement  irréguliers  ;  c'est  le 
phénomène  bien  connu  des  poches  de  décalcification  :  elles 
sont  remplies  d'un  sable  très  grossier  dont  les  grains  de  quartz 
sont  réunis  par  une  argile  habituellement  rougeâtre.  C'est  à  la  base 
de  ces  sables  grossiers  que  se  rencontrent  souvent  les  silex,  tandis 
que  sur  les  parois  mêmes  de  ces  poches  on  observe  des  lambeaux 
des  sables  à  N.  elegans  bien  différents  des  précédents  par  leur 
couleur  jaunâtre,  leur  grain  beaucoup  plus  fin  et  plus  régulier  et 
l'absence  ou  tout  au  moins  la  rareté  de  l'élément  argileux.  Presque 
toujours  l'ensemble  du  contenu  de  ces  goches  parait  avoir  été 
remanié  à  l'époque  quaternaire,  et  les  sables  grossiers  à  leur  partie 
supérieure  passent  insensiblement  à  la  terre  végétale. 

Nous  avons  pu  observer  une  de  ces  poches,  tout  à  fait  remar- 
quable par  ses  grandes  dimensions,  dans  les  falaises  qui  s'étendent 
au  nord-ouest  du  phare  de  Saint-Georges.  Dans  toute  l'étendue  de 
ce  promontoire  des  Vallières,  la  surface  de  la  craie  est  remar- 
quablement déchiquetée  ;  les  roches  bien  connues  des  Yallières 
doivent  sans  doute  leur  isolement  et  leur  profil  singulier  à  Faction 
des  vagues,  mais  il  suffît  d'examiner  attentivement  les  portions  de  la 
falaise  voisine,  non  encore  démantelées,  pour  voir  que.  le  travail  de 
destruction  a  été  en  réalité  laidement  préparé  par  des  actions  bien 
plus  anciennes,  qui  ont  donné  naissance  aux  poches  de  décalcifica- 
tion, et  très  souvent  le  travail  des  vagues  s'est  borné  à  Tentralnement 
des  sables  et  des  matériaux  peu  résistants  dont  ces  poches  sont 
habituellement  remplies.  Sur  certains  points,  la  surface  de  la  craie 
ainsi  mise  à  nu  présente  des  pyramides  ou  des  pointes  plus  ou  moins 
aiguës  ;  sur  d'autres  points  elle  se  creuse  de  cavernes  irrégalières 
presque  toujours  largement  ouvertes  à  leur  partie  supérieure  et 
qui  tantôt  s'allongent  en  forme  de  crevasses  étroites,  et  tantôt  se 
réduisent  à  des  sortes  de  puits  plus  ou  moins  rétrécis. 

Avant  d'atteindre  le  phare,  on  peut  voir  dans  la  falaise  une  de 
ces  poches  de  dimensions  considérables,  encore  remplie  de  sables 
grossiers  avec  petits  galets  de  quartz,  cimentés  par  une  argile  qui 
est  i*estée  blanche  dans  toutes  les  parties  qui  n'ont  pas  été  salies 


634  H.  DouviLLÉ  i6  Dec- 

par  les  eaux  superficielles;  on  peut  la  suivre  sur  une  cinquantaine 
de  mètres  de  longueur  et  sa  i)rofondeur  dépasse  lo  mètres; 
elle  paraît  se  prolonger  beaucoup  plus  loin  vers  le  nord-ouest 
dans  la  direction  des  rochers  de  Vallières.  Vers  le  milieu  de 
la  hauteur  de  cette  énorme  poche,  on  distingue  un  banc  disloqué 
mais  encore  presque  continu  de  grès  siliceux  dont  l'épaisseur 
est  d  environ  o  m.  3o  à  o  m.  ^o  dans  la  région  nord  et  s'élève 
par  phu-es  jusqu'à  I  mètre.  11  est  facile  de  voir  que  cette  masse 
n'a  pu  subir  aucun  transport  horizontal,  elle  a  seulement  éprouvé 
un  mouvement  d'aflaissemeut  vertical,  à  peu  près  comme  les 
blocs  de  grès  de  Fontainebleau  que  Ton  retrouve  épars  à  la 
surface  de  la  Brie,  sur  le  [>rolongement  des  bandes  de  grès 
encore  en  place  dans  la  forêt.  Sur  la  pente  de  la  falaise  les 
blocs  de  grès  éboulés  sont  entassés  en  un  pittoresque  chaos,  et  il  est 
facile  de  les  étudier  de  près  :  la  roche  est  essentiellement  un  grès 
très  grossier,  passant  par  places  au  poudingue  et  ayant  tous  les 
caractères  d'un  dépôt  littoral.  11  présente  assez  fi*équement  des 
débris  de  coquilles,  principalement  des  fragments  plus  ou  moins 
complets  d'une  Ostrea  du  groupe  de  ÏO,  Jlabellula  ;  nous  avons 
reconnu  en  outre  l'existence  d'une  Turritella^  d'une  Cjrtherea  et 
des  débris  de  Cardium  et  peut  être  de  Cardita,  Ajoutons  encore 
quelques  Nnmmiilites  clairsemées,  a])partenant  au  groupe  des 
Radiées  et  des  fragments  àXlrbiiolites  complanata. 

Le  ciment  du  gi*ès  est  formé  de  silice  finement  cristallisé  :  tantôt 
les  débris  de  coquilles  sont  silicifiés,  tantôt  ils  ont  conservé  leur 
com])osition  primitive  et  leur  test  est  resté  calcaii^c  :  la  silicification 
au  moins  partielle  de  lu  roche  i)riniitive  est  tout  aussi  incontestable 
que  les  actions  de  décalcification,  qui  ont  fait  disparaître  la  pres- 
que totalité  de  l'élément  calcaire.  En  outre  ces  deux  actions  sont 
accompagnées  4le  l'apparition  d'argiles  très  particulières,  qui 
rappellent  par  leur  composition  les  argiles  de  filons  ou  halloysites. 

On  retrouve  les  indices  d'actions  analogues  dans  toute  une  série 
de  dépôts  géologiques  dont  les  conditions  de  gisements  ne  pai*ais- 
sent  pas  encore  complètement  éclaircies  :  on  peut  citer  dans  cet 
ordre  d'idées  les  argiles  à  meulières,  les  sables  dits  granitiques 
des  environs  de  Vernon,  les  dépôts  sidérolitiques  du  pourtour  du 
Plateau  central,  les  poches  à  minerai  de  fer  et  phosphate  de 
chaux  du  Quei'cy.  Dans  tous  ces  dépôts  on  constate  des  actions  de 
décalcification  énergiciues  et  l'apparition  constante  d'une  argile 
pure,  presque  toujours  réfractaire  et  d'une  composition  particu- 
lière ;  celle-ci  est  en  outiHî  associée  à  d'autres  substances  minérales 


igOI  ÉOCÈNE  DE  ROYAN  635 

qui  lui  font  une  sorte  de  cortège,  la  silice  plus  ou  moins  calcédo- 
nieuse,  l'oxyde  de  fer  (minerai  en  grain),  le  phosphate  de  chaux. 

On  est  généralement  disposé  aujourd'hui  à  expliquer  ces  forma- 
tions spéciales  par  une  simple  action  de  décalcification  générale, 
produite  par  les  eaux  atmosphériques  toujours  chargées  d'une 
pi*oportion  plus  ou  moins  considérable  d'acide  carbonique  :  Fai'gile 
pure  et  son  cortège  de  substances  minérales  particulières  ne 
seraient  que  le  résidu  insoluble  des  roches  dissoutes.  Mais  nous 
connaissons  le  résultat  de  cette  altération  superficielle  des  roches  et 
précisément  dans  le  cas  où  elle  acquiert  sa  plus  grande  intensité,  ce 
sont  les  dépôts  de  latérite  si  répandus  dans  toute  la  zone  tropicale,  ce 
sontles  argiles  à  fragments  de  quartz  de  la  côte  de  Guinée,  prises  quel- 
quefois pour  des  dépôts  glaciaires,  les  terres  rouges  de  Madagascar, 
la  pierre  de  Bienhoa  en  Cochinchine,  etc.  11  est  vrai  que  la  plupart 
de  ces  dépôts  superficiels  résultent  de  l'altération  des  roches  cris- 
tallines. (Test  au  Tonkin  et  surtout  sur  les  grands  plateaux  calcaires 
du  sud  de  la  Chine  qu'il  serait  possible  d'étudier  de  près  et  sur 
une  échelle  grandiose  l'action  dissolvante  des  eaux  superficielles. 
Mais  l'étude  détaillée  de  ces  dépôts  n'a  pas  été  faite  et  jusqu'à 
présent  ces  phénomènes  généraux  d'altération  et  de  décalcifi- 
cation superficielles  nous  paraissent  insuffisants  pour  expliquer 
l'intensité  si  inégale  et  la  localisation  toujours  si  marquée 
des  phénomènes  que  nous  venons  d'étudier  ou  décrites,  soit 
dans  le  Midi,  soit  dans  le  Nord  et  le  Sud  de  la  France.  11  est 
diflicile  de  voir  dans  cette  argile  pure  dont  la  présence  est  si  cons- 
tante, le  résidu  de  la  dissolution  des  calcaires  les  plus  divers  et 
toujours  un  peu  ferrugineux.  Pourquoi,  en  outre,  ces  argiles  sont- 
elles  accompagnées  ici  de  silice,  là  de  minerai  de  fer  en  grains  ou 
de  phosphate  de  chaux  ?  La  relation  de  ces  dépôts  avec  la  nature 
de  la  roche  dissoute,  ne  peut  être  considéi'ée  comme  rigoureuse- 
ment établie.  I-.es  dépôts  des  environs  de  Royan  présentent  à  ce 
point  de  vue  un  intérêt  particulier,  c'est  que  nous  avons,  en  elfet, 
un  témoin  encore  conservé  de  la  roche  primitive,  et  que  brusque- 
ment et  à  une  très  faible  distance  des  calcaires  de  Sainl-Pahiis, 
nous  ne  trouvons  plus  que  les  mêmes  déi)ôts  siliciliés  et  décalcifiés, 
sans  que  rien  dans  les  conditions  générales  des  dépôts  puisse  expli- 
quer une  résistance  si  inégale  à  des  actions  de  décalcification 
générale  ;  et  dans  les  calcaires  conservés,  pas  plus  que  dans  les 
formations  superposées  nous  ne  retrouvons  trace  des  organismes 
siliceux  auquel  la  silicification  pourrait  être  attril)uce. 

La  localisation  des  phénomènes  nous  paraît  avoir  pour  consé- 
quence forcée  la  localisation  des  causes  ;  à  ces  actions  d'altéi*ations 


63<>  H.    DOUVILLÉ.    —   ÉOCÂNE    DE   ROYAN  l6  Déc. 

générales  dont  Texistence  est  incontestable,  mais  dont  Timpor- 
tance  nous  paraît  exagérée,  nous  croyons  que  dans  un  gprand 
nombre  de  cas  il  faut  ajouter  des  actions  locales,  sources  minérales 
ou  autres  qui  expliqueraient  ainsi  non  seulement  Tapport  de 
substances  minérales  particulières,  mais  qui  encore  permettraient 
de  se  rendre  compte  de  Tintensité  si  marquée  des  phénomènes  de 
dissolution  sur  des  points  particuliers  et  presque  toujours  dans  le 
voisinage  d*  accidents  tectoniques  importants. 


M.  de  Liapparent  rappelle  que,  non  seulement  des  grès  sili- 
ceux mais  de  véritables  meulières  à  Nummulites,  se  rencontrent 
avec  le  limon  en  divers  points  de  la  Picardie,  en  dehors  des 
limites  actuelles  du  massif  tertiaire  parisien.  Il  attribue  cette 
transformation,  non  à  des  actions  thermales,  mais  à  une  silicifica- 
tion  d*origine  externe.  Des  graviers  feldspathiques,  aujourd'hui 
disparus,  auraient  fourni,  par  décomposition  de  leur  feldspath,  la 
silice  nécessaire  à  la  réaction. 


NOTE 

SUR  LES  GRAPTOLITES  DE  LA  CATALOGNE 

ET  LEURS  RELATIONS  AVEC  LES  ÉTAGES  GRAPTOLITIQUES 

DE    FRANCE 

par  M.  Charles  BARROIS 

Les  incessantes  recherches  de  M.  le  chanoine  J.  Aimera  lui 
fournissent  chaque  année  de  nouveaux  fossiles,  qui  viennent 
préciser  et  compléter  graduellement  nos  notions  sur  la  série 
stratigraphique  de  la  Catalogne. 

Les  Gi^ptolites  que  notre  confrère  a  bien  voulu  me  confier  éten- 
dent nos  connaissances  sur  les  faunes  graptolitiques  de  la  péninsule 
Ibérique,  décrites  par  M.  J.  Gonzalo  y  Tarin  et  par  M.  J.-F.-N. 
Delgado.  La  petite  collection  réunie  par  ses  soins  m'a  permis  de 
distinguer,  dans  le  Silurien  de  ce  massif,  quatre  faunes  gi*aptoli- 
tiques  dijQférentes,  très  voisines  de  celles  que  j'ai  précédemment 
indiquées  et  suivies  en  France,  de  la  Bretagne  aux  Pyrénées  ^ 

Les  Graptolites  trouvés  jusqu'à  ce  jour  par  M.  J.  Aimera,  appar- 
tiennent tous  au  Gothlandien  (Silurien,  sensu-stricto).  Ce  terrain 
repose  en  Catalogne  sur  la  grauwacke  de  Moncada,  où  je  signalai 
en  1891,  Orthis  Actoniœ  So-w.,  O.  calligramnia  Dalin.,  O.  vesper- 
tilio  Sow.,  O,  testudinaria  Daim.,  Lepiivna  sericea  Sow., 
Echinosphœrites  et  balticus  d'Eichw.,  Fapo«i7^.ssp.,  faune  qui  me 
permit  de  rapporter  la  grauwacke  de  Moncada  au  calcaire  de 
Rosan  (Finistère),  de  Montauban  de  Luchon  (Haute-Garonne), 
c'est-à-dire  à  l'Etage  anglais  de  Caradoc.  J'insistai  alors  sur  TintértH 
de  cette  découverte  paléontologique,  puisqu'elle  nous  apprenait 
que  la  faune  anglaise  de  Caradoc  (calcaire  de  Bala)  s'était  étendue 
sur  tout  l'ouest  de  l'Europe,  pi'ésentant  les  mêmes  formes  caracté- 
ristiques communes  dans  le  Shropshire,  le  Finistère,  l'Hérault,  la 
Haute-Garonne  et  la  Catalogne  ^. 

Les  découvertes  plus  récentes  de  cette  même  faune,  clans  le  massif 
du  Canigou  par  M.   Roussel  ^,   dans  les   Hautes-Corbières   par 

1.  A.  S.  G,  N.,  XX,  189a,  p.  70. 

a.  A.  S,  G.  N.,  XIX,  18  mars  1891,  p.  67. 

3.  R0U8SBL.  B.  C.  G.  h\  VIII,  1890,  n°  5a. 


638  CH.  B\RRois  i6  Dec. 

M.  Bresson  S  sont  venues  depuis  confirmep  ces  vues,  acceptées 
d'ailleurs  par  M.  Frech,  qui  les  a  généralisées,  dans  son  remar- 
quable essai  de  synthèse  des  mers  siluriennes. 

Les  étages  gothlandiens  qui  succèdent,  en  Catalogne,  sont  égale- 
ment des  formations  déposées  dans  une  mer  ouverte,  assez  pro- 
fonde, mais  non  abyssique,  à  sédiments  de  schistes  fins,  siliceux  ou 
ampélitiques,  plus  ou  moins  pyriteux  et  calcaires,  où  le  carbonate 
de  chaux  se  concentre  en  nodules,  riches  en  Orthocères  et  en 
Lamellibranches  paléoconques.  L'examen  de  leur  faune  et  les  notes 
stratigraphiques  (le  M.  J.  Aimera  concordent  pour  les  ranger  dans 
l'ordre»  suivant,  en  débutant  par  les  plus  anciens. 

I.    Etage  de  Can  Ferhics. 

Schistes  blancs,  fins,  siliceux,  de  Can  Ferrés  (Santa-Creu  de 
Olorde)  : 

Diplo^raptna  sinuatus  Nich.  Mono^raptus  lobiferus,  var.  Marri 

—  paimeu»  Barr.  Perner. 
Mono^raptiiR  convolutus  His                          —            crenularis  Lapw. 

—  U)biferus  Mao  Coy.  —  gemmatus  Barr. 

Schistes  blancs,  siliceux,  du  Colle  de  la  Mata  au  Pas  de  la 
Lladres  (sentier  de  Vallvidrere  à  Santa-Creu  de  Olorde)  : 

Monof^raptus  proteus  Barr.  Monograpius  attenuaius  Hopk. 

—  commu/i ta  Lapw.  —  yoca^um  Lapw. 

Schistes  blancs  de  Mas  Duran,  S.  Vicens  de  la  Horts  : 
Monog'raptiis  conçolatus  His. 

Schistes  blancs,  jaunâtres,  de  Brugues  : 

Monograptus  proteus  Barr.  Monograpius  concinnus  Lap. 

—  Hisingeri  var.  ja4:u-  —  vomerinus  Nich. 

lum  Lapw.  —  nuntius?  Barr. 

—  Hisingeri  var.  nudus 

Lapw. 

C'est  par  erreur  que  Monograptus  basilicus  et  M.  colonus 
avaient  été  rapportes  antérieurement  à  ce  niveau  de  Brugues.  Par 
sa  faune,  il  paraît  un  peu  supérieur  aux  précédents. 

La  faune  de  ces  divers  gisements  suffit  à  établir  le  parallélisme 
de  l'étage  de  Can  Ferres,  avec  celui  des  phtanites  de  l'Anjou. 

I.  Bhksson.  Ji.  C  G.  F.,  Xll,  1900,  n*  80,  p.  60. 


igOI  NOTB   SUR    LES   GIIAPTOLn*ES   DR   LA   CATALOGNE  GSq 

Q.  Etage  de  Camprodon 

Schiste  noir  ainpéliteux,  pyriteux,  a  nodules  calcaires,  de  Cam- 
prodon, Ravin  Masot,  Las  Cortadas,  où  nous  avons  reconnu  : 
Dal/nanites  longicaudatus  Murch.,  Aptychopsis  primas  Barr., 
Orthocères,  Atrypa  sapho  Barr.,  Leptœna  sp.,  Dualina  annulosa 
Barr.,  Z>.  novella  Barr.,  /).  inexplicata  Barr.,  D,  fidelis  Barr., 
Dalila  resecta  Barr..  Cardiola  boheinica  Barr.,  Lunulicardiurn 
simplex  Barr.,  L.  angulosuni  Barr.,  AOicnla  cf.  mir'ri  Barr.,  etc. 

Cyrtograptus  Grqyi  Lapw.  Monop^raptus  galaensis  ?  Lapw. 
Monograpius  turriculatus  Barr.  —  Lobiferus?  Mac  Coy. 

—  Hisingeri  Carr.  —  Becki  Barr. 

—  concinnus  Lapw.  —  fcemmatns  Barr. 

—  priodon  Bronn. 

Cette  belle  faune,  recueillie  par  les  soins  de  M.  J.  Aimera  et  de 
M.  J.  Roussel,  caractérise  Tctage  de  Gala-Tarannon. 

Ia5S  gisements  des  environs  de  Barcelone  sont  moins  bien  carac- 
térisés, tel  celui  de  Torre  Vileta  Cervello  à  Monograptus  Jaculum 
Lâpw.,  M,  Salteri  ?  Gein.,  localité  ou  plusieurs  zones  graptolitiques 
sont  certes  représentées  à  la  fois. 

I^  liste  précédente  permet  d*identifler  Tétage  de  Camprodon,  k 
l'étage  des  ampélites  de  Poligné  (Bretagne),  à  ceux  des  Pales-Rases 
et  de  Sentein  dans  les  Pyrénées  *. 

3.    Étage  de  Gracia 

Les  ampélites  de  Santa-Creu  de  Olorde,  inférieures  daprès 
M.  J.  Aimera,  aux  schistes  à  nodules  calcaires  de  cette  localité, 
sur  laquelle  nous  reviendrons  plus  loin,  ont  fourni  Monograptus 
priodon  Bronn. 

Cette  même  espèce  se  retrouve  en  un  autre  gisement,  dans  un 
schiste  argileux  pâle,  «  debajo  Castell  Sigri,  mol  i  no  dcl  lley  à 
Santa-Creu  de  Olorde  ». 

Un  schiste  noir,  en  grandes  plaques,  de  C.  Tintorei  de  San- 
Bartomeu  de  la  Cuadra,  près  Santa-Creu  de  Olorde,  a  fourni  aussi 
le  Monograptus  priodon  Bronn,  variété  recourbée,  concave,  dans 
la  partie  proximale  de  l'hydrosome,  comme  en  Bohême,  et  distincte 
des  types  anglais. 

Ce  niveau  paraît  également  réprésenté  dans  la  sérit»  des  schistes 

noirs  ampélitiques  de  Torre  Vileta  Cervello  à  J/.  riccartonensis , 

• 

I.  A.  5.  G.  N.,  XX,  1899,  p.  191. 


<>  |0  CH.    BAKROIS  l6  Déc. 

Le  schiste  compact  ampéllteux  de  Gi'acia,  à  Barcelone,  fournit  : 
Monograptus  priodon  Bronn.  MonogrcLptus  dubius  Saess. 

De  mauvais  échantillons  de  cette  localité  rappellent  des  formes 
caractéristiques  d'étages  plus  récents  Monograptus  vulgaris  ? 
Wood.,  M.  Nilsaoni?  Barr. 

Le»  espèces  citées  autorisent  Tattribution  de  ces  gisements  au 
même  étage  que  les  ampélites  de  la  Ménardais,  d'Andouillé  en 
Bretagne,  de  Montmajou  d-ans  les  Pyrénées. 

4-  Étage  de  Cervello 

Les  sphéroïdes  ailcareux  de  Vallcarca  avec  Ceratiocaris, 
ont  foui*ni  : 

# 

Monograptus  Rœmeri  Barr.  Monograptus  Flemingu  Sait. 

Les  nodules  siliceux  contiennent  à  Moncada  : 

Monograptus  coloniis  Barr. 

Les  schistes  de  Santa-Creu  de  Olorde  avec  nodules  calcaires  à 
Orthocères  et  à  Lamellibranches,  Cardiola  interrapta  Sow., 
Panenka  cf.  humilis  Barr.,  Prœcardium  çuadrans  Barr.,  Lunuli- 
cardium  confertissimum  Barr.,  Kraloçna  cf.  catalaunica  Bair., 
Nucula  sp.,  reposent  sur  des  schistes  ampélitiques  à  M.  priodon 
et  appartiennent  à  ce  quatrième  étage. 

Aux  environs  de  Torre  Vileta  Cervello,  des  schistes  noirs  ampé- 
litiques contiennent  :  Monograptus  colonus  Barr.,  Monograptus 
NUssoni  Barr.  (non  tennis).  Cyrtograptus  et  moniUformis  TuUb., 
(non  Murchisoni). 

Les  scliistes  bleus  rougis  de  Cervello  (trajet  du  château  à  l'ermi- 
tage du  Remey),  supérieurs  au  gisement  précédent  de  la  Torre 
Vileta  Cervello,  d'après  M.  J.  Aimera,  contiennent  beaucoup  de 
Monograptes  sulfureux,  altérés,  déformés  irrégulièrement  et  non 
aplatis  dans  la  roche.  Mes  échantillons  ne  sont  pas  déterminables, 
mais  rappellent  Monogr*aptus  NUssoni,  M,  uncinatus,  M.  colonus j 
de  Tétage  de  Ludlow. 

La  faune  de  cet  étage  le.  range  parmi  les  couches  de  France 
rattachées  au  Wenlock  supérieur  sur  mon  tableau  des  faunes 
graptolitiques  de  France  *,  et  sur  Tàge  desquelles  nous  reviendi'ons 
plus  loin. 

I.  -l.  S.  G.  A'.,  XX,  189a,  p.  lijo. 


IgOI  NOTE  SUR   LES  GRAPTOLITES   D£   LA   CATALOGNE  64l 


Des  divisions  du  6othlandi«i  français 

Bretagne  :  Le  premier  essai  de  classification  des  couches 
gothlandiennes  de  France  est  dû  à  MM.  de  Tromelin  et  Lebesconte 
qui  y  distinguèrent,  dans  Touest  de  la  France,  trois  niveaux 
distincts  : 

Calcaires  ampélitenx. 
Schistes  ampélitenx. 
Grès  cuhiiinants. 

• 

Leur  liste  de  fossiles  est  principalement  établie  par  comparaison 
avec  les  types  de  Bohême.  Les  espèces  signalées,  80  environ,  se 
retrouvent  dans  les  colonies  de  Barrande,  et  la  série  française  est 
rapportée  à  la  phase  initiale  de  la  Faune  Troisième. 

La  faible  épaisseur  de  ces  formations  en  Bretagne,  jointe  au 
mauvais  état  de  leurs  affleurements  rendent  extrêmement  difficile 
et  précaire  l'observation  de  la  superposition  des  niveaux  ;  aussi  la 
comparaison  de  leurs  faunes  avec  celles  des  régions  plus  favorisées 
était-elle  appelée  à  rendre  les  plus  grands  services.  Toutefois  le 
choix  du  massif  de  Bohême,  pris  comme  terme  de  comparaison, 
était  peu  favorable  ;  les  observations  de  M.  J.  Perner  *  ont  relevé 
les  confusions  commises  dans  les  attributions  stratigraphiques  des 
faunes  magistrsdement  décrites  par  Barrande,  et  Tont  forcé  de 
conclure  à  la  nécessité  de  remanier  complètement  le  groupement 
des  fossiles  de  ce  bassin,  en  niveaux  stratigraphiques,  pour  en  faire 
correspondre  les  listes  à  la  succession  réelle  des  divers  niveaux, 
dans  le  temps. 

La  comparaison  avec  la  série  anglaise,  établie  sur  des  bases  plus 
solides,  par  les  recherches  stratigraphiques  de  tant  de  savants 
indépendants,  devait  donner  des  résultats  plus  décisifs. 

On  s'accorde  à  reconnaître  dans  la  série  silurienne  de  ce  pays, 
quatre  étages  principaux,  divisés  eux-mêmes  en  un  grand  nombre 
de  zones  paléontologiques,  et  qui  sont  : 

Etage  de  Ludlow. 

—  Wenlock. 
~        Taramion. 

—  Llandovery. 

Je  pus  indiquer  en  1891,  en  me  basant  principalement  sur  l'étude 
des  Graptolites  obligeamment  communiqués  par  im  grand  nombre 

I.  J.  Pbrnbr.  GraptoL  de  Bohème,  Introduction,  notice  IV,  1899. 
7  Mars  190a,  —  T.  i*'*.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  41 


64^  CH.  BARROis  i6  Dec. 

de  nos  confrères,  que  le  Gotlilandien  de  France,  beaucoup  plus 
complet  que  l'on  ne  laf  ait  supposé,  présentait  des  faunes  diverses 
correspondant  respectivement  à  celles  des  trois  étages  de  Lian- 
dovery,  de  Tarannon  et  de  Wenlock  :  la  présence  du  quati-ième 
étage,  ou  étage  de  Ludlow,  a  été  établie  par  les  recherches  ulté- 
rieures de  M.  Kerforne,  qui  ont  même  tenté  de  distinguer  dans 
ces  étages,  les  subdivisions  ou  zones  de  la  série  britannique. 

Ces  quatre  étages  gothlandiens  pi*ésentent  les  caractères  géné- 
raux suivants,  quant  à  leurs  faunes  graptolitiques  : 

Etage  de  Llandovery  :  L'existence  de  cet  étage  en  Bretagne 
(phtanites  de  T Anjou)  et  eu  Catalogne  (phtanites  de  Can  Fcrri»s) 
n'est  pas  seulement  indiquée  par  la  présence  dans  ces  régions  d'es- 
pèces communes,  délicates  à  spécifier:  elle  est  établie  par  les 
caractères  généraux  de  la  faune,  c'est-à-dire  par  la  prédominance 
des  Monograptus  du  type  lobiferus,  et  leur  association  habituelle 
aux  genres  Rastriies,  Climacograptus,  Diplograptus. 

Etage  de  Tarannon  :  Texistence  de  cet  étage  en  Bi*etagne  (ampé- 
lites  de  Poligné)  et  en  Catalogne  (Camprodon),  est  attestée  à  la  fois 
par  Texistence  d'espèces  communes  eti)arce  qu'il  est  caractérisé  de 
même  par  Tapogée  du  geni*e  Monograptus,  Le  gi'oupe  M.  lobiferus 
y  est  associé  à  de  nombreux  représentants  du  gi*oupe  du  M.  Sedg- 
mckii,  du  Xilssoni,  du  Hisingeri^  du  Flemingii.  Rareté  ou  absence 
des  Diplograpiidœ,  Uemplacemenl  de  Rastrites  par  Cyrtograptus. 

Etage  de  Wenlock  :  l'existence  de  cet  étage  en  Bi'etagne 
(Ândouillé,  la  Ménardais)  et  en  Catalogne  (Gracia)  est  pi*ouvée  aussi 
par  les  caractères  de  la  faune  :  présence  des  CyrtograptU8,  Retio- 
liies,  seuls  genres  de  Graptolites  associés  aux  Monograptus^  qui  de 
leur  côté  sont  représentés  surtout  par  le  type  FlemingU^  à  hydix>- 
some  concave  du  côté  de  la  vii*gula,  dans  sa  portion  proximale. 

Etage  de  Ludloiv  :  cet  étage  pi*ésente  en  Catalogne  (étage  de  Cer- 
vello)  et  à  Crozon  (Bretagne)  où  il  a  été  signalé  par  M.  Kerforne, 
les  caractères  graptolitiques  reconnus  en  Angleterre  par  Miss 
Ë.-M.-R.  Wood,  à  savoir,  disparition  de  Ç^'rtog'raptuSf  prédomi- 
nance des  Monograptus  du  type  colonus  et  développement  des 
Monograptes  épineux. 

Li*s  caractères  distinctifs,  si  nets,  des  faunes  graptolitiques  de 
Wenlock  et  de  Ludlow  n'ont  pu  être  donnés  que  tout  récemment, 
depuis  les    travaux    de  M.   J.    Pemer*,  MM.   Elles  et  Wood. 

I.  J.  Peunkr.  Graptolites  de  Bohème   Praj^ie,  1899 


igOI  NOTB  SUR   LES  GRAPTOLITES   DE   LA   CATALOGNE  643 

M""  G.-L.  Elles  *  et  E.-M.-R.  Wood,  reconnurent  que  la  coupure 
entre  les  étages  de  Wenlock  et  de  Ludlow,  dans  le  pays  de  Galles, 
avait  été  malheureuse  en  raison  de  Tidentité  de  leurs  caractères 
lithologiques,  et  qu'en  réalité  les  couches  de  cette  région  classique, 
rapportées  au  Ludlow  ne  représentaient  que  le  Ludlow  supérieur  : 
on  avait  englobé  dans  les  Wenlock  shales,  le  Ludlow  inférieur  de 
cette  contrée;  et  M.  Lapworth  *  avait  été  ainsi  amené  à  séparer  la 
faune  graptolitique  du  Lower  Ludlow,  de  celle  du  Upper  Ludlow, 
pour  la  réunir  à  celle  de  Wenlock. 

Par  suite,  nombre  de  gisements  du  continent,  rapportés  au 
Wenlock  supérieur,  doivent  actuellement  passer  dans  l'étage  de 
Ludlow  ;  c'est  ce  qu'établit  Miss  E.-M.-R.  Wood,  en  signalant  en 
1900  ^,  que  j'avais  cité  dans  les  divers  massifs  gothlandiens  français  : 
«  Many  species  now  known  te  be  of  Lower  Ludlow  âge.  »  J'avais 
en  elïet  rapporté  aux  «  Wenlock  shales  plutôt  qu'à  la  zone  à 
C.  Murchisonifi  *,  du  Wenlock  inférieur,  les  niveaux  graptoliti- 
ques  supérieurs  de  France,  qui  m'avaient  fourni  M,  Rœmeri, 
colonus,  bohemicus^  et  qui  doivent  réellement  passer  dans  l'étage 
de  Ludlow,  tel  qu'il  est  défini  dans  les  travaux  récente.  Cet  étage  se 
trouve  ainsi  représenté  de  la  Bretagne  à  la  Catalogne,  dans  tous  les 
massifs  où  l'étage  de  Wenlock  a  été  signalé,  et  que  nous  allons 
passer  bnèvement  en  revue. 

Les  étages  de  Ludlow  et  Wenlock  d'une  part,  ceux  de  Tarannon 
et  Llandovery  d'autre  part,  se  montrent  souvent  associés  dans  la 
contrée  considérée,  laissant  supposer  que  l'extension  des  mers  n'a 
pas  été  exactement  la  même  au  début  et  à  la  fin  du  Gothlandien. 

Languedoc  :  Les  ti'avaux  de  M.  de  Rou ville  et  de  M.  Bergeron 
ont  établi  l'existence  de  deux  niveaux  dans  le  Gothlandien  du 
Lauguedoc. 

Un  niveau  inférieur  à  Areihusina  Koninckii  Barr.,  correspond 
à  l'étage  de  Wenlock  ;  il  a  fourni  M,  priodon  var.  Flemingii.  Le 
niveau  supérieur  à  M.  bohemicus,  3/.  colonus,  M.  Rœmeri, 
M.  Nilssoni,  se  rapporte  à  l'étage  de  Ludlow. 

Les  étages  inférieurs  de  Llandovery  et  Tarannon  n'ont  point 
encore  été  observés  dans  le  Languedoc. 

Pyrénées  :  Les  recherches  de  MM.  Caralp,  Maurice  Gourdon, 
Roussel,  Viguier,  Bresson,  dans  les  Pyrénées  et  les  Corbières  y  ont 

1.  G.-E.  Elles.  Q.  J,  G.  S.  y  vol.  56,  1900,  p.  370. 

2.  C.  Lapwortu.  Ann,  and  Mag.  nat.  Ilisl  y  ser.  V,  vol.  5,  1880,  p.  48. 

3.  B.-M.-R.  Wood.  ^>.  /.  G.  S.,  vol.  56,  lyoo,  p.  418. 

4.  .4.  8,  Cm.  N,,  XX,  1892,  p.  loa. 


644  ^'"*  HARROis  i6  Dec. 

relevé  la  présence  des  étages  de  Tarannon  (Pales-Rases,  Sentein), 
de  Wenlock  (Montmajou),  de  Liidlow  (Garreaux  ?);  Fétage  infé- 
rieur de  Llandovery  est  encore  inconnu  djins  les  Pyrénées. 

Normandie  :  Je  n'ai  point  eu  entre  les  mains  de  documents 
suffisants  de  cette  région  ;  les  espèces  citées  permettent  de  recon- 
naître les  étages  de  Wenlock  et  de  Ludlow.  Les  étages  de 
Llandovery  et  de  Tarannon  sont  inconnus. 

Ardennks  :  Les  travaux  de  M.  Malaise  ont  fait  connaître  l'exis- 
tence dans  ce  massif  des  quatre  étages  gothlandiens  de  IJandovery 
(Grandmanil),  Tarannon  (Grandmanil),  Wenlock  (Naninne),  Lud- 
low (Malonne). 

L'étage  de  Ludlow  présente  un  développement  extrême  et 
inattendu  dans  les  dépendances  françaises  de  TArdenne,  car  c'est 
à  lui  qu'il  convient  de  rapporter,  non  seulement  les  schistes  à 
Graptolites  de  Cailiers  (Boulonnais),  mais  les  gisements  siluriens 
récemment  reconnus  dans  les  sondages,  exécutés  au  sud  du  bassin 
liouiller  du  Pas-de-Calais,  pour  la  recherche  de  la  houille. 

On  sait  que  les  schistes  et  calcaires  rencontrés  au  sud  de  ce 
bassin  ont  été  rapportés  successivement  au  Calcaire  Carbonifère, 
puis  au  Gothlandien,  Depuis  lors,  la  continuation  des  recherches 
dans  le  Pas-de-Calais  a  appris  qu'on  pouvait  distinguer  deux 
niveaux  dans  les  couches  siluriennes  traversées  par  les  sondages  : 
l'un,  à  DcLy^ia  navicula,  rencontré  à  Liévin,  où  cette  espèce,  loin 
d'être  disséminée  dans  la  masse  des  terrains  traversés  par  les  puits, 
est  limitée  à  un  banc  de  peu  d'épaisseur,  presque  entièrement 
formé  par  cette  petite  coquille  :  l'autre,  rencontré  à  Méricourt,  et 
aussi  à  Liévin,  et  qui  a  été  comparé  à  l'étage  de  Ludlow  ',  et  à 
celui  de  Mondrepuits  *. 

Si,  d'autre  [>art,  ou  se  rappelle  qu'en  Angleterre,  dans  le  pays  de 
Ludlow,  le  sommet  du  Silurien  présente  les  divisions  suivantes  ^  : 

Ludlow  supérieur  (pauvre  en  Graptolites). 

Calcaire  d'Aymestry  à  Pentamerus  Knighiii. 

Ludlow  inférieur  (riche  en  Graptolites,  M,  NUssoni,  etc.). 

et  que  dans  les  districts  voisins  de  Builth,  la  zone  moyenne  du 
calcaire  (VAymestrj^  perd  son  importance»  pour  être  représenté  par 
un  simple  lit  calcaire,  épais  de  3  mètres,  essentiellement  formé  de 

1.  A,  S,  G.  A.,  XXVn,  1898,  p.  225. 

2.  A.  S,  G.  A'.,  XXIX,  1900,  p.  22. 

3.  La  bibliographie  de  la  question  se  trouve  bien  exposée  dans  Vouvrage 
précité  de  Miss  Wood,  p.  4^0. 


igOI      NOTB  SUR  LES  GRAPTOLITES  DE  LA  CATALOGNE       64^ 

coquilles  de  Dayia  naoicala  ^  on  ne  saurait  hésiter  à  assimiler  le 
banc  à  D,  naincula  de  Liévin.  à  celui  de  Builth.  Cest  ce  que 
confirme  la  coexistence  à  ces  niveaux,  de  formes  communes  :  Caly- 
mene  Blumenbachi,  Acaste  Downingiœ,  Dqyia  navicula^  Atrypa 
reticulariSj  Discina  rugata,  Orthis  lunata,  Orlhis  orbicularis, 
Spirifer  octopUcatus,  Spirifer  elevatus,  Rfvynchonella  borealis, 
lacunosa,  Wilsoni,  Strophomena  rhomboidalhy  Lingula  Lewisii, 
TentacnlUes.  Ceratiocaris,  etc. 

\jSi  comparaison  de  la  faune  de  Méricourt  (Liévin  supérieur) 
avec  la  faune  du  Ludlow  supérieur  s  impose  ainsi,  comme  une 
conséquence  nécessaire. 

Le  schiste  à  M,  coloniis  de  Calliers  représente  le  Ludlow  infé- 
rieur. Le  niveau  inférieur  de  Liévin  à  Z).  navicula,  représente  le 
Ludlow  moyen. 

Conclusions 

Les  Graptolites  recueillis  par  M.  J.  Aimera  en  Catalogne  per- 
mettent de  signaler  Texistence  dans  cette  partie  de  TEspagne,  des 
quatre  étages  graptoUtiques,  distingués  dans  le  Gothlandien  par  les 
savants  anglais. 

4.  Étage  de  Cervello {Ludlow) 

3.      —     de  Gracia (  Wenlock) 

2.      —     de  Camprodon  ...       (Tarannon) 

I        —     de  Can  Ferres {Llandovery) 

Leur  concordance  avec  les  étages  indiqués  en  France,  confirme 
nos  notions  sur  la  vaste  extension  des  mers  gothlandieimes  à 
Touest  de  l'Europe.  L'étendue  de  ces  eaux  tranquilles,  devait 
nécessairement  être  sulTisante  pour  permettre  la  dissémination,  de 
TEspagne  à  l'Angleterre,  à  l'abri  d'apports  élastiques  continentaux, 
de  colonies  libres  de  Graptolites  et  de  leurs  gonozoïdes  errants.  La 
profondeur  de  ces  mers  ne  pouvait  d'autre  part  être  très  grande  : 
d'après  sir  John  Murray,  en  ellet  -,  les  mers  paléozoïqu(\s  n'étaient 
pas  profondes  ;  de  plus  les  faunules  graptolitiques  présentent  des 
variations  locales,  et  leurs  zones  offrent  des  transgressions  com- 
plexes, enfin  le  voisinage  de  terres  fermes  et  l'existence  d(»  courants 
littoraux  sont  attestés  par  les  alternances  fréquentes,  avec  ces 
dépôts  organogènes  de  sédiments  élastiques,  de  débris  volcanicjues, 
et  même,  d'après  M.  Denckmann  ',  de  restes  de  végétaux  terrestres. 

1.  WooD  :  l,  c,  p.  417;  *ît  MuRCHisoN.  Siluria,  i83<).  p.  3ir>. 

îi.  Sir  John  Murray.  Report  0/  i/ip  Brilish  association,  1899,  p.  789. 

3.  D'  A  Dr.nckman.n.  Geol.  Bau  d.  Keller\^'aldt'S.  Berlin,  1901,  p.  :i3. 


646       BARHOIS.  —  SUR  LES  ORAPTOLITES  DE  LA  CATALOGNE       l6  Déc. 

Mais  on  ne  pourra  comprendre  les  relations  de  ces  mers  anciennes 
et  indiquer  les  migrations  de  leurs  faunes,  que  quand  on  sera 
parvenu  à  la  connaissance  des  zones  paléontologiques  groupées 
dans  cette  note,  en  quatre  étages  systématiques.  Actuellement  nous 
manquons  encore  de  listes  de  fossiles  suffisamment  détaillées  et 
complètes,  comparables  à  celles  qui  ont  été  données  par  les  savants 
anglais  et  Scandinaves  ;  nous  savons  seulement  que  la  réapparition 
de  mêmes  faciès,  à  Tépoque  silurienne,  a  sulli  dans  tout  Touest  de 
l'Europe,  pour  permettre  le  développement,  dans  les  divers  massifs, 
de  faunes  ayant  entre  elles  de  nombreuses  espèces  communes. 


QUELQUES   REMARQUES 

SUR 

LES    PHÉNOMÈNES    OROGÉNIQUES 

BT  LA 

FORMATION  DES  GROTTES   ET  DES   CLUSES 
DANS   LE  JLTIA  MÉRIDIONAL 

par  M.  Emile  CHANEL 

On  sait  que  l'épaisseur  des  couches  sédimentaires  est,  en  géné- 
ral, plus  grande  dans  les  régions  montagneuses  que  dans  les 
plaines.  En  étudiant  notre  Jui*a,  dans  l'Ain,  on  constate  que  les 
terrains  diminuent  en  ancienneté  et  augmentent  en  puissance  de 
Touest  à  Test.  La  profondeur  de  la  mer  allait  donc  en  augmentant 
dans  cette  direction  et  le  Jura  avait  par  suite  une  inclinaison  pré- 
cisément inverse  de  celle  qu'il  a  aujourd'hui. 

Les  couches  sédimentaires  relevées  par  plissements  ont  parcouru, 
en  projection  horizontale,  des  distances  variables  d*après  l'impor- 
tance du  pli.  Nos  étages  du  Jura  ont  été,  en  général,  reportés  à 
l'ouest  ;.par  suite,  quand  on  étudie  ces  dépôts,  on  doit  tenir  compte 
de  cette  considération  pour  se  représenter  la  configuration  des 
anciennes  mers. 

Le  nombre  et  Yiniportance  des  plissements  engendrés  au  fur  et 
à  mesure  que  s'accomplit  l'eflbrt  de  compression  varient  suivant 
Ténei-gie  de  Teftort. 

Cette  remarque  fournit  l'explication  de  la  formation  de  certaines 


FORMATION  DBS  GROTTES  ET  Df£S  CLUSES  DANS  LE  JURA  64^ 

grottes  et  de  certains  gouffres  ou  précipices.  Ces  excavations  résul- 
tent du  travail  des  eaux  soit  souterraines,  soit  superficielles.  Or, 
quand  Tentrée  d'une  grotte  se  trouve  à  flanc  de  coteau  comme  celle 
de  Hautccour  (voir  la  feuille  de  Nantua)  et  beaucoup  d*autres  que 
nous  avons  explorées,  où  est  le  cours  d*eau  générateur  ?  Je  crois 
pouvoir  affirmer  que  c'est  la  rivière  qui  coule  ou  dans  le  thalweg 
actuel  ou  dans  le  voisinage.  Ainsi,  c'est  le  Sumn  qui  aurait  creusé 
la  grotte  de  Hautecour  alors  que  le  pli  anticlinal  où  elle  se  trouve 
(mont  Kosset  et  mont  de  Corent)  n'existait  pas  encore.  Ce  pli  a 
rejeté  le  Suranà  l'ouest  ;  l'entrée  de  l'excavation,  qui  était  verticale, 
doit  être  inclinée  ainsi  que  toute  la  grotte  elle-même  et  c  est  bien  ce 
gui  existe  sur  le  versant  produit. 

Cette  explication  s'applique  naturellement  aux  autres  gouffres 
qu'on  trouve  sur  le  même  versant,  àChangadoz,  à  Charinas,  loom. 
de  profondeur,  vers  Meyriat  (au  sud),  ainsi  que  sur  le  versant 
opposé,  comme  le  gouflre  au  pied  de  la  tour  de  Bohan,  55  mètres 
de  profondeur.  Le  pli  anticlinal  qui  sépare  actuellement  la  vallée 
du  Suran  de  la  vallée  de  Hautecour  n'existait  pas  et  si  on  le  sup- 
prime par  la  pensée  on  se  représente  bien  la  grande  vallée  dans 
laquelle  le  Suran  coulait. 

Du  reste  le  Suran  actuel  continue  pareil  travail  de  nos  jours 
puisqu'il  se  perd  à  partir  de  Cha vannes  (au  nord  de  Vil  1ère versure, 
feuille  de  Saint-Claude)  pour  reparaître  plus  bas.  Il  doit  donc, 
dans  son  cours  souterrain,  creuser  des  chambres  et  des  puits  et 
par  conséquent,  en  supposant  qu'un  nouveau  pli  analogue  se  pro- 
duise on  verrait  des  grottes  et  des  gouffres  présentant  une  dispo- 
sition semblable  à  celle  de  Hautecour  et  des  autres  localités 
indiquées* 

Ce  Suran  d'alors  était  beaucoup  plus  important  qu'à  l'heure 
actuelle  puisque  les  deux  vallées  de  Villereversure  et  de  Roma- 
nèche  (au  sud)  n'en  faisaient  qu'une  et  l'on  peut  dire  que  c'est  lui 
et  l'Ain,  aidés  de  leurs  affluents  et  des  agents  atmosphériques,  qui 
ont  démantelé  et  détruit  les  étages  crétacés,  si  bien  qu'il  ne  reste 
plus,  dans  toute  la  région,  qu'un  lambeau  de  craie,  de  Leyssard  à 
Solomiat,  uu  peu  plus  à  l'est,  et  un  autre  vers  le  lac  de  Genin.  Et 
les  sables  provenant  de  cette  désagrégation  ont  servi  en  grande 
partie  à  constituer,  en  dehors  des  amas  dont  nous  parlerons  tout  à 
l'heure,  les  couches  sableuses,  alternant  avec  des  couches  marneu- 
ses, que  l'on  observe,  à  partir  de  'jo  m.  de  profondeur  environ, 
dans  toute  la  cuvette  bressane  jusqu'à  la  Saône.  L'effort  orogé- 
nique a  amené,  en  effet,  un  mouvement  de  bascule  qui  s'est  traduit 
par  un  affaissement  contre  les  monts  du  Beaujolais,  du  Mâcon- 


648  CHANEL.   —  SUR  LES   PHENOMENES   OROGENIQUES  l6  Déc. 

nais,  etc.,  avec  déchirures  des  assises  jurassiques  par  suite  du 
retrait  à  Test,  et  c*est  pourquoi  toutes  ces  couches  sableuses  et 
marneuses  plongent  à  l'ouest. 

L'affaissement  contre  les  Cévennes,  axe  de  résistance  à  l'effort 
de  refoulement,  a  été  d*autant  plus  important  que  la  chaîne  créée 
en  face  prenait  une  altitude  plus  grande.  On  s'explique  ainsi  la 
ditlerence  de  niveau  de  loo  m.  entre  les  alluvions  des  collines  du 
Maçonnais  et  du  Chalonnais  et  les  dépôts  analogues  de  la  plaine 
delphino-savoisienne  sans  avoir  besoin  de  recourir  à  la  théorie  du 
lac  bressan  (Arcelin)  dont  Texistence  est  loin  d'être  démontrée,  ni 
à  celle  des  barrages  des  s^allées  du  Rhône  et  de  la  Saône  (Faisan  et 
Chantre)  que  M.  Chantre  abandonne  parce  qu'on  «  ne  trouve,  en 
effet,  nulle  part,  ni  dans  le  Dauphiné,  ni  à  Lyon,  les  traces  d'un 
barrage  ayant  pu  faire  refluer  les  eaux  à  plus  de  loo  m.  de  hauteur 
et  à  plus  de  60  km.  au  nord  »  ^ 

Une  autre  preuve  de  la  création  de  ces  derniers  plis  tertiaires  et 
de  leurs  conséquences  est  la  suivante  :  en  bien  des  points,  sur  les 
deux  rives  du  Suran,  k  flanc  de  coteau  et  à  l'altitude  de  33o  à  400  m. 
près  du  village  de  Grand-Corent,  sur  la  montagne  du  Petit-Coi-ent, 
etc.,  on  observe  des  dépôts  de  sables  cristallins  accompagnés  d'ar- 
giles de  diverses  couleurs.  L'origine  de  ces  grès  et  argiles 
bigarrées  a  longtemps  préoccupé  les  géologues.  On  les  trouve 
même  au  fond  de  la  grotte  de  Hautecour  où  ils  sont  d'une  blancheur 
éclatante  :  ce  sont  des  grains  de  quartz  hyalin  d'une  grande  finesse  ; 
on  dirait  du  verre  pilé.  Ces  sables  cristallins  possèdent  un  assez 
grand  pouvoir  corrodant,  4  ^  ^  ^^î^  P^^s  faible  cependant  que  le 
sable  de  Fontainebleau. 

Loin  de  leur  attribuer  une  origine  hydrothermale  ou  gaysérienne 
on  doit  les  considérer  comme  une  formation  i)articulière  qui  s*est 
effectuée  entre  deux  périodes  de  soulèvement,  la  première  amenant 
le  démantèlement  des  étages  de  craie  et  fournissant  les  matériaux 
de  la  dite  formation,  la  deuxième  produisant  les  derniers  plis 
lesquels  ont  amené,  entre  autres  résultats,  la  destruction  à  peu  près 
complète  de  la  formation  en  question.  Cela  explique  pourquoi  ces 
sables  cristallins  ne  se  trouvent  que  par  places  ;  ils  occupent  géné- 
ralement des  poches  dans  les  calcaires  jurassiques  ;  l'autre  partie 
disparue,  la  plus  grande,  a  été  charriée  par  les  eaux  et  ce  transport 
a  fait  perdre  à  ces  sables  particuliers  leur  pureté  d'abord  et  leur 
texture  cristalline. 

Où  sont  allés  ces  sables  remaniés  ?  D'abord,  il  est  clair  que  les 

I.  Ernest  (Ihantiir,  thèse,  Lyon,  1901,  page  04* 


igOI     ET  LA  FORMATION  DES  OROTTKS  ET  DES  CLUSES  DANS  LE  JURA    649 

cours  d*eaa  en  ont  emporté  une  bonne  part;  la  Saône,  rejetée 
ensuite  à  l'ouest,  les  a  abandonnés  sur  la  plaine  bressane  ;  l'Ain 
en  a  formé  des  terrasses,  avec  cailloux  calcaires,  sur  sa  rive 
gauche  surtout  ;  le  Suran,  rejeté  aussi  à  l'ouest  comme  les  pré- 
cédents, en  a  laissé  d'énormes  amas  dans  le  grand  cul-de-sac  de 
Gize,  Romanèche  et  Hautecour  formé  par  la  création  de  Tanti- 
clinal  du  mont  Rpsset  et  du  mont  de  Corent  et  enfin  de  puissants 
torrents,  conséquence  du  soulèvement,  ont  emporté  le  reste. 

Ces  torrents  débouchaient  naturellement  des  cluses  dont  nous 
allons  parler  et  parmi  eux  nous  pouvons  citer  celui  de  Ce>TKériat 
et  celui  de  Treffort.  Ce  dernier  a  donné  le  conglomérat  important 
de  cailloux  calcaires  que  Ton  observe  à  Sanciat  entre  Jasseron  et 
Meillonnas  et  aussi  un  grand  amas  de  sable  avec  silex  que  Ton 
exploite,  sur  une  hauteur  de  plus  de  G  mètres  en  avant  de  Sanciat, 
sur  le  bord  de  la  route  qui  vient  de  Jasseron. 

Plus  tard,  à  la  fin  du  mouvement  orogénique  et  comme  consé» 
quence  de  V altitude  acquise  les  glaciers  sont  venus  ;  leurs  torrents 
ont  utilisé  les  lits  des  anciens  torrents  dont  il  vient  d'être  question 
et  par  suite  les  matériaux  anciens,  calcaires^  ont  été  remaniés  et 
se  sont  chargés  de  cailloux  alpins. 

Des  torrents  analogues,  plus  puissants  sans  doute  que  ceux  de 
Treffort  et  de  Ceyzériat,  se  sont  créés  sur  le  flanc  est  des  monts  du 
Maçonnais  au  fur  et  à  mesure  que  l'affaissement  s'accentuait,  et  ce 
sont  eux  qui  ont  charrié  les  nombreux  blocs  erratiques,  d'origine 
sûrement  beaujolaise,  que  l'on  observe  sur  la  contrée  de  la  rive 
gauche  de  la  Saône.  Pour  explicpier  leur  présence  vers  Thoissey, 
etc.,  M.  Chantre  admet  l'existence  de  glaciers  beaujolais  et  que 
l'un  d'eux,  celui  de  la  Mauvaise,  a  traoersé  la  Saône  *.  MM.  Delà- 
fond  et  Depéret  ^,  au  contraire,  pensent  que  les  terrains  en  question 
résultent  d'alluvions  déposées  par  des  cours  d'eau  descendant  des 
montagnes  et  que  les  blocs  volumineux  proviennent  d'éboulements 
et  ont  subi  un  charriage  ;  pour  eux,  Tabsence  de  boue  glaciaire  et 
de  moraines  formant  des  mamelons  sont  des  arguments  péi'emp- 
toires.  Notre  explication  concorde  avec  cette  opinion  :  les  blocs 
erratiques  ont  été  arrachés  par  les  assises  sédimentaires  qu'ils 
supportaient,  lors  du  retrait  à  l'est  de  c(»s  dernières,  puis  ils  ont 
été  charriés  ;  ils  n'ont  pas  eu  à  traverser  la  Saône  qui  n'était  pas 
alors  sur  leur  parcours  mais  plus  à  l'est.  Quand  la  Saône  eiU  été 
rejetée  à  l'ouest,  elle  dut  se  creuser  un  nouveau  lit  et  remanier  les 
dépôts  antérieurs  avec  les  débris  des  faunes  qu'ils  renfermaient. 

I.  E.  Chantre,  thèse,  paji^es  54  et  suivantes. 

a.  Terrains  tertiaires  et  quaternaires  de  la  Bresse,  page  211. 


<>5o  CHANEL.    —   SUR    LES   PHKNOMÈNES   OROGENIQUES  l6  Déc. 

Elle  a  donc  dû  donner  en  certains  points,  vers  les  coudes,  des 
alluvions  très  mélangées^.  Or,  c'est  précisément  ce  que  Ton  observe 
dans  une  sablière  de  Villefranche-sur-Saône,  en  amont  de  son 
grand  coude  d'Anse,  où  MM.  Depéi'et  et  Chantre  ont  récolté  une 
a  faune  très  complexe  avec  des  silex  moustériens,  découvertes  qui 
donnèrent  lien  à  de  vives  discussions  au  sein  des  Sociétés  géolo- 
gique et  anthropologique  de  Paris  »  ^ 

Cassures  longitudinales.  —  Sous  Tinnuence  de  l'effort  orogé- 
nique la  voûte  des  plis  anticlinaux  formés  s'est  souvent  rompue 
et  on  a  ainsi  les  cassui*es  longitudinales.  Dans  le  Jura  les  dépres- 
sions fréquentes  qui  résultent  de  ces  déchirures  portent  le  nom  de 
combes. 

Comme  grandes  cassures  longitudinales  nous  pouvons  citer  entre 
autres  celle  qui  passe  par  Petit-Corent,  Germagnat,  Saint-Julien 
et  celle  qui  passe  par  Cornod,  Thoirette,  Heyriat,  Leyssard,  etc. 
L'Ain,  rejeté  à  l'ouest,  coule  actuellement  contre  une  des  lèvres 
relevée.  Et  ainsi  on  s'explique,  d'une  part,  la  formation  par  cette 
rivière,  sur  sa  rive  droite,  des  bénitiers^  comme  ceux  que  l'on 
observe  vers  le  viaduc,  de  Cize  (ligne  de  Bourg  à  Bellegarde)  et, 
d'autre  part,  les  grandes  terrasses  inclinées,  sables  et  cailloux 
calcaires  roulés,  sur  sa  rive  gauche.  Ces  bénitiers  sont  à  des 
hauteurs  diverses  au-dessus  du  lit  actuel  de  TAin  (jusqu'à  70  m.) 
les  eaux  de  VAin  ne  sont  pas  montées  jusque  là  ;  ce  sont  les 
roches  qui  ont  été  relcpées  ;  et  les  grès  que  l'Ain  charriait  alors 
donnaient  à  ses  eaux  un  pouvoir  corrodant  considérable. 

Cassures  transversales  et  cluses.  —  Au  moment  où  l'eflbrt 
orogénique  passe  par  une  x)hase  de  maximum  capable  de  produire 
de  nouveaux  plis  et  d*augmenter  l'importance  des  préexistants, 
ce3  derniers  jouent  évidemment  les  uns  par  rapport  aux  autres 
le  rôle  de  contreforts  et  alors  deux  cas  sont  à  examiner  : 

1°  Si,  par  suite  de  leur  parallélisme  et  de  leur  constitution  ils 
offrent  une  résistance  uniforme,  l'effort  orogénique  se  traduira 
chez  tous  par  une  surélévation  plus  grande  mais  allant  en  dimi- 
nuant dans  le  sens  de  l'effort.  Dans  ce  cas,  évidemment  exception- 
nel, il  ne  se  produira  que  des  ruptures  de  voûtes  et  des  failles. 

Q""  Si  la  résistance  a  l'effort  n'est  pas  }>artout  la  même,  une 
cassure  transversale  pourra  se  produire.  Et  s'il  y  a  une  succession 
de  plis  ils  se  transmettront  les  uns  aux  autres  la  même  action  de 
refoulement  et  par  suite  le  résultat  précédent  les  affectera  en 
diminuant  d'importance,  c'est-à-dire  que  les  plis  successifs  auront 

1.  E.  Chantrb,  thèse,  page  75. 


igOI    ET  LA.  FORMATION  DES  GROTTES  ET  DES  CLUSES  DANS  LE  JURA    G5  f 

des  cassures  transversales.   Toutes  ces  cassui*es  ont  une  même 
direction  et  se  présentent  ou  en  ligne  droite  ou  en  zig-zag. 

Les  explorations  de  grottes  et  de  gouifres  que  nous  avons  faites 
nous  ont  permis  de  contrôler  cette  conclusion  théorique.  L'année 
dernière  nous  sommes  descendu  dans  un  gouffre  au  lieu  dit  le 
Glesson  ^  a  a  kil.  au  nord  d*Heyriat,  commune  de  Sonthonnax. 
C'est  une  diaclase  de  4o  m.  de  profondeur,  sa  direction  est  est-ouest 
et  l'inclinaison  des  deux  lèvres  est  de  70  à  80".  Or,  cette  année,  en 
explorant  la  grotte  de  Corveissiat,  nous  avons  constaté  que  la  dite 
grotte  se  continuait  par  une  rivière  souterraine  laquelle,  à  300  m. 
environ  de  l'entrée,  se  termine  brusquement  par  une  diaclase  dont 
la  direction  est  encore  est-ouest  et  rinclinaisoh  des  lèvres  de  70  à 
80^.  Les  deux  chaînons  de  Sonthonnax  et  de  Corveissiat  sont  sépa- 
rés par  la  rivière  d'Ain  et  la  distance  entre  les  deux  diaclases  est 
de  3  kil.  environ. 

A  notre  avis  c'est  le  même  effort  orogénique  ou  l'ensemble  des 
elTorts  successifs  qui  a  produit  la  grande  cassure  transversale 
suivante  :  Fort  l'Écluse,  Nantua.  la  Cluse,  cours  d'eau  souterrain 
du  tunnel  de  Nurieu  ?  —  Diaclase  de  Sonthonnax  —  Diaclase  de 
Corveissiat  —  Chartreuse  de  Sélignac  —  Treffort. 

(Direction  E.S.-O.N.  ;  en  zig-zag) 

Si  des  plis  anciens  n'existent  pas  en  avant  d'un  ensemble  et  que 
l'effort  de  refoulement  n'en  produise  pas  ce  sera  tout  cet  ensemble 
qui  sera  reporté  à  l'ouest  (nous  supposons  toujours  la  compression 
venant  de  l'est).  Il  prendra  la  forme  d'un  immense  éventail.  Mais 
alors,  dans  ce  mouvement  de  translation,  les  assises  calcaires  qui 
sont  à  la  partie  centrale  de  l'éventail,  parcourant  le  plus  grand 
chemin,  vont  se  disjoindre  et  donner  une  grande  cassure  trans- 
versale. 

Cest  ainsi  que  nous  nous  expliquons  la  grande  cassure  de  Saint- 
Rambert  en  Bugey.  (Voir  la  carte,  feuille  de  Nantua). 

Enfin,  aussi  bien  dans  cette  dernière  hypothèse  que  dans  le  second 
cas  examiné  les  eaux  utiliseront  la  cassure,  chemin  naturel  ({ui  leur 
est  offert,  l'agrandiront  et  de  leur  travail  résulteront,  en  certains 
points,  des  cluses  plus  ou  moins  im[)ortantes  avec  ou  sans  lacs. 

I.  Bulletin  Société  des  Naturnliates  de  VAin,  n^  3  à  <). 


»  # 


SUR  QUELQUES  GRANDES  VENERICARDES  DE  L'EOCENE 

par  M.  COSSMANN. 

On  sait  que  les  couches  éocéniques  présentent,  des  deux  côtés 
de  r Atlantique,  dans  le  Bassin  anglo-parisien,  d*une  part,  aux 
Etats-Unis  sur  toute  la  bande  orientale,  d'auti-e  pail,  une  succes- 
sion tout  à  fait  comparable  d  assises,  qui  se  correspondent  assez 
exactement.  Ce  fait  a  été,  tout  récemment  encore,  confirmé  par 
les  travaux  de  MM.  Dali  et  Gilbert-Denison  HaiTÎs,  qui  ont  pro- 
posé d'assimiler  : 

Le  Vicksbnrgien^  à  l'Oligocène  moyen  et  inférieur  ou  au  Stampien 

et  au  Sannoisien  ; 
Le  Jackson ien,  à  rEocène  ou  au  Bartonien  ; 
Le  Claibornien,  à  l*Eoc<î:ne  moyen  ou  au  Parisien; 
Le  «  Ligniitc  stage  »,  à  l'Eocèiie  inférieur  ou  au  Sparnacien  et  à 

l'Yprésien  ; 
Le  «  Midway  stage  »,  au  Paléoeène  ou  au  Thanélien .  • 

Ce  parallélisme,  assez  satisfaisant  à  Tœil,  parait  d^aillcurs 
étayé  sur  des  arguments  paléontologiques  assez  sérieux  :  l'allure 
respective  de  ces  faunes  paraît  similaire,  tout  au  moins  dans  son 
ensemble  ;  mais,  si  des  genres  on  passe  aux  espèces,  la  similitude 
cesse  aussitôt  de  se  pi'oduire,  attendu  que,  jusqu'à  présent,  nos 
confrères  des  Etals-Unis  n'ont  encore  trouvé  à  identifier  que  les 
csj>cces  suivantes  :  Venericardia  planicosta  Lanik.,  Megatyloius 
crassaiinus  Lamk.,  (Jalyptrœa  aperla  Soland.,  Fusus  unicarU 
natus  Desh.,  Conus  diversiformis  Desh.,  soit  en  tout  cinq  espèces 
sur  une  faune  qui  en  compte  plus  de  5oo.  Et  encore,  j'ai  déjà 
précédemment  indiqué  (Notes  complém.  sur  la  faune  éocén.  de 
TAlab.  Ann,  GéoL  et  Fol.,  189*3)  que  deux  au  moins  de  ces  cinq 
cspt^ces  devaient  être  séparées  des  formes  françaises  :  Megatyloius 
crassaiinus  qui  devient  M.  mississipiensis  Conrad,  et  Conus 
diversiformis  qui  devient  Conus  sauridens  Conrad.  D'autre  part, 
Tidentilication  de  Calyptriea  aperla  repose  sur  la  comparaison 
d'échantillons  qui  n*oiit  pas  leur  lame  intacte,  et  l'on  sait  que  la 
courbure  sinueuse  de  celte  lame  est  un  des  principaux  caractères 
pour  distingu«»r  les  espèces.  Quant  à  Fusus  unicarinalus,  qui  est 
tros  rare  dans  les  deux  Bassins,  il  est  évident  que  l'assimilation 
n'en  a  été  faite  que  d'après  des  figures,  et  il  est  probable  que  la 


igOI       SUR   QUELQUES   GH.VNDRS   VKXÉlilCARDES    DR   LÉOCÀNE  653 

comparaison  des  types  originaux  dissiperait  cette  confusion, 
d'autant  plus  que  les  auteurs  américains  ne  sont  eux-mêmes  pas 
d'accord  sur  le  point  de  savoir  si  leur  coquille  doit  être,  rapportée 
à  F.  serratus  Desh.  ou  à  F,  unicarinaliis,  de  sorte  qu  il  faudrait 
en  conclure  que  ce  n'est  ni  l'un  ni  l'autre. 

11  reste  donc,  comme  dernier  rempart  de  la  théorie  qui  ferait 
émigrer  certaines  espèces  d'un  Bassin  dans  Tautre,  l'unique 
coquille  réputée  commune  aux  deux  provenances  :  Venericardia 
planiçosta  Lamk.  Or  je  suis  précisément  en  mesure  de  confondre 
irréfutablement  cette  légende  :  tel  est  le  but  de  la  présente  note. 


Cardiia  planiçosta  Lamarck,  auquel  il  y  a  lieu  de  réunir 
C  milis  Lamarck,  qui  n'en  est  qu'une  simple  variété,  est  une 
grande  coquille,  bien  connue  dans  les  trois  étages  de  TEocène  du 
Bassin  anglo-parisien,  où  elle  est  représentée  par  des  nmtations 
ou  par  des  variétés,  qui  ne  dilïerent  entre  elles  que  par  le  nombre 
ou  reflacement  plus  ou  moins  prom[>t  des  côtes  plates  qui  lui  ont 
mérité  son  nom. 

Si  Ton  réserve- la  dénomination  (Jardita  a'ux  formes  allongées 
du  groupe  de  C  calyculala  Linné,  et  si  l'on  attribue  le  nom 
générique  Venericardia  aux  coquilles  cordiformcs,  munies  d'une 
forte  charnière,  C.  planiçosta  est  bien  un  Venericardia  ;  même, 
tout  récemment,  M.  Sacco  a  proposé  de  démembi\;r  une  nouvelle 
section  Megacardita  pour  les  coquilles  du  groupe  de  C.  Jonanneti 
Bast.,  et  par  conséquent,  pour  C.  planiçosta.  caractérisées  par 
leurs  côtes  larges  et  plates  et  par  leur  test  pesant.  La  nécessité 
de  cette  séparation  ne  se  faisait  pas  absolument  sentir,  et  nous 
continuerons  à  désigner  l'espèce  en  question  sous  le  nom  Veneri- 
cardia planiçosta. 

La  charnière  de  l'espèce  lainarckienne  occupe  à  peu  près  le 
quart  de  la  hauteur  totale  de  chaque  valve,  non  compris  la  saillie 
cordiforme  du  crochet,  et  en  ne  nu^surant  strictement  que  Tespace 
compris  entre  la  fossette  du  ligament  incluse,  et  la  ligne  infé- 
rieure du  plateau  cardinal. 

Cette  charnière  se  compose  :  sur  la  valve  droite,  d'une  large 
dent  médiane,  procumbante,  un  peu  échancrée  le  long  de  la  ligne 
cardinale,  comprise  entre  deux  fossettes  très  inégales,  et  d'une 
dent  postérieure,  mince  et  lamelleuse,  presque  confondue  avec  la 
nymphe  ;  sur  la  valve  gauche,  de  deux  dents  assez  étroites  et  très 
inégales,  comprenant  enti*e  elles  une  largo  fossette  triangulaire  et 
oblique,  et  la  postérieure  séparée  de  la  nymphe  par  une  étroite  rai- 


et>i 


M.    <:0!3SMAM 


i6Déc. 


nuit).  II  n'y  a  pus  de  dent»  latérales  :  seuleinciit  on  distingue,  sur 
les  denx  valves,  an-dessus  de  rini()ression  musculaire  antérieure, 
une  petite  fossette  profonde,  pouvant  loger  une  crête  triangulaire. 
La  charnière  des  individus  des  Ijtats-Unis  est  homologue,  mais 
elle  n'est  pas  identique,  et  elle  présente  invariablement  les  dilTé- 
rences  suivantes  :  sa  hauteur,  mesurée  de  la  même  manière,  est 
sensiblement  plus  grande  d'environ  i/5  ;  les  dents  sont  beaucoup 
plus  redressées,  moins  procumbautes  ;  la  dent  médiane  de  la  valve 


l-ig.  1.  -  cil 


Ivc  gnuctii'  (Grand.  iiBtur.). 


droite,  et  par  conséquent  lu  fossette  de  la  valve  gauche,  sont  nota- 
blement plus  laides,  plus  saillantes  ou  plus  profondes,  beaucoup 
moins  écliuncrt'es  sur  leur  contour  inférieur  ;  les  deux  fossettes  de 
la  valve  droite,  rt  par  conséquent  les  dents  plus  écartées  de  la 
valve  gauche,  sont  moins  obliques,  moins  sinueuses  ;  les  fossettes 
latérales,  au-dessus  du  muscle  antérieur,  sont  plus  petites  et  moins 
profondes.  J'ai  constato  la  persistance  de  ces  caractères  distinctifs 
sur  plus  de  cinquante  échantillims,  et  je  crois  utile  de  les  faiiv 
res.sorlir  pur  les  deux  figui-es  L-oniparatives  ci -dessus. 


igoi 


l  QUELQUES   GRANDES 


:  l'éocènk 


(m5 


Il  résulte  de  cette  disposition  de  la  chaniière  que  la  Vëucricai-de 
des  Etats-Unis  a  un  faciès  plus  triangulaire,  plus  élevé,  quoique  lu 
itaillie  des  ci-ochets  soit  la  même  que  chez  1'.  planicosla  de  Laniai'ck. 
Les  figures  d-desRous  niuntrciit  bien  eetio  dilt'éi-encc  capitale 
d'aspect  qui  existe  chez  les  deux  formes. 

Les  valves  d' Auiérique  pi'ésentent  aussi  d'autres  dilféi'ences  dans 
les  impressions  internes  :  le  muscle  antérieur  est  plus  allongé  et 
plus  étroit  :  le  muMcle  postérieur  est  divisé  un  deux  lobes  beaucoup 


plus  inégaux  par  une  arête  presque  eontignf-  au  contour  intoi-uc; 
enfin  la  ligne  palléale  est  plus  étroite. 

En  définitive,  en  présence  de  lu  constance  de  ces  caractères 
distinctifs,  il  paraît  légitime  de  sêpai-er  complètement  l'espèce  des 
Etats-Unis,  d'autant  plus  qu'on  n'a  même  pas  l'embarras  de  lui 
dioisir  un  nom  nouveau.  En  efîet,  Conrad,  qui  séparait,  en  quelque 
sorte  par  instinct,  toutes  les  coquilles  du  nouveau  monde  qu'il 
décrivait,  lui  a  donné  un  nom  dont  voici  la  synonymie  : 


()5(>         COSSMANX.  —  GRANDES  VÉxÉRICAROES  DE  L^ÉOCÈNE        l6  DcC, 


Venericardia  densata  Conrad  sp. 

i832.   Cardita  planicostaCoïïT.  Foss.  shells  lerl.  tonn.,  p.  ào. 

18^8.   Cardita  densata  Cour.  Journ,  Acad.  Se.  PhiL,  I,  p.  l'io,  pi.  XIV, 

%  24. 
1890.   Cardita  planicosta  de  Grog.  Monogr.  faune  Eoc.  Alab.  (Ann,  GéoL 

et  Pal,  7  et  8). 
1890.  Cardita  densata  de  Greg.  Ibid,,  i\^.  1 1  (reprod.  de  la  fig.  de  Conr.). 
189*3.   Cardita  planicosta  Cossin.  Notes  complém.  faune  Eoc.  Alab.  {Ann. 

GéoL  et  Pal. y  12'  livr.),  p.  14,  N-  85. 
1897.    Venericardia  planicosta  Gilb.  Den.  Harris.  The  Lignitic  Stage,  1 

(Bull,  of  Amer,  Pal.,  vol.  11,  N"  9),  p.  5^,  pi.  IX  el  X. 

Ainsi  c{u*on  peut  s'en  rendre  eomple  par  Texaiueu  de  ce  tableau, 
F.  densata  avait  bien  été  dûment  décrit  par  Conrad,  dès  1848  ;  et 
ce  sont  ses  successeurs  qui  ont  tous  repris,  pour  cette  coquille,  le 
nom  planicosta  que  lui  avait  donné  Conrad  lui-même,  dans  sa 
première  citation  de  i83a. 

1 1  n'est  pas  sùr|>renant  que  les  différences,  cependant  bien  visi- 
bles, que  J'ai  fait  ressortir  ci-dessus,  n'aient  pas  été  signalées  plus 
tôt,  attendu  que  toutes  les  figures  qui  ont  été  publiées  pour  représen- 
ter la  coquilh»  américaine,  n'en  montrent  que  la  surface  dorsale  :  sur 
les  huit  figures  qui  accompagnent  le  Mémoire  de  M.  Harris,  relatif 
aux  fossiles  du  «  Lignitic  Stage  »  (1897),  aucune  nlndique  la  char- 
nière. 11  semblerait  que  les  auteurs  américains  ont  surtout  eu  pour 
objet  de  démontrer  la  variabilité  de  l'aspect  extérieur  de  la  coquille. 
Seul,  M.  de  Gregorio,  dans  son  Etude  des  fossiles  de  l'Alabama 
(1890),  a  fait  dessiner  d'exactes  charnières,  sur  lesquelles  il  est 
facile  de  vérifier  les  difl'érences  que  je  viens  de  signaler  ci-dessus, 
mais  il  n'en  a  pas  tenu  compte,  attendu  qu'il  s'est  borné  à  catalo- 
guer simultanément  les  deux  espèces. 

Localités.   —  Claiborne,   BelFs  Landing,    Gregg's  Landing, 
Wood's  Bluir. 


QUELQUES 

COUPES  DU  MIOCÈNE  DE  LA   BRESSE 

DANS  L'ANSE  DU   BAS-BUGEY 
par  M.  A.  BOISTEL. 


On  sait  combien  sont  rares  les  coupes  dans  les  terrains  bressans, 
soit  tertiaires,  soit  pleistocènes  ;  nos  confrères  ont  pu  s'en  con- 
vaincre par  eux-mêmes  lors  de  la  dernière  réunion  extraordinaire 
de  la  Société  à  Lyon  en  1894.  Plus  particulièrement  le  Miocène, 
recouvert  dans  toute  la  Bresse  proprement  dite  par  les  dépôts  plus 
récents,  napparait  que  sous  la  forme  de  quelques  lambeaux 
resserrés  au  pied  de  la  falaise  jurassique  contre  laquelle  viennent 
buter  toutes  ces  formations.  C'est  seulement  de  Neuville-sur- Ain 
à  Priay  qu'il  a  été  mis^à  nu  par  Térosion  du  cours  de  l'Ain,  mais 
les  éboulements  et  les  cultures  ont  fait  disparaître  presque  tous 
ses  affleurements.  Il  semblerait  qu'il  y  eût  plus  de  chances  de 
rencontrer  quelques  coupes  naturelles  dans  la  partie  de  ces  terrains 
qui,  débordant  la  ligne  du  cours  actuel  de  l'Ain,  sont  venus 
remplir  une  espèce  d'anse  formée,  au  profit  du  lac  bressan,  par  un 
retrait  vers  l'est  de  la  falaise  jurassique.  Ces  dépôts  ont  été  pro- 
fondément découpés  par  les  érosions  de  l'Ain  ou  du  Rhône,  de 
façon  à  ne  subsister  que  sous  forme  d'une  bande  étroite,  le  long 
du  massif  secondaire  ;  ils  ont  été  aussi  entamés  par  les  gorges  qui 
débouclient  de  ce  massif  dans  la  vallée  principale.  Mais  la  facilité 
avec  laquelle  s'éboulent  ces  terrains  ai^ileux  ou  sableux,  la  prise 
qu'ils  offrent  à  l'envahissement  de  la  végétation,  ont  fait  dispa- 
i*aitre,  probablement  à  mesure  qu'elle  se  produisait,  la  tranche 
d'une  centaine  de  mètres  de  hauteur,  que  les  données  de  la  géologie 
permettent  de  reconstituer  théoriquement.  C'est  à  peine  si,  sur  la 
longue  bande  de  la  kilomètres  qui  s'étend  de  Chenavel  à  Ambérieu, 
j'ai  pu,  dans  de  précédentes  communications,  relever  quatre  ou 
cinq  escarpements  natui*els  limités  pour  la  plupart  à  quelques 
mètres.  Il  ne  faut  donc  négliger  aucune  occasion  de  nous  renseigner 
sur  la  stmcture  de  ces  coteaux  quelque  peu  énigmatiques.  Or, 
dans  ces  dernières  années,  une  tentative  d'exploitation  industrielle 
des  lignites  contenus  dans  ces  terrains  a  donné  lieu  à  des  fouilles 

la  Mars  190a.  —  T.  i'*'.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  ~  4a 


658  A.  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MIOCENE  DE  LA  BRESSE  l6  Déc. 

assez  considérables.  Il  importe  d'en  consigner  les  résultats,  bien 
qu'ils  soient  loin  d'être  aussi  complets  qu'on  pourrait  le  désirer. 

Cest  sur  les  communes  d'Ambronay  d'abord,  de  Saint-Jean-le- 
Vieux  ensuite  que  les  travaux  ont  été  exécutés,  pendant  qu'une 
autre  compagnie  rouvrait  en  même  temps,  sur  la  rive  droite  de 
l'Ain,  le  fameux  gisement  de  Soblay,  à  quelques  centaines  de 
mètres  de  l'ancienne  exploitation,  près  du  hameau  de  Confran- 
chette,  dépendant  comme  Soblay  de  la  commune  de  Saint-Martin- 
du-Mont.  Cette  dernière  tentative  s'est  bornée  à  deux  tranchées 
superficielles  de  ^  k  5  mètres  de  profondeur.  A  Ambronay,  au 
contraire,  de  nombreux  sondages  ont  été  pratiqués  dans  le  vallon 
de  Jurancieu;  un  puits  a  été  foré  et  une  importante  galerie  hori- 
zontale a  été  poussée  assez  avant  dans  le  flanc  du  coteau  ;  une 
galerie  semblable  a  été  ouverte  dans  le  vallon  voisin  aboutissant 
au  hameau  de  Saint-Cyr  sur  la  commune  de  Saint-Jean-le- Vieux  * . 

Après  quelques  fouilles  préliminaires,  dont  l'une  avait  été 
explorée  par  moi  en  1895  -,  deux  tranchées  furent  ouvertes  pendant 
la  saison  de  1898,  l'une  vers  le  sommet  du  coteau,  l'autre  une 
vingtaine  de  mètres  plus  bas.  Cette  dernière  cori^espond  à  peu 
près  au  niveau  de  la  fouille  déjà  décrite^;  la  première  a  donc 
l'avantage  de  nous  renseigner  sur  les  parties  les  plus  élevées  de 
la  formation,  qui  d'ailleurs  ne  paraissent  pas  difliérer  sensible- 
ment des  parties  déjà  connues.  J'ai  relevé  en  détail  la  coupe  de 
ces  deux  tranchées.  La  plus  haute  des  deux  avait  une  longueur  de 
5o  m.  environ  :  elle  était  très  nette  et  en  très  bon  état.  Les  couches 
y  plongent  de  3o"  à  4o°  vers  l'est,  c'est-à-dire  vers  la  falaise  juras- 
sique à  laquelle  la  formation  tertiaire  est  adossée.  Cette  allure  est 
celle  qui  est  signalée  dans  tous  les  lambeaux  miocènes  de  la 
bordure  orientale  de  la  Bresse.  Ici,  du  moins,  elle  pourrait  être 
due  tout  simplement  à  un  glissement  produit  par  l'érosion  du 
coteau.  C'est,  on  le  sait,  un  phénomène  très  général,  que,  sur  une 
pente,  par  suite  du  déchaussement  des  couches  du  devant,  celles 
de  derrière,  qui  supportent  une  plus  grande  hauteur  de  terrain, 
s'aflaissent  en  glissant  et  descendent  plus  bas  que  les  premières, 

I.  Il  est  nécessaire,  pour  rinteUigence  de  ces  explications,  de  signaler  une 
inexactitude  dans  la  dernière  édilion  de  la  carte  de  FËtat-Major  au  5o.ooo'. 
Le  nom  de  Jurancieu  a  été  placé  à  tort,  dans  la  commune  de  Saint-Jean-le- 
Vieux,  au  nord  de  la  colline  qui  porte  la  cote  335  ;  le  vallon  qui  occupe  cette 
place  est  appelé  dans  le  pays  le  vallon  de  Saint-Cyr.  Le  nom  de  Jurancieu 
appartient  au  contraire  au  vallon  situé  au  sud  de  la  cotç  335  et  de  la  limite 
des  deux  communes,  là  où  la  carte  marque  le  nom  de  ferme  de»  Blaina, 

a.  Voir  :  B,  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  1898,  p.  a6. 


igoi 


t   DO  BAS-BUQKT 


659 


donnant  au  lambeau  éboulé  une  contrepente  inverse  de  celle  de  la 
surface  primitive.  C'est  en  eflet  ee  qui  s'est  produit  l'hiver  suivant 
tout  à  cdté  de  la  tranchée  dont  il  est  question.  Et  les  allures  en 
gradins  énioussés  de  toutes  les  priiiries  qui  forment  ces  coteaux 
montrent  que  le  phénomène  s'y  est  réalisé  à  plusieurs  reprises. 

Cette  coupe  (fig.  i)  peut  se  résumer  en  des  alternances  de  bancs 
d'aigle  et  de 
bancs  de  ligni-     ° 


général  peu 
épais  et  à  sur- 
bce   ondulée . 

L'argile  est 
plus  ou  moins 
pare;  plus  ou 
moins  mélan- 
gée de  lignite 
ou  parcourue 
par  des  veines 
de  ce  combus- 
tible, et  enfin 


a  moins    ,g_  ai-kiIc 


impr^née   de 
calcaire 
point  de  passer 


t8,  Lignite.  .  .  . 
rj.  Argile  verdàtre 
16,  Lignite 


à  de  véritables     ^^\  ^rRile  grise 
marnes     qui 


,  Lits     alternaDts 


>,  Argile  ligmleuse. 


g,  Argile      rubaaée 

grise  et  blanehe.  0,60 

K,  Lignite o,to 

7,  Marne  blanchâtre  0,40 

a.  Lignite <mS 

5,  Argile  grise  .   .   .  i.iu 

4-  Ai^ile  rubanée.  .  ii,3o 

3,  Lignite 0,10 

a.  Argile  verdàtre  .  a^t 
I,  Argitc    tigniteuse 


,  L'argile  lorsqu'elle  est 


i.  Lignite, 
cessent   d'être     '3,  Argile  v( 

délayables      *■"•  '^''B"^  lignilense. 
dans   l'eau   et 

deviennent 
dures  et  sèches 

dès  qu'elles  sont  un  peu  cxposéei 
pure  est  grise  avecdes  veines  jaunes  assez  fi^quentes;en  quelques 
points  elle  prend  une  teinte  vct^àtre.  Les  fossiles  sont  très  abon- 
dants, surtout  dans  les  marnes  calcaires  et  à  la  surface  des  couches 
de  lignites  ;  mais  ils  sont  la  plupart  du  temps  ccrasés  et  mal  conser- 
vés, et  il  est  difficile  d'en  obtenir  des  échantillons  passables.  On 
peut  néanmoins  y  i-econnaftre  facilement,  couvrant  des  plaques 
entières,  le  grand  Planorbis  heriacensis  Font. 

La  liste  que  j'ai  donnée  dans   ma  piccédcntc  communication, 
n'ayant  pas  distingué  les  fossiles  de  cette  zone  et  ceux  de  celle  que 


66o 


A.  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MIOCENE  DE  LÀ  BRESSE  l6  Déc. 


j*appellerai  plus  loin  la  zone  moyenne,  je  donne  ici  la  nonoien- 
clature  des  espèces  i*encontrées  dans  la  première  : 


Hélix  Nqylieai  Mich. 
Planorbis  heriacensis  Font. 

—  Philippe i  Loc. 

—  ambilicatus  L. 

—  Mariœ  Mich. 

—  Bigueti  Font.  ' 
Segmentina  Jilocincta  Sandb. 


Limnœa  heriacensis  Font. 

—  cf.  oiHUa  Beck.  ^ 

—  cf.  gingivata  Goupil.  - 
Anqxlus  Neumqyri  Font. 
Bilhinia    leberonensis    Fisch.    et 

Tourn.  avec  ses  variétés. 
Xernaturella  ovata  Bronn.  ? 


La  fouille  inférieure  se  composait  en  1898  de  deux  tranchées 
voisines,  séparées  par  4  à  5  m.  seulement  de  hauteur  verticale.  La 

plus  haute,  peu 
avancée,  ne  lais- 
sait voir  qu*un 
tuf  calcaire  jau- 
nâtre, grenu  et 
sableux,  non  ren- 
contré dans  la 
coupe  précédente. 
La  plus  basse 
(fig.  a),  longue  de 
20  à  a5  m.  offrait, 
comme  cette  der- 
nière, des  alter- 
nances dargiles 
et  de  iignites  en 
bancs  très  ondu- 
1&.  L'ai*gile  y 
présentait  plus 
fréquemment  las- 
pect    marneux, 

certains  bancs  devenant  tout  à  fait  blancs.  Les  couches  de  lignite 
étaient  assez  peu  épaisses  ;  néanmoins  les  déblais  en  présentaient 


Fig.  a.  —  Echelle  approximative  i/foo. 


16,  Argile  remaniée  grise 

et  jaune  ; 
i5,  Argile  grise  ; 
14,  Argile  ligniteuse  ; 
i3.  Lignite  ; 
l'j,  Mai'nc  blanche  ; 
II,  Argile  grise  ; 
10,  Lignite  ; 
9,  Marne  blanche  ; 


8,  Lignite  ; 

7,  Marne  blanche 

(>,  Lignite  ; 

5,  Argile  grise  ; 

4,  Lignite  ; 

3.  Marne  blanche 

!i.  Lignite  ; 

I,  Argile  grise. 


I.  Je  signalerai  Tabondancc  relative  (une  quinzaine  d'exemplaires)  du 
Planorbis  Bigueti  Font,  assez  rare  dans  les  formations  pliocènes  où  ii  a  été 
signalé  tout  d'abord. 

a.  Il  y  a  lieu  aussi  de  corriger  ou  de  compléter  les  rapprochements  indi- 
qués ù  regard  de  deux  Liinnées  comprises  dans  cette  liste.  L*une  rapprochée 
par  M.  Depéret  du  Limmea  auricularia  L.«  me  parait,  soit  dans  les  exem- 
plaires de  MoUon,  soit  dans  ceux  de  Jurancieu,  ressembler  beaucoup  plus  au 
L.  ovata  Beck;  car,  malgré  la  jeunesse  des  exemplaires,  on  peut  constater 
que  le  labre,  dès  son  insertion  sur  le  dernier  tour,  descend  en  suivant  la 


igOI  DANS  l'anse   du   BA8-BUGEY  66l 

un  tas  d*ane  dizaine  de  mètres  cubes;  beaucoup  d'échantillons 
offraient  même  (comme  autrefois  à  Soblay)  du  bois  tout  à  fait 
intact  à  peine  teinté  en  brun  par  reflet  de  la  lente  décomposition 
qu'il  avait  subie.  Les  fossiles  étaient  les  mômes  que  dans  la  coupe 
la  plus  haute  et  se  présentaient  dans  les  mêmes  conditions. 
L'inclinaison  des  couches  de  ces  deux  tranchées  infét*ieures  était 
beaucoup  moindre  que  dans  la  supérieure  ;  elles  étaient  presque 
horizontales  ;  à  peine  pouvait-on  y  noter  une  légère  inclinaison 
vers  l'est,  quoique  la  direction  des  travaux  fût,  là  aussi,  perpendi- 
culaire à  la  plus  grande  pente  du  terrain  et  à  la  falaise  jurassique 
voisine  (V.  fig.  a). 

Il  serait  intéressant  de  rapprocher  de  ces  deux  coupes  celles  que 
M.  Depéret  avait  relevées  au  printemps  de  la  même  année  près  de 
Soblay,  à  Confranchette,  dans  l'exploitation  signalée  plus  haut.  On 
y  verrait,  si  mes  souvenirs  sont  exacts,  une  structure  du  terrain 
tont  à  fait  analogue.  On  peut,  malgré  les  lacunes  qui  subsistent 
encore,  considérer  cette  structure  comme  représentant  la  compo- 
sition de  la  moitié  supérieure  des  couches  pontiennes  de  ces  deux 
localités. 

L'année  suivante,  en  1899,  l'aspect  des  travaux  avait  entière- 
ment changé.  Les  trois  tranchées  étaient  complètement  éboulées 
et  ne  présentaient  plus  rien  de  reconnaissable.  Celle  du  haut  était 
abandonnée  ;  on  avait  foré  un  puits  dans  le  voisinage.  Les  deux  du 
bas,  réunies  en  une  seule,  servaient  d'amorce  à  une  galerie  hori- 
zontale, où  l'on  avait  rencontré,  disait-on,  un  banc  de  lignite  de 
plus  d'un  mètre  d'épaisseur;  le  boisage  intérieur  ne  permettait 
plus  d'y  rien  voir,  et,  après  plusieurs  tentatives  infructueuses  de 
soutènement,  on  se.  décidait  à  élever  une  façade  en  maçonnerie 
pour  l'entrée  de  la  galerie  *. 

Mais,  outre  le  puits  signalé  plus  haut,  on  avait  pratiqué  des 
sondages  en  plusieurs  points  du  vallon.  J'ai  pu  obtenir  communi- 
cation des  coupes  relevées  dans  ces  divers  travaux. 

La  carte  de  la  fig.  3  indique  la  place  des  sondages  opérés.  Dans 
l'élévation  (fig.  4)>  tous  les  travaux  çont  projetés  sur  un  plan 
passant  par  la  ligne  XY  de  la  carte  précédente. 

D'après  une  note  accompagnant  ce  tableau  des  sondages,  l'incli- 

forme  générale  de  la  coquille  au  lieu  de  remonter  et  de  s'étaler  comme  le 
lobe  supérieur  de  Toreille  humaine.  L'autre,  rapprochée  du  A.  palus(ris 
Drap.,  doit  être  plus  spécialement  comparée  à  la  L.  gingivota  Goupil,  variété 
de  cette  espèce  ou  du  L  glabra  Dup.  suivant  les  auteurs. 

I.  Aa-dessus  de  cette  façade,  élevée  pendant  la  saison  suivante,  on  voyait 
encore  en  1900,  4  m.  d'argile  bleuâtre  présentant  des  parties  jaunes  ou  rouges. 


A.  BOISTEL.  COUPES  DU  MtOciN'K  DK  l^  BRS8SB 


16  Dec. 


naison  des  couches  constatée  daas  le  poils  «  se  fait  contre  la  mon- 
tagne et  non  dans  le  même  sens  qae  la  pente  da  sol.  *  L'obser- 
vation est  conforme  aux  constatations  faites  dans  la  trancbée 
voisine,  comme  on  l'a  va  ci-dessos  ;  mais  il  résulte  paiement  de 
l'étude  précédente  qu'il  serait  téméraire  de  la  généraliser  à  tontes 
les  couches  du  coteau.  On  voit  d'aillenrs  cpe  dans  cette  coape  du 
puits  le  pendage  indiqué  pour  les  couches  supérieures  ne  se  main- 
tient pas  pour  les  couches  placées  au-dessous  de  la  cote  de  3a8  m. 
La  face  du  puits  dessinée  est  la  face  sud,  celle  qui  se  trouve  du 
cAté  d'Ambronay. 

Cette  série  de  coupes  constitue  un  document  qu'il  importait  de 
ne     pas     laisser 
perdre    pour    la 
du 


Miocène  de  la 
région.  Mais  mal- 
beoreosement  ou 
ne  saurait  en  tirer 
des  conclusions 
bien  précises  sur 
la  structure  géné- 
rale du  coteau 
qu'elles  ont  en 
quelque  sorte  dis- 
séqué. On  n'aper- 
foit  aucune  cons- 

_  .  .  .  ,  ..    ,  .      tance ,     aucime 

Cote   en  mètres,  an-dessns  du   niveau  de  la   route  ^ 

d'Ambronay  A  SainUean-le-Vieux,  de»  points  où  connnmté  dans 
ont  été  opérés  les  sondages  :  A,  iG,%  ;  B,  aa^  ;  les  bancs  dont  la' 
C.  33,3:  ;  D,  3648  ;  E.  34.65  ;  F,  4o.33  j  G,  44,80  ;  H.  présence  a  été 
83,7a  ;  I,  83^  ;  K,  8a,45  ;  L,  46,a3  ;  Ouvcplnre  dm  révélée  •  on  ne 
Puils,  88,a8.  .        '. 

peut  même  con- 
jecturer comment  ils  se  raccordent  entre  eux,  ni  par  conséquent 
constater  s'ils  présentent  une  inclinaison  uniforme  dans  nn  sens 
ou  dans  l'autre.  On  se  demande  même,  au  point  de  vue  industriel, 
comment  ces  études  ont  pu  faire  naître  l'espoir  d'une  exploitation 
régulière  des  lignites.  Ce  défaut  d'unité  se  comprend  parfaitement, 
si  l'on  songe  aux  nombreux  glissements  on  alTaissements  auxquels 
sont  sujets  des  terrains  essentiellement  argileux,  et  dont  on  voit  la 
trace  palpable  sur  place  dans  la  configuration  en  cascade  des 
prairies  qui  les  recouvrent.  —  Le  défaut  de  renseignements  précis 
sur  la  nature  de  l'ai^ile,  ou  des  autres  couches  non  exploitables, 


DANS   L  ANBK   DU   BAS-BUGEY 


aux  ilifFérenU  niveaux  ;  itui-  la  présence  ou  l'absence  de  coquilles, 
sur  leurs  espèces,  peut  également  inspirer  des  ref^ts.  I^  voile  qui 
cachait  à  nos  regards  ce  coin  de  la  science  n'est  qu'en  partie 
soulevé  :  contcntuns-nous  pour  le  moment  de  constater  ce  qui  nous 
est  acquis. 

Les  sondages  pratiqués  dans  la  partie  supérieure  du  coteau  me 
paraissent  avoir  une  valeur  documentaire  supérieure  aux  autres, 
parce  qu'ils  ont  dû  rencontrer  des  couches  non  atteintes  par 
l'érosion,  restées  par  conséquent  dans  leur  position  primitive,  ou 
faiblement  déplacées  par  quelque  glissement  restreint.  Ce  sont  les 
forages  qui  portent  les  lettres  L,  I,  K,  H,  et  le  puits;  eu  somme 
ceux  qui  sont  situés  entre  les  deux 

ruisseaux,  sur  la  rive  droite  de  la  a£. 

brandie  venant  du  sud.  Les  don- 
nées qu'ils  fournissent  viennent 
confirmer  par  des  observations*n 
profondeur  ce  qu'avaient  révélé  les 
constatations  faites  dans  les  tran- 
chées    superficielles  :     alternance 


Kg,  j.  —  Conpe  suivont  la  ligne  XY  de  la 
décapires.  —  Le  li)çnite  pur  tst  indiqué  « 
indiqué  par  des  hachures  ;  l'épaisseur  des  i 
en  chilTres  maigres. 


e  de  la  ûg.  3.  —  Hauteurs 
Loir  ;  le  lignite  terreux  est 
hes  de  lij^nites  est  inriiquée 


dans  la  moitié  supérieure  du  coteau,  de  couches  ])cu  épaisses 
d'ar^les  et  de  lignites,  plus  ou  moins  pni'es  ou  pins  ou  moins 
mélangées  ensemble;  avec  variations  dans  la  composition  de  l'ar- 
gile depuis  l'état  à  peu  près  pur  et  compact  jusqu'à  la  marne  très 
calcaire  et  même  jusqu'au  tuf  calcaire. 

Au  contraire  les  sondages  dont  l'orifice  est  au-dessous  de  293  m. 
d'altitude, ceux  qui  sont  placés  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau  venant 
du  sud,  me  paraissent  fournir  des  renseignements  beaucoup  moins 
sfti-s.  Car  ces  parties  basses  ont  pu  recevoir,  par  des  glissements 


664  ^*  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MIOCÈNE  DE  LA  BRESSE  l6  Déc. 

OU  des  descentes  de  terrain  sur  place,  des  matériaux  venus  de 
beaucoup  plus  haut.  11  faut  d'ailleurs  remarquer  que  chacun  de  ces 
sondages,  A,  B,  C,  D,  Ë,  F,  n'a  rencontré  à  peu  près  qu'une  seule 
couche  de  lignite  dont  la  présence,  ainsi  qu'on  vient  de  le  dire, 
peut  être  accidentelle.  La  documentation  est  presque  nulle  en  ce 
qui  concerne  la  nature  des  autres  couches,  sauf  pour  celles  qui 
sont  notées  comme  lignite  terreux. 

Il  est  bien  préférable,  pour  toute  la  région  inférieure,  de 
den^ander  nos  renseignements  à  quelques  coupes  naturelles  qui, 
ici  heureusement  ne  nous  font  pas  défaut.  Les  points  où  les 
couches  tertiaires  *  sont  directement  observables  et  très  probable- 
ment dans  leur  position  primitive  sont  au  nombre  de  4«  et  marqués 
par  les  lettres  a,  6,  c,  rf,  dans  les  figures  3  et  4.  * 

La  coupe  la  plus  intéressante  au  point  de  vue  stratigraphique  est 
celle  qui  correspond  à  la  lettre  a.  Je  l'avais  déjà  signalée  à  la  Société 
au  commencement  de  1898  *  ;  mais  je  n'avais  pu  à  cette  époque  en 
faire  qu'une  étude  un  peu  superficielle  ;  notre  confrère  M.  Mermier 
l'avait  visitée  également  ^,  mais  ses  recherches  avaient  porté  sur 
une  couche  différente  de  celle  qui  avait  alors  attiré  principalement 
mon  attention.  Cet  escarpement  naturel  tourné  au  nord  est  bien 
visible  de  loin,  notamment  de  l'autre  côté  du  vallon,  du  point  335 
de  la  carte  de  l'État-major  ;  mais  il  est  d'un  abord  très  difficile 
au  milieu  des  bois,  des  broussailles  et  des  hautes  herbes.  Il  a  une 
quinzaine  de  mètres  de  large  sur  8  à  10  m.  de  haut.  On  ne  peut 
constater  aucune  inclinaison  appréciable  des  couches,  bien  qu'il 
soit  exactement  dirigé  de  l'ouest  à  l'est.  Voici  la  coupe  prise  de 
haut  en  bas  : 

4 .  Marne  calcaire  grisAtre,  sèche  et  dure  avec  Pla- 

norbes  et  Limnées,  etc om.5o. 

3.  Marne  ligniteuse  brune  a\ec  HeUx  Nayliesi,  etc.      im. 

a .  Argile  très  finement  sableuse  gris  bleuâtre  assez 
foncé  avec  Bithinia  leberonensis  ^  Néritines, 
Valvata  vanciana,  Unio,  etc 4~^  n^- 

I.  Argile  grise  un   peu  bleuâtre,   compacte,  sans 

fossiles;  visible  sur 3-4   m. 

La  marne  supérieure  est  tout  à  fait  pareille  à  celle  que  j'avais 
trouvée  en  1897  dans  les  déblais  d'un  sondage  antérieur,  et 
à  celles  que  j'ai  signalées  à  plusieurs  niveaux  dans  les  tranchées 

1.  Je  néglige  les  cailloutis  plus  récents,  éboulés  sur  le  flanc  des  ravins,  qui 
ne  présentent  pas  d'intérêt  au  point  de  vue  de  Tétude  actuelle. 

2.  Voir  B.  5.  G.  F.,  (3),  XXVL  1898,  p.  a6  et  suiv. 

3.  Voir  Ibid. 


igoi  DANS  l'anse  du  bas-bugey  f>65 

•  . 

de  1898.  Elle  rappelle  par  tous  ses  eai*actères  physiques,  par  sa 
faune,  par  la  conservation  imparfaite  de  ses  fossiles,  souvent 
écrasés,  les  marnes  de  Mollon-Rivière.  Ce  sont  les  Planorbes  et 
les  Limnées  qui  y  dominent,  avec  les  diverses  variétés  du  Bithinia 
leberonensiSy  et  les  Nematnrella  oçata  et  lugdunensis.  On  peut 
la  considérer  comme  constituant  le  début  de  la  zone  supérieure, 
décrite  jusqu'ici,  dont  elle  inaugure  le  régime. 

La  couche  brune  ligniteuse,  facile  à  piocher,  est  le  gisement 
spécial  de  ï Hélix  Nqyliesi  Mich.  ;  on  peut  en  recueillir  des  échan- 
tillons assez  bien  conservés  ;  c'est  en  tout  cas  la  meilleure  localité 
que  je  connaisse  dans  le  département  de  TA  in  pour  la  récolte  de 
ce  fossile  ;  il  y  est  en  meilleur  état  que  dans  le  talus  classique  de 
Druillat. 

L*argile  très  finement  sableuse  qui  vient  au-dessous,  bieii  que 
paraissant  au  premier  aspect  peu  fossilifère,  est  la  plus  riche  en 
espèces  variées,  la  plupart  de  très  petite  taille.  C'est  très  proba- 
blement à  elle  que  s'était  attaqué  M.  Mermier  en  1897.  ^^ici  les 
mollusques  que  m'ont  fournis  trois  ou  quatre  explorations  très 
attentives  : 

Hélix  Nayliesi  Mich.  (relativement  bien  conservé  comme  dans 

la  couche  brune  supérieure»). 
Vertigo  Dupuyi  Mich.  (un  exemplaire  appartenant  à  la  forme 

un  peu  effilée  de  Tespèce). 
Planorbis  heriacensis  Font,  (bons  exemplaires). 

—        PhUippei  Loc.  (très  bien  conservé  avec  ses  stries  très 

fines  à  la  fois  longitudinales  et  transverses). 
Bithinia  leheronensis  Fisch.  et  Tourn. 

—  —  var.  neyronensis  Loc. 

—  veneria  Font.  ? 
Nematurella  ovata  Bronn. 

—  lugdunensis  Tournouér. 

Emmericia  caimliculata  Brus. 
Vahata  kupensis  Fusch. 

—  vancianaTowTn.,  var.  neyronensis  Loc. 

—  sihinensis  Neum.,  v.  Sayni  Font. 

Xeritina  Philippei  Tourn.  (assez  abondante  et  très  bien  conser- 
vée avec  ses.  couleurs). 
Pisidium  Idanicnm  Loc. 
Chtira  (graines). 
Succinea  sp.  (trouvée  par  M.  Mermier  en  iScj^). 

Enfin  à  la  base,  en  grande  partie  cachée  par  les  éboulis  des 
couches  supérieures,  commence  l'argile  gris-bleuàtre,  devenant 
légèrement  jaunâtre  quand  elle  est  exposée  à  l'air  ou  aux  infiltra- 


666  A.  BOISTEL.  —  COUPES* DU  MTOCÉNE  DE  LA  BRESSE  l6  DéC. 

lions,  que  Ton  peut  considérer  comme  formant  la  masse  principale 
du  coteau  dans  toute  sa  moitié  inférieure,  à  partir  de  Taltitude  de 
290  m.  C'est  elle  que  Ton  retrouve  uniquement  au  point  c,  où  elle 
forme  le  lit  même  du  ruisseau  sur  une  hauteur  de  3  à  4  mètres  et 
où  elle  Tencombre  même  par  places  de  ses  blocs  éboulés,  anguleux 
et  résistant  très  longtemps  à  l'action  de  Térosion.  C'est  encore  elle 
que  Ton  revoit,  sur  un  mètre  au  plus,  au  point  rf,  sur  Tune  des 
berges  du  ruisseau.  Dans  ces  trois  endroits  on  n'y  rencontre  pas 
de  fossiles  en  place  ;  mais  le  lit  du  ruisseau  contient  des  Mela- 
nopsis,  même  dans  la  branche  venant  du  midi,  où  ils  ne  peuvent 
pas  provenir  du  gisement  dont  il  va  être  question. 

La  coupe  b,  située  également  dans  le  lit  du  ruisseau,  mais  sur  la 
branche  qui  vient  de  Test,  à  i5o  m.  en  amont  du  confluent,  nous 
offre  une  couche  sableuse  très  fossilifère  et  très  intéressante,  qui, 
jusqu'à  nouvel  ordre,  ne  se  présente  que  comme  un  accident 
transitoire  au  milieu  de  l'épais  dépôt  argileux.  En  eflet  cette 
couche  est  surmontée,  dans  la  partie  visible,  d'un  banc  d'argile  de 
3  m.  d'épaisseur  qui  la  relie  à  la  base  de  la  coupe  a;  et  elle  a  au- 
dessous  d'elle  un  banc  semblable  de  3  mètres  également  qui 
semble  se  rattacher  à  l'argile  des  coupes  c  et  rf.  Seulement  cette 
masse  inférieure  d'aigle  contient  à  sa  partie  supérieure  des  Unios 
et  des  Planorbes  et  présente  deux  petits  bancs  de  lignite  de  o,i5 
à  o,i20  d'épaisseur,  échelonnés  le  premier  à  o,âo  au-dessous  de  la 
surface  de  l'aigle  et  le  second  à  0,120  au-dessous  du  précédent. 
I^  couche  fossilifère  est  un  sable  jaune  tufeux  assez  grossier, 
très  ferrugineux  par  places,. en  deux  bancs  séparés  par  un  banc 
•de  0,20  de  sable  gris  plus  fin;  elle  mesure  en  tout  i  m.  80  à 
2  m.  d'épaisseur.  Un  commencement  de  galerie  horizontale  avait 
été  pratiqué  dans  cette  couche  ;  et  le  toit  de  la  galerie  était  tapissé 
d*Unios  ;  mais  ce  travail  n'a  pas  été  poussé  plus  loin  que  3  à  4  ni. 
et  il  est  à  craindre  que  les  éhoulements  auxquels  il  donnera 
lieu  ne  masquent  le  gisement  déjà  diflicile  à  trouver  et  à  aborder. 
Cette  couche  contient  à  profusion  YUnio  ataçus  Partsch.  var. 
Sayni  Font,  et  le  Melanopsis  Depereti  Boistel  dont  j'ai  déjà 
donné  la  description  *.  La  liste  de  i5  espèces  ou  variétés  que  j'ai 
présentée  en  même  temps  ne  s'est  pas  accrue  depuis  ;  je  la  repro- 
duis succinctement  ici,  puisque  j'aurai  à  discuter  les  conclusiohs 
auxquelles  elle  conduit  : 

IJnio  atas^iis  Partsch,  var.   Sayni      Hélix  Jourdatii  Mich.  ; 
Font.,  avec  la  sous-variété  Pc/a/a      Melanopsis  Kleini  Kùrr,  var.   Va- 
Font.  ;  lentinensis  Font.  ; 

i.  B.S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  1898,  p.  28. 


igOI  DANS   l'aNSK   du   BAS-BX'GEY  667 

Bithinia    leheronensis    Fisch.    et  ciana  Tourn.,  var.  neyronensls 

Tonm.  avec  var.    delphinensis  Loc.  ; 

Font,  et  V.  neyronensis  Font.  ;  "  Neritina  Philippei  Tourn.   et   N. 

Nematurella  ovaia   Bronn.  et  .V.  Dumortieri  Font.  ; 

liig^dunensis  Tourn  ;  Triptychia  Terveri  Mich. 

Valvata  Kupensis  Fuchs  et  F.  Van-  Vitrina  nov.  sp. 

En  somme  l'ensemble  de  la  coupe  du  coteau  d'Ambronay  peut 
se  résumer  ainsi  : 

Nombreuses  alternances  d'argile  et  de  lignite  avec  . 
mélange  à  certains  niveaux;  argiles  pures  ou  plus 
ou  moins  calcaires,  passant  à  des  marnes  blanchâtres 
et  sèches;  grands  Planorhis  heriacensis  Font,  et  4 
autres  espèces;  Limitées;  Hélix  Nayl iesi  Mich.,  sou-  )  35m. 
vent  écrasés,  principalement  dans  les  marnes  sèches  et 
au  voisinage  des  Ugnites  (ao  m.) 

Lacune  dans  les  observations  (i^  m.  5o) 

Marne  semblable  à  celles  de  la  couche  supérieure,  o,5o    ' 

Marne  ligniteuse  brune  avec  Hetix  Nayliesi  Mich. ,  etc.  i  m. 

Argile  finement  sableuse  gris  bleuâtre,  avec  fossiles 
nombreux  et  bien  conservés 5  m. 

Argile  compacte  gris  bleuâtre  (3  m.) 

Lacune  dans  les  observations  (10  m.) ^     16m. 

Argile  compacte  gris  bleuâtre  (3m.) 

Sable  jaune,  tufeux,  assez  grossier  ;  avec  un  lit  de 
no  cent,  de  sable  gris  au  milieu  ;  nombreux  fossiles  : 
Unies,  Melanopsis  Kleini  et  M,  Depereti 2  m. 

Argile  compacte  gris  bleuâtre,  avec  fossiles  au  som- 
met, et  deux  bancs  de  lignite  de  20  cent,  près  du 
sommet  (3  m.) 

Lacune  dans  les  observations  (i  à.  2  m.) )    21m. 

Argile  semblable  (3  m.) 

Lacune  dans   les  observations  (12m.) 

Argile  semblable  (i  m.) 

Lacune  jusqu'au  niveau  de  la  route 10  m 


90  ni. 


*** 


L'étude  des  travaux  exécutés  sur  la  commune  de  Saint  Jean-le- 
Vieux  dans  le  vallon  de  Saint-Cyr,  n'est  pas  de  nature  à  faire 
varier  ces  données  fondamentales  sur  la  compositicm  du  Miocène 
dans  la  région.  Ces  travaux  se  sont  bornés  à  Tcmyerture  d'une 
galerie  horizontale  dirigée,  non  plus  vers  la  montagne,  c'est-à-dire 


,^  ,-,        I    .   ■  .     ■,*         'o 


668  A.  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MTOCÂNE  DE  LA  BRESSE  l6  Déc. 

vers  l'est,  mais  vers  le  sud,  de  manière  à  entamer  le  mamelon 
335  de  la  carte  de  TÉtat-major.  Autant  que  j'ai  pu  rapprëcier  (cal* 
je  n'ai  pas  eu  de  cote  exacte),  elle  est  à  peu  près  à  la  même 
hauteur  que  celle  d'Ambronay,  c'est-à-dire  aux  environs  de  3i5  m. 
d'altitude.  Voici  la  coupe  que  j'ai  relevée,  sans  avoir  pu  constater 
aucune  inclinaison  des  couches  soit  dans  le  front  de  taille  de  la 
façade  de  la  galerie,  dirigé  est-ouest,  soit  dans  les  flancs  de  la  tran- 
chée d'approche,  dirigés  nord-sud. 

N  S. 

19*  Argile  remaniée o,3o 

'?       i8,  Argile    verdâlre    et    marnes 

'2  sèches o,3o 

i6 

{^       17,  Lit  ligniteox o,o5 

16,  Argile  lig^iteuse 0,60 

^~^,^        16,  Argile  gfris  jaunâtre  sèche   .  o,ao 

-  ^^        14,  Lit  ligniteux o,o5 

i3,  Argile  verdâlre i 

'■.■^'/\:y,':-^---:::~:   \  :  ■■:.,. x          12,  Lit  ligniteux 0,10 

II,  Argile  verdâlre.   ......  i 

8        10,  Marne  blanchâtre o,3o 

9,  Argile  noir-bleuâtre,  fossili- 

7                fère I 

8,  Marne  blanchâtre o,5o 

*         7,  Argile  verdâtre i,5o 

6,  Marne  blanchâtre o,3o 

,          5,  Lit  ligniteux    .......  o^ 

4,  Argile  verte i,5o 

3         3,  Lit  ligniteux o^o 

^^^■>^:^-\r.  :■  _.,  •.-  "■        :;•     '     'y  ■  »         2,  Argile  bleuâtre o,5o 

".   ■'     -  .-.  .'y  "■.•";  .■:..;^-.  ^,/:'.'  *          I,  Argile  noirâtre i 

Fig.  6. 

On  trouve  dans  cette  coupe  la  même  alternance  d'aigle  plus 
ou  moins  calcaire  et  de  lignite^  (peu  abondants  d'ailleurs),  que 
dans  toutes  celles  qui  se  réfèrent  à  la  moitié  supérieure  du  vallon 
d'Ambronay.  Son  seul  intérêt  stratigraphique  est  donc  de  nous 
permettre  d'allirmer  la  constance  de  composition  de  la  formation 
néogène  le  long  de  la  falaise  jurassique. 

Au  point  de  vue  paléontologique,  je  n'y  ai  trouvé  de  coquilles 
que  dans  la  couche  d'un  mètre  d'argile  noir-bleuâtre  qui  occupe 
le  milieu  de  la  coupe  (n°  9).  Ce  sont  seulement  les  petites  espèces  de 
Planorbes,  de  Limnées,  de  Bithinies  et  de  Valvées,  rencontrées  au 
même  niveau  dans  le  vallon  voisin.  Je  ne  puis  y  signaler  aucun 
exemplaire  bien  conservé  et  bien  certain  des  Valçata  sibinensis 
Neum.  et  hellenica  Tourn.,  qui  ont  été  recueillies  à  moins  d'un 


Ï90I 


DANS  LANSE   DU   BAS-BUGEY 


669 


kilomètre  de  là,  mais  à  un  niveau  plus  bas,  tout  près  des  premières 
maisons  de  Saint- Jean-le-Vieux,  dans  le  chemin  de  Cheminand. 


Il  y  a  lieu,  avec  ces  données,  de  revenir  sur  la  question  de  Tâge 
de  ces  gisements.  J'avais,  dans  une  note  précédente,  indiqué 
comme  possible,  et  même  comme  présentant  une  certaine  proba- 
bilité relative,  le  classement  du  gisement  d'Ambronay  dans  le 
Pliocène,  à  cause  de  la  grande  ressemblance  à  la  fois  pétrogra- 
phique  et  paléontologique  de  ses  marnes  supérieures  avec  celles  de 
MoUon-Rivière.  L'étude  plus  approfondie,  dont  les  résultats  vien- 
nent d'être  résumés,  m'amène  à  écarte !•  tout  à  fait  cette  hypo- 
thèse. La  dissection  dont  les  coteaux  de  Saint- Jean -le- Vieux  à 
Ambronay  ont  été  Tobjet,  n'a  révélé  dans  les  dépôts  néogènes 
aucune  discontinuité  ;  grande  uniformité  d'allui'es  ;  pas  de  discor- 
dances angulaires  sérieuses  dans  la  stratification  ;  pas  de  trace  de 
ravinement  ni  d'exposition  à  Tair  entre  les  sédiments  qui  se 
succèdent,  soit  en  hauteur,  soit  latéralement.  Il  serait  bien  témé- 
raire, dans  ces  conditions,  de  supposer  une  différence  d'îVge  et 
d'époque  entre  quelques-uns  de  ces  dépôts,  si  des  ai^uments 
paléontologiques  décisifs  n'imposent  pas  cette  solution.  Or,  parmi 
les  raisons  de  cet  ordre,  qui  déjà  présentaient  beaucoup  de  pour  et 
de  contre,  la  principale  de  celles  qui  pouvaient  faire  pencher  la 
balance  en  faveur  du  Pliocène  doit  disparaître  par  les  considéra- 
tions suivantes.  J'avais  indiqué  comme  récolté  par  moi  dans  le 
premier  sondage  antérieur  à  1897,  VEmmericia  pliocenicaSsLcco, 
signalé  tout  récemment  alors  dans  les  marnes  de  Moïlon-Ravin. 
Mais,  dans  une  visite  que  je  fis  aux  tranchées  déjà  éboulées  de 
Confranchette  en  septembre  1898,  je  récoltai  parmi  les  déblais  des 
fragments  d'une  marne  très  riche  eu  fossiles,  qui  contenait  avec 
d'autres  espèces  bien  connues  *,  une  petite  coquille  entièrement 
nouvelle  pour    la    faune    française ,    ÏEmmericia    canaliculata 

1.  Les  échantillons  sont  en  général  très  bien  conservés  et  très  frais.  En 
voici  la  liste  : 

Hélix  Nayliesi  Micli.   (débris,  mais 

très  frais    et    absolument    recon- 

naissables). 
Vertigo  Dapayi  Mich. 
Planorbis  heriacensis  Font. 

—  Philippei  Loc.  (très  beaux , 

quoique  jeunes,  Dimen- 
sion, 1  cent.  5). 

—  umbilicatus  L. 


Planorbis  Bi^ueii    Font,   (abondant 

et  très  bien  eonservé). 
Limmea  cf.  ovata  Beck. 

—      cf.  gingivata  Goux)il. 
Anc^lu8  Neuinayri  Font. 
Vivipara  venivicosa  Mich. 
Bitkinia  leberonensis ï^isch.  elTouin. 

avec  ses  deux  variétés. 
Emmericia  canaliculata  Brus. 
Valvata  marginata  Mich. 


(j'jO  A.  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MIOCENE  DE  LA  BRSSSB  l6  Déc. 

Brusina,  notablement  différente  de  Y Emmericia  pUocenica  Sacco. 
Une  dizaine  d'exemplaires  très  frais  et  parfaitement  intacts 
permettent  de  l'étudier  très  exactement.  Or,  en  comparant  ces 
exemplaires  avec  mon  échantillon  de  Jurancieu,  je  constatai 
facilement  une  identité  complète  *.  Il  s'ensuit  que  les  affinités  de 

I.  Lors  de  la  présentation  de  ce  travail  à  la  séance  du  i6  décembre  de  la 
Société,  je  n'avais  pas  encore  identifié  cette  coquille  avec  VEmmericia  etma' 
Ucalata  Brus.  Je  m'étais  fié  à  la  description  et  à  la  figure  données  |>ar 
M.  Brusina  dans  ses  Binnen  MoUusken  aa8  Dalmatien,  etc.  Agram,  1874,  p.  58; 
pi.  IV,  lig.  4-6;  el  j'avais  dû  constater,  à  côté  d'une  ressemblance  générale, 
des  différences  très  notables,  qui  nie  semblaient  s'opposer  absolument  à  ce 
que  les  deux  coquilles  pussent  appartenir  à  la  même  espèce.  Depuis  ce 
moment,  grâce  à  Tobligeance  inépuisable  de  M.  Cossmann,  dont  je  le  remercie 
vivement,  j'ai  pu  avoir  communication  de  la  nouvelle  et  superbe  publication 
de  M.  Brusina,  intitulée  en  français  :  Matériaux  pour  la  Faune  malacologique 
néof(ène  de  la  Dalmatie,  de  la  Croatie  et  de  la  Slavonie,  etc.,  in-4*,  Agram, 
1897;  et  j'ai  pu  y  étudier  à  la  planche  VII,  fig.  22h^4»  ^^^  nouvelle  figure  de 
l'espèce,  très  bien  dessinée  au  grossissement  7/1.  Le  doute  alors  n'était  plus 
possible  :  je  retrouvai  dans  cette  figure  tous  les  caractères  essentiels  de  la 
coquille  de  Confranchette.  Le  labre  de  celle-ci  est  un  peu  moins  épaissi  et  le 
bord  columellaire  un  peu  moins  évasé  vers  son  extrémité  antérieure,  ce  qui 
donne  à  l'ouverture  uno  forme  plus  régulièrement  arrondie  ;  mais  ces  diflé- 
rences,  qui  ne  paraissent  pas  tenir  seulement  à  un  Age  plus  avancé  de  la 
coquille,  semblent  pouvoir  donner  lieu  uniquement  à  l'établissement  d'une 
simple  variété  que  je  propose  d'appeler  idanica.  Quoique  M.  Brusina  à  la 
page  ai  de  son  nouveau  mémoire,  renvoie  formellement  à  son  ancien  travail, 
on  peut  se  demander  s'il  a  bien  eu  sous  les  yeux  la  même  coquille.  S'il  s'agis- 
sait d'autours  différents,  on  serait  tenté  de  refuser  au  second  le  droit  de  s'ap- 
proprier le  nom  donné  par  le  premier.  Mais,  comme  il  s'agit  du  même  auteur* 
on  ne  peut  accuser  que  le  crayon  de  son  dessinateur  de  1874* 

VEmmeriifia  eanaliculata  (v.  fig.  6)  se  distingue  essentiellement  de  ses 
congénères  par  la  forme  de  son  labre  qui  s'évase  régulièrement  en  décrivant 

(vu  de  dos)  une  gorge  exacte- 
ment demi-cylindrique,  termi- 
née vers  le  bord  par  un  bour- 
relet assez  mince,  et,  lui-même, 
régulièrement  cylindrique . 
C'est  très  probablement  cette 
gorge,  semblable  à  une  gouge, 
reliant  le  labre  au  dernier 
tour,  qui  lui  a  valu  son  nom. 
Mais  il  n'y  en  a  pas  même  un 
Fig.  6.  —  Emmericia  eanaliculata  Brusina.  soupçon  dans  le  dessin  pas 
Echantillon  de  Confranchette  grossi  7  fois.        plus  que  dans  la  description 

de  1874.  Dans  cette  ancienne 
figure,  le  péristome  est  aussi  beaucoup  plus  épais  et  beaucoup  plus  large, 
presc[ue  dédoublé  par  un  sillon  médian  bien  accentué;  le  bord  columellaire 
se  détache  beaucoup  moins  longuement  dans  le  prolongement  de  la  columelle; 
enfin  la  sinuosité  du  labre  (vu  de  profil),  au  lieu  de  se  dessiner  dès  son  origine 


jA 


j^ 


igDi  DANS  l'anse  du  bas-bugey  671 

ce  gisement  sont  bien  plutôt  avec  le  Pontien  inférieur  qu  avec  le 
Plaisancien. 

Les  autres  arguments  paléontologiques  eu  faveur  du  Pliocène  ne 
paraissent  pas  concluants  par  eux-mêmes  :  la  détermination  de 
VUelix  Magninihi)L\  ou  tersannensis  Loc.  est  très  douteuse;  quant 
à  moi,  je  n'ai  jamais  trouvé  aux  différents  niveaux  et  spécialement 
dans  la  marne  sableuse  bleuâtre  de  Tescarpement  a,  que  Y  Hélix 

contre  ravant-dernier  tour  et  de  s'arrêter  au  i,/3  de  la  hauteur  du  labre,  ne 
commence  qu'à  une  certaine  distance  de  ravant-dernier  tour,  à  environ  i/5 
de  la  hauteur  du  labre,  pour  se  prolonger  jusqu'à  la  moitié  et  même  un  peu 
au-delà. 

L'espèce  est  indiquée  comme  provenant  de  la  riche  localité  de  Miocié 
en  Dalmatie;  le  premier  mémoire  mentionne  aussi  Sinj  ((xorucica)  du  même 
pays,  mais  le  second  mémoire  ne  reproduit  pas  cette  mention.  Le  niveau 
exact  de  la  faune  de  Miocic  ne  paraii  pas  absolument  llxé;  car,  si  dans  sa 
plus  ancienne  publication  M.  Brusina  semble  la  ranger  dans  le  Pliocène,  il  dit 
dans  la  nouvelle  (p.  XV)  :  «  La  faune  Dalmate,  celle  de  la  Bosnie  méridionale 
et  de  rUerzégovine  peuvent  à  mon  avis  être  aussi  miocène  (souligné).  »  La 
séparation  paléontologique  du  Pontien  et  du  Plaisancien  parait  être  aussi 
délicate  dans  ces  pays  que  dans  les  localités  des  environs  de  Lyon.  Ajoutons 
que  la  carte  géologique  des  côtes  de  l' Autriche-Hongrie  publiée  par  M.  Gardo 
dans  son  mémoire  sur  les  Libumische  Stufe  (Abhandlungen  der  K.  K.  geol. 
Reichsanstalt,  tome  XIII  [1889]»  fasc.  i),  teinte  en  Miocène  le  petit  lambeau 
néogène  qu'elle  indique  à  Mioèié.  En  tout  cas,  l'espèce  appartient  bien  à 
l'horizon  géologique  auquel  les  autres  documents  permettent  de  rapporter  les 
couches  de  Confranchette  et  d'Ambronay. 

Cette  espèce  diffère  très  notablement  de  VEmmericia  pliocenica  Sacco 
Çdétn.  Acad,  di  TorinOy  1886  [t.  87],  pi.  i,  lig.  19,  sous  le  genre  Stalioa, 
changé  ensuite  pour  le  g.  Emmericia;  Ihid.,  1888,  t.  3^,  p.  84);  qui  présente 
un  sommet  beaucoup  plus  plat  et  plus  obtus,  une  spire  à  arêtes  très  nota- 
blement convexes,  des  tours  également  plus  convexes:  des  varices  irrégulières 
assez  nombreuses  au  dernier  tour  ;  un  labre  beaucoup  plus  épaissi;  un  petit 
tubercule  très  bien  marqué  à  l'angle  postérieur  de  Touverlure;  celle-ci  est  très 
élargie  et  presque  carrée  dans  son  ensemble  par  suite  de  l'évasement  du 
labre  près  de  son  origine;  eniin  le  bord  columellaire  est  largement  réfléchi  et 
notablement  épaissi  sur  le  dernier  tour. 

Il  sera  utile  d'étudier  de  près  les  deux  échantillons  recueillis  à  Motion  en 
18^,  et  nommés  Emmericia  pliocenica^  pour  voir  s'ils  appartiennent  bien  à 
cette  .espèce  ou  s'ils  ne  doivent  pas  plutôt  être  rapportés  au  canaliculata . 
En  effet,  je  possède  un  fragment  réduit  au  dernier  tour,  mais  bien  conservé, 
recueilli  à  MolLon  dans  la  même  excursion,  dont  l'ouverture  et  le  labre  ont 
exactement  la  forme  qui  vient  d'être  décrite,  et  dont  le  dernier  tour  ne 
présente  aucune  apparence  de  varices.  La  ligure  donnée  par  M.  Depéret 
(B,  5.  G.  F. y  [3J,  XXIU,  pi.  XXIV,  lig.  10,  et  texte  page  719)  présente  des  carac- 
tères intermédiaires  ;  car  elle  a  l'ouverture  et  le  labre  de  l'espèce  de  Confran- 
chette; l'angle  postérieur  de  l'ouverture  ne  porte  pas  le  tubercule  caraclé- 
ristique  de  l'autre  espèce;  mais  la  spire  est  eonoide  el obtuse  et  le  dernier  tour 
semble  présenter  une  faible  varice  longitudinale  dans  le  prolongement  en 
arrière  du  bord  columellaire. 


Gj^  A.  BOISTEL.  —  COUPES  DU  MIOCENB  DE  LA  BRESSE  l6  Déc. 

Nayliesi  Mich.  De  même  les  quelqnes  Vfdo  qne  j'ai  pu  y  rencon- 
trer  me  paraissent  rentrer  dans  VUnio  ataçus  Partsch.,  comme 
ceux  des  sables  tufeux  à  Melanopsis  Depereti.  Le  Vahata  çan- 
ciana  Loc.  devra  être  considéré  comme  ayant  commencé  beaucoup 
plus  tôt  qu*on  ne  le  supposait  jusqu'ici.  Le  J^ithinia  leberonensis 
a  été  trouvé  à  tous  les  niveaux  du  Pontien,  il  commence  même 
dans  les  marnes  de  Confranchette,  qui  appartiennent  au  niveau 
le  plus  inférieur  de  cet  étage  dans  la  région.  Le  NeriHna  Philippei 
Loc,  que  j'ai  trouvé  en  assez  grand  nombre  dans  Tescarpement  a, 
a  déjà  commencé  plus  bas,  dans  le  sable  tufeux  à  Melanopsis 
Deperetis  dont  Tâge  miocène  ne  m'a  jamais  paru  faire  aucun  doute. 
P^nfin  nous  pouiTons  ainsi  conserver  toute  sa  valeur,  comme 
distinctive  du  Pontien,  au  Melanopsis  Kleini  Kurr.  qui  restera 
confiné,  comme  il  Ta  été  jusqu'ici,  dans  cet  étage  et  même  dans 
sa  partie  un  peu  inférieure.  On  y  ajoutera  comme  caractéristique 
le  Melanopsis  Depereti  d' Ambronay  et  les  Valvata  hellenica  Touni. 
var.  eabeoiinsis  Font,  et  sibinensis  Neum.  var.  Sqyni  Font.,  du 
gisement  le  plus  rapproché  de  Saint-Jean-le- Vieux,  au  voisinage 
immédiat  des  deux  dents  de  Dinotherium  giganteum. 

* 

11  ne  sera  pas  inutile  de  résumer  dans  une  coupe  générale 
toutes  les  données  actuellement  acquises  sur  la  bordure  miocène 
des  terrains  jurassiques  du  Bas-Bugey.  Cette  coupe  sera  dirigée 
sensiblement  nord-sud  comme  cette  bordure  elle-même,  mais  avec 
une  légrre  inflexion  vers  le  nord-est,  au  nord  du  village  de 
Douvres,  et  vers  le  sud-est,  au  sud  de  ce  point. 

Mais,  pour  en  justifier  TaUm'e  générale,  il  faut  d'abord  consi- 
gner ici  une  observation  qui  n'a  pas  encore  été  signalée.  Dans  une 
excursion  que  M.  Depéret  a  eu  Tamabilité  de  faire  avec  moi  pour 
discuter  sur  place  les  divers  problèmes  soulevés  par  la  géologie 
de  la  région,  nous  avons  trouvé  dans  le  vallon  de  l'Ecotay,  près 
Jujurieu,  un  coude  brusque  du  ruisseau  qui  nous  a  fourni  une 
coupe  nord-sud  des  sables  tortoniens  dans  lesquels  est  creusé  ce 
vallon.  Or,  tandis  que  la  coupe  est-ouest,  qui  m'avait  donné  de 
nombreux  fossiU'is  ^ ,  ne  révélait  aucune  inclinaison  des  couches,  la 

I.  Lors  de  cette  visite,  le  torrent  avait  enlevé  la  plus  grande  partie  de  la 
couche  fossilifère  qui,  parait-ii,  ne  se  prolongeait  pas  beaucoup  en  profon- 
deur sous  le  coteau.  Dans  les  parties  alors  à  découvert,  M.  Depéret  m'a  fait 
observer  que  les  galets  de  quartzite  étaient  peu  nombreux,  et  qu'il  y  avait 
beaucoup  de  galets  de  divers  calcaires  très  durs,  faciles  à  confondre  avec  les 
quartzites,  car  ils  prennent  comme  eux  des  teintes  empruntées  au  sable 
encaissant,  notamment  les  teintes  ferrugineuses.  11  devenait  dès  lors  douteux 
que  les  très  nombreux  quartzites  qu'on  observe  à  diverses  hauteurs  sur  le 


igot  DANS  l'anse  du  bas-bugey  6^3 

nouvelle  coupe,  moins  fossilifère,  montrait  un  pendage  de  So"^ 
environ  vers  le  sud.  Dans  le  chemin  qui  descend  du  bois  de 
Charmontay  vers  le  hameau  de  La  Route  on  constate  une  incli- 
naison semblable  ;  de  la  sorte,  les  couches  visibles  en  ce  point 
doivent  passer  sous  celles  que  Ton  observe  au  fond  du  vallon 
voisin  de  TEcotay  et  sous  celles  du  versant  sud  de  ce  vallon. 
Comme  les  coteaux  qui  encadrent'^ce  vallon  ont  environ  80  m.  de 
hauteur,  on  peut  évaluer  à  près  de  1200  ni.  la  puissance  de  Tctage 
tortonien  dans  sa  partie  visible  en  cet  endroit.  A  T appui  de  ces 
observations,  il  convient  de  noter,  tout  en  haut  de  cette  formation 
et  adossé  directement  à  la  falaise  jurassique,  sur  Tancien  chemin 
du  hameau  de  Cuquen  au  hameau  de  Brègne,  la  présence  d'un 
grès  calcaire  bleuâtre,  qui,  suivant  un  renseignement  donné  par 
un  habitant  éclairé  du  pays,  se  retrouve  dans  tous  les  sondages 
qu'on  fait  sous  la  plaine  entre  Jujurieu  et  Saint- Jean-le-Vieux.  Ce 
grès  passe  ainsi  vers  le  sud,  sur  i  kilomètre  environ  de  distance 
horizontale,  de  l'altitude  de  34o  m.  au-dessous  de  la  cote  abo, 

flanc  sud  du  bois  de  Charmontay  (v.  B.  S,  G,  F.,  [3],  XXVI,  p.  11  et  ao)  appar- 
tiennent réellement  au  Tortonien.  Déplus,  en  les  visitant  de  près,  M.  Depéret 
a  été  frappé  de  ce  que  le  sable  qui  les  accompagne,  quoique  très  analogue 
au  sable  tortonien  sous-jacent,  ne  présentait  pas  les  traces  de  stratification 
qu*on  trouve  dans  celui-ci.  Il  aurait  donc  au  moins  subi  un  remaniement  au 
moment  du  dépôt  de  ces  quartzites.  Je  suis  heureux  de  m*incliner  ici  devant 
la  justesse  de  ces  observations  et  devant  l'autorité  du  savant  maître,  dont 
j'ai  cru  pouvoir  combattre  certaines  solutions,  précisément  en  ce  qui  concerne 
les  cailloatis  en  question.  Ils  ne  sont  pas  tortoniens;  mais  viennent-ils  de 
glaciers  pliocènes?  C'est  ce  que  je  me  suis  permis  de  contester,  et  ce  que 
je  me  réserve  de  discuter  encore  dans  une  prochaine  communication. 

Sur  un  autre  point  encore,  je  me  plais  à  reconnaître  spontanément,  après 
une  nouvelle  étude  de  la  localité,  la  préférence  qu'il  y  a  lieu  d'accorder  à 
une  interprétation  présentée  dans  leur  bel  ouvrage  sur  «  La  Bresse  »  par 
MM.  Delafond  et  Depéret.  Il  s'agit  de  la  coupe  du  coteau  de  Varambon.  La 
ligure  donnée  par  eux  et  reproduite  par  moi  au  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVI,  p.  16, 
me  semble  maintenant  plus  conforme  à  la  vérité  des  faits  que  celle  que  je 
proposais,  Ibid.,  p.  18.  Ce  qui  m'a  paru  trancher  la  question  en  ce  sens,  c'est 
la  visite  d'un  petit  ravin,  très  étroit,  caché  par  les  buissons  et  que  de  la 
route  on  prendrait  pour  une  simple  haie;  il  est  à  peu  près  à  égale  distance 
entre  le  village  et  le  cimetière.  Du  haut  en  bas  de  ce  ravin,  on  suit  les  sables 
molassiques  avec  une  inclinaison  très  voisine  de  celle  du  coteau  lui-niènie  ; 
de  la  même  façon  que  l'on  peut  suivre  les  marnes  pontiennes  dans  le  ravin 
do  bief  de  la  Croze.  Les  formations  seraient  donc  concordantes.  Je  crois 
devoir  préférer  la  coupe  donnée  par  ce  petit  ravin  aux  observations  faites 
dans  le  grand  ravin  situé  derrière  l'église  et  dans  le  parc  du  château,  parce 
que  ce  dernier  ravin,  dont  la  véritable  orientation  est  facilement  masquée 
par  les  maisons  du  vUlage,  par  les  murs  du  parc  et  par  l'habitation  du 
jardinier,  prend  en  somme  une  direction  très  oblique  par  rapport  au  plon- 
gement  des  couches. 

la  Mars  1902.  —  T.  I•^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  43 


634 


A.  BOISTEL.  COUPES  DU  MIOCENE  DE  LA  BRESSE  l6  Déc. 


11  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  Pontien  supérieur  dont  on  cons- 
tate la  superposition  au  Tortonien  entre  le  hameau  de  la  Tuillièi^ 
et  Jujurieu  est  all'ecté  de  la  même  inclinaison,  quoique  peutrêtre 
avec  une  certaine  atténuation.  C'est  cette  indication  qui  a  été 
suivie  dans  la  coupe  ci-jointe  '. 


N. 


Ch^juvoel 


JiffurtOA 


Vallon  de 


Le  vieux: 


Vallon  de 
Jurancieu. 

^Amhronaaf 
I  DouJfrea 

'là 


Amhérieu,  ^• 

Château  de 
SfCervtaùi 


Fig.  7.  —  Echelle  1/160  000  environ  ;  hauteurs  décuplées. 

gla.  Glaciaire  épars;  Gl^,  Glaciaire  de  la  deuxième  phase;  5,  Conglomérats 
de  Saint-Germain  ;  4i  Pontien  supérieur  ;  3,  Pontien  moyen  ;  2,  Pontien 
inférieur  ;  i,  Tortonien  ;  ZFc,  Gisement  de  coquilles  ;  Tt,  Gisement  de 
Vertébrés. 

Au  point  de  vue  pétrographique,  je  n'ai  pu  indiquer  aucune 
division  dans  le  Tortonien*;  nous  n'y  avons  pas  constaté  de  succes- 
sion assez  nette  et  assez  importante  dans  la  composition  des 
différentes  assises  pour  fournir  des  coupures  intéressantes.  11  y  a 
lieu  de  noter  seulement  un  changement  de  faciès  latéral  :  à  mesure 
que  Ton  approche  de  la  l'alaise  jurassique  le  nombre  des  cailloux 
roulés  de  nature  calcaire  va  en  augmentant  de  manière  à  devenir 
tout  à-fait  prédominant  au  pied  de  cette  falaise.  C'est  l'effet  du 
voisinage  de  la  terre  ferme  augmenté  par  les  apports  d'un  grand 
torrent  qui  arrosait  la  partie  occidentale,  déjà  émergée,  du  Jui*a, 
et  débouchait  en  ce  point  dans  la  mer  tortonienne. 

Dans  le  Pontien  je  n'ai  cru  devoir  indiquer  que  trois  grandes 
divisions,  qui  encore  n'ont  rien  d'absolu,  mais  se  réfèrent  seule- 
ment au  caractère  prédominant  des  assises.  En  bas  et  vers  le  nord 
du  côté  de  Saint- Jean-le- Vieux,  ce  sont  surtout  des  argiles  com- 
pactes, résistantes  et  peu  plastiques.  Plus  haut,  à  partir  du  milieu 
des  collines  de  Sainte  Jean-le- Vieux  et  d'Ambronay  et  jusqu'au 
pied  de  celles  de  Douvres,  c'est  une  alternance  d'argiles  ou  de 
marnes  calcaires  avec  des  lignites.  Enfin  à  la  partie  supérieure  en 
approchant  d'Ambérieu,  j'ai  marqué  des  argiles  plus  plastiques  ; 


I.  La  carte  de  la  ré^on,  qui  au  point  de  vue  du  Miocène  n'ajouterait 
aucun  éclaircissement  notable  à  cette  coupe,  sera  donnée  à  Toccasion  d'une 
communication  prochaine  sur  les  cailloutis  superposés  à  cet  étage.  On 
pourra  s'y  référer  pour  l'indication  des  localités  fossilifères  décrites  anté- 
rieurement. 


igol  DANS  l'anse  du  bas-bugey  696 

cçtte  forme  m'a  paru  prédominante  dans  les  points,  surtout  les 
points  fossilifères,  que  j'ai  pu  explorer.  Je  n'ai  pas  cru  devoir 
indiquer  comme  couches  continues,  mais  seulement  comme  faciès 
locaux,  les  tufs  et  conglomérats,  que  j'avais  signalés  en  divers 
points.  Les  tufs,  qui  peuvent,  comme  on  Ta  vu,  se  rencontrer  au 
milieu  d'autres  couches,  deviennent  prédominants  au  voisinage 
des  ravins  qui  dès  cette  époque  amenaient  dans  le  lac  miocène  des 
petits  torrents  venus  des  montagnes  calcaires  jurassiques.  C'est  le 
cas  de  la  belle  coupe  que  j'ai  décrite  *  au  nord  de  Douvres,  de 
celle  de  l'éperon  de  Vareilles  près  d'Ambérieu  -,  et  des  couches 
de  tuf  superficielles  constatées  dans  le  village  du  Tiret  'K  Les 
ravins  qui  amenaient  ces  eaux  calcaires  n'étaient  pas  à  beaucoup 
près  aussi  profonds  que  les  gorges  existant  actuellement  dans  leur 
voisinage  et  qui  me  paraissent  n'avoir  été  ouvertes  sous  forme  de 
cluses  à  parois  verticales  qu'à  la  fin  du  Miocène,  lors  des  derniers 
mouvements  qui  ont  donné  aux  Alpes  leur  relief  définitif  *.  Mais 
il  existait  déjà,  au  voisinage  de  ces  points,  des  dépressions  dans  la 
chaîne  jurassique  et  de  petits  torrents  en  occupaient  le  fond.  — 
Les  conglomérats  calcaires  existant  au  sud  d'Ambérieu,  à  Saint- 
Gei*main,  et  leur  ciment  également  très  calcaire,  ont  aussi  une 
cause  tout  à  fait  locale  ;  comme  je  l'ai  montré  "',  ils  ont  été  produits 
par  les  éboulis  des  montagnes  précipités  dans  le  lac  miocène  qui 
venait  battre  leur  pied  et  résultant  du  démantèlement  de  falaises 
qui  présentaient  alors  un  relief  plus  considérable  que  de  nos  jours. 

Au  point  de  vue  paléontologique,  les  seuls  traits  généraux  qui 
soient  à  relever  après  tout  ce  qui  a  déjà  été  dit,  c'est  que  les 
Mollusques  tout  à  fait  caractéristiques  du  Pontien,  ceux  qui  n'ont 
pas  encore  été  rencontrés  dans  le  Pliocène,  se  trouvent  dans  les 
couches  inférieures  du  côté  de  Saint- Jean-le- Vieux.  Ce  sont  : 

Meîanopsis  Kleini  Kurr,  y SLT.valen-       Vahata    sibinensls    Neuni.    var. 
tinensis  Font.  .       Sayni  Font. 

—        Z)6/)ere^/ Boistel  —         /le/Z^/i/ca  Tourn.  var.  ca- 

beolensis  Font. 

Un  petit  nombre  passent  dans  les  couches  moyennes,  à  alter- 

1.  B,  S,  G.  F..  1894,  (3),  XXUI,  p.  637  et  suiv. 

2.  B.  S,  G.  F.,  1894,  (3),  XXm,  p.  63i  et  suiv. 

3.  Ibid.,  p.  636. 

4.  Voir  B.  S.  G.  F.,  1894,  (3),  XXllI,  p.  653  vi  suiv.  Cette  date  me  paraît 
encore  confirmée  par  la  flexion  qu'ont  subie  les  couches  miocènes  à  la  hauteur 
de  Douvres  et  qui  a  changé  leur  direction  N.E.-S.O.  en  direction  N.O.-S.E,  ; 
en  les  faisant  participer  ainsi  au  mouvement  de  toutes  les  chaînes  du  Jura. 

5.  B.  S,  G.  F.,  1894,  p.  646  et  suiv. 


676  A.  BOISTBL.  —  COUPES  DU  M|OCÈlirE  DE  LA  BRESSE  16  Déc. 

nances  de  jnarnes  et  de  lignites  :  Melanopsis  Kleini,   Valvaia 
sibinensis  ? 

Ce  sont  d'ailleurs  presque  uniquement  des  espèces  aquatiques. 
Au  contraire  les  Mollusques  récoltés  dans  les  argiles  supérieures, 
notamment  dans  le  riche  gisement  d'Ambérieu,  sont  tous  de  ceux 
qui  passent  abondamment  dans  le  Pliocène  ;  ils  appartiennent  à  la 
faune  d'Hauterive  : 

Zonites  Colonjoni  Mich.  Limruea  keriacensis  Font. 

HelLx  Chaixi  Mich.  Testacella  Deshayesi  Mich. 

Hélix  delphinensis  Font.  PlanorbU  keriacensis  Font   et  P. 
Triptjrchia  Terveri.  Philippei  Loc. 

Clausilia  Baudoni  Mich. 

Cette  succession  des  faunes  est  tout-à-fait  conforme  aux  données 
générales  de  la  paléontologie,  et  aux  faits  observés  dans  toute  la 
région  lyonnaise.  —  Plusieurs  espèces  reconnues  depuis  longtemps 
dans  le  Pliocène,  se  trouvent  avoir  commencé  assez  bas  dans  le 
Pontien  ;  ce  sont  : 

Vertigo  Dupuyi  Mich.  Tripiychia  Terveri  Mich. 

Planorbis  Bigueti  Font.  Nematurella  lugdunensis  Toum. 

Vo-lvata  marginata  Mich.  Nematurella  ovata  Bronn. 

Neritina  Philippei  Tourn.  Segmentinafilocincta  Sandb. 

Quant  aux  Vertébrés,  ils  ne  présentent,  eux,  aucun  indice  de 
variations.  Le  Dinotherium  giganteum  a  été  trouvé  aussi  bien  à 
Saint- Jean-le-Vieux  qu  à  Ambérieu  ;  il  a  donc  laissé  des  débris 
jusqu  à  la  fin  du  Pontien,  sans  jamais  remonter  dans  le  Pliocène. 
Et  s'il  se  trouve,  à  Ambérieu,  associé,  à  une  faune  de  vertébrés 
beaucoup  plus  riche  :  Hipparion,  Cerçus,  TragoceroSy  Castor^ 
Rhinocéros,  Hyœna,  Testudo,  cela  tient  seulement  à  une  circons- 
tance plus  favorable  à  l'accumulation  des  débris  d'animaux  en  cet 
endroit.  Ce  gisement,  placé  comme  une  sentinelle  avancée  à 
l'extrémité  sud  et  à  la  partie  supérieure  des  formations  miocènes, 
vient  par  un  caractère  tout  à  fait  précis  et  exclusif  aflirmer  l'âge 
antépliocène  de  tous  les  dépôts  situés  au  nord  sur  toute  la  bande 
étudiée  dans  ce  travail. 


SOCIETE    GÉOLOGIQUE 

DE     FRANCE 


REUNION    EXTRAORDINAIRE 

1)K    LA 

SOCIÉTÉ     OÉOLOOIQUE     DE     FRANCE 


du  Mardi  3  Septembre  au  Mercredi  1 1  Septembre  igoi 

Les  membres  de  la  Société  qui  ont  assisté  à  la  Réunion  extra- 
ordinaire sont  : 

MM.  A.  BiocHK.  MM.  A.  de  Lapparent. 

G.  Brouet.  Maurice  Lugkon. 

Jean  Brunhes.  Jean  Miquel. 

L.  Garez.  L.  Pervinquière. 

H.  DouviLLÉ.  E.  Renevier. 

H.  DouxAMi.  J.  RéviL. 

E.  FiCHEUR.  F.  RbYMOiND. 

E.  Hauo.  a.  de  Riaz. 

Armand  Janet.  Etienne  Ritter. 

E.  JoRissEN.  H.  Sage. 

W.  KiLiAN.  Cari  Schmidt. 

R.  Langlassé.  g.  Steinmann. 

Les  personnes  éti'angères  à  la  Société  ayant  pris  part  aux  excur- 
sions sont  : 

M.  P.  Berthon.  mm.  Keidel. 

M»«  BiocHE.  Moulin. 

MM.  R.  DouviLLÉ.  l^REISWERK. 

F.  JaCCARD.  L.  RoLLIER. 

Paul  Jaccard.  Sïeinmann  (fils). 

Jacob.  Stuakt-Menteath. 

Assistaient  en  outre  à  l'excursion  du  3  septembre,  les  membres  «le  lu 
Société  vaudoise  des  Sciences  naturelles  dont  les  ncyns  suivent  :  MM  Amann, 
Bulkr,  Dblbssbrt,  de  Raydmai^e,  Guinand,  Ladur,  Murisikr,  I'klbt,  Pon- 

CHBT,  SCIIKNGK. 

8  Mai  190a.  —  T.  i".  Hull.  Soc.  Géol.  Kr.  —  4', 


PROGRAMME     DES    EXCURSIONS 

proposé  par  M.  M.  LUGBON 

Lundi  2  Septembre.  —  Rendez-voiis  préliminaire  à  l'hôtel  Beau- 
Site,  place  Montbenon,  à  Lausanne,  pour  les  membres  qui  arriveront 
dans  la  journée.  Les  chambres  seront  retenues  à  l'avance.  Déjeuner  et 
dîner  à  Thôtel.  Visite  des  musées  et  promenade  dans  les  environs  si  le 
désir  en  est  exprimé. 

Mardi  3  Septembre.  —  Rendez-vous  définitif  bxl  Musée  de  Géologie 
(4,  place  de  la  Cathédrale),  à  lo  heures.  [Le  train  de  Paris  arrive  à 
8  h.  4o  (heure  suisse)].  Visite  des  collections.  —  Séance  dCoui^ertnre, 
constitution  du  Bureau.  Exposé  général  des  courses  par  M.  Lugeon. 

A  12  h.  'io,  lunch  à  Thôtel  Beau-Site. 

Après-midi.  —  Etude  du  Tertiaire  du  vallon  de  la  Paudèze.  —  Départ 
à  a  heures  :  vallon  de  la  Paudèze  ;  Rochette  ;  Font  de  Belmont  ;  Les 
Dailieltes.  Retour  à  Lausanne  par  le  tramway. 

A  7  heures,  dîner  à  l'hôtel  Beau-Site. 

Mercredi  4  Septembre.  —  Tour  du  Haut-Lac;  environs  du  Bou- 
veret,  Saint-Gingolph  et  Meillerie^  vallée  du  Rhône  jusqu'à  Monthey, 

Départ  d'Ouchy  à  6  h.  35  par  le  bateau  longeant  la  côte  suisse.  —  On 
voit  successivement  du  bateau  :  Terrasses  lacustres  des  environs  de 
PuUy  et  de  Lutry  ;  Lutry-Gully,  crêtes  monoclinales  de  la  Molasse, 
glissement  d*Kpesse  ;  couches  de  poudingue  aquitanien  de  Lavaux  ; 
synclinal  molassique  du  Pèlerin  ;  delta  de  la  Veveyse  ;  molasse  rouge 
mamelonnée  par  le  glacier  du  Rhône  entre  Vevey  et  Clarens  ;  Préalpes 
de  Montreux,  dont  la  géologie  compliquée  sera  expliquée  du  bateau  ;  la 
plaine  du  Rhône  ;  le  Balaillère  (chute  sous-lacustre  du  Rhône  dans  le 
Léman),  Bouvcret,  Saint-Gingolph.  —  Arrivée  ù  Meillerie,  àg  h  lo.  — 
Excursion  à  Touest  de  Meillerie.  —  Meillerie  à  Saint-Gingolph  par  TA>cum. 

Déjeuner  à  Saint-Gingolph  vers  i  heure. 

De  Saint-Gingolph  au  Bouveret  par  le  Fenalet.  —  Du  Bouveret  à 
Monthey  en  voiture  :  Préalpes  médianes  (voir  Lugeon  :  La  région  de 
la  Brèche  du  Chablais,  pp.  204-^67).  Le  Grammont;  les  Evouettes  ;  la 
Porte  du  Sex  ;  Vouvry  ;  Vionnaz. 

Arrivée  à  Monthey  vers  8  heures,  dîner  et  coucher  à  Monthey. 

Jeudi  5  Septembre.  —  Le  matin,  promenade  dans  les  environs  de 
Monthey,  —  Elude  du  soubassement  des  Préalpes  médianes  (voir 
Lugoon  :  La  région  de  la  Brèche  du  Chablais,  p.  a33). 

Déjeuner  à  Monthey. 

Après-midi.  —  De  Monthey  à  Champéry  en  voiture,  —  Le  Vald'illiez. 

Dîner  à  Clhainpéry  (ail.  :  1070  m.).  —  Séance  le  soir  à  8  heures  et 
demie.  —  Coucher  à  Champéry  (Hôtel  de  la  Dent-du-Midi). 


PROGRAMME    DES   EXCURSIONS  679 

Vendredi  6  Septembre.  —  Départ  matinal  à  pied  de  Charapéry 
pour  la  Croix  de  Culet,  i'oinle  de  THaul,  Morgfns.  —  EfFels  expédiés 
directement  à  Morgins.  Porteurs  pour  les  provisions. 

Cette  journée  est  consacrée-  à  l'étude  d'une  région  disloquée  à 
l'extrême  (Pour  le  détail,  voir  Lngeon  :  La  région  de  la  Brèche,  pp.  141, 
i63,  178-183,  208  219,  227,  233-235,  244-247). 

De  Champéry  à  Culet  (1966  m.);  montée  à  la  Porte  du  Soleil  (1964  m.)  ; 
La  Tovassière  (2oi5  m.)  ;  La  Chaux  (1904  m.). 

Dîner  et  coucher  à  Morgins  (ail.  i3i4  m.). 

Samedi  7  Septembre.  —  Krwirons  de  Morgins  ;  départ  à  pied  par 
le  massif  de  Tréveneusaz  sur  Vouvry.  —  Effets  expédiés  directement  à 
Vouvry,  Porteurs  pour  les  provisions. 

Journée  consacrée  à  l'étude  du  contact  du  massif  de  la  Brèche  et  des 
Préalpes  médianes  du  massif  de  Tréveneusaz  (voir  Lugcon  :  La  région 
delà  Brèche,  pp.  142-145,  i56-i63,  182-184,  188-193). 

Col  de  Morgins  (i375  m.)  ;  Portes  de  Morgins  (1794  m.)  ;  Mont  Cor- 
beau (1995  m.)  ;  Bellevue  (2o3o  m.)  (Tréveneusaz)  ;  Draversaz. 

Départ  par  le  chemin  de  fer  à  5  h.  25  (heure  suisse),  arrivée  à  Thonon 
à  5  h.  47  (heure  française). 

Dtner  à  Thonon  (Hôtel  de  TEurope),  à  6  heures.  —  Séance  le  soir  à 
8  heures  et  demie.  —  Coucher  4  Thonon. 

Dimanche  8  Septembre.  —  Départ  en  voiture  à  8  heures  pour  le 
Biot  et  Saint-Jean  d'Aulph  avec  arrêts  nombreux.  —  Etude  des  Préalpes 
médianes  et  de  leur  contact  avec  le  Massif  de  la  Brèche.  Environs  de 
Thonon.  Gorges  de  la  Drance  ;  aiguille  de  Feterne  ;  rArmône  ;  Pont  de 
l'Eglise  ;  Reyvroz  ;  Bioge  ;  la  Vernaz  ;  la  Forclaz  ;  le  Jotty  ;  visite  au 
Pont-da-Diable,  perte  de  la  Drance. 

Déjeuner  au  Jotty,  vers  midi. 

Nicodez  ;  Pont  de  Dimery  ;  Pont  de  Convaloup  ;  Seytroux  ;  gorges 
d'Ombre. 

Dtner  et  coucher  à  Saint-Jean  d'Aulph. 

Lundi  9  Septembre.  —  Départ  de  Saint-Jean  à  5  h.  du  matin,  à 
pied,  pour  Brion,  le  col  de  Lens,  le  lac  de  Monlriond,  Morzinc.  —  Eifets 
expédiés  directement  à  Morzine.  Porteurs  pour  les  provisions. 

Etude  du  pli  frontal  du  Massif  de  la  Brèche  (voir  Lngeon  :  La  région 
de  la  Brèche,  pp.  i52  i54,  200-207).  —  Dîner  à  Morzine.  Séance  le  soir  à 
8  heures  et  demie.  —  Coucher  à  Morzinc  (Hôtel  Muffat). 

Mardi  10  Septembre.  —  Départ  à  pied  pour  Taninge  par  la  Mouille- 
Ronde  et  la  Rosière.  —  Effets  expédiés  directement  à  Taninge.  Porteurs 
pour  les  provisions. 

Etude  des  Klippes  cristallines  des  Géts  (voir  Lngeon  :  La  région  de  la 
Brèche^  pp.  29-40,  247-251).  Les  Atraix  ;  la  Mouille-Ronde;  le  Tourne, 
serpentine  ;  traversée  dans  le  Flysch  jusqu'aux  Bonnes  ;  Klippe  basique 
dans  le  Flysch  ;  à  la  Rosière,  pointement  important  de  granité  et 
roches  basiques  ;  descente  raide  sur  Taninge  au  travers  des  terrains 


68o  PROGRAMME    DES   EXCURSIONS 

ci-après,  en  superposition  normale  :  Brèche  sapérieure,  Schistes  ardoi- 
siers,  Brèche  inférieure,  Schistes  liasiques,  calcaire  dolomiiiqne  du 
Trias,  Houiller. 
Dîner  à  Taninge.  —  Coucher  à  Taninge  (Hôtel  des  Balances). 

Mercredi  11  Septembre.  —  Promenades  dang  les  environs  de 
Tuninge.  —  Ravin  du  Foron. 
Déjeuner  à  Taninge  à  midi.  —  Séance  de  clôture  à  une  heure  et  demie. 

Retour  facultatif  sur  Genève  par  le  tramway  de  la  vallée  du  GifTre 
jusqu'à  Annemasse. 

DOCUMENTS   A    CONSULTER 

■ 

La  région  à  parcourir  a  été  presque  entièrement  décrite  dans  l'ou- 
vrage :  La  région  4^  la  Brèche  du  Chablais^  par  Maurice  Lugeon  (Bull. 
Services  Carte  géol.  de  France,  N<^  49*  Paris,  Béranger,  i5,  rue  des 
Saints-Pères,  17  fr.  a5).  —  Une  liste  bibliographique  complète  (jusqu'en 
1895)  se  trouve  dans  cet  ouvrage  auquel  nous  renvoyons  le  lecteur 
Une  description  générale  du  territoire  des  Préalpes  y  est  donnée. 

Bibliographie  depuis  1805 

189^.  —  E.   Haug,    Le  Problème   des  'Préalpes  {Revue  générale  des 
Sciences,  i5  septembre  1897). 

1898.  —  H.  ScHARDT,  Les  régions  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes 
suisses  {Bull.  Soc.  vaud.  Se.  nat.,  vol.  XXXI V,  Bull.  i!i8). 

1899.  —  E.  Haug,  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des 
Alpes  suisses  {Bull.  Soc.  vaud.  Se.  nat.,  vol.  XXXV,  Bull.  i3a). 

1900.  —  H.  ScHARDT,  Encore  les  régions  exotiques  {Bull.  Soc,  iHiud.  Se, 
nat.,  vol.  XXXVl,  Bull.  i36). 

1901 .  —  M.  LuGBON,  Sur  la  découverte  d'une  racine  des  Préalpes  suisses 
(C  R.  Ac.  des  Se,  7  janvier  1901). 

190 1 .  —  M.  LuGEON  et  G.  RoBssiNGBR,  Géologie  de  la  Haute  vallée  de 
Lauenen  {Arch.  Se.  phys.  et  nat,,  4*  «ér.,  t.  XI). 

Cartes 

1.  Carte  géologique  de  France  au  i/8o.ooo.  Feuille  160,   Thanon\  ^ 
Feuille  160  bis,  Annecy  (Paris,  Béranger,  i5,  rue  des  Saints-Pères,  6fr. 
la  feuille,  non  entoilée) . 

2.  Carte  géologique  du  Val  dlUiez  au  i/5o.ooo,  par  Maurice  Lugeon 
(PI.  Vlil,  Bull.  Carte  géol.  de  Fr.  N«  49). 

3.  Carie  géologique  suisse  au  1/ 100.000,  feuille  XVI,  !i«  édition,  feuille 
XVll  (10  francs  la  feuille,  non  entoilée). 

4.  Carte  topographique  suisse  (Atlas  Siegfried)  i/a5.ooo,  feuilles  466 
(Bouveret);  474  (Vouvry);  47Î  bis  (Pas  de  Morgins);  fyfi  (Bex);  483 
(Saint-Maurice)  (1  franc  la  feuille,  non  entoilée). 


Séanee  d^oaverture.  Mardi  3  Septembre  i90i 

PRÉSIDENCE  DE  M    LÉON  GAREZ, 
Puis  de  M.  MAURICE  LUGEON,  Président  de  la  Réunion. 

La  Société  se  réunit  à  lo  heures,  au  Musée  de  Géologie  de 
Lausanne. 

M.  Léon  CareZt  Président  de  la  Société,  prononce  Tallocution 
suivante  : 

«  Messieurs  et  chers  confrères.  —  En  déclarant  ouverte  la  Réu- 
nion extraordinaire  de  1901,  je  vous  rappelle  qu'aux  termes  du 
règlement  de  notre  Société,  un  bureau  spécial  doit  être  nommé 
pour  la  durée  de  la  session.  Mon  rôle  en  tant  que  Président  annuel 
se  borne  donc  à  présider  à  l'élection. 

«  Je  tiens  pourtant  auparavant  à  exprimer  à  M.  Lugeon  toute  la 
gratitude  que  nous  lui  devons  pour  avoir  accepté  la  charge  de 
diriger  nos  courses  de  cette  année. 

«  Nos  Réunions  extraordinaires,  dont  la  tradition  ininterrompue 
remonte  à  plus  de  soixante  ans,  ont  toujours  largement  contribué 
aux  progrès  de  la  géologie  et  à  rétablissement  de  sentiments  plus 
intimes  de  bonne  confraternité  entre  les  géologues,  mais  celle  qui 
commence  aujourd'hui  aura  certainement  une  importance  excep- 
tionnelle. Grâce  aux  travaux  d'un  certain  nombre  de  géologues, 
nous  allons  en  effet  pouvoir  étudier  non  pas  seulement  des  faits 
d'intérêt  purement  régional,  mais  des  phénomènes  tectoniques 
grandioses,  dont  la  possibilité  môme  est  encore  discutée,  et  qui, 
s'ils  sont  démontrés,  ne  sont  certainement  pas  limités  à  la  région 
du  Chablais. 

«  L'honneur  d'avoir  trouvé  une  solution  aux  problèmes  si  difli- 
ciles  du  pays  que  nous  allons  parcourir,  revient  en  grande  partie 
aux  géologues  suisses  ;  aussi  avons-nous  choisi  la  ville  de  Lau- 
sanne pour  y  tenir  notre  première  séance.  C'est  pour  cette  même 
raison  que  je  vous  demande  de  rendre  un  hommage  bien  mérité 
au  géologue  éminent  qui  a  consacré  sa  vie  à  l'étude  du  pays  que 
nous  allons  visiter  et  des  régions  voisines,  et  que  nous  avons  le 
plaisir  de  voir  aujourd'hui  parmi  nous  :  je  vous  propose  de 
nommer  M.  le  Professeur  Renevier,  président  d'honneur  de  la 
Réunion  extraordinaire  de  la  Société  géologique  de  France  en 
1901.  » 


682  SEANCE   D*OUVËRTUIlE,    MARDI    3   SEPTEMBRE    I9OI 

On  procède  ensuite  à  la  constitution  du  Bureau  :  M.  E.  Kenevier 
est  élu  président  d'honneur,  M.  Maurice  Lugbon  est  élu  président  ; 
il  est  assisté  de  MM.  E.  Ritter,  vice-pi*ésident  ;  R.  Lanolassé, 
trésorier  ;  H.  Douxami,  secrétaire. 

M.  E.  Renevier  remercie  la  Société  géologique  de  France  du 
grand  honneur  qu'elle  lui  fait  et  regrette  que  son  état  de  santé  ne 
lui  permette  pas  de  l'accompagner  sur  le  terrain  ;  mais  il  est  parti- 
culièrement heureux  de  voir  son  élève,  actuellement  son  jeune 
collègue  à  l'Université  de  I^usanne,  M.  M.  Lugeon,  la  guider. 

Il  salue  cordialement  la  Société  géologique  de  France  au  nom 
de  la  Société  géologique  suisse  dont  il  est  le  Président  et  lui 
souhaite  en  terminant  une  bonne  et  belle  excursion  tant  sur  le  ter- 
ritoire suisse  que  dans  le  Chablais. 

M.  Garez  répond  : 

«  Je  remercie  M.  le  Professeur  Renevier  de  ses  bons  souliaits 
et  je  le  pne  d'être  notre  interprète  auprès  des  membres  de  la 
Société  géologique  suisse. 

«  Avant  d'inviter  M.  Lugeon  à  prendi*e  place  au  fauteuil,  j'ai  le 
regret  de  vous  annoncer  la  perte  d'un  de  nos  confrères,  dont  la 
nouvelle  est  parvenue  à  notre  connaissance  depuis  notre  dernière 
réunion  :  le  comte  de  Limur,  Tun  des  plus  anciens  membres  de 
notre  Société,  qui  s'occupait  spécialement  de  minéralogie,  est 
décédé  récemment  à  Vannes. 

«  Enfin,  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter,  au  nom  du  bureau  du 
Congrès  géologique  international  de  1900,  les  volumes  du  Compte- 
rendu  de  ce  Congrès.  Grâce  à  l'activité  et  au  dévouement  de 
M.  Barrois,  secrétaire  général,  et  des  autres  secrétaires  du  Congrès, 
les  Comptes-rendus  ont  été  publiés  avec  une  rapidité  à  laquelle 
les  sessions  précédentes  ne  nous  avaient  pas  habitués  ;  ils  ont  paru 
dix  mois  seulement  après  la  clôture  du  Congrès. 

«  Ces  volumes  ne  le  cèdent  pourtant  pas  en  importance  à  leurs 
devanciers  par  le  nombre  et  l'intérêt  des  communications  qui  y 
sont  insérées  et  qui  traitent  de  la  géologie  des  pays  les  plus  divers. 
J'attirerai  particulièrement  l'attention  sur  le  Lexique  pétrogra- 
phiquc  qui  n'occupe  pas  moins  de  trois  cents  pages  de  texte  et  qui 
a  été  adopté  par  la  Commission  internationale  de  pétrographie  )». 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  séance  du  17  juin  1901, 
le  Président  proclame  membre  de  la  Société  géologique  de  France  : 

M.  Edward  Jorissen,  présenté  par  MM.  E.  Haug  et  L.  Gentil. 


SÉANCE  D^OUVERTURE,   MARDI   3   SEPTEMBRE   I9OI  683 

M.  Garez  dépose  sur  le  bureau  une  note  de  M.  A.  Guébhard 
accompagnée  de  la  première  épreuve  définitive  de  sa  Carte  géolo- 
gique au  1/80.000  du  S.  O.  des  Alpes-Maritimes  *. 

M.  Lugeon  prend  place  au  Bureau  : 

M.  Maurice  LiUgéon  i*emercie  vivement  la  Société  de  l'honneur 
qu'elle  lui  fait  en  l'appelant  à  la  présidence  et  en  le  chargeant  de 
diriger  la  Réunion  extraordinaire.  Comme  Ta  très  bien  dit  M.  Carez, 
le  problème  du  Chablais  n'est  pas  un  de  ceux  dont  l'importance 
est  purement  locale,  il  s'agit  ici  d'une  théorie  dont  l'édification 
peut  avoir  une  portée  considérable  dans  les  synthèses. 

Dans  un  rapide  exposé  M.  Lugeon  indique  les  raisons  princi- 
pales qui  obligent  à  chercher,  dans  de  grands  recouvrements, 
l'origine  de  cette  région  alpine.  Il  cite  l'anecdote  suivante,  pour 
montrer  quelles  ont  été  les  difïicultés  à  vaincre.  Un  jour,  dans  le 
vallon  du  Foron,  à  Taninge,  M.  Marcel  Bertrand  et  lui  trouvèrent 
des  calcaires  sous  le  Carbonifère,  au  pied  d'un  énonne  massif  dont 
le  centre  étudié  par  M.  Michel-Lévy  présentait  des  lambeaux  de 
roches  cristallines.  C'étaient  là  peut-être  des  calcaires  houillers  ; 
mais  l'étude  microscopique  montra  qu'il  s'agissait  de  roches  créta- 
ciques  !  Depuis  lors,  les  levés  détaillés  de  la  géologie  du  Chablais 
apportèrent  surprises  sur  surprises  :  ce  fut  entre  autres  la  découverte 
inattendue  de  la  disparition  des  Hautes- Alpes  sous  les  Préalpes  ; 
puis  la  conception  provisoire  du  pli  à  déversement  périphérique, 
remplacée  plus  tard  i)ar  l'hypothèse  des  grandes  nappes  de  char- 
riage. Aujourd'hui  la  manière  de  comprendre  les  faits  évolue 
encore,  non  dans  le  sens  de  V origine  par  transport  de  tout  le 
Chablais,  qui  aux  yeux  de  M.  M.  Lugeon  ne  peut  plus  être 
suspectée,  mais  dans  le  sens  du  procédé  mécanique  employé  par 
la  nature  pour  opérer  de  pareils  déplacements  de  l'écorce  terrestre. 

Des  faits  nouveaux  éclairent  de  plus  en  plus  cette  question  ;  par 
exemple  la  découverte  de  la  racine  d'une  partie  de  la  zone  interne, 
puis  le  laminage  extraordinaire  de  cette  même  zone,  démontrés 
par  M.  Roessinger,  l'un  dos  élèves  de  M.  Lugeon,  enfin  la  nouvelle 
interi)rétation  de  la  formation  des  Klip})es  du  val  d'il  liez  et  du 
massif  de  Tréveneusaz. 

M.  Lugeon  montre  que  le  problème  du  Chablais  est,  au  fond,  le 
même  que  celui  qu'oilrent  les  Alpes  de  Glaris. 

I.  Celte  note  a  été  insérée  au  compte-rendu  de  la  séance  du  4  novembre  1901 
(B.  Si  G.  F.,  [4],  I,  p.  444). 


684  L.  ROLLIER.  —  SUR  L*AGE  DU  CONGLOMÉRAT  SUBALPIN 

La  conférence  de  M.  Lugeon,  complétée  à  la  suite  de  nouvelles 
recherches  *,  fait  Tobjet  du  mémoire  inséré  plus  loin  p.  jaS. 

En  terminant,  M.  Maurice  Lugeon  convie  ses  confrères  de  la 
Société  à  la  vérification  de  son  hypothèse,  affirmant  qu'il  n*hésitera 
pas  à  modifier  sa  théorie  du  charriage,  s'il  est  démontré  que  les 
faits  sur  lesquels  il  s'appuie  peuvent  être  logiquement  interprétés 
d'une  autre  façon. 

I^  soir,  à  rissue  du  dîner,  dont  le  vin  était  offert  par  la  Société 
çaudoise  des  Sciences  naturelles^  M.  le  Professeur  Pnul  Jagcard 
souhaite  la  bienvenue  à  la  Société  géologique  de  France  au  nom 
des  savants  vaudois. 


SUR  L'AGE  DU  CONGLOMÉRAT  SUBALPIN 
OU  NAGELFLUH  DE  LA  SUISSE  * 

par  M.  li.  ROIiliIBR 

Sur  la  Carte  géologique  de  la  Suisse  au  i/ioo.ooo  et  dans  les 
ouvrages  qui  s'y  rapportent,  on  peut  voir  que  le  Conglomérat  sub- 
alpin, calcaire  ou  polygénique,  est  marqué  mi,  mm  et  ma,  c'est-à- 
dire  qu'il  est  rapporté  à  la  «  Molasse  d'eau  douce  inférieure,  à  la 
Molasse  marine  et  à  la  Molasse  d'eau  douce  supérieure.  »  La 
première  comprenant  des  molasses  à  bancs  calcaires,  des  marnes 
rouges,  etc.,  est  rapportée  généralement  à  l'étage  aquitanien  (cal- 
caires de  la  Beauce  à  Hélix  Ramondi),  avec  lequel  il  convient  de 
terminer  l'Oligocène  («  Aeltere  Molasse  »  de  v.  Gûmbel). 

Des  coupes  relevées  par  moi  sur  la  rive  droite  du  lac  de  Constance, 
dans  le  Bregenzerwald,  les  cantons  de  SaintrGall  et  d'Appenzell 
(voir  aussi  les  matériaux  publiés  dans  Beitrage  zur  geolog.  Kartc 
der  Schweiz,  Lief.  i4>  L)  montrent  que  les  pouding^es  calcaires  ou 
polygéniques  commencent  seulement  au-dessus  de  l'Aquitanien. 

En  particulier  le  conglomérat  du  Gâbris,  comme  du  reste  celui 
du  Speer,  du  Rossberg,  du  Righi,  etc.,  ne  sont  pas  autre  chose  que 

I.  Ces  nouvelles  recherches  ont  été  communiquées  à  la  Société,  par 
M.  Lugeon,  à  la  séance  du  17  février  190a. 

a.  M.  Roilier  n'étant  pas  membre  de  la  Société,  rinsertion  de  cette  note  a 
été  décidée  par  le  Cîonseii. 


ou    «  NAGELFLUII  »    DE    LA    SUISSE  685 

le  prolongement  du  Nagelfluh  et  de  la  molasse  marine  de  Saint-Gall 
(Helyétien),  qui  contient  des  intercalations  de  grès  coquillier 
(Muschelsandstein,  Seelafie)  appartenant  au  faciès  subjurassien. 

La  molasse  dite  granitique  de  Sainte-Marguerite  (S.  Margare- 
then),  avec  le  grès  coquillier  (Seelaffe)  de  Rorschach  et  de  Rheineck, 
constituent  un  faciès  à  peu  près  sans  poudingue  du  même  étage,  qui 
se  continue  vers  Test  dans  le  soubassement  du  Pfânder  et  dans 
Tanticlinal  du  Bregenzerwald,  où  ils  sont  également  sans  galets. 

Par  contre  les  grands  rochers  du  Pfânder  (palier  de  Fluh  et  de 
la  Gebhardskirchc),  qui  débutent  par  des  bancs  farcis  d'Ostrea 
giengensis  avec  les  charbons  du  Wirtachtobel,  les  ])ancs  marins 
fossilifères  de  Hirschberg  et  les  marnes  rouges  intercalées  dans 
les  conglomérats  du  sommet  de  la  montagne  sont  de  la  molasse 
supérieure  à  THelvétien. 

Ce  Nagelfluh  du  Pfânder  si  nettement  délimité  envoie  quel- 
ques bancs  du  même  conglomérat  dans  la  molasse  tliurgoviènne 
au  nord  de  Saint-Gall  (Sitterbrûcke,  bancs  rouges). 

On  le  retrouve  dans  un  synclinal  chevauché  par  le  Flysch  au 
Schwarzenberg  (Chapelle  de  Kehl  à  Haselstauden),  surmontant 
des  grès  à  molettes  (Schleifsteine.  Wetzsteine),  exploités  dans 
toute  cette  région,  et  alternant  avec  des  plaquettes  à  Cardium 
commune,  comme  dans  la  molasse  de  Saint-Gall  et  dans  le 
Muschelsandstein  du  Jura. 

Le  Nagelfluh  subalpin  est  ainsi  limité  par  une  grande  ligne  de 
cassure  ou  de  chevauchement  au  pied  des  Préalpes  suisses,  puis- 
qu'il est  miocène,  et  que  la  molasse  oligocène  est  éliminée  ou 
pincée  sur  une  grande  partie  de  cette  ligne. 


Sëanee  du  tfeudi  &  Septembre  t90t 

PRÉSIDENCE  DE  M.  M.  LUGEON,  PRÉSmENT 

La  séance  a  Heu  sous  la  véranda  de  THôtel  de  la  Dent-du-Midi, 
à  Charapéry. 

M.  Douxami,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

M.  Maurice  Lugeon  rend  compte  des  excursions  des  3,  4  et  5 
septembre. 

Excursion  du  3  Septembre. 

I^  tramway  conduit  la  Société  au  pont  de  la  Peraudettaz,  à  Test 
de  Lausanne.  En  ce  point  la  Vuachère,  Tun  des  nombreux  ruisseaux 
tributaires  du  Léman,  fait  \\n  coude  brusque  ;  sa  direction  N.  S. 
devient  E.  O.  Les  cours  des  autres  ruisseaux  des  environs  immé- 
diats de  la  ville,  le  Flon  et  la  Mèbre,  subissent  un  changement  de 
direction  analogue.  Cet  accident  est  dû  à  la  rencontre  des  moraines 
latérales  du  glacier  du  Rhône,  qui  s'étendent  transversalement  à 
la  direction  générale  de  la  ligne  de  plus  grande  pente  du  pays 
molassique. 

La  Société  longe  ensuite  les  pentes  de  la  Molasse,  couvertes 
de  dépôts  morainiques  peu  épais,  et  atteint  un  site  qui  domine  le 
vallon  de  la  Paudèze. 

Elle  aperçoit  les  couches  de  molasse  à  lignite  (Aquitanien) 
plongeant  vers  les  Alpes.  C'est  là  que  depuis  longtemps  on  exploite 
les  lits  de  houille  célèbres  par  la  flore  et  la  faune  que  la  Société  a 
[m  examiner  au  musée  de  Lausanne.  Le  ravin  est  monoclinal  ; 
les  couches  du  versant  droit  plongeant  vers  le  thalweg  sont  affbuil- 
lées  à  leur  base.  Cet  affouillement  a  donné  lieu,  notamment  le 
3  octobre  i888,  à  des  glissements  assez  importants.  La  Société 
constate  que  los  traces  du  dernier  glissement  sont  encore  très 
visibles  malgré  les  cultui'es  qui  couvrent  le  terrain.  De  longitu- 
dinale la  vallée  devient  transversale  à  Kochette,  où  se  voit  une 
belle  coupe  de  T Aquitanien  :  alternance  de  grès  et  de  marnes  avec 
quelques  bancs  do  calcaires  fétides  remplis  de  Limnées  et  de 
Planorbes.  Le  banc  supérieur  de  l'escarpement  fournit  en  abon- 
dance HeUx  Ramondi,  Sous  ces  bancs  à  lignite  apparaît  en  concor- 


EXCURSION    DU    3   SEPTEMBRE  687 

dance  une  molasse  rougeâtre,  que  Maillard  avait  considérée  comme 
représentant  la  molasse  rouge  de  Vevey. 

Tout  l'ensemble,  incliné  vers  les  Alpes,  repose  sur  la  rive  droite, 
par  l'intermédiaire  d'une  faille,  sur  des  couches  de  molasse  à  Nén- 
tines.  Sur  cette  rive  droite,  la  concordance  parait  complète. 
M.  Lugeon  fait  remarquer  que  Maillard  considérait  cette  molasse 
à  Néritines  (renfermant  à  sa  partie  inférieure  des  veines  de  gypse 
fibreux  que  la  Société  a  pu  examiner  en  amont  du  Pont  de  Bel- 
mont),  comme  supérieure  à  la  molasse  rougeàtre.  Au  lieu  de  voir 
là  un  bassin  elVondré,  M.  Lugeon  considère  la  superposition  de  la 
molasse  rougeàtre  à  la  molasse  à  Néritines,  comme  une  superpo- 
sition anormale  par  chevauchement. 

La  Société  constate  la  présence  de  Néritines.  Une  discussion 
s'engage  sur  Tàge  relatif  de  ces  molasses.  M.  Rollier  considère 
la  molasse  rougeàtre  comme  supérieure  à  la  molasse  à  Néri- 
tines; elle  ne  représenterait  pas  la  molasse  rouge  de  Vevey,  mais 
un  horizon  plus  élevé,  tout  à  fait  indépendant.  Cette  attribution 
paraissant  préférable  à  celle  de  M.  Lugeon,  celui-ci  s*y  rallie  sans 
diiliculté.  Il  est  en  effet  incontestable  que  cette  molasse  rougeàtre 
bariolée  diffère  de  la  molasse  rouge  de  Vevey.  Cette  manière  de 
voir  simplifie  du  reste  la  tectonique  de  ces  molasses  (fig.  i). 


Pont  fif  fMmont 


Bolmotil 


Pig.  I.  —  Coupe  du  contact  de  la  région  niolassicfue  horizontale  avec  la 
région  de  la  molasse  plissée.  A  gauche,  territoires  plans  de  la  molasse 
horizontale  ;  à  droite,  molasse  plongeant  contre  les  Alpes.  —  Echelle  : 
i/a5.ooo. 

I,  Molasse  burdigalienne  ;  a,  Molasse  à  lignite  (Aquitanien)  avec  deux  bancs 
de  lignite;  3,  Molasse  rougeàtre  (bariolée)  ;  4,  Molasse  à  Néritines  (Aqui 
tanien);  F,  F,  Plan  de  chevauchement. 

Plus  baut,  la  Société,  retrouve  des  bancs  de  molasse  (fue 
M.  Lugeon  considère  comme  la  continuation  des  couches  à  Néri- 
tines. Une  trouvaille  récente  de  M.  Roessinger  prouve  qu  il  s'agit 
indubitablement  de  couches  aquitaniennes.  Il  a  recueilli,  sur  la 
route  entre  le  Rosiaz  et  le  pont  de  fer  de  la  Chandelard,  des 
fragments  de  côtes  d'Anthracotherium,  dans  des  couches  reposaut 


688  EXCURSION    DU    4    SEPTEMBRE 

nettement  sur  la  molasse  burdigalienne  fossilifère  ;  il  y  a  là  une 
superposition  anormale  incontestable  :  un  chevauchement  des 
molasses  inférieures  sur  des  couches  plus  récentes. 

La  Société  examine  le  vallon  si  typique  de  la  Chandelard  et  se 
l'end  ensuite  sur  les  Daillettes,  d'où  elle  peut  voir  la  remarquable 
coupure,  par  le  vallon,  de  ce  que  les  auteurs  suisses  ont  appelé 
Taxe  anticlinal  de  la  Molasse  suisse.  A  gauche,  au  nord-ouest,  on 
voit  les  couches  qui  plongent  faiblement  du  côté  du  Jura,  puis 
décrivent  vers  la  droite  de  grands  arcs  de  cercles  superposés. 
M.  Lugeon  explique  que  cette  différence  d^allure  des  molasses, 
plissées  et  horizontales,  introduit  dans  le  paysage  des  deux  régions 
molassiques  de  la  Suisse  des  différences  considérables.  Sur  la 
molasse  horizontale  régnent  les  paysages  ouverts,  les  g^ndes 
plaines  coupées  par  des  canons  aux  escarpements  verticaux,  sépa- 
rés par  les  terrasses  inclinées  des  bancs  tendres.  La  topographie 
de  la  molasse  inclinée  offre  par  contre  le  caractère  alpin  avec  ses 
vallons  aux  formes  arrondies. 

Après  avoir  contemplé  ce  dernier  pli  de  la  poussée  alpine, 
1§  Société  rentre  à  Lausanne. 

Excursion  du  4  Septembre. 

En  quittant  Ouchy  la  Société  longe  en  bateau  à  vapeur  le  rivage 
suisse  du  Léman.  M.  Lugeon  explique  la  géologie  de  la  côte  : 
malgré  l'inclémence  du  temps,  la  Société  peut  constater  les  faits 
qui  lui  sont  signalés. 

La  Société  débarque  à  Meillerie.  Elle  se  dirige  vers  Toucst  pour 
étudier  Tune  des  coupes  sur  lesquelles  A.  Favre  s'est  appuyé  dans 
la  détermination  des  terrains  liasique  et  triasique  du  Ghablais.  On 
longe  d'abord  les  escarpements  verticaux  du  Lias  moyen.  L'épais- 
seur si  considérable  de  ces  calcaires  siliceux  laisse  penser  à  quel- 
ques-uns des  géologues  présents  que  des  plis  monoclinaux  existent 
peut-être  dans  cet  ensemble.  M.  Lugeon  fait  remarquer  que  l'on 
coupe  les  couches  obliquement  à  leur  direction,  ce  qui  leur  donne 
une  épaisseur  exagérée.  Toutefois  certaines  couches  plus  tendres 
représentent  peut-être  un  pli  pincé  du  Lias  supérieur. 

Dans  la  carrière  du  Maupas  les  membres  de  la  Société  consta- 
tent la  présence  du  Trias  supérieur,  formé  par  des  couches  de 
calcaire  dolomitique  alternant  avec  des  marnes  verdâtres.  Les  cou- 
ches rhétiennes  altin^nt  particulièi'ement  l'attention.  Terebratula 
gregaria  est  récoltée  en  abondance  avec  quelques  autres  fossiles. 
Les  couches  hettangiennes  sont  malheureusement  épuisées.  On 
constate  cependant  la  présence  de  Pecten  çaloniensis. 


EXCURSION    DU   4   SEPTEMBRE  689 

La  Société  revient  vers  le  village  de  Meillerie  qu'elle  traverse  et 
longe  les  grands  éboulis  des  carrières  à  moellons  du  Lias  moyen. 
Ce  terme  prend  ici  la  place  que  devrait  occuper  le  Dogger.  En 
effet,  sous  ces  couches  liasiques  incontestables,  on  trouve  le  Toar- 
cien  fossilifère  s  appuyant  sur  le  Lias  moyen  que  la  Société  a 
étudié  en  allant  au  Maupas.  Vers  Test  ce  même  Lias  supérieur 
repose  sur  le  Lias  moyen,  et  c'est  ainsi  au  cœur  du  synclinal,  en 
discordance  mécanique  sur  le  Lias  supérieur  vertical,  que  se  déve- 
loppe le  grand  escarpement  de  Lias  moyen  exploité.  Cette  éti'ange 
disposition  ne  peut  s'expliquer  que  par  un  pli  couché  ramenant  le 
Lias  moyen  sur  le  Lias  sqpérieur,  phénomène  accompagné  d\in 
glissement  sur  la  surface  de  ce  deniicr  terrain. 

Une  série  d'Ammonites  a  été  récoltée  dans  ce  Lias  supérieur  ;  les 
espèces  suivantes  ont  été  reconnues  :  Jlarpoceras  fallaciosum 
Bayle,  Lj'toceras  Jimbriatum  Sow. 

A  Locam,  la  Société  étudie  les  couches  de  calcaii'e  à  Entroques 
du  Lias  moyen.  Quelques  Ammonites  et  Bélemnites  sonti*écoltécs. 
Au  centre  de  la  carrière,  un  affleurement  de  Rhétien  foui*nit  un 
grand  nombre  de  fossiles,  en  particulier  de  très  belles  plaquettes  à 
A^vicula  contorta.  Quelque  cent  mètres  plus  loin,  la  Société  constate 
à  nouveau  la  présence  du  Trias  supérieur. 

De  Locnm  à  Saint-Gingolph,  on  remarque  les  grands  éboulis  du 
pied  du  Pic  de  Blanchard,  où  Ton  exploite  des  calcaires  du  Malm 
pour  la  fabrication  de  la  chaux.  Les  calcaires  en  place  des  environs 
sont,  en  effet,  trop  chargés  de  silice  pour  cet  usage. 


^*  CoUachenaz  0. 

''««'«•«t  -^  |.. 

I   _ ^^  '.^bouiùf^,^     ""^^^^^  I  S*Gingolph 


^  '^O^  ^^ rr' 


rot*  9 

Fig.  2.  —  Position  des  aflleuroments  entre  Bouveret  et  Saint-Gingolph. 

Hauteurs  très  exagérées. 

A  la  sortie  de  Saint-Gingolph,  au  Fenalet,  au  pied  des  ^grands 
escarpements  des  Préalpes  médianes,  la  Société  constate  la  présence 
de  la  molasse  rouge.  Plus  loin,  au  dessus  d'une  carrière,  la  super- 
position des  Cargneules  sur  le  Flysch  est  nettement  cons  ta  table. 
Le  rapport  entre  la  molasse  et  le  Flysch,  sous  la  fomne  de  grès, 
n'est  pas  clairement  établi. 


690  EXCURSION    DU   4    SEPTEMBRE 

Toutefois,  lorsque  Ton  observe  la  côte,  à  une  certaine  distance, 
en  bateau,  connaissant  la  position  exacte  des  afiQeurements,  on  peut 
reconstruire  avec  assez  de  sûreté  la  position  réciproque  des  couches. 

La  molasse  du  Fenalet  s* enfonce  au  sud-est  au  pied  d'une  pente 
assez  prononcée,  à  l'extrémité  de  laquelle  se  trouve  la  carrière  de 
Flysch.  Cette  disposition  ne  peut  s'expliquer  que  par  une  dispa- 
rition de  la  molasse  sous  ce  Flysch.  Ce  dernier  terrain  serait 
localement  étiré  au  Fenalet,  où  Ton  rencontre  les  cargneules  dans 
le  voisinage  immédiat  de  la  molasse.  Ainsi  que  le  montre  le 
croquis  (fig.  q),  il  y  aurait  un  synclinal  très  évasé  entre  Saint- 
Gingolph  et  le  Bouveret. 

MM.  Douvillé,  Douxami  et  Lugeon  sont  d*accord  pour  voir  dans 
les  grès  du  Fenalet  une  forme  du  Flysch  supérieur.  La  molasse 
rouge  est  étudiée  près  du  Bouveret  où  elle  est  coupée  par  la  route 
et  exploitée  en  carrière. 

M .  Lugeon  explique  que  cette  molasse  i*ouge  est  située  à  environ 
10  kilomèti'es  à  l'intérieur  des  Préalpes,  car  en  avant  du  Bouveret 
plusieurs  plis  des  Préalpes  médianes  sont  absents  ainsi  que  toute 
la  zone  bordière  ^ 

M.  Douvillé  fait  remarquer  que  les  couches  rouges  schisteuses 
alternent  au  Fenalet  avec  des  bancs  de  grès  verdàtre,  qui  pour  lui 
se  rattachent  nettement  au  Flysch.  11  faudrait  donc  considérer  la 
molasse  rouge  de  Saint-Gingolph  simplement  comme  la  partie 
supérieure  du  Flysch.  Cette  formation  serait  ainsi  toute  différente 
des  couches  des  environs  de  Lausanne  vues  par  la  Société  dans  la 
course  du  3  septembre  dans  le  vallon  de  la  Paudèze,  course  dans 
laquelle  cette  opinion  avait  déjà  été  émise  par  M.  Rollier. 

Au  Fenalet,  il  n'y  a  pas  de  trace  de  la  moindre  discordance 
entre  le  Flysch  et  la  Molasse  rouge. 

MM.  Douvillé  et  Douxami  sont  d'avis,  pour  éviter  toute 
confusion  et  bien  marquer  la  place  qu'occupe  réellement  la  for- 
mation connue  sous  le  nom  de  Molasse  rouge  du  val  d'Illiez,  de  se 
servir  plutôt  du  terme  de  Fl}'8ch  rouge  ou  Flysch  bariolé^  qui  a 
déjà  été  proposé  par  quelques  auteurs. 

Du  Bouveret  à  Monthey  l'excui^sion  se  poursuit  en  voiture. 
Aux  Evouettes,   M.  Lugeon  esqtiisse  les  grands  traits  de  la 
géologie  du  Grammont. 

I.  LuGRON.  La  région  de  la  Brèche  du  Clmblais,  p.  264. 


i 


EXCURSION   DU   4   »KPTBMBRK  69I 

Les  pentes  qui  regardent  du  côté  du  lac  sont  formées  du  haut 
en  bas  par  les  couches  suivantes,  en  suivant  Taré  te  qui  descend 
vers  Saint-Gingolph  : 


Anticlinal 


Pli-faillk 


I.  Lias  à  Ëntroques  au  sommet  du  Grammont 
avec  une  intercalation  scldsteuse  à  Bival- 
ves. 

a.  Calcaire  dolomitique  du  Trias. 

3.  Malm. 

4.  Crétacique  supérieur.  \    Synclinal 

5.  Malm. 
6".  Dogger. 

7.  Lias  supérieur. 

8.  Lias  inférieur.  l 

9.  Trias  à  la  Frilaz.  (    Anticlinal 

10.  Lias  inférieur.  j 

11.  Lias  supérieur.  Synclinal 
13.  Lias  inférieur. 
i3.  Moraine  recouvrant  le  Rhétien  et  le  Trias,    ^    Anticlinal 

supportés  par  la  molasse  rouge. 

Le  Rhétien  a  été  en  effet  découvert  par  M.  Lugeoh,  au  Prolet, 
à  l'ouest  de  Saint-Gingolph. 

La  coupe  du  Grammont  montre  ainsi  des  plis  superposés  dont 
le  plus  supérieur  présente  un  laminage  complet  entre  le  Trias  et 
le  Malm.  De  petits  lambeaux  du  Lias,  qui  manquent  dans  la  coupe 
ci-dessus,  se  voient,  reposant  dii'ectement  sur  le  Malin,  à  la  Croix- 
d'AUex,  sommet  à  l'est  du  Grammont. 

La  vallée  des  Evouettes  est  taillée  dans  Tanticlinal  du  sommet 
du  Grammont;  le  pli  s'abaisse  considérablement  vers  la  vallée  du 
Rhône.  C'est  là  un  phénomène  qui  est  très  caractéristique  de  tous 
les  premiers  plis  des  Préalpes  dans  cette  vallée.  M.  Lugeon  a  déjà 
attiré  l'attention  sur  cette  remarquable  ondulation  des  plis  * . 

Les  anticlinaux  se  sont  tous  transformés  en  vallées,  tandis  que 
les  synclinaux  ont  en  général  formé  les  crêtes. 

A  Vouvry,  la  Société  pénètre  dans  la  deuxième  grande  vallée 
anticlinale,  rompue  jusqu'au  Trias,  qui  affleure  dans  le  versant 
gauche  au  nord  de  Vouvry  accompagné  par  le  Rhétien  exploité  en 
carrière.  L'anticlinal  de  Vouvry  est  très  déjeté  dans  les  environs 
de  Miex,  où  le  Dogger,  par  écrasement  du  Malm,  est  presque  en 

I.  LuGBON.  Recherches  sur  Turigine  des  vallées  des  Alpes  oceideutules. 
Annales  de  Géographie,  Juill.  et  Nov.  1901. 


69:2  EXCURSION    DU    5   SEPTEMBRE 

contact  avec  le  Crélacé  du  synclinal.  Ce  dernier  est  écrasé  à  un 
tel  point  qu'il  forme  presque  un  noyau  d'étranglement. 

Le  bas  de  la  vallée  de  Vouvry  présente  deux  cônes  de  déjection 
emboîtés  Tun  dans  l'autre.  Le  plus  ancien  possède  une  pente  plus 
forte  que  celle  du  cône  actuel.  Comme  on  sait  que  la  génératrice 
des  cônes  est  d'autant  'plus  tangente  à  Thorizontale  que  le  cours 
d'eau  est  plus  important,  il  semblerait  qu'à  un  moment  donné, 
après  la  dernière  glaciation,  le  torrent  de  la  vallée  de  Vouvry  ait 
été  moins  volumineux  que  de  nos  jours. 

Le  long  de  la  route  on  a  pu  contempler  le  rôle  topographique 
des  calcaires  du  Malm  qui  forment  de  remarquables  escarpements. 

A  Pierre -à- Perret,  M.  Lugeon  explique  les  dislocations  si 
curieuses  que  présentent  ce  synclinal  de  Flysch  et  le  pli-faille 
de  la  Tornettaz.  L'éti^anglement  considérable  du  flanc  normal 
du  synclinal  attire  l'attention.  On  constate  en  effet,  dans  la  partie 
visible  la  plus  profonde  du  pli,  un  amincissement  considérable 
du  Jurassique  supérieur.  A  sa  partie  supérieure  le  pli  est  régulier. 
C'est  un  fait  à  peu  près  constant  dans  les  Préalpes  que  les  accidents 
sti*atigraphiques  sont  développés  au  maximum  dans  les  parties 
profondes  des  plis,  tandis  qu'une  régularité  remarquable  règne 
dans  les  parties  élevées. 

Près  de  Muraz  la  Société  profite  d'une  accalmie  qui  dispei*se  le 
brouillard  pour  examiner  une  des  plus  belles  coupes  naturelles 
des  Préalpes.  Sous  les  grandes  masses  triasiques  de  Tréveneusaz, 
on  voit  apparaître  avec  une  allure  très  régulière  une  épaisseur 
énorme  de  molasse  rouge,  prolongement  de  celle  que  Ton  avait 
vue  au  Bouveret  s'enfoncer  sous  la  nappe  de  charriage.  En  outre, 
les  plis  autochtones  de  Collombey  et  de  Muraz  sortent  du  Flysch, 
lui-même  recouvert  par  la  molasse.  On  constate  donc  en  ce  point 
un  des  faits  les  plus  importants  pour  la  théorie  du  charriage  :  la 
disparition,  sous  les  Préalpes  sans  racines,  des  plis  à  faciès  helvé- 
tique. 

Excursion  du  5  Septembre. 

La  matinée  est  consacrée  à  l'étude  des  plis  autochtones  à  peine 
entrevus  la  veille. 

Sur  le  pli  de  Collombey  la  Société  longe  la  moraine  de  Monthey, 
formée  uniquement  par  des  blocs  de  granité  du  massif  du  Trient, 
débris  probables  d'une  aiguille  du  massif  du  Mont-Blanc  écroulée 
sur  les  glaciers  quaternaires. 

C'est  tout  d'abord  la  fameuse  Pierre-à-Dzo,  dédiée  à  de  Char- 


\ 


EXCURSION    DU    5    SEPTKMBUE  693 

pentier,  puis  les  énormes  blocs  que  Ton  exploite  un  peu  partout. 
Par  un  heureux  hasard  la  Société  peut  exaniinei*  un  reste  encore 
vierge  de  la  moraine  :  d'énormes  blocs  moussus,  entassés  les  uns 
sur  les  autres,  dans  une  superbe  forêt  de  châtaigniers. 

Après  avoir  rencontré,  près  de  Muraz,  TUrgonien  et  THauterivien 
à  Entroques,  et  de  nouveau  la  réapparition  de  la  molasse  rouge, 
la  Société  rentre  à  Monthey. 

Dans  Taprès-midi  course  en  voitures  à  Cham|)éry.  L'exemple 
remaixjuable  de  siircreusement  que  présente  l'entrée  de  hi  vallée, 
avec  une  terrasse  (jui  se  poui*suit  jusque^  près  de  Troistorrents, 
attire  l'attention.  La  Société  examine  avec  intérêt,  près  du  Pas,  les 
couches  inférieures  de  la  m o hisse  rouge. 

A  l'arrivée  à  Cham})éry  une  éclaircie  ])ermet  enfin  d'apprécier  la 
grande  arête  de  la  Dent  du  Midi,  dont  M.  Lugeon  exjdique  la 
tectonique. 

M.  H.  Douvillé  a  été  frappé  par  l'identité  de  la  molasse  rouge 
du  Bouveret  avec  celle  observée  par  la  Société  près  de  Monthey 
et  dans  le  Val  d'il  liez  et  admet  parfaitement  Thypo thèse  de 
M.  Lugeon,  que  ces  deux  molasses  rouges  se  raccordent  par  dessous 
les  plis  des  Préalpcs. 

A  la  suite  de  cet  exposé  M.  Haug  fait  ressortir  les  analogies 
de  faciès  tout  à  fait  frappantes  que  présentent  non  seulement  le 
Rhétien  mais  encore  le  Lias  tout  entier  et  le  Dogger  avec  les 
couches  synchroniques  des  environs  de  Digne  et  avec  celles  des 
lambeaux  de  recouvrement  de  l'Ubaye.  L'identité,  dans  les  trois 
régions,  des  calcaires  massifs  avec  silex  du  Lias  moyen  est  parti- 
culièrement remarquable. 

En  ce  qui  concerne  la  molasse  rouge,  la  ressemblance  de  celle 
du  Bouveret  et  du  val  d'Illiez  avec  celle  des  Basses- Alpes  est  non 
moins  grande.  M.  Haug  concède  l'identité  parfaite  des  deux 
molasses  sur  lesquelles  s'appuient  respectivement  le  boi-d  extei*ne 
et  le  bord  interne  des  Préalpes,  mais  il  n  ailmet  pas  que  de  leur 
identité  résulte  nécessairement  leur  continuité  souterraine  par 
dessous  les  Préalpes.  La  c(mtinuité  peut  avoir  existé /;«r  6/ei\sw6* 
celte  zone,  l'érosion  ayant  détruit  la  partie  intermédiaire.  D'ailleurs, 
la  distance  actuelle  des  deux  allleurements  est  de  près  de  iT)  km., 
de  sorte  que,  dans  l'hypothèse  de  l'éventail  composé  des  Préalpes, 
Tétranglement  de  la  zone  prétendue  exotique  n'a  rien  d'exc^essif. 

M.  Douxami  rappelle  qu'il  s'est  déjà  élevé  dans  l'un  de  ses 
travaux  conti'e  l'emploi  du  terme   de   molasse  rouge.   Il  n'y    a 

8  Mai  IIK».  —  T.  I•^^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  \b 


694  EXCURSION   DU    5    SEPTEMBRE 

aucune  comparaison  possible  ni  comme  âge,  ni  comme  faciès, 
entre  la  molasse  rouge*  du  Bouveret  et  les  couches  bariolées  que 
la  Société  a  étudiées  aux  environs  de  Lausanne,  pas  plus  qu*avec 
celles  du  pied  du  Jura  ou  de  la  région  de  Bellegarde  et  de  Gham- 
béry.  Il  y  a  par  contre  identité  entre  les  couches  rouges  de  Vevey 
sur  la  rive  droite  du  Léman  et  entre  celles  du  Bouveret  et  du  val 
dllliez.  Ces  couches  sont  d'ailleui^s,  à  Saint-Gingolph  comme  dans 
le  val  dlUiez,  de  la  façon  la  plus  nette  la  partie  supérieure  du 
Flysch  :  il  est  impossible  de  mettre  une  limite  exacte  entre  les 
deux  formations. 

Il  signale,  sans  que  le  fait  puisse  être  invoqué  en  faveur  de  Tune 
ou  l'autre  des  deux  hypothèses  dont  vient  de  parler  M.  Haug, 
Texistence  dans  le  Flysch  du  val  dlUiez,  sous  la  Valerette  et  sous 
les  Portes-du-Soleil,  près  des  chalets  du  Crosey,  de  bancs  de  pou- 
dingue polygénique,  rappelant  tout  à  fait  ceux  des  Voirons  en 
avant  des  Préalpes. 

M.  Steixunann  considère  la  molasse  rouge  du  Bouveret  et  de  la 
vallée  d'Illiez  comme  la  partie  la  plus  élevée  du  Flysch  et  en 
formant  seulement  un  faciès  de  couleur  différente,  comme  il  y  a 
des  couches  de  couleur  semblable. à  la  base  du  Flysch.  Peut-être 
est-elle  Téqui  valent  du  Ualligsandstein  des  bords  du  lac  de  Thoune. 
Il  serait  évidemment  à  désirer  qu*on  la  distinguât  des  sédiments  de 
couleur  rouge  qui  se  trouvent  dans  la  vraie  molasse,  peut-éti*e  à  des 
niveaux  différents,  mais  qui  ne  sont  pas  liés  avec  le  Flysch  normal 
comme  la  Molasse  rouge  du  Chablais. 

On  a  attribué  à  cette  formation  un  rôle  important  pour  prouver 
que  les  Préalpes  médianes  fonnent  une  nappe  sans  racine  en  pro- 
fondeur. Mais  il  est  bien  possible  que  la  molasse  ait  existé  partout, 
ou  du  moins  sur  une  grande  partie  de  la  région  chablaisienne,  et 
qu'elle  ait  été  enlevée  pour  la  plus  grande  partie.  A  cet  égard,  l'ana- 
logie avec  les  couches  dites  Wangschichien,  qui  appartiennent  à 
la  Craie  supérieure,  probablement  au  Sénonien,  et  qui  ont  été  dénu- 
dées pour  la  plus  grande  partie  avant  le  dépôt  des  couches  à  Num- 
mulites  de  TEocène  moyen,  est  évidente. 

M.  Steinmann  attire  Tattention  de  la  Société  sur  le  fait,  mis  en 
évidence  par  les  coupes  de  M .  Lugeon,  que  les  plis  que  Ton  a  vus 
hier  entre  le  Bouveret  et  Vionnaz,  le  long  de  la  vallée  du  Rhône, 
sont  formés  par  des  plis-failles,  tandis  que  dans  le  profil  parallèle 
de  la  vallée,  mais  un  peu  plus  à  Tintérieur,  on  voit  les  mêmes  plis 
pivsque  normaux  et  seulement  un  peu  déjetés  à  Touest.  Il  paraît 
bien  que  cette  différence  n'est  que  le  résultat  de  Finflexion  générale 


EXCURSION    DU    5    SEl'TEMBUK  696 

des  chaînes  vers  la  vallée  du  Rhône,  parce  que  le  changement  de  la 
tectonique  s'accomplit  dans  le  même  niveau  des  plis.  En  tout  cas 
cette  disposition  régulière  des  plis  et  des  plis-failles  ne  ressemble 
point  du  tout  à  la  structure  irrégulière  et  anormale  des  nappes 
charriées,  si  bien  connues,  de  la  Basse-Provence  et  des  Klippes  de 
la  Suisse  du  Nord  entre  le  lac  de  Thoune  et  la  vallée  du  Rhin  ;  elle 
se  rattache  plut(Hau  plissement  normal,  qui  cartictérise  les  chaînes 
enracinées  du  Jura  suisse. 

M.  Liugeon  répond  k  M.  Steinmann  à  propos  de  Tobservation 
qu'il  vient  de  faire.  Si  les  coupes  montrent  en  eftet  que  les  plis 
sont  plus  étirés  en  profondeur,  c'est  là,  pour  lui,  le  simple  résultat 
de  Tétirement  plus  grand  qui  doit  se  produire  dans  les  nappes 
près  de  leur  plan  de  charriage;  dans  les  parties  hautes,  les  masses 
sont  plus  tranquilles.  Les  règles  trouvées  en  Provence  par 
M.  Marcel  Bertrand,  règles  que  vient  aussi  d'évoquer  M.  Stein- 
mann contre  l'hypothèse  du  charriage  des  Préalpes,  ne  sont  pas 
nécessairement  applicables  dans  des  masses  aussi  puissantes  et 
uniformes  que  celles  du  Chablais.  Les  différents  terrains  des 
Préalpes  forment  des  unités  extrêmement  épaisses;  la  disparition 
d'une  couche  peut  être  beaucoup  moins  visible  qu'en  Provence. 
Sous  ce  rapport,  les  zones  indépendantes  qui  constituent  les 
Préalpes  présentent  de  très  grandes  variations.  Dans  la  zone  interne, 
qui  forme  le  contact  des  Préalpes  et  des  Hautes- Alpes,  les  lacunes 
tectoniques  sont  peut-être  plus  exagérées  encore  que  dans  les  mon- 
tagnes charriées  du  Sud  de  la  France.  Dans  cette  zone  interne,  il 
n'y  a  pour  ainsi  dire  aucuA  contact  normal.  Dans  les  Préalpes 
médianes  les  écrasements  sont  particulièrement  plus  sensibles 
dans  les  parties  basses  des  plis  que  dans  les  parties  supérieures 
de  ceux-ci,  c'est-à-dire  près  de  la  charnière.  Enfin,  la  région  la 
plus  supérieure,  celle  de  la  Brèche,  présente  des  élirements  et  des 
dispositions  très  peu  marquées.  Ainsi  la  stratigraphie  spéciale  que 
l'on  constate  dans  les  nappes  de  la  Provence  est,  dans  le  Chablais, 
exagérée  en  ce  qui  concerne  les  parties  profon<les  :  dans  les  masses 
supérieures,  ces  dispositions  particulières  se  révèlent  en  partie, 
mais  semblent  toutefois  absentes  dans  les  régions  les  plus  super- 
ficielles. 


da   H«iin«di    ^   SeptomlNV    I901 

PKKSIOENCe  DE  M.  M.  LL'GEli5,  mÉSSSXST 

IjSk  héaiïitfi  a  lieu  dan^  la  nalle  à  manger  de  THôlel  de  TEarope.  à 

Thonori . 

Iji  Secrétaire  donne  leetore  du  procès- verbal  de  la  séance  précïé- 
dente.  Im  n'-daction  de  ce  procès-verba!  est  adoptée. 

M,  Maurice  LfOgeon  rend  compte  des  excursions  des  6  et  7 
sepU?nilirc. 

Excursion  du  6  Septembre. 

Kn  partant  de  Cliampi*ry,  la  Société  suit  le  chemin  du  col  de 
Coiix.  Klle  atuûnt  bientôt  les  grès  du  Flysch,  au  milieu  desquels 
on  voit  fKiindre  S4ius  Aycme  un  affleurement  de  Crétacique  supé- 
rieur. Cest  h;  bas  d*une  lame  très  continue  de  ce  terrain,  incluse 
entièrement  dans  le  Flysch  et  se  pinçant  complètement  en  profon- 
deur; en  effet,  à  environ  i5o  mètres  plus  bas,  dans  le  thalweg  de  la 
Vièze,  on  constate  la  présence  du  Néocomien  du  pli  autochtone  de 
Chuuipéry. 

A  Antevenaz,  on  entre  dans  les  accidents  jurassiques  des  klippes. 
Ce  sont  tout  d'abord  des  fragments  de  calcaires  du  Malm  reposant 
sur  le  Flysch  ;  malgré  la  pluie,  la  Société  peut  apercevoir  les 
(■oiitounicnients  d(*  la  klippe  de  Savonnaz.  M.  Lugeon  explique 
(comment  il  avait  été  amené  à  considérer  certaines  couches  de 
8cliist<*s  gréseux  comme  Lias  supérieur  (carte  au  i/5o.ooo)  alors 
qu'elles  appaKienncnt  en  réalité  au  Flysch,  selon  sa  première  opi- 
nion (carte  au  1/80.000).  Dans  ses  premières  i*echerches,  il  cherchait 
à  voir  des  plis  dans  ces  masses  si  étranges. 

Aujourd'hui,  il  est  reconnu,  comme  il  a  été  dit  par  M.  Lugeon 
à  la  séance  d'ouverture,  ([uc  ce  sont  des  lames  plus  ou  moins  indé- 
pendantes de  terrains  mésozoïques  enfoncés  dans  le  Flysch  et 
contournées  sur  elles-mêmes.  Il  est  inutile  de  rechercher  des  traces 
de  plis  étirés,  d'anticlinaux  et  de  synclinaux  écrasés.  11  n'y  a  pour 
ainsi  dire  plus  de  lignes  directrices,  car  à  chaque  instant  ces  bandes 
niésoz()ï(pies  s'écrasent  totalement  et  disparaissent  de  la  surface 
du  sol. 

La  montagne  de  (iulet  est   formée  par  des  lames  à  peu  près 


EXCURSION    DU    0   SEPTEMBRE  697 

planes  empilées  dans  du  Flysch  et  plongeant  vers  Touest  et  le  sud- 
ouest.  Les  montagnes  de  Savonnaz  et  d(^  Ripaille  sont  formées  au 
contraire  par  des  lames  contournées  sur  elles-mêmes.  La  notion 
du  sens  de  déjettement  du  pli  n  est  plus  applicable.  Cette  tecto- 
nique extraoi*dinaire  est  celle  de  toute  la  zone  interne  des  Préalpes. 
Les  écailles  qui  la  constituent  s'amincissent  toutes  en  profondeur. 

A  la  Barmettaz,  la  Société  rencontre  une  de  ces  lames.  C'est  un 
affleurement  de  Malm  pénétrant  dans  le  Flysch. 

Malgré  la  persistance  du  mauvais  temps,  la  plupart  des  excur- 
sionnistes se  dirigent  vers  le  sommet  de  C^ulet.  Sur  le  Flysch  qui 
recouvre  la  bande  de  terrain  secondaire  du  soubassement  de  Culet 
on  constate  Texistence  de  la  lame  indépendante  de  Crétacique  supé- 
rieur du  sommet.  Chemin  faisant,  un  fait  nouveau  montre  quelle 
est  Tétrangeté  de  ces  dislocations.  Au  milieu  du  Flysch,  MM.  de 
Lapparent,  Steinmann,  Lugeon  et  quelques  autres  membres  décou- 
vrent une  lentille,  de  deux  mètres  d'épaisseur,  de  Crétacique  supé- 
rieur. C'est  un  fragment  étiré  de  la  lame  indépendante  de  Créta- 
cique. Ces  multiples  lames  plongées  dans  le  Flysch  et  qui,  en  s'em- 
pilant  les  unes  sur  les  autres,  ont  formé  les  klippes  du  Val  dllliez, 
s'étirent  toutes  en  profondeur.  La  démonstration  absolue  en  est 
faite  sur  place.  Du  sommet  de  Culet,  sous  le  cirque  glaciaire  de 
Marcheulin,  M.  Lugeon  montre  la  paroi  isolée  de  Malm  de  Au- Vent. 
Elle  est  séparée  de  son  prolongement  dans  la  paroi  orientale  de 
Culet  par  un  étranglement  total.  Or,  en  allant  vers  Champalin,  on 
constate  non  seulement  la  disparition  de  cette  paroi  jurassique  de 
Au-Vent,  mais,  en  outre,  on  en  trouve  des  fragments  complètement 
isolés  dans  le  Flysch,  ainsi  que  des  débris  de  cargneule  du  Trias. 
Considérées  en  grand,  ces  lames  étirées  et  étranglées  de  Culet 
constituent  donc  une  sorte  de  brèche  de  dislocation,  aux  éléments 
géants,  dont  la  pâte  est  formée  par  le  Flysch. 

De  Champalin,  la  Société  longe  les  grands  escarpements  du 
massif  de  la  Brèche,  au  pied  du  gradin  triasique.  A  la  Porte-du- 
Soleil  l'aspect  caractéristique  du  massif  se  montre  amplement  avec 
la  faille  si  nette  de  la  Tête-du-Géant  *.  La  Société  se  trouve  ici  à 
côté  de  l'écaillé  indépendante  du  Lias  à  Gryphées  de  la  Pointe-de- 
THaut.  appartenant  encore  à  la  zone  interne  des  Préalpes.  Quelques- 
UHS  des  membres  trouvent  des  traces  de  Gryphées  récollées  déjà 
par  M.  Lugeon. 

Les  excursionnistes  se  dirigent  vers  la  Tovassière.  C'est  là  que 
se  trouvent  les  débris  très  étirés  des  Préalpes  médianes,  dont  la 

I.  LuGBOfr.  La  région  de  la  Brèche  du  Cbablais,  iig.  23. 


698  EXCURSION    DU    7    SEPTEMBRE 

présence  en  cet  endroit  acquiert  une  importance  considérable,  car 
elle  démontre  Tabsence  de  racine  du  massif  de  la  Brèche.  M.  Lugeon 
insiste  particulièrement  sur  ces  débris  extrêmement  laminés.  Us 
représentent,  en  effet,  la  réapparition,  sur  le  versant  sud  du  massif 
de  la  Brèche,  des  Préalpes  médianes,  que  Ton  voit  au  nord  s'enfoncer 
sous  ce  massif.  Il  est  curieux  de  constater  que  les  Préalpes  médianes, 
dont  les  terrains  ont  une  épaisseur  de  plusieurs  centaines  de  mètres, 
lorsqu'ils  sont  développés  normalement  dans  les  plis  réguliers  du 
Chablais,  sont  ici  réduites  à  deux  ou  trois  mètres  de  puissance. 
Ailleurs,  dans  l'ouest,  les  Préalpes  médianes  sont  même  entière- 
ment laminées  ;  il  en  existe  encore  des  fragments  à  l'état  de  len- 
tilles de  Crétacique  supérieur  au  col  de  la  Golèze  et  au-dessus  de 
Samoëns. 

On  rejoint  ensuite  la  croupe  de  Flysch  de  Champey. 

Un  peu  plus  loin,  au  point  1904  (La  Chaux),  on  traverse  un  grand 
lambeau  de  recouvrement,  appartenant  au  système  de  la  Brèche, 
Ce  lambeau  est  en  continuité  avec  le  Houiller  delà  Foilleusaz  dont 
l'affleurement  est  beaucoup  plus  considérable  qu'il  n'est  indiqué 
sur  la  carte  au  i/5o.ooo.  Les  grès  grossiers  supposés  pei^miens  se 
rattachent  très  i)robablement  au  Trias.  Enfin,  en  descendant  sur 
Morgins,  la  Société  traverse  le  Flysch,  substratum  de  ces  lambeaux 
de  recouvrement. 

Excursion  du  7  Septembre. 

La  Société  se  dirige  vers  le  Pas-de-Morgins.  Elle  longe  l'étang  de 
Morgins,  placé  dans  une  vallée  dont  la  formation  est  due  à  la 
capture  du  torrent  de  Morgins  par  la  Vièze  de  Champéry.  Elle 
remarque  successivement  l'écaillé  indépendante  du  Lias  à  Gry- 
phées,  puis  l'écaillé  avec  couches  renversées  des  Préalpes  médianes, 
sur  laquelle  repose  directement  l'escarpement  du  massif  de  la 
Brèche.  C'est  donc  une  coupe  semblable  à  celle  que  l'on  a  vue  la 
veille  à  la  Poînte-de-l'Haut.  Dans  ce  parcours  de  cinq  cents  mètres 
on  renconti'e  trois  systèmes  tectoniques  absolument  indépendants 
se  superi)osant  :  Zone  interne,  Préalpes  médianes  et  région  de  la 
Brt»che. 

Du  Pas-de-Morgins  on  monte  vers  Tréveneusaz  en  suivant  le 
pied  du  massif  de  la  Brèche.  De  place  en  [)Iace  la  Société  constate 
les  traces  des  Préalpes  médianes  sous  la  forme  d'affleurements  de 
Crétacique  su])éricur. 

Au  col  de  Derrière-des-Portes,  qui  domine  la  vallée  de  Draversaz, 
une  coupe  très  intéressante  est  relevée.  Elle  montre  la  pénétration 


EXCURSION    DU    'j    SEPTEMBRE  699 

vers  Touest  des  Préalpes  médianes  sous  la  région  de  la  Brèche  par 
Tintermédiaire  d'une  écaille  indépendante.  De  Touest  à  Test  on 
remarque  de  haut  en  bas  la  succession  de  couches  suivantes  : 

Calcaire  liasique  du  massif  de  la  Brèche  ; 

Flysch  ; 

«  Opalinien  »  à  Posidonomyes  ; 

Flysch  ; 

Grétacique  supérieur  ; 

Malm. 

Les  trois  derniers  terrains  s'élèvent  sur  TarOtc  de  Tréveneusaz 
(Bellevue  ao45  m.),  dont  le  sommet  est  formé  par  le  Malm. 

Au  sommet  de  Tréveneusaz,  on  domine  un  cirque,  d'origine 
glaciaire,  avec  un  fond  plat  et  de  petites  moraines. 

En  descendant  sur  Draversaz,  la  Société  atteint  de  nouveau  la 
base  du  massif  de  la  Brèche  avec  des  gypses  très  développés.  Un 
intérêt  particulier  s'attachait  au  parcours  du  vallon  de  Draversaz. 
Dans  son  mémoire  sur  le  Chablais,  M.  M.  Lugeon  avait  décrit  des 
plis  dirigés  vers  la  vallée  du  RhAne,  c'est-à-dire  que,  influencé 
encore  par  la  théorie  transitoire  du  pli  do  la  Hi*èche  à  déversement 
périphérique,  il  avait  interprété  ainsi  une  coupe  naturelle,  sans 
charnière,  que  présente  le  soubassement  de  la  montagne  d'Onnaz 
(voir,  Lugeon  :  Région  de  la  Brèche  du  Chablais,  p.  i58).  En 
réalité  il  s'agit  d'une  écaille  allongée  que  la  coupe  naturelle  montre 
suivant  une  coupe  parallèle  à  la  direction  de  poussée  qui  s'est 
faite  vers  le  nord  et  non  vers  l'est.  A  Draversaz,  on  remarque  dans 
Tescarpement  l'écaillé  en  question.  Vers  les  chalets  de  Draversaz, 
M.  Lugeon  signale  l'existence  d'une  couche  spéciale  accompagnant 
le  Grétacique.  C'est  un  calcaire  rouge  spathique  dans  lequel  on 
récolte  de  nombreuses  petites  dents  de  Poissons.  Pour  M.  Lugeon, 
on  est  en  présence  d'une  couche  particulière  du  Grétacique  supé- 
rieur, dont  il  existe  un  deuxième  aftleurement  dans  les  Préali)es 
bernoises  à  la  Luglenalp,  au  sud  du  Niederhorn  (massif  des 
Spielgaerten). 

M.  Steinmann  est  plutôt  porté  à  en  faire  un  niveau  inférieur, 
l)eut-être  du  Néocomien. 

De  Draversaz  aux  Places,  les  excursionnistes  continuent  à  longer 
le  pied  du  grand  escarpeijient  du  massif  de  la  Brèche  et  descendent 
ensuite  sur  Vionnaz,  le  long  du  grand  synclinal  de  Flysch  qui 
précède  vers  le  nord  le  pli-faille  de  Tréveneusaz.  Ge  massif  isolé, 
ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  dans  cette  descente,  ne  peut 
non  plu»  former  un  pli  dirigé  vers  la  vallée  du  Rhône.  Le  front  du 


700  EXCURSION    DU    7    SEPTEMBRE 

pli-faille  est  bien  parallèle  aux  autres  plis,  c'est-à-dire  est-ouest. 
Le  massif  de  Tréveiieusaz  est  donc  ainsi  une  vaste  voûte  se  termi- 
nant en  avant  par  un  pli-faille  et  se  difl'érenciant  des  anticlinaux 
pli-fa illés  des  Préalpes  uniquement  par  un  plus  grand  rayon  de 
courbure.  Et  c'est  dans  l'axe  de  cette  voûte,  dont  le  tablier  est 
formé  par  des  terrains  des  Préalpes  médianes,  que  se  voient  la 
molasse  rouge  et  les  deux  plis  à  faciès  helvétiques  (plis  autoch- 
tones de  CoUombey  et  de  Muraz  étudiés  les  4  et  5  septembre). 

En  résumé,  la  Société  a  pu  constater,  dans  ces  deux  journées, 
la  régularité  de  la  pénétration  des  Préalpes  médianes  sous  le 
massif  de  la  Brèche,  et  en  outre,  comme  faits  nouveaux,  elle  a  pu 
se  convaincre  que  la  klippe  de  Culet  devait  être  interprétée  comme 
une  série  de  lames  se  ])erdant  dans  le  Flysch,  et  que  l'on  ne  pouvait 
plus  voir  dans  Tréveneusaz  des  plis  dirigés  vers  la  vallée  du  Rhône. 

De  Vionnaz,  la  Société  se  rend  à  Vouvry  et  ensuite  à  Thonon 
par  le  chemin  de  fer. 

M.  W.  Kilian  exprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir,  par  suite  de 
circonstances  indépendantes  de  sa  volonté,  suivi*e  entièrement  les 
excursions  de  la  Réunion  extraordinaire.  11  ajoute  qu'il  les  a  en 
grande  partie  faites  en  1893,  sous  la  direction  de  MM.  Lugeon 
et  Renevier,  avec  les  membres  de  la  Société  géologique  suisse. 
Aujourd'hui  il  tient  particulièrement  à  rendre  hommage  à  la  grande 
activité  et  aux  travaux  si  remarquables  de  M.  Lugeon. 

Eu  1893,  l'hypothèse  préconisée  par  M.  Lugeon  pour  expliquer 
la  sti*ucture  des  Préalpes  était  la  théorie  du  pli  <x  en  champig-non  ». 
Peu  de  temps  après,  notre  confrère  a  exposé  avec  beaucoup  de 
clarté  et  discuté  avec  une  grande  loyauté,  dans  son  admirable  thèse, 
les  diverses  hypothèses  relatives  à  la  question  des  Klippes  et  des 
Préalpes.  Sans  prendre  parti  d'une  façon  absolue,  il  proclama 
cependant  ouvertement  alors  sa  préférence  pour  la  théorie  du 
ii.  charriage  »  projwsée  par  M.  Schardt. 

Depuis  lors,  la  découverte  —  que  nous  devons  également  à  la  saga- 
cité de  M.  Lugeon  —  des  «  racines  »  de  la  zone  interne  des  Préalpes 
dans  la  haute  vallée  du  Rhône,  a  introduit  un  élément  nouveau 
dans  le  problème  en  écartant  déjinitwement  l'hypothèse  d'une 
origine  lointaine  et  même  transalpine,  en  rendant  désormais 
oiseuse  Tintervention  d'un  phénomène  spécial,  distinct  du  méca- 
nisme normal  des  plissements  alpins,  et  en  montrant  nettement  que 
c'est  dans  le  voisinage  même  des  Préalpes  qu'il  convient  de  cher- 
cher leui'  origine. 

M.  Kilian  établit  ensuite  une  comparaison  entre  la  région  des 


EXCURSION    l>r    7    SEPTEMBRE  JOI 

Préalpes  et  celle  du  massif  de  Prorel  dans  le  Briançonnais  si 
magistralement  étudiée  par  M.  Termier,  avec  ses  annexes  explo- 
rées par  M.  Lugeon  et  par  lui-même. 

Là  aussi,  la  première  hypothèse  (émise  par  M.  Termier)  fut 
celle  d'une  série  de  nappes  de  charriage  d'origine  «  exotique  » 
étalées  aidant  le  plissement  principal  de  la  région;  mais  les  faits 
vinrent  bientôt  montrer  qu'il  s'agissait  simplement  de  plis  étires 
touchés  et  superposés,  puis  reployés  par  un  mouvement  postérieur 
d'importance  secondaire  ;  des  fragments  étendus  des  flancs  inverses 
de  ces  plis  existent  et  la  «  racine  »  incontestable  de  plusieurs  des 
«  écailles  »  de  M.  Termier  a  été  découverte  près  de  Montdauphin 
(Kilian  et  Haug)  ainsi  qu'à  l'est  de  la  Durance  (Kilian).  (Voir  Bull. 
Serv.  Carte  géol.  de  France,  n®  ^5,   1900). 

Le  phénomène  des  Préalpes,  comme  celui  du  Briançonnais,  n'est 
dès  lors  qu'un  cas  excessif  du  processus  de  striction  (plissement) 
qui  a  donné  naissance  à  la  chaîne  alpine  ;  des  groupes  entiers  de 
plis  ont  été  refoulés  «ur  les  plis  limitrophes,  mais  sans  qu'il  se 
soit  produite  semble-t-il,  entre  la  a  racine  »  et  la  portion  couchée 
et  étirée  («  charriée  »)  d'autre  rupture  on  discontinuité  que  celles 
qua  créées  V érosion  postérieure  à  toutes  dislocations. 

M.  Kilian  croit  qu'il  importe  beaucoup  de  distinguer  ce  méca- 
nisme, soit  du  glissement  grandiose  qu'avait  imaginé  M.  Schardt 
pour  expliquer  à  la  fois  la  formation  des  Préalpes,  leur  origine 
exotique,  la  provenance  de  cailloux  triinsalpins  dans  les  brèches 
du  Flysch  et  l'origine  de  ceitains  lacs  suisses,  soit  de  la  production 
des  «  grands  charriages  »  sans  flanc  inverse,  s' étant  produits 
avant  le  plissement  principal  de  la  chaîne  sur  des  centaines  de 
kilomètres  d'étendue,  tels  qu'il  ont  été,  à  maintes  reprises,  invo(jués 
pendant  ces  derniers  temps  ou  cités  par  MM.  M.  Bertrand,  pour 
la  Provence  et  le  bassin  du  Gard,  Termier,  pour  le  Briançonnais, 
Rothpletz,  pour  les  Alpes  de  Glaris  et  le  Rhaeticon.  Les  Préalpes, 
pas  plus  que  le  Briançonnais,  ne  peuvent  désormais  être  considérées 
comme  des  exemples  de  cette  nature  spéciale  de  dislocations. 

Il  est  nécessaire  de  dissii)er  réc[uivoque  que  le  terme  de  «  char- 
riage »  peut  faire  naître  ou  entretient  à  cet  égard. 

Tout  en  démontrant  le  peu  de  probal)ilité  de  Texistence  d'un 
éventail  préalpin  autochtone  et  homogène,  il  semble  que  la 
découverte  des  «  racines  »  des  Préalpes  condamne  la  solution  du 
charriage  lointain  préconisée  par  M.  Schardt  et  à  laquelle  s'était 
rattaché  en  dernier  lieu  M.  Lugeon.  L'ensemble  des  Préalpes 
devrait  sa  structure  à  un  mécanisme  comi)arabIe  à  celui  qui,  sous 
une  forme  notablement  moins  compliquée,  a  donné  naissance  au 


^OQ  EXCURSION    DU    'j    SEPTEMBRE 

massif  de  la  Brèche,  dans  lequel  bien  peu  de  personnes  songeraient 
encore,  après  les  belles  recherches  de  M.  Lugeon,  à  voir  autre 
chose  qu'un  vaste  pli  couché. 

M.  Haug  rappelle  que  Thypothèse  du  recouvrement  de  Tensem- 
ble  des  Préalpes  a  été  émise  dès  1884  P*^*"  M.  Marcel  Bertrand. 
Grâce  aux  efforts  juxtaposés  de  M.  Hans  Schardt  et  de  M.  Lugeon 
elle  a  pris  corps  dans  ces  dernières  années,  mais,  malgré  les 
remarquables  travaux  dont  les  Préalpes  ont  été  Tobjet,  le  char- 
riage  de  cette  zone  étrange  a  conservé  son  caractère  hypothétique. 
Personnellement,  tout  en  n'étant  nullement  un  adversaire  des 
grands  recouvrements  et  des  charriages  lointains,  M.  Haug  a  été 
amené  à  discuter  à  plusieurs  reprises  *  les  ai^ments  au  moyen 
desquels  M.  Schardt  et  M.  Lugeon  ont  cherché  à  démontrer  l'ori- 
gine «  exotique  »  des  Préalpes. 

Ces  arguments  sont  de  deux  sortes,  stratigraphiques  et  tecto- 
niques. 

Les  arguments  stratigraphiques  peuvent  être  aisément  réduits  à 
leur  juste  valeur;  d'ailleurs  une  découverte  récente  de  M.  Lugeon, 
sur  le  versant  sud  des  Wildstrubel,  vient  apporter  un  puissant 
appui  aux  objections  de  M.  Haug.  En  effet,  si  dans  ce  massif,  qui 
appartient  incontestablement  aux  Hautes-Chaînes  calcaires,  le 
Néocomien  prend  «  un  faciès  uniforme  schisteux,  qui  s'étend  à 
rUrgonien  »,  le  contraste  entre  le  «  faciès  vindélicien  1»  et  le  «  faciès 
helvétique  »  disparaît  et  toute  la  démonstration  stratigraphique 
de  M.  Schardt  s'effondre. 

M.  Haug  n'attache  pas  plus  de  valeur  aux  arguments  tectoniques, 
car  toutes  les  coupes  des  Préalpes  publiées  jusqu'à  ce  your  peuvent 
sans  diflicuité  s'expliquer  par  l'hypothèse  d'un  éventail  composé 
imbriqué.  Les  coupes  données  par  M.  Schardt  dans  le  Livret-Guide 
—  dont  les  coupes  plus  récentes  du  même  auteur  ne  diffèrent 
d'ailleurs  que  par  des  additions  totit-à-fait  hypothétiques  —  sont, 
en  particulier,  parfaitement  conciliables  avec  cette  conception. 
M.  Haug  n'a  nullement  contesté  la  réalité  des  faits  observés  dans 
les  Préalpes  par  ses  prédécesseurs  —  quoique  M.  Schardt  cherche 
à  insinuer  le  contraire  — ,  il  s'est  même  basé  sur  ces  faits  pour 
édifier  son  hypothèse  de  l'éventail  composé  imbriqué,  dont  la 
possibilité  mécanique  est  démontrée  par  les  expériences  de  M.  Bai- 
lev  Willis. 

Cependant  il  est  juste  de  remarquer  que  plusieurs  des  faits  sur 

I.  V.  en  p)articulier  :  Emile  Haug.  Les  régions  dites  exotiques  du  versant 
nord  des  Ali>es  suisses.  Bult.  Soc,  vaud.  Se,  NaL,  vol.  XXXV,  n*  i3a,  1899. 


EXCURSION    DU    J    SEPTEMBRE  7o3 

lesquels  M.  Haug  s*était  appuyé  pour  conclure  à  un  déversement 
bilatéral  des  plis  des  Préalpes  ont  été  depuis  reconnus  inexacts. 
Ainsi,  pourvue  parler  que  des  régions  visitées  les  jours  précédents 
par  la  Société,  les  plis  à  concavité  tournée  vers  l'intérieur  des 
Préalpes,  que  M.  Lugeon  avait  cru  voir  dans  les  pointements 
jurassiques  des  environs  de  Champéry,  n'existeraient  pas.  Il  est 
donc  prudent  de  réserver  toute  interprétation  de  ces  masses 
étranges  et  en  particulier  celle  de  la  «  lame  »  de  Culet  pour  le 
moment  où  M.  Lugeon  en  aura  publié  une  élude  définitive,  basée 
sur  de  nouveaux  levés  géologiques. 

Tout  récemment,  M.  Lugeon  a  invoqué  un  fait  nouveau  d'une 
grande  importance  comme  allument  décisif  en  faveur  du  recou- 
vrement de  l'ensemble  des  Préalpes.  Il  s'agit  de  la  découverte;  de 
la  €f  racine  »  d'une  des  zones  constituant  les  Préalpes.  Cette  racine 
est  située  en  pleine  région  des  Hautes-Chaînes  calcaires,  nous 
voilà  donc  bien  loin  de  l'origine  transalpine  des  Préalpes  !  M.  Haug 
pense  d'ailleurs  qu'il  serait  prématuré  d'étendre  dès  à  i>résent  à 
l'ensemble  des  Préalpes  une  conclusion  qui  ne  s'impose  encore  que 
pour  l'unique  zone  interne.  Il  regrette  que  la  Société  géologique, 
conviée  à  discuter  l'hypothèse  du  cliarriage  des  Préalpes,  se  trouve 
en  présence  d'un  problème  dont  la  solution  est  maintenant  cherchée 
dans  une  autre  région,  dans  le  massif  des  Wildstrubel,  région  dont 
aucune  coupe  n'a  encore  été  publiée  et  dont  l'étude  est  loin  d'être 
achevée.  Dans  tous  les  cas,  il  semble  bien  que  les  faits  observés  au 
cours  de  la  réunion  ne  peuvent  être  invoqués  comme  absolument 
décisifs  soit  pour  soit  contre  l'une  des  deux  hypothèses  en  présence. 

Si  des  découvertes  nouvelles  venaient  établir  l'existence  d'autres 
racines  dans  les  chaînes  intérieures  des  Alpes,  M.  Haug  n'hésite- 
rait pas  à  se  rallier  aux  conclusions  de  M.  Lugeon,  mais  il  pense 
qu'en  tout  état  de  cause,  c'est  aux  partisans  du  charriage  qu'in- 
combe la  charge  de  fournir  les  preuves  en  faveur  de  leur  hypo- 
thèse et  que,  en  aucun  cas,  ce  n'est  aux  géologues  qui  envisagent  les 
Préalpes  comme  en  place  que  revient  l'obligation  de  démontrer 
la  non-existence  du  recouvrement.  Il  est  certaines  hypothèses  qui 
par  leur  essence  même  sont  irréfutables. 

En  ce  qui  concerne  la  nappe  supéneure  des  Préalpes,  la  Hrèche 
du  Chablais,  M.  Haug  s'est  entièrement  rallié  depuis  longtemps  à 
Tinterprétation  de  M.  Lugeon,  ses  n^grets  n'en  sont  [)as  moins 
grands  de  ne  pouvoir  prendre  part  aux  trois  dernières  journées  de 
la  réunion,  dans  lesquelles  la  Société  étudiera  plus  |)articulière- 
ment  le  massif  de  la  Brèche. 

Il  aurait  surtout  désiré  revoir  la  charnière  frontale  de  ce  massif. 


7o4  EXCURSION    DU    7    SEPTEMBRE 

Les  membres  de  la  Réunion  y  verront  certainement  un  argument 
puissant  en  faveur  du  recouvrement  de  la  Bn^che  et  ils  se  deman- 
deront quelle  conséquence  il  convient  de  tirer  de  l'assertion  sui- 
vante de  M.  Schardt  :  «  La  présence  d'une  charnière  anticlinale 
dans  Tune  ou  Tautre  des  couches  de  la  zone  bordière  m'aurait 
apparu  bien  plutôt  comme  un  argument  contre  le  charriage  loin- 
tain ».  Kn  bonne  logique,  M.  Schardt  devrait  donc  nier  que  la 
Brèche  soit  charriée  et  la  considérer  comme  en  place,  alors  que 
son  substratum  serait  charrié  ! 

M.  Liugeon  répond  à  M.  Haug  en  maintenant  complètement 
son  interprétation  relative  à  la  lame  de  Crétacique  de  Culet.  Si 
certains  faits  peuvent  être  interprétés  autrement,  par  suite  de  ses 
nouvelles  découvertes,  il  maintient  absolument  le  fait  que  la  lame 
se  termine  en  profondeur. 

Quant  à  la  Géologie  expérimentale  sur  laquelle  on  s'est  appuyé, 
il  rappelle  les  expériences,  la  plupart  du  temps  très  malheureuses, 
de  cette  science  de  cabinet. 

M.  Schmidt  pense  qu'il  faut  insister  sur  ce  fait  que  le  problème 
des  Klippes  et  des  Préalpes  dites  exotiques  ne  commence  que  là 
où  la  direction  générale  des  Alpes  change  du  S.-N.  au  S.O.-N.E., 
là  où  la  Molasse  de  la  Suisse  se  rétrécit  entre  le  Jura  et  les  Alpes. 
En  admettant  que  les  grandes  masses  des  Alpes  du  Chablais  et 
des  Préalpes  romandes  suisses  soient  des  lambeaux  de  recouvrement 
venus  de  l'intérieur  de  la  chaîne  alpine,  on  éprouve  le  besoin  de 
chercher  ces  mêmes  sédiments  qui  forment  les  lambeaux,  en  place 
dans  l'inténeur  des  Alpes.  Or  il  est  bien  vrai  que,  dans  la  zone  du 
Briançonnais,  en  France  et  en  Italie,  la  série  des  sédiments,  assez 
complète,  a  le  même  caractère  méditerranéen  qui  est  particulier 
aux  nappes  exotiques. 

En  suivant  la  zone  du  Briançonnuis  vers  le  N.  E.  dans  les  Alpes 
suisses,  on  voit  de  plus  en  plus  se  développer  le  faciès  si  uniforme 
des  schistes  lustrés.  Dans  les  Alpes  du  Valais  il  y  a  encore  la 
Brèche  du  Télégraphe  que  Ton  peut  suivre  depuis  le  col  Ferret 
jusqu'au  delà  de  la  vallée  de  Bagne,  ainsi  que  le  «  Pontiskalk  i>, 
qui  correspond  probablement  à  un  niveau  du  Trias  alpin.  On 
trouve  en  ell'et.  dans  les  régions  exotiques,  ces  deux  formations 
bien  développées,  tandis  qu'elles  manquent  dans  les  Hautes- Alpes 
ralcaiiTs.  Quant  aux  autres  sédiments  des  Préalpes  exotiques,  ils 
ne  présentent  certainement  aucune  analogie  avec  les  sédiments 
situés  au  sud  du  Rhône  et  du  Rhin,  tandis  qu'on  voit,  sur  beaucoup 
de  points,  les  schistes  lustrés  se  développer  graduellement  comme 


EXCURSION   DU    'J   SKPTEMIIUF.  7o5 

faciès  des  couches  jurassiques  des  Hautes-Alpes.  La  structure  et  la 
composition  des  Alpes  centrales  est,  du  reste,  simple  et  assez  bien 
connue  pour  que  Ton  doive  rejeter  absolument  la  supposition  que 
les  formations  des  Préalpes  exotiques  ont  existé  jamais  au-dessus 
des  gneiss  des  Alpes  centrales,  c'est-à-dire  qu'elles  viennent  de  la 
zone  briançonnaise  de  la  Suisse. 

M.  LfUgeon  se  déclare  enchanté  des  remarques  de  M.  Sclimiill. 
Celui-ci  a  observé  que  les  seuls  terrains  conservés  dans  les  monta- 
gnes valaisanes,  au  sud  du  Rhône,  sont  semblables  à  ceux  trune 
partie  du  Chabiais.  Mais  le  Malm  et  le  Crétaciquc  n'ont  pas  été 
conservés  dans  les  Hautes-Alpes;  on  ne  peut  en  conclure' qu'ils  ne 
s'y  trouvaient  pas.  Ainsi  l'Urgonien  des  Hautes-Alpes  passe  au 
sud  à  un  faciès  vaseux,  de  sorte  que  le  Néocomien  à  Céi)halopodes 
trouve  son  origine  dans  un  grand  géosynclinal  qui  devait  n**gner 
sur  remplacement  des  Alpes  valaisanes. 

M.  Steimnami  expose  les  difficultés  auxquelles  se  heurte  la 
théorie  du  charriage.  Pour  lui  les  Préalpes  médianes  —  au  moins 
—sont  eni'acinées  et  forment  des  chaînes  plus  ou  moins  régulières. 
Leurs  bords  internes  et  latéraux  sont  seuls  déjetés  au-dessus  du 
Flysch  des  Hautes-Alpes  calcaires  et  se  relient  seuls  aux  klippes 
de  la  Suisse  duNoixl,  à  structure  compliquée  et  imbriquée. 

Il  demande  à  M.  Lugeon  s'il  y  a  identité  complète  entre  les  faciès 
au-delà  des  Wildstmbel  et  ceux  des  Préalpes  et  si  en  particulier 
les  couches  si  caractéristiques  des  Préalpes,  comme  celles  du  Trias 
moyen  à  Diplopores,  et  les  couches  rouges  y  ont  été  rencontrées. 

M.  LfUgeon  répond  à  M.  Steimnann  que  tous  les  terrains  que 
Ton  l'eti'ouve  dans  la  zone  interne  des  Préalpes  en  regaixl  des 
racines  qui  ont  été  découvertes  sont  les  mômes  sans  exception.  Ainsi 
rOxfordien  à  Phylloceras  tovtisulcaiuni,  le  Rhéticn,  le  Trias  sont 
les  mêmes  :  il  n'y  a  donc  pas  de  doute  à  avoiv  à  ce  sujet.  La  racine 
d'une  des  zones  des  Préalpes  a  été  trouvée  sous  la  forme  d'un  pli 
simple,  élémentaire  et  peu  éloigné.  Puisque  la  masse  de  la  Brèche 
du  Chabiais  est  en  recouvrement  indiscutable,  et  que  la  zone 
interne  des  Préalpes  médianes  n'est  formée  que  par  des  plis  dont 
on  trouve  la  racine,  comment  alors  concevoir  l'ensemble  des 
Préalpes  médianes  autrement  que  comme  une  nappe  charriée  de 
même  ordi*e  que  les  deux  autres. 


Séance   dn    Landi  9   Septembre    1 90f 

PRÉSroENCE  DE  M.  M.  LUGEON,  PRÉSIDENT 

La  séance  a  lieu  dans  la  salle  à  manger  de  THôtel  Maflat,  à 
Momne. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente.  La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

M.  Maurice  Lugeon  rend  compte  des  excursions  des  8  et  9  sep- 
tembre. 

Excursion  du  8  Septembre. 

Au  dé{)art  de  Thonon  la  route  se  déroule  sur  les  terrasses  post- 
glaciaires de  la  Drance.  Celle-ci  s*y  creiise  one  grande  plaine  d'allu- 
vions,  qui  se  prolonge  par  un  delta  dans  le  Léman.  En  approchant 
du  cours  d*eau,  la  route  atteint  les  bords  coupés  du  grand  cône 
fluvio-glaciaire  de  la  Drance.  Près  du  Pont-des-Français,  la  Société 
constate  Talternance  des  bancs  marneux  et  des  cailloutis.  L*érosion 
par  des  ravinements  i*emarquables  a  isolé  de  petites  pyramides 
couvertes  de  buissons  protecteurs. 

Les  matériaux  qui  constituent  Ténorme  masse  fluvio-glaciaire 
sont  presque  exclusivement  d'origine  locale.  On  y  retrouve  toutes 
les  roches  du  Chablais.  Les  nombi*eux  blocs  erratiques  de  protogine, 
que  Ton  exploite  dans  le  thalweg  de  la  Drance,  proviennent  de  la 
surface  du  plateau,  lis  ont  glissé  dans  la  vallée  au  fur  et  à  mesure 
des  progrès  de  l'érosion.  Ces  dépôts  glaciaires  alpins,  superposés  au 
fluvio-glaciaire  local,  appartiennent  probablement  aux  moraines 
internes.  Le  cône  glaciaire  de  la  Drance  serait  donc  Tœuvre  de  la 
deuxième  glaciation.' 

A  quelque  cent  mètres  en  amont  du  Pont-des-Fi*ançais,  la 
Société  constate  la  présence  du  Flysch  soit  au  boi*d  de  la  route, 
soit  sur  la  rive  gauche  de  la  Drance.  Ces  schistes  et  grès  micacés 
appartiennent  à  la  zone  boixlière  des  Préalpes.  Leur  présence  en 
ce  point  nous  montre  la  constance  de  ces  zones  et  celle  de  leurs 
relations  réciproques.  En  effet  ces  l'oches  arénacées  plongent  sous 
le  gypse  triasique  de  la  grande  carrière  d' Armoy  visitée  par  la 
Société.  L'exploitation  se  fait  à  ciel  ouvert  et  en  galerie.  Partout 
le  gyi>se  est  recouvert  par  le  Glaciaire. 


EXCURSION    DU   8   SEPTKMBRK  JO'J 

A  partir  de  ce  gisement  triasique  jusqu  à  Saint- Jean-d'Aulph,  la 
Société  étudiera  en  détail  les  divers  plis  des  Préalpes  médianes 
dont  les  levés  géologiques  sont  dus  à  M.  Kenevicr. 

Le  pli  anticlinal  de  la  montagne  d'Herraone,  profondément 
coupé  par  la  Drance,  ne  montre,  le  long  du  torrent,  que  son  noyau 
triasique.  A  TEpine,  ranticlinal  est  érodé  jusqu'au  gypse.  La 
Société  constate  la  superposition  des  calcaires  et  marnes  verdAlres 
du  Trias  sur  ce  gypse.  De  hautes  parois  de  cailloutis  lluvio-gla- 
ciaires  recouvrent  ce  Trias.  Au  Pont-de-FEglise  les  couches  triasi- 
ques,  redressées  jusqu'à  la  verticale,  annoncent  le  premier  synclinal. 
En  effet,  la  Société  rencontre  bientôt  le  Rhétien  et  ses  fossiles 
caractéristiques  ;  Avicula  contorta  Portl.,  Placunopsis  alpina 
Winkl.,  Bactryllium  striolatum  Heer. 

Plus  loin  les  couches  du  Lias  inférieur  et  moyen  déterminent  un 
rétrécissement  de  la  gorge,  qui  s'ouvre  à  nouveau  au  passage  des 
schistes  argileux  du  Lias  supérieur.  Ce  terrain  forme  le  noyau 
synclinal  au-delà  duquel  la  série  déjà  observée  se  répète  en  sens 
inverse,  jusqu'au  noyau  anticlinal  triasique  du  deuxième  pli,  au 
Pont-de-Bioge. 

Le  synclinal  de  la  Vernaz  attire  l'attention  de  la  Société  par 
deux  faits  intéressants.  Entry  le  Doggcr  et  le  Jurassique  supérieur 
apparaissent  les  couches  de  calcaires  rouges  de  l'Oxfordien.  C'est 
un  terrain  que  la  Société  n'avait  pas  encore  rencontré.  A  la  ^'ernaz 
les  couches  sont  exploitées  et  utilisées  comme  marbre. 

M.  Lugeon  attire  ensuite  l'attention  sur  l'inflexion  transversale 
très  manifeste  de  ce  synclinal,  dont  le  noyau  de  Jurassique  supé- 
rieur forme  une  barre  en  forme  de  V  largement  ouvert.  On  peut, 
dans  la  coupui'e  de  la  barre  jurassique,  observer  les  couches 
axiales  du  synclinal  plongeant  vers  le  thalweg.  Cette  descente  des 
bancs  est  accompagnée  de  plissotements  transversaux  au  plisse- 
ment principal  ^ 

L*anticlinal  de  la  Forclaz,  qui  suit  le  synclinal  de  la  Vernaz, 
présente  au  centre  une  grande  masse  de  calcaire  du  Lias  moyen, 
qui  forme  un  bourrelet  sur  les  pentes  de  la  montagne.  Le  Dogger 
particulièrement  épais  est  étudié  le  long  de  la  route.  11  est  ici 
représenté  par  le  faciès  à  Zoophycos. 

De  la  route,  la  Société  examine  la  remarquable  succession  de 
barres  calcaires  de  Jurassique  supérieur  (jui  se  présentent  en 
amont.  Elles  descendent  l'une  après  l'autre  vers  la  Drance  et 

I.  LuoBON.  Recherches  sur  l'oriji^iiie  des  vallées  des  Alpes  nceidentales. 
Annales  de  Géographie,  Juill.  et  Nov.  kjoi. 


Jo8  KXCUHSION    DU    8   SEPTEMBRE 

remontent  le  versant  opposé.  Les  deux  premières  barres  forment 
le  synclinal  du  Jotty,  avec  son  noyau  de  Crétacique  supérieur. 
Nulle  part,  dans  le  Chablais,  les  plis  ne  montrent  une  si  remar- 
quable inflexion  syriclinale  transverse,  accompagnée  de  l'angle 
rentrant  si  caractéristique  des  plis.  Ici  aussi  apparaît  la  disposition 
réciproque  des  anticlinaux  largement  ouverts  et  des  synclinaux 
étroits,  pinces.  . 

Ces  barres  calcaires  du  Malm  sjont  travereées  par  le  tondent 
dans  des  fissures  étroites.  Au  Jotty,  d'énormes  blocs  forment  un 
l>ont  naturel.  La  Société  profite  des  galeries  récemment  aménagées 
pour  visiter  la  goi^e. 

M .  Jean  Brunhes  montre  que  les  deux  parois  de  la  gorge  de 
la  Drause  sont  constituées  par  un  assemblage  étonnamment  continu 
de  surfaces  intactes,  quoiqu' incomplètes,  d'anciennes  marmites  de 
géants.  Il  fait  remarquer  que  c'est  un  des  cas  ti*ès  nets  où  la  surface 
des  deux  parois,  étant  conservée  telle  qu'elle  devait  être  au  moment 
même  de  l'approfondissement  premier  de  la  gorge,  porte  un  témoi- 
gnage irréfutable  en  faveur  du  mode  d'opérer  qui  a  été  suivi  pour 
cet  approfondissement.  De  part  et  d'autre  on  reconnaît,  môme  par 
endroits  avec  une  évidence  surprenante,  les  formes  évasées  d'une 
môme  marmite,  qui  a  laissé  ainsi  sur  les  parois  opposées  des  formes 
qui  se  complètent.  On  peut  suivre  pas  à  pas  et  reconstituer  l'histoire 
et  le  jeu  des  tourbillons  ;  on  voit  comment  plusieurs  tourbillons 
de  petit  rayon  ont  été  tout  à  coup  remplacés  par  un  tourbillon  plus 
puissant,  qui  a  unifié  les  petites  marmites  déjà  formées  :  et  celles- 
ci,  à  peine  discernables  aujourd'hui,  aboutissent  à  l'une  de  ces 
marmites  énormes,  telle  qu'on  en  voit  en  plusieurs  parties  de  la 
gorge  ;  puis  le  grand  tourbillon  lui-môme  s'est  décomposé  en  tour- 
billons moindres  :  et  la  marmite  énorme,  à  la  paroi  très  renflée, 
se  décompose  en  plusieurs  marmites,  qui  font  succéder  des  cavités 
multiples  à  la  grande  cavité.  C'est  là  un  tronçon  de  gorge  qu'il 
faut  rapprocher  des  goi'ges  suisses  de  TAar,  de  la  Tamina,  du 
Trient,  etc..  La  partie  d'amont  de  la  gorge  de  la  Dranse  est  sensi- 
blement plus  ouverte  et  plus  large  que  la  partie  d'aval  ;  le  siUon 
creusé  par  les  tourbillons  est  moins  étroit  :  de  là,  sur  les  bords, 
quelques  types  caractérisés  de  marmites  de  géants  que  les  tour- 
billons ont  délaissées  avant  de  les  avoir  achevées  ;  ces  marmites 
présentent  généralement  dans  leurs  fonds  une  protubérance  de 
forme  conique  qui  est,  comme  M.  Brunhes  l'a  établi,  le  signe 
distinctif  des  marmites  interrompues. 

M.  Hrunhes  signale  encore  différents  faits  généraux,  très  visibles 


EXCURSION  DU   8  SEPTEMBRE  709 

dans  cette  goi^e  de  la  Dranse,  concernant  soit  les  formes  des 
parois  ou  du  fond  des  diverses  marmites,  soit  les  matéiiaux  qui 
ont  servi  d'instruments  aux  tourbillons  travailleurs. 

L'anticlinal  de  Nicodez  rompu  jusqu'au  Trias  arrête  Tattention 
de  la  Société  avec,  le  long  du  chemin  du  versant  droit,  sa  succes- 
sion régulière  du  Grétacique  au  Lias  moyen. 

L'angle  rentrant  des  plis  s'exagère  dans  la  partie  en  amont  de 
la  Baume.  En  eflet,  le  synclinal  du  mont  Ouzon  donne  lieu  à  une 
bande  très  développée  de  Grétacique  supérieur,  qui  s'allonge  paral- 
lèlement à  la  Drauce  et  n'est  coupée  par  cette  dernière  qu'au  Pont- 
de-Gouvaloup  sous  le  Biot.  L'inllexion  horizontale  du  pli  s  étend 
en  ce  point  sur  environ  deux  kilomètres.  En  même  temps,  le  pli 
présente  une  inflexion  synclinale  transverse  très  évidente.  Au 
mont  Ouzon  le  Flysch  s'élève  à  l'altitude  de  i5oo  mètres,  tandis 
que,  sur  la  Drance,  il  atteint  700  mètres,  au  Pont-de-Gouvaloup. 

En  amont  de  la  Baume  le  Fluvio-glaciaire  est  remplacé  par  les 
moraines  formant  plusieui*s  lignes  de  collines  avec  de  petites 
dépressions  centrales.  La  Drance,  gênée  dans  son  écoulement,  a  dû 
se  frayer  un  passage  vers  la  gauche.  Son  cours  surimposé  forme 
une  goi^e  au  Pont-de-Gouvaloup. 

Dans  les  couches  du  Grétacique  supérieur  de  la  gorge  les  mem- 
bres de  la  Société  récoltent  des  fragments  d'Inocérames  et  des 
Ostrea,  ce  dernier  fossile  inconnu  jusqu'à  ce  jour  dans  ce  terrain. 

Ija  vallée  se  rétrécit  considérablement  au-dessous  d'Ombre  au 
passage  d'un  anticlinal.  Il  est  constaté  que  les  couches  portées 
comme  Néocomien  sur  la  caile  au  1/80.000  appartiennent  en 
réalité  au  Grétacique  supérieur.  La  goi^e  présente  un  exemple  très 
net  de  surimposition  glaciaire.  A  côté  de  l'ancien  thalweg  comblé 
par  la  moraine,  la  Drance  s'est  creusé  une  étroite  gorge.  La 
route  ne  j^eut  franchir  cet  accident  que  par  un  tunnel  *. 

M,  Lugeon  fait  remarquer  à  ce  sujet  combien  le  talent  d'obser- 
vation des  géologues  qui  examinent  successivement  une  même 
région  peut  progresser  graduellement.  En  1893,  lors  du  passage 
de  la  Société  géologique  suisse  dans  ces  parages,  ce  superbe 
exemple  d'épigénie,  l'un  des  plus  beaux  que  l'on  puisse  voir, 
n'avait  pas  été  remarqué. 

Au  Bas  de  Thex,  une  énorme  masse  de  calcaire  du  Malm  attire 
les  regards  par  son  caractère  imposant.  Les  couches  verticales 

1.  Lugeon.  Sur  la  fréquence  dans  les  ^Vlpes  de  gorges  épigénétiques,  etc. 
Bull.  Labor.  de  géoL  Univ.  de  Lausanne,  n»  2,  1901,  et  Bull.  Soc,  vaud.  Se. 
nat,  1901. 

Xà  Mai  1903.  .-  T.  1er.  BuH.  Soc.  Géol.  Fr.  —  46 


JIO  EXCURSION    DU    9   SEPTEMBRE 

semblent  sortir  de  terre  comme  un  immense  dyke.  Cet  anticlinal 
si  aigu,  coupé  au  sud-est  par  une  faille,  est  la  continuation  du  pli 
du  mont  Chauflë.  Il  présente  ce  même  caractère  de  masse  très 
redressée,  qui  caractérise  la  chaîne  des  Gastloçen.  dans  les  Alpes 
friboui'geoises.  C'est  sans  conteste  la  continuation  du  même  phé- 
nomène. 

Enfin  la  Société  pénètre  dans  le  vaste  synclinal  de  Flysch  de 
Saint-Jean-d'Aulph  ;  en  aval  s'élève  la  barre  du  massif  de  la  Brèche. 

M.  Steinmann  a  Theureuse  chance  de  trouver  sur  un  bloc 
errant  de  Brèche  supérieure  une  Huître  du  type  de  VOstrea 
gregaria  du  Jurassique  supérieur.  CTcst  le  pi*emicr  fossile  de  ce 
genre  trouvé  dans  la  Brèche  du  Chablais. 

Excursion  du  9  Septembre. 

I^  course  est  consacrée  à  Tétude  du  fameux  pli  frontal  plon- 
geant du  massif  de  la  Brèche. 

En  partant  de  Saint-Jean,  la  Société  s'élève  rapidement  sur  les 
pentes  du  Flysch,  dont  les  couches  plongent  fortement  du  côté  de 
la  barre  de  Brèche  supérieure,  que  l'on  ne  tarde  pas  à  travei*ser  ;  puis 
viennent  successivement  :  les  schistes  aixloisiers,  une  bande  très 
étroite  de  Brèche  inférieure,  les  quarlzites  du  Trias,  le  Permien, 
et  subitement  les  couches  particulièrement  froissées  de  Crétîicique 
supérieur.  On  a  franchi  ainsi  une  série  de  couches  presque  verti- 
cales, qui  cependant  n'ont  pas  racine  en  profondeur,  ainsi  qu'en 
témoigne  la  coupe  que  l'on  peut  faire  dans  la  vallée  de  Charmy, 
près  Abondance,  où  Ton  voit  ce  Crétacique  passer  sous  l'ensemble 
de  ces  couches  redressées,  et  se  perdre  dans  le  Flysch  qui  précède 
à  l'ouest  le  massif  de  la  Brèche.  C'est  donc  un  pli  complètement 
retourné,  un  anticlinal  dont  la  charnière  est  placée  comme  celle 
d'un  synclinal  étroit,  qui  forme  ici  le  front  du  massif  de  la  Brèche. 

La  Société  s'arrête  longuement  au  col  de  Brion,  où  M.  Lugeon 
explique  la  coupe  visible,  une  des  plus  tourmentées  qu'offre  le 
ChablaiSi 

La  coupe  donnée  par  M.  Lugeon  dans  son  ouvrage  sur  le  Cha- 
blais (fig.  47  c-)>  ^st  méconnue  exacte.  Il  y  aurait  même  lieu  d'y 
ajouter  encore  une  petite  bande  isolée  de  Brèche,  dans  les  schistes 
ardoisiers  du  col. 

Ainsi,  une  coupe  partant  du  sommet  situé  à  l'ouest  du  col  de 
Brion  jusqu'au  delà  du  point  1966  présente  la  succession  suivante  : 


EXCURSION   DU   9  SEPTEMBRE  ^II 

Brèche  supérieare. 

Schistes  ardoisiers. 

Calcaire  dolomitiqae  da  Trias. 

Qaartzite. 

Gargneule. 

Schistes  ardoisiers. 

Bancs  de  Brèche. 

Schistes  ardoisiers. 

Permien  et  quartzites  du  Trias  tritiirés. 

Brèche  inférieure. 

Gargneule. 

Crétacique  supérieur. 

Du  col  de  Brion  on  domine  un  cirque  torrentiel,  dit  des  Danies- 
du-Moulin.  I^s  quai*tzites  ainsi  que  les  bancs  isolés  de  Brèche  y 
pénètrent.  Mais,  de  Tautre  côté  du  cirque,  sur  Tarète  de  la  Pointc- 
de-la-Come,  la  structure  est  beaucoup  plus  simple. 

En  superposant  les  deux  coupes,  on  peut  connaître  la  vraie  nature 
de  cette  étrange  dislocation  (fig.  3). 


s. 


A 


FlysrJi 

Fig.  3.  —  Coupe  du  j)li  frontal  plongeant  du  massif  do  la  Brèche. 

Echelle  :  i/ao.ooo  environ. 

C,  Calcaire  doloniitique  ou  cargneule  ;  Q,  Quartzites  du  Trias. 


On  voit  que  la  tête  plongeante  de  quartzites  a  été  complètement 
isolée  de  sa  racine.  Pour  se  faire  une  idée  de  la  genèse  d'une  t(îlle 
dislocation,  il  est  bon  de  rétablir  Tétat  qui  a  précédé  celui  pendant 
lequel  la  striction  si  considérable  a  redressé  les  couches. 

Il  y  a  un  intérêt  théorique  important  dans  l'étude  de  cette  coupe 
du  col  du  Brion.  On  voit  tout  d'abord  combien  la  poussée,  lors- 
qu'elle atteint  son  paroxysme,  tend  à  redresser  verticalement  les 


jia 


1  SEPTEMBRE 


couches,  puis  on  voit  qu'un  terrain  qui  occupait  primitiTement  un 
plan  continu,  coinine  cela  devait  éire  le  cas  pour  le  Trias,  peut  se 
disposer  suivant  plusieurs  plans  qui  ne  paraissent  pas  avoir  de 
relations  les  uns  avec  les  autres  ;  ainsi  des  séries  perticales  peavent 
être  des  séries  chevauchantes.  En  outre,  on  voit  comment  des 
séries  de  couches  redressées,  que  l'on  considère  souvent  comme  nn 
simple  régime  de  plis  isoclinaux,  peuvent  provenir  parfois  de 
dislocutions  les  plus  étranges.  Autrement  dit  une  série  isoclinale 
peut  no  pas  être  toujours  formée  de  plis  siuqiles  cdte  à  cdhi.  Il 
peut  en  être  ainsi  de  séries  cristallines  très  redressées. 


_    -f^aiii 


Fig.  4.  —  Pli  frontal  iln  masMr  <lc  la  Brèche  a\aiit  la  lin  de  t  arrêt 
ilu  iiiouvi-mvnl  lie  ihevoucliomi'iit  (coupe  tbi-oriqne). 

I^s  e  X  eu  i-si  on  niâtes  longent  ensuite  la  masse  de  ,Brèche  infé- 
rieuœ  aux  couches  verticales,  du  point  1966,  et  retrouvent  le 
d'étatique  supérieur  de  l'anticlinal  qui  isole  ta  région  du  Pic  de 
la  Corne  du  reste  du  massif  de  la  Brèche. 

En  se  dii'igeanl  vers  le  col  de  L»;ns,  la  Société  parcourt  la  coupe 
complète  de  la  Urèehe  inl'érieui-e  et  des  schistes  ardoisiers.  Les 
couches  de  la  Brèche  inférieure  sont  formées  [tar  des  alternances 
de  lianes  de  Brèche  et  de  calcaire  à  Entroques.  Dans  ces  demiera 
on  rencontre  quelques  ti'ont.ons  de  Uélemnites  de  type  Hasique. 
M.  Lugeon  attii'c  l'attention  sur  les  nund>i-eux  débris  de  liois  sili- 
cilié  que  l'on  ti-ouve  dans  le  dernier  niveau  des  schistes  ai-doisiers 
au-dessus  des  chalets  du  1^-ns  d'AuIph,  près  du  col  de  ce  uoiu. 

Les  l'iiIypierK,  que  M.  Lugeon  avait  l'amassés  sous  le  Uuc  du 
'l'avaneuse  dans  la  Brèche  iid'érieure,  ne  sont  pas  retrouvés,  mais 
MM.  Schmidt  et  Steininann  récoltent,  par  contre,  de  ti-ès  beaux  ' 
exemplaires  de  ces  mêmes  fossiles  (Sf>-ti/ia)dans  les  lapiés  de  Brèche 
supéneuiiî  qui  s'étendent  sous  les  ruchers  d'iMiti-e-dcux-Pertuis  ', 


I.  M.  »VDvi)lé  BvuH  ret'ut-ilL 
<jui  lui  paruisbuienl  l'enfermer 


Il  ce  point  lies  plBijuellcs  df  ciilcairf  ï^iliceux 
L'b  Iracet,  d'ur|[anibiue!>  :  l'exaiuen  de  la  roche 


EXCURSION   DU   9   SEPTEMBRE  ^iS 

I^  Société  en  descendant  sar  le  lac  de  Montriond  coupe  la 
Brèche  supérieure,  les  schistes  ardoisiei's,  et  au  bord  du  lac,  grâce 
à  une  carrière  nouvelle,  elle  constate  la  présence  de  la  Brèche 
inférieure  invisible  en  ce  point  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Reymond  demande  si  le  calcaire  à  Entroques  observé  hier 
après  le  déjeuner  appartient  bien  au  Lias,  ce  faciès  étant  dans  toute 
la  région  lyonnaise  et  jurassienne  tout  à  fait  caractéristique  du 
Jurassique  moyen. 

M.  liUgeon  répond  que  des  fossiles  du  Lias  moyen  ont  été 
trouvés  dans  ce  calcaire  à  Entroques  des  Préalpes  :  on  ne  peut  avoir 
aucun  doute  sur  Tâge  de  ces  couches.  Parmi  les  fossiles  récoltés  on 
peut  citer  :  Lj'tocerasjimbriatiun  Sow . ,  Arietites  raricostatus  Ziet. 

M.  Steinmann  a  été  frappé,  dans  Fétude  que  la  Société  vient  de 
faire  des  plis  des  Préalpes,  de  la  singularité  que  présente  le  dernier 
pli  rencontré.  Tandis  que  les  premiers  plis  situés  près  de  la  plaine 
sont  très  réguliers,  le  dernier  pli  avant  la  région  de  la  Brèche  est 
beaucoup  plus  compliqué  :  il  tient  à  le  faire  remarquer  à  la  Société 
sans  en  tirer  pour  le  moment  aucune  conséquence.  Il  y  a  dans  le 
dernier  pli  des  Préalpes  médianes  un  changement  assez  brusque 
du  régime  ordinaire  des  Préalpes,  qui  ne  s'explique  pas  par  le 
voisinage  de  la  masse  de  la  Brèche,  mais  qui  prépare  en  quelque 
sorte  la  région  si  curieuse  de  la  Brèche. 

M.  Schmidt  voudrait,  en  laissant  de  ccHé  la  tectonique  de  la 
région  de  la  Brèche,  s'occuper  de  la  Brèche  elle-même  et  de 
sa  nature  pétrographique.  Après  les  descriptions  données  par 
MM.  A.  Favre,  Schardt  et  Lugeon,  il  a  été  étonné  de  constater 
aujourd'hui  que  la  Brèche  est  en  réalité  constituée  par  une  série  de 
calcaires  plus  ou  moins  coralligènes  »  de  calcaires  d'origine  peu 
profonde,  ayant  englobé  des  matériaux  plus  ou  moins  roulés  et 
arrondis,  provenant  de  côtes  {dus  ou  moins  éloignées.  Lorsque  ces 
éléments  font  défaut,  on  voit  ajiparaitre  la  vraie  natui^e  de  la  roche, 
comme  les  calcaires  noirs  à  Entroques  de  la  Brèche  inférieure,  les 
schistes  de  la  Brèche  moyenne  et  les  calcaires  de  la  Brèche  supé- 
rieure, rappelant  tout  à  fait  le  «  Hochgebirgskalk  »  des  Alpes  suisses. 

Tous  ces  éléments  n'ont  pas  une  origine  lointaine  et  sont  venus 
de  tout  près,  d'un  rivage  peu  éloigné  des  mers  jurassiques. 

taillée  en  plaques  minces  lui  u  permis  de  constater  la  présence  d'un  assez 
grand  nombre  de  Rodiolaires  (voir  li.S,  G.  F.,  |  ^),  I,  p.  /169,  18  nov.  it>oO  l'hôte 
ajoutée  pendant  V impression]. 


yi4  EXCURSION   DU   9   SEPTEMBRE 

M.  liUgeon  rappelle  ce  qu  il  a  écrit  sur  la  Brèche  du  Ghablais. 
Pour  lui,  c'est  nettement  un  faciès  côtier  et  il  a  déjà  déterminé  la 
position  de  la  côte  où  s'alimentait  la  Brèche,  vers  le  nord.  Il 
remarque  que,  en  tout  état  de  choses,  elle  n'a  pu  se  former  aux 
dépens  des  Préalpes  médianes,  car  certains  éléments  de  la  Brèche 
sont  en  effet  inconnus  dans  ces  Préalpes  médianes.  Il  ajoute  encore 
que  dans  sa  description  déjà  longue  il  a  largement  fait  mention 
des  bancs  calcaires  et  calcaréo-schisteux.  C'est  même  l'étude  aussi 
précise  que  possible  de  ces  calcah*es,  ainsi  qu'il  a  pu  la  faii^  dans 
ce  travail  de  très  longue  haleine  qu'a  demandé  le  Ghablais,  qui 
lui  a  permis  de  déterminer  la  position  du  rivage  qui,  en  s'écroulant, 
a  formé  la  Brèche.  C'est  cette  étude  détaillée  qui  lui  a  permis  de 
réfuter  complètement  les  explications  de  la  formation  de  ce  terrain 
qu'avaient  données  Gilliéron  et  M.  Schardt,  qui  y  voyaient  des 
«  Klippes  »  entourées  de  masses  détritiques.  Les  variations  de 
composition  des  calcaires  ne  lui  ont  pas  échappé,  quoiqu'elles 
paraissent  nouvelles  à  M.  Schmidt.  L'expression  de  «  Brèche  du 
Chablais  »  a  peut-être  laissé  croire  qu'il  s'agissait  d'une  immense 
épaisseur  de  terrains  exclusivement  détritiques,  mais  M.  Lugeon, 
en  publiant  quelques  relevés  très  détaillés  et  très  minutieux  de 
successions  de  couches,  a  montré  suffisamment,  lui  semble-t-il,  ce 
que  ce  terme  générique  de  brèche  voulait  dire.  Gette  expression  a 
au  moins  autant  de  valeur  que  celle  de  «  Hochgebirgskalk  »  de 
Ëscher  dont  se  sert  M.  Schmidt. 

Quant  à  l'âge  de  cette  grande  épaisseur  de  terrain,  aucun  doute 
ne  peut  plus  guère  régner.  L'ensemble  formé  par  la  Brèche  infé- 
rieure et  ses  calcaii'es  à  Entroques,  ainsi  que  leur  passage  latéral 
aux  calcaires  schisteux  et  plaquetés,  aux  schistes,  désignés  sous  le 
terme  de  schistes  inférieurs,  appartient  incontestablement  à  tout 
le  Lias,  du  Rhétien  au  Lias  supérieur.  Les  schistes  ardoisiers  sont 
probablement  du  Jurassique  moyen  et  le  niveau  de  la  Brèche  supé- 
rieui'e,  parfois  exclusivement  formée  par  des  calcaires  gris  com- 
pacts, ainsi  que  M.  Lugeon  l'a  amplement  fait  remarquer  dans  son 
mémoire,  appartiendrait  au  Jurassique  supérieur,  à  moins  que 
même  encore  du  Grétacique  inférieur  n'y  soit  représenté. 

M.  Bninhes  fait  remarquer  qu'à  sa  connaissance  aucun  fait 
d'océanographie  n'autorise  l'hypothèse  d'un  transport  lointain  de 
gros  matériaux  par  les  courants  marins  et  demande  si  M .  Steinmann 
connaît  un  point  des  Océans  où  une  roche  analogue  à  la  Brèche  se 
forme  actuellement. 


EXCURSION    DU    9   SEPTEMBRE  ^l5 

M.  Steinmann  montre  que  le  phénomène  des  brèches  et  des 
conglomérats  est  un  phénomène  général  (|ue  Ton  peut  rencontrer 
à  tous  les  niveaux  et  que,  dans  aucun  cas,  on  ne  connaît  le  mode 
de  formation  de  ce  sédiment,  bien  (ju'il  puisse,  comme  dans  le  cas 
des  grès  vosg^ens,  s'étendre  sur  des  surlaces  considérables. 

M.  Révil  fait  remarquer  que  les  calcaires  à  Entroques  de  la 
Brèche  inférieure,  que  Ton  a  vus  en  allant  du  col  do  Brion  aux 
chalets  de  Lens,  se  présentent  avec  des  caractères  analogues  à  ceux 
des  roches  du  Lias  inférieur  qui  se  rencontrent  dans  le  vallon  de 
Roselen,  sur  le  flanc  ouest  du  synclinal  dans  lequel  se  termine,  par 
des  pointements  nmltiples,  le  massif  amygdaloïde  du  Mont  Blanc. 

Il  regrette  vivement  de  n'avoir  pu  assister  à  la  première  partie 
de  rexcui*sion,  mais  ce  qui  Ta  vivement  frappé  dans  les  coupes 
des  régions  visitées  pendant  les  deux  journées  de  course  de  Thonon 
à  Saint- Jean- d* A ulph  et  de  cette  localité  à  Morzine,  ce  sont  les  difl'é- 
rences  tectoniques  que  présentent  la  région  des  Préalpes  médianes 
et  celle  du  massif  de  la  Brèche.  Dans  la  première  région  les  plis 
sont  très  réguliers  et  rappellent  même  ceux  du  Jura,  tandis  que 
dans  la  seconde  les  couches  ofli*ent  des  contournements  multiples 
et  des  superpositions  anormales  surtout  sur  le  bord  frontal.  C'est 
ainsi  qu'en  montant  au  col  de  Brion,  on  a  vu  les  quartzites  du  Trias 
et  les  couches  rouges  du  Permicn  reposer  sur  le  Crétacé  supérieur 
avec  lambeaux  de  Flysch.  Il  lui  semble  qu'il  y  a  là  deux  zones  à 
régime  bien  diflerent  et  qu'il  y  aurait  lieu  de  tenir  compte  de  cette 
différence  —  sur  laquelle  il  lui  semble  qu'on  n*a  pas  assez  insisté 
—  dans  toute  interprétation  destinée  à  expliquer  la  nature  des 
mouvements  qui  ont  pi*oduit  les  plissements  si  difliciles  à  inter- 
préter des  Préalpes  chablaisiennes  et  romandes. 


Séance  de  clôture  du  Mercredi  II  Septembre  1901 

PRÉSIDENCE  DE  M.  M.  LUGEON,  PRÉSIDENT 

La  séance  a  lieu  à  une  heure  et  demie,  dans  la  salle  à  manger  de 
l'Hôtel  des  Balances,  à  Taninge. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la  séance  précé- 
dente. La  rédaction  de  ce  procès-verbal  est  adoptée. 

M.  litigeon  rend  compte  des  excui*sions  des  lo  et  ii  septembre. 

Excursion  du  10  Septembre. 

De  Morzine,  la  Société  s'élève  sur  les  contreforts  morainiques 
et  ne  tarde  pas  à  atteindre  les  deux  pointements  des  Attraix,  .qui 
sont  étudiés  en  détail.  De  là  elle  se  rend  par  les  chalets  de  Cha- 
vannes  à  la  Mouille-Uonde,  Tun  des  plus  importants  gisements  de 
roche  éruptive. 

A  partir  du  Chalet  du  Tournes,  le  brouillard  force  les  membres 
de  la  Réunion  à  modifier  pour  la  première  fois  le  programme.  On 
abandonne  la  direction  du  gisement  de  serpentine  pour  longer  les 
crêtes.  Cette  variante  offre  un  avantage  inattendu.  En  effet,  non 
loin  du  point  i5ia,  la  Société  renconti*e  un  affleurement  curieux 
dé  gros  bancs  de  silex,  inconnu  jusqu'ici.  M.  Lugeon  pense  que 
cette  roche  doit  être  probablement  liée  à  celles  des  klippes  de 
roches  éruptives.  C'est  la  pi^emière  fois  qu'une  telle  masse  siliceuse 
est  signalée  dans  le  Fiysch  du  Chablais.  Elle  abonde  par  places 
dans  certains  points  du  Fiysch  du  Simmenthal. 

Aux  Bonnes,  il  est  fait  une  bonne  moisson  de  roches  vertes.  A 
la  Rosière,  le  mauvais  temps  ne  permet  pas  Tétude  détaillée  de 
Tafflieurement  de  granité. 

Excursion  du  11  Septembre. 

Les  membres  de  la  Réunion  visitent  les  environs  immédiats  de 
Taninge. 

Dans  le  vallon  du  Foron,  ils  constatent  la  présence  du  Fiysch, 
surmonté  par  le  Grétacique  et  butant  par  faille  contre  le  Trias  du 
massif  de  la  Brèclie.  Par  une  heureuse  chance,  on  peut  voir,  sur 


EXCURSION   DU    II    SEPTEMBRE  717 

la  Awe  droite  du  torrent,  à  quelques  mètres  du  Crétacique,  un 
affleurement  de  Houiller.  C'est  sous  lui  que  se  dirige  très  nette- 
ment le  Ci*étacique. 

Un  peu  plus  en  amont,  sur  la  rive  droite,  la  Société  examine  les 
débris  de  Houiller  amenés  au  jour  par  un  puits  de  recherche  récent. 
On  récolte  quelques  fossiles,  en  particulier  un  fragment  de  tronc 
de  Calamités.  Après  avoir  constaté  Texistence  de  petites  failles 
locales  qui  ramènent  le  Trias  dans  le  vallon,  les  géologues  se 
dirigent  vers  la  butte  dite  Sur-le-Rocher,  pour  y  voir  le  quartzile 
du  Trias  et  les  affleurements  de  GréUicique.  Ces  derniers  n'ont 
malheureusement  pu  être  retrouvés  ;  ils  avaient  été  constatés  en 
1893, «et,  depuis  lors,  la  végétation  les  a  probablement  recouverts. 
La  constatation  de  leur  existence  avait  du  reste  une  importance 
relative,  car  la  présence  du  même  terrain  dans  la  gorge  du  Foron 
est  amplement  suffisante  pour  démontrer,  sous  le  massif  de  la 
Brèche,  l'existence  des  Préalpes  médianes  à  Tétat  d'une  lame  de 
faible  épaisseur.  Au  pied  du  monticule  de  Sur-le-Rocher,  une* 
constatation  intéressante  est  faite.  Des  schistes  qui  n'avaient  pu 
être  déterminés  jusqu'ici,  sont  nettement  reconnus  comme  appar- 
tenant au  Lias  supérieur  (voir  Lugeon  :  La  région  de  la  Brèche 
du  Chablais,  schistes  S,  fig.  33).  Ils  représentent  simplement  le 
prolongement  de  la  bande  du  Lias  de  Matringe-Prèle  (Pointe 
d'Orchez). 

M.  Révil  demande  quelles  sont  les  relations  qui  existent  entre 
les  faits  observés  dans  la  matinée  et  les  faits  observés  par  la 
Société  dans  la  zone  bordière  étudiée  précédemment  et  la  zone 
ii;^terne  dans  la  vallée  de  Champéry. 

M.  liUgeon  répond  que  la  zone  bordière  manque  complètement 
à  Taninge  comme  d'ailleurs  à  Bonneville.  La  zone  interne  du  val 
dTlliez  a  également  disparu.  Pour  lui,  le  Flysch  constaté  le  matin 
serait  le  Flysch  inférieur  à  la  Brèche,  comme  le  prouverait  Texistence 
sur  le  Flysch  du  col  de  Chatillon,  en  face  de  Taninge,  de  l'autre 
côté  du  Giffre,  de  klippes  de  Trias,  de  Lias  et  de  M alm  et  m^^nie 
d'après  M.  Douxami,  de  lambeaux  de  Brèche  du  Chablais. 

M.  Douxami  demande  quelle  est  l'origine  du  Glaciaire  constaté 
la  veille  au  départ  de  Montriond  et  quels  sont  les  rapports  de  ces 
dépôts  avec  ceux  que  la  Société  a  déjà  étudiés  les  jours  précédents 
de  Thonon  à  Saint-Jean-d'Aulph.  A  propos  du  Flysch  du  plateau 
des  Gets,  d'après  M.  Lugeon,  une  partie  serait  du  Flysch  supérieur 
au  massif  de  la  Brèche  et  une  partie  proviendrait  du  Flysch  infé- 


^l8  EXCURSION    DU    II    SEPTEMBRE 

rieur  à  ce  massif  ramené  au-dessus  de  la  Brèche  par  le  charriage. 
Il  serait  intéressant,  à  son  avis,  si  la  chose  est  possible,  de  pouvoir 
les  distinguer  :  les  conclusions,  au  point  de  vue  de  l'origine  des 
blocs  de  roches  cristallines  étudiés  par  la  Société  ne  pouri*aieut 
être  les  mômes,  suivant  que  ces  blocs  seraient  intercalés  dans  l'un 
ouTautre  de  ces  deux  Flysch. 

M.  liUgeon  répond  que  les  blocs  de  protogine  de  Morzine 
proviennent  du  glacier  du  Rhône  et  signale  à  la  Société  Texistenee 
d'un  bloc  de  protogine  d'origine  glaciaire  sur  le  plateau  de  Flysch 
au-dessus  de  Montriond.  Ce  bloc  a  été  découvert  par  M.  Tavernicr, 
de  ïaninge.  Il  profite  de  cette  occasion  pour  rendre  un  )uste 
hommage  à  la  mémoire  de  ce  géologue  local,  qui,  le  premier,  avait 
découvert  le  gisement  de  granité  de  la  Rosière,  dont  il  avait 
compris  tout  Tintérét  et  attiré,  autant  qull  était  en  son  pouvoir, 
Tattention  des  géologues  sur  ce  fait. 
• 

M.  Dou ville  a  été  frappé  de  l'analogie  que  présente  la  coupe 
de  ïaninge  avec  celles  qu'il  a  pu  relever  aux  environs  de  Kienthal. 
Il  signale  aussi  la  grande  analogie  qu'elle  présente  avec  les  régions 
de  Spiez  et  du  Stockhorn,  où  la  zone  bordière  et  la  zone  des 
Hautes  Alpes  calcaires  viennent  se  rejoindre  sous  la  région  du 
Flvsch  du  Niesen. 


M.  L.  Garez  prend  la  parole  en  ces  termes  : 

«  Au  moment  de  nous  séparer,  je  suis  certain  d'être  l'interprète 
de  tous  ceux  qui  ont  assisté  à  la  réunion,  en  remerciant  chaleureu- 
sement M.  Lugeon  de  nous  avoir  guidés  d'une  manière  si  intéres- 
sante dans  la  région  qu'il  a  étudiée  avec  tant  de  persévérance  et  de 
succès.  En  demandant  à  notre  confrère  de  vouloir  bien  nous  con- 
duire dans  le  Chablais,  je  craignais  d'obéir  à  un  sentiment  égoïste  : 
désireux  depuis  longtemps  de  visiter  cette  région,  pour  laquelle 
tant  d'explications  dilVérentes  avaient  été  proposées,  je  redoutais 
un  peu  de  ne  pas  être  accompagné  par  un  nombre  suffisant  de  nos 
confrères.  L'événement  m'a  heureusement  détrompé,  et  c'est  avec 
plaisir  que  je  constate  l'empressement  avec  lequel  Français  et 
Etrangers  ont  répondu  à  notre  appel,  sans  se  laisser  rebuter  par 
les  difficultés  matérielles  d'une  excursion  en  pays  montagneux,  ni 
par  l'absence  de  beaux  gîtes  fossilifères. 

«  Dans  l'iruvre  de  M.  Lugeon,  comme  dans  toute  étude  analogue, 


EXCURSION    DU    II    SEPTEMBRE  719 

fl  y  a  nécessairement  deux  parties  :  Tune  qui  est  Texposé  des  faits 
d'observation,  Tautre  qui  cherche  à  expliquer  les  phénomènes 
ayant  amené  l'état  de  choses  actuel. 

«  Pour  la  première  partie,  aucune  contestation  ne  s'est  élevée 
pendant  la  Réunion  ;  nous  avons  tous  rendu  un  hommage  mérité  à 
la  sagacité  avec  laquelle  M.  Lugeon  avait  su  distinguer  les  étages 
et  établir  les  successions  dans  un  pays  particulièrement  diiUcilc. 

«  En  ce  qui  concerne  la  partie  théorique  de  TœuvredeM.  Lugeon, 
nous  avons  pu  constater  que  plusieurs  de  nos  confrères  la  considé- 
raient au  début  comme  n'étant  pas  étayée  de  preuves  assez  nom- 
breuses et  assez  solides  ;  beaucoup  hésitaient  à  admettre  la  série 
de  phénomènes  compliqués  que  nécessite  l'explication  de  notre 
savant  guide.  Mais  il  m'a  semblé  que  chaque  jcmrnée  de  courses 
amenait  une  ou  plusieurs  conversions,  et  que  ceux-mémes  qui  ne 
se  sont  pas  encore  tout  à  fait  rendus  semblent  hésit<mts  et  moins 
opposés  qu'au  départ  aux  hypothèses  qui  nous  ont  été  exposées 
avec  tant  de  lucidité. 

«  Pour  ma  part,  je  n'hésite  pas  à  dire  que,  venu  avec  l'idée  que 
l'imagination  avait  joué  un  grand  rôle  dans  les  théories  de 
M.  Lugeon,  je  quitte  au  contraire  le  ('hablais  bien  convaincu  de  la 
justesse  des  vues  qu'il  a  exprimées. 

«  Je  vous  propose,  Messieurs,  de  voter  les  plus  vifs  remercie- 
ments à  M.  Lugeon,  mais  en  même  temps  de  ne  pas  oublier  notice 
Trésorier,  M.  Langlassé,  qui  nous  a  iHîndu  le  service  de  décharger 
notre  Président  d'une  partie  de  l'organisation  matérielle  de  l'excur- 
sion. » 

M.  Bévily  au  nom  de  l'Académie  de  Savoie,  dont  il  est  membre, 
et  qui  a  déjà  décerné  Fun  de  ses  prix  au  beau  travail  de  M.  Lugeon 
sur  le  Chablais,  et  au  nom  d(^  la  Société  d'histoire  naturelle  de 
Savoie,  dont  il  est  président,  remercie  M.  Lugeon  d'avoir  dirigé 
une  excui^ion  aussi  intéressante  que  celhî  à  laquelle  il  vient  d'as- 
sister dans  cette  région  du  Chablais  où  M.  A.  Favre  avait  con- 
sidéré ses  excursions  comme  une  épreuve  de  patience.  Le  massif 
est  en  eflet  particulièrement  dilïiciie  à  étudier  ;  il  est  heureux  de 
constater,  comme  vient  de  le  faire  remarquer  M.  le  Président  de 
la  Société  géologique  de  France,  qu'il  n'y  a  rien  à  repreiulre  aux 
observations  de  faits  qui  restent  entières.  Pour  les  théoric^s,  si  celle 
relative  à  la  région  de  la  Brèche  est  admise  sans  conteste,  il  avoue 
qu'il  attendra  encore  de  nouveaux  faits  pour  adnïcttre  couïplèle- 
ment  et  définitivement  celle  relative  à  l'ensemble  des  Pi'éalpes. 

Gomme  Savoyard,  il  félicite  tout  particulièrement  M.  Lugeon 


JQO  EXCURSION   DU    II    SEPTEMBRE 

d'avoir  choisi  pour  Tétudier  d'une  façon  aussi  complète  qu'il  Ta 
fait  une  des  plus  belles  contrées  de  la  Savoie,  jusqu'ici  beaucoup 
trop  peu  et  trop  mal  connue. 

M.  M.  liUgeon  remercie  vivement  MM.  L.  Garez,  H.  Douvillé 
et  J.  Ré  vil  de  leurs  aimables  paroles.  II  est  heureux  de  constater 
que  le  programme  a  pu  être  suivi  de  point  en  point,  et  ses  indica- 
tions contrôlées  par  ses  confrères  de  la  Société  géologique.  11  voit 
avec  plaisir  la  grande  majorité  des  excursionnistes  partager 
ridée  du  recouvrement  des  Préalpes.  D'autre  part,  si  plusieurs  des 
membres  de  la  réunion,  et  non  des  moins  éminents,  ne  veulent 
absolument  pas  accepter  la  théorie  des  grandes  nappes  recou- 
vrantes, il  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  s'en  étonner.  Léopold  de 
Buch  n'a,  en  effet,  jamais  voulu  admettre  la  théorie  glaciaire  :  la 
théorie  des  nappes  de  charriage  aura  sans  aucun  doute  aussi  des 
adversaires  irréductibles.  Mais  M.  Lugeon  estime  toutefois  qu'il  sera 
diflicile  d'émettre  une  tliéorie  différente  expliquant  avec  autant  de 
simplicité  toutes  lès  difficultés  accumulées  dans  le  Chablais.  Il 
n'épi*ouve  aucune  crainte  sur  l'avenir  l'éservé  à  la  théorie  du 
recouvrement.  Déjà  des  faits  nouveaux,  d'une  simplicité  étonnante, 
découverts  dans  les  Alpes  bernoises,  sont  inexplicables  dans  une 
hypothèse  dilféi*ente  ou  plutôt  ne  présentent  pas  même  d'ambiguïté 
possible. 

M.  M.  Lugeon  tient  encore  à  exprimer  ses  remerciements  aux 
savants  de  France  qui  lui  ont  fait  étudier  le  Chablais  et  l'ont 
puissamment  aidé,  à  MM.  Michel-Lévy  et  Marcel  Bertrand,  et  en 
Suisse,  à  son  maître,  le  président  honorait^  de  la  réunion, 
M.  Renevier. 

Après  avoir  transmis  les  remerciements  de  la  Société  au  Secré- 
taii'e  et  au  Trésorier,  dont  la  collaboration  zélée  a  aidé  au  succès 
de  l'excursion,  le  Président  déclare  close  la  Réunion  extraordinaii'c 
de  1901. 


L 


NOTE  SUR  LE  HHÉTIEN  ET  LE  LIAS  DU  COL  DE  COUX 
(VAL   D'ILLIEZ) 

liar   M.   H.   PRBISV7ERK   >. 


Après  avoir  quitté  à  Morzine  In  Socii-lé  géologique,  le  lo  septem- 
bre, j'ai  été  étudier,  sur  les  conseils  de  M.  Maurice  Lugeoii,  l'inté- 
rassaat  profil  du  cul  de  Coux,  qui  sépiii-e  la  vallée  de  la  Urance  du 
Biot,  de  celle  de  Oliampcry  (val  d'IIliez).  J'ai  pu  constater  la  pi-é- 
sence  d'un  nouveau  gisement  fossilifère  du  Itliêtien  et  du  Lias  de 
la  rë^on  de  la  Brt-che  du  Cliablais. 

A  la  hauteur  du  col  on  voit,  au  sud,  les  couches  du  Oétacé  et 
du  calcaire  nummu- 
li tique  des  Hautes 
Alpes  à  faciès  helvé- 
tiques formant  un 
grand  anticlinal  boi'- 
dé  par  le  Flysch. 
Celui-ci  plonge  fai- 
blement au  nord 
entre  Vannez  (3i3() 
ni.)  et  B^tun  {'j^ii 
m.)  et  forme  la  dé- 
pression du  col  -,  Au 
nord  du  cul,  le 
Flysch  et  la  masse 
exotique  dus  Préul- 
pesTormenluncsuitc 
continue  monocli- 
nale  de  sédiments  ''. 

La  série  de  cou- 
clies  cil  l'ecouvivnu'.nt  coiniut-nic  ici  par  ihi  l'ciiiiifu  (Vci-i iiiiiin 
et  piir  les  quartzites.  Sur  ces  baltes  séli've  un  escarpcmcnl  ilc  <  ai 
gueules  et  de  calcaires  dolomîliques  recouverts  par  des  siliisti 
noii's  '.  Ceux-ci  sont  parlleuliêrement  bien  visibles  le  long  d'u 

I.  NoU-  iasi^rée  au  Bull<^tiii,  pnr  ili-i^isiiiii  ilii  Consi-il. 

a.  Voir  Cui-U'   U>iiogrn|ilii<|ac  suisse,  rciiillf  \H'i,  cilcirit'i;  t;''iili)giinii'iini 
par  H.  LugcoD  (Région  i<e  lu  Ui-Mx-  du  Ciinbluis,  pi.  VIII). 
3.  LviiKoN.  L^  ri-gioD  di'  lii  Itrècliu  du  Cliublaïii,  lit;.  4u- 
4-  lu.  id.,  p.  5o.      • 


,  flysLli  ;  3,  Pcmi 
4-  Ciirgni'iilc  : 
THiis;  ti,  Klii-tii 


7Q2       PREISWERK.  —  SUR  LE  RHETIEN  ET  LE  LIAS  DU  COL  DE  COUX 

petit  sentier  montant  du  col  de  Coux  sur  une  arête  herbeuse,  qui, 
du  sommet  du  Vannez  (2i36  m.),  se  dinge  vers  l'ouest.  Dans  les 
schistes  on  voit  quelques  intercalations  de  calcaires  noirs,  qui 
deviennent  de  plus  en  plus  abondantes  vers  le  haut.  Dans  quelques 
bancs  on  voit  déjà  des  brèches  ;  elles  font  partie,  d'après  la  carte 
géologique  au  1/80.000,  du  niveau  des  schistes  inférieurs  de  la 
zone  de  la  Brèche. 

Environ  à  10  m.  au-dessus  du  Trias  on  remarque  quelques  fines 
traces  de  sections  de  fossiles  dans  les  bancs  calcaires.  Ceux-ci  sont 
particulièrement  riches  on  fossiles  sur  le  côté  nord  de  Taréte,  à 
quelques  mètres  au  noixl-oucst  de  l'endroit  où  le  sentier  atteint  la 
crête.  IjCS  couches  affleurent  ici  sur  la  pente  rapide,  débarrassées 
de  végétation. 

J'ai  trouvé  en  ce  point  de  bons  exemplaires  dWvicula  contorta 
ainsi  que  d'autres  fossiles  nombreux.  Je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  Karl  Strûbin  de  BAle  les  déterminations  suivantes  :  Cardium 
rhœticum  Mer.,  Anomia  Mortilleti  Stopp.,  Modiola  minuta 
Gldf.,  Leda  sp. 

En  outre,  comme  dans  d'autres  gisements  rhétiens  de  la  l'égion, 
la  roche  contient  de  nombreux  Polypiers. 

Dans  le  voisinage  j'ai  encore  trouvé,  malheureusement  dans  des 
blocs  éboulés,  qui  proviennent  certainement  de  couches  immé- 
diatement supérieures  au  Rhétien,  des  sections  de  Bélemnites  et 
Pentacrinufi  tuberculatus  Mill.,  contenus  dans  un  calcaire  argileux 
schisteux  étiré. 

Ce  gisement  de  Uhétien  et  de  Lias  du  col  de  Coux  correspond 
exactement  a  celui  décrit  par  M.  Lugeon  à  Jutteninge,  dans  la  vallée 
du  GifTre,  et  au  Chalet-Neuf,  au  nord  de  Moi^ins.  La  découverte  de 
ces  couches,  qui  me  paraissent  Jfaire  partie  d'une  série  bien 
continuer,  contribuera  à  étaver  la  détermination  due  à  MM.  René- 
vier  et  Lugeon  de  l'Age  du  complexe  de  la  Brèche  du  Chablais  et 
à  préciser  sa  division  slratigraphique. 


LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 


DES 


ALPES  DU  CHABLAIS  ET  DE  LA  SUISSE 


par  M.   Maurice    LUGEON. 


(Planciiks  XlV-XVri). 


SOMMAIUE 

Introduction, 

I.  —  Le  pourtour  des  Préalpes,  —  i.  C^onlact  des  Prcalpcs  et  des  Hautes 
Alpes.  —  a.  Contact  des  Préalpes  avec  la  région  molassique. 

II.  —  Les  zones  tectoniques  indépendantes  des  Préalpes,  —  i.  Amincisse- 
ment des  Préalpes  vers  le  sud  dans  le  Chablais.  —  a.  La  zone  bordière.  — 
3.  La  zone  interne.  —  4*  Influence  des  plis  des  Hautes  Alpes.  —  5.  Réfutation 
de  Thypothèse  de  Téventail  composé  imbriqué.  —  6.  Existe-t-il  trois  ou 
quatre  zones  indépendantes  dans  les  Préalpes  ? 

m.  —  Les  Préalpes  n'ont  point  de  racines.  —  i.  Plusieurs  faits  péremp- 
toires,  en  faveur  de  Tabsencc  de  racine  du  massif  de  la  Brèche,  sont  du 
même  ordre  que  ceux  qui  servent  à  démontrer  Tabsence  de  racine  des 
Préalpes  médianes.  —  a.  La  racine  <le  la  zone  interne.  —  '\.  Les  Préalpes 
médianes  ne  peuvent  avoir  de  racines. 

IV.  —  Les  grandes  nappes  des  Alpes  suisses.  Pkénoinènrs  semblables  à  ceux 
du  Chablais.  —  i.  Quelques  mots  sur  les  Klippes.  —  a.  La  tectonique  des 
Préalpes  n'est  pas  propre  à  cette  chaîne  ;  elle  (^st  c<'lle  de  la  presque  totalité 
des  Alpes  calcaires  suisses.  —  3.  Enchaînement  des  Préalpes  cl  des  Hautes 
Alpes  calcaires.  —  4*  Les  plis  réguliers  des  Préalpes  médianes  sont  des 
éléments  de  constitution  des  nappes  de  recouvrement.  —  5.  Les  Alpes 
calcaires  à  faciès  helvétique  sont  formées  par  des  nappes,  tout  comme  les 
Préalpes  :  A).  Le  problème  du  double  pli  glaronnais  ;  B).  Les  nappes  supé- 
rieures glarounaises  ;  C).  La  nappe  inférieure  glaronnaise  ;  D).  La  nappe 
du  Falknis  ;  E).  La  nappe  du  Rhâticon  et  les  Alpes  de  Bavière. 

V.  —  Le  mécanisme  des  grandes  nappes  alpines.  —  i.  A  propos  du  Flysch. 
—  a.  Les  remarques  stratigraphiques  de  M.  Haug.  —  3.  Le  mécanisme  des 
grandes  nappes  alpines. 


7a4         H.  LUGEON.  —  LES  ORANDES  NAPPES  DE  RECOtl  VREMENT 


Introduction 

En  août  1891.  mon  maître,  M.  le  professeur  Eugèoe  Renevier, 
de  Lausanne,  et  le  professeur  Auguste  Jaccard  du  Locle,  furent 
convoqués  dans  le  Chablais  par  M.  Michel-Lévy,  directeur  du 
Service  de  la  carte  géologique  de  France,  pour  apporter  quelques 
éclaii-cUseiiients  à  un  point  douteux  de  la  géologie  de  la  région. 
Les  deux  savants  suisses  dillëi-aient  d'opinion  sur  l'âge  des  car- 
gneules  et  du  gypae,  que  l'un  d'eux  considérait  comme  jurassiques, 
tandis  que  l'autre  les  attribuait  au  Trias.  De  plus,  à  cette  époque, 
une  autre  école  plaçait  dans  l'Eocène  les  mêmes  roches  de  la  même 
r^ion. 

Du  i3  au  i5.aoùt  la  petite  troupe,  dont  je  faisais  partie,  par- 
courut les  montagnes  comprises  entre  Samoëns  et  Morzine.  Les 
observations  rassemblées  ne  réussissant  pas  à  mettre  d'accord  les 
savants  suisses,  je  fus  charge  d'étudier  plus  à  fond  ce  problème 
dillicile.  Go  ne  fut  i»as  sans  quelques  appréhensions  que  je 
m'apprêtais  à  parcourir  une  région  dont  Alphonse  Favre  disait  : 
a  A  l'exception  de  quelques  localités  privilégiées,  j'ai,  en  général, 
regardé  mes  excursions  en  Ghabiais  eomme  une  épreuve  de 
patience  ». 

Cette  étude  fut  )inui-  moi  pleine  de  sm'prîses. 

M.  MichcI-lA'vy  venait  de  décrire  les  pointemenls  de  roches 
éruptives  des  montagnes  des  (îets  ■,  au  centre  d'une  immenee 
cuvette  de  Flyseh,  dans  une  position  des  plus  étranges.  Cette 
même  année  (1891),  je  réussis  ù  subdiviser  les  grandes  masses  des 
Brèches,  substratuni  de  ce  Flyseh  ;  puis,  en  189a,  vint  la  décoaTerte, 
en  compagnie  de  M.  Mai'cel  Bertrand,  du  Grétacique  sons  le  Ga^ 
boniférc  de  ïuiiiiige.  et  quelques  semaines  plus  tard  je  pouTBia 
constater  la  disparititm  des  Hautes  Chaînes  calcaii-es  sons  les  J 
Pi-éalpes.  Le»  idées  do  Suess  pénétraient  à  ce  moment  en  France; 
comment  ne  pas  songer  à  U's  appliquer,  armés  comme  nous  l'étions 
de  faits  si  nouveaux?  -  Les  pointementscniptife  des  Gels  n'étaicnt- 
ils  pas  les  débris,  les  sommets  écrasés  et  étiré-s  d'nn  korall  Dans 
les  lemps  jurassiques  ce  mOle  n'aurait-il  pas  formé,  par  écroule-  M 

I.  MiciiKi.-Lâvv.  Ktuile  sur  If  s  puiiittiiiiiita  <te  roclius  cristullim:»  ijoi  aplM-  ^ 
rniiisient  au  uiilico  du ChaUBiE,  dis CetH  nu-v  Kenils.  B. S.  11.  G.  F.,  ti> aj- <^- 

•j.  M.  LutiHON.  Hégion  cumprisi^  i-ntri^  la  partie  moyenne  de  la  voUée  du 
riiirru  et  le  haut  des  valléi's  de  Ucllevaux  et  du  Biot  {Uautc^voioV  B.  A. 
«.  F..  (3),  XX,  p.  334. 


DBS   ALPKS   DU   CHABt.ArS  RT   DE   LA    SL'ISSE  73S 

ment,  cette  grande  niasse  de  Brèches  qui  semblait  l'i-ntourci'?  Et. 
lors  de  le  poussée  alpine,  le  liorst  hercynien  IVirniant  buttotr 
n'aurait  il  pas  torcê  les  chaînes  du  Chablats  à  se  mouler  sur  lui, 
«lors  qu'il  se  déversait  sur  les  Hantes  Alpes?  Telle  fut  une  pre- 
mière conception  thé»ri(|ue. 

Snrces  enti-efaites,  M.  MarrcI  Bertrand  '  avait  <^tudié  la  mon- 
tagne la  plus  occidentale  du  Chahlais,  le  MiMe.  File  constituait 
pour  lui  la  prolongation  des  plis  des  Hautes  Alpes  calcaires  de  la 
rive  gauche  de  l'Arve.  C'était,  scmhlait-il,  un  exemple  grandiose 
d'une  de  ceBgiimdcs  «  Sc/iaarang-o,  d'un  de  ces  grands  angles  ren- 
trants des  plis,  semblable  à  celui  signaK'  par  M.  Suess  dans  les 
montagnes  de  llnde.  Déjà  en  1884.  M.  M.  Bertrand  '  avait  émis 
l 'liypothi'-se  des  énormes  masses  de  recouvivmeut  poussées  de  l'inté- 
«rieur  des  Alpes  vers  le  nord.  Son  étude  sur  le  MiVle.  dominée  par 
l'idée  du  rebrousscment  des  plis,  ne  lui  apporta  cependant  aucun 
^i^ument  en  faveui-de  sa  prennëre  conception.  Il  en  résultait  pour 
moi  une  plus  grande  conlîance  dans  l'hypothèse  du  Horst, 

En  1893,  mes  recherches  ne  firent  que  démontrer  l'élrangeté 
d'allure  de  ces  montagnes.  Partout,  sous  la  grande  nappe  du  massif 
tiHaso-jurassique  de  la  Brèche,  je  trouvais  le  Flysch!  Alors  le 
Cttuieux  horst  liercynieti  avait-il  non  seulement  résisté  à  la  [loussée 
Mlpine,  mais  encore  forcé  son  enveloppe  à  se  dévei'scr  de  tous  les 
côtés  ?  Certainement,  les  laits  étaient  bien  dém<mstriilirs.  Et, 
c^omme,  en  i8g3,  la  Société  géologique  suisse  lit  une  course  dans 
l«  Chablnis,  dont  j'eus  la  dii-ection  pendant  quati-e  journées,  il 
laliut  bien  essayer  de  donner  une  théorie  et  c'est  aloi-s  que  l'ut 
^iiiise  l'hypothèse  du  pli  à  déversement  périphérique,  dont  la  con- 
c^cption  devait  me  poursuivre  dans  la  suite  -'.  Ke  célèbre  pli  en 
cliainpignon  semblait  avoir  pour  lui  bien  de  la  vrai  se  m  h  lance, 
puisque  je  pensais  montrer,  dans  le  val  d'Illicz,  un  double  pli, 
analogue  il  celui  de  Glaris,  alors  «  peu  près  inrontestt-.  Kn  pn'^scn- 
tant  cette  hypothèse  h  la  réunion  du  la  Société  helvétique  à  Lan- 
«anne,  j'avais  indiqué,  sans  la  discuter,  une  hypothèse  que  M. 
Marcel  Dertrand  m'avait  signalée  verbalement,  pendant  tme  conrlo 
halte,  au  clutlet  de  Lens  d'Aolph  :  «  un  jour  l'on  dira  pent-Ara 
1  le  maasif  de  la  Brèche  est  un  lambeau  de  reconTroneiit  an 
dus  grund  que  d'autres  ••.  L'invr-aisemblance  de  cette  oplnJiM 


7^6         M.  LUGEON.  —  LES  CiftANDES  NAPPES  DE  REGOUVREMBNt 

m'avait  fait  développer  avec  d'autant  plus  de  force  l'hypothèse  du 
pli  circulaire.  Je  pus  convaincre  alors  M.  Schardt  de  l'âge  juras- 
sique de  la  Brèche  du  Chablais. 

En  novembre  iSgS,  inspiré  par  ITiypothèse  de  1884  de  M.  Marcel 
Berti*and,  connaissant  sans  doute  les  résultats  principaux  de  mes 
études  tectoniques,  car  j'avais  été  le  premier  à  donner  une  vue 
d'ensemble  d'une  des  unités  tectoniques  préalpines,  M.  Schaixlt 
amplifia  en  la  développant  l'hypothèse  des  grandes  masses  recou- 
vrantes. Il  s'appuyait  sur  les  faits  nouveaux  que  les  géologues 
alpins  avaient  accumulés  depuis  1884.  Toutes  les  montagnes  du 
Chablais  sont  les  restes  les  moins  morcelés  d'une  immense  nappe 
de  charriage  K  M.  Schai^lt  abandonnait  ainsi  complètement  Thypo- 
thèse  qu'il  venait  d  émettre  -  en  1891  et  iSqS. 

La  géologie  du  Chablais  entrait  dès  cette  époque  dans  une  phase 
nouvelle. 

La  conception  de  la  nappe  recouvrante  me  parut  d'abord 
inadmissible.  Comment  abandonner  du  jour  au  lendemain  l'hypo- 
thèse qui  paraissait  la  plus  simple  !  Mais  déjà  après  la  campagne 
de  1894*  je  ne  doutais  plus  de  l'absence  de  racine  sous  le  massif  de 
la  Brèche  et  je  présentai  alors  une  hypothèse  intermédiaire  ^.  De 
cette  théorie  peut-dtre  trop  délaissée  dans  la  suite,  quelques  lignes 
d'ordre  stratigraphique  méritent  d'être  prises  en  considération. 
En  1895,  de  retour  d'une  campagne  dans  les  montagnes  exotiques 
des  Annes  et  de  Sulens,  en  Savoie,  j'étais  à  peu  près  convaincu 
du  recouvrement  général  des  Préalpes  supei*posées  à  des  terrains 
plus  jeunes  qu'elles.  Les  faits  observés  dans  ces  klippes  avaient 
seuls  amené  une  conviction  que  les  arguments  alors  trop  incom- 
plets de  M.  Schardt  n'avaient  pu  étayer  jusqu'à  ce  jour  ♦. 

En  rédigeant  mon  mémoire  sur  le  Chablais  pendant  Tannée  1896 
(les  planches  ont  été  dessinées  en  189.4*189^^  ^  une  époque  où.  je  ne 
croyais  pas  à  la  possibilité  du  charriage),  je  m'aperçus  que  tous  les 
faits  étudiés  étaient  décidément  contraires  à  l'hypothèse  du  pli 
circulaire  ou  de  Téventiiil  imbriqué. 

I.  H.  Schardt.  Origine  des  Préalpes  romandes.  Eclogse  geoL  Helv.,  IV, 
p.  149,  1893. 

9.  H.  Schardt.  Excursion  de  la  Société  g^ol.  suisse,  etc.  Eclogx  geoL  Helv,, 
II.  p.  528,  1890-1892.  —  Id.  Coup  d'œii  sur  la  structure  géologique  des  envi- 
rons de  Monireux.  BalL  Soc.  oaud.  Se.  naLy  XXIX,  p.  a4i,  1893. 

3.  M.  LuoBON.  Sur  l'origine  des  Préalpes  romandes.  Bull,  Soe.  vaud.  Se. 
nat.^  XXXI,  p.  XXX,  1895. 

4.  Je  n'ai  eu  communication  d'aucun  document  inédit  provenant  de 
M.  Schardt  ;  il  m'a  remis  seulement  quelques  échantillons  de  roches  de  la 
région  même  que  je  venais  d'étudier,  ce  qui  n'était  guère  de  nature  à  exercer 
sur  mes  opinions  une  action  décisive. 


DBS  ALPES   DU   GHABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  'ja'J 

L'idée  première  du  horst  a  donc  été  pour  moi  utile,  ce  fut  une 
garantie,  psychologiquement  expérimentale.  Ces  faits,  qu'une  idée 
préconçue  aurait  pu  dénaturer,  venaient,  au  contraire,  à  l'appui  de 
l'hypothèse  des  grandes  nappes  charriées,  lorsque  j'essayais  pour 
la  première  fois  d'en  faire  une  synthèse  complète.  Les  faits  tecto- 
niques surtout  ont  fait  ma  conviction,  tant  leur  valeur  est  supé- 
rieure à  celle  des  arguments  stratigraphiques.  En  terminant  mon 
ouvrage  *,  où  j'ai  cherché  à  faire  preuve  de  la  plus  grande  impar- 
tialité, ma  récapitulation  fut  influencée  par  l'autorité  de  mes 
maîtres  de  France.  Ayant  vu  en  trois  années  se  succéder  tant 
d'hypothèses  et  considérant  ce  (|u'il  restait  encore  à  faire  pour 
étayer  solidement  Thypothèse  du  charriage.  Je  n'ai  pas  osé  conclure. 

Quelques  mois  plus  tard,  après  avoir  pesé  tous  les  arguments,  je 
devenais  et  j'allais  rester  un  défenseur  fervent  de  la  théorie  des 
déplacements  à  distance  de  fragments  de  la  couverture  sédimen- 
taire  de  l'écorce  terrestre  *.  Depuis,  ma  conviction  n'a  fait  que  se 
consolider.  Ainsi,  dans  ces  quelques  années,  la  géologie  alpine  a 
évolué  avec  une  rapidité  i*appelant  celle  des  temps  où,  dans  un 
autre  ordre  d'idées,  Buckland  et  Brongniart  pénétraient  dans  les 
Alpes  et  où  Studer  faisait  ses  premières  campagnes. 

Aujourd'hui,  après  cinq  ans  de  nouvelles  recherches  dans  les 
Alpes,  je  pense  être  à  même  de  modifier  la  théorie  que  j'ai  déve- 
loppée, ou,  pour  mieux  dire,  je  crois  pouvoir  en  proposer  une 
autre,  dans  laquelle  le  problème  du  Chablais  n'est  qu'un  des  fac- 
teurs. Ce  n'est  plus  une  partie  du  versant  septentrional  de  la  chaîne 
alpine  qui  a  marché  vers  le  nord  en  grandes  nappes,  c'est  presque 
Tensemble  du  versant  qui  regarde  le  nord  qui  est  charrié.  Je  vais 
essayer  de  développer  dans  ces  pages  la  thèse  suivante  :  i°  le  front 
nord  de  la  chaîne  alpine,  de  VArve  à  Salzhourg,  est  formé  par  de 
grandes  nappes  superposées,  qui  couvrent  complètement  le  vrai 
front  autochtone  caché  en  profondeur  :  2'  le  phénomène  des 
grandes  nappes  se  propage  dans  les  régions  prof  ondes  des  gneiss. 

Je  ne  considère  ce  travail  que  comme  une  note  préliminaire.  II 
est  peu  probable  que  je  puisse  donner  la  synthèse  définitive,  mais 
j'espèi'e  ouvrir  ainsi  une  voie  nouvelle  à  mes  successeurs. 

I.  M.  LuGBON.  La  région  de  la  Brèche  du  Chablais.  B.  S.  C.  G.  F,,  VU, 
n»  49.  1895-1896. 

a.  M.  LuoBON.  Les  grandes  dislocations  des  Alpes  de  Savoie.  BuU.  Soc. 
iWuL  Se.  nat,  XXXII,  p.  xxvu,  1896. 


72l8         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 


I.  —  Le  pourtour  des  Préalpes 

Là  où  les  Alpes  subissent  leur  grande  courbure  qui,  de  la 
direction  française  sud-nord,  les  amène  dans  la  direction  suisse 
ouest-est,  un  ensemble  montagneux,  tout  autre  par  son  aspect  que 
ceux  qui  l'avoisinent,  dépasse  en  deux  saillies  concentriques  la 
ligne  irontière  assez  régulière  de  la  grande  chaîne.  Ces  bourrelets 
proéminents,  localisés  entre  l'Arve,  le  Rhône  et  TAar,  constituent 
les  Préalpes  :  d'une  part  les  Préalpes  du  Ghablais  et  d'autre  part 
les  Préalpes  suisses. 

I.  —  Contact  des  Préalpes  et  des  Hautes  Alpes 

Si  vers  Textérieur  Tétrangcté  de  cette  zone  du  Ghablais  apparaît 
au  premier  coup  d'œiU  il  en  est  encore  de  même  dans  Tintérieur. 
Une  ligne  de  cols  très  bien  marqués  sépare  les  l^réalpes  des 
Hautes  Alpes  calcaires.  Celles-ci,  qui  forment  le  front  des  Alpes, 
aux  deux  extrémités  des  Préalpes,  sont  relayées  par  celles-là  et 
s'étendent  en  arrière  d'elles.  Presque  partout,  sauf  en  aidant  du 
massif  des  Diablerets,  les  plis  des  Hautes  Alpes  disparaissent 
sous  les  terrains  plus  anciens  des  Préalpes.  Les  deux  zones  en 
présence  diilèrent  non  seulement  par  les  terrains  qui  les  consti- 
tuent, mais  encore  par  les  dislocations  qu'on  y  découvre.  Deux 
geni*es  de  faciès  sont  en  présence,  deux  styles  tectoniques  se  font 
vis-à-vis.  Tous  les  auteurs  sont  d'accoixi  sur  ce  point.  Le  problème 
stratigraphique  et  le  problème  tectonique  de  cette  dualité  deman- 
dent à  la  fois  une  solution.  Cherchons  tout  d'abord  à  résoudre  les 
questions  i*elatives  aux  dislocations,  et  délimitons  maintenant, 
dans  ce  sens,  le  d<miaine  préalpin. 

Malgré  la  position  singulière  des  Diablei*ets,  on  peut  établir  une 
première  loi  :  Les  plis  des  Hautes  Alpes  calcaires  disparaissent 
sous  les  Préalpes. 

Marchons  de  la  vallée  de  l'Arve  vers  celle  de  TAar.  L'anticlinal 
droit  de  Cluses,  appartenant  au  i^gime  des  Hautes  Alpes,  s'enfonce 
sous  le  Flysch  de  la  prolongation  noixl  du  Désert  de  Plate.  Or, 
directement  sur  le  Flysch  qui  recouvre  ce  pli,  s'étendent  des  lam- 
beaux de  terrains  plus  anciens  de  Trias,  appartenant  au  massif  du 
Chablais.  Ainsi  qu'il  résulte  des  travaux  de  Maillaixi,  de  M.  Ritter 
et  des  miens,  ce  pli  semble  ressortir  à  Barmaz  dans  la  vallée  de 
Champéry.  Entre  ces  deux  points,  le  pli  du  Bostan  s'enfonce,  près 
de  Samoéns,  sous  la  masse  de  la  Brèche  du  Chablais  (fig.  a^ 
pi.  XIV).  Dans  la  vallée  du  Rhône,  le  phénomène  est  d'une  ampleur 


DES  ALPKS   UD   C 


LAiS   ET  DE    LA    SUISSE 


grandiose.  Sous  les  masses  triaso-jurassiques  de  Tréveneusaz,  on 
voit  sortir  deux  plis  des  Hautes  Alpes,  à  CoUombey  et  à  Muraz 
(fig.  I.  pi.  XIV). 


Il 
II 
a  3 

"  I 
1=  o 


g  -  o 

I      ,     V 


Le  phénomène  si  simple  jusqu'ici,  se  complique  enti-e  le  Rliône 
et  les  Diablerets. 

En  complétant  en  un  seul  point  la  cai-le  de  M.  Renevier  '.  nous 
pouvons  cependant  nous  assurer  <lo  sa  continuité. 

I.  CetU  description  peut  être  suivie  sur  la  l'cuilte  XVU,  au  loo.ooo-,  de  la 
Cut«  géologique  iuisse,  légèrement  modifiée  comme  suit  ;  Dans  la  grande 


^So         M.  LITOEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

Je  tiens,  avant  d'aller  plus  loin,  à  rendre  un  juste  et  légitime 
hommage  à  mon  maître,  Fauteur  de  la  Monographie  des  Hautes 
Alpes  vaudoises.  Les  déductions  nouvelles  qui  vont  être  déve- 
loppées, je  les  dois  au  travail  de  M.  Renevier,  tant  à  son  livre, 
qu*à  sa  carte  au  i/5o.ooo.  Sans  ces  œuvres,  où  les  faits  ont  été 
accumulés  avec  une  grande  impartialité,  il  ne  m'aurait  pas  été 
possible  de  définir  si  rapidement  les  dislocations  d'ensemble  de 
ces  montagnes. 

Dans  la  région  des  Alpes  de  Bex,  les  Préalpes  sont  limitées  par 
une  écaille  de  Néocomien  à  Céphalopodes,  reposant  sur  le  Flysch 
des  Hautes  Alpes.  La  superposition  est  évidente  dans  les  collines 
de  Chiètre,  où  le  montiôule  de  la  Tour  du  Doin,  constitué  par  ce 
Néocomien,  repose  sur  le  Flysch,  en  formant  un  petit  lambeau 
isolé  (fig.  i).  Ce  lambeau  n'est  qu'un  fragment  de  l'écaillé  qui 
remonte  jusqu'aux  hauteurs  de  Javemaz.  Lorsque  l'on  est  placé 
sur  les  collines  de  Ghièti*e,  on  voit  très  bien  le  flanc  normal  infé- 
rieur du  grand  pli  couché  de  Morcles  former  un  grand  genou  sous 
le  Flysch  qui  supporte  Fécaille. 

Si  maintenant  nous  étudions  une  coupe  un  peu  plus  interne 
(fig.  2),  nous  constatons  que  le  grand  pli  couché  de  Morcles  s'est 
abaissé  considérablement.  Le  Fl}'sch  du  noyau  synclinal  a  dis- 
paru ;  il  est  caché  dans  la  profondeur,  et  en  avant  de  la  charnière 
du  pli  couché,  charnière  si  admirablement  visible  dans  Tarète 
d'Argentine  * ,  nous  continuons  à  constater  le  repos  du  Néocomien 

étendue  de  Néocomien  qui  est  au  nord  du  massif  de  la  Dent  de  Morcles,  de 
même  que  dans  celui  qui  forme  les  collines  de  Chiètre  (collines  isolées  dans 
la  vallée  du  Rhône,  entre  Lavey,  Chatel  et  Bex),  il  y  a  lieu  de  prolonger  la 
bande  de  Flysch,  qui  longe  le  pied  d'Argentine  et  passe  par  Ausannaz,  jusqu*à 
la  Rosseline  et  de  là  par  les  ravins  qui  descendent  sur  Chatel,  jusqu'aux 
collines  de  Chiètre.  Cette  bande  de  Flysch  sépare  donc  complètement  les 
terrains  des  Hautes  Alpes  de  ceux  des  Préalpes  (Voir  E.  Rbnbvibr.  Mono- 
graphie des  Hautes  Alpes  vaudoises,  p.  4^1,  4^a).  La  description  peut  être 
aussi  suivie  sur  la  Carte  géologique  des  Alpes  vaudoises  à  i/5o.ooo,  par 
M.  Rbnbyibr. 

I.  C'est  le  fameux  phénomène  que  M.  Renevier  a  décrit  sous  le  nom  de 
torsion  hélicoïdale  des  couches,  parce  que  les  couches  sont  renversées  sous 
le  Lion  d'Argentine  (Rbnrvibr,  loc-  cit.,  coupe  n'  9),  verticales  plus  loin  et 
normales  au  col  des  Ëssets,  sous  la  tour  d'Anzeindaz.  La  torsion  hélicoïdale 
n'est  qu'une  apparence  trompeuse  due  à  l'érosion,  qui  a  coupé  la  charnière 
obliquement  à  sa  direction.  Si  l'on  prend  une  ligne  oblique  à  l'axe  du  pli,  on 
peut  évfdemment  croire  à  la  torsion,  mais  si  l'on  a  soin  de  suivre  une  ligne 
qui  soit  un  lieu  géométrique  par  rapport  à  l'axe  du  pli,  c'est-à-dire  une  paral- 
lèle à  cet  axe,  on  s'aperçoit  qu'il  n'y  a  pas  torsion.  M.  Renevier  s'est  expli- 
qué plus  tard  à  propos  de  ce  plissement  :  «  L'aflleurement  urgonien  présente 
ainsi  une  apparence  de  torsion  hélicolde  qui  résulte  de  l'obliquité  des  plis 
par  rapport  à  l'érosion.  »  (E.  Rbnrvirr.  Excursion  de  la  Soc.  géol.  suisse 
dans  les  Alpes  vaudoises,  p.  91). 


SKS  ALPES   DU   CHABLAIH  ET    DR   LA   PUISSE  ^31 


k  Céphalopodes  sar  le  même  Flysch  ou   le  Nummulitique  des 
Hautes  Alpes.  Une  coupe 


nn  pea  plus  interne  € 
nous  montre  cet  enfouisse- 
ment graduel  du  pli  de 
Mordes  :  on  ne  voit  plus  à 
la  surface  da  sol  que  le 
Jlaiic  normal  supérieur  du 
pH  (coupes  6  et  7  de  M. 
fleiievier).  Ce  flanc  nor- 
mal est  lai-mfime  plissé 
par  des  plis  de  forme 
jarassienne  ayant  déjà  une 
assee  lai^e  amplitude.  Ces 
plis  ont  longtemps  caché 
la  vraie  nature  du  plisse- 
ment profond,  qui  est  tou- 
jours le  grand  pli  couché 
de  Morcles,  peut-être  plus 
atténué ,  mais  toujours 
existant(Gg.  3,  coupe  AA). 
Les  études  de  M.  Ritter  < 
nous  ont  montré  que  le 
grand  pli  couché  de  la 
Dent  du  Midi  ne  s'étei- 
gnait pas  si  rapidement 
qi^'on  le  pensait  vers  le 
sod-ouest.  Il  en  est  de 
même  du  pli  de  Morcles 
▼ers  le  nord-est.  Il  n'est 
pas  remplacé,  ainsi  que  le 
pense  M.  Haug  -,  par  une 
série  de  plis  droits.  Ceux- 
ci  ne  sont  que  des  acci- 
dents de  la  couverture  du 
pli  principal,  qui  reste  le 
grand  pli  couché  de  la 
Dent    du    Midi-Dent    de 


I.  E.   RiTTBH.    La    bordure 
tad-oaest  da  Moiit-Blnnc.  B.        P 
S.C.  G.  F..  IX,  iSiB-iSge.  ' 

».  Haco.  Etude  sur  la  lectoiiique  lira  Alpei 


RUissM.  n.  S.  G.  F.,  Ci),  XXIV, 


73'J  M.  LUGEON.  —  LKS  GRANDES  NAPPES  DE  RECOtJVREMENT 

Mordes.  L'écaillé  de  Néocomien  à  Céphalopodes  repose  donc 
tour  à  tour  sur  le  flanc  normal  inférieur  du  grand  pli  (fig.  i  ),  c^st- 
à-dire  forme  pour  ainsi  dire  son  noyau  synclinal,  puis  en  avant  de 
la  charnière,  enfin  à  la  Tour  d'Anzeindaz  et  plus  loin,  sur  le  flanc 
normal  supérieur  !  (fig.  a).  La  loi  du  repos  anormal  des  Préalpes 
sur  les  Hautes  Alpes  ne  présente  donc  en  avant  du  massif  de 
Morclcs  aucune  exception. 

Cependant,  sur  l'écaillé  de  Néocomien  à  Céphalopodes  s'étend 
le  grand  massif  des  Diablerets,  qui  relaye  le  massif  de  Mordes. 
Nous  devons  cette  notion  du  relayement  à  M.  Haug.  C*est  lui  qui 
a  signalé  pour  la  première  fois  l'importance  de  cet  accident  consi- 
dérable, en  se  basant  sur  les  faits  accumulés  avec  beaucoup  de 
rigueur  par  M.  Renevier.  Mais  mon  explication  diflière  de  celle 
donnée  par  mon  savant  collègue  * .  J'ai  déjà  indiqué  très  sommai- 
rement ma  manière  de  voir  -.  Je  vais  la  développer  plus  ample- 
ment, afin  de  montrer  que  le  repos  anormal  des  Préalpes  est 
indiscutable. 

Là  encore  ce  sont  les  érosions  qui  viennent  troubler  la  nature 
pourtant  si  simple  du  phénomène.  M.  Haug  a  voulu  voir  dans  les 
Diablerets  des  plis  à  direction  N.E.-S.O.,  déversés  à  l'ouest  sur  le 
massif  de  Mordes  ;  celui-ci  —  je  viens  de  le  faire  voir  —  doit  être 
considéré,  dans  son  ensemble,  comme  un  grand  pli  couché,  agré- 
menté de  plissements  secondaires  de  la  carapace  du  flanc  normal 
supérieur.  Pour  moi,  le  massif  des  Diablerets  forme  dans  sa 
totalité  un  grand  pli  couché^  de  la  même  nature  que  celui  de 
Mordes  et  simplement  superposé  à  ce  dernier. 

Sur  le  grand  pli  couché  de  Moix^les  et  de  la  Dent  du  Midi  il  a  dû 
exister  un  deuxième  pli  tout  aussi  considérable,  mais  il  a  été  entiè- 
rement détruit  par  l'érosion.  Comme  le  noyau  cristallin  de  la 
prolongation  des  Aiguilles-Rouges,  sur  lequel  repose  le  pli  de 
Mordes,  s'enfonce  vers  le  nord-est  3,  sitôt  que  les  altitudes  devien- 
nent assez  basses,  la  masse  du  pli  supérieur  occupe  alors  la  surface 
du  sol,  couvrant  complètement  et  définitivement  le  pli  inférieur, 
et  corner ant  en  même  temps  avec  ce  dernier  V écaille  de  Néocomien 
à  Céphalopodes,  ainsi  que  l'a  du  reste  très  justement  i*emarqué 
M.  Haug. 

Etudions  cette  question  en  détail  : 

I.  E.  Hauo.  Etude  sur  la  tectonique  des  Alpes  suisses.  B.S,  G%  F.,  (3),  XXIV. 
'A.  LuGBox.  Recherches  sur  Torigine  des  vallées  des  Alpes  occidentales. 
Annales  de  Géographie,  vol.  X,  p.  41 5,  189 1. 
3.  If).,  id.,  pi.  37,  p.  414. 


'^        DES  ALPES   DU   CHABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  ^33 

M.  Uaag,  dans  la  carte  tectonique  qui  accompagne  son  travail, 
se  basant  sur  les  travaux  de  M.  Renevier,  l'ait  décriit*  aux  char- 
nières des  plis  des  Diablerets  des  sinuosités  à  concavité  dirigée 
vers  l'est. 

Appuyons-nous  sur  ces  mêmes  travaux. 

La  direction  vraie  du  synclinal  de  la  Pointe  de  la  Houille  est  à 
peu  près  S.O.-N.E.  En  ellet,  en  examinant  la  grande  paroi  des 
Diablerets  qui  domine  Anzeindaz  sur  la  photographie  de  l'ouvrage 
classique  de  M.  Renevier  ',  on  voit  cette  paroi  orientée  ouest-est, 
à  peu  près  comme  le  pli.  Si  celui-ci  est  déversé  vers  le  nord,  sa 
charnière  doit  être,  cela  est  évident,  coupée  très  obliquement  par 
la  paroi;  c'est  ce  que  Ton  constate  d'ailleurs  en  examinant  la  lon- 
gueur de  l'allleurement  de  l'Urgonien  de  la  charnière.  De  quel  côté 
le  pli  se  continue-t-il,  sinon  vers  le  sud-ouest,  c'est-à-dire  au-dessus 
du  massif  de  Morcles?  Or  M.  Haug  admet  que  ce  pli  a  une  dii*ec- 
tion  nord-sud.  D'où  peut  provenir  une  telle  différence  d'interpréta- 
tion? M.  Haug  se  base  sur  une  coupe  de  M.  Renevier  (cliché  124» 
p.  21 1  ;  reproduit  par  M.  Haug,  fig;  4)^  où  l'on  voit  le  pli  en  question 
déversé  non  seulement  \ers  l'ouest,  conmie  le  voudrait  M.  Haug, 
mais  même  vers  le  sud.  A  cette  interprétation  des  coupes  de 
M.  Renevier  opposons  M.  Renevier  lui-même  ;  dans  la  coupe  5  de 
son  ouvrage,  il  dessine  ce  même  pli  très  nettement  déversé  et  même 
plongeant  vers  le  nord.  Ce  cliché  est  le  résultat  d'une  double  erreur 
graphique,  très  excusable,  (jui  a  échappé  à  l'auteur,  celui-ci  n'ayant 
guère  eu  en  vue  par  ce  croquis,  ainsi  qu'il  résulte  de  la  lecture 
du  texte,  que  de  fixer  exactement  la  position  des  couches  fossili- 
fères. Si  l'on  essaye  de  faire  la  même  coupe  nord-sud,  on  constate 
que  le  pli  s'ouvre  au  nord,  puisque  lu  charnière  synclinale  se  trouve 
dans  la  paroi  qui  regarde  vers  le  sud  !  (voir  la  photographie  de 
M.  Renevier).  De  plus,  l'erreur  est  double,  comme  je  l'ai  dit  plus 
haut,  car  l'auteur  ajoute  dans  ce  même  cro({uis  un  anticlinal  couché 
vers  le  sud.  Or,  si  dans  sa  coupe  n"  5,  M.  Renevier  ne  .se  prononce 
pas  sur  ce  point,  la  photographie  citée  plus  haut  nous  enlève  toute 
incertitude.  Ne  voit-on  pas  à  droite  un  anticlinal  de  Malm  coupé, 
grâce  à  un  contrefort  (voir  la  carte  géologique  des  Ali)es  vaudoises 
au  i/5o.ooo),  transversalement  à  sa  direction  !  Or  c'est  vers  le  nord 
que  regarde  exactement  cette  charnière.  Où  pouvait  donc  se  con- 
tinuer ce  pli,  sinon  vei*s  l'ouest,  c'est-à-dire  par  dessus  le  massif 
de  Morcles  ?  L'on  pourrait  faire  le  même  raisonnement  avec  le 
petit  synclinal  de  Culan,  avec  l'anticlinal  de  Cliatillon  et  du  Coin 

I.  E.  Rbnbvier.  Monographie  des  Uautes  Alpes  vauduises,  PI.  II. 


^34  M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

(iig.  !à).  Cela  suflit  pour  démontrer  que  les  plis  de  la  Ldzerne 
(Mont  Gond)  ne  sont  pas  déversés  vei»s  Touest,  que  ce  ne  sont  pas 
de  simples  anticlinaux  déjetés,  mais  que  c'est  Tensemble  d^un  très 
grand  pli  couché  vers  le  nord-ouest,  formant  toute  la  masse  des 
Diablerets.  La  Lizeme  a  coupé  le  pli  par  une  vallée  descendant 
suivant  une  ligne  à  peu  près  parallèle  à  la  ligne  de  plus  grande 
pente  de  la  surface  moyenne  du  grand  pli  couché.  C'est  une  vallée 
transversale  d'un  genre  spécial.  Elle  s'écoule  en  entamant  les  plis 
de  la  nappe  supérieure  du  grand  pli  couché  de  Morcles,  dont  le 
noyau  synclinal  est  caché  en  profondeur,  en  tranchant  en  même 
temps  entièrement,  dans  sa  partie  supérieure,  toute  la  nappe  des 
Diablerets,  du  Flysch  au  Trias,  parallèlement  à  la  direction  de 
poussée.  C'est  donc  une  vallée  à  la  fois  transversale  et  monoclinale  ! 
J'ai  montré  que  c'était  là  la  disposition  générale  des  vallées  alpines 
dans  les  grands  plis  couchés  K  Partout  semble  régner  la  même 
liarmonie  dans  ce  dédale  apparent  des  Alpes.  Et  de  même  que 
l'on  pourrait,  dans  la  vallée  de  l'Arve,  construire  les  courbes  de 
raccord  des  plis  («  Luftlinien  )>)  transversalement  à  la  vallée,  si  Ton 
ne  possédait  pas  les  importants  travaux  de  M.  E.  Ritter,  de  même 
pourrait-on  commettre  la  même  eri*eur  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 
De  cette  démonstration,  montrant  que  la  charnière  du  noyau 
jurassique  du  pli  est  tournée  vers  le  nord-ouest,  il  résulte  que 
tout  le  pli  a  été  poussé  vers  le  nord-ouest. 

Ainsi  la  masse  des  Diablerets  forme  bien  un  grand  pli  couché 
superposé  à  celui  de  Morcles  (fig.  3). 

Quand  j'aurai  terminé  l'étude  des  Alpes  qui  s'étendent  des  Dia- 
blerets à  la  Kander,  je  donnerai  de  ces  faits  une  démonstration 
absolue,  si  la  couHe  esquisse  ci-dessus  laisse  encore  subsister  des 
doutes. 

Aux  Diablerets,  du  reste,  nous  retrouvons  absolument  les  mêmes 
allures  tectoniques  que  celles  qui  ont  été  décrites  par  M.  Ritter 
dans  le  Mont  Joly.  Le  grand  pli  couché  des  Diablerets  n'est  peut- 
être  que  la  réapparition  du  pli  VI  de  M.  Ritter,  pli  supérieur  au  pli 
de  la  Dent  du  Midi-Dent  de  Morcles  ;  ce  pli  VI  «  très  manifeste 
sur  les  deux  vei*sants  du  massif  de  Plate,  disparaît  plus  loin  au 
nord-est,  enlevé  par  l'érosion  »  -.  C'est  lui,  ou  son  homologue,  que 
nous  retrouvons  dans  la  nappe  des  Diablerets,  sitôt  que  les  alti- 
tudes de  la  grande  zone  d'abaissement  des  plis  entre  les  massifs 
des  Aiguilles-Rouges  et  du  Finsteraarhorn  sont  devenues  suffisam- 

I.  LuGEON.  Recherches  sur  Tofigine  des  vallées  des  Alpes  occidentales. 
Ann.  de  Géographie,  p.  4oî),  1901. 
a.  K.  Ritter.  Le  inussif  du  Haut  Giirre.  B.  S.  C,  G,  F.,  t.  X,  p.  ai,  189B-1899. 


DS8   ALPES   DU    CHABLAIS   ET   DE    LA   SUISSE  786 

ment  basses  pour  qu'il  ait  été  respecté  par  l'érosion.  Ainsi  la 
complication  étrange  qui  se  présente  dans  le  contact  des  Préalpes 
et  des  Hautes  Alpes,  dans  les  environs  des  Diablerets,  s  explique 
facilement  si  Ton  fait  intervenir  le  grand  pli  couché  qui  n'avait 
pas  encore  été  défini  jusqu'à  ce  jour. 

Ce  pli  pénètre  comme  un  coin  dans  la  partie  interne  des  Préal- 
pes (fig.  a).  A  Anzeindaz,  en  eflet,  le  Néocomien  à  (Céphalopodes 
s'enfonce  dans  la  direction  de  la  grande  paroi  des  Diablerets,  tandis 
qu'à  Taveyannaz  le  Dogger  repose  sur  les  grès  verts  éocènes. 

C'est  donc  grâce  à  la  grande  entaille  du  Pas-de-(Che ville,  due  à 
l'érosion,  que  nous  pouvons  à  la  fois  connaître  Texistence  du 
grand  pli  couché  des  Diablerets  et  la  pénétration  si  profonde  sous 
ce  pli  des  Préalpes,  représentées  ici  par  l'écaillé  de  Néocomien  à 
Céphalopodes.  Plus  à  l'ouest,  è  Sei*gnenient,  les  grès  de  Taveyannaz 
du  Nummulitique  reposent  même  sur  une  écaille  de  Trias. 

Si  cette  profonde  dépression  du  Pas-de-Cheville  n'existait  pas, 
rien,  à  la  surface  du  pays,  ne  nous  indiquerai!  l'existence  de  la 
grande  nappe  des  Diablerets,  de  même  que  rien  à  la  surface  du 
flanc  normal  du  pli  de  Mordes,  lorsqu'il  disparaît  sous  le  pli  des 
Diablerets,  ne  nous  révèle  l'existence  de  sa  continuation  en  pro- 
fondeur. Nous  n'y  voyons  que  des  plis  simples,  à  peine  déjelés, 
même  droits.  Ce  n'est  qu'au  delà  de  la  grande  zone  d'abaissement, 
d'ennoyage  des  plis,  lorsque  celle-ci  se  relève  en  avant  du  Balm- 
horn,  que  l'on  peut  espérer  voir  ressortir  le  pli  de  Morcles.  Dans 
quelques  années  je  serai  à  même,  je  l'espère,  de  m'expliquer  sur 
cette  hypothèse,  qui  peut  paraître  aujourd'hui  hasardée.  Elle  se 
base  sur  des  données  intéressantes,  que  je  possède  déjà,  mais  elle 
a  surtout  pour  elle  l'appui  que  lui  donne  la  pei'sistance  du  phéno- 
mène des  grands  plis  couchés,  amorcé  pav  M.  Ritter  dans  le  Mont 
Joly  et  que  je  poui^uis  jusqu'à  la  Kander. 

Ainsi  que  le  montre  la  (igure  3,  la  charnière  du  pli  des  Diable- 
rets dépasse  de  beaucoup  celle  du  pli  de  Morcles.  Nous  verrons 
plus  tard  Y  importance  considérable  de  ce  fait. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  ;  lorsque  l'on  observe  les  ])arois  du  (lanc 
droit  du  grand  cirque  du  Creux  de  Champ,  situé  en  avant  des 
Diablerets,  on  voit  un  grand  pli  couché  de  Néocomien,  dans  le 
noyau  duquel  est  taillé  le  Sex  Rouge  (fig.  3,  coupe  R).  M.  Renevier 
a  très  nettement  dessiné,  sur  la  carie,  ce  pli  ',  qui,  au  premier 
abord,  semble  faire  partie  de  la  nappe  des  Diablerets,  connue  une 
sorte  de  pli  supérieur  un  peu  plus  avancé.    En  léalilé,  ce  n'est 

I.  Rbnkvibr.  Monographie  des  Hautes  Alpes  vaudoises,  cliché  40,  p-  ^CG. 


^30    M.  LUGEON.  LES  GUANUES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

point  le  cas.  En  effet,  si  TUrgonien  renversé  de  ce  pli  devait 
rejoindre  Tune  des  bari'es  nrgoniennes  de  la  paroi  nord  des  Dia- 
blerets,  ce  ne  pourrait  être  que  celle  qui  couronne  le  sommet  de 
cette  dernière  montagne.  Or  il  ne  peut  en  être  ainsi,  puisque  les 
Diablerets,  au  lieu  d'être  recouverts  par  du  Néocomien,  ce  qui. 
dans  cette  alternative,  serait  indispensable,  présentent  au  contraire 
des  lambeaux  de  Nummulitique  (au  sonmiet  et  à  la  Tour  de  Saint- 
Martin).  Ainsi  toute  la  masse  du  Sex  Rouge  forme  la  tête  anti- 
clinale  ou,  si  Ton  veut,  le  pli  frontal  dune  troisième  nappe 
superposée  à  celle  des  Diablerets  ! 

(iOmme  cette  dernière,  comme  celle  de  Morcles,  cette  nappe  ne 
se  révélerait  pas  à  la  suvface  du  pays,  si  de  profondes  entailles  ne 
nous  démontraient  son  existence.  Les  coupes  du  Sanetsch  publiées 
par  M.  Renevier  ne  montrent  en  eflet  que  des  plis  déjetés,  analo- 
gues à  ceux  que  montre  la  carapace,  c'est-à-dire  le  flanc  normal, 
des  nappes  des  Diablerets  et  de  Morcles.  Cest  le  Creux  de  Gbamp 
qui,  entaillant  si  profondément  la  montagne,  nous  dévoile  sa 
curieuse  structure.  Les  plis  du  Schlaucbkom,  du  Sanetsch,  et,  plus 
loin,  les  plis  du  Wildhom  et  du  Wildstrubel  ne  sont  que  les  détails 
superficiels  d'une  nappe  de  recouvrement  considérable. 

Où  s*amorce  la  troisième  nappe  dont  nous  venons  d'établir 
Texistence  ?  C*est  dans  le  Mont  Gond  que  nous  trouvons  le  noyau 
jurassique.  En  effet,  le  Nummulitique  et  TUrgonien,  qui  forment 
le  coui*onnement  des  Diablerets  et  les  lapiés  de  Zanfleuron,  dispa- 
raissent tour  à  tour,  près  de  Miet,  sous  le  Néocomien  du  Mont 
Gond.  Ce  terrain  i)assait  donc  au-dessus  des  Diablerets  pour 
rejoindre  le  pli  plongeant  du  Sex  Rouge  (Gg.  3,  coupe  B).  La 
démonstration  est  encore  plus  rigoureuse  si  nous  suivons  le 
Néocomien  du  Sex  Rouge  par  rOldenhom,  le  Sanetschborn,  le 
col  du  Sanetsch,  pour  le  poursuivre  jusqu'au  Mont  Gond.  Il  y  a 
toujoui*s  continuité.^  Or,  dans  la  dépression  que  représentent  les 
lapiés  de  Zanfleuron,  entourés  de  montagnes  néocomiennes,  nous 
trouvons  le  Nummulitique  reposant  normalement  sur  TUrgonien. 
Ceci  serait  inexplicable  si  le  grand  pli  couché  dont  je  pense  avoir 
établi  la  réalité  n'existait  pas. 

Nous  avons  vu  que  la  nappe  des  Diablerets  dépassait  celle  de 
Moreles  ;  celle  du  Mont  Gond- Wildhom  dépasse  à  son  tour  celle 
des  Diablerets.  J'insiste  dès  maintenant  sur  la  régularité  de  ce 
«  déferlement  »  vers  le  nord,  toujoui*s  plus  accusé  au  fur  et  à 
mesure  que  nous  montons  dans  les  nappes  supérieures.  Nous  en 
tirerons-  bientôt  un  argument  d'une  puissance  considérable  en 
faveur  de  Forigine  lointaine  des  Préalpes  romandes. 


DES  ALPES   DU  CHABLAIS  ET   DE   LA   SUISSE  787 

A  partir  du  Creux  de  Champ,  c'est  la  nappe  du  Mont  Gond  qui 
vient  en  contact  avec  les  Préalpes.  Cette  disposition  ne  cesse  plus 
jus€[ue  dans  la  vallée  d'Adelhoden  et  sans  doute  jusqu  au  lac  de 
Thounc.  La  nappe  s'enfonce  sous  les  Préalpes  avec  une  l'égularité 
qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  nature.  M.  Quei*eau  *  l'a  montré 
dans  la  vallée  de  la  Lenk.  Je  Tai  indiqué  aussi  dans  mon  ouvrage 
sur  le  Chablais  et  j'ai,  en  outre,  mentionné  (jue  les  plis  des  Hautes 
Alpes  (qui  ne  sont  donc  que  les  plis  siiper(ici(îls  du  (lanc  normal 
de  la  grande  nappe  du  Mont  (iond-Wildhorn-Wildstrubel)  dispa- 
raissaient en  oblique,  tour  à  tour,  sous  la  nappe  préalpine.  Cette 
superposition  parait  extrêmement  simple  en  surface,  mais  nous  ne 
savons  pas  s'il  n'existe  pas  en  profondeur  des  accidents  aussi 
singuliers  que  celui  de  l'écaillé  de  Néocomien  à  Céphalopodes  des 
Alpes  Vaudoises.  Les  progrès  des  sciences  géoIogi(|ues  nous  feront 
peu  à  peu  connaître  dans  leurs  détails  ces  accidents  ;  pour  le 
moment  il  me  suflit  d'avoir  établi  nettement  que  les  Hautes  Alpes 
s'enfoncent  en  grandes  nappes  sous  la  masse  préalpine. 

a.  —  Contact  des  Préalpes  et  dk  la  région  molassiquk 

Je  n'insisterai  pas  particulièrement  ici  sur  le  repos  anormal  du 
bord  interne  des  Préalpes  sur  la  Molasse.  Partout,  ce  dernier 
terrain  disparait  sous  les  Préalpes,  sans  excepter  le  Môle,  pour 
lequel  je  me  suis  trouvé  en  contradiction  avec  M.  Marcel  Bertrand. 
(]ette  montagne  repose  bien  sur  un  substratum  molassique;  au- 
dessus  d'Eponney,  près  d'Aïse  par  exemple,  la  Molasse  s'enfonce 
sans  aucun  doute  et  très  visiblement  sous  la  cargneule  du  Trias. 
Cette  manière  de  voir  est  d'ailleurs  fortifiée  par  les  résultats  de 
mes  nouvelles  études  :  toutes  les  fois  que  j'ai  ])u  parcouiMr  à 
nouveau  le  front  des  Préalpes,  je  n'ai  trouvé  que  la  confirmation 
de  cette  loi  déjà  formulée  :  les  Préalpes  reposent  partout  sur  un 
substratum  tertiaire, 

II.  —  Les  zones  tectoniques  indépendantes  des  Préalpes 

I^i'sque  l'on  examine  la  (ig.  i  de  la  pl.  XIV,  on  voit  que  nous 
distinguons  seulement  deux  zones  indépendantes  très  nollenicnt 
superposées  :  celle  des  Préalpes  médianes  et  sur  elle  celle  ilc  la 

I.  QUKRBAU.  Ueber  die  i\vvi\7:/AM\v  /.wischoii  llorhalpcn  und  Krrihur^rr 
Alpen  iin  Bereiche  des  oberen  Siiiiiiicnthalrs.  Satnrf.  OcseUscli.  i.  FrH- 
barg  I.  Br.,  Bd.  IX,  H.  it,  p.  1:22,  1891). 


^38         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

Brèche,  J*ai  su0isammeDt  insisté  sur  la  difliérence  stratigraphique 
de  ces  deux  régions  pour  qu'il  soit  inutile  de  m'étendre  encore 
ici  sur  ce  même  sujet.  Ce  sont  les  relations  tectoniques  qui  doivent 
maintenant  fixer  notre  attention. 


I.  —  Amincissement  des  Préalpes  médianes  vers  le  sud 

DANS   LE    ChABLAIS 

Admettons  que  la  région  de  la  Brèche  forme  une  nappe  de 
recouvrement.  Examinons  comment  s'établit  le  contact  avec  les 
couches  sous-jacentes  du  côté  sud.  Dans  la  coupe,  fig.  i,  pi.  XIV, 
on  voit  que  les  Préalpes  médianes  existent  très  développées  sous  la 
région  de  la  Brèche.  L'épais  massif  de  Tréveneusaz  n'est  nullement 
écrasé.  Une  grande  corniche  regarde  du  côté  de  la  Dent  du  Midi. 
En  consultant  la  carte  géologique  au  1/80.000  (feuille  de  Thonon) 
et  on  comparant  la  fig.  i,  pi.  XIV  avec  la  fîg.  2,  pi.  XV,  on  voit  que 
les  couches  des  Préalpes  médianes  sont  laminées  peu  à  peu  vei*s 
Touest,  la  grande  masse  de  Tréveneusaz  étant  réduite,  au  col  de 
Morgins,  à  une  simple  écaille.  Quelques  kilomètres  plus  loin,  à  la 
Pointe  de  l'Haut  (fig.  i,  pi.  XV),  on  ne  trouve  plus  que  quelques 
blocs  épars  représentant  ces  Préalpes  médianes,  et  enfin,  au  col  de 
Coux,  ces  dernières  ont  totalement  disparu.  Il  est  incontestable 
que  cette  disparition  est  le  fait  d'un  laminage  intense.  Donc,  en 
passant  sous  le  massif  de  la  Brèche,  les  Préalpes  médianes 
s'amincissent  de  plus  en  plus  du  nord  çers  le  sud.  Le  massif  de 
Tréveneusaz  semble  faire  exception;  ce  qui  résulte  en  partie  de 
la  profonde  coupure  de  la  vallée  du  Rhône.  C'est-à-dire  que  le 
massif  de  là  Brèche,  étant  ici  plus  restreint  à  cause  des  érosions  y 
ne  couvre  plus  entièrement  les  Préalpes  médianes  vers  le  sud.  Le 
massif  de  Tréveneusaz  nous  montre  ce  que  doivent  être  ces  der- 
nières sous  le  massif  de  la  Brèche,  là  où  on  ne  les  vpit  pas,  par 
exemple  entre  Saint-Jean-d'Aulph  et  le  col  de  Coux  (fig.  a,  pi.  XV). 
Cette  absence  des  Préalpes  sous  la  Brèche  est  prouvée  par  l'exis- 
tence, au  sud  du  massif  de  Tréveneusaz,  à  Champ  Long  *,  d'un 
lambeau  de  recouvrement  du  massif  de  la  Brèche  (fig.  a,  pi.  XV), 
reposant  directement  sur  le  Flysch  des  Hautes  Alpes.  C'est  le 
même  Flysch  sur  lequel,  plus  au  nord,  repose  le  massif  de  Tréve- 
neusaz par  l'intermédiaire  de  la  Molasse  rouge.  Telle  est  la  raison 
pour  laquelle,  dans  l'hypothèse  générale  du  charriage,  je  rapproche 

I.  M.  LuGBON.  La  région  de  la  Brèche  du  Chablais,  pi.  YIII,  et  carte  au 

1/80.000. 


DES  ALPES   DU   CUABLAIS   ET   DE  LA   SUISSE  789 

les  deax  plans  de  chevauchement  dans  la  direction  du  sud  (£ig.  i , 
pi.  XIV). 

Sans  doute,  je  ne  veux  point  aliirmer  que  cet  amincissement  des 
Préalpes  médianes  jusqu'à  leur  disparition  totale  doive  être  la 
règle  absolue,  mais  j'estime  qu'elles  tendent  à  s'amincir  ainsi. 
Cette  interprétation  paraît  encore  plus  légitime  si  on  étudie  la 
vallée  du  Giffre,  où  j'ai  pu  suivre  pas  à  pas,  de  la  région  à  Touest 
de  Taninge  jusqu'au  col  de  la  Golèze  (fig.  3,  pi.  XV),  cet  écrasement 
parfaitement  visible.  La  Pointe  d'Orcliez  repose  sur  le  Flysch  des 
Hautes  Alpes.  Que  sont  donc  devenues  les  Préalpes  médianes  à 
Taninge  ?  Elles  ne  sont  plus  représentées  que  par  une  lame  de 
Crétacique  (coupe  4»  P^*  -^V),  et  plus  loin  elles  disparaissent 
complètement. 

2.    La    zone    BORDIKUK 

En.  avant  des  Préalpes  médianes  existe  une  zone  totalement 
indépendante,  formée,  dans  les  ^'oirons  et  les  Pléyades,  par  des 
bandes  de  Malm  ou  de  Oétacique  enveloppées  dans  le  Flysch. 
Cet  ensemble  qui  repose  sur  la  Molasse  disparaît  sous,  le  Trias  des 
Préalpes  médianes. 

Si  dans  les  deux  montagnes  la  structure  peut  être  et  a  été  long- 
temps interprétée  comme  étant  le  résultat  de  simples  plis  déjetés, 
combien  est  différente  la  réalité  lorsque  l'érosion  nous  permet 
d'établir  le  régime  des  vraies  dislocations,  comme  dans  les  collines 
duFaucigny,  si  magistralement  décrites  par  M.  Marcel  Bertrand  ^ 

De  môme,  Fétude  fort  intéressante  de  M.  (^h.  Sarasin  sur  les 
environs  de  Chàtel-Saint-Denis  -  nous  apprend  que  les  dislocations 
doivent  être  envisagées  comme  des  écailles  superposées.  Il  n'y  a, 
à  proprement  parler,  plus  de  plis.  Dans  les  collines  du  Faucigny, 
les  lacunes  tectoniques  sont  la  règle.  Là,  Tabsence  fort  heureuse 
de  Flysch  nous  laisse  voir  la  vraie  nature  des  dislocations,  cachées 
aux  Voirons  par  le  manteau  troin[)eur  de  ce  terrain. 

Or  c'est  justement  sur  les  Voirons  que  M.  Haug  -^  s'appuie  pour 
dire  que  notre  interprétation  est  invraisemblable.  Seuls,  en  effet, 
les  Voirons  ne  peuvent  nous  donner  des  documents  bien  péremp- 
toires,  puisque  tout  l'intérieur  de  leur  sol  nous  est  caché.    Mais 

I.  M.  Bbrtrand.  Le  Môle  et  les  collines  du  Faucigny.  B.  S.  C.  G.  F.,  a"  Sa, 
1892- 1893. 

a.  Ch.  Sarasin.  Les  formations  inl'racrétaciques  de  lu  chaîne  Pléyades- 
Corbettes-Niremont.  Arch.  des  Se.  phys.  et  nat.,  4*  pér.,  t.  XII,  nov.  1901. 

S.  B.  Haug.  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses 
BuU.  Soe,  çoMid.^  XXXV,  p.  lôô,  1899. 


74«  M.  LUOEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

cette  constitution  interne  nous  pouvons  la  définir  si  nous  étudions 
les  montagnes  qui  bordent  TArve  en  avant  du  Môle. 

Il  a  fallu  toute  la  science  tectonique  de  M.  Marcel  Bertrand  pour 
arriver  à  déchiilrer  et  k  décrire  la  vraie  nature  du  sol  des  collines 
du  Faucigny  et  par  conséquent  de  la  zone  bordière.  De  son  côté, 
M.  Sarasin  arrive  à  la  conclusion  qu'il  s'est  produit  un  chevau- 
chement considcral)le  de  cette  zone  bordière  sur  la  Molasse.  C'est 
là  la  confirmation  de  ce  que  j'ai  écrit  à  propos  des  collines  du 
Faucigny. 

Voyons  maintenant  comment  se  comporte  cette  zone  bordière 
vis-à-vis  des  Préalpes  médianes  ?  Tout  comme  ces  dernières,  qui 
sont  laminées  sous  la  région  de  la  Brèche,  la  zone  bordière  s'écrase 
Jusqu'à  une  disparition  totale  sous  les  Préalpes  médianes. 

Je  viens  de  donner  la  démonstration  de  cette  loi  en  me  basant 
sur  ce  qui  se  passe  dans  les  collines  du  Faucigny  et  dans  les 
•  Pléyades.  J'insisterai  encore  sur  ces  dernières.  Rien  n'est  plus 
évident,  dans  la  région  de  Montreux,  que  la  pénétration  de  la  zone 
bordière  sous  les  Préalpes  médianes.  Or,  de  l'autin;  côté  du  Léman, 
entre  le  Bouverel  et  Saint-Gingolph,  M.  Schardta  le  premier  fait 
remarquer  que  les  chaînes  médianes  reposent  directement  sur  la 
Molass(t5  rouge,  cette  même  Molasse  sur  laquelle  est  couchée,  sur 
l'autre  rive  du  lac,  la  zone  bordièi'e.  Il  faut  donc  bien  que  cette 
dernière  ait  disparu,  c'est-àHlii*e  qu'elle  soit  totalement  laminée. 
Si  nous  ne  la  retrouvons  plus  au  Bouveret,  c'est  qu'ici  l'érosion  a 
atteint  plus  en  arrière  la  nappe  des  Préalpes  médianes;  ce  qui  est 
démontre  par  Tabsence  des  plis  que  l'on  voit  sur  la  rive  vaudoise 
du  Léman,  où  la  création  de  la  fosse  du  Léman  a  moins  indenté  la 
grande  nappe  de  charriage.  ISous  sommes  au  Bouveret  dans  une 
partie  plus  interne  du  plan  de  recouvrement,  et  il  est  évident  que, 
si  la  zone  bordière  est  absente,  c'est  qu'elle  a  été  laminée. 

On  voit  donc  qu'une  très  grande  harmonie  règne  dans  ces  dislo- 
cations, (^omme  les  Préalpes  médianes  sont  laminées  sous  le 
massif  de  la  Brèche,  de  même  la  zone  bordière  est  laminée  sous 
les  chaînes  médianes. 

3.  —  La  zone  interne 

La  zone  interne  forme  une  série  d'écaillés  implantées  dans  le 
Flyscli,  ainsi  que  M.  Uoessinger  ^  et  moi  l'avons  prouvé,  ainsi  que 
je  l'ai  indiqué  sur  place  à  la  Société  géologique  de  France  dans  la 

I.  M.  LuGEON  et  G.  RoBssiNGER.  Géologie  de  la  haute  vallée  de  Lauenen. 
Arvh,  Se.  phjs,  et  /la^,  4*  pér.,  t.  XI.  janv.  1901. 


DBS  ALI>ES  DU  CHABLAtS  ET  DE  LA   SUISSE  'jt^I 

montagne  de  Culet.  M.  Schardt  a  aussi  insisté  sur  les  dislocations 
particulièrement  violentes  que  cette  région  a  subies  dans  la  région 
de  Bex.  Je  crois  avoir  démontré  que  cette  dernière  région,  en 
s*enfonçant  avec  l'énorme  épaisseur  de  Flysch  du  Niesen  qui 
raccompagne,  est  laminée  en  profondeur  sous  les  Préalpes 
médianes  Jusqu'à  sa  disparition  totale. 

Je  me  suis  appuyé  pour  cela  sur  ce  qui  se  passe  dans  la  région 
(le  Bex.  L'écaillé  la  plus  inférieure  est  celle  formée  par  le  Néoco- 
mien  à  Céphalopodes.  Il  repose  sur  le  Flysch  des  Hautes  Alpes  et 
est  recouvert  par  du  Trias.  Quand  des  Hautes  Alpes  nous  péné- 
trons dans  les  Préalpes,  nous  constatons  la  disparition  de  cette 
lame  de  Néocomien  dans  les  environs  de  Bex,  où  le  Trias  repose 
aloi'S  directement  sur  le  Flysch  (lig.  i). 

Maintenant,  si  nous  quittons  la  région  de  Bex,  où  la  zone  interne 
est  si  développée,  pour  passer  sur  l'autre  vei*sant  de  la  vallée  du 
Rhône,  nous  constatons  que  cette  zone  interne,  qui  partout^  du 
Rhône  à  VAar,  disparaît  sous  les  Préalpes  médianes^  n'existe  plus. 
Qu'est^Ue  devenue,  car  ici  les  Préalpes  médianes  reposent,  par 
l'intermédiaire,  il  est  vrai,  de  la  Molasse  rouge  (que  plusieurs 
géologues  ont  du  reste  la  tendance  à  attribuer  à  un  niveau  supé- 
rieur du  Flysch),  sur  le  Flysch  des  Hautes  Alpes  ?  Sur  la  rive 
gauche  du  Rhône  l'érosion  a  atteint  plus  profondément  la  nappe 
entière  des  Préalpes,  comme  on  le  constate  par  l'apparition  des 
plis  profonds  à  faciès  helvétiques  de  Collombey  (fig.  i,  pi.  XIV). 

Cette  circonstance  exceptionnelle  nous  permet  justement  de 
constater  l'absence  complète  de  la  zone  interne.  Ce  n'est  que  plus 
loin,  dans  la  montagpne  de  Culet,  qui  domine  Champéry,  que 
réapparaît  cette  zone  interne  sous  la  forme  d'écaillés.  Elles  se 
laminent  aussi  en  profondeur,  dans  le  Flysch,  substratum  de  la 
région  de  la  Brèche,  car  les  Préalpes  médianes,  ainsi  que  nous 
l'avons  vu,  sont  ici  écrasées.  Je  laisse  à  mon  élève  M.  Roessinger, 
le  soin  de  démontrer  avec  les  détails  les  plus  précis,  dans  un  tra- 
vail qui  va  bientôt  paraître,  ce  laminage  en  profondeur  de  quel- 
ques-unes des  écailles  assez  entamées  par  Térosion  des  environs 
de  Lauenen,  dans  le  canton  de  Berne. 

M.  Haug  cherche  à  expliquer  cette  absence  de  la  zone  interne 
dans  le  bas  du  Val  d'Illiez  en  se  })la(,*ant  à  un  tout  autre  point  de 
vue,  lorsqu'il  essaie  de  démontrer  l'existence  de  l'éventail  composé 
imbriqué  *  dont  je  nie  complètement  l'existence. 

Il  écrit  ceci  :  «  à  l'approche  de  la  vallée  du  Rhône,  tous  les 

I.  E.  Haug.  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses. 
BM.  Soc.  iHind.,  XXXV,  p.  i56, 1899. 

3  Juin  190a.  —  T.  I  '.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  48 


74^  M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

accidents  de  la  zone  des  cols  tournent  à  peu  près  à  angle  droit, 
passant  de  la  direction  N.E.-S.O.  à  la  direction  S.E.-N.O.,  pour 
venir  se  raccorder  avec  les  plis  de  la  vallée  de  la  Grande-EIau, 
grossièrement  parallèles  à  ceux  de  la  zone  des  cols,  mais  dévei*sés 
en  sens  invei'se  ».  Ainsi,  en  i*egai*d  de  la  vallée  du  Rhône,  la  zone 
interne  se  plisserait  dans  la  direction  de  la  vallée;  les  plis  ne 
seraient  pas  assez  étendus  vers  Touest  et  cela  nous  expliquei'ait  la 
non  existence  de  cette  zone  sous  le  massif  de  Tréveneusaz.  M.  Haug 
étaye  son  opinion  sur  des  arguments  tirés  de  l'étude  des  cartes, 
tandis  que  les  résultats  que  j*ai  obtenus  par  Fétude  du  terrain  lui- 
même  me  font  rejeter  absolument  l'hypothèse  de  mon  confrère. 
Là  encore  l'erreur  provient,  ainsi  que  Ta  du  reste  pi'essenti 
M.  Haug,  d'une  part  de  la  confusion  graphique  qui  s'est  présentée 
à  ses  yeux  entre  la  direction  des  couches  et  leur  intei'section  à  la 
surface,  tout  comme  dans  son  explication  des  Diablerets  ;  puis, 
d'autre  part,  de  l'oubli  de  l'existence  des  inflexions  transverses.  Ce 
sont  ces  dernières  qui  ici  viennent  encore  compliquer  le  problème. 

On  sait  que  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du  Rhône  s'écoule 
suivant  l'axe  d'une  ondulation  transversale  *.  A  la  hauteur  d'Aigle, 
en  remontant,  Tondulation  quitte  la  vallée  et  pénètre  dans  les 
montagnes  de  Bex.  Les  terrains  situés  entre  cette  ligne  d'abaisse- 
ment des  plis  et  le  Rhône  doivent  donc  éti*e  généralement  inclinés 
vers  Test.  Or,  conmie  il  est  d'usage  de  considérer  le  sens  du  dévei^ 
sèment  et  pai*  conséquent  la  direction  de  la  poussée  en  se  basant 
sur  la  ligne  de  plus  grande  pente  des  couches,  il  est  évident  qu'en 
ne  connaissant  pas  Texistence  de  cette  ligne  d'abaissement,  on 
commet  l'erreur  dans  laquelle  est  tombé  M.  Haug. 

Une  autre  ligne  d'abaissement  des  plis  et  écailles  existe  encoi-e 
à  l'est  de  la  Grande-P]au  des  Ormonts.  Les  couches  plongent  alors 
vers  le  nord-est  dans  les  flancs  droits  de  la  vallée.  On  voit,  inter- 
calé  dans  le  Flysch,  une  lame  de  terrain  jurassique.  C'est  elle  qui 
se  prolonge  de  Tauti'e  côté  de  la  vallée  dans  le  Chamossaire,  qui 
est  une  écaille  de  la  zone  interne,  débarrassée  en  grande  partie, 
grâce  à  Taltitude,  du  manteau  de  Flysch  qui  la  recouvrait  en  ce 
point  et  qui  la  recouvre  encore  dans  sa  partie  nord.  Cette  écaille 
plonge  légèrement  au  nord-est,  mais  cela  ne  signifie  pas  qu'elle 
soit  dévei'sée  au  sud-ouest  vers  la  vaUée  du  Rhône,  puisque  cette 
inclinaison  vers  le  nord-est  est  due  simplement  à  l'abaissement 
des  plis.  De  plus,  il  est  intéressant  de  savoir  ce  que  devient  cette 
écaille  du  Chamossaire.  Elle  se  prolonge  jusque  dans  la  vallée  de 

I.  LuGEON.  Recherches  sur  l'origiiie  des  vallées  des  Alpes  occidentales. 
Ann,  de  Géog,,  p  4io-4i5,  pi.  3-,  1901. 


DBS  ALPES  DU  GHAfiLAlS  ET  DE  tA  SUISSE  'jlfi 

Lauenen,  où  M.  Roessinger  Ta  retrouvée.  Si  donc,  pour  M.  Haug, 
elle  parait  être,  dans  le  Chamossaire,  le  bord  sud  d'un  massif  à 
déversement  périphérique,  cela  est  exclusivement  dû  à  son  isole- 
ment, k  Taltitude  et  à  Térosion.  Cette  écaille  du  Chamossaire,  nous 
la  retrouvons  dans  le  Val  d'Illiez.  (Test  elle  qui  Jorme  la  zone 
indépendante  liaslgue  de  Morgins  et  de  la  pointe  de  V Haut.  On 
ne  peut  donc  songer  à  voir  une  poussée  vers  la  vallée  du  Rhône. 
De  même  que  les  plis  des  Préalpes  médianes  traversent  la  vallée 
du  Rhône  en  y  subissant  une  inflexion  et  un  rebroussement,  de 
même  que  les  Hautes  Alpes  se  continuent  de  la  Dent  de  Mordes 
dans  la  Dent  du  Midi,  de  même  aussi  la  zone  interne  se  continue 
des  Alpes  vaudoises  dans  le  Val  d'IUiez.  La  disparition  momentanée 
de  la  zone  interne  entre  Troistorrents  et  Monthey,  sous  le  massif 
de  Tréveneusaz,  n'est  que  la  conséquence  de  Tamincissement  en 
profondeur  jusqu'à  la  disparition  de  cette  zone  interne. 

Il  est  évident  que  ces  conclusions  s'adaptent  également  au 
substratum  du  Chamossaire. 

Les  montagnes  gypsifères  de  Bex,  situées  au-dessous  des  couches 
du  Chamossaire,  présentent  le  même  régime  d'écaillés  que  celui  de 
la  vallée  de  Lauenen,  modifié  par  l'existence  d'une  ondulation 
synclinale  transverse,  et  modifié  de  plus  par  une  action  tectonique, 
qui,  jusqu'ici,  n'avait  pas  encore  attiré  l'attention  et  sur  laquelle 
je  crois  devoir  insister. 

En  examinant  la  flg.  !i,  on  voit  que  les  Diablerets  se  terminent, 
pour  employer  une  image  commune,  comme  le  soc  d'une  charrue 
planté  dans  le  sol.  Si  l'on  étudie  la  carte  géologique  avec  l'idée 
que  ces  Diablerets  constituent  le  front  d'une  nappe  de  recouvre- 
ment, on  cherche  où  pouvait  se  continuer  son  bord  marginal  du 
côté  de  l'ouest.  Il  s'y  prolongeait  jusqu'à  une  distance  que  nous 
ne  pouvons  plus  apprécier  en  raison  de  l'absence  complète  de  tous 
débris  lui  appartenant.  Un  autre  phénomène  témoigne  de  l'existence 
de  cette  nappe  en  avant  du  pli  de  Mordes,  en  face  de  la  région 
salifère  de  Bex. 

La  zone  intenie  parait  relativement  simple,  lorsque  l'on  fait  une 
coupe  qui  passe  par  le  col  du  PUlon,  parce  que  l'on  n'aper<;oit 
d'elle  que  la  partie  qui  repose  sur  le  front  de  la  grande  nappe  du 
Mont  Gond.  Quand  on  fait  une  coupe  qui  passe  par  les  Diablerets 
(fig.  3),  la  complication  apparaît  brusquement.  Sur  le  «  soc  de 
charrue»  et  sous  lui,  l'on  voit  des  écailles  de  la  zone  interne;  la 
simplicité  du  col  du  Pillon  n'est  donc  qu'apparente.  Si  l'érosion 
avait  atteint  de  plus  grandes  profondeurs,  l'on  verrait  sous  la 
nappe  des  Diablerets,  apparaissant  sous  celle  du  Mont  Gond,  la 


544  ^ï-  l'UGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

continuation  de  récaille  dn  Néoconiien  à  Céphalopodes,  c'est-à-dire 
la  zone  interne.  Il  est  évident  que,  si  cette  zone  interne,  ainsi  que 
nous  l'avons  montré,  est  subdivisée,  digitée  pour  ainsi  dire,  par 
le  soc  pénétrant  de  la  nappe  des  Diablei*ets,  c*est  cei*tainement  en 
avant  de  ce  front  de  la  nappe  intnisive  que  l'écrasement,  et  par 
conséquent  la  complication,  doit  atteindre  son  maximum.  Or,  si 
dans  la  région  située  en  avant  de  la  nappe  des  Diahlerets,  là  où 
cette  nappe  existe  encore,  nous  ne  commençons  qu'à  pressentir  la 
dislocation  du  sol,  poussée  à  l'extrême,  et  si  .en  ce  point  nous  ne 
pouvons  pas  voir  l'endroit  caché  en  profondeur,  où  le  maximum 
est  atteint,  la  région  salifere  de  Bex  nous  montre  Tellet  produit. 
Là,  par  un  heureux  hasard,  l'érosion  a  profondément  excavé  les 
montagnes,  grâce  à  l'existence  de  la  vallée  du  Rhône,  grâce  aussi 
au  relèvement  généi^l  du  substratum  cristallin  sous  le  pli  de 
Mordes,  grâce  enfin  aux  ondulations  transverses  de  la  vallée  de 
la  Grande  Kau  et  à  celle  qui  avoisine  la  vallée  du  Rhône.  L'érosion 
a  enlevé  la  prolongation  du  soc,  mais  elle  a  laissé  en  avant  «  la 
terre  remuée  par  ce  soc  »  :  cette  «  terre  bousculée  par  lui  »,  c'est 
la  région  salifere  de  Bex,  où  les  complications  tectoniques  attei- 
gnent le  maximum,  ainsi  que  nous  l'a  révélé  à  plusieun>  reprises 
M.  Schardt. 

Ces  étranges  dislocations  constituent  donc  un  système  déjà  IK'S 
étiré  d'écaillés  nombreuses,  compliqué  par  des  ondulations  trans- 
verses, au  milieu  duquel  a  pénétré  une  niasse  qui  s'est  enfoncée 
comme  un  coin.  J'ai  indiqué  cette  disposition  de  la  masse  péné- 
trante dans  la  fig.  îi.  Un  peu  plus  à  l'ouest,  le  coin  n'est  plus  repré- 
senté que  par  les  givs  de  Taveyannaz,  qui  appartiennent  au  Flysch, 
puis  il  disparaît,  enlevé  par  l'érosion.  Sa  prolongation  nous  est 
révélée  par  les  dislocations  de  la  masse  qui  existe  encore  et  qui 
se  trouve  en  avant  des  masses  refoulées  par  le  soc  disparu.  Les 
Diahlerets  reposent  sm*  l'écaillé  de  Néocomien  à  Céphalopodes, 
puis,  près  de  Sergneuient,  la  Cargneule  triasique  s'intercale  entre 
ce  Néocomien  et  les  grcs  de  Taveyannaz,  appartenant  aux  Diable- 
rets.  Cette  Cai^gneule  est  recouverte  plus  lom  par  du  Lias  supé- 
rieur. Ce  dernier  s'infléchit,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Rencvier  :  à 
Colieux  il  est  à  peu  près  vertical  ;  dans  le  ravin  d'Aiguerosse  il 
repose  sur  la  Cargneule.  Il  épouse  ainsi  le  contournement  du  coin 
de  grès  de  Taveyannaz  de  Porreyre.  Nous  pouvons  donc  montrer, 
dans  la  zone  interne,  l'amorce  du  contoui*nement  dû  à  la  masse 
pénétrante.  Il  y  aura  lieu  plus  tard  d'en  rechercher  plus  loin 
l'effet. 


DES   ALPES   DU   CHAULAIS   ET  DE   LA    SUISSE  ^4^ 


4.  —  Influence  des  plis  des  Hautes  Alpes 

Nous  avons  vu  que  les  Préalpes  médianes  du  Chablais  reposent, 
dans  le  bord  qui  regarde  du  côté  des  Hautes  Alpes,  sur  le  Flysch 
ou  la  Molasse  rouge  (Tréveneusaz),  lorsque  ces  Préalpes  ne  sont 
pas  cachées  par  la  grande  niasse  de  la  Brèche  du  Chablais.  Dans 
les  Alpes  bernoises,  ainsi  que  i*ai  pu  m'en  assurer  sur  le  terrain, 
les  chaînes  médianes  reposent,  avec  une  grande  régularité,  sur  la 
zone  du  Flysch  du  Niesen.  Il  en  est  ainsi  des  Spielgârten  et  de 
TAmselgrat,  près  de  Saint-Stephan.  Là,  les  Préalpes  médianes 
disparaissent  sous  la  nappe  recouvrante  de  la  Hornlluh  ;  la 
corniche  triaso-jurassique  ne  réapparaît  au  jour  que  dans  le  massif 
de  la  Gummfluh,  toujours  reposant  sur  le  Flysch.  Les  exceptions 
ne  commencent  à  se  faire  sentir  qu'à  partir  de  la  vallée  de  FEtivaz 
et  jusqu*à  la  vallée  du  Rhône.  M.  Haug  *  s'est  appuyé  sur  cette 
disposition  locale  pour  infirmer  la  généralité  d*un  fait  qui  est 
incontestable  aux  yeux  des  géologues  préalpins,  à  savoir  la  super- 
position anormale  de  toutes  les  Préalpes  médianes  sui  le  Flysch. 
«  Si  la  limite  extérieure  des  Préalpes  médianes,  dit-il,  est  en 
réalité  une  ligne  de  contact  anormal'  qui  se  poursuit  depuis  le 
Môle  jusqu'à  Blumenstein,  sans  autre  interruption  que  celle  des 
dépôts  piéistocènes  et  du  lac  de  Genève,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  leur  limite  intérieure,  de  leur  ligne  de  contact  avec  la  zone  de 
Flysch  du  Niesen.  J'admets  volontiers  que  de  Wiminis  à  la 
Gummfluh  le  Tiias  qui  constitue  la  base  de  la  corniche  limiUint  la 
zone  médiane  des  Préalpes  repose  partout  sur  le  Flysch  du  Niesen, 
quoique  la  démonstration  n'en  ait  pas  encore  été  fournie,  mais  il 
est  incontestable  cjue  plus  au  sud  c'est  précisément  l'inverse  qui 
a  lieu,  et  M.  Schardt  lui-même  a  publié  une  coui)equi  montre  que 
dans  la  vallée  de  la  Grande-Eau,  c'est  au  contraire  le  Flysch  de  la 
zone  du  Niesen  (pii  repose  sur  le  Trias.  » 

Cette  exception  incontestable  est  due  à  la  répercussion  lointaine 
des  nappes  des  Diablerets  et  du  Mont  Gond  dans  les  Préalpes, 
C'est  M.  Roessinger  qui  a  attiré  mon  attention  sur  la  relation, 
visible  sur  les  cartes,  des  Diablerets  et  du  renversement  de  la 
coiniehe  des  Préalpes  médianes.  Je  crois  pouvoir  en  donner  main- 
tenant l'explication. 

En  avant  des  masses  encore  existantes  de  ces  nappes,  on  voit  la 

I.  E.  lÏAro.  Les  régions  dites  exotiques  «lu  versant  iionl  des  Alpes  suisses. 
Bail,  Soc.  vaad.,  XXXV,  p.  i5o,  1899. 


746         M.  LUGKON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

corniche  des  Préalpes  médianes  subir  une  inflexion  remarquable. 
Elle  est  est-ouest  dans  la  Gummfluh.  Puis  au  Mont  d'Or,  qui  repré- 
sente la  continuation  incontestable  de  la  Gummfluh,  la  dii*ection 
devient  N.N.E.-S.S.O.  et,  enfin,  le  long  des  rochers  triasiques  de  la 
Cheneau,  elle  est  N.E.-S.O. 

Les  exceptions  n  apparaissent  quau  point  où  la  direction  change. 
Ainsi,  entre  la  vallée  de  TEtivaz  et  de  THongrin,  la  corniche 
triasique  est  en  partie  cachée  par  le  Flysch  du  Niesen,  qui  vient 
ici  recouvrir  la  corniche  de  Trias,  alors  qu'il  pénètre  sous  lui 
dans  la  Gummfluh.  Ce  changement  d'allure  peut  s'expliquer  par 
Texistence  d*un  pli  du  substratum  triasique  des  Préalpes  médianes, 
ainsi  que  je  le  montre  par  la  fig.  4*  coupe  B  B. 

Ce  renversement  se  fait  sentir  exactement  en  avant  de  la  péné- 
tration dans  le  sol  de  la  nappe  du  Mont  Gond.  C'est  cette  dernière 
qui,  accompagnée  de  la  nappe  des  Diablerets,  a  refoulé  sur  un  par- 
cours bien  défini  la  zone  interne.  Nous  savons  que  les  relations 
normales  des  Préalpes  et  des  Hautes  Alpes  soufirent  une  exception 
sous  les  Diablerets,  grâce  à  l'avancement  de  la  nappe  que  repré- 
sente cette  dernière  montagne  et  de  la  nappe  du  Mont  Gond. 

En  général,  comme  nous  l'avons  montré,  les  Préalpes  imposent 
sur  les  Hautes  Alpes.  En  général  aussi,  la  zone  interne  disparait 
sous  les  Préalpes;  cela  a  lieu  partout,  sauf  aussi  en  avant  des 
Diablerets,  et  en  avant  de  leur  prolongation  virtuelle.  Je  crois  avoir 
prouvé  qu'à  l'ouest  de  la  nappe  actuelle  des  Diablerets,  celle-ci  se 
prolongeait  sur  le  pli  de  Morcles;  elle  a  été  enlevée  par  l'érosion, 
elle  est  virtuelle,  mais  sa  présence  antérieure  est  accusée  à  la  fois 
par  les  dislocations  étranges  de  la  l'égion  salifère  de  Bex  et  par  le 
repos  passager  de  la  zone  interne  sur  les  Préalpes  médianes,  de 
l'Etivaz  à  la  vallée  du  Rhône.  En  effet,  si  nous  recherchons  ce  qui 
se  passe  à  l'ouest  de  la  vallée  de  THongrin,  nous  voyons  le  Flysch 
du  Niesen  reposer  sur  le  Mont  d'Or^  continuation  de  la  GunimOuh  *. 
Puis,  enti'e  le  Mont-d'Or  et  la  Grande  Eau,  la  corniche  triasique 
disparaît  encore  sous  le  Flysch,  et,  dans  les  flancs  du  Chamossaire, 
nous  voyons  le  Trias  plonger  sous  les  écailles  superposées  qui 
constituent  cette  dernière  montagne.  Au  bord  de  la  vallée  du 
Rhône,  les  couches  sont  verticales,  puis  brusquement  elles  devien- 
nent horizontiiles  dans  la  colline  de  Saint-Triphon,  d'où  elles  rejoi- 
gnent le  massif  île  Tréveneusaz,  sur  lequel  nous  allons  revenir  plus 
loin.  A  partir  de  Saint-Triphon  la  disposition  anormale  a  cessé. 
On  pourra  élever  une  série  d'objections  à  celte  manière  de  voir, 

I.  E.  Favre  et  Sciiardt.  Description  géolo^^que  des  Préalpes  du  canton  de 
Vaiid.  etc.  Mat,  carte  fçéol.  suisse,  Liv.  aa,  pi.  XVII,  fig.  3. 


DES    ALPES   DU   CHABLAIS   ET    DE    LA   SUISSE  'jfyj 

bien  que  rharmonie  qui  règne  entre  les  relations  de  ces  diverses 
masses  indépendantes,  nappe  des  Diablerets,  zone  interne  et 
Préalpes  médianes,  soit,  semble-t-il,  d'une  valeur  telle  que  les 
contradictions  n'auront  à  Tavenir  que  des  bases  bien  peu  solides. 
On  pourra  poser  la  question  suivante  :  Pourquoi  les  nappes  des 
Diablerets  et  du  Mont  Gond-AViidhorn,  qui  se  prolongent  dans 
l'ensemble  de  la  région  des  Hautes  Alpes  bernoises,  n'ont-elles 
qa'une  iniluence  locale,  pourquoi  n'ont-elles  changé  les  relations 
récipix)ques  des  masses  tectoniquenient  indépendantes  que  dans 
les  Alpes  de  Bex  et  entre  la  Gummfluh  et  le  Rhône  ?  La  réponse 
à  cette  question  n'est  pas  de  l'ordre  restreint  des  faits  préalpins  ; 
elle  doit  s'élever  à  des  considérations  générales  sur  la  manière 
dont  se  comportent  les  grandes  nappes  de  recouvrement.  On  a  pu 
constater  combien  dans  ces  pages  j'ai  clierché  à  élargir  le  problème 
des  Préalpes,  en  me  basant  sur  des  dislocations  des  Hautes  Alpes. 
On  conçoit  facilement  que  le  problème  n'est  [)lus  localisé  à  la 
seule  région  qui  est  ici  en  discussion  :  les  Hautes  Alpes  entrent  en 
jeu  au  même  titre  que  les  Pi'éalpes,  et  l'on  verra  plus  loin  que  ce 
sont  elles  qui  nous  donneront  la  réponse  définitive.  Je  chercherai 
donc  des  points  de  comparaiscm  dans  d'autres  régions  des  Alpes, 
puisque  toute  la  chaîne  parait  avoir  été,  dans  son  front  nord,  sous 
le  coup  des  mêmes  dislocations  immenses. 

Dans  mon  mémoire  sur  les  Bauges  *  j'écrivais  (p.  92)  :  «  Ainsi 
des  phénomènes  extrêmement  puissants  peuvent  se  passer  en 
profondeur  sans  qu'ils  s'accusent  à  la  surface  autrement  que  par 
de  grandes  ondulations  qui  peuvent  même  à  la  rigueur  être  totale- 
ment absentes  »;  puis  plus  loin  (p.  iio)  :  «  ...  dans  les  plis  du 
Mont  Joly,  d'après  les  coupes  de  mon  collègue  M.  Ritter,  c'est 
bien  en  avant  aussi,  vei»s  l'extérieur  de  la  chaîne,  que  les  char- 
nières correspondant  aux  noyaux  aigus  anticlinaux  profonds 
doivent  être  recherchées  sous  la  forme  des  gi'andes  boucles  arron- 
dies des  couches  superficielles.  » 

Toute  la  réponse  au  problème  qui  nous  occupe  se  trouve  dans 
ces  deux  phrases. 

Ici.  que  sont  les  anticlinaux  profonds  ?  Ce  sont  les  nappes  du 
Mont  Gond-Wildhorn  et  des  Diablerets.  A  l'est  du  col  du  Pillon, 
le  pli  frontal  de  ces  nappes  est  caché  sous  la  masse  recouvrante  de 
la  zone  interne.  Nous  nous  trouvons  à  la  surface  de  la  grande 
nappe  pénétrante.  Or  nous  savons  par  les  coupes  si  instructives  de 
mon  ami  M.  Ritter  que,  lorsque  des  nappes  sont  superposées,  il  y  a 

I.  M.  LuGBON.  Les  dislocations  des  Bauges,  /i.  S,  C.  G.  F.,  XI,  iqck). 


Lr«a09.  LES  'ÏB^YDK»  BATTES  DB 


une  «^ocuTurviaiu»*  .ftbtioliut  initre  le«  dilfiéreiit«  terruiis  qvi  les 
•u>n!*t;tiieiit.  *^JtLà.  f»^  ^  vrai  «p&e  L't»a  avait.  aTant  les  travanx  de 
.\CM.  M.  B^n^rami  «K  Ritter.  toojoof^  ci>iisidéré  le  Moat  Jolj  en 
Sa'voii*'  (?rkiDiiie  mif^  «^iiAmit»  maîwe  ample  et  d^aliwre  truiqvîlle.  alors 
ffa'Me  est  formée  par  de«  nappes  empilées.  Cest  donc  e»  «mbI 
da  froQt  «If^  «en  nappes  cachées  «fit  pnifomâeur,  à  partir  d«  PiUoa 
▼tf^rs  fest.  ipifl»  felft^t  doit  <«e  répercuter  <vr  ime  étendae  de  bien 
des  kii«'joifl^tre«.  Jnsqn'â  ce  jour.  F^a  n'arait  jamais  soo^,  et  Hioi- 
mémi^  pa.-»  pfa»  «ine  mes  prédécesesenrs.  à  ¥oir  dans  les  plis  sÎHqiles 
des  HaatfTS  Alpes  beni«Mses.  sar  Lesquels  repose  la  zoae  inlenie. 
antre  chif9%tr  «|ne  «les  plis  en  piaice.  simplement  déjetés.  En  rénlilé. 
rXff  ne  sont  que  le»  pH»  smperjùTieU  de  la  carapace  (le  flanc  mormalp 
d'ar^  grande  nappe.  Le  pli  firontai  est  en  prolbmlenr.  ITest  donc 
en  profiondevr  seulement,  dans  le  sol.  «pe  pent  «se  £ûre  sentir  son 
aetioti  vers  ïoeani.  Si  nous  recherdions  oà  doit  se  troaTer  ici  la 
partie  préalpine  qui  doit  être  inAnencée  par  les  contonmements  de 
cr  pli  frontal  enfoni.  noos  Tojons  qne  c'est  oo-^fesaons  de  la  na|^ 
des  Préalpes  médianes  qne  le  phénomène  doit  se  répeirater. 
Voila  pourquoi  de  la  GommAnh  rers  Test  les  grandes  nappes  des 
Hantes  Alpes  n'ont  aucune  influence  en  surface. 

Lorsque  le  pli  fn>ntal  sort  de  dessous  les  masses  qui  le  Toilent 
à  la  surface,  c'est-à-dire  lorsque  le  relèTcment  général  —  dû  sans 
doute  à  une  cause  profonde  <  relèvement  du  noyau  cristuUin)  — 
est  suffisant  pour  que.  grâce  aux  altitudes  plus  élerées  de  Ten- 
semble,  l'érosion  ait  pu  atteindre  et  par  suite  noos  laisser  çoir  la 
zone  influencée  par  ce  pli  frontal,  aassitôi  nous  voyons  les  condi- 
lions  tectoniques  changer.  Cest  ainsi  que  dans  la  vallée  de  Gsteig 
le  pli  frontal  de  la  nappe  du  Mont  Gond  est  situé  peut-être  de  5oo 
à  looo  mètres  en  profondeur.  Rien  à  la  surface  ne  révèle  alors  son 
existence,  pas  pins  que  dans  la  région  du  Mont  Joly,  et  cela  en 
vertu  des  lois  que  j*ai  reconnues  et  formulées  dans  mon  ouvrage 
sur  les  Bauges.  Mais  quand  ce  pli  sort  dans  le  flanc  droit  du  Ci^ux 
de  Champ  sur  un  substratum  placé  à  plus  de  looo  mètres  d'alti- 
tude, immédiatement  les  contournfments  vers  faiHtnt  apparaissent 
aussi  à  la  surface  du  soL  et  cela  avec  une  régularité  typique, 
susceptible  de  devenir  classique  :  la  corniche  des  Préalpes  mé- 
dianes, qui  reposait  sur  le  Flysch  dans  la  Gummfluh,  se  renverse, 
et  c'est  le  Flysch  du  Niesen  qui  le  recouvre.  Puis,  lorsque  la  nappe 
des  Diablcrets  sort  elle  aussi  du  sol,  voilée  qu'elle  était  jusqu'alors 
par  la  nappe  du  Mont  Gond,  en  même  temps  la  partie  de  la  zone 
interne .  située  en  avant .  s'étale  ,  montre  par  des  dislocations 
exlr<>iiies  rinlluence   de  cette  masse  pénétrante   du  pli  frontal. 


DBS    ALPES   DU   CHABLATS   ET   DE    LA    SUISSE  ^49 

Réiiii)S8ant  son  effet  à  celui  de  la  nappe  du  Mont  Gond,  elle  exagère 
sa  puissance  ;  elle  rejette  la  zone  intei*ne  sur  les  Préalpes  médianes. 
Ainsi  les  plis  frontaux  des  nappes  de  recouvrement  des  Hautes 
Alpes  font  sentir  leur  effet,  uniquement  vers  Valant,  jusqu'à  une 
dizaine  de  kilomètres. 

Voilà  la  raison  de  celte  anomalie  que  présentent  la  zone  interne 
et  la  corniche  des  Préalpes  médianes,  anomalie  localisée  en  surface 
là  où  les  nappes  des  Hautes  Alpes  apparaissent  en  surface,  c'est-à- 
dire  lorsque  la  zone  d'influence  des  grandes  nappes  des  Hautes 
Alpes  nous  est  révélée  par  le  fait  d*une  érosion  assez  pro- 
fonde, et  cette  érosion  n*a  pu  atteindre  une  profondeur  suffisante 
que  là  où  les  altitudes  ont  été  assez  considérables,  grâce  au  relè- 
vement vers  l'ouest  du  substratum  cristallin.  Nous  pouvons  tirer 
de  ces  faits  deux  conclusions  importantes  :  i*"  dans  les  Préalpes  et 
les  Hautes  Alpes  bernoises  des  dislocations  très  intenses  doivent 
exister  en  profondeur,  que  nous  ne  voyons  pas,  mais  que  nous 
pressentons  ;  2^  dans  les  Hautes  Alpes  vaudoises,  la  nappe  des 
Diablerets  recouvrait  jadis,  avec  celle  du  Mont  Gond,  le  grand 
pU  couché  de  Mordes,  puisque  l'effet  de  leurs  plis  frontaux 
continue  à  se  faire  sentir  jusqu'à  la  vallée  du  Rhône,  C'est  pour 
cette  raison  que  j'ai  parlé  plus  haut  de  la  continuation  virtuelle 
de  la  nappe  des  Diablerets.  Nous  avons  maintenant  la  preuve 
de  cette  continuation.  L'eflet  de  ces  nappes  supérieui*es  à  celle  de 
la  Dent  de  Morcles-Dent  du  Midi  cesse  de  se  faire  sentir  à 
partir  de  la  vallée  du  Rhône,  parce  que,  grâce  au  relèvement 
général  dû  au  massif  cristallin,  et  à  V importance  que  prend  dans 
la  Dent  du  Midi  la  nappe  inférieure,  leur  zone  d'influence  vers 
Pavant  était  supérieure  en  altitude  à  la  nappe  des  Préalpes, 

Non  seulement  l'on  voit  ici  combien  le  problème  des  Préalpes 
prend  une  ampleur  inattendue,  mais  Tcm  voit  intervenir  déjà  la 
relation  nouvelle,  qui  n'avait  jamais  été  présentée,  de  ces  Pl'éalpes 
et  des  Hautes  Alpes.  Elles  ne  sont  pas  aussi  étrangères  les  unes  aux 
autres  qu'il  ne  doive  y  avoir  des  points  comnmns  entre  elles.  J'ai 
été  de  ceux  qui  ont  cru  avec  le  plus  de  conviction  à  la  séparation 
complète  de  l'histoire  des  deux  chaînes  en  présence.  Il  ne  me 
coûte  pas,  aujourd'hui,  de  reconnaître  mon  erreur  et  de  la  réparer 
en  émettant  des  vues  nouvelles,  susceptibles  d'expliquer  toutes  les 
contradictions  passées. 


^f>0  W.  LCtsSOH.  —  LRS  (yRA.f  DES  ^lAPPES  DK  KBCOUTMKME^CT 


■).  —  RÉFUTA  no ?r  de  l'hypothèse  de  l'évextail  composé 

IMBRIQUÉ 


L'hyp«)tht»^e  «le  TéTentaiil  composé  imbriqaé  de  M.  Haog.  amsi 
•pi* il  le  «lit  lai-mi^nie.  s'appuie  aussi  bien  sur  les  coapes  andeiiiies 
lie  ilivers  antears  que  sur  la  partie  réellement  obserrée  de  coupes 
récentes.  Les  ^>logaes  préalpins  Tont  phis  loin.  Ils  ne  se  conten- 
tent pas  excinsirement  de  la  partie  obserrée  des  coiqpes  :  Texpé- 
rience  leur  a  appris  qne.  dans  on  tel  domaine,  il  fant  toujours 
interpréter  la  partie  observée  d'one  coupe  en  la  reliant  arec  celle 
d'une  voisine  pins  profonde  :  il  ne  faut  jamais  oublier  les  relations 
rétnproques  des  coupes  ainsi  observées,  aussi  bien  dans  le  sens 
vertical  que  dans  le  sens  horizontal.  Cest  ce  que  j*ai  négligé 
parfois  de  faire,  quand  j*ai  publié  mon  mémoire  sur  le  Chablais: 
il  me  manquait  rexpérience  que  dix  années  d*études  sur  le  terrain, 
et  dix  années  de  contact  avec  nombre  de  collègues  distingués 
m'ont  fait  acquérir.  Je  vais  à  la  fois  réparer  mon  erreur  première 
et  résumer  les  arguments  qui  montreront  Fimpossibilité  de  Thypo- 
thèse  de  Téventaii  imbriqué. 

Mon  collègue  et  ami  M.  Haug  fait  de  la  zone  bordière  des  Voi- 
rons le  bord  extérieur  de  son  éventail  :  mais  il  passe  sous  silence 
les  collines  du  Faucigny.  J*ai  montré  précédemment  que  celles-ci 
étaient  formées  de  terrains  s*étirant  en  profondeur  jusqu'à  leur 
disparition.  Ainsi  une  branche  manque  à  l'éventail. 

M.  Haug  s'appuie  sur  le  contoumement  supposé  en  direction 
des  plis  de  la  zone  interne,  en  face  de  la  vallée  du  Rhône.  Il  ne 
com[)te  pas  avec  Tinfluence  des  inflexions  transverses  et  leur  eflet 
sur  les  altitudes.  J'ai  montré  plus  haut  que  ce  contoumement  était 
inconciliable  avec  les  faits.  Ainsi  la  branche  intérieure  de  Téventail 
fait  défaut. 

M.  Haug  s'appuie  sur  la  non-continuité  de  la  corniche  triasique 
qui  regarde  du  côté  des  Hautes  Alpes.  Cette  observation  est  très 
importante  et  très  juste,  mais  j'ai  montre  que  ces  exceptions  sont 
localisées  et  dues  à  un  accident  puissant,  snr  lequel  on  n'avait  pas 
encore  attiré  l'attention  :  elles  n'infirment  pas  Tensemble  du  phéno- 
mène à  savoir  que  partout  le  F*lysch  s'enfonce  sous  les  PK'alpes 
iiuVliancs.  et,  dans  le  cas  des  exceptions,  il  le  fait  |)ar  un  contour- 
n(;iiierit  évi<lent  du  bord  de  la  nappe  (fig.  4.  BB). 

M.  Haug  conteste  que  les  contacts  anormaux  des  Prcalpes 
médianes  sur  le  Flvsch  de  la  zone  bordière  et  sur  le  Flvsch  du 
Niesen  ou  du  Val  d'Illiez  soient  l'allïeui'ement  du  plan  de  chevau- 


DKS   ALPES    DU    CHABLAÏS   ET   DE   LA    SUISSE  ^OI 

chement,  les  deux  bords  de  cette  nappe  des  Préalpes  médianes  : 
«...  j'y  vois  par  contre,  dit- il  *,  des  chevauchements  tout  à  fait 
analogues  à  ceux  de  Tintérienr  de  l'éventail,  celui-ci  (contact 
anormal  sous  la  Gummfluh)  se  comportant  comme  le  pli-faille  du 
Rûbli;  celui-là  (contact  anormal  du  pied  du  Moléson)  comme  le 
pli-faille  de  la  Laitmaire  (chaîne  des  Gastlosen)  ».  Cette  remarque 
est  vraie  si  Ton  n'envisage  que  des  coupes;  elle  est  erronée  loreque 
Ton  considère  la  troisième  dimension  des  accidents,  c'est-à-dire  la 
longueur  de  la  trace.  Or,  les  plis-failles  du  Ruhli  et  de  la  Laitmaire 
ne  s'étendent  pas  indéfiniment.  Lorsqu'on  les  poursuit,  Ton  voit 
que  celui-ci  se  transforme  en  voûte  dans  le  Chahlais,  d'une  part, 
et  au-dessus  d'Erlenhach,  dans  le  Simmenthal,  d'autre  part,  que 
celui-là  se  réduit  seulement  au  chaînon  du  Rfibli.  Toute  autre  est 
la  trace  du  plan  de  chevauchement  critiqué.  Elle  est  fer*mée  et  ne 
pi*ésente  une  exception  de  forme  qu'entre  le  Ment  d'Or  et  le  bord 
du  Rhône. 

M.  Haug  s'appuie  enfin  sur  les  plis  déversés  vers  le  sud. 
M.  Schardt  -  a  déjà  répondu  sur  ce  point  en  expliquant  comment 
de  petits  plis  en  retour  pouvaient  exister  dans  de  telles  nappes  de 
recouvrement,  sans  qu'ils  infirment  Tallun»  des  grands  plis  d'en- 
semble, qui  sont  toujours  dirigés  vers  le  nord.  Mais  mon  collègue 
de  Paris  s'appuie  sur  des  faits  que  j'ai  signalés.  Je  suis  là  évidem- 
ment le  coupable,  car  j'ai  le  l'egret  de  dire  que  ces  faits  <mt  été  mal 
interprétés  par  moi-même. 

Il  s'agit  tout  d'abord  des  Klippes  <lu  Val  d'Illiez.  Lorsque  j'ai 
rédigé  mon  mémoire  sur  le  Chahlais,  mes  coupes  étaient  déjà 
dessinées  et  imprimées  dans  l'idée  du  pli  en  champignon.  En 
voyant  dans  la  Klippe  de  Savonnaz  des  charnières  tournées  vers 
le  sud,  j'avais,  à  tort,  conclu  que  le  massif  de  Culet  était  déversé 
aussi  vers  les  Hautes  Alpes.  En  réalité,  cette  Klippe  de  (iulet  est 
formée  par  des  lames  superposées  <lisparaissant  par  écrasement 
dans  le  Flysch.  Quant  à  Savonnaz,  il  s'agit  d'une  lame  repliée  sur 
elle-même.  C'est,  de  tout  l'ensemble  de  la  zone  interne,  le  seul 
point  où  peut-être  un  plissement  très  secondaire  semble  s'être  dirigé 
du  côté  sud.  Or,  partant  de  la  considération  d'une  masse  aussi 
tourmentée,  mais  si  locale  qu'est  Savonnaz,  il  n'est  pas  prudent 
d'infirmer  tonte  la  généralité  du  phénomène  qui  nous  montre 
toujours  que  les  plis  princi])aux  sont  tournés  vers  le  nord.  Et 

I.  E.  Haug.  Les  régions  dites  exoti(iues  du  versant  nord  des  Alpes  suisses. 
BulL  Soc.  vaud.  Se.  naL,  vol.  XXXV,  p.  i54,  18*19. 

9.  H  Schardt.  Encore  les  régions  exotiques.  liull.  Soc.  raiir/.,  vol.  XXXVI, 
p.  166. 


7.>2  M.  LUGEON.  —  LKS  GRANDES  NAPPES  DR  RECOUVREMENT 

déjà,  dans  Tétat  d  esprit  où  je  nie  trouvais  en  rédigeant  ma  inono- 
gi*aphie  de  la  Région  de  la  Brèche,  j'ai  dû,  cependant,  ne  pas 
jn'endre  en  considération  cet  accident  secondaire  de  Savoniiaz. 
détail  unique  insignifiant,  se  perdant  dans  la  multitude  des  faits 
d'ordre  contraire. 

Puis  j'ai  commis  une  erreur  plus  grave  encoi'e  en  interpi*étant 
les  plis  de  Tréveneusaz.  J'ai  cru  voir  des  plis  dirigés  vei's  la  vallée 
du  Rhône,  trompé  que  j'ai  été  par  les  inteisections.  Ce  massif  est 
formé  par  une  grande  plaque  de  terrains  tles  Pi'éalpes  médianes, 
s'incurvant  vei's  le  nord  et  butant,  par  un  pli-faille  E  N.K.-O.S.O., 
conire  le  svnclinal  de  Flvsch  de  Vionnaz.  C'est  donc  un  anticlinal 
pli-faillé,  (jui  ne  se  distingue  des  auti*es  plis  des  Préalpes  que  par 
un  plus  grand  rayon  de  courbure.  En  outiv,  Tréveneusaz  est 
séparé  du  massif  de  la  Brèche,  qui  le  recouvre,  par  une  lame  indé- 
pendante, formée  par  un  noyau  de  Jurassique  supérieur.  Elle  est 
coupée  parallèlement  à  sii  dii*ection  noi*d-sud  par  le  vallon  de 
Dravei^az.  Cette  section,  qui  mcmtre  un  noyau  de  Malm  au-dessus 
et  au-dessous  duquel  on  voit  du  Ci*étacique,  m'avait  alors  paru 
comme  un  pli  dc'vei'sé  vers  l'est.  J'avais  commis  là  Terreur  com- 
mune, où  l'on  tombe  si  facilement  loi*sque  l'on  intei*pi*ète  des  plis 
couchés  ou  des  écailles  entamées  par  l'érosion.  Je  le  regrette,  car 
mon  confrère  s'est  spécialement  appuyé  sur  les  points  où  j'étais 
en  faute  ;  ma  seule  consolation  est  que  l'hypothèse  de  l'éventail 
composé  imbriqué  éUiit  née  avant  la  publication  de  mes  eri^eui'S. 

Puisque  Tréveneusaz  n'est  pas  couché  vers  la  vallée  du  Rhône, 
on  voit  que  iona  les  plis  des  Préali>es  médianes  se  continuent  de 
part  et  d'auti^e  des  numtagnes  qui  boinlent  le  fleuve';  il  en  est  de 
même  de  la  zone  interne,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  à  nouveau 
plus  haut. 

Il  ne  reste  plus  rien,  me  semble-t-il,  des  arguments  tectoniques 
de  M.  Haug  en  faveur  de  son  hypothèse.  Si  j'ai  commis  un  oubli, 
je  serai  toujours  prêt  à  le  réparer.  Je  suis  convaincu  par  avance 
que  l'argument  que  j'aurais  à  criticfuer  sera  facilement  réfuté,  car 
je  donnerai  plus  loin  les  preuves  de  l'absence  de  racine  des 
Préalpes. 

6.  —  Y  A-T-IL  3   ou   4  XONES   INDEPENDANTES   DANS   LES  PrKALPES? 

On  sait  que  M.  Scliardt  a  émis  l'hypothèse  saisissante  que  la 
zone  externe  ou  bordière  des  Pléyades-Voirons-collines  du  Fan- 
cigny  était  formée  de  fragments  arrachés  à  la  zone  interne  et 
entraînés  en  avant  par  le  chevauchement  des  Préalpes  médianes. 


DES   ALPES   DU   CHABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  753 

Lorsque  Ton  suit  la  zone  interne  (y  compris  le  Flyseh  du  Niesen) 
du  côté  du  lac  de  Thoune,  on  voit  qu'elle  se  rapproclie  de  plus  en 
plus  de  la  zone  externe,  par  rainincissement  des  Préalpes  mé- 
dianes qui  les  séparent.  D'autre  part,  dans  le  Chablais,  la  Brèche 
du  col  de  Chatillon,  qui  est  le   dernier  témoin  de  la  zone  du 
Niesen,  se  rapproche  considérablement  des  collines  du  Faueigny. 
De  plus  enfin,  Ton  trouve,  dans  les  champs,  le  long  de  la  ix>ute  de 
Ghatillon  à  Marignier,  vers  TAbbe,  maison  à  l'ouest  du  point  546, 
des  aHleurements  de  ces  grès  du  Niesen,  ici  placés  sous  les  escar- 
pements liasiques  de  la  Pointe  d'Orchez.  Ainsi,  plus  nous  péné- 
trons en  profondeur,  plus  nous  voyons  la  zone  interne  chercher 
pour  ainsi  dire  à  rejoindre  la  zone  externe.  Ce  Tait,  lié  à  celui  que 
*  ces  deux  zones  se  terminent  chacune  en  profondeur  par  un  amin- 
cissement successif,  lié  aussi  à  la  présence,  dans  ces  deux  zones,  des 
mêmes  terrains  mésozoîques  (Néocomien,  Malm,  Lias  à  Gryphées, 
etc.),  nous  autorisent-ils  à  les  considérer  comme  un  même  en- 
semble tectonique  ? 

Si  les  dislocations  et  les  terrains  méso/oicfues  répondent  par 
Taffirmative,  il  n'en  est  pas  de  même  du  Flyseh.  qui  se  dilférencie 
très  nettement  dans  la  zone  externe  de  celui  de  la  zone  interne, 
ainsi  que  l'a  démontré  M.  Sarasin  '.  (^uel  est  celui  des  deux  argu- 
ments contraires,  semble-t-il,  qui  doit  nous  entraîner?  Celui  basé 
sur  la  tectonique  et  les  terrains  mésozoîques  a  incontestablement 
plus  de  valeur,  car  les  faciès  de  ces  terrains  sont  sujets  à  moins  de 
variation  que  ceux  du  Flyseh,  mais  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que 
ces  derniers  ont  une  grande  importance.  Nous  sommes  donc  ici  en 
présence  d'une  dilliculté  non  encore  résolue.  Ce  n'est  pas  adaiblir 
notre  démonstration  que  de  montrer  nous-mêmes  ce  qu'il  nous 
manque  encore.  Je  me  suis  demandé  quelquefois  si  ce  Flyseh  de 
la  zone  externe  n'appartenait  pas  aux  Pi^éalpes  médianes.  En  effet, 
ce  Flyseh  est  le  même  que  celui  que  Ton  trouve  sous  les  Klippes 
de  la  Suisse  allemande.  Or,  celles-ci  ne  sont  que  des  fragments  de 
la  nappe  des  Préalpes  médianes,  comme  l'ont  montré  MM.  Hugi  et 
Tobler.  Ainsi  ce  Flyseh  est  toujours  lié  avec  ces  dernières.  Si  le 
même  terrain  qui  recouvre  les  Préalpes  médianes,  dans  les  syncli- 
naux, ne  se  différenciait  pas  de  celui  de  la  zone  externe,  on  serait 
tenté  de  considérer  celui-ci  comme  le  flanc  renversé  de  la  nappe  de 
ces  Préalpes.  En  marchant,  la  nappe  aurait  entraîné  des  fragments 
de  la  zone  interne,  qui  auraient  pénétré  en  écaille  dans  le  Flyseh 
étranger  à  elles-mêmes.  Ainsi,  dans  cette  manière  de  voir,  la  zone 

I.  Sarasin.  De  Torigine  des  roches  exotiques  du  Flyseh.  Arvh.  Se.  phys,  et 
noL  Genève,  1894. 


754 


M.   LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREBIENT 


externe  serait  très  complexe.  Nous  veri'ons  plus  loin  quel  méca- 
nisme Ton  pourrait  invoquer  pour  expliquer  pourquoi  ce  ne  sont 
guère  que  les  terrains  du  Jurassique  et  du  Crétacique  qui  ont  pu 
t>li*e  enveloppés  pai*  le  Flysch  de  la  zone  bordière. 


Surface 


'^«       et      Flysch . 


àfoiassc       et      FitJsch 


Fig.  4-  —  Coupes  schéma  tiques  des  nappes  des  Prcalpes.  —  AA,  Coupe  à 
travers  le  Chablais  ;  BB,  Coupe  sur  lo  rive  droite  de  la  vallée  du  Rhône 
(cette  coupe  montre  le  renversement  local  des  Préalpes  médianes  en  avant 
de  la  zone  interne  ])oussée  par  la  nappe  des  Diablerets). 

(),  Plis  autochtones;  i,  Pli  de  Mordes;  a,  Nappe  des  Diablerets;  4*  Zone 
interne  et  zone  externe,  formant  ainsi  comme  une  zone  ceinture  ;  5,  Préal- 
pes médianes  ;  6,  Région  de  la  Brèche. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Préalpes  doivent  être  l'eprésentés  par  le 
schéma  de  la  figure  4. 

11  nous  i*este  maintenant  à  démonti*er  Tabsence  de  racine  des 
Préalpes. 


m.  —  Les  Préalpes  n'ont  point  de  racines 

Une  seule  hypothèse,  celle  de  Téventail  composé  imbriqué,  si 
hrillamment  défendue  i>ar  mon  savant  ami  M.  Haug,  était  opposée 
à  celle  que  je  défends  ici.  Je  crois  Ta  voir  réfutée,  comme  je  vais 
chercher  à  réfuter  i>ar  avance  les  autres  hypothèses  du  même 
ordre  qui  pouri'aient  naître  encore.  J'ai  expliqué  pourquoi  je  n*avais 
pas  osé  conclure  dans  mon  mémoire  sur  le  Chablais  ;  cependant 
les  arguments  que  j'ai  donnés  pouvant  être  présentés  sons  une 
autre  forme  et  un  fait  nouveau,  considérable,  m'amenant  à  une 
nouvelle  explication,  je  ci^ois  devoir  l'eprendi'e  très  brièvement  la 
démonstration  de  Tabsence  de  racine. 


DES  ALPES   DU   CHABLAIS  ET   DE   LA   SUISSE  ^00 


I.  —  Plusieurs  faits  péremptoires  en  faveur  de  l'absence 

DE   RACINE   DU    MASSIF   DE    LA    BrÈCIIE 

sont  du  même  ordre  que  ceux  qui  servent  a  demontrer 
l'absence  de  racine  des  Préalpes  médianes 

Nous  savons  quo  les  Préalpes  sont  formées  par  3  zones  indépen- 
dantes. Dans  mon  ouvrage  sur  la  région  de  la  Brèche  du  Chablais, 
j'ai  démontré,  d'une  manière  définitive,  l'absence  de  racine  de  cette 
région  de  la  Brèche.  Pei'sonne,  jusqu'ici,  ne  s'est  opposé  à  cette 
interprétation.  Dans  les  Préalpes  bernoises  il  est  encore  plus  facile 
de  montrer  Tabsence  de  racine,  car  la  région  de  la  Brèche  de  la 
Homfluh  est  beaucoup  plus  morcelée  ;  ses  fragments  surnagent, 
pour  ainsi  dire,  sur  le  Flysch  et  dans  les  synclinaux  des  Préalpes 
médianes. 

On  trouve  un  pli  frontal^  mais  il  n'est  pas  aussi  régulier  que 
celui  que  j'ai  découvert  dans  le  Chablais  sur  le  ilanc  droit  du 
vallon  de  Charmy.  Dans  la  petite  chaîne  qui  domine  ZAveisimmeu-, 
on  trouve  ce  pli  frontal  très  disloqué,  pénétrant  dans  le  Flysch, 
comme  il  le  fait  au-dessus  de  Saint-Jean-d'Aulph,  c^pns  la  vallée  de 
la  Drance  *.  La  complication  est  peut-être  encore  plus  grande  dans 
le  Simmenthal  que  dans  cette  dernière  localité,  à  cause  de  l'em- 
uiélement  de  la  nappe  de  la  Brèche  avec  les  Préalpes  médianes, 
mais  le  phénomène  est  le  même.  La  chaîne  llothihorn-Spielgârlcn- 
Gaiithora  -  représente,  dans  le  canton  de  Berne,  exactement  ce 
qu'est  le  massif  de  ïréveneusaz  sur  la  rive  gauche  du  Rhône  ; 
l'Amselgrat,  qui  est  dans  la  prolongation  de  cette  chaîne,  rappelle 
l'écaillé  du  col  de  Moi*gins.  La  ressemblance  est  complète.  A 
l'ouest  du  col  de  Morgins,  les  Préalpes  médianes  disparaissent, 
écrasées,  sous  le  massif  de  la  Brèche.  11  en  est  de  même  à  l'ouest 
de  TAmselgi'at.  Ce  n'est  que  dans  la  chaîne  de  la  Gunnnfluh  que 
Ton  voit  réapparaître  les  Préalpes  médianes. 

Afin  d'éloigner  tous  les  doutes  (lui  pourraient  rester  <lîins  l'esprit 
de  quelques  géologues,  relativement  à  l'absence  de  racine,  sous  le 
massif  de  la  Brèche  du  Chablais,  si  les  arguments  (jue  j'ai  donnés 
dans  mon  mémoire  de  iHgi)  ne  leur  suilisairnt  pas,  je  donne  une 
coupe  de  la  nappe  de  la  Bi*èche  dans  Je  massif  de  la  Hornlltih  (iig.  5). 
Nulle  part,  grâce  aux  érosions  qui  pénètrent  dans  les  couches  pro- 
fondes, on  ne  peut  mieux  voir  le  Flysch  sous  les  roches  h'iaso- 

I.  Luceon:  La  région  de  la  Brèche  du  (chablais,  pp.  200-âu". 
a.  Voir  Carie  géologique  suisse,  feuille  XVII. 


M.  LUGEON.  —  LES  ORA.NDEâ  NAPPES  DK  RBCOtlVREHENT 


'h 


jui'asM<|ue!ï.  Nulle  pai-t,  dans  le  Chablais,  il  ne  m'a  été  possible  de 
trouver  une  cc>iii»e  aussi  démonstrative.  La  masse  pénétrante  du 
pli  frontal  est  semblable  à  celle 
qui  domine  Saint-Jean-d'Aulpb. 
mais  le  pbénomëne  est  encore 
plus  compliqué. 

On  se  rappelle  l'hypothèse 
que  j'ai  émise  en  lâgS  pour 
expliquer  la  position  si  singn- 
lière  des  roches  éruptives  en 
plein  dans  le  Flysoh  qui  recou- 
viv  le  massif  de  la  Brèche.  J'ai 
^\  'T  o       supposé  que  c'étaient  des  sortett 

\  ^      de    «  copeaux  »    qui    avaient 

■^  accompli  une  marche  relative 
eu  arrière,  lors  de  la  pénétra- 
-  E  tion  de  la  nappe  de  recouvre- 
^  £  ment  dans  le  Flysch  '.  Or,  mes 
'  g  élèves,  M.  G.  Roessinger  et  F. 
a  .1  Jaccard  ',  ce  dernier  simnlta- 
£  ■^  ncment  avec  M.  H.  Schardt,  ont 
X  —  constaté  ces  mêmes  roches  exo- 
^  -^  tiques  isolées  dans  le  substra- 
^  tum  de  Flysch  du  massif  de  la 
~  Homlluh.  Il  n'en  existe  qu'un 
J  seul  exemple,  dans  nne  position 
g  tectonique  semblable,  dans  le 
"^  Chablais  (celui  des  Farqnets). 
S'  Cette  découverte  est  impor- 
u  tante  :  elle  vient  corroborer 
I  notre  hypothèse. 
""  Ainsi  les  régions  des  Brèches 

^      sont  des  régions  sans  racines. 
Plusieurs  faits  qui  m'ont  per- 
mis de  démontrer  l'absence  de 
racines  sous  le  massif  de  la  Brè- 
che du  Chablais  sont  du  même 
ordre  que  ceux  qui  servent  à  nous  démontrer  la  même  absence 


1.  LuoKON,  Lii  région  de  In  fircche  du  Chablnis,  p.  a^^ 

».  G.  HoBSBiMiKH  et  BoKAKB.  Les  roches  cristallines  dé  la  Horoflah.  Sali. 
Soc.  vaud.  Se,  nal.,  vol.  XXXVII,  pp.  471,  190t. 


DBS  ALPES  DU  CHABLAIS  ET   DE   LA   SUISSE  'J&'J 

SOUS  les  Préalpes  médianes.  Avant  de  les  examiner,  arrêtons-nous 
encore  au  pli  frontal. 

M.  Haug  s*appuie  en  particulier  sur  Tabsence  de  la  charnière 
frontale  des  Préalpes  médianes  pour  nier  Thypothèse  du  recou- 
vrement général  de  cette  région  alpine.  Cependant  si  nous  consi- 
dérons la  fig.  3,  pi.  XV,  nous  voyons  que  le  inassil'de  la  Brèche 
n'y  présente  aucune  charnière  frontale,  donc  en  se  basant  sur 
cette  coupe,  M.  Haug  pourrait  aussi  en  déduire  Fabsence  de 
racine. 

Mais  M.  Haug  admet  '  que  la  limite  extérieure  des  Préalpes 
médianes  est  une  ligne  de  conlact  anormal,  qui  se  poursuit  depuis 
le  Môle  jusqu'à  Blumenstein  ;  il  admet,  avec  Tensemble  des  géo- 
logues, que  ce  contact  anormal  est  dû  à  un  chevauchement  -.  Mais 
un  chevauchement  est  toujours,  lui  aussi,  terminé  par  une  chai"- 
nière  frontale.  Nos  grands  phénomènes  de  recouvrement  ne  sont, 
au  fond  y  que  des  chevauchements  de  très  grande  amplitude. 
M.  Haug  ne  devi*ait  donc  pas  admetti*e  le  chevauchement  du  boni 
externe  des  Préalpes  médianes,  puisque  la  charnière  frontale 
n'existe  pas. 

Si  la  charnière  frontale  des  Préalpes  médianes  est  absente,  c'est 
qu'elle  a  été  simplement  enlevée  par  l'érosion.  Mais  il  est  un 
massif  où  elle  ne  devait  pas  être  bien  lointaine,  où,  me  semble-t-il, 
elle  est  encore  en  partie  conservée,  dans  les  terrains  liasiques.  Je 
veux  parler  du  Môle.  En  examinant  la  coupe  lo,  pi.  III,  de  mon 
mémoire  sur  le  Ghablais,  on  voit  combien  cette  coupe  rappelle  les 
empilements  de  plis,  ceux,  par  exemple,  du  front  dès  Diablerets. 
Du  reste,  dans  le  cas  particulier,  cette  absence  de  pli  frontal  a  une 
importance  relativement  minime  et  il  me  semble  inutile  d'insister. 

Je  me  suis  appuyé  particulièrement,  pour  démontrer  l'absence 
de  racine  du  massif  de  la  Brèche  du  Ghablais,  sur  le  fait  que  le 
pli  synclinal  si  simple  et  si  régulier,  que  représente  tout  le  massif, 
ne  se  termine  pas  aux  deux  extrémités  de  son  axe.  «  Ce  pli  s'arrête 
brusquement  aux  vallées  du  Giflre  et  du  Rhône  et  sous  ses  extré- 
mités au  sud-est  et  au  nord-ouest  nous  voyons  pénétrer  le 
Flysch  ^  ». 

TJn  pli  dont  les  deux  extrémités  de  l'axe  reposent  sur  des  terrains 
plus  jeunes  ne  peut  avoir  racine  en  profondeur. 

Or,  ce  raisonnement  y  qui  a  été  accepté  pour  le  massif  de  la 
Brèche,  peut  être  appliqué  aux  Préalpes  médianes, 

1.  Ë.  Haug.  Les  rcjpons  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses, 
p.  i5o. 
a.  E.  Haug.  Id.,  p.  i5a  :  «  Si  ce  chevauchement  était  contesté —  ». 
3.  LuoBOif.  La  région  de  la  Brèche  du  Ghablais,  p.  395. 

3  Juin  igoa.  —  T.  i«^.  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  49 


758         M.  LUGEON.  —  LES  GKANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMÎBNt 

G*est  la  vallée  de  TArve  qui  va  nous  fournir  des  arguments 
péremptoires,  que  j*aî  déjà  exposés  en  partie  dans  mon  mémoire 
sur  le  Chablais  K 

Quelle  hypothèse,  autre  que  celle  (Tune  nappe  de  recouvrement  y 
pourra  permettre  d'expliquer  la  présence  de  quelques  lambeaux 
jurassiques  retrouvés  par  moi,  à  la  Turche,  sur  les  masses  de 
Flysch  qui  s'élèvent  vers  le  Désert  de  Plate  ? 

Ces  deux  gros  blocs  de  Jurassique  ne  représentent-ils  pas  des 
fragments  des  Préalpes  médianes  et  ne  nous  apprennent-ils  pas 
que  cette  nappe  de  recouvrement  était  jadis  plus  étendue?  Ces 
lambeai\x  de  recouvrement  nous  disent  quel  fot  le  chemin  suivi 
par  la  nappe  préalpine.  Je  ne  vois  guère  quelle  théorie  pourront 
émettre  les  adversaires  de  celle  que  je  défends  ici  pour  expliquer 
la  présence  de  ces  témoins  gênants. 

A  l'avance  je  nrinscris  contre  Texplication  qui  pourrait  peut-être 
être  donnée,  qui  considérerait  ces  lambeaux  comme  des  fragments 
d*un  pli  venu  du  nord,  de  dessous  le  massif  de  la  Brèche,  parallè- 
lement à  la  vallée  du  Giflre.  Ce  pli  serait  écrasé  à  sa  racine.  Une 
telle  hypothèse  serait  d'ailleurs  facile  à  réfuter.  Les  blocs  de  la 
Turche  sont  comparables  aux  lambeaux  isolés  qui  appartiennent 
au  massif  de  la  Brèche.  Us  surnagent  sur  le  Flysch  des  Hautes 
Alpes.  Ceci  nous  montre  bien  que  ces  montagnes  jouent,  vis-à-vis 
des  Préalpes  médianes,  le  rôle  que  ces  dernières  jouent  vis-à-vis 
de  la  région  des  Brèches.  Ce  sont  des  masses  qui  se  recouvrent  les 
unes  les  auti*es.  Et  ce  qui  est  une  preuve  pour  le  massif  de  la 
Brèche  doit  Tétre  aussi  pour  les  Préalpes  médianes. 

Les  Préalpes  médianes  sont  coupées,  transversalement,  par 
Térosion  de  la  vallée  de  TArve,  dans  le  Môle  et  dans  la  Pointe 
d'Orchez.  Or  les  plis  qui  les  forment  sont  superposés  à  des  terrains 
plus  Jeunes  queux.  Ils  ne  peuvent  donc  avoir  racine  en  projbndeur 
et  il  s'ensuit  que  les  Préalpes  médianes  en  entier  sont  sans  racines. 

Voyons  les  faits  qui  m'autorisent  à  établir  cette  importante 
conclusion. 

On  sait  qu'à  Taninge  (fig.  4?  pl-  XV)  les  Préalpes  médianes  en 
entier  ne  sont  représentées  que  par  une  lame  de  Crétacique  supé- 
rieur reposant  sur  le  Fl}'sch  des  Hautes  Aipes^  et  recouvert  direc- 
tement par  le  Carbonifère  du  massif  de  la  Bi*èche.  Ainsi,  en  ce 
point,  les  Préalpes  médianes  n'ont  pas  l'acine  en  profondeur. 

I.  Je  prie  le  lecteur  de  m'excuser  de  citer  si  souvent  ce  mémoire,  j'y  suis 
forcé  par  Toubli,  dans  les  discussions  ultérieures,  des  arguments  que  j*estime 
importants,  arguments  qui  se  sont  perdus  parmi  le  grand  nombre  des  autres, 
au  milieu  de  Ténorme  accumulation  de  faits  que  j*ai  apportés. 


DBS  ALPES  DU   CUABLAIS  ET   DE   LA   SUISSE  J^Q 

Toute  la  rive  gauche  du  Giflre  est  occupée  par  le  Flysch  des 
Hautes  Alpes,  sur  lequel  repose,  à  Ghatillon,  un  lambeau  de  Flysch, 
homologue  de  celui  du  Niesen  (bivche  à  éléments  granitiques), 
soit  de  la  zone  interne  des  Prcalpcs.  Ce  Flysch  des  Hautes  Alpes, 
avec  son  compagnon,  occupe  toute  la  partie  basse  de  Textrémité 
orientale  du  massif  de  la  Pointe  d'Orchez.  On  sait  que  partout  les 
Hautes  Alpes  s'enfoncent  sous  la  zone  interne  et  celle-ci  sous  les 
Préalpes  médianes.  Dans  ces  conditions,  nous  pouvons  dire  que 
toute  Vextrérmté  est  de  la  Pointe  d'Orchez  repose  sur  le  Flysch, 
La  démonsti*ation  est  péremptoire,  si  Ton  sait  que  vers  le  point 
546,  sur  la  route  de  Ghatillon  à  Marignier  ',  on  constate  le  Flysck 
au  pied  des  escarpements  liasiques. 

Ainsi  voilà  un  premier  ensemble  des  Préalpes  médianes,  un  des 
chaînons  axiaux  du  fameux  éventail  imbriqué  qui  repose  sur  le 
Flysch.  Je  reviendrai  sur  ce  fait  important;  mais  passons  main- 
tenant au  Môle. 

Je  maintiens  que  les  plis  du  Mole  sont  couchés  sur  la  Molasse 
rouge.  Or,  sur  quoi  repose  cette  Molasse,  sinon  sur  le  Flysch  des 
Hautes  Alpes?  Et  comme,  à  quelques  kilomètres  de  là,  lïous  savons 
que  la  Pointe  d'Orchcz  repose  sur  ce  Flysch,  comment  veut-on, 
entre  eux  deux,  trouver  place  pour  une  racine  des  Préalpes?  Il  ne 
faut  pas  oublier,  non  plus,  que  les  plis  préalpins  du  Môle  et  de  la 
Pointe  d'Orchez  arrivent  à  angle  droit  sur  la  direction  des  plis 
haut-alpins  de  la  rive  gauche  de  TArvc.  Alors  de  deux  choses 
Tune  :  ou  bien  ce  sont  les  plis  des  Hautes  Alpes  qui  sont  barrés, 
ou  bien  ce  sont  ceux  des  Préalpes.  Kn  réalité,  ce  ne  sont  ni  les 
uns  ni  les  autres.  Les  plis  préalpins  sont  brusquement  coupés 
par  les  parois  du  Môle  et  de  la  Pointe  d'Or  chez.  Cela  se  voit 
aussi  bien  sur  la  carte  que  sur  le  terrain.  Les  plis  des  Hautes 
Alpes,  au  contraire,  s'abaissent,  se  serrent  au  voisinage  de  la 
vallée  de  TArve.  //  faut  bien  que  les  plis  préalpins  meurent 
quelque  part,  et,  s'ils  ne  le  font  pas  au  voisinage  de  la  vallée  de 
TArve,  c'est  qu'ils  se  continuent.  Et  où  se  prolongeaient-ils?  11  n'y 
a  qu'une  seule  réponse  :  Leur  continuation  ne  pouvait  se  faire 
(pi'au-dessus  des  plis  hauts-alpins  de  la  rive  gauche  ! 

Et  Vénorme  masse  des  Annes,  cette  montagne  préalpine  isolée, 
juchée  sur  les  plis  des  Hautes  Alp(»s,  à  quelques  kilomètres  de  là, 
est  le  témoin  le  plus  éloquent  en  faveur  de  notre  manière  de  voir. 

Je  n'insiste  pas  à  nouveau  sur  le  passage  des  plis  hauts-alpins  à 

I.  Cet  affleurement  n*est  pas  indiqué  sur  lu  carti'  au  i/bo.ouo  ;  je  l'ai  décou- 
vert après' l'impression  de^:ette  dernière. 


760    M.  LUGEON.  -^  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

travers  la  vallée  de  FArve;  J'ai  précédemment  attiré  Fattention 
sur  l'argument  important  que  Ton  en  pouvait  tirer. 

M.  Haug,  en  combattant  Thypothèse  du  substratum  tertiaire  des 
Préalpes,  écrit  ce  qui  suit  :  «  Des  travaux  d'art  permettent  quel- 
quefois de  reconnaître  le  substratum  sous  la  masse  en  recouvre- 
ment elle-même,  dautre  fois  l'érosion  fournit  une  coupe  naturelle 
assez  profonde  pour  que  le  substratum  apparaisse  en  certains 
points.  » 

A  défaut  de  travaux  d'art,  nous  avons  l'œuvre  de  l'érosion.  Et 
n'est-ce  point  en  plein  axe  des  Préalpes  que  nous  voyons  l'extré- 
mité de  la  Pointe  d'Orchez  surnager  sur  le  Flysch  ?  Et  où  peut  se 
continuer  le  pli  anticlinal  de  Vellard,  dont  un  des  flancs  repose 
sur  le  Tertiaire  ?  11  se  continue  par  Matringe  ;  de  là,  il  i*ejoint  la 
vallée  de  la  Di*ance  de  Bellevaux,  forme  l'un  des  plis  qui  aflleu- 
rent  en  aval  de  Saint-Jean d'Aulph  —  en  plein  cœur  des  Préalpes, 
continue  par  l'anticlinal  de  Cercle  près  Bonnevaux  et  finalement 
atteint  la  vallée  du  Rhône  à  Vouvrj'  ou  près  de  Tanqy. 

Ja^s  plis  de  Vésine  *  (aoi3  m.),  plus  intérieui*s,  qui  ont  à  peu  près 
disparu,  lorsqu'ils  atteignaient  la  Vallée  du  Gillrc  (ils  sont  i*epré- 
sentés  par  Técaille  de  Crétaciqué  de  Taninge),  reposant  là,  plus 
certainement  encore,  sur  le  Flj^sch,  se  prolongent  par  le  Mont 
Chaulfé  jusqu'à  Vouvry,  dans  la  vallée  du  Rhône. 

Les  ad  Versailles  de  la  théorie  préalpine  ne  veulent  pas  admettre 
que  la  Molasse  rouge  du  Bouveret  rejoigne  en  profondeur  celle  du 
Val  d'Illiez,  ainsi  que  je  l'ai  dessiné  sur  la  fig.  i,  pi.  XIV. 

Ils  admettent  cependant  —  inconséquence  que  je  ne  puis  com- 
prendre —  que  le  Crétaciqué  du  vallon  de  Charmy,  qui  disparaît 
sous  le  massif  de  la  Brèche,  est  bien  celui  qui  ressort  à  la  Pointe 
de  l'Haut,  dans  le  Val  de  Morgins,  et  lorsque  nous  appliquons  un 
raisonnement  rigoureusement  semblable,  quand  il  s'agit  des 
Préalpes  médianes  et  de  la  Molasse  rouge,  nous  nous  heurtons  à 
leur  opposition.  Or.  maintenant,  nous  pouvons  montrer,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  faire,  que  le  pli  anticlinal  de  Vouvry  (fig.  i, 
pi.  XIV)  se  continue  par  le  Mont  Chauffé,  par  l'anticlinal  faille  de 
Thex  (fig.  !2,  pi.  XIV),  de  là,  sous  les  montagnes  de  Flysch,  dans  les 
plis  de  Vésine  et  ensuite  dans  la  vallée  du  GifTre,  où,  sous  lui, 
nous  voyons  apparaître  le  Flysch;  nous  pouvons  montrer  ainsi 
que  lé  pli  le  plus  rapproché  de  Taxe  dans  la  vallée  transversale  du 
Rhône  doit  posséder  aussi  sous  lui  un  substratum  de  Flysch. 

Je  crois  inutile  de  pousser  plus  loin  les  arguments  qui  militent 

I.  Feuille  d'Annecy,  point  aoi3  m.,  à  Touesl  de  la  Pointe  de  Chaiune. 


DES  ALPES  DU   CHADLAIS  ET   DR   LA   SUISSR  761 

en  faTeur  du  substratuni  tertiaire  des  Préalpes  médianes.  Si  les 
adversaires  de  notre  manière  de  voir  ne  trouvent  pas  dans  ces 
lignes  de  quoi  satisfaire  leur  demande  de  preuves,  c  est  qu  à  leurs 
yeux  il  en  sera  toujours  ainsi. 

a.  —  La  hacine  de  la  zone  interne 

Supposons  que  les  arguments  que  je  viens  d'accumuler,  en  me 
basant  sur  la  vallée  de  l'Arve,  ne  «oient  pas  suilisants  pour  démon- 
trer Tabsence  de  racine  dos  Préalpes  médianes.  Il  est  un  autre 
genre  de  preuves  qui  vient  encore  heureusement  à  notre  secours, 
en  éclairant  d'un  jour  nouveau  le  problème.  Nous  trouvons  la 
réponse  définitive  dans  les  Hautes  Alpes  calcaires,  et  il  est  vrai- 
ment surprenant  qu*elle  n'ait  pas  jusqu'ici  apparu  aux  yeux  des 
explorateurs.  C'est  peut-être  parce  que  ces  preuves  se  trouvent 
dans  les  solitudes,  si  peu  abordables,  des  hautes  régions  inhospi- 
talières des  Wildstrubel,  au  centre  des  Alpes  bernoises.  Escala- 
dons les  flancs  de  la  vallée  de  la  Sinime  jusque  sur  le  sommet  du 
Wetzsteinhorn,  qui  domine  la  Plaine-Morte  çt  contemplons  les 
cimes  environnantes  ^ 

Notre  regard  est  arrêté  vers  le  sud  par  une  épaisse  paroi  de  cal- 
caire du  Jurassique  supérieur,  qui  l'orme  la  montagne  de  la  Chaux. 
C'est  un  vaste  pli  couché,  élémentaire,  qui  prend  sa  racine  dans 
les  hauteurs  dominant  Sierre.  Un  éperon  se  détache  de  la  paroi  ; 
c*est  le  Mont  Tubang,  lambeau  isolé  de  Jurassique  fossilifère, 
reposant  sur  les  grès  nummulitiques.  De  là,  une  paroi,  de  Juras- 
sique également,  flanc  renversé  du  grand  pli  couché,  s'avance 
vers  nous,  en  dominant  la  Plaine-Morte,  recouverte  par  les  neiges. 
Elle  s'allonge  ainsi  jusqu'au  Rohrbachstein.  Puis,  d'autres  frag- 
ments isolés  forment  comme  de  grandes  ruines  sur  le  Laufboden- 
hom.  Le  pli  n'est  pas  fermé,  on  n'y  voit  pas  encore  la  charnière 
frontale.  Où  donc  se  trouve-t-ellc  ?  Avançons-nous  vers  ce  Laufbo- 
denhorn  et  regardons  Tablme.  Une  énorme  masse  des  mômes 
calcaires  jurassiques,  située  dans  le  fond  de  la  vallée,  au  Râzliberg, 

I.  Voir  la  Carte  géologique  suisse  au  i/i(X).ooo,  feuille  XVI.  Les  levés  géolo- 
giques sont  très  inexacts,  mais  cependant  ils  ptaivent  être  utilisés  pour  cette 
première  démonstration.  J'ai  passé  sur  ces  hauteurs  bien  des  journées,  sous 
la  tente,  à  en  faire  la  revision,  qui  sera  publiée  plus  tard.  Ce  que  je  donne 
ai|Jonrd*hui,  ce  ne  sont  donc  que  les  résultats  préliminaires  d'une  étude 
encore  inachevée.  Mon  travail  s'appuie  sur  une  exploration  complète.  J'ai 
parcoura  ce  massif  dans  tous  les  sens,  et  malgré  les  dillieultés  du  terrain 
tout  a  été  contrôlé  par  le  marteau. 


762  M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

nous  montre  la  continuation  que  nous  cherchons.  La  masse  juras- 
sique fait  partie  des  écailles  de  ta  zone  interne. 

Ainsi  les  Préalpes  sont  liées  avec  les  Hautes  Alpes.  Cet  énorme 
pli  couché  que  nous  venons  de  reconstruire  sans  difficulté,  tant 
les  aflleurements  font,  de  la  solution  du  problème,  un  jeu  des  plus 
simples,  n*est  qu'un  pli  supérieur,  superposé  à  celui  du  Mont  Gond, 
dont  j'ai  révélé  l'existence  dans  les  pages  qui  précèdent. 

Ce  pli  très  étiré  en  pénétrant  dans  la  zone  interne  suit  les  con- 
toumements  des  plis  du  Hanc  normal  de  la  nappe  du  Mont  Gond- 
Wildhorn.  Et  e*est  là  du  reste  un  des  caractères  communs  aux 
écailles  de  la  zone  interne  :  elles  suivent  toujours  les  ondulations 
des  plis  des  Hautes  Alpes,  sur  lesquels  elles  reposent. 

Ici,  dans  cette  zone,  les  synclinaux  hauts-alpins  contiennent  des 
noyaux  d'Oxfordien,  de  Nfalm,  de  Trias,  etc.  Ces  écailles  accu- 
mulées —  résultats  de  Tétirement  à  l'extrême  des  grands  plis 
couchés  —  forment  des  séries  où  les  lacunes  tectoniques  sont  la 
règle  dominante,  séries  entassées  les  unes  sur  les  autres  en  par- 
faite concordance.  M.  Roessinger  montrera  ces  étranges  allures 
dans  un  prochain  mémoire.  Ainsi  un  des  plis  des  Préalpes  peut 
être  reconstitué  dans  son  ensemble  dès  sa  racine  jusqu  à  sa  tête 
enfouie  en  écaille  dans  la  zone  interne. 

Ce  n'est  que  dans  les  Wildstrubel  que  Ton  pouvait  avoir  la 
chance  de  retrouver  un  des  plis  supérieurs  des  trois  nappes  super- 
posées, que  nous  avons  reconstruites  dans  les  premières  pages  du 
présent  travail.  La  raison  en  est  fort  simple.  Nous  avons  vu 
que  les  nappes  des  Diablerets  et  du  Mont  Gond  formaient,  dans 
leur  ensemble,  des  pUins  descendant  vers  Test  transversalement  à 
leur  dii*ection  de  poussée.  Ce  vaste  abaissement  des  axes  se  fait 
sentir  jusqu'aux  Wildstrubel,  si  peu  près  à  mi-distance  entre  les 
massifs  cristallins  de  Morcles  et  du  Finstei*aarhorn.  Plus  loin 
les  plis  se  relèvent.  Nous  devons  donc  perdre  à  tout  jamais  l'espoir 
de  retrouver  un  autre  pli  des  Préalpes  encore  attaché  à  sa  racine. 
Cela  a  d'ailleurs  peu  d'importance,  il  suffit,  en  effet,  d'avoir  trouve 
Vun  d'eux  pour  que  tout  le  reste  s'enchaîne. 

La  zone  interne  est  formée  par  trois  grands  régimes  principaux 
d'écaillés  ^  Il  est  ainsi  probable  que  deux  antres  grands  plis,  pour 
le  moins,  devaient  être  superposés  à  celui  que  des  débris  nous 

I.  Il  y  a  en  réalité  une  quinzaine  d'écaillés  dont  plusieurs  sont  réduites  à 
Tétat  de  traînées  de  blocs  pinces  dans  le  Flysch.  Ce  ne  sont  que  les  digita- 
tions  par  étireinent  d'un  petit  nombre  de  plis.  La  zone  de  Flyscli  du  Niesen 
doit  cire  considérée  connue  la  quatrième  écaille  principale. 


DES   ALPES   DU   CHABLA.1S   ET   DE   LA    SUISSE  ^63 

de  reGonstniire  avec  la  même  sûi*eté  que  quand  nous 
ayons  affaire  à  un  anticlinal  droit  quelconque. 

Avant  d*aller  plus  loin,  je  désire  répondre  à  une  objection  pro- 
bable. Si  une  des  écailles  au  moins  de  la  zone  interne  provient 
des  Hautes  Alpes,  pourquoi  n'y  rencontrons-nous  pas  TUi'gonien 
si  caractéristique  de  ces  dernières  ?  La  réponse  est  aisée.  J'ai 
indiqué  dans  une  note  très  courte  *  que  TUrgonien  passe  i^ers  le 
sud^  dans  les  AVildstrubel,  à  un  faciès  vaseujc,  autrement  dit 
prend  une  forme  barrémienne,  en  particulier  dans  le  grand  pli 
couché  que  nous  venons  de  décrire.  Or,  si  dans  ce  pli,  qui  est  le 
plus  septentrîonal  de  ceux  qui  ont  fourni  la  zone  interne,  nous 
trouvons  déjà  TUrgonien  sous  la  forme  barrémienne,  seule  forme 
connue  dans  les  Préalpes,  raison  de  plus  pour  qu'il  en  soit  ainsi 
dans  les  plis  plus  méridionaux,  dont  nous  ne  pouvons  reconstruire 
la  racine,  mais  dont  la  tête  seule  nous  est  connue,  enfouie  en 
écaille  dans  les  sédiments  de  Flysch  préalpins.  Cela  est  certain, 
puisque  ces  plis  inférieurs  ne  peuvent  venir  que  de  régions  plus 
méridionales  par  rapport  à  celles  où  nous  trouvons  l'Urgonien  sur 
les  hauteurs  et  le  front  des  Wildstnibel. 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  Les  terrains  qui  forment  la  zone  interne 
—  du  moins  en  avant  du  pli  que  nous  reconstruisons  —  sont  les 
mêmes  que  ceux  qui  forment  les  Hautes  Alpes,  sur  leur  çersant 
méridional  dominant  la  çallée  du  Rhône.  Cela  n'a  pas  été  une  de 
nos  moindres  chances  -  que  de  retrouver  dans  la  zone  interne,  et 
cela  avant  d'avoir  reconstruit  le  pli  dont  nous  venons  de  parler, 
le  Malm,  TOxfordien  à  Phylloceras  tortisulcatum,  le  Lias,  le 
Trias,  entièrement  semblables  à  ceux  que  Ton  constate  dans  les 
environs  de  Sierre. 

Nous  ajouterons  encore  que  si  TAptien,  le  Gault,  ne  sont  pas 
connus  dans  la  zone  interne,  c'est  que  justement  ils  manquent 
dans  les  territoires  méridionaux  d'où  proviennent  les  terrains  du 
grand  pli  que  nous  venons  de  reconstruire. 

Nous  savons  que  les  terrains  mésozoîques  de  la  zone  externe 
sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  zone  interne.  M.  Schardt  a  même 
supposé  que  Tune  était  arrachée  de  l'autre.  Ce  sont  surtout  les 
terrains  jurassiques  et  crétaciques  que  Ton  trouve  en  écailles  dans 

I.  LuGKON  Première  communication  préliminaire  sur  la  (çéologie  de  lu 
région  comprise  entre  le  Sanetsch  et  la  Kander.  Eclogiv  geot.  Helv.,  vol  0, 
p.  4»7»  1900. 

d.  LuoFON  et  RoBssiNGRR.  Géologic  de  la  Haute  vallée  de  Laueneii.  Archiver 
des  Se.  phys.  et  nat.  Genève,  janvier  i()i)i. 


^64  M.  LUGKON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DK  RECOUVREMENT 

la  zone  externe.  Le  Lias  et  le  Trias  n'y  sont  qnk  Tétat  de  «  bloes 
exotiques  »  *  noyés  dans  le  Flysch. 

Dans  la  zone  interne,  les  terrains  mésozoîques  jeunes  consti- 
tuent surtout  les  écailler  inférieures,  telle,  par  exemple,  celle 
formée  par  le  Néocomien  à  Céphalopodes  accompagné  de  Malm 
qui  repose  sur  le  pli  de  Morcles.  Les  écailles  supérieures  sont 
surtout  formées  de  terrains  liasiques  et  triasiques.  Si  donc  la  zone 
externe  a  été  formée  en  partie  aux  dépens  de  Tinteme,  elle  n'a 
guère  bénéficié  que  des  écailles  inférieures  de  cette  dernière.  Il 
peut  paraître  très  singulier  que  Ton  n'y  trouve  que  les  écailles  les 
plus  profondes  et  non  les  autres  et  qu'elle  ne  contienne  rien  du 
Flysch  du  Niesen,  placé  immédiatement  sous  le  plan  de  recouvre- 
ment des  Préalpes  médianes.  Quelle  est  donc  la  cause  qui  a  pu 
arrêter  l'entraînement  vers  l'avant  d'une  partie  de  ces  écailles? 
Nous  avons  vu  que  seule  Técaille  inférieure  n'est  pas  atteinte  par 
l'effet  du  refoulement  des  nappes  des  Diablerets  et  du  Mont  Gond- 
AVildhom,  du  moins  dans  le  voisinage  de  la  vallée  du  Rhône.  Les 
autres,  au  contraire,  sont  contournées  sur  elles-mêmes,  à  tel  point 
qu'elles  essaient  de  passer />ûr  dessus  les  Préalpes  médianes  (fig.  4. 
BB). 

Le  phénomène  est  visible  des  bords  du  Rhône  jusqu'à  la  vallée 
de  l'Hongrin.  J'ai  insisté  sur  ce  fait  et  j'ai  fait  remarquer  qu'au 
delà  de  ce  point  le  contoumement  doit  se  faire  en  profondeur, 
qu'il  est  invisible  à  la  surface.  Nous  le  retrouvons  sitôt  que 
l'érosion  est  assez  profonde.  En  effet,  la  chaîne  du  Niesen  forme 
à  son  extrémité  orientale  comn.e  une  tête  anticlinale  emmurée 
par  le  contoumement  des  Préalpes  médianes  *.  A  Wimmis,  le 
Flysch  pénèti*e  sous  les  Préalpes  médianes,  tandis  que  de  l'autre 
côté  de  la  Kander  ^,  où  il  aurait  dû  se  prolonger,  nous  voyons  les 
plis  de  ces  chaînes  médianes,  en  partie  cachées  sous  le  Glaciaire, 
s'allonger  dans  un  territoire  qui  était  autrefois  recouvert  par  le 
Flysch  du  Niesen.  Or  ce  Flysch  du  Niesen  doit  être  considéré 
comme  un  pli  ou  une  écaille  au  même  titre  que  celles  qui  forment 
son  substratum.  Nous  voyons  donc  qu'une  partie  de  la  zone 
interne,  contournée  par  l'influence  à  distance  des  plis  frontaux. des 
nappes  des  Hautes  Alpes,  s'efforce  de  culbuter  la  nappe  préalpine 
et  de  passer  par  dessus,  alors  que  la  vraie  position  devrait  être 

I.  GiLLiKRON.  Mat,  Carte  géol.  suisse,  12*  et  18'  livr  .  i88a. 

a.  M.  DouviLLé  considère  aussi  le  Niesen  comme  une  tète  anticlinale 
(Observation  géologique  dans  les  environs  dlnterlaken.  B.  S,  G.  F,.  [3|, 
XXVin,  p  57,  1900). 

3.  Voir  Carte  géologique  suisse,  feuille  XII. 


DES  ALPES   DU   CHABLAIS   KT    DE    LA   SUISSE  ^65 

au-dessous.  Ainsi,  une  partie  a  cherché  à  passer  par  le  haut.  Seules 
les  écailles  inférieures,  formant  probablement  des  lames  plus 
allongées  dans  la  direction  du  nord,  n'ont  été  victimes  que  par- 
tiellement de  ce  mouvement  vers  le  haut  ;  elles  ont  pu  être  alors 
entraînées  par  le  bas,  Ih  où  elles  ne  subissaient  pas  Faction  des 
coins  pénétrants  des  nappes  des  Hautes  Alpes.  Or,  justement  dans 
les  Alpes  vaudoises,  Técaille  indépendante  de  ces  mouvements 
est  la  seule  dont  on  reti'ouve  des  terrains  dans  les  Pléyades,  c'est-à- 
dire  dans  la  zone  externe. 

Toutes  les  autres  écailles  ont  été  arrêtées  dans  ce  mouvement, 
ou  n'ont  pu  passer  qu'à  Tétat  fragmentaire,  formant  les  blocs 
exotiques  du  Gurnigel. 

Si  Texplication  que  je  donne  maintenant  ne  parait  pas  assez 
étayée,  c'est  que  nous  manquons  encore  de  documents,  mais  l'on 
voit  qu'une  analyse  un  peu  serrée  des  faits  connus  nous  amène  à 
établir  une  relation  si  singulière  entre  les  écailles  des  deux  zones, 
que  la  probabilité  de  leur  liaistm  ancienne  en  est  plutôt  afl'ermie 
qu'affaiblie.  Si  les  deux  zones  interne  et  externe  sont  bien  consti- 
tuées par  les  mêmes  écailles,  elles  représenteraient  une  sorte  de 
zone  marginale  ou  zone  ceinture,  bords  des  nappes  les  plus  infé- 
rieurs des  Préalpes. 

3.  —  Les  Préalpes  médianes  ne  pelvent  avoik  de  racine 

Le  recouvrement  du  massif  de  la  Brèche  sur  les  Préalpes  médianes 
ne  peut  être  contesté.  Ce  massif  ne  peut  venir  que  de  l'intérieur 
des  Alpes,  ainsi  qu'en  témoigne  son  pli  frontal. 

Sous  les  Préalpes  médianes  s'enfonce  la  zone  interne. 

Cette  zone  interne  ne  peut  venir  que  du  sud,  de  l'intérieur  des 
Alpes,  ainsi  que  le  prouve  la  racine  que  j'ai  découverte. 

Ainsi  les  Préalpes  médianes  sont  comprises  entre  deux  nappes 
de  recouvrement  ;  elles  ne  peuvent  donc  avoir  racine  en  profondeur, 
et  elles  ne  peuvent  venir  que  du  sud,  de  Vintérieur  des  Alpes. 

IV.  —  Les   grandes   nappes   des   Alpes   suisses. 
Phénomènes  semblables  à  ceux  du  Chablais 

La  découverte  de  la  racine  d'une  des  nappes  des  Préalpes, 
Fexistence  de  plusieurs  nappes  empilées  dans  les  Hautes  Alpes,  au 
lieu  et  place  des  plis  à  types  jurassiens  que  Ton  croyait  y  voir, 
conduisent  à  de  nouvelles  généralisations  relatives  à  la  géologie 


76G  M.  LUGEON.  —  LES  GIIANDES  NAPPES  DE  JtECOUVREMENT 

du  versant  nord  des  Alpes.  Peu  à  peu  nous  marchons  vers  la 
synthèse.  Je  vais  tenter  cet  essai  de  coordination,  bien  que  la 
tâche  nie  paraisse  considéi*able.  Cette  tentative  aura  Tavantage 
de  montrer,  je  le  crois  du  moins,  quels  sont  les  arguments  qui 
nous  manquent  encoi*e  pour  renfoi*cer  et  faire  triompher  définiti- 
vement la  théorie  des  grands  mouvements  vei'S  le  nord. 

I.  —  Quelques  mots  sur  les  Klippbs 

Jusqu  ici.  je  n'ai  pas  parlé  des  Klippes^  ces  montagnes  exotiques 
à  faciès  préalpin,  placées  au  milieu  des  chaînons  à  faciès  helvé- 
tique. Il  est  évident  que  le  sort  de  ces  petite  massifs  est  lié  à  celui 
'  des  Préalpes.  Ils  ne  représentent  ([ue  Textension  longitudinale  des 
nappes  de  recouvrement,  dont  les  plus  étendues  sont  localisées 
dans  la  zone  du  Chablais.  L*une  de  ces  Klipp's  cependant  mérite 
que  nous  nous  y  arrêtions  quelques  instants.  C'est  celle  du  Giswy- 
lerstock,  près  du  Bininig,  qui  vient  de  faire  Tobjet  d'un  mémoire 
très  intéressant  et  très  détaillé  dû  à  M.  Hugi  ^  Mon  confrt^i*e 
arrive  à  la  conclusion  que  les  terrains  qui  constituent  le  Rothspitz. 
le  Jânzimattberg  et  le  Giswylerstock  sont  bien  les  restes  d*uiie 
nappe  de  recouvrement.  Pour  lui,  le  mouvement  vient  du  iior</,  de 
cette  fameuse  chaîne  vindélicienne,  que  pei'sonne  n'a  jamais  cons- 
tatée et  que  ses  défenseurs  placent  sous  les  sédiments  de  la  plaine 
suisse,  sorte  de  chaîne  sous-molassique,  comparable  aux  chaînes 
sous-marines. 

A  Tappui  de  l'idée  d'une  poussée  venue  du  nord.  M.  Hugi  consi- 
dère la  remarquable  charnière  de  la  Rossfluh,  l'une  des  plus  belles 
des  Alpes,  comme  une  charnière  synclinale  ouverte  vers  le  sud 
(fig.  G).  J'ai  parcouru  la  région  attentivement  ;  j'ai  acquis  des 
résultats  inverses  de  ceux  de  mon  confrère.  Pour  moi  la  Rossfluh 
est  formée  par  une  charnière  anticlinale  faisant  par  conséquent 
partie  d'un  pli  couché  i^ers  le  nord.  M.  Hugi  a  trouvé,  dans  une  série 
de  blocs  éboulés  au  pied  de  la  Rossfluh,  un  fossile  caractéristique 
du  Muschelkalk,  lietzia  trigonella.  Il  suppose  que  les  couches  qui 
contiennent  ce  fossile  passent  au  pied  de  la  paroi,  et,  dans  ces 
conditions,  les  bancs  qui  les  dominent,  devant  être  plus  récents  et 
se  trouvant  au  cœur  de  la  charnière,  le  pli  doit  être  un  synclinal. 
Voici  ce  qui  m'autonse  à  ne  pas  accepter  les  arguments  de 
M.  Hugi.  Les  roches  à  Heizia  ne  constituent  pas  un  affleurement 

I.  E.  HuGL  Die  Klippenregion  von  Giswyl.  Donkschr,  schw,  nalnrf.  Gearll- 


DBS   ALPKS    DU    CHABLAIS   ET    DE   Ï.A    SUISSE  '](i'j 

de  roches  en  place.  Ce  sont  des  blocs  éboulés.  Certainement  ils  ne 
proviennent  pas  du  pied  de  la  paroi.  Ils  ne  peuvent  provenir  que 
de  la  partie  élevée  de  la  paroi  et  par  conséquent  du  noj-au  du  plL 
Dans  ces  conditions,  puisque  le  Muschelkalk  est  la  roche  la  plus 
ancienne  du  pli  et  qu'elle  ne  peut  se  trouver  qu  au  centre  de  ce 
dernier,  celui-ci  ne  peut  être  qu'un  anticlinal.  Dans  ce  cas,  le  pli 
de  la  Rosslluh,  loin  de  venir  à  rencontre  de  la  théorie  que  je 
défends,  lui  apporte,  au  contraire,  un  argument  péremptoire.  Le 
pli  de  la  Schafnase  n*est  alors  qu  un  fragment  d'une  tête  anticlinale 
d'un  pli  supérieur  à  celui  de  la  Rosslluh  et  séparé  d'elle  par  un 
synclinal  renversé,  ainsi  que  cela  est  normalement  le  cas  dans 
les  nappes.  En  outre,  une  petite  faille  locale,  que  j'ai  constatée  et 
qui  passe  par  la  Furgge,  a  permis  à  ce  deuxième  anticlinal  de 
s'abaisser. 


Bff^MpitM 


et/.  Bostfluh  3 


-   ,    -^:: — -— ^»^  —  -       '     ^  I  (  subitirxfufTf  J 


All.iooo^ 


Pig.  6.  —  Coupe  de  la  Klippe  du  (xisWylerstock  modifiée  dans  l'hypothèse 

de  plis  venus  du  sud.  —  KcheHe  i/ioo.ouo. 

M.  Hugi  s'appuie  encore  sur  un  fait  intéressant.  Ilremai*que  que 
la  série  du  substratum  présente  le  maximum  de  dislocations  sur  le 
bord  sud  de  la  Klippe.  S'appuyant  sur  l'autorité  de  M.  Rothpletz, 
il  dit  que  ce  fait  s'expli^e  aisément,  car  il  est  clair,  ajoute-t-il,  que, 
dans  le  transport  d'une  masse,  TelTet  mécani({ue  doit  être  le  plus 
fort  vers  son  front.  Cela  est  possible,  mais,  dans  le  cas  particulier,  il 
est  facile  de  démontrer  que  la  limite  sud  du  Gis\vylei*stock  ne 
correspond  absolument  pas  a\>ec  le  front  de  la  nappe,  puisque 
celle-ci  vient  du  sud  ;  et  même  encore,  si  l'hypothèse  de  la  venue 
du  nord  nous  était  démontrée,  cette  mêm(»  limite  ne  correspondrait 
pas  davantage  avec  le  front.  Il  faut  un  pli  fr<mtal  poui*  limiter  une 
nappe;  les  Klippes  du  Giswylei'stock  ne  sont  que  les  débris  épars 
d'un  grand  recouvrement;  l'érosion  a  taillé,  morcelé  cette  nappe; 
la  limite  sud  n'est  qu'une  limite  d'érosion.  Ainsi  donc  ce  maximum 
de  dislocation  du  substratum,  dont  M.  llugi  a  montré  l'existence, 
s'est  fait  en  un  point  quelccmque  sous  la  nappe.  Il  n'apporte  aucun 
argument  pour  l'une  ou  l'autre  des  hypothèses. 


•:68  M.  LUGEOX.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DK  RECOUVREMENT 


^ 


Et  j'ajouterai  encore  une  remarque.  Les  petites  dislocations  du 
substratum  en  question  sont  visibles  là  où  les  couches  sont  très 
nettement  diflerenciées  les  unes  des  autres  :  mais  qui  nous  dit  que 
dans  les  niasses  homogènes  du  Flysch  de  la  limite  nord  il  n^en  soit 
pas  de  même  ?  Et  si  la  dolomie  recouvrante  du  voisinage  de  ces 
petits  accidents  locaux  parait  particulièrement  disloquée,  c'est 
qu'elle  se  tix)uve  sur  le  pian  de  charriage.  Ailleui-s,  le  contact  est 
invisible.  L'argument  n'a  donc  aucune  importance. 

Ainsi  aucun  des  faits  signalé  par  M.  Hugi  n'est  contraire  à  la 
venue  du  sud,  bien  au  contraire,  puisque  je  montre  que  laRossfluh 
est  un  remarquable  anticlinal  couché  vers  le  nord.  Si  j*iDsiste 
particulièrement  sur  le  Giswylerstock,  c'est  que  les  adversaires 
de  la  théorie  que  nous  défendons  ont  cru  trouver  contre  nous  des 
faits  péremptoires  dans  cette  montagne.  Ces  fameux  plis  poussés 
vers  le  sud  n'existent  que  dans  les  coupes  dessinées  :  «  . . .  c'est 
précisément  ce  déversement  vers  le  sud  que  les  partisans  du 
déversement  uniforme,  dans  toute  l'Europe,  des  plis  vers  le  nord 
ne  peuvent  se  résoudre  à  admettre  »,  a  écrit  le  plus  brillant  adver- 
saire de  notre  manière  de  voir,  M.  Haug  ^  en  analysant  le  mémoire 
de  M.  Hugi.  En  effet,  des  plis  du  genre  de  ceux  de  la  Rossfluh  ne 
peuvent  nous  embarrasser,  bien  au  contraire,  ils  confirment  notre 
hypothèse  et  viennent  à  son  appui.  Quant  à  la  théorie  mécanique  de 
M.  Hugi,  je  ne  la  discuterai  pas  longuement,  car  ses  arguments 
sont  déjà  tombés.  Les  deux  poussées  qu'il  invoque  sont  difliciles 
à  comprendre  ;  si  la  première  (Giswylerstock)  est  dirigée  dans  le 
sens  opposé  à  celui  où  M.  Hugi  pensait  le  faire  venir,  la  deuxième 
n'est  que  pure  hypothèse,  aucune  charnière  n'étant  conservée. 

J'ajouterai  encore  un  fait.  J'ai  découvert,  avec  un  de  mes  élèves, 
M.  F.  Jaccard,  un  lambeau  de  Flysch,  entre  le  Dogger  du  Jânzi- 
mattbei^  et  le  Trias  que  l'on  croyait  former  son  substratum;  cela 
vient  nous  montrer  une  étrange  parenté  de  dislocation  avec  celles 
qui,  dans  les  Préalpes,  nous  oflrent  le  plus  de  difficultés. 

Une  hypothèse  basée  sur  des  lambeaux  épars  comme  ceux 
qu'oflre  le  Gis\\^lerstock  ne  peut  donc  infirmer  Tensemble  consi- 
dérable des  faits  préalpins.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  de  mon  devoir 
de  rendre  un  juste  et  mérité  hommage  à  mon  confrère  bernois.  11  a 
attiré  l'attention  sur  ces  rocliers  perdus,  qu'il  a  décrits  avec  une 
grande  clarté. 

Les  autres  Klippes  de  la  Suisse  ne  présentent  rien  qui  soit 

I.  Ë.  Hai'g.  Revue  annuelle  de   géologie.   Hevue  générale  des  Sclencen^ 
11*  année,  p.  iS'iô,  1900. 


DES  ALPE8   DU   CIIABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  ^69 

contraire  à  Thypothèse  de  grands  plis  venus  de  Tintérieur  des 
Alpes. 

Des  deux  régions  exotiques  de  la  Savoie,  celle  des  Annes, 
présente,  dans  la  montagne  d*Auferrand  et  d'Almet,  un  pli  synclinal 
important  déversé  au  noixl,  c'est-k-dire  vers  les  Préalpes.  Il  n*y  a 
là  rien  de  contraire  à  la  théorie  que  nous  défendons.  Quant  à  la 
Klippe  de  Sulens,  il  résulte  des  études  que  nous  avons  faites, 
M.  Hauget  moi  ^  que  cc^aines  écailles  inférieures  présentent  des 
charnières  dirigées  vers  rextérieui»  de  la  chaîne  ;  il  n'y  a  qu'un  pli 
local  qui  soit  disposé  en  sens  inverse.  La  masse  liasique  de  la 
montagne  proprement  dite  de  Sulens,  que  nous  avions  interprétée 
comme  un  synclinal  déversé  vei's  le  sud-est,  peut  être  tout  aussi 
bien  considérée  comme  formée  par  deux  anticlinaux  plongeants 
superposés,  provoqués  par  une  poussée  dirigée  vers  le  nord-ouest. 
L*absence  de  charnière  ne  permet  pas  de  faire  le  choix  entre  les 
deux  hypothèses. 

Cette  rapide  récapitulation  de  la  tectonique  des  Klippes  nous 
montre  qu'aucun  fait  n'est  contraire  à  Fhypothèse  du  chairiage 
vers  l'extérieur  de  la  chaîne,  et  que  bon  nombre  de  données,  telles 
que  des  charnières  qui  ne  présentent  pas  d  ambiguïté  possible, 
viennent,  par  contre,  à  Tappui  de  cette  hypothèse. 

Forts  de  ce  que  nous  a  montré  cette  récapitulation,  reprenons 
notre  problème,  en  cherchant  nos  preuves  dans  les  Préalpes. 

a.    —   La   TECTONIQUE   DES   PllKALPES    n'eST    PAS    PROPRE   A    CKTTE 

(JIAINE  ;    ELLE   EST  CELLE 
DE   LA    PRESQUE   TOTALITE    DES   AlPES   CALCAIRES   SUISSES  ! 

Le  titre  de  ce  paragraphe  résume  notre  nouvelle  conception. 
Celle-ci  se  base  à  la  fois  sur  les  excellents  travaux,  justement 
célèbres,  de  mes  prédécesseurs,  parmi  lesquels  je  signaleimi  les 
travaux  de  Escher,  et  de  MM.  Baltzer,  Ileim  et  Renevier  ;  elle  se 
base  aussi,  et  pour  beaucoup,  sur  les  brillants  résultats  acquis 
dans  les  Alpes  par  mes  maîtres  et  mes  collègues  du  Service  de  la 
Charte  géologique  de  France,  M.  Marcel  Bertrand  et  MM.  Termier, 
Haug,  Kilian  et  Ritter,  et  elle  s'appuie  encore  sur  les  faits  ((ue  j'ai 
pu  accumuler  depuis  1895. 

Je  pars  du  principe,  qui  est  actuellement  démontré,  que  les 
Préalpes  ne  peuvent  venir  que  de  l'intérieur  des  Alpes.  C l'est  un 

I.  Haug  et  Lugeon.  Note  préliiiiinairr  sur  la  gôulo^ie  de  la  inoiitat^iic  de 
Suiens.  Bull.  Soc.  (VhUL  nat.  de  la  Sa%'oie,  1897. 


970         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RBCOUVREBfENT 

fait  que  je  tiens  pour  absolument  acquis  ;  les  pages  de  ce  mémoire 
auront  suiti,  jVn  suis  persuadé,  à  nous  rallier  définitivement  les 
indécis. 

Dans  leur  contact  avec  les  Hautes  Alpes,  les  Préalpes  présentent 
la  région  la  plus  disloquée,  la  partie  interne  de  la  zone  ceinture. 
Ce  ne  sont  plus  des  plis  (pie  Ton  y  voit,  mais  des  écailles  empilées 
les  unes  sur  les  autres,  si  étirées  parfois,^  qu'elles  ne  forment  plus 
que  les  grains  disjoints  d'un  chapelet  gigantesque.  Quelle  difTë- 
i*ence  de  style  tectonique  avec  celui  des  plis  couchés  aux  belles 
charnières  des  Hautes  Alpes,  qui  s'enfoncent  sous  cette  zone 
interne.  11  semblerait  que  la  nature,  en  créant  ces  deux  régions,  ait 
cherché  à  mettre  en  opposition  l'irrégularité  extrême  de  l'une  avec 
la  grande  régularité  des  charnières  anticlinales  de  l'autre.  Et 
cependant  ces  deux  systèmes  sont  intimement  liés,  puisque  Vune 
des  écailles  de  la  zone  interne  est  la  continuation  d'un  des  grands 
plis  couchés  des  Hautes  Alpes. 

Cette  constatation  a  une  importance  considérable. 

Lorsque  j'éci*ivais  mon  ouvrage  sur  le  Chablais,  l'existence  de 
grards  plis  couchés  superposés  dans  les  Hautes  Alpes  calcaires 
était  encore  ignorée.  On  ne  connaissait  que  le  grand  pli  couché 
de  la  Dent  du  Midi-Dent  de  Morcles,  mais  l'on  croyait  qu'il  se 
terminait  très  rapidement  vers  ses  deux  extrémités.  Il  n'était  que 
Texagération  partielle  des  plis  di^oits  que  l'on  croyait  voir  dans 
les  Alpes  vaudoises  et  dans  les  Hautes  Chaînes  calcaires  de  Savoie. 
Dans  ces  conditions,  la  brusque  apparition  d  un  immense  système 
charrié  au-dessus  d'un  ensemble  plissé  d'une  façon  presque  juras- 
sienne (à  l'exception  locale  de  la  Dent  du  Midi  et  de  la  Dent  de 
Moi*cIes)  avait  laissé  sup])Oser  à  M.  Schardt  et  à  moi-même  que  là 
masse  préalpine  avait  été  transportée  de  loin  et  amenée  sur  son 
emplacement  actuel  par  un  phénomène  spécial.  Nous  nous  plai- 
sions à  comparer  ce  charriage  à  une  sorte  d'immense  glissement, 
dû  aux  lois  de  la  pesanteur.  Pour  mon  compte,  si  je  n'ai  pas  insisté 
sur  cette  conception  nouvelle,  j'ai  néanmoins  une  part  très  grosse 
de  i*esponsabilité,  puisque  j'ai  terminé  mon  mémoire  en  dévelop- 
pant cette  hypothèse  et  en  exposant  le  mécanisme  qui  devait 
l'expliquer. 

Voici  quelle  était  ma  conception  '  :  «  Le  mouvement  alpin,  pré- 
lude des  dislocations  qui  allaient  dui^er  jusqu'au  Miocène  supé- 
rieur, aurait  commencé  à  se  faire  sentir  dans  les  temps  éocènes 
par  un  bombement  gênerai  de  la  zone  centrale  de  l'éventail  alpin. 

1.  LuGKON'.  Lu  ré}(ion  de  la  Brèche  du  Chablais,  pp.  3uo-3oi. 


UES   ALPES   DU   CHABLAIS  RT   DE   LA    SUISSE  77 1 

Les  rides  primordiales  auraient  été  effacées  par  ce  inouvemeiit 
plus  intense.  Du  sommet  ou  des  flancs  de  ce  dùnie,  immergé 
encore  sous  les  eaux  nummuli tiques,  se  seraient  décollées  des 
masses  considérables,  formant  une  grande  bande  :  les  Préalpes 
médianes,  et  les  débris  de  cette  nappe,  les  Klippes,  La  masse  glis- 
sante entraînant  une  quantité  considérable  de  terrains  cristallins^ 
aai*ait  alimenté  le  Flysch  en  formation,  suivant  Thypothèse  de 
M.  Schardt.  La  masse  aurait  franchi  toute  la  largeur  du  Brian- 
çonnais.  I^  surélévation  continuelle  des  Alpes  en  arrière  de  la 
nappe,  soulèvement  coïncidant  avec  le  retrait  de  la  mer  éocène, 
se  traduisait  par  un  acheminement  continuel.  En  arrière  de  la 
nappe,  un  appel  de  matière  [)rovoqué  par  les  masses  plus  alfais- 
sées,  sur  lesquelles  s'eflectuait  le  glissement,  provoquait  la  forma- 
tion d'un  deuxième  pli  couché,  plan  récent  que  le  premier,  c'est  la 

région  de  la  Brèche Avant  que  ce  l'ecouvrement  du  massif  de 

la  Brèche  se  soit  eflëctué,  les  Préalpes  médianes  auraient  dans 

leur  marche  arraché  la  zone  bordière  et  la  zone  intérieure 

C'est  alors  que  toute  celte  masse  de  terrain  franchit  les  Hautes 
Alpes,  déterminant  un  champ  d'allaissement  qui  permît  sa  conser- 
vation par  sa  plus  faible  altitude.  Ce  champ  d'aflaissenient  pro- 
duisant un  appel  de  matière,  les  plis  de  la  Dent  du  Midi-Moi^cles, 
dans  leur  partie  libre,  s'exagéraient  sous  la  forme  de  grands  plis 
couchés  qui,  s'ils  se  fussent  un  peu  plus  étendus,  auraient  môme 
pu  se  superposer  à  la  grande  nappe  exotique,  comme  en  arrière 
s'étaient  déjà  superposés  les  massifs  des  Brèches  du  Chablais  et 
de  la  Hornfluh.  x> 

Cette  explication  hypothétique  s'était  formée  dans  notre  esprit 
à  cause  de  la  diflîérence  si  considérable  qui  paraissait  exister  entre 
les  Hautes  Alpes  et  les  Préalpes,  ainsi  que  je  l'ai  dit  ,plus  haut. 
I^a  connaissance  que  nous  avions  de  ces  premières  montagnes  se 
basait  sur  des  travaux  très  détaillés,  tels  que  ceux  de  MM.  .Rene- 
vier  et  Haug  et  de  Maillard.  Aucun  d'eux  ne  révélait  les  grands 
plis  couchés  que  nous  connaissons  aujourd'hui.  Si  à  l'époque  nous 
avions  été  armés  comme  nous  le  sonmies  aujouiHl'hui,  certainement 
le  problème  des  Préalpes  se  serait  présenté  à  nos  yeux  sous  une 
face  différente. 

En  arrière  des  Klippes  de  Savoie,  MM.  M.  Bertrand  et  Ritter 
ont  montré  l'extension  d'immenses  plis  couchés  superposés.  Au 
sud  des  Klippes  de  la  Suisse  allemande,  MM.  Marcel  Bertrand  et 
GoUiez  ont  montré  l'existence  d'une  grande  nappe  dirigée  veis  le 
nord,  telle  que  déjà  l'un  d'eux  l'avait  conçue  en  1884.  Kn  arrière 
des  Préalpes  bernoises  et  vaudoises  j'ai  montré,  dans  le  présent 


77'^  M.  LUOEOX.  —  LES  CrRANDES  NAPPES  DE  RECOrVREMENT 

travail,  Texislence  de  trois  nappes  superposées,  recouvertes  par 
une  quatrième  :  celle-ci  plus  détruite  par  l'érosion,  mais  très 
heureusement  encore  assez  consei*\'ée  pour  que  nous  puissions 
voir  sa  liaison  intime  avec  une  des  écailles  de  la  zone  interne  des 
Préalpes. 

(les  (fuatre  gl*andes  nappes  ont  toutes  leurs  racines  dans  le  liane 
droit  de  la  vallée  du  Khùne.  Ainsi  les  Hautes  Alpes  bernoises 
sont  formées  par  VempUement  de  quatre  grandes  nappes  dont 
nous  connaissons  les  racines, 

'  L'une  de  ces  nappes  se  continue  dans  les  Préalpes,  et  celles-ci 
sont  formées  par  d'autres  nappes  plus  grandes  encore.  Comme 
d*une  part  Tune  d'elles  est  rattachée  avec  sa  racine,  comme  nous 
voyons  d*auti*e  part  un  développement  progressif  des  nappes  des 
Hautes  Alpes  de  la  plus  basse  vers  la  plus  haute,  il  doit  s*en  suivre 
que  les  nappes  les  plus  éloignées  et  les  plus  hautes  formant  les 
Préalpes  devaient  à  l'origine  être  liées  avec  leurs  racines. 

Entre  le  pli  de  Mordes  et  la  nappe  du  Mont  Gond-\Vildlioi*n,  il 
j'  a  un  enchaînement  manifeste.  Plus  nous  montons  dans  la  série 
des  nappes,  plus  nous  voj'ons  le  phénomène  s'exagérer.  Nous  ne 
pouvons  pas  faire  une  exception  mécanique  pour  expliquer  .les 
Pi*éalpes,  puisque  les  nappes  qui  les  constituent  ne  sont  que  l^exa- 
gération  des  mêmes  phénomènes,  des  inférieures  aux  supérieures. 
Voilà  ce  que  nous  ne  pouvions  savoir  jusqu  à  ce  jour  et  pourquoi 
nous  avions  été  entraînés  à  des  conceptions  hardies. 

Aujourd'hui  nous  voyons  que  le  phénomène  des  Préalpes  est  le 
résultat  normal  des  manifestations  mécaniques  qui  ont  créé  les 
Alpes  suisses.  Les  Préalpes  ne  forment  pas  un  cas  particulier 
mais  sont  V expression  normale,  la  plus  exagérée,  dun  phénomène 
général,  celui  du  déjettement  des  Alpes  vers  le  nord.  Au  lieu  d'être 
un  cas  particulier  le  problème  des  Préalpes  n*est  qu'un  détail. 

On  voit  alors  combien  l'origine  lointaine  des  Préalpes  s'impose 
nécessairement,  mais  combien  la  théorie  se  transfoime  et  se  renou- 
velle. Ce  n'est  plus  un  fragment  de  la  couverture  sédimentaire  des 
Alpes  qui  a  marché  vers  le  nord,  mais  presque  toute  la  couverture. 

On  voit,  en  outre,  combien  la  conception  actuelle  de  la  chaîne 
al])ine  doit  èiw*.  modifiée,  combien  il  y  a  lieu  de  la  renouveler  et 
nous  ne  sommes' encore  qu  au  début  de  la  iutui*e  interprétation  des 
Alpes  ;  nous  ne  faisons  qu'entrevoir  ce  que  nous  réserve  l'étude 
détaillée  de  la  partie  interne  de  ces  montagnes. 

Avant  que  Térosion  ait  détruit  les  attaches  des  nappes  préalpines 
avec  leurs  racines  il  devait  se  ti*ouver  supei*posé  entre  les  massifs 
du  Mont  lUanc  et  du  Finsteraahorn,  là  où  sont  les  Hautes  Alp^s 


DIS   ALPES   DU  CHABLAlS  ET  DK   LA   8U188X 


J73 


bernoises,  des  nappes 
en  nombre  considéra- 
ble ;  je  crois  pouvoir  en 
compter  environ  hait. 

3.  enchainement 

dks   préalpes   et  des 

Hautes  Alpes 

caix:  aires 

Dans  ma  desci'iplion 
des  nappes  superposées 
des  Hautes  Alpos  cal- 
caires j'ai  attiré  l'atten- 
tion sur  un  Fait  impor- 
tant que  l'on  peut  résu- 
mer ainsi  :  plun  unf  de 
ces  grandes  vagues 
sédimentaires  est  su- 
perficielle, plus  ell« 
tend,  pour  ainsi  dire,  à 
déferler  vers  l'avunt  et 
en  conséquence  plus 
elle  prend  racine  au 
sud.  plus  elle  tend  à 
s'étendre  vers  le  nord. 

Ed  efTet,  le  pli  de 
Morcles  est  dépassé  par 
le  pli  des  Diablerets: 
celui-ci  est  à  son  tour 
resté  en  arri6re  de  la 
nappe  du  Mont  Gond- 
Wildhorn(fijî.3).Lepli 
qui  constitue  l' écaille 
la  plus  élevée  de  la 
zone  interne  s'avance  à 
son  tour,  pluii  loin,  tou- 
jours vers  l'extérieur. 
Comme  j'ai  montré  que 
les  Préalpea  médianes 
ne  devaient  être  consi- 
dérées, de  nifime  que  la 
s  Juin  igoj.  —  T.  !■". 


Bull.  Suc.  Uéul.  l''r. 


774         ^*  LUGBON.  —  LES  GRANDKS  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

région  de  la  Brèche,  que  comme  ane  nappe  de  reccavrement,  c'est- 
à-dire  comme  une  nappe  qui,  primitivement,  devait  être  liée  avec 
sa  racine,  il  nous  est  possible  de  construire  une  coupe  qui  repré- 
sente ce  qu^était  Fétat  d*empilement  du  front  nord  de  la  chaîne 
alpine  (fig.  7). 

L'examen  de  cette  coupe  du  front  nord  des  Alpes  nous  permet 
quelques  considérations  intéressantes.  L'une  d'elles  est  basée  sur 
la  marche  exagérée,  si  manifeste  vers  l'avant,  des  nappes  supé- 
rieures, compai*ées  aux  iAférieures.  C'est  une  règle  constante  ;  il 
n'y  a  que  la  nappe  de  la  Brèche  (n*"  8)  qui  fasse  exception,  peut- 
être  aussi  la  zone  externe,  qui  demandera  encoi*e  des  études  très 
détaillées.  Le  mécanisme  que  nous  devons  invoquer  pour  expli- 
quer la  nappe  la  plus  simple,  réduite  à  un  grand  pli  couché,  celle 
de  Mordes,  doit  être  appliqué  à  la  nappe  la  plus  étendue»  puisque 
celle-ci  n'est  que  l'extension  d'un  phénomène  qui,  en  fait,  est  le 
même.  Or  la  seule  explication  que  nous  pouvons  donner  du  pli  de 
Morcles  est  ce  que  nous  désignons  communément  sous  l'expression 
à!  effet  de  la  force  tangentielle.  Ce  terme  n'est  pas  plus  susceptible 
d'explication  que  le  mot  graçitation,  mais  il  satisfait  pour  le 
moment  notre  esprit.  Cest  cette  force  tangentielle  qui  a  donné 
lieu  à  la  poussée  de  ces  immenses  nappes  ;  ce  n'est  donc  plus  ce 
phénomène  spécial  d'un  grand  glissement,  que  nous  invoquions 
dans  la  théorie  des  nappes  de  charriages.  De  cette  manière,  nous 
faisons  rentrer  les  grands  déplacements  de  fragments  de  l'écorce 
terrestre,  ceux  du  moins  des  Alpes  que  nous  étudions,  dans  les 
lois  d'un  phénomène  normal. 

4*  —  Les  plis  RÉGULIERS  DES  Préalpes  médianes 

SONT   DES  ÉLÉMENTS   DE  CONSTITUTION 
DES    GRANDES     NAPPES     DE     RECOUVREBfENT 

Les  Hautes  Alpes  calcaires  bernoises  et  vaudoises  présentent  à 
leur  surface  des  plis  déjetés  ou  couchés  tellement  simples  que  l'on 
n'avait  jamais  pensé  jusqu'ici  à  les  considérer  comme  les  détails  de 
la  carapace  de  grandes  nappes  superposées.  Il  y  a  là  une  différence 
fondamentale  avec  l'allure  si  plane  de  la  surface  d'autres  grandes 
nappes  déjà  connues,  comme  celles  décrites  par  M.  Ritter,  ou 
encore  comme  In  nappe  classique  du  double-pli  de  Glaris.  Cepen- 
dant, on  aperçoit  déjà  entre  les  coupes  de  M.  Ritter  et  celles  de 
M.  Heim  une  différence  sensible.  Les  premières  possèdent  des 
plis  secondaires.  Si  l'érosion  n'avait  pas  entamé  profondément  ces 
nappes  superposées,  il  eut  été  difficile  de  les  deviner;  il  eut  été 


DSd  ALPES   DU   CHABLÀI8   ET   DB   LA   SÙISSB  776 

téméraire^  je  dirais  même  impossible  de  les  concevoir.  Dans  les 
Haates  Alpes  calcaires  bernoises  et  vaudoises,  ces  nappes  sont  an 
peu  plus  plissées.  Les  nappes  de  la  Provence  le  sont  encore  davan- 
tage. La  grande  masse,  sans  racine,  des  Préalpes  médianes  est 
plus  régulièrement  ondulée,  et  cependant  les  plis  présentent  de 
très  fréquentes  lacunes,  des  accidents,  surtout  dans  les  parties 
basses.  On  voit  que  les  nappes  de  recouvrement  ont  des  styles 
très  différents  les  uns  des  autres  dans  leurs  plis  secondaires.  Ainsi 
donc  on  ne  saurait  opposer  à  la  théorie  du  recouvrement  ces  plis 
à  aspect  jurassien  des  Préalpes  médianes,  cela  d'autant  plus  que 
personne  ne  sait  encore  ce  qui  se  passe  en  profondeur  sous  le 
Jura.  Tantôt  les  nappes  de  recouvrement  s'avancent  avec  une 
régularité  qui  est  certainement  plus  incompréhensible  que  ne  Test 
l'inverse;  tantôt  elles  se  plissent,  et  chacun  des  plis  se  déverse 
dans  le  sens  général  du  mouvement;  on  dirait  qu'il  cherche  à 
sortir  et  à  constituer  un  nouveau  pli  frontal  d'une  nappe  indépen- 
dante supérieure  à  celle  dont  il  est  né.  Je  ne  puis  m'étendre  ici  sur 
la  valeur  théorique  considérable  de  ces  faits.  J'y  reviendrai  cer- 
tainement plus  tai'd.  Contentons-nous  de  voir,  dans  cette  tendance 
que  présentent  les  nappes  à  se  plisser,  un  fait  propre  à  leur  genèse. 
Ce  fait  nous  montre  cependant  comment  les  nappes  peuvent  se 
digiter  et  par  exagération  de  cette  digitation  donner  lieu  à  plusieurs 
nappes  superposées.  Or,  nous  voyons  que  ce  mécanisme  ne  sort 
pas  de  la  conception  actuelle  du  mouvement  tangentiel.  Il  lui  est 
propre.  Nous  avons  vu  comment  les  Préalpes  ont  dû  être  liées 
primitivement  à  leurs  racines,  puisque  j'ai  retrouvé  l'une  d'elles. 
Autrement  dit,  les  grandes  nappes  qui,  en  s'empilant,  ont  formé 
les  Préalpes,  ne  se  différencient  pas  plus  par  la  marche,  qu'elles 
ne  se  différencient  en  fait,  des  grandes  nappes  de  recouvrement 
incontestées.  Ainsi  donc,  le  plissement  des  Préalpes  médianes  doit 
être  considéré  comme  un  plissement  génétique.  Telle  n'était  pas, 
nous  le  reconnaissons,  la  manière  de  comprendre  à  la  fois  la  nais- 
sance de  ces  grandes  nappes  et  leur  plissement  dans  la  théorie  des 
charriages.  Nos  idées  se  sont  modifiées.  Gela  est  permis,  lorsqu'il 
s'agit  de  tels  problèmes,  elles  se  modifieront  peut-être  encore,  car 
la  Science  est  toujours  perfectible. 

5.  —  Les  Alpes  calcaires  a  faciès  helvétique  sont  formées 

PAR   DES  nappes   TOUT  COMME    LES    PrÉ ALPES 

Je  me  réserve  de  montrer  bientôt  ce  que  deviennent  vers  l'est 
les  nappes  des  Diablerets  et  de  Mordes.    Vers  le  sud-ouest, 


776         M.  LUGBON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DB  RECOUVRBMBNT 

M.  Ritter  a  montré  que  Ton  pouvait  les  suivre  jusqu'à  la  vallée  du 
Doron.  Incontestablement  elles  se  continuaient  plus  au  sud  encore 
et  peut-être  montrera-t-on  un  jour  la  liaison  de  ces  nappes  avec 
celles  du  Briançonnais,  décrites  par  M.  Termier,  et  celles  décou- 
vertes dans  rUbaye  par  MM.  Haug  et  Kilian. 

En  Suisse,  ces  nappes  s'agrandissent  ;  d'intérieures,  qu'elles  sont 
en  France,  elles  viennent  occuper  le  bord  de  la  chaîne,  s*étalent 
dans  les  Préalpes  en  une  grande  masse  que  Térosion  a  respectée  à 
cause  de  la  faible  altitude.  La  généralité  du  phénomène  des  grandes 
nappes  ne  nous  permet  pas  de  dire,  en  raison  de  la  position  des 
Préalpes  dans  une  région  abaissée,  que  cet  aifaissement  est  dû.  k 
leur  action,  à  leur  poids.  L'origine  du  bassin  du  Léman  n*a  rien  à 
voir  avec  le  phénomène  du  recouvrement. 

Jusqu'où  s'étendaient  en  France,  vers  l'est,  ces  nappes  venues 
de  l'intérieur  des  Alpes  ?  Les  Klippes  des  Annes  et  de  Sulens  ne 
nous  renseignent  pas  suflisamment.  Sous  elles  nous  voyons  appa- 
raître ce  que  l'on  est  encore  en  droit  de  considérer  comme  des 
plis  en  place.  Alais^  à  partir  de  la  vallée  de  VAroe  jusqu'à  la  vallée 
de  VAar,  nous  ne  connaissons  plus  le  front  nord  autochtone  de 
la  chaîne  alpine  :  il  est  enfoui  dans  les  profondeurs  du  sol  ! 

A).  Le  Problème  du  double-pli  de  Glaris, 

Vers  l'ouest  les  nappes  que  nous  avons  décrites  se  continuent. 
Celle  du  Wildhom  se  prolonge  avec  une  régularité  remarquable  : 
c'est  elle  qui  forme  probablement  l'une  des  nappes  plongeantes 
(pli  nord)  de  Glaris  et  qui  se  termine,  ainsi  que  nous  le  verrons, 
dans  le  Sentis  et  la  chaîne  du  Pilate.  Ce  n'est  que  dans  le  ^ild- 
strubel  et  le  Wildhorn  que  cette  nappe  est  liée  avec  sa  racine  : 
ailleurs,  il  y  a  une  discontinuité  complète,  due  simplement  à 
V érosion,  entre  la  tête  anticlinale  des  nappes  et  leur  point  de  départ. 
Nous  verrons  plus  loin  où  se  trouvent  les  plis  frontaux  de  la  nappe 
glaronnaise.  C'est  ce  défaut  de  continuité  auquel  est  imputable 
l'hypothèse  du  double-pli.  Chacun  connaît  les  coupes  très  remar- 
quables de  M.  Heim.  Les  plis  frontaux  des  deux  plis  couchés 
poussés  hypothétiquement  l'un  contre  l'autre  sont  représentés 
par  des  courbes  de  raccoi*d,  qui  simulent  les  charnières  en  regard, 
ainsi  que  Texige  la  théorie. 

Quand  les  deux  plis  couchés  opposés  s'égrènent  en  petits  lam- 
beaux de  recouvrement,  comme  cela  se  voit  en  particulier  près  du 
Hausstock,  il  devient  impossible  de  dire  s'ils  appartiennent  à  l'on 
ou  à  l'autre  des  plis.  Chacune  des  courbes  qui  aimulent  les  char- 


DKS   ALPES  DU   CIIABLA.IS   RT  DE   h\   SUISSE 


mères  aurait  droit  à  en  prend  e  possess  on  Le  grand  lambeau  de 
la  SardoDa  (frontière  est  du  anton  de  Gtar  )  pe  t  de  même,  aussi 
bien  apparten  r  h  un  des  pi     qu  à  1  aut  e     ar  les  et  i-ements,  la 


05 


I  II 
I  -SI 


'  Is. 


série  strati^aphique  sont  les  mêmes  dans  les  lambeaux  et  les  deux 
plis  supposés  eu  présence.  C'est  pour  cette  raison,  eu  partie,  que 


77B         M.  LUGBON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVRElfENT 

M.  Marcel  Bertrand  S  déjà  en  1884,  a  signalé  ces  difficultés.  A  la 
notion  des  deux  pUs  il  a  proposé  de  substituer  celle  du  pU  unique. 

Les  célèbres  charnières  anticlinales  dessinées  en  pointillé  sur 
les  coupes  n*ont  jamais  été  trouvées  complètement  fermées,  et  ici 
on  est  en  droit  de  les  exiger,  puisque  c'est  sur  elles  que  se  base 
surtout  la  théorie.  Dans  le  massif  des  Clariden,  M.  Heim  consi- 
dère le  coin  de  Malm  du  Griesstock  comme  la  fameuse  charnière 
anticlinale  tant  cherchée.  Il  n*est  pas  difficile  de  montrer  (fig.  8) 
qu'il  ne  s'agit  en  réalité  que  d'un  simple  repli  du  flanc  médian  d'un 
pli  unique  venant  du  sud,  flanc  médian  de  Jurassique,  que  l'on  suit 
très  loin  dans  la  vallée  de  la  Linth. 

Nous  verrons  plus  loin  que  les  recherches  de  M.  Burckhardt 
parlent  elles  aussi  contre  l'hypothèse  du  double-pli. 

Dans  une  étude  récente,  M.  Piperofl'^  maintient  l'hypothèse  du 
double-pli  de  Glaris  d'après  les  preuves  qu'il  pense  avoir  trouvées 
dans  le  Galanda.  Je  crois  plutôt  que  les  matériaux  qu'il  a  réunis 
avec  grand  soin  peuvent  servir  à  démontrer  le  contraire,  ou  sinon, 
à  montrer  dans  le  Galanda,  comme  ailleurs,  la  continuelle  absence 
de  la  charnière  du  pli  sud.  En  eflet,  non  loin  du  Galanda,  au  Rin- 
gelspitz,  on  voit  un  lambeau  perdu  sur  le  Flysch  du  pli  méridional. 
Sur  une  bande  étirée  de  Jurassique  repose  du  Vemicano  (Per- 
mien).  G'est  une  partie  du  flanc  médian  de  l'anticlinal  sud. 

Examinons  ce  que  devient  vers  Testée  Flysch,  qui  forme  le  syn- 
clinal du  pli  sud.  Il  repose  normalement  sur  le  Grétacique  que 
l'on  suit  jusque  dans  le  Galfeuserthal,  de  là  dans  les  hauteurs 
qui  dominent  Vâttis;  puis  il  va  former  le  pli  anticlinal  inférieur 
à  charnière  connue  du  Galanda.  Ge  pli  se  fait  donc  sentir  unique- 
ment dans  le  flanc  normal  du  synclinal  du  pli  sud.  Il  n'est  qu'un 
de  ces  nombreux  plis  déjetés  que  l'on  voit  dans  le  Flysch  des 
coupes  de  M.  Heim.  G'est  le  premier  de  ces  plis  en  comptant  à 
partir  du  sud. 

Le  pli  supérieur  du  Galanda  ne  peut  donc  représenter  que  le  pli 
anticlinal  sud,  ainsi  que  le  dit  M.  Piperofl*  lui-même.  Or,  dans  le 
Galanda,  la  charnière  du  pli,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  est  inconnue.  La 
plupart  des  coupes  de  M.  Piperofl*  sont  très  démonstratives  sous  ce 
rapport,  sauf  le  profil  I  et  II,  où  l'auteur  dessine  la  charnière.  Ce 
résultat  n'est,  j'en  suis  convaincu,  qu'un  artifice  involontaire  du 
dessin.  Ainsi,  le  profil  II  montre  des  couches  de  Jurassique  supé- 
rieur plongeant  au  nord-ouest,  alors  que  les  plongements  indiqués 

I.  M.  Bbrtraxd.  Rapport  de  structure  des  Alpes  de  Glaris  et  du  bassin 
houiller  du  Nord.  B   S.  G.  F.,  (3),  XH,  p.  3i8,  1884. 
9.  PiPBiiOFF.  Géologie  des  Galanda.  MaL  Carte  géol.  suisse^  37*  livr.,  1897. 


DES  ALPES   DU   CHABLAIS   ET  DE   LA  SUISSE  779 

sur  la  carte  sont  vers  le  sud-est.  L*anticlinal  ne  se  ferme  pas.  Il  en 
est  de  même  dans  la  coupe  I.  Le  profil  Y,  d*après  M.  Piperoff,  est 
très  démonstratif;  mais  il  suffit  de  considérer  TAelplikopf,  et 
Ton  en  a  le  droit,  comme  un  simple  repli  du  flanc  médian  du 
grand  pli  couché,  et  non  comme  la  charnière,  pour  ramener  à 
sa  juste  valeur  l'argument  que  Ton  peut  tirer  de  la  situation  de  ce 
sommet.  Ainsi,  le  Calanda  n*apporte  aucune  preuve  en  faveur  du 
pli  sud  fermé. 

Il  est  cependant  un  certain  nombre  de  faits  constatés  par 
M.  Heim  qui  paraissent  démontrer  Texistence  du  pli  sud,  limité  en 
étendue  vers  le  nord.  Ainsi,  en  pai*ticulier.  la  coupe  du  Kingelspitz  ^ 
Le  Malm  du  flanc  médian  est  à  peu  près  complètement  étiré  et  de 
ce  fait  Tanticlinal  parait  fermé  dans  le  Jurassique  supérieur. 
Comment  se  peut-il  alors  que,  dans  Thypothèse  du  pli  unique,  Ton 
puisse  retrouver  du  Malm  dans  la  hase  des  Churfirsten  ?  Les 
exemples  de  plis  couchés  qui  montrent  un  écrasement  total  du 
flanc  médian  en  arrière  de  parties  plus  avancées  où  celui-ci  existe 
pleinement  développé  ne  sont  pas  rares.  Il  n'y  a  qu'à  observer 
les  coupes  de  M.  Heim  lui-même  (ainsi  celle  du  col  du  Panix), 
pour  s'en  convaincre  -.  Il  en  est  de  même  au  Kingelspitz.  Non  loin 
de  là,  au  Vorab,  le  Malm  du  flanc  médian  est  nettement  développé. 
1^  coupe  du  Ringelspitz  ne  présente  donc  qu'un  écrasement  local. 
I^e  pli-faille  s'y  accentue  plus  près  de  la  charnière  synclinale  que 
dans  les  autres  coupes. 

Une  autre  difficulté  en  faveur  de  l'existence  du  pli  sud  vient  de 
l'absence  presque  constante  du  Malm  sur  le  flanc  normal  du  pli 
sud,  flanc  normal  qui,  il  est  vrai,  est  presque  toujours  absent, 
détruit  qu'il  est  par  érosion  ;  mais  s'il  avait  été  conservé,  n'y 
trouverait-on  pas  des  schistes  des  (irisons,  car  le  pli  normal 
montre  la  Sernifite  s'enfonçant  au  sud  sous  ces  schistes  ?  Alors 
comment  se  peut-il,  dans  l'hypothèse  du  pli  unique,  que  nous 
trouvions  ce  Malm.  si  remarquablement  développé  sur  le  flanc 
normal,  au  Mûrtschenstock,  dans  les  (]hurlirsten  et  dans  toute 
l'immense  région  au  nord  du  col  du  Klausen  ?  Cette  objection 
parait  péremptoire. 

Il  est  incontestable  que,  pour  le  moment,  c'est  l'argument  le 
plus  puissant  à  opposer  à  l'hypothèse  du  pli  unique.  Poursuivons 
plus  attentivement  cette  question  difficile.  Quand  nous  cherchons 
à  nous  figurer  ce  que  devient  le  Malm  normal  du  Calanda  vers  le 
sud,  nous  devons  forcément  admettre  qu'il    disparaît  sous  les 

I.  Hbim.  Mat.  Carte  géol.  suisse,  95'  livr.,  pi.  U,  protil  14. 
a.  HxQf.  Loc,  cit.,  pi.  II,  proûl  10. 


;;8a       m.  lugeon.  —  les  aRAxnEs  nai*pk8  de  recouvrement 

schistes  qui  forment  les  montagnes  de  Coire.  Ici  donc  les  schistes 
reposeraient  sur  le  Malm  :  plus  loin,  dès  llanz,  ils  reposent  sur  le 
Verrucano.  Quel  que  soit  leur  âge,  qu*ils  soient  éocènes,  comme 
certains  auteurs  veulent  Fadmettre  pour  le  Prâtigau,  qu'ils  soient 
liasiques,  ils  reposent  par  transgression  stratigraphique,  dans  le 
premier  cas,  ou  par  transgression  mécanique,  dans  le  deuxième 
cas,  puisque  le  Maim  du  Calanda  repose  lui-même  sur  le  Ver- 
rucano. Nous  pouvons  donc  expliquer  la  disparition  du  Malni 
vers  le  sud  de  deux  manières  difTérentes,  mais  nous  avouons  que 
le  problème  est  encore  obscur.  Nous  avons  accumulé  assez  de 
preuves,  avec  celles  que  nous  verrons  plus  loin,  contre  l'hypothèse 
du  double-pli,  en  nous  servant  de  matériaux  qui  ont  été  apportés 
par  les  auteurs  ou  les  défenseurs  de  cette  conception,  que  nous 
pouvons  nous  demander  si  la  dernière  preuve,  tirée  de  ces  obscurs 
schistes  des  Grisons  peut  oui  ou  non  nous  faire  fléchir.  A  travers 
la  Suisse,  les  masses  calcaires  du  pli  nord  de  Glaris  sont  jointes  à 
celles  où,  dans  le  Wildhorn,  nous  constatons  Tattache  avec  leur 
racine.  (Test  là  un  fait  tellement  indiscutable  que  Targument  tiré 
des  schistes  lustrés  des  Grisons  perd  complètement  sa  valeur. 
L'explication  de  ces  masses  considérables  de  Malm  sur  le  flanc 
normal  du  pli  nord  ne  pourra  être  donnée  que  lorsque  nous  connaî- 
trons la  genèse  même  du  mouvement  qui  a  créé  le  grand  pli 
unique.  Nous  ne  sommes  pas  encore  arrivés  à  cette  explication,  à 
la  théorie  des  grandes  nappes  de  recouvrement,  aussi  ne  cherche- 
rai-je  pas  ici  à  la  donner.  Nos  recherches  ne  sont  pas  encore  assez 
avancées  et  le  problème  est  peut-être  insoluble.  Quoi  qu*il  en  soit, 
les  preuves  sont  telles  que  Thypothèse  du  pli  unique,  due  à 
M.  Marcel  Bertrand,  doit  remplacer  la  brillante  hypothèse  d'Escher 
de  la  Linth  et  de  M.  Heim.  En  écrivant  cette  phrase,  je  tiens  à  dire 
que  cette  manière  de  voir  n*infîrme  en  rien  l'admiration  profonde 
que  je  témoigne  pour  les  travaux  des  deux  grands  maîtres  zuri- 
chois et  particulièrement  pour  ceux  de  M.  Heim,  un  de  mes 
maîtres.  Sans  leurs  efforts,  lorsque  Ton  se  rappelle  les  contro- 
verses qu*a  soulevées  la  théorie  des  Alpes  glaronnaises,  nous  ne 
serions  pas  dans  la  voie  du  progrès  où  nous  nous  trouvons.  A 
chacun  suffit  sa  tâche.  Le  présent  chapiti*e  n'est,  si  je  ne  me  trompe, 
qu'un  essai  de  perfectionnement  partiel  de  cet  impérissable  et 
fécond  ouvrage  le  a  Mechanismus  der  Gebirgsbildung  ». 

'    * 
*  « 

Que  reste-t-il  alors,  en  Suisse,  sur  le  versant  nord  des  Alpes,  des 
plis  autochtones,   des  vrais  plis  en  place  du  front  nord  de  la 


DK8   ALPES   DU   CHABLAIft   ET    DK    LA    SUISSE  781 

chaîne?  La  chaîne  du  Pilate  et  ses  ramifications  jusqu'au  Sentis, 
de  même  que  les  montagnes  à  faciès  helvétiques,  limitées  au  sud 
par  la  vallée  du  Klônthal,  le  Pragel,  llsenthal,  sont  peut-être  en 
place,  semble-t-il.  Les  travaux  de  M.  Burekbardt  *  nous  permettent 
de  juger  cette  question. 

B).  Les  nappes  supérieures  glaronnaises. 

Le  Glâmisch  présente  un  empilement  de  plis  qui  paraissent 
terminer  la  nappe  de  Glaris.  La  tête  anticlinale  du  pli  supérieur 
est  implantée  dans  le  Flysch  du  (lanc  gauche  de  la  vallée  du  Klôn- 
thal. C'est  ce  Flysch  qui  limite  d'une  manière  si  rigoureuse  la 
nappe  de  Glaris,  au-delà  duquel  elle  disparaît,  et  qui  nous  permet 
de  la  suivre  dans  les  Alpes  suisses.  En  suivant  ce  Tertiaire,  nous 
le  voyons  former  une  mince  bande  sous  les  montagnes  du  nord 
du  Klônthal,  jusqu*à  Nâfels.  Ainsi,  le  pli  frontal  de  la  nappe  gla- 
ronnaise  doit  se  propager  sous  des  montagnes  supposées  en  place. 
Et  c'est  ce  Flysch  et  ce  Nummulitique  que  nous  voyons  disparaître 
sous  les  aliuvions  à  Nâfels. 

La  pénétration  du  Flysch  sous  les  montagnes  au  nord  du  Klôn- 
thal a  une  signification  beaucoup  plus  considérable  qu'on  ne  l'a 
admis  jusqu'ici. 

Puisque  le  Nummulitique  du  flanc  supérieur  de  la  nappe  de 
Glaris  pénètre  sous  les  montagnes  du  nord  du  Klônthal,  c'est  que 
celles-ci  elles-mêmes  ne  possèdent  pas  de  racine  en  profondeur. 
Elles  ne  forment  que  les  restes  d'une  nappe  que  /appellerai  la 
nappe  supérieure  de  Glaris.  Il  n'est  pas  dif licite  de  le  prouver. 
Pour  cela,  étudions  les  coupes  très  remarquables  dessinées  par 
M.  Burckhardt. 

Le  Nummulitique  qui  pénètre  sous  la  chaîne  de  Wiggis,  au- 
dessus  de  Netstall,  se  voit  sous  toute  cette  chaîne,  jusqu'à  Nâfels. 
Nous  pouvons  le  considérer  comme  formant  un  synclinal  plon- 
geant qui  s'ouore  en  avant  de  la  chaîne  dans  le  vallon  qui  domine 
Oberurnen.  La  liaison  du  Nummulitique  de  Nâfels  avec  celui  qui 
domine  Oberurnen  est  cachée  par  des  éboulis  sur  un  kilomètre  et 
demi.  Mais  on  ne  peut  avoir  aucun  doute  sur  cette  liaison.  Au- 
dessus  de  Nâfels,  le  flanc  renversé  de  ce  synclinal  plongeant  est 
remarquable  par  la  présence  de  marnes  à  Gryphêca  Escheri.  Il  en 
est  de  même  à  Hohlweg,  au-dessus  d'Oberurnen.  Dans  ces  deux 

I.  Burckhardt.  Monographie  der  Kreidekeltcn  zwischon  KlAnthal,  Silil 
und  Liath.  Mat  Carie  géol.  suisse,  35*  livr.,  189G. 


jHa         M.  LUGKON.  —  LKS  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

j 

parties,  le  flanc  normal  possède  les  grès  Terts  à  Nummulites.  Pour 
qui  connaît  Textrême  variabilité  des  faciès  du  Nummulitique,  la 
présence,  dans  les  deux  synclinaux,  des  marnes  à  Gryphœa  Escheri 
est  très  significative.  C*est  incontestablement  le  même  pli  synclinal 
qui  se  continue  de  Nâfels  jusqu'au-dessus  d'Oberumen. 
.  Ainsi,  dans  la  vallée  de  la  Linth,  tout  comme  dans  les  vallées 
de  TArve,  du  Chablais,  du  Rhône,  plus  l'érosion  nous  permet  de 
voir  en  profondeur,  plus  nous  constatons  que  le  Tertiaire  pénètre 
sous  les  masses. 

Mais  d'autres  faits  viennent  encore  nous  éclairer.  Si  la  liaison, 
sous  les  éboulis  de  Nâfels,  des  deux  Nummulitiques  dont  je  viens 
de  parler,  était  contestée,  nous  n'aurions  qu'à  nous  adresser  au 
Néocomien,  qui,  lui,  forme  une  bande  continue.  Je  sais  bien  qu'ici 
une  autre  supposition  pourrait  être  présentée.  Elle  dirait  que  la 
portion  du  territoire  occupé  par  Téboulis  coïncide  avec  la  racine 
d'un  éventail.  Il  serait  déjà  fort  curieux  de  constater  cette  coïnci- 
dence. Puis,  dans  la  partie  qui  serait  sur  cette  racine  d'éventail, 
donc  au-dessus  des  lieux  où  la  striction  aurait  été  maximale,  nous 
voyons  les  couches  du  Néocomien  particulièrement  tranquilles. 
Enfin,  les  deux  flancs  de  cet  éventail  supposé  présenteraient  des 
plis  et  replis  toujours  dirigés  vers  le  nord. 

M.  Burckhardt  a  signalé  quelques  faits  qui  viennent  nons  mon- 
trer que  sur  cette  bande  oblique  de  Nummulitique  des  parois  du 
Wiggis  existe  bien  une  nappe.  Près  de  Wiggisalp,  notre  confrère 
signale  une  lentille  ^  de  Sénonien  dans  le  Nummulitique.  Il  en 
signale  encore  une  autre  dans  le  Flysch  du  nord  de  la  chaîne,  sous 
le  Riseten.  Ce  sont  des  lambeaux  de  lame  de  charriage,  et  c*est  un 
phénomène  commun  aux  deux  terrains  tertiaires  dont  je  snppose 
la  liaison  souterraine.  Si  la  lentille  de  Wiggisalp  était  explicable 
à  la  rigueur  dans  un  synclinal  aussi  couché  et  où  l'écrasement  a 
pu  être  considérable,  celle  du  pied  du  Riseten  est  inexplicable 
dans  un  synclinal  qui  paraît  tranquille,  si  ce  synclinal  n'est  pas 
lié  avec  le  précédent,  ne  forme  pas  le  synclinal  couché  sons  la 
nappe  supérieure  de  Glaris.  Mais  ce  n'est  pas  tout  encore.  La 
nappe  de  recouvrement  présente,  à  la  base,  des  couches  particuliè- 
rement étirées.  Escher  les  a  déjà  considérées  comme  faisant  partie 
d'un  flanc  médian.  Moesch  voulait  en  faire  du  Jurassique  supé- 
rieur. M.  Burckhardt  -  n'y  a  point  trouvé  de  fossiles;  il  en  fait  de 
rUrgonien,  mais  il  avoue  n'être  pas  certain  de  cette  détermina- 

I.  Burckhardt.  Loc,  cit.,  ti{|^.  99,  pi.  VI. 
9.  Burckhardt.  Loc.  cit.,  pp.  i3o-i3i. 


DM   ALPES   DU   CHADLAIS   HT   DE    }Jl    SUISSE  ^83 

tioa.  Il  dit  qu'iacontestablement  ce  calcaire  est  pins  jeune  que  le 
Néocomien,  car  il  repose  sur  ce  terraiD  hu  Krautlistock.  Cela  n'est 
pas  nne  preuve,  car  je  pourrais  tout  aussi  bien  dire  que  puisque 
dans  la  paroi  de  AV'ig- 
^8  il  repose  sous  le 
Néocomien,  c'est  que  ce 
dernier  est  plus  jeune 
qne  lui.  Là  n'est  du 
reste  pas  le  point  im- 
portant. Ce  qu'il  faut 
ne  pas  oublier,  c'est  que 
nalle  part  ce  terrain 
n'est  en  liaison  avec 
l'Urgonien  normal  fos- 
•ilifère  qui,  comme  ou 
le  sait,  couvre  de  gran- 
des surfaces  dans  la 
chaîne  de  "Wij^s.  Au- 
trement dit,  je  crois  de* 
voir  contester  toutes 
le»  tignes  de  raccord 
destinées  par  M.  Bure- 
khardt  et  déterminant 
un  anticlinal  que  mon 
collègue  indique  aous 
le  chiffre  3,  anticlinal 
qoi  forme  les  plis  de  la 
nappe  du  cdté  du  sud. 
Jamaiê  la  charnière  de 
ce  pU  n'a  été  consta- 
tée '.  Je  l'ai  vainement 
cherchée  sur  le  terrain. 
Elle  n'existe  pas.  Elle 
n'existe  du  reste  nulle 
part  au  sud  des  monta- 
gnes du  nord  du  Klôn- 
thai,  pas  plus  dans  les 
flancs  de  l'Ochsenliorn  que  dans  ceux  de  AViggis. 

Ainsi  les  montagnes  de  Wiggis  doivent  être  considérées  comme 
une  nappe  de  recom>rement  superposée  à  celle  de  Gloria.  Elles 


I.  La  charnière  indiqnée  par  Burckhardt  a 
n'est  paa  en  accord  avec  ses  levés. 


Krautlistnrk  (prolil  ■:,  p).  IV) 


784         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

jouent  vis'à'Ois  de  cette  dernière  le  rôle  que  joue  le  massif  delà 
Brèche  du  Chablais  vis-à-çis  des  Préalpes  médianes.  Elles  ne 
forment  que  la  nappe  supérieure  de  Glaris  (fig.  9). 

On  voit  donc  que  le  problème  de  la  Brèche  du  Chablais  n*est 
pas  isolé,  mais  se  retrouve  en  plein  cœur  des  chaînes  à  faciès  helvé- 
tiques. 

M.  Burckhardt  a  montré  que  les  chaînes  au  nord  du  Klônthal 
présentaient  un  fait  vraiment  extraordinaire,  celui  de  plis  irons- 
çersaux,  si  bien  marqués,  si  accentués,  qu*ils  sont,  d'après  ses 
coupes,  comparables  aux  plis  longitudinaux. 

J*ai  cru  à  ces  plis  transversaux.  C'était  même  ainsi,  si  Ton  s*en 
rappelle,  que  je  croyais  expliquer  en  1896  le  relaiement  des  plis 
de  Morclcs  par  ceux  des  Diablerets.  Les  recherches  sur  le  terrain 
nfont  montré,  comme  je  Tai  écrit  plus  haut,  que  les  Diablerets  ne 
pouvaient  former  qu'une  nappe  indépendante  de  celle  de  Morcles. 
Ici,  dans  les  montagnes  du  Klônthal,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en  assurer 
sur  place,  il  faut  aussi  remplacer  la  notion  de  ces  plis  transver- 
saux par  celle  des  nappés. 

Nulle  part  la  charnière  des  plis  transversaux^  imaginés  par 
M.  Burckhardt,  nest  visible.  On  peut  analyser  aussi  attentivement 
que  l'on  veut  les  parois  de  la  Ganthôhe,  dans  le  haut  ^âggithal, 
celles  de  la  Zindlenspitz,  dans  la  vallée  de  l'Obersee,  on  ne  voit 
aucun  contournement  dans  le  Néocomien  qui  soit  dirigé  vers  l'est, 
ainsi  que  le  voudrait  l'hypothèse  du  pli  transversal.  M.  Burckhardt 
dessine  au  pied  de  ces  anticlinaux  transversaux  imaginaires  un 
petit  synclinal  (I  et  II  des  coupes  de  M.  Burckhardt).  La  charnière 
de  ce  petit  pli  est  de  même  inconnue.  Ainsi,  les  preuves  de  ces 
plis  transversaux  n'existent  pas.  Nous  pouvons  donc  donner  une 
toute  autre  interprétation  de  ces  phénomènes  : 

Nous  avons  vu  antérieurement  (p.  776)  que  les  nappes  de  recou- 
vrement présentaient  la  tendance  à  la  formation  de  plis  secondaires 
dans  leur  flanc  normal,  que  ces  plis  se  pressaient  dans  le  sens  de 
la  poussée  et  que  chacun  d'eux  pour  ainsi  dire  cherchait  à  créer 
une  nappe  indépendante.  C'est  ce  qui  s'est  produit  dans  les  mon- 
tagnes du  nord  du  Klônthal.  Chacune  des  régions  séparées  par  les 
fameux  plis  transversaux  forme  une  digitaiion  de  la  nappe^  que 
nous  allons  examiner  de  plus  près. 

Tout  d'abord,  je  constate  que  chacun  de  ces  massifs  se  termine 
vtM*s  le  nord  par  une  charnière  très  nette.  Je  constate,  en  outre, 
que  chacun  de  ces  contournements  des  couches  est  brusquement 


DS8  ALPES   DU   CHABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  ^85 

coupé  à  Test  par  les  vallées  transversales.  Celui  du  Fluhberg  est 
coupé  par  FAabach  ;  celui  du  Scheinherg  est  raviné  puis  coupé 
par  le  bassin  de  TObei-see.  Le  pli  synclinal  du  souimet  de  Wiggis, 
qui  n*est  qu'un  détail  de  la  nappe  du  même  nom,  est  coupé  par  la 
vallée  de  la  Linth. 

.Nous  pouvons  donc  nous  demander  jusqu'où  continuaient  vers 
Test  ces  plis  brusquement  interrompus  :  ils  se  continuaient  les  uns 
sur  les  autres. 

Le  petit  synclinal  du  sommet  de  Wiggis  représente  la  charnière 
d'un  pli  supérieur  qui  forme  le  massif  du  Uàdertenstock. 

Dans  ces  conditions,  on  voit  comy)ien  la  disposition  de  ces 
chaînes  du  nord  du  Klônthal,  que  M.  Burckhardt  avait  cru  expliquer 
par  un  mécanisme  spécial,  rentre  dans  le  cas  connu  des  nappes  de 
recouvrement  dont  le  plan  est  oblique  à  la  surface  moj'enne  du  soi, 
La  nappe  du  Wiggis,  ou  nappe  supérieure  de  Glaris,  poussée  vers 
le  nord,  s'enfonce  vers  Touest,  transversalement  à  sa  direction  de 
poussée,  sous  la  nappe  plus  supérieure  de  la  chaîne  du  Kâder- 
tenstock.  Cette  deuxième  nappe  est  encore  enracinée  au  col  de 
Lachen  avec  celle  de  Wiggis  ;  elle  n'en  est  que  la  bifurcation.  C'est 
un  phénomène  tout  à  fait  semblable  à  ceux  décrits  par  M.  Uitter  et  à 
ceux  de  la  nappe  du  Wildhorn  par  rapport  à  celle  des  Diablerets 
et  de  celle-ci  par  rapport  à  celle  de  Mordes. 

Enfin,  plus  loin,  nous  voyons  la  nappe  du  Râdertenstock  se 
contourner  Fur  elle-même,  former  le  synclinal  du  chaînon  de 
rOchsenkopf  et  donner  lieu  à  une  nappe  supérieure  encore,  à  celle 
du  Fluhbei^,  sous  laquelle  elle  s'enfonce. 

Ainsi,  si  faisant  abstraction  des  effets  de  V  érosion  sur  ces  nappes, 
qui  ont  été  coupées  successivement  par  un  plan  d'érosion,  dont 
taltitude  moyenne,  tangente  aux  sommets,  est  comprise  entre 
2000  et  2aoo  mètres,  nous  restituons  les  parties  perdues,  nous 
aurons,  au-dessus  de  la  pallée  de  la  Linth,  cinq  nappes  superpo- 
sées (fig.  9). 

Ainsi  comprise,  voyons  ce  que  devient  vers  l'ouest  la  nappe 
la  plus  élevée  (fig.  9,  V).  A  partir  du  col  du  Pragel,  c'est  cette 
digitation  supérieure  qui,  seule,  repose  sur  le  front  de  la  nappe 
de  Glaris  ;  les  digitations  inférieures  ont  cessé  de  vivre  à  la  sur- 
face et  ne  doivent  pas  aller  bien  loin  vers  l'ouest,  car  leur  amorce 
disparaît  aussi. 

Du  col  du  Pragel  jusqu'à  Sisikon.  on  voit,  à  la  surface  du  sol»  le 
Nummulitique  du  flanc  normal  de  la  nappe  glaronnaise  ;  c'est  un 
synclinal.  Non  loin  de  ce  pli,  on  constate  le  pli  synclinal  renversé 
très  connu  de  l'Axenstrasse.  On  connaît  la  coupe  donnée  par 


^86    M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVRBMSNT 

M.  Heim  de  ce  singulier  synclinal,  qui  montre  qu'au  lieu  de 
s'oQvrir  par  le  haut,  comme  tous  les  plis  de  son  espèce,  il  se  ferme 
au  contraii*e.  11  doit  être  considéré  comme  un  pli  de  la  nappe  infé- 
rieure glaronnaise.  Autrement  dit,  cellen^i  se  digite  dans  la  coupe 
du  lac  des  Quatre-Cantons  en  deux  plis  anticlinaux,  Tun  au  sud, 
Tautre  au  nord  du  synclinal  retourné  ci-dessus. 

Si  nous  cherchons  maintenant  ce  que  devient  vers  Touest  le 
synclinal  de  Pragel-Sisikon,  c'estrà-dire  dans  les  masses  de  FUri- 
rothstock,  nous  pouvons  croire,  d'après  les  descriptions  de  Moesch, 
qu'il  se  ferme  aussi  par  le  haut^  c'est-à-dire  que  les  nappes  indé- 
pendantes du  nord  du  K Ion  thaï,  du  Pragel  et  de  la  vallée  de 
Sisikon  se  rattachent  à  la  nappe  glaronnaise,  à  r ouest  du  lac  des 
Quatre-Cantons,  jusque  dans  les  Hautes  Alpes  bernoises. 

Nous  voyons  donc  qu'en  marchant  de  l'est  vers  l'ouest,  nous 
arrivons  à  la  même  conclusion  que  celle  à  laquelle  sont  arrivés 
MM.  M.  Bertrand  et  Golliez  S  en  marchant  dans  un  sens  opposé,  à 
savoir  que  la  chaîne  du  Brisen  forme  une  nappe  supérieure  à  la 
nappe  glaronnaise. 

Les  plis  de  la  chaîne  du  Brisen  se  continuent  jusqu'au  lac  de 
Thoune  par  le  bas  du  Melchtal  et  par  le  Brienzerhom,  qui  repré- 
sente le  front  de  la  nappe  ;  c'est  ainsi  que  l'ont  déjà  compris,  en 
1897,  MM.  M.  Bertrand  et  GoUiez.  De  là,  ce  front  rejoint  vraisem- 
blablement la  nappe  du  Wildhom-Mont  Gond. 

Ainsi,  une  des  chaînes  que  Von  aurait  pu  croire  encore  en  place^ 
celle  qui  s'étend  des  montagnes  du  nord  du  Klônihal  Jusqu^au 
Brienzerhom,  en  longeant  le  sud  delà  région  des  KUppes,  forme 
une  nappe  de  recouçrement  parfois  digitée  dépendante  de  la  nappe 
inférieure  de  Glaris  à  partir  du  lac  des  Quatre-Cantons  çers 
V ouest  ;  elle  est  sans  relation  apparente  açec  cette  dernière  à  cause 
de  rérosion,  à  partir  du  lac  des  Quatre-Cantons  vers  Vest,  Nous 
verrons  que  ces  nappes  se  lient  entre  elles  dans  les  Ghurfirsten. 

G).  La  nappe  inférieure  glaronnaise. 

Revenons  à  la  vallée  de  la  Lin  th. 

La  nappe  digitée  de  recouvrement  des  montagnes  du  nord  du 
Klônthal  a  été  aussi  mise  en  évidence  par  M.  Rothpletz  -.  Mais 
une  grande  divergence  de  vues  nous  sépare.  Pour  M.  Rothpletz,  la 
nappe  a  été  poussée  vers  le  sud-ouest;  pour  nous,  elle  l'a  été 

I.  Bf.rtraxd  et' Golliez.  Les  chaînes  septentrionales  des  Alpes  bernoises. 
B.  S.  G.  F:,  (3),  XXV,  p.  568,  1897. 
3.  HoTHPLBTz.  Das  geotectonische  Problem  der  Glarner  Alpen,  voir  pL  X. 


DE   LA.   SUISSE  787 

vers  le  nord.  Ud  des  facteurs  les  plus  importants  qui  détermine  la 
directioQ  de  poussée  des  nappes  est  incontestablement  la  position 
du  pli  frontal.  Cette  direction  doit  être  perpendiculaire  à  ce  pli. 
Ici  il  n'y  a  pas  d'ambiguïté  possible.  Le  front  de  la  nappe  la  plus 
basse  est  est-ouest,  celui  de  la  nappe  du  milieu  est  est  ouest  dans 
le  Kamm  (au  nord-ouest  de  l'Obersee);  le  front  est  de  nouveau 
est-ouest  dans  le  Fluhbei^.  Les  nappes  ne  peuvent  donc  être 
venues  que  du  sud.  Cependant  la  nappe  du  milieu,  celle  du  Râder- 
tenstock,  présente  une  inflexion  de  direction  dans  le  Scheinberg. 
elle  devient  N.E.-S.O,  Celte  direction,  il  est  vrai,  est  exagérée  par 


Klg.  10.  —  La  nappe  sapérieure  glaronnaise  subdivisée  en  truis  nappes 
indépendantes  dans  les  montagnes  du  nord  du  Klônlliul  ;  modelé  en 
BDpposant  qne  l'érosion  n'ait  coupé  les  nappes  que  dans  leur  prolongalion 


la  forme  de  L'aflleurement,  c'est-à-dire  â  cause  de  IV 
elle  parait  néanmoins  existante.  L'explication  ne  me  parait  pas 
difficile.  Lorsque  des  nappes  se  digitent.  elles  paraissent  se  con- 
daire  comme  les  vagues  de  la  mer  qui  se  relayent  les  unes  les 
autres  en  cherchant  à  déferler  parallèlement  au  rivage.  L'ellbrt  de 
poussée  parait  cesser  par  épuisement  à  un  moment  donné,  ou 
platdt  le  retard  de  la  vague  est  tel,  que  de  deux  vagues  successives 
la  seconde  rqoint  souvent  la  première.  Il  se  forme  ainsi,  en  pre- 
nant nh  point  de  comparaison  plus  commun ,  un  tuyaiiiàgè  3ii  laôrd 


;;88      m.  lugeon.  —  les  grandes  nappes  de  rscouvrvmknt 

frontal  des  nappes,  mais  an  lieu  que  ce  tuyautage  soit  perpendi- 
culaire au  bord  de  rétofie,  comme  ceux  que  font  les  repasseuses,  il 
est  oblique  au  front  général  de  la  nappe.  Nous  pouTons  représenter 
ce  phénomène  par  la  fîg.  lo. 

Ainsi  les  nappes  du  nord  du  Klônthal  viennent  bien  du  sud.  . 

Ces  nappes  s  étendaient-elles  vers  Test  ?  Les  recherches  de 
M.  Haug  *  et  les  travaux  de  M.  Rothpletz  ^  viennent  nous  l'épondi'e 
par  l'affirmative. 

La  nappe  de  Wiggis  se  recèle  sous  la  forme  d'un  grand  lam- 
beau de  recouvrement,  qui  occupe  toute  la  couverture  supérieure 
du  Gross  Fahrlen  (fig.  lo). 

Plus  à  Test  encore,  Téi^osion  a  entaillé  trop  profondément  le 
bord  sud  du  lac  de  Wailenstadt,  pour  que  nous  puissions  songer  à 
retrouver  les  débris  de  cette  nappe,  mais,  dans  le  massif  des  Chur- 
firsten,  il  semble  bien  qu  elle  se  continue.  D'api*ès  les  levés  de  la 
carte  suisse  et  les  coupes  de  MM.  Heim  et  Rothpletz,  on  constate, 
ainsi  que  ce  dernier  l'a,  du  reste,  fait  remarquer,  deux  coupes  de 
nappes  superposées,  dans  les  Aancs  qui  dominent  le  lac.  Comme  la 
nappe  de  Wiggis  est  immédiatement  superposée  a  la  nappe  infé- 
rieure de  Glaris,  c'est  elle  qui  formerait  la  nappe  la  plus  élevée  et, 
par  conséquent,  toute  la  ligne  des  crêtes  des  Clmrfirsten. 

Mais,  ainsi  qu'on  peut  le  constater  dans  les  Churfirsten,  le  syn- 
clinal qui  sépare  les  deux  nappes  se  ferme.  On  voit  la  charnière 
éocène  pénétrer  obliquement  dans  la  montagne.  Ainsi,  ici  les  deux 
nappes  tendent  à  se  rattacher  directement  Tune  à  Tautre,  comme 
cela  se  passe  à  l'ouest  du  lac  des  Quatre-Gantons.  Les  contonrne- 
ments  des  couches  dans  le  Mûrstsehenstock  sont  Tamorce,  dans  le 
Jurassique,  de  la  nappe  supérieure  de  Glaris,  se  digitant  de  la 
nappe  inférieure. 

* 

Revenons  en  arrière  et  voyons  ce  que  devient  le  front  de  la 
nappe  de  Glaris  vers  le  nord.  Si  les  admirables  travaux  de 
M.  Heim  nous  renseignent  avec  une  exactitude  rigoureuse  sur  les 
faits  relatifs  aux  parties  internes  de  la  nappe,  les  documents  man- 
quent un  peu  en  ce  qui  la  concerne  au  nord.  Cependant,  grâce  aux 
travaux  de  M.  Burckhardt,  de  M.  Baltzer  sur  le  Glâmisch  et  grftce 
aux  coupes  de  M.  Heim,  nous  pouvons  tenter  le  dernier  effort  qui 
nous  reste  à  accomplir. 

I.  E.  Hauo.  Sur  les  hautes  chakies  calcaires  de  Suisse.  B.  S,  G.  F.,  C^'-R, 
sommaire,  24  juin  1895. 
u.  RoTBPLBTz.  Das  geotectoniscbe  Probicm  der  Glarner  Aipen,  pL  XI. 


DBS  ALPES  DU  CHABLAIS  ET  DE.  LA  SUISSE  789 

La  nappe  de  Glaris  est  la  pins  inférieure,  c'est  elle  qui  s'enfonce 
le  plus  profondément  vers  le  nord  ;  pouvons-nous  jamais  espérer 
en  rencontrer  le  pli  frontal  ?  Evidemment.  Une  méthode  simple 
consisterait  à  partir  des  Wildstrubel  et  à  parcourir  toutes  les 
Alpes  suisses  en  faisant  des  levés  de  détail.  Cherclions  cependant 
dès  à  présent  si,  dans  les  faits  connus  des  Alpes  de  la  Suisse 
orientale,  nous  ne  trouvons  point  des  preuves  suffisantes. 

Les  travaux  de  M.  Baltzer  ont  montré  que  le  Glârnisch  est  formé 
par  un  empilement  de  plis,  que  la  dernière  coupe  de  M.  Heim  * 
représente  de  la  manière  suivante  :  Sur  un  socle  de  Flysch  s'élève 
la  série  noi*male  du  Jurassique  à  TUrgonien,  qui  en  forme  le  terme 
le  plus  élevé.  Sur  ce  dernier  se  trouve  une  épaisseur  de  Néocomien, 
couronnée  de  nouveau  par  TUi'gonien.  Ce  pli  supérieur  ne  possède 
pas  de  charnière.  Nous  ne  trouvons  la  tête  anticlinale  que  dans  la 
chaîne  du  Deyenstock-Mâttlistock,  ainsi  que  Ta  indiqué  pour  la 
première  fois  M.  Haug  ^,  ainsi  que,  peu  après,  Ta  démontré  fort  élé- 
gamment M.  Burckhardt.  Il  y  a  donc,  formant  le  sommet  du  Glâr- 
BÎflch,  un  pli  couché  considérable,  digitation  de  la  nappe  de  Glaris. 
Ce  pli  couché,  qui  ne  s'est  pas  individualisé  ici  en  une  nappe  bien 
importante,  s^accentue  de  plus  en  plus  vers  l'ouest  et  forme  une 
belle  nappe  dans  les  Silbern  (Pli  B,  fig.  3,  pi.  XYI).  Il  diminue 
d'ampleur  au  bord  du  lac  des  Quatre-Cantons  (fig.  4*  pi*  XVI).  De 
l'autre  côté  de  la  Linth,  ce  pli  donne  lieu  à  des  complications  cer- 
taines dans  le  Schild,  où  M.  Rothpletz  veut  voir  une  nappe  indé- 
pendante. Je  crois  que,  dans  le  Schild,  ce  qui  embarrasse  c'est  la 
charnière  de  ce  pli  secondaire,  car  de  même  que  ce  pli  s'arrête  au 
Deyenstock  et  ne  forme  pas  une  nappe  au  même  titi^e  que  les 
autres,  de  même,  dans  l'est  de  la  vallée  de  la  Linth,  nous  ne  consta- 
tons pas  sa  prolongation  au-delà  du  Schild  ;  sous  le  lambeau  de 
recouvrement  du  Gross  Fahrlen,  qui  représente  la  nappe  de 
Wiggis,  nous  ne  constatons  que  la  seule  na])pe  inférieure  de 
Glaris.  En  effet,  sur  l'immense  étendue  de  la  Semifite  (Permicn)de 
cette  dernière  nappe,  nous  voyons  la  série  entière  jusqu'au  Numnm- 
litique  et  sur  celui-ci  le  lambeau  de  recouvrement  du  Gross 
Fahrlen.  Il  n'y  a  pas  trace  d'une  autre  nappe. 

La  base  du  Glârnisch  se  continue  ainsi  sous  la  nappe  supéneure 
qui  forme  les  montagnes  de  Wiggis  ;  celles-ci  reposent,  ainsi  que 
je  l'ai  montré  plus  haut,  sur  le  Nummulitique  de  la  nappe  infé- 

I.  Hbxm.  Géologie  der  Hochalpen  zwischen  Reuss  uiid  Rhein.  Mat.  Carte 
géoL  saiêse,  35*  livr.,  prolil  8.  pi.  II. 
a.  Em.  Haug.  B.  S.  G.  F.  C.-R  somtn,;  ùli  ixdn  iSoS. 

1  ■  -  . 

6  Juin  190(2.  -^  T.  ler.  Bull.  Soc.  Géol.  Vr.  --  5j 


^90         It.  LUOSON.  —  LES  GRANDES  NAPPÉ8  DB  RBCOtJVRBlfKSiT 

rieore  de  Glaris,  dont  nous  voyons  toar  à  tour  les  coacbes  dispa- 
raître dans  le  sol  d'allurion  de  la  Linth  (fig.  9  et  10).  Où  se  troave 
la  charnière  frontale  de  cette  nappe  qui  plonge  ainsi  dans  le  sol  ? 

JTai  déjà  montré  la  liaison  intime  qui  existait  entre  le  synclinal 
d*Oberumen  et  celui  des  paix>is  du  Wiggis.  Ces  deux  synclinaux 
n'en  forment  qu*un.  Xous  poupons  donc  nous  demander  si  la 
petite  chaîne  qui  commence  au  Kôpjler  pour  finir  à  Oberurnen^ 
soit  la  chaîne  de  Wageien,  ne  représente  pas  la  sortie  de  la  nappe 
glaronnaise  inférieure^  soit  son  pli  frontal  ou  une  digitation  de 
celui-ci  *. 

Nous  touchons  certainement  ici  au  point  le  plus  délicat  de  la 
géologie  du  versant  nord.  Si  le  pli  anticlinal  en  question  ri  est  pas 
ou  le  pli  frontal  ou  un  repU  de  celui-ci,  s'il  en  est  indépendant,  il 
ne  peut  posséder  une  racine  en  profondeur. 

En  effet,  la  nappe  inférieure  de  Glaris,  si  elle  ne  sort  pas,  en 
partie  du  moins,  dans  ce  pli,  doit  se  continuer  plus  en  avant,  sous 
ce  pli  :  dans  ce  cas,  celui-ci  ne  peut  avoir  de  racine  et,  dans  cette 
hypothèse  -,  il  doit  appartenir  à  une  tête  de  pli  détaché  de  sa  racine 
inconnue.  Cela  revient  au  même,  au  point  de  vue  de  Torigine  méca- 
nique de  ce  pli  isolé  qui  ne  pourrait  venir  que  du  sud,  et  quelle 
que  soit  la  solution  que  Ton  préfère,  celle  que  Ton  choisit  amène 
un  changement  complet  dans  la  manière  de  comprendre  les  pre- 
miers plis  des  Alpes  suisses. 

Serrons  encore  le  problème  de  plus  près. 

Si  la  première  solution  parait  la  plus  naturelle,  elle  a  cependant 
contre  elle  certains  faits  importants.  Par  exemple,  si  la  similitade 
du  Nummulitique  qui  s*appuie  sur  Tanticlinal  de  Wageten  et  sur  la 
nappe  pénétrante  à  Nâfels  est  complète,  il  ne  paraît  pas  en  être  de 
même  de  tous  les  autres  terrains. 

Ainsi  M.  Burckhardt,  dans  la  carte  qui  accompagne  son  mémoire  ^, 
signale  du  Gault  dans  le  pli  de  Wageten,  tandis  que  la  nappe 
pénétrante  n'en  possède  point.  Puis  la  nappe  inférieure  de  Glaris 
contient,  d'après  le  même  géologue,  un  faciès  particulier  du  Néoco- 
mien,  à\i  faciès  méridional^  tandis  que  le  pli  de  Wageten,  qui  se 
rattache  à  celui  du  Pilate  et  au  Sentis,  doit,  fort  probablement, 
comme  ces  dernières  montagnes,  être  caractérisé  par  \e  faciès 
septentrional.  , 

*  Voilà  bien  des  preuves,  semble-t-il,  contre  la  liaison  possible  de 
ce  pli  de  Wageten  avec  la  nappe  de  Glaris. 

I.  Hypothèse  exprimée  par  la  lig.  10.  ^ 

9.  Hypothèse  exprimée  par  la  fig.  .9. 

3.  Burckhardt.  Monographie  der  Kreideketten/ etc.,  pi.  \. 


DSS  ALPES  DU   GHABLAlS   BT  DE  LA  SUISSE  ^9! 

Jusqu'aux  recherches  de  M.  Burckhardt  sur  le  groupe  du  Klon- 
thal,  on  a  confondu,  dans  la  Suisse  allemande,  TAlbien  avec  le 
Cénomanien  (Vraconnien,  couches  à  Turrilites  Bergerî)  sous  le 
classique  nom  de  Gault.  La  carte  de  notre  collègue  citée  plus  haut 
ne  fait  malheureusement  que  reproduire,  pour  la  chaîne  de  Wage- 
ten,  les  contours  qu'il  avait  publiés  antérieurement,  avant  d'établir 
la  subdivision  des  deux  étages,  ce  qui  fait  que  nous  ne  pouvons 
savoir  si  TAlbien  absent  du  pli  inférieur  de  Glaris,  près  de  Nâfels, 
est  présent  sur  le  Wageten.  A  Nïifels,  M.  Burckhardt  signale  le 
Cénomanien,  qui  existe  partout  dans  ces  chaînes,  tandis  qu'il  n  est 
représenté  que  près  du  Kôpller,  dans  la  chaîne  du  Wageten  K 

Nous  ne  pouvons  donc  malheureusement  être  éclairés  sur  la  pré- 
sence ou  Tabsence  de  TAlhien  au  Wageten. 

Pour  le  Néocomien,  j'abandonnerai  les  expressions  de  faciès 
nord  et  de  faciès  sud.  Les  nappes  du  nord  du  Klônthal,  soit  les 
nappes  supérieures  de  Glaris  (Wiggis,  Raderten  et  Fluhberg), 
viennent  du  sud  et  contiennent  ce  que  M.  Burckhardt  appelle  le 
faciès  nord,  à  cause  de  sa  position  géogràpliique  actuelle.  Cette 
expression,  de  même  que  la  deuxième,  pouvant  causer  des  confu- 
sions, je  remplacerai  dans  la  suite  l'expression  de  faciès  sud  par 
celle  de  faciès  S,  et  le  faciès  nord  par  l'expression  de  faciès  N. 

Le  faciès  N  est  nettement  localisé  dans  les  plis  ou  nappes  qui 
occupent  les  chaînes  septentrionales,  le  faciès  S  dans  les  méri- 
dionales. Dans  les  montagnes  au  noixl  du  Klônthal,  la  nappe  infé- 
rieure de  Glaris  (Deyenstock)  est  caractérisée  par  le  faciès  S.  Que 
cette  nappe  vienne  du  nord  ou  du  sud,  il  est  incontestable  que  ces 
a£Qearements  à  faciès  S  se  continuent  par  ceux  de  la  base  (sous  le 
Nummuli tique)  du  Gros  Fahrlen  (est  de  Nâfels)  et  ceux-ci  dans 
les  Churfirsten.  Or,  dans  cette  dernière  chaîne,  c'est  le  faciès  N 
qui  est  développé,  autant  qu'on  peut  en  juger  d'après  les  travaux 
de  Moesch  ^.  Toutefois  si  nous  comparons  tout  le  Crétacique  des 
Churfirsten  a  la  succession  des  couches  trouvées  par  M.  Burckhardt, 
nous  constatons,  toujours  d'après  Moesch  ^  que  le  faciès  N  n'est 
pas  absolument  pur.  Ainsi,  l'Aptien  supérieur  en  est  absent,  puis 
le  Valangien  possède,  par  places,  il  est  vrai,  un  calcaire  ressem- 
blant à   rUrgonien  (Gambsberg).    Mais   ce   no   sont   là   que  des 

I.  M.  Burckhardt  me  communique  que  Findication  de  Cénomanien  au 
Kôpfler  est  une.  erreur  due  au  lithogpraphe.  Los  points  rouges  de  la  carte 
auraient  dû  se  trouver  dans  le  jaune  du  Nummuli  tique. 

a.  M0B8CH.  Geoiogische  Besclireil>ung  der  Kalk-  und  Schiefergebirge  zwi- 
scben  Heuss-und  Kienthal.  Mat.  Carte  géol.  suisse,  a4*  Hvr.,  111'=  partie,  1894 • 

3.  Moesch.  Mat,  Carte  géot.  snissef  14*  livr.,  m*  partie,  1881. 


jQa         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

variations  relativement  peu  importantes.  Elles  nous  montrent 
toutefois  que  le  faciès  S  doit  passer  au  faciès  N  \ers  le  noixi, 
puisque  les  couches  sont  continues,  coupées  seulement  par  la 
vallée  de  la  Linth  et  le  lac  de  Wallenstadt. 

Or,  que  représentent  les  Churfirsten  dans  la  théorie  du  pli  unique 
de  Glaris  ?  Ils  représentent  la  tête  anticlinale,  le  pli  frontal  (ou 
une  digitation  de  celui<i)  de  la  grande  nappe  poussée  vers  le  nord, 
ainsi  que  je  Tai  démontré,  en  faisant  remarquer  que,  dans  ces  Chur- 
firsten, la  nappe  supérieure,  dont  nous  connaissons  le  pli  frontal 
regardant  vers  le  nord,  se  joignait  à  la  nappe  inférieure,  pour  fina- 
lement n'en  faire  plus  qu^mie  seule,  dans  Test  de  la  montagne. 

Nous  n'avons  plus  qu'une  simple  déduction  à  faire  pour  résoudre 
le  problème,  à  savoir  :  les  Churfirsten,  parties  des  nappes  de 
Glaris  poussées  vers  le  nord,  semblent  liés  au  Sentis  par  les 
massifs  crétaciques  du  Gulmen  ^  Le  Gulmen  fait  partie  de  la 
nappe  supérieure  de  Glaris.  Lie  Mattstock  appartient  aussi  à  la 
même  nappe.  La  nappe  inférieure  se  continue  au  pied  de  ces 
nappes,  le  long  du  lac  de  Wallenstadt,  jusqu'au  Strahlegg:  elle 
disparaît  momentanément  à  la  vue  sous  les  eaux  du  lac,  mais  elle 
sort  de  nouveau,  un  peu  plus  à  V ouest,  dans  le  petit  pli  de^  Fljr, 
Celui-ci  est  la  continuation  évidente  du  pli  de  Wageten  -. 

Nous  arrivons  donc  par  des  voies  très  détournées  à  la  solution 
du  problème.  La  réponse,  basée  sur  les  travaux  nombreux  de  mes 
prédécesseurs,  ne  peut  être  à  mes  yeux  que  la  suivante  :  La  nappe 
inférieure  de  Glaris  sort,  à  partir  de  la  Linth  vers  l'ouest,  en 
avant  de  toutes  les  autres  nappes.  Le  pli  frontal  forme  les  chaî- 
nons discontinus  qui,  du  Wageten^  s'étendent  par  le  Pilate,  la 
Schrattenfluh  et  le  Justisthal  jusqu'au  lac  de  Thoune. 

Peut-être  que,  plus  loin  vers  Touest,  ce  pli  rejoint  celui  des 
Diablerets  ou  de  la  Dent  du  Midi-Morcles.  C'est  ce  que  les  travaux 
futui's  montreront. 

A  r ouest  de  la  Linth,  le  pU  frontal  de  la  nappe  inférieure  de 
Glaris  disparaît  presque  totalement  ;  à  la  surface  du  sol  on  ne 
voit  que  le pU frontal  de  la  nappe  supérieure,  constituant  le  Sentis* 

Ainsi  les  preniiei's  plis  frontaux  des  Alpes  du  versant  nord  de 
la  Suisse,  dans  lesquels  on  aurait  pu  ci*oii*e  que  les  grands  phéno- 

1.  Us  ne  sont  séparés  à  lu  surface,  à  pari  le  grand  synclinal  de  Wildhaus, 
que  par  le  Flysch  anticlinal  de  Auf  der  Hôhe. 

2.  Ce  pli  ferait  un  angle  rentrant  au  passage  de  la  Linth.  C'est  un  phéno- 
mène fort  fréquent  dans  les  vallées,  qui  a  été  décrit  par  M.  Marcel  Bertrand 
et  que  j'ai  montré  de  mon  côté.  La  nappe  snpérieure  forme  aussi  le  même 
angle,  particulièrement  bien  visible  sur  la  carte  au  i/ioo.ooo. 


DES  ALrPKS   DU  CHABLAIS  ET  DE  LA   SUISSE  798 

mènes  des  nappes  n*étaient  pas  représentés,  ont  la  même  origine 
que  le  reste  du  versant  nord.  Ces  plis  de  la  chaîne  du  Pilate  sont 
les  têtes,  émergées  du  Fl^sch,  de  la  nappe  la  plus  profonde. 

Ce  gigantesque  phénomène  ne  parait  pas  avoir  échappé  à  l'esprit 
critique  et  voyant  de  M.  Suess.  Je  crois  ici  n'avoir  fait  que  déve- 
lopper l'idée  renfermée  dans  une  phrase  du  grand  savant  viennois, 
qui,  en  décrivant  le  panorama  du  Holientwiel,  s'écrie  :  «  Et  au-delà 
de  rUntersee,  derrière  la  sombre  silhouette  de  la  ville  de  Cons- 
tance et  la  surface  miroitante  du  lac,  s'écliafaudent  les  grands  plis 
dn  Sentis,  semblables  à  un  Jlot  montant  de  Vécorce  terrestre  en 
mouçement  »  '. 

Une  objection  viendra  immédiatement  à  Tesprit.  Beaucoup  de 
mes  confrères  ne  voudront  pas  se  résoudi^e  à  discuter  ainsi  la 
position  de  montagnes  qui,  comme  le  Sentis  et  le  Pilate,  semblent 
avoir  Taspect  de  barrières  bien  enracinées.  M.  Burckhardt  -  n'a-t-il 
pas  montré  justement  que  ces  premiers  plis  sont  bien  sur  leurs  raci- 
nes? J'avais  considéré  sa  démonstration  comme  absolue,  lorsque 
j'écrivais  mon  ouvrage  sur  le  Chablais.  Il  est  aisé  cependant  de 
montrer  que  les  plis  si  bien  étudiés  par  M.  Ikirckhardt /l'o/i^jDOS 
l'aspect  normal  de  plis  du  front  d'une  chaîne  qui  s'éteint,  se  meurt 
dans  une  plaine.  Ces  premiers  plis  frontaux  ne  montrent-ils  pas 
de  puissantes  et  étranges  dislocations  ?  Tantôt  c'est  l'Urgonien  qui 
s'écrase,  est  laminé,  tantôt  ce  sont  des  fragments  isolés  de  Séno- 
nien  transportés  en  plein  Flysch.  Combien  y  a-t-il  de  petites  failles, 
de  plans  de  frictions  !  Il  est  des  croquis  de  l'auteur  qui  rappellent 
de  vraies  injections  (fig.  28  c,  28  d).  Et  les  coupes  du  Pilate,  par 
Kaufmann,  ne  montrent-elles  pas,  comme  celles  du  Sentis,  d'Escher, 
ce  caractère  d'étirement  et  ces  empilements  cinq  à  six  fois  répétés, 
par  places,  de  coins  urgoniens  dans  le  Néocomien  !  Les  énormes 
murailles  de  ces  deux  montagnes  rappellent  étrangement  le  style 
des  grands  plis  frontaux  des  Diablerets  et  dans  leurs  détails  elles 
font  penser  au  front  nord  des  Préalpes  médianes.  Comme  dans  les 
Diablerets,  comme  à  Mordes,  comme  à  la  Dent  du  Midi  nous  y 
voyons  ce  développement  si  considérable  des  terrains  néocomiens, 
comme  s'ils  s'étaient  accumulés  dans  les  charnières,  par  une  sorte 
d*entassement  par  nourriture,  laissant  en  arrière  les  roches  dures 
du  Jurassique.  Ce  phénomène  a  été  admirablement  démontré  par 
les  coupes  de  mon  ami  M.  Ritter  dans  la  vallée  de  l'Arve. 

I.  Suias.  La  Face  de  la  Terre,  vol.  I,  p.  a6i. 

9.  BimcaCHAiu>T.  Die  Kontaktzone  von  Kreide  and  Tertiàr,  etc.  Mat,  Carte 
géol,  gaiêêef  3a*  livraison,  1893. 


794    ^-  LUOBON.  —  LRS  GRAXDKS  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

Quelle  différence  n'y  a-t-il  pas  entre  ce  front  des  premiers  plis 
des  Alpes  suisses  et  la  disparition  graduelle  des  plis  des  Alpes 
françaises  du  Genevois,  des  Bauges,  de  la  Chartreuse,  du  Vercors, 
du  Diois,  de  la  Drôme  !  Ici  c'est  reffacement  successif  des  plis  que 
nous  voyons;  en  Suisse,  c'est  le  contact  brutal,  le  déchirement. 
Quelle  différence  encore  entre  ces  plis  alpins  et  ceux  du  Jura  qui 
leur  font  face  et  qui  s'enfouissent,  en  mourant  lentement  sous  la 
plaine  molassique.  Et  ces  contrecoups  intenses  qu'a  subis  la  molasse 
de  la  Suisse  comparés  à  l'allure  tranquille  de  ce  terrain,  en  avant 
du  Genevois  et  des  Bauges  par  exemple  !  Ce  sont  d'autres  phéno- 
mènes dont  ont  été  victimes  les  plis  frontaux  de  la  chaîne  suisse. 
Un  autre  mécanisme  est  apparu,  ou  plutôt  une  action  inconnue 
dans  les  Alpes  françaises  se  présente  ici.  Le  çrai  front  autochtone 
de  la  chaîne  est  partout  inçisible,  il  est  caché  en  profondeur  et  ce 
que  nous  voyons  en  surface  ne  sont  que  les  têtes  de  nappes  de 
recouvrement  émei^eant  de  l'intérieur  de  la  chaîne  des  Alpes. 

Il  est  encore  une  autre  objection  que  Ton  pourrait  m'opposer, 
c'est  celle  qu'on  baserait  sur  les  découvertes  de  M.  Lorenz  *  dans 
le  Flâscherberg,  sur  les  bords  du  Rhin.  L'étude  de  cette  montagne 
a  amené  l'auteur  à  remplacer  la  notion  du  double-pli  glaronnais 
par  celle  extrêmement  compliquée  du  pli  circulaire  («  Bogenfalte  »). 
Je  la  tiens  pour  inconciliable  avec  tout  ce  que  nous  connaissons 
de  l'ensemble  de  la  chaîne  alpine. 

J'oppose  tout  d'abord  à  la  conception  de  M.  Lorenz  un  premier 
fait,  tiré  de  ses  propres  recherches  et  qui  me  semble  contraire  à 
ses  conclusions.  Les  plis  du  Flâscherberg  sont  déversés  vers  le 
nord-ouest,  si  bien  que  M.  Lorenz  a  oricftité  sa  coupe  de  détail 
dans  cette  direction.  Des  plis,  ou  plutôt  des  sections  de  plis, 
comme  ceux  qu'offre  la  petite  montagne  en  question,  ne  peuvent 
pas  ^tre  déversés  dans  plusieurs  directions.  Il  n'y  en  a  qu'une 
seule  :  c'est  vers  le  nord-ouest.  M .  Lorenz,  dans  les  coupes  rayon- 
nantes qu'il  a  publiées  -  du  pli  circulaire  de  Glaris,  oriente  la 

I.  LoRBNz.  Monographie  des  Pl&schert>ergs .  Mat.  Carte  ^oL  suisse, 
4o«  livr.,  1900. 

a.  LoRBNz.  Loc.  cit.,  pi.  IV.  M.  Lorenz  fait  remarquer  qu*ii  y  a  dans  le 
Flâscherberg  deux  sortes  de  plis  se  croisant  à  angle  droit.  Il  compare  ce 
phénomène  à  celui  décrit  par  Burckhardt.  Nous  avons  fait  justice  des  plis 
transversaux  du  nord  du  Klônthal.  Le  deuxième  système  de  plis  de  M.  Lorenz 
consiste  simplement  en  inflexions  d*axe.  Comme  lui,  j'ai  montré,  dans  mon 
ouvrage  sur  les  Bauges,  que  ces  inflexions  ont  été  probablement  antérieures 
au  plissement  définitif,  mais  ces  inflexions  ne  sont  pas  à  opposer  et  à  placer 
sur  la  même  ligne  que  les  plis  que  chacun  a  admis  jusqu'ici.  Si  nous  confon- 
dions les  inflexions  et  les  plissements,  nous  aurions  des  «  Bog^nfalten  »  un 
peu  partout. 


DBS  ALPES  DU   CHABLAIS   ET   RK   LA    SUISSE  7^ 

coape  da  Flbicherbei^  dons  la  direction  de  poussée  qai  est  uéces- 
uirepoor  étayer  son  hypothèse  (Profil  11).  Or,  cette  direction  n'est 
pM  le  nord-ouest,  ainsi  que  les  plis  l'indiquent,  mais  le  sud-ouest. 
Ceci  suffit  pour  infirmer  complètement  l'hypothùse  en  question. 


Vig.  II.  —  L'extrémité  E   de  la  nappe  île  Clans  dmparaise 
sous  les  nappes  ilu  Palkriis  et  du  Rhalicon 
A,  Nappe  inrërieare  glaronnaise  :   B.  Nappe   supérieure  ;  LL,  Premier  pli 
autochtone  ;  MM,  Pli  dit  pli  sud  du  double  pli,  soil  rarine  des  nappes  de 
GUris  ;  R,  Ringelspitz  ;  Fb,  Plâscherberg  ;  Fa,  Palknis. 

En  outre,  M.  Lorenz,  toujours  pour  étayer  l'hypothèse  de  son 
pli  drculslre,  donne  une  coupe  (Profil   IV)  qui  n'a  jamais  été 


'^ifi         M.  LUGEOX.  —  LBS  GRAVDES  NAPPES  DK  IUBCOrVRElfK!«T 

observée  sur  le  terrain.  Le  pli  qa'il  suppose  est  formé  à  90  d^^s 
da  plus  voisin,  observé  dans  Textrémité  de  la  chaîne  da  Calanda, 
ce  qni  est  évidemment  inadmissible. 

Ainsi  Vhypothèse  de  la  «  Glarner  BogenfaUe  »  est  combattue 
par  les  propres  résultats  des  travaux  de  son  auteur. 

Dans  ces  conditions,  que  représente  le  Flâscherberg?  Cest  un 
fragment  du  flanc  normal  de  la  nappe  de  Glaris,  le  dernier  reste 
oisible  avant  Venfoncement  général  de  cette  nappe^  au-delà  du 
Rhin  y  soiis  les  montagnes  du  Vorarlberg. 

Cest  la  répétition  de  ce  que  nous  montrent  les  Alpes  vaudoises 
qoand  nous  constatons  la  pénétration  du  pli  de  Morcles  sous  celui 
des  Diablerets  et  la  pénétration  de  celui-ci  sous  la  nappe  du  Mont 
Gond-Wildhom.  Ce  sont  les  mêmes  phénomènes  que  M.  Ritter  a 
décrits  le  premier  dans  les  Alpes  de  Savoie.  Ce  sont  eux,  toujours 
les  mêmes,  qui  ont  donné  lieu  aux  mêmes  erreurs  :  confusion  du 
plan  incliné  de  la  nappe  —  plan  incliné  obliquement  ou  transver- 
salement —  avec  la  direction  de  poussée.  Ce  sont  eux  qui  doivent 
être  interprétés  à  nouveau,  conformément  à  la  même  vue  générale. 

La  fig.  1 1  indique  quelle  est  la  position  du  Flâscherberg  dans 
la  grande  nappe  glaronnaise. 

D).  La  nappe  du  Falknis. 

Allons  plus  loin  encore. 

Dans  un  travail  très  récent  ',  M.  Lorenz  donne  le  résultat  de  ses 
très  belles  recherches  dans  le  Rhâticon.  L'auteur  insiste  encore 
sur  son  h^7>othèse  du  pli  circulaire,  puis  il  décrit  les  nappes  du 
Falknis  et  les  bords  de  celle  du  Rhâtikon.  Voyons  si  ce  dernier 
travail  présente  des  résultats  qui  peuvent  être  opposés  à  notre 
théorie  du  déplacement  général  vers  le  nord. 

La  ressemblance  avec  le  Chablais  est  ici  complète.  Sur  les  plis  a 
faciès  helvétiques,  que  le  dernier  témoin  du  Flâscherbei^  repré- 
sente, s'élève  le  massif  du  Falknis  avec  les  faciès  chablaisiens^  les 
faciès  des  Klippes  (faciès  vindéliciens).  La  position  relative  des 
masses  est  la  môme,  ainsi  la  nappe  des  Préalpes  médianes  se 
retrouve  ici  à  la  base  du  Rhâticon  en  repos  sur  les  plis  des  Hautes 
Alpes  calcaires. 

C'est  là  un  fait  d*une  très  grande  importance,  dont  nous  sommes 
redevables  aux  géologues  de  Fribourg,  à  M.  Steinmann  et  à  son 
élève. 

I  Th.  LoRBNz.  Geologische  Studien  im  Grenz^ebirge  zwischen  helvciischer 
iind  ostalpiner  Faciès.  II.  Teil,  Sûdlicber  Rbaetikon.  Xatarf.  Geseltach.  Frei- 
bvLvg  I.  /?r.,  Bd.  XII,  p.  34,  1901. 


DK8  ALPES   nu   CHABI.AIS   ET   DE    I.A    flUIftSE 


53 


M.  LorflDZ  suppose  qae  ces  ptis  sont  aussi  déversés 
centre  de  son  pli  circulaire  glaronnais.  Examinons  ses 
L'antenr  dit  que 
ces  masses  du 
Falknis  se  distin- 
guent dn  Fia- 
scherberg  par 
leop  Btnicture  eu 
écailles.  Cela  est 
vrai  pour  une 
barre  de  Malm 
pincée  A  la  base 
dans  le  Flysch  ; 
mais  ce  n'est  plus 
le  OaSilaiis  la  par- 
tie supérieure.  Il 
n'y  a  qu'à  consi- 
dérer les  coupes 
de  M.  Lorenz 
pour  s*en  con- 
vaincre. L'ana- 
logie aoec  les 
Préalpeseat  com- 
plète. A  le  base. 
l'écaillé,  comme 
dans  la  zone 
externe,  plus  haut 
les  plis  plus  déje- 
tés, mais  d'un 
ordre  semblable 
k  ceux  da  Gha- 
biais. 

Ces  plis  sont 
déjetés  wrs  le 
nord  et  non  vers 

le    sud-ouest, 

comme  le  suppose 

M.    Lorenz.    Ici 

encore  la  démons-  >     1 

tration  est  facile,     2  >  /  ; 

avec  des   levés 
géologiques  aussi  soigneusement  faits  que  les  siens. 


vers  le 
coupes. 


U 


ti'S 

si 

i  ? 

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•1 

B  -< 

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^»  ^       V-  LXT€i«tm.  —  iJEs  »sU\Nvm9  TAPms  de 


RÉfipmrt «mx  ilii  i  «^  <§e  eofiirt    Le»  laëimiJi  pi» 
taotAr  .igTi»rge»  ;iii  své-^aest  <iaii»  une  des  séries,  tentAt 
aa  aorri-«i«e9t  «in»  l'antre.  H  fant  cfaoûir^  o^  dies  plis  ai 
praveni  être  •irrerws  dsis  deux  scm^  Or,  Le  sons  J»  la 
indûpiee  psr  Les  ifueiques  chsrmcres  ▼ieifaie»  daBS  le 
iMi  ikms  Ir  Plyseh  lin  Falknis  est  2e  FiortL  Ce  9oot  donc  les 
â.E.-N.O.  de  M.  Lorenz  qm  <»*approriieiit  le  pins  de  la  ▼érilé. 

En  saperpoMUit  iine  <«éRe  de  coi  ^ 
noni-^nid.  I^tes  anssi  rù^areasement  que  ptissible  «Faprès  les 
pmpn»  travaox  de  M.  Lorenz.  en  ayant  soin  de  proidre  en  rnarri 
dératiiin  le  plonçement  générai  de  Taxe  des  plis  Têts  Tesi.  cm  toîI 
iûg,  vXi  combien  ces  plis  T^'emiKiitent  admirablemeaft  k> 
les  antirs  et  cela  ^wns  aoran  artifice  de  dr^n  Ci 
▼ers  le  nord  ou  le  noiti-«iae$t  qn'ont  été  poaseces  les  masses  da 
Falknis.  Elles  jont  les  débris  d'âne  nappe  doni  je  re^erdwrai 
pins  loin  La  poation  pofi«bie  «le  la  racine. 

Gstte  direction  dn  nord  noos  eatindiquée  par anaecidenft 
qnable.  Dan»  la  partie  est  dn  bord  dn  Bhàlicon  s*élend  m 
curieux,  celui  des  Kircfalispitzen.  Cest  one  télé  antîeiÎBale  de  Ji 
!»ique.  enveloppée  dans  le  Crétadqae  supérieur  <Sémmies 
rouget)  et  plongeant  dans  Le  FIjsch.  Par  opposition  à  la 
Falknisi.  où  M.  Lorenx  veut  Toir  des  écailles  et  où  jfai 
plis,  il  considère  le  style  tectoniqiK  des  Kirriilispitien 
étant  celui  des  Klîppes.  H  me  semble  qim  cetfee  analogie  est  tort 
spécieuse.  Les  Klippes  étant  des  débris  de  nappes  aMrcelécg  par 
Téroaiou.  la  même  strai:tnre  doit  s*y  réTéler.  Si  la  aappe  était  parti- 
culièrement disloquée,  si  elle  montrait  des  tacaaes  de  certaines 
coocbes  dues  à  faction  mécanique.  S  en  serait  de  même  de  la 
KHppe.  c'est-à-dire  da  Ismèemm  de  recominremeni, 

L»  phs  du  Falknis  sont  ncttonent  la  continnation  de  celui  des 
Kircblispitaen,  ainsi  qu^en  témoignent  une  série  de  petits  firagments 
conservés  entre  les  deux  an  pied  de  la  paroi  du  Rbâtieon.  Or, 
Fanticlinal  plongeant  qui  nous  occupe  est  orienté  de  Test  à  Tooest. 
0  provient  donc  ou  d*UBe  poussée  du  nord,  ou  dTune  poussée  du 
sud.  Mais,  comme  ses  coocbes  plongent  dans  la  directi<m  da  nord, 
il  n'y  a  plus  de  doute  :  la  tête  antidinale  plongeante,  c^est-à-dire 
complètement  retournée  sur  elle-même,  des  Kircblispitien  ne 
formait  qa'an  tles  plis  de  la  nappe  du  Falknis  avant  la  destruction 
f\fr  c^lle-ci  par  l'érosion,  tête  semblable  à  ces  plis  retournés  que 
M.  M.  Bertrand  a  cités  dans  la  Provence  et  que  j'ai  montrés  dans 
le  front  da  massif  de  la  Brècbe  du  Chablais. 


DBS  ALPBS  DU   CHABlJilS   ET   DE   LA   SUISSE  jg/ÇI 

Ainsi  la  nappe  du  Falknis  est,  elle  aussi,  poussée  vers  le  nord 
sur  le  Flysch  du  Prâtigau,  qui  repose  lui-même  sur  la  nappe 
glaronnaise. 

E).  La  nappe  du  Rhâticon  et  des  Alpes  de  Baçiène, 

Sur  la  nappe  du  P^alknis  en  apparaît  une  autre.  Elle  est  formée 
par  les  masses  triasiques  qui  s'étendent  du  côté  des  Alpes  bava- 
roises. Ainsi  que  la  coupe  naturelle  de  la  vallée  du  Rhin  lé 
démontre,  cette  nappe  nouvelle  repose  sur  le  Flysch,  que  l'on  voit 
aussi  pénétrer  partout  sous  elle  dans  le  bas  de  la  vallée  de  Mon- 
tafon.  Cette  nappe,  elle  aussi,  ne  peut  venir  que  du  sud.  Il  ne 
serait  pas  logique  de  ne  pas  admettre  le  mouvement  vers  le  nord, 
après  ce  que  je  crois  avoir  démontré. 

Dans  TAlgâu  et  dans  le  l'esté  de  la  Bavière,  le  Flysch  pénètre 
partout  sous  les  montagnes  triasiques.  De  même  que  nous  voyons 
sur  le  territoire  suisse  les  nappes  se  relayer  au  front  de  la  chaîne, 
celle  du  Rhâticon  relaye  la  nappe  glaronnaise.  Celle-ci  n'apparaît 
plus,  dans  les  Alpes  allemandes,  que  sous  la  forme  de  plis  régu- 
liers qui  émergent  du  Flysch.  Ils  représentent  la  continuation  du 
pli  frontal  du  Sentis.  A  la  vallée  de  1111  ces  plis  disparaissent  sous 
la  grande  nappe  triasique.  Cette  disparition  est  des  plus  remar- 
quables. La  nappe  glaronnaise  a  pris  On  à  la  surface  du  sol.  Toute- 
fois, elle  parait  se  continuer  longtemps  encore  vers  l'est.  Près  du 
Schliersee,  au  sud  de  Munich,  quelques  plis  à  faciès  helvétique 
sortent  du  sol,  pour  disparaître  aussitôt  sous  les  contreforts  du 
Wendelstein,  masse  triasico-jurassique,  dans  laquelle  j'ai  retrouvé 
la  trace  de  beaux  plis  couchés,  interprétés  comme  des  failles  par 
M.  Eb.  Fraas.  Ce  même  Wendelstein  repose  sur  le  Flysch. 

Enfin,  pour  montrer  encore,  sans  insister  davantage,  la  conti- 
nuité vers  l'est  des  phénomènes  de  recouvrement,  je  citerai  le  Lias, 
trouvé  sous  les  territoires  salifères  des  Alpes  de  Salzbourg,  qui 
est  d'un  faciès  différent  de  celui  que  Ton  voit  à  la  surface  du  sol. 

Partout,  sur  le  front  nord  de  la  chaîne  alpine,  de  grandes 
vagues  de  la  lithosphère  se  sont  pressées,  les  unes  sur  les  autres, 
dans  la  direction  de  Tavant-pays  molassique. 


» 
«   « 


Revenons  à  la  vallée  du  Rhin. 

Grâce  aux  travaux  de  Theobald,  nous  pouvons  suivre  le  bord, 
coupé  par  l'érosion,  de  la  nappe  du  Rhâticon.  Nous  la  voyons 
contourner  l'est  du  Prâtigau  sous  la  forme  d'une  énorme  muraille. 


8oo         M.  LUGKON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

De  Klosters  la  nappe  s'avance  manifestement  sur  son  substratmn 
de  schistes  des  Grisons,  en  formant  l'important  massif  des  monta- 
gnes d*Ârosa.  Partout,  dans  le  fond  des  vallées  de  Plessur  et  de 
Parpan,  nous  voyons  ces  schistes  pénétrer  sous  la  masse  dont  les 
plis  sont  déversés  vers  le  nord-ouest,  ainsi  que  Ton  peut  s'en 
assurer  en  examinant  les  tracés  géologiques  de  Theobald.  Les  plis 
ne  suivent  pas  le  bord  de  la  nappe  ;  ils  sont  nettement  interrompus 
par  ce  bord,  c'est- à-dii^e  coupés  par  Téi-osion  à  leur  extrémité. 
Ainsi,  la  nappe  du  Rhâticon  est  encore  en  liaison  avec  sa  racine, 
qui  ne  peut  se  trouver  que  vers  le  sud-est,  peut-être  sous  les  mon- 
tagnes gneissiques  de  Test  de  la  vallée  de  Davos. 

Le  groupe  du  Falknis,  avons-nous  vu,  représente,  par  ses  faciès 
et  sa  position  tectonique  sur  les  nappes  des  Hautes  Alpes,  exacte- 
ment ce  que  sont  les  Préalpes  médianes  dans  le  Ghablais.  Dans 
ces  conditions,  la  nappe  du  Rliàiict  n  représente^  au  point  de  Que 
tectonique,  la  napoe  de  la  Brèche  du  Chablais. 

Nous  savons  (p.  738)  que  vers  le  sud,  sous  le  massif  de  la  Brèche, 
les  Préalpes  médianes  s'amincissent  jusqu'à  leur  écrasement  total, 
dans  les  montagnes  du  val  d'Illiez  par  eicemple.  La  nappe  du 
Falknis  subit  le  même  sort.  A  partir  de  la  Drusenfluh  (Kirchlispitz), 
dans  le  Pratigau,  elle  ne  paraît  plus  exister  sous  la  nappe  du 
Bhâticon,  du  moins  si  l'on  se  base  sur  les  travaux  de  Theobald. 
Elle  paraît  détachée  de  sa  racine  par  laminage,  par  étirement. 
Ainsi,  nous  trouvons  partout  la  répétition  des  mêmes  phénomènes, 
mais  dans  les  Grisons  nous  pouvons  espérer  trouver  la  racine  de 
cette  nappe  qui  en  est  détachée.  L'amorce  de  la  nappe  doit  suivre 
celle  du  Rhâticon  ;  elle  doit  contourner,  comme  cette  dei^nière, 
tout  le  Pratigau  et  elle  doit  s'enfoncer  sous  le  massif  d'Arosa. 
Là,  en  effet,  ainsi  qu'il  résulte  des  travaux  de  Theobald,  l'on 
voit,  foi*mant  la  chaîne  qui  s'étend  du  Rothhom  au  Weisshom.  un 
grand  anticlinal  complexe  de  gneiss  recouvert  de  terrains  sédi- 
mentaires  et  de  l'oches  éruptives.  Dans  la  vallée  d'Urden,  M.  Stein- 
mann  *  a,  en  particulier,  rencontré  du  Malm  à  Radiolaires.  Cest 
le  même,  me  semble-t-il,  que  celui  du  Falknis. 

En  outre,  un  fait  important  vient  encore  à  l'appui  de  notre 
hypothèse.  Les  montagnes  d'Arosa  sont  caractérisées  par  un  déve- 
loppement remarquable  de  roches  basiques.  Or,  entre  la  nappe 
du  Falknis  et  celle  du  Rhâticon  se  trouvent  des  gisements 
sporadiquos  de  ces  roches  basiques,  écrasés  en  lentilles.  Ce  sont 

I.  Strixmann.  Geologische  Beobachtan^ren  in  den  Alpen.  Naiarf.  Geêell.  zn 
Freihurg  i.  Br„  t.  X.  n*  2,  1895. 


DBS  ALPES   DU   GHABLAIS   ET  DE   LA    SUISSE  8oi 

des  fragments  transportés  vers  le  nord,  derniers  restes  respectés 
par  le  laminage.  On  connaît  de  ces  allleurcments  dans  le  Falknis, 
mais  les  plus  beaux  sont  incontestablement  dans  TÂlgâu,  toujours 
à  la  base  des  montagnes  triasiques  qui  sont  la  continuation  de 
celles  du  Rhâticon.  J'ai  parcouru  autrefois  TAigàu  et  j'ai  étudié 
ces  gisements,  dont  la  position  anormale  m'avait  intrigué.  J'ai 
déjà  fait  remarquer  ^  que  ces  gîtes  n'étaient  pas  dans  une  position 
normale  :  «  Ces  roches  sont  situées  sur  la  ligne  de  faille  à  laquelle 
s'arrêtent  les  masses  triasiques  de  TAlgâu.  Or,  cet  accident  n'est 
pas  dû  à  une  faille  verticale,  mais  à  ^^ne  vraie  ligne  de  chevauche- 
ment.... Il  y  a  donc  une  analogie  frappante  entre  les  gisements 
bavarois  et  les  gisements  chaLlaisiens  ». 

Je  ne  savais  pas,  en  écrivant  ces  lignes,  être  si  près  de  la  vérité. 
Me  serais-je  douté  qu'il  régnait  dans  les  Alpes  du  versant  nord 
une  harmonie  aussi  grandiose  !  Aujourd'hui  seulement  nous 
commençons  à  voir  Tétonnante  simplicité  du  versant  nord  des 
Alpes.  Qu*il  y  a  loin  entre  notre  temps  et  celui  où  de  Saussure 
écrivait  :  «  ....  j'ai  reconnu  qu'on  pouvait  presque  assurer  qu'il  n'y 
.a  dans  les  Alpes  rien  de  constant  que  leur  variété  »  ! 

#** 

La  nappe  du  Rhâticon  est  encore  attachée  à  sa  racine,  mais 
une  immense  partie  a  déjà  été  détruite  par  Térosion.  Elle  devait 
s'étendre  jadis  sur  tout  le  Pratigau  par  l'intermédiaire  de  la 
nappe  du  Falknis,  entièrement  laminée  ou  non,  et  celle-ci,  en  tout 
cas,  devait  recouvrir  toutes  les  nappes  glaronnaises,  car  elle 
représente  les  Préalpes  médianes.  Les  Klippes  d'iberg  (Schwytz), 
açec  leurs  roches  éruptwes  basiques,  nous  montrent  jusqu'où  au 
moins  s'étendait  vers  le  nord  l'une  des  grandes  nappes  supérieures 
delà  Suisse.  Ainsi  une  partie  de  la  racine  des  Préalpes  médianes 
est  connue.  Tôt  ou  tard,  maintenant  que  la  trace  de  cette  racine 
est  amorcée,  nous  la  poursuivrons  vers  Touest  à  travers  la  Suisse, 
au  sud  des  nappes  du  Chablais. 


Ainsi  que  je  viens  de  le  montrer,  les  rapports  du  Pratigau  rt 
du  Rhâticon  sont  tout  autres  que  ceux  que  pensait  voir  M.  Suess  -. 
n  n'y  a  pas  d'elfondrement  dans  le  Prâtigaii.  Le  Rhiiticon  a 
bien   été   charrié  horizontalement.  Lorsque,  des   hauteurs  de  la 

*    1.  LuGEON.  La  région  de  la  Brèche  du  Chabiais,  pp.  39-40. 
à.'8i7Bés.  Là  Face  de  la  terre,  vol.  1,  pp.  1^9. 


8oa         M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RSCOUVRKMENT 

Scesaplana,  on  contemple  les  vertes  coUines  du  Prâtigau.  ce 
n*est  pas  une  fosse  d'effondrement  que  Ton  domine,  mais  le  substra- 
tum,  mis  à  jour  par  Vérosiorty  de  la  nappe  cAarrîtfe  sur  laquelle  on 
se  trouve.  Et  ce  n'est  point  une  cassure  qui  limite  ces  terrains 
sédimentaires  vers  Test,  à  leur  contact  avec  les  gneiss  de  la  Sil- 
vretta.  Ceux-ci  ne  forment  que  le  noyau  anticlinal  de  la  nappe. 

*♦* 

Dans  le  massif  d'Arosa  les  plis  de  la  nappe  du  Rhâticon  sont 
poussés  vers  le  nord-ouest*  dans  les  montagnes  bavaroises  ils 
regardent  le  nord.  Cela  nous  explique  peut-être  pourquoi  cette 
nappe,  tout  d'abord  oblique  à  la  direction  de  la  chaîne,  dans  ses 
parties  internes,  finit  par  arriver  sur  le  front.  A  partir  de  FIll,  en 
Bavière,  elle  relaie  toutes  les  autres  nappes.  Cest,  en  grand,  ce 
que  nous  montrent  les  digitations  de  la  nappe  supérieure  de  Glaris 
au  nord  du  Klônthal.  Il  semblerait  que  la  nappe  du  Rhâticon  soit 
comparable  aux  vagues  de  la  mer,  qui,  poussées  par  un  vent 
oblique  vers  le  rivage,  déferlent  parallèlement  à  celui-ci.  Ainsi,  la 
grande  nappe  du  Rhâticon  se  range  parallèlement  au  rivage  des 
Alpes,  sitôt  qu'elle  l'a  atteint. 

y.  —  Le  mécanisme  des  grandes  nappes  alpines 

J'ai  cherché  à  démontrer,  dans  les  pages  qui  précèdent,  que  le 
versant  nord  de  la  chaîne  alpine,  de  TArve  jusqu'à  Salzbourg,  au 
moins,  est  formé  par  d'immenses  nappes  superposées.  Sur  toute 
cette  grande  étendue  nous  ne  connaissons  pas  le  front  autochtone 
vérital)le  :  il  doit  être  caché  en  profondeur.  Les  couches  en  place 
apparaissent  sur  le  bord  du  massif  cristallin  de  la  première  zone 
alpine.  Elles  forment  les  plis  que  l'on  voit  sous  le  Flysch  de  la 
nappe  inférieure  de  Glaris,  puis,  toute  la  chaîne  qui,  du  Tôdi, 
s'étend  en  un  cortège  de  hauts  sommets  par  le  Titlis,  la  Jungfrau 
et  le  Breithorn.  Nous  voyons  encore  ces  couches  en  place  sous  le 
pli  couché  de  la  Dent  de  Morcles  et  de  la  Dent  du  Midi.  Enfin 
elles  s'épanouissent  dans  les  chaînes  du  Genevois,  les  Bauges  et  la 
Chartreuse,  où  elles  rejoignent  les  premiers  plis  du  Jura. 

I.  —  A  PROPOS  DU  Fltsch 

L'une  des  grandes  singularités  des  nappes  charriées  est  Tabon- 
dance  du  Flysch,  sur  lequel  et  .dans  lequel  elles  paraissent  avoir 


DBS  ALPES   DU   CUABLAIS   ET   DE   LA   SUISSE  8o3 

progressé.  Ce  terrain  présente,  en  outre,  des  brèches  à  cailloux 
exotiques,  sur  lesquelles  on  a  beaucoup  discuté.  M.  Sarasin  ^  a 
montré  que  les  cailloux  cristallins  de  ces  brèches  ne  pouvaient 
provenir  que  du  sud,  ce  qui  a  fait  supposer  à  M.  Schardt  que  ce 
Flysch  devait  sa  formation  à  des  mouvements  orogéniques,  qu'il 
provenait  de  la  destruction  des  nappes  au  fur  et  à  mesure  de  leur 
avancement  dans  les  eaux  de  la  mer  éocène.  J'ai  autrefois  essayé 
d'étayer  cette  hypothèse  en  montrant  que  les  brèches  à  blocs 
exotiques  avoisinaient  toujours  les  plans  de  chevauchement.  Après 
Fétude  générale  que  nous  venons  de  faire  on  sent  combien  celte 
explication  est  peu  satisfaisante.  Les  raisons  qui  m'obligent  à 
chercher  une  autre  interprétation  de  l'origine  du  Flysch  sont  basées 
sur  la  liaison  intime  des  nappes  de  recouvrement  des  Hautes 
Alpes  avec  les  nappes  préalpines.  C'est  le  même  phénomène  qui  a 
été  la  cause  de  Tavancement  vers  le  nord  des  deux  groupes  de 
nappes.  Le  Flysch  des  Hautes  Alpes  aurait  dû  tout  aussi  bien  se 
former  aux  dépens  des  nappes  de  ces  montagnes,  qu'il  s'est  pro- 
duit, dans  l'hypothèse  citée  ci-dessus,  aux  dépens  des  nappes  pré- 
alpines. Dans  le  Flysch  qui  soutient  la  nappe  glaronnaise  nous  ne 
trouvo^  pas  de  blocs  exotiques.  Ceux-ci  n'apparaissent  dans  les 
synclinaux  des  Hautes  Alpes  que  lorsque  ces  plis  contiennent  des 
lambeaux  de  recouvrement,  soit  des  Klippes,  de  la  nappe  pré- 
alpine, comme  à  Habkern. 

J'arrive  donc  à   l'idée   que  le  Flysch   à  blocs  exotiques  des 
.  Préalpes  est  un  terrain  qui  a  été  transposé  par  les  grandes  pous- 
sées vers  le  nord,  comme  tout  le  reste,  mais  qu'il  était  déjà  formé 
açec  les  caractères  que  nous  lui  connaissons  avant  le  charriage. 

Je  rends  ici  un  juste  hommage  à  mon  collègue  M.  Haug  qui  s'est 
élevé  vigoureusement  contre  cette  hypothèse  de  la  formation  du 
Flysch  aux  dépens  des  nappes  charriées.  «  11  est  difiicile,  dit-il,  de 
se  figurer  comment  la  nappe  de  recouvrement  des  Préalpes  est  à 
la  fois  postérieure  au  Flysch,  puisqu'elle  repose  sur  ce  terrain,* et 
contemporaine,  puisqu'elle  a  fourni  les  éléments  à  sa  sédimenta- 
tion »  -.  Aujourd'hui,  en  me  basant  sur  les  résultats  obtenus  par 
l'étude  comparée  que  je  viens  de  faire,  je  ne  puis  <iue  lue  ranger  à 
Topinion  de  mon  savant  ami  de  la  Sorbonne.  Le  Flysch  des 
Préalpes  est  le  terrain  le  plus  récent  qui  ait  été  charrié. 

Par  les  recherches  que  mon  élève  M .  Roessinger  a  faites  dans 

1.  Sarasin.  De  Torigine  des  roches  exotiques  du  Flysch.  Arch.  Sc.phjrs.  et 
nat  Genève,  1894. 

3.  E.  Hauo.  Les  régions 'dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses. 
BulL  Soc.  ifaud.  Se.  nat,,  vol.  XXXV,  p.  109,  1899. 


8o4         M.  LUOEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

la  zone  interne  des  Préalpes,  recherches  que  j*ai  contrôlées,  nous 
distinguons  toujoui*s  aisément  les  produits  les  plus  écrasés  des 
écailles  d'avec  les  brèches  du  Flysch.  Lorsque  les  écailles  s'étirent 
jusqu'à  ne  plus  former  que  de  gros  blocs  épars  dans  le  Flysch, 
lorsqu'elles  sont  réduites  à  des  brèches  de  dislocation,  celles-ci  se 
distinguent  toujours  des  brèches  du  Flysch  à  lits  réguliers. 

Je  crois  maintenant  que  les  arguments  de  M.  Haug  se  rappro- 
chent beaucoup  plus  de  la  vérité  :  a  Je  conçois,  dit-il,  que  Ton 
attribue  à  une  nappe  de  recouvrement  en  partie  détruite  par  les 
agents  atuiosi)hériques,  des  blocs  exotiques  épars  à  la  surface  du 
Flysch  ou  englobés  dans  les  couches  tout  à  fait  supérieures  de  ce 
terrain,  comme  ceux  de  Habkern  ou  ceux  qui  entourent  les 
Klippes  d'Ibe]*g,  mais  il  m'est  impossible  de  concevoir  le  rapport 
qui  peut  exister  entre  une  nappe  de  charriage  et  des  blocs  disposés 
en  lits  réguliers  ahemant  avec  un  Flysch  à  éléments  fins,  et  pour- 
tant beaucoup  des  brèches  du  Flysch  se  présentent  dans  ces  condi- 
tions »  *. 

La  distinction  que  fait  M.  Haug  est  très  importante.  11  y  a 
brèche  et  brèche  dans  le  Flysch.  Les  unes,  qui  se  trouvent  à  la 
base  des  nappes  sous  la  forme  de  gros  blocs  exotiques,  peuvent 
n*être,  à  la  rigueur,  que  des  brèches  de  dislocation  formées  pen- 
dant la  marche  de  la  nappe  aux  dépens  de  la  base,  résultat  d'un 
laminage  extrême.  C'est  ainsi  que  Ion  voit  dans  la  région  de 
Lauenen,  que  l'on  constate  dans  les  Klippes  du  Val  d'Illiez,  en 
plein  Flysch,  des  alignements  de  blocs  d'une  roche  plus  ancienne, 
particulièrement  les  roches  dures.  Ce  sont  des  débris  d'écaillés 
étirées  en  lentilles.  A  cause  de  l'absence  du  flanc  médian,  la  tritu- 
ration n'a  pu  s'eflectuer  qu'aux  dépens  des  terrains  les  plus  infé- 
rieurs des  nappes,  en  contact  par  conséquent  avec  le  Flysch.  Mais 
la  brèche  qui  se  forme  ainsi  n'est  pas  synohronique  du  dépôt  de 
Flysch,  elle  s'est  formée  par  voie  mécanique  après  et  peut-être 
longtemps  après  le  dépôt  de  celui-ci. 

Toutes  autres,  en  effet,  sont  les  brèches  comme  celles  qui  forment 
le  Niesen,  comme  les  brèches-poudingues  de  la  zone  externe  des 
Préalpes.  Ce  sont  des  roches  formées  en  couches  régulièrement 
superposées,  comme  celles  que  l'on  voit,  en  repos  normal,  dans  le 
grand  synclinal  de  la  Simme  (poudingue  de  la  Mocausa).  Ces 
brèches  et  poudingues  se  sont  formés  en  place  dans  l'intérieur  de 
la  chaîne  sous  leur  forme  actuelle.  On  les  connaît  du  reste  en  place 
dans  l'intérieur  des  Alj^es,  le  long  d'une  grande  bande  qui  se  pour- 

I.  K.  Haug.  Les  régions  diteis  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses, 


DBS  ALPES  DU  GHABLAlS  ET  1>E  LA   SUISSE  8o& 

suit  des  Aiguilles  d'Ârves  au  Chapieux,  en  France,  et  se  continue 
probablement  jusqu'en  Italie.  MM.  Kilian  et  Révil  *  signalent  la 
parenté  de  cette  brèche  avec  celle  de  Chatillon  en  Savoie,  dernier 
affleurement,  dans  les  Préalpes  du  Chablais,  de  la  brèche  du  Niesen. 
Je  ne  crois  pas  devoir  insister  davantage  sur  la  remarque  impor- 
tante et  décisive  faite  par  M.  Haug.  Elle  se  justifie  pleinement  en 
distinguant  deux  teiTains  probablement  fort  différents. 

a.   —   A   PROPOS   DES   REMARQUES    STRATIGRAPHIQUES   DE   M.    HaUG 

M.  Haug  s'oppose  à  la  théorie  de  la  nappe  de  charriage  pré- 
alpine, en  raison  de  la  parenté  des  terrains  des  Hautes  Alpes  et  des 
Préalpes.  Je  tiens  à  dire  combien  plusieui*s  des  arguments  de  mon 
savant  confrèi^e  et  ami  sont  légitimes  et  ont  été  pleinement  confir- 
més en  ce  qui  concerne  les  zones  interne  et  externe  des  Préalpes. 
Avec  M.  Roessinger,  j'ai  retrouvé  dans  les  Alpes  de  Lauenen, 
c'est-à-dire  dans  la  zone  interne,  tous  les  terrains  de  la  zone  à 
faciès  helvétique  voisine,  et  l'on  a  vu  plus  haut  que  c'est  là  dans  les 
versants  de  la  vallée  du  Khône.  que  j'ai  trouvé  la  racine.  M.  Haug 
a  donc  raison  lorsqu'il  objecte  que  les  terrains  des  Préalpes  des 
zones  interne  et  externe  ne  sont  pas  si  exotiques  que  nous  avions 
cru  l'établir.  J'ajouterai  encore  que  la  découverte  que  j'ai  faite  du 
passage  du  faciès  ui^onien  au  faciès  barrémien,  en  allant  vei*s  le 
sud,  dans  le  massif  des  Wildstrul)cl,  apporte  une  nouvelle  clai*té 
dans  la  question  du  Néocomien  à  Céphalopodes  de  la  zone  interne 
des  Préalpes  vaudoises. 

L'origine  des  zones  interne  et  externe  des  Préalpes  me  parait 
résolue  -.11  reste  la  question  de  la  région  des  Brèches  jurassiques 
et  des  Préalpes  médianes. 


Avant  d'aller  plus  loin,  quelques  considérations  s'imposent. 

Je  viens  de  montrer  que  les  Préalpes  médianes  sont,  dans  Test, 
représentées  par  le  massif  du  Falknis,  et  la  région  de  la  Brèche 
par  la  grande  nappe  du  Rhàticon.  Les  Klippes  d'iberg  sont,  elles 
aussi,  liées  à  l'histoire  de  la  nappe  du  Falknis  par  la  présence  des 
célèbres  roches  éniptives  basiques,  qui,  nous  l'avons  vu,  se  rencon- 

ï.  Kilian  et  Révil.  Une  excursion  géologique  en  Tarentaise.  Bull.  Soc, 
d^hiêt  naturelle  de  Savoie,  iSgS. 

s.  J*ai  d'ailleurs  trouvé  dans  les  Hautes  Alpes  bernoises  le  faciès  nodu- 
leax  dn  Malm,  équivalent  des  couches  de  Birmensdorf,  que  Ton  connaît  bien 
développé  à  Chàtel-Saint-Denis,  dans  la  zone  externe. 

6  Juin  i^sxà.  —  T.  i^*".  Bull.  Soc.  Gcol.  Fr.  —  5a 


8o6  M*.  LUGEOK.  —  L£S  GRANDES  NAPPES  DE  RXGOUVRBMBKT 

trent  dans  les  racines,  soit  dans  les  montagnes  au  nord  de  Davos. 
Ces  roches  se  continuent  dans  TOberhalbstein.  Nous  sommes  ici 
au  sud-est  des  Klippes  d'Iberget  à  yo  ii  80  kilomètres  de  distance, 
La  liaison  de  la  nappe  du  Rhâticon  avec  sa  racine  ne  peut  laisser 
de  doute  ;  la  manière  dont  la  nappe  du  Falknis  suit  celle  du  Rhâ- 
ticon, dans  son  développement  visible  à  la  surface,  ne  peut  laisser 
non  plus  aucune  ambiguïté.  Ces  nappes,  qui  sont  coupées  par  la 
vallée  de  Parpan  (sud  de  Coire)  et  la  vallée  de  TOberhalbstein,  se 
continuaient  vei*s  Touest  ou  le  sud-ouest. 

A  mesure  que  nous  allons  de  Test  à  Touest,  du  Falknis  vers  les 
Klippes,  la  racine  s'éloigne  de  plus  en  plus  (voir  la  carte,  pi.  XYII). 
C'est  là  un  fait  que  nous  devons  considérer  comme  le  résultat  de 
Térosion.  Suivant  les  coupes  nord-sud,  nous  constatons  les  dis- 
tances suivantes  : 

i"^  Nappe  du  Rhâticon,  en  continuité  parfaite  avec  sa  racine, 
suivant  une  coupe  qui  passe  par  Klosters  et  la  Sulzfluh. 

i*"  La  nappe  est  brusquement  coupée  comme  à  Temporte-pièce 
et  nous  voyons,  là  où  elle  s'étendait,  la  région  du  Flysch  du 
Prâtigau.  Suivant  une  coupe  qui  passe  par  la  Scesaplana  et 
Langwies,  la  distance  qui  sépare  l'extrémité  de  la  nappe  du  Rhâ- 
ticon d'avec  sa  racine  est  de  3o  kilomètres  envii*on  ;  pour  la  nappe 
du  Falknis,  la  distance  est  de  226  kilomètres  environ. 

3""  La  nappe  est  de  nouveau  entamée,  dans  la  partie  attachée 
avec  la  racine,  par  la  vallée  de  Parpan  et  de  l'Oberhalbstein,  autre- 
ment dit,  la  partie  sud  semble  reculer,  parce  que  son  substratom 
apparaît,  grâce  à  l'érosion.  Aussitôt  les  distances  augmentent; 
environ  60  kilomètres  séparent  la  racine  de  la  tète  de  la  nappe, 
suivant  le  front  supposé  qui  reliait  Iberg  au  Falknis. 

La  vallée  de  TOberhalbstein  est,  en  effet,  caractérisée  par  de 
nombreux  alHeurements  de  roches  basiques  plus  ou  moins  méta- 
morphiques jusqu'à  la  schistosité  (schistes  verts  et  rouges  des 
Grisons).  Elles  sont  accompagnées  de  roches  triasiques,  comme  le 
petit  massif  du  Potschanga,  supportées  par  les  schistes  des  Grisons. 
Sous  ces  derniers,  enfin,  commence  à  apparaître  l'immense  massif 
cristallin  de  l'Adula.  Les  schistes  des  Grisons  s'étendent  jusqu'au 
col  du  Septimer  et  s'enfoncent  vers  l'ouest  sous  les  massifs  grani- 
tiques du  Piz  d'Err  et  dti  Julier.  A  la  Maloggia,  la  superposition 
du  granité  sur  le  Trias  et  les  schistes  des  Grisons  est  manifeste, 
d'après  Theobald,  dans  le  Monte  di  Gravasalvas.  Là  encore,  je 
ne  pense  pas  qu'il  s'agisse  d'un  recouvrement  vers  l'ouest,  ainsi 
que  pourrait  le  faire  croire  le  plongement  des  couches  vers  Test. 
L'Oberhalbstein  est  comparable  au  Prâtigau.  La  nappe  s'enfonce 


DES  ALPES   DU  GHABLAJS  ET  DE   LA   SUISSE  807 

vers  Touest,  comme  elle  le  fait  au-dessus  du  Falknis  ;  mais  son 
mouvement  doit  être  aussi  vers  le  nord,  toutefois,  il  est  possible 
que  la  région  granitique  du  Julier  forme  une  nappe  supérieure, 
indépendante  de  celle  du  Khàticon.  L'avenir  nous  réserve  encore 
bien  des  surprises  et  tout  laisse  croire  que  c'est  dans  les  Alpes 
orientales  que  les  grands  recouvrements  paraissent  s'être  conservés 
dans  leur  ensemble,  non  morcelés.  Si  la  région  granitique  du  Piz 
d'Err  est  bien  réellement  charriée  vers  le  nord,  le  phénomène 
prend  une  ampleur  inattendue  ;  c'est  l'ensemble  des  Alpes  de 
l'Engadine  qui  a  été  charrié. 

Un  certain  nombre  de  faits  "parlent  en  faveur  du  déversement 
vei^  le  nord.  Au  Falo,  dans  la  vallée  de  Bergûn,  Theobald  signale 
un  lambeau  de  recouvrement  de  granité  au  nord  des  régions  grani- 
tiques. Au  Julier,  le  synclinal  liasique  du  Val  d'Agnelli,  synclinal 
qui  serait  un  pli  secondaire  de  la  nappe,  est  déversé  vers  le  nord. 
Je  n'irai  pas  beaucoup  plus  loin  dans  cette  tentative  de  démonstra- 
tion, je  me  contenterai  de  poser  le  problème  dont  les  solutions 
définitives  seront  certainement  grandioses.  Il  embrassera  une 
grande  partie  des  Alpes  orientales. 

Du  reste,  les  déductions  que  nous  sommes  déjà  à  même  de 
faire  sont  tout  aussi  considérables.  En  cherchant  où  se  trouve 
la  racine  des  nappes  du  Falknis  et  du  Rhâticon,  nous  côtoyons,  en 
"vain,  les  flancs  du  Parpan  et  de  l'Oberhalbstein.  Ici  nous  sommes, 
â  Tinzen,  par  exemple,  à  70  kilomètres  environ  de  la  ligne  qui 
relie  les  Klippes  d'Ibei^  au  Falknis,  c'est-à-dire  au  front  de  la 
nappe  détruite  desPréalpes  médianes.  Au  Septimer,  nous  sommes 
À  une  distance  de  près  de  90  kilomètres.  La  nappe  a  dû  se  mouvoir 
sur  ces  énormes  étendues.  N'a-t-elle  transporté  que  des  terrains 
sédimentaires?  Il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  ces  grands  mou- 
vements se  soient  localisés  dans  les  terrains  tertiaii^s  et  secon- 
daires à  l'exclusion  des  masses  gneissiques  et  granitiques.  Ces 
masses  énormes  de  poudingues.  à  éléments  cristallins  de  la  molasse 
de  la  Suisse  allemande  sont-elles  exclusivement  des  produits  détri- 
tiques du  Flysch?  Il  ne  nous  est  pas  possible  de  répondre.  Quand 
nous  voyons  que  du  granité,  comme  celui  du  Piz  d'Err,  entre  dans 
la  formation  de  plis  couchés,  nous  pouvons  nous  demander  si 
l'immense  région,  actuellement  détruite,  des  nappes  préalpines,  qui 
a  couvert  jadis  entièrement  les  Alpes  suisses,  ne  se  présentait  pas, 
avant  l'érosion,  sous  l'aspect  d'une  vraie  chaîne  normalement  enra- 
cinée? Nous  reconstruisons  ainsi  par  la  pensée  im  ensemble  qui,  s'il 
était  encore  complet,  présenterait  à  nos  yeux  quelque  chose  d'aussi 
gigantesque  que  ces  Alpes  de  l'Engadine,  amorce  des  Alpes  orien- 


8o8         M.  LUOEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

taies.  Et  aujourd'hui  que  nous  n'avons  plus  à  notre  disposition 
que  les  fragments  de  ces  immenses  nappes  nous  n'hésitons  pas  à 
conclure.  L'hypothèse  qui,  de  toutes  les  Alpes  orientales,  ne  ferait 
qu'une  ou  plusieurs  nappes  de  charriage  parait  ainsi  moins  auda- 
cieuse. 

Pour  les  Préalpes  nous  avons,  il  est  vrai,  la  preuve  directe, 
décisive,  tandis  qu'ici  il  nous  manque  un  des  éléments  de  la 
démonstration  ;  nous  ne  pouvons  pas  prouver  que  les  gi^nites 
aient  été  entraînés  très  loin.  Si  nous  poursuivons  notre  hypothèse, 
nous  voyons  que  ce  sei*ait  au  sud  de  l'Engadine  qu'il  faudrait 
rechercher  la  racine  de  la  nappe  du  Rhâticon.  «  C'est  à  cette 
hypothèse  invraisemblable  et  actuellement  invériQable,  a  écrit 
M.  Haug  S  que  seront  obligés  d'avoir  recours  les  partisans  des 
Préalpes  ».  On  voit  que  mon  savant  ami,  qui  connaît  si  bien  les 
Alpes,  qualifie  d'invraisemblable  ce  que  je  crois  aujourd'hui  vrai- 
semblable. «  Si  donc,  dit-il  plus  loin,  le  recouvrement  des  Préalpes 
venait  à  être  démontré  au  moyen  de  pi*euves  locales  (et  non  par 
des  arguments  tirés  de  la  tectonique  des  zones  intérieures  des 
Alpes  occidentales  ou  de  la  nature  des  faciès),  l'interprétation  que 
l'on  devrait  donner  de  ce  recouvrement  et  des  relations  entre  les 
Préalpes  et  le  Rhâticon  serait  bien  diflé rente  de  celle  que 
M.  Schardt  a  imaginée  ».  Si  donc  les  preuves  que  j'ai  données  en 
me  basant  sur  la  coupe  des  vallées  du  Rhône  et  de  l'Arve  ne 
paraissent  pas  décisives  aux  yeux  de  mon  collègue  de  la  Sorbonne, 
celles  tirées  de  la  coupe  de  la  vallée  du  Rhin  sous  le  Falknis  sont 
indiscutables.  La  vallée  du  Rhin,  plus  profonde  que  celle  du 
Rhône,  permet  en  effet  de  voir  partout  le  Flysch  sous  la  nappe. 
.  Le  jour  où  l'hypothèse  de  la  poussée  vers  le  nord  d'une  immense 
région  des  Alpes  orientales  sera  un  fait  acquis  dans  la  géologie, 
mon  savant  ami  aura  sa  part  légitime  dans  l'énoncé  de  cette  hypo- 
thèse hardie. 

Cherchons  à  fixer  l'emplacement  de  la  racine  des  Préalpes? 

Nous  venons  d'être  conduits  à  évaluer  à  70  à  90  kilomètres  la 
valeur  du  charriage  de  la  nappe  du  Rhâticon.  J'ai  donc  le  droit 
de  pousser,  au  sud  des  Préalpes  médianes,  des  investigations  sur 
une  distance  de  70  à  90  kilomètres  dans  le  but  de  trouver  leur 
racine. 

Cette  recherche  a  déjà  été  faite  par  M.  Haug.  Tour  à  tour,  il  a 

I.  £.  Hauq.  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses, 
p.  149. 


DES   ALPES   DU  GHABLA.IS  ET   DE   LA   SUISSE  6og 

montré  Timpossibilité  de  trouver  la  racine  tant  cherchée,  soit  dans 
la  zone  des  Aiguilles  d'Arve  et  du  Val  Ferret,  soit  sur  les  massifs 
de  TAar  et  du  Gothard,  soit  sur  la  bande  du  Grand  Saint-Bernard, 
moins  encore  sur  le  massif  cristallin  ^'du  Monte  Leone  et  dans  la 
zone  des  Schistes  lustrés  du  Val  Bedretto  et  du  Lug^etz.  Mon 
collègue  et  ami  considère  enfin  la  zone  du  Piémont.  J*admets 
l'impossibilité  probable  de  la  découverte  de  la  racine  dans  les 
régions  que  je  viens  de  citer,  sauf  celle  du  Piémont,  et  là  M.  Haug, 
si  précis,  si  concluant  dans  tout  son  très  remarquable  travail, 
hésite  un  instant.  De  la  part  d'un  savant  habitué  à  manier  magis- 
tralement les  questions  de  faciès  cette  hésitation  indique,  peut- 
être,  la  voie  à  suivre. 

M.  Haug  dit  que  dans  la  partie  méridionale  de  la  zone  du  Pié- 
mont, les  plis  sont  déversés  vers  l'est,  c'est-à-dire  vers  l'intérieur 
de  l'arc  alpin.  Si  l'on  examine  les  plongements  déterminés  par 
RoUe  *,  on  voit  que  le  déversement  décisif  vers  le  sud-est  se  trouve 
à  quelques  kiloixiètres  au  nord  de  la  zone  des  amphibolites  dlvrée. 
La  distance  qui  sépare  ces  points  des  Préalpes  médianes  est  d'en- 
viron 80  kilomètres,  chiffre  voisin  de  celui  que  nous  avons  trouvé 
dans  les  Grisons,  en  suivant  le  bord  continu  de  la  nappe  du  Rhâ- 
ticon.  Il  n'y  a  donc  pas  d'impossibilité  à  faire  provenir  les  Préalpes 
médianes  de  régions  si  lointaines.  Si  nous  suivons  vers  Test  la 
ligne  ainsi  amorcée,  nous  rejoignons  sensiblement  le  Val  Bregaglia 
et  l'Engadine,  c'est-à-dire  que  nous  allons  rejoindre  la  nappe  du  Piz 
d'Err.  Au  nord  de  cette  ligne,  le  déversement  vers  le  nord  atteint 
une  puissance  considérable.  Nous  voyons  des  coins  de  Trias  s'effiler 
dans  le  massif  gneisssique  de  l'Adula.  Ce  sont  de  grands  plis 
couchés  vers  le  nord  et  non  vers  l'ouest,  ainsi  qu'il  semble  résulter 
de  la  coupe  de  Rolle.  Ces  longs  affleurements  triasiques  du  Val 
di  S.  Giacomo  et  du  Val  Mesolcina  sont  coupés  parallèlement 
à  leur  direction  de  poussée,  mais  les  nappes  qui  les  constituent 
s'inclinent  à  l'est.  Là  encore,  Rolle  a  fait  la  confusion,  que  nous 
avons  plusieurs  fois  constatée,  entre  la  direction  de  poussée  et 
l'ondulation  transversale  des  nappes  -.  Ces  grands  plis  couchés 
s'amorcent  au  sud,   sous  le  Piz  Pombi  pour   l'un,    sous  le  Piz 

I.  RoLLR.  Mat,  Carte  géol.  suissCj  aS*  livr.,  1881. 

a.  La  direction  méridienne  des  couches  des  Alpes  tessinoises  a  frappé 
L.  de  Dnoh,  Escber  et  Studer.  Ce  dernier  pensait  voir  le  résultat  d'une  sebis- 
tosité  ou  la  trace  d*ancienncs  montagnes  qui  entouraient  le  Piémont  avant 
la  naissance  des  Alpes  (Studer,  Geol.  der  Sehweiz,  vol.  I,  p.  !i34).  Il  s'agit  donc 
d*iuie  disposition  monoclinale  due  à  l'inllexion  des  plis  couchés  perpendi- 
cnlairement  à  leur  direction  de  poussée.  C'est  le  même  phénomène  qu'aux 
Diablerets,  au  nord  du  Klônlhal,  au  Falknis,  au  Rhâticon,  etc. 


HtO         M.  LC«C09.  —  LBB  &ftA.^DC»  %. 


Stella  pour  fastre.  Les  ma^f»  fnMÛoiqocs  dn  Pii  INwhi  «t  d« 
Piz  Stella  fonnent  les  Doyanx  antidinasK  de  ces  grands  plis 
dérenés  rers  le  nord.  Or.  c'est  le  massif  de  la  Soreita  <Piz 
Stella;,  qui  soutient  les  seliistes  des  Grisons  dn  Val  d'Arers  et  de 
rOberhalbstein  :  sur  ces  schistes  apparaît  la  nappe  granitiiine  dn 
Piz  d'Err  et  dn  Jnlier.  dont  la  racine  dent  être  eneore  pins  méri- 
dionale. AnVnd.  noos  nous  trouvons  dans  des  régioiis  anx  eondies 
très  redressées,  en  particulier  la  zone  d'amphibolites,  qni  s'étend 
de  Géra  à  BellinziHia.  et  les  gneiss  qui  la  eotoient  an  nord.  Le 
plongemeot  est  tantôt  méridional,  tant&t  septentrional.  Tronve- 
rons-nons  dans  cette  disposition  one  impossibilité  à  la  poussée 
Ters  le  nord  de  la  nappe  préalpine?  Non.  Les  condies  déjetées 
vers  le  sud  sont  très  redressées,  et  Ion  peut  facilement  voir  que, 
en  coupe,  la  racine  d*une  nappe  peut  localement  être  déversée  en 
sens  inverse  de  la  direction  de  poussée  de  la  nappe. 

Ainsi  que  Fa  pressenti  M.  Haug,  tout  en  combattant  Thypothèse 
à  laquelle  nous  revenons,  c*est  bien  sur  cette  zone  amphibolique 
dlvrée  on  dans  son  voisinage  le  plus  immédiat  que  doit  se  trouver 
la  racine  des  Préalpes  médianes.  En  parlant  de  la  Dent  Blandie  et 
du  Mont  Rose,  mon  collègue  de  la  Sorbonne  dit  lui-même  :  «  H 
est  possible  et  même  probable  *qae  ces  massifs  centraux,  disposés 
en  dômes  ou  en  éventails,  aient  constitué,  avant  leur  démantèle- 
ment, les  racines  de  grands  plis  couchés,  déversés  vers  le  nord, 
mais  aucun  de  ces  plis,  en  raison  de  leur  faible  développement 
longitudinal  n*a  pu  former  une  partie  quelconque  de  la  zone  des 
Préalpes,  si  ce  n'est,  tout  au  plus,  les  lambeaux  de  brèche  juras- 
sique du  Chablais  et  du  Simmenthal  »  ^ 

Ainsi  M.  Haug,  qui  admet  que  la  région  de  la  Brèche  du 
Chablais  est  un  fragment  de  nappe  de  recouvrement,  est  obligé 
lui-même  de  chercher,  bien  qu*avec  une  contrainte  évidente,  la 
racine  de  la  région  des  Brèches  sur  les  hauts  massifs  valaisans. 
Or,  il  y  a  60  kilomètres  de  la  Dent  Blanche  à  la  Homflnh  et  70 
jusqu'au  Mont  Rose. 

C*e8t  involontairement  une  pétition  de  principe  que  fait  mon 
savant  ami  quand  il  dit  :  «  mais  aucun  de  ces  plis,  en  raison  de 
leur  faible  développement  dans  le  sens  longitudinal,  n'a  pu  former 
une  partie  quelconque  de  la  zone  des  Préalpes  ».  «Tai  montré,  en 
i89(>,  dans  mon  mémoire  sur  le  Chablais,  que  les  deux  massifs  de 
Brèche  de  la  Homfluh  et  du  Chablais  ne  devaient  former  au  début 
qu'une  seule  nappe.  Cela  fait  90  kilomètres  de  longueur  de  front. 

I.  K.  Haug.  Les  régions  dites  exotiques  du  versant  nord  des  Alpes  suisses. 


DBS  ALPES   DU   CHABLAIS  BT  DK   LA    SUISSE  8ll 

Ce  n'est  pas  peu  de  chose,  et  M.  Tobler,  trouvant  des  blocs  exoti- 
ques de  Brèche  dans  les  Klippes  de  Sch^vytz,  montre  que  cette 
nappe  était  encore  beaucoup  plus  grande.  Cela  est  vi'ai  puisqu'elle 
rejoignait  fort  probablement  celle  du  Rhâticon.  Le  peu  de  déve- 
loppement longitudinal  des  dômes  centraux  n*est  pas  non  plus 
contraire  à  la  formation  des  grandes  nappes.  Prenons  par  exemple 
le  massif  du  Finsteraarhorn  à  ses  deux  extrémités.  C'est  sur  lui 
que  sont  nées  les  nappes  glaronnaises.  Elles  continuent  à  exister 
dans  le  grand  ensellement  qui  sépare  ce  massif  de  celui  du  Mont 
Blanc,  de  même  lorsque  le  massif  du  Finsteraarhorn  disparait 
SOQS  les  masses  du  Tôdi. 

En  résumé,  mon  confrère,  M.  Haug,  a  montré  avec  son  érudition 
habituelle  que  les  Préalpes  médianes  ne  peuvent  provenir  des 
montagnes  valaisannes.  J'ai  montré  de  mon  côté,  en  me  basant 
sur  les  faits  préalpins  eux-mêmes,  en  me  basant  sur  la  direction 
de  poussée,  toujours  vers  le  nord,  des  nappes  des  Alpes  à  faciès 
helvétique,  en  m'appuyant  sur  les  faits  si  concluants  des  nappes 
du  Falknis  et  du  Rhâticon  que  les  Préalpes  médianes  ne  peuvent 
provenir  que  du  sud.  11  n'y  a  donc  plus  à  choisir,  alors  même  que 
notre  esprit  ne  peut  concevoir  ces  grands  mouvements  de  80  à 
90  kilomètres,  il  faut  les  admettre.  Les  Préalpes  médianes,  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances,  ne  peuvent  provenir  que  de  la 
i*^on  des  schistes  cristallins  et  des  gneiss  du  Tessin,  fort  proba- 
blement de  la  zone  d'amphibolites.  Là  elles  s*étendaient,  liées  avec 
les  nappes  du  Falknis,  comme  la  région  des  Brèches  est  liée  avec 
la  nappe  du  Rhâticon.  Telles  sont  les  conclusions  qui  m'ont  été 
suggérées  par  les  travaux  de  mon  savant  confrère  et  ami  *. 

3.  —  Le  mécanisme  des  grandes  nappes  alpines 

Est-ce  en  profondeur,  est-ce  en  surface  que  se  sont  produits  ces 
mouvements  gigantesques  de  la  croûte  terrestre?  Sont-ils  localisés 
dans  les  parties  superficielles  de  la  lithosphère  ou  se  continuent-ils 
encore  plus  bas?  11  ne  m*appartient  pas  de  conclure,  mais  il  est 
certaines  notions  qui  paraissent  s'imposer. 

I.  Il  est  possible  qu'une  partie  de  la  zone  interne  provienne  de  la  zone  du 
Val  Feiret,  car  le  Flysch  du  Niesen  ne  contient  jçuère  que  des  roches  de  la 
première  zone  alpine.  Le  Flysch  de  la  zone  externe,  avec  ses  caiUoux  de 
granité,  lequel  est  semblable  en  tout  point  à  celui  des  Alpes  du  versant  sud, 
exige  en  tout  cas  un  transport  d'une  région  beaucoup  plus  lointaine. 


8ia  M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  BBCOUVRBmMT 

A).  Les  trois  groupes  de  nappes  des  Alpes  suisses 

I>es  nappes  des  Alpes  se  subdivisent  en  trois  groupes  très  mani- 
festement indépendants. 

a)  Les  nappes  à  racines  externes,  comprenant  les  grands  plis 
couchés  de  Glaris  et  leur  continuation  à  travers  toute  la  Suisse, 
dans  les  \Vildstrubel,  dans  les  Alpes  vaudoises  et  jusque  dans  le 
Mont  Joly  où  nous  perdons  leur  trace.  Dans  ces  nappes  est  com- 
prise, en  tout  cas,  une  partie  de  la  zone  interne  des  Pr^pes. 

b)  Entre  les  nappes  à  racines  externes,  ou  à  faciès  helvétique, 
et  les  nappes  préalpines,  on  rencontre  un  régime  de  grands  plis 
couchés,  souvent  fort  étendus,  constituant,  par  places,  de  vraies 
nappes. 

c)  Les  nappes  à  racines  internes  naissant  sur  une  ligne  phis 
méridionale  et  comprenant  : 

a.  Préalpes  médianes  et  leur  continuation  dans  les  Klippes  de 
la  Savoie,  vers  le  sud-ouest,  et  les  Klippes  de  la  Suisse  allemande 
et  le  Falknis,  vers  Touest  ; 

%  La  nappe  de  la  Brèche  du  Chablais  et  de  la  Homfluh,  com- 
prenant la  nappe  homologue  du  Rhâticon. 


**» 


i""  Les  nappes  à  racines  internes  sont  plus  étendues  que  les 
externes  :  elles  arrivent  même  à  dépasser  ces  dernières  vers  le 
nord,  confirmant  ainsi,  en  grand,  ce  que. nous  avons  vu  pour  les 
nappes  des  Alpes  bernoises.  c*est-à-dire  que  plus  la  racine  est 
lointaine,  plus  est  grand  le  chemin  parcouru  par  la  nappe.  Daus 
Tensemble,  les  nappes  suivent  cette  loi  qui  paraît  vérifiée,  du 
moins  dans  les  Alpes  suisses  ^ 

La  position  des  racines  des  nappes  externes  n*est  pas  diflScile  à 

I.  n  n'y  a  que  le  massif  de  la  Brèche  du  Chablais  qui  présente  une  exeep- 
tion.  Cette  anomalie  poorra  pent-étre  s'expliquer  le  Jonr  où  Ton  trouvera  la 
vraie  position  de  la  racine.  A  partir  de  la  Linth  Jusqu'à  l'Aar,  la  nappe 
supérieure  de  Glaris  fait  aussi  exception. 

Dans  les  plis  qui  forment  la  nappe  du  Mont  Joly,  on  observe  aussi,  d*après 
les  coupes  de  M.  RrrrRR.  une  semblable  tendance  qui,  cependant,  n'est  pas 
absolue.  Le  «  saute-mouton  »  des  plis  apparaît  d*unc  façon  schématique  dims 
la  PI.  I  de  cet  auteur  (Bnll.  Ser%\  Carte  géoL  de  France,  voL  9,  BulL  60, 1897- 
1898).  L*escalade  de  la  nappe  supérieure  est  remarquable  dans  la  coupe 
publiée  par  M.  Kilian,  d*après  ses  travaux  et  ceux  de  Bf.  Haug  (JKaïAy  et 
Haug,  C,-R.  Ac,  Se,  7  août  1899,  et  Kiuan.  pi.  I.  Bail.  Serf.  Carie  géoL 
de  Fr.,  t.  XI,  Bull.  :5,  1899-1900). 


DES   ALPES   DU   CHABLAIS  ET   DE   LA   SUISSE  8l3 

déterminer  par  rapport  aux  éléments  voisins  considérés  comme 
stables.  Ces  racines  avoisinent  toujours  les  moles  cristallins  de  la 
première  zone  alpine.  Les  nappes  des  Alpes  vaudoises  et  bernoises 
prennent  i^acine  sur  le  versant  sud  de  la  prolongation  du  massif 
cristallin  du  Mont  Blanc,  plus  loin  à  Test  sur  l'axe  ou  le  versant 
sud  du  massif  du  Finsteraarhorn.  11  en  est  de  nit^me  des  nappes 
glaronnaises.  MM.  Bertrand  et  Ritter  ont  montré  que  les  plis  du 
Mont  Joly  naissaient  de  Textrémité  du  massif  cristallin  du  Prarion. 
Quand  les  massifs  cristallins  plongent  dans  la  profondeur  du 
sol,  les  nappes  n*en  continuent  pas  moins.  Elles  épousent,  par  leur 
forme  en  voûte  surbaissée,  la  forme  du  massif  invisible  qu'elles 
recouvrent. 

Dans  ce  vaste  «  déferlement  »,  des  nappes  à  racine  externe,  vers 
l'extérieur  de  la  chaîne,  il  paraît  incontestable  que  les  massifs 
cristallins  hercyniens  ont  joué  le  classique  rôle  du  horst,  de 
r  «  écueil  ».  On  dirait  que,  ne  pouvant  satisfaire  à  la  poussée 
alpine,  celle-ci  s*est  exercée  avec  plus  de  puissance  sur  les  espaces 
Toisins  capables  d*en  être  victimes.  Le  rôle  passif  des  massifs  cris- 
tallins semble  apparalti*e  plus  nettement  que  jamais.  Non  seule- 
ment ils  ont  montré  cette  passivité  que  les  célèbres  travaux  de 
M.  Baltzer  *  ont  bien  mis  en  évidence  dans  s(m  étude  sur  les  coins 
calcaires  du  massif  du  Finsteraarhorn,  mais  ils  ont  encore  été 
pour  ainsi  dire  incapables  de  participer  autant  que  le  reste  à  la 
contraction.  Celle-ci  pour  se  satisfaii*e  s'est  alors  exercée  avec  un 
redoublement  de  puissance  sur  les  régions  avoisinantes.  Toute- 
ibis,  les  massifs  cristallins  de  la  pi^emière  zone  alpine  n*ont  pas 
été  complètement  indiflérents.  Leurs  couches  enracinées,  verticales 
^ort  probablement,  se  sont  laminées  vers  le  haut  ou  vers  le  bas  ; 
Ja  résultante  de  la  poussée  a  agi  ainsi  perpendiculairement,  ou  à 
peu  près,  à  la  direction  de  cette  poussée. 

* 

a»  Entre  les  nappes  à  racines  externes  ou  nappes  de  la  première 
zone  alpine  et  celles  à  racines  internes,  s'étend  la  grande  région 
des  Alpes  valaisannes,  formées  de  gi*ands  plis  déversés,  bien  mani- 
festes dans  les  vallées  latérales  du  Valais.  Ces  plis  peuvent  môme 
se  coucher,  présenter  des  allures  de  nappe,  comme  dans  Texemple 
remarquable  du  Simplon,  où  l'anticlinal  des  gneiss  d'Antigorio  est 
couché  sur  plus  de  cinq  kilomètres,  pour  atteindre  20  kilomètres 

I.  Baltzbr.  Der  Kontact  zwischen  Gneiss  und  Kalk  in  den  Berner  Alpen . 
Mat,  Carte  géoL  suisse,  ao*  livr  ,  1880. 


8l4  V.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  EBCOinrBXMKSfT 

d*après  les  tniTanx  de  Geriadi  el  une  ooi^e  de  M.  SrhMJdl  Yen 
Test,  ce  pli  considérable  parait  cesser.  Le  masâf  tessinois  apparaît 
comme  on  immense  dôme.  Si  Ton  regarde  attentÎTemeiit  la  carte, 
on  s*aperçoit  qœ  le  pli  des  gneiss  d^Antigorio  ne  pevt  eesser  aossi 
rapidement,  mais  qu'il  se  ocmtînoe  ùwUÎble  sons  les  Alpes  tesâ- 
nmses.  dont  le  dôme  apparent  n'esl  fart  probaUtmemi  qme  U 
carapace,  eesi-à-dire  le  flanc  nomud  de  Tinumemae  pli  eomeké.  D 
est  en  tout  cas  certain  que  le  grand  pli  ooedié  se  prokH^e  saîrant 
sa  direction  axiale,  très  loin  sons  le  massif  dn  Trnam  Tovqoors 
estril  qu'à  partir  dn  Val  Mesolcina,  c'est-àHlire  dn  Bernardin,  un 
grand  pli,  conché  vers  le  nord,  ainsi  que  je  l'ai  montré  pins  haut, 
remplace  le  soi-disant  dôme  dn  Tesdn  et  qne  ce  nonvean  pli  da 
Tambohom  (très  déversé,  puisqu'il  a  donné  lieu,  suivant  M.  Heim. 
aux  lambeaux  de  recouvrement  du  SteUertiom)  est  remplacé,  à  son 
tour,  dès  le  Splûgen,  par  le  dernier  pli  couché  de  la  Soretta,  celui 
qui,  du  Pîx  Stella,  s'étend  jusqu'à  Andeer.  Ainsi,  à  Test  et  à  l'ouest 
du  «  dôme  tessinois  »,  partout  où  t érosion  a  été  asêez  profat^^ 
nous  çqyons  de  très  g-rands  plis  couchés.  D  devient  évident  alors 
que  le  dôme  n'est  que  la  carapace  d'une  grande  naj^. 

Revenons  vers  l'ouest. 

On  sait  que,  d'après  les  coupes  de  MM.  Scbardt  et  GoUîes  *,  le 
•pli  couché  vers  le  nord  de  gneiss  d'Antigorio  dn  Smplon  est 
recouvert  par  le  pli  du  Monte  Leone  déversé  en  sens  inverse.  Ce 
phénomène  m'a  toujours  paru  étrange;  il  me  le  semble  encore 
plus  aujourd'hui,  car  nous  trouvons  là  tunique  faU  de  ce  genre 
dans  les  Alpes  suisses,  où  il  n'existe  aucun  autre  pli  ea  retour 
donnant  lieu  à  une  sorte  de  double-pli.  Les  coupes  très  semblables, 
publiées  par  MM.  Schardt  et  Golliei,  sont  en  accord  «Hnplet  avec 
les  levés  de  Gerlach.  Cest  lui  qui,  le  premier,  a  pressenti  et  a 
même  dessiné,  il  y  a  près  de  vingt  ans,  l'anticlinal  coudié  des 
gneiss  d'Antigorio  ^,  le  fait  est  donc  indiscutable.  Si  l'on  essaye 
de  suivre  sur  la  carte  '  les  gneiss  du  Monte  Leone,  on  les  voit  con- 
tourner par  le  Simplon,  le  noyau  anticlinal  des  gneiss  d'Antigorio. 
Autrement  dit,  nous  constatons,  chose  absolument  nouvelle  et 
étrange,  un  pli  qui,  de  N.K-S.O.,  devient  N.-S.,  pour  se  poursuivre 
O.-E.  dans  les  montagnes  qui  dominent  le  flanc  droit  du  Yal  de 

1 .  SciHARDT.  Livret-guide  géologique  dans  le  Jura  et  les  Alpes  de  la  Suisse, 
pi.  X  —  GoLURz.  Id.,  fig.  87. 

2.  Gerlach.  MaL  Carte  gêoL  êuiëse,  a6'  livr.,  i883.  —  Voir  aussi  :  Zblj.br, 
Ein  geologisches  QuerproÔl  durch  die  Centralalpen.  Bem.  1896;  SciiMU>T. 
Géologie  de  Zermatt  et  sa  situation  dans  le  système  alpin.  Arch.  Se.  phj-M.  et 
nat.,  t.  XXXr\'.  Genève,  1895. 

3.  Feuille  XVm,  Atlas  géologique  suisse. 


SKB  ALPES   DU   CHAHI,A[9   BT   DK   LA   SUISSE 


Gondo.  Cette  constatation  n'est  pas  conforme  à  ce  que  montre  la 
profondeur,  c'est-à-dire  le  grand  pli  de  gneiss  d'Antigorio  poussé 
vers  le  nord  ou  le  nord-ouest. 


En  outre,   à  non  extrémité   orientale,   soit  dans  le  massif  de 
rOfeobom,  au  moment  où  les  gneiss  du  Monte  Leone  cessent, 


8l6         M.  LUGEOX.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVRElfBNT 

nous  les  voyons  s*étaler  sur  les  Schistes  lustrés  (fig.  i4).  Ce  n'est 
pas  ainsi  que  finissent  ordinairement  les  racines  des  grands  plis 
couchés. 

Tout  reviendrait  donc  à  considérer  le  massif  du  Monte  Leone  non 
comme  un  pli  couché  dévei*sé  vers  le  sud,  mais  comme  une  tête 
anticlinale  d'un  pli  supérieur  à  celui  des  gneiss  d'Antigorio  et 
s" amorçant  en  arrière  de  celui-ci  (fig.  i3).  La  racine  se  trouverait 
dans  cette  bande  de  gneiss,  qui,  du  village  de  Seehom<»  se  dirige 
vers  Crevola. 

C'est,  on  le  voit,  une  explication  nouvelle  de  la  coupe  du  Simplon 
que  je  soumets  à  la  critique.  Cest  une  hypothèse  plus  satisfaisante 
à  mes  yeux  que  celle  qui  a  été  donnée  par  Gerlach  et  ses  succès^ 
seurs.  Du  reste,  la  percée  du  tunnel  du  Simplon  vérifiera  Tune  ou 
Fautre  de  ces  explications. 

Si  nous  cherchons  maintenant  ce  que  deviennent  vers  Touest 
ces  plis  couchés,  nous  les  voyons,  grâce  à  renfoncement  rapide  du 
plan  axial,  disparaître  sous  le  massif  du  Weissmies.  De  tels  acci- 
dents ne  peuvent  se  terminer  brusquement.  Ils  doivent  se  continuer 
en  profondeur.  Or,  vers  le  sud-ouest,  nous  voyons  le  dôme  du 
Mont  Rose.  Nous  pouvons  nous  demander  si  ce  massif  ne  repré- 
sente pas  aussi  la  carapace  d*un  énorme  pli  couché  analogue  à  celui 
du  Simplon,  analogue  à  celui  que  je  suppose  exister  sous  le  massif 
septentrional  du  Tessin.  L*état  actuel  des  levés  géologiques  ne 
nous  permet  pas  de  nous  prononcer,  mais,  quand  on  voit,  an  sud, 
dans  le  Val  Gressoney,  un  grand  synclinal  de  Schistes  lustrés 
déversé  vei*s  le  nord,  le  «  dôme  »  apparaît  comme  un  mode  de 
plissement  anormal  au  milieu  de  cet  immense  ensemble  de  plis 
couchés. 

Le  massif  gneissique  de  la  Dent  Blanche,  qui  paraît  déversé,  sur 
le  territoire  suisse  du  moins,  sur  les  Schistes  lustrés,  laisse  voir 
que  le  phénomène  continue  à  s*y  développer.  Il  en  est  de  même 
du  massif  gneissique  du  Combin,  si  nettement  déversé  vers  le  nord, 
sitôt  que  sa  direction  devient  S.O.-N.E.  (coupe  du  Val  d'Herens). 

Ainsi,  une  série  de  plis  couchés  paraissent  se  presser  contre  les 
massifs  hercyniens  de  la  première  zone  alpine.  Ils  n*ont  pu  les 
franchir  ^  Ce  sort  était  i*éservé  à  des  nappes  plus  internes  encore. 

3**  Lorsque  l'érosion  nous  permet  d'étudier  la  racine  des  grands 
plis  couchés,  nous  constatons  un  fait  extrêmement  important.  Les 

I.  L*avenir  montrera  s'ils  ont  donné  naissance  à  des  écailles  de  la  zone 
interne  des  Préalpes. 


DJB8  AX.PES   DU   CHABLAIS  BT  DE   LA   SUISSE  817 

couches  s*y  montrent  fortement  redressées,  beaucoup  plus  que  la 
nappe,  puisque  celle-ci  peut  devenir  horizontale  et  môme  plon- 
l^nte,  ce  qui  parait  du  reste  une  loi  assez  générale,  dans  les 
Alpes  du  moins.  Les  coupes  de  M.  Ritter  sont,  sous  ce  rapport 
encore,  extrêmement  démonstratives  ^  Ainsi  donc,  si  Térosion 
vient  à  entamer  considérablement  les  nappes,  nous  ne  voyons  plus 
sur  le  sol  que  des  plis  monoclinaux  très  redressés  et  très  difficiles 
à  discerner  les  uns  des  autres,  tant  la  compression  a  été  énergique. 
Or,  au  sud  du  grand  massif  gneissique  du  Tessin,  nous  entrons 
justement  dans  un  massif  de  couches  très  redressées,  presque  verti- 
cales, formées  par  des  gneiss  et  par  les  aniphibolites.  Ce  système, 
quiy  vers  Test,  se  continue  du  cùté  de  Bellinzona  et  de  Chiavenna, 
qui,  vers  Fouest,  s'infléchit  et  passe  au  sud  du  Mont  Rose,  doit 
représenter  les  racines  des  nappes  préalpines.  Ces  nappes  si 
nomades  ne  peuvent  venir  que  de  là,  car  entre  les  nappes  à  faciès 
helvétique  et  ces  régions  s'étendent  des  nappes  dont  nous  connais- 
sons les  charnières.  Les  couches  de  ces  régions  méridionales  oscil- 
lent sur  une  certaine  largeur  autour  de  la  verticale,  puis  le  plonge- 
ment  se  décide  et  nous  voyons  alors  les  plis  nettement  déversés 
vers  le  sud  faisant  partie  du  régime  extra-alpin,  c'est-à-dire  des 
Dinarides,  selon  le  terme  employé  par  M.  Suess. 

Nous  voyons  donc  que  dans  les  Alpes  suisses  un  écrasement 
s'est  fait  sentir  partout  avec  un  violent  mouvement  vers  Tavant- 
pays  molassique.  Une  seule  bande  paraît  ne  pas  avoir  été  culbutée, 
c'est  celle  des  massifs  hercyniens  de  la  [)remière  zone  alpine.  Tout 
le  reste  a  fléchi  devant  cette  immense  poussée  venue  de  T intérieur 
de  rai*c  alpin.  L'eflet  a  été  d'intensité  variable,  mais  toujoui*s  il  a 
plié  les  Alpes  comme  les  panneaux  d'un  paravent  couché. 

Les  nappes  à  faciès  helvétique,  c'est-à-dire  les  nappes  à  racines 
externes,  ont  réussi  à  franchir  la  ligne  des  horsts  hercyniens.  Les 
nappes  centrales  ont  été  arrêtées  par  cette  sorte  de  barrière,  dont 
elles  sont  séparées  par  un  épais  bourrelet  de  Schistes  lustrés,  qui 

I.  La  nappe  du  Mont  Joly  cesse  brusquement  dans  Les  environs  d'Albert- 
vUle.  Le  phénomène  très  constant  des  nappes  à  faciès  helvétique  qui  se 
poursuit  du  Rhin  à  travers  toute  la  Suisse  jusqu'à  l'Isère  ne  peut  cesser 
brusquement,  il  faut  admettre  que  Térosion  ne  permet  plus  d'en  voir  le 
développement  sur  le  massif  de  Belledonne  et  peut-être  du  Pelvqux.  Les  plis 
monoclinaux  décrits  par  M.  Termier  dans  les  Grandes-Rousses  sont  ]>eut- 
ètpe  les  racines  de  ces  nappes  entièrement  disparues.  Peut-être  arriverons- 
nous  un  jour  à  en  faire  la  démunstratiou. 


8l8         M.  LUOEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

joue  ici  le  rôle  d*un  Flysch  secondaire.  I^s  nappes  à  racine 
interne  ou  nappes  préalpines  ont  réussi  à  vaincre  la  distance  et 
peut-être  l'obstacle,  accompagnées  par  leurs  immenses  reyéte- 
ments  de  Flysch  tertiaire.  Formés  sans  doute  dans  les  mêmes 
conditions  de  sédimentation  pélagique,  les  Flyschs  triasiques  et 
jurassiques,  c'est-à-dire  les  Schistes  lustrés,  et  le  Flysch  tertiaire 
ont  joué  le  même  rôle  dans  les  manifestations  tectoniques.  Peut- 
être  n'est-ce  là  qu'un  concours  de  circonstances  ;  peut-être  faut-il 
voir  dans  ce  parallélisme,  bien  indiqué  par  M.  Marcel  Bertrand  K 
le  résultat  d'un  phénomène  qui  nous  échappe  encore. 

B).  Le  mouvement. 

Des  nappes  des  terrains  secondaires  nous  sommes  descendus 
dans  les  nappes  des  terrains  primaires.  Aussi  profondément  que 
le  permettent  nos  investigations,  presque  partout  nous  voyons  se 
manifester  la  marche  vers  le  nord.  Où  ce  phénomène  prend-il  fin? 
Toute  la  chaîne  n'a-t-eUe  pas  été  portée  vers  Tavant-pays  ?  Est-ce 
en  surface,  est-ce  en  profondeur  que  se  sont  faites  ces  marches 
colossales  ?  Il  est  difficile  de  répondre.  Dans  mon  ouvrage  sur  le 
Ghablais  je  m'étais  arrêté  à  l'idée  d'un  mouvement  superficiel  dû  à 
la  pesanteur.  Aujourd'hui  j'incline  pour  le  mouvement  tangentiel. 
comme  mouvement  de  départ'tout  au  moins.  En  effet,  nous  voyons 
qu*entre  le  pli  couché  de  Mordes  et  ceux  de  Claris  nous  possé- 
dons tous  les  stades  de  grandeur.  La  nappe  inférieure  glaronnaise 
s'étend  sur  trente  kilomètres  environ,  et  nous  constatons  que  la 
nappe  du  Rhâticon,  plus  grande  encore,  est  en  continuité  parfaite 
avec  sa  racine.  C'est  pourquoi  je  ne  pense  plus  aujourd'hui 
que  ces  nappes  en  général  se  soient  déroulées  en  abandonnant 
leurs  racines.  Toutefois,  un  mécanisme  spécial  permet  cependant 
qu'elles  marchent  encore,  alors  que  leur  liaison  n'est  plus  complète. 
Nous  voyons,  en  effet,  que  la  nappe  des  Préalpes  médianes  et  celle 
du  Falknis  se  laminent  par  places  complètement,  vers  le  sud,  sous 
les  grands  recouvrements  de  la  Brèche  ou  sous  celui  du  Rhâticon. 
Cela  s'explique  de  la  manière  suivante.  Parties  à  la  suite  de  mou- 
vements indépendants,  les  deux  nappes  finissent  par  former  une 
nappe  unique  dans  leur  marche.  Si  l'une  est  animée  d'une  plus 
grande  vitesse  que  la  voisine,  elle  peut  communiquer  son  mouve- 
ment et  entraîner  plus  rapidement  cette  dernière  que  le  ferait  sa 

I.  M.  Bertrand.  Structure  des  Alpes  françaises  et  récurrence  de  certains 
faciès  sédiraentaires.  Congrès  géologique  interru^Uonal,  VI*  êesêion,  Zurich, 


DES  ALPKS   DU   GUABLAIS   ET  DE   LA   SUISSE  8l() 

propre  marche.  La  nappe  ainsi  entraînée  devient  pour  ainsi  dire 
satellite.  Son  front  marchant,  grâce  à  la  communication  du  mouve- 
ment de  la  nappe  voisine,  plus  vite  que  sa  partie  radicale,  il  y  a 
détachement.  Le  mouvement  doit  être  diirérentiel  pendant  un  cer- 
tain temps,  il  se  fait  une  lamination  qui  peut  être  totale.  Ce  sont 
de  ces  nappes  devenues  satellites  qui  se  transforment  en  ce  que 
nous  avons  désigné,  à  la  suite  d*une  explication  un  peu  différente, 
sons  le  terme  de  lames  de  charriage,  dont  l'amincissement  et 
r^^rainement  n'ont  pas  de  limite.  Les  Préalpes  médianes  ont  failli, 
ainsi  que  leur  prolongation  dans  le  Falknis,  devenir  des  lames  de 
charriage.  Je  dis  failli,  car  nous  ne  pourrons  jamais  savoir  si  Técra- 
sèment  vers  le  sud,  sous  la  nappe  de  la  Brèche  ou  du  Rhâticon, 
a  été  total. 

Nous  savons  que  dans  la  zone  interne  des  Préalpes  les  lami- 
nages atteignent  leur  plus  grande  intensité.  Il  n*y  a  plus  pour 
ainsi  dire  de  contacts  normaux.  Partout  des  termes  stratigraphi- 
ques  manquent,  mais  ces  absences  sont  certainement  des  lacunes 
tectoniques.  Or,  les  nappes  des  Préalpes  médianes  et  de  la  Brèche 
ont  dû  incontestablement  passer  sur  cette  zone  interne.  C'est  peut- 
être  là  l'explication  de  ce  laminage  exagéré,  résultat  de  mouve- 
ments différentiels  souvent  répétés. 

Nous  avons  appris  aussi  que  les  Préalpes  médianes  et  la  zone 
interne  ont  subi  l'influence  des  nappes  des  Hautes  Alpes  à  faciès 
helvétique.  Les  plis  frontaux  de  ces  dernières,  ainsi  que  je  Tai 
montré  dans  le  chapitre  premier,  se  répercutent  dans  les  Préalpes. 
Xies  nappes  à  faciès  helvétique,  c'est-à-dire  les  nappes  à  racines 
externes,  sont  donc  postérieures  aux  nappes  préalpines  et,  en 
conséquence,  elles  se  sont  très  nettement  formées  en  profondeur 
après  et  peut-être  aussi  pendant  le  passage  de  ces  nappes  des 
Préalpes. 

Nous  voyons  donc  que,  dans  ces  mouvements  de  transport, 
presque  concomitants,  ce  sont  les  nappes  les  plus  internes  qui  se 
sont  formées  les  premières.  Quand  la  contraction  alpine  s*est  fait 
sentir,  venant  des  i^égions  méditerranéennes,  deux  zones  ont  tout 
d'abord  cédé.  Ce  sont  les  zones  de  première  poussée.  L'une,  très 
rapprochée  de  la  poussée,  a  donné  lieu  à  deux  énormes  plis  cou- 
chés, nappes  des  Préalpes  médianes  et  des  Brèches  ;  l'autre  a 
donné  lieu  aux  premiers  plis,  qui  ont  cherché  à  franchir  les  espaces 
occupés  en  profondeui»  par  Tancienne  pénéplaine  hercynienne,  ce 
sont  les  plis  couchés  de  la  zone  interne  des  Préalpes.  Ces  premiers 
mouvements  ont  dû  se  faire  sentir  dans  des  régions  relativement 
superficielles  de  Técorce  terrestre,  puisque  nous  voyons  que  ces 


8aO  M.  LUaEOX.  —  LES  GRANDES  3CAPPES  DE  mECOVXMMMMSFl 


premières  iiappe<*  sont  les  plus  élevées  dans  la  série  :  nuis  U 
masses  de  P'Iyscli  du  Niesen.  que  l'on  peni  évaluer  à  pins  de  mille- 
mètres  de  puissancre,  nous  montrent  que  l'épais  rcvèteBiefit  danc 
lequel  «e  sont  développées  ces  nappes  devait  être  considérable. 

C'est  alors  que  prennent  naissance  les  nappes  les  pins  profondes. 
IjaL  poussée  tangentielle  continuant  a  se  taire  sentir  setradnit.  non 
seulement  sur  les  nappes  déjà  en  mouTement,  mais  elle  fait  encore 
naître  d'autres  grands  plis  de  deuxième  poussée  qui,  ansâ«  se 
subdivisent  en  deux  séries.  L'une  se  crée  entre  les  deux  ztmes  de 
poussée  maximale  aux  dépens  des  régions  profondes  des  gneiss  :  la 
deuxième  se  développe  dans  les  terrains  à  faciès  helTétiqne,  en 
avant  des  racines  des  nappes  de  la  zone  interne  des  Préaipes  et 
sous  ces  nappes,  dans  le  voisinage  des  régions  cristallines  de  la 
première  zone  alpine.  On  voit  ainsi  que  la  force  tangentielle  se 
serait  exercée  plus  longtemps  sur  les  zones  et  les  nappes  de  pre- 
mière poussée,  d'où,  sans  doute,  leur  développement  si  intense. 

Enfin,  la  poussée,  continuant  à  se  faire  sentir,  donne  lieu  à  une 
contraction  plus  intense  encore.  Les  Alpes  prennent  enfin  nais- 
sance en  relief.  Les  nappes  déjà  plissées  se  plissent  probablement 
encore  davantage  ;  elles  se  bombent  sur  elles-mêmes,  simulant 
même  des  dûmes,  et  les  massifs  cristallins  comprimés  de  la  pre- 
mière zone  alpine  s'élèvent  sur  eux-mêmes  par  une  croissance 
verticale  de  leurs  couches  déjà  très  redressées.  Les  nappes  à  faciès 
helvétique  qui  les  recouvrent  doivent  alors  se  distendre  ;  d*hori- 
zontales,  ou  à  peu  près,  elles  s'incurvent  sur  ces  r^ons  cristal- 
lines des  horsts  hercyniens.  Elles  sont  appelées  à  occuper  une  plus 
large  surface  que  celle  qui  leur  avait  été  donnée  par  leur  propre 
extension  ;  elles  doivent  donc  s'affaisser  sur  elles-mêmes  par  failles 
plus  ou  moins  verticales.  G*est  là,  probablement,  la  cause  de  ces 
failles  si  considérables  que  j'ai  rencontrées  dans  les  hauts  massifs 
des  Wildstrubel,  là  où  les  nappes  sont  encore  conservées  sur  le 
massif  cristallin  hercynien. 

Telle  est,  à  j^rands  traits,  l'ébauche  d'une  théorie  qui  sera  sans 
doute  modifiée  dans  l'avenir,  au  fur  et  à  mesure  que  nous  connaî- 
trons mieux  les  rapports  réciproques  des  nappes. 


* 
m  * 


Les  chaînes  de  montagnes  naissent  des  grands  géosynclinaux. 
Elles  sont  la  réaction  exagérée  d'un  phénomène  qui  s'exagérait 
trop.  Nous  devons  donc  voir  dans  ces  immenses  épaisseurs  encore 
conservées  de  Flysch  le  dernier  des  sédiments  si  puissants  qui 
emplissaient  la  grande  dépression  méditerranéenne.  Ce   serait 


1>ES  ALPES    DU    CHAULAIS    BT    1>K   LA    SUISSE  Bill 

pendant  l'Oligocène  que  ces  mouvements  considérables  se  seraient 
fait  sentir,  se  pei*pétuant  jusque  dans  le  Miocène. 

La  molasse  rouge  et  les  poudingues  aquitaniens  disparaissent 
;ou8  les  Préalpes  et  sous  le  pli  frontal  de  la  nappe  inférieure  de 
Grlaris.  Or,  on  sait  que  les  poudingues  se  sont  formés  aux  dépens 
les  nappes  préalpines  qui  les  recouvrent.  Ainsi  le  mouvement  de 
charriage  parait  s  être  effectué  en  surface  dans  le  voisinage  de  la 
région  molassique.  Il  se  peut  donc  que  le  mécanisme  superficiel 
jae  j'avais  invoqué  jadis  se  soit  réalisé  partiellement,  mais  sous 
une  autre  forme,  c'est-à-dire  que,  sous  Tiniluence  <le  la  contraction 
lemière,  les  masses  qui  s'étaient  mues  en  profondeur  se  sont  enfin 
irahies  à  la  surface,  entraînées  peut-être  vers  Tavant  par  les  mouve- 
ments plus  profonds,  c'est-à-dire  par  les  grandes  nappes  des  Alpes 
i  faciès  helvétique  qui  se  développaient  sous  les  nappes  pré- 
ilpines.  Toutefois,  surtout  lorsque  Ton  considère  les  plis  empilés 
la  Môle,  c'est-à-dire  la  partie  la  mieux  conservée  du  front  des 
EVéalpes  médianes,  Ton  sent  que  ces  replis  n'ont  certainement  pu 
ie  faire  à  l'air  libre.  Pour  se  contourner  sur  eux-mêmes  il  leur 
fallait  un  poids  nécessaire  que  l'on  peut,  à  la  rigueur,  trouver  dans 
leur  masse  elle-même.  Mais,  tous  les  plis  frontaux  bien  conservée 
ie  montrent,  la  plupart  du  temps,  toujours  ensevelis  dans  un  ter- 
rain quelconque.  Est-ce  donc  dans  la  molasse  elle-même  que  sont 
^enus  s'empiler  ces  derniers  plis  frontaux  des  «  vagues  )>  alpines  ? 
[1  m'a  toujours  été  diflicile  d'admettre  que  la  molasse  ait  couvert 
adis  les  nappes  alpines,  car  jamais  jusqu'ici  elle  n'a  été  rencontrée 
lans  les  pli-failles  où  elle  aurait  dû  se  conserver.  Aujourd'hui  que 
a  question  se  pose  de  nouveau  sous  une  toute  autre  forme,  je  me 
lemande  si  ce  n'est  pas  la  molasse  qui  a  formé  la  surface  de 
-accord  entre  les  nappes  et  l'avant-pays  ?  Les  plis  si  intenses, 
>arfois,  que  Ton  voit  dans  la  zone  plissée  de  la  molasse,  accusent- 
Is  peut-être  l'existence  de  mouvements  profonds  ?  Si  oui,  la 
nolasse  pénétrerait  en  synclinal  sous  les  nappes.  Nous  serions 
linsi  amenés  à  considérer  la  fin  du  phénomène  des  grandes  nappes 
)ar  le  mécanisme  tout  hypothétique  suivant.  Supposons  la  nappe 
irrivée  à  une  dizaine  de  kilomètres  de  son  emplacement  actuel 
întièrement  recouverte  par  son  énorme  manteau  de  Flysch.  Le 
soulèvement  vers  le  haut  des  noyaux  hercyniens  commence  à  se 
aire  sentir,  il  met  en  saillie  la  nappe  préalpine.  Celle-ci  s'érode 
lans  ces  régions  surélevées  et  alimente  de  ses  débris  les  épaisses 
nasses  molassiques  qui  se  déposent  sur  la  partie  frontale  et  au 
loin  en  avant.  La  contraction  alpine  continue  à  se  faire  sentir. 
C'est  alors  que  se  déroulent  les  grands  plis  couchés  des  Alpes  à 

ia  Juin  i^a.  —  T.  i«^  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  53 


832         M.  LUftKON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

faciès  helvétique,  au  moment  où  les  Préalpes  sont  déjà  détachées 
par  érosion  de  leurs  i*acines.  Dans  ces  conditions,  ce  n*est  plus  sur 
les  nappes  préalpines  que  se  fait  sentir  la  force  tangentielle,  mais 
au-dessous,  en  arrière  et  en  avant  d*elles.  Elles  surnagent  pour 
ainsi  dii*e  et  accomplissent  un  mouvement  relatif  en  bloc  vers 
Tavant,  sous  la  molasse  qui  se  contracte  sous  elles.  Ce  mouvement 
se  serait  effectué  sans  amener  nécessairement  un  plissement  plus 
intense  des  Pi^éalpes.  Ce  serait  là,  peut-être,  la  raison  de  l'absence 
de  molasse  dans  leurs  pli-failles.  Arrive  ensuite  la  mise  générale  en 
saillie,  dernier  mouvement  de  la  contraction  alpine,  ainsi  que  je 
Tai  montré  plus  haut  ;  toute  la  molasse  qui  recouvre  les  Préalpes  est 
démantelée,  emportée,  et  le  phénomène  se  modifie  pour  êti^e  celui 
qui  apparaît  aux  yeux  des  géologues  comme  une  des  plus  grandes 
manifestations  de  Técorce  terrestre.  On  voit  combien  le  raccord  de 
ces  nappes  avec  la  molasse  est  un  problème  spécial,  tout  aussi  dilli- 
cile  à  résoudre,  sinon  davantage,  que  celui  qui  nous  a  préoccupé 
jusqu'ici. 

Ces  dernières  lignes  ne  sont  que  des  hypothèses  ;  celles-ci  sont 
nécessaires  à  Tesprit  humain  et  cette  nécessité  sera  ma  seule 
excuse  si  un  jour  ou  Tautre  je  dois,  pour  ces  derniers  phénomènes 
de  i*aeeord,  modifier  ma  conception,  comme  je  Tai  déjà  fait. 


yOTE  AJOUTÉE  PENDANT  ^IMPRESSION 

J'aurais  voulu  soumetti*e  ce  travail  au  fur  et  à  mesure  de  sa 
rédaction  à  un  de  mes  maîtres,  M.  le  Professeur  Heim.  Je  n*ai  pu 
lui  en  faire  part  que  quelques  jours  après  son  retour  d*un  long 
voyage,  alors  que  le  présent  mémoii*e  était  sur  le  point  de  sortir 
des  presses. 

Nous  avons  discuté  ensemble  une  bonne  et  mémorable  journée 
en  présence  de  ces  superbes  reliefs  géologiques  que  possède  le 
Musée  de  l'École  Polytechnique  de  Zurich.  Mais  si  les  circons- 
tances ne  m'ont  pas  permis  de  bénéficier  de  la  saine  et  utile  critique 
que  m'aurait  adressée  le  grand  géologue  zurichois,  et  qui  aurait 
amené  un  peu  de  perfection  dans  mon  travail,  je  bénéficie  cepen- 
dant encore,  à  la  dernière  heure,  de  l'aide  si  aimable  et  si  cordiale 
de  l'auteur  du  «  Mechanismus  der  Gebirgsbildung.  )> 

De  même  qu*à  Paris,  mon  ami  si  dévoué  M.  Haug  m'a  apporté 
le  sec()Ui*s  de  sa  conviction  nouvelle,  de  même  mon  excellent  et 


DES   ALFE8    DU    CIIABLAIS    KT    DK    LA    SUISSE  8îl3 

vénéré  inalti*e  M.  Heim  me  donne  Tappui  de  sa  haute  autorité  et 
d'une  nouvelle  preuve  d'estime  en  m*autorisant  à  publier  la  lettre 
ci-dessous. 

Mon  mémoire  est  certes  criUquaJble  en  bien  des  points,  mais,  à 
voir  les  marques  d'encouragement  et  d'approbation  qui  me  sont 
témoignées,  je  crois  n'être  pas  trop  éloigné  de  la  réalité.  Ces  pages, 
écrites  si  hâtivement  en  quelques  semaines,  ne  doivent  être  consi- 
dérées que  comme  une  de  ces  lueurs  d'aurore  qui  annoncent 
l'approche  du  grand  jour. 

Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  ici  encore  un  de  mes  maîtres, 
le  professeur  F. -A.  Forel,  pour  l'aide  considérable  qu'il  m'a  pro- 
diguée pendant  ma  rédaction. 

Lausanne,  a  juin  190a. 


Lettre  ouverte  de  M.  le  Professeur  A.  Heim 
à  M.  le  Professeur  M.  Lugeon 

«  Mon  cher  Collègue, 

«  Après  que  vous  m'avez  exposé  votre  essai  d'explication  des 
plis  des  Alpes  calcaires  de  la  Suisse  et  après  les  discussions  que 
nous  avons  eues  ensemble,  j'ai  examiné  de  nouveau  la  plupart  de 
mes  observations  de  ces  dernières  années.  Je  ne  puis  pas  encore 
dire  que  je  sois  arrivé  à  une  conviction  définitive,  cependant 
j'incline  fortement  en  faveur  de  votre  manière  de  voir. 

«  Mes  raisons  sont  les  suivantes. 

«  Votre  théorie  des  plis  de  nos  Alpes  calcaires  m'explique  une 
quantité  de  faits  qui,  jusqu'ici,  étaient  restés  pour  moi  énigmati- 
ques.  Je  mentionne  principalement  les  suivants  : 

«  a)  Que  l'énorme  masse  de  Jurassique  du  Glarnisch-Ortstock- 
Kinzigi>ass  et  de  l'Urirothstock.  au-dessus  de  la  vallée  de  la  Reuss, 
se  termine  sans  racine  visible  et  que  la  terminaison  surnage  sur  du 
Néocomien  et  de  l'Eocène  plissés. 

«  b)  Que  je  n'ai  jamais  pu  trouver,  au-dessus  (soit  au  nord)  de 
la  ligne  synclinale  éocène  Sissikon-Pragelpass-Bâttlis-Leistkamm, 
les  traces  d'une  charnière  sud  au  pli  anticlinal  couché  qui  foniie 
les  pentes  créUiciques  avec  le  plongement  nord  de  leurs  couches. 

«  c)  Les  effrayantes  complications  sous  le  Glârnisch  et  au 
Schildy  que  j'ai  suivies  de  très  près  avec  M.  Oberholzer,  durant 


8il4  M.  LUGEON.  —  LES  GRANDES  NAPPES  DE  RECOUVREMENT 

ces  dernières  années,  semblent  èli'e  beaucoup  plus  compréhensibles 
en  se  basant  sur  votre  théorie. 

«  d)  Le  fait  que  les  faciès  crétaciques  et  éocènes  de  la  zone  du 
Bifertenstock-Galanda  ressemblent  davantage  à  ceux  de  la  chaîne 
nord  qu'à  ceux  de  la  zone  intermédiaire  du  Titlis-Windgâlle-Lin- 
thal,  où  le  Crétacique  est  très  réduit,  est  compi'éhensible  d'après 
votre  théorie. 

«  e)  Il  en  est  de  même  de  faits  relevés  par  Burckhardt  sur  les 
variations  des  faciès  crétaciques  des  deux  côtés  de  la  zone  éocène 
Sissikon-Bâttlis.  Les  deux  côtés  de  cette  zone  étaient  beaucoup 
plus  éloignés  à  l'origine  que  nous  no  Tavions  admis  jusqu'ici. 

«  f)  Depuis  que  MM.  Suess  et  M.  Bertrand  m'ont  exprimé  leur 
conviction  que  le  double  pli  glaronnais  devait  être  un  pli  unique 
venu  du  sud,  je  n'ai  perdu  aucune  occasion  de  chercher  à  ce 
propos  un  critérium  qui  jugeât  la  question. 

«  Mes  nombreuses  observations  anciennes  et  nouvelles  dans  la 
région  du  «  Lochseitenkalk  »,  c'est-à-dire  dans  le  flanc  médian 
renversé  de  ce  grand  chevauchement,  ne  m'ont  jusqu'ici  laissé 
reconnaître  que  des  masses  éocènes  entraînées  par  un  mouvement 
du  Verrucano  qui  les  surmonte,  vers  le  nord  et  jamais  vers  le  sud. 
C'est,  en  somme,  le  résultat  de  mouvements  relatifs  de  la  couver- 
ture du  Verrucano  vers  le  nord. 

«  g)  Le  fait  que  le  Lias,  qui  rappelle  beaucoup  les  schistes  des 
Grisous  dans  les  montagnes  au  sud  du  lac  de  Wallenstadt  et  au 
Kussalpealmpass,  dans  le  haut  Bisithal,  tandis  que  ce  teri*ain  est 
faiblement  développé,  ou  manque  même  totalement,  entre  la 
Windgàlle,  leTôdi  et  Vattis,  est  compréhensible  d'après  la  théorie 
de  MM.  M.  Bertrand,  Suess  et  Lugeon,  ce  qui  n'était  pas  le  cas 
jusqu'ici. 

«  h)  La  nouyelle  théorie  se  heurte  bien  à  quelques  difficultés  de 
détail  (Griesslock,  Zwôlfihorn,  etc.),  mais  elles  me  semblent  de  peu 
d'importance  et  seront  sans  doute  aisément  surmontables.  En 
revanche,  bien  des  [>oints  obscurs  ou  difficilement  compréhensibles 
qui  m'ont  arrêté  jusqu'à  présent  paraissent  résolus  (Uothstock 
avec  Panixerpass,  Gelberberg,  Neuenkatilm,  Mattstock,  terminai- 
son onentaie  des  Churfirsten,  etc.,  etc.).  « 

«  Pour  le  moment,  il  ne  s'agit  pas  ici,  du  reste,  des  détails  du 
phénomène,  mais  de  son  ensemble. 

«  Dans  le  détail  il  y  aura  peut-être,  ici  et  là,  des  modifications  à 
apporter  dans  les  raccords  que  vous  avez  établis  dans  les  nappes 
chevauchantes.   Ainsi,  par  exemple,  je  pense   que  la  chaîne  de 


DES   ALPES    DU    CHABLAIS    ET   DE    LA    SUISSE  8'j5 

la  Righihoehfluh  doit  ôlre  jointe  à  Tanticlinal  de  Morschach 
plutôt  qu'à  la  région  crétacique  au  sud  de  Fluelen,  etc. 

«  Ces  modifications  n'altéreront  cependant  pas  le  fait  principal, 
k  savoir  que  nos  i)lis  crctaciques  surnagent  sur  TEocène  et  que  leurs 
racines  sont  situées  au  loin,  vers  le  sud,  dans  le  voisinage  des 
massifs  centraux. 

«  Je  suis  très  heureux  de  pouvoir  vous  dire  que  votre  théorie 
m'apparaît  comme  une  lumière  nouvelle  qui  m'éclaire  sur  bien 
des  points  ;  c'est  [)our  moi  un  grand  plaisir  de  reprendre,  sous 
ces  points  de  vue  rajeunis,  l'étude  de  régions,  à  moi  si  connues  et 
qui  m'ont  occupé  si  longtemps. 

«  En  tout  cas,  votre  théorie,  si  étonnante,  presque  effrayante 
au  premier  abord,  mérite  Texamcn  objectif  le  plus  attentif.  On  a 
souri  jadis  quand,  dans  le  «  Mechanismus  der  Gebirgsbildung  », 
j'ai  parlé  du  double  pli  glaronnais  ;  ensuite  sont  venues  la  théorie 
des  Klippes,  puis  les  hardies  conceptions  de  M.  Schardt  sur  les 
charriages,  maintenant  arrivent  vos  surchei>auchements  (Ucber- 
ûberfaltung). 

«  On  peut  dire  aussi  que  dans  ces  études  successives  notre  esprit 
s'est  graduellement  exercé  à  concevoir  de  mieux  en  mieux  le 
mécanisme  de  la  formation  des  Alpes.  Les  nouvelles  théories 
se  sont  échafaudées  en  s'appuyant  sur  les  anciennes.  Mais  cela 
m'est  une  vraie  joie  personnelle  de  reconnaître  que  mes  élèves 
vont  plus  loin  que  moi  et  m'apprennent  à  accepter  des  idées  devant 
lesquelles  je  m'étais  jusqu'à  présent  arrêté. 

«  Zuricli,  3i  Mai  i()uu.  ' 

«  Alb.  IIeim  ». 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Séance  du  7  Janvier  1901  : 

Proclamation  d'un  nouveau  nienibre  :  M.  Eug.  Daniloff 5 

Néerologie  :  M.  Hugubnin. 5 

Élections 5 

Composition  du  Bureau  et  du  Conseil,  des  Comiriissions    .......  6 

Séance  du  21  Janvier  1901  : 

A.  BoisTBL.  —  Allocution 7 

L.  Cabbz.  —  Allocution  présidentielle 8 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  H.  Dallkmagnb,  P.-F.  Hou- 

DANT,  Savornin,  Emm.  Miqubl,  le  commandant  O.  Barré.   .   .  g 

E.  Van  den  Brobgk,  R.  Nicklbs.  —  Correspondance 9-10 

J.  Almera,  Pbron,  Louis  Bureau.  —  Présentations  d'ouvrages  ....    lo-ii 
Ph.  Glangbaud.  —  Sur  les  dômes  de  Saint-Cyprion  (Dordo^ne),  Fumel 

et  Sauveterre  (Lot-et  Garonne) 12 

G.-A.-F.  Molengraaff.  —  Géologie  de  la  République  Sud-Africaine  du 

Transvaal  (19  fif(*  dans  le  texte,  PI.  I-U)  .        i3 
P.-G.  de  RouviLLB.  —  Une  solution  paléontologique.  —  Le  Néogène  sur 

la  feuille  de  Montpellier  (4  J/g"*  dans  le  texte).        <)3 
Léon  Bertrand.  —  Sur  l'âge    des   roches   éruptives  <lu  cap   d'Aggio 

(Alpes-Maritimes) .        96 

E.  PouRNiBR.  —  Etude  sur  la  tectonique  du  Jura  franc-comtois  (i^  Jlg- 

dans  le  texte) 97 

A.  JoLEAUO.  —  Contribution  à  l'étude  de  l'Infrarrétacé  à  faciès  vaseux 

pélagique  en  Algérie  et  en  Tunisie  (4  fig-  cl  ^  cartes 

dans  le  texte)    . ii3 

M.  MiEG.  —  Note  sur  le  fonçage  du  puits  Arthur  de  liuyer,  exécuté  par 

la  Société  des  houillères  de  Ronchamp  (Haute-Saône).  147 

Séance  du  4  Février  1901  : 

Nécrologie  :  M.  G.-A<1.  Chatin 15^ 

A.  ToucAs.  —  Sur  l'évolution  des  Hippurites 1^4 

DouviLLK.  —  Sur  im  Foraminifère  d'Egypte  communic[ué  ]mr  M.  Forii- 

TAU  (rectification  à  la  communication  du  ly  Décembre 

ipoo) i5(î 

P.  Tbrmier.  —  Études  lithologiques  dans  les  Alpes  françaises 107 

P.  LoRY.  —  Quelques  observations  dans  la  partie  méridionale  de  la 

chaîne  de  Belledonne  (Alpes  dauphinoises)  {4  fiS'  dans 

le  texte) i;9 

L.  Thiot.  :—  Sur  la  découverte  d'un  Hhynchoteuthis  dans  le  Sénonien 

des  environs  de  Beauvais  (/  fi  g,  dans  le  texte) 184 


SaS  TABLE    GENERALE    DES   MATIERES 


Séance  du  25  Février  1901  : 


\ 


Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  J.  Pbthô,  F.  Bonnes,  A.  de 

HicnARD,  H.  DouxAMi i85 

A.  de  Lapparbnt.  —  A  propos  des  découverles  de  M.  Amalitzky  en 

Russie i86 

E.  Hauo,  Zrillbr.  —  Observations i86 

A.  de  Lappauent.  —  Découverte  d'un  Ecliinide  nouveau  dans  le  Sahara 

oriental      * i^ 

Léon  Bertrand.  —  Découverte   d'un  squelette  de   Mammouth   dans 

l'Ariège 187 

KiLiAN.  —  Sur  la  fréquence  de  certains  UhacophylliUa  dans  le  Lias 

moyen  des  Alpes  de  Savoie .      187 

Sacgo.  —  Sur  les  couches  à  Orbitoïdes  du  Piémont  ...       188 

V.  Gautuier.  —  Contril>ution  à  Tétude  des  Echinides  fossiles  (PI.  III).       189 
P.  Flighe.  —  Un  nouveau  Cycadeoidea  {i  fig-  dans  le  texte).  .....      193 

Séance  du  4  Mars  1901  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  Jacob,  P.  Yingry,  Léoiiold 

Miguel,  L.  Mbngaud.  L.  Boistbl,  Sguardt 197 

Stanislas  Meunier.  —  Ori{çine  de  l'argile  à  silex 197 

Ch.  Dbpbrbt.  —  Revision  des  formes  européennes  de  la  famille  des 

Hyracotliéridés  (PI.  rV-V) *.   .       199 

P.  Lbbbsgonte.  —  Sur  Texistence  du  Dévonien  moyen  dans  Tllle-et- 

Vilaine aaô 

Séance  du  18  Mars  1901  : 

Fibld.  —  Les  travaux  du  Concilium  Bibliographicam 3a6 

A.  TouGAS.  —  Sur  révolution  des  Hippurites 237 

E.  de  Margbrib.  —  Notice  sur  le  nouveau  classement  de  la  bibliothèque 

de  la  Société  géologique  de  France 2^9 

D.-P.  Œhlbrt.  —  Fo.s8iles  dévonicns  de  Santa-Lucia  (Pro\ince  de  Léon, 

Espagne).  Deuxième  partie  (ta  flg,  dans  le  texte^ 
PI.  VI) a» 

Séance  du  1«'  ATrif  1901  : 

Proclamation  d'un  membre  :  M.  P.  Espinas ^  .  a5i 

Albert  Gaudry.  —  Sur  les  découvertes  de  M.  Amalitieky  en  Russie.  .  a5i 

E.  de  Martonnb,  Emm.  de  Margbrib.  —  Présentations  d'ouvrages.  .   .  a5i 
Aug.  DoLLOT.  —  Sur  les  travaux  en  cours  d'exécution  du  Métropolitain 

de  Paris,  entre  la  Place  de  l'Étoile  et  la  Place  de  la 

Nation,  par  les  boulevards  extérieurs u5a 

Séance  du  15  Avril  1901  : 

Proclamation  d'un  membre  :  M.  E.-E.  Longlas ai>3 

Répertoire  international  de  bibliographie  scientifique a53 

P.  LoRY.  —  Présentation  d'ouvrages a53 

W.  KiLiAN.  —  Découverte  de  calcaire  à  Nummulites,  dans  le  petit  syn- 
clinal de  la  Gourre,  près  de  Séderon  (Drôme).  ....  a54 
P.  LoRY.  —  Observations  stratigraphiques  dans  le  Nord  du  Massif  du 

Vercors ii55 


TABLR   GÉNÉRALE   DES   MATIÈRES  8^9 

F.  KxRFORNB.  —  Discordance  du  Cambrien  sur  le  Précambrien  près  de 

Rennes  {i  fig^  dans  le  texte) 258 

Cari  ScHMiDT.   —  Observations  géolo^ques   à   Sumatra   et  à  Bornéo 

(3tif^.  dans  le  texte) 260 

Séanoe  du  6  Mai  1901  : 

Nécrologie  :  M.  Henri  Portkret  ........  2O8 

J.  Bbrorhon.  —  Observations  à  la  note  de  M.  G.  Schmidl a(>8 

D*  Labat,  E.  Haug,  G.  Ramond.  —  Présentations  d'ouvrajçes 269-271 

D'  Imbbaux,  J.  Bbkgekon,  G.  Dollfus,  Kutot,  K.  Van  i>kn  Brokgk,  G. 
Ramond,  Léon  Janrt.  —  Présentations  «l'ouvrages  et  observa- 
tions sar  C alimentation  des  villes  en  eau  potable 268-271 

G.  Dollfus.      Présentation  d'une  note  sur  Tétage  eénomanien  en  Angle- 

terre   ^       270 

A.  Bigot.  —  Sur  Tâge  des  seliistes  du  Rozel  (Manche)  {i  Jiff.  dans  le 

texte) 272 

Séance  du  20  Mai  1901  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  Luigi  Skguknza,  Broukt.  .  274 

L.  Gentil,  D' A.  Labat.  —  Présentations  d'ouvrages. 274 

G.-F.  Dollfus.  —  Un  nouveau  gisement  de  Cardita  striatissima  Nyst. 

et  l'étage  Redonien .  275 

Bouhgrat.  —  Sur  un  filon  de  minerai  de  zinc  dans  la  Combe  «les  Prés 

(Jura) 277 

Séance  générale  annuelle  du  30  Mai  1901  : 

A.  de  Lapparbnt.  —  Allocution  présidentielle 278 

In.  —  Nécrologie  :  MM.  l'abbé  Bardin,  H.  Bécot,  D'  Br- 

ZANgoN,  le  R.-P.  Blot,  Cambré,  H.-B.  Grinitz, 

GrOUS.SRLLB  DR  HlANGUBFAGB,  JaGOR,  HUGI'BNIN, 

1)'  p.  Marks,  Mauion,  Alphonse  Milnb-Edwaros, 
Rrvblibrb,  Tardy,  TniKRY,  de  Vassart  d'Ho- 

ZIKR,  PaRANDIBR. .    280-281 

11).  —  Rapport  au  nom  de  la  Sous-C^ommission  du  Prix 

Fontannes,  attribution  du  prix  à  M.  Paquibr  .      284 

Paquibr.  —  Remerciements 27r» 

Paquibr  et  Zlatarski.  —  Sur  l'Age  des  couches  urgoniennes  de  Bulgarie      286 
Paquibr.  —  Comparaison  des  faunes  de  Rudistes  urgoniens  de  Bul- 
garie, de  Suisse  et  de  France 28() 

Seunbs  et  Kbrfornk.  —  Observations  sur   un   gisement  tertiaire  des 

bords  de  la  Vilaine  aux  environs  de  Rennes.      -jH- 
G.  Dollfus.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  MM.  Sennes  et  Ker- 

forne   . 287 

E.  Van  dkn  Brorck.  —  Ktat  actuel  en  Belgique  de  l'étude  des  corréla- 
tions grisouto-sismiques 'jHH 

Séance  du  3  Juin  1901  : 

Nécrologie  :  M.  G.  Lindstrôm .   .  v)] 

P*-P.  MoRBNO.  —  Présentation  d'ouvrage ...  •j<)4 

G.  Dollfus.  —  Présentation  d'une  brochure  :  Note  géologique  sur  les 

eaux  de  Rouen 294 


0         0 


83o  TABLE  GENERALE  DES  MATIERES 

I^on  Jaivbt.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  M.  Dollfos   ....  296 

LcBBSGONTR.  —  Sur  la  position  des  schistes  du  Rozel  (Manche).    .   .  996 
De  Lamotuk.  —  Étude  comparée  des  systèmes  de  terrasses  des  vallées 

de  lisser,  de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du  Rhône  (ijfig^ 

dans  lé  texte) ai)7 

E.  Haug.  g.  Dollpus.  —  Observations 383-384 

W.  KiLiAN  et  P.  Trrmibk.  —  Nouveaux  documents  relatifs  à  la  géologie 

des  Alpes  françaises  i4fig'  dtmB  le  texte).  385 

Ë.  Haug.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  MM.  Kilian  et  Termier.  4^ 

Séance  du  17  Juin  1901  : 

Proclamation  d*un  nouveau  membre  :  M.  Louis  Rambauo 4^1 

Nécrologie  :  M.  Blbighbh .  4^1 

G.  D0LLFU8.  —  Présentation  du  moulage  d'un  remarquable  échantillon 

de  Venus  fatlax 4** 

O.  Bahrk.  —  Sur  la  morphog^nie  de  la  région  de  Fontainebleau.  ...  im  . 
BouHOBAT.  —  Sur  le  Dévonien  de  Taillefer  et  le  Carbonifère  de  Visé 

(Belgi({ue)  (a  Jig.  dans  te  texte) 4^ 

Ëdm.  Pkllat.  —  L*Aptien  des  environs  d'Uzès  (Gard) ^   .  4^ 

A.  de  Grossouvrb.  —  Contribution  à  la  géologie  des  Corbières.   .   .  .  4^ 
Id.                —  Nouvelles  obser\'ations  sur  le  terrain  à  silex  du 

sud-ouest  du  bassin  de  Paris ^31 

K.  Fallut.  —  Sur  Textension  de  la  mer  aquitanienne  dans  TEntre- 

Deux-Mers  (Gironde)  {2  Jig,  dans  le  texte) 433 

li>.        —  Un  nouveau  sondage  artésien  à  Bordeaux-la-Bastide.  .  4^8 

Séance  du  4  Novembre  1901  : 

A.  GAi'imY.  —  Présentation  d'un  mémoire  de  M.  Capi*llini,  sur  la 

découverte  d*un  Cétaoé  fossile  à  San-Marino  ....      4^9 
li>.  — .  Présentation  d'une  note  :  Sur  la  similitude  des  dents  de 

V Homme  et  de  quelques  animaux 4^9 

(]os.sMAN>',  A.  de  Lapparknt.  —  Présentations  d*ouvrages 44^4' 

H.  DouviLLK.  —  Présentation  d'échantillons  de  Rudistes  provenant  du 

Petit-Caucase  et  de  la  rive  droite  de  TEuphrate,  près 

de  Keban 44' 

H.  DALLKMACiNK.  —  Le  crcusenient  de  la  vallée  de  la  Bidassoa  ....      44^ 
Sayn  et  RoMAN.  —  Composition  du  Barrèmien  sur  la  rive  droite  du 

Rhône  dans  la  région  de  Viviers 44^ 

A.  GrKBnARi).  —  Sur  le  graphisme  de  la  carte  du  sud-ouest  des  Alpes* 

Maritimes 444 

li>.  —  Note  sur  la  limite  méridionale  du  Néocomien  dans 

les  Alpes-Maritimes ^bi 

H.  Thomas.  —  Sur  Texistence  du  Lutétien  supérieur  dans  la  vallée  de 

la  Seine,  entre  Villenauxc  et  Montereau,  et  à  Villiers- 

Saint-Gcorges,  au  nord  de  Provins ^hS 

K.  Hahlk.  —  Vu  crâne  de  Bœuf  musqué,  des  Eyzies  (Dordogne)  (i  Jig» 

dans  le  texte) 4^5 

Cil.  Sgulumukhgkr.  —  Première  note  sur  les  Orbitoldes  (PI.  VIl-IX).  .      4^ 
II.  DorviLLK.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  M.  Schlnmberger.      4^ 


TABLE   (wÉNÉRALE   DES   MATIERES  83l 


Séanoe  du  18  NoTembre  1901  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  René  de  Lamothb,  J.-M.  Bel, 

le  comm*  AzAma 4^ 

Karl  A.  von  Zittbl  et  D.-P.  Œiilert.  —  Présentation  dejiches  d'essai 

de  la  réédition  des  types  d'espèces  fossiles  ^6S 

DouxAMi,  Lavillk,  G.-F.  Dollfi's.  —  Présentations  d'ouvrages  ....  4^) 

H.  DouviLLR.  —  Sur  un  calcaire  siliceux  de  la  Brèche  du  Chablais.   .  4^ 

Pbron.  —  Au  sujet  d'une  roche  de  la  Puisaye  (Yonne). 47® 

H.  DouviLLB.  —  Observation  au  sujet  de  la  note  de  M.  Peron 47^ 

Y.  Paquibr.  —  Sur  la  faune  et  l'âge  dos  calcaires  à  Rudistes  de  la 

Dobrogca 4"'^ 

H.  DouviLLB.  —  Observation  au  sujet  de  la  note  de  M.  Paquier  ....  474 
V.  Paquibr.  —  Sur  les  relations  du  groupe  inverse  avec  le   groupe 

normal  chez  les  Chaniacées 474 

R.  Sbvastos.  —  Sur  l'origine  des  Klippes  des  Carpathes". 47^ 

F.  Pribm.  —  Sur  les  Poissons  de  l'Eocène  inférieur  des  environs  de 

Reims  (lofig,  dans  le  texte,  PI.  X  et  XI) 477 

A.  Gaudry.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  M.  Priem  .....  5o4 
A.  Pbrôn.  —  Les  étagfes  crétaciques  supérieurs  des  Alpes-Maritimes 

{a  fig.  dans  le  texte) ^ 5o5 

TouGAS.  —  Obser\'atioiis  à  propos  de  la  communication  de  M.  Peron.  536 

Séance  du  2  Décembre  1901  : 

Proclamation  de  nouveaux  membres  :  MM.  l'abbé  Dklrpine,  G.  Gardk, 

Robert  Douvillé,  Migubl-Léw 537 

Pichbur.  —  Nécrologie  :  M.  Pouyawwb 537 

Ph.  NtoRis,  NiGKLBS,  AuTHBLiN.  —  Présentations  d'ouvrages 538-53g 

A.  GuÉBHARD.  —  Deux   lambeaux   de  Miocène  lacustre   sur  la  rive 

gauche  de  la  Siagne,  commune  de  St-Cézaire  (A.-M.)      539 
In.             —    Un  horizon  supérieur  du  Crétacé  dans  le  départe- 
ment du  Var 54o 

1d.  —  Faciès  inférieur  du  Miocène  à  Saint- Jeannet  (A.-M.).      54o 

V.  Paquibr.  —  Sur  la  faune  et  l'âge  des  calcaires  à  Rudistes  de  la 

Dobrogea,  observations 54 1 

Id.  —  Observations  au  sujet  de  la  note  de  MM.  Sayn  et  Roman  : 

Composition    du    Barrèrnien  sur  la  rive  droite  du 

Rhône,  dans  la  région  de  Viviers 5^i 

H.-E.  Sauvagb.  —  Les  Pycnodontes  du  Jurassique  supérieur  du  Bou- 
lonnais (PI.  XH) :>4a 

M.  BouLB.  —  Revision  des  espèces  européennes  de  Machairodus  {t pjif^* 

dans  le  texte) .*>.')i 

A.MiCHALBT. —  Le  Cénomanien  des  environs  de  Toulon  et  ses  Kchinides      .■>74 
Léon  Janbt.  —  Conférence  sur  V alimentation  des  villes  en  eau  potable 

par  la  méthode  des  sources  artificielles r>H<i 

Imbbaux,  Doursault,  g.  Dollfus,  Babinkt,  Bigot.  —  Of>servutions        59^-594 

Séance  du  16  Décembre  1901  : 

Proclamation  de  nouveaux   membres  :  M.  Le  (^oufi'ky  dk  la  Fokkst, 

M.  Bourdon 596 

Albert  Gaudry.  —  U  Okapi  de  l'Ouganda  et  V  Helladotherium  de  Pikermi      095 


832  TABLE   GÉNÉRALE    I>ES   MATIERES 

G.  de  Angrlis  d'Ossat,  G.  Dollfuh  et  Ph.  Dautzbnbbrg.  —  Présentations 

d'ouvrages 

Km.  Haug.  —  Sur  le  pli  couché  des  Diablerets 

H.  DouviLLÉ.  —  Rapport  de  la  Coniniission  de  Comptabilité 

A.  TiiKVKMPC.  —  Sur  la  découverte  d* Arachnides  dans  le  terrain  houiller 

de  Commentry  (PI.  XIII) 6or>  - 

A.  GuKBiiAHD.  —  Sur  la  théorie  génétique  des  apparitions  singolières 

(Paccidcnts  récents  en  plein  Jurassique   inférieur 
dans  le  sud-ouest  des  Alpes-Maritimes  (6  fig.  et 

une  carte  dans  le  texte) 6ia 

A.  de  Lappakrnt,  Haug.  —  Observations  à  proiios  de  la  communica- 
tion de  M.  Guébhard Ga3 

R.  FoiiRTAi'.  —  Notes  pour   servir  à    Tctude   des   Ëchinides  fossiles 

d'Egypte fti3 

H.  DouviLLK.  —  Eocène  de  Royan 627 

A.  de  Lapi'ahrnt.  —  Observation  à  propos  de  la  communication  de 

M.DouvUlé 636 

Ch.  Hakrois.  —  Note  sur  les  Graptolites  de  la  Catalogue  et  leurs  rela- 
tions avec  les  étages  graptoli tiques  de  France  .   .  .      63; 
Em.  Chankl.  —  Quelques  remarques  sur  les  phénomènes  orogéni(|aes  et 

la  formation  des  grottes  et  des  cluses  dans  le  Jura 
méridional 6)6 

0 

CossMANN.  —  Sur  quelques  grandes  Vénéiicardes  de  PEocène  (4  fig' 

dans  le  texte),  . 65i 

A.  BoisTBL.  —  Quelques  coupes  du  Miocène  de  la  Bresse  dans  l'anse 

du  Bas-Bug^y  {y  fig*  dans  le  texte) .      65; 

COMPTK-RKNDU  DR  LA  RÉUNION  RXTRAORUfNAIRB  DR  LA  SoCIKTK 
GÉOLOGIQUR  A  i^AUSANNB  KT  DANS  LB  GhABLAIS  BN  I90I 

Liste  des  membres  ayant  pris  part  à  la  Réunion  extraordinaire  de  1901.      677 

Programme  des  excursions 678 

Bibliographie  concernant  la  Réunion  extraordinaire 680 

Séance  da  3  Septembre  1901,  à  Lausanne  : 

Léon  Carkz.  —  Allocution 681 

Constitution  du  Bureau 683 

E.  Rbnbvirr.  —  Allocution 683 

L.  Carbz.  —  Nécrologie  :  M.  dr  Limur.  —  Présentation  du  C.-R.  du 

Congrès 68a 

Proclamatiim  d'un  nouveau  membre  :  M.  Edw.  Jorissbn 68a 

M.  LuGBON.  —  Allocution  présidentielle 683 

L.  R0LI.IBR.  —  Sur  l'âge  du  conglomérat  subalpin  ou  Nagelfiuh  de  la 

Suisse. 684 

Séance  du  5  Septembre  1901 ,  à  Champéry  : 

M.  LuGKo.N.  —  Compte-rendu  de  l'excursion   du  3  septembre  dans  les 

environs  de  Lausanne  (r  fig>  dans  le  texte) 686 

Id.         —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  4  septembre  de  Ouchy 

k  Monihcty  {I  Jig.  dans  le  texte) 688-6^ 

H.  DouviLLR,  Doux  AMI.  —  Obscrvatlotts 690 


-X» 


K=.3 


TABLE   OKNKRALE   DES   MATIERES  833 

M.  LuoBON.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  5  septembre  dans  les 

environs  de  Monthey  et  de  Monthey  à  Champéry .   6911-695 

H.  Douviixit,  Hauo,  Douxami.  —  Observations   .   .   .  ' 693 

Stkinmann.  —  Observations 69^ 

Séance  du  7  Septembre  1901,  à  Thonon  : 

M   LuoRON.  —  Compte-rendu  de  Texcursion  du  6  septembre,  de  Cham- 
péry à  Morgins iyç/ii 

Id.         —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  7  septembre  dans  les 

environs  de  Morj^ins. (k>8-7o4-7o5 

W.  KiLiAN.  —  Observations 7» 

Em   Hauo.  —  Observations 70a 

ScHMiDT.  —  Observations "tkj 

STBUfMANN.  —  Observations 700 

Séance  du  9  Septembre  1901,  à  Morzine  : 

M.  LuGRON.  — ^  Compte-rendu  de  Texeursion  du  8  septembre,  de  Thonon 

à  Saint-Jean-d'Auiph 7o6-7(M) 

Jean  Brunhbs.  —  Observations 708 

M.  LuGBON.  — -  Compte-rendu  de  Texcursion  du  9  septembre,  de  Saint- 

Jean-d'Aulph  à  Morzine  (/  Jîg,  dans  le  texte),   .  710-713-714 

Rbymond,  Stkinmann,  Schmidt.  —  Observations 7x3 

Brunhks.  —  Observati(»ns 714 

RitviL.  —  Observations 7i5 


Séanqe  du  11  Septembre  1901,  à  Taninge  : 

M.  LuGRox.  —  Compte-rendu  de  Texcursion  du  10  septembre,  de  Mor- 
zine à  Taninge 71G 

Id.         — Compte- rendu  de  iVxcursion  du  11  septembre  dans  les 

environs  de  Taninge 716-717-718 

lUtviL,  Douxami.  —  Obser\'ations  ^ 717 

DouvillA.  —  Observations 718 

L.  Carbz  —  Allocution 718 

RAviL  —  Allocution 719 

LuoBON.  —  Allocution      7ao 

H.  PrrisVrrk.  —  Note  sur  le  Hhétien  et  le  Lias  du  col  de  Coux  (Val 

iïl\\\tz)(i  fig.  dans  le  texte) 721 

M.  LuGRON.  —  Les  grandes  imppes  de  recouvrement  des   Alpes  du 

Chablais  et  de  la  Suisse  {i^fig.  dans  le  textes  pi.  XIV- 

XVU) 7^3 

A.  Hbim.  —  Lettre  ouverte  à  M.  M.  Lugeon 8!i3 

Tables 8-^7 

Date  de  publication  des  fascicules  qui  composent  It*  t.  I  (4'  série)  .   .   .  8O0 

Errata 8(j<) 


FIN   UB   la   TABLK   GÂNéRALK   DBS   MATIKHKS 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 


A 


Afçgio.  Sur  Tâge  des  roches  éruptives 
du  cap  d*— ,  pnr  M.  Léon  Bertrand, 

Algérie.  Contribution  à  Tétude  de 
llnfracrétacé  à  faciès  vaseux  péla- 

S'qje  en  —  et  en  Tunisie,  par 
.  A.  Joleaud,  97.  —  Etude  comr 
parée'  des  systèmes  de  terrasses 
des  vallées  de  Tisser  (--),  ^^  ^^ 
Moselle,  du  Rhin  et  du  Rhône,  par 
M.  de  Lamothe,  «J97. 

Allocutions.  M.  Boistel,  7;  M.  Garez, 
8,  681,  718  ;  M.  de  Lapparent,  a^8  ; 
M.  Lugeon,  683,  71»;  M.  Renevier, 
682  ;  M.  RéviL  719. 

Almbra  (Jaime).  Envois  d'ouvrages, 
10. 

Anorlis  d*Os8AT.  Présentation  d'ou- 
vrage, 595. 

Alpes.  Etudes  litholoeiques  dans  les 

—  françaises,  par  M.  Pierre  Ter- 
mier,  167.  —  Quelques  observations 
dans  la  partie  méridionale  de  la 
chaîne  de  Belledonne  (—  dauphi- 
noises), par  M.  Lory,  179.  —  Sur  les 
Rhacophylliies  du  Lias  des  —  de 
Savoie,  par  M  Kilian,  187.  —  Nou- 
veaux documents  relatifs  à  la  géo- 
logie des  —  françaises,  par  MM. 
Kilian  et  Termier,  385  —  Réunion 
extraordinaire  de  la  Société  géolo- 
gique de  France  à  Lausanne  et 
dans  les  —  du  Chablais,  par  M.  M 
Lugcon,  677.  —  Les  grandes  nappes 
de  recouvrement  des  -  du  Chablais 
et  de  la  Suisse,  par  M.  M.  Lugeon 
(pi.  XIV-XVII),  7îi3. 

Alpes-Maritimes.  Sur  le  graphisme 
de  la  carte  du  sud-ouest  des  —,  par 
M.  Guébhard,  4M-  —  Note  sur  la 
limite  méridionale  du  Néocumien 
dans  les  -,  par  M.  Guébhard,  ^5i. 

—  Les  étages  crélaciques  supé- 
rieurs des  — ,  par  M.  Peron,  5o5.  — 
Lambeaux  de  Miocène  lacustre  sur 


la  i^ve  gauche  de  la  Stagne  (— ), 
par  M.  Guébhard,  53q.  —  Sur  uo 
faciès  inférieur  du  Miocène  infé- 
rieur, par  M.  Guébhard,  540.  — 
Sur  la  théorie  çénetique  des  appa- 
ritions singulières  d'accidents  ré- 
cents en  plein  Jurassique  inférieur 
dans  le  sud-ouest  des  — ,  par 
M.  Guébhard,  6ia. 

Aptien.  L* —  des  environs  d*Uxès 
(Gard),  par  M.  Pellat,  t^. 

Aquitanien,  Sur  Textension  de  la 
mer  -  ne  dans  i*Entre-deux  Mers 
(Gironde),  par  M.  Fallot,  433. 

Arachnides.  Sur  la  découverte  d'— 
dans  le  terrain  houiller  de  Com- 
mentry,  par  M.  Theveniu  (PI.  XIII), 
606. 

Argile  à  silex.  Origine  de  V — ,  par 
M.  Stanislas  Meunier,  197. 

Ariège.  Sur  la  découverte  d'un  Mam- 
mouth dans  r — ,  par  Bl.  Léon  Ber- 
frand,  187 

AuTHBUN.  Présentation  d'ouvrage, 
539. 


B 


Babinbt.  Observations  à  la  confé- 
rence de  M.  Janet  sur  l'alimenta- 
tion des  villes  en  eau  potable,  593. 

Bardin.  Nécrologie,  a8o. 

Barré  (Commandant  O.).  Sur  la 
morphogénic  des  environs  de  Fon- 
tainebleau, 431. 

Barrèmien,  Composition  du  ~  sur 
la  rive  droite  du  Rhône  dans  la 
région  de  Viviers,  par  BfM.  Sayn 
et  Roman,  44^* 

Barrois.  Note  sur  les  Graptolites  de 
la  Catalogne  et  leurs  relations  avec 
les  étages  graptolitiques  de  France, 
637. 


TABLE  ALPH\BKTIQl'fi   DRS   MATIÂRRS   KT    I>RS    AUTEURS  835 


Beanooia,  Sor  la  découverte  d'un 
Rhjmehoieuthis  dans  le  Sénonieu 
des  environs  de  —,  par  M.  L.  Thiot, 
i8$. 

BÉGOT.  Nécrologie,  980. 

Belgique  État  actuel  en  —  de  Tctude 
des  corrélations  grisouto-sismi- 
ques,  par  M.  Van  den  Broeck,  a88. 
—  Sur  le  Dévonicn  de  Tailh'fer  cl 
le  Carbonifère  de  Visé  (— ),  par 
M.  Bourgcat,  4^'^* 

BeUedonne.  Quelques  observations 
dans .  la  partie  méridionale  de  la 
clinlne  de  —  (Alpes  dauphinoises), 
par  M.  P.  Lory,  179. 

Bbrorron.  Présentation  d'ouvrages, 
968.  —  Observation  à  uropos  des 
gisements  de  pétrole,  ao8. 

Bbrtrand  (Léon).  Sur  FAge  des  roches 
éruptives  du  cap  d'Aggio,  96.  — 
Sur  la  découverte  d*un  Mammouth 
dans  rArlège,  187. 

Bbzançon.  Notice  nécrologique  sur 
—,  a8o. 

Bibliothèque.  Notice  sur  le  nouveau 
classement  de  la  —  de  la  Société 
^éologi(|ue  de  France,  par  M.  de 
Margerie.  399. 

Bidassoa.  Le  creusement  de  la  vallée 
de  la  —,  par  M.  H.  Dallemagnc,  ^4^. 

Bigot.    Sur    Tâge    des    schistes    du 

•  Rozel  (Manche^,  072.  —  Obser\'a- 

tions  à  la  conférence  de  M.  Janet 

sur  Talimentation  des  villes  en  eau 

potable,  593. 

Blrigubr.  Nécrologie,  4^0. 

Blot  (R.«P.)   Nécrologie,  2180. 

Bœuf  musqué»  Un  crâne  de  —  des 
Eyzies  (Dordog^e),  par  M.  Harlé, 

.454. 

Boi8TBl(A.).  Allocution,  7.  — Obser- 
vation, 276.  —  Quelques  coupes  du 
Miocène  de  la  Bresse  dans  Tan  se 
du  Bas-Bugey,  657. 

Bornéo,  Observations  géologiques  ù 
Sumatra  et  à  —,  par  M.  Cari 
Schmidt,  260. 

Boulr  (Marcellin).  Hevision  des 
espèces  européennes  de  Mac  fiai- 
roaoê,  55i. 

Boulonnais.  Les  Pycnodontes  du 
Jurassique  supérieur  du  —,  par 
M.  Sauvage  (PL  XU),  b^u. 


BouROBAT.  Sur  un  filon  de  minerai 
de  zinc  dans  la  Combe-des-Prés 
(Jura),  277.  —  Sur  le  Dévonien  de 
Taillefer  et  le  Carbonifère  de  Visé 
(Belgique),  4a3. 

BouRSAULT.  Observations  à  la  confé- 
rence de  M.  Jnnet  sur  Talimenta- 
tion  des  villes  en  eau  potable.  592, 
594. 

Brosse.  Quelques  e<)U[)es  du  Miocène 
de  la  —  dans  Tanse  du  Bas-Bugey, 
par  M.  Boistel,  657. 

Brunhbs  (Jean).  Réunion  extraordi- 
naire de  la  Société  géologi<]ue  à 
Lausanne  et  dans  le  Chantais. 
Observations,  708,  714.  * 

liufrer.  Quelques  coupes  du  Miocène 
de  la  Bresse  dans  l'anse  du  Bas — , 
par  M.  Boistel,  657. 

Bulgarie.  Sur  Tâge  des  couches  urgo- 
niennes  de  —,  par  MM.  Paquier  et 
Zlatnrski,  28<>.  -  Comparaison  des 
Hudistesurgoniens  de  — ,  de  Suisse 
et  <le  France,  par  M   Paquier,  286. 

Bureau.  Composition  du  —  de  la  So- 
ciété géologique  de  France.  <>.  — 
Composition  du  —  de  la  Réunion 
extraordinaire  à  Lausanne  et  dans 
le  Chablais,  G82. 

BrRRAU  (Louis).  Présentation  d'ou- 
vrage, II. 


c 


Caen,  L'Académie  des  sciences,  arts, 
belles-lettres  de  —  communique 
le  sujet  du  prix  IjS  Sauvage  pour 
1904»  595. 

Camhrien.  Discordance  du  —  sur  le 
Précambrien,  près  de  Rennes,  par 
M.  Kerforne,  208. 

Camkrr.  Nécrologie,  280. 

(Carbonifère.  Sur  le  Dévonien  de  Tail- 
lefer et  le  —  de  Visé  (Belgique), 
par  M.  Bourgeat,  4^3. 

Cark/  (Léon).  Allocution  présiden- 
tielle, 8.  —  Réunion  extraordinaire 
de  la  Société  géologique  à  Lausanne 
et  dans  le  Chablais,  allocution,  681, 
718;  Néer«>logie  :  M.  de  Liniur,  682; 
Présentation  des  C.-R.  du  Congrès 
géologi<jue  de  1900,  (k^u 

(Uirpathes,  Sur  Torigine  des  Klip|>es 
<les  —  par  M.  Sevastos,  47^. 


830  TAULE    ALPUABKTIQIIK    DES    MATIKRES   ET   DES   AUTEUHS 


Catalogne.  Note  sur  les  Graptolites 
de  la  —  et  leurs  relations  avec  les 
étages  ffraptolitiques  de  France, 
par  M.  Barrois,  G37. 

(Caucase,  Présentation  d*Hippurites 
du  Petit-  - ,  par  M.  H.  Douviflé;  461. 

Cénomanien.  Présentation  d'une  note 
sur  rétajçc  —  en  Angleterre  par 
M.  Dollfus,  270.  —  Le  —  des  envi- 
rons de  Toulon  et  ses  Echinides, 
par  M.   Miclialet,  67^. 

Célacé,  Présentation  d'une  note  sur 
un  —  fossile  de  San  Marino,  par 
M.  (iaudry,  439. 

(ihablais.  Sur  des  calcaires  à  Radio- 
laires du  —,  par  M.  H.  Douvillé, 
4O9.  —  Héunion  extraordinaiie  de 
la'Société  géologique  de  France  à 
Lausanne  et  dans  le  —  en  1901 
(PI.  XIV-XVII),  «7:  -  Les  grandes 
nappes  de  recouvrement  des  Alpes 
du  —  et  de  la  Suisse,  par  M.  M. 
Lugeon  (PI.  XIV  XVll),  723. 

Chamacées,  Sur  les  relations  du 
groupe  inverse  avec  le  groupe  nor- 
mal chez  les  —,  par   M    Paquier, 

474. 

Chanbl.  (Quelques  remarques  sur  les 
phénomènes  orogéniques  et  la  for- 
mation des  grottes  et  des  cluses 
dans  le  Jura  méridional,  G46. 

Chatin  (G.- Ad.).  Nécrologie,  154. 

Conibe-des-Préa,  Sur  un  (îlon  de 
minerai  de  zinc  dans  la  —  (Jura), 
par  M   Bourgeat,  277. 

Commentrjr,  Sur  la  découverte  d'A- 
rachnides dans  le  terrain  houiller 
de  —,  par  M.  Armand  Thevenin 
(PI.  XIII),  6o5. 

(JommiHsions  (Composition  des),  6. 

Comptabilité.  Rapport  de  la  Com- 
mission de  —,  par  M.  H.  Douvillé, 
598. 

Conseil  (Composition  du).  0. 

(Jorbièt'es,  Contribution  à  la  géologie 
des  —,  par  M.  de  Grossouvre,  43o. 

CossMANN.  Présentation  d'ouvrage, 
440.  —  Sur  quelques  grandes  Véné- 
ricardes  de  rEocène,  (>52. 

Crétacique,  Les  étages  —s  supérieurs 
des  Alpes-Maritimes,  par  M.  Peron, 
5o5.  —  Existence  de  —  supérieur 


dnns  le  nord-est  du  Var,  par  IL 
Guébhard,  540.  —  Le  Cénomanien 
des  environs  de  Toulon  et  ses 
Echinides,  par  M.  Michalet,  674. 

Cjrcadeoidea,   Un   nouveau  — ,    par 
M.  Fliche.  193. 


1) 


Dallbmagnb.  Le  creusement  de  la 
vallée  de  la  Bidassoa,  44^ 

Dautzbnberg.  Présentation  d'ou- 
\Tage,  596. 

Davy.  Envoi  d'un  fossile  miocène  de 
la  Loire-Inférieure,  4^1. 

Dbpêrbt  (Charles).  Revision  des  for- 
mes européennes  de  la  famille  des 
Uyracotheridés  (PI.  IV-V),  199. 

Déçonien.  Sur  l'existence  du — moyen 
dans  rille-ct-Vilaine,  par  M.  P. 
Lebesconte,  226.  —  Fossiles  —s  de 
Santa-Lucia  (Province  de  Léon, 
Espagne),  par  M.  D.-P.  CEhlert 
(PI.  m  233.  -  Sur  le  -  de  Taille- 
rer  et  le  Carbonifère  de  Visé  (Bel- 
gique), par  M.  Bourgeat,  4^. 

Diablerets.  Sur  le  pli  couché  des  —, 
par  M.  Haug,  596. 

Dobrogea,  Sur  la  faune  et  l'âge  des 
calcaires  à  Rudistes  de  la  — ,  par 
M.  Paquier,  473. 

Dollfus  (G).  Présentation  d'ouvrajge, 
269,  270, 4^.  ^*  ~  Communication 
sur  un  fossile  du  Miocène  de  Tou- 
raine,  275.  —  Observations  sur  le 
Miocène  supérieur  de  Rennes,  288. 

—  Présentation  d'une  note  sur  les 
eaux  de  Rouen,  294.  —  Observa- 
tions à  la  note  de  M.  de  Lamothe 
sur  les  terrasses  des  vallées  de 
risser,  de  la  Moselle,  du  Rhin  et 
du  Rhône,  384.  —  Sur  un  fossile 
miocène  de  la  Loire-Inférieure,  4^1. 

—  Observations  à  la  conférence  de 
M.  Janet  sur  l'alimentation  des 
villes  en  eau  potable,  593. 

DoLLOT.  Sur  les  travaux  en  cours 
d'exécution  du  Métropolitain,  entre 
la  olace  de  l'Etoile  et  la  place  de 
la  Nation,  par  les  boulevards  exté- 
rieurs, 252. 

Dordo^ne,  Sur  les  dômes  de  Saint- 
Cyprien  (— ),  de  Pumel  et  Sauve- 
terre  (Lot-et<jaroDne),  par  M.  Ph. 
Glangeaud,  12.  —  Un  crâne  de  Bœuf 
musqué  des  E3rzies  ( — ),  par  M. 
Harle,  455. 


TABLK   ALPHABÉTIQI^   DES   MATlÈRKS   ET  DES   AUTEUHS        837 


DouviLLÉ  (H.).  Reclification  à  propos 
d*iin  Poraminifère  d'Egypte,  i5u. — 
Présentation  de  Rudistes,  44i*  — 
Obaravalions  à  la  note  de  M. 
Schlumberi^r  sur  les  Orbitoldes, 
4Ô7.  -*  Présentation  d'ouvrage,  ^6q. 
596  —  Sur  des  calcaires  à  Radiolai- 
res du  C3lablais,  4^  —  Observa- 
tions, 4?^»  474*  —  Rapport  de  la 
Commission  de  comptamlité,  598. 

—  Réunion  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  à  Lausanne  et 
dans  le  Chablais,  observations, 
690,  693,  718. 

DouviLLÏl(H.  elR.).  EocènedeRoyan, 
627. 

DouxAMi.  Présentation  d'ouvrage, 4^J« 

—  Réunion  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  à  Lausanne  et 
dans    le    Chaolais,    observations, 

690,  6^,  717 

Drôme,  Découverte  de  calcaire  à 
Nnmmulites  dans  le  petit  synclinal 
de  la  Gourre,  près  de  Séderon  (— ), 
par  If.  Kilian,  354. 

DtJPARG.  Présentation  d'ouvrage,  aaa. 


E 


Behlnideê,  Contribution  à  Tétude  des 
—  fossiles,  par  M.  Gauthier  (PI.  III), 
189.  —  Le  Cenomanien  des  environs 
de  Tonlon  et  ses  -,  par  M.  Mi- 
chalet,  574.  —  Note  pour  servir  à 
l'étude  des  —  fossiles  d'Egypte,  par 
M.  Pourtau,  6a3. 

Egypte*  Sur  un  Poraminifère  d*— , 
par  M.  Douvillé,  i5<>.  —  Note  [)our 
servir  à  Tétude  des  Echinides 
fossiles  d* — ,  par  M.  Pourtau,  6a3. 

Sntre^Deux-Mers.  Sur  Textension  de 
la  mer  aquitanienne  dans  V — 
(Gironde),  par  M.  Pallot,  4^3. 

Éoeine.  Sur  les  Poissons  de  V —  infé 
rieur  des  environs  de  Reims,  par 

11.  Priem  (PI.  X-XI),  477. de 

Royan,  par  MM.  H.  et  R.  Douvillé, 
697.  —  Sur  quelques  grandes  Véné- 
rieardes  de  F—,  par  M.  Cossmann, 
66a. 

Eêpagyie.  Possilcs  dévoniens  de  Santa- 
Lucia  (Pro>ince  de  Léon,  — ),  par 
M.  D.-P.  Œhlert  (PI.  VI),  :233.  — 
Présentation  d'ouvrage,  par  M. 
Labat,  vj^.  —  Note  sur  les  Cirapto- 
lites  de  la  Catalogue  et  leurs  rela- 
tions avec  les  étages  graptolitiques 
de  France,  par  M.  Ch.  Barrois,  687. 

iS  Juin  i9<»a.  —  T.  \^\ 


Euphrate,  Présentation  do  Radiolites 
aes  bords  de  r—,  par  M.  IL  Dou- 
villé, 44*' 

Eyzies,  Un  crAne  de  Bœuf  musqué 
des  —,  par  M.  Harlé,  455. 


F 


Fallut.  Sur  Textension  de  la  mer 
aquitanienne  dans  TEntrc-Deux- 
Mers  (Gironde),  4^.  —  Sur  un 
nouveau  sondage  artésien  à  Bor- 
deaux. 4*^» 

FiciiEUR.  Nécrologie  :  M.  Pouyanne, 

537. 

FiELD.  Le  Concilinm  bibliographi- 
cunif  211(1. 

Fligiib.    Un    nouveau   Cycadeoidea^ 

io3. 


Fontainebleau.  Sur  la  morphogénie 
des  environs  de  —,  par  M.  le  com- 
mandant O.  Barré,  4^1. 


Fontannra,  Le  prix  —  est  décerné  à 
M.  Pnquier,  283.  —  Rapport  au 
nom  de  la  sous-commission  du 
l>rix  — ,  par  M.  de  Lapparent,  284. 
—  M.  Paquier  remercie  la  Com- 
mission du  Prix  — ,  285. 

Foraminifère.  Sur  un  —  d'Egypte, 
par  M.  Douvillé,  i5(i. 

Fossiles.  Envoi  de  liches  d'essai  pour 
la  réédition  des  tvpes  dVspèces  —, 


168. 


FoUHNiKR  (E.).  Étude  sur  la  tecto- 
nique du  Jura  franc-eomtois,  97. 

FoiHTAU  (R.).  Rectiilcation  de  M. 
Douvillé  à  propos  d'un  Forami- 
nifère d'Egypte  communiqué  par 
M.  —,  i5<>.  —  Noie  pour  servir  à 
l'élude  des  Echinides  fossiles  d'E- 
gypte, G23. 

Furnel.  Sur  les  dômes  de  Saint-C'y- 
prien  (Dordogne),  de  —  et  Snuvc- 
tcrre  (Lot-et-Garonne),  par  M.  Ph. 
Glangeaud,  12. 


Gard.  I/Aplien  des  environs  dTzcs 
(— ),  par  M.  Pellat,  428. 

Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  54 


838         TABLE   ALPnABÉTIQl'E   DES   MATIÈRES  ET   DES  AL'TBL'RS 


Gaudhy  (A.).  Préseutation  d'une 
note  (le  M.  Ajualttiky,  aài.  —  Pré- 
senlatiuns  d'une  note  sur  un  Crtacé 
fossile  lie  S.  Marine.  4Î'J.  —  Sur  In 
sîmilitmle  des  dents  de  l'Honiine 
et  de  quelques  tiniinaux,  S3^.  — 
Obscriatinns  à  la  nnlc  deH.Pnem, 
sur  les  Poissons  de  TEocëne  infé- 
rieur de  ReîniH,5(i4.  —  Présentaliun 
lie  pbiiliitEraphifB  <le  l'Okapi  de 
l'Ou^andu,  595. 

GAVTutRK.  Cuntrilintion  h  l'étude  des 
Bchinides  fossiles  (PI.  UI),  tH<j. 

Gbinitz  (Hans  Bruno).  Notice  iiécro- 

iofcique  sur  —,  aSo. 
Gbntil.  Présentation  d'ouvrage,  374' 
Gironde.  Sur  l'extension  de  la  mer 
aqnitanienne  dans  l'Untre-Deux- 
ATers  (  -).  par  M.  Kallot.  433.  —  Sur 
un  nouveau  sondage  artésien  a 
Bordeaux,  par  M.  Pallol,  438. 

GLAnavAUD  (Ph.)  Sur  lee  ddnies  de 
Snint-Cypnen  (Dordogne^  Puniel 
et  Sanveterre  (Lot-et-Garonne),  11. 

Graptolitet.  Noie  sur  les  —  de  la 
Catalogne  et  leurs  relations  avec 
les  étages  gra[>toliliques  de  Prance, 
par  M.  Barrois,  63?. 

Grisou.  Etat  actuel  en  Belgique  de 
l'étude  des  corrélations  ~to-sismi- 
qucs,  par  M.  Van  den  Broeck,  388. 

Grossouvhb  (de).  Contribution  ù  la 
géologie  des  Corliiéres,  43"-  —  Nou- 
velles observations  sur  le  terrain 
â  silex  du  suil-oucsl  du  Bassin  de 
Paris,  43i. 

Groussbllb  db  Blamchbfacb.  Nécro- 
logie, aHo. 

GuBHiiAHD.  Sur  le  graphisme  de  la 
carte  du  sud-ouest  des  Alpes-M  a  ri- 
limes,  4^4'  —  Note  sur  la  limite 
méridionale  du  Néocomien  dans 
les  Alpes-Maritimes,  ^5i,  —  Liim- 
beaux  de  Miocène  lacustre  sur  la 
rive  gauche  de  la  Siagne  (A.-M.), 
53g.  —  Existence  de  Crétacé  supé- 
rieur dans  le  nord-est  du  Var,  540. 
—  Sur  un  faciès  du  Miocène  infé- 
rieur, â'^o.  —  Sur  la  tliéurie  Géné- 
tique des  apparitions  singuiic 
d'accidents  rr"-"*-  —  "i~i"  t„. 
sique  inférie.. 
des  Alpes-Mari  tin 


Harlk.  Un  crâne  de   B<puf  musqué 
des  Kyzics  (UordogneX  4^^- 


Hauo.  Observations,  186,  953.  — 
Présentation  d'uuvrage,  ajl.  — 
Nécrologie  :  LindstrAm,  ag4-  — 
Observations  à  la  note  de  H.  de 
Lamolhe  sur  les  terraaaeH  des 
vallées  de  lisser,  de  U  Hoselle,  du 
Rhin  et  du  HhAne  JSL  -  Obsena- 
à  la   note   de  tâM.  Kilian   c 


Termier,  ïao.  —  Sur  le  pli  couché 

iblerets,    B06.  —  Obaerva- 

lions  à  la  note  de  H.  Guébhard  sur 


des    Diable 


:   ta   Société   dés   boniilërf 
Roncbamp  (— ),  par  M.  Malh.  Micg, 


IIbim  (A.).   Réunion    extraordinaire 


UoaiUer.  Note  sur  le  fonf«ge  du 
puits  Arthur  de  Bayer,  exécuté 
par  la  Société  des  —es  de  Ron- 
champ(Haute-SaAne),  par  H.  Math. 
Micg,  147.  -~  Etudes  lithologiqnes 
dans  les  Alpes  fraoçaises,  par  M. 
Pierre  Temuer,  187.  —  Sur  la  dccou- 
^'e^te  d'Araelmides  dans  le  terrain 
—  de  Commenlry,  par  M,  Thevenin 
(PI.  XOI),  606. 

HuoDBRiN.  Nécrologie,  S,  9&1. 

Hydrologie.  Préseutation  d'ouTra- 
ges,  aSe,  a6g,  a^o-  -  Sur  le  rôle 
j__    collaborateurs    du 


service  île  la  carte  géologique,  par 
M.  LroQ  Janet,  371.  —  Présentation 
d'ouvrage,  par  M.  Labat,  974-  — 
Présentalion  d'une  note  sur  les 
eaux  de  Rouen,  par  M.  G.  Dollfus, 


la     mithode    des     

cielles,  par  M.  Léon  Janet,  S3g, 
Mg,  —  Observations  de  MM.  Im- 
beanx,  593;  Boursault.  59a,  bgi: 
Dollfus.  Babinet.  Bigot,  SgS. 

Hrracothéridi».  Re vision  des  formes 
européennes  de  la  famille  des  — . 
par  M.  Ch.  Depcrel  (PI.  IV,  V),  199. 


TABI^   ALPHABKTIQUE   DES   MAllunES  KT    l 


839 


1 

flfa-et- Vilaine.  Sur  l'existence  du 
Dévonlen  moyen  dam  1' — ,  par 
H.  P.  LebeBconle,  335.  —  Discor- 
dance dn  Cainbriea  sur  le  Précam- 
brien, près  de  Rennes,  par  M.  Ker- 
tome,  a58. 

Ihbbaus.  Présentation  d'ouvrage, 
j68.  —  Observations  à  la  conrêrence 
de  M.  Janet  snr  l'a  lime»  ta  lion  des 
villes  en  eau  potable,  599. 

InfraerMaeé.   Contribution  à  l'étude 


lMê«r.  Étnde  comparée  des  sjsièmrs 
de  terrasses  des  vallées  de  I'—.  de 
U  Moselle,  du  RUin  et  du  llliône, 
par  M.  de  Lamnthe,  397. 


Jaooh.  Nécrologie  980. 

Jahbt  <Léon),  Snr  le  rôle  nouveau 
dca  collaborateurs  du  8er\'ice  de 
la  car**  géologiqne,  aji.  —  Obser- 
vation snr  les  eaux  de  Rouen,  39&. 
—  Conférence  sur  l'alimentation 
des  villes  en  eau  potable  par  la 
métbode  des  ionrces  urtillcieiles, 
«9.58»- 


JoLXAUD.  Contribution  à  l'étude  de 
Ilnfracfttacé  à  faciès  vaseux  péla- 
gique en  Algérie  et  en  Tunisie.  ii3. 

/«m.  Étude  sur  lu  teelonlqui-  du 
—  f^anc-comtois,  par  M.  h.  Kour- 
nler,  97.  —  Sur  un  lilon  de  minerai  ' 
de  line  dans  la  Combe -des-Prés 
(— ),  par  M.  Bourgeot,  apj.  —  Quel- 
ques remorqucB  sur  les  pheno- 
mènes  orogéniques  et  la  tonnation 
des  grottes  et  des  cluses  dans  le  — 
méndional,  par  M.  Clianel,  G^lt. 

Jnraa»lque.  Les  Pycnodontes  du  — 
inn^enr  dn  Boulonnais,  par  M. 
Sauvage  <PI.  XU),  h'^^.  -  Sur  la 
théorie  génétique  des  apparitions 
singulières  d'aciidents  rfcenls  en 

SlelD  —  inférieur  dans  le  sud-ouesl 
e*  Alpcs-Mnritimes.  par  M.  Guê- 
bhard.ftii. 


KHRFonNB.  Discordance  du  Cambrien 
sur  le  Préambrien.  près  de  Rennes, 
358.  —  Présentation  d'ouvrage,  44i' 
—  Observations  de  M.  Munier-Cb ai- 
mas, 441. 

Kbrfornk  et  SeuKBs.  Observations 
sur  un  gisement  tertiaire  des  bords 
de  \a  Vilaine  a 
Rennes,  a8;. 

KiUAN.  Sur  les  JtftafOoAr"i'esdu  Lias 
moyen  des  Alpes  de  Savoie,  18;.  — 
Découverte  de  calcaire  à  Numniu- 
liles  dans  le  {Ktit  synclinal  de  la 
Courre,  près  de  Séderon  (Drôme), 
354.  —  itcuniim  extraordinaire  de 
la  Société  géologique  à  Lausanne 
et  dans  le  Chablais;  observations, 

KiLiAN  et  Thiimiku.  Nouveaux  docu- 
ments relatifs  à  la  géologie  des 
Alpes  françaises,  385. 

Klippta.  Sur  l'oriKinc  des  —  des 
Carpathes,  par  M.  Sevsstos,  47^- 


La  Goarre.  Découverte  de  calcaire 
à  Nuiiimulites  dans  le  petit  syn- 
clinal de  —,  près  de  Séderon 
(DrAme),  par  M.  Kilian,  a54. 

Lamothh  (de).  Élude  comparée  des 
sysIèmcH  de  terrasses  des  vallées 
de  risser,  de  lu  Moselle,  du  Rhin 
et  du  RhAne,  997. 

Lapparent  (de).  Remarques  sur  tes 
découvertes  de  M.  Anialitzky  en 
Russie,  itfô,  —  Présentation  d'un 
Oursin  reeucilli  dans  le  Ijalinru 
oriental,  18;.  —  Allocution  prési- 
dentielle, 378.  —  Rapport  au  nom 
de  la  sous-commission  du  prix 
Pontaiiues,  stU.  —  Présentation 
d'ouvrage,  44<it  ■■^  —  Observations 
i<  In  note  de  M.  Guébbard   sur 


n'i'';i 

(PI.  xiv-xvn),  »>::. 

Lavim.k.  Pri'Suntation  d'ouvrage,  ^^y. 


84O  TABLE   ALPHABETIQUE    DES    MATIÈRES   ET    I»ES   AL'TEt'RS 


Lkbbscoxth.  Sur  Inexistence  du  Dé* 
vonien  moyen  dans  l'Ille-el-Vilaine, 
235.  —  Sur  la  position  des  schistes 
du  Hozel  (Manche),  396. 

Le  Sauvage,  L*  Académie  des  Sciences, 
Arts  et  Belles-Lettres  de  Caen, 
communique  le  sujet  <lu  prix  ~, 

Lias.  Sur  les  lihacophxUiUs  du  — 
des  Alpes  de  Savoie,  par  M.  Kilian, 

18;. 

LiMCH  (Le^  comte  de).  Nécrologie,  68a. 

LiNDKTRôM.  Nécrologie,  3^. 

Loire-Inférieure,  Sur  un  fossile 
miocène  de  la  —,  par  MM.G.  Dollfus 
et  Davy,  4^*1- 

LoHY  (F  ).  Quelques  observations 
dans  la  partie  méridionale  de  la 
chaîne  de  Belledonne  (Alpes  dau- 
phinoises), 179.  —  Présentation 
d\>uvragcs,  ao3.  —  Observations 
stratigraphiques  dans  le  nord  du 
massif  du  Vercors,  a55. 

Loi-ei'Garonne.  Sur  les  dômes  de 
Saint-Cyprien  (Dordogne),  Pumel 
et  Sauveterre  (  -),  par  M.  Ph.  Glan- 
geaud,  13. 

LuoKoN  (Maurice).  Réunion  extra- 
onlinaire  de  la  Société  géologique 
de  France  à  Lausanne  et  dans  le 
Chabiais  en  ii)oi;  programme,  678; 
bibliographie,  <>8o;  allocution,  (>83; 
compte-rendu  des  excursions  du 
3  au  II  septembre  1901,  (W6-71O.  — 
Les  grancles  nappes  de  recouvre- 
ment des  Alpes  du  C.hablais  et  de 
la  Suisse  (PL  XIV-XVII),  733. 

Lutélien,  Sur  Texistence  du  —  supé- 
rieur dans  la  vallée  de  la  Seine 
entre  Villeuauxe  et  Montereau  et 
à  Villiers-Saint-Georges,  au  nord 
de  Provins,  par  M.  il.  Thomas,  4^3. 


M 


Machairodus,  Revision  des  espèces 
européennes  de  —,  par  M.  Mar- 
cellin  Boule,  55i. 

Mammouth,  Sur  la  découverte  d'un 
—  dans  TAriège,  par  M.  I^n  Ber- 
trand, 187. 

Manche,  Sur  l'âge  des  schistes  du 
Rozel  (— ),  par  M.  Bigot,  373.  — 
Sur  la  position  des  schistes  du 
Rozel  (— ).  par  M.  Lebesconte,  396. 

Marks  (Paul).  Nécrologie,  sHi. 


Margbrik  (de).  Présentation  d'oo- 
vrage.  394.  —  Notice  sur  le  nouveau 
classement  de  la  Bibliothèque  de 
la  Soc.  géol   de  France,  «99. 

Marion.  Notice  nécrologiqaç  sor  — 
381. 

Marne,  Sur  les  Poissons  de  TEocène 
inférieur  des  environs  de  Reims, 
par  M.  Priem  (f\,  X-XI),  476. 

Martonnb  (de).  Présentations  d*ou- 
vrages,  35i. 

MsuxiBR  (Stanislas).  Origine  de 
Targile  à  silex,  197. 

MiGHALBT.  Le  Cénomanien  des  envi- 
rons de  Toulon  et  ses  Echloides, 
574. 

MiBO  (Mathieu).  Note  sur  le  fonçage 
du  puits  Arthur  de  Bujrer,  exécuté 
par  la  société  des  houillères  de 
Roiichamp  (Haute-Saône),  147. 

Milnb-Edwards  (Alphonse).  Notice 
nécrologique  sur  — ,  a8i. 

Miocène,  Sur  un  fossile  —  de  la  Loire- 
Inférieure,  parMM.  Dollfus  et  Davy, 
^i.  —  Communication  sur  un 
rossile  du  —  de  Touraine.  par 
M.  G.  F.  Dollfus,  375.  —  Lambeaux 
de  —  lacustre  sur  la  rive  gauche 
de  la  Slagne  (A.-M.),  par  NI.  Gué- 
bhard,  539.  —  Sur  un  faciès  infé- 
rieur du  —  inférieur,  par  M.  Gué- 
bhard,  040.  —  Présentation  d'ou- 
vrage, par  MM.  Dollfus  et  Dautzen- 
berg,  096.  —  Quelques  coupes  du 
—  de  la  Bresse  dans  Tanse  du  Bas- 
Bugey.  par  M.  Boistel,  667.  — 
Observations  sur  un  gisement  ter- 
tiaire des  bords  de  la  Vilaine,  aux 
environs  de  Rennes,  par  MM.  Sen- 
nes et  Kerforne,  387. 

MoLBNGRAAPP  (G.-A.-P.).  Géologle  de 
la  République  Sud-africaine  du 
Transvaal  (PI.  lU),  i3. 

Montpellier,  Le  Néogène  sur  la  feuille 
de  —,  par  M.  P.-G.  de  Rouville.  93. 

MoRBNO.  Présentation  d'ouvrage,  99^. 

Moselle.  Étude  comparée  des  systè- 
mes de  terrasses  des  vallées  de 
lisser,  de  la  — ,  du  Rhin  et  du 
Rhône,  par  M.  de  Lamothe,  997. 

Mrazbg.  Présentation  d'ouvrages, 
353. 

Munibr-Chalmas.  Observations,  44i* 


TABLE   ALPHABÉTIQUE    DES  UATIÈRES   ET   I>ES   AUTEURS         84l 


N 


Nappes  de  recouvrement.  —  Les 
grandes  —  des  Alpes  du  Cliablais 
et  de  la  Suisse,  par  M.  M.  Luffeon 
(PI   XlV-XVn),  703. 

Nécrologie.  Hug^enin,  5;  G.- Ad. 
Ghatin,  i54;  H.  Porterel,  268;  II. 
Bécot,  R.-P.  Blol,  Grousseile  de 
Blanchefacc,  Jagor,  280;  lleveiière, 
deVassartd'IIozier,a8i;Lindstrômy 
99$;  Bleicher,  ffoo;  Pouyanne,  687; 
deLimur,  68a. 

Nbgris.  Présentation  d'ouvrage,  538. 

Néocomien,  Noie  sur  in  limite  méri- 
dionale du  —  dans  les  Ali>es-Mari- 
times,  par  M.  Guébliard,  ^^i. 

Néogène.  Le  —  sur  la  feuille  de 
Montpellier,  par  M.  P.-G.  de  Rou- 
ville,  93. 

NiGKLàs.  Correspondance,  10.  —  Pré- 
sentation d'ouvrage,  53g. 

Notices  nécrologiques  Huguenin,  5, 
a8o.  —  G.-Ad.  Chalin,  i5î.  —  Bar- 
din,  Bezançon,  Gameré,  Hans 
Bruno  Geinitz,  280;  Mares,  Ma- 
rion.  Alph.  Mil  ne-Edwards,  Tardy, 
Thiéry,  Parandier,  281,  Pouyanne, 
537. 

Nummalites,  Découverte  de  calcaire 
à  — ,  dans  le  petit  synclinal  de  La 
Gourre,  près  de  Séderon  (Drôme), 
par  M.  lulian,  a54. 


o 


Œhlbrt  (D.-P.).  Fossiles  dévoniens 
de  Santa-Lucia  (Province  de  Léon, 
Espagne)  (PI.  Vl).  233.  —  Envoi  de 
iicnes  d'essai  pour  la  réédition  des 
types  d'espèces  fossiles,  4^8. 

Orbiloîdes,  Sur  les  couches  à  —  du 
Piémont,  par  M.  Sacco,  188.  —  Pre- 
mière note  sur  les— ,  par  M  Schlum- 
berger(Pl.  VU-IXlj,  459.-  Observa- 
tions de  M.  Douvillé,  467. 


pAQuntR.  Le  prix  Fontannes  lui  est 
décerné,  282,  î285.  —  Rapport  au 
nom  de  ia  sous  commission  du 
prix  Fontannes,  284.  —  Comparai- 
son des  Rudistes  urgoniens  de 
Bulgarie,  de  Suisse  et  de  France, 
986.  —  Sur  la   faune  et  l'âge  des 


calcaires  à  Rudistes  de  la  Dobrogea, 
473,  541.  —  Sur  les  relations  du 
groupe  inverse  avec  le  groupe 
normal  chez  les  Chamacées,  474*  — 
Observations  à  une  note  de  MM. 
Sayn  et  Roman  sur  le  Barrémien 
de  Viviers,  54 1. 

Paquikr  et  Zlatarski.  Sur  l'âge  des 
couches  urgoniennes  de  Bulgarie, 

28fi. 

Paranoiek.  Notice  nécrologique  sur 

-  281. 

Paris.  Sur  les  travaux  en  cours 
d'exécution  du  Métropolitain,  entre 
la  place  de  l'Etoile  et  la  place  de  la 
Nation,  par  les  boulevards  exté- 
rieurs, par  M.  A.  Dollot,  252.  — 
Nouvelles  observations  sur  le  ter- 
rain à  silex  du  sud-ouest  du  bassin 
de  —,  par  M.  de  Grossouvre,  43i. 

Pkarcb.  Présentation  d'ouvrage,  252. 

Pbllat  (Edm.).  Lettre  annonçant  la 
mort  de  M.  Huguenin,  5.—  L'Aptien 
des  environs  aTzès  (Gard),  428. 

Peron.    Présentation    d'ouvrage,   10. 

—  Conditions  de  gisement  de  ra- 
dioles  d'Oursin  du  Rauracien  de 
l'Yonne,  10.  —  Note  sur  ses  Etudes 
paléonto logiques  sur  les  terrains 
dn  département  de  VYonne.  11.  — 
Au  sujet  d'une  roche  de  La  Puisaye 
(Yonne).  '170.  —  Les  étages  crétaci- 
ques  supérieurs  des  Alpes-Mariti- 
mes, 5o5. 

Permien.  Remarques  sur  les  résultats 
des  travaux  de  M.  Amalitzky,  par 
M.  de  Lapparent,  i85. 

Pétrographie.  Sur  l'âge  des  roches 
éruptives  du  cap  d'Aggio,  par  M. 
Léon  Bertrand,  96.  —  Géologie  de 
la  République  Sud-Africaine  du 
Transvaal.  par  M.  G.-A.-F.  Molen- 
graair,  i5,  '^8,  5t.  02.  —  Observations 
géologiques  à  Sumatra  et  à  Bornéo, 
par  Ni.  Cari  Schmidt.  260  —  Etudes 
lithologiques  dans  les  Alpes  fran- 
çaises, par  M.  P.  Termier,  157.  — 
Nouveaux  documents  relatifs  à  la 
géologie  des  Alpes  françaises,  par 
MM.  W.  Kilian  et  P.  Termier,  385. 

Piémont.  Sur  les  couches  à  Orbi- 
toïdes  du  —,  par  M.  Sacco,  188. 

Pleistocène.  Présentation  d'une  note 
sur  l'influence  des  vents  sur  le  cli- 
mat pendant  l'époque  — ,  par  M.  G. 
Dollfus,  469. 


84^2  TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES   MATIERES   ET   DES   AUTEURS 


PoRTBRBT  (Henri).  Nécrologie,  268. 

PouYANNB.  Nécrologie  par  M.  Ficheur, 
53;. 

Poissons.  Sur  les  —  de  TEocène  infé- 
rieur des  environs  de  Reims,  par 
M.  Priem  (PI.  X-XI),  476.  —  Les 
Pycnodontes  du  Jurassique  supé- 
rieur du  Boulonnais,  par  M.  Sau- 
vage (PI.  XU),  54a. 

Précambrien,  Discordance  du  Cam- 
brien  sur  le  ~,  près  de  Hennés, 
par  M.  Kerforne,  a58. 

Prbiswbrk  (H.).  Réunion  extraordi- 
naire de  la  Société  fféolojçique  à 
Lausanne  et  dans  le  Cnablais;  note 
sur  le  Rhétien  et  le  Lias  du  col  de 
Coux  (Val  dllliez).  721. 

pRiBM.  Sur  les  Poissons  de  TEocène 
inférieur  des  environs  de  Reiras 
(PI.  X-XII),  476. 

Prix.  Le  —  Fontannes  est  décerné  à 
M.  Paquier,  oSS.  —  Rapport  au  nom 
de  la  sou&K;ommission  du  —  Fon- 
tannes, par  M.  de  Lapparent,  284. 
^  M.  Paquier  remercie  la  Com- 
mission du  —  Fontannes,  a85.  — 
—  L'Académie  des  Sciences,  Arts 
et  Belles-Lettres  de  Caen,  commu- 
nique le  sujet  du  —  Le  Sauvage 
pour  1^904,  595. 

Puisajre  (La).  Au  sujet  d'une  roche 
de  —  (Yonne),  par  M.  Peron,  470. 

Pycnodontes.  Les  —  du  Jurassique 
supérieur  du  Boulonnais,  par  IVf. 
Sauvage  (PI.  XII),  542. 


R 


Radiolaires.  Sur  des  calcaires  à  — 
du  Ghablais,  par  M.  Douvillé,  469. 

Ramond  (G.).  Observation,  ajo.  — 
Présentation  d'ouvrage,  271. 

Rauracien.  Conditions  de  gisement  de 
radioles  d'Oursins  du  —  de  l'Yonne, 
par  M.  Peron,  10. 

Reims.  Sur  les  Poissons  de  l'Éocène 
inférieur  des  environs  de  —,  par 
M.  Priem,  (PI.  X-XI),  477. 

Rbnrvibr  (E).  Réunion  extraordi- 
naire de  la  Société  géologique  à 
Lausanne  et  dans  le  Cnaolais; 
allocution,  68a. 

Rennes.  Discordance  du  Cambrien 
sur  le  Précambrien  près  de  —,  par 
M.  Kerforne,  258.  —  Observation 
sur  un  gisement  tertiaire  des  bords 
de  la  Vilaine  aux  environs  de  — , 
par  MM.  Seunes  et  Kerforne,  287. 


Réunion  extraordinaire  de  la  Société 
géologique  de  France  à  Lausanne 
et  dans  le  Chablais  en  1901  (PI.  XIV- 
XVII),  677. 

Reveliârb.  Ncerclogie,  a8i. 

RéviL.  Réunion  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  à  Lausanne  et 
dans  le  Chablais;  observations, 
7x5,  717;  allocution,  719. 

Rbymond.  Réunion  extraordinaire 
de  la  Société  géologiaue  à  Lau- 
sanne et  dans  le  Chablais;  obser- 
vation, 7i3. 

Rhacophyllites.  Sur  les  —  du  Lias 
des  Alpes  de  Savoie,  par  M.  Kilian, 

187. 

Rhin.  Étude  comparée  des  systèmes 
de  terrasses  des  vallées  de  lisser, 
de  la  Moselle,  du  —  et  du  Rhône, 
par  M.  de  Laraothe,  297. 

Rhône.  Étude  comparée  des  systèmes 
de  terrasses  des  vallées  de  l'Isser, 
de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du  —, 
par  M.  de  Lamothe,  997.  —  Com- 

Position  du  Barrêmien  sur  la  rive 
roite  du  —  dans  la  région  de 
Viviers,  par  MM.  Sayn  et  Roman, 
443. 

Rhynchoteuthis.  Sur  la  découverte 
d'un  —  dans  le  Sénonien  des  envi- 
rons de  Keauvais,  par  M.  L.  Thiot, 
184. 

RoLLiBR  (L,).  Réunion  extraordinaire 
de  la  Société  géologique  à  Lau- 
sanne et  dans  le  Chablais  :  sur 
l'âge  du  conglomérat  subalpin  ou 
Nagelfluh  de  la  Suisse,  684. 

Roman  et  Sayn.  Composition  do 
Barrêmien  sur  la  rive  droite  du 
Rhône  dans  la  région  de  Viviers, 
443.  —  Observation  de  M.  Paquier, 

Ronchamp,  Note  sur  le  fonça^  du 
puits  Arthur  de  Bnyer,  exécuté 
par  la  Société  des  houillères  de  — 
(Haute-Saône),  par  M.  Mathieu 
Mieg,  147. 

Rouen.  Présentation  d'une  note  sur 
les  eaux  de— ,parM.G.l>ollfus,a94* 

Roumanie,  Observations  de  M.  Ber- 
geron,  a68. 

RouviLLB   (P.-G.   de).    Une    solution 

f>aléontologique.   Le  Néogène   sur 
a  feuille  ae  Montpellier,  93. 

Rqran.  Éocène  de  —,  par  MM.  H.  et 
K.  Douvillé,  627. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE    DES   MATIÈRES  ET   DES  AUTEURS        843 


Rozel,  Sur  l'Age  des  Schistes  du  — 
(Manche]^,  par  M.  Bigot,  97a.  —  Sur 
la  position  des  Schistes  du  — 
(Manche),  par  M.  Lebesconle,  296. 

Rudistes,  Comparaison  des  —  urgo- 
niens  de  Bulgarie,  de  Suisse  et  de 
France,  par  M.  Paquicr,  286.  —  Pré- 
sentation de  — ,  par  M.  Douvillé, 
4ÎI-  —  Sur  la  faune  et  Tûge  des  cal- 
caires à  Rudistes  de  la  Dobrogea, 
par  M.  Paquier,  472»  S4i> 

RuTOT    Présentation  d*ouvrage,  afk). 
—  Observation  de  M.  Rainond,  270. 


s 


Sacgo.  Sur  les  couches  à  Orbitoîdes 
du  Piémont,  188. 

Sahara.  Présentation  d'un  Oursin 
recueilli  dans  le  -—  oriental,  par 
M.  de  Lapparent,  187. 

Saint-Cyprien  (Dordogne).  Sur  les 
dômes  de  —,  Fume!  et  Sauveterre 
(Lot-et-Garonne),  par  M.  Ph.  Glan- 
geaud,  la. 

San-Marino.  Sur  un  Cétacé  fossile  de 
—,  par  M.  Gaudry,  439. 


^antO'Lucia.  Fossiles  dévoniens  de 
—  (Province  de  Léon,  Espagne), 
par  M.  D.-P.  Œhlert  (PI.  VI),  233. 


uvAOB.  Les  Pycnodontes  du  Juras- 
sique supérieur  du  Boulonnais 
(PL  XII),  64a. 

Sauveterre,  Sur  les  dômes  de  Saint- 
Cyprien  (Dordogne),  de   Fumel  et 

—  (Lot-et-Garonne),  par  M.  Ph. 
Glangeaud,  12. 

Saifoie,  Sur  les  RhacophylUtes  du 
Lias  moyen  des  Alpes  de  — ,  par 
M.  Kilian,  187. 

Sayn  et  Roman.  Composition  du 
Barrèmien  sur  la  rive  droite  du 
Rhône  dans  la  région  de  Viviers, 
443.  —  Observation  de  M.  Paquier, 
541. 

ScHLUMBRRGBR.    Première    note    sur 
les  Orbitoîdes  (PI   VIIIX),  4.59. 

SciiMiDT  (^Carl).  Observations  géolo- 
giques a  Sumatra  et  à  Bornéo,  2(>o. 

—  Obser>'ations  de  M.  Berjçeron, 
a68  —  Réunion  extraordinaire  de 
la  Société  géologique  à  Lausanne 
et  dans  le  Chablais;  observation, 
704,  713. 


Seine-et-Marne.  Sur  l'existence  du 
Lutétien  supérieur  dans  la  vallée 
de  la  Seine  entre  Villenauxe  et 
Montereau  et  à  Villiers-Saint- 
Georges,  par  M.  Thomas,  4^3.  — 
Sur  la  morphogénie  des  environs 
de  Fontainebleau,  par  M.  le  com- 
mandant Barré,  4^1  • 

Seine-Inférieure.  Présentation  d'une 
note  sur  les  eaux  de  Rouen,  par 
M.  G.  DoUfus,  294. 

Sénonien.  Sur  la  découverte  d'un 
lihynchoteuthis  dans  le  —  des  envi- 
rons de  Beauvais,  par  M.  L.  Tliiot, 
184. 

Sbunf.s  et  Krrpornb.  Observations 
sur  un  gisement  tertiaire  des  bords 
de  la  V  ilaine  aux  environs  de 
Rennes,  287. 

Skvasto».  Sur  l'origine  des  Klippes 
des  Carpathes,  475. 

Silex.  Origine  de  l'argile  à  — ,  par 
M.  Stanislas  Meunier,  i^.  —  Nou- 
velles observations  sur  le  terrain 
à  —  du  sud-ouest  du  Bassin  de 
Paris,  par  M.  de  Grossouvre,  43i. 

Sismi(/ne.  Etat  actuel  en  Belgique  de 
l'étude  des  corrélations  grisouto- 
— s,  par  M.  Van  den  Broeck,  288. 

Sondage.  Sur  un  nouveau  —  artésien 
à  Bordeaux,  par  M.  Fa  Ilot,  438. 

Strinmann.  Réunion  extraordinaire 
de  la  Société  géologiaue  à  Lau- 
sanne et  dans  le  Chablais  ;  obser- 
vations, <Î94,  699,  705,  7i3,  715. 

Sud- Africaine.  Géologie  de  la  Répu- 
blique —  du  Transvaal,  par  M. 
G.-A.F.  Molengraaff  (PI.  1,  II),  i3. 

Suisse.  Réunion  extraordinaire  de 
la  Société  géologique  de  France  à 
Lausanne  (— )  et  dans  le  Chablais 
en  1901,  sous  la  direction  de  M. 
M.  Lu^eon,  (»:7.  —  Les  grandes 
Nappes  de  recouvrement  des  Alpes 
du  Chablais  et  de  la  ~,  par  M. 
M.  Lugeon  (PI    XIV-XVU),  723. 

Surnotra.  Observations  géologiques 
à  —  et  à  Bornéo,  par  M.  Cari 
Schnddt,  260. 


Taitlefer.  Sur  le  Dévonien  de  —  et 
le  Carbonifère  de  Visé  (Belgique), 
par  M.  Hourgcat,  45*3. 

Tardy.  Notice  nécrologique  sur  — , 
a8i. 


844  TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   MATIERES  ET   DES   AUTEURS 


Tectonique.  Sor  les  dômes  de  Saint- 
Cyprien  n)ordonie),  Fumel  et  Sau- 
veterrc  (Lot-et-Garonne),  par  M. 
Ph.  Glaneeaud,  i3.  —  Géolof^e  de 
la  RépuBlique  sud-africaine  du 
Transvaal,  par  M.  G.-A.-F.  Molen- 
jfraaff  (PI.  Wl),  17,  45.  86.  —  Etude 
sur  la  —  du  Jura  franc-comtois,  par 
M.  E.  Foumier,  ^.  —  (Quelques 
observations  dans  la  partie  méri- 
dionale de  la  chaîne  de  Belledonne 
(Alpes  dauphinoises),  par  M.  P. 
Lory,  179.  —  Obser\'ations  strati- 
frraphiques  dans  le  nord  du  massif 
du  Vercors,  par  M.  P.  Lory,  257.  — 
Sur  le  pli  couché  des  Diablerets, 
par  M.  Hauff,  5g6.  —  Sur  la  théorie 

génétioue  des  apparitions  singu- 
ères  d'accidents  récents  en  plein 
Jurassique  inférieur  dans  le  sud- 
ouest  des  Alpes-Maritimes,  par 
M.  Guébhard,  6ia.  —  Quelques 
remarques  sur  les  phénomènes 
orogéniques  de  la  formation  des 
grottes  et  des  cluses  dans  le  Jura 
méridional,  par  M.  Chanel,  G76.  — 
Réunion  de  la  Société  géologique 
de  France  à  Lausanne  et  dans  le 
Ghablais,  677.  —  Les  grandes 
nappes  de  recouvrement  des  Alpes 
du  ôhablais  et  de  la  Suisse,  par 
M.  M.  Lugeon  (pi.  XlV-XVn),  7a3. 

Tbrmibr  (Pierre).  Études  lithologi- 
ques dans  les  Alpes  françaises,  107. 

Tbrmibr  et  KiLiAN.  Nouveaux  docu- 
ments relatifs  à  la  géologie  des 
Alpes  françaises,  385. 

Terrasses.  Étude  comparée  des  sys- 
tèmes de  —  des  vallées  de  lisser, 
de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du  Rhône, 
par  M.  de  Lamothe,  997. 

Thévbnix.  Sur  la  découverte  d'Arach- 
nides dans  le  terrain  houiller  de 
Ck>mmentry  (PI.  XIII),  6o5. 

Thibry.  Notice  nécrologique  sur  — , 
a8i. 

Thiot.  Sur  la  découverte  d*un  Rhyu- 
choteuihis  dans  le  Sénonien  des 
environs  de  Beauvais,  184. 

Thomas  (H.).  Sur  Texistence  du  Luté- 
tien  supérieur  dans  la  vallée  de  la 
Seine  entre  Villenauxe  et  Monte- 
reau  et  à  Villiers-Saint  Georges, 
au  nord  de  Provins,  453. 

ToucAS.  Sur  révolution  des  Hippu- 
rites,  154,  aa7.  —  Observations  à  la 
note  de  M.  Peron  sur  les  étages 
crétaciques  supérieurs  des  Alpes- 
Maritimes,  536. 


Toulon.  Le  Cénomanien  des  environs 
de  —  et  ses  Echinides,  par  M.  Mi- 
chalet,  574- 

Touraine.  Communication  sur  un 
fossile  du  Miocène  de  — ,  par  M. 
G.-F.  OoUfus,  275. 

Transitât  Géologie  de  la  Républi- 

Sue  sud-africaine  du  — ,   par  M. 
.-.\.-F.  MolengraaflT  (PI.  l-II),  i3. 

Tunisie,  Contribution  à  Tétade  de 
ilnfracrétacé  à  faciès  vaseux  pela- 
ffique  en  Algérie  et  en  — ,  par  M.  A. 
Joleaud,  97. 


Urgonien.  Sur  Tâge  des  couches 
— nés  de  Bulgarie,  par  MM.  Paquier 
et  ZJatarski,  a86.  —  Comparaison 
des  Rudistes  — s  de  Bulgarie,  de 
Suisse  et  de  France,  par  M .  Paqnier, 
a86. 

Uzès.  L'Apiien  des  environs  d*~ 
(Gard),  par  M.  Pellat,  f^. 


Valanginien.  Une  solution  paléonto- 
logique,  par  M.  P.-G.  de  Ronville, 

Valbttb  (dom  Aurélien).  Envoi  d'ou- 
vrage, 10. 

Van  dbn  Brobck.  Correspondance,  9. 

—  Présentation  d'ouvrage,  269,  270. 

—  Etat  actuel  en  Belgique  de 
Tétude  des  corrélations  gnsonto- 
sismiques,  988. 

Var,  Existence  de  Crétacé  supérieur 
dans  le  nord- est  du  — ,  par  M.  Gué- 
bhard,  541.  —  Le  (^nomanien  des 
environs  de  Toulon  et  ses  Echi- 
nides, par  M.  Michaiet,  574.   . 

Vassart  d*Hozibr  (de).  Nécrologie. 
a8i. 

Vénéricardes.  Sur  quelques  grandes 

—  de  l'Eocène,  par  M.  Ck>ssmann, 
65a. 

Visé.  Sur  le  Dévonien  de  Taillefer  et 
le  CSarbonifère  de  —  (Belgique),  par 
M.  Bourgeat,  493. 

Vendée  Un  nouveau  Cycadeoidea^ 
par  M  Piiche,  193. 

Vercors,  Observations  stratiffraphi- 
ques  dans  le  nord  du  massif  du  — , 
par  M.  P.  Lory,  a55. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES   ET   DES  AUTEURS        845 


Y'onne.  Au  sujet  d'une  roche  de  La 
Puisaye  (— ),  par  M.  Peron,  470. 


z 


Zbillbr.   Observations   sur  la    flore 
fossile  de  l'Afrique   australe,  186. 


Zinc.  Sur  un  Ûlon  de  minerai  de  — 
dans  la  Combe-des-Prés  (Jura),  par 
M.  Bourgeat.  5277. 

ZiTTEL.  Envoi  de  Ûches  d'essai  pour 
la  réédition  de  types  d'espèces  fos- 
siles, 468. 

Zlatarski  et  Paquibr.  Sur  Tàffe  des 
couches  urgoniennes  de  Bulf^arie, 

280. 


FIN    l>B   LA   TABLK   ALPHABKTIQUK    DBS   MATIBRKS   KT   DKH   AUTEURS 


TABLE  DES  CENSES  ET  DES  ESPËCES 

DÉCRITS,  FIGURÉS,  DISCUTÉS  ET  DÉNOMMÉS  A  NOUVEAU 
ET  DES  SYNONYMIES  INDIQUÉES  DANS  CE  VOLUME  « 


Acanthias  orpiensis  Winkler,  p.  4B1, 
pi.  XI,  iig.  ai-aa. 

Acanihoceras  sp.,  p.  ia6;  voisin  de 
Ac.  Comueli  d'Orb. 

Amia  (Pappichthys)  Barroisi  Leri- 
che,  p  488,  pi.  X,  flg.  14-16. 

—     rohusta  n.  sp.  Priem.  p.  4H5, 
Ug.  1-3;  pi.  X,  flg  i-i3. 

Amphiope   Fuvhêi    n.    sp.    Pourtau, 

P.   fiîi6.  —  A.  truncata 
uchs. 

—  truncata    Fuchs,    p.  6a(>, 

non  Amphiobe  truncata 
Ag.  ;  A.  Fuchsi  Pourtau. 

Ancxloceras  sp.,  p.  127. 

—  sp.,  p    137. 
Aptychus  /e/)/o/)/i^2/a5  Sliarpe.  p.53i. 

—  sp.,  p.  14 1. 

Ariu8  (?)   Ijemoinei   n.    sp.,    Priem, 
p.  492,  pi.  XI,  flg.  9-1 1. 

BacuUteê  incnrvatns  Duj.,  p.  5ia. 

Bflemnites  sp.,  p.  ia8,  137. 

Bœuf  musqué f  p.  455,  flg. 

Cardita  atriatissima  Nyst.,  p.  270. 

(Jœlodus  suprajurenêis  n.  sp.  Sauv., 
p.  55o,  pi.  XII,  flg.  i3. 

—  sp.,  p.  55o,  pi.  XII,  flg.  14. 

(lostidiscus  Ilamitcar  Coq. f  p.  lao. 

Crioceras  sp.,  p.  127. 

(^yvadeoidea  dhyensiê  Fliclic  sj).  nov.. 
p.  194.  flg.  1. 


<Jjr'*tina  heteroclita  Defr.,  var.  inter- 
média  Œhlert,  p.  aSo,  pi. 
VI,  flg.  17-34;  p.  242,  flg.  2; 
p.  245,  flg.  4;  p.  a46,  flg.  5, 
6;  p.  247,  flg.  7.  8. 

Deêmoceras   getulinum  Coq.,  p.  124. 

—  Amm.  Cicer  Coq  ; 
A.  Oxyntas  Coq. 

—  Gouxi  Sayn.  p.  124.  — 

A.     Monicœ      Coq.  ; 
Desm.  difficile  Sayn. 

—  NabdaUa  Coq.,  p.  124* 

—  Amm.      Monicœ 
Heinz. 

—  sp.  voisin  de  D.  iinpres- 

sum  d*Orb.,  p.  124. 

^  sp.,  p.   i36y    voisin  de 

D.  Crouzi  Sayn. 

—  cf.  AngladeiSayn^p.  i43. 

—  sp..  p.  143,  voisin  de  D. 

latidorsatuni  Mich. 

Diceraa  sp.,  p.  473. 

Dictyoconas  tegrptienais  Chapman, 
p.  i56.  —  Patellina  «fgyp- 
tiensis  Chapman. 

Duvalia  cf.  lata  Blainv.,  p.  i4i. 

—  sp.,   p.    ia8,  voisine   de  D. 

biner\'ia  Rasp. 

—  sp.,  p.  137. 

EchinovonuB  gigasl  Cotteau,  p.  621. 

Echinocorya  vulgaria  Breyn,  p.  520. 

—  —        var.  gibha,  p. 

535. 


I.  Les  noms  de  genres  et  d^espèces  en  caractères  romains  sont  ceux  que 
les  auteurs  placent  en  synonymie. 


TABLE   DES   GENRES  ET  DES   ESPÈCES 


847 


Echinolampas  africanna  de  Lor.,  p. 
6a3.  —  E.  Fraasi  de  Lor.; 
E.  Osiris  Des. 

Sdaphodon  Backlandi  Ag.,  p.  4^5. 

Sgerionia  iaodonta  Cocchi,  p.  49^, 
pi.  XI,  p.  i5. 

Smbiotocidœ,  p.  499»  %•  7-io. 

Efnmericia  canaliculata  Brusina.  p. 
670,   li 
Bois  te 


670,   lig.  6,   var    idanica 


JSotHfgnluê  Faroli  n.  sp.  Thevenin, 
p.  607,  pi.  XIII,  fig.  1. 

Eelis  leo  var.  spelœa,  p.  563,  fig.  11. 

—    ^SXg^  Kaup,  p.  569.  —  Machai- 
rodus  ogygius  Zittel. 

Gyrodua  Cnvieri  Ag.,  p.  543,  pi.  XII, 
flg  I,  2,  3.  —  Pycnodus 
Larteti  Sauv.;  Gyrodus 
Larteti  Leriche. 

—  'Z)a£erfr«iSauv.,p.  544.  — Pyc- 

nodus Dutertrei  Sauv.; 
Gyrodus  coccoderma 
Egerton. 

—  aabcontiguidens  Sauv.,    p. 

545.  —  Pycnodus  subcon- 
tiguidens  Sauv. 

—  ambiliciis  Ag.,   p.  54^,  pi. 

Xn,  lig  4,  5. 

JiamnUna  sp.,  p.^  i36  ;  voisin  de  H. 
tenais  Rep. 

•Heterodicera»  n   sp.,  p.  473. 

Hippuritea  sp.  nov.,  p.  228,  forme 
ancienne  de  H.  Toucasi 
d'Orb. 

—  sp.    nov.,    p    228,   forme 

ancienne  de  H.  Carezi 
Douvillé. 

—  sp.,  p.  i55,  forme  récente 
*     de  H.  Moulinsi. 

—  sp.,  p.  i55,  forme  ancienne 

de  H.  giganteus. 

Holaster  integer  Desor,  p.  620. 
Holcodiscus     dwersecostatua    Coq., 

p.   125. 

—  Gelimer  Coq.,  p.    126. 

—  Henoni  Coq.,  p.  i25. 

—  mefaniorphicus    Coq., 

p    125.   —  H.   Gero- 
nimœ  Sayn. 


Holcodiacus    Vermina  Coq.,  p.  isS, 

voisin  de  H,  algirus 
Sayn. 

—  sp.,p.  125;  voisin  de  H. 

diversecostatus  Coq. 

—  sp.  p.  125;  voisin  de  H. 

metamorphicus  Coq . 

—  sp.,  p.  126;  du  groupe 

de  II.  SophonisDa 
Sayn. 

—  sp.   p.   126;  voisin   de 

II.  Morleti  Kil.  et 
de  H.  menglonensis 
Sayn. 

—  sp  ,  p.  137. 

—  sp  »  P'  142* 

Hoplites  pexiptrchus  Uhlig   p.  i4i.— 
H.  Roubaudi  dX)rb. 

Hjrracotheriurn,  p.  200  et  207.  -  Pliolo- 

phus  Owen. 

—  craspedotum  Cope, 

p.  2o3. 

—  cnstaium   Wortm  , 

p.  2o3. 

—  cuniculua  Owen,  p. 

201. 

—  Gaudryi    Lemoine, 

p.  202.  —  Propachy- 
nolophus  Gaudryi 
Lem. 

—  index  Cope,  p.  2o3. 

— Eohippus  pernix 
Marsh. 

—  leporinum  Owen,  p. 

200,  pi.  IV,  fig.  I. 
—  Pliolophus  vul- 
piceps  Owen. 

—  Maldani    Lemoine , 

p.  2o3.  —  Pacliyno- 
tophus  Maldani 
Lem. 

—  tapirinum  Cope,  p. 

203. 

—  i'rt«a<T<?ic/i«eCoj)c,  p. 

2o3.  —  Eohippus 
validus  Marsh. 

Inocerarnus  Oipaii  Ma  n  tell,  p.  53 1- 

—  digitaUis  Sow  ,  p.  5i3. 

—  sp..  p.  5i4 

Labridîpy  p.  498.  fig.  5-6;  pi.  XI,  fig. 
19-20. 


848 


TABLE   DfiS   GENRES  ET   DES   ESPECES 


Lamna  siriata  Winkler,  p.  4^,  pi. 
XI,  tlg.  29-30 

Lepifio8teas  aueaaoniensis  Gervais,  p. 
489,  pi.  XI,  fig.  1-8. 

Leptoceras  ensia  Coq.,  p.  128  ;  voisin 
de  L.  Cyrlœ  Coq. 

—  sp.  Sayn,  p.  128. 

—  S[^.  p.  i37  ;  voisin  do  L. 

CyrUc  Coq. 

—  cf.  rnsis  Coq.,  p.  142. 
Lophiotheriiun  Gervais,  p.  2i3. 

—  (?)  agilia  Marsli,   11. 

218.  —  Epili.  agiiÎR 
(Marsh). 

—  cervuluni  Gervais.  p. 

216,  i)I.IV,ti|j.  4,5,6. 
—  Hyracotherium 
siderolithicum  (Pic- 
tel). 

—  (?)  cuspidatua  Cope, 

p.  218.  —  Orohippus 
cuspidatus   (Cope). 

—  Ç)  gracilia  Marsh,  p. 

•ii8.  —  Kpih.  gra- 
cilis  (Marsh). 

—  (?)  siderolithicum  Pic- 

tel,  p.  217.  —  Hy- 
racotherium side- 
rolithicum (Pictet); 
Pachynolophus  si- 
derohthicum  Pictet 
s[>.  (Zittel). 

—  (?)  uintensia  Marsh,  p. 

218.  —  Epihippus 
uintensis  (Cope). 

Lucina  sculpta  Phill.,  p.  129.  — ?  L. 
ranima  Coq 

Lytoceraa  Duvali  d'Orb.,  p.  120;  var. 
L.  Ibrahim  Goq. 

—  sp.,  p.  119;   voisin   de  L. 

Jauberti  d'Orb. 

—  cf.  Pheatus  Math.,  p.  120. 

sp.   p.    120;   voisin  de   L. 
strangulatum  d*Orh. 

sp.,  p.  120. 

—  sp.,  p.  i36;   voisin   de  L. 

Jnuberti. 

sp  ,   p.   i36;  voisin  de  L. 
strangulatum. 

cf  quadriaulcatum  d'Orb., 
p.  142. 


Lytoceras  sp.,  p.  143,  du  gr.  de  L. 
Juillet!;  voisin  de  L. 
tenuistriatam  Rep. 

—         sp.,  p.    143 ;  voisin  de  L. 
Abd-el-Kader  Coq 

Machairodus  aphanistua   Kaup.,  p. 

552-558,  llg.  6.  7;  p. 
9()3,  flg.  11;  p.  570, 
Ûg.  12. 


crcnatîdens     Fabrini, 
».  56i,  tig.  10;  p.  563, 
_       ;  p.  564,  âg. 
p.  565,11g.  i3;  p.566, 


E.  ODI,  llg 
g.  11;  p.  56^,  Ûg.  m; 
I3;p.5e6. 
«g.  14  ;  p  572,  ôg.  17. 

—  cnltridena  Cuv..  p.  552, 

5.53,  flff.  I,  2;  p.  55^, 
«g.  3, 4:  p.  555,  tig.  5; 

S.  56i,  ug.  11;  p.  572. 
g-  17. 

—  Jourdani  Filhol,  p.  572, 

Hg.  17;  p.  563,  fijg:.  11; 
p.  568,  HyieDietis  ger- 
ma nica  Praas. 

—  laiidens  Owen,  p.  559, 

56o,  flg.  8-9. 

—  yeatianua  Fabrini,  p. 

567. 

—  ogXfC^^^  Zittel.  p.  56o. 

—  M.  orientalis  Kittl; 
M.  Schlosseri  Weith.; 
Felis  ogygia   Kaup. 

—  orientaUa  Kittl,  p.  56q. 

—  M.  ogygius  Zittel. 

—  paUnidena^  p.  563,  flg. 

11;  p.  568, 072,  fig.  17. 

—  Schloaaeri  Weith.,  p. 

569.  —  M.  ogygius 
Zittel. 

Macroacaphitea  Yvani  Puzos  mut. 
atria  tiaulcata  d*Orb. ,  afra 
Sayn,  p.  120. 

Matheronia  sp.,  p.  47a,  gr.  de  M.  gry- 
pnoiaes  Kfath. 

Meaodon  affinis  Nicollet,  p.  545,  pi 
XII,  flg.  6.  —  Pycnodn; 
afllnis  Nie. 

—  Bouchardi  n.  sp.  Sauv.,  } 

546,  pi.  XII,  flg.  7,  8. 

—  air.  ffrannlatus  Munster, 

648.    —    Mesodon    !«' 
Sauv. 

—  I^nnieri  n.  sp.  Sauv., p. 

pi.  XII,  flg.  9. 


TABLE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 


«49 


Mesodon  morinicns  Sauv.,  p.  549,  pi. 
XII,  flg.  10. 

—  Rigauxi  n.  sp.  Sauv.. p.548. 

—  M.    (çranulatus  Sauv., 
non  Munster  nec  Fricke. 

—  simulanau.^u.  Sauv.,  p.  54u, 

pi.  XU,  Ug.  II. 

—  sp.,  p.  ô^,  pi.  XII,  llg.  la. 

Mieroêter  arenattis  Sismonda,  p.  519: 
voisin  de  M.  Matheroni 
Desor. 

—  foran^ainiim  Klein. p. 517. 

—  </eci/>teiM Bay le,  p.  51;.— M. 

cortestudinariuiu  auct. 
non  Goldf.  et  var.  icau- 
nensia  Lainbrrt. 

—  fastigatiis  Gauthier,  p.  53a. 

—  Aï.  gibbus  Lain.  (in 
Lambert). 

—  gihbus  Lamarck,  p.  517.  — 

M.  gibbus  Lambert  (pi. 
XU,  lig.  4,  5). 

—  Gottschei  Stolley,  p.  533.  - 

M.  cordatus?  Ag  (in 
Fallot);  M.  Brongniarti 
Hébert  var.  Sisniondai 
(in  Lambert);  M.  pseu- 
doglyphus  de  Gross.  ; 
M.  glyphus  Gauthier; 
M.   Schrôderi   Stolley. 

Monopleura  sp.,  p.  4^3;  voisin  de  M. 

imoricata  Math. 

Mortoniceraa  iexanum  Rœmer,  p.  5  ta. 

MyledaphaSy  p.  5oo. 

Nemastomoidea  Elaveria  n.  sp.  Thé- 
venin,  p.  609,  pi.  Xlll,  lig.  a. 

Noetlingia  Monteili  Gauthier  sp.  n., 
p.  191,  pi.  111,  lig.   I,  a,  3. 

Kummulopalatus   paucldenn   n.    sp. 

Priem,    p.    497, 
pi.  XI,  lig.  18. 

—  Vaillanti    n.    sp. 

Priem,    p.    497, 
pi.  XI,  tig.  16-17. 

Odontaspis  elegans  Ag.  p.  t{6i,  pi.  XI, 
lig.  a7-a8. 

—  Rutoii   Winkler,    p.  48a, 

pi.  XI,  llg.  a5-a6. 

Oppelia  sp.,  p.  ia4  ;  voisin  de  O.  Nisus 
a*Orb.  ;  O.  N  isoides  Sarr.  ; 
O.  Haugi  Sarr.  :  O.  subra- 
diata. 

Orbitoides,  p.  403. 


Orhitoides  apicnlata  Schl.  n.  sp  ,  p. 
465   pi.  VIII,  lig.  1,4.6; 

pi.  IX,  llg.  1-4- 

—  média  d*Archiac,  p.  (AS\, 

pi.  VU,  li^.  1,7.-  Li- 
cophris  Faujasi  Defr.  ; 
Orbitolitrs  média 
d'Arch.;  Orbitoides 
média  d'Orb. 

—  niinor  Schl.  n.  sp.,  p.  4<i6, 

pi.  VUl,  lig.  a,  3,5;  pi. 
IX,  lig.  a,  3. 

Orhitolina,  p.  i5(». 

Ostrea  hippopodiutn  Ni  11  s,  p.  014. 

Parhjrdiscua  Levri  de  Gross.,  p.  53i. 
—  Amin.  ootaeodensis 
Stol.  (in  Fallot). 

Pachxnolophns  Pomel,  p.  ao4,  2i(». 

—  cesaerasicus  P.  Ger- 

vais,  p.  ao8. 

—  Duvalii    Pomel,    p. 

ao'i,  pi.  V,  Ug.  I, 
4,  5.  —  Hyracothe- 
rium  de  Passy 
Blainv. 

—  GflUÉ^r^-i  Lemoine,  p. 

aoa,  ao9  —  Propa- 
chynolophus  Gau- 
dryi  Lemoine. 

—  MoUiani  Lemoine,  p. 

ao3,  209. 

—  Prrvosli  P.  Gervais, 

p.  ao8,  pl.V,fig.2,.'t. 

Patellina,  p.  i56. 

Phylloceras   infundibulum     d'Orb. , 

p.  119.  —   Ain    Bato- 
rensis  Coq.    > 

—  Thetj's  d'Orb.,  p.  119.  — 

Amm.   .Moreh   d'Orb. 

—  cf.   Carlai'anti    d'Orb  , 

p.  119;  voisin  de  Ph 
Guettardi  Rasp. 

*  —  cf.  Ernesii  Thlig,  p.  119. 

—  ?  Am.   Aspar  (ioq. 

—  cl",  semiaulcatum  d'Orb., 

p.  119. 

—  sp.,    p.    119;    voisin  de 

Ph.  Thetys  d'Orb. 

—  sp.,  p.  119;  voisin  de  Ph. 

infundibulum  d*Orb. 

—  sp.,  p.  119.—  Ph.  Micipsa 

Coq. 


«o 


TABLE  DES  GEXMES  ET   DBS  ESPECES 


PkjUodmM  Gmmdrri  m.  sp.  PricoL.  p. 
4»^  fii.  4;  pi  XI,  fiBiV 

PSearotonutria  tt.  royana  dt>rb.,  p. 

PUeaimla  Herne§i  Gmi.,  p.  Stts.  —  PL 
Mtaensis  Coq. 

PmitheUÎM  LorioU  5ieklèft,  p.  i^i. 

—  Hp.,  pp.  131,  i36,  voUin  de 

P.  lialUd»  NickL 

—  Kp.,  p.  131.  du  groupe  P. 

compressissima  Gerh. 

"         ftp.,  p.  133,  voisin  de  P. 
coronatoides  Sayn. 

^         sp.,   p.  133,  voisin  de  P. 
hopliUformis  Sayn. 

—  ftp.,  p.  133,  voisin  de  P. 

Damrrmonti  Sayn. 

—  sp.,  p.   133,  voisin  de  P. 

Erovioeialis  d*Orb.  var. 
indigi  Karsten. 

—  sp.,  pp   133,  i36,  voisin  de 

P.  provincialis  d'Orb. 

Propalsrotfurium  Gervais,  p.  3io,  3i6. 

—  argentonicum  P.  Ger- 

vais, p.  313. 

—  iMêelanum  Cuv.  Blain- 

ville,  p.  aïo. 

—  minttfom,  p.  313. 

—  parvttbun  Laurent,  p. 

308. 

—  parvulum  Cuv.;  Lau- 

rillard,  p.  ai3,  pL 
IV,  ûfç.  3,  3.  —  P. 
minutum  Rût. 

—  pj^^ma;am  Ch.   Dep., 

sp.  nOV.,  p.  313. 

lihynchoteiUhia  sp.  nov.,  p.  184,  lig. 

Silesites  a(T.  SeranonU  Sayn,  p.  134. 
—  A.  impare-costatus 
Coq.  :  A.  Oxyntas  Heinz. 


de  Lor^  p.  €aS. 


B.  Tar.  Four- 
tam,  p.  €16. 

Spin/erBomiei€Ehlat  B.sp.,  p.a33, 
pLVI,fiB.i. 

—  (AefîeBlaria)  Dereimsi  Œh- 

leri  B.  sp  ,  Du  a3S  et  p.  a36, 
fig.  i;  pL  VI,  fis.  s-i«.  — 
Sp.  eorratns  SeniotlL. 

—  PeUi€oi  de  Vemeuil,  p.  aO}. 

—  YerReBÎIi,  p.  aSo,  tàf^.  la. 

Spiri/erima  roêirata^  p.  344,  tig.  3. 

SquaUna  Gandryi  n.  sp.  Priem,  p. 
483,  ^  XI,  fig.  33-34. 

SjrringothjrrU  (Davidson),  p.  349. 

Toxoceras  oaaehenMe  Coq.,  p.  197. 

^  sp.,  p.  137;  voisin  de  T. 

Royeri  d*Orb. 

—  ^Pm  P-  i?7:  .voisin  de  T. 

Emerici  dX)rb. 

—  sp.,  p.  137;  voisin  de  T. 

ouachense  Coq. 

Trochas  sp.,  p.  139. 
Turbo  sp  ,  p.  139. 
—     sp  p.  137. 
VaUetia  sp.^.  473,  aff.  Y.  Tombecki 

Venerieardia  densata  Conrad,  p.  656; 

S.  654,fiff.  i;  p.  655, 
^.  3.  —  Clardita  pla- 
nic<»sta  Conr.;  C.  den- 
sata Conr.;  Veneri- 
eardia planicosta 
Gilb. 

planicosta  Lmk.,  p.  653, 
i;p.6S>,Ûg:. 


654,  fi| 


tr 


mitis  Lmk. 


FIN    UK    LA   TABLE    DBS  GB.NRES  ET  DES  ESPECES 


LISTE  DES  FIGURES  ET  DES  CARTES 

INTERCALÉES  DANS  LE  TEXTE 


Pa^e.s 
G.-A.-F.  MoLKNGRAAFF.  —  I.  Coupc  clfs  couclies  de  la  sérif*dc  HospitaU 

Hill,  dans  le  Wilwatersrand  central,  à  Johan- 
nesburg. . ai 

fÀ,  Coupe  des  couches  de  la  série  de  Hospital-Hill  dans 

le  Wilwatersrand  central aa 

3.  Coupe  passant  par  la  mine  d'or  de  Denny-Dalton 

(district  de  Vrijheid) 26 

^i.  Coupe  schématique  du  bord  du  bassin  du  Witwa- 

tersrand  à  Wonderfontein 3» 

5.  Coupe  près  la  mine  de  Kromdraai 34 

B.  Formes    d'érosions    dans    les   grès  de   la  série  du 

Black-Reef  à  Duivels-Kantoor 39 

7.  Les  Kransen  de  la  série  de  Pretoria  entre  Waterwal- 

Boven  et  Waterval-Onder 44 

8.  Dyke  de  diabase  formant  un  banc  intrusif  au  kilo- 

mètre 219  du  chemin  de  fer  de  Komatipoort  à 
Pretoria. 4^ 

9.  Diabase  intrusive  dans  les  couches  de  la  série  de 

Pretoria,  près  de  Pretoria 4^' 

10.  Coupe  prise  au  nord  du  Transvaal. 4^ 

11.  Coupe  théorique  montrant  le  mode  d'affaissement 

de  la  série  de  Pretoria  vers  le  Boschveld  et  les 
failles  à  gradins 58 

la.  Coupe  montrant  la  discordance  du  système  du 
Karroo  sur  le  système  primaire  dans  le  district 
de  Vrijheid 67 

i3.  La  montagne  Gotshe  et  la  propriété  Mooiklip,  vue 

du  sud (iS 

14.  Coupe  dans  le  district  de  Vrijheid 70 

i5.  Conglomérat  de  Dwyka  reposant  sur  les  couches  de 

Barberton  (district  de  Vrijheid) 72 

16.  Roche    moutonnée    émergeant  du   conglomérat   de 

Dwyka  sus-jacent 72 

17.  Conglomérat   de   Dwyka    reix)sant    sur   la   surface 

ondulée  des  couches  de  Barberton 73 

18.  Roche  moutonnée  polie  et  burinée  sous  le  conglo- 

mérat de  Dwyka 73 

19.  Paysage  morainique  près  de  Riverton 74 

P.-G.  de  RouviLLE.  —  1,2, 3.  Coupes  suivant  les  directions  i,  2,  3  du  plan.        94 

4.  Plan  du  territoire  d'Assas-Viviers-Teyran  (Hérault) 

(1/160.000) r    .    .    .    .        94 


852  LISTK    DES   FIGURES   ET    DES   CARTES 

Ë.  FouRNiBR.  —  1.  Coupe  de  la  partie  moyenne  du  lac  de  SaintrPoint.  99 

a.  Coupe  à  la  Fontaine-Ronde 100 

3.  Coupe  à  2  kilomètres  au  sud  de  la  précédente  ...  100 

4.  Coupe  à  la  mine  de  Longueville loi 

5.  Coupe  entre  la  Fontaine-Ronde  et  le  lac  de  Saint- 

Point  loa 

6.  Coupe  de  la  zone  des  hauts-plateaux lOS 

7.  Coupe  de  la  Chapelle  des  Buis 104 

8.  Coupe  du  Moulin  Caillet io5 

9.  Brachyanticlinal  de  Merrey-Vielley 107 

10.  Brachyanticlinal  de  Miserey 107 

11.  Coupe  du  massif  de  la  Serre 108 

13.  Schéma  du  Jura  franc-comtois  avant  et  après  les 

plissements  tertiaires 109 

i3.  Coupe  à  travers  les  bassins  crétacés  de  TOgnon  et 

de  la  Saône  et  le  plateau  intermédiaire iio 

i4>  Coupe  dans  la  vallée  de  TOgnon iio 

A.  JoLBAiJD.  —    1.  Carte  géolojçique,  du  Barrémien  du  Djebel-Ouach 

(Constantine)  et  des  terrains  adjacents  (1/76.000).      ii5 
a,  3,  4-  Trois  coupes  dans  le  Barrémien   du  Djebel- 
Ouach    116 

5.  Carte  géologique  du  Barrémien  de  Guelma  et  des 

terrains  adjacents  (i/5o.ooo) ^ .   .      i35 

P.  LoRY.  —  1.  Extension  des  faciès  au  Sinémurien  dans  les  Alpes 

dauphinoises  (i/a.ooo.ooo) 180 

a.  Coupe  à  LafTrey 180 

3.  Vue  prise  sous  le  col  du  nevé  de  Taillefer i8a 

4.  Carte    des   plissements  des  environs  de  Taillefer 

(1/400.000) i83 

L.  Thiot.  —  Hhyiichotenihis  sp.  n.  G.  N 184 

P.  Flichb.  —  Cycadeoidea  divensis  n.  sp i^ 

D.-P.  Œhlbrt.— 1.  Spirifer  Dereimsi  n,  sp a37 

!i.  Deltidium  de  Clitambonites a4a 

3.  Sections  de  Spiriferina  roBtraia a{4 

4.  Sections  de  Textrémité  apicale  du  crochet  ventral 

de  Cyrtina  heterocUia a45 

5.  Section    de    Cyrtina    heterocUia,    commençant  à 

atteindre  le  pseudodeltidium a46 

6.  Section  très  grossie  du  spondylium  et  du  tichorhinum      94^ 

7.  Section  montrant  à  Tintérieur  des  plaques  dentales, 

les  traces  de  dents 247 

8.  Section  montrant  le  mode  d'accroissement  des  pla- 

ques dentales  et  la  continuité  du  septum  entre 
celles-ci «47 

9.  Sections  montrant  la  façon  dont  les  parois  du  spon- 

dylium s'interrompent  pour  laisser  le  tichorhinum 
libre 948 

10.  Sections  successives  du  tichorhinum  montrant  la 

façon  dont  on  le  voit  disparaître a48 

11.  Section  transversale  du  crochet  de  la  valve  ventrale 

de  iS^rm^o t^j^ri«  Davidson a49 


IJSTK    DES    H<;IMIES    ET    I>KS   CVHTES  853 

F  Kerfornb  —      Discordance  du  Camhrien  sur  le  Précambrien,  près 

de  Rennes a58 

C  ScHifi]>T.  —  Profil  de  Bangka  et  du  sud  de  Sumatra ......       263 

A.  Bigot.  —  Coupe  dans  la  région  du  llozel  (Manche) 273 

de  Lamothb.  —    i.  Coupe  schématique  de  la  vallée  de  Tisser,  près  de 

l'embouchure 298 

2.  Diagramme  des  oscillations  verticales  du  niveau  de 

base  à  Tembouchure  de  Tisser 3o2 

3.  Coupe  schématique  des  alluvions  de  la  Moselle  entre 

Hemiremont  et  le  Saut-<lu-Broc.  3i2 

4.  Coupe  des  terrasses  de  la  rive  gauche  de  la  Moselle 

à  Thaon 3i6 

5.  Profil  longitudinal   de  la  Moselle  entre   Fi'ouard  et 

le  Thillot  (eaux  moyennes) 3i8 

6.  Coupe  transversale  du  barrage  de  Noir-(iueux.    .    .       320 

7.  Schéma  montrant  Télévation  du   barrage  de  Noir- 

Gueux   sur  la  rive   gauche  de  la  Moselle  et  son 
raccordement  avec  la  basse  terrasse 32o 

8.  Coupe  transversale  de  la  vallée  de  la  Moselle,  prés 

d'Arches 322 

9.  Coupe  entre  Valence  et  Romans 34i 

10.  Profll  longitudinal  du  Rhône  entre  la  mer  et  Lyon.      345 

11.  Schéma  indiquant  comparativement  les  analogies 

et  les  différences  de  la  théorie  de  du  Pasquier  et 

de  celle  déduite  de  Tctude  de  Tisser  .......      354 

12  Schéma  de  la  formation  des  terrasses  régulières  et 
irrégulières  dans  Thypothèse  des  oscillations  du 
niveau  de  base 359 

i3.  Schéma  de  la  formation  d'un  système  de  terrasses.      3()3 

14.  Schéma  montrant  les  différences  que  présente  la 
marche  de  Térosion  suivant  l'importance  des 
bassins  hydrographiques.   . 3<>5 

i5.  Cas  011  les  déplacements  du  niveau  de  base   sont 

exclusivement  horizontaux 367 

16.  Cas  où  te  niveau  de  base  se  déplace  à  la   fois  hori- 

zontalement et  verticalement 367 

17.  Mode  de  formation  des  fausses  terrasses 370 

W.  KiLiAN  et  P.  Termibr.  —  i.    Coupe  relevée    au    sud   de  TEehalp 

(Queyras) 3<)2 

a.  Succession  observée  entre  le  Bric-Bouchet  et  le  col 

de  Malaure,  dans  le  Ilaut-Queyras 393 

3  Coupe  du   Mont-Pelvas  .    .       396 

4  Coupe  relevée  au  sud-est  de  Molines  (Queyras).    .    .  4^ 
BoUROBAT.  —        I.  Contact  du  Givétien  et  de  la  Grauwacke  à  Taillefer.  424 

2.  Coupe  du  Carbonifère  entre  Argenteau  et  Visé     .    .      4^^^ 
F.  Fallot.  —       i.  L'Aquitanien  dans  les  coteaux  de  Sainte-Croix-du- 

Mont  .    . 4'^4 

2.  Carte  indiquant  la  disposition  probable  de  la  mer 

aquitanienne  dans  la  Gironde  (1/750.000)    ....  4^5 

Edouard  Harl^..  -    Crâne  de  l^œuf  musqué ^6î> 

F.  Pribm.  —  1-2.  Amia  robvsia  n.  sp.   .       4^ 

3.  Amia  rohuata  n.  sp 4^7 

l3  Juin  1902.  —  T.  1".  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.  —  55 


8 


LISTE    DES    KKiUllES   KT    DES   CAIITES 


4.  Phyllodas  Gaudryi  n.  sp 496 

5-6.  Labridé  indéterminé  de  TAgéien ^98 

7-10.  Embiotocidé  (?)  indéterminé  du  conglomérat  de 

Ccrnay 499 

A.  Prron.  —        I.  Schéma  de  la  disposition  des  couches  à  La  Trinité.  5a7 

'j.  Profil  schématique  du  Crétacique  supérieur  entre  la 

Trinité  et  Font-de-Jarrier 53o 

M.  BouLR.  —        1-12.  Canines  supérieures  de  Machairodus 553 

3-4-  Photographies /les  pièces  étudiées  par  Cuvier.   .   .  554 

5.  (^nine  supérieure  de  Machairodus  citltridena  .   .   .  556 

6.  Canine  supérieure  du  Mâchai  rodas  d*Eppelsliein;     .  558 

7.  Canine  supérieure  du  Machairodus  de  Pikermi.   .  558 
8-9.  Canines  supérieures  du  Machairodus  latidens.   .  56i) 

10.  Canine  supérieure  gauche  de  Machairodus  crena- 

tidens 5Hi 

11.  Profil    des    carnassières    supérieures    gauches    de 

divers  Félins  fossiles 563 

la.  Dents  de  Machairodus  crenatidens  de  Ceyssaguet.  .  564 
i3.  Dents  inférieures  de  Machairodus  crenatidens  de' 

Sainzelles 565 

14.  Molaires  inférieures  de  Machairodus  crenatidens  de 

Sainzelles. 566 

iS.  Canine  supérieure  de  Machairodus  palmidens  567 

16.  Canine  supérieure  de  Machairodus  Jourdani,   .  .   .  569 

17.  Dernière    prémolaire    et   carnassières    inférieures 

gauches  de  diverses  espèces  de  Machairodus   .   .  570 

A.  Gu6rhard.  —  I.  Schéma  de  la  formation  des  lambeaux  paradoxaux.  6i3 

!i.  Id.  id.  614 

3.  Plan  des  contours  géologiques  des  afileurements 

dans  lu  région  des  accidents  paradoxaux  (1/80.000)  6i5 

4.  Coupe  suivant  la  ligne  C  de  la  fig.  3 616 

5.  Coupe  suivant  la  ligne  B  de  la  flg.  3 617 

6.  Coupe  suivant  la  ligne  A  de  la  fig.  3 619 

7.  Schéma   de  la   formation    d*une    proéminence   de 

couches  anciennes  sous  le  lambeau  discontinu  de 

couches  récentes  . 6aa 

M.  CossMANN.  —  I.  Charnières  de  la  valve  gauche  de  Venericardia  pla^ 

nicosta  L.  et  de  V.  densata  Conr 654 

3.  Charnières  de  la  valve  droite  de  Venericardia  pla- 

nicosia  L.  et  de  V,  densata  Conr 655 

A.  BoisTRL.  —     I.  Coupe  dans  le  vallon  de  Jurancieu .  659 

a.  I<i  660 

3.  Plan  du  vallon  de  Jurancien  (i/i5.ooo).  .....  661 

4.  Coupe  suivant  la  ligne  XY  de  la  carte  de  la  fig.  3.   .  663 

5.  Coupe  dans  le  vallon  de  Saint-Gyr 668 

6.  Kmmericia  canaliculata  Brusina 671 

7.  Profil  entre  Ambérieu  et  Jujurieu 674 


LISTE    DES   FIGIRES   ET   DES   CARTES 


Réunion  extraordinaire  à  Lausanne  et  dans  le  Chablais 

Bf*  LuoBoif.  —     I.  Coupe  du  contact  de  la  région  molassique  horizon- 
tale avec  la  région  de  la  molasse  plissée 687 

a.  Position  des  aftlcurements  entre  Bouveret  et  Saint- 

Gingolph 689 

3.  Coupe   du   pli   frontal   plongeant  du  massif  de   la 

Brèche 711 

4.  Coupe  théorique  du   pli    frontal    du  massif  de   la 

Brèche  avant  la  lin  de  l'arrêt  du  mouvement  du 
chevauchement. 712 

Prbiswkrk.  —         Coupe  du  bord  du  massif  d(>  la  Urèehe  au  col  de 

Coux 721 

M.  LuGBON.  —     1.  Coupe  du  contact  des  Hautes  Alpes  et  des  Préalpes 

en  avant  de  la  Dent  de  More  les 721) 

a.  Contact  des  Préalpes  et  des  Hautes  Alpes.  Coin 
pénétrant  de  la  nappe  des  Diablerets  dans  les 
terrains  préalpins,  au-dessus  de  la  nappe  couchée 
et  plissée  du  massif  Dent  de  Mordes -Grand 
Muveran 729 

3.  Les  trois  grandes  nappes  superposées  des  Hautes 

Alpes 73i 

4.  Coupes  schématiques  des  nappes  des  Préalpes.    .    .  754 

5.  Coupe  du  massif  de  la   Hornfluh 7-56 

6.  Coupe  de  la  klippc  du  Oiswylerstock  modifiée  dans 

l'hypothèse  de  plis  venus  du  sud 767 

7.  Coupe   schématique  du   front   nord    de   la   chaîne 

alpine  à  travers  les  Hautes  Alpes  bernoises  et  les 
Préalpes 773 

8.  Coupe  des  («lariden 777 

9.  Coupe   de    la   nappe    supérieure    de   Claris   et    de 

Textrémité  de  la  nappe  inférieure 783 

10.  La    nappe    supérieure    glaronnaise    subdivisée   en 

trois  nappes  indépendantes  dans  les  montagnes 

du  nord  <lu  Klôntiial 787 

11.  LVxtrémité   de   la    nappe  de   Claris  disparaissant 

sous  les  nappes  du  Falknis  et  du  Rhâticon.  .   .       796 

12.  Les  plis  du  Falknis  sous  les  Préalpes  médianes  de 

l'est,  d'après  les  levés  de  M.  Lorenz.  797 

i3.  Coupe  du  massif  du  Simplon •.    .    .  8i5 

14.  Coupe  à  travers  le  massif  de  l'Ofenhorn  et  le  Val 

d'Antigorio Siâ 


FIN    DE    LA    LISTK    DBS    FIGUllhS   Kl   DKS   CARTKS 


LISTE     DES    PLANCHES 


PI.  I.  —  G.-A.-F.  MOLBNORAAFF.  —  ESQUISSE  oéOLOGlQUR  DB  LA  RbPUBLIQUB 
SUD-APRICAINB  DU  TrANSVAAL.  —  l/l.5oO.OOO. 

PI.  II.  —  Id.  —  RÉPUBLIQUE    SUD-AFniGAINB,    GOUPB8    OÉOLOQIQUBS.    —     Fig.     1. 

Coupe  schématique  de  la  vallée  de  Limpopo  au  massif  de  Vrede* 
fort  (échelle  des  longueurs  i/i.ooo.ooo).  —  Fig.  a.  Coupe  schéma- 
tique le  long  du  chemin  de  fer  entre  Belfast  (Transvaal)  et  le 
territoire  portugais  de  Mozambique  (échelle  des  longueurs 
1/800.000).  —  Fig.  3.  Ooupe  de  Tescarpement  est  du  Hooge-Veld, 
près  de  Pelgrimsrust,  diaprés  les  données  de  M.  Stark  (échelle 
des  longueurs  i/io.ooo). 

PI.  m.  —  V.  Gauthier.  —  Nobtlinoia  Montbili  Gauthier  —  Fig.  i.  Aoetlin' 
gia  Monteilif  vu  de  profil,  grandeur  naturelle.  —  Fig.  3.  Le  même, 
face  supérieure.  —  Fig.  3.  Portion  d^aire  ambulacraire  grossie. 

PI.  IV.  —  Ch.  Dep^ret.  —  Revision  i>bs  HYRACOTH^RiDés  buropébns.  —  Fig.  i. 
Hyracotherinm  leporinum  Owen.  Diaprés  un  moulage  du  crâne 
provenant  de  Targile  de  Londres  à  Heme-Bey.  ilgoré  par  Owen 
(GeoL  Mag.,  i865,  pi.  X,  tig.  a)  et  conservé  au  British  Muséum. 
Palais  montrant  à  gauche  les  3  M,  £^  d  ^t  les  deux  alvéoles  de 
p^;  à  droite  m\  m^*  J^«  J^  etj^.  Figure  grossie  d*un  cinquième. 
Longueur  réelle  des  3  M,  o,oa4  ;  des  trois  dernières  prémolaires, 
OyOao.  -  Fig.  a.  Propalœotheriam  panfulum  Laurillard  sp.  Sidé- 
rolithique.  Eocène  de  Lissieu  (Rhône).  Série  des  molaires  supé- 
rieures gauches  (3  M,  4  P)  formée  à  l'aide  de  dents  trouvées  isolé- 
ment. Figure  grossie  d'environ  un  quart.  Longueur  réelle  des  sept 
molaires,  o,o58.  —  Fig.  3.  PropalsBotherium  parçulam  Laur.  sp. 
Sidérolithique.  Eocène  de  Lissieu.  Série  des  molaires  inférieures 
(3  M,  4  P)  du  même  animal  et  du  même  gisement.  Figure  grossie 
d'un  quart.  Longueur  réelle,  0,066.  -«4^ig.  4*  Lophiothenum  cer- 
vulum  Gervais.  Kocène  supérieur  de  Sain t-Hippolyte-de-Ca ton 
(Guni).  Partie  de  maxillaire  montrant  les  3  M  et  les  deux  der- 
nières P  (£^,  p*  ).  Dans  cet  individu,  2I  ^^^  molariforme,  mais  ^ 
n'a  qu'un  seul  denticule  interne  formé  par  la  soudure  des  deux 
denticulcs  normaux.'  Figure  grossie  d'un  quart.  Longueur  réelle 
des  six  molaires,  o,o43.  —  Fig.  5.  Lophiotherinm  cenfnlnm  Ger- 
vais. Même  gisement.  Maxillaire  droit  avec  la  série  des  sept  mo- 
laires (3  M,  4  F)  séparées  de  la  canine  par  une  longue  barre.  Dans 
ce  spécimen  jy*  est  (comme  £^  et  pj|)  molariforme,  avec  deux  den- 
ticulcs internes  étroitement  accolés;  j)^  allongé  montre  aussi  deux 
denticules  internes.  Figure  grossie  d'environ  un  quart.  Longueur 
réelle  des  sept  molaires,  0,046.  —  Fig.  6.  Lophiotherinm  cenfulam 
Gerv.  Même  gisement.  Branche  droite  de  mandibule  avec  la  série 
des  sept  molaires  (3  M,  4  P)  *  £1  ^^^  submolariforme .  Figure 
grossie  d*un  quart.  Longueur  réelle  des  sept  molaires,  0,044 • 


LISTE   DES   PLANCHES  8S7 

Pi.  V.  —  Id  —  Id.  —  Flg.  I.  Pachxnolophuê  Duvali  Ponicl.  Crâne  provenant 
des  grès  éocènes  du  Minervois  (Hérault).  La  pièce  montre  à  gauche 
la  série  des  six  molaires  (3  M,  3P)  ;  il  n'y  a  pas  de  p^J  ^  droite 
m*  et  m^  ;  la  canine  est  séparée  de  p^  par  une  longue  barre . 
Figure  légèrement  grossie.  Longueur  réelle  du  crâne  du  bord  inci- 
sif au  bord  postérieur  du  trou  occipital,  o,i3  ;  longueur  de  la 
série  des  six  molaires,  0,043.  —  Fig.  2.  Pachynolophus  Prevosti 
Gervais.  Calcaire  grossier  supérieur  de  Nanterre  :  Type  de 
L^ESPÈCB,  figuré  par  Gervais  (Zool.  et  paléont.  franc,,  pi.  35, 
figr-  î6).  (Coll.  Mus.  Paris).  Arrière-molaire  supérieure  probable- 
ment m^.  Figure  grossie  d*un  quart.  Dimensions  réelles  :  lon- 
gueur, 0,009;  largeur  en  avant,  0,011.  —  Fig.  3.  Pachynolophus 
Prevosti  Gervais.  Calcaire  grossier  supérieur  de  Gentilly  (Coll. 
Mus.  Paris).  Maxillaire  supérieur  gauche  avec  les  3  M  et  les  deux 
dernières  P  (p^  et  p^.  Figure  grossie  d'un  quart.  Longueur  réelle 
des  cinq  molaires,  o,o43.  —  Fig.  4.  Pachynolophus  Duvali  Pomel. 
Calcaire  gro.ssier  supérieur  de  Passy  (Coll.  Mus.  Paris)  Type  du 
GENRE  ET  DE  l'espèce.  Trols  dcuts  isolécs,  les  seules  actuellement 
existantes  de  la  série  des  six  molaires  iigurées  par  Blainville  et 
Ger\'ais  (Zool.  et  paléont.  fr,,  pi.  17,  lig.  1)  et  qui  sont  le  type  du 
genre  Pachynolophas  Pomel.  Les  flgures  représentent  deux 
arrière-molaires,  Tune  droite,  Tautre  gauche  (m*  probablement) 
et  la  dernière  prémolaire  p^.  Figure  grossie  d'un  quart.  Dimen- 
sions réelles  de  m^  :  longueur,  o  008  ;  largeur  en  avant,  0,010.  — 
Fig.  5.  Pachynolophus  Duvali  Pomel.  Calcaire  grossier  supérieui* 
de  Passy  (Coll.  Mus.  Paris).  L^un  des  types  du  genre  et  de 
l'espèce.  Trois  arrière-molaires  inférieures  droites  séparées,  me 
paraissant  être  les  mêmes  que  celles  Iigurées  par  Blainville  sous 
le  nom  d'Hyracotherium  de  Passy  (Ostéogr.,  g.  Lophiodon, 
pi.  H).  Figure  grossie  de  1/4.  Long,  réelle  des  trois  molaires,  0,0285. 

M.  VI.  —  D.-P.  Œhlbrt.  —  Fossiles  dàvoniens  de  Santa-Lucia.  —  Fig.  i . 
Spirifer  Boulei,  n.  sp.  ;  gr.  nat.  —  Fig.  2  à  16.  Reticularia 
Dereimsiy  n.  sp.  ;  gr.  nat.  —  Fig.  17  à  34-  Cyrtina  heteroclita 
Defr.,  var.  intermedia  Œhlert  :  17,  ^r.  nat.  ;  18  k  34,  gross.  i  1/2. 

*1.  VIL  —  Ck.    SCHLUMBBRGER.    ~    OrBITOIDES    MEDIA    d'ARGHIAG.   —    Fig.    I . 

Orbitoides  mMia  d'Archiac  {L.  Faujasi  de  la  coll.  Defrance). 
Mirambeau.  Gr.  5/i.  —  Fig.  2-3.  O.  média  d'Archiac.  Royan.  Gr. 
5/1.  —  Fig.  4.  O,  média  d'Archiac.  Section  transversale.  Forme  B 
(de  la  collection  Defrance).  Gr.  i3/i.  —  Fig.  5.  O.  média  d'Archiac. 
Section  transversale.  Forme  A,  Royan.  Gr.  i3/i.  —  Fig.  (i-7.  O. 
média  d'Archiac.  Sections  équatoriales.  Formes  A;  lig.  H,  de 
Royan;  flg.  7,  Mirambeau.  Gr.  12/1. 

•1.  Vni.  —  Id.  —  Orbitoides  apiculata  Schlumb.  ;  O.  minor  Sgiilumb. 
—  Fig.  !•  Orbitoides  apiculata  Schlumb.  de  Maestricht.  Gr.  5/i.  — 
Fig.  2-3.  O.  minor  Schlumb.  de  Maestricht.  Gr.  9/1.  —  Fig.  4-  O. 
apiculata  Schlumb.  Section  transversale.  Forme  R,  de  Maurens 
Gr.  i3/i.  —  Fig.  5.  O.  minor  Schlumb.  Section  transversale. 
Forme  A,  de  Maestricht.  Gr.  i3/i.  —  Fig.  6.  O.  apiculata  Schlumb. 
Section  transversale.  Forme  A,  de  Maestricht.  Gr.  20/1. 


i 


U«TX   DES  njkJK 

lu  —  iD  _  rif  ■'  Or*ibHdt»  • 
riakr.  Poratir  A.  -V  MaritrickL  Gr.  lïi.  — Hf.  •.  O.  aiîMr 
Sd>t«iut>.  Indinda  ué.  dr  Mantricht.  Gr.  9  i.  -  Fw.  3  O  mUmor 
!w;blM>b  SrrrXino  éqBabjtialr.  Forar  A.  dr  Hacalricfct.  Gr.  U  1. 
—  n*.  J.  O.  apûmtmU  Sekiutb.  Sntîn  c^Mlanalc.  Fofwr  B.' 
dr  Haofnas.  Gr.  il  1. 

P.  Pbum.  —  PiiisMK»  >>•  L~ÉacÉ3it  i<iriaiu:«  o«s  nnnoKB  db 
R*iM->.  —  FÛT  I.  4aih>  raba»la  a.  >p.  Confiner»!  dr  Oraajr. 
VrrUbre  d*  I  de  la  t~  tcrit,  i-ntr  de  la  Eicr  aBlrrirorc.  —  Fïf.  %. 
M.  Vertélff*'  n*  m  a»  la  1'  icrie.  mr  aalrnrarc.  —  Tur.  3  M. 
V<rrt«l»rr  o»  n'  (If  la  i~  sérir.  «iir  anlrrïrarr  —  Pîf.  J.  M.  Ver- 
li'life  !)■  VD  (raadalr)  dr  la  i"  Miic.  vue  aDtêrirarc.  —  Pîj.  5.  M. 
Wrtbri-  n»  ID  de  la  :e  lérie.  ï-oe  antrrit-uw.  —  Fig.  6.  W.  Ter- 
Irbrr  n*  V  (randak)  ilr  la  >*  icrie.  i-nc  antérHmrc-  -  Pijç.  7-  /d. 
|{B.^iacri|iilal  d'un  individa  dr  maymae  taille,  ^tk  de  drscos  — 
ViK-  X.  I/i.  Paraspliénnlde  d'nn  inditida  de  grande  taille,  rae 
inférieure.  —  Kîk.  g-  Id.  Frajnaent  d'ns  drDtairc  vac  externe.  — 
KiK-  t«.  M.  Mrmr  rraKoient,  -rarr  interne.  —  Pig.  1 1.  Id.  Maxillaire 
■l'un  individu  de  petite  taille,  vue  inférienrc.  —  Fif.  is.  Id. 
FraKiiiént  dr  niaxîllaire  avee  alvcolrs  externes  et  internes  — 
Filc.  il.  Id.  Mfnie  frai^ment,  vu  sur  la  face  lalcrale  interne.  — 
Fie.  Ij.  .Ifnin  (Pappirkthyt) Barroiiii Ltriclte  sf.  Af^éïen.  Vertèbre 
alulaminale,  vue  antérieure  —  Pig.  i5.  Id.  Vertèbre  caudale,  vue 
untérieure.  —  Fig.  iR.  Id.  Fragment  d'os  dentaire,  va  de  dessus. 

Iii.  —  Ii>.  —  Fii;.  I.  l^pidotUai  saesnionenti»  P.  Gervais.  Agéien. 
Vertèbre,  vue  jwr  la  face  postérieure.  —  Fig,  a.  Id.  Vertèbre  vue 
|iar  In  Tare  antérieure.  —  Pip.  3.  Id.  Fragment  de  plaque  osseuse 
lie  la  tête.  —  Fig.  4.  Id.  Ecaille  de  la  région  des  flancs,  face 
cNlerne.  —  Fin  .'>.  Id.  F.cnîl!e  de  lu  ligne  latérale,  foce  interne.  — 
FÎK-  fi.  Id.  Fragment  d'os  dentaire,  vue  supérieure.  —  Pi);*  3-  là. 
Frogiiient  de  maxillaire,  vue  externe.  —  Pig.  8.  Id.  Fragment  de 
jirûmaxillairi',  vue  externe.  —  Pig.  9.  Arlna  ?  Lemolnei  a  sp. 
Agclen.  Piquant  de  nageoire  pectorale  droite,  vue  latérale.  — 
Vin.  '<>■  l<i.  Vue  postérieure.  —  Fi|;.  n.  Même  espèce.  Fragment 
dr  piquant  dorsal,  vue  latérale.  —  Pi|t.  lo.  Ariag  Dalemplei 
l.eriehr.  AKcien.  Piquant  ilorsal,  vue  latérale.  —  Fig.  i3.  Pime- 
lûda*  Gaudryi  I^riche.  A^ien.  Piquant  dorsal,  vue  latérale.  — 
Pi){.  i^-  Phrllodiia  Gaudryi  n.  s|i.  Agéien.  Plaque  jAaryngienne 
Inférieurr.  —  Pig.  )b.  Egerlonia  taodonla  Cocchi.  Afélen.  Plaque 
pliaryu|{iennc  supérirure,  vue  par  la  face  triturante.  —  Pig.  16. 
Summopafalan  ValUanV  n.  sp.  Agéien.  Fragment  de  plaque 
pharyngienne  supérieure,  vue  par  la  face  triturante.  —  Pig.  17. 
Iil.  Vue  dr  proltl.  —  Fig.  18.  Nummopalatan  paaeident  n.  sp. 
riiii|iii'  pharyngienne  supérieure,  vue  par  la  face  triturante.  — 
KiiC  II).  I.iiliridé  inilét.,  voisin  de  Tantoga  artuel.  Conglomérat 
ili-  4'i'riiiiy.  l'Iuquc  pliaryngiennr  Kupêrienre.  vue  par  la  face 
li'itnrnnti'.  —  Fi)[.  'in.  Id.  Fragment  vu  de  proUI.  —  Pig.  ai-a*. 
Ai-anlhian  arpii-n»ia  Winkler  sp.  Ci'maysien.  Pig.  ar.  dent  vue 
cil'  la  fiii'i'  interne;  «g.  fi.  dent  vue  par  In  face  externe.  —  Fig. 
■j\-i'^.  SqiiiUina  Gaudryi  n.  sp.   Cernaysirn.  Fig.   i3,  dent  anté- 


IJSTK    DKS    PLANCHES  8.M) 

pieure,  face  externe;  11g.  24,  dent  latérale,  face  interne.  —  Fig. 
ji5-a6.  Odontaspis  Rutoti  Winkler  sp.  Cemaysien?  Fig.  a5,  dent 
antérieure,  face  externe;  lig.  26,  dent  latérale,  face  interne  — 
Fig.  27-28.  Odontaspis  elegans  Agassiz  sp.  Cernaysien.  Fig.  27, 
dent  antérieure,  face  interne;  lig.  28,  dent  antéro-latéralc,  face 
externe.  —  Fig.  29-30.  Lamna  striata  Winkler  sp.  Cernaysien 
(sables  de  Chàlons-sur-Vesle).  Fig  29,  dent  antérieure,  face 
externe;  lig.  '3o,  dent  latérale,  face  interne. 

PI.  XII.  —  H.-E.  Sauvaob.  —  Pycnodontks  jurassiques  du  Boulonnais.  — 
Fig.  I  Gyrodus  Ciwieri  Agassiz.  Splcniaux.  Musée  du  Ilaxrc 
(collection  Bouchard-Chantereaux).  Kimniéridgien  supérieur  — 
Fig.  2.  Même  espèce.  Voiner.  Musée  de  Houlogne.  Kimniéridgien 
supérieur.  —  Fig.  3.  Même  espèce  {Gyrodus  Larteti  Sauvage) 
Splénial.  Musée  de  Boulogne.  Kimniéridgien.  Zone  à  Pholadomyn 
hortulana.  —  Fig.  4.  Gyrodus  urnhilicus  Agassiz.  Voiner.  Musée 
de  Boulogne.  Portlandien  inférieur.  —  Fig.  5.  Même  espèce. 
Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Portlanéien  supérieur.  —  Fig  (>. 
Mesodon  affinis  Nicolet.  Splénial.  Musée  du  Havre.  —  Fig  7, 
Mesodon  Boiichardi  n.  sp.  Splénial.  Musée  du  Ilavre.  —  Fig.  8. 
Même  espèce.  Vomer.  Musée  du  Havre.  —  Fig.  9.  Mesodon 
Lennieri  n.  sp.  Splénial.  Musée  du  Havre.  —  Fig.  10.  Mesodon 
mori/iicu» Sauvage,  Splénial.  Musée  du  Havre.  —  Fig.  11:  Mesodon 
simnlans  n.  sp.  Splénial.  Musée  de  Boulogne.  Portlandien  infé- 
rieur. —  Fig.  12.  Mesodon  sp.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  Astar- 
tien.  Zone  à  Py^urus  Jurensis.  —  Fig.  i3.  Cœlodiis  suprajurensis 
n.  sp.  Vomer.  Musée  de  Boulogne.  PortIandienPurbeckien.  — 
Fig.  14.  Cœlodus  sp   Même  collection,  même  niveau. 

PI.  Xni.  —  A.  Thrvbnin.  —  Arachnides  du  Mouiller  dk  Commentry.  — 
Fig.  I.  Eotroguliis  Fayoli  sp.,  grossi  2  fois.  —  Fig.  2.  Neniaslo- 
moides  Elaveris  sp.,  grossi  3  fois. 

PI  XIV.  —  Maurice  Lugbon.  —  Coupes  dans  la  régio.n  db  la  Brècue  du 
Chablais  kt  les  Préalpes  (éclielle  i/5o  000).  —  Fig.  i.  Coupe  du 
liane  gauche  de  la  vallée  du  Rhône.  —  Fig.  2.  ('oupe  du  flanc  droit 
de  la  vallée  de  la  Drance  du  Biot. 

PI.  XV.  —  Id.  —  1d.  —  Fig.  I.  Coupe  du  massif  de  la  Brèche  et  de  la  zone 
interne  des  Préalpes,  pli  couclié  de  la  Dent  du  Midi.  —  Fig.  2. 
Coupe  du  Val  de  Morgins  au  Val  d'Illiez.  —  Fig.  3.  Coupe  à 
travers  le  massif  de  la  Brèche  du  Chablais  au  nord  de  la  vallée 
du  GifTre.  —  Fig.  4-  Environs  de  Tanin ge. 

PI.  XVI.  —  Id.  -  Coupes  a  travi  rs  le  versant  nord  des  Alpes  de  la  Suisse 
CENTRALE  KT  ORIENTALE,  daus  Thypothèsc  dcs  grauds  plis  couchés 
vers  le  nord,  d'après  les  travaux  de  MM.  Escher  de  la  Linlh, 
Moesch,  A.  Heiin  et  Lugeon.  Echelle  i/i5o.ooo. 

PI.  XVII.  —  Id.  —  Carte  structurale  des  Alpes  de  Savoie  kt  de  la  Suisse. 
Echelle  i/75o.(X)o. 


DATE  DE  PUBLICATION 

DES  FASCICULES  QUI  COMPOSENT  CE  VOLUME 


Fascicule  i 

—  a 

—  3 

—  1 


o  — 


feailles    i-6,  PI.  I-il),  juin  xgoi. 

—  7-16,  PI.  m-IV),  août  1901. 

—  17-27)1  octobre  1901. 

—  98-43,  PI.  Vn-Xin),  mars  190a. 

—  44-55,  PI.  XlV-XVn),  juin  igoa. 


ERRATA  DU  TOME  XXVUI  (3«  série) 

REPONSE  DR  M.  G.    DOLLFUS,    A  LA  NOTE    DB  M.    DB    GrOSSOUVRB,    INTITCLéK  : 

Sur  VOUgoeène  et  le  Miocène  du  baaain  de  Parlé 

P.  995,   ligne  6,  au  lieu  de  :  Grès  de  Beauce,    lire  :  Grès  de  Brenne. 

—        —      9,  —  CheçrueUeSn  —    Chevenellee^   près    Chi- 

tenajr. 


ERRATA  DU  TOME  PREMIER  (4«  série) 

EtUDK    comparer    DBS   HYtlTRMBS   DB    TBRRA8AB8  DBS  VALLÉBH  DB  L^ISSBR, 
DR  LA  MOSRLLB,  DU  RllIN  RT  DU  RhÔNB,  PAR  M.  DR  LaMOTUB  : 

P.  8219,  ligne  a),  au  lieu  de  :  J'ajouterais  lire:  J'ajouterai  incidemment. 

337,     —     a4,          —          c.  Deckenschotter,  —  C.  —  Deckenschotter, 

340,     —     34-35,      —          au-dessus   du  —  A  Vouest 

Rhône, 

343,  tableau,  col.  6,  —           220-230,  —  200-930, 

345,  lég.  de  la  tig.,  —           /  millim,  pour  —  i  millim.  pour  4  kilomè- 

2  kilomètres,  très, 

349,  ligue  a8,           —           Rhin,  —  Rhône, 

350,  —     3i,          —  celui,  —  le  déplaeemeni, 
356,  tableau,  col.  a,  —  positif  So-ôo  m,,  —  positif  5oSo  m,  ? 
364,  ligne  3i,          —  conséquence  ',  —  conséquence  «. 
:)64,     —     35,           —  Rafs\  —  RafzK 

368,  —     la,  —  compris  dans,  —   compris  au  voisinage  du 

niveau  de  base  dans. 

369,  —     ao.  —  exacte,  —    exacte^. 


LISTE      DES      OUVRAGES 


REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 


PAR    LA 


f  r 


SOCIETE    GEOLOGIQUE    DE    FRANCE 


Suppléthênt  au  torne  i*^  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,    a 


ABREVIATIONS 


Abh.  —  Abhandlungen. 

Ac.  =  Académie,  Accademia,  Akademie,  Academy,  etc. 

AF^\S.  =  Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences 

Am.  —  Américain,  America,  American. 

Ann.  •=  Annales,  Annali,  Annalen,  Annuel,  Annual,  etc. 

Arch.  =»  Archives,  Archiv,  Archiva,  etc. 

Bd.  «  Baud. 

B.  S.  »  Bulletin  de  la  Société,  Bollettino  délia  Société (B.  —  Bulletin,  etc.). 
But.  =  Bureau. 

C.  G   A  =  Service  de  la  carte  géologique  de  l'Algérie. 
C.  G.  F.  =»  Service  de  la  carie  géologique  de  France. 

C.  G.  1.  «*  Congrès  géologique  international. 
CR.  =  Compte  Rendu  (RC.  —  Rendiconti). 

D.  —  Deutsch. 

Dep*  —  Département,  Department. 

Eng.  «  English. 

Erdk.  —  Erdkunde. 

Ergh.  »  ErgânzungshefU 

Fasc.  ->  Fascicule  (Uf.  —  Ueft). 

Fr.  =  France,  de  France,  Français. 

Geog.  =»  Géographie,  ique,  isch,  y,  ical,  ià,  etc. 

Geol.  «»  Géologie,  ique,  ià,  isch,  y,  ical,  etc. 

Ges.  =  Gesellschaft. 

H.  N.  »  Histoire  Naturelle,  Historia  Natural. 

hgg.  =  herausgegeben. 

I.  »  Impérial  (K.  K.  -»  Impérial  et  royal). 

Inst.  >»  Institut(ion). 

It.  »  ItaUà. 

Jahrb.  =  Jahrbuch. 

Jahrb(!r.  =  Jahresbericht. 

Jahrg.  «  Jahrgang. 

Journ.  =-  Journal. 

Ma  g.  ^^  Magazine. 

Mitt.  »  Mitteilungen. 

Nat.  —  Nature(l),  Naturaliste  (N.  11.  ==«  Natural  llibtory). 

Nat.  —  National  (Nac.  —  Nacional). 

Ost.  —  Osterreich  (Autriche,  Autrichien). 

Philos.  =-  PhiloBophical. 

Proc.  ^-  Procecdings. 

R.  =  Royal,  Régal,  Reiehs,  etc.  (K.  K.  —  Impérial  et  royal). 

Rec.  —  Records. 

Rep.  --  Report. 

Repub.  —  République,  Republica,  etc. 

Se.  =  Sciences,  titique,  zà  (Ci.  »»  Ciencia),  etc. 

Schr.  =  Schriften. 

Sitzber.  «  Sitzungsberichte. 

Soc.  --  Société,  Société,  Socicdad,  Society,  etc. 

Traiis.  «  Transactions. 

U.  S.  Geol.  Surv.  «  United  States  Geologieal  Sur\'ey. 

Ung  =  Ungaru  (Hongrie,  Hongrois,  etc.). 

Ver.  ■=  Verein. 

Verh.  -=  Verhandiungen. 

AViss.  =  (der)  Wissenschaft(en),  wissenschaftlich,  etc. 

Zeitsch.  =>  Zeitschrii't. 

Zool.  =  Zoologie,  y,  ique,  isch,  etc. 

Exemple  :  Philadelphie.  Journ.  Ac.  of  Natural  Se.,  (i),  XII,  1,  1898.  —  Umsx  :  Joanul  of  the 
Acudemy  of  Natural  bcience»  at  Philadelphy,  i«  »érie,  tome  XII,  K»  i,  1898. 


LISTE     DES      OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OC  EN  éCHANGB 

SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE    DE    FRANCE 


Séan<*e   du    2^1    «fanvier   1901 

I"  Non  périodiques 

Angelis  (VOssat  {G,  de).  Congresso  geologico  internationale, 
VIII  Sessione  :  1900,  Parigi.  Ex.  B.  S.  Gcog.  italiana,  fasc.  12,  1900,  8% 
7  p.  Rome,  1900. 

—  Relazione  del  Congresso  Geol.  internat.,  VIII  Sessione  ; 
1900,  Parigi.  Ex.  B.  S.  Geol.  italinna,  vol.  XIX,  fasc.  3  (p.  cxxx-cxl).  Rome, 
190D. 

Aimera  (D^  D.  Jaime),  Sobre  el  Mapa  geol.  de  Terrasa  por  D. 
Domingo  Palet  y  Barba  y  la  Memoria  que  le  acompana.  Ex.  Bol.  R. 
Ac.  de  Ci.  y  Arts  de  Barcelona,  oct.  1899,  4*»  3  p. 

—  Sobre  el  desenbrimiento  de  la  fanna  de  Saint-Cassian  en  el 
Trias  de  nuestra  Provincia.  Ex.  Id.,  oct.  1899,  4%  4  j). 

—  Sobre  las  especies  Acerotherium  Lemanense ,  Mastodon 
longirostris  y  un  Elephas  descobiertos  en  esta  provincia  de  Barce- 
lona. Ex.  Id.,  oct.  189J),  4%  3  p. 

Bodenbeuder  (D'  Guillermo),  Los  Minérales  su  descripcion  y 
anàlisis  con  especialidad  de  los  existentes  en  la  Repub.  Argentina. 
In-ia,  3o6  p.  Côrdoba  (R.  A.),  1899. 

—  Comunicationes  Mineras  y  Minera lôgica s.  Ex.  Bol.  Ac.  Nac.  de 
CL  de  Côrdoba,  t.  XVI,  p.  aoO  et  suiv.,  8%  42  p.  (1900). 

Bureau  (L,  et  Ed.).  Notice  sur  la  Géol.  de  la  Loire-Inférieure. 
Kx.  de  «  Nantes  et  la  Loire-Inférieure  »,  t.  RI,  8*,  5a2  p.,  3  pi.,  i  carte  géoi. 
Nantes,  1900. 

Choffat  (P.).  Aperçu  sur  la  (xcol.  du  Portugal.  Kx.  de  «  Lo  Portugal 
au  point  de  vue  agricole  »,  gr.  4% 4^  P«»  '  pï*  ^e  coupes  coloriées.  Lisbonne,  1900. 

Forsler  (D""  Adolf  E.).  Verzeichnis  von  Photograpliien  ans 
Osterreicb-Ungarn.  Petit  4%  32  p.  Vienne  (Autriche),  1899. 

Glangeaud{Ph.).  Les  terrains  secondaires  de  l'Aquitaine.  Ex.  du 
LhrreKjuide  C.  G.  L,  28  p.,  fig.  dans  le  texte,  pi.  coloriée.  Paris,  1900. 

—  L'enseignement  de  la  Minéralogie  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Cïennont-Ferraud.  —  Leçon  d'ouverture.  8%  14  p.  Clermont,  1899. 


4  DONS.   —  SÉANCE   DU   21   JANVl£H   I90I 

—  Le  volcan  tic  Gravenoire  et  les  sources  minérales  de  Royal. 
Ex.  CR,  Ac.  Se,  3  p.,  juin  1900. 

—  Les  minéraux  du  Crétacé  de  l'Aquitaine.  Ex.  Id.,  3  p. 

—  Les  faciès  et  les  conditions  de  dépôt  du  Turonien  âv  FAifui- 
taine.  Ex.  Id.,  3  p.,  décembre  1899. 

Koch  {D^  Anton).  Die  Tertiàrbildungen  des  Beckens  der  Siel>en- 
Jmrgischen  Landestheile.  II,  Neogen  Ahtbeilung.  Gr.  s,  370  p..  lijc. 

dans  le  texte,  a  pi.  de  coupes  coloriées.  Bu<lapest,  1900. 

M  nllner  {Johann),  Die  Seen  aus  Reschen-Scheidek.  —  Eine  linmo- 

logisclie  Studie.   Ex.   Geojç.    Al)li.   hjçp.   von    Frof.    A.   Penck,   in    Wien. 
Bd.  VII,  Ilf.  I,  jçr.  8%  45  p.,  2  pi.  doubles.  Vienne  (Autriche),  i^nna. 

Nagele  (E.),  Verlags-Verzeicliniss  der  E.  Schweizerliast's  sclitru 
Verlags  handlung(i82(>-JC)oi).  8%  lai  p.  Stuttjçard.  u»oi. 

Neuburger{H.).  Quelques  Notes  sur  le  Pétrole  dans  le  déparlc- 
inent  d'C/ran  (Réunion  d'Etudes  algériennes).  8%  j6  p.  Paris,  iî^mi. 

Nicklès  (R.).  Feuille  de  Saint-Atl'riciue.  Ex.  H.  C.  G.  F.,  8'.  j  p., 
mai  1900. 

—  Sur  un  Aptjx'hiis  de  Sonninia  du  Bajocien  des  environs  de 
Nancy.  Ex.  B.  S.  Se.  de  Nancy,  î  p.,  n  pi.  phot.  Nancy,  1900. 

—  CR.  de  la  course  du  18  août  1898  à  Varangéville  et  à  Saulxures 
(Réunion  (»xtraord.  de  la  Soc.  belge  de  géol.  à  Nancy  et  dans  les 
Vosges).  Ex.  B.  S.  belge  de  riéol..  t.  Xm  (1899),  8%  p.  lo^-iiS,  fig.  dans  le  texte. 

Penck  (A.).  Die  Eiszeiten  Australiens.  Ex.  Zeitsch.  d.  Gesells.  fur 
Erdkunde  zu  Berlin,  Bd.  XXXV.  1900,  p.  239-286,  i  pi.  double,  8*.  Berlin,  1900. 

—  Geomorphologische  Studien  aus  der  Herzegowina.  Ex.  Zeitsch. 

der   D.   und  Ost.    Alpenvereiiis,  Jahrg.    1900,   Bd.    XXXI,  8%   p.  3^-4i«  ^îjf» 
dans  le  texte. 

—  Die  Eiszeit  aui'der  Balkanhalbinsel.  Ex.«Globus»,Bd.LXX\TIl. 
"'  9»  4%  P-  133-178,  ilg.  dans  le  texte,  août-septembre  1900. 

Péron.  Au  sujet  du  gisement  d'Echinides  de  Mailly-le-Chàteau. 

Ex.  B.  S.  Se.  hisl.  et  nat;  de  l'Yonne  (2*  semestre  1898),  8%  4  !>•«  tijf.  dans  le 
texte.  Auxerre,  1900. 

—  Etudes  paléontologiques  siu'  les  terrains  du  dépai-tement  de 
TYonne  :  Cépbalopodes  et  Gastropodes  de  Tétage  Néocomien. 
Ex.  Id.  (2*  sem.  1899),  ^^^  P»  4  P*» 

Valette  {Dont  Aurélien).  Note  sur  quelques  radioles  d'Ecliinides 

du  Corallien  inférieur  (hi  départenient  de  TYoïuie.  Ex.  Id.  (2'  sem. 
1898),  3o  p.,  1  pi. 

Richter(E,).  Les  variations  périodiques  des  glaciei*s.  5^  rapport, 
1899.  ^^'  '^''^^'  S^'  phys.  et  nat.  de  Genève,  t.  X,  1900,  8»,  ao  p.  Genève,  1900. 


DONS.   —  séANCK   DU   31    JANVIER    I90I  5 

Schardi  (H,).  Encore  les  «  Régions  exotiques  ».  Réplique  aux 
attaques  deM.  E.  Haug,  Ex.  B.  S.  vaudoise  des  Se.  nat.,  vol.  XXXVI, 
n*  i36,  8%  p.  147-169.  Lausanne,  1900. 

Birkenmajer  (Liidwik  Antoni).  Nikolaj  Kopernik.  Czèsè 
Pierwska  Studia  iiad  Praconii  Kopernika  oraz  matieryaly  Biogra- 

fitezne.  \%  711  p.  Cracovif,  1900. 

2"  Cartp:s 

Mapa  topogràtico  y  geolo^ico  detallado  de  la  Provincia  de  Barce- 
loua  (au  40. «MX)'')  :  i"  Rég-ion  tertiaire  (Cuenca  del  Rio-Foix  y  la 
liacuna)  :  -j"  Région  primaire  (C^ontoriios  de  la  Capital).  (Géologie, 
par  />.  Jnitiit*  Alnu'ra  :  to])ograpliie,  par  l).  iùlnardo  Itrosa).  Bareelont',  1900. 

3^'   PÉRIODIQUES 

France.  —  Charlieu.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  de  Tarare.  V,  11,  T900. 
Lille,  Soc.  Géol.  du  N.  Ann.  XXIX,  3,  1900. 

Lancry,  Cleenewerck,  Debacker  :  Découverte  d'un  navire  profondément 
enseveli  dans  les  sables  de  Dunkerque,  p.  i33-i59.  —  A.  Six  :  Analyse  d*un 
mémoire  du  D'  J.  Lorié  sur  les  eaux  salines,  ferrugineuses  et  alcalines  de  la 
Hollande,  p.  160-172.  —  Leriche  :  Faune  iehtliyologique  des  sables  à  Unios  et 
Térédines  des  environs  d'Epernay  (Marne),  p.  i72-i7(). 

Parût.  Ac.  Se.  (]R.  CXXXI,  'jô-a^,  i9tK)  ;  CXXXII,  i-ti,  it)oi. 

N"  a6,  1900  :  A*.  Bresson  :  Sur  l'àge  des  massifs  granitiques  de  Gauterets  el 
du  Néouvielle  (Hautes-Pyrénées)  et  d'une  partie  des  formations  anciennes  qui 
les  bordent,  p.  i255-i258.  —  P.  Cholfat  :  Sur  le  Crétaciquc  de  Mozambique, 
p.  i2.58-ia6o.  —  H.  Arolowski  :  Les  calottes  glaciaires  des  régions  antarcti- 
ques, p.  i26o-i2()2.  —  N'  27  :  Table  du  tome  CXXX.  —  N'  1,  1901  :  M.  Lugeon  : 
Sur  la  découverte  d'une  racine  des  Préalpes  suisses,  p.  4^-47-  —  N  '  2  :  A,  Tour- 
nouer  :  Sur  le  Néomylodon  et  sur  l'animal  mystérieux  de  la  Patagonie,p.96-97. 

—  Ann.  de  Géographie.  X,  49*  '9'^'- 

E.  de  Martonne  :  Sur  la  formation  des  cirques,  p.  10-17. 

—  La  Géographie.  II,  12,  1900;  III,  i,  1901. 

N"  I,  1901  :  J.  Giraud  :  Le  problème  du  Tanganyika,  d'après  M.  Moore, 
p.  3o-33.  —  J.  Giraud  :  L'érosion  glaciaire,  d'après  M.  le  Prof.  Davis,  p.  ^^y-cn . 

—  Le  Naturaliste.  33i,  1900;  332,  19^)1. 

33i  :  St.  Meunier  :  La  sédimentation  souterraine,  p.  281-284.  — "^'^2:  P.-A.-ll. 
Pritel  :  Les  reptiles  fossiles  des  environs  de  Paris,  p.  5-i). 

—  La  Nature.  i439-i443. 

1440  :  P.  Mougin  :  Le  glacier  de  Tète-Kousse,  p.  67-70. 

—  Feuille  <les  Jeunes  Naturalistes.  (4),  XXXL  i,  ic>oi. 

M.  Piroutet  :  Nouvelles  stations  préhistoriques  aux  environs  de  Salins  et 
d'Arbois  (Jin),  p.  8>93. 


6  DONS.    —  SÉANCE    DU   21    JANVIER   I9OI 

—  Soc.  d'Anthropologie.  Bull.  (5),  I,  3,  1900. 

—  L'Anthropologie.  XI,  5,  1900. 

—  Journal  de  Conchyliologie.  XLVIII,  4»  1900- 

—  Revue  de  Paléozoologie.  V,  i,  1901. 

—  Mém.  Soc.  de  Spéléologie.  IV,  24»  1900- 

—  Journal  des  Savants.  Novembre  et  décembre  1900. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXIII,  8,  i9cx>. 

—  Soc.  botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  VI,  9,  1900. 

—  Clul)  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  12,  1900. 

Saint' Etienne.  Société  de  l'Industrie  minérale  (GR.  mensuels). 
Décembre  1900. 

—  Bull.  Soc.  Ind.  minérale.  XIV,  4^  1900. 
Allemagne.  —  Berlin.  Zeitseh.  D.  Geol.  Ges.  UI,  3,  1900. 

M.  Blanckcnhurn  :  Neues  zur  Géologie  und  Pal&ontologie  iSg^ptens.  II.  Das 
Palœogen,  p.  4o*M^«  —  O.  Jaekel  :  Uebcr  einen  neueii  Penlacpinoideen-Typus 
aus  deiii  Obersilur,  p.  480-488.  —  J.  L<*mberg  :  Zur  microcheuiischen  Unter- 
suchung  einiger  Mineralien,  p.  488-497.  —  E.  Lienenklaus  ;  Die  Terliâr-Ostra- 
koden  des  iiiittleren  Nord-Deulschlaiids,  p.  497-î>«">i»  4  P^-  —  H.-J.  Sehuherl  : 
Flabellinella,  ein  neurr  Mischtypus  ans  der  Kreideformation,  p.  551-554.  — 
G.  Boehin  :  Reiseiiotizen  aus  Osl-Asien,  p.  554-559.  —  E.  Piiilippi  :  IJeber  die 
echte  Avicula  reticnlata  His.,  p.  559-5C4. —  A.  Denckiuann  und  H.  Lotz  :  Uel>er 
einige  Fortschritte  in  der  Stratigraphie  des  Sauerlandes,  p.  564-567. 

—  Zeitseh.  f.  Praktische  Geol.  IX,  i,  1901. 

A.  Denckmann  :  Geologische  l'ntersuchung  der  Wolkersdorfer  Quelle  bei 
Frankenberg  in  Hessen,  p.  1-9.  —  J.-H.-L.  Vogt  :  Weitere  Untersuchungen 
ûber  die  Ausscheidung  von  Titan-Eisenerzen  in  basischen  Eruptiv-Gesteinen, 

P-  9-19.. 

Bonn.  Sitzungsber.  der  Niederrheinischen  Ges.  fur  Nat.   und 

Heilkunde.  i,  1900. 

—  Verh.  N.  H.  Vereins  der  preussischen  Rheinlande  Westfalens 
und  des  Reg.  Bez.  Osnabrûck.  LVII,  i,  icjoi. 

Laspeyres  :  Das  Siebengebirge  am  Rheiii,  p.  ii9-:i9G,  i  pi.,  i  earte.  —  Mors- 
bach  :  Die  Oeynhauser  Thermalquellen.  p.  ia-37.  —  Lienenklaus  :  l'eber  das 
Tertiâr  des  Doberges  bei  Bûnde,  p.  55-59. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVI,  11-12,  1900. 

]  I  :  N.  Yamasaki  :  Das  grosse  japanisehe  Erdb<;ben  ini  nôj^lliehen  Uonshu 
ani  M  august  i89(),  p.  2^5-255. —  12  :  C.  Mitzopulos  :  Die  Erdbeben  von  Trii>oIis 
und  Triphylia  in  den  Jahren  1898  und  1899,  p.  277-285. 

—  Ergânzungsheft.  N^  i33,  1900. 

Th.  Fischer  :  Wissenschafllichc  Ergebnisse  einer  Reise  ini  Atlas-Vorlande 
von  Marokko,  p.  i-i(>5,  4  cartes. 


DONS.    —  S^:ANCE   du   21   JANVIER    I9OI  7 

Leipzig,  Geologisches  Centralblait.  I,  i,  1901. 

Strasburg.  Abh.  zur  Geol.  Spezialkarte  von  EIsass-Lothringeii. 
IV,  1900,  I  atlas. 

E.  Liebheim  :  Beitràge  zur  Kenntniss  des  Lothringischen  Kohlrngebirges, 
p.  1-992,  atlas,  7  pi. 

Stuttgart.  Centralblatt  l'ûr  Min.  Geol.  Pal.  12,  1900;  i,  1901. 

12,  1900  :  F.  Broili  :  Zur  Fauna  der  Pachycardieii-tuffe  der  Seier  Alp,  p.  869- 
373.  —  Schroeder  van  der  Kolk  :  Beitràge  zur  Kenntniss  der  Gesteine  ans  den 
Molukken.  HI.  Gesteine  ans  Bnru,  p.  *i7'3-37."».  —  P.  Oppenheini  :  Noch  einmal 
ùber  die  grossen  Lucinen  des  Macigno  Ini  Appennin,  j).  ^75-379.  —  J.  Leh- 
mann  :  Eigenthûndiche  .Vrl  von  Scliischlenbildung,  p.  379.  —  X.  :  Willieln» 
Waagen  (Nekrolog).  —  r,  1901  :  G.  Brandes  :  Vorlautige  Mittheiliing  ùber  eiii 
Profil  in  Kohlen-  und  Gyps-Keupcr  bei  Thaïe  ain  Harz,  p.  i-().  —  K.  Fraas  : 
Scheinbare  Glacialerscheinungen  ini  Schônbuch  nôrdiich  Tûbingen,  p.  r>-io. 
—  E.  Koken  :  Die  Glacialerscheinungen  im  Schônbuch,  p.  to-i5. 

—  N.  Jalirb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  Fac.  I,  i,'  1901. 

F.  von  Huene  :  Kleine  palàontologische  Mitlheilungen,  p.  1-9,  2  pi.  —  M. 
Schwarzmann  :  Zur  Krystallophotogrammetrie.  Exacte  bildliche  Darstellung, 
£ilfstabellen,  Instrumente  und  Modelle.  p.  «^iS,  i  pi.  — J.-F.  Pompeckj  :  Aucel- 

len  im  Frànkisehen  Jura.  p.  iîS-36,  i  pi. 

—  Zeitsch.  l'ûr  Naturvviss. 

F.  Wiegers  :  l'eber  Aetzungserscheinungcn  an  Gyps.  p.  2()7-275,  i  pi.  —  J. 
JPahrenhorst  :  Ueber  ein  Vorkoinmen  von  Dolomit  bei  Magdeburg,  p.  275-'^'>. 

Australie.  —  Brishane.  ()ueenslîmd  Geol.  Surv.  82,  1900. 

B.  Dunstan  :  The  Pernio-Carboniferous  Goal  Measures  of  Glermont  and 
associated  formations,  p.  1-18,  i  carte,  6  pi. 

Autriche-Hongrie.  —  Budapest,   Foldtani   Kôzlony.  XXX, 

6-7,  1900. 

M.  Pâlfy  :  Neuere  Beitràge  zur  Géologie  des  Cserhât,  j).  177-181.  — J.  Koesis  : 
3eitràge  zu  den  geologischen  Verhâltnissen  der  altlertiaren  Schichtcn  des 
Bùkk-Gebirges,  p.  1H1-187".  —  ^-  Treitz  :  Eintheilung  der  Bodenarlen,  p.  187-205. 

Belgique.  —  Bruxelles.  Bull.  Soc.  belge  de  Géol.,  Pal.  et 
Hydrologie.  (2),  IV,  2-3,  1900. 

G.  Simoens  :  La  faille  d'Hoversin,  p.  25-34,  i  pi.  —  G.  Simoens  :  La  faille  de 
Walcourt,  p.  35-38.  —  E.  van  den  Broeck  :  Les  dépôts  à  Iguanodons  de  Ber- 
nissart  et  leur  transfert  dans  Tétage  purbeckien  ou  atiuilonien  du  Jurassiqiu* 
supérieur,  p.  39-112.  —  M.  Mourlon  :  L'étude  des  aj>j)lications  est  le  meilleur 
adjuvant  du  progrès  scientilique  en  géologie,  p.  128-132. 

Liège.  Ann.  Soc.  Géol.  de  Belgique.  XXVII,  3,  1900. 

"  H.  Buttgenbach  :  Description  des  fluorines  du  sol  belge,  p.  ii3-i23.  —  IL  de 
Dorlodot  :  Npte  sur  le  CR.  de  la  session  extraordinaire  de  la  Société  géolo- 
gique de  Belgique,  tenue  à  Hasticre,  à  Beauraing  et  à  Houyet,  le  3i  août,  i,  2 
et  3  sepleinbre  1875,  p.  i23-i4i.  —  IL  d?  Dorlodot  :  Le  calcaire  curbonifèri'  de 
Fonds-de-Tohaux  et  de  la  vallée  de  la  Lesse,  p.  141-224. 


8  DONS.    SÉANCE   DU  31   JANTTER    I^DI 

Canada.  —  Ottau^a.  Fntc.  aii«l  Trans.  of  tlie  R.  Soe.  (a),  V,  jSç^. 

R.AV.  Eli»  :  Canadîan  geological  Domcntrlalur^,  p.  3-lt».  —  G.-F.  MattLrw  : 
Studies  on  Cambrian  Faunas.  n*  3.  Upper  Cambrian  Faana  of  Mount  Sto-pheu. 
Britûb  Columbia  :  The  Trilobites  and  Worms,  p.  3^^.  —  G.-F.  Matihew  : 
Id.  n*  4-  Fragments  of  tbe  Cambrian  Faunas  of  Newfoundland  p.  67-917.  — 
G.-F.  Matthew  :  The  Etcheminian  Fauna  of  Smîtb  Sound.  Xe^vrfoundland, 

P-  97-i4i- 

Danemark.  —  Copenhague,  Danniai^s  Geol.  UndersfJçelse. 

I.  7-8,  ICJOO. 

7  :  V.  Madsen  :  Kartbladet  Bogrnse,  p.  i-iia,  1  carte,  5  pi.  (résumé  en  fran- 
çais). —  K.  Rordani  el  V.  Milthers  :  Kartbladenr  Sejr#.  Nylcjebini^.  Kalund- 
^''ITt  <'K  Holbaek,  p.  i-. ..  ^  cartes,  3  pi.  (résumé  en  français). 

Espagne.  —  Madrid.  Ann.  Soc.  Esp.  H.  X.  ('j),  XXIX,  lyoo. 

F.  Novaro  :  Obser^acioues  s<»brtî  el  terrt* no  arcai^'o  de  la  pro\incia  d«* 
Guadalajaras,  p.  ^i35,  3  pi. 

États-Unia.  —  Cambridge.  Miisenni  of  comparative  Zool.  at 
Harvard  Collège.  Annual  Re|>ort  1899- 1900. 

Chicago.  Journal  of  Geolog>'.  Vil,  8,  1900. 

J.  Perrin  Smith  :  Prineiples  of  paléontologie  corrélation,  p.  673-698.  —  E.-(^ 
Case  :  Contributions  frum  Walker  Muséum.  I.  The  vertébrales  from  the  Per- 
mian  Bone  Bed  of  Vermilion  County,  Ulinois,  p.  698-730.  —  C.-R.  van  Hise  : 
Some  prineiples  controlling  the  déposition  of  ores,  p.  730-770. 

Hamilton.  Joum.  and  Proc.  of  the  Association.  16,  1899-1900. 
C.-G.  Grant  :  Some  récent  local  fossils. 

NeW'Haven,  The  Amer.  Joum.  of.  Se.  XI,  i,  1901. 

H.-S.  Washington  :  Chemical  Study  of  the  Glaucophane  Schists,  p.  39-60.  — 
O.-C.  Farrington  :  Nature  of  the  metallic  veins  of  the  Farming^on  Météorite, 
p.  6f>-63.  —  E.  Douglas  :  New  species  of  Merycocbaerus  in  Montana,  p.  73-83. 

New-York.  Science.  XII,  3ii-3i3,  1900;  XIII,  3i4.  1901. 

3i3  :  W.-B.  Scott  :  The  Mammalian  Fauna  of  the  SanU-Cruz  Beds  of  PaU- 
gonia,  p.  937-940.  —  3i3  :  J.-A.  Holmes  :  Geology  and  Geography  at  the  Ani. 
Ass.,  p.  989-1197. 

Grande-Bretagne.  —  Londres.  Geol.  Surv.  England  and 
AVales  Mem.  48,  i55,  1900. 

48  :  A.  Geikie  :  The  Geology  of  central  and  Western  Fife  and  Kinross.  — 
i55  :  G.  Fox  :  Strangways  :  The  Geology  of  Country  lietwcen  Atherstone  and 
Charnwood  Forest,  1900. 

—  H.  Soc.  Proc.  LXVII,  439. 

—  The  Geol.  Magazine.  (4),  VIII,  i,  1901. 

J.-W.  Judd  :  Note  on  llie  Structure  of  Sarsens,  p.  i-3.  —  R.  Burckhardt  : 
Note  on  certains  impressions  of  Echinoderms  observed  in  the  Jurassic  Reptl- 
liferoiisSfindstone  of  Warwiekshire  and  Elgin,  p.  3-ô.  —  F.-R.  Cowper  Reed  • 
Woodwurdiau  Muséum  Notes.  Salter's  undescripted  species,  p.  5-i4,  i  pi.  — 


DONS.    —  SÉANCE   DU   21    JANVIER    igOI  9 

II.  Bassett  :  Note  on  the  préparation  of  Spberulites,  p.  if^-i'j,  —  J.-\V.  Stather  : 
Sources  and  distribution  of  Yorhshire  boulders,  p.  17-20.  —  R.-H.  Tiddeman  : 
On  the  formation  of  reef  knolls,  p.  ao-23. 

Newcastle.  Trans.  of  the  N.  England  Institut  of  Mining  and 
Mechanical  Engineers.  XLVIII,  7-8;  XLIX,  3-5  ;  L,  i,  i9<x>. 

3  :  E.  Halse  :  Some  Silver  bearinjç  veins  of  Mexico,  p.  104-1  lî^,  i  carte.  — 
4  :  W.-M.  Taylor  Heslop  :  The  Coal  lields  of  Natal,  p.  122-142,  1  carte. 

Italie.  —  Florence,  Boll.  délie  Publicazioni  It.  3t)o,  19CK). 
Modène,  Bull.  Soc.  Sisniologica.  VI,  5,  i9<k). 

F.  de  Montcssus  de  Ballore  :  La  Grecia  sismicu.  j).  ii5-i3i.  —  C.  Davisoi»  : 
On  the  Velocity  of  the  Earth-Waves  of  the  Rouiiiaiiian  Earthqiiake  of  sep 
tembre  10,  1893,  p.  i3i-i35.  —  G.  Agaïuennone  :  Sisiiioinetro  a  tre  componeiiti 
per  forti  terremoti,  p.  i3.")-r39.  —  A.  (^'incani  :  Sismoinetroj^rafo  a  registra 
zioue  veloce-continua,  p.  i39-i4«^. 

Rome.  Atti.  R.  Ae.  dei  Lincei.  C.  IX,  ii-ij.  U)oo. 
—  Boll.  R.  Comitato  Gool.  It.  (4),  L  3,  1900. 

B.  Lotti  :  Suir  età  della  forniazione  luarnoso-areiiacea  fossilifera  dell'  Um- 

l)ria  superiore,  p.  231-2^7.  —  C.  Viola  :  Sopra  alciini  pettini  del  calcare  a 

piccole  nuniniuliti  dei  dintorni  di  Subiaco  in  proviiieia  di  Ronia,  p.  247-205. 

—  M.  Casetti  :  Rilevanienti  geologici  eseguili  l'anno  iS<)Ç)  iiell'  alta  valli'  del 

Sang^o  e  in  quelle  del  Sagitlario.  del  (lizio  e  del  Mal  fa,  j).  255-277. 

Suède.  —  Lund.  Art.  l  iiiveisit;itis  l.undeusis.  XXXV,  1899. 

S.-L.  Tornquist  :  Researehes  in  to  the  Mnnograplidae  of  the  Scanian  Ras - 
"Irites  Beds,  p.  i-25.  4  pi.  —  A.  llennig  :  Kullens  krislalliniska  bergai-ter.  2,  Den 
postsiluriska  gângforniation,  p.  1-3^. 

Suisse.  —  Berne,  Beitrâge  zur  geol.  Karto  der  Schweiz.40, 1900. 
Th.  Lorenz  :  Monographie  des  Flàscherberges,  [>.  i-63,  i  carte,  5  pi. 

Genève,  Arch.  Se.  [>hys.  et  nat.  (^),  X,   x-i,  itjoo. 

L.  Dupare  :  Note  sur  la  région  cuprifère  de  rextrcniité  N.-E.  de  la  péninsnle 
<ie  Kewenaw  (Lac  supérieur),  p.  5i8-5k>. 

Lausanne,  Eclogae  Geol.  Heivetiac.  VI,  5,  I()(K). 

Schardt  et  Sarasin  :  Revne  géidogiffue  suisse  pour  l'année  iS*)<),   p.  393-45o. 

Neufchatel,    Soc    Neufclialeloise    des    Se.    nat.     Bull.     XXVI. 

1897-98  (1898). 

L.  Rollier  :  Excursions  géologiques  à  travers  l'Ardcnne,  p.  59-78.  —  L.  Ral- 
lier :  Une  j>oche  d'AIhien  dans  les  gorges  de  la  Reuse,  p.  89-98.  —  L.  Rollier  : 
Note  sur  les  surfaces  des  roches  polies  et  sliiécs  i>ar  dislocation,  p.   98-u>i». 

—  E.  Bauinberger  et  H.  Moidin  :  La  série  néoconiienne  à  Valeugin,  p.  i5o-2ii. 

—  H.  Schardt  :  Sur  l'origine  des  sources  vauclusiennes  du  Mont-de-Chaniblou, 
p.  aii-23o.  —  II.  Schardl  :  Sur  un  lambeau  de  calcaire  cénonianien  dans  le 
Ncoeomien  <le  Cressier,  p.  2"i9-25i.  —  M.  de  Tribolel  :  Auguste  de  Montmollin 
et  le  terrain  crétacé  du  .lura,  p.  367-387.  —  L.  Eavrc  :  Jules  Marcou,  géologue, 
Notice  bibliographique,  p.  387-39t>.  —  Table  générale  des  matières  1832-1897. 


lO  DONS.    SÉANCE   DU    4   FEVRIER    I9OI 

Séauc*«*  du  \  Pévpîep  19II1 

I"  Non  périodiques 

Allen  (J.'A,).  List  of  Bîrds  collected  in  the  district  of  Santa 
Marta,  Columbia,  by  M.  Herbert  H,  Smith,  Ex.  Bul.  Amer.  Muséum 
of  N.  H.,  vol.  XIU,  art.  XIV,  8",  p.  117-183,  20  août  1900.  I^ew-York,  iptxi. 

Benslej^  {B,-A.),  A  Cran iaU variation  in  Macropus    Rennettl. 

Rx  Id.,  vol.  Xni.  art.  XII,  p.  io(>-iio,  lig.  dans  le  texte. 

Bresson  (A.),  Sur  l'âge  des  massifs  granitiques  de  Cauterets  et 
du  Xéouvielle  (Hautes-Pyrénées),  et  d'une  pai-tie  des  t'orniations 
anciennes  qui  les  bordent.  Kx.  CK.  Ac.  Se.,  24  déeenibre  !«>«>,  *i  p. 

Douxami  {Henri).  Ktudes  sur  les  terrains  tertiaires  du  Daupliiné, 
de  la  Savoie  et  de  la  Suisse  occidentale.  8%  3i5  p.,  4  pi.  phoi.,  i  pi. 
eoupes,  I  carie  coloriée.  Lyon,  1896  (Publié  chez  Masson  et  C,  Paris). 

—  Le  Tertiaire  des  environs  de  Sainte-Croix  (Jura  Vaudois). 
Ex.  Hclog.  Geol.  Helveliœ,  IV,  janvier  1896,  8',  5  p. 

—  Etude  géol.  de  la  vallée  de  C^ouz  et  de  la  rive  droite  du 
Guiers-Vif.  Ex.  B.  S.  H.  N.  de  la  Savoi<\  8%  G  p.  Cliambéry,  i8o(». 

—  La  Géographie;  physique,  son  objet,  sa  méthode  et  ses  appli- 
cations. Ex.  Id.,  8%  27  p.  Cliambéry,  i8ç)-. 

Douxami  et  RévU,  Note  sur  les  terrains  tertiaires  du  Plate^iu  des 
Déserts,  près  Chainbéry  (Savoie).  Ex.  Bull.  S.  C.  G.,  tome  X  (1898-18^)9), 
n"  65,  8%  2(5  p.,  I  carte,  fig.  dans  le  texte. 

Gidley  {J.-W.).  A  new  species  of  Pleistocene  Horse  fi*oni  tlie 
staked  Plains  of  Texas.  Ex.  Bull.  American  Muséum  of  N.  H.,  vol.  XIII, 
art.  Xni,  p.  iii-iiO,  18  août  1900,  8%  New-York,  1900. 

Ordonez  (Ezequiet).  Les  volcans  du  Val  de  Santiago  (Mexique). 
Ex.  B  S.  a  Antonio  Alzate»,  Mexico.  8%  p.  299-32C.  tome  XIV,  année  1899- 
1900,  pi.  IV-IX. 

2®  Périodiques 

France.  —  Amiens,  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  Fr.,  XV, 
33o,  1900. 

Bourg,  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  et  Archéol.  de  l'Ain.  XXL  î,  191H). 

Moulina.  Rev.  Se.  du  Bourbonnais,  janvier  1901. 

Guettard  :  Notes  sur  les  environs  de  Vichy  et  sur  la  découverte  des  volcans 
éteints  en  Auverjfiie  (d'après  un  manuscrit  de  1751),  p.  5-i3. 

Paris.  CR.  du  Congr.  des  Soc.  Sav.  de  Paris  et  des  Dép**,  1900. 

B.  Renault  :  Sur  la  diversité  du  travail  des  Bactériacées  fossiles,  p.  178-194. 
—  E.  Martel  :  Du  mode  de  remplissage  des  Cavernes,  p.  194-19^.  —  Vautbier  : 


«/UNS.    —  SÉANCE   DU   4   FÉVRIER    I9OI  II 

• 

Régime  et  tracés  des  cours  d*eau  (inondations,  alluvions),  p.  i^-m^,  ~  C.  Duf- 
fart  :  Rôle  de  la  magnétite  et  de  Talios  dans  la  classification  géologique  du 
terrain  landais,  p.  294-2^*  —  Vaillant  :  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Sauvage 
intitulé:  Les  vertébrés  du  terrain  kimméridgien  sup.  de  Fumel  (Lot-et- 
GaronneX  p-  aa9-a3o. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (/J),  XXXT,  3^)4,  i<)<>i- 

—  Le  Naturaliste.  33'i,  1901. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XVIII,  10,  i(|0<). 

—  Ac.  Se.  GR.  GXXXII,  3-4,  1901. 

3:  F.  Wallerant  :  I)t*  la  symétrie  apparente  dans  les  cristaux,  p.   i^H-iSo. 

—  A.  Lacroix  :  Sur  l'origine  dv.  l'or  de  Madagascar,  p.  i8o-i8a.  —  L.  Bt'rtrand  : 
Sur  IVige  des  roches  éruplivcs  du  caj)  d'Aggio  (Alj)cs-Mariliuics),  p.  iHq-iH^. 

—  Ph.  Glangeaud  :  Les  dûmes  de  Saint-(^yi)rien  (l)ordogne),  Sauveterre  et 
Fumel  (Lot-et-Garonne),  p.  i8.'^-i87.  —  4  :  V.  Pacpiier  :  Sur  la  présence  du 
genre  (Japrina  dans  TUrgouien,  p.  'j'iif-'iU. 

—  La  Nature.  i444-ï44'>'  I9^>^- 

—  Bull,  de  la  (]arte  p'*ol.  de  la  France  et  des  topographies  sou- 
te iTaines.  Bull.  XI,  71-78(1 899- i()oo). 

.71  :  A.  Lacroix  :  Le  granité,  des  Pyrénées  et  ses  phénomènes  de  contact, 
p.  1-67.  —  72  :  G.  Mouret  :  Apervu  sur  la  géologie  de  Ja  partie  sud-ouest  du 
Plateau  central  de  la  France,  p.  i-'J8,  2  pi.,  i  carte.  —  73  :  Comptes-rendus 
des  collaborateurs  pour  la  campagne  de  1899,  p.  i-i3<>.  —  74  *  J<  Houssel  : 
Contribution  à  Tétudi!  géologi(|ue  des  Pyrénées,  p.  i-îi;").  —  75  :  W.  Kilian  : 
Nouvelles  observations  géologiques  dans  les  Alpes  delplilno-provençales, 
p.  I-19,  I  pi.  —  7<>  :  M.  Boule  :  (iéologie  des  en\  irons  dWurillac  et  observa- 
tions nouvelles  sur  le  Cantal,  p.  1-79,  i  j)l..  i  carte.  —  77  :  M.  Lugeon  :  Les 
dislocations  des  Bauges  (Savoie),  p.  i-i-j,  5  pL,  i  carte.  —  78  :  K.  Fournier  : 
I.  Etudes  sur  le  régime  tles  eaux  dans  le  Quercy  depuis  rEocène  supérieur 
jusqu'à  l'époque  actuelle,  p.  i-i3  ;  II.  Etudes  géologitpies  sur  le  Haut-(^)uerey, 
p.  14-96. 

Saint  Etienne.  Bull.  Soe.  Ind.  minérale.  XIV,  4-  1900. 
Villejranche,  Bull.  Soe.  Se.  et  Afts  du  Beaujolais.  I,  4*  I9<k). 

Allemagne.  —  Berlin.  Sitzungsber.  K.  Preussisclien  Ak.  Wiss. 
39-53,  1900. 

V.  Richtofen  :  I'cIht  (lestait  und  (vliederung  einer  Grnndlinie  in  <ier  Mor- 
phologie Ost-Asiens,  p.  8HS-yîj5.  —  Van't  Holfel  H.  van  Euler-(]lielpin  :  l'nter- 
suchungen  iiber  die  Bildungsverliâltnisse  der  oceanisclien  Salzablagerungen. 
insbesondere  des  Stassfurler  Salzlagers.  p.  loiS-nvi'i   et   p.  iiV-i-n^o.   —  M 
Bauer  :  Beitràge  /nr  Kenntniss  der  niederliessisclien  Basalte,  p.  n«'^-i<)'U>. 

—  Zeits<di.  t*.  Praktisehe  (ieol.  VIII,  rj.  i()<)o. 

J.  Blaas  :  Ueber  ein  Eisenerz-Vorkommen  im  Stnhaithale,  \t.  'My\f-'iyO.  —  J.- 
H.-L.  Vogt  :  Weitere  Untersnchungen  ûber  die  Ausscheidungen  von  Titan- 
Eisenerzcn  in  basisclien  Eruptivgesteinen,  p.  370-*i82. 

—  Ges.  fur  Ërclli.  Verh.  XXVII,  9-10.  1900. 


12  DONS.   —   SÉANCE   DU   4   FEVRIER    I9OI 

—  Zeilsdi.  il.  Ges.  tTirErdk.  XXXV,  4,  1900.      ' 
A.  Penck  :  Die  Eiszeiten  Australiens,  p.  2»39-986,  i  carte. 

Gotha,  Petermanns  Mitt.  XLVII,  i,  1901. 

G.  Schweinfurt  :  Ain  westliclien  Randc  des  Nilthales  zwischen  Farschut 
et  Koin  Onibo,  p.  i-ii,  i  carte,  avec  proiils  géol. 

Leipzig,  Erlâut.  zur  geol.  Specialkarte  des  Kôn.  Sachsen. 

H.  Mùller  :  Die  Erzgànge  des  Freiberger  Bergrevieres,  p.  i-36o,  5  pi.,  i  carte. 

StiiUgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  XIII,  Beilage-Band,  3, 
1901. 

J.  Beykirch  :  Ueber  deii  Strontianit  des  Mûnsterlandes,  p.  389-4^4. —  K. 
Soninierfcldt  :  Tliernioeheiuische  uiid  theriuodynamîsche  Methoden,  ange- 
wandt  auf  den  Vorgang  der  Bildung  von  Mischkristallen,  p.  4'34~4^-  —  ^  • 
Solger  :  l>ber  die  Beiiutzung  der  Liclittiguren  geàtzter  Kristalltlftcheii  zur 
krystallographisehen  Bestimmiing  der  Aetzûguren,  p.  4^9-506. 

—  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  2-3,  1901. 

îi  :  F.  V.  Huene  :  Beitrage  zur  Beurtlieilung  der  Bracbiopoden,  p.  33-^5,  — 
R.-V.  Matleucci  :  Salmiac  vom  Vesuvkrater,  p  4^7*  —  R.-V.  Matteucci  :  Sil- 
berfùhrender  Bleiglanz  vom  Monta  Somma,  p.  47"4^-  —  R.-V.  Matteucci  :  Das 
Vorkommen  des  Breislakits  bel  der  Vesuveruptîon  von  1895-1899,  p.  4S'^>  — 
3  :  A.  Sohwantke  :  Ueber  ein  Vorkommen  von  godiegenem  Eisen  in  einem 
Auswùrtling  ans  dem  basaltiscben  ïufT  bei  Ofleiden,  p.  ttS-ji.  —  G.  Gûrich  : 
Ein  diluvialer  Nephritbioek  im  Strassenpflaster  von  Breslau,  p.  71-73.  —  K.- 
A.  Grôn^vall  :  Von  Organismeii  aiigebohrtc  Seeigelstacheln  der  Kreidezeit, 
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tive ëarthquake  of  june  ao**  1894  (Tokyo),  p.  35-39.  —  F»  Omori  :  Note  on  the 
After-shocks  of  the  Hokkaido  ëarthquake  of  march  aa**  1894,  p.  39-4"-  —  H. 
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Alzate.  XIV,  9-iîi,  1900. 

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M.  Tzwetaew  :  Nautiloidca  et  Ammonoidea  de  la  section  inférieure  du 
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—  Soc.  I.  des  Nat.  CR.  XXXI-i,  4i  1900. 

—  Travaux  Soc.  I.  des  Nat.  XXX,  5,  1900. 

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(Pn'talpes  ot  Hautes- Alpes  bernoises),  p.  74"**^' 


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Metallurgical  Journal,  voL  XXIII,  n*  5, 8%  11  p.,  fig.  dans  le  texte,  déc.  1900. 


DONS.    —   SÉANCE   DU    25   FÉVRIER    IQOI  l5 

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Upsala  Universitets  Mineralojj^sk-Gcologiska  Institution),  8%  i5  p.,  lig.  dans 
le  texte.  Stockholm,  1900. 

Renei^ier  (E.).  Tranchée  glaciaire  sous  la  place  Bel-Air,  à  Lau- 
sanne. Ex.  Eclogae  geol.  Helvetiœ,  vol.  VI,  n"  4,  8%  a  p.,  lig.  dans  le  texte, 
juin  1900.  Lausanne  (Suisse). 

Reneçier  et  Schardt  (II.).  Notice  explicative  de  la  feuille  XI 
(2*  édition).  Tracés  d'^.  Jaccard.  C.arte  géol.  de  la  Suisse,  au 
100.000*.  Ex.  Id.,  8%  18  p.  Berne,  1900. 

Van  den  Broeck.  L'étude  scientifique  du  «  Boulant  »,  à  la  Société 
belge  de  Géol.  Programmes  préliminaires  d'études.  Ex.  B.  S.  belge 
de  Géol.,  8%  i3  p.,  i5  janvier  1901.  Bruxelles,  1901. 

Vidal  (Dom  Luis  M,),  La  tectonica  y  los  Bios  principales  de 

Cataluùa.  Ex.  Bol.  y  Mem.  R.  Ac.  de  Ciencias  y  Artes  de  Barcelona,  4% 
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Monod  :  Sur  la  présence  d'un  gisement  d'anthracite  dévonien  au  Koui-tchéou 
(Chine),  p.  270-272.  —  J.  Thoulet  :  Siu*  la  constitution  du  sol  des  grands  fonds 
océaniques,  p.  274-276.  —  6  :  A.  Lacroix  :  Sur  un  nouveau  groupe  de  roches 
très  basiques,  p.  358-36o.  —  E.  de  Martonne  :  Nouvelles  observations  siu*  la 
période  glaciaire  dans  les  Karpathes  méridionales,  p.  36o-363.  —  Ph.  Glan- 
geaud  :  Les  transgressions  et  les  régressions  des  mers  secondaires  dans  le 
bassin  de  l'Aquitaine,  p.  363-365.  —  F.  Marboutin  :  Contribution  à  l'étude  des 
eaux  souterraines.  Courbes  isochronochromaliques,  p.  365-368.  —  7  :  A.  de 
Lapparent  :  Sur  la  découverte  d'un  Oursin  d'àgc  crétacé  dans  le  Sahara 
oriental,  p.  388-393.  —  A.  Lacroix  :  Sur  la  province  pétrographique  du  N.-O. 
de  Madagascar,  p.  43<)-44ï'  —  St.  Meunier  :  Sur  une  masse  de  fer  métallique 
qu'on  dit  être  tombée  du  ciel,  au  Soudan,  le  i5  juin  1900,  p.  44i"444'  —  G- 
Rolland  :  A  propos  des  gisements  de  minerais  de  fer  oolithiques  de  Lorraine 
et  leur  mode  de  formation,  p.  444'447- 

—  Journal  des  Savants.  Janvier  190T. 
— *  La  Géographie.  III,  2,  1901. 


l()  DONS.    —   SÉANCE   DU    sS   FEVRIER    l^Ol 

—  AiiD.  des  Mines.  (9),  XVllI,  11,  1900. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  Janvier  1901. 

—  Soc.  botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  VII,  8, 1900. 
Saint-Etienne.  Soc.  deTInd.  minérale.  CR.  mensuels.  Janv.  1901. 

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ihre  Beziehungen  zu  deii  quartàren  Eruptivgesteinen,  p.  4^-46.  —  P.  Kaunho- 
weii  :  Ueber  einige  Mikroorganismen  der  fossilen  Brennstoffe,  p.  4^^.  — 
W.  Bodenbender  :  Blciglanz-,  Vanadin-  und  Molybdànerzgang  in  der  Provinz 
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Der  Essexitkôrper  von  Hong^tock  ist  kein  Lakkolith,  p.  119-iao. 

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XI,  9,  1901. 

C.-L.  Herrick  et  D.-W.  Johnson  :  The  geol.  of  the  Albuquerque  sheet,  p.  175- 
389,  I  carte,  20  pi.  et  20  phot. 

Minneapolis.  Tho  Am.  Geologist.  XXVI,  5,  1900. 

A.-N.  Winchell  :  Mineralogical  and  pétrographie  study  ofCiabbroid  Rocks 
of  Minnesota  and  more  particularly  of  the  Plagioclasites,  lll,  p.  !26j-'^>7.  — 
F.-A.  Bather  :  Pores  in  thr  ventral  sac  of  lislulate  Crinoids,  p.  3()7-3ij.  — 
B.-K.  Emerson  :  Some  curions  niatters  illuslralive  of  geological  phenoniena, 
p.  3i2-3i5,  2  pi.  —  C.-R.  Keyes  :  Certain  faunal  aspects  of  the  original  Kinder- 
hook,  p.  3i 5-324. 

NeW'Haven.  Thr  Amer.  Joum.  oi' Se.  (4),  XI,  6'>.  1901. 

S.-W.  W'illiston  :  Dinosaurian  Genus  Creosaurus  Marsh,  p.  iii-iiô.  —  G.-C. 
HolTmann  :  New  minerai  occurences  in  Canada,  p.  i45-i54. 

Supplément  au  tome  /«''  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,    b. 


l8  l>ONS.    —    SEANCE    DU    !i5    FEVRIER    I90I 

New-York,  Bull,  ofthe  Am.  Mus.  ofNat.  Hist.  XI,  Part  3,  1900. 

R.-P.  Whitlield  et  K.-O.  Hovey  :  Catalogue  of  the  types  and  li|nired  spéci- 
mens in  the  palaeoiilological  rollection  ofthe  K^ol.  depurtment,  Am.  Mus. 
of  Nat.  Hist. 

—  Science.  XIII,  3i8-3qo,  1901. 

3i^  :  D.-P.  Penhallow  :  A  décade  of  North  American  Paleobotany.  p.  161- 
176.  -  319:  J -L.  Wortman  :  The  probable  successors  of  certain  Norlh  Ame- 
rican Primates,  p.  209-211. 

Philadelphie,  Proc.  of  the  Ain.  Philos.  Soc.  XXXIX,  i63,  1900. 

Orande-Bretagne.  —  Londres.  Quaterly  Journ.  Geol.  Soc. 
LVII,  îiq5,  1901. 

T.-G.  Bonney  et  £.  Hill  :  On  the  Drifts  of  the  Baltic  coast  of  Germany, 
p.  i-î».  —  C.-A.  Matley  :  On  the  Geology  of  Mynydd-y-Garn  (Anglesey),  p.  ao- 
3i.  —  F.  Rutiey  :  On  tufaceous  Rhyolitic  rocks  from  Dufton  Pike,  Westmor- 
land,  p.  3i-38,  i  pi.  —  J.-W.  Evans  :  On  Monchiquite  from  M'  Girnar.  Juna> 
garh,  Kathiawar,  p.  38-d5.  i  pi.  —  A.  Raisin  :  On  altered  rocks  near  Bastognés 
(Ardennes),  p.  50-73.  —  C.-B.  Wedd  :  On  the  corallian  rocks  of  St.  Ivcs  and 
Elsworth,  p.  73-86.  —  W.-J.  Glarke  :  On  the  Unconformity  in  the  Shropshire 
CoalÛelds,  p.  86-96.  —  A.-J.  Jukes-Browne  et  J.  Scènes  :  On  the  Upper  Green- 
sand  and  Chloritic  Mari  of  Mère  and  Maiden  Bradley  in  Wiltshire,  p.  gô-iiiB, 
3  pi.  —  S. -S.  Buckmaiin  :  On  the  Bajocian,  etc.,  of  the  North  Cottes'wolds  ; 
the  Main  Hill-Mass,  p.  ia6-i56,  i  pi.  —  T.-T.  Groom  :  On  the  igneoos  rocks 
associated  with  the  Gambrian  of  the  Malvern  Hills,  p.  1Ô6-182,  i  pi. 

—  R.  Soc.  Proc.  LXVII,  ^i^  1901. 

T.-G.  Bonney  :  Additioual  notes  on  Boulders  and  other  rocks  spécimens 
from  the  Newlands  Diamond  mines,  Griqualand  West,  p.  47^-484-  —  W.-T. 
Blanford  :  The  distribution  of  Vertebrate  animais  in  India,  Ceylan,  and  Bur- 
ma, p.  484-493.  —  W.-J.  SoUas  :  On  the  intimate  structure  of  Cristals.  IV,  Cubic 
cristals  with  octahedral  cieavage,  p.  49^97- 

Indes  Anglaises.  —  Colculta,  Mem.  of  Geoi.  Sui^.  of  India. 
XXVIII,  î2,  1900. 

T.-H.  HoUand  :  The  Charnocklte  séries,  a  group  of  Archaean  Uypersthenic 
rocks  in  Peninsular  India,  p.  119-249,  8  pi. 

—  Paiaeontologia  indica.  (9),  II,  a,  1900  ;  (i5),  III,  a. 

(9),  U,  a  :  J.-VV.  Gregory  :  Jurassic  fauna  of  Cutch  ;  the  Corals,  p.  1-195, 
37  pi.  —  (i5),  m,  3  :  A.  Bittner  :  Trias  Brachiopoda  and  Lamellibranchiata, 
p.  1-76,  la  pi. 

Italie.  —  Florence,  Boll.  délie  Pubblicazionni  It.  i,  1901. 

Rome,  Mem.  desc.  délia  Caria  geol.  dltalia.  X,  1900. 

V.  Sabatini  :  I  vulcani  dell*  Italia  centrale  e  i  loro  prodotti.  I.  Yulcano 
Laziale,  p.  1^93,  9  pi.,  9  cartes. 

—  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  X,  2-3,  1901. 

Dainelli  :  Il  Miocène  inferiore  di  Monte  Promina  in  Dalmazia,  p.  5o-ô3. 


DONS.    —   SÉANCE    1)1'    4    MARS    I9OI  I9 

République  Argentine.  —  La  Plata.  An.  del  Museo.  II,  1900. 

C.  3urckhardt  :  Proiils  géologiques  transversaux  de  la  Cordillère  argen- 
tino-chilienne,  stratigraphie  et  tectonique,  p.  i-i36,  32  pi.  (coupes,  vues  et 
fossiles). 

Suède.  —  Stockholm,  Geologiska  Fôreningens.  Fôrhandiingar. 
XXII,  1900.  14  pi.  dont  4  cartes. 

Suisse.  —  Genève,  Arch.  Se.  phys.  etnat.  (4),  XI,  a,  1901. 

E.  Sarasin  :  Les  oscillations  du  lac  des  Quatre-Cantons,  p.  161-172,  3  pi. 

Uruguay.  —  Montevideo.  Ann.  del  Museo  Nacional.  II,  17, 
1901  ;  III,  18,  1900. 


Séance  du  4   Mars  t90t 

i®  Non  périodiques 

Depéret  (Ch.)  et  Sayn  (G.).  Monographie  de  la  Faune  fluvio- 
terrestre du  Miocène  supérieur  de  Gucuron  (Vaucluse).  Ex.  Soc.  lin- 
néenne  de  Lyon,  gr.  8**,  94  p.,  i  pi.  photot. 

Fucini  (A.),  Aitre  due  nuove  Specie  di  Ammoniti  dei  Caleari 
rossi  Ammonitiferi  inferiori  délia  Toscana.  Ex.  Atti  délia  Soc.Toscana 
di  Scienze  nat.  (Mem.,  vol.  XVni),  8*.  9  p.,  i  pi.  Pise,  1900. 

Pallary  (P.)-  Coquilles  marines  du  littoral  du  département 
d'Oran.  Ex.  Journ.  de  Conchyliologie,  vol.  XLVIII,  1900,  p.  31 1-435,  3  pi. 
et  iig.  dans  le  texte . 

Sacco  (F.).  Osservazione  Geologiche  comparative  sui  Pirenei. 
Ex.  Ac.  R.  délie  Scienze  di  Torino  (Atti,  vol.  XXXVI).  Turin,  1901. 

—  Osservazioni  di  Geologia  applicata  riguardanti  un  Piogetto 
di  Derivazione  e  condottura  d'Acqua  potabile  dal  Piana  délia 
Mussa  a  Torino.  Ex.  (du  Projet  d'ensemble),  4*»  22  p.  Turin,  1900. 

Marrqys  complète  Catalogue  of  Works  in  Print.  8»,  7a  p,  London, 
1901. 

Q"  Cartes 

*  Thoulet.  Carte  lithologique  sous-marine  des  côtes  de  France. 
Feuilles  5,  6,  7. 


ÎW)  DONS.    —   SÉANCE   DU    4   MARS    I9ÔI 

3"  PÉRIODIQUES 

France.  —  Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXXII,  8,  1901. 

St.  Meunier  :  Examen  d'une  météorite  tombée  dans  Tlle  de  Ceylan,  le 
i3  avril  1790.  p.  5oi-5o3. 

—  La  Nature.  i449«  ^9^'  • 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (4)«  XXXI,  365,  1901. 

J.  Haspail  :  Contribution  à  Tétude  de  la  falaise  jurassique  de  Villers-sur- 
Mer,  p.  ii25-ia6. 

Algérie.  —  Alger,  Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de 
Géographie,  XX«  session.  Alger,  1899  (1900). 

Flamand  :  Les  premiers  habitants  des  Hauts  Plateaux  et  du  Sahara  algé- 
rien d*après  les  monuments  rupestres,  p.  907-318,  i  pi.  ~  Ficheur  :  Les  chaînes 
calcaires  du  littoral  algérien,  p.  278-379.  ~  Flamand  :  Les  grandes  dépres> 
sions  du  sud  de  TOranie,  p.  379-381 . 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitsch.  d.  Ges.  fur  Erdk.  XXXV,  5, 1900. 

K.  Futterer  :  Land  und  Leute  in  Nordost-Tibet,  p.  397-343. 

—  Ges.  fur  Erdk.  Verh.  XXVIII,  3,  1901. 

WahnschafTe  :  Die  Ursachen  der  Oberflàchengestaltung  der  norddeutschen 
Tieflandes.  p  ii6-i35. 

—  Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVII,  a,  1901. 

Danemark.  —  Copenhague.  Acad.  royale  des  Se.  et  des  Lettres 
de  Dan.  Bulletin.  4-5»  1900. 

Orande-Bretagne.  —  Londres.  Joum.  R.  Microscopical  Soc. 
I,  1901. 

F.-W.  Millet  :  Report  on  the  récent  Foraminifera  of  the  Mokey  archipe- 
lago,  p.  i-ii,  I  pi. 

—  Rep.  of  the  l'j^  meeting  of  the  British  Ass.  for  the  Adv.  of 
Se.  held  at  Bradford  in  september  1900. 

Rapports  des  Comités  sur  les  questions  suivantes  :  Seismological  Investi- 
gations, p.  59-131.  —  Canadian  Pleistocene  Flora  and  Fauna,  p.  338-334-  — 
Exploration  of  the  Irish  caves,  p.  34o.  -•  Life-zones  in  the  British  Carboni- 
ferous  Rocks,  p.  340.  —  Reg^stration  of  Type  spécimens  of  British  fossils, 
p.  343.  "  Ossiferous  caves  at  Uphill,  p.  343.  —  Erratic  blocks  of  the  British 
Isles,  p.  343-346.  —  The  movements  of  underground  Waters  of  Craven,  p.  346- 
349.  —  Irish  Ëlk-remains,  p.  349-35o.  —  Photogrnphs  of  g^ological  interest  in 
the  United  Kingdom,  p.  35o-369  —  M.-J.  Joly  :  On  the  geological  âge  of  the 
earlh,  p.  369-379.  -  W.-J.  SoUas  :  Address  of  the  Président  of  the  section 
(Sur  les  progrès  de  la  géologie  et  Fâge  de  la  terre),  p  711-730  —  Nombreuses 
brèves  communications.  • 

Italie.  —  Florence.  Boll.  délie  Pubblicazioni  It.  2,  1900. 


iiONS.    —    SÉANCE    DU    l8   MARS    TQOÏ  31 

Milan,  Atti  Soc.  It.  Se.  Nat.  XXXIX,  ^,  1901. 

G.  de  Alessandri  :  Appanti  di  geologia  e  di  paleontologia  sui  dintomi  di 
Acqui,  p.  173-349,  I  pi. 

Turin.  Atti  R.  Ac.  Se.  XXXV,  7-15,  1899-1900. 

14  :  Spezzia  :  Contribuzioni  di  geologia  chimica.  Soiubilità  del  quarzo  nelle 
Bolnzioni  di  silicato  sodico,  p.  750-763. 

Russie.  —  Moscou.  Bull.  Soc.  I.  des  Nat.  (2),  XXXVII,  a,  1899  ; 
XXXVIII.  I,  1900. 

XXXV n,  Q  :  N.  von  Bogoslowsky  :  l'eher  das  untere  Neokom  im  Nordem 
des  Gouv.  Simbirsk  und  den  Rjasan-Horizonl.  p.  949"^^*  -"  E.  Fedopow  : 
Etude  sur  le  chimisme  des  minéraux  et  des  roches,  p.  969-311,  14  pi-  —  K. 
Glinka  :  Ueber  einige  Reactionen  der  Calcium-Silicoaluniinalen.  p.  3ii-!l33. 
—  K.  Glinka  :  Ueber  die  mineralogische  zusaniniensetzung  der  glacialen 
Thone  und  ùber  Verwitterungstypen.  p.  333-343.  —  W.  Dokutschajew  :  Zur 
Frage  ùber  die  Repeteekskischen  Gypse,  p.  34-3-357  —  XXXVlil.  i  :  N.  Kinpo- 
witsch  :  Zur  Kenntniss  der  geol.  Geschichte  der  Fauna  der  Weissen  und 
Murman-Mecres,  p.  1-171,  i  carte.  —  F  von  Hoyningen-Huene  :  Supplément 
zu  der  Bescbreibung  der  Silurischen  Craniaden  der  Ostseel&nder,  p.  171-909, 
3  pi.  —  F.  von  Hoyningen-Huene  :  Ueber  Aulacomerella,  ein  neues  Brachio- 
podengeschlecht,  p.  909-939,  i  pi.  —  F.-J.  Pompeckj  :  Jura-Fossilien  aus  Alaska» 
p.  939-980,  3  pi.  —  N.  Bogoslowsky  :  Die  Verwitterungsrinde  der  Russischen 
Ebene,  p.  a8i-3o7.  —  F.  Scbniidt  :  Ueber  eine  neue  grosse  Leperditia  aus  litba- 
nischen  Geschieben,  p.  'k)7-3ii. 

Saint-Pétersbourg,  Materialien  zur  Geol.  Russlands.  XX,  1900. 

K.  Bogdanoviteh  :  Description  géologique  de  rextrémité  sud  de  la  pres- 
qu*ile  de  Liao-Toung  (région  de  Kouaiig-Toun)  et  de  ses  gisements  d'or,  p.  i- 
949,  II  pi.  phot.,  9  caries  (résumé  fraiivais).  —  K.-A.  Wollosowitsch  :  Notiz 
iiber  das  Postpliocàn  im  Unterlauf  der  Nordliehen  Dwina,  p.  949-969. 

—  Mem.  Ac,  I.  Se.  VIII.  7,  10,  1899;  IX,  i,  1899. 

Vni,  7  :  A.  Karpinsky  :  Sur  l'Helicoprion»  p.  1-67,  6  pi.  —  VIII,  10  :  E.  von 
Toll  :  Beitràge  zur  Kenntniss  des  Sibirischen  Cambrium.  I,  p.  1-57,  8  pi.  — 
IX,  X  :  E.  von  Toll  :  Sur  la  géologie  de  la  région  de  la  Lena,  p.  1-90,  9  cartes, 
dont  I  géoL  (Ces  trois  mémoires  sont  entièrement  en  russe,  sans  résumé). 

—  Verh.  der  Russischen  K.  Mineralog.  Ges.  4»  1900. 


Séance   du   18   Mars    f90f 

I"  Non  périodiques 

Fortin  (R.),  Sur  une  carrière  de  Gaillon  (Eure),  ouverte  dans  la 
Craie  sénonienne.  Ex.  B.  s.  des  Amis  des  Se.  nat.  de  Rouen,  9'  semestre, 
i^f  S%  VU,  p.  43-45,  ûg.  dans  le  texte. 

—  Même  sujet.  Ex.  Idem,  9  p.,  ûg.  dans  le  texte  (Discussion). 


âa  DONS.   —  SÉANCE    DU    l8  MARS    igoi 

Malfatti  (P.).  Gontributo  alla  Spongio-faune  del  Cenozoico  ita- 
liano.  fix.  Paiaeontographica  italica,  vol.  VI,  4*»  P*  aB^-Soa.  6  pi.  lithogr. 
Pise,  1900. 

Péroche  (/.).  Application  de  rastronomie  à  la  constatation  des 
mouvements  de  la  croûte  terrestre.  Ex.  Ann.  Soc.  géol.  da  Nord, 
t.  XXIX,  8%  5  p.  (juiUel  1900).  LiUe,  1900. 

—  Les  observations  astronomiques  et  le  balancement  polaire. 
Ex.  Idem,  p.  ai5-33s  (novembre  1900). 

Winchell  (A.-N,),  Etude  minéralogique  et  pétrographique  des 
roches  gabbroïques  de  TËtat  de  Minnesota  (Etats-Unis  d'Amé- 
rique), et,  plus  spécialement,  des  anorthosites  (Thèse).  164  p.,  9  pi. 
Paris,  1900. 

a"*  Périodiqubs 

France.  —  Autan.  Soc.  H.  N.  Bull.  XII,  a,  1899. 

Charlieu.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  de  Tarare,  i,  1901. 

Grenoble,  Bull.  Soc.  de  Statistique  des  Se.  Nat.  et  Arts  ind.  du 
département  de  l'Isère.  (4),  V,  1900. 

Gevrey  :  Sur  le  péristome  & CEcoptychioB  ChristoU,  p.  33-35,  i  pi.  —  Kilian, 
Paquier,  Lory  :  Etudes  géologiques  dans  les  Alpes  françaises,  p.  35-63.  —  P. 
Lory  :  Les  principaux  types  de  vallées  des  chaînes  subalpines  dans  liséré 
et  les  Hautes- Alpes,  et  leurs  rapports  avec  la  tectonique,  p.  63-^1.  —V.  Paquier  : 
Recherches  géologiques  dans  le  Diois  et  les  Baronnies  orientales,  p.  77-479- 
6  cartes,  2  pi.  —  W.  Kilian  et  P.  Lory  :  Notices  géologiques  sur  divers  points 
des  Alpes  françaises,  p.  47^^^- 

—  Travaux  du  laboratoire  de  Géol.  de  la  Fac.  Se.  V,  2-3,  1901. 

V.  Paquier  :  Recherches  géologiques  dans  le  Diois  et  les  Baronnies  orien- 
tales, p.  1-556,  a  pi.  et  6  cartes.  —  W.  Kilian  et  P.  Lory  :  Notices  géologiques 
sur  les  divers  points  des  Alpes  françaises,  p.  557-637.  —  P.  Lory  :  Sur  les 
principaux  types  de  Vallées  des  chaînes  subalpines  dans  l*Isère  et  les  HaUtes- 
Alpes,  et  sur  leurs  rapports  avec  la  tectonique,  p.  637-645.  ^  L  Simionescu  : 
Synopsis  des  Ammonites  néocomiennes  (2*  partie),  p.  645-673.  —  W.  Kilian 
et  G.  Flusin  :  Etudes  glaciaires,  p.  673-680,  5  phot.  —  W.  Kilian,  P.  Lory  et 
V.  Paquier  :  Nouvelles  observations  géologiques  dans  les  Alpes  delphino- 
provençales,  p.  681-713.  —  P.  Lory  :  Les  mouvements  du  sol  et  la  sédimenta- 
tion en  Dévoluy  durant  le  Crétacé  supérieur,  p.  713-717. 

Paris.  Le  Naturaliste.  336.  1900. 

—  Ann.  de  TObs.  météor.,  phys.  et  glaciaire  du  Mont  Blanc. 
IV-V,  1900. 

G.  et  J.  Vallot  :  Expériences  sur  la  vitesse  de  la  circulation  de  Feau  dans 
les  torrents  et  sous  les  glaciers,  p.  19-35.  —  J.  Vallot  :  Expériences  sur  la 
marche  et  les  variations  de  la  mer  de  glace,  p.  35-i58  (avec  atlas  de  61  pi.). 

—  Soc.  fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXIII,  9,  1900. 


DONS.    —   SÉANCE    DU    l8    MARS    IQOI  23 

—  Soc.  Philomatique.  Bull.  (9),  II.  3.  1900. 

—  La  Géographie.  III.  3,  1901. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  2.  1901. 

—  Ac.  Se.  GR.  CXXXIl,  9-10,  i<K>î- 

9  :  ^Vmalitzky  :  Sur  la  découverte,  dans  les  dépôts  permiens  supérieurs  du 
'Nord  de  la  Russie,  d'une  flore  glossopterienne  et  de  reptiles  Pareiasaurus  et 
Dicynodon,  p.  591-593.  —  H.  Douxauii  :  Les  formations  tertiaires  et  quater- 
naires de  la  vallée  de  Bellegarde,  p.  39Vi9o.  -  10  :  P.  Fliche  :  Sur  un  insecte 
fossile  trouvé  dans  le  Trias  de  Lorraine,  p.  ()5o-65i.  -  J.  Thoulet  :  Note  rela- 
tive à  un  Atlas  lithologi(|ue  et  bathymétrique  des  côtes  de  France,  p.  653-654. 

—  Bull.  Muséum  H.  N.  7-8.  1900. 

7  :  A.  Tournouër  :  Sur  le  Neoinylodon  et  l'Hyinichc  des  Indiens  Telhueche, 
p.  343^4*  —  Sippe  :  Sur  les  roches  de  la  uiission  Fourneau  au  Congo, 
p.  392-400. 

—  La  Nature.  i45o-i45i. 

—  Journal  des  Savants.  Février  190 1. 

Saint' Etienne.  Soc.  Ind.  miner.  (iR.  mensuels.  Février  1901. 
Toulouse,  Soc.  Hist.  Nat.  XXII,  3.  1899:  XXXIll,  1-7,  1900. 

3,  1H99  :  E.  Harlé  :  Notes  sur  la  Garonne,  p.  i49-i<)9.  —  1-7.  i9(X)  :  E.  Harlé  : 
Rocher  creusé  par  les  colimaçons  à  Salies-du-Salat  (Haule-(iaronne).  p.  4»- 
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8\  4^  p.  Bucarest.  1900. 

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tions, p.  75-100.  —  J  -W.  Gregory  :  The  plan  of  the  earth  and  its  causes, 
p.  100-119. 

New-York.  Science.  XIII,  334-3^5»  1901. 

394  :  G. -M.  Dawson  :  Physical  History  of  the  Rocky  Mountain  Région  in 
Canada,  p.  401-4^* 

—  Mem.  Ac.  Se.  II,  3,  1900. 

Italie.  —  Florence.  Atti  Soc.  Toscana  di  Se.  Nat.  XII.  nov.  1900. 
janyier  190 1. 

Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  G.  X,  5,  1901. 

Pampaloni  :  Scorie  trachitiche  dell'  Avemo  nei  Campi  Pl^^i,  p.  i5i-i57. 

Japon.  —  Tokyo.  Publications  of  the  earthqaake  investigation 
Gom.  5-6,  1901. 
5  :  F.  Omori  :  Résulte  of  the  horizontal  pendnlum  observations  of  eârth- 


DONS.   —   SÉANCE   DU    l5   AVRIL    I9OI  ÙQ 

quakes,  july  1898  to  dec.  1899,  Tokyo,  p.  1-82,  ao  pi.  —  6  :  P.  Omori  :  Hori- 
zontal pendulum  observations  of  earthquakes,  july  1898  to  dec.  1899,  p.  1-181 . 

Mexique.  —  Mexico.  Bol.  Inst.  Geol.  de  Mexico.  14.  (i)»  1900. 
E.  Ordoîiez  :  Las  Rhyolitas  de  Mexico,  p.  1-75,  5  pi.,  i  carte. 

Roumanie.  —  Jassy,  Ann.  Se.  de  TUniversité.  I,  3,  1901. 

V.  Butzureann  :  Etudes  pétrographiques  et  chimiques  des  roclies  éruptives 
du  district  de  Suceava,  p.  aSS-a'ig.  —  Th.  Nicolau  :  Recherches  sur  les  roches 
avec  fer  natif  de  Ttle  de  Disko,  p.  265-289. 

Suisse.  —  Genève,  Arch.  Se.  Phys.  et  Xat.  (4),  XI,  3,  1901. 


Séance   du    15    Avril    fOOt 

10  Non  périodiques 

Chatelet  iC),  Quelques  mots  sur  la  faune  des  lignites  de  Saint- 
Geniès-de-Comolar  et  de  Saint-Laurent-des- Arbres.  Ex.  Ac.  de  Vau- 

duse  (Mémoires),  1899,  p.  i55-i59.  Aviron,  1899. 

Choffat(P,y  Sur  Tàge  de  la  Teschénite.  Ex.  CR.  Ac.  Se,  20  mars 
1901,  4%  2  p. 

Lory  (P.).  Les  cirques  de  montagnes.  Ex.  Revue  des  Alpes  dauphi- 
noises, (3),  9,  i5  mars  1901,  8*,  i5  p  ,  3  ûg.  dans  le  texte.  Grenoble,  1901. 

—  Sur  les  principaux  types  de  vallées  des  chaînes  subalpines 
dans  risère  et  les  Hautes-Alpes,  et  sur  leurs  rapports  avec  la  tecto- 
nique. Ex.  Bull.  Soc.  Statistique  de  ITsère,  i5  janvier  1900,  8»,  7  p.,  i  carte. 

2*^  Cartes 

Carte  géol.  détaillée  de  la  Roumanie,  5  feuilles. 

Carte  générale  hypsométrique  de  TAmérique  du  Nord  (le  relief 
n'est  exprimé  que  sur  la  surface  des  Etats-Unis  et  du  Dominion 
du  Canada).  Publiée  par  la  Commission  géol.  du  Canada,  i  feuille. 

30   PÉRIODIQUES 

France.  —  Lille.  Soc.  Géol.  du  N.  Ann.  XXIX,  4»  1900. 

Leriche  :  Faune  ichthyologique  des  snbles  à  Unios  et  Térédines  des  envi- 
rons d^Epernay,  p.  177-196,  2  pi.  —  J.  Gosselet  :  Géographie  physique  du  Nord 
de  la  France  et  de  la  Belgique;  plaine  d'Arras,  Gohelle,  p.  20o-2i4-  —  J. 
Péroche  :  Les  observations  astronomiques  et  le  balancement  polaire,  p.  2i5- 
233.  —  J.  Gosselet  :  Noies  d'excursions  géologiques  sur  la  feuille  de  Laon, 
p.  a33-256.  —  J.  Gosselet  :  Stratification  entrecroisée  dans  les  sables  de  Dun- 
kerque,  p  256,  2  pi. 


3o  DONS.   —  8RANCE   DU    l5   AVRIL    I<K>I 

Paris.  La  Nature.  i455. 

M.  le  Couppey  de  la  Forest  et  M.  Bourdon  :  La  rivière  souterraine  de  la 
Guinand,  p.  3i5-3i8.  —  R.  Ducamp  :  L'or  dans  les  sables  du  Gard,  p.  Sao. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XVIll,  13,  1900. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  3.  1901. 

—  Journal  de  Conchyliologie.  XLIX,  i,  1901. 

G.  Dollfus  et  Ph.  Dautzenberg  :  Découverte  des  Tjrmpanotojnus  lignitarum 
Eichw.  dans  le  Miocène  du  Bolderberg  en  Belgique,  p.  33-35. 

—  Le  Naturaliste.  XXIII,  878,  1901. 

St.  Meunier  :  La  régression  des  torrents,  p.  77-79. 

—  Revue  Paléozoologie.  V,  2,  1901. 

—  Soc.  d'Anthropologie.  Bull.  (5),  I,  4>  1900. 

—  Ac.  Se.  CR.  CXXXII,  i3-i4,  1901. 

L.  Dupare  et  P.  Pearce  :  Sur  la  Koswite,  une  nouvelle  Pyroxénite  de  TOural, 
p.  893-^.  —  St.  Meunier  :  Sur  la  pluie  de  sang  observée  à  Palerme  dans  la 
nuit  du  9  au  10  mars  1901,  p.  894-896. 

Allemagne.  —  BerUn.  Ges.  fur  Erdk.  Verh.  XXVIII,  3,  1901 . 

—  Zeitsch.  d.  Ges.  fur  Erdk.  XXXV,  6,  1900. 

—  Zeitsch.  f.  praktische  Geol.  IX,  4>  1901. 

O.  Beyer  :  Das  neue  wasserwerk  der  Stadt  Bautzen  und  die  Benehungen 
seines  Grundwassers  zum  Untergrunde,  p.  iui-i4o.  —  C.  Gàbert  :  Die  Erzla- 
gerst&tten  zwischen  Klingenthal  und  Graslitz  im  westlichen  Erzgebirge, 
p.  140-145.  —  P.  Hnpfeld  :  Das  Steinkohlenbecken  von  San  Juan  de  las  Aba- 
desas  in  den  Ostpyren&en,  p.  i45-i49* 

Stuttgart,  Centralblatt  f&r  Min.  Geol.  Pal.  7,  1901. 

J.  Simionescu  :  Erreicht  die  russiche  Tafel  Rumànien?,  p.  193-196.  — J. 
Kônigsberger  :  Zur  optischen  Bestimmung  der  Erze,  p.  195-197.  —  A.  v. 
Krofft  :  Zur  Unteren  Trias  von  Spili,  p.  197-199.  —  P*  Krusch  :  Ueber  einige 
Tellurgold-siiberverbindungen  von  den  westaustralischen  Goldgàngen, 
p.  199-903. 

Autriche-Hongrie.  —  Cracoçie.  Bull,  intem.  Ac.  Se.  CR. 
Décembre  icfoo. 

Danemark.  —  Copenhague,  Ac.  Royale  des  Se.  et  des  Lettres 
de  Dan.  Bulletin.  6,  1900;  i,  1901. 

États-Unis.  —  Cambridge,  Muséum  of  Comparative  Zool.  at 
Harward  Collège.  V,  q-3,  1901. 

2  :  H. -T.  Burr  :  The  structural  relations  of  the  amyg^aloidal  Melaphyr  in 
Brookline.  Newton,  and  Brighton  Mass.,  p.  53-68.  a  pi.  —  3  :  R.-A.  Daly  :  The 
physiography  ol'  Acadia,  p.  73-io4»  n  pi. 


DONS.    —   SEANCE    DU   6   MAI    I9OÏ  3l 

Chicago.  Joarnal  of  Geology.  IX,  2,  1901, 

T  -L.  Watson  :  On  the  origin  of  the  Phenocrysts  in  tlie  porphyritic  granités 
of  Georgia,  p.  97-ia3.  —  C.-R.  Dryer  :  Certain  peculiar  Bsker  and  esker  lakes 
of  north-eastern  Indianu,  p.  i23-i3o.  —  St.  Weller  :  Corrélation  of  the  Kinder- 
kook  formations  of  soutliwestern  Missouri,  p.  i3o-i49-  —  F.-W.  Sardeson  : 
Probleni  of  the  Monticuliporoidea,  U,  p.  149-1^4- 

New-Haven,  ïhe  Amer.  Journ.  of  Se.  (4),  XI,  64,  1901. 

G.-N.  Gould  :  Tertiary  Springs  of  Western  Kaiisas  and  Okiahoina,  p.  263- 
269.  —  W.-T.  Bell  :  Concrétions  of  Ottawa  County,  Kansas,  p.  3i5-3iH. 

New-York,  Science.  XIII,  326. 

Indes  néerlandaises.  —  Register  of  het  Jaarb.  van  het  Minj- 
"wesen  in  Nederlandsch  Oost-Indië.  1882-1899  (1901). 

Italie.  —  Florence,  Boll.  délie  Pubblicazioni  It.  3,  1901. 
Rome,  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  G.  X,  6,  1901. 


Séance   du    O    Mai    1901 

1°  Non  périodiques 
Bézier  (T,)  et  Lebesconte  (P.).  Observations  sur  le  terrain  silu- 

X*iende  Gosné  (I.-et-V.).  Ex.  B.  S.  Se.  et  méd.  de  rOuest,  9*  année  (1900), 
x^*  4f  S*»  6  p.,  ûg.  dans  le  texte.  Rennes,  1900. 

Blake  (John  Charles),  A  Mica-Andesite  of  West  sugarloof 
Afountain,  Boulder  County,  Colorado.  —  Soine  relations  of  Tetra- 
liedral  Combinations  to  cristalline  form.  Ex.  Froc,  of  the  Colorado  Se. 
Soc.y  vol.  7,  p.  i3-36,  8*.  Denver  (U.  S.  A.),  avril  1901. 

Dollfus  (G. -F.),  L'étage  cénomanien  en  Angleterre.  Ex.  Feuille 
<les  Jeunes  Nat.,  n'  366,  avril  1901,  8%  3  p.  Rennes-Paris,  1901. 

FUche  (P.),  Sur  un  Insecte   fossile  trouvé  dans   le  Trias  en 

lorraine.  Ex.  CR.  Ac.  Se,  11  Mars  1901,  2  p. 

Gîlson  (G.).  Exploration  de  la  Mer  sur  les  côtes  de  la  Belgique, 

^nnée   1900.   Ex.  Mém.  Musée  R.  H.  N.  de  Belgique,  1. 1,  1900,  4%  81  p.,  3  pi., 
phot.  dans  le  texte. 

Harlé  (Ed,).  Essai  de  bibliographie  du  creusement  des  i*oches 
par  des  Escargots.  Ex.  B.  Soc.  H.  N.  de  Toulouse,  t.  XXXm  (1900),  p.  209- 
a63, 8*.  Toulouse. 

Imbeaux  (D''  Ing*"  Ed.),  L'alimentation  en  eau  des  villes,  à 
VExposition  Universelle  de   1900  (Paris).  Ex.  Revue  technique  de  E.U. 


3a  DONS.    —   BÉANOE   DU   6  MAI    I 

tgao,grand8',  3^p.,  nombreux  diagrammes,  coapes,  i 
1901  (Présenti  par  M.  /.  Bergeron). 

Kemna  (Ad.),  Aubel{H.  van).  Ertborn  (B™  < 
scientifique  du  «  Boulant  »  à  la  Soc.  belge  de  I 
Géol..  5  mai  1901,  p.  tai-i54,  8*.  BruxpllcB.  igoi. 

Labat  (Si'  A.).  Climat  et  eaux  minérales  d'Ai 
Paris,  igoi  (Présenté  par  l'auteur). 

Lajlamme  (Mgr  J.-C.-K.).  Modilîcations  n 
à  l'embouchure  de  la  rivière  S"-Anne  par  l'ébo» 
Éboulement  à  S'-Luc-de-Vincennes,  Rivière  Cl 
1895.  Ex.  Trans.  R.  Soc.  of  Canada,  a-  B^rie,  vol.  VI 
p.  175-1B0,  mai  190a,  flg.  dans  le  texte.  Ottawa,  igoi. 

Lapparent  (A.  de).  Vers  les  Pâles.  Ex.  du  Co 

'Lebesconte  (/*.).  Briovérien  et  Silurien  en  I 
de  la  France.  Leur  séparation  par  les  Pouding 
G.  P.,  3*  série,  t.  XXVIII,  1900,  p.  ei5-83i,  i  pi. 

Léon  (Paul).  Une  excursion  géogr.  dans  l'A 
de  Géogr.,  t.  X,  n*  5a,  1901, 8',  p.  ia3-i39,  4  pi.  phot.  Pat 

Maggi  (Prof.  Leopoldo).  Aggiimte  ai  nue 
negli  Antropoidi.  Ex.  R.  D.  R.  Ist.  Lomb.  Se.  et  Let 
1901,  8',  5  p.  Hilan. 

Priem{F.).  Sur  les  Poissons  fossiles  éocènea 
manie,  et  rectification  relative  à  Pseudotates 
Ex.  B.  S.  G.  P..  3'  série,  t.  XXVH.  i8gg,  p.  a4l-a53,  i  pi 

—  Sur  les  Poissons  fossiles  du  Gypse  de  Pai 
igoo,  p.  841-860. 1  pi. 

Rutot{A.).  A  propos  des  nouvelles  instruc 
l'étude  des  projets  d'alimentation  d'eau  potab 
France.  Ex.  B.  Soc.  belfie  de  Géol.,  t.  XV,  igoi  (Se 
p.  74-97.  Bruxelles,  1901. 

Seward  (A.-C).  La  flore  wealdienne  de  I 
Musée  R.  H.  N.  de  Belgique,  1. 1,  1900,  4%  38  p.,  4  pi.  B 

Van  den  Broeck  {B.).  Le  dossier  faydrologî 
fère  en  terrain  calcaire  et  le  râle  de  la  Géologie 
et  études  de  travaux  d'eaux  alimentaires.  Ré 
M.  ring--  Th.  Verslraeien.R\.B.  Soc.  beige  de  Gé 
Ï51.  Bruxelles,  1901. 

I,es  Mines  du  Ja|>on  (Rédigé  par  te  bureau  c 
de  rAgricullurc  et  Jii  Couinierce).  Ouvrnge  publ 
du  Jupuii  à  l'Exp.  Univ.  de  Paris,  1900,  8%  53o  p.  Cailt 
Japon  pl  nombreux  lablraux  et  diagrammes,  etc.  Pari 
R^imondJ. 


DONS.    —  SÉANCE   DU  6  MAI    igOI  33 

The  Norwegian  North-Polar-Expédition.  Scientific  Results,  Edi- 
tée! by  Fridtjof  Nansen  (1893-96).  Vol.  II,  4%  lx  -f  412  p.,  2  cartes  hors 
texte,  nombreux  graphiques,  diagrammes,  etc.  Londres,  Christiania. 

Maryland  Geol.  Survey.  Allegany  County.  8%  3a3  p.,  3o  pi.  phot. 

Atlas  in-folio  (Cartes  topog.  et  géol.  d'ensemble  et  de  détails).  Baltimore,  1900. 

2°  PÉRIODIQUES 

France.  —  Charlieu.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  de  Tarare.  VI,  3. 
Paris,  Ac.  Se.  CR.  GXXXII,  i5-i^,  i^pi- 

i5  :  A.  Chevalier  :  Sur  rcxistence  probable  d'une  mer  récente  dans  la 
région  de  Tombouctou,  p.  920-9^8.  —  16  :  St.  Meunier  :  Sur  l'origine  et  le 
mode  de  formation  du  minerai  de  fer  oolithique  de  Lorraine,  p.  1008-1010. 

—  La  Nature.  i456-i458,  1901. 

A.  de  Lapparent  :  Un  Oursin  du  Sahara,  p.  353^54. 

—  Le  Naturaliste.  339-34o,  1901 . 

—  La  Géographie.  III,  4>  1901. 

A.  de  Lapparent  :  La  trouvaille  d'un  Oursin  fossile  dans  le  Sahara.  —  Ch. 
Rabot  :  Le  conflit  chilo-argentin  et  les  phénomènes  de  capture  dans  la  Cor- 
dillère des  Andes,  p.  261-279,  i  carte. 

—  Soc.  botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  IV,  10,  1897. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXIV,  i-a,  1901. 

A.  Lacroix  :  Sur  la  forstérite  et  les  pseudomorphoses  de  dipyrc  en  forsté- 
pitc  et  spinelle  des  contacts  des  roches  Iherzoli tiques  de  TAriège,  p.  14-22.  — 
A.  Lacroix  :  Les  calcaires  à  prehnite  des  contacts  granitiques  des  Hautes- 
Pyrénées,  p.  23-27.  —  A.  Lacroix  :  Note  sur  les  roches  à  lépidolite  et  topaze  du 
Limousin,  p.  3o^4* 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XIX,  3,  1901. 

—  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (4),  XXXI,  36^,  1901. 

J.  Raspail  :  Contribution  à  l'étude  de  la  falaise  de  Villers-sur-Mer  (suite), 
p.  169-172,  I  pi. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  4?  1901. 

Saint-Etienne.  Société  de  Tlndustrie  minérale  (CR.  mensuels). 
Avril  1901. 

Villefranche.  Bull.  Soc.  Se.  et  Arts  du  Beaujolais.  II,  5,  1901. 

J.  Marduel  :  Le  puits  artésien  de  l'Usine  de  la  Quarantaine  à  Villefranche, 
p.  56-64. 

Allemagne.  — Berlin.  Zeitsch.  d.  Ges.  fùrErdk.  XXXVI,  i,  1901. 

E.  Deckert  :  Die  Hochketten  des  nordamerikonischen  Felsengebirges  und 
der  Sierra  Nevada,  p.  1-20,  5  pi.  —  S.  Passarge  :  Beitrag  zur  Kenntniss  der 
Géologie  von  British-Betschuaua-Land,  p.  20,  5  pi.  dont  i  carte  geol. 

Supplément  au  tome  /«''  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,     c. 


34  DONS.    —   SK.VNCE   DU   6    MAI    I9OI 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVII,  4^  igoi* 
—  Ergànzungsheft,  i34,  1901. 

A.  Philippson  :  Beitr&ge  zar  Kenntniss  der  griechischen  Inselwelt,  4  cartes. 

Strasbourg'.  Mitt.  der  Geol.  Landesanstalt  von  Elsass-Lothrin- 
gen.  V,  3,  1900. 

A.  Tornquist  :  Die  im  Jahre  1900  aafgedeckten  Glacialerscheinungen  am 
Schwartzen  See,  p.  ia3-i39,  5  pi.  —  E.-W.  Benecke  :  Ueberbliek  ùber  die 
palaeontologische  Gliederung  der  Eisenerz-formation  in  Deutsch-Lothringen 
und  Luxembourg,  p.  139-166.  -  L.  van  Werveeke  :  Profile  zur  Gliederung  des 
reichslàndischen  Lias  und  Doggers  und  Anleitung  zu  einigen  geologischen 
Aosflùgen  in  den  lothringisch-luxemburgischen  Jura,  p.  i65-a47,  5  pi. —  L.  van 
Werveeke  :  Ueber  Glacialschranimung  auf  den  Graniten  der  Yogesen,  p.  247- 
a53.  —  L.  van  Werveeke  :  Nachweis  einigen  bishernicht  bekannter  Morànen 
zwischen  Masinùnter  and  Kirchberg  im  Doller-Thale,  p.  a53-a6i. 

Stuttgart.  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  8,  1901. 

E.  Koken  :  Helicoprion  im  Productus-Kalk  der  Saltrange,  p.  235-027.  — 
F.  Katzer  :  Zur  nàheren  Altersbestimmung  des  Sùsswasserneogen  in  Bosnien, 
p.  2a7-a33.  —  G.  Tarnuzzer  :  An  Hcrrn  Dr.  A.  Rothpletz,  p.  a33-336. 

Autriche-Hongrie.  —  Budapest.  Jahresbericht  der  Kgl.  Ung. 
Geol.  Anstalt  fur  1898,  1901. 

Prague.  Sitzungsberichte  des  K.  bôhm.  Gess.  der  Wissensch. 

1899-1900. 

1899:  E.  Bayer:  Einige  ncue  PflanzenderPerucerKreideschichten  in  Bôhmen, 
api.  —  V.-J.  Prochàzka  :  Mioeén  Moravsky.  —  J.-V.  Rohon  :  Die  devonischen 
Pische  von  Timan  in  Russland.  —  Fr.  Ryba  :  Ueber  ein  neues  Megaphytum 
ans  dem  Miràschauer  Steinkohlenbecken,  4  pl>  "  P*  Schrôkenstein  :  Studien 
ùber  Silikat-Massengesteine.  —  J.-N.  Woldf  ich  :  Geologicko-paleontologické 
pMspèvky  z  ki^idového  ûlvaru  u  Ostroméfe.  —  Ô.  Zahâlka  :  Pâsmo  IX.  Bfe- 
zenské-kf  idového  ûlvaru  v  Poohi^i,  6  pi.  —  Ô.  Zahàlka  :  Pàsmo  X.  Teplické 
ki^idového  ûlvaru  v  Poohfi,  3  pi.  —  Ô.  Zahâlka  :  Geotektonika  kfidového 
ûlvaru  V  Poohfi.  —  J.-V.  2elizko  :  O  kf idovém  ûlvam  okoli  Pardubie  a  Pfe- 
lou&e. — 1900:  J.  Kratochvil:  O  nèkterych  massivnich  horninâch  z  okoli  Novelo 
Knina  a  ôàsti  rulovitych  horin  od  Élebu.  —  Ô.  Zahàlka  :  O  prulinàch  diluvial- 
nich  V  (!!lechàch,  i  pi.  —  B.  Mâcha:  O  Éilnych  horninâch  od  Zâbèhlic  a  diabasu 
od  Hodkovicek.  —  6.  Zahâlka  :  Stratigraficky  vyznam  sférosideritové  vrstvy 
pâsma  DL  kfidového  ûlvaru  v  PoohM.  —  J.  Fi^er  :  Kraj  iuiy  a  povaha  soused- 
nich  hornin  u  Vltavy  nad  sv.  Jankymi  proudy.  —  F.  Katzer  :  Ueber  die 
Grenze  zwischen  Cambrium  und  Silur  in  Mittel-bôhmen.  —  F.  Schrôckenstein  : 
Die  Basait-Eruption  bei  Kladno  am  Vinaficer  Berge,  a  pL  —  J.  Barvif  : 
O  krystallech  cerussitu  od  Stfiba. 

Vienne.  Verh.  K.  K.  Geol.  Reich.  î^3,  1901. 

a  :  A.  Rzehak  :  Das  Porzellanitvorkommen  von  Medlowitz  bei  Gaya  in 
Màhren  und  die  Yerbreitung  der  Congerienschichten  am  Sûdabhange  des 
Marsgebietes.  —  H.  Richly  :  Ueber  zwei  neueiitdeckte  Fundstâtten  von 
Moldaviten  bei  Neuhans-Wittingau.  —  3  :  A.  v.  KraiTt  :  Zur  Gliederung  des 
muschelkalks  des  Himalaya.   —  J.-S.  Hibsch  :  Ueber  die  geoiogische  Spécial- 


DONS.    —   SÉANCE    DU   6   MAI    I9OI  35 

aufnahme  des  Duppaner  Gebirges  in  nordwestlichen  Bohmen.  —  F.  v.  Kerner: 
Vorlagedes  kartenblattes  Sebenico-Tran.  —  F.-E.  Suess:  Greologische  Mitthei- 
iangen  ans  dein  Gebiete  von  Trebitsch  uiid  Jarmeritz  in  Màhren. 

Belgique.  —  Bruxelles,  Bull.  Soc.  belge  de  Géol.,  Pal.  et 
Hydrologie,  (a),  I.  4,  1897  (^9^^)  ;  V,  i,  1901. 

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—  V,  I  :  X.  Stainier:  Stratigraphie  du  bassin  houiller  de  Charleroi  et  de  la 
Basse-Sambre,  p.  1-61,  i  pi.  —  A.  Rutot:  Sur  la  formation  des  champs  ou 
tapis  de  silex  ayant  fourni  aux  populations  paléolithiques  primitives  la 
matière  première  des  instruments  et  outils  constituant  leurs  industries, 
t>.  61-98. 

—  Mém.  du  Musée  Royal  d'H.  N.  de  Belgique.  I,  1900. 

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Exploration  de  la  mer  sur  les  côtes  de  la  Belgique  en  1899,  p.  1-81,  3  pi. 

Liège,  Ann.  Soc.  Géol.  de  Belgique.  XXY^'^\  i,  1899  (1900);  XXVII, 
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XXVb'*,  I  :  M.  Lohest  :  Discours  sur  les  progrès  réalisés  en  géologie  de  1874 
à  1898,  p.  8-25.  —  H.-B.  Geinitz  :  Sur  Slereosternuni  tumidum  Cope,  p.  35-43, 
I  pi.  —  D.  Rayemackers  :  Note  sur  la  constitution  géologique  des  alluvions 
modernes  et  quaternaires  sous  la  ville  d'Alost,  p.  4*^71»  i  pl'  —  M.  Lohest  et 
Forir:  Stratigraphie  du  massif  cambrien  de  Stavelot,  p.  71-121, 2  pi. — M.  Mour- 
lon  :  Essai  d'une  monographie  des  dépôts  marins  et  continentaux  du  Quater- 
naire moséen  le  plus  ancien  de  Belgique,  p.  121-179,  i  pi.  —  G.  Malaise  :  Etat 
actuel  de  nos  connaissances  sur  le  Silurien,  p.  179-216. — XXVIII,  i  :  H.  Forir: 
Sur  Tàge  des  dépôts  de  sable  de  Wodemont  et  du  S.-E.  de  Morlroux,  p.  3-9.  — 
H.  Forir  :  Fossiles  du  phosphate  de  chaux  de  La  Hesbaye  (assise  de  Spiennes), 
p.  9-19.  —  P.  Destinez  :  Quelques  gîtes  fossilifères  du  Carboniférien  et  du 
Famennien  du  Condroz,  p.  19-27.  —  P.  Fourmarier  :  Le  bassin  dévonien  et 
carboniférien  de  Theux,  p.  27-32. 

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m,  a,  1899-1900. 

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p.  235-245.  —  E.  Haycock  :  Records  of  Post-Triassic  Changes  in  Kings  County, 
p.  287^303,  I  pi. 

Saint-John.  N.  H.  Soc.  of  New  Brunswick.  Bull.  IV,  4,  1901. 

G.-F.  Matthew  :  New  species  of  Cambrian  fossils  from  Cape  Breton,  p.  269- 
287,  I  pi.  —  G.-F.  Matthew  :  Acrothyra^  a  new  genus  of  Etcheminian  bra- 
chiopods,  p.  3o3-3o4.  —  W.-F.  Ganong  :  Notes  on  Ihe  natural  history  and 
physiography  of  New  Brunswick  ;  32  :  The  physiographic  origin  of  our  Por- 
tage Routes,  p.  3i  3-340,  2  cartes 

Danemark,  —  Copenhague,  MeddelseV  on  Gronland.  XXFV, 
1901. 

G.  Flink  :  On  the  Minerais  from  Nararsuk  on  the  Firth  of  Tunugdliarûk  in 
Southern  Greenland,  p.  9-213,  9  pi.  —  Th.  Nicolan  :  Uûtersuchungen  an  den 


36  UOHS.  ^  SÉANCE   Dt'   d  MAI    I90I 

eisenrâhrfnden  GcBteinrn  derlnt«l  Di»ko.  p-  aiT-al^.  —  IL-J.-V.  5t««n*tra 
Voyage  de  IMsro  en  i8gl4.  p.  »>I-Vi6,  10  pi.  (résamé  en  français).  SappléniM 
Un  grand  panorama  en  couleor*. 

Bspayne.  —  Madrid.  Aon.  Soc.  Esp.  H.  X.  (a),  IX.  190t. 

États-Unis.  —  Baltimore.  Maryland  Geol.  Stirv.  AJlc^aj 
Gounty.  * 

J,  Clevelanil  Abbé  :  PhyBÎograpbj,  p.  37-<>l.  —  C-  n'Haïra  :  Gcology,  p. 
■Ai,  —  B.  Clark,  C.  Ollarra,  R.-R.  Rowe,  and  H.  Ries  :  Minerai  resonrs 
p.  ift>-i(^i.  —  C.'W.  Dor»ej  :  Soiln,  p.  igîï-ais.  —  O.-L.  Pansig  :  Climalc,  p.  a 
33a,  —  F.-H.  Newell:  niAnigraphy,  p.  933-^1.  —  L.-A.  Bauer:  Magne 
declinallon,  p.  3.^3-3n3.  —  G.-B.  Sadworth  :  Porest,  p.  963-990.  —  C.-H.  M< 
riam  and  B.-il.  Preblr  ;  Flora  and  raana.  p.  991-307.  —  Accompagné  de  3o  | 
el  d'an  allai  de  5  feDîllen. 

Berkeley.  Bull,  of  the  Dep.  of  Geology.  II,  8.  1901. 
O.-H.  Hershej  :  The  Geologr  of  the  central  portion  of  the  Isthmus 
Panama,  p.  s3i-9&j. 

Deiwer.  Bull.  Colorado  Se.  Soc.  VII,  1,  1901. 
J.-C-  Blake  :  A  Mica-ande«ite  of  Wesi  Sugarloar  Mountain,  Boulder  Couni 
Colorado,  p.  i3-3A. 

Easlon.  Proc.  Am.  Ass.  for  the  Adv.  of  Se.  49"'  meeting  held 
New-York,  rgoo. 

J.-P,  Kcmp  :  Precambrian  sédiments  tn  Ibc  Adirondacks',  p.  157-187  1 
analyse  dei  mémoire*  Iur  aux  séances). 

MinneapoliÈ.  The  Am.  Geologist.  XXVII,  3,  1901. 
S.-W.  Me.  Caille  :  Some  noies  on  Ibe  Trap  Dikes  of  Georgia,  p.  i33-i34, 3 1 
J.-W.  Grcgory  :  The  plan  of  theearlb  and  Us  causes,  p.  134-147.  — E.-R.  Cm 
mings  :  Orthothete»  minatas.  n.  sp.  from  the  Salem  limeatones  of  Harroc 
burg,  p.  i47-i5o,  I  pi.  —  E.-W.  Claypole  :  Notée  on  petroleum  in  Califom 
p.  1Ï0-160.  —  W.-P.  Blakr  :  Somi;  salient  features  in  the  geology  of  Arizoï 
with  évidences  of  shollow  seas  in  PaleoEoic  Time,  p.  160-167, — J.-B.  Hatcht 
The  Lake  lystems  nf  Sonlh  Patagonla,  p.  167-174,  i  pU 

New-  York.  Am.  Mus.  of  N.  H.  Mém.  IV,  a,  1901.  BuU.  XIII,  190 

R.'P.  WhllUcld  :  Observations  on  and  OcBcriptians  of  arctic  foasils,  p. 
93,  a  pi,  —  B.-P.  Whitfleld  ;  Description  of  a  new  Crinoid  from  Indiana,  p. 
3>'>.  —  ll.-P.  Whitlleld  :  Note  on  the  principal  type  spécimen  of  Sîoaaëaui 
tnaximus  Copc,  p.  a5-3i,  a  pi.  —  J.-W.  Gldley  :  A  new  species  of  Pleistoce 
Horse  from  the  SUkcd  Plains  of  Texas,  p.  t11-n7.-H.-F.  Osbom  :  Phjloge 
of  the  Bhinocerosee  of  Europe,  p.  399-369.  —  H.-F,  Osborn  :  Oxyaena  a 
Patriordis  rratudie  ns  trrrcstrial  CreodoDts,  p.  969-981,  9  pt. 

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DONS.   —  SÉANCE   DU   6   MAI    I90I  Sj 

Hollande.  —  La  Haye.  Arch.  Néerlandaises  des  Se.  exactes 
et  Nat.  (q),  IV,  2,  1901. 

Grande-Bretagne.  —  Edimbourg,  Tmns.  Edinburgh.  Geol. 
Soc.  VIII,  I,  1901. 

J.-G.  Goodchild  :  Ou  Hœiiiatite  on  Arthur  Seal,  p.  i.  —  J.-G.  Goodchild  : 
On  sonie  récent  exposures  of  rocks  in  Edinburgh,  p.  2-10.  —  T.  Wallace  :  Addi- 
tional  notes  on  thc  geology  of  Strathdearn  and  adjoining  disti*ict  of  the 
Aviemore  Railway»  p.  i<>-i5.  —  J.-W.  Kirby  :  Note  on  the  Ostracoda  from  the 
Scotman  otlice  section,  p.  i5-i8.  —  H.  Kyuaslon  :  Notes  on  contact  Metamor- 
phism  round  the  Cheviot  Granité,  p.  18-27.  —  J-  Simpson  and  D.  Ilepburn  : 
On  mammalian  bones  found  during  excavations  at  Hailes  Quarry,  near 
Edinburgh,  p.  27-32.  —  Mackie  :  Seventy  chcniical  analyses  of  rocks  (ciiiefly 
from  the  Moray  area),  p.  3'M5i,  i  pi.  —  J.-W.  Kirby  :  On  Lower  Carboniferous 
strata  and  fossils  at  Kanderstone,  near  Crail,  Fife,  p.  61-76,  i  pi.  —  A.  Jessen  : 
On  the  Shell-bearing  Clay  in  Kintyre,  p.  76-87.  —  II.  Kynaston  :  On  sonie 
Tuffs  associated  with  the  Andesitic  Lavas  of  Lorne,  p.  87-91,  i  pi.  —  Mackie: 
Some  notes  on  the  distribution  of  Erratics  over  Eastern  Moray,  p.  91-98.  — 
Mackie  :  On  différences  in  chiinical  composition  between  the  central  and 
marginal  zones  of  Granité  veins,  with  further  évidence  of  exchange  between 
8uch  veins  and  the  Contact  Rocks,  p.  98-114.  —  L.  Hinseman  :  Note  on  spéci- 
mens of  Spherulitic  Felsite  from  Glen  Feshie,  p.  114-116.  —  H.-M.  Cadell  :  On 
the  Geology  of  the  Oil  Shalelields  of  the  Lothians,  p.  116-162. 

Londres,  The  Geol.  Magazine.  (4),  VIII,  5,  1901. 

M.  Reade  :  Erosive  etfect  of  Sand-blast  on  Wood,  p.  193-195. — E.-T.  Newton  : 
Note  on  Graptolites  from  Peru,  p.  19.5-198.  —  W.-F.  Hume  :  The  Rift  valleys 
of  eastern  Sinaï,  p.  198-200.  —  W.-F.  Hume  :  Geology  of  eastern  Sinal,  p.  200- 
ao5.  —  N.-O.  Holst  :  The  glacial  period  and  oscillation  of  Land  in  Scandi- 
navia,  p.  205-216.  —  E.-D.  Wellburn  :  The  Fish  fauna  of  the  Millstone  Grits 
of  Great  Britain,  p.  2i(>-223.  ' —  H.-W.  Pearson  :  Oscillations  in  the  Sea-level, 

p.  223-231. 

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p.  1-77,  10  pi. 

Manchester,  Trans.   Geol.  Soc.  XXVII,  i,  a,  1900-1901. 

Indes  anglaises.  —  Calcutta.  Mem.  Geol.  Surv.  of  India. 
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F.-H.  Halch  :  The  Kolar  gold-iield,  being  a  description  of  quartz-mining 
and  gold-recovery  as  practised  in  India,  p.  1-72,  21  pi.  dont  i  carte  géol.  — 
T.-H.  Holland  :  Notes  on  Rocks  spécimens  coUected  by  F.-H.  Hatch  on  the 
Kolar  gold-lleld,  p.  74-81. 

Italie.  —  Modène.  Boll.   Soc.  Sismologica.  VI,  j-8,   1900. 

VI,  7  :  G.  Vicentini  :  Necrologio  Giulio  Pacher,  p.  187.  —  G.  Agamennone  : 
Gli  strumenti  sismici  ail'  Esposizione  Universale  del  1900,  p.  188-206.  —  R.-V. 
Matteucci  :  Sui  periodo  di  forte  attività  esplosiva  oflerto  nei  mcsi  di  aprik- 
maggio  1900  dal  Vesuvio,  p.  307-236,  8  pi. — VI,  8;  R.-V.  Matteucci  :  Iden  (suite), 
p.  239-276. 


38  DONS.    —  SÉANCE    DU    20  MAI    I9OI 

Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Leincei,  C.   X,  7,  1901. 

—  BoU.  R.  Coinitato  Geol.  It.  (4),  I,  4»  1900- 

B.  Lotti  :  Sulla  genesi  dei  graciuienti  metalliferi  di  Campiglia  Maritlima  in 
Toscana,  p.  3:17-337. — P.  Modemi  :  Note  geolog^sche  preliminari  su  i  dintorno 
di  Leonessa  in  provincia  di  Aquila,  p.  338-354«  —  V.  Sabbatini  :  Congresso 
geologico  internazionale.  L'excursione  ai  Puys  alla  Limag^e  e  al  Mont-Dore, 
p.  35M84. 

Mexique.  —  Mexico.  Mém.  y  Rev.  Soc.  Cientifica  Antonia 
Alzate.  XV,  i,  2,  1900. 

Suisse.  —  Genève.  Arch.  Se.  phys.  et  Nat.  (4),  XI,  3,  1901. 

P.  de  Montessus  de  Ballore  :  Les  océans  sismiques,  p.  389-403,  i  pi. 


Séance  du  :^0  Mai  f  90f 

V  Non  périodiques 

Ferion  (Ch.).  Description  de  VOsmia  corsica  n.  sp.,  et  Obser- 
vations sur  la  Faune  corse.  Ex.  B.  S.  entomologique  de  France,  1901, 
n*  4»  8%  6  p.  Paris,  1901. 

Gentil  (L.).  Résumé  stratigraphique  sur  le  Bassin  de  la  Tafna. 
Terrains  primaires  et  secondaires.  Ex.  A.  F.  A.  S.,  Congrès  de  Paris, 
1900,  80,  14  p.  Paris,  1901. 

Labat  (D''  A .).  Climat  et  Eaux  minérales  d'Espagne.  8%  78  p.  Paris, 
1901. 

Rabot  (Ch.).  Les  variations  de  longueur  des  Glaciers  dans  les 
régions  arctiques  et  boréales.  Ex.  Archives  des  Se.  physiques  et  nat. 
(de  Genève),  ann.  1899-1900,  8%  a5o  p. 

Reinach  (A.  çon).  Schild  Krôten  reste  im  Mainzer  Tertiâr  becken 
und  in  benach  basten,  ungefàhr  gleichlterigen  Ablagerungen. 
4%  i35  p.,  44  pl-  Francfopt-s-M.,  1900. 

a*»  Cartes 

Norges  Geologiske  Unders0gelse.  Feuille  35,  D.  Lillehammer  (au 
100. 000").  Christiania,  1899. 

3°  Périodiques 

France.  —  Auxerre.  Bull.  Soc.  Se.  Hist.  et  Nat.  de  T Yonne. 
LIV,  1900  (1901). 

Parat  :  Les  grottes  de  la  Cure,  p.  3-39,  i  P^-  —  A.  Raoul  :  Notice  sur  le  profil 
eu  long  géologique  de  la  ligne  d* Auxerre  à  Gien,  p.  39-44»  i  P^* 


DONS.    —   SÉANCE    DU    QO    MAI    I9OI  3q 

Moulins.  Rev.  Se.  du  Bourbonnais.  XIV,  i6o,  i6i,  1901. 
Paris.  Journ.  des  Savants.  Mars-Avril  1901. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  VI,  1899. 

—  La  Géographie.  III,  5,  1901. 

I  —  La  Nature.  14^4?  ^4^9»  1901. 

1454  :  Ch.-T.  de  Giiillauiue  :  Le  glissement  du  Furcil,  p.  294-295.  —  1459  : 
A.  de  Parville  :  Le  Vésuve  en  1900,  p.  375-378. 

—  Ac.  Se.  CR.  GXXXH,  18,   19,   1901. 

18  :  E.  de  Martonne  :  Sur  les  mouvements  du  sol  et  la  formation  des  vallées 
en  Valachie,  p.  ii4o-ii43.  —  F.  Bertainchand  :  Sur  les  poussières  atmosphé- 
riques observées  à  Tunis,  le  10  mars  1901,  p.  ii53-ii55. 

—  Soc.  d* Anthropologie.  Bull.  (5),  I,  5,  G,  1900. 

Saint-Etienne,  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  (3),  XV,  i,  1901  (avec 
atlas). 

Travaux  du  Congères  international  des  mines  et  de  la  métallurgie. 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitsch.  D.  Geol.  Ges.  LU,  4*  1900. 

A   Fraas  :  Geognostisches  Prolil  vom  Nil  zum  Rotlien  Meer,  p.  569-619,  i  pi. 

—  E.  Philippi  :  Beitràge  zur  Morphologie  und  Phylogenie  der  Laniellibran- 
chier.  III.  Lima  und  ihre  Untergattungen.  p.  619-640,  i  pi.  —  A.  Wichmann  : 
Der  Ausbruch  des  Gunung  Kinggit  auf  Java  in  Jahre  1693,  p.  640-661.  — 
D.  Jaekel  :  Ueber  Carpoiden,  eine  neue  Classe  von  Pelmatozoen,  p.  661-677. 

—  Zeitsch.  f.  Praklische  Geol.  IX,  5,  1901. 

L.  de  Launay  :  Die  Schwefelkieslagerstàtte  von  Sain-fiel  (Rhône),  p.  161-170. 

—  A.  Leppla  :  Ueber  den  sogen.  Sonnenbrand  der  Basalte,  p.  170-176.  —  W. 
Wolff  :  Die  geologischen  Landes  untersuchungen  der  skandinavischen  Staa- 
len,  p.  176-180.  —  J.-H.-L.  yogt  :  Weitere  Untersuchungen  ùber  die  Ausschei- 
dung  von  Titan-Eisenerzen  in  basischen  Eruptiv  gesteinen,  p.  180-194. 

Francfort.  Abh.  Senckenberg.  Naturforsch.  Ges.  XXV,  i,  3, 
1901  ;  XXVI,  2  ;  XXVIII,  1900. 

XXVni  :  von  Reinach  :  Schildkrôtenreste  im  Mainzer  Tertiârbecken  und  in 
benachborten,  ungefàhr  gleichartigen  Ablagerungen,  p.  i-i35,  44  P^- 

—  Bericht.  1900. 

H.  Bùcking  :  Cordicrit  von  Nordcelebes  und  den  sog.  verglastenSandsteinen 
Mitteldeutschlands,  p.  3-2i,  2  pi.  —  F.  Kinkeliu  :  fieitràge  zur  Géologie  der 
Umgegend  von  Frankl'urt.  a.  M.,  p.  121-162,  2  pi. 

Mulhouse.  Bull.  Soc.  Industrielle.  Mars  1901. 

Stuttgard.  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  9,  1901. 

R.  Burckhardt  :  Die  Invertebraten  der  Elginsandsteine,  p.  261-265.  — 
M.  Blanckenhorn  :  Nachtrage  zur  Kenntniss  des  Palaeogens  in  iEgypten, 
p.  265-275.  —  A.  V.  Krafft  :  Ueber  das  Permische  Alter  der  Otoceras-Stufe  des 
Himalaya,  p.  275-280. 


4o  DONS.   —   SÉANCE   DU   20  MAI    I9OI     » 

Autriche-Hongrie.  —  Vienne,  Sitzungsber.  K.  Ak.  der 
Wiss.   CVm,  1899  ;  CIX,  i-6,  1900. 

GVni:  E.  V.  Mojsisovics  :  Mitth.  der  Erdbeben-commission  der  K.  Akad. 
der  Wiss.  in  Wien.  X.  Allgemeiner  Bericht  und  Chronik  der  im  Jahre  1898 
innerholb  des  Beobachtungs-gebietes  erfolyten  Erdbeben,  p.  33-aa8.  —  E. 
Mazelle  :  Id.  XI.  Die  Einrichtung  der  seismischen  Station  in  Triest  und  die 
vom  horizontalpendel  auf  gezeichneten  erdbebenstôrnngen  von  Ende  August 
1898  bis  Ende  Februar  1899,  p.  357-396.  —  F.  Seild  :  Id.  XII.  Uebersicht  der  Lai- 
bacher  Osterbeben  période  fur  die  Zeit  vom  16  April  1895  bis  Ende  Decemi)er 
1898^  p.  395-431.  —  R.  Hoernes  :  Id.  Xm.  Bericht  ùber  das  obersteirische  Beben 
vom  27  November  1898,  p.  443-471»  2  cartes.  —  R.  Hoernes  :  Id.  XIV.  Bericht 
ùber  die  obersteirische  Beben  des  ersten  Holbjahres  1899,  p.  617-687,  3  cartes. 

—  Th.  Fuchs  :  Der  Giesshùbler  Sandstein  und  die  Flyschgnrenze  bei  Wien, 
p.  612-617.  —  A.  Pelikan  :  Die  Schalsteine  des  Fichtel-gebirges,  aus  dem  Harz, 
von  Nassau,  und  aus  den  Vogesen,  p.  741-801,  2  pi  —  CIX,  1-6  :  F.  Schwab  : 
Bfitt.  Erdbeben-Comm.  XV.  Bericht  ùber  Erdbeben  beoliachtungen  in  Krenis- 
mûnster,  p.  19-71.  —  F.  Noë  :  Id.  XVI.  Bericht  ùber  das  niederôsterreichische 
Beben  vom  11  Juni  1899,  p.  71-87,  i  carte.  —  E.  Mazelle  :  Id.  XVII.  Erdbeben- 
stùrungen  zu  Triest,  beobachtet  am  Rebeur-Ehlertschen  Horizontalpendel 
vom  I  M&ry  bis  Ende  December  1899,  p.  89-141.  —  K.  Bogdanôwitsch  et  C.  Die- 
ner  :  Ein  Beitrag  zur  Géologie  der  Westkùste  der  Ochotskischen  Meeres, 
p.  349^1,  I  pi. 

—  Denksch.  K.  Ak.  der  Wiss.  LXVI,  3  ;  LXVHI,  1900. 

Uhlig  :  Die  Géologie  des  Tatragebirges.  II  Tektonik  des  Tatragebirges, 
p.  1-89,  7  pi-,  I  carte  gcol.  —  Nopesa  :  Dinosaurierreste  aus  Siebenbùrgen, 
p.  555-596.  —  Abel  :  Untersuchungen  ùber  die  fossilen  Platanistiden  des  Wie- 
ner Beckens,  p.  839-874,  4  P^- 

—  Abh.  K.  K.  Geol.  Reichsanstalt.  XVI,  i,  1900. 

E.  Schellwien  :  Die  Fauna  der  Trogkofelschichten  in  den  Kamischen  Alpen 
und  den  Karawanken,  p.  1-122,  i5  pi. 

—  Verh.  K.  K.  Geol.  R.  Anstalt.  4-6,  1901. 

4  :  R.-J.  Schubert  :  Kreide  und  Eoclin  fossilien  von  Ordu  am  Schwarzen  Meere 
(Kleinasien).  —  J.  Dreger  :  Vorlàuliger  Bericht  ùber  die  geologische  Unter- 
suchung  des  Possruck  und  des  nordlichen  Theiles  des  Bachergebirges  in 
Steiermark.  —  F.  Kossmat  :  Geolog^sches  aus  dem  Ba6athale  im  Kùstenlande. 

—  5  :  G.  Geyer  :  Geologische  Aufnahmen  im  Weissenbachthale,  Kreuzgraben 
und  in  der  Spitzegelkelte  (Oberkàrnten).  —  K.  Hinterlechner  :  Bemerkungen 
liber  die  krystallinischen  Gebiete  bei  Pottenstein  a.  d.  Adler,  und  ôstlich  von 
Reichnau-Lukawitz-Skuhrow  auf  dem  Blatte  «Reichnau  und  TyniSt».  —  6  :  A. 
Kornhuber  :  Ueber  eine  neue  fossile  Eidechse  aus  den  Schichten  der  unteren 
Kreideformation  auf  der  Insel  Lésina.  —  A.  Bittner  :  Aus  den  Kalkvoralpen  des 
Traisenthales,  den  Ungebungcn  von  Lilienfeld  und  von  St.  Veit  an  der  Gôlsen. 

—  Jahrb.  K.  K.   Geol.  R.  Anstalt.  L,  a,  1900. 

O.-M.  Reis  :  Coelacanthus  Lnnzensis  Teller,  p.  187-193,  2  pi.  —  F.-E.  Suess  : 
Die  Herkunft  der  Moldavite  und  verwàndter  Glàser,  p.  193-392,  8  pi. 

Espagne.  —  Madrid,  R.  Ac.  de  Giencias  Memorias.  XIX, 
1 893-1 900. 


DONS.   —  SÉANCE   DU   fàO  MAI    I9OI  4^ 

—  BoU.  Soc.  Esp.  de  H.  N.  1,  3,  4»  1901. 

H.  Jimeno  :  Noticias  histôricas  sobre  alg^nos  terremotos  acaecidos  en 
Bspana,  p.  175-184. 

États-Unis.  —  New-Haven,  The  Amer.  Journ.  of  Se.  (4),  XI, 
35,  1901. 

J.-L.  Wortman  :  Studies  of  Eocene  Manimalia  in  Ibc  Morsh  Collection, 
Peabody  Muséum,  p.  333-349- 

New-York,  Science.  XIII,  33i,  33a. 

Orande  Bretagne.  —  Londres.  Quaterly  Journ.  Geol.  Soc/ 
LVn,  a,  1901. 

A.-K.  Coomâra-Swâmy  :  On  the  occurrence  of  Corundum  as  a  Conlnct-niinc- 
'al  atPont  Paul  (Finistère),  p.  185-189.  —  R.-D.  Oldhaiu  :  On  the  origin  of  tlie 
>ancmaii  Raise  (Lake  District),  p.  189-198.  —  J  Parkinson  :  On  the  geolojçy 
>f  South  Centrai  Ceylan ,  p.  198-21 1.  —  J.  Parkinson  :  On  the  Hollow 
îpberuUtes  of  the  Yellowslone  and  Great  Britain,  p.  211-226,  i  pi.  —  B.-N. 
^each,  W.  Gunn  et  E.-T.  Newton  :  On  mesozoic  fossiliferous  rocks  from  a 
Tertiary  volcanic  Vent  in  Arran,  p.  226  244.  i  pl.  —  G.-F.  Wright:  On  récent 
^ological  changes  in  northern  and  Central  Asia,  p.  244-^5i.  —  W.  Gibson  :  On 
he  cbaracter  of  the  Upper  Coal-Measures  of  Nortli  Staffordshire,  p.  251-266. 

—  The  Geol.  Magazine.  (4),  VIII,  4»  ^9^^- 

H.  Woodward  :  On   Pyrgoma  cretacea,  from  the  Upper  Clialk,  p.  i45-i52, 
pi.  —  H.  Woodward  :  Note  on  some  Carboniferous  trilobites,  p.  i52-i54»  i  pi. 

-  T.  Barron  et  W.  Hume  :  Notes  on  the  Gcology  of  the  eastern  désert  of 
Sgypt,  p.  154-161.  —  T.-G.  Bonney  :  Schists  in  Ihe  Lepontine  Alps,  p.  161-167. 

-  H.  Peapson  :  Oscillations  in  the  Sea-level,  p.  167-174»  i  pl» 

—  R.  Soc.  Proc.  LXVIII,  444?  1901. 

Italie.  —  Rome,  BoU.  Soc.  Geol.  It.  XIX,  1900. 

G.  Bonarelli  :  Ricerche  analitiche  sopra  una  roccia  sedinientaria  di  Lom- 
»ardia,  p.  i-io.  —  A.  Neviani  :  Revisione  générale  dei  Briozoi  fossili  italiani, 
>.  10-26.  —  1.  Cocchi  :  Osservazioni  sui  denti  incisivi  dell'  elefanle  africano, 
>.  a6-36.  —  P.  Peola  :  Flora  tongriana  di  Pavone  dWlessandria,  p.  36-62.  — 
A.  Seguenza:  Nuovo  lembo  del  Lias  superiore  nel  Messinese,  p.  62-65.  —  A. 
*ortis  :  Osservazioni  stratigratiche  a  proposito  di  alcune  lave  délia  vicinanze 
li  Roma,  p.  65-iii.  —  L.  Colomba  :  Ricerche  microscopiclic  c  chimichc  su 
ilcune  quartziti  di  Oulx  (alta  val  le  délia  Dora  Riparia)  e  su  alcune  roccie 
ssociate,  p.  iii-i32.  —  C.  Fornansini  :  Le  Polimorlîne  e  le  Uvigerine  fossili 
lltalia,  p.  132-173.  -  C.  Airaghi  :  Di  alcuni  conoclipeidi,  p.  173-179. —A.  Por- 
is  :  Di  una  formazione  stngnale  presso  bi  Basilica  Ostieiise  di  Roma  e  degli 
vanzi  fossili  vertcbrati  in  essa  rinvenuti,  p.  179-240.  —  A.  Verri  e  G.  de  Ange- 
is  d*Ossat  :   II*  Contributo  allô  studio  del  Miocène  nell'  Umbria,  p.  240-281. 

-  G.  de  Stefano  :  Gli  avanzi  fossili  dei  Misticeti  di  Calabria,  p.  281-290.  — 
\,  deStefani:  Le  acque  atmosferiche  nelle  fumarole  a  proposito  di  Vulcano 

di  Stromboli,  p.  290-321.  —  P.-E.  Vinassa  de  Regny  :  Roccc  e  fossili  dei 
intorni  di  Grizzana  e  di  Lagàro  nel  Bolognese,  p.  321-349,  i  carte,  2  pi.  — 
i.  Neviani  :  Briozoi  terziari  e  postcrziari  délia  Toscana,  p.  349-376.  — A.  Verri  : 
lulla  trivellazione  di  Capo  di  Bove,  p.  376-381.  —  B.  Nelli  :  Fossili  miocenici 


4^  DONS.    —   SÉANCE   DU   3  JUIN    I90I 

dell'  Appennino  Aquiiano,  p.  38i-4i9)  i  pi*  —  D*  Pantanelli  :  Storia  g^eologica 
deir  Arno,  p.  419-437.  —  T.  Taramelli  :  Osservazioni  stratigrafiche  a  proposito 
délie  fonti  di  S.  Pellegrino  in  Provincia  di  Bergamo,  p.  437-443-  —  L.  Seg^enza  : 
I  vertebrati  fossili  délia  Provincia  di  Messina.  I.  Pisci,  p.  443-o3i* — L-  Colomba  : 
Sul  deposito  d'una  fumarola  silicea  alla  Fossa  délie  Roche  rosse  (Lipari), 
p.  5ai-535.  —  P.  Peola  :  Flora  deir  Eocene  Piemontese,  p  535-549.  —  G.  Ales- 
sandri  :  Sopra  alcuni  fossili  Aquitaniani  dei  dintomi  di  Acqui,  p.  549^55.  — 
D.  dcl  Campana  :  I  cefalopodi  del  Medolo  di  Yaltrompia,  p.  555-645,  a  pi.  — 
A.  Neviani  :  Supplemento  alla  fauna  a  Radiolari  délie  roccie  mesozoiche  del 
Bolognese,  p.  645-673,  3  pi.  —  P.  Franco,  E.  Friedlander  :  Contribuzione  alla 
.geologia  délie  isole  Pontine,  p.  673-677.  —  G.  Ristori  :  Le  formazioni  ofiolitiche 
del  Pogg^o  dei  Leccioni  (Serrazzano)  ed  il  filone  fra  Gabbro-rosso  e  Scrpenlina 
presso  il  lorrente  Sancherino,  p.  677-694.  —  A.  Stella:  SuUa  presenza  di 
fossili  microscopici  nelle  roccie  a  Solfo  délia  formazione  Gessoso-Solûfera 
italiana,  p.  694-699.  —  G.  Trabucco  :  Fossili,  stratigraûa  ed  età  dei  terreni  del 
Casentino,  p.  699^33, 3  pi.  —  E.  Clerici  :  Sulle  sabbie  di  Bravetta  presso  Roma, 
p  733-737. 

—  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  C.  X,  8,   1901. 

Agemennone  :  11  micrasismometrog^^afo  a  tre  componenti,  p.  391-399. 

Suisse.  —  Lausanne,  Bull.  Soc.  Vaudoise  Se.  Nat.  (4),  XXXVI, 
i38-i39,  1901. 

Th.  Biller  :  Etude  préliminaire  sur  le  modelé  glaciaire  et  le  paysage  drum- 
linique  dans  la  plaine  vaudoise,  p.  3i3-33i. 

Zurich,  —  Naturforseh  Ges.  Vicrleljahrsseh.  XLV,  1900. 

A.  Heim  :  Geol.  Nachlese,  n*  13.  Gneiss  fàltelung  in  alpinem  Centralmassiv, 
eiu  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Slanungs  métamorphose,  p.  305-337,  3  pi.  — G. 
Allenpach  :  Dùnschliffe  von  gefalteten  Rôthidolomit-Quartenschiefer  am  Piz 
Urlaun,  p.  337-338. 


Séance  du    3   «Foin    1901 

I*>  Non  PERIODIQUES 

Guède  (H,).  La  Géologie,  i  vol.  in-13,  734  p.,  i5i  fig.  dans  le  texte. 
Paris,  1901  (de  la  Bibliothèque  des  Se.  contemporaines). 

Jack  (R.-L.)  et  Etheridge  (R.-E.)  junior.  The  Geology  and 
Palœontologie  of  Queensland  and  New-Guinea.  Texte:  768  p.  ;  plan- 
ches et  cartes  :  G8  p.  ;  carte  géoI.  au  1/1.013.760*;  in-4'  carré,  Brisbane  (Queen- 
sland, Australie),  1893  (Don  de  M.  L.  Carez). 

Kemna  {Ad.),  L'enquête  sur  les  Eaux  de  Paris (1899-1901).  Exposé 
analytique.  Ex.  B.  S.  belge  de  géol.  P.  V.  16  avril  1901,  p.  336-348.  Bruxelles, 
1901. 

Ruiot  {A,).  La  Géologie  et  la  Paléontologie  à  TE.  L  de  Bruxelles. 
Ex.  Id.  (1898-1900),  tirage  à  pa|*t,  ensemble  :  80  p. 


DONS.   —   SÉANCB   DU    3   JUIN    I9OI  4^ 

Van  den  Brœck  (E.),  A  propos  de  la  présentation  par  M.  P. 
Choffat  d'une  étude  régionale  sur  la  limite  entre  le  Jurassique  et 
le  Crétacique.  Quelques  mots  concernant  les  récentes  déclarations 
de  M.  Lamplugh  au  sujet  de  Tâgedu  Wealdien.  Ex.Id.  Id.,  p.  igo-aoQ. 

—  (Observations  de  M.  — ),  concernant  le  «  Boulant»,  faites  au 
cours  de  la  discussion  ayant  suivi  Texposé  de  M.  Kemna,  présenté 
à  la  séance  du  5  mars  1901  (de  la  Soc.  belge  de  Géol.),  au  sujet  de  la 
controverse  des  Ingénieurs  américains  sur  les  Sables  boulants. 
Ex.  Id.  Id.,  p.  14^154. 

—  La  section  des  Sciences  et  sa  classe  de  Géologie  à  Bruxelles 
(Exposition  internationale  de  1897). 

30  PÉRIODIQUES 

France.  —  Lille.  Soc.  Géol.  du  N.  Ann.  XXX,  i,  1901. 

Leriche  :  Description  de  deux  Unios  nouveaux  de  TEocène  inf.,  p.  2-7.  — 
Gosselet  :  Plis  dans  la  craie  du  nord  du  bassin  de  Paris,  révélés  par  l'exploi- 
tation des  phosphates,  p.  7-i3.  —  Desailly  :  Note  sur  les  bancs  de  pouding^ue 
dans  le  terrain  houiller  de  Liévin,  p.  i3-i4. — Desailly  :  Régime  des  eaux  dans 
la  concession  de  Liévin,  p.  14-22.  —  Lebrun  :  Coupe  des  fondations  d'une  mai- 
son, rue  duSec-Arembault,  à  Lille,  p.  24-26.  —  C.  Barrois  :  Observations  sur 
le  poudingue  houiller  de  Nœux  (Pas-de-Cal.iis),  p.  26-30.  —  G.  Barrois  :  Recher- 
ches de  M.  Lindstrôm  sur  les  organes  visuels  des  Trilobites,  p.  36-37.  —  X. 
Stainier  :  Stratigraphie  du  bassin  houiller  de  Charleroi  et  de  la  Basse-Sam- 
bre,  p.  38-4i.  —  J.  Ladrière  :  Etude  géologique  et  hydrologique  des  environs 
de  Jenlain,  p.  4'~79-  —  Haaard  :  Cartes  géologico-agronomiques,  propres  à 
l'évaluation  du  sol,  p.  79-88. 

Paris.  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes.  (4),  XXXI,  368,  1901. 

J.  Raspail  :  Contribution  à  Tétude  de  la  Falaise  de  YiUers-sur-Mer,  p.  193- 
198,  a  pi. 

—  Le  Naturaliste.  34i,  1901. 

—  Ac.  Se.  GR.  CXXXII,  ao,  31,  1901. 

90:  L.  Duparc  :  Sur  la  classification  pétrographique  des  schistes  de  Casanna 
et  des  Alpes  valaisannes,  p.  1237-1239.  —  W,  Kilian  :  Nouvelles  observations 
sismologiques  faites  à  Grenoble,  p.  1242-1244* 

—  La  Nature.   1460-1462,  1901. 

1460  :  M.  Boule  :  Un  fossile  qui  ressuscite,  p.  388-389. 

—  Ann.  de  Géographie.  X,  5i,  1901. 

E«  Chantriot  :  La  Thiérache,  p.  216-225.  —  L.  Gallois  :  Les  Andes  de  Pata- 
gonie,  p.  232-a6o,  i  carte,  29  phot. 

Allemagne.  —  Berlin.   Jahrb.   K.  Preussisch.   Geol.    Lande- 
sanstalt  und  Bergakademie.  XX.  1899(1900). 
Mittheilungen  der  Mitarbeiter  der  K.  Geol.  Landesanstalt  ùber  Elrgebnisse 


44  DONS.   —  SÉANCE   DU   3  JUIN    I9OI 

der  Aafnahmen  im  Jahre  1899,  p.  i-ct.  —  A-  Jentzseh  :  Die  tiefre  Untergnud 
Konigsbergs  mit  Beziehung  anf  die  Wasserversorgnn^  der  SUidt,  p.  i-i^S, 
10  pL  —  L.  Benhaosen  :  Znr  Prage  nach  dem  geol.  Aller  des  Pentamerwis  rke- 
nanas  Rœmer.  p.  173-180.  —  G.  Mùller  :  Obérer  Muscbelkalk  anf  der  Schwaf- 
weide  bei  Lôneburg,  p.  i8o-i85.  —  W.  Koert  et  C  Weber  :  Ueber  ein  neues 
interglaciales  Torflager,  p.  i85-i^.  —  A.  Denckmann  :  Gonlatiien  in  Obersilur 
des  Steinhomes  bei  Schônau  im  Kellerwalde,  p.  ig^-ig^.  —  E.  Holzapfel  : 
Beobachtangen  im  Toter-devon  der  Aachener  Gegend,  p.  199-937.  —  G.  Gagel 
et  F.  Kaonhowen  :  Ueber  ein  Vorkommen  Ton  Senoner  Kreide  in  Ostprens- 
sen,  p.  337-037.  —  9éL  Koch  :  Beilràger  zur  geologischen  Kenntniss  des  Harlies, 
p.  337-347.  —  E.  Dathe  :  Znr  Kenntniss  des  DiluWums  in  der  Grafschaft  GloU, 
p.  347-366,  I  carte.  —  \.  Jentzseh  :  Begleitworte  znr  Untergmnds  Knrie  des 
nordôstliclien  Deutschland.  p.  366-386,  i  pi.  —  H.  Sehrôder  :  Ein  jngendlicher 
Schôdel  von  Rhinocéros  antiqaitatis  Blnmb..  p.  386-391,  i  pi.  —  A.  Denck- 
mann :  Neue  Beobachtnngen  ans  dem  Kelle walde,  p.  391^7,  i  pi.  —  H.  Stille  : 
Die  Gebirgsban  des  Tentoburger  Waldes  zwisehen  Altenbeken  nnd  Delmokl, 
p.  3-43,  3  pi. 

—  K.  Preussischen  Geol.  Landesanstalt  Abh.  3o,  1900. 

L.  Benshansen  :  Das  Dey  on  des  nôrdlichen  Oberharzes  mit  besonderer 
Berùcksichtigung  derGegend  zwisehen  Zellerfeld  and  Goslar,  p.  i-3S3,  i  carte. 

—  Silziingsber.  K.  Preussischen  Ak.  Wiss.  i-aa,  1901. 

W.  Salomon  :  Ueber  neue  geologische  Aafnahmen  in  der  ôstlichen  Hàlfte 
der  Adamellogmppe,  p.  170-188.  —  E.  Eseh  :  Der  Vulean  Etinde  in  Kamernn 
and  seine  Gesteine,  p.  377-399.  —  E.  Eseh  :  Id.,  p.  400-417.  —  J.  Romberg  : 
Vorarbeiten  2:ar  geologisch-petrographishen  Untersuchang  des  Gebietes  von 
Predazzo  (Sùd-tyrol),  p.  4^7'4^i-  —  Branco  et  E.  Fraas  :  Beweis  fur  die 
Richtigkeit  anserer  Erklarang  des  valcanischen  Ries  bei  Nôrdlingen,  p.  501-634. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVII,  5,  1901. 

A.-P.  Stahl  :  Beobachtnngen  in  den  Kirgisensteppen,  p.  107-115,  i  carte.  — 
G.  Gerland  :  Die  erste  internationale  Erdbeben  konferenz  in  Strassbarg, 
p.  1 15-119. 

—  Ei^ànzungsheft.  i35,  igoi. 

A.  Supan  :  Die  Bevôlkerung  der  Erde.  Asien  nnd  Australien  samt  den 
Sùdsee4nseln,  p.  1-107. 

Mulhouse.  Bull.  Soc.  Industrielle.  Avril  1901. 

Stuttgart.  Centralblatt  fiîr  Min.  Geol.  Pal.   10,  1901. 

A.  Dannenberg  :  Die  Exkursion  III  und  XTV^  des  internationalen  geologen- 
kongresSy  p.  389-399.  —  H.  Preiswerk  :  Untersuchang  eines  Grùnschiefers  von 
Brusson  (Piémont),  p.  3o3-3o9.  —  W.  Deecke  :  Ueber  die  kohlereichen  gebàn- 
derten  Sommablocke.  p.  3o9-3ii.  —  A.  Bollzer  :  Ueberschiebung  im  Iseogebiet, 
p.  3ii-3i3. 

États-Unis.  —  Berkeley.  Bull.  Univ.  California,  II,  9,  1901. 

J.-C.  Merriaiu  :  A  contribution  to  Ihe  Geology  of  the  John  Day  Basin,  p.  369- 
314. 


DONS.   —   SÉANCE   DU    IJ   JUIN    I9OI  ^5 

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J.-C.  Branner  :  The  Zinc  and  lead  région  of  Norlli  Arkansas,  p.  1-375, 38  pi. 
et  atlas. 

New-York,  Science.  XIII,  333,  1901 

Grande-Bretagne.  —  Londres.  The  Geol.  Magazine.  (4), 
VIII,  6,   1901. 

C.-I.  Forsyth  Major  :  On  the  évidence  of  the  transference  of  secundary 
sexual  characters  of  Mamiiials  from  maies  to  femalos,  p.  241-246.  —  F.-R.  Cow- 
pep  Reed  :  Salter^s  undescribed  species,  p.  046-1249,  i  pi.  —  P.-J.  Johnson  : 
Sections  of  cretaceous  rocks  at  Glynde  and  thcir  fossils,  p.  24«>-25i.  —  G.-C. 
Grick  :  A.  Chalk  ammonite,  probahly  A.  Rainsayanus  Sharpe,  p.  25i-ii53.  — 
H.-W.  Pearson  :  Oscillations  in  the  Sea-level.  p.  253-2<)5. 

—  R.  Soc.  Proc.  LXVIII,  445,  1901. 

Italie.  —  Florence.  Boli.  délie  Publicazioni  It.  5,  1901. 
Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Leincei,  G.  X,  9,  1901. 

Palazzo  :  Sul  terremoto  del  24  aprile  1901  nei  pressi  di  Palombara  Sabina, 
p.  351-355. 

Japon.  —  Tokio.  Journ.  Collège  of  Se.  XV,  1. 

I.  Qima  :  Studies  on  the  Ilexactinellida,  p.  1-296,  14  pi. 

République  Argentine.  —  Buenos- Ayres.  Communicaciones 
del  Museo  Nacional  de  Buenos-Ayres.  I,  8,   1901. 

Suisse.  —  Genève.  Arch.  Se.  phys    et  nat.  (4),  XI,  5,  1901. 


Séance   du    17   Juin   iS^Oi 


i''  Non  périodiques 


Arctowski  (H.).  A  propos  de  la  question  de  climat  des  temps 

glaciaires.  Ex.  Revue  «  Ciel  et  Terre  »  (16  mars  1901). 

—  et  Renard  (A. -F.).  Notice  préliminaire  sur  les  sédiments 
marins,  recueillis  par  Texpédition  de  la  «  Belgica  ».  Ex.  Mém.  publ.  par 

Ac.  R.  de  Belgique,  1901).  Classe  de  sciences,  8%  3o  p.,  i  carte,  7  juillet  i<)<k>. 
Bruxelles. 

Blanckenhorn  (Max).  Neues  zur  Géologie  und  Palâontologie 
./ïlgyptens.  III.  Das  Miocàn.  Ex.  Zeitsch.  d.  D.  geol.  Gesell.  Jahry  lyoi, 
i3o  p.,  a  pi.,  fig.  dans  le  texte. 

Dollfus  (G.'F.),  Note  géol.  sur  les  Eaux  de  Rouen.  Lettre  à 
M.  Garnier,  Ing*"  Expert.  Ex.  4%  p.  240-256,  i  carte  au  80  000-  et  i  pi.  de 
coupes  (24  décembre  1900). 


46  DONS.    —   SÉAxNCE   DU    IJ   JUIN    I^OI 

Gosselet  (/.).  Plis  dans  la  Craie  du  nord  du  bassin  de  Paris, 
révélés  par  l'exploitation  des  phosphates.  Ex.  Ann.  Soc.  géol.  du 
Nord,  t.  XXX,  7  janvier  1901,  S\  i3  p.,  lig.  dans  le  texte.  Lille,  1901. 

—  Note  sur  les  sables  de  la  pla^  de  Dunkerque  :  —  et  Lancrj'. 
Découverte  d'un  navire  profondément  enseveli  dans  les  sables  de 
Dunkerque.  Ex.  Id.,  t.  XXIX,  11  juillet  iguo,  ensemble  3i  p.,  i  pi. 

—  Note  d'excursions  géol.  sur  la  Feuille  de  I^on.  Ex.Id.,  16  novem- 
bre igOO,  123  p. 

Kilian  (  W.).  Note  sur  le  «  surcreusement  »  (==  «  Uebertiefung  ») 
des  vallées  alpines.  Ex.  B.S.G.F.,  3'  série,  t.  XXVIII,  p.  ioo3-ioo5, 17  décem- 
bre 1900. 

—  Le  VIII*  Congrès  géol.  international  à  Grenoble  et  dans  les 
Alpes  françaises.  8%  28  p.  Grenoble,  1901. 

—  Nouvelles  observations  sismologiques  faites  à  Grenoble. 
Ex.  CR.  Ac.  Se.  (30  mai  1901),  4%  3  p. 

Petitclerc  (P.).  Contribution  à  l'étude  du  Bajocien  dans  le  Nord 
de  la  Franche-Comté.  III*  Partie  (suivi  de  :  Note  sur  quelques 
Echinides  du  Bajocien  de  Franche-Comté,  par  /.  Lambert), 
8',  ensemble  274  P-»  7  pl«  Vesoul,  1901. 

2<»  PÉRIODIQUES 

B*razice.  —  Bordeaux.  Actes  Soc.  linnéenne.  (6),  V,  1900. 

J.  Ivolas  et  A.  Peyrot  :  Contribution  à  Tétude  paléontologique  des  Faliins 
de  la  Touraine,  p.  99-249,  3  pi. 

Charlieu.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Tarare.  VI,  4»  1901. 

Paris,  Ac.  Se.  CR.  CXXXII,  22,  aS,  1901. 

22  :  de  Lapparent  :  L*érosion  régressive  dans  la  chaîne  des  Andes,  p.  iag6- 
1298.  —  A.  Carnot  :  Sur  les  tcllurures  d*or  et  d'argent  de  la  région  de  Kalgoor- 
lie  (Australie  occidentale),  p.  1298-1308.  —  28  :  C.  Girard  et  F.  Bordas  :  Analyse 
de  quelques  travertins  du  bassin  de  Vichy,  p.  1423-1426.  —  L.  Duparc  et  F. 
Pearce  :  Sur  le  gabbro  à  olivine  de  Kosswinsky-Kamen  (Oural),  p.  142&-1428. 
—  de  Lamothe  :  Sur  le  rôle  des  oscillations  eustatiques  du  niveau  de  base 
dgns  la  formation  des  systèmes  de  terrasses  de  quelques  vallées,  p.  1428-1431. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXFV,  3,  1901. 

—  Le  Naturaliste.  34a,  1901. 

P.  Fritcl  :  Les  chamacés  ;  leur  rôle  comme  organismes  constructeurs  à 
l'époque  secondaire,  p.  125-127. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XIX,  3,  1901. 

—  La  Géographie.  III,  6,  1901. 

Ph.  Glangcaud  :  Les  volcans  du  Latium  et  de  la  Campagne  romaine,  p.  4^'- 
471. 


DONS.    —   SEANCE   DU    IJ   JUIN    I9OI  fyj 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  Mai  1901. 
,     —  Journal  des  Savants.  Mai  1901. 

—  La  Nature.   i463-i4fi4* 

i463  :  J.  Garnicr  :  Etude  géologique  en  Australie  oceidentalc,  p.  îi3-q6.  — 
1464  :  L.  de  Launay  :  Une  mine  de  lithine  en  France,  p.  4'M4« 

—  L'Anthropologie.  XII,  1-2,  1901. 

Saint- Etienne,  Société  de  Tlndustrie  minérale  (CR.  mensuels). 
Mai  1901. 

Troyes.  Mém.  Soc.  Acad.  d'agriculture.  Se,  Arts,  Belles- Lettres. 
(3),  XXXVIL  1900. 

Allemagiie.  —  Berlin.  Zeitsch.  f.  Praklische.  Geol.  IX,  6,  1901. 

P.  Dalims  :  Ueber  das  Vorkommen  und  die  Verweiidung  des  Bernsteins, 
p.  30I-2II.  —  P.  Krush  :  Die  Tellurerze  West  australiens,  p.  2ii-:2!20.  —  W. 
WoUT:  Die  geol.  Landesuntersuchungen  der  skandinavischen  Staaten.  II.  Nor- 
wegen.  IH  Schweden,  p.  :22o-aa6.  —  P.  Kruseh  :  Die  Glassiûeation  der  Erzlager- 
st&tten  von  Kupferberg  in  Schlesien,  p.  22O-229. 

—  Ges.  fur  Erdk.  Verh.  XXVIII,  4,  5,  1901 

G.  Link  :  Bericbt  ùber  seine  Reise  nach  Kordofan,  p.  217-226,  i  pi.  —  G. 
Schott  :  Die  Wàrmeverteilung  in  der  Tiefsee,  p.  226-232.  —  W.  Halbfass  : 
Ergebniss  seiner  Seenforschung  in  Ponimern,  p.  282-240. 

Stuttgard,  N.  Jarhle  fur  Min.  Geol.  Fac.  I.  3,  1901. 

A.  Bergeat:  Beitràge  zur  Kenntniss  der  Erzlagerstàtten  von  Gampiglia 
Marittima  (Toscana),  inbesondere  des  Zinnsleiu-vorkommensdortselot,  p.  i35- 
167,  I  pi.  —  F.  V.  Huene  :  Kleine  palaeontologische  Mittheilungen.  3.  Der  ver- 
muthliche  Hautpanzer  des  Gompsognathus  longipes,  p.  157-160,  i  pi.  — 
A.  Liebus  :  Ueber  die  Foraminiferen  fauna  des  Bryozoenhorizontes  von 
Priabona,  p.  iii-i35,  i  pi. 

—  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  11,  1901. 

K.  Martin  :  Reise-Ergebnisse  aus  den  Molukken,  p.  321-326.  —  K.  Martin  : 
Orbitoides  von  den  Philippinen,  p.  326-327.  —  K.  Strûbin  :  Ein  Aufschluss  der 
Opolinus-Murchisonaesehicten  in  Basier  Tafeljura,  p.  327-334.  —  A.  Diesel- 
dorff;  Nephrit  im  Muttergestein  und  neue  Nephrit  fundoste  auf  Neu-Seeland, 
p.  334-344<  —  Steinmann  :  Ludwig  Leiner  (Nekrolog),  p.  344-345. 

Autriche-Hongrie.  —  Budapest,  Foldtani  Kôzlôny.  XXX, 
lo-ia,  1900;  XXXI,  1-4»  1901- 

XXX,  10-12,  1900  :  J.  Bôckh  :  Kurze  Mittheilungen  ûber  das  zwischen  Vasas 
und  Hosszû-Hetény,  ini  Gomitate  Baranya  befîndliche  liassisi^che  Schurfterrain 
des  Bernhard  Rosenfeld  in  Wien,  p.  289-296.  —  L.  Erdôs  :  Eine  neue  Pyrula- 
Species  aus  den  jiïngeren  Tertiàr-Schichten  von  Pomàz,  p.  296-302,  i  pi.  — 
E.  Kiss  :  Ueber  die  gcologischen  Verhàltnisse  des  Rozsnyoér  Beckens,  p.  3o2- 
Sai.  —  F.  Nopcsa  :  Jura-Bildungen  im  Zsilthale,  p.  321-322.  —  XXXI,  i-4,  1901  : 
R.  V.  Kovesligethy  :  Ueber  das  Al  ter  der  Erde,  p.  93-114. — M.  v.  Pâlfy  :  Ueber 
die  Schichten  der  oberen  Kreide  in  der  Umgebung  von  Szà^or  es  Sebesbely, 


48  D05ft.   SKA5CC   DU    I7   JUIX    I90I 

p,  ff^i3i.  —  Fr.  Srhafarzik,  anUr  Mitwirkmig  tob  Koloman  Emost  «nd  E. 
Timko  :  I>ber  dm  dilavialm  Bohnenfahrendrii  Thon  ron  SiapÀrylalTa. 
p,  I3f'f3{^  —  H.  Homsitzky  :  B«itrâfe,zur  Frage  des  rothm  Thones,  p.  199-131. 

Craeoifie.  Bail.  Internat.  Ac.  i-3,  1901. 

P.  Hadzki  :  Sur  Vàge  de  la  terre,  p.  7>^.  —  J.  Siemiradzkî  :  Sar  In  Canne 
de»  argile*  plaatiqne»  de  Foolilhe  inférienre  dn  rojanme  de  Pologne,  p.  169. 
J.  Siemiradzki  :  Sur  l'Aide  des  calcaires  rocbenx  dans  U  région  de  Cimeovie- 
Wielqnn,  p.  159-160. 

Vienne.  Ann.  K.  K.  Nat.  hist.  Hofmuseams.  XIII^  a,  3,  4»  1^98; 
XIV,  1-4,  iHçj/ij;  XV,  i-a,  1900. 

XIII:  Th.  Linck  :  Der  Meteorit  (Chondrit)  von  Menselbach,  p.  io3-ii5,  9  pi. 
—  F.  Berwerih  :  Neue  Nephritfonde  in  Steiermark,  p.  11&-118.  —  E.  Cohen  : 
Meteoreifien-Studien,  VUI,  p.  i58-i59  ;  IX.  p.  4;3-4^.  —  XIV  ;  E.  Killl  :  Die  Gas- 
tropoden  d(*r  Eninokalke,  nebst  einer  Revision  der  Gastropoden  der  Marmo- 
laiakalke,  p  1-237,  i^  P^-  —  XV  :  E.  Cohen  :  Meteoreisen-Sindien,  X,  p.  ^IrgS. 

âtatii-Unis.  —  MinneapoUs.  The  Am.  Geologist.  XXVII,  4» 
1901. 

T.-L.  WatKcm  :  The  granitic  rocks  of  Georgia  and  their  relations  hips, 
p.  199-1135,  8  pi.  —  O  -H.  Hershey  :  Metamorphic  formations  of  N.-W.  Califor- 
nia,  p  935-345.  —  C.  Schachert  :  On  the  Uelderbergian  fossils  near  Montréal, 
Canada,  p.  945-953. 

New-Haven.  The  Amer.  Joum.  of  Se.  (4),  XI,  66,  1901. 

O.  Fishcr  :  Rival  théories  of  Cosmogony,  p.  4i4-4^*  —  G  -R.  Wieland  : 
Study  on  somv  american  fossil  Cycads.  IV.  Microsporangiate  fructification 
of  (]ycadoidea,  p.  433-4^7*  ~  J*'^-  ^Vortmann  :  Studies  of  Eocene  Mammalia 
in  thc  Morsh  collection,  p.  437-45i,  i  pi. 

New-York,  Science.  XIII,  335,  336,  1901. 

335  :  C-C  Nutting  :  Thc  sea  bottoni  ;  its  physical  condition  and  its  fauna, 
p.  841-859. 

Washington,  Smithsonian  miscellaneous  Collections. 

U.  Carrington  Bolton  :  A  sebct  bibliography  of  Chcmistry,  1499-1897, 1901. 

—  Ann.  llep.  of  the  board  of  régents,  Part  II,  1901. 

Italie.  —  Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  C.  X,  10,  1901. 

Mexique*  —  Mexico.  Mem.  y  Rev.  Soc.  cientifica  Antonio 
Alzutc.  XV,  3-6,  1900. 

3-4  :  Morcno  y  Anda  :  Une  expédition  an  Cerro  de  Tlaloc,  p.  97-115.  —  5-6  : 
M.  Marro(|iiin  y  Rivera  et  P.-C.  Sànchez  :  Mémoire  sur  la  chaîne  des  monta- 
gnes (U'  TAjusco  et  le  captage  de  ses  eaux  souterraines,  p.  167-187. 

Norwège*  —  Kristiania.  Norges  Geol.  Undersôgelse.  23-1241 
i8<)7  :  Q5-28,  i8<f8  ;  29,  1900. 

Qj  :  J.-H.-L.  VoKt  :  Norsk  marmor,  p.  i-3(V4,  5  pL,  i  carte  (résumé  allemand). 
—  '13  :  Amund  HoUand  :  Lofoten  og  Vesteraalen.  p.  1-545.  —  a4  :  C.-E.  Stango 


N 


DONS.    —   SÉANCE    DU   4   NOVEMBRE    I9OI  49 

land  :  Om  Torvmyrcr  i  Norge,  p.  i-3i)4,  3  cartes  (sommaire  en  anglais).  —  25  : 
K.-O.  Bj0rlykke  :  Geologisk  Kart  med  beskrivelse  over  Kristiania  by,  p.  1-86, 
I  carte  (sommaire  en  anglais).  —  a6  :  K.-O.  Bjtirlykke  :  Norges  geologiske 
unders0gelses  udstilling  i  Bergen  1898,  p.  i-83.  —  27  :  J.-P.  Friis  :  Terraenun- 
ders0gelser  og  Jordboringer  i  St^rdalen,  Vœrdalen,  og  Gualdalen  samt  i 
Trondlijem  i  1894,  90  og  96,  p.  1-71,  i  carte  (sommaire  en  anglais).  —  28  :  H. 
Reusch  :  Aarborg  for  i8<)6  til  99.  —  Hauscn  :  Skandinaviens  stigning.  p.  i-io5. 
—  Helland  :  Strandlinjernes  fold,  p.  i-3o,  i  carte.  —  Rckstad  :  L0se  afleirin- 
ger  i  0\Te  Foldalen,  p.  i-i3.  —  Rekstad  :  Om  periodiske  forandringer  hos 
norske  brœer,  p.  i-i5.  —  I)al  :  Geologiske  iagllagclser  om  kring  Vorangcrf, 
jorden,  p.  1-16  (sommaires  en  anglais).  —  29  :  J.-H.-L.  Vogt  :  S0ndre  Helgeland- 
p.  1-178,  I  carte  (résumé  allemand). 

Russie.  —  Moscou,  Bull.  Soc.  I.  des  Nat.  1-2,  1900. 
Saint-Pétersbourg,  Bull.  Ac.  I.  Se.  (5),  XII,  2-5;  XllI,  i-3,  1900. 

Suisse*  —  Zurich,  Mém.  Soe.  Pal.  suisse.  XXVII,  1900. 

H.-G.  Stehlin  :  Ueber  die  Geschichte  der  Suiden-Gebisses,  II.  337-5i6,  10  pi. — 
E.  Greppin  :  Description  des  fossiles  du  Bajocien  supérieur  des  environs  de 
Bâle  (3^,  p.  127-210,  7  pi.  —  A.  Bcttoni  :  Fossili  Domeriani  délia  Provincia  di 
Brescia,  p.  1-88,  9  pi.  —  P.  de  Loriol  :  Etudes  sur  les  mollusques  et  les  brachio- 
podes  de  TOxfordien  inférieur  (Zone  à  Anitn,  Henggeri)  du  Jura  lédonien, 
suivi  d'une  notice  stratigraphique  par  M.  A.  Girardot,  p.  1-196,  6  pi. 


Séance   du   ^   iVovembre   IBOt 

I®  Non  périodiques 

Abel  (O.).  Les  Dauphins  longirostres  du  «  Boldérien  »  (Miocène 
supérieur).  Ext.  Mém.  du  Musée  R.  d'Hist.  Nat.  de  Belgique,  année  1901, 
%.  I,  4'»  95  p.»  10  pi.  et  fig.  dans  le  texte.  Bruxelles,  1901. 

Agamennone  (G,),   Gli  strunienti  sisniici   e   le  perturbazioni 

atmosieriche.  Ext.    RC.  R.  Ace  dei  Lincei.   Cl.  Se.  lisiche,  mat.    e  nat., 
vol.  IX  (2),  série  5,  fasc.  10,  8",  p.  3o8-3i3  (18  novembre  1900).  Rome,  1901. 

Bernard  (Au g,).  Revue  bibliog.  des  Travaux  sur  la  géogr.  de 
l'Afrique  septentrionale.  Ext.  B.  S.  géogr.  d'Alger,  8%  82  p.  Mai  1901. 

Capellini  (G.),  Balenottera  miocenica  del  Monte  Titano  (Rep. 

di  S.  Marino).  Ext.  Mém.  d.  R.  Ace.  delF  Istituto  di  Bologna,  4%  série  V, 
t.  IX,  26  p.,  2  pi.,  mars  1901.  Bologne,  1901. 

Choffat  (P,),  Sur  le  Crétacique  supérieur  à  Moçambique.  Ext. 
CR.  Ac.  Se,  4"»  3  p.,  24  décembre  1900.  Paris,  1901. 

.    —  Espèces  nouvelles  ou  peu  connues  du  Mésozoïque  portugais. 
Ext.  Journ.  de  Conchyliologie,  vol.  XLIX,  1901,  8%  p.  i49-i54,  i  pi.  Paris,  1901. 

Supplément  aa  tome  /•'*  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France,    d. 


5o  DONS.   —  SÉANCE   DU    4  NOVEMBRE   I9OI 

—  Le  VIII<  Congrès  géol.  international.  Ext.  Commimicaçôes  da 
Direccâo  dos  Serviços  geol.,  tome  W,  fasc.  l,  8«,  p.  169-1S3,  mai  1901  (Lisbonne). 

—  Dolomieu  en  Portngal.  Ext.  là.,  id.,  p.  184-189,  mai  1901. 

—  Notice  préliminaire  sur  la  limite  entre  le  Jurassique  et  le 
Crétacique  en  Portugal.  Ext.  B.  S.  l>el|^e  de  géoL,  tome  XY  (1901).  Mém., 
p.  111-140, 1  tableau,  8*.  Bruxelles. 

Congrès  géologique  internationaL  CR.  de  la  Vin*  session,  en 
France.  Fasc.  I,  p.  i  à  673  (PI.  I  à  XI)  ;  fasc.  B,  p.  &;3  a  i3i6  (PL  xn  à  XXB), 
8*.  Paris,  1901. 

Cossmann  (M,).  Obser>'ations  sur  quelques  coquilles  crétaciques 
recueillies  en  France  (3*  article).  —( Précédé  d'une  Note  stratigraphi- 
que  de  M.  Pellat).  Ext.  CR.  A.  F.  A.  s.  (Congrès  de  Paris,  1900),  8*,  i5  p., 
a  pi.  photol. 

—  Addition  à  la  Faune  nummulitique  d'Egypte.  Ck>m.  faite  à 
rinstitut  égyptien.  (Séance  du  9  novembre  1900),  8%  27  p.,  3  pi.  photol. 
Le  Caire,  1901. 

—  Essais  de  Paléoconchologie  comparée.  4'  livraison,  oct.  1901, 
8*,  993  p.,  10  pi.  photol.  Paris,  1901. 

Cossmann  (M.)  et  Pissaro  (G.).  Faune  éocénique  du  Cotentin. 

T.  I,  fasc.  II.  Ext.  B.  S.  géol.  de  Normandie,  t.  XX  (1900),  8*,  i4o  p.,  9  pi. 
photol.  Le  Havre,  1901. 

PewaUjue  (Cr.).  L'état  actuel  de  la  publication  de  la  Carte  g^ol. 
de  Belgique.  Ext.  Ann.  Soc.  Géol.  de  Belgique  (Bulletin),  t.  XXYII,  8«,  i  p., 
I  pi.  Liège,  1899-1900. 

Duparc  (Z.).  Note  sur  la  région  cuprifère  de  l'extrémité  N.-E. 
de  la  péninsule  de  Kewenaw  (Lac  Supérieur).  Ext.  Arch.  Se.  phys. 
et  nat.  (de  Genève),  t.  X,  4®  période,  décembre  1900,  8*,  22  p.  (îenève,  1900. 

—  Recherches  géol.  et  pétrog.  sur  l'Oural  du  Nord.  Ext.  Id.,  t.  XI, 

(4*  période),  5  p.,  mars-avril  1901. 

—  Deux  mois  d'exploration  dans  l'Oural  (Rastesskaya  Datcha). 
Ext.  du  «  Globe  »  (Journal  géog.),  Mém.,  t.  LX,  8*,  53  p  ,  i  carte. 

—  Sur  la  classification  pétrographique  des  schistes  de  Casanna 
et  des  Alpes  Valaisannes.  Ext.  CR.  Ac.  Se,  4*  3  p.  (ao  mai  1901).  Paris. 

Duparc  {L.)  et  Mrazec  (L,),  Origine  de  l'Epidote.  Ext.  Arch.  Se 
phys.  et  nat.  (de  Genève),  t.  CVI  (XI,  de  la  4"  période),  8»,  3  p.  Juin  1901. 

—  et  Pearce  (F.).  Gabbros  à  Olivine  du  Kosswinsky-Kamen.  — 
Propnétés  optiques  de  la  Màcle  de  la  Péricline.  Ext.Id.,  t.  XII  (4"  pé- 
riode), 8",  7  j).  Juillet  lyoï. 

—  —  Sur  la  Koswite,  une  nouvelle  Pyroxénite  de  TOural. 
Ext.  CR.  Ac.  Se,  3  p.  (g  avril  1901). 


r% 


DONS.    —  SÉANCE   DU  4  NOVEMBRE    I9OI  5l 

—  —  Sur  le  Gabbro  à  Olivine  du  Kosswinsky-Kamen  (Oural). 
Ext.  Id.,  3  p.  (10  juin  1901). 

Finsterwalder  et  Muret  (E.),  Les  vanations  périodiques  des 

Glaciers.  6*  rapport,  1900.  Ext.  Arch.  Se.  physiques  et  nat.  (de  Genève), 
t.  Xn  (4*  période),  1901,  8%  27  p. 

Fortin(R,).  Notes  de  géol.  normande.  — VIII  :  Sur  un  fragment 
de  mâchoire  de  Félix  Léo  Linné  (race  Spelœa),  des  graviers  qua- 
temaii*es  de  Saint-Aubin  -  Jouxte -Boulleng  (Seine-Inférieure).  Ext. 
B.  S.  norm.  d'ét.  préhist.,  t.  VUI,  1900,  8%  p.  47-">5»  i  P**  double.  Louviers,  1901. 

Gallois  (L,),  Les  Andes  de  Patagonie.  Ext.  Ann.  de  Géog.,   t.  X 

(igoi),  n"  5i,  du  i5  mai;  8",  28  p.,  18  pi.,  vues  panoramiques,  etc.,  i  carte  au 
i/i.5oo.ooo. 

Gaudry  {A.),  Sur  la  similitude  des  dents  de  t'Homme  et  de  quel- 
ques animaux.  Ext.  de  TAnlbropologie,  janv.-avril  1901,  8%  10  p.,  fig.  dans 
le  texte. 

Guébhard  {A .).  Notes  géol.  sur  les  Feuilles  des  Alpes-Maritimes. 

Ext.  B.  S.  G.  F.  (3),  t.  XXVU-XXVIII,  savoir  : 

—  Sur  le  Gypse  de  la  Bastide-Esclapon  (Var).  Ext.Id.(3),  t.  XXVU, 

p.  594-601,  I  pl.  dans  le  texte  (Année  1899). 

—  Observations  sur  la  carte  des  Alpes-Maritimes  (Feuille  de 
Nice  S.-O.).  Ext.  Id.  (3),  t.  XXVm,  p.  268-370  (Année  1900). 

—  Sur  le  bassin  lacustre  de  la  Roque-Esclapon  (Var).  Ext.  Id.  id., 
p.  3a3-326. 

—  Sur  la  situation  stratigraphique  des  labradorites  du  S.-O.  de 
la  feuille  de  Nice.  Ext.  Id.  id.,  p.  468-469,  i  pl.  en  couleur,  carte. 

—  Les  accidents  frontaux  de  la  barre  de  Çaussols  (Alp.-Mar.). 
Ext.  Id.  (3),  t.  XXVU,  p.  353-254. 

—  Sur  la  tectonique  de  la  Collette  de  Clars.  Ext.  Id.  id.,  p.  256. 

—  Dédoublement  du  synclinal  d'Escragnolles  (Alp.-Mar.).  Ext. 
Id.  (3),  t.  XXVm,  p.  9iOH)i2. 

—  Sur  quelques  gisements  nouveaux  de  plantes  tertiaires  en 
Provence.  Ext.  Id.,  id.,  p.  913-914. 

—  Les  problèmes  tectoniques  de  la  commune  d'EscragnoUes 
(Alp.-Mar.).  Ext.  CR.  A.  F.  A.  S.  (Congrès  de  Paris,  1900),  p.  58o-594,  i  pl. 
coloriée  (carte),  et  Og.  dans  le  texte. 

Guébhard  {A,)  et  Laurent.  Sur  quelques  gisements  nouveaux 
de  végétaux  tertiaires  dans  le  S.-O.  de  la  Provence.  Ext.  Id.,id.,p.555- 
58o,  ûg.  dans  le  texte. 

Haënke  (Tadeo),  Descrijicion  del  Peru.  8",  320  p.,  i  portrait  de  l'au- 
teur du  Mémoire  {écrit  en  lygg)-  Lima  (Pérou),  1901. 


5a  DONS.    —   SÉANCE   DU   4   NOVEMBRE    I9OI 

Hermite  (H,).  Essai  d'une  explication  par  les  causes  actuelles 
de  la  partie  tliéorique  de  la  Géologie.  8%  ii3  p.  Neuchatel  (Suisse),  1901. 

Kerforne  (-F.).  Etude  sur  la  région  silurique  occidentale  de  la 
presqu'île  de  Crozon  (Finistère).  8%  234  p.,  i  pi.  (carte  coloriée),  coupes 
et  flg.  dans  le  texte. 

Koenen  {A.  Qon).  Ueber  die  Gliederung  der  norddeutschen 
Unteren  Kreide.  Ext.  Nachrichten  d.  K.  Ges.  d.  Wiss.  zu  Gôttingen  (Mat.- 
phys.  Klass),  1901.  Hf.  22,  8%  4  P* 

Loewinson-Lessing  (Z.).   Geol.  Skizze  der  Besitzung  Jushno- 

Saosersk  und  des  Berges  Deneshkin  Kamen  im  nôrd-Ural.  Ext. 
Travaux  de  la  Soc.  des  Nat.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  XXX,  liv.  5,  Seclion 
de  Géol.  et  Min.;  8*,  89  p.,  9  pi.,  i  carte  géol.,  iig.  dans  le  texte  (Texte  en  russe). 

Loriol  (P.  dé).  Notes  pour  servir  à  l'étude  des  Echinodermes. 
Fasc.  9,  mai  1901.  Gr.  4%  4^  P*>  3  pl.'lith.  Genève,  mai  1901. 

Lozinski  (Walery),  Limany  i  Delty.  Ext.  Czasopisma  Polzkiego 
tow.  Przyrodnikôw  im.  Kopemika  «  Kosmos  »  (Rok  1901),  8*,  ao  p.,  a  pi. 
Lemberg,  1901. 

—  Die  chemische  Denudation,  ein  Ghronometer  der  geologischen 
Zeitrechnung.  Ext.  Mitt.  d.  K.  K.  geog.  Ces.  in  Wien,  1901,  Hf.  3-4, 8*,  io3  p. 
Vienne  (Autriche),  1901. 

Manouçrier  (Z.).  La  protection  des  antiques  sépultures  et  des 
gisements  préhistoriques.  Ext.  Revue  de  TEcole  d'Anthropologie  de 
■Paris,  II*  année.  Vin,  août  1901,  8%  p.  aag-aSo.  Paris,  1901. 

Monod  {G. 'H.).  Contribution  à  l'étude  géol.  des  provinces 
mérid.  de  la  Chine.  — Le  Charbon.  Ext.  Bull,  économique  de  llndo- 
Ghine,  n*  33,  i"  mars  1901,  8*,  p.  aa7-a34* 

—  Id.  Itinéraire  ;  Géologie  ;  Conclusions.  Ext.  Id.,  id.,  n»  38,  août 

1901, 19  p.,  I  carte  au  1/4.000.000*,  a  pi.  de  coupes. 

Montessus  de  Ballore  {F.  de).  Les  Océans  sismiques.  Ext.  Arch. 

Se.  physiques  et  nat.  (de  Genève),  t.  XI  (4*  période)  avril  1901,  8*,  14  p.» 
X  carte.  Grenève,  1901. 

—  La  Grecia  sismica.  Ext.  B.  S.,  sism.  ital.,  vol.  VI,  8*,  x8  p.,  i  pi.  de 
cartes.  Modène,  1900. 

Mourgues  (F.).  Contribution  à  l'étude  des  roches  éruptivcs  du 
Midi  de  la  France  (région  languedocienne).  8«,   139  p.,  i   carte  au 

i/aoo.ooo*.  Montpellier,  1901. 

Nehring  {A.).  Ueber  einen  fossilen  Kamel-Schâdel  (Camelus 
Knoblochi)  von  Sarepta  an  der  Wolga.  Ext.  Ges.  naturforchender 
Preunde  su  Berlin,  ai  mai  1901,  8%  p.  i37-i44*  Berlin,  1901. 

Omboni  (G.).  Denti  di  Lophiodon  degli  Strati  Eocenici  del 
Monte-Bolca.  Ext.  Atti  R.  Istituto  Veneto  di  Se,  lettere  ed  arti;  ann.  i^ôo- 
1901,  t.  LX,  part  a,  8%  p.  d3i-638,  a  pi.  Venise,  1901. 


DONS.  —  SÉANCE  DU  4  NOVEMBRE  I9OI  53 

Peter mann,  Cuvelier  Kemma  Simoens.  L'étude  scientifique  du 
«  Boulant»  à  la  Soc.  belge  de  Géol. —  CuQelier,  Bibliographie  chro- 
nologique du  «  Boulant  »,  d'après  les  Annales  des  Travaux  publics 

de    Belgique,    (i""  série,  1843-1893).  Ext.  du  Bull,  de  la  Soc.  belge  de  Géol. 
fasc.  ni,  8',  47  P-  Bruxelles,  juin  1901. 

Stefano  (G,  de),  UElephas  antiquus  in  Calabria  e  la  sua  contem- 
poraneità  con  Elephas  meridionalis,  YE.  primigenius  ed  il  Rhino- 
céros Mercki,  nel  Post-Plioceïie  delP  Italia  e  deir  estero.  Gr.4',5i9p., 

I  pi.  double  lithog.  Reggio  (de  Calabre),  1901. 

Thiot  {L.).  Sur  la  découverte  d'un  Rhy^nchoteuthis  dans  le  Séno- 
nien  des  environs  de  Beauvais.  Ext.  B.  S.  G.  F.  (4),  I,  1901,  p.  184,  lig. 
dans  le  texte. 

Vajfier  (A.),  Etude  géol.  et  paléont.  du  Carboniférien  inférieur 
du  Maçonnais.  Ext.  Ann.  de  l'Université  de  Lyon,  I  (nouvelle  série),  fasc.  7, 
S*,  166  p.,  12  pi.,  lig.  dans  le  texte.  Paris-Lyon,  1901. 

Van  den  Broeck  (E.),  La  section  des  Sciences  et  sa  classe  de 
Géologie  à  l'Exposition  internationale  de  Bruxelles,  en  1897.  — 
Rutot.  La  Géol.  et  la  Paléont.  à  TE.  L  de  Bruxelles,  en  1897. 

Ext.  B  S.  belge  de  Géol.,  t.  X-XI,  8*  (ensemble  :  iv  -f-  80  p.).  Bruxelles,  1898-1901 . 

Vidal  de  la  Blache  (P.).  La  végétation,  les  cultures,  les  popu- 
lations sur  les  flancs  de  TEtna.  Ext.  Guide  de  la  «  Revue  générale  des 
Sciences  »  en  Sicile,  pet.  8*,  24  p.,  lig.  et  phot.  int.  dans  le  texte.  Paris,  1901. 

Zeiller  (/?.).  Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M.  — . 
Résumé  général  des  travaux  de  M.  — .  2  fasc,  4'-  Paris,  1896-1901. 

2**   PÉRIODIQUES 

B*rance.  —  Amiens.  Bull.  Soc.  Linnéenne  du  N.  de  la  Fr.  XV, 
333-335,  1901. 

Béziers.  Bull.  Soc.  d'étude  des  Se.  Nat.  XXII,  1899  (1900). 

H.  Théron  :  Note  sur  le  Dalmanites  dévonien  de  Cabrières,  p.  ioi-io5.  — 
H.  Théron  :  Note  sur  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  du  Pic  de 
Cabrières,  Faune  et  Flore  des  Lydiennes  noires,  p.  io5-ii3.  — J.  Miquel  : 
Note  sur  la  géologie  des  terrains  tertiaires  de  l'Hérault  :  Une  journée  dVxplo- 
ration  dans  la  commune  de  Puysserguier,  p.  iiS-iig.  —  Cossmann  :  Déter- 
mination d'espèces  nouvelles,  p.  119-120. 

Bourg.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  et  Archéol.  de  TAin.  23,  24»  1901- 
Caen.  Bull.  Soc.  linnéenne  de  Normandie.  (5),  IV,  1900. 

A.  Bigot  :  Notice  explicative*  de  la  Feuille  Les  Pieux,  p.  147-16:2.  —  A.  L. 
Letacq  :  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  des  éludes  géologiques  dans  le 
département  de  l'Orne  jusqu'en  1870,  p.  i63-i()8. 

—  Mémoires.  (2),  IV,  3,  1900-1901. 


54  DOlfS.   SÉANCE    DU   4   NOVEMBRE    igoi 

Carcassonhe.  Bull.  Soc.  El.  Se.  de  l'Ande.  XI,  1900;  XII,  1901. 

XI  :  H.  Astmc  :  Etude  géologique  de  la  région  de  la  Minerve,  p.  56-^.  — 
XII  :  A«  Bresson  :  Notes  sur  la  géologie  de  l'Aode,  p.  160-187.  —  J.  Roussel  : 
ÇontribnUon  à  Fétade  géologique  de  F  Aude,  p.  187-aii. 

Charlieu.  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  de  Tarare.  VI,  6,  8,  1901. 

Marseille.  Ann.  Mus.  Hist.  Nat.  VI,  1901. 

Moulins.  Rev.  Se.  du  Bourbonnaisu  Join-août  1901. 

Paris.  Ac.  Se.  CR.  CXXXII,  !i4^5,  1901  ;  CXXXIII,  1-17,  1901. 

I  :  G.-B.-M.  Flamand  :  Sur  la  présence  du  Dévonien  à  Caleeola  sandaUna 
dans  le  Sahara  occidental,  p.  62-64.  —  9  :  P.  Parmentier  :  Sur  la  source 
intermittente  de  Vesse,  près  Vichy,  p.  190-121  —  3  :  B.  Brunhes  et  P.  David  : 
Sur  la  direction  d'aimantation  dans  les  couches  d'argile  transformée  en 
brique  par  les  coulées  de  laves,  p.  iSS-iâ;.  —  P.  Glangeaad  :  Formation  de 
nappes  de  glace,  en  été,  dans  les  volcans  d'Auvergne,  p.  1^178.  —  6  :  Oillot  : 
Goniatites  carbonifères  dans  le  Sahara,  p.  349^'  •  —  8  :  A.-  Thevenin  : 
Dépôts  littoraux  et  mouvements  du  sol  pendant  les  temps  secondaires  dans 
le  bas  Quercy  et  le  Rouergue  occidental,  p.  391-394.  —  A.  Berthelot  :  Sur 
les  origines  de  la  source  de  la  Loue,  p.  39$.  —  11  :  F.  de  Montessus  de 
Ballore  :  Sur  Fimpossibilité  de  représenter  par  des  courbes  isosphygmiques, 
ou  d'égale  fréquence  de  séismes,  la  répartition  de  l'instabilité  dans  une 
région  sismiquc  donnée,  p.  4^^4^7-  —  16  :  L.  Duparc  et  F.  Pearce  :  Sur  les 
roches  éruptives  du  Tilaî-Kamen  (Oural),  p.  596-599.  —  17  :  Ch.  Depéret  et 
G.  Carrière  :  Sur  un  nouveau  gisement  de  Mammifères  de  l'Eocène  moyen, 
à  Robiac,  près  de  Saint-Mamert  (Gard),  p.  618. 

—  La  Nature.  i465-i483,  1901. 

1465  :  P.  R.  Joly  :  Phénomènes  géologiques  actuels  sur  la  côte  O.  de  Mada- 
gascar, p.  54-06.  —  1467  :  A.  Charlon  :  Recherche  du  pétrole  en  France, 
p.  81-82.  —  1468  :  A.  de  Lapparent  :  Les  volcans  géologues,  p.  99-100.  —  L.  de 
Launay  :  Les  asphaltes  de  Pont  du  Château,  p.  io3-io6.  —  1469  :  G.-E.  Guil- 
laume :  Encore  le  Furcil,  p.  1 16.  — 1472  :  J.  F.  G.  :  L'industrie  minière  en  1900 
à  Madagascar,  p.  166-167.  —  i473  :  P.  Glangeaud  :  Formation  de  nappes  de 
glace,  p.  178-179.  —  1475  :  A.  de  Lapparent  :  La  fossilisation  de  Fimpondé- 
rable,  p.  210-212.  —  1481  :  L.  de  Launay  :  Les  mines  d'argent  d'Aspen  au 
Colorado,  p.  3o7-3io. 

—  Service  de  la  Carte  géol.  de  la  Fr.  et  des  topographies  sou- 
terraines. Bull.  XII,  79-80,  1901. 

79  :  A.  Delebecque  :  Contribution  à  Fctude  du  Système  glaciaire  des 
Vosges  françaises,  p.  i-i5,  i  carte.  —  80  :  Comptes  rendus  des  collaborateurs 
pour  la  campagne  de  1900. 

—  Nouvelles  Arch.  du  Muséum  H.  N.  (4),  H,  2,  icoo  ;  III,  i,  1901. 

—  Le  Naturaliste.  (2),  XXIII,  343-35i,  1901. 

343  :  E.  Massai  :  Les  glissements  de  montagne,  p.  139-140.  —  344  •  P.-H. 
Fritcl  :  Les  Céphalopodes  fossiles:  Les  Tétrabranclies^p. i49-i5i. — Bougon: 
Causes  de  la  période  glaciaire,  p.  157.  —  347  :  G.  Pontier  :  Les  éléphants 
quaternaires  de  la  vallée  de  l'Aa,  p.  i85-i88.  —  348  :  P.-H.  Frilel  :  Les  Cépha- 


DONS.    —    SÉANCE    DU   4   NOVEMBRE    I9OI  55 

lopodes  fossiles  :  les  Dibranches,  p.  197-203.  —  3^9  :  St.  Meunier  :  Observa- 
tions sur  rérosion  fluviale,  p.  209-210.  —  A.  de  Gregorio  :  A  propos  de  rarlicle 
de  M.  Ponlier  sur  les  Eléphants  quaternaires,  p.  212.  —  35i  :  P.-H.  Fritel  : 
Echinodermes  fossiles  :  Les  Cystidés,  p.  233-237. 

—  Joui'n.  des  Savants.  Juin-septembre  1901. 

—  Club  alpin  Fr.  Bull,  mensuel,  6-7,  1901. 

—  La  Géographie.  IV,  7-10,  1901. 

7  :  Cligny  et  Rambaud  :  Le  sol  du  Sénégal,  1-21.  —  E.-A.  Martel  :  Treizième 
campagne  souterraine,  p.  35-46.  —  8  :  Deniars  :  Le  plateau  central  du  Congo 
français,  p.  89-97. 

—  Feuille  Jeunes  Naturalistes.  (4),  XXXI,  369-372,  1901. 

369  :  J.  Deprat  :  Etude  sur  les  roches  éruptives  de  la  série  ancienne  dans 
le  Jura  franc-comtois,  p.  216-221.  —  370  :  J.  Chédeville  :  Guide  géologique  au 
Fayel  (Oise),  p.  2S3-241.  —  372  :  G.-F.  Dollfus  :  .Classification  des  couches 
tertiaires  du  N.-E.  du  bassin  de  Paris,  p.  273-275.  —  G.  de  Angelis  d'Ossat  : 
Sur  une  forme  singulière  d'une  colonie  d^ Aspidiscns  cristatiis  Kônig,  fossile 
dans  le  Système  crétacique  de  la  France,  p.  276-280. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XIX,  4"^»  1901. 

4  :  F.  Leprince-Ringuet  :  Etude  géologique  sur  le  Nord  de  la  Chine,  p.  346- 
429,  3  pi.  — R.  Zeiller  :  Note  sur  la  flore  houillère  du  Chansi,  p.  43i-452,  i  pi. 
—  5  :  A.  Carnot  :  Notes  sur  les  tellurures  d'or  et  d'argent  de  la  région  de  Kal- 
goorlie  (Australie  occid.),  p.  53o-54o. 

—  Congrès  national  des  Soc.  fr.  de  Géog.  CR.  XXI,  1900  (1901). 

—  Bull.  Muséum  H.  N.  1-6,  1901. 

1  :  P.  Gaubert  :  Sur  des  échantillons  de  roches  d'Abyssinie  rapportés  par 
M.  Ch.  ^iquel,  p  27-28.  —  2  :  G.  Grandidier  :  Un  nouvel  édenté  subfossile 
de  Madagascar,  p.  54-56  —  A.  Lacroix  :  Les  calcaires  à  prchnite  des  contacts 
granitiques  des  Ilautes-Pyrénées,  p.  94-96.  —  4  •  St.  Meunier  :  Noie  sur  une 
collection  de  roches  recueillies  à  Madagascar,  p.  198-200.  —  5  :  A.  ^Lacroix  : 
Sur  les  Ariégites,  nouveaux  types  de  roches  éruptives,  p.  238-240.  —  6  : 
F.  Geay  :  Sur  une  série  de  roches  éruptives  et  métamorphiques  de  la  Guyane, 
p.  291-296. 

—  Soc.  d'Anthropologie.  Bull.  (5),  II,  i,  2,  1901. 

—  Revue  Paléozoologie.  V,  3,  1901. 

—  Soc*.  Philomathiquc.  Bull.  (9),  III,  1-2,  1901. 

—  Journal  de  (Conchyliologie.  XLIX,  2-3,  1901. 

2  :  P.  Chofl'at  :  Espèces  nouvelles  ou  peu  connues  du  Mésozoïque  portugais, 
p.  i49-i54«  I  pi.  —  3  :  G.  Dollfus  et  P.  Dautzenbcrg  :  Nouvelle  liste  des  Pélé- 
cypodes  et  des  Brachiopodes  fossiles  du  Miocène  moyen  du  N.-C).  de  la 
France,  p.  229-280. 

—  Ann.  de  Géographie.  X,  52-53,  1901. 

5a  :  E.  de  Martonne  :  Fjords,  cirques,  vallées  alpines  et  lacs  subalpins, 
p.  289-295.  —  M.  Lugeon  :  Recherches  sur  l'origine  des  vallées  des  Alpes 


56  DONS.    —  SEANCE   DU   4  NO\nEMBR£    I9OI 

occidentales,    p.   agS-SiH,  3  pi.  —   L.   Monchicoort  :   Le    massif  de   Mactar 
(Tunisie  centrale),  p.  34^370,  5  pi.  —  53  :  Bibliographie  annuelle. 

—  L'Anthropologie.  XII,  3.  4»  1901. 

—  Soc.  Botanique  de  France.  Bull.  (3),  VII,  9, 1900;  (4),  I,  i-4, 1901. 

—  Soc.  Fr.  de  Minéralogie.  Bull.  XXIV,  4-6,  1901. 
Saint-Etienne,  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  (3),  XV,  2,  3,  1901. 

Congrès  international  des  mines  et  de  la  métallurgie. 

—  Société  de  l'Industrie  minérale.  CR.  mensuels.  Juin-août  1901. 
Toulouse.  Soc.  Hist.  Nal.  XXXIV,  i-3,  1901. 

Villefranche,  Soc.  Se.  Arts  du  Beaujolais.  Bull.  II,  6,  7,  1901. 

Allemagne.  —  Berlin.  Zeitschr.  f.  Praktische  Geol.  IX,  7-10, 
1901. 

7  :  K.-E.  Weiss  :  Kurze  Mittheilungen  ûl>er  Lagerstâtten  im  westlichen 
Anatolien,  p.  249-363.  —  8  :  B.  Lotti  :  Die  geschichteten  Erzlagerslatten  und 
das  Erzlager  vom  Cap  Garonne  in  Frankreich,  p.  !i8i-a83.  —  R.  Zuber  :  Ueber 
die  Entstehung  des  Flysch,  p.  283-1189.  —  J.-H.-L.  Vogt  :  Weiterc  Untcrsu- 
chungen  ûber  die  Ausscheidungen  von  Titan-Eisenerzen  in  basischen  Eruptiv- 
gesteinrn,  p.  2189-296.  —  9  :  R.  Beck  et  W.  v.  Fircks  :  Die  Kupfererzlager- 
stâtten  von  Rebely  und  Wis  in  Serbien,  p.  3ai-3a3.  —  A.  Klautsch  :  Die 
geolog^sche  Landesuntersuchung  Spaniens  und  Portugais,  p.  323-327.  —  T.-U. 
Vogt  :  Weitere  Untersuchungen,  etc.,  p.  327-342.  —  10:  S.  Olszewski  :  Ueber 
die  Aussichten  der  Petroleurnschùrfungcn  im  Thaïe  des  Laborecflusses  bei 
Radvany  (Obernungarn),  p.  353-356.  —  R.  Delkeskamp  :  Die  bessischon  und 
nassauisclien  Manganerzlagerstâtten  und  ihre  Enstehung,  p.  356-365.  ~ 
G.  Berg  :  Beitràge  zur  Kenntniss  der  contactmetambrpben  Lagerstâtte  von 
Balia-Maaden,  p.  365-367. 

—  Zeitsch.  D.  Geol.  Ces.  LIII,  1,  a,  1901. 

I  :  Pompeckj  :  Yersteinerungen  der  Paradoxides-Stufe  von  La  Cabitza  in 
Sardinien  und  Bemerkungcn  zur  Gliederung  des  sardischen  Canibrium, 
p.  i-24>  I  pi.  —  C.  Sapper  :  Die  sùdlichsten  Yulkane  Mittel-Amerikas,  p.  24-52. 
—  M.  Blanckenliom  :  Neues  zur  Géologie  und  Palàontolog^e  i^gyptens,  111 
Das  Miocàn,  p.  52-i33,  2  pi.  —  O.  Jaekel  :  Ueber  die  Organisation  des  Trilo- 
biten,  p.  i33-i7i,  3  pi.  —  2  :  E.  Bôse  :  Ein  Prolil  durcb  den  Ostabfall  der  Sierra 
Madré  Oriental  von  Mexico,  p.  173-211,  i  pi.  —  J.  Bôbm  :  Ueber  die  Fauna 
der  Pereiros-Sch'ichlen,  p.  21 1-253,  3  pi.  —  F.  Solger  :  Ueber  ein  Enstatitpor- 
phyrit  fùhrendes  Gangsystem  im  Mittelharz,  p.  253-287,  3  pi.  —  E.  Werth  : 
Zur  Kenntniss  der  jùngeren  Ablagerungen  im  tropisclien  Ost-Afrika,  nebst 
einem  Abhang  von  E.  Philippi  :  Diagnosen,  p.  287-306. 

Stuttgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  II,  i-a,  1901  ;  XIV. 
Beilage-Band,  2,  1901.  ♦ 

n,  I  :  C.  Diener  :  Mittheilungen  ûber  einige  Cephalopodensuiten  aus  der 
Trias  der  Sûdalpen,  p.  23-37,  i  pi.  —  2  :  E.  Koken  :  Die  SchlifDàche  und  das 
geologische  Problem  im  Ries,  p.  67-89,  i  pi.  —  F  v.  Huene  :  VorlâuOg^r 
Bericht  ûber  die  triassischen  Dinosauiicr  des  europàischen  Continents,  p.  89- 


DONS.    SÉANCE    DU   4    NOVEMBRE    I9OI  Sj 

io5,  a  pi.  —  A.  Johnsen  :  Natronsyenite  und  verwandte  Gesteine  von  Miask, 
p.  1 17-128  —  XIV,  2  :  G.  Steinmann  :  Beitrâge  zur  Géologie  und  Palaeontologie 
von  Sudamerika.  IX.  A.  Borchert  :  Die  MoUuskenfauna  und  das  Aller  den 
Paranastufe,  p.  171-24G,  5  pi.  —  J.-F.  Pompeckj  :  Ueber  Aucellen  und  Auce- 
lenàbnliche  Formen,  p.  3i9-368,  3  pi. 

—  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  12-16,  18-19,  1901. 

la  :  A.  Rothpletz  :  Anlwort  auf  den  offenen  Brief  des  Herrn  Dr  Tarnuzzer, 
p.  353-36i.  —  F.  Plieniger  :  Ueber  Dogger  und  oberen  Lias  in  den  Chicni- 
gauer  Alpen,  p.  36i-368.  —  O.  Mûgge  :  Zur  Contaclmetamorpliose  am  Granit 
des  Hennberges  bei  Weilisberga,  p.  3G8-371.  —  i3  :  A.  Tornquisl  :  Das  Vor- 
kommen  von  Nodosen  Ceratiten  auf  Sardiiiicn  und  ûber  die  Beziehungen 
der  méditerranéen  zu  den  deulschen  Nodosen,  p.  385-397.  —  14  :  J  -i".  Slerzel  : 
Die  Flora  des  Rothliegendes  von  Ufeld  ain  Harlz,  p.  ^l'^-^u'j.  —  F.  Drever- 
mann  :  Ueber  ein  Vorkouimen  von  Frankerl)erger  Kupferletten  in  der  Nâhe 
von  Marburg,  p.  427-429.  —  H.  Klaatsch  :  Zur  Deutung  von  Ilelicoprion 
Karp.,  p.  4^*4^6.  —  G.  Diener  :  Ueber  die  systematische  Stellung  der  Ainmo- 
niten  des  sùdalpinen  Bellerophonkalkes,  p.  436-44i-  —  i5  :  G.  Steinmann  : 
Das  tektonische  Problem  der  Povence,  p.  449-46^-  —  ^'  Pliilippi  :  Ueber  die 
Bildungsweise  der  buntgefàrbten  kiastischen  Gesteine  der  continentalen 
Trias,  p.  463-469  —  W.  Deeeke  :  Ueber  Hexagonaria  v.  Hag.  und  Goniolina 
Rœm.y  p.  469-473.  —  F.-A.  Bather  :  Herrn  Pr.  R.  Burckhardt's  Beobachtungen 
in  Elgin-Sandstein,  p.  473-475.  —  E.  Kûppers  :  Ein  Absonderungscylindcr 
aus  dem  Melaphyr  von  Darmstadt,  p.  481-482.  —  R.-D.  Oldham  :  Das  grosse 
Erdbeben  in  Indien  am  12  Juni  1897,  p.  482-489.  —  K.  Busz  :  Ueber  die 
Umwandlung  von  Spatheisenstein  in  Magneteisen  durch  Contakt  am  Basait, 
p.  489^97*  ~  A.  Wolleniann  :  Einige  Bemerkungen  ùlïer  xiie  Dicke  der 
Schaie  der  Aucella  Kayserlingi  Lahusen,  p.  49"-499'  —  18  :  E.  Philippi  : 
Erwiderung  auf  A.  Tornquist's  Aufsatz  :  Das  Vorkommen  von  nodosen 
Ceratiten  auf  Sardinien,  p.  55i-558.  —  19  :  W.  Meigen  :  Eine  cinfache  Reaktion 
zur  Unterscheidung  von  Aragonit  und  Kalkspath,  p.  577-678.  —  J.-A.  Ippen  : 
Ueber  den  «  rothen  Schnee  »,  p.  578-582.  —  E.  Geinitz  :  Postglaciale  Niveau- 
schwankungen  der  mecklemburgischen  Kûste,  p.  582-584.  r~  K.  Strîibin  : 
Ueber  das  Vorkommen  von  Lioceras  concaviun  in  nordschweizerischen 
Jura,  p.  585-588.  —  W.  Voltz  :  Ueber  Klephas  Trogontherii  in  Schlesien, 
p.  588-589.  —  J  -T.  Sterzel  :  Weitere  Beitrâge  zur  Révision  der  Rothliegend- 
flora  der  Gegen  von  Ilfeld  am  Harz,  p.  590-598. 

Australie.  —  Brisbane.  Qiieensland  Geol.  Surv.  Ann.  pro- 
gress  Rep.  1900. 

—  Bull,  n''  12,  1901. 

R.  Etiieridgc  :  Corals  from  the  Coral  limostome  of  Lion  crrek,  Slanwell, 
p.  i-3i,  2  pi 

Melbourne.  Ann.  Rep.  of  the  Secret,  for  Mines  and  Water 
supply  1900. 

H.-S.  Whitelaw  :  Spécial  report  on  the  Little  Bendigo  or  Nerreua  gold- 
ûeld,  Ballnratc,  1901,  p.  1-4,  i  pi.,  i  carte. 

Sj^dney.  Mem.  Geol.  Surv.  of  New  S.  Wales,  II,  1901. 

J.-B.  Jaquet  :  The  iron  ore  deposits  of  New  South  Walcs,  p.  1-181,  2J  i>I., 
4  cartes. 


58  DONS.    SÉANCE   DU   4  NOVEMBRE    igOI 

—  Australian  Muséum  spécial  catalogue  1,  1901. 
Rep.  of  Trustées,  1899. 

Autriche-Hongrie.  —  Cracoide.  Bull,  internat.  Ac.  Se.  CR. 
4-6.  1901. 

4  :  J.  Grzybowskî  :  Les  Foraniinifëres  des  couches  à  Inoceramus  des  envi- 
rons de  Gorlice,  p.  221-236,  i  pL 

Vienne.  Verein  zur  Verbreitung  Naturw.  Kentwiss.  Technische 
Hochschole.  XLI,  1900  (1901). 

F.  Toula  :  Die  geologische  Geschichte  des  scbwarzen  Meeres,  p.  i-53. 

—  Beitrâge  zur  Pal.  und  Geol.  Oesterreichs  Ungams  und  des 
Orients.  XIII,  4^  ^9^^- 

Oppenbeim  :  Ueber  einige  alttertiàre  Paunen  der  èsterr.  ungam.  Monarchie 
n,  p.  185-277,  9  pi.  —  Abel  :  Ueber  die  Hautpanzerung  fossiles  Zabnwales, 
p.  297-317»  a  pl- 

—  Berg  and  Hûttenmânnisches  Jahrbl  XLIX,  i-3,  1901. 

I  :  B.  VVindaskiewicz  :  Die  Erdôlindustrie  in  Oesterreicb-Ungam,  p.  17-104, 
2  pi. 

—  Verh.  K.  K.  Geol.  R.  Anstalt.  7-10,  1901. 

7  :  Th.  Fuchs  :  Ueber  Daemonhelix  Krameri  Ammon.p.  171-172.  — K.  Hinler- 
lechner  :  Granitit  als  Einschluss  im  Nephelin-Tephrite  des  Kunètitxer  Berges 
bel  Pardubitz  in  Bôhmen,  p.  173-176.  —  8  :  Bi.  Vacek  :  Zur  Géologie  der  Radstâ- 
dler  Tauem,  p.  191-213.  —  K.  Hinterlechner  :  VorUmfige  petrographische 
Bemerkungen  ùber  Gesteine  des  westbôhmischen  Cambriums,  p.  2i3-224-  — 
9  :  J.-V.  ^ligko  :  Einige  neue  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Fauna  des  mittel> 
bohmischen  Untersilurs,  p.  225-233.  —  10  :  J.  Knett  :  Yorlàuflge  Mittheilung 
ùber  die  Fortsetznng  der  «  Wiener  Thermenlinie  »  nnch  Nord,  p.  245-248.  — 
F.  V.  Kemer  :  Mittheilung  ùber  Reisen  in  Staate  Sâo-Paulo,  p.  248-250. 

—  Mitt.  der  Prâhistorischen  Commission  der  K.  Ak.  Wiss. 
1,5,1901. 

—  Jahrb.  K.  K.  Geol.  R.  Anstalt.  L,  3-4«  1901. 

3  :  G.  Diener  :  Einige  Bemerkungen  ùber  die  stratigraphische  Stellung  der 
Krimmler  Schichten  und  ùber  den  Tauerngraben  im  Oberpinzgau,  p.  383- 
395.  —  O.  V.  Huber  :  Beitrag  zu  einer  geolog^schen  Karte  des  Fleimser 
Eruptivgebietes,  p.  395-409,  i  pi.  —  K.-A.  Redtlich  :  Das  Aller  der  Kohlen- 
ablagerungen  ûstlich  und  westlich  von  Rotschach  in  Sùdsteiermark,  p.  409- 
419  —  F.  Martin  :  Untersuchung  der  Aufschlûsse  der  Bahnstrecke  Karlsbad- 
Marienbad  sowie  der  angrenzenden  Gebiete,  p.  4i^^»  i  P^*  —  K.  Hinter- 
lechner :  Ueber  Basaltgesteine  aus  Ostbôhmen,  p.  469-527,  i  pi.  —  E.  Tielze  : 
Zur  Erinnerung  an  G  -M.  Paul,  p.  527-558.  —  4  •  -^-  Bitlner  :  Ueber  Pseudo- 
monotis  TeUcri  und  verwandte  Arten  der  unteren  Trias,  p.  559-593,  3  pi.  — 
K.  Hinterlechner  :  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  geologischen  Verhâltnisse 
Ostbôhmen.  I  Der  Granilmassiv  und  die  Dislocation  von  Pottenstein  a.  d. 
Adler,  p.  593-6i5.  —  E.-F.  Suess  :  Der  Granulitzug  von  Borry  in  Mâhren, 
p.  615-O49,  I  pi.  —  R.-J.  Schubert  :  Bemerkungen  ùber  einige  Foraminiferen 


DONS.   —  SEANCE   DU   4   NOVEMBRE    I9OI  5g 

dcp  ostgalizischen  Oberkreidc,  p.  649-663, 1  pi.  —  C.-V.  John  et  C.-F.  Eichleiler  : 
Arbeiten  aus  dem  cheiuisehen  Laboratorium  der  k.  k.  geol.  R.  Anstalt,  1898- 
1900,  p.  663-690.  —-  F.-W.  Voit  :  Geognostische  ScJiildcrung  dcr  Lagcrstattcn 
Verhaltnissc  von  Dobschau  in  Ungarn,  p.  695-727,  1  pi. 

—  Geol.  Karte  der  Oesterreich  Ungarn  Monarchie.  N"*  71  et  121. 

Belgique.  —  Bruxelles,  Bull.  Soc.  belge  de  Géol.,   Pal.   et 

Hydrologie.  (2),  I,  5,  1897  (1901)  ;  V,  a-4,  1901. 

I,  5  :  A.  Rutot  :  La  Géologie  et  la  Paléontologie  à  l'Exposition  de  Bruxelles 
en  1897,  p.  !io5-34^.  —  E.  van  den  Brocck  :  Le  dossier  hydrologique  du  régime 
aquifère  en  terrains  calcaires,  p.  378-554.  —  V,  q-4  :  C.  Moulan  :  Note  sur 
l'utilisation  des  eaux  du  Dévonien  quortzo-schisteux,  p.  99-108.  —  P.  CholTat  : 
Sur  la  limite  entre  le  Jurassique  et  le  Crétacique  en  Portugal,  p.  ii3-i4i.  — 
D.  Levât  :  Conférence  sur  les  mines  d'or  et  les  placers,  141-161.  —  O.  van 
Ertborn  :  Matériaux  destinés  à  l'établissement  de  la  topographie  souterraine 
du  sôus-sol  profond  de  l'agglomération  bruxelloise,  p.  161-175.  —  O.  van 
Ei*tborn  :  Allure  générale  du  Crétacique  dans  le  N.  de  la  Belgique,  p.  175-aoo. 

—  Ac.  R.  des  Se,  Lettres  et  Beaux-Arts.  Bull.  1899,  1900. 

—  Mémoires.  LVII,  1898-99;  LVIII,  1899-1901. 

—  Ann.  S.  R.  Malacologique.  XXXI,  2,  1896  (1899);  XXXIII, 
1898(1899);  XXXIV,  1899(1900). 

XXXI,  2  :  M.  Cossmann  :  Appendice  n'  2  au  Catalogue  illustré  des  coquilles 
fossiles  de  TEocène  des  environs  de  Paris,  p.  3-4y,  3  pi. 

Liège,  Ann.  Soc.  Géol.  de  Belgique.  XXVIII,  2,  1901. 

P.  Fourmarier  :  Le  bassin  dévonien  et  carboniférien  de  Theux,  p.  33-55, 
I  pi.  —  H.  Forir  :  Hypothèse  sur  l'origine'  de  la  structure  des  bassins 
primaires  belges,  p.  55-6i.  —  H.  Forir  et  D.  Destinez  :  Contribution  à  la 
détermination  de  l'âge  du  massif  carboniférien  de  Visé,  p.  61-69.  — 
P.  Fourmarier  :  Le  bassin  dévonien  et  carboniférien  de  Theux,  p.  75-93. 

États-Unis.  —  Albanr,  Bull,  of  BuiFalo  Soc.  of  N.  Se,  VII, 
I.  1901. 

A.-W.  Graban  :  Guide  to  the  Geology  and  Palaeontology  of  Niagara  Falls 
and  vicinity,  p.  1-1184,  i^  pl-»  '  carte. 

Baltimore,  Maryland  Geol.  Survey.  Eocùne.  1901. 

W.  Bullock  Clark  et  G.  Curlis  Martin  :  The  eocene  deposits  of  Maryland, 
P«  ï9i>3,  9  pl.  —  Systcmatic  palaeontology,  Eocène,  p.  y3-'j5y,  54  pl. 

Chicago.  Journal  of  Geology.  IX,  3-(3,  1901. 

3  :  C.-S.  Prosser  :  The  classiilcation  of  the  Waverlv  séries  of  central  Ohio, 
p.  2o5-23a.  —  E  -R  Cumings  :  The  use  of  Bedford  as  a  formational  n;>me,  p. 
333-334.  —  C.Ci.  Siebenthal  :  On  the  use  of  the  terni  «  Bedford  limestone  », 
p.  334-336.  —  IL-(].  Xichols  :  Nitrates  in  cave-earths,  p.  «^36-244  —  C  -U.  Reyes  : 
Dérivation  of  the  terrestiral  spheroid  from  the  rhomhic  dodecaedrou,  p.  244- 
35o.  —  H.  Fielding  Reid  :  The  variations  of  glaciers,  VI,  p.  25o-255.  — 
J.  Perrin-Smith  et  St.  Weller  :  Prodromites,  a  new  ammonite  genus  from  the 
lower  Carboniferous,  p.  355-1167.  —  4  •  A. -P.  Coleman  :  Glacial  and  inter« 


Go  DONS.   —  SÉANCE   DU  4   NOVEMBRE   I9OI 

glacial  beds  near  Toronto,  p.  a85-3ii.  —  M.-L.  Fuller  :  Probable  representaUvfs 
of  Pre-Wisconsiii  till  in  southeastern  Massachusetts,  p.  3ii-33o.  —  E.  Hoit- 
Nutter  :  Sketch  of  the  geology  of  the  Salinas  valley,  California,  p.  SSo-SSj.  — 
C.-N.  Gould  :  Notes  on  the  fossils  from  the  Kansas-Oklahoma  Red-beds» 
p.  337-341.  —  A.-H.  Purdue  :  Illustra ted  note  on  a  miniature  overthrust 
fault  and  anticline,  p.  34i-343.  —  W.-T.  Lee  :  The  Morrison  formation  of 
southeastern  Colorado,  p.  343-353.  —  5  :  T.-G.  Chamberlin  :  On  a  possible 
function  of  disruptive  approach  in  the  formation  of  Météorites,  p.  369  393.  • 
O.-C.  Farringlon  :  The  constituents  of  Météorites,  p.  393-409.  —  C.-S.  Prosser  : 
The  paleozoic  formations  of  AUeghany  County,  Maryland,  p.  4o9-43o.  — 
H  -C.  Biddle  :  The  déposition  of  copper  by  solution  in  ferrons  salts,  p.  43o 
437.  —  J  -I  Campbell  :  Evidence  of  a  local  subsidence  in  the  interior,  p. 
437-439.  —  6  :  W.-H.  Hobbs  :  The  river  system  of  Connecticut,  p.  469-4^*  -- 
C.-R.  Keys  :  Composite  genesis  ôt  the  Arkansas  valley  through  the  Ozark 
Highlands,  p.  4^491*  —  C.-A.  Davis  :  A  a*  contribution  to  natural  history 
of  mari,  p.  491-507.  —  H.-W.  Tumer  :  Perknite  (lime-magnesia  rocks),  p. 
5o7-5i3.  —  J.  Perrin  Smith  :  The  border-line  between  paleozoic  and  mesozoic 
in  western  America,  p.  Sia-Boû.  —  O.-C.  Farrington  :  The  constituents  of 
météorites,  II,  p.  53a-533. 

Cambridge.  Muséum  of  comparative  Zool.  at  Harvard  Collège. 
XXXVI,  7-8,  1901  ;  XXXVII,  3,  1901. 

Denver,  Bull.  Colorado  Se.  Soc.  VII,  a3-4o,  1901. 

Minneapolis,  The  Am.  Geologist.  XXVII,  5-6;  XXVIII,  i,  1901. 

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by  eurrent  action,  p.  a8i-a84.  —  E.-W.  Hilgand  :  A  historical  outUne  of  the 
geological  and  agricultural  Sur\xy  of  the  State  of  Mississipi,  p.  3S4-3ii.  — 
6  :  J.-O.  Martin  :  The  Ontario  coast  between  Fairhaven  and  Sodus  bay, 
p.  33i-335,  a  pi.  —  P.  Frazcr  :  The  8'^  session  of  the  international  Congress 
of  geologists,  p.  335-343.  —  R.-R.  Rowley  :  Two  new  gênera  and  some  new 
species  of  fossils  from  the  Upper  Paleozoic  rocks  of  Missouri,  p.  343-363, 
I  pi.  —  G.-R.  Keyes  :  Ore  formation  on  tbe  hypothesis  of  concentration 
through  surface  décomposition,  p.  355-363.  —  S.  Calvin  :  Conceming  the 
occurence  of  gold  and  some  other  minerai  products  in  lowa,  p.  363^7a.  — 
XXVill,  I  :  H.-L.  Fairchild  :  Beach  structures  in  the  Médina  sandstone,  p. 
9-14,  6  pi.  —  A.-B.  Willmott  :  The  Michipicoten  Huronian  area,  p.  i4-ao, 
I  pi.  —  O.-H.  Hershey  :  The  âge  of  the  Kansas  drift  sbeet,  p.  ao  a5.  — 
T.-L  VVatson  :  The  Georgia  Bauxite  deposits  :  their  chémical  composition 
and  genesis,  p.  35-46.  —  J.-W.  Beede  :  The  âge  of  Ihe  Kansas-Oklahoma 
Red-beds,  p.  t^6.  —  T-G.  Hopkins  :  A  short  discussion  of  the  origin  ofthe 
Coal  Measures  fire-clays.  p.  47-5i.  —  C.-R.  Keyes  :  Nomenclature  of  the 
Cambrian  formations  of  the  St.-François  Mountains,  p.  5i-53. 

NeW'Haçen,  The  Amer.  Joum.  of  Se.  (4),  XII,  67-70,  1901. 

67  :  W.-H.  Weed  et  L.-V.  Pirsoon  :  Geology  of  the  Shonkin  Sag  and 
Palisade  Butte  Laccoliths  in  the  Highwoods  Mountains  of  Montana,  p.  1-18. 
—  68  :  J.-L.  Wortman  :  Studies  on  Eocene  Mammalia  in  the  Marsh  collection, 
p.  i43-i55.  —  69  :  Id.,  p.  193-207.  —  70  :  Id.,  p.  281-297,  4  pl-  —  E.  Wood  : 
Qrinoid  from  the  Hamilton  of  Charlestown,  Indiana,  p.  297-301.  i  pi.  — 
Keyes  :  Time  value  of  provincial  carboniferous  terranes,  p.  3o5-3io. 


DONS.   —  SÉANCE   DU   4  NOVEMBRE    igOÏ  6l 

New-York.  Science.  XIII,  337-355,  1901. 

345  :  J.-S.  KiDgsley  :  Theorigin  of  the  Mammnls,  p.  193-205.  —  W.  Harmon- 
Norton  :  The  relation  of  the  Physical  Geography  to  other  Science  subjects, 
p.  aoS-aio.  —  Fraas  :  On  the  aqueous  vs.  aeolian  déposition  of  the  White 
River  Oligocène  of  S.  Dakota,  p.  aïo-am. 

—  Ac.  of  Se.  Mein.,  II,  2,  1901  ;  Ann.  XIII,  2-3,  iroi. 

II,  2  :  Bashford-Dean  :  On  two  new  Arthrodises  froin  the  Cleveland  shale 
■of  Ohio,  p.  87-100,  5  pi.  —  Id.  :  On  the  Characters  of  Mylostoma  Newberry, 
p.  101-109,  2  pi.  —  Id.  :  Further  notes  on  the  relationships  of  the  Arlhro- 
gnathi,  p.  110-123.  —  Xin.  2-3  :  F.-B.  Pcck  :  Preliininary  notes  on  the  occu- 
rence  of  Serpentine  and  Talc  at  Easton,  Penna,  p.  4i9-43o,  i  pi. 

—  Am.  Mus.  of  H.  N.  Mem.  I,  6,  1901. 

Annual  Report  for  the  year  1900. 

—  Mus.  of  Brooklyn  Inst.  of  Arts  and  Se.  —  Se.  Bull.  I,  i,  1901. 

Philadelphie.  Proe.  of  the  Ann.  Philos.  Soe.  XXXIX,  i63,  1900  ; 
XL,  i65,  1901. 

—  Transactions,  XX,  a,  1901. 

—  Proe.  Ae.  of  N.  S.,  LUI,  i,  1901. 

H. -A.  Pilsbry  :  Crustacea  of  the  Crelaceous  formation  of  New-Jersey, 
p.  111-119,  I  pi. 

-    Rochester.  Bull.  Geol.  Soe.  of  Ameriea.  Index  to  vol.  I  to  X,  1900. 

—  Proe.  Rochester  Ae.  of  Se.  IV,  p.  1-64,  1901. 

Saint-Paul.  Geol.  and  N.  H.  Surv.  of  Minnesota.  VI,  1901. 

N.-H.  Winchel  :  Geolog^cal  atlas  with  synoptical  descriptions,  88  cartes 
en  coaleur. 

Washington.  Smithsonianmiseellaneous  Collections.  i258, 1901. 

—  Rep.  of  U.  S.  Board  on  Géographie  Nf^mes. 

2*  report  1890-1899  (1901);  Spécial  report  relating  to  Philippine  Islands,  1901. 

—  Philos.  Soe.  Bull.  XIII,  1895-1899;  XIV,  1900-1901. 

—  Ann.  rep.  of  the  Smithsonian  Inst.  (for  the  year  ending 
june  3o,  1899),  1901.  2  vol. 

—  U.  S.  Geol.  Surv.  Monographs.  XXXIX,  XL,  1900. 

XXXIX  :  T.  Wayland-Vaughan  :  The  Eocene  and  lower  Oligocène  corals 
faunas  of  the  U.S.  with  descriptions  of  a  few  doubtfulty  cretaceous  species, 
p.  i-iio5,  a4  pi.  —  XL  :  S.  Hubbard-Scudder  :  Adcphagous  and  Clavicorn 
Coleoptera  from  the  Tertiary  deposits  at  Florissant,  Colorado,  p.  1-117, 11  pi. 

—  U.  S.  Geol.  Surv.  Ann.  Rep.  20*»»  1898-99  (1900)  ;  Parts  II, 

III,  IV,  V,  VII. 

Part  n  :  General  geology  and  paleontology.  —  G.-F.  Becker  :  Brief  mémo- 
randum on  the  geology  of  the  Philippine  Islands,  p.  1-9.  —  T.-N.  Dale  :  A 


63  DOX8.  SÉA3ICE   DU  4  KOTKMBRE   igOI 

ftindy  of  Bird  MoanUiin,  Vermont,  p.  9-9ft^  a  pL  —  G.4.  Giitj  :  Drroiiiaii 
fiMMiU  from  Miuiliestem  Colorado  :  The  ftunui  of  the  Oaraj  formatioii, 
p.  35-K?,  5  pi.  —  I.-C.  Rossel  :  A  prelimiiiaiy  P^P^r  on  the  geology  of  the 
Cascade  Moiin tains,  in  northem  Washington,  pi  83-21 1,  i3  pL  — 1^4^.  Ward  : 
Statos  of  the  Mesozoic  floras  of  the  V,  S.,  p.  3ii-749«  i^  pL  —  D.  White  : 
The  stratigraphie  succession  of  the  fossile  floras  of  the  Potts^'ille  formation 
in  the  soothem  anthracite  coal  iield,  Pensjhrania,  p.  749^1^  ^4  P^-  ~~ 
Part  III  :  Precious-metal  inining  districts,  p.  1-661,  yj  pi.  ^  Part  IV  :  Hydro- 
graphy,  p.  i-O^,  63  pi.  —  Part  V  :  Porest  reserres,  p.  1-478,  159  pi.  et  1  atlas. 
—  Part  VII  :  Explorations  in  Alaska  in  i8g8,  p«  i'494f  38  pL,  aâ  cartes  dans  le 
texte,  et  5  hors  texte. 

—  U.  S.  Geol.  Sai^'.  Bulletin  n''*  163-176,  1900. 

i63  :  Knowlton  :  Flora  of  the  Montana  formation,  p.  1-77,  19  pi.  —  164  : 
Vaaghnn  :  Reconnaissance  in  the  Rio-Grande  coal  fields  of  Texas,  p.  1-95, 
II  1»1  —  i65  :  Williams  and  Gregory  :  Contribotions  to  the  geology  of 
Maine,  p.  i-9o3, 14  pi.  —  166  :  Gannett  :  A  gazetleer  of  Utah,  i-43,  i  carte.  — 
167  :  Clarke  :  Contributions  to  chemistry  and  mineralogy  from  the  laboratory 
of  U.  S.  G.  S.,  p.  1-160.  —  168  :  Clarke  :  Analyses  of  rocks,  laboratory  of  U.  S. 
G.  S.,  p.  i-3o4.  —  169  :  Gannett  :  Altitudes  in  Alaska,  p.  i-i3.  —  170  :  Goode  : 
Survey  of  the  boundary  Une  between  Idaho  and  Montana,  from  the  interna- 
tional boundary  to  the  crest  of  the  Bitterroot  Mountains,  p.  i-65,  14  pi.  — 
171  :  Gannett  :  Boundaries  of  U.  S.  States  and  Territories,  p.  1-137  ~  K^  • 
N\'eeks:  Bibliography  and  index  of  North  amcrican  Geology,  Palaeontology, 
Petrology  and  Mineralogy  for  1899,  p.  1-141.  —  I73  :  Nickles  and  Bassler  : 
Synopsis  of  American  Bryozoa,  p.  1-663.  —  17}  :  Baker  :  Survey  of  N.-K. 
boundary  of  the  U.-S.,  p.  1-76.  —  175  :  Fitch  :  Triangulation  and  spirit  Icveling 
inindian  territory,  p.  i-i35.—  176  :  Hillebrand  :  Some  principles  and  methods 
of  rock  analysis,  p.  i-iio. 

—  U.  S.  Geol.  Surv. 

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Grande-Bretagne.  —  Dublin,  Trans.  R.  Irish  Ac.  XXXI, 
9-11, 1900. 

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Southern  Donegal,  p.  43i-470»  3  pi. 

Edimbourg.  Proc.  R.  Phys.  Soc.  1899-1900  (1901). 

D.  Heybum  :  Notes  on  a  Collection  of  mammalian  and  other  fragmentary 
bones  obtained  from  Smoo  Cave,  Durness,  Sutherlandshire,  p.  3i4-3i9. 

Liverpool,  Geol.  Soc.  Proc.  Session  4i^**  1899-1900;  VIII,  (4),  1900. 

VIII  (4)  :  W.-A.  Herdman  :  The  geological  succession  of  morphological  Ideals 
(Prcsidciit's  address),  p.  429-451»  —  J'"J'  Fitzpatrick  :  Récent  discovery  of 
l'cbbles  of  argenliferous  copper  in  Mexico,  p.  t\\Si-\b^.  —  E.  Dickson  :  Notes 
on  glacial  and  post-glacial  deposits  near  Southport,  p.  4'^4-4^»  —  T.-M.  Reade 
cl  1*.  llolland  :  Tlic  Phylladcs  of  the  Ardcnnes  compared  with  the  Slatc  of 
N.  Wales,  p.  4(>3-479,  i  pi.  —  J.  Smith  :  The  Drift  Beds  and  Boulders  of  the 
Loulher  and  ncighbouring  Hills  and  Valleys,  p.  483-497* 


DONS.    —  SÉANCE   DU   4  NOVEMBRE    I9OI  63 

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W.  "Whitaker  :  Guide  to  the  geology  of  London   and  the  neigliborhood, 
1?.  1-94»  1901 

—  Proc.  Geol.  Association,  XVII,  2,  1901. 

H.-\V.  Whitaker  :  Twelve  years  of  London  gcology,  p.  81-110. 

—  Quarlerly  Journ.  Geol.  Soc.  LVII,  3  (2127),  1901. 

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ciated  sedimentaries  of  the  Tortworth  Iniier,  p.  1267-585,  api.  — R.-A.  Bullen  : 

On  a  well- section  at  Dallinghoo  (Suffolk),  p.  285-289.  —  R.  Lydekker  :  On 

I^antholops  hundesiensis,  p.  289-293.  —  H.-W.  Monckton  :  On  Landslips  in 

Bouidcr-clay  near  Scarborough,  p.  293-297.  —  A.  Strahan  :  On  the  passage 

of  a  seam  of  coal  into  a  seam  of  dolomite,  p.  297-307.  —  I.-B.-J.  Sollas  :  On 

*he  Rhaetic  plant  ;  Naiadita,  p.  3o7-3i3,  i  pi.  —  J.-B.  Hill  :   On  the  Crush- 

conglomerates  of  Argyllshirc,  p.  3i3-328.  — G.  Barrow  :  On  silurian  (?)  rocks 

in  Forfarshire  «nd  Kineardineshire   along  the  Highiand  Border,  p.  328-346. 

—  B.  Thomson  :  On  the  use  of  a  gcological  datum,  p.  346.  —  Wheelton  Hind 

et  J.-A.  Howe  :  On  the  Pendleside  group  at  Pendle  hill,  p.  347-4o5,  i  pi.  — 

P.-W.  Harmer  :  On   the  influence  of  the   winds   upon   climate  during  the 

Pleistocene  epoch,  p.  400-479.  —  J.-R.  Kilroe  et  A.  Me  Henry  :  On  intrusive, 

tufT-like,  igneous  rocks  and  breccias  in  Ireland,  p.  479"4^« 

—  R.  Soc.  Proc.  LXVIII,  44^>"4^^'  19^1  • 

448  :  A.-C.  Seward  :  On  the  structure  and  adinities  of  Dipteris,  with  notes 
on  the  geological  history  of  the  Dipteridinae,  p.  373-374. 

—  The  Geol.  Magazine.  (4).  VIII,  7-10,  1901. 

7  :  Eminent  living  geologists  :  Pr.  C.  Lapwortli  (portrait),  p.  289-304 .  — 
H.-S.  Jevons  :  A  systematic  nomenclature  for  igneous  rocks,  p.  3o4-3iC.  — 
C.-A.  Me  Mahon  :  Notes  on  the  Tourmaline  of  the  White  granit  ol  Dartmoor, 
p.  3i6-3i9.  —  A.  Straham  :  Abnormal  section  of  chloritic  mari  at  Mupe  Bay, 
Dorset,  p.  319-321.  —  8  :  H.  Howorth  :  The  earliest  traces  of  Man,  p.  337-344. 

—  J.  Joly  :  The  circulation  of  sait  and  geological  time,  p.  344-35o.  — 
T.  Rupert-Jones  :  On  the  Enon  conglomeratc  and  its  fossil  Estheriae, 
p.  350-354.  —  C.-I.  Forsyth  Major  :  Kcporled  occurence  of  the  Camel  and 
Nilghai  in  the  Upper  Miocène  of  Samos,  p.  354-355.  —  F.-K.  Cowper  Reed  : 
Salter*s  undescribed  spccies,  p.  355-358,  1  pi.  —  C.  Davison  :  On  the  british 
earthquakes  of  1900,  p.  358-31)2.  —  Malcolm  Fergusson  :  Geological  notes 
from  Tanganyika  Northwards,  p.  3G2-370.  —  9  :  Kminent  living  geologists  : 
Pr.  I.-G.  Bonney  (Portrait),  p.  385-4oo.  —  C.-W.  Andrews  :  Preliminary  note 
on  recently-discovered  extinct  vertébrales  from  Egypt,  p.  4^0-409.  — 
H.  Woodward  :  On  Pleurotoma  prisca  Sobr.  from  Barlon,  liants.,  p.  409- 
411.  —  T. -G.  Bonney  :  On  the  Limburgile  from  near  Sasbach,  p.  4ïi-4i7«  — 
T.  Mellard  Reade  :  An  other  section  of  Keuper  Mari  al  Greal  Grosby,  p.  417. 

—  10:  T.  Ruperl-Jones  :  Some  carboniferous  shales  from  Siberia,  p.  433-436, 
I  pi.  —  C.-W.  Andrews  :  Recently  discovered  extinct  Vertébrales  from  Egypt, 
p.  436-44''>-  —  W.  Ackroyd  :  On  the  circulation  of  sait  in  ils  relations  to  gco- 
logy, p  44i>"449'  —  ^  '^'  Oldham  :  The  periodicily  ol*  Earthquakes,  p.  449"4^2. 

—  Geological  literature  added  to  the  Geol.  Society 's  libraiy, 
during  the  year  ended  December  31^*  1900  (1901). 


64  DONS.    —   SÉANXE    DU   4   NOVEMBRE    I9OI 

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Sparths  Bottoms,  Rochdale,  p.  149-104. 

Newcastle.  Trans.  of  the  N.  England  Inst.  of  Mining  and 
Mechanical  Engineers.  L,  î2-5,  1901. 

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XXX,  a,  1900;  XXXÏ,  I,  1901. 

XXX,  3  :  T.-H.  Holland  :  Geology  of  tbe  neighbourhood  of  Salem,  Madras 
Ppesidency,  p.  107-161,  2  pi.  —  XXXI,  i  :  R.-D.  Oldham,  P.-N.  Datta,  E.  Vre- 
denburg  :  Geology  of  the  Son  Valley  in  the  Rewah  State  and  of  parts  of  the 
adjoining districts  of  Jabalpur  nnd  Mirzapur,  p.  1-178,  i  carte,  api.  —  C.-L. 
Griesbach  :  Gen.  Rep.  of  the  work  for  i  april  igoo  to  3i  march  1901,  p.  i-35. 

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m,  I  :  F.-L.  Kitchin  :  Jurassic  fauna  of  Cutch  ;  the  Brachiopoda,  p.  1-87,  i5  pi. 
—  I,  3  :  F.  Noetling  :  Fauna  of  the  Miocène  beds  of  Burma,  p.  1-378,  25  pi. 

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—  Atti  Soc.  Toscana  di  Se.  Nat.  Processi  verbali,  mars-mai  1901. 

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vaglia  e  suUa  fauna  délia  dolomia  del  monte  San-Salvatore  presso  Lugano, 
p.  39-65.  —  Italo  Ghelussi  :  Alcuni  cenni  sut  Pliocène  dei  dintorni  di  Lace- 
donia,  p.  65-79.  —  Italo  Ghelussi  :  Alcuni  fenomeni  carsici  e  glaciali  dell* 
Apennino  Aquilano,  p.  95-111. 

—  Memorie.  VI,  3,  1901. 

Modène.  Boll.  Soc.  Sismologica.  VI,  9,  1900;  VII,  i-3,  1901. 

VI,  9  :  R.-V.  Matteucci  :  Sul  periodo  di  forte  attività  explosiva  ofTerto  nei 
mesi  di  aprile-maggio  1900  dal  Vesuvio,  p.  277-310.  —  VII,  i  :  Tito  Alipi  :  I 
mist-poeffers  calabresi,  p.  9-23. —  E.  Oddone  :  La  prima  Conferenza  interna- 
zionale  di  Sismologia  a  Strassburg,  p.  48-60.  —  2  :  A.  Riccô  et  L.  Franco  : 
Stabilité  del  suolo  ail*  Osservatorio  Etneo,  p.  61-70.  —  G.  Agamennone  :  II 
microsismometrografo  a  tre  componenti,  p.  70-82 .  —  S.  Arcidiacono  :  Princi- 
poli  fenomeni  eruttivi  avvenuti  in  Sicilia  e  nelle  isole  adiacenti  durante 
Tanno  1900,  p.  82-92.  —  G.  Grablowitz  :  Nuovo  modello  di  mareografo,  p.  92- 
96.  —  3  :  G.  Mercalli  :  Notizie  vesuviane,  p.  97-ii4'  —  A.  Riccô  :  Cratère 
centrale  deir  Etna,  p.  i24-i36,  3  pi. 

Rome,  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  G.  X  (i"  semestre),  ii-ia,  1901; 
X  (2*  semestre,  1-7),  1901. 

I  :  Ricci  :  VElephas  primigenius  della  Dobrogea,  p.  14-18.  —  Rosati  : 
Studio  microscopico  e  cliimico  delle  rocce  vulcanische  dei  dintomi  di  Vizzini 
(Sicilia),  p.  i8-23.  —  4  :  Ricci  :  VElephas  Trongotherii  Pohiig  di  Montecatini 
in  Val  di  Nie  vole,  p.  93-99.  —  6  :  Artini  :  Di  una  nuova  specie  minérale 
ti*ovata  nel  granito  di  Baveno,  p.  i39-i45. 


DONS.   —   SÉANCE   DU   4  NOVEMBRE    I9OI  65 

—  BoU.  R.  Comitato  Gcol.  It.  (4)rII,  i»  a,  1901. 

I  :  D.  Zaccag^a  :  Alcune  osservazioni  negli  uliimi  lavori  gcolog^ici  iniorno 
aile  Alpi  Occidentali,  p.  4"74'  —  V.  Novarese  :  L'origine  dei  giacimenti 
vnetalliferi  di  Brozzo  <*  Traversella  in  Pienionte,  p.  75-93.  —  2  :  D.  Zaccagna  : 
tienne,  etc.,  p.  129-150.  —  B.  Lotli  :  .Vncora  sul'  elà  délia  formazione  niarnoso- 
«renacea  fossilifera  dell'  Uiubria  superiore,  p.  i5i-i53.  —  M.  Casetti  :  Dalla 
-valle  del  Liri  a  quelle  del  Giovenco  e  del  Sagitlorio,  p.  164-178. 

Turin,  Méni.  R.  Ac.  Se.  (2),  L,  1901. 

C.-F.  Parona  :  Sopra  alcune  rudiste  senoniaiie  dell'  Apennin©  méridionale, 
p.  1-25,  a  pi.  —  C.-F.  Parona  :  Le  rudiste  e  le  camacee  di  S.  Polo  Matese 
Taccolte  da  F.  Bassani,  p.  197-215,  3  pi. 

Atti.  XXXVI,  1-5,  1901. 

3  :  Sacco  :  Osservazioni  geologiche  comparative  sui  Pirenei,  p.  2o3-22i. 

Russie.  —  Saint-Pétersbourg,  Comité  Géol.  Bulletin,  XIX, 
1-6,  1900. 

I  :  S.  Nikitin  :  Deux  sondages  profonds  et  les  anomalies  du  magnétisme 
terrestre  dans  le  gouv.  de  Koursk,  p.  1-27.  —  B.  Relibinder  :  La  faune  créta- 
cique  de  la  steppe  d'Astrakhan,  p.  27-31.  —  F.  de  Montcssus  de  Ballore  :  Les 
régions  balkaniques  et  TAnatolie  séisniique,  p.  3i-53,  i  carte.  —  2  :  A.  Boris- 
siak  :  Recherches  géologiques  dans  les  districts  dlsioum  et  de  Pavlograd, 
p.  55-67.  —  N.  Yakowlew  :  Note  sur  le  Paléozoïque  supérieur  du  bassin  du 
Donetz  et  de  la  presqu'île  de  Soniara,  p.  67-71.  —  A.  Derjavin  :  Recherches 
géologiques  dans  le  district  de  Maloarkliangelsk,  gouv.  d'Orel,  p.  71-85.  — 
3  :  Compte-rendu  des  travaux  du  Comité  géologique  en  1899,  p.  87-160,  i  carte. 
—  4  •  P-  Krotow  :  Recherches  géologiques  dans  la  partie  S.-W.  de  la  feuille  108 
de  la  carte  de  la  Russie  d'Europe,  p.  161-200.  —  5-6  :  S.  Nikitin  :  La  vallée  de 
la  Soura  aux  environs  de  la  ville  de  Penza,  ses  modilications  séculaires  et 
récentes,  p.  aoi-289,  i  carte. 

—  Travaux  de  la  section  géol.  du  cabinet  de  Sa  Majesté. 
III,  a,  1901. 

B.  Polénoff  :  Description  géologi(|ue  de  la  partie  N.-W.  de  la  i5'  feuille  de 
la  Vin*  zone  de  la  carte  générale  du  gouvernement  de  Tomsk  (Feuilles 
Borissoyo  et  Héresovka),  p.  i34-34o. 

—  Comilé  Géol.  Mém.  XIII,  3,  1900. 

N.  Wyssotzky  :  Les  niines  d'or  ilu  district  de  Kotchkar  dans  l'Oural  du 
midi,  p.  1-211,  3  cartes. 

Tiflis,  Muséum  Caucasicum.  III,  rc)oi,  p.  i-320,  G  pi.,  i  carte. 

Varsovie.    Pamieluik    Fizyognificzny    (Mémoires    [)hysi()gra- 
phiques).  I-XVI,  188 1- 1900. 


66  DONS.    —    SÉANCE    DU    l8    NOVEMBRE    I90I 


Séance  do  IH  Xovembre  t90t 

i"*  Non  périodiques 
Branner  (/.-C).  The  Zinc  and  Lead-ore  deposits  of  Norlh- 

Arkansas.  Ext.  American  Institute  of  Mining  Engineers,  Mexiean  Meeting, 
H-,  3a  |K,  I  pliol.  fl  tig.  dans  le  texte,  nov.  lyu. 

Botli  ((..).  Sui  molari  di  Elefante.Ext.  B.  S.  Geol.  italiana,  vol.  XX 
(19(11),  fase.  III,  ^•,  9  p.  Rome,  1901. 

Congrès  nat.  des  Sociétés  franc  aises  de  Géographie  {Wl^  session 
à  Paris,  1900).  CK.  publié  par  la  Soc.  de  Géog.  (de  Paris).  8%  a84  p., 

lig.  dans  le  texte.  Paris,  1901. 

Dollfus  (G.'F.),  Structure  du  Bassin  de  Paris.  Ext.  CR.  A.  F.  A.  S. 

(Congrès  de  Paris.  1900),  8%  p.  546-:>48. 

—  Des  derniers  mouvements  du  sol  dans  les  Bassins  de  la  Seine 
et  de  la  Loire.  Ext.  C.  G.  1.  (VIH*  session,  1900),  8»,  17  p.,  1  carte  au 
1/11.000.000;  lig.  dans  le  texte. 

Douxami  (//.).  Etude  sur  la  vallée  du  Uhône  aux  environs  de 
Beliegarde.  Ext.  Bull.  C.  G.  F.  (u*  81,  juin  1901),  tome  Xn,  1900-1901,  8%  as  p. 
Paris,  1901. 

Harmer  (F.-W,),  Influence  of  Winds  upon  climate  during  the 

Pleistocene   epoch.    ExI.  Quart.  Journ.  Geol.  Soc.,  vol.  LMI,  1901,  8»,  p.  4o5- 
476  ;  lig.  dans  le  texte.  Londres,  1901. 

Laville  {A.).  Couches  infra-néolithiques  et  néolithiques  stratifiées 
dans  la  vallée  de  la  Seine.  Ext.  Bul.  et  Méni.  Soc.  dWnthropologie  de 
Paris,  1901,  8",  p.  ao7-ai5  ;  lig.  dans  le  texte. 

—  Sépulture  mérovingienne  à  incinération,  de  Draveil  (S.-et-O.). 

Ext.  Id.,  p.  a5{-259  ;  lig.  dans  le  texte. 

f!  '  —  Cou[>e  de  la  carrière  de  SaintrPrest  ;  silex  taillés.  Exu  Id., 

*.  p.  285-aç)i  ;  lig.  dans  le  texte. 

;^  Xeaber  (August).  W'issenschaftliche  Charakteristik  und  Tenni- 

nologie  der  Bodengestallen  der  Eixloberflâche.  8%  1  vol.  de  647  p. 

Vienne  et  Leipzig,  1901. 

Pentn.  Observations  au  sujet  d'une  roche  dont  l'exploitation  est 
en  projet  dans  la  Puisaye.  Ext.  B.  S.  Se.  nat.  de  F  Yonne,  1901, 8-,  7  p. 

Pittman  {Ed. -F.),  The  Minerai  Resources  of  \ew-South-Wales. 

8  ,  4*'^"  P-»  *  <arlf  ;  nouibr.  phnl.  Sy<liiey  (N.-S.-\V.),  1900. 

Tj'chonis  Urahe:  Dani  die  XXIV  Octobris  A.  D.  MDCl  defuncti 
Operuin  priinitias  «  De  Nova  Strlla  »  summi  Civis  inemor  deno 
Oilidit  Ut'j^ia  Soc-ietas  Scieiitiaruin  Danica.  Til  Danske  loevere.  Notice 


I 


i 
.1 


DONS.    —  SÉANCE   DU    l8   NOVEMBRE   I9OI  67 

en  danois,  de  3o  p.  (Portrait  et  autographe  de  Tycho  Bra/ié).  In-4«  carré. 
—  (Ouvrage  publié  à  l'occasion  du  3*  centenaire  de  la  mort  de  Tauteur). 
Copenhague,  '1901 . 

Schabe  (Theodor).  Beitriige  zur  Kenntniss  der  Verbreitimg  der 

GefâSS-Pflanzen  in  Schlcsien.  Feslgruss  dem  XIll.  Deutsche n  Geogra- 
phentage  dargebraoht  von  der  Schlesischen  Ges.  fi'ir  vaterlàndische  KuHur. 
8%  36  p.,  2  cartes.  Breslau,  1901. 

a°   PÉRIODIQUES 

France*  —  Charlieu.  Bull.  Sor.  Se.  Nat.  de  Tarare.  VI,  9,  1901. 
Moulins,  Rev.  Se.  du  Bourbonnais.  XIV,  lOS-iôO,  1901. 
Paris,  Ac.  Se.  CR.  CXXXÏII,  18-20,  1901. 

—  A.  F.  A.  S.  XXIX,  1900  (1901). 

E.  Pellat  :  Note  sur  le  calcaire  à  Orbitolincs  d'Orgon,  p.  5i8-5i9.  —  M.  Coss- 
mann  :  Observations  sur  quelques  coquilles  crétaciques  recueillies  en  France  : 
La  faunule  d'Orgon,  p.  5i9-532,  q  pi.  —  St.  Meunier  :  Recherches  stratigra- 
phiques  et  expérimentales  sur  la  sédimentation  souterraine,  p.  532-542.  — 
F.  Regnault  et  L.  Jammes  :  Étude  sur  les  puits  fossilifères  des  grottes.  Puits 
de  Peyreignes  (Hautes-Pyrénées),  p.  5^2-5^|5.  —  G.  Dollfus:  Struoturr  du  bassin 
de  Paris,  p.  5^6-54^.  —  F.  Kerfnrne  :  Chissitication  des  assises  gothlandiennes 
du  massif  armoricain,  p.  5^9-553.  —  A.  Guebhard  v\  L.  Laurent  :  Sur  quelques 
gisements  nouveaux  de  végétaux  tertiaires  dans  le  S.-K.  de  la  Provence,  p.  55^ 
579.  —  A.  Guebhard  :  Les  problèmes  tectoniques  de  la  commune  d'Rscra- 
gnoUes,  p.  580-59^,  I  carte.  —  L.  Gentil  :  Résumé  stratigraphigue  sur  le  bassin 
de  la  Tafna,  p.  594-608. 

—  C.-R.  du  Congrès  des  Soc.  sav.  de  Paris  et  des  départements 
tenu  à  Nancy  en  1901. 

F.  Villain  :  Conférence  sur  lès  Minerais  de  fer  du  département  de  Meurthe- 
et-Moselle,  p.  81-94.  —  N.  E.  Sauvage  :  Le  genre  Pelorosaure,  p.  157-169.  — 
A.  Lacroix  :  Sur  Inapplication  de  la  méthode  expérimentale  à  l'étude  des 
roches  éruptives,  p.  i5()-î62.  —  A.  Bresson  :  Etudes  des  éléments  tectoniques 
du  massif  ancien  des  Hautes-Corbières,  |).  i()2-i75.  —  St.  Meunier:  Sur  les 
causes  de  la  disparition  des  anciens  glaciers  des  Vosges,  p.  176-184. 

—  Feuille  Jeunes  Naturalistes.  (4).  XXXII,  3^3,  i<)oi. 

—  Le  Naturaliste.  352,  1901. 

St.  Meunier  :  Observations  et  expériences  sur  l'origine  et  le  mode  de  for- 
mation du  minerai  de  fer  oolitliique,  p.  2'|5-2^|6. 

—  Ann.  des  Mines.  (9),  XX,  7,  1901. 

Gascnel  :  Les  gisc^ments  diamantifères  de  la  région  S.-E.  de  file  de  Bornéo, 
p.  5-23,  I  pi. 

—  Club  alpin  Fr.  Bull,  mensuel,  8-10,  1901. 

—  La  Nature.  14H4-86,  1901. 

—  Observations  sur  les  cours  d'eau  et  la  pluie,  centralisées 
pendant  Tannée  1898  (1901).  10  feuilles. 


68  DONS.    —   SÉANCE  DU    l8   NOVEMBRE    I9OI 

—  Journal  des  Savants.  Octobre  1901. 

—  Service  de  la  Carte  géol.  de  la  Fr.  et  des  topographies  sou- 
terraines. Bull.  XII,  81,  1901. 

H.  Douxami  :  Etude  sur  la  vallée  du  Rhône  aux  environs  de  Bellegarde, 
p.  1-32.  —  Xn,  82,  1901  :  Ph.  Glangeaud  :  Monographie  du  volcan  de  Grave- 
noire,  près  de  Clermont-Ferrand,  p.  1-39,  2  pi. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (4),  I,  5-6,  1901. 
Saint-Etienne,  Soc.  de  Tlnd.  Min.  (CR.  mens.).  Sept.roct.  1901. 

Allemagne.  — Berlin.  Zeitsch.  f.  Praktische  Geol.  IX,  11, 1901. 

G.  Mùller  :  Zur  Kenntniss  der  Dyas-  und  Triasablagerungen  im  Ruhrkohlen- 
reviér,  p.  385-387.  -"  P»  Rinne  :  Kupferreiche  Sande  im  Malagnitgebiet  bei 
Paracale,  Luzon,  p.  387-319  —  H.  Thumann  :  Der  Gothan'sche  a  Straiameter  », 
Apparat  zur  Eruiittellung  des  Streichens  und  Einfallens  der  Gebirgsscliichten 
in  Bohrlôchern  und  die  Abweichung  der  letzteren  von  der  Lothlinie,  p. 389-391 . 

—  Zeitsch.  D.  Geol.  Ges.  LUI,  3,  1901. 

M.  Blanckenhorn  :  Neues  zur  Geol.  und  Pal.  Aegyptens,  IV.  Das  Pliocàn 
und  Quartârzeitalter  in  Aegypten  ausschliesslich  des  Rothen  Meergebietes, 
p.  307-502,  2  pi.  —  H.  Hamm.  :  Ueber  GerôUe  von  Geschiebelehm  in  diluvialen 
Sanden,  p.  5o3-5ia. 

—  K.  Pi'eussische  Geol.  Landesanstalt  Abh.  34,  1901. 

A.  Denckmann  :  Der  geologische  Bau  des  Kellerwaldes,  p.  1-88,  3  cartes. 

Francfort,  Bericht  Senkenberg.  Naturforsch.  Gesell.  1901. 

W.  Wolterstorff  :  Ueber  ein  Exemplar  von  Kana  Meriani  v.  Mcyer  im 
Senckenbergischen  Muséum,  p.  39-44»  i  P*»  —  E.  Naumann  :  Geologischen 
Arbeiten  in  Japan,  in  der  Tûrkei  und  in  Mexico,  p.  79-91.  —  G.  Breddin  : 
Wanzen  aus  den  untermiocânen  Brannkohlen  von  Salzhausen,  p.  111-118. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVII,  10,1901. 
P.  Ratzel  :  Die  Kant-Laplacesche  Hypothèse  und  die  Géographie,  p.  217-226. 

Stuttgard.  Centralblatt  fur  Min.  Geol,  Pal.  20-21,  1901. 

20  :  E.  Kùppers  :  Absonderungsercheinungen  aus  dem  Melaphyr  von 
Darmstadt,  p.  609-611,  —  W.  Lamansky  :  Neue  Beitràge  zur  Vegleichung  des 
Ost-Baltischen  und  Skandinavische  Unter-Silurs,  p.  611 -618.  —  21  :  F.  Ber- 
werth  :  Ueber  die  Structur  des  chondistischen  Meteorsteine,  p.  641-647.  — 
A.  Wichmann  :  Ueber  einige  Gresteine  von  der  Humboldt-Bai  (Neu-Guinea), 
p.  647-653.  —  C.  Diener  :  Zur  Frage  des  Alters  der  Otoceras  beds  im  Himalaya, 
p.  655-657.  —  E.  Bôse  :  Zur  Abwehr,  p.  657-662.  —  E.  Richter  :  Der  Staubfaal 
vom  II.  Màrz  und  die  Glechterforschung,  p.  662-664. 

Australie.  —  Sydney.  R.  Soc.  of  New  S.  Wales  Journ.  and 
Proc.  XXXIV,  1900. 

R.-T.  Baker  :  Note  on  a  new  Météorite  from  New  South  Wales,  p.  118-120,  i  pi. 

États-Unis.  —  Cambridge.  Mem.  of  Muséum  of  Comparative 
Zool.  at  Harvard  Collège.  XXV,  i,  1901. 
F.  Springer  :  Uintacrinus  :  its  structure  and  relations,  p.  1-89,  8  pi. 


DONS.    — ^   SEANCE   DU    l8   NOVEMBRE    I9OI  69 

Little  Rock.  Ann.  Rep.  ôf  G.  S.  of  Arkansas.  V,  1900. 

J.-C.  Branner  :  The  zinc  and  lead  région  of  North  Arkansas,  p.  1-375, 38  pi. 
^t  atlas  de  6  cartes. 

Minneapolis,  The  Am.  Geologist.  XXVIII,  a-3,  1901. 

a  :  George  Mercer  Dawson,  p.  67-87  (Portrait). —  G.  Burbant  Shattuck  :  The 
pleistocene  problcm  of  the  North  Atlantic  coastalplain,  p.  87-107.  —  3:  A.  Gray 
L.eonard  :  The  basic  rocks  of  Northeastcrn  Maryland  ond  their  relation  to  the 
granité,  p.  135-177,  5  pi.  —  A.-W.  Grabau  :  A  preliminary  géologie  section  in 
^Ipena  and  Persqu'Isle  Counties,  Michigan,  p.  177-187,  i.  pi. 

New-Haçen,  The  Amer.  Journ.  of  Se.  (4),  Xn,  71,  1901. 

F.-S.  Nason  :  Geological  relations  and  tlic  âge  of  the  St  Joseph  and  Potosi 
Limestones  of  St.  François  County,  p.  358-362.  —  C.-E.  Beecber  :  Cambrian 
Cossils  of  St.  François  County,  Missouri,  p.  36a-364.  —  C.-E.  Beecher  :  Discovery 
of  Eurypterid  remains  in  the  Cambrian  of  Missouri,  p.  364-367,  i  pi.  —  J.-L. 
'Wortman  :  Studies  of  Eocene  Mamnialia  in  the  Marsh  collection,  p.  377-383, 
—  G.'I.  Adams  :  Carboniferous  and  Pcrmian  âge  of  the.  Red  Beds  of  eastern 
Oklnhoma  from  stratigraphie  évidence,  p.  383-386. 

New-York,  Science.  XIV,  356-358,  1901. 

357  :  A.  F.  O.  :  Fossil  reptiles  of  Europe,  p.  699-700. 
Philadelphie,  Proc.  of  the  Am.  philos.  Soc.  XL,  166,  1901. 

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—  G.-H.  Morton  :  The  carboniferous  limestone  of  Anglesey,  p.  26-68,  2  pi.  — 
H.-C.  Beasley  :  Some  récent  exposures  of  Keuper  maris,  at  Oxton,  Birkenhead, 
p.  68-7.5, 3  pi.  —  J.  Lomas  :  On  the  occurence  of  Estheria  and  Plant  remains 
in  the  Keuper  mari  at  Oxton,  Birkenhead,  p.  75-81,  i  pi.  — »  H.-C.  Beasley  : 
Notes  on  the  type  spécimen  of  Cheirotlierium  herculis,  p.  81-82,  i  pi.  — 
G.  GoUaway  :  A  sketch  of  the  archaean  geology  of  Anglesey,  p.  82-94.  — 
J.  Lomas  :  Some  pre-glacial  Sand  surfaces  at  Prenton,  p.  94-101.  —  T.-M. 
Heade  et  P.  HoUand  :  The  Green  Slates  of  the  Lake  district  with  a  theory  of 
Slate  structure  and  Slaty  cleavage,  p.  101-127,  2  pi. 

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Berkshire,  p.  5io-5i3.  —  P.-F.  Kennall  et  H  -B.  MufT  :  Ancient  glacier-dainmed 
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inden  Alpen,  p.  507Ô11.  —  Scbardt  :  Reeorreiupbase  der  Juragletscher,  p.Sii- 
5i4.  —  Rollier  :  Roches  d'Albien  à  NencbAt^ I,  p.  Sii-àxt.  —  Rollier  :  Où  est 
l'errenr  ?  p.  6a9-âa4.  —  Rollier  :  Snrfkcs  polies  par  dislocation,  p.  Saj-SaS.  — 
Baïunberger  :  Unteres  Urgonien  Ton  Neoenburg.  p.  5a5-&3i.  —  VI,  l  :  Tobler  : 
Klippen  am  Vierwaldstitersee,  p.  7-i5.  —  Renevier  :  Étude  géologiqœ  du 
tnnnel  do  Simplon,  p.  3i-35.  —  Renevier  :  Classîflc  stratig.  internationale, 
p.  35-47.  —  Frùh  :  Los  im  Schweilzer  RfaOnetbal,  p.  47^.  —  ^  :  de  Tribolet  : 
Prf  mièreH  études  géol.  à  NeuchAtel.  p.  iii-ii3.  —  Compte-rendu  de  la  Réanion 
de  NeuchAtel,  p.  ii3-a54.  —  Loreni  :  Grenzgcbiet  alpinen  Faciès,  p.  i55-i57.  — 
Wehrli  :  Querprofile  dnrcb  die  Anden,  p.  iS^-iSg.  —  Baumberger  :  Ncocom 
Ammoniten  des  Schweiierjura,  p.  i59-i6i.  —  Baltser  :  Besondere  Form  erra- 
tischeu  A^lagertmgen,  p.  i6i-)6i. —  Forel  :  Prrrandin,  prècursenr  glaciairisle, 
p.  169-136.  —  Buxtorf  ;  Verwerfungen  in  Tafel-Jnra,  p.  136-178.  —  3  :  Scbardt  : 
Revue  géologique  snisse  pour  189S,  p.  iSi-aga.  —  M.  HùMberg  :  BraonerJora 
de  N.  Scbweiz,  p.  393.333.  —  M.  Mûhlberg  ;  Uel>er  Oolithe.  p.  337-33i.  —  Strùbin  : 
Sowerbyi-Sch.  im  Basler  Jura,  p.  33>343,  a  pi.  —  Rollier  et  de  Tribolet  : 
Oxfordicn  pyriteux  de  Neucbàtel,  343-348.  —  Blomer:  Geolog.  Beobaclungen 
am  Glàrnisch,  p.  348-331.  —  Renevier  et  Schardt  :  Notice  explicative  de  la 
•  Feuille  XI,  p.  351-369.  —  Renevier  :  Tranchée  glaciaire  de  Bel-Air,  p.  369-371. 

—  Gutzwiller  :  Aeltere  diluviale  Scbotter  v.  St.  Gallen,  p.  871-378.  —  Baltaer  : 
Diluvialer  Rhonegletscher,  p.  378-393,  —  5  ;  Schardt  et  Sarasîn  1  Revue  géolo- 
gique de  1899,  p.  393-453.  —  6  :  Baltaer  :  Internat.  Geologenkongress  im  Paris, 
p.  453-459.  —  C.-R.  de  la  réunion  de  Thusis,  p.  ^i^  —  Heim  :  Eric  von 
Avers  und  Oberbalbetein,  p.  49<-493-  —  Viola  :  Symétries  nouvelles  des 
cristaux,  p.  ^^-^g6.  —  Lugeon  :  Anciens  glaciers  de  l'Aar,  p.  49M97.  ~ 
Lugeon  :  Ilaules-Alpcs  entre  Sauelsch  et  Kanders,  p.  ^g^-ôai.  —  Pearce  et 
Fornaro  :  Brookite  du  Bristenstock,  p.  5oi-5o4.  —  Forel  :  Variations  des 
glaciers,  p.  Ôo4-5o5.  —  Forel  :  Éboulenieut  du  glacier  du  Bhône,  p.  .V>5-5o6. 

—  M.  Mûhlberg  :  Nord-Schweii.  Brauner  Jura,  p.  506-507.  —  Lugeon  :  Tra- 
duction française  de  l'AntUtz,  p.  507-509. 

Uruguay.  —  Montevideo.  Ann.  del  Museo  Nacional.  III,  1901. 


DONS.    —    SÉANCE    DU    tX    DECEMBRE    I9OI  'Jl 

Séance  du  4^  Décembre  f  90f 

I®  Non  périodiquî:s 

Agamennone  (G.).  Del  Progresse  del  Pendolo  orizzontale  a 
registrazione  nieccanica  in  Sismometrica.  Ext.  B.  S.  Sismologica  Ita- 
liana,  vol.  VII,  8%  la  p.  Modène  (Italie),  1901. 

Authelin  (Ch.),  Notes  stratigraphiques  sur  l'Est  du  Bassin  de 
Paris.  —  1.  Sur  le  Toarcien  de  la  région  comprise  entre  Sion 
(Meurthe-et-Moselle)  et  Bourmont  (Haute-Marne);  II.  Note  préli- 
minaire sur  la  zone  à  Harpoceras  concavam  dans  le  Nord  de  la 
Lorraine.  8",  i3  p.  Nancy,  1901 . 

Blanford  {W,-T,).  The  distribution  of  Vertebrate  Animais  in 
India,  Ceylon  and  Burma.  Ext.  Philosophical  Trans.  R.  Soc.  of  London, 
ser.  B,  vol.  194»  (4*)»  P*  335-436,  avec  une  carte.  Londres,  1901. 

Hanks  {Henrj-  G.).  The  Deep  Lying  Auriferous  Gravels  and 
Table  Mountains  of  Califomia.  8%  i5  p.,  6  pi.  photol.  San-Francîsco 
(Californie),  1901. 

Merrill  (G. -P. y  On  Stony  Météorite,  which  fell  near  Félix, 
Perry  County,  Alabama,  mai  i5t^  1900.  Ext.  Proc.  U.  S.  Nat.  Muséum, 
vol  XXrV,  8%  p.  193-198,  n*  1249.  Washington,  1901. 

Negris  (Ph,).  Plissements  et  dislocations  de  Técorce  terrestre  en 
Grèce.  Leurs  rapports  avec  les  phénomènes  glaciaires  et  les  efTon- 
drements  dans  l'Océan  Atlantique.  8% 209 p.,  i  pi.  et  i  carte.  Athènes,  1901. 

Nicklès  (R')>  Contributions  à  l'étude  des  Terrains  Secondaires 
au  sud  des  Cévennes.  Trias  et  Jurassique  de  la  Montagne-Noire. 
Ext.  B.  S.  G.  F.,  (3),  XXVn  (1899),  8%  p.  715-787,  fig.  dans  le  texte.  Paris.  1901. 

Picard  (Th,).  «  La  Camargue  ».  Etude  stratigraphique  de  la 
région  du  Bas-Rhône.  8%  79  p.,  i  pi.  et  i  carte.  Nimes,  1901. 

Schardt  (H.),  Mélanges  géologiques  sur  le  Jura  neuchâtelois  et 
les  régions  limitrophes.  Ext.  B.  S.  neuchàleloise  des  Se.  nat.,  t.  XXVni, 
8*,  p.  181-aoo  (1899-1900).  NeuchAtel  (Suisse),  1900. 

—  et  Dubois  (Aug.).  Le  Crétacique  moyen  du  synclinal  de  Val- 
de-Travers,  Rochefort.  Ext.  Id.  id.,  p.  129-157. 

2"    PÉRIODIQUES 

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Paris,  Ac.  Se.  CR.  CXXXIII,  21-aQ,  1901. 

21  :  P.  Terniier  :  Sur  les  micaschistes,  les  gneiss,  les  amphibolites  et  les 
roches  vertes  des  schistes  lustrés  des  Alpes  occidentales,  p.  841-844. — 
22  :  P.  Termier  :  Nouvelles  observations  géologiques  sur  la  chaîne  de  Belle- 
donne,  p.  897-900. 


yi  DONS.    ^-  SÉANCE    DU   a   DECEMBRE    tgOI 

—  Feuille  des  Jjeuues  Naturalistes.  (4),  XXXII,  1901. 

—  Ann.  de  Géographie.  X,  54,  1901. 

M.  Lugeon  :  Recherches  sur  Torigine  des  vallées  des  Alpes  occidentales, 
p.  401-428,  2  pi.    -  P.  Privat-Deschanel  :  Le  relief  du  Beaujolais,  p.  4:^&-438. 

—  Le  Naturaliste.  353,  1901. 

—  Soc.  d'Anthropologie.  Bull.  (5),  II,  3,  1901. 

A.  Lnville  :  Couches  infra-néolithiques  et  néolithiques  stratifiées  dans  la 
vallée  de  la  Seine,  p.  ao5-ai4.  ~  A.  LaviUe  :  Coupe  de  la  carrière  de  St-Prest, 
silex  taillés,  p.  385-2191. 

—  La  Géographie.  IV,  11,  1901. 

W.-M.  Davis  :  Les  enseignements  du  Grand  Canyon  du  Colorado,  p.  3^352. 

—  Club  Alpin  Fr.  Bull,  mensuel.  11,  1901. 

—  La  Nature.  1487-1488,  1901. 

Allemagne.  —  Berlin.  Centralblatt  fur  Min.  Geol.  Pal.  i-j-ai, 

17  :  C.  Diener  :  Ueber  das  Alter  der  Otoceras  beds  des  Himalaya,  p.  5i3-5t6. 
—  J.  Murray  et  E.  Philippi  :  Die  Grand proben  der  Valdivia-Expedition,  p.  525- 
627.  —  22:  M.  Weber  :  Beitrâge  zur  Kenntniss  des  Monzonigebietes,  p.673- 
679  —  E.  Wùst  :  Ueber  Elephas  Trogonthcrii  Pohl  in  Schlesien.  p.  683-686. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  Ergànzungsheft,  n°  i36,  1901. 

W.  Halbfass  :  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Pommerschen  Seen,  p.  i-i3i,  6  pi. 

Stuttgart.  N.  Jarhb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  II,  3,  1901. 

C.  Diener  :  Mittheilungen  ùber  einige  Cephalopodensuiten  aus  der  Trias 
der  Sûdalpen,  p.  23-37,  i  P^*  -~  ^*  Doelter  :  Die  Dichte  des  flùssigen  und  des 
festen  Magmas,  p.  i4i'i58.  —  F.  v.  Huene  :  Vorlaufiger  Bericht  ùber  die 
triassischen  Dinosaurier  des  europàischen  Continents,  p.  89-106,  2  pi.  — 
A.  Johnsen  :  Natronsyenite  und  verwandte  Gesteine  von  Miask,  p.  1 17-128.  — 
E.  Koken  :  Die  Schliflllàchen  und  das  geologische  Problem  im  Ries,  p.  67-89 
et  128,  I  pi.  —  J.  F.  Pompeckj  :  Ueber  Tmaegoceras  Hyatt,  p.  i58-i70. 

Autriche-Hongrie.  —  Vienne.  Sitzungsber.  K.  Ak.  der  Wiss. 
CIX,  7-10,  1900. 

7  :  Th.  Puchs  :  Ueber  die  bathymetrischen  Verhàltnisse  der  sogenannten 
Eggenburger  und  Gauderndorfer  Schichten  des  Wieoer  Terliàr  Beckens, 
p.  478  490.  —  F.  Schaffer  :  Geologische  Studien  im  sudostlichen  Kleinasien, 
p.  490-49S-  — E.  Mozelle  :  Mittheilungen  der  Erdbeben-Commission  der  k.  Akad. 
der  Wiss.  XIX.  Die  tàgliche  periodische  Schwankung  des  Erdbodens  nach 
den  Aufzeichnungen  eines  dreifachen  Horizontal pendels  zu  Triest,  p.  527- 
65i,  2  pi.  —  8-10  :  J.  Knelt  :  Mittheilungen  der  Erdbeden-Commission.  XX. 
Ueber  *die  Beziehungen  zwischen  Erdbeben  und  Detonationen,  p.  700-735 . 
XXI.  Bericht  ùber  das  Detonationsph&Qomen  in  Duppaner  Gebirge  am  14. 
August  1899,  p.  735  769,  6  pi.  —  B.  Hoernes  :  Die  vorpontische  Erosion,  p.  811- 
800.  —  Th.  Fuchs  :  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Tertiàrbildungen  von  Eggen- 
burg,  p.  859-924. 


DONS.   —  SÉANCE   DU   3   DÉCEMBRE    I9OI  73 

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St.  Bartholomew,  and  Sombrero,  p.  520-534-  —  of  the  Christopher  Chain  and 
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Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  X,  9,  1901. 

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binsel  Apscheron,  p.  359-387.  —  E.  Fedorow  :  Classiliealion  naturelle  el  syni- 
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O.  Nordenskjôld  :  Ueber  die  Kontaktverhàltnisse  zAvischen  den  archaeis- 
chen  Porphyren  (Hûlleflinten)und  Graniten  im  nordûstlichen  Smâland,  p.  1-28, 
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tische  Studie,  p.  r32-i45,  i  pi. 

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Valendas,  p.  95-107. 


34 


-   SÉANCE  DU    16  DÉCBUHRB    I90I 


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géologie  en  Suisse  pendanl  l'année  1900,  p.  ih^-^-^S. 

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Zurich.  Naturforsch  Ges,  Vierteljahressch.  XLVI,  i-a,  1901. 

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.^yptens.  p.  aa-35.  9  pi.  —  E.  Kûnzli  :  Die  petrogrnphiKche  Ausbeute  dei 
Scholler'schen  Expédition  in  Aequalorial-Ostafrica  (Massailand),   p.  iiâ-173. 


Séance  du   16  Décembre  lOOl 


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tungen  von  den  Jahren  iH-^i -iS^XTexte  allemand  et  texte  hongrou) 
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Rôna  (Zsigmond).  A  Légnyomâs  a  Magyar  Birodalomban  1861 
tiil  l8()0-ig.  8'.  30^  p.  Budapest,  1897.  ' 

Siinonr  (Ositar).  Photograpliiselie  Aurnahmcn  auf  den  Cana 
rischcii  Iiiseln.  Ext.  Aim.  Nalur.  llormuseunis,  B.1.  XVI,  Hf.  1,  8',  «  p 
Vienne  (Aulriche).  1.(111 

Szàe/ei-zh)-  (Gynia).  A  /empléni  Szigcthegység  Gcologiaî  éi 
KTizettani  Tckintelben.  V.  "î  p.,  '  pi-  Budapest,  1897. 


DONS.    —   SÉANCE   DU    l6  DÉCEMBRE    I9OI  ^5 

2°   PÉRIODIQUES 

France.  —  Auxer're.  Bull.  Soc.  Se.  Hist.  et  Nat.  de  T Yonne. 
LIV,  i9oo(i()oi). 

Parai  :  Les  grottes  de  la  Cure,  p.  4«^75,  3  pi.  —  Peron  :  Observations  au 
sujvt  d'une  roche  dont  Texploitation  est  en  projet  dans  la  Puisaye,  p.  75-81. 

Paris,  Ae.  Se.  CU.  CXXXIII,  23-q4»  lyoï. 

23  :  E.  Fournier  :  Les  phénomènes  de  capture  des  cours  d'eau  superficiels 
par  les  cours  d'eau  souterrains,  dans  les  régions  calcaires,  p.  9Gi-<)G^.  —  P. 
Termier  :  Sur  les  trois  séries  cristallophylliennes  des  Alpes  ciccidenlales, 
p.  964-966.  —  St.  Meunier  :  Coniplément  expérimental  à  l'histoire  des  galets 
striés,  p.  966-968.  —  u^i  :  A.  Lacroix  :  Conclusions  à  tirer  de  l'élude  de  la  série 
des  enclaves  homœogènes  d'une  roche  volcanique.  La  série  des  enclaves 
homœogènes  des  andésites  à  haùyne  du  Mont-Dore,  p.  io33-io36. 

—  Le  Naturaliste.  XXIII,  354,  iQ^i» 

P.-H.  Fritel  :  Echinodcrmes  fossiles  :  Les  Crinoïdes,  p.  269-272.  —  Bougon  : 
Ce  que  peut  un  faible  cours  d'eau,  p.  278. 

—  Journal  des  Savants.  Novembre  1901. 

—  Soc.  Botanique  de  Fr.  Bull.  (3),  VI,  1899  ('9^i)- 
Saint' Etienne.  Bull.  Soc.  Ind.  Minérale.  (3),  XV,  4»  1901. 

—  Société  de  l'Industrie  Miner.  (CH.  mensuels).  Nov.-Déc.  1901. 

Allemagne  —  Berlin.  Ges.  fîir  J^rdk.  Verh.  XXVIII,  8,  9,  1901. 

—  Zeitsch.  d.  Ges.  fiïr  Erdk.  XXXVI,  4»  1901. 

Gotha.  Petermanns  Mitt.  XLVII,  11,  i<)oi. 

K.  Vogelsang  :  Reisen  ini  nôrdlichen  und  mittleren  China,  p.  241-250, 
I  carte  géol. 

Stattgard.  N.  Jahrb.  fur  Min.  Geol.  Pal.  XIV,  3,  Beilage-Bd,  1901. 

G.  Gûrich  :  Jura-  und  Devon-Fossilien  von  White  Cliffs,  Auslralien,  p  4^4- 
519.  2  pi.  —  (i.  Gûrich  :  Leber  eine  neue  Lichas-Art  ans  dein  Dev<m  von  New- 
Sùd-Walcs  und  ûber  die  Gattung  Lichas  ûherhaupl,  p.  519-5^0,  2  pi.  —  O. 
Jaekel  :  Ueber  jurassische  Zâhne  und  Eier  von  (^hiinâriden.  p.  540  564,  4  pl- 
—  A.  Joiinsen  :  Petrographische  Tnlersuchung  dcr  Harzer  Porphyroidc, 
p.  1-43.  —  E.  Koken  :  Heitràge  zur  Kenntniss  des  schwâbischen  Diluviunis, 
p.  120-171,  4  pl.  —  J-  Kônijjsberg  :  Die  Minerallagcrstâtlen  ini  Biotit-protogin 
des  Aarniassivs,  p.  V^'^^o  —  F.  Noclling  :  Beilrâge  zur  Géologie  der  Sait 
Range,  insbesonderc  dcr  pcriiiischen  und  Iriassischcn  Ablagerungcn,  \i.  369- 
472.  —  J  -F.  Pompcckj  :  Tebcr  Aucellcn  und  Auccllcn  âhnliche  Fornien,  p.  319- 
369,  3  pl.  —  G.  Sleinmann  :  Beilrâge  zur  Geol.  und  Pal.  von  Sûdaiiierika. 
IX.  A  Borchert  :  Die  Mtdluskenfauna  und  das  Aller  der  Paranâ-Slufe,  p.  171- 
246,  5  pl. 

—  Centralblatt  fiir  Min.  Geol.  Pal.  !23,  1901. 

B.  Doss  :  J.-J.  Ferber,  «lel  idlesle  Vertreter  d^r  Drifttheorie,  p.  7a>-7o8.  — 
F.  Lœwinson-Lessing  :  Eine  Voraussetzung  ûber  den  Isomorphisnius  der 
Kalknatron-feldspathe,  p.  708-709. —  F.  Rinue  :  Kalkuranit  und  seine  Entwâs- 


^6  DONS.   —   SEANCE   DU    l6  DECEMBRE    I90I 

serungsprodukte  (Metakalkuranite),  p.  709-713.  —- A.-E.  Ortmann  :  Ueberdie 
Decapoden-Galtungen  Linuparus  und  Podocrates,  p.  713-715.  — F.  v.  Hucae: 
Notizen  aus  dem  Woodwardian  Muséum  in  Cambridge,  p.  715-719.  — F.  Plie» 
ninger  :  Erwiderung  auf  E.  Bôse's  Aufsatz  :  «  Zur  Abwehr  »,  p.  7i9-7!i4. 

Autriche-Hongrie.  —  Budapest,  Mathem.  undNatur.  Beiichte 
aus  Ungarn.  XIII  (1897)  ;  XIV,  1896-96  (1898);  XV,  1895(1899); 
XVI,  1898  (1899). 

XllI  :  A.  Koch  :  Géologie  der  Fruscagora,  p.  4^128.  —  XTV  :  A.  Abt  :  Uelwr 
die  Magneteisensteine  oder  natûrlichen  Magnete,  p.  75-85.  —  E.  Lorentlicy  ; 
Beitràge  zur  Decapodenfauna  des  un^çarischen  Tertiàrs,  p.  911-116.  —  XY  :  B. 
Lôrenlhey  :  Sepia  ira  ungarischen  Tertièr,  p.  268-573.  —  XVI  :  A.  Koch  :  Die 
jùngeren  Tertiàrbildungen  des  siebenbùrgischen  Beckens,  p.  59-77. 

Cracovie.  Rozprawy  Ak.  Umiejetnosci.  (2),  XVIII,  1901. 

—  Spi^wozdanie  Komisyi  Fisyograficznej.  XXXV,  1901. 

États-Unis.  —  Cambridge.  Muséum  of  comparative  Zool.  al 
Harvard  Collège.  XXXIX,  1,  1901. 

—  NeW'Haven.  The  Amer.  Joui*n.  of.  Se.  XII,  72,  1901. 

L.-F.  Ward  :  Geology  of  Ihe  Little  Colorado  Valley,  p.  401-404.  —  J.-L.  Woii» 
man  :  Studieâ  of  Ëocene  Mammalià  in  the  Marsh  Collection,  Peabody 
Muséum,  p.  4^1-433,  2  pi. 

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Washington,  U.  S.  Geol.  .Surv.  ai^*»  ann.  report.  1899-1900 
(1901),  Part  I,  VI  (en  a  vol.). 

Grande-Bretagne.  —  Dublin,  Proc.  R.  Irish  Ac  (3),  VI,  2, 1901. 

Italie.  —  Rome.  Atti  R.  Ac.  dei  Lincei.  RC.  X,  10,  1901. 

Russie.  —  Saint-Pétersbourg,  Trav.  Sect.  Geol.  du  cabinet  de 
Sa  Majesté.  IV,  1901. 

H.  V.  Peetz  :  BeKràge  zur  Kenntniss  der  Fauna  aus  den  devoniscben  Schieh* 
ten  am  Rande  des  Steinkohlenbassins  von  Kusnetzk,  p.  1^393,  a  caKes,  6 pi. 
(résumé  allemand).  * 

Suisse.  —  Lausanne.  Bull.  Soc.  Vaudoise  Se.  Nat.  (4),  XXXVIL 
14 1,  1901. 

M.  Lugeon  :  Sur  la  fréquence  dans  les  Alpes  de  gorges  épigénétiques  «A 
sur  l'existence  de  barres  calcaires  de  quelques  vallées  suisses,  p.  4^3-455,  9  pi. 
—  G.  Roessinger  et  A.  Bonard  :  Les  blocs  cristallins  de  la  Hornfluh  (Préalpct 
bernoises),  p.  47Ï-479»  i  pi. 

V Archiviste j  Le  Secrétaire  pour  VEtranger, 

G.  RAMOND.  L.  PERVINQUIÈRB. 


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DISTRICTS 

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H  ,    ZoiilpansTuM'g. 

III  Uiisl  fiilnii-!.', 

IV  h'.-tm-i;i 

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CscarpwiMfit  nord 
du  pUtMu  du  Pàlala 

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doUvollM 
du 
TaMIiop.        Limpopo. 


'"E   SUD-AFRICAINE 


es    tféoloO*iques 
Légende  . 


c      * 


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yùeâes. 


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Série  dr  la 
Dolomie  : 

ûoùmuÀr  et   jzIêjc. 


^y    /&ru»i  ab/.  Thêta -Rref. 
iDL  Horùum  cbi    Diggers «Leiaders  «yitf* 

Berlin   «•/  a//  Tweefontein-Reef  . 


Série   du  Black -Keer:  ynÂi-,  <^uarùu/w  ,    ootuflomerut^r 

Hftrhfyp  afnfffftiai^Mi^r  du    KlipPÎvier 
Orantte    aneùm. 


I         Système  primaire 
kSud- Al'ricain  : 

phythJÊns .  «fuarùatM 
phÊ/dadar.  etc. 

à       ûûtiamr 


Ib    Séi*ii*    du  Witwutersrajid 

ou    ou    du 
Hoapital-Hill 


1    Ib    Séi*ii*    du  Witwutei 
-  (    la    Série  de    Rarbert 


' 


LÙK. 


,IhT>i^. 


Noie  de  M.  V  Gauthier 


QuU.Soc.Géol.de  France. 


Bull.  Soc.  Géol.  de  France  1°"  Série.  T.I    PI.    IV 


Révision  des  Ilyracotlicrïdés  européens 


Bull.  Soc.  Géol.  de  France  t""  Série.  T.  I    PI.  V 

(S.-n.n-p  >lii  t  Mars  lîtOt) 


Clic-Mi  Sohwi 


Photolipif  Sahin.  aamftgni-tlMtrnr 

Rcvisinii  des  ilyracothcridcs  oiinipéens 


Bull.  Soc,  Géol,  de  Franoe.  4»  Ssriî.  T.  1,  ?1.  VI. 


vi,«»t  teOiKi«û(n.>>^ 


Fossilaa  Dévoniena  de  Satila-'V»û\a. 


C/Lf/e  t\'    ^^M.    C/i.     0)r/t//fm/n-/yer' 
Bull.  Soc.  Géol.  de  France  4"'"  Série;  T.I:  PI.  VII 

(Si'iini-f  'In  H  NovHiiiluf   mW) 


Orbiloïiles  média  d'Arcbiac. 


*^yùr/e  <'e    K^y/C.    C./.     ^^'r/i/tiffi/n'/ycr 


Bull.  Soc.  Géol.  de  l-'rancc 


4""-  Série;  T.I;   PI.   VIII 

(Si'Uii.-^  rlii  4  Nov.-inl.i-.'  l!Ktn 


I,  4,6,  Orbitoïiles  apiculata  Sshlumb.;  2.  '^.  'i,  0.  rniiior  Schlumb. 


f)u-x  .9/r.ci.  vùj:u;„»-- 


Bull.  Soc.  Géol.  de  Frdnce 


4"'"  Série.  T.l.  PI.  IX 
(Sëiiii.'p  .lu  i  Novembre  11K>1 


I.  -i,  OrbitJïiie.i  apiciilala  Schiumb.:  2,  8.  0.  minor  Schlumb. 


3toU  3e  Cf\l. 

Bull.  Soc.  Gôol.  de  France. 


X-uem. 

4"»  Série,  T.  I,  PI.  X. 

Odanc*  du  IB  Hqt.  1901) 


Poissons  de  l'Eocene  inférieur  des  environs  de  Reims 


3loU  dit  M.  ^. 


Bull.  Soc.  Géol,  de  France. 


Poissons  de  l'Eocône  inférieur  des  environs  de  Reims 


.-&.   '(bauvagc 


s  du  Boulonnais 


17.  rue  de  Coulmien,  Piri 


5late  De  M.   (fl.   ^ke^^emii 


Bull.  Soc.  Geol.  de  France 


là^io    ■'  .,    '."■*■   •'  V  ■■■\.     .  >  •  ■     ■    ■  ■   ■^-" 


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Arachnides  du  Houiller  de  Commentry 


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